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L’exécution du budget de l’Etat est régie par des règles strictes édictées par le décret n°98-
716 du 16 décembre 1998. Après le vote du projet de budget par le parlement, toutes les
prévisions relatives aux recettes et dépenses sont introduites dans un nouvel applicatif
dénommé Système Intégré de Gestion des Opérations Budgétaires de l’Etat (SIGOBE) pour
être exécutées en mode programme.
Le comptable public
Au niveau central le paiement est assuré par le Payeur Général du Trésor (PGT). Il assure la
prise en charge de la dépense. Mais auparavant il effectue certaines vérifications qui relèvent
de la régularité de l’ordre reçu et de la pertinence des pièces justificatives. Ainsi, les contrôles
suivants sont observés :
• le contrôle de la qualité de l’ordonnateur délégué ;
• l’exacte imputation budgétaire ;
• la disponibilité des crédits ;
• la qualité des personnes habilitées à la certification du service fait ;
• le visa du contrôleur financier ;
• le caractère libératoire de la dépense et de l’absence d’opposition au paiement;
• le caractère quadriennal de la dépense.
Au niveau départemental ou régional le paiement de la dépense publique relève de la
compétence du Trésorier Payeur départemental, du Trésorier Payeur régional ou du
percepteur. Tous les comptables publics assurent les mêmes contrôles avant la prise en charge
de la dépense. Le comptable public bénéficie d’une totale indépendance dans l’exercice de sa
mission et sa responsabilité personnelle et pécuniaire est en jeu quand il prend une décision.
Il prête serment devant les tribunaux de s’acquitter de sa mission avec probité et de veiller au
bon emploi des fonds publics. La prestation de serment est une garantie morale qui
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Art 51 loi organique du 31 décembre 1959
LICENCE 3 SCIENCES ECONOMIQUES, INSTITUT UNIVERSITAIRE D’ABIDJAN (IUA) 2
FINANCES PUBLIQUES 2022-2023
L’exécution des dépenses et recettes publiques peut suivre deux procédures qui obéissent à
des règles strictes : une procédure de droit commun (procédure normale) ou une procédure
dérogatoire (procédure simplifiée ou procédure d’exception).
• l’engagement,
• la liquidation,
• l’ordonnancement,
• le paiement.
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L’engagement
En réalité, l’engagement commence avec le début du processus de contractualisation de
l’Etat. Mais juridiquement, l’engagement commence dès la validation par l’ordonnateur de la
demande faite par l’administrateur de crédit. L’expression consacrée dit que l’engagement est
l’acte par lequel l’ordonnateur crée à l’encontre de l’Etat une obligation de laquelle résultera
une charge18. En terme simple c’est l’acte de passer commande, d’engager du personnel, etc.
Les actes d’engagement dépassant un certain seuil font obligatoirement l’objet de passation
de marché public.
La liquidation
C’est un acte de constat du service fait. Il se situe à juste titre avant l’ordonnancement. C’est
à ce niveau que sont calculées les valeurs réelles des travaux méritant créances du fournisseur
et dette de l’Etat. De ce fait, « la liquidation a pour objet de vérifier la réalité de la dette et
d’en arrêter le montant, donc de la rendre liquide » 19 . En pratique, le fournisseur adresse
ses pièces justificatives de service fait (facture ou décompte) à l’ordonnateur en fonction du
service qu’il offre, selon qu’il s’agisse d’une dépense de fonctionnement ou d’investissement.
Pour les dépenses d’investissement, le processus est bien encadré par le Maître d’œuvre qui
est choisi par l’ordonnateur. Il établit les facturations avec le fournisseur et les certifie de façon
conjointe. En Côte d’Ivoire, le BNETD joue un rôle central de Maîtrise d’œuvre pour l’essentiel
des travaux d’investissement de l’Etat.
L’ordonnancement
L’ordonnancement peut être traduit comme l’acte par lequel l’ordonnateur donne
l'autorisation au comptable de payer la dépense. Cette phase de la procédure de la dépense
publique vient juste après la liquidation. On peut ainsi traduire que l’ordonnateur ayant passé
commande et étant satisfait du travail accompli ou du service demandé, ordonne au
comptable de payer la dépense. C’est un abus de langage parce que nous connaissons
l’exigence de la totale indépendance de la fonction de comptable par rapport à l’ordonnateur
comme évoqué précédemment. La demande de l’ordonnateur est traduite par l’émission d’un
mandat de paiement. L’ordonnateur tient une liste de mandats qu’il émet au cours de l’année.
Il numérote de façon chronologique toutes ses émissions. Le mandat est soumis au visa du
contrôleur financier avant sa transmission au comptable pour paiement. Le mandat transmis
pour paiement comporte un certain nombre d’informations, notamment, la référence de
l’engagement auquel il se rapporte, d’autres informations indispensables au paiement à savoir
: le chapitre, la ligne, etc.
Le paiement
C’est l’étape finale du circuit de la dépense. Il est assuré par le comptable public qui procède
avant toute décision aux vérifications que lui impose la réglementation en vigueur. Les
paiements peuvent être totalement apurés ou être partiellement réglés en fonction des
disponibilités comme c’est bien souvent le cas ces dernières années avec la crise financière
sévère qui sévit en Côte d’Ivoire. L’expression appropriée pour qualifier ce reliquat est le
«reste à payer». Les paiements des projets cofinancés sont assurés par un comptable spécial
qui est l’Agent Comptable de la Dette Publique (ACDP).
Il s’agit d’un aménagement de la procédure normale pour résoudre des cas de dépenses ayant
un caractère particulier. En effet, certaines dépenses sont exécutées avec des phases de la
procédure normale cumulées. On a à titre d’exemple des dépenses dont la phase
d’engagement et d’ordonnancement se font de façon cumulative : c’est la procédure
simplifiée des dépenses publiques. Sont concernées, les dépenses ayant un caractère
particulier tels qu’énumérées par l’article 68 du décret 98/716 du 16 décembre 1998 (les
versements des traitements, primes et indemnités du personnel, les cotisations sociales, les
prestations sociales, les abonnements de presse, l’achat de carburant centralisé par la
Direction des Marchés Publics, les frais d’acte et de contentieux et les frais de justice, et
autres, suivent les procédures simplifiées). Egalement certaines dépenses en raison de leur
spécificité font l’objet de paiement sans ordonnancement, on peut citer : le remboursement
des bons du Trésor ; les annulations ; les reversements et les restitutions des dépenses
consécutives à des jugements et condamnations non susceptibles de recours ; les pertes de
changes, etc.
En résumé :
Dans la pratique, les différentes étapes de l’exécution de la dépense publique sont présentées
à travers les images ci-dessous :
1- La procédure normale
Elle repose sur les opérations conduites par deux acteurs principaux que sont : l’ordonnateur
et le comptable public. En effet, l’ordonnateur doit :
d’abord constater les droits au profit de l’Etat. En d’autres termes, il doit vérifier
l’existence de la créance au profit de l’Etat à travers la loi de finances et les lois fiscales,
et s’assurer que le fait générateur de l’impôt s’est bien produit.
ensuite liquider la créance, c’est-à-dire arrêter le montant de la créance.
2- La procédure simplifiée
Selon les cas, la procédure simplifiée des recettes publiques se caractérise par une
intervention directe du comptable public sans émission d’ordres de recettes de la part de
l’ordonnateur. En matière de perception des impôts indirects ou droits de douane, ou les
opérations de liquidation et de recouvrement sont assurées par la même administration. Sous
d’autres hypothèses visant à se passer de l’intervention d’un comptable, toutes les opérations
(y compris le recouvrement) sont effectuées par un régisseur qui sous le contrôle du
comptable public. Egalement, les recettes non définitives telles que les avances ou les
acomptes sur travaux peuvent être encaissées sans liquidation.