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Décret n° 2-07-1235 du 5 kaada 1429 (4 novembre 2008) relatif au contrôle des dépenses de l'Etat

Circulaire relative à la réforme du contrôle des dépenses de l’Etat

LE PREMIER MINISTRE,

Vu la Constitution, notamment son article 63 ;

Vu la loi organique n° 7-98 relative à la loi de finances, promulguée par le dahir n° 1-98-138 du 7 chaabane
1419 (26 novembre 1998) ;

Vu la loi n° 61-99 relative à la responsabilité des ordonnateurs, des contrôleurs et des comptables publics
promulguée par le dahir n° 1-02-25 du 19 moharrem 1423 (3 avril 2002) ;

Vu la loi n° 62-99 formant code des juridictions financières promulguée par le dahir n° 1-02-124 du 1errabii
II 1423 (13 juin 2002) ;

Vu le décret n° 2-98-401 du 9 moharrem 1420 (26 avril 1999) relatif à l'élaboration et à l'exécution des lois
de finances ;

Vu le décret Royal n° 330-66 du 10 moharrem 1387 (21 avril 1967) portant règlement général de
comptabilité publique, tel qu'il a été modifié et complété ;

Vu le décret n° 2-03-703 du 18 ramadan 1424 (13 novembre 2003) relatif aux délais de paiement et aux
intérêts moratoires en matière de marchés de l'Etat ;

Vu le décret n° 2-06-52 du 14 moharrem 1427 (13 février 2006) relatif au rattachement du contrôle des
engagements de dépenses de l'Etat à la Trésorerie générale du Royaume et au transfert des compétences
du contrôleur général des engagements de dépenses au trésorier général du Royaume ;

Sur proposition du ministre de l'économie et des finances ;

Après examen par le conseil des ministres, réuni le 20 chaoual 1429 (20 octobre 2008),

DÉCRÈTE

Chapitre premier

Dispositions générales

ARTICLE PREMIER. –Les engagements des dépenses de l'Etat par les services ordonnateurs sont soumis à
un contrôle budgétaire et à un contrôle de régularité.

Les dépenses de l'Etat sont soumises au stade du paiement à un contrôle de validité.

Au sens du présent décret, les services ordonnateurs s'entendent des services relevant de
l'ordonnateur qui interviennent dans le processus d'exécution des dépenses de l'Etat.

Chapitre II

Modalités d’exercice du contrôle des dépenses de l’Etat

ART. 2. –Les dépenses de l'Etat sont soumises à un contrôle préalable d'engagement et à un contrôle de
paiement conformément aux dispositions de la section 1 du présent chapitre.
Toutefois, à compter du premier janvier 2012, ces contrôles feront l'objet d'un allégement dit «contrôle
modulé » dans les conditions et selon les modalités prévues à la section II du présent chapitre.

Section I. – De l'exercice du contrôle

A. – AU NIVEAU DE LA PHASE D'ENGAGEMENT

ART. 3. – Le contrôle des engagements de dépenses intervient préalablement à tout engagement.

Le comptable public exerce un contrôle de régularité qui consiste à vérifier que les propositions
d'engagement de dépenses sont régulières au regard des dispositions législatives et réglementaires d'ordre
financier.

Il exerce également un contrôle budgétaire portant sur :

– la disponibilité des crédits et des postes budgétaires;


–l'imputation budgétaire;
– l'exactitude des calculs du montant de l'engagement ;
– le total de la dépense à laquelle l'administration concernée s'oblige pour toute l'année d'imputation ;
– la répercussion éventuelle de l'engagement sur l'emploi total des crédits de l'année en cours et des
années ultérieures.

Le contrôle budgétaire précité s'exerce dans le cadre des rubriques budgétaires de la loi de finances,
des budgets des services de l'Etat gérés de manière autonome ou, le cas échéant, des programmes d'emploi
des comptes spéciaux du Trésor.

ART. 4. – Pour l'exercice du contrôle des engagements de dépenses, les propositions d'engagement de
dépenses faites par les services ordonnateurs sont accompagnées d'une fiche d'engagement rappelant
l'imputation et la rubrique budgétaires correspondantes de la loi de finances, du budget du service de l'Etat
géré de manière autonome ou du programme d'emploi du compte spécial du Trésor concerné et, le cas
échéant, le montant des engagements déjà réalisés sur lesdites rubriques budgétaires ou comptes spéciaux.

ART. 5. – Le contrôle des engagements de dépenses s'exerce :

– soit par un visa donné sur la proposition d'engagement de dépenses;


– soit par une suspension du visa de la proposition d'engagement de dépenses avec renvoi au service
ordonnateur des dossiers d'engagement non visés, aux fins de régularisation ;
- soit par un refus de visa motivé.

Les observations qu'appelle la proposition d'engagement, en cas de suspension ou de refus de visa,


sont groupées et font l'objet d'une seule communication au service ordonnateur concerné.

ART. 6. – Les délais dont dispose le comptable public pour apposer son visa d'engagement, le suspendre ou
le refuser sont de douze (12) jours ouvrables francs, pour les marchés de l'Etat et de cinq (5) jours ouvrables
francs pour les autres natures de dépenses à compter de la date de dépôt de la proposition d'engagement.

Toutefois, en ce qui concerne les marchés de l'Etat, à défaut de réponse du comptable public dans le
délai prescrit. Celui-ci est tenu d'apposer son visa sur la proposition d'engagement dès l'expiration dudit délai
et d'en faire retour au service ordonnateur concerné.

Les dispositions du présent article ne peuvent être opposables aux comptables publics que par le
service ordonnateur concerné.

ART. 7.– Les services ordonnateurs sont tenus, avant tout commencement d'exécution de travaux, services
ou livraison de fournitures, de notifier avec l'approbation, quand l'acte requiert celle-ci, à l'entrepreneur,
fournisseur ou prestataire de services concerné, les références du visa d'engagement de dépenses apposé
sur les marchés, y compris les bons de commandes et sur les conventions et les contrats ainsi que sur leurs
avenants éventuels lorsque ledit visa est requis.

Les références du visa d'engagement peuvent être réclamées au service ordonnateur concerné, le
cas échéant, par l'entrepreneur, le fournisseur ou le prestataire de services.

B. – AU NIVEAU DE LA PHASE DE PAIEMENT


ART. 8. – Le comptable public est tenu d'exercer, avant visa pour paiement, le contrôle de la validité de la
dépense portant sur :

– l'exactitude des calculs de liquidation;


– l'existence du visa préalable d'engagement, lorsque ledit visa est requis ;
– le caractère libératoire du règlement. Il est, en outre, chargé de s'assurer de :
– la signature de l'ordonnateur qualifié ou de son délégué ;
– la disponibilité des crédits de paiement ;
– la production des pièces justificatives prévues par les nomenclatures établies par le ministre chargé
des finances dont celles comportant la certification du service fait par l'ordonnateur ou le sous-ordonnateur
qualifié.

Lorsque le comptable public ne relève aucune irrégularité, il procède au visa et au règlement des
ordonnances de paiement.

Toutefois, lorsqu'à l'occasion de son contrôle. il constate une irrégularité au regard des dispositions
du présent article, il suspend le visa et renvoie à l'ordonnateur les ordonnances de paiement non visées,
appuyées d'une note dûment motivée comprenant l'ensemble des observations relevées par ses soins, aux
fins de régularisation.

Le comptable public dispose, pour apposer son visa ou le suspendre, par modification de l'article 86
du décret Royal n° 330-66 susvisé, d'un délai de cinq (5) jours pour les dépenses de personnel et de quinze
(15) jours pour les autres catégories de dépenses à compter de la date de réception des bordereaux
d'émissions et des ordonnances de paiement.

C. – LES DEROGATIONS

ART. 9. – Ne sont pas soumises pour visa au contrôle des engagements de dépenses sauf lorsqu'elles
concernent les rémunérations des personnels civil et militaire de l'Etat, les dépenses payées, en application
des dispositions de l'article 35 du décret Royal n° 330-66 susvisé, sans ordonnancement préalable.

ART. 10. –Ne sont pas soumises au contrôle de régularité au regard des dispositions législatives et
réglementaires d'ordre financier, prévu à l'article 3 du présent décret :

1. les dépenses de personnel liées à la situation administrative et aux traitements, à l'exclusion de celles
relevant des actes de recrutement, de titularisation, de réintégration, de changement de grade et de sortie de
service, quels que soient leurs montants ;

2. les dépenses relatives aux transferts et subventions aux établissements publics, aux impôts et taxes,
aux décisions judiciaires et aux loyers, quel qu'en soit le montant à l'exception des actes initiaux de location et
des actes modificatifs y afférents ;

3. les dépenses de personnel autres que celles visées ci-dessus, dont le montant est inférieur ou égal à
cinq mille dirhams (5.000 DH) ;

4. les dépenses de biens et services dont le montant est inférieur ou égal à vingt mille dirhams (20.000
DH).
Les dépenses visées ci-dessus font, toutefois, l'objet du contrôle budgétaire visé à l'article 3 ci-
dessus.

ART. 11. – Ne sont pas soumis au contrôle d'engagement et au contrôle de paiement, les marchés de l'Etat y
compris les bons de commande, les conventions et les contrats passés dans le cadre des programmes et
projets bénéficiant de fonds de concours extérieurs accordés sous forme de dons, en application de
conventions bilatérales.

Toutefois, les services ordonnateurs doivent adresser, à la fin de chaque mois, au comptable public
concerné, aux fins de prise en charge dans sa comptabilité des engagements, un état établi sous leur
responsabilité, faisant ressortir pour chaque acte visé au premier alinéa ci-dessus, la référence
correspondante, le titulaire, l'objet et le montant de la dépense imputé sur les crédits de paiement de l'année
en cours ainsi que l'imputation budgétaire concernée.

Lorsqu'il s'agit de paiements effectués directement par le donateur au profit des créanciers, les
services ordonnateurs concernés sont tenus de transmettre aux comptables publics copie des marchés
correspondants et des documents ayant servi au paiement desdits marchés, aux tins de constatation, dans
leur comptabilité, des opérations d'ordre afférentes aux dépenses concernées.

Par contre, pour les dépenses réalisées au titre des comptes d'avances, suivis dans le cadre des
fonds de roulement, le contrôle des comptables publics portera au stade du paiement sur :

–la vérification de l'endossement par le donateur, lorsque cette formalité est requise ;
– la signature de l'ordonnateur ou du sous-ordonnateur concerné:
– la vérification de l'exactitude des calculs de liquidation
– le caractère libératoire du règlement.

Section II. – De l'exercice du contrôle modulé

ART. 12. – Le contrôle modulé de la dépense, prévu au 2 e alinéa de l'article 2 ci-dessus, est un contrôle
allégé des dépenses des services ordonnateurs qui sont tenus de disposer d'un système de contrôle interne
leur permettant de s'assurer,parmi les contrôles qui leur sont dévolus par la réglementation en vigueur:

–au stade de l'engagement :


a) de la régularité au regard des dispositions législatives et réglementaires d'ordre financier des
engagements de dépenses autres que ceux dont les natures et les seuils sont fixés à l'article 13 ci-après ;

b) du total de la dépense à laquelle l'administration s'oblige pour toute l'année d'imputation ;

c) de la répercussion de l'engagement sur l'emploi total des crédits de l'année en cours et des années
ultérieures.

– au stade de l'ordonnancement :
a) de la disponibilité des crédits ;
b) de l'existence du visa préalable de l'engagement, lorsque ledit visa est requis ;
c) de l'inexistence du double paiement d'une même créance.

ART. 13. – Pour l'exercice du contrôle modulé des dépenses des services ordonnateurs visés à l'article 12 ci-
dessus et sous réserve des dérogations prévues aux articles 9 et 11 du présent décret, le comptable public
s'assure au stade de l'engagement :

– de la disponibilité des crédits et des postes budgétaires


– de l'exactitude des calculs du montant de l'engagement
– de l'imputation budgétaire ;
– de la régularité au regard des dispositions législatives et réglementaires d'ordre financier des propositions
d'engagements de dépenses concernant :
a) les actes de recrutement, de titularisation, de réintégration, de changement de grade et de sortie de
service relatifs au personnel de l'Etat ;

b) les actes initiaux de location et les actes modificatifs y afférents;

c) les dépenses de personnel visées au paragraphe 3 de l'article 10 ci-dessus dont le montant est
supérieur à dix mille dirhams (10.000 DH) ;

d) les dépenses des biens et services dont le montant est supérieur à cent mille dirhams (100.000 DH) ;

e) les marchés, les avenants et autres actes modificatifs y afférents dont le montant pris séparément est
supérieur à quatre cent mille dirhams (400.000 DH), ainsi que les marchés négociés quel qu'en soit le
montant;

f) Les contrats d'architectes relatifs aux marchés visés au paragraphe e) du présent article ;

g) les conventions et les contrats de droit commun dont le montant est supérieur à deux cent mille dirhams
(200.000 DH).

Les délais dont dispose le comptable public pour apposer son visa d'engagement, le refuser ou
faire connaître ses observations sont :

- de dix (10) jours, pour les marchés de l'Etat ;


- de quatre (4) jours, pour les autres natures de dépenses.

ART. 14.-Le contrôle modulé prévu à l'article 12 ci-dessus peut faire l'objet, par arrêté du ministre chargé des
finances, d'un allègement supplémentaire au bénéfice des services ordonnateurs qui satisfont aux critères
définis à l'article 15 ci-dessous après évaluation de leur capacité de gestion dans les conditions prévues à
l'article 27 ci-après.

ART. 15. -Pour pouvoir bénéficier de l'allègement supplémentaire visé à l'article 14 ci-dessus, les services
ordonnateurs doivent disposer, en plus des critères prévus à l'article 12 ci-dessus, d'un système d'audit et de
contrôle internes leur permettant de s'assurer :

a) de la régularité au regard des dispositions législatives et réglementaires d'ordre financier des


engagements de dépenses autres que ceux dont les natures et les seuils sont fixés à l'article 16 ci-après ;
b) de l'exactitude des calculs du montant de l'engagement ;
c) de l'exacte imputation budgétaire de la dépense.

ART. 16.- Pour les services ordonnateurs bénéficiant de l'allègement supplémentaire visé à l'article 14 ci-
dessus et sous réserve des dérogations prévues aux articles 9 et II du présent décret, le comptable public
s'assure au stade de l'engagement :

— de la disponibilité des crédits et des postes budgétaires ;


— de la régularité au regard des dispositions législatives et réglementaires d'ordre financier des
propositions d'engagements de dépenses concernant:
a) les actes de recrutement, de titularisation, de réintégration. de changement de grade et de sortie de
service relatifs au personnel de l'Est ;
b) les actes initiaux de location et les actes modificatifs y afférents ;
c) les marchés, les avenants et autres actes modificatifs y afférents, dont le montant pris séparément est
supérieur à un million de dirhams (1.000.000 DH), ainsi que les marchés négociés quel qu'en soit le montant ;
d) les contrats d'architectes relatifs aux marchés visés au paragraphe c)ci-dessus.

Les délais dont dispose le comptable public pour apposer son visa d'engagement, le refuser ou
faire connaître ses observations sont :
- de sept (7) jours, pour les marchés de l'Etat ;
- de trois (3) jours, pour les autres natures de dépenses.

ART. 17.- Les dispositions fixant les modalités d'exercice du contrôle par le comptable public et l'obligation de
communiquer les références du visa aux parties concernées, prévues respectivement par les articles 5 et 7 ci-
dessus, s'appliquent également au contrôle modulé de la dépense au stade de l'engagement.
ART. 18.- Au niveau du paiement, le comptable public est tenu d'exercer le contrôle de validité de la dépense
portant sur :
— l'exactitude des calculs de liquidation ;
— le caractère libératoire du règlement ;

Il s'assure en outre:
— de la signature de l'ordonnateur qualifié ou de son délégué ;
— de la production des pièces justificatives prévues par les nomenclatures établies par le ministre
chargé des finances, dont celles comportant la certification du service fait par l'ordonnateur ou le sous-
ordonnateur qualifié.

Le comptable public ne doit, en aucun cas, faire ou refaire le contrôle de la régularité des dépenses
au stade du paiement.

Les dispositions des trois derniers alinéas de l'article 8 ci-dessus sont applicables au contrôle modulé au
stade de paiement prévu dans le présent article.

Section III —Dispositions communes

ART. 19.- Les dossiers d'engagement des dépenses non soumises au contrôle de régularité au regard des
dispositions législatives et réglementaires d'ordre financier en application des articles 10, 13 et 15 ci-dessus
sont constitués d'une fiche navette dont le modèle est fixé par décision du ministre chargé des finances, aux
fins de visa et de prise en charge comptable. Les pièces justificatives y afférentes sont conservées par
l'ordonnateur concerné.

ART. 20.- Les natures et les seuils de dépenses visés aux articles 10. 13 et 16 du présent décret peuvent être
modifiés ou complétés par arrêté du ministre chargé des finances.

Section IV. — Système de suivi de la qualité d'exécution


de la dépense

ART. 21.- La Trésorerie générale du Royaume est chargée de mettre en place un système de suivi
permettant de s'assurer que la qualité et la sécurité des procédures d'exécution des dépenses de l'Etat du
service ordonnateur sont maintenues au même niveau de capacité de gestion qui lui a permis de bénéficier
du contrôle modulé de la dépense.

ART. 22. - Le suivi de la qualité des procédures d'exécution des dépenses des services ordonnateurs est
assuré à travers la mise en place :
- des indicateurs de suivi de la qualité d'exécution des dépenses;
- d'une vérification a posteriori, par sondage et par nature des dépenses engagées et ordonnancées par le
service ordonnateur :
- d'un système de suivi et d'évaluation du processus d'exécution des dépenses du service ordonnateur.

ART. 23. - Les indicateurs de suivi de la qualité d'exécution de la dépense portent sur le processus
d'exécution de la dépense et sur tout autre élément d'information disponible se rapportant à l'environnement
de la gestion de la dépense du service ordonnateur.

ART. 24.- La vérification a posteriori est effectuée par le comptable public sur les actes non soumis au
contrôle de régularité en application du présent décret. Elle consiste à s'assurer au vu d'un échantillon d'actes
de dépenses, que les procédures d'engagement et d'ordonnancement des dépenses sont conformes à la
réglementation en vigueur.

Le comptable public élabore chaque semestre une situation de suivi des dépenses par service
ordonnateur, sur la base des indicateurs de suivi de la qualité d'exécution desdites dépenses qu'il transmet au
trésorier général du Royaume.

ART. 25. –Le trésorier général du Royaume adresse au ministre chargé des finances les conclusions issues
du processus de suivi, sous forme d'un rapport synthétique semestriel, en vertu duquel un nouvel audit peut,
le cas échéant, être demandé. Le ministre chargé des finances communique ledit rapport au ministre
concerné.

ART. 26. – Lorsque le système de suivi révèle qu'un service ordonnateur ne satisfait plus aux conditions qui
lui ont permis de bénéficier du contrôle modulé visé à la section Il ci-dessus, le ministre chargé des finances
suspend, par voie d'arrêté pris après information du ministre dont relève le service ordonnateur concerné,
l'application, audit service, du contrôle modulé et ordonne un nouvel audit.

Section V. – De l'application du contrôle modulé

ART. 27. – Le contrôle modulé de la dépense visé à la section Il ci-dessus peut faire l'objet, par arrêté du
ministre chargé des finances, d'une application avant la date prévue à l'article 2 ci-dessus au niveau des
services ordonnateurs qui remplissent les critères fixés aux articles 12 et 15 ci-dessus et après avoir fait
l'objet d'une évaluation de leur capacité de gestion.

La capacité de gestion des services ordonnateurs est évaluée dans le cadre d'un audit réalisé par
l'inspection générale des finances, la Trésorerie générale du Royaume, tout autre organe d'inspection ou de
contrôle ou tout organisme de contrôle ou d'audit accrédité à cet effet par arrêté du ministre chargé des
finances.

Cet audit, diligenté par le ministre chargé des finances de sa propre initiative ou sur demande du
ministre intéressé, est effectué sur la base d'un référentiel d'audit et donne lieu à un rapport d'audit.

Ce référentiel d'audit porte sur les quatre aspects suivants :


– la capacité de gestion financière ;
– la capacité d'exécution de la dépense ;
– la capacité de contrôle interne ;
– la capacité de gestion de l'information.

Le référentiel précité est fixé par arrêté du ministre chargé des finances.

Chapitre III

Procédures du passer outre et de réquisition

A. - A U NIVEAU DE LA PHASE D'ENGAGEMENT

ART. 28. – En cas de refus de visa prononcé par le comptable public, si le service ordonnateur qui a présenté
la proposition d'engagement de dépenses la maintient, le ministre intéressé saisit le trésorier général du
Royaume pour infirmation ou confirmation dudit refus de visa.

Si le trésorier général du Royaume infirme le refus de visa, il prescrit au comptable public de viser
la proposition d'engagement de dépenses ; s'il le confirme, le ministre concerné peut solliciter l'intervention du
Premier ministre.

Dans ce cas, sauf si le refus de visa est motivé par l'indisponibilité de crédits ou de postes
budgétaires ou par le non respect d'une disposition législative, le Premier ministre peut, par décision, passer
outre à ce refus de visa. Toutefois, il peut au préalable consulter :
– La commission des marchés, lorsqu'il s'agit d'une proposition d'engagement de dépenses résultant d'un
marché, convention ou contrat passé pour le compte de l'Etat ;
–Une commission présidée par le secrétaire général du gouvernement ou la personne désignée par lui à
cet effet et comprenant les représentants du ministre concerné, du ministre chargé des finances, du
ministre chargé de la fonction publique et du trésorier général du Royaume lorsque la proposition
d'engagement de dépenses résulte d'un acte relatif au personnel de l'Etat.

B. – AU NIVEAU DE LA PHASE DE PAIEMENT

ART. 29. – Lorsque le comptable public suspend le paiement d'une dépense conformément aux dispositions
de l'article 8 (avant dernier alinéa) ou de l'article 18 du présent décret, et que l'ordonnateur requiert qu'il soit
passé outre, par écrit et sous sa responsabilité, le comptable dont la responsabilité se trouve alors dégagée,
procède au visa pour paiement et annexe, à l'ordonnance ou au mandat, copie de sa note d'observation et
l'ordre de réquisition.

ART. 30.–Par dérogation aux dispositions de l'article précédent, le comptable public doit refuser de déférer
aux ordres de réquisition lorsque la suspension de paiement est motivée par :

– soit l'absence, l'indisponibilité ou l'insuffisance des crédits ;


– soit le défaut du caractère libératoire du règlement ;
– soit l'absence de visa préalable d'engagement, lorsque ledit visa est requis.

En cas de refus de la réquisition, le comptable public rend immédiatement compte au ministre


chargé des finances qui statue.

Toutefois, en cas d'opérations provoquées par les nécessités de la défense nationale,


l'indisponibilité des crédits ne peut être invoquée par le comptable public pour refuser le paiement de la solde
et accessoires de soldes des militaires non officiers et des indemnités représentatives de vivres, de route et
de séjour de l'ensemble des personnels militaires.

Chapitre IV

De la nomination et des missions des comptables publics

ART. 31.–.A l'exception des comptables publics dont la nomination s'effectue par dahir, les comptables
publics sont nommés par arrêté du ministre chargé des finances pris sur proposition du trésorier général du
Royaume et choisis parmi les fonctionnaires appartenant aux cadres classés au moins à l'échelle de
rémunération n° 11 et justifiant au moins d'une licence en droit ou d'un diplôme ouvrant accès aux cadres
classés à l'échelle de rémunération n° 10.

Le champ de compétences des comptables publics est fixé par décision du trésorier général du
Royaume.

ART. 32. – Outre les missions imparties aux comptables publics en vertu du présent décret, ceux-ci assurent
également, une mission d'assistance et de conseil auprès des services ordonnateurs.

Chapitre V

Comptabilité des engagements de dépenses

ART. 33. – Les comptables publics placés auprès des ordonnateurs tiennent, pour l'ensemble des crédits
ouverts par les lois de finances, et selon les rubriques budgétaires de ces lois et des programmes d'emploi,
une comptabilité des engagements de dépenses des départements ministériels auprès desquels ils exercent
leur fonction de contrôle.

Cette comptabilité fait ressortir :


– les crédits ouverts par les lois de finances et les modifications qui leur sont apportées en cours d'année ;
– les engagements faits sur ces crédits par les ordonnateurs ;
– les dépenses sans ordonnancement préalable qui leur sont notifiées à la fin de chaque mois par les
comptables publics concernés
– les dépenses engagées et non soumises au visa du contrôle des engagements de dépenses en vertu de
l'article 11 ci-dessus.

Les comptables publics tiennent également une comptabilité des engagements de dépenses des
sous-ordonnateurs de l'administration centrale et des services gérés de manière autonome auprès desquels ils
exercent leur fonction de contrôle.

Cette comptabilité fait ressortir :


– les crédits délégués et les réductions effectuées sur ces crédits en cours d'année ;
– les engagements faits sur ces crédits par les sous-ordonnateurs intéressés ;
– les dépenses sans ordonnancement préalable qui leur sont notifiées à la fin de chaque mois par les
comptables publics concernés
– les dépenses engagées et non soumises au visa du contrôle des engagements de dépenses en vertu de
l'article Il ci-dessus.

Les comptables publics tiennent une comptabilité des effectifs budgétaires ouverts par la loi de
finances de l'année.

Cette comptabilité fait ressortir :


– les effectifs budgétaires ouverts ;
– les emplois budgétaires occupés ;
– les emplois budgétaires vacants.

ART. 34. – Les comptables publics placés auprès des sous-ordonnateurs préfectoraux et provinciaux
tiennent, pour l'ensemble des crédits délégués et selon des rubriques budgétaires et des programmes
d'emploi, une comptabilité des engagements de dépenses desdits services.

Cette comptabilité fait ressortir :


– les crédits délégués et les réductions effectuées sur ces crédits en cours d'année ;
– les engagements faits sur ces crédits par les sous-ordonnateurs intéressés;
– les dépenses sans ordonnancement préalable qui leur sont notifiées à la fin de chaque mois par les
comptables publics concernés ;
– les dépenses engagées et non soumises au visa du contrôle des engagements de dépenses en vertu de
l'article 11 ci-dessus.
Les comptables publics tiennent également une comptabilité des engagements de dépenses des
services de l'Etat gérés de manière autonome auprès desquels ils exercent leur fonction de contrôle.

Cette comptabilité fait ressortir :


– les crédits ouverts par les budgets des services de l'Etat gérés de manière autonome et les modifications
qui leurs sont apportées en cours d'année
– les engagements faits sur ces crédits par les ordonnateurs ou les sous-ordonnateurs des services de
l'Etat gérés de manière autonome ;
– les dépenses sans ordonnancement préalable qui leur sont notifiées à la fin de chaque mois par les
comptables publics concernés ;
– les dépenses engagées et non soumises au visa du contrôle des engagements de dépenses en vertu de
l'article Il ci-dessus.
Les comptables publics tiennent une comptabilité des effectifs budgétaires des personnels de l'Etat dont ils
assurent le suivi.

Cette comptabilité fait ressortir :


– les effectifs budgétaires ouverts
– les emplois budgétaires occupés
– les emplois budgétaires vacants.
ART. 35. – Le trésorier général du Royaume centralise les situations des engagements et de l'exécution
comptable du budget général. des services de l'Etat gérés de manière autonome, des comptes spéciaux du
Trésor et des opérations de trésorerie.
II adresse annuellement au ministre chargé des finances un rapport sur les conditions d'exécution de la loi
des finances.

Chapitre VI

Dispositions finales

ART. 36. – Sous réserve des dispositions du deuxième alinéa de l'article 2 ci-dessus, le présent décret qui
sera publié au Bulletin officie/entre en vigueur à compter du premier janvier 2009 et abroge, à compter de la
même date, les dispositions :
–du décret ne 2-75-839 du 27 hija 1395 (30 décembre 1975) relatif au contrôle des engagements de
dépenses de l'Etat ;
– des articles 11, 91 bis, 92 et 93 du décret Royal n° 330-66 du 10 moharrem 1387 (21 avril 1967) portant
règlement général de comptabilité publique.

ART. 37. – Un décret ultérieur fixera la date et les modalités d'application des dispositions de la section II du
chapitre Il du présent décret à l'administration de la défense nationale.

Fait a Rabat, le 5 kaada 1429 (4 novembre 2008).


ABBAS EL FASSI.

Pour contreseing :
Le ministre de l'économie
et des finances,
SALAHEDDINE MEZOUAR.

Le texte en langue arabe a été publié dans l'édition générale du '' Bulletin officiel '' n° 5682 du 14 kaada 1429
(13 novembre 2008).

Circulaire relative à la réforme du contrôle des dépenses de l’Etat

Royaume du Maroc

DRNC/N°
Rabat, le

Circulaire
relative à la réforme du contrôle
des dépenses de l’Etat
Dans le cadre du processus de réformes engagé par le Gouvernement en matière de
renforcement de la bonne gouvernance, de consolidation des actions de modernisation
de l’administration, de transparence de la vie publique et de responsabilisation plus
accrue des services gestionnaires, une réforme du système de contrôle des dépenses
de l’Etat a été mise en place.

Cette réforme a été consacrée par l’adoption du décret n°2.07.1235 du 5 Kaada 1429
(4 novembre 2008) relatif au contrôle des dépenses de l’Etat publié au Bulletin officiel
n° 5682 du 14 Kaada 1429 (13 novembre 2008) abrogeant le décret n°2.75.839 du 27
hijja 1395 (30 décembre 1975) relatif au contrôle des engagements des dépenses de
l’Etat ainsi que certaines dispositions du décret Royal n°330.66 du 10 moharrem 1387
(21 avril 1967) portant règlement général de comptabilité publique.

La présente note a donc pour objet de préciser et d’expliciter les principales


dispositions contenues dans ledit décret, notamment celles dont l’entrée en vigueur est
prévue pour le 1er janvier 2009, sachant que les dispositions se rapportant au contrôle
modulé de la dépense objet de la section II du chapitre II du décret susvisé feront
l’objet d’une note explicative ultérieure.

Cette circulaire est articulée autour des points suivants :

I. De l’exercice du contrôle des dépenses de l’Etat


II. Des allégements du contrôle dits « allégements de droit commun »
III. Des modalités de suivi de l’exécution du budget de l’Etat : comptabilité des
engagements de dépenses
IV. De la mission d’assistance et de conseil

I. De l’exercice du contrôle des dépenses de l’Etat

En application des dispositions de l’article 2 du décret relatif au contrôle des dépenses


de l’Etat, les dépenses de l’Etat sont soumises à un contrôle préalable d’engagement et
à un contrôle de paiement exercé par le comptable public, dans les conditions et selon
les modalités fixées par la section I dudit décret.

I.1. Modalités d’exercice du contrôle des dépenses au niveau de la phase


d’engagement
Il y a lieu de rappeler que la notion d’engagement telle qu’elle est énoncée à l’article 33
du décret Royal n°330-66 du 10 moharrem 1387 (21 avril 1967) portant règlement
général de comptabilité publique est définie comme suit :

- l’engagement est l’acte par lequel l’organisme public crée ou constate une
obligation de nature à entraîner une charge ;
- il ne peut être pris que par l’ordonnateur ou le sous ordonnateur agissant en
vertu de ses pouvoirs ;
- il doit rester dans les limites des autorisations budgétaires et demeurer
subordonné aux décisions, avis ou visas prévus par la réglementation en vigueur.

En vertu de ces dispositions, l’engagement en tant qu’acte administratif est pris par
l’ordonnateur ou par le sous ordonnateur en vue de répondre à un besoin actuel ou
futur et dont la réalisation doit entraîner ou générer une dépense à imputer sur des
crédits budgétaires.

L’engagement peut se présenter sous diverses formes : arrêté, marché, contrat, bon
de commandes, décision ou tout autre acte créant ou constatant une obligation
susceptible de se traduire par la création ou l’augmentation d’une dépense immédiate
ou future.

Ainsi deux aspects caractérisent l’acte d’engagement :

- celui de l’opportunité de la décision à laquelle il correspond ;


- celui des conséquences budgétaires qu’entraine cette décision.

L’opportunité de l’engagement relève exclusivement de l’ordonnateur ou du sous


ordonnateur.

Pour délimiter le contrôle d’engagement des dépenses, l’article 1er dudit décret dispose
que « les engagements des dépenses de l’Etat par les services ordonnateurs sont
soumis à un contrôle budgétaire et à un contrôle de régularité ».

Les services ordonnateurs s’entendent des ordonnateurs principaux, de leurs délégués,


des ordonnateurs désignés par décret, des sous ordonnateurs et, le cas échéant, des
suppléants.

I.1.1. Le contrôle budgétaire

Le comptable public exerce également lors de la phase d’engagement un contrôle


budgétaire portant sur :
a. La disponibilité des crédits et des postes budgétaires

Le comptable public doit vérifier pour chaque proposition d’engagement de dépenses, la


disponibilité des crédits et des postes budgétaires. L’absence ou l’insuffisance de
crédits sur une rubrique budgétaire ou l’absence de postes budgétaires entraîne le
refus de visa de la proposition d’engagement de dépenses.

b. L’imputation budgétaire

Le comptable public doit s’assurer à cet égard, que l’objet de la dépense correspond
bien à la rubrique budgétaire proposée pour supporter la dépense. A ce niveau, le
contrôle budgétaire « s’exerce dans le cadre des rubriques budgétaires de la loi de
finances, des services de l’Etat gérés de manière autonome, ou le cas échéant, des
programmes d’emploi des comptes spéciaux du trésor » (art.3, 3ème alinéa du décret).

La vérification de l’imputation budgétaire doit parfois amener le comptable public à


prendre en considération la destination ou l’usage auquel sont dédiées les prestations.

c. L’exactitude des calculs du montant de l’engagement

Il s’agit de vérifier, à ce niveau, le résultat des opérations arithmétiques pour arrêter


le montant de la proposition d’engagement de dépenses et ce, en tenant compte de la
nature de l’engagement.

d. Le total de la dépense à laquelle l’administration concernée s’oblige pour


toute l’année budgétaire

A ce niveau, le comptable public doit s’assurer que le montant proposé à l’engagement


ne soit pas partiel, mais couvre le total de la dépense à laquelle l’administration s’oblige
pour toute l’année budgétaire.

L’engagement des dépenses est effectué à partir de décisions, de mémoires, pour les
dépenses de personnel, ou de marchés, contrats ou bons de commandes …etc. pour les
autres dépenses.

e. La répercussion de la proposition d’engagement sur l’emploi total du crédit


de l’année en cours et des années ultérieures

Dans ce cadre, il y a lieu de vérifier que la proposition d’engagement de dépenses ne


fait pas obstacle à l’engagement d’une dépense obligatoire (consolidation des
engagements effectués par anticipation, dépenses permanentes, marché cadre déjà
visé…etc) et de s’assurer que l’engagement proposé ne se traduise pas par des
répercussions qui risquent de laisser sans couverture budgétaire les engagements
précédemment visés et devant être imputés en priorité sur la même rubrique
budgétaire.

I.1.2. Le contrôle de régularité

Le rôle du comptable public consiste à vérifier que les propositions d’engagement des
dépenses de l’Etat sont régulières au regard des dispositions législatives et
réglementaires d’ordre financier.

Il s’agit notamment des dispositions prévues par les textes à caractère financier (loi
organique des finances et son décret d’application, lois de finances, décret Royal
portant règlement général de comptabilité publique, textes régissant les marchés
publics…) et par la législation et la réglementation relatives à la fonction publique
(statut général de la fonction publique, statuts particuliers, …).

En effet, même correct d’un point de vue strictement budgétaire (imputation


budgétaire, disponibilité des crédits…), un engagement peut être irrégulier au regard
de l’aspect financier d’une disposition législative ou règlementaire particulière.

Il peut, par exemple, exister des crédits disponibles pour passer un marché, pour
pourvoir à un poste budgétaire, payer des traitements et des indemnités ; ces mesures
n’en demeurent pas moins soumises aux textes qui les concernent, sous peine de créer
une dépense irrégulière.

I.1.3. Support d’engagement des dépenses

En application des dispositions de l’article 4 du décret susvisé, les propositions


d’engagement de dépenses faites par les services ordonnateurs sont accompagnés
d’une fiche d’engagement (fiche modèle D) rappelant l’imputation et la rubrique
budgétaire correspondante de la loi de finances, du budget du service de l’Etat géré de
manière autonome ou du programme d’emploi du compte spécial du Trésor concerné et,
le cas échéant, le montant des engagements déjà réalisés sur lesdites rubriques ou
comptes spéciaux.
Les propositions d’engagement de dépenses sont également appuyées des pièces
justificatives nécessaires à l’engagement telles qu’elles sont prévues par les
nomenclatures des pièces justificatives fixées par arrêté du ministre des finances.

I.2. Modalités d’exercice du contrôle au niveau de la phase de paiement

Pour définir l’objet du contrôle au niveau de la phase de paiement, l’article 1er du


décret susvisé énonce que « les dépenses de l’Etat sont soumises au stade du paiement
à un contrôle de validité », étant précisé que la notion de paiement telle qu’elle ressort
de l’article 41 du décret Royal n°330-66 du 10 moharrem 1387 (21 avril 1967) portant
règlement général de comptabilité publique se définit comme suit : « le paiement est
l’acte par lequel l’organisme public se libère de sa dette ».

Les comptables publics doivent à ce niveau, s’assurer que les conditions nécessaires à la
validité d’exécution des dépenses publiques sont bien remplies, avant de procéder au
visa pour paiement.

Au niveau de la phase de paiement, le comptable public ne doit en aucun cas, faire ou


refaire un quelconque contrôle en relation avec le contrôle de régularité de la dépense.

En effet, au niveau de la phase de paiement et comme le précisent les dispositions de


l’article 8 du décret, le contrôle exercé par le comptable public porte exclusivement
sur :

- L’exactitude des calculs de liquidation

A ce niveau, le contrôle exercé vise à vérifier l’exactitude des calculs destinés à


déterminer le montant de la somme due.

Les indications contenues dans les pièces justificatives doivent s’accorder avec le
résultat de la liquidation tel qu’il est exprimé dans les titres d’ordonnancement de la
dépense dont le paiement est demandé.

- L’existence du visa préalable d’engagement, lorsque ledit visa est requis

Dans ce cadre, le comptable public est tenu de s’assurer que les actes nécessitant un
visa préalable d’engagement ont été effectivement visés.

- Le caractère libératoire du règlement

Le comptable public doit s’assurer, à ce stade, que les titres de paiement sont bien
établis au nom des véritables créanciers de l’Etat, en vérifiant que les indications
figurant sur les documents justificatifs concordent parfaitement avec celles portées
sur les titres d’ordonnancement.
Outre ces contrôles, le comptable public est tenu également à ce stade, de s’assurer
de :

- la signature de l’ordonnateur qualifié, de son délégué ou du sous


ordonnateur

Le contrôle de la qualité de l’ordonnateur, de son délégué ou du sous ordonnateur


sanctionne l’exclusivité de leur compétence pour ordonner le paiement des dépenses
publiques. Cette qualité peut être vérifiée par l’accréditation des ordonnateurs auprès
des comptables assignataires lors de leur entrée en fonction et par le rapprochement
des signatures apposées sur les pièces de dépenses avec celles qui ont été déposées.

- la disponibilité des crédits de paiement

Ce contrôle permet de s’assurer que la dépense n’est pas ordonnancée en dépassement


de crédits.

- la production des pièces justificatives

Le comptable public doit s’assurer de la production des seules pièces justificatives


prévues par les nomenclatures établies par le ministre des finances, dont celles
comportant la certification du service fait par l’ordonnateur, son délégué ou le sous
ordonnateur qualifié.

I.3. Dérogations concernant le contrôle des dépenses de l’Etat

Le décret relatif au contrôle des dépenses de l’Etat énonce trois catégories de


dérogations en matière de contrôle, à savoir les dépenses payées sans ordonnancement
préalable (article 9), certaines natures de dépenses bénéficiant d’allègements de
contrôle dits de droit commun (article 10) et les marchés, bons de commandes,
conventions et contrats passés dans le cadre des programmes et projets bénéficiant
de fonds de concours extérieurs accordés sous forme de dons (article 11).

I.3.1. Dépenses payées sans ordonnancement préalable

En application des dispositions de l’article 9 du décret précité, ne sont pas soumises


pour visa au contrôle des engagements de dépenses sauf lorsqu’elles concernent les
rémunérations des personnels civil et militaire de l’Etat, les dépenses payées sans
ordonnancement préalable, en application des dispositions de l’article 35 du décret
Royal n°330.66 du 21 avril 1967 portant règlement général de comptabilité publique.

Il est précisé toutefois à ce titre, qu’eu égard à l’institution de l’interlocuteur unique


des services ordonnateurs et aux progrès réalisés en matière d’informatisation de
l’exécution des dépenses, les comptables publics sont tenus de procéder à
l’émargement de leur comptabilité d’engagement immédiatement après le paiement des
dépenses sans ordonnancement préalable.

Pour ce qui est des dépenses payables par voie de régie d’avances, celles-ci étaient
effectuées sur la base de la demande d’autorisation d’engagement pour la phase
relative à l’engagement et au vu de la demande d’autorisation de paiement pour la phase
se rapportant au paiement de la dépense.

A partir du 1er janvier 2009 et eu égard à l’institution de l’interlocuteur unique pour les
services ordonnateurs et à l’abandon de la demande d’autorisation d’engagement, les
dépenses par voie de régie d’avances seront effectuées sur la base de la demande
d’autorisation de paiement à la fois pour la phase d’engagement et pour celle relative
au paiement.

Pour ce faire et après réception de la demande d’autorisation de paiement, le


comptable public est tenu en premier lieu de procéder, au blocage des crédits y
afférents et à la prise en charge au niveau de la comptabilité des engagements, avant
de faire les contrôles prévus par la réglementation en vigueur se rapportant à la phase
de paiement.

I.3.2. Dépenses bénéficiant d’allègements du contrôle dits de « droit


commun »

S’inscrivant dans le cadre de l’allègement du contrôle, certaines natures de dépenses


ne seront plus soumises au contrôle de régularité du comptable public, lors de la phase
d’engagement, comme précisé d’ailleurs au niveau des dispositions de l’article 10 du
décret précité et ce, indépendamment du niveau de capacité de gestion des services
ordonnateurs.

Ces dépenses feront toutefois, l’objet du contrôle budgétaire tel qu’explicité ci-haut,
dans la limite des éléments dont dispose le comptable public au niveau de la fiche
navette, dès lors qu’en application des dispositions de l’article 19 du décret relatif au
contrôle des dépenses de l’Etat, les pièces justificatives afférentes aux dépenses
bénéficiant des allégements de droit commun sont conservées par l’ordonnateur ou le
sous ordonnateur concerné.

Dans le même ordre d’idées, il convient de préciser que pour les dépenses engagées sur
fiche navette, l’ordonnateur ou le sous ordonnateur certifie que les éléments et les
montants qui y figurent sont conformes aux pièces justificatives conservées à son
niveau.

Les dossiers d’engagement de ces dépenses non soumises au contrôle de régularité du


comptable feront l’objet d’une fiche navette, établie en double exemplaire, comportant
les indications permettant au comptable d’exercer le contrôle budgétaire.

Les natures, les seuils des dépenses bénéficiant des allégements de droit commun ainsi
que les modalités pratiques du contrôle budgétaire exercé sur les natures de dépenses
susvisées sont détaillés dans le point II. de la présente circulaire.

I.3.3. Dépenses bénéficiant de fonds de concours extérieurs accordés sous


forme de dons

En application des dispositions de l’article 11 du décret précité, les marchés, les bons
de commande, les conventions et les contrats passés dans le cadre des programmes et
projets bénéficiant de fonds de concours extérieurs accordés sous forme de dons, en
application de conventions bilatérales, ne sont pas soumis au contrôle d’engagement et
au contrôle de paiement.

Il y a lieu de préciser à ce niveau que cette procédure n’est plus limitée à l’Union
Européenne et qu’elle a été étendue à tous les bailleurs de fonds, selon les mêmes
conditions.

Le même article précise toutefois, que les ordonnateurs et les sous ordonnateurs sont
tenus d’adresser à la fin de chaque mois, au comptable public concerné aux fins de
prise en charge dans sa comptabilité des engagements, un état établi sous leur
responsabilité, faisant ressortir pour chaque acte, la référence, le titulaire, l’objet et
le montant de la dépense imputé sur les crédits de paiement de l’année en cours ainsi
que l’imputation budgétaire concernée.

De même et en cas de paiements effectués directement par le donateur au profit des


créanciers, les services ordonnateurs concernés doivent transmettre au comptable
public, copie des marchés correspondants et des documents ayant servi au paiement
desdits marchés, aux fins de constatation dans leur comptabilité, des opérations
d’ordre afférentes aux dépenses concernées.
Il reste entendu que pour les dépenses réalisées au titre des comptes d’avances suivis
dans le cadre des fonds de roulement, le contrôle du comptable public portera au stade
du paiement sur :

- la vérification de l’endossement par le donateur, lorsque cette formalité est


requise ;
- la signature de l’ordonnateur ou du sous ordonnateur concerné ;
- la vérification de l’exactitude des calculs de liquidation ;
- le caractère libératoire du règlement.

I.4. Suite réservée au contrôle : décision du comptable public

I.4.1. Au niveau de la phase d’engagement

Aux termes des dispositions de l’article 5 du décret relatif au contrôle des dépenses
de l’Etat, la décision du comptable public au niveau des contrôles prévus lors de la
phase d’engagement peut se traduire :

- soit par un visa donné sur la proposition d’engagement de dépenses ;


- soit par une suspension du visa de la proposition d’engagement de dépenses avec
renvoi au service ordonnateur des dossiers d’engagement non visés, aux fins de
régularisation ;
- soit par un refus de visa motivé.

Il sied de préciser à ce titre, que le visa avec observations a été abandonné sauf pour
les engagements de dépenses se rapportant à l’Initiative nationale pour le
développement humain qui demeurent régis par les textes particuliers édictés en cette
matière.

Toutefois, en vertu des dispositions de l’article 28, en cas de refus de visa prononcé
par le comptable public, si le service ordonnateur qui a présenté la proposition
d’engagement de dépenses la maintient, le ministre intéressé saisit le trésorier général
du Royaume pour infirmation ou confirmation dudit refus de visa.

Si le trésorier général du Royaume infirme le refus de visa, il prescrit au comptable


public de viser la proposition d’engagement de dépenses ; s’il confirme le refus de visa,
le ministre concerné peut solliciter l’intervention du Premier ministre.

Dans ce cas, sauf si le refus de visa est motivé par l’indisponibilité de crédits ou de
postes budgétaires ou par le non respect d’une disposition législative, le Premier
ministre peut, par décision, passer outre à ce refus de visa, après consultation, le cas
échéant :

- de la commission des marchés, lorsqu’il s’agit d’une proposition d’engagement de


dépenses résultant d’un marché, convention ou contrat passé pour le compte de
l’Etat ;
- d’une commission présidée par le secrétaire général du gouvernement ou la
personne désignée par lui à cet effet et comprenant les représentants du ministre
concerné, du ministre des finances, du ministre de la fonction publique et du
trésorier général du Royaume, lorsque la proposition d’engagement de dépenses
résulte d’un acte relatif au personnel de l’Etat.

I.4.2. Au niveau de la phase de paiement

Conformément aux dispositions de l’article 8 du décret relatif au contrôle des


dépenses de l’Etat, lorsque le comptable public ne relève aucune irrégularité, il procède
au visa et au règlement des ordonnances de paiement.

Toutefois, lorsqu’à l’occasion de son contrôle, il constate une irrégularité au regard des
dispositions dudit article, il suspend le visa et renvoie à l’ordonnateur les ordonnances
de paiement non visées, appuyées d’une note dûment motivée comprenant l’ensemble
des observations relevées par ses soins, aux fins de régularisation.

Par ailleurs et conformément aux dispositions de l’article 29 dudit décret, lorsque le


comptable public suspend le paiement d’une dépense conformément aux dispositions de
l’article 8 (avant dernier alinéa), et que l’ordonnateur requiert qu’il soit passé outre,
par écrit et sous sa responsabilité, le comptable dont la responsabilité se trouve alors
dégagée, procède au visa pour paiement et annexe, à l’ordonnance ou au mandat, copie
de sa note d’observations et l’ordre de réquisition.

Néanmoins et par dérogation aux dispositions de l’article 29 du décret précité, le


comptable public doit refuser de déférer aux ordres de réquisition, lorsque la
suspension de paiement est motivée par :

- soit l’absence, l’indisponibilité ou l’insuffisance des crédits ;


- soit le défaut du caractère libératoire du règlement ;
- soit l’absence de visa préalable d’engagement, lorsque ledit visa est requis.
En cas de refus de la réquisition, le comptable public rend immédiatement compte au
ministre chargé des finances qui statue.

I.5. Les délais

I.5.1. Au niveau de la phase d’engagement

Les dispositions de l’article 6 du décret relatif au contrôle des dépenses de l’Etat


énoncent que, les délais dont dispose le comptable public pour apposer son visa
d’engagement, le suspendre ou le refuser sont de douze (12) jours ouvrables francs,
pour les marchés de l’Etat et de cinq (5) jours ouvrables francs pour les autres natures
de dépenses, à compter de la date de dépôt de la proposition d’engagement.

Toutefois, en ce qui concerne les marchés de l’Etat, à défaut de réponse du comptable


public dans le délai prescrit, celui-ci est tenu d’apposer son visa sur la proposition
d’engagement dès l’expiration dudit délai et d’en faire retour au service ordonnateur
concerné, qui aurait fait valoir cette disposition.

I.5.2. Au niveau de la phase de paiement

Conformément au dernier alinéa de l’article 8 du décret relatif au contrôle des


dépenses de l’Etat, le comptable public dispose, pour apposer son visa ou le suspendre,
par modification de l’article 86 du décret Royal n°330-66 susvisé, d’un délai de cinq (5)
jours pour les dépenses de personnel et de quinze (15) jours pour les autres catégories
de dépenses à compter de la date de réception des bordereaux d’émission et des
ordonnances de paiement.

II. Des allégements du contrôle dits « allégements de droit commun »

II.1. Précisions préliminaires

Les allègements de droit commun s’entendent des allègements de contrôle introduits


par les dispositions de l’article 10 du décret relatif au contrôle des dépenses de
l’Etat devant bénéficier à l’ensemble des ordonnateurs et des sous ordonnateurs de
l’Etat, indépendamment du niveau de leur capacité de gestion et de la mise en œuvre du
contrôle modulé de la dépense prévu par les dispositions de la section II du chapitre
II dudit décret.

Les allègements de droit commun ne concernent que les contrôles effectués au niveau
de la phase d’engagement des dépenses et ne s’étendent par conséquent, pas aux
contrôles effectués lors de la phase de paiement de la dépense au cours de laquelle le
comptable public est appelé à exercer l’intégralité des contrôles prévus par les
dispositions de l’article 8 du décret précité.

Lesdits allègements ne concernent au niveau de la phase d’engagement que le contrôle


de la régularité vis-à-vis des lois et règlements en vigueur d’ordre financier, ce qui
implique que les natures de dépenses bénéficiant des allègements de droit commun
demeurent soumises au contrôle budgétaire prévu par les dispositions des alinéas 3 et
4 de l’article 3 dudit décret.

Ils ne portent que sur les natures de dépenses prévues à l’article 10 du décret susvisé
et dans la limite des seuils prévus à cet effet, sachant qu’en application des
dispositions de l’article 20 du même décret, lesdites natures et lesdits seuils des
dépenses concernées par ces allègements peuvent être modifiés ou complétés par
arrêté du ministre des finances.

II.2. Natures et seuils des dépenses bénéficiant des allègements de droit


commun

II.2.1. Dépenses de personnel liées à la situation administrative et aux


traitements

II.2.1.1. Traitements, salaires et autres actes traités au niveau du Centre


national des traitements (ex. PPR).

L’ensemble des actes se rapportant à la situation administrative du personnel de


l’Etat sont concernés par les allégements de droit commun, à l’exclusion des actes de
recrutement, de titularisation, de réintégration, de changement de grade et de
sortie de service.

a. Actes soumis au contrôle de régularité (exhaustivité des contrôles)

Il s’agit des cinq catégories d’actes ci-après :

- les actes de recrutement, qui englobent l’ensemble des actes permettant l’accès
à un emploi public, soit par les voies traditionnelles de recrutement (sur
concours, sur titre…), soit à l’occasion d’une nomination à un emploi supérieur ou
d’une nomination en tant que membre de cabinet des personnes étrangères à
l’Administration ;

Il y a lieu de préciser dans ce cadre, que la prise en charge et la titularisation


d’un agent occasionnel sont assimilées à un recrutement.
- la réintégration, qui concerne les actes se traduisant par une reprise de service
suite à une interruption de service nécessitant l’attribution d’un poste
budgétaire ou un changement de position, notamment après le détachement, la
mise en disponibilité…etc ;

- le changement de grade, qui englobe l’ensemble des actes ayant pour objet la
promotion à un grade supérieur effectuée dans le cadre des statuts communs ou
particuliers aux administrations publiques, le changement de grade sans
changement d’échelles, notamment les reversements, l’intégration des détachés,
ainsi que la rétrogradation dans le grade ;

- la titularisation, qui porte sur la titularisation des stagiaires et des permanents,


sachant que la prise en charge et la titularisation d’un agent occasionnel sont
traitée dans le cadre du recrutement ;

- la sortie de service, qui concerne tous les actes de cessation de fonction


entraînant la radiation des cadres, notamment la démission, le licenciement,
l’admission à la retraite, la révocation…etc.

Pour les cinq catégories d’actes cités ci-dessus, aucune modification ne sera opérée sur
le circuit actuel de traitement des dossiers.

b. Actes non soumis au contrôle de régularité

Ces catégories d’actes sont traitées, comme l’ensemble des actes, sur la base de
fichiers électroniques établis conformément au protocole d’échange de données. Le
contrôle budgétaire est effectué sur la base de données informatiques, sachant que
l’ordonnateur reçoit en retour le fichier des actes et les observations en cas de
constatation d’erreurs ou de discordances entre les bases de données informatiques.

Il y a lieu de souligner que le contrôle et le paiement du personnel de l’Etat sont


intégrés dans le système d’information Wadef-@ujour permettant une gestion
automatisée de toutes les procédures, des traitements de masse par des procédures
d’actes collectifs et un paramétrage développé du système permettant une prise en
charge des réformes de statuts de personnel.

II.2.1.2. Traitements, salaires et autres actes traités au niveau des autres


postes comptables du réseau
Il y a lieu de signaler tout d’abord, que les actes de recrutement, de titularisation, de
réintégration, de changement de grade et de sortie de service tels que définis dans le
point a. du II.2.1.1 ci-dessus relatif aux actes relevant du Centre national de
traitement, demeurent soumis au contrôle exhaustif tant pour le contrôle de
régularité que pour le contrôle budgétaire.

Pour les autres actes liés aux traitements et salaires et à la situation administrative, il
y a lieu de distinguer entre deux cas de figures :

- pour ce qui est des traitements et salaires payables par voie de régies d’avances,
il y’a lieu de se référer à la procédure prévue à cet effet au niveau du point I.3.1.
ci-dessus relatif aux dépenses payées sans ordonnancement préalable ;

- Pour ce qui est des actes faisant l’objet d’engagement et d’ordonnancement, le


contrôle budgétaire concernant lesdits actes sera effectué sur la base de la fiche
navette.

II.2.2. Dépenses relatives aux transferts et subventions aux établissements


publics

En application des dispositions de l’article 10 du décret relatif au contrôle des


dépenses de l’Etat, les subventions et transferts effectués à partir du budget général,
des SEGMA et des comptes spéciaux du Trésor au profit de l’ensemble des
établissements publics ne sont pas soumis au contrôle de régularité vis-à-vis des lois et
règlements en vigueur d’ordre financier, quel que soit le montant de la subvention ou du
transfert.

II.2.3. Dépenses relatives aux impôts et taxes

Les dépenses de l’espèce qui bénéficient des allègements du contrôle de droit commun
concernent les impôts et taxes que les administrations de l’Etat sont appelées à payer
à quelque titre que ce soit et quel qu’en soit le montant.

II.2.4. Dépenses relatives aux décisions judiciaires

Il s’agit des dépenses se rapportant à toutes les décisions judiciaires prononcées à


l’encontre de l’administration par les tribunaux et juridictions du Royaume.

Les dépenses y afférentes bénéficient des allègements de contrôle de droit commun,


quel que soit leur montant.
II.2.5. Dépenses relatives aux loyers

Conformément aux dispositions de l’article 10 du décret relatif au contrôle des


dépenses de l’Etat, les contrats initiaux de loyer ou de bail ainsi que les actes
modificatifs y afférents quel qu’en soit l’acte et le montant demeurent soumis au
contrôle de l’engagement, y compris en ce qui concerne la régularité desdits actes vis-
à-vis des lois et des règlements en vigueur d’ordre financier (contrôle exhaustif).

Les dépenses récurrentes se rapportant à l’engagement annuel des contrats de loyer


ou de bail ne sont toutefois, pas soumises au niveau de la phase d’engagement au
contrôle de régularité vis-à-vis des lois et règlements en vigueur d’ordre financier,
quel que soit leur montant.

II.2.6. Dépenses de personnels autres que celles liées à la situation


administrative et aux traitements et dont le montant est inférieur ou
égal à 5.000 DH

Les dépenses de personnel visées au niveau de cette catégorie de dépenses concernent


toutes les indemnités et autres rémunérations non adossées aux traitements et
salaires dont peut bénéficier le personnel rémunéré sur le budget général, les budgets
des SEGMA et les comptes spéciaux du Trésor, à condition que le montant par
opération soit inférieur ou égal à 5.000 DH.

II.2.7. Dépenses de biens et services dont le montant est inférieur ou égal à


20.000 DH

Les allègements de contrôle de droit commun prévus à l’article 10 du décret relatif au


contrôle des dépenses de l’Etat concernent également les dépenses de biens et
services dont le montant demeure inférieur ou égal à 20.000 DH par opération.

II.3. Support d’engagement des dépenses bénéficiant des allègements de


contrôle de droit commun : fiche navette

II.3.1. Généralités

En application des dispositions de l’article 19 du décret relatif au contrôle des


dépenses de l’Etat, les dossiers d’engagement des dépenses visées à l’article 10 du
même décret et bénéficiant par conséquent, des allègements de contrôle de droit
commun sont constitués d’une fiche navette du modèle fixé par décision du ministre
des finances.
La fiche navette constitue à cet effet, le support d’engagement transmis par
l’ordonnateur ou le sous ordonnateur au comptable public concerné, aux fins de visa et
de prise en charge dans la comptabilité des engagements des dépenses de l’Etat.

Il reste entendu qu’aux termes des dispositions de l’article 19 du décret précité, la


fiche navette n’est pas appuyée des pièces justificatives nécessaires à l’engagement
des dépenses bénéficiant des allègements de droit commun qui, tout en étant exigées
ou établies par l’ordonnateur ou le sous ordonnateur concerné, sont gardées à son
niveau à la disposition des autres corps et organes de contrôle compétents.

La fiche navette sera mise en ligne dans le cadre des téléprocédures, pour qu’elle
puisse être servie et éditée par les ordonnateurs ou les sous ordonnateurs concernés,
avant sa transmission au comptable public aux fins de contrôle, de visa et de prise en
charge.

La fiche navette peut comporter, plusieurs opérations imputables sur la même rubrique
budgétaire. Elle comporte la certification par l’ordonnateur ou le sous ordonnateur
concerné comme quoi les éléments qui y sont portés sont conformes aux pièces
justificatives gardées à son niveau, sur la base desquelles l’engagement a été
effectué.

II.3.2. Modalités d’exercice des contrôles budgétaires sur la base de la fiche


navette

La fiche navette est conçue de manière à permettre au comptable public d’exercer au


niveau de l’engagement, les contrôles budgétaires qui lui sont dévolus au titre des
dépenses bénéficiant des allégements du contrôle de droit commun, dans la limite des
éléments dont il dispose au niveau dudit support d’engagement.

Les contrôles budgétaires susvisés sont ainsi appréhendés à partir des éléments ci-
après, contenus dans la fiche navette :

- le contrôle de la disponibilité des crédits est effectué à partir du montant inscrit


sur la colonne « disponible », en relation avec les autres éléments se rapportant
notamment aux crédits ouverts et aux dépenses engagées en les rapprochant avec
le disponible dégagé au niveau de la comptabilité des engagements ;
- le contrôle de l’imputation budgétaire est exercé à partir des éléments
mentionnés sur la fiche navette, à savoir l’objet de la dépense et sa destination en
relation avec l’intitulé et le code de la rubrique budgétaire ;
- l’exactitude des calculs du montant de l’engagement est contrôlée à partir du
montant global de l’engagement proposé par rapport aux éléments décomposant
ledit montant par opération de dépense, tels qu’ils sont détaillés au niveau de la
fiche navette.
- la répercussion éventuelle de l’engagement sur l’emploi total des crédits de l’année
en cours et des années ultérieures est appréhendée à partir du montant des
dépenses antérieurement engagé et de celui de l’engagement de dépenses
proposé.

Il reste entendu que le contrôle de la disponibilité des postes budgétaires concerne les
actes qui ne bénéficient pas des allègements de droit commun (recrutement,
titularisation…etc).

Il en est de même du contrôle du total de la dépense à laquelle l’administration s’oblige


pour toute l’année d’imputation, qui ne peut concerner que des actes ne bénéficiant pas
des allégements de droit commun tels que les marchés, les recrutements, les contrats
comportant une clause de tacite reconduction…etc.

II.3.3. Opérations d’ordre comptable pouvant affecter les engagements sur la


base de la fiche navette

A l’instar des autres engagements de dépenses, l’ordonnateur ou le sous ordonnateur


peut en cours d’année procéder à une diminution totale ou partielle des engagements
effectués dans le cadre des fiches navettes déjà visées par le comptable public
concerné. Deux situations peuvent se présenter à ce titre :

- lorsqu’il s’agit d’annuler la totalité des engagements sur fiche navette, il doit
présenter au visa du comptable concerné un état de diminution accompagné de
l’original de la fiche navette initiale pour annulation ;

- lorsque l’annulation ne porte que sur une partie des engagements effectués au
moyen de la fiche navette et non ordonnancés ou mandatés, il doit soumettre au
comptable concerné, un état de diminution aux fins de visa, après exercice des
contrôles réglementaires prévus à ce titre, tant au niveau de la phase de paiement
qu’au niveau de la phase d’engagement.

Dans un cas comme dans l’autre, le visa accordé par le comptable sur l’état de
diminution a pour effet de rendre disponibles les crédits ainsi dégagés.
II.3.4. Dossier d’ordonnancement des dépenses bénéficiant des allègements de
contrôle dits de droit commun.

Il convient de préciser à ce titre, que la fiche navette constitue un support d’échange


entre l’ordonnateur ou le sous ordonnateur et le comptable concerné lors de la phase
d’engagement et qu’elle ne sera pas de ce fait, jointe au dossier d’ordonnancement des
dépenses de l’espèce.

Au niveau de la phase de paiement, le comptable public effectuera le contrôle de


l’existence du visa préalable d’engagement à travers le numéro et la date de visa
apposés sur les ordres de paiement ou les mandats et les pièces justificatives jointes
au dossier d’ordonnancement ou de mandatement.

L’articulation entre le numéro de visa d’engagement et celui porté sur les ordres de
paiement ou les mandats est assurée par le biais des applications informatiques de la
dépense (SICED et SIDEP).

III. Des modalités de suivi de l’exécution du budget de l’Etat : comptabilité des


engagements de dépenses

Dans le cadre de l’exercice de la mission d’information du ministre des finances sur les
conditions d’exécution de la loi de finances, les comptables publics sont appelés à tenir
les comptabilités des engagements des dépenses de l’Etat prescrites par les
dispositions des articles 33 et 34 du décret relatif au contrôle des dépenses de l’Etat.

Dans le même ordre d’idées et en application des dispositions de l’article 35 du même


décret, le trésorier général du Royaume centralise les situations des engagements et
de l’exécution comptable de la loi de finances et adresse annuellement au ministre des
finances un rapport sur les conditions d’exécution de ladite loi de finances.

III.1. Comptabilité des crédits et des engagements de dépenses

Les articles 33 et 34 du décret relatif au contrôle des dépenses de l’Etat prévoient la


tenue, par les comptables publics, d’une comptabilité des crédits et des engagements
de dépenses.

Cette comptabilité doit faire ressortir :

- d’une part, par chapitre, article, paragraphe et ligne tous les crédits
(autorisations de programme ou autorisations d’engagement par anticipation)
ouverts à ce titre, aussi bien ceux qui ont été prévus par la loi de finances et les
programmes d’emploi et leurs modifications ultérieures éventuelles, que ceux qui
résultent de reports de crédits, de fonds de concours et de rétablissements de
crédits ;

- d’autre part, tous les engagements, à savoir :

ƒ ceux qui sont imputés obligatoirement au départ d’une gestion (dépenses


permanentes, consolidations) parce qu’ils correspondent à des engagements
juridiques pris au cours de la ou des gestions précédentes et visés par le
comptable public ;
ƒ les engagements pris au cours de la gestion en cours au fur et à mesure de leur
présentation et ce, selon les types de crédits qui les supportent (crédits de
paiement – crédits d’engagement) ;
ƒ les reliquats d’engagement reportés de l’année précédente sur la nouvelle
année budgétaire ;
ƒ les crédits bloqués au titre des régies de dépenses ;
ƒ les dépenses sans ordonnancement préalable.

III.2. Comptabilité des effectifs budgétaires des personnels de l’Etat

Les comptables publics tiennent, en vertu des articles 33 et 34 du décret susvisé, la


comptabilité des effectifs budgétaires des personnels de l’Etat dont ils assurent le
suivi :

a. Personnels titulaires et assimilés

Cette comptabilité tenue selon la présentation du tableau des effectifs accompagnant


la loi de finances, fait ressortir par chapitre :

- les effectifs budgétaires ouverts ;


- les emplois budgétaires occupés ;
- les emplois budgétaires vacants.

b. Personnels payés sur masse de crédits

Tous les personnels payés sur masse de crédits doivent être dénombrés dans des états
de répartition des effectifs visés par le ministère des finances. Ils font l’objet d’un
suivi comptable par les comptables publics. Cette comptabilité fait ressortir par
chapitre :
- les effectifs budgétaires autorisés par les états de répartition visés par le
ministère des finances ;
- les emplois budgétaires occupés ou délégués aux sous ordonnateurs ;
- les emplois budgétaires vacants.

III.3. Situations mensuelles des crédits et des engagements de dépenses et


situations mensuelles des effectifs budgétaires

a. Situations mensuelles des crédits et des engagements

Avant la date du cinq (5) de chaque mois, les ordonnateurs et les sous ordonnateurs
établissent la situation des crédits et des engagements de dépenses du mois écoulé
tels qu’ils figurent dans leur comptabilité et la soumettent pour certification aux
comptables publics concernés.

Ces derniers, après avoir vérifié la conformité des chiffres de la situation présentée
avec leur comptabilité, la certifient et la retournent aux ordonnateurs ou aux sous
ordonnateurs concernés.

Après s’être assurés de la fiabilité de leurs écritures comptables, les comptables


publics adressent une situation mensuelle des crédits et des engagements au trésorier
général du Royaume.

Il est entendu que pendant la période de confrontation des comptabilités de


l’ordonnateur ou du sous ordonnateur avec celle tenue par le comptable public, ce
dernier continue à recevoir les propositions d’engagement qui lui sont soumises.

b. Situations mensuelles des effectifs budgétaires

Après avoir vérifié la conformité de leurs écritures avec celles de l’ordonnateur ou du


sous ordonnateur, les comptables publics adressent au trésorier général du Royaume la
situation mensuelle des effectifs budgétaires dont ils assurent le suivi.

Cette situation doit faire ressortir par chapitre :

- les effectifs budgétaires ouverts ;


- les emplois budgétaires occupés ;
- les emplois budgétaires vacants.
En outre, les comptables publics complètent ces situations par :

- les emplois réservés au titre des concours ou autres ;


- les emplois à supprimer.

III.4. Centralisation des situations mensuelles

Le trésorier général du Royaume centralise les situations mensuelles des crédits et


des engagements de dépenses et les situations des effectifs budgétaires qui lui sont
adressées par les comptables publics. Il les consolide dans une situation d’ensemble
des crédits et des engagements de dépenses et une situation globale des effectifs des
personnels de l’Etat qu’il adresse au ministre des finances.

IV. De la mission d’assistance et de conseil

En vue d’assurer une gestion efficace de l’engagement et du paiement des dépenses de


l’Etat, il est indispensable qu’une étroite collaboration s’instaure entre les services
gestionnaires et les comptables publics.

En effet, le comptable public doit, en vertu des dispositions de l’article 32 du décret


précité, assurer une mission d’assistance et de conseil auprès des services
ordonnateurs.

Dans ce cadre, les comptables publics prêteront leur assistance et leur conseil pour
toutes les questions d’ordre financier. Ils sont appelés à assurer cette mission non
seulement à travers des observations formulées de manière exhaustive, claire et
précise à l’occasion des contrôles qui leur sont dévolus, mais également au niveau des
différentes phases de la préparation de la commande publique que ce soit au stade de
la préparation des dossiers d’appel à la concurrence ou de celui de la présentation des
dossiers des propositions d’engagement.

Les comptables publics apporteront également toute l’aide nécessaire pour le


renforcement de la capacité de gestion budgétaire et financière des services
ordonnateurs.

Pour leur part et en vue de leur assurer le maximum de fluidité dans l’exécution des
dépenses, les ordonnateurs et les sous ordonnateurs sont invités à veiller :

- à un meilleur étalement dans le temps des propositions d’engagement et des


émissions des dépenses ;
- à la transmission dans les délais impartis des dossiers d’appel à la concurrence,
des propositions d’engagements et des dossiers d’ordonnancement et de
mandatement, en prenant en considération les observations précédemment émises
par les comptables publics.

Le ministre de l’économie
et des finances

SALAHEDDINE MEZOUAR

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