I°/ Histoire de la clinique. La psychologie clinique en France et ses précurseurs : Pinel,
Charcot, Janet Le mot clinique vient du mot kliné, qui en grecque signifie le lit. La clinique concerne l’observation qui se réalise au lit du malade par le médecin qui utilise ses propres organes sensoriels pour évaluer la maladie du patient. Le travail du médecin : Le médecin s’appuie sur un interrogatoire, appelé entretien, et va obtenir des informations sur la description des troubles dont parle le patient, le début de ses troubles et leurs évolutions. Le médecin pratique ensuite l’examen clinique (palpation, occultation, observation), il va être sensible à toutes les variables propres au sujet (respiration, rythme cardiaque…) et va proposer un diagnostic qui sera utile car il permettra une prescription de traitement la plus adaptée possible. Le psychologue clinicien est comme le médecin, seul avec son patient et seul avec son psychisme, il travaille avec lui-même, avec son psychisme, et non avec des nouvelles technologies, pour accompagner le patient dans la recherche de sens de ce qu’il vit et pour pouvoir envisager un diagnostic des troubles qu’il présente. Le mot psychologie est composé de deux mots : psyché et logie. La psyché réfère à l’âme tandis que logie vient du grecque logos qui signifie discours. La psychologie est donc le « discours de l’âme » ou le « langage de l’âme ». Historiquement, la psychologie était pratiquée par les anciens et cette tradition socratique imposait une formule : « connais-toi toi-même ». Plus tard, les pères de l’église invitaient les sujets à un examen de conscience où la morale intervenait beaucoup mais c’est surtout au 16e siècle que la discipline devient une discipline à part entière et se voit apparaître en Allemagne. La psychologie clinique fait référence à la médecine qui non seulement observe mais aussi rétablie la santé et la philosophie, science générale des êtres, des principes et des causes qui peuvent expliquer telle ou telle activité. En France, plusieurs précurseurs de la psychologie clinique : - Philippe Pinel, fin 18e siècle : En France la psychologie clinique trouve en grande partie son origine dans une réforme humanitaire qu’à largement entrepris ce grand psychiatre humaniste. A l’époque on ne parlait pas de psychiatre mais « d’aliéniste » qui s’occupaient des « aliénés ». Pinel a introduit dans le psychisme des aliénés les principes mêmes de la révolution française, il va étendre le concept de science humaine aux malades mentaux. A l‘époque, les aliénés étaient enchaînés et enfermés et Pinel va libérer de leurs chaînes les aliénés et ce désenchaînement des aliénés est la base de cette réforme humanitaire qu’il entreprend, il va alors poser les bases des asiles psychiatriques. Il propose donc en plus un lieu pour pouvoir être soigné, comme un refuge qui les mets à l’abris du danger mais aussi un ensemble d’activité pour « l’aliéné », on leur propose du sport car on pensait que l’aliéné pouvait souffrir d’un manque de stimulation qu’il faut donc combler. D’un coup on humanise ce qu’on considérait comme des bêtes. Des progrès aussi dans la classification et description des maladies mentales ainsi que dans les traitements proposés au patient, progrès dans la neurologie : ces progrès participent à l’évolution qu’est la psychologie clinique. La psychiatrie française est considérée comme la première au monde. - Jean-Martin Charcot, fin du 19e siècle, c’était un psychiatre qui soignait les hystériques par l‘hypnose dans l’Ecole de Paris. Il montre que les « hystériques » ne simulent pas, il va travailler pour les soigner avec l’hypnose. Il observe l’ensemble des symptômes, jusqu’à ce que ces symptômes s’organisent dans un « tableau clinique » et qu’ils témoignent d’un sens. Charcot accueille également des philosophes qui viennent pour acquérir des expériences psychiques et se former. On utilise le pathologique pour expliquer les processus normaux. Freud, après avoir réalisé des travaux avec Charcot, dit : « Il n’y a pas de différence de nature entre le normal et le pathologique, seulement une différence de degré ». C’est en observant le fonctionnement pathologique que l’on peut être éclairé sur le fonctionnement psychique normal, c’est la pathologie qui nous enseigne sur la normalité - Pierre Janet, début 20e, a beaucoup participé aux théories de développement de l’intelligence de l’enfant. Il va prendre le relais de Charcot et devient médecin à la Salpêtrière et va développer un laboratoire de psychologie clinique. Pour lui la psychologie clinique est un enseignement réclamé par les médecins mais élaboré par les philosophes. Il va créer la première revue de psychologie clinique et thérapeutique. Il défend la nécessité d’être proche du patient, au lit du malade avec une approche thérapeutique. Il met un point d’honneur sur l’écoute du conflit humain.
II°/La spécificité de la psychologie clinique
Pas fait par prof
III°/ L’apport de D. Lagache et de J. Favez-Boutonnier
Il faudra attendre 1925 avec Daniel Lagache (20e siècle) pour que la psychologie clinique soit indépendante et enseignée. Il est médecin, philosophe et psychanalyste. Il va répandre en France une conception de la psychologie clinique qui était éteinte depuis plus de 25 ans, en s’affranchissant de la médecine. En 1947, la psychologie est enfin détachée de la philosophie, c’est à Strasbourg, sous l’impulsion de Lagache, qu’est créé la première licence de psychologie au niveau national. Juliette Favez-Boutonnier s’inscrit dans la lignée des travaux de Lagache. Elle a fait casiment le même parcours que lui au niveau de l’enseignement et lui succède à Strasbourg. En 1958, elle a créé un cours à la Sorbonne de psychologie clinique. En 1966, elle continue de lutter à la place de Lagache pour faire reconnaître le domaine de la psychologie clinique. En 1968 elle crée un laboratoire de psychologie clinique. Elle obtient la direction d’un certificat optionnel de psychologie clinique pour la maitrise. Dès 1968, les certificats de psychologie clinique sont délivrés dans toutes les facultés de sciences humaines enseignants la psychologie.
IV°/Psychologie clinique, médecine et psychanalyse
Pas fait par prof V°/ La psychologie clinique et l’université Grâce à la création du certificat de psychologie clinique, beaucoup d’étudiants viennent se former et de très nombreux postes de psychologues s’ouvrent dans les institutions, notamment dans le domaine de l’enfance, de la santé et de la justice. Le baby-boom d’après guerre et les traumatismes causés par celle-ci donnent intérêt pour les psychologues. Les premiers psychologues formés à l’université étaient soit médecin, soit philosophe, soit les deux. Tous les psychologues formés à l’université étaient tous psychanalystes. La psychanalyse à l'époque a une influence sur tous les secteurs de la psychologie, tellement qu'elle va orienter la psychologie clinique (forcément psychanalyste à l'époque) tandis qu’aujourd’hui elle est portée par différents paradigmes et pas seulement psychanalytique (thérapie cognitive, comportementale, systémique et familiale). Depuis les années 70, création de laboratoires de psychologie clinique dans toute la France, on encadre les thèses pour former les nouveaux étudiants et on crée de nouvelles disciplines. Un mouvement social apparaît en mai 1968 et on crée une unité d’enseignement et de recherches (la 1er à Paris 7 Diderot) où la psychanalyse est officiellement enseignée. La loi protège le titre de psychologue clinicien en 1985 et le décret d’application en 1988. Progressivement, toutes les Unités d’Enseignements et de Recherche (UER) sont autorisées à délivrer un diplôme avec mention « Psychologie Clinique », terme que les facultés de Médecine refusaient car le terme de psychologie clinique était réservé à la médecine.
VI°/ Apport de la psychanalyse à la psychologie clinique
Quels apports de la psychanalyse à la psychologie clinique ? Quels sont les outils théoriques et méthodologiques ? Psychologie clinique s'est-elle affranchie de la psychanalyse ? Quels paradigmes/corpus théoriques utilisent-t-on pour comprendre le psychisme humain ? L’un de ces paradigmes est la théorie psychanalytique, la théorie développée par Freud. En psychologie clinique, on remarque deux courants majoritaires : - Le courant naturaliste : C’est un courant scientifique qui organise la nouvelle science qu’est la science de l’Homme. C’est un courant très actuel qui s’exprime aussi dans la neuropsychologie, dans la psychologie cognitive, comportementale et dans la psychologie de l’informatique. C’est une psychologie dite expérimentale avec des preuves chiffrées. - Le courant humaniste : Originellement porté par Lagache, apport de la clinique qui se prévaut d’un modèle théorique refusant la médecine et la philosophie, c’est un courant qui a pour corpus théorique la psychanalyse La méthode clinique de psychologie s’est retrouvée rattachée à la psychanalyse. La psychologie se trouve au croisement des sciences de la Nature et de l’Homme. Entre les années 1970 et 1985, les analysés deviennent eux-mêmes les analystes et intègrent des formations, tous formés en psychanalyse mais ils voulaient être psychologue : les analystes deviennent psychologues clinicien. En France, le titre de psychanalyste n’existe pas et n’est donc pas protégé, pour suivre le courant faut faire une formation qui permet d’être reconnu parmi ses pairs. (Voir les émissions sur Freud, sur France Inter) La psychologie clinique s’est dégagée de la médecine et de la philosophie et a trouvé son indépendance. Elle travaille sur des cas concrets, avec les enfants, la police, les malades mentaux, les malades somatiques, la bioéthique, les addictions… L’intrusion des psychologues clinicien sur le terrain des médecins a été mal vécue par ces derniers, car ils considèrent que c’est un empiètement sur leurs droits, privilèges. La psychologie clinique est suspectée d’exercice illégal de la médecine. Freud insistait sur le fait qu’il ne faut pas forcément être médecin pour exercer la psychanalyse. Plus le corps médical a résisté à la psychanalyse, plus le mouvement d’intégration de la psychanalyse se développe et permet son renforcement dans la psychologie clinique et sa prise d’indépendance. Jacques Lacan reprend Freud en étant moins accessible mais est tout de même novateur et créatif. Il fonde son approche théorique sur la structure de la langue. La spécificité psychanalytique repose sur la structure de la langue. Pour lui, l’inconscient est structuré comme un langage. Il ne voulait pas que la psychanalyse soit annexée par la médecine. Lacan a fondé l’école « freudienne » et va recruter de nombreux disciples qui se disent de sa cause. La psychanalyse devient de plus en plus populaire en France et en Amérique du Sud. Une multitude de tendance et de courant découlent de Lacan. La psychologie clinique emprunte de nombreux concepts à la psychanalyse tels que : - La totalité : l’Homme est considéré comme une totalité, comme un ensemble qui n’est jamais achevé et toujours en évolution, dont le passé éclaire le présent. Ça signifie que chaque être humain est compris dans sa singularité, qu’il est unique. Toujours l’idée de dynamisme avec les différents conflits de notre psychique. - L’inconscient (freudien) : correspond à cette partie de nous même qui se dérobe à notre propre conscience et à nous même. Nous sommes en permanence habités par des désirs, des pulsions contre lesquelles nous nous défendons. Celles-ci sont présentes dans tout un ensemble de conduites (rêves, lapsus, actes manqués…) Freud dit « Nous ne sommes pas maitre dans notre maison puisqu’un certain de pulsions et désirs agissent à notre insu » - Le transfert : Processus par lequel les désirs et les sentiments inconscient du patient s’actualisent et se revivent dans la relation avec le thérapeute. Le transfert se retrouve dans toutes les conduites antérieures avec des personnes différentes. Concept qui n’est ni propre à la psychologie clinique ni à la psychanalyse mais qui est utilisé dedans. Le psychologue clinicien doit repérer et/ou analyser les modalités du transfert du patient pour comprendre ce qui est en jeu et ce qui se repère à l’insu du patient. La psychologie clinique emprunte aussi à la psychanalyse la position de neutralité bienveillante, c’est à dire laisser le patient libre de la parole, de comprendre son récit et ce qu’il ne dit pas sans critique ni jugement ni discrimination ni d’avis personnel : les professionnels se doivent être neutres mais ça ne veut pas dire qu’ils ne ressentent rien. La bienveillance est un parti pris systématique, elle réfère à l’empathie (souffrir avec l’autre), la compréhension et toutes les caractéristiques de la neutralité bienveillante sinon, le psychologue ne peut pas prendre en charge le patient car nos affects personnels interviennent dans les traitements que l’on propose. La neutralité bienveillante impose une très grande réserve et attrait à l’abstinence (aucune relation en dehors avec les patients, même pendant les consultations), il faut une attitude ouverte, d’accueil mais réservée.
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