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Annales Médico-Psychologiques 175 (2017) 653–660

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Communication

Expérimentations des psychodysleptiques à Sainte-Anne dans les


années 1960
Experiments of psychodysleptics in Sainte-Anne in the 1960s

Yves Edel
Unité d’addictologie de liaison et de soins, hôpital universitaire Pitié-Salpêtrière, 47-83, boulevard de l’Hôpital, 75013 Paris, France

I N F O A R T I C L E R É S U M É

Historique de l’article : L’histoire des neuroleptiques n’est que la partie émergée d’un iceberg de recherches, celui de la naissance
Disponible sur Internet le 8 septembre 2017 de la Psychopharmacologie en France, dont plusieurs épisodes sont moins connus ou oubliés. Dans cet
article, l’auteur relate les expérimentations des psychodysleptiques (mescaline, LSD25 et psilocybine),
Mots clés : de 1950 à 1967, à l’Hôpital Sainte-Anne dans le Service de Psychiatrie Universitaire de Jean-Delay. Ces
LSD expérimentations se voulaient des « essais cliniques », à visée de recherches psychologiques et
Mescaline psychothérapeutiques. Cet article renvoie à une période de l’histoire de la psychiatrie, entre disparition
Psilocybine
de l’auto-expérimentation médicale classique et la naissance de la Psychopharmacologie, entre la
Auto-expérimentation
publication du Code de Nuremberg (1948) et le vote de la loi du 31 décembre 1970 sur les toxicomanies.
C 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

A B S T R A C T

Keywords: The history of neuroleptics is only the emerging part of an iceberg of research, the birth of
Lysergic acid Psychopharmacology in France, several episodes of which are less known or forgotten. In this article, the
Mescaline author describes the experiments of psychodysleptics (mescaline, LSD25 and psilocybin), from 1950 to
Psilocybin
1967, at Hôpital Sainte-Anne in the Department of Psychiatry University of Jean-Delay. These
Self-experimentation
experiments were intended as ‘‘clinical trials’’ aimed at psychological and psychotherapeutic research.
This article refers to a period in the history of psychiatry, between the disappearance of classical medical
self-experimentation and the birth of Psychopharmacology, between the publication of the Nuremberg
Code (1948) and the voting of the law of 31, December 1970, on Addictions.
C 2017 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

1. Introduction recherches, celui de la naissance de la Psychopharmacologie en


France, dont plusieurs épisodes sont moins connus ou oubliés par
Cette contribution est limitée aux expérimentations des référence à l’histoire officielle des découvreurs. Il en est ainsi, en
psychodysleptiques (mescaline, LSD25 et psilocybine), de 1950 à psychiatrie clinique et expérimentale, de l’usage des psychodys-
1967, à l’Hôpital Sainte-Anne, dans le Service de Psychiatrie leptiques (LSD25, psilocybine), dont la synthèse est contemporaine
Universitaire de Jean-Delay (Chef de service de 1946–1972). La des neuroleptiques utilisés à grande échelle auprès de plusieurs
découverte des indications psychiatriques des neuroleptiques a centaines de malades mentaux hospitalisés ou de volontaires sains.
assuré un succès mondialement reconnu à Jean Delay [2,7] et ses Ces expérimentations se voulaient des « essais cliniques » à visée de
collaborateurs, dont le plus cité est Pierre Deniker. Mais l’histoire recherches psychologiques et psychothérapeutiques sur les « model-
des neuroleptiques n’est que la partie émergée d’un iceberg de psychoses » et les premières théories biochimiques sur les psychoses.
Ces essais ont bénéficié d’une large contribution des Laboratoires
pharmaceutiques directement concernés par l’extension des gam-
Adresse e-mail : patrick.lazare@aphp.fr mes de médicaments en psychiatrie et de leurs indications, encore

http://dx.doi.org/10.1016/j.amp.2017.08.003
0003-4487/ C 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
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loin des contraintes réglementaires actuelles. Cette contribution avec une dernière communication intitulée : « À propos de
renvoie à une période de l’histoire de la psychiatrie, entre disparition l’expérience psychédélique » par P. Bensousan et A.A. Joannidès
de l’auto-expérimentation médicale classique et la naissance de la [1], publiée dans les Annales Médico-Psychologiques (1967), soit
Psychopharmacologie, entre la publication du Code de Nuremberg déjà un cinquantenaire qui situe la limite haute de mes
(1948)1 et le vote de la loi du 31 décembre 1970 sur les toxicomanies recherches.
qui signe de facto l’usage médical des trois hallucinogènes classés Les milliers d’articles et communications scientifiques, soit
dans la liste des stupéfiants sans indication médicamenteuse ou environ 3000 articles, par exemple, sur le LSD25, publiés dans le
comme adjuvant de méthodes psychothérapeutiques, aujourd’hui monde médical entre 1950 et 19704 confirment l’importance de
oubliées et abandonnées comme l’oniro-analyse, la lysergiso- ces recherches soutenues par la multiplication des Congrès dans
analyse, la psychanalyse concentrée ou la psychothérapie psyché- l’internationalisation des échanges et des carrières de chercheurs.
délique. Ainsi le Premier Congrès Mondial de Psychiatrie à Paris (1950) sous
la présidence de Jean Delay, et Henri Ey comme secrétaire général,
le Congrès de Rome, de Washington, de Zürich, entre autres
2. Éléments de définition et de contexte
manifestations internationales. Celles-ci assurèrent la diffusion
rapide des connaissances dans le domaine de la Psychopharma-
Les hallucinogènes en usage clinique et expérimental dans le
cologie naissante « comme nouvelle psychologie scientifique »
service de psychiatrie universitaire à Sainte-Anne dans les années
(J. Delay) en étroite collaboration avec des Laboratoires sponsors et
cinquante sont par ordre d’entrée en scène : la mescaline, le
financeurs, partenaires de la recherche dans des programmes
LSD25 et la psilocybine. Les protocoles expérimentaux vont se
ambitieux de développement de nouveaux médicaments psycho-
succéder chronologiquement en fonction des dates de mise à
tropes [10].
disposition des substances disponibles (mescaline) ou synthétisées
durant la période (LSD25 et psilocybine), mais les publications
scientifiques (thèses, articles, congrès) vont s’entrecroiser jusqu’en 3. Fragments de la réception de Jean Delay à l’Académie
1967 à un rythme soutenu. française
Appelés dans la classification Delay-Deniker
« psychodysleptiques », ces hallucinogènes sont définis en En ce mois de janvier 1960, lorsque Jean Delay5 est reçu à
1975 par Sutter et Pélicier comme « des drogues » [. . .] qui l’Académie française, le Pr Louis-Pasteur Valléry-Radot dans son
entraı̂nent des modifications psychiques transitoires dont les plus discours de réponse fait l’éloge du psychiatre et de la psychiatrie :
frappantes affectent le domaine des perceptions. Leurs effets étant « Nous avons reconnu en vous, Monsieur, le plus illustre
réversibles, ils ont pu être étudiés systématiquement chez des représentant d’une discipline nouvelle, la psychologie scientifique
volontaires et chez des malades mentaux sous le nom de [. . .]. Vos travaux ont tiré la psychiatrie française d’un long
« psychoses expérimentales » [8]. Classés dans la famille des sommeil. Vous en avez fait une science vivante [. . .] » et l’orateur de
Phantastica dans la classification de Louis Lewin (1927), l’appella- citer la mescaline et la psilocybine, sans que cela suscite à l’époque
tion d’hallucinogènes est critiquée par Jean Delay qui préfère que la moindre réprobation auprès de ces hommes de sciences et de
l’on parle de « neurodysleptiques ». Force est de reconnaı̂tre que lettres. [. . .] « depuis quelque temps la psychopharmacologie a été
l’histoire n’a pas retenu cette dernière dénomination pour lui à l’origine d’une expérimentation sensationnelle à laquelle vous avez
préférer celle de « psychodysleptiques ». beaucoup contribué. [. . .] Nous savons aujourd’hui qu’on peut
En dehors du service de psychiatrie de Jean Delay, les autres reproduire des syndromes psychiatriques en utilisant certains
acteurs impliqués dans l’histoire des psychodysleptiques à Sainte- produits tels que la mescaline, alcaloı̈de du peyotl [. . .]. Ces
Anne sont : le laboratoire Merck pour la mescaline, les laboratoires derniers mois vous avez expérimenté la psilocybine, principe d’un
Sandoz à Bâle et leur succursale à Paris pour le LSD et la psilocybine, champignon mexicain dont notre confrère Roger Heim au Muséum
la clinique du Burghölzli à Zurich, le Museum d’Histoire Naturelle du a réalisé la culture. Ce produit donne, nous avez-vous dit, des
Jardin des Plantes, des appartements privés en particulier celui illusions visuelles et auditives, modifie les sons et les couleurs,
d’Henri Michaux2, les ateliers des peintres auto-expérimentateurs procure des hallucinations avec une participation émotionnelle et
de la psilocybine (Jean-Jacques Lebel entre autres)3, et des une jouissance esthétique. Qu’il aurait plu à M. des Esseintes et qui
institutions officielles dont l’Académie de Médecine, l’Académie sait si Thomas de Quincey, Baudelaire, Théophile Gautier ou Gérard
des Sciences, et l’Académie Française. Sans oublier les Sociétés de Nerval n’en auraient pas fait l’essai ? Ah, Monsieur, dans quel
Savantes dont la Société Médico-Psychologique qui a publié la plupart univers les psychiatres nous font-ils pénétrer. »
des travaux, communications, mémoires sur le sujet jusqu’en 1967, Louis-Pasteur Valléry-Radot évoque une « expérimentation
sensationnelle » mais sans jamais utiliser le terme d’auto-
1
En décembre 1945, Jean Delay est nommé expert au procès de Nuremberg, expérimentation ni faire référence à une auto-observation
chargé notamment de l’expertise de Rudolf Hess. Le Code de Nuremberg (1947), documentée de la main de Jean Delay, ou alors il le sous-entend
établi dans les suites du procès des médecins nazis, n’a pas été référencé ni intégré très discrètement. Dans ce même discours, une précision auto-
dans la méthodologie des recherches en psychiatrie clinique et expérimentale
biographique concernant Valléry-Radot ne manque pas d’étonner
citées dans ce travail. Pourtant deux articles de ce premier code de déontologie et
d’éthique médicale d’après-guerre peuvent retenir notre attention : (1) l’expérience
sous la Coupole.
doit être pratiquée de façon à éviter toute souffrance et tout dommage physique ou
4
mental non nécessaires ; (2) le sujet humain doit être libre, pendant l’expérience, de Pierre Bensoussan, psychiatre français, ancien interne dans le service Delay,
faire interrompre l’expérience s’il estime avoir atteint le seuil de résistance mentale reste inscrit dans l’histoire du LSD pour avoir accueilli à Genève et fait héberger en
ou physique au-delà duquel il ne peut aller. Suisse Timothy Leary, professeur de psychologie devenu le « gourou du LSD », grand
2
La première auto-expérimentation d’Henri Michaux sous psilocybine et sous pourfendeur de l’usage médicalisé du LSD, au profit d’un usage festif généralisé,
contrôle médical est prévue le samedi 11 avril 1959 à l’hôpital Sainte-Anne, par alors poursuivi par des agents de la CIA après son évasion de prison et sa fuite des
Pierre Pichot, responsable du Laboratoire de Psychologie dans le service Delay et États-Unis (1970). Dans la biographie la plus récente et la plus documentée sur
organisateur des mesures standardisées de ces expérimentations. Trois jours plus Albert Hofmann, parue en Suisse (2011), les deux seuls Français cités sont Pierre
tard, Michaux écrivit à Paulhan : « La fameuse psilocybine enfin essayée m’a roulé Bensoussan et Roger Heim le mycologue, directeur du Muséum d’Histoire Naturelle
dans un gouffre, qui m’a obligé à repenser. Toujours repenser ». dont nous précisons le rôle essentiel dans l’histoire de la psilocybine à Sainte-Anne.
3
Jean-Jacques Lebel participe comme volontaire sain aux expérimentations. Delay est cité par Hofmann dans son opus le plus connu, LSD, mon enfant terrible (en
Dans les suites de cette expérimentation sous psilocybine, cet artiste déclare en trad. française), Gris banal éditeur, 1989.
1968 « le devenir télépathique de l’art » (Cosa Mentale, Art et télépathie au XXe siècle, 5
Réponse au discours de réception de Jean Delay le 21 janvier 1960, Publications
Pascal Rousseau, catalogue Centre Pompidou-Metz, Paris, Gallimard, p. 294). de l’Académie française, 1960, (http/academie-francaise.fr).
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« Rappellerai-je qu’avant la Deuxième Guerre mondiale les la psilocybine [4]. Mais la réalité des auto-expérimentations à Sainte-
psychiatres ne disposaient que d’un médicament propre à modifier Anne est attestée et un écrit concerne Jean Delay lui-même par le
l’activité mentale : l’amphétamine. Alors que cette drogue était témoignage de sa fille Florence : « Une fois mon père revint de Sainte-
encore à peine connue en France, je pus m’en procurer une petite Anne, rajeuni, excité, les yeux très bleus. D’habitude il rentrait fatigué
quantité en Amérique, Paul Valéry l’ayant su, me dit un jour : [. . .]. Ce jour-là, il débordait. On était à table, à l’heure du déjeuner.
D’habitude affamé, il ne songeait pas à manger. Il ne pensait qu’à
 Je travaille en ce moment avec difficulté. Donnez-moi ce fameux raconter le miracle qui avait eu lieu : en plein hôpital, le jardin de
médicament qui rend intelligent. Lapikaenia avait ressuscité [. . .]. Moi j’écoutais émerveillée, sans bien
 Je lui donnai un comprimé d’amphétamine. Quelques jours saisir qui ou quoi – d’un alexandrin français ou d’un champignon
après, le lui demandai : mexicain – était l’auteur du miracle. En fait, un chercheur qui
 Et ma drogue, quel effet ? travaillait sur les champignons hallucinogènes du Mexique et
 Aucun, me répondit-il. collaborait avec Jean Delay, Roger Heim, avait réussi à isoler ou à
extraire de l’un d’eux une substance, qui sous le nom de psilocybine
Il est des êtres ayant une intelligence exceptionnelle qu’aucun deviendrait la composante d’un médicament. Jean Delay l’avait
artifice médical ne peut modifier. Beau sujet d’études pour vous expérimenté ce matin sur lui-même et ô surprise la substance avait
Monsieur » (Valéry-Radot)5. réveillé je ne sais quel lobe ou circonvolution de la mémoire où se
La question mérite d’être posée car la légende est tenace, trouvaient enfouies les couleurs, sensations et délices d’un jardin
précède souvent la réalité des faits, même si réalité des faits d’auto- d’été » (Florence Delay, « Dit Nerval »7), texte admirable à redécouvrir
expérimentations il y eut, réalité qui se nourrit d’anecdotes et de mais où Florence Delay fait une confusion, certes sans gravité, entre
rumeurs qui se sont transmises en Salle de Garde et à l’Internat de Roger Heim, le mycologue du Muséum qui réussit, après des années
génération en génération d’internes6. de recherche, à cultiver les champignons mexicains à Paris et Albert
Hoffman, dans son laboratoire à Bâle, qui fit la synthèse de la
psilocybine par extraction des échantillons mycologiques envoyés
4. Auto-expérimentation et auto-observation
par Roger Heim.
Les médecins-chercheurs dans le service de psychiatrie
Répondre à cette question suppose une définition de l’auto-
universitaire sont donc restés très discrets dans le rendu, de
expérimentation et un court rappel de son importance méthodo-
première main, d’éventuelles auto-expérimentations psychodys-
logique dans l’histoire en médecine. Allen B. Weisse (Université
leptiques ou de neuroleptiques en essai, restant dans une posture
du New Jersey à Newark) a analysé 465 auto-expérimentations
d’observateurs de leurs patients « sous protocole neuroleptique ou
documentées sur les XIXe et XXe siècles, toutes disciplines médicales
hallucinogène » (ou les deux associés dans un même protocole), à
confondues. Il ne trouve que huit décès en tout chez les auto-
l’inverse des chercheurs-chimistes, pharmaciens et mycologues
expérimentateurs, et un nombre important de carrières médicales
impliqués, mais en amont de la phase de psychiatrie clinique et
prestigieuses jusqu’à l’obtention du prix Nobel pour certains.
expérimentale. C’est le cas de Roger Heim et de son collaborateur
L’auteur situe le pic des auto-expérimentations chez les médecins,
Cailleux au Museum d’Histoire Naturelle à Paris8. Il est à noter une
biologistes et pharmaciens volontaires dans la première moitié du
exception que fut le témoignage direct de Ajuriaguerra qui publia
XXe siècle avec un déclin net de la méthode dans la recherche
son auto-observation après expérimentation de psilocybine avec
scientifique après la Seconde Guerre mondiale. En fait, à lire les
Albert Hofmann (témoignage édité par le Laboratoire Sandoz, Bâle,
auteurs, il n’y a pas de définition univoque de l’auto-expérimenta-
1958) et rappelant qu’il fut, en tant que neuropsychiatre, le
tion qui fasse consensus. Une définition stricte encadre le seul
superviseur médical d’Henri Michaux lors de ses prises de
expérimentateur qui évalue par auto-observation le protocole de sa
mescaline à son domicile, non sans évoquer également les auto-
recherche. D’un point de vue éthique, S.C. Gandevia (université de
expérimentations d’amphétamines par J.-P. Sartre (et ses célèbres
Nouvelle-Écosse) ajoute à cette définition l’obligation de citer l’auto-
visions de homards rouges remontant les Champs-Élysées).
expérimentateur dans toutes les publications successives ayant fait
À défaut d’auto-observations privées disponibles, il convient de
l’objet de la recherche pour des motifs de reconnaissance
rappeler que la posture des universitaires concernés et de leurs
académique [3].
collaborateurs consista à préférer les nouvelles méthodes des « essais
Dans leurs communications académiques, publications ou
cliniques précoces et des protocoles systématisés ». Une autre
thèses, ni Jean Delay, Pierre Deniker ou Pierre Pichot, Jean Thuillier,
particularité de ces essais fut la grande inventivité des multiples
Thérèse Lempérière, Anne-Marie Quetin, Paul-Claude Racamier,
protocoles, en particulier tous les essais combinés entre la
Martine Ropert, Daniel Widlöcher et autres collaborateurs n’ont
chlorpromazine et la mescaline, et plus tard entre nouveaux
fait état d’auto-expérimentation publiée en tant que clinicien-
neuroleptiques, LSD25 et psilocybine, protocoles standardisés avec
chercheur, à la différence de Roger Heim, mycologue et chercheur
évaluation des effets psychiques, mesures physiologiques et tests
au Muséum, qui publia ses auto-expérimentations de champignons
psychométriques standardisés, tests assurés par le laboratoire de
hallucinogènes (mexicains et autres variétés), puis du principe actif,
Psychologie sous la responsabilité de Pierre Pichot. Ces recherches
6
concernaient deux types de cohorte, la cohorte des malades mentaux
Ancien chef de Clinique chez Delay de 1965 à 1967, Benoit Dalle n’a gardé aucun
souvenir précis des recherches en cours, quoique collègue ayant bien connu Anne-
des deux services (Service Homme sous la responsabilité de Pierre
Marie Quetin, ni participé à d’éventuelles auto-expérimentations des hallucino- Deniker et le Service Femmes sous la responsabilité de Pierre Pichot),
gènes dans le service du « patron » selon l’expression consacrée. La discrétion était au départ toutes catégories diagnostiques confondues, et la cohorte
de mise, sans réussir à empêcher les rumeurs de salle de garde qui indiquaient que des volontaires sains (artistes, écrivains, etc.) dans une méthodologie
plusieurs collègues avaient expérimenté ou en avaient entendu parler. Il se souvient
qui rappelle davantage les auto-expérimentations « classiques » avec
que « les activités de recherche étaient très cloisonnées et l’ambiance plutôt au
secret des résultats avant publication ou diffusion en congrès » (sic). Ces propos sont
ceux d’un témoin, et non une preuve, souvenirs d’auto-expérimentations médicales
7
confirmés également par Jacques Postel. J’y ajoute un hommage personnel à Benoı̂t Remerciements à J.-P. Luauté de m’avoir transmis le témoignage indirect mais
Dalle mon ancien chef de service du Pavillon Ferrus qui assura, pendant quarante précieux de Florence Delay sur l’auto-expérimentation de la psilocybine par son
ans de présence à Ste Anne, des prises en charge de malades souffrant de psychoses père, in Florence Delay, « Dit Nerval », Gallimard éd. 1999, pp. 41-42.
8
graves, en un modèle original de référence psychanalytique et institutionnel J’avance cette hypothèse avec les prudences d’usage, sous réserve d’être
(B. Dalle, Traverser Sainte-Anne, PUF, 1992 ; Bien que mon amour soit fou, Les contredit par des archives ou correspondances privées, ou d’autres travaux publiés
empêcheurs de penser en rond, 1997, et Laissez parler les fous, Frison-Roche, 2015). dont je n’ai pas trouvé les références.
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auto-observation rédigée mais toujours sous contrôle médical et un processus « inverse de celle des chocs » selon Delay et Deniker).
tests standardisés. Pour la catégorie des malades mentaux hospi- La plupart des hypothèses sont inexactes, peu importe. L’hypo-
talisés dans le service Delay, je n’ai trouvé, dans les thèses médicales thèse de Delay et Deniker, inverse du mécanisme pathogénique des
de cette période, aucune trace d’information systématique des électrochocs, est aussi discutable. Pour la vérifier il fallait l’appliquer
patients sur le but de ces essais cliniques, ni trace de leur à un grand nombre de diagnostics pour lesquels cette hypothèse
consentement formel. Ce point mériterait une recherche plus était plausible, alors que les précédents expérimentateurs n’avaient
approfondie sans anachronisme ni parti pris idéologique9. pris en compte que l’effet sédatif du produit en ne traitant que des
Entre 1952 et 1960, les principaux essais médicamenteux états d’agitation. C’est ainsi que Delay et Deniker observent
standardisés sont expérimentés dans le Service Delay, à vitesse l’efficacité du Largactil dans les états d’excitation et dans les états
soutenue entre mescaline, LSD25 et psilocybine mais en cohabita- confusionnels ; l’absence de résultats probants pour les dépressions ;
tion de grande proximité expérimentale avec les essais sur les la rémission d’états schizophréniques aigus et d’états délirants [9] ».
neuroleptiques, tranquillisants et antidépresseurs, dans une Les recherches sur les psychodysleptiques s’inscrivent rétro-
double dimension, celle de la recherche d’une pathogénie spectivement, comme l’a écrit J. Postel, dans un premier système
neurochimique de certaines maladies mentales et dans une d’hypothèses pathogéniques fausses, certes, mais qui se révéleront
perspective thérapeutique que l’on croyait à la fois possible et fécondes pour soutenir et alimenter les protocoles d’expérimen-
rentable. Je précise rentable pour les laboratoires pharmaceutiques tations et leurs publications successives. « Le développement de la
qui furent directement impliqués à concurrence de deux médi- chimie de synthèse et de la pharmacologie dans les laboratoires
caments testés par année et par service universitaire (directive des firmes pharmaceutiques allait créer les conditions nécessaires
Labo Ciba), ce qui fut en pratique impossible à valider10. à la naissance de la psychopharmacologie [. . .]. Les hallucinogènes
En mai 1966, Pierre Deniker, lors d’une mise au point devant la devinrent source d’hypothèse pour une théorie biochimique des
Société Médico-Psychologique concernant la nouvelle réglemen- psychoses, surtout lorsque le chimiste A. Hofmann découvrit en
tation des psychodysleptiques, assurait encore une position pleine 1943 l’activité à très faible dose de la diéthylamide de l’acide
d’avenir : « Non seulement ils sont inscrits au Tableau B du Codex, lysergique LSD25 » (Pierre Pichot)12.
ce qui est compréhensible, mais de plus leur usage est soumis à une
autorisation personnelle délivrée à certains spécialistes utilisateurs, 5. La mescaline à Sainte-Anne
par le ministère des Affaires Sociales. J’ai moi-même demandé une
telle autorisation, de concert avec le Pr Gautier, Pharmacien-Chef à Le médecin et pharmacologue allemand Louis Lewin fait en
Sainte-Anne, qui acceptait de se charger d’acquérir et de conserver 1886 une première analyse du cactus peyotl (lophophora williamsii)
les produits [. . .]. Ceci n’a pas été accepté par le Service central de la qu’il considère comme un poison. Il revient à son collègue Arthur
Pharmacie [. . .]. Il semble que l’attitude du ministère soit basée sur Heffter d’avoir isolé pour la première fois l’alcaloı̈de psycho-actif
l’idée que les psychodysleptiques sont des produits « en cours principal du peyotl, en confirmant ses propriétés psycho-actives
d’essai » où le pharmacien de l’hôpital n’a rien à voir. Cette façon de par une auto-observation après expérimentation en solitaire. Il
voir méconnaı̂t évidemment l’usage assez bien codifié de composés appelle cette substance « mescaline ». En 1919, c’est le chimiste
comme la psilocybine pour la pratique de l’oniro-analyse comme Ernst Späth qui synthétise la molécule et en donne la structure
examen paraclinique11 ». Ainsi Pierre Deniker considère en 1966 la chimique. Lewin, dans ses travaux sur les plantes et les substances
psilocybine comme un adjuvant dans le cadre d’une psychothérapie, psycho-actives, propose une première classification qu’il nomme
l’oniro-analyse, mais ayant pour lui encore un avenir en tant que « Phantastica » (1927). Il fut le premier à vouloir distinguer les
médicament à développer en psychiatrie clinique et expérimentale. expériences mystico-visionnaires des états pathologiques dérivés
Les années suivantes ne lui rendront pas justice sur ce point. de ces prises de substances. Son originalité méthodologique tenait
Jacques Postel a ce commentaire lucide et critique sur les d’une rupture avec les observations antérieures d’auto-expéri-
conditions de la découverte des effets thérapeutiques d’un mentation par des « laı̈cs » (écrivains ou artistes) ou encore des
médicament (en l’occurrence la chlorpromazine) : « La découverte chercheurs n’ayant pas appliqué de protocole expérimental précis
par les cliniciens d’un effet thérapeutique n’est pas l’effet du à leurs observations répétées, comme le psychiatre-sexologue
hasard. Il y a toujours eu organisation de l’expérience par rapport à Havelock-Ellis. Il faut attendre les années vingt pour que certains
une hypothèse pathogénique définie que les cliniciens tentent de chercheurs mettent au point les premiers protocoles standardisés
vérifier (en l’occurrence la suppression des réactions irritatives par d’auto-expérimentation avec la mescaline.
La contribution scientifique la plus importante reste celle du
9
Référence à l’article qui a mis en cause les conditions éthiques d’expérimenta-
psychiatre allemand Kurt Beringer (1893–1949), ami de Hermann
tions des premiers antidépresseurs par le Pr Kuhn à l’hôpital psychiatrique de
Münsterlingen en Suisse, grâce à l’ouverture et la mise à disposition de ses archives
Hesse, de Carl Gustav Jung et de Louis Lewin, qui publie en 1927 son
privées, aux Archives Cantonales de Thurgovie en janvier 2016, (Die Experimente œuvre Der Meskalinrausch avec les premiers résultats de ses
des Dr. Kuhn, Wie ein renommierte Schweizer Psychiater Hunderte von Patienten expérimentations standardisées chez l’homme et chez l’animal. La
für Versuche missbrauchte », Beobachter, 7.02.2014, no 3, p. 22-30) et l’article de Clinique Universitaire de Psychiatrie à Heidelberg est le lieu de ses
Magaly Tornay, La gentille dame Largactil et la méchante dame Geigy, la clinique
expérimentations chez l’homme, avec la participation de collabo-
psychiatrique de Münsterlingen vers 1954, Foucault à Münsterlingen, Paris,
éditions EHESS, 2015, p. 57-68. rateurs et d’étudiants en psychiatrie volontaires, en tant qu’auto-
10
« Le challenge dans les années 1950 du Directoire du Laboratoire Ciba (Bâle), à expérimentateurs, à qui il fut injecté de la mescaline sous protocole
savoir fabriquer dans leurs usines et faire tester par les services psychiatriques standardisé par auto-observation de l’auto-expérimentation, mais
universitaires environ deux substances psycho-actives par année, (fut un)
avec la nouveauté méthodologique de placer un observateur
engagement qui se révéla en pratique impossible à tenir » (NDT). Georg Kreis,
Beat von Wartburg, Chemie und Pharma in Basel, Catalogue (2 volumes), 768 p., Bâle,
médical « neutre » qui suit les effets de l’expérience. Beringer13
C. Merian Verlag, 2017.
11 12
Pierre Deniker, réponse à la communication « À propos de l’expérience Pierre Pichot, Un siècle de psychiatrie, Laboratoires Roche éd, 1983. Opuscule
psychédélique », Bensoussan P. et Joannidès A.A., Annales Médico-Psychologiques, largement diffusé à l’époque auprès des internes en psychiatrie. Pierre Pichot,
janvier 1967, T1, no 1, p. 116. Pierre Deniker, Jean-Pierre Olié, Fou, moi ? La agrégé de Jean Delay, était en charge du Service des Femmes et de l’Institut de
psychiatrie hier et aujourd’hui, Paris, Odile Jacob 1998, chap. Les miracles de la Psychologie où se pratiquaient les tests psychométriques standardisés des
chimie (révolution des années 1950 et suiv.), p. 207-219. Est-ce un oubli regrettable expérimentations en cours dans le service universitaire.
13
de ne trouver dans ce chapitre aucune mention des expérimentations conjointes Kurt Beringer fut nommé Privat-Dozent comme Freud, et présenta ses résultats
entre neuroleptiques et hallucinogènes et multiples hypothèses pathogéniques qui sur la mescaline dans son Mémoire universitaire en 1927, in Der Meskalinrausch,
les associaient. seine Geschichte und Ercheinungsweise, Berlin, Springer Verlag, 1927.
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fait l’hypothèse que la mescaline est un bon instrument de preuve phréniques est connue depuis les travaux de Beringer et plusieurs
dans l’étude et la compréhension des différents états mentaux autres résultats vont accréditer l’hypothèse biochimique d’un
pathologiques. Toutes les recherches de Beringer sont interrompues « model psychosis » avec la découverte, entre autres, d’un produit
en 1933, année de l’avènement du national-socialisme et ses inactif dans les urines des schizophrènes ayant une analogie
conséquences en matière de politique raciale et de sélection puis structurale avec la mescaline. L’hypothèse biochimique est
d’euthanasie de certaines catégories de malades mentaux (Aktion défendue par les psychiatres canadiens Hoffer et Osmond, qui
T4). Le renouveau et la reprise des recherches sur la mescaline en va se révéler aussi fausse que les précédentes, selon laquelle les
psychiatrie clinique et expérimentale datent de l’immédiat après- processus schizophréniques seraient dus à une modification du
guerre et coı̈ncident aussi avec l’abandon progressif des traitements métabolisme normal de l’adrénaline par production d’adéno-
de choc en psychiatrie (cure de Sakel par coma insulinique, chrome par oxydation de l’adrénaline avec un noyau indol, ce
cardiazolthérapie et malariathérapie), traitements considérés même noyau indol qui est commun à nos trois hallucinogènes
comme insuffisants dans leur efficacité, violents et aux résultats étudiés, suspect d’être impliqué directement dans les phénomènes
très critiqués lors du Congrès International de Psychiatrie à Paris psychotomimétiques. L’année 1954 signe la fin officielle des
en 1950. expérimentations sous mescaline en psychiatrie clinique et
L’expérimentation de la mescaline dans le service Delay est expérimentale dans le service Delay. Pour autant, les publications
donc seconde et reprend pour partie, en l’améliorant, la sur la mescaline, communications académiques, lors de congrès ou
méthodologie de l’auto-expérimentation sous contrôle médical par soutenance de thèses de médecine, seront régulières, jusqu’à la
initiée par Kurt Beringer avant-guerre. Pourquoi ce choix de la thèse de Martine Ropert en 1960.
mescaline ? Par l’intérêt suscité par les travaux de Beringer peut-
être, mais aussi par l’influence d’Henri Michaux proche de certains 6. Le LSD25 à Sainte-Anne
neuropsychiatres de Sainte-Anne (Delay, Ajurriagera), lui-même
ancien étudiant en médecine (comme Aragon et André Breton), et L’arrêt en 1954 des protocoles d’expérimentation sur la
auto-expérimentateur averti depuis les années trente d’halluci- mescaline se fait au profit d’un tout nouveau dérivé de synthèse
nogènes dans un but non ludique mais compulsif, aux fins le LSD25, isolé par le chimiste Albert Hofmann. Fabriqué par les
d’étudier les « phénomènes de langage » dans une démarche Laboratoires Sandoz à Bâle, son efficacité dose/effet psycho-actif
quasiment scientifique, ce que ne manquera pas de souligner Jean est inédite pour l’époque car la dose efficace infinitésimale est
Delay dans une interview enregistrée après sa réception à évaluée à +5000 par rapport à la mescaline, confirmant indirecte-
l’Académie Française (document archives Inra). ment l’expression bien connue « Die Dosis macht das Giftt » (« La
La première auto-observation par expérience mescalinienne dose fait le poison », Hagenbach).
d’Henri Michaux est datée du 2 janvier 1955 dans son apparte- Le LSD25 (Lysergic-Säure-Diéthylamid) est le 25e dérivé de
ment, et décrite dans Misérable Miracle (1956). Ayant déjà auto- l’ergot de seigle (claviceps purpurea) après synthèse du methergin
expérimenté antérieurement l’éther et l’opium, la mescaline reste (mis sur le marché en 1946), de l’Hydergine (mise sur le marché en
pour Michaux l’expérimentation qui lui inspira les analyses les plus 1949), de la DHE (dihydro-ergotamine sur le marché en 1946), et
approfondies et les plus fines. De 1955 à 1960, Michaux réalisa seul de la bromocriptine. « Ich habe das LSD nicht gesucht, das LSD ist zu
à son domicile ou sous contrôle médical dans le service de Jean mir gekommen » (« Je n’ai pas cherché le LSD, c’est le LSD qui est
Delay des centaines de dessins « mescaliniens » pendant les séances venu vers moi ! », Albert Hofmann). Un court détour géographique
sous mescaline et le plus souvent après. Sous psilocybine, l’auto- s’impose pour préciser les conditions de l’auto-expérimentation
observation complète que Michaux rédige est publiée dans la revue bâloise du LSD25 avant les recherches à Sainte-Anne, détour sur les
Les Lettres Nouvelles (1959). C’est probablement à la demande de bords du Rhin associant la proximité du Retable d’Issenheim au
Jean Delay que Michaux est inclus dans la cohorte des artistes musée Unterlinden à Colmar avec les laboratoires Sandoz à Bâle. Ce
(écrivains, peintres) auto-expérimentateurs volontaires de psilo- détour géographique est aussi expérientiel car les visions/
cybine, dont les résultats feront l’objet de la thèse d’Anne-Marie hallucinations de Saint Antoine sur le panneau (dit de la tentation
Quetin (1962). « Michaux apporte un plus par ses auto- de Saint Antoine) du Retable du peintre Grünewald sont présentes
observations, des éléments de compréhension du fonctionnement et décrites comme des « reviviscences/réminiscences » (Delay)
de la perception et de la pensée, ainsi que leur possible dans la première auto-expérimentation sous LSD25 par Werner
transformation en processus de création » (Max Milner). Et en Stoll, psychiatre à la clinique du Burghölzli à Zurich et correspon-
guise de résumé de l’expérience mescalinienne : « Je parlerai dant direct d’Albert Hofmann. Pour la petite histoire, Werner Stoll
surtout de la mescaline, plus spectaculaire que les drogues est le fils du Directeur des Laboratoires Sandoz. Les auto-
d’autrefois, nette, brusque, brutale, prédestinée à démasquer ce observations d’Albert Hofmann et de Werner Stoll sont publiées
qui, dans les autres, reste enrobé, faite pour violer le cerveau, pour en commun dans les Archives Suisses de Neuro-Psychiatrie (1952).
« donner » ses secrets et le secret des états rares. Pour démystifier. Albert Hofmann (1906–2008) fait sa première expérience en
Modèle des hallucinogènes, elle a une action voisine de celle de 1943 sous la forme d’une auto-intoxication involontaire dans son
l’acide lysergique et de la psilocybine. Elle éclaire également le laboratoire, intoxication qui a largement contribué à enrichir sa
haschich. . . qui en avait besoin » (Henri Michaux). Certains auteurs légende, puis une auto-expérimentation sous surveillance médi-
ont souvent reproché à Michaux le caractère trop « scientific-like » cale, après identification du diéthylamide de l’acide lysergique
de ses descriptions littéraires, mais il écrit avec tant de talent sur (LSD25). Initialement, Hofmann était engagé dans les recherches
les malades mentaux qu’on peut relativiser cette critique [5]. de nouveaux traitements en cardiologie considérés comme
Les raisons du choix de la mescaline par Jean Delay sont sans médicaments d’avenir à la rentabilité assurée. Pour les laboratoires
doute multiples, mais il est certain qu’il y eut l’influence Sandoz à Bâle et leurs succursales en Europe et aux États-Unis, la
déterminante de la publication et diffusion des travaux de Kurt période de 1949 à 1966 correspond à la mise à disposition d’abord
Beringer. d’échantillons gratuits puis par achat, des différentes galéniques de
À Sainte-Anne, la période expérimentale proprement dite de la LSD25 aux différentes équipes de chercheurs psychiatres et
mescaline s’étale entre 1949 et 1954, dans le but final de proposer psychologues qui en firent la demande à des fins d’expérimenta-
plusieurs modèles pathogéniques dans la compréhension des tion scientifique. Le Service Delay s’inscrit exactement entre
psychoses. L’hypothèse que la mescaline provoque une dissocia- 1949 et 1954 dans cette fenêtre expérimentale via le délégué
tion de la personnalité évoquant les tableaux dissociatifs schizo- parisien du laboratoire, en charge de l’expédition et de la
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fourniture d’abord gratuite du produit à l’essai avant sa fabrication Michel Foucault, pendant son séjour à Sainte-Anne dans ses
industrielle et sa diffusion mondiale en 1966, sous le nom de fonctions de psychologue, aurait expérimenté cette indication à
marque Delysid (D-lysergic acid diéthylamide tartrate). La suite est l’époque où il fréquentait l’hôpital Henri-Rousselle, et assistait
connue car l’objet LSD25 échappa en quelques années à son assidûment aux présentations de malades de Georges Dumas et
créateur et fabriquant, à la faveur d’une diffusion mondiale fort loin peut-être de Jean Delay.
des objectifs expérimentaux du départ en milieu médical et
psychiatrique. Ainsi dans les années soixante, les auteurs
7. La psilocybine en expérimentation à Sainte-Anne
américains estiment à 35 000 le nombre de patients sous
traitement par LSD dans le cadre de prise de charge psycho-
Cette expérimentation commence à Paris au Museum d’Histoire
thérapiques par des psychiatres et des psychologues, pour
naturelle avec Roger Heim, Mycologue, chercheur infatigable à
8 millions de consommateurs ou ayant consommé d’après
travers le monde, Directeur du Museum, Membre de l’Académie
l’administration américaine, et ce jusqu’en 1967, date à laquelle
des Sciences. Il expérimenta les champignons hallucinogènes de
il fut interdit même en usage médical, suite à son classement (avec
multiples variétés, dont celle qui porte son nom : Psilocybe
mescaline et psilocybine) sur le tableau 1 de la Convention de
mexicana Heim. L’ensemble de ses auto-observations est publié
Vienne. L’usage du LSD va favoriser une autre voie de recherche, à
par les Éditions du Museum. « La première expérience d’ingestion
savoir l’extension de méthodes psychothérapiques centrées sur la
que j’ai tentée sur les teonanacatl ou champignons hallucinogènes
production, la facilitation et l’accélération de la relation trans-
[. . .] date du 18 mai 1956 à Paris par l’absorption de cinq
férentielle avec le patient. Les publications gardent trace de
carpophores frais de stropharia cubensis pesant 120 g obtenus au
multiples appellations pour nommer ces nouvelles psychothéra-
laboratoire de cryptogamie du Museum de Paris [. . .]. Les
pies qui sont appelées « oniro-analyse » dans le service Delay, avec
carpophores furent l’un après l’autre mastiqués et absorbés à
appoint d’une dose de LSD dans le but de produire des
une heure du matin [. . .]. Les premières manifestations apparurent
« reviviscences » sans « réminiscences » (Delay), par différence
environ 1 h 30 après la fin de l’absorption mais une somnolence
(ou opposition théorique) avec la psychanalyse freudienne. Étudier
naturelle a rendu tout d’abord malaisée la caractérisation des
la relation transférentielle du point de vue de la psychopathologie
symptômes correspondant à l’apparition dans l’obscurité de
est déjà un des thèmes majeurs que l’on trouve dans la thèse de
traı̂nées vives de couleurs par spectacle coloré d’un carrefour où
médecine sur le LSD25 de Daniel Widlöcher, alors chef de clinique
des rues en pente se rejoignaient et que bordaient des bâtiments
chez Delay, bien avant de devenir le célèbre psychanalyste et chef
élevés, serrés l’un contre l’autre, sans aucune silhouette humaine »
du Service de Psychiatrie universitaire à la Pitié-Salpêtrière. Dans
(Heim). Publication importante, véritable somme de plusieurs
les publications, on trouve d’autres appellations pour ces psycho-
centaines de pages avec une iconographie exceptionnelle, ethno-
thérapies sous LSD comme lyzergico-analyse, et psychanalyse
mycologique, pharmacologique et psychographique qui associe
forcée et concentrée (Forced and Concentrated de Gutmann).
l’équipe Delay, Albert Hofmann et les collaborateurs de Roger
En France, l’estimation approximative, d’après mes calculs, se
Heim14,15. Déçu par l’absence de résultats pour isoler les principes
limite à quelques centaines de patients en milieu psychiatrique
actifs du Psilocybe Mexicana, qu’il avait envoyé dans plusieurs
ayant reçu des prescriptions de LSD dans le cadre d’une
laboratoires aux États-Unis et en Europe, Roger Heim contacte
psychothérapie par « oniro-analyse » (Deniker). Ce chiffre est
Albert Hofmann à Bâle dans l’espoir d’obtenir les résultats attendus.
peu important, sous réserve d’autres recherches. Nous n’évoquons
Non seulement Hofmann renouvela, en chercheur averti par ses
pas, car hors sujet, l’usage du Penthotal, que l’on a appelé
découvertes sur le LS D25, l’auto-expérimentation par ingestion de
abusivement « sérum de vérité », et ses conséquences médico-
champignons frais, mais mis au point une méthode de culture in
légales dans la production des expertises judiciaires dans les
vitro sur milieux enrichis, aseptiques et à l’obscurité, et enfin réussit
années cinquante. Je n’ai pas trouvé trace dans les publications
en 1958 à obtenir l’extraction des principes actifs à partir d’une
disponibles d’évaluations chiffrées du nombre et de la diffusion en
quantité suffisante de matière première fournis par les sclérotes, qui
France des prescriptions au long cours du DELYSID (nom
se révèlent avoir aussi le même pouvoir hallucinogène que les
commercial du LSD25). Il y eut forcément une vague de
carpophores. Ces expérimentations d’Hofmann s’ajoutaient aux
prescriptions par les neuropsychiatres car les deux indications
auto-observations de Brack et Heim faites à Paris dans une synthèse
proposées par les laboratoires Sandoz sous la forme galénique
rédigée par Brack et intitulée « Rapport sur les expériences
dragées et ampoules sont précises et méritent d’être rappelées.
personnelles (auto-expérimentation) avec la psilocybine ».
Pour les patients :
Dans sa thèse « La psilocybine en Psychiatrie clinique et
expérimentale » soutenue en juin 1960 sous la présidence de Jean
 indication du Delysid pour la détente psychique en thérapie
Delay, Anne-Marie Quetin précise : « Les chimistes ont pu isoler à
psychanalytique, en particulier dans les névroses d’angoisse ou
partir de carpophores ou de sclérotes les mêmes principes actifs.
obsessionnelles [. . .]. Traitement à renouveler toutes les
Toutes les fractions ont fait l’objet d’expériences personnelles. »
semaines ;
Après extraction de la psilocybine comme principe actif et
 indication dans la recherche expérimentale sur la nature des
fabrication des produits de synthèse à Bâle, Anne-Marie Quetin
psychoses.
obtient via Roger Heim, en juillet 1958, la psilocybine sous forme
Pour les jeunes psychiatres et psychologues : on trouve sur la de comprimés ou en solution injectable nécessaire à ses recherches
notice distribuée cette indication inattendue, à visée pédagogique, pour sa thèse. Cette thèse compile les résultats d’une expérimen-
dans l’enseignement des jeunes psychiatres et psychologues : « Le tation de la psilocybine dans le service Delay qui a donné lieu à
Delysid permet au médecin qui se livre à une auto-expérimentation 14
In Les champignons hallucinogènes du Mexique. Études ethnologiques, physiolo-
d’entrevoir le monde des idées de la maladie mentale et donc
giques et chimiques par R. Heim et R. Gordon Wasson, avec la collaboration de Albert
d’étudier la pathogenèse par des psychoses-types, de courte durée Hofmann, Roger Cailleux, Aurélien Cerletti, Arthur Brack, Hans Kobel, Jean Delay,
chez le sujet normal. Pour des gens au psychisme sain, généralement Pierre Pichot, Thérèse Lempérière et P.J. Nicolas-Charles (à ne pas confondre avec le
une dose de 25 à 75 microgrammes suffit (en moyenne 1 micro- Pr Charles-Nicolas, professeur d’addictologie et de psychiatrie), Éditions du
gramme par kg de poids). Antidote : « En injectant 50 mg de Muséum, tome VI, 7e série, 1958.
15
Cette auto-observation de Roger Heim fait aussi l’objet d’une note publiée dans
chlorpromazine, on écartera rapidement les états d’ivresse induits les comptes rendus de l’Académie des Sciences (séance du 5 août 1957), 245, p. 597-
par le Delysid. » Fiche technique Sandoz A.G. Basel (Suisse). 603.
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114 épreuves portant sur 101 sujets, pour 100 protocoles retenus les limites strictes d’un usage qui devait rester médicalisé, même
dont : dans le cadre des indications de psychothérapies (cf. fiche
technique du laboratoire Sandoz). Ces positions seront progressi-
 32 épreuves pratiquées sur des volontaires non malades vement fortement contestées, entre autres auteurs, par le
mentaux hospitalisés mais déclarés « sujets normaux » ; psychologue Timothy Leary, avec, au final, son renvoi universitaire
 68 épreuves pratiquées sur des malades mentaux du service après des commandes excessives de LSD25 au Laboratoire Sandoz
Delay. La dose moyenne de psilocybine utilisée étant de 10 mg, pour son usage personnel et ses recherches « psychédéliques ».
administrée le plus souvent par voie orale, parfois chez les Leary préconisait une consommation exclusive et généralisée du
malades par voie sous-cutanée ou intramusculaire. LSD sans contrainte médicale aucune, privilégiant la valeur
expérientielle hédonique. Ceci est l’autre histoire des psychodys-
La recherche est centrée « sur l’importance (sous psilocybine) leptiques intégrant celle des « toxicomanies » qui annonce, après
des phénomènes transférentiels et son usage potentiel en 1967, la phase descendante et la marginalisation des hallucino-
psychothérapie » (Quetin). Je cite l’auteur : gènes pendant plusieurs décennies en psychiatrie avant leur
« Les perspectives ouvertes par l’étude des propriétés de la réapparition récente dans le domaine des recherches en neuro-
psilocybine semblent larges. Les effets de cette drogue sont très biologie et quelques nouvelles indications en psychiatrie [11].
comparables à ceux des autres psychodysleptiques tels la
mescaline et le LSD25 [. . .]. Sur le plan thérapeutique, en raison Déclaration de liens d’intérêts
de l’importance des phénomènes transférentiels observés au cours
de l’épreuve, il est possible que la psilocybine puisse être utilisée à L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts.
des fins psychothérapiques » (Quetin).
Des dizaines de thèses de médecine sur les psychodysleptiques
Remerciements
ont été publiées durant cette période et ont été soutenues devant la
Faculté de Médecine de Paris sous la Présidence de Jean Delay, en
Remerciements à Jean-Pierre Luauté et à Michel Caire pour leur
particulier les thèses suivantes :
invitation et leur soutien ; à Jacques Postel et Benoı̂t Dalle pour leur
témoignage ; aux bibliothécaires de la bibliothèque Henri Ey et de
 Martine Ropert (« La mescaline en psychiatrie clinique et
la BIUM celles du Museum d’Histoire Naturelle, Paris pour leur
expérimentale », juin 1957) et Daniel Widlöcher (« LSD25,
disponibilité à faciliter les recherches ; à Thomas Maurras pour
psychopathologie clinique et expérimentale », juin 1957), deux
m’avoir indiqué les publications d’inédits de Jean Delay aux
soutenances le même jour avec une troisième, celle d’André
Éditions des cendres.
Green sur l’étude des familles de schizophrènes ;
 Anne-Marie Quetin (« La psilocybine en psychiatrie clinique et
Références
expérimentale », 1960) et René Robert (« Contribution à l’étude
des manifestations neuropsychiques induites par la psilocybine [1] Bensousan P, Joannidès AA. À propos de l’expérience psychédélique. Ann Med
chez le sujet normal. À propos de 35 protocoles réalisés chez des Psychol 1967;125:112–5 [T. 1].
peintres », 1962)16. [2] Gaillard R. L’héritage de Jean Delay en psychiatrie. Encephale 2015;41:105–7.
[3] Gandevia SC. Self-experimentation, ethics, and efficacy. Monash Bioeth Rev
2005;23(4).
Ces thèses sont remarquables outre leur objet scientifique mais [4] Heim R, Wasson RG. Analyse des premières expériences produites par l’inges-
en tant qu’archives contributives à l’histoire de la psychiatrie tion des agarics hallucinogènes du Mexique. Paris: Éditions du Muséum
national d’Histoire Naturelle; 1958. p. 273–8.
biologique [6], pour nous restituer les difficultés initiales de la [5] Michaux H. Connaissance par les gouffres. Henri Michaux NRF; 1972.
recherche en psychiatrie clinique et expérimentale, à partir [6] Missa J-N. Naissance de la psychiatrie biologique, sciences, histoire et société.
d’hypothèses pathogéniques qui se révélèrent fausses au fur et à Paris: PUF; 2006 [378 p].
[7] Olié J-P. Jean Delay dans l’histoire de la psychiatrie. In: Jean Delay, psychiatre
mesure que les recherches avançaient et se complexifiaient. Ces
et écrivain. Les éditions des cendres; 2016. p. 115–28.
thèses restituent, malgré les contraintes de l’exercice académique, [8] Porot A. Manuel alphabétique de psychiatrie. Paris: PUF; 1975.
des commentaires très précieux de malades mentaux n’ayant pas [9] Postel J, Quetel C. « Chlorpromazine », 1952. In: Nouvelle histoire de la
psychiatrie. Toulouse: Privat; 1983. p. 525.
pu donner leur consentement éclairé au regard de l’importance de
[10] Rosenzweig M. Drogues et civilisations, une alliance ancestrale; 2008.
leurs troubles ou de volontaires sains consentants (Michaux) sur [11] Ross S, et al. Rapid and sustained symptom reduction following psilocybin
les conditions subjectives dans lesquelles ces expérimentations treatment for anxiety and depression in patients with life-threatening cancer:
ont été vécues par les intéressés en situation d’auto-observation a randomized controled trial. J Psychopharmacol 2016;30(12):1165–80.

sous contrôle médical.


Pour en savoir plus

8. Conclusion Claude H, Ey H. La mescaline, substance hallucinogène, comptes rendus de la


Société de Biologie, 1934:838–41.
Delay J, Benda P. L’expérience lysergique (LSD25), à propos de 75 observations
Outre les publications académiques et communications aux cliniques. Encéphale 1958;3:169–209.
congrès de Jean Delay et de ses collaborateurs, les thèses de Delay J, Gérard HP. L’Intoxication mescalinique expérimentale. Encéphale
médecine sur les psychodysleptiques (mescaline, LSD25 et psilo- 1948;7:196–235.
Delay J, Gérard HP, Racamier PC. Les synthèses dans l’intoxication mescalinique.
cybine) sont, de mon point de vue, le fil rouge de ces recherches
Encéphale 1951;1:1–10.
d’archives sur la question des auto-expérimentations à Sainte- Delay J, Pichot P, Lempérière T, Nicolas-Charles P, Quetin AM. Les effets
Anne. Les résultats ont inclus plusieurs centaines de malades psychiques de la psilocybine et les perspectives thérapeutiques. Ann Med
mentaux et de volontaires « sains » où l’auto-observation sous Psychol 1959;117. T.1:899–906.
Delay J, Pichot P, Nicolas-Charles P. Premiers essais de la psilocybine en
contrôle médical fut un des critères important, mais toujours dans
psychiatrie. Neuro-Psychopharmacology, proceeding of the first international
congress, Rome, 1958, Elsevior Pub comp, Amsterdam, 1959; 529–31.
16
Ces deux thèses sur la psilocybine font l’objet d’une recension très documentée Durand VJ. Diéthylamide de l’acide lysergique et psychiatrie. Introduction
dans le Catalogue de l’Exposition « PSILOCYBINE, Quand la psychiatrie observe la générale, Ann Med Psychol 1960;118:401–526.
création. Les années 1960 à Sainte-Anne », à l’initiative du Centre d’étude de Heim R. Analyse des quelques expériences personnelles produites par
l’expression de l’Hôpital Sainte-Anne sous la direction scientifique d’Anne-Marie l’ingestion des agarics hallucinogènes du Mexique, Compte Rendu Académie des
Dubois et d’Antoine Gentil (2015). Sciences 1957;245:597–603.
660 Y. Edel / Annales Médico-Psychologiques 175 (2017) 653–660

Hofmann A. Rapport sur une auto-expérience avec le psilocybe mexicana Heim; Ropert M. La mescaline en psychiatrie expérimentale. Thèse de Médecine, Paris
Heim et Brack; Cailleux R. : trois essais d’ingestion avec les psilocybes 1957.
hallucinogènes in Heim R. et al. : analyse des premières expériences produites Rouhier A. Le peyotl, la plante qui fait les yeux émerveillés (echinocactus
par l’ingestion des agarics hallucinogènes du Mexique, in Heim R. et Wasson R. G. Williamsii Lem.). Paris: Doin; 1927.
Paris: Éditions du Museum National d’Histoire Naturelle, 1958. p. 273–81. Toscano A. Étude auto-expérimentale avec deux drogues psychodysleptiques
Lewin L. Phantastica, l’histoire des drogues et de leur usage, préface de Jean LSD25 et psilocybine : comparaison des résultats. Mémoire pour le titre d’Assistant
Thuillier, société Edifor, Paris: Josette Lyon éd.; 1996. étranger, 1959, Paris.
Missa JN. Naissance de la psychiatrie biologique. Paris: PUF; 2006, 378 p. Widlöcher D. Le Diethylamide de l’acide lysergique ; étude de psychopathologie
Morselli GE. Recherches expérimentales et délires. in Congrès International de expérimentale. Thèse de médecine 1957, Paris.
Psychiatrie, Paris 18–27 septembre 1950; p. 89–121. Wilhelm MT. Intérêt de l’épreuve mescalinique dans les maladies mentales.
Olivenstein Sami (Claude) soutient sa thèse ; contribution à l’étude du LSD25 en Thèse de médecine 1955, Strasbourg.
clinique psychiatrique (L. Michaux, Président) 1967. Lane C. Comment la psychiatrie et l’industrie pharmaceutique ont médicalisé
Pichot P. Un siècle de Psychiatrie. Labo Roche, Paris: Dacosta ed., 1983, 189p. nos émotions. Flammarion ed., 2009, p.55-59.
Postel J, Cossa P. La thérapeutique par la psychose induite (mescaline et Hagenbach D, Werthmuller L. Albert Hofmann Und sein LSD, A.T. Verlag, Basel,
chlorpromazine), Ann Med Psychol 1956; 114, T.II:254–82. 2011, 405p. (non traduit en français).
Quetel C. Histoire de la Folie de l’Antiquité à nos jours. Paris: Taillandier; 2009, Gnoli A, Volpi F. Le LSD et les années psychédéliques : Entretiens avec Albert
619 p. Hofmann. Rivages poche ed., 2016, 135p.

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