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EL2 ALI et la rétroaction

Table des matières


I Présentation de l’ALI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
I.1 un composant intégré . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
I.2 premiers éléments d’un modèle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
II Modèles et modes de fonctionnement de l’ALI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
II.1 caractéristique statique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
II.2 modèle idéal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
III Fonctions linéaires avec un ALI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
III.1 montage suiveur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
III.2 montage amplificateur non inverseur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
III.3 montage amplificateur inverseur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
III.4 montage intégrateur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
IV Montages à ALI non linéaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
IV.1 exemple le plus simple : comparateur simple . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
IV.2 méthode générale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
IV.3 comparateur à hystérésis inverseur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
IV.4 comparateur à hystérésis non inverseur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
V Intérêts de la rétroaction d’un ALI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
V.1 modèle dynamique, passe-bas du premier ordre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
V.2 stabilité du montage amplificateur non inverseur . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
V.3 produit gain-bande passante d’un filtre d’ordre 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23

Nous allons aborder la notion de boucle de rétroaction en étudiant un composant intégré particulier,
l’Amplificateur Linéaire Intégré (ALI) aussi appelé amplificateur opérationnel (AO). Il ne s’agit
ni d’une étude générale de la rétroaction, ni de celle de l’ALI. L’approche expérimentale doit aussi être
prise en compte pour mieux appréhender l’ALI.

15
16 Chapitre EL2 — ALI et la rétroaction

I Présentation de l’ALI
I.1 un composant intégré
L’ALI est un composant intégré qui comprend une douzaine de transistors et une dizaine de composants
passifs. L’ensemble est gravé sur une (petite) puce de silicium et empaqueté dans un boîtier.

Exo. 1
À partir de la feuille de données techniques (datasheet), extraire certaines valeurs : les tensions
d’alimentation, les tensions d’entrée autorisées, le gain statique, la puissance maximale, l’impédance
d’entrée, le produit gain-bande passante.

+ Corrigé : alimentations symétriques (jusqu’à 18 V) ; tensions autorisées dans l’intervalle des tensions
d’alimentation ou ±15 V au maximum ; gain statique typique 2.105 ; impédance d’entrée quasi infinie ;
puissance maximale de 680 mW (c’est un composant signal) ; produit gain bande passante de 4 MHz.
L’ALI est conditionné dans un boîtier à 8 bornes : 8 7 6 5
• bornes 2 et 3 : entrée respectivement inverseuse et non inverseuse ; +Vcc

• bornes 4 et 7 : alimentation respectivement négative et positive ;


• borne 6 : borne de sortie ;
• bornes 1 et 5 : servent à corriger une tension de décalage ; −Vcc
• borne 8 : non connectée. 1 2 3 4
On utilisera toujours une alimentation (−15 V, 0, 15 V) même si un ALI peut supporter d’autres
valeurs. Notons que le potentiel de masse n’est jamais directement connecté à l’ALI 1 . Pour autant, l’ALI
est bien un quadripôle : la sortie s’entend entre la borne 6 et la masse.

Attention
L’ALI est un composant actif qui doit TOUJOURS être alimenté.

I.2 premiers éléments d’un modèle Zs is


L’ALI est un quadri- − is
ε i− i−
pôle qui a pour grandeurs + ε Ze µε
d’entrée la tension ε, les V− i+ Vs
Vs i+
courants i+ et i− et pour V+
grandeurs de sortie la ten-
sion Vs et le courant is . Cependant, l’ALI est conçu pour avoir
• Une très forte impédance d’entrée : |Ze | −
→ +∞ , ce qui implique i+ = i− = 0 .
• Une faible impédance de sortie 2 : Zs = 0 .
Parmi les grandeurs, les seules pertinentes sont donc les tensions. On peut donc voir l’ALI comme un
amplificateur en tension de fonction de transfert
V
µ := s
ε
Par construction, is,max ' 40 mA, ce qui fait que l’ALI est un composant signal.

1. Cela ne signifie pas que l’on peut faire n’importe quoi pour l’alimentation : la datasheet indique par exemple que les
potentiels d’alimentation doivent être symétriques par rapport à la masse.
2. C’est une caractéristique d’un ALI, c’est pourquoi on ne la trouve pas sur la datasheet.

© S. Ravier Version du 30 août 2022


II — Modèles et modes de fonctionnement de l’ALI 17

II Modèles et modes de fonctionnement de l’ALI

II.1 caractéristique statique


Vs
V
Si on applique une tension ε constante, la caractéristique que l’on ob- sat

tient est donnée ci-contre. On observe donc 2 modes de fonctionnement


distincts. Un domaine où Vs est proportionnel à ε, c’est le fonctionne-
ment linéaire et un mode où la sortie a une valeur constante quel que ε
soit ε, c’est le fonctionnement saturé. Dans le domaine saturé, les ten-
sions de saturation sont quasi symétriques, on les note 3 ±Vsat = ±15 V.
En pratique, la zone de fonctionnement linéaire est très étroite et il est
difficile d’obtenir cette caractéristique, car le gain statique µ0 est très −Vsat
grand (µ0 ' 105 ). On retient εmax,lin 6 0,1 mV. Le gain statique de
l’ALI est trop important pour permettre un fonctionnement linéaire stable. Un tel fonctionne-
ment requiert une boucle de rétroaction (voir plus loin).

II.2 modèle idéal


Compte tenu des valeurs du gain, pour des fréquences modérées, on simplifie le modèle pour obtenir le
modèle de l’ALI idéal.
Déf. Modèle de l’ALI idéal
Le modèle de l’ALI idéal est caractérisé par :
• Une impédance d’entrée infinie, ce qui implique des courants entrants nuls : i+ = i− = 0.
• Une impédance de sortie nulle.
• Un gain différentiel statique µ0 infini.

Lorsque l’ALI est supposé idéal, on ajoute un symbole ∞ dans le rectangle qui le représente.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Capacité exigible . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Citer les hypothèses du modèle.
.....................................................................................................

Attention
Le modèle permet des calculs très simples et beaucoup plus rapides que le modèle dynamique (voir ci
après) mais il a un pouvoir prédictif plus faible. En particulier, le modèle idéal ne permet pas
de justifier un fonctionnement linéaire ou saturé de l’ALI.

On déduit immédiatement du modèle et de la caractéristique statique

Pour un fonctionnement en régime linéaire, la relation qui caractérise un ALI idéal est
V+ = V− ⇐⇒ ε≡0
Pour un fonctionnement en régime saturé, c’est
Vs = sgn(ε) × Vsat

3. En pratique, Vsat . Vcc , mais on prendra toujours Vsat = Vcc = 15 V.

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18 Chapitre EL2 — ALI et la rétroaction

III Fonctions linéaires avec un ALI


Condition nécessaire de fonctionnement linéaire
Un ALI doit avoir une rétroaction sur son entrée inverseuse pour fonctionner en régime linéaire.

Condition suffisante de fonctionnement linéaire


Un ALI présentant une rétroaction passive sur son entrée inverseuse et pas de rétroaction sur son
entrée non inverseuse fonctionne en régime linéaire.

L’explication requiert une étude de stabilité (voir partie V). Bien sûr, cela implique de vérifier l’absence
de saturation accidentelle, c’est-à-dire que si on calcule une tension de sortie avec le modèle linéaire et que
cette dernière dépasse Vsat , il y aura en fait saturation malgré le fonctionnement a priori linéaire.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Capacité exigible . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Identifier la présence d’une rétroaction sur la borne inverseuse comme un indice de probable stabilité du
régime linéaire.
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III.1 montage suiveur


a) relation entrée-sortie
C’est le montage le plus simple. On voit immédiatement que l’on V+ = Ve
− d’une part, et V− = Vs d’autre part, ce qui conduit à Vs = Ve . L’intérêt

de ce montage est de profiter de la grande impédance d’entrée (la source ne
Ve
+ Vs débite aucun courant) et de la faible impédance de sortie de l’ALI pour faire de
l’adaptation d’impédance.

b) adaptation d’impédance
Quand on fait du traitement du signal, on a souvent besoin
d’appliquer différents filtres en cascade. Si Hi (p) est la fonction de
transfert de chaque étage, a-t-on H(p) = H1 (p) H2 (p) ? De manière e H1 s1 H2 s
générale, ce résultat est faux. Pour comprendre pourquoi ce résultat
est faux, il faut reprendre le modèle générique d’un quadripôle. H

ie is
On voit que, si la sortie est connectée, on n’a pas s = H e mais
s = H e − Zs is . Pour avoir H(p) = H1 (p) H2 (p) (donc indépendance par
Zs
e Ze s rapport au courant de sortie de l’étage 1), il faut donc soit que l’impédance
de sortie de l’étage 1 soit nulle, soit que l’impédance d’entrée de l’étage 2
He soit infinie, ce qu’apporte justement l’ALI.

Pour mettre en cascade deux quadripôles linéaires, il faut que l’impédance d’entrée de l’aval soit
infinie ou que l’impédance de sortie de l’amont soit nulle. À défaut, on insère un montage suiveur
entre les deux étages concernés.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Capacité exigible . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Expliquer l’intérêt, pour garantir leur fonctionnement lors de mises en cascade, de réaliser des filtres de
tension de forte impédance d’entrée et de faible impédance de sortie.
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III — Fonctions linéaires avec un ALI 19

Pour chacun des montages à suivre, établir la relation entrée-sortie et, le cas échéant, l’expression de
l’impédance d’entrée du montage.

III.2 montage amplificateur non inverseur


R2
a) schéma et relation entrée-sortie
R1 R1
− On a V+ = Ve , et (diviseur de tension) V− = Vs , donc
∞ R1 + R2
+ Vs R2
Ve Vs =1+
Ve R1

b) impédance d’entrée
La source Ve ne débitant pas, l’impédance d’entrée est infinie.

III.3 montage amplificateur inverseur


a) schéma et relation entrée-sortie
R2
Ve /R1 + Vs /R2
On a V+ = 0 et V− = , soit
1/R1 + 1/R2 R1
Vs R2 −

=−
Ve R1 Ve +
Vs
b) impédance d’entrée
Puisque V− = 0, il est clair que l’impédance d’entrée est R1 .
Z2 c) généralisation en régime sinusoïdal forcé

Z1 En régime sinusoïdal forcé, on peut généraliser le montage amplifi-


− cateur inverseur en remplaçant les résistances par des impédances. Le
∞ raisonnement reste valable, de telle sorte que
Ve +
Vs Vs Z
=− 2
Ve Z1

III.4 montage intégrateur


C Vs 1
C’est un amplificateur inverseur généralisé, d’où =− ,
Ve RCp
ˆ t
R 1
soit dans le domaine temporel Vs (t) − Vs (t0 ) = − Ve (t0 ) dt0 ou

∞ RC t0
Ve + Vs dV s 1
=− Ve . L’impédance d’entrée est R .
dt RC
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Capacités exigibles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Établir la relation entrée-sortie des montages non inverseur, suiveur, inverseur et intégrateur. Déterminer
les impédances d’entrée de ces montages.
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20 Chapitre EL2 — ALI et la rétroaction

IV Montages à ALI non linéaires


IV.1 exemple le plus simple : comparateur simple
Il s’agit d’utiliser l’ALI en boucle ouverte. On place une tension de référence sur une entrée et le signal
à comparer sur l’autre. On obtient alors sans difficulté le comparateur inverseur ou non inverseur.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Capacités exigibles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
• Identifier l’absence de rétroaction ou la présence d’une unique rétroaction sur la borne non inverseuse
comme l’indice d’un probable comportement en saturation.
• Établir la relation entrée-sortie d’un comparateur simple.
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Si on applique une tension d’entrée sinusoïdale à u
un comparateur simple, on s’attend à trouver en sortie Vsat
un signal créneaux ±Vsat avec des commutations à
chaque fois que le signal d’entrée égale la tension de
t
référence. Voir par exemple ci-contre pour une tension
de référence nulle.
La non linéarité du régime saturé est responsable de la génération d’harmoniques en sortie.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Capacité exigible . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Associer, pour un signal d’entrée sinusoïdal, le caractère non-linéaire du système et la génération d’harmo-
niques en sortie.
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IV.2 méthode générale

Méthode Étude d’un système à deux états


Pour étudier un circuit à 2 états, on peut utiliser la méthode itérative suivante :
1. Établir les relations qui sont toujours vraies, quel que soit l’état du système à 2 niveaux.
2. Postuler un état initial (en fonction de ce que l’on sait ou, à défaut, « au hasard ») pour le
circuit mais surtout pour le composant à plusieurs états (l’ALI ici : saturation haute ou basse).
3. Calculer les différentes grandeurs intéressantes ; en particulier, s’intéresser à la condition de
maintien de l’état dans lequel est le composant.
4. Quand la condition n’est plus remplie, faire basculer le composant dans son autre état.
5. Itérer à partir de l’item 3 jusqu’à retomber sur un état déjà décrit.
6. Rassembler les résultats (ne pas tenir compte de l’état initial si on ne retombe pas dessus).

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IV — Montages à ALI non linéaires 21

IV.3 comparateur à hystérésis inverseur


Le comparateur simple est inadapté à de nombreuses situations. Par exemple, si on désire détecter
le passage par une certaine luminosité (pour allumer un éclairage adapté par exemple), au voisinage du
moment où l’on doit commander l’allumage, la luminosité risque de varier autour du seuil, provoquant des
successions d’allumage/extinction si on utilise un comparateur simple.
R2 Vs
Vsat
R1

R1  VH =
 Vsat
R1 + R2 VB VH

+
∞ R1
−  VB = −

Vsat Ve
V R R

V e
s 1 + 2

−Vsat
+ Moyen mnémotechnique : circuit identique au montage amplificateur non inverseur en permutant + et −.
Sans rétroaction négative, fonctionnement saturé. On lit V− = Ve et par un diviseur de tension,
R1 R1
V+ = Vs =⇒ ε= Vs − Ve
R1 + R2 R1 + R2
Supposons qu’initialement ε > 0, soit Vs = +Vsat . Cet état perdure tant que
R1
Ve < VH := Vsat
R1 + R2
Dès que Ve atteint VH , l’ALI commute en saturation basse, donc Vs = −Vsat . Cet état perdure tant que
R1
Ve > VB := − Vsat
R1 + R2
+ Remarque : Dans cet exemple de montage, VH = −VB mais on peut avoir des relations plus variées.
On obtient un effet d’hystérésis (vient de mémoire en grec) : en effet, pour déterminer l’état du
système pour Ve ∈ [ VB ; VH ], on doit connaître son passé. Notons enfin qu’à l’allumage du circuit, si par
hasard Ve est dans cet intervalle, on ne peut pas prédire l’état du système.

IV.4 comparateur à hystérésis non inverseur


R2 Vs
Vsat
R1 R1

 VH = Vsat

R2 VB VH

+

R Ve
Ve −  VB = − 1 Vsat

Vs R2

−Vsat
+ Moyen mnémotechnique : circuit identique au montage amplificateur inverseur en permutant + et −.
Sans rétroaction négative, fonctionnement saturé. On lit V− = 0. Par un diviseur de tension,
R1 R1 Vs + R2 Ve
V+ − Ve = (Vs − Ve ) =⇒ V+ =
R1 + R2 R1 + R2
Supposons qu’initialement ε > 0, soit Vs = +Vsat . Cet état perdure tant que
R1
Ve > VB := − Vsat
R2
Dès que Ve atteint VB , l’ALI commute en saturation basse, donc Vs = −Vsat . Cet état perdure tant que
R1
Ve < VH := − Vsat
R2
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Capacité exigible . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Établir le cycle d’un comparateur à hystérésis. Décrire le phénomène d’hystérésis en relation avec la notion
de fonction mémoire.
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22 Chapitre EL2 — ALI et la rétroaction

V Intérêts de la rétroaction d’un ALI


V.1 modèle dynamique, passe-bas du premier ordre
Modèle « complet » de l’ALI
Le modèle « complet » de l’ALI est défini par une résistance d’entrée infinie, une résistance de sortie
nulle, une fonction de transfert du premier ordre en régime linéaire, une saturation de la tension de
sortie.

Déf. Fonction de transfert et équation différentielle

La fonction de transfert et l’EDL1 CC associée d’un modèle simple (mais réaliste) de l’ALI s’écrivent
µ0 dVs
µ= ⇐⇒ τ (t) + Vs (t) = µ0 ε(t)
1 + pτ dt

Ce modèle est plus délicat à manipuler que le modèle idéal, mais il a un bien meilleur pouvoir prédictif.
Notons une caractéristique importante d’un ALI pris seul :

L’ALI seul est un composant lent (τ ' 10 ms) à fort gain statique (µ0 ' 105 ).

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Capacité exigible . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Citer les hypothèses du modèle et les ordres de grandeur du gain différentiel statique et du temps de
réponse.
.....................................................................................................

V.2 stabilité du montage amplificateur non inverseur


Établissons la fonction de transfert. En combinant les relations, on obtient
 
1
Vs = µ Ve − Vs
β
Vs µ µ0 H0
donc = = =
Ve 1 + µβ 1 + µ0 /β + τ p 1 + τ0 p
µ0 τ β
avec H0 = = β et τ0 = = τ τ
1 + µ0 /β µ0 /β1 1 + µ0 /β µ0 /β1 µ0
En pratique, on a besoin de µ0 /β  1, mais vu l’ordre de grandeur de µ0 (105 ) et le fait que β 6 103 , on
a bien cette approximation.
Le système apparaît alors stable et rapide. En effet, sa constante de temps est de l’ordre de τ /µ0 .
En outre, son gain statique ne dépend plus du gain de l’ALI mais seulement des valeurs des résistances
utilisées pour la boucle de retour.
Que peut-on dire d’un montage identique mais pour lequel on inverse les entrées inverseuse et non
inverseuse ? Avec le modèle de l’ALI idéal, on est obligé de postuler un fonctionnement non linéaire.
Peut-on le démontrer avec le modèle étudié ici ?
Les relations de base sont maintenant
V
Vs = µ ε ; V− = Ve ; V+ = s ; ε = V+ − V−
β
 
1
d’où Vs = µ V − Ve
β s

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V — Intérêts de la rétroaction d’un ALI 23

Vs µ µ0 µ0
donc =− =− = −
Ve 1 − µβ 1 − µ0 /β + τ p µ0 /β1 −µ0 /β + τ p
D’après le critère de Routh, ce circuit est instable : on a un fonctionnement en régime saturé.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Capacité exigible . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Analyser la stabilité du régime linéaire.
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V.3 produit gain-bande passante d’un filtre d’ordre 1


Par la présence de la rétroaction négative, le montage non inverseur présente, par rapport à l’ALI seul :
• un gain réduit qui passe de µ0 à 1 + R2 /R1 ;
• une bande passante élargie qui passe de [ 0 ; 1/τ ] à [ 0 ; 1/τ 0 ].
On constate cependant que pour l’ALI, le produit gain × bande passante est conservé. En mettant une
rétroaction négative, ce qui a été perdu en gain a été gagné en stabilité.
Produit gain – bande passante d’un filtre d’ordre 1
Pour un filtre d’ordre 1, le produit du gain par la bande passante est une constante. Le choix du
gain est donc un compromis : plus le gain est important, plus la bande passante est étroite.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Capacité exigible . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Établir la conservation du produit gain-bande passante du montage non inverseur.
.....................................................................................................

Exo. 2
À partir des données de la datasheet, déterminer la valeur du temps de réponse τ de l’ALI considéré.

+ Corrigé : Le produit gain-bande passante est de 4 MHz soit ∆ω = 25.106 rad · s−1 = 1/τ et le gain est
typiquement de 2.105 , par conséquent, on détermine τ ' 10 ms .

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