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FINANCES PUBLIQUES 2022-2023

Chapitre 3 : EXECUTION DU BUDGET DE L’ETAT

L’exécution du budget de l’Etat est régie par des règles strictes édictées par le décret n°98-
716 du 16 décembre 1998. Après le vote du projet de budget par le parlement, toutes les
prévisions relatives aux recettes et dépenses sont introduites dans un nouvel applicatif
dénommé Système Intégré de Gestion des Opérations Budgétaires de l’Etat (SIGOBE) pour
être exécutées en mode programme.

I- Les notifications des crédits budgétaires


Dans l’exécution du budget, les principaux acteurs reçoivent des notifications budgétaires des
crédits budgétaires indiquant les limites supérieures des crédits à exécuter. Ils sont tous liés
les uns aux autres à travers le SIGFIP.

A- Les acteurs chargés de l’exécution du budget de l’Etat


Ce sont principalement :

Les Administrateurs de crédits


Il s’agit des chefs d’unité administrative nommés généralement par décret et arrêté. En Côte
d’Ivoire, en matière budgétaire, les ministres et les présidents d’institution sont les
administrateurs de crédits. Dans les faits, ce sont eux qui expriment les besoins et qui ont
l’initiative de la dépense.

Pour leur mission d’ordonnancement, ils vérifient la signature de l’administrateur de crédit ou


de l’administrateur de crédit délégué et s’assurent que le service fait a bien été certifié. Ils
vérifient la cohérence de l’objet du mandat par rapport à celui de l’engagement

Les Ordonnateurs délégués


Ce sont des acteurs nommés par décret et qui sont investis du pouvoir d’engager la
responsabilité financière de l’Etat dans les régions où l’exécution des crédits budgétaires est
en gestion directe par le SIGFIP. Dans la pratique, les administrateurs de crédits délèguent
leurs compétences d’ordonnateur à des ordonnateurs délégués. Ainsi en administration
centrale, c'est-à-dire au niveau ministériel et au niveau des institutions de la République, le
DAAF est son représentant. Il est nommé par décret sur proposition conjointe du ministre des
finances et du ministre auprès duquel il est en fonction. C’est lui qui a qualité d’engager et
d’ordonnancer toutes les dépenses à l’exclusion des dépenses de salaire, par délégation de
compétence du ministre en charge des finances. A ce titre, le DAAF exerce donc une mission
d’ordonnateur délégué, il détient le pouvoir de décisions financières dans l’administration où
il est en fonction. C’est donc l’ordonnateur délégué qui intervient effectivement dans le circuit
de la dépense publique. Au niveau central, dans l’exercice de leur mission d’engagement, les
ordonnateurs délégués s’assurent de la qualité de l’administrateur de crédit ou de
l’administrateur de crédit délégué. Ils apprécient l’opportunité de la proposition et veillent à
l’exacte imputation des dépenses.

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Les Ordonnateurs secondaires


On les retrouve au niveau des administrations déconcentrées, c'est-à-dire des administrations
de région, de département ou des représentations diplomatiques de la Côte d’Ivoire à
l’Etranger. Il s’agit du préfet ou de l’ambassadeur qui assure la mission d’ordonnateur en tant
qu’ordonnateur secondaire. En effet, Il reçoit sa mission de tous les ordonnateurs délégués
qui ont des administrations dans sa zone de compétence.

Les contrôleurs financiers


Le contrôleur financier est également un des acteurs du circuit de la dépense publique auprès
des deux acteurs majeurs qui sont l’ordonnateur et le comptable. Il intervient uniquement en
administration centrale et en administration déconcentrée, il est positionné dans la phase
administrative de la dépense et a une mission de contrôle sur les actes de l’ordonnateur
délégué. C’est donc une mission qui s’exerce a priori de la dépense. Elle répond à des
prérogatives que lui confère le cadre réglementaire des contrôles, son existence est évoquée
par la loi organique1. Le contrôleur financier assure le contrôle de la régularité des
engagements de dépense de l’Etat au niveau central et au niveau déconcentré. Il vise, diffère
ou rejette les actes qui lui sont soumis, le délai qui lui est accordé ne peut excéder huit (8)
jours selon l’art 13 du décret 95-121. Toute décision de rejet ou de report doit être motivée.
Cependant, le contrôle de certains projets co-financés16 échappe au contrôleur financier.

Le comptable public
Au niveau central le paiement est assuré par le Payeur Général du Trésor (PGT). Il assure la
prise en charge de la dépense. Mais auparavant il effectue certaines vérifications qui relèvent
de la régularité de l’ordre reçu et de la pertinence des pièces justificatives. Ainsi, les contrôles
suivants sont observés :
• le contrôle de la qualité de l’ordonnateur délégué ;
• l’exacte imputation budgétaire ;
• la disponibilité des crédits ;
• la qualité des personnes habilitées à la certification du service fait ;
• le visa du contrôleur financier ;
• le caractère libératoire de la dépense et de l’absence d’opposition au paiement;
• le caractère quadriennal de la dépense.
Au niveau départemental ou régional le paiement de la dépense publique relève de la
compétence du Trésorier Payeur départemental, du Trésorier Payeur régional ou du
percepteur. Tous les comptables publics assurent les mêmes contrôles avant la prise en charge
de la dépense. Le comptable public bénéficie d’une totale indépendance dans l’exercice de sa
mission et sa responsabilité personnelle et pécuniaire est en jeu quand il prend une décision.
Il prête serment devant les tribunaux de s’acquitter de sa mission avec probité et de veiller au
bon emploi des fonds publics. La prestation de serment est une garantie morale qui

1
Art 51 loi organique du 31 décembre 1959
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s’accompagne nécessairement d’une garantie financière en forme de cautionnement en


numéraire dont le montant est fonction du niveau de responsabilité à assumer. Ce montant
est fixé par le ministre des finances par arrêté.

B- Notifications des crédits budgétaires


La notification des crédits budgétaires consiste à communiquer aux acteurs principaux du
circuit de l’exécution du budget, les limites supérieures des crédits à exécuter. Cette opération
est réalisée par la Direction de la Base de l’Administration du SIGFIP. En effet, pour les recettes
et dépenses publiques autorisées par le Parlement ayant un caractère prévisionnel, il est
recommandé de procéder à une régulation budgétaire afin de garantir une synchronisation
des rythmes d’exécution des recettes et des dépenses. Cette opération a pour but de définir
un montant global de dépenses à autoriser en fonction des perspectives de mobilisation de
ressources publiques pendant une période de temps donné (généralement le trimestre). Par
la suite, ce montant global est reparti en plafonds de crédits par ministère et institution. Les
plafonds constituent les limites supérieures des crédits à engager pendant la période de temps
concernée.

II- Opérations d’exécution des dépenses et recettes publiques

L’exécution des dépenses et recettes publiques peut suivre deux procédures qui obéissent à
des règles strictes : une procédure de droit commun (procédure normale) ou une procédure
dérogatoire (procédure simplifiée ou procédure d’exception).

A- Le circuit d’exécution des dépenses publiques


Les dépenses publiques s’exécutent selon deux procédures qui sont : la procédure normale (la
règle) et la procédure simplifiée (l’exception).

1- La procédure normale (Engagement par bon de commande)


Le principe de l’exécution des dépenses publiques repose sur l’usage de la procédure normale.
Elle commence avec la demande formulée par l’administrateur de crédit ou l’administrateur
de crédit délégué en initiant les factures proforma ou en passant un marché public puis en
certifiant les factures. Il s’achève avec le paiement de la dépense par le comptable public. Mais
en réalité, le circuit de la dépense est vu comme ayant quatre phases essentielles, à savoir :

• l’engagement,
• la liquidation,
• l’ordonnancement,
• le paiement.
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L’engagement
En réalité, l’engagement commence avec le début du processus de contractualisation de
l’Etat. Mais juridiquement, l’engagement commence dès la validation par l’ordonnateur de la
demande faite par l’administrateur de crédit. L’expression consacrée dit que l’engagement est
l’acte par lequel l’ordonnateur crée à l’encontre de l’Etat une obligation de laquelle résultera
une charge18. En terme simple c’est l’acte de passer commande, d’engager du personnel, etc.
Les actes d’engagement dépassant un certain seuil font obligatoirement l’objet de passation
de marché public.

La liquidation
C’est un acte de constat du service fait. Il se situe à juste titre avant l’ordonnancement. C’est
à ce niveau que sont calculées les valeurs réelles des travaux méritant créances du fournisseur
et dette de l’Etat. De ce fait, « la liquidation a pour objet de vérifier la réalité de la dette et
d’en arrêter le montant, donc de la rendre liquide » 19 . En pratique, le fournisseur adresse
ses pièces justificatives de service fait (facture ou décompte) à l’ordonnateur en fonction du
service qu’il offre, selon qu’il s’agisse d’une dépense de fonctionnement ou d’investissement.
Pour les dépenses d’investissement, le processus est bien encadré par le Maître d’œuvre qui
est choisi par l’ordonnateur. Il établit les facturations avec le fournisseur et les certifie de façon
conjointe. En Côte d’Ivoire, le BNETD joue un rôle central de Maîtrise d’œuvre pour l’essentiel
des travaux d’investissement de l’Etat.

L’ordonnancement
L’ordonnancement peut être traduit comme l’acte par lequel l’ordonnateur donne
l'autorisation au comptable de payer la dépense. Cette phase de la procédure de la dépense
publique vient juste après la liquidation. On peut ainsi traduire que l’ordonnateur ayant passé
commande et étant satisfait du travail accompli ou du service demandé, ordonne au
comptable de payer la dépense. C’est un abus de langage parce que nous connaissons
l’exigence de la totale indépendance de la fonction de comptable par rapport à l’ordonnateur
comme évoqué précédemment. La demande de l’ordonnateur est traduite par l’émission d’un
mandat de paiement. L’ordonnateur tient une liste de mandats qu’il émet au cours de l’année.
Il numérote de façon chronologique toutes ses émissions. Le mandat est soumis au visa du
contrôleur financier avant sa transmission au comptable pour paiement. Le mandat transmis
pour paiement comporte un certain nombre d’informations, notamment, la référence de
l’engagement auquel il se rapporte, d’autres informations indispensables au paiement à savoir
: le chapitre, la ligne, etc.

Le paiement
C’est l’étape finale du circuit de la dépense. Il est assuré par le comptable public qui procède
avant toute décision aux vérifications que lui impose la réglementation en vigueur. Les

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paiements peuvent être totalement apurés ou être partiellement réglés en fonction des
disponibilités comme c’est bien souvent le cas ces dernières années avec la crise financière
sévère qui sévit en Côte d’Ivoire. L’expression appropriée pour qualifier ce reliquat est le
«reste à payer». Les paiements des projets cofinancés sont assurés par un comptable spécial
qui est l’Agent Comptable de la Dette Publique (ACDP).

2- La procédure simplifiée (Engagement direct)

Il s’agit d’un aménagement de la procédure normale pour résoudre des cas de dépenses ayant
un caractère particulier. En effet, certaines dépenses sont exécutées avec des phases de la
procédure normale cumulées. On a à titre d’exemple des dépenses dont la phase
d’engagement et d’ordonnancement se font de façon cumulative : c’est la procédure
simplifiée des dépenses publiques. Sont concernées, les dépenses ayant un caractère
particulier tels qu’énumérées par l’article 68 du décret 98/716 du 16 décembre 1998 (les
versements des traitements, primes et indemnités du personnel, les cotisations sociales, les
prestations sociales, les abonnements de presse, l’achat de carburant centralisé par la
Direction des Marchés Publics, les frais d’acte et de contentieux et les frais de justice, et
autres, suivent les procédures simplifiées). Egalement certaines dépenses en raison de leur
spécificité font l’objet de paiement sans ordonnancement, on peut citer : le remboursement
des bons du Trésor ; les annulations ; les reversements et les restitutions des dépenses
consécutives à des jugements et condamnations non susceptibles de recours ; les pertes de
changes, etc.

En résumé :

Dans la pratique, les différentes étapes de l’exécution de la dépense publique sont présentées
à travers les images ci-dessous :

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B- Exécution des recettes publiques


Comme c’est le cas au niveau des dépenses publiques, il existe également au niveau des
recettes publiques une procédure normale et une procédure simplifiée d’exécution.

1- La procédure normale
Elle repose sur les opérations conduites par deux acteurs principaux que sont : l’ordonnateur
et le comptable public. En effet, l’ordonnateur doit :
 d’abord constater les droits au profit de l’Etat. En d’autres termes, il doit vérifier
l’existence de la créance au profit de l’Etat à travers la loi de finances et les lois fiscales,
et s’assurer que le fait générateur de l’impôt s’est bien produit.
 ensuite liquider la créance, c’est-à-dire arrêter le montant de la créance.

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 enfin, émettre l’ordre de recettes en vertu duquel le comptable public pourra


recouvrer la créance.
Après, intervient le comptable public qui est chargé de la prise en charge et du recouvrement
de l’ordre de recette qui lui est remis par l’ordonnateur. Pour se faire, il doit préalablement
procéder au contrôle de la régularité de l’ordre de recette en vérifiant l’existence de
l’autorisation parlementaire.
En résumé on a :

2- La procédure simplifiée
Selon les cas, la procédure simplifiée des recettes publiques se caractérise par une
intervention directe du comptable public sans émission d’ordres de recettes de la part de
l’ordonnateur. En matière de perception des impôts indirects ou droits de douane, ou les
opérations de liquidation et de recouvrement sont assurées par la même administration. Sous
d’autres hypothèses visant à se passer de l’intervention d’un comptable, toutes les opérations
(y compris le recouvrement) sont effectuées par un régisseur qui sous le contrôle du
comptable public. Egalement, les recettes non définitives telles que les avances ou les
acomptes sur travaux peuvent être encaissées sans liquidation.

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