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1448 JOURNAL OFFICIEL DE LA REPUBLIQUE DE COTE D'IVOIRE 27 octobre 1964

Art. 29. - Le jugement qui prononce la séparation de Art. 39. - Les dépens relatifs à la demande seront mis
corps ou un jugement postérieur peut interdire à la femme pour le tout à la charge de celui des. époux, même deman­
de porter le nom de son mari ou l'autoriser à ne plus le deur, contre lequel la séparation de corps a été prononcée,

porter. ""· et pour moitié à la charge de chacun des époux, si la sépa­


ration a été prononcée contre eux à leurs torts réciproques.
Art. 30. - Le devoir de secours survit à la séparation
de corps. La pension alimentaire est fixée d'après les règles
Art. 40. - Sont applicables au jugement ou à l'arrêt
générales concernant le montant des aliments.
de conversion les dispositions contenues aux articles 14,

15 et 16.

CHAPITRE VI
Art, 41. - La présente loi sera publiée au Journal offi­

ciel de la République de Côte d'Ivoire et exécutée comme


DE LA RECONCILIATION DES EPOUX ET DE LA
loi de l'Etat.
CONVERSION DE LA SEPARATION DE CORPS EN DIVORCE

Fait à Abidjan, le 7 octobre 1964.


Art. 31. - La réconciliation des époux met fin à la
séparation de corps. Félix HOUPHOUET-BOIGNY.

Art. 32. - Dans le cas prévu à l'article précédent :

1° si la communauté n'était pas encore liquidée, lors


de la réconciliation, sa dissolution est réputée non avenue; Lor n» 64-377 du 7 octobre 1964, relative à la paternité

et à la filiation.
2° si elle était déjà liquidée, les biens reçus en partage,
restent propres à chacun des époux.
L'ASSEMBLÉE NATIONALE A ADOPTÉ,

Art. 33. - Les époux doivent déclarer conjointement


LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE PROMULGUE LA LOI DONT
leur réconciliation au président du tribunal ou de la section
LA TENEUR SUIT
de tribunal du domicile ou de la résidence de l'un d'eux,
lequel en fait dresser procès-verbal par son greffier.
CHAPITRE PREMIER

Un extrait dudit procès-verbal est publié dans un jour­


DE LA FILIATION DES ENFANTS NES DANS LE MARIAGE
nal d'annonces légales et mention en est portée en marge

du jugement ou de l'arrêt ayant prononcé la séparation


Article premier. - L'enfant conçu pendant le mariage
de corps, de la transcription qui a pu' en être faite sur les
a pour père le mari. Néanmoins, celui-ci pourra désavouer
registres de l'état civil tenus à la mairie d'Abidjan, et l'enfant, s'il prouve que, pendant le temps qui a couru
des actes de mariage et de naissance des époux, le tout à
depuis le trois centième jusqu'au cent quatre-vingtième
la diligence du ministère public.
jour avant la naissance de cet enfant, il était, soit pour

En cas d'inaction de celui-ci, les époux peuvent y faire cause d'éloignement, soit par l'effet de quelque accident,

procéder personnellement, sur production d'une expédi­ dans l'impossibilité physique de cohabiter avec sa femme.

tion du procès-verbal constatant leur réconciliation.


Art. 2. - Le mari ne pourra, en alléguant son impuis­
Les effets résultant de la reprise de la vie commune ne
sance naturelle, désavouer l'enfant : il ne pourra le désa­
seront opposables aux tiers qu'à compter de l'accomplisse­
vouer même pour cause d'adultère, à moins que la nais­
ment des, formalités ci-dessus prescrites.
sance ne lui ait été cachée, auquel cas il sera admis à pro­

Art. 34. - Lorsque la séparation de corps aura duré poser tous les faits propres à justifier qu'il n'en est pas

trois ans, le jugement sera de droit converti en jugement le père.

de divorce sur la demande formée par l'un des époux.


Art. 3. - La présomption de paternité établie par

Art. 35. - La demande est introduite par une citation l'article premier ne s'applique pas :
délivrée en vertu d'une ordonnance rendue sur requête
1 ° A l'enfant né plus de trois cents jours après la dis­
par le président. du tribunal ou de la section de tribunal
solution du mariage ou après la date des dernières nou­
du domicile du demandeur à la conversion.
velles telle qu'elle résulte du jugement constatant la p r é - .
Elle est débattue en chambre du conseil a n r è s communi­
somption d'absence ;
cation au ministère public, s'il est représenté auprès de la
juridiction saisie. 2° En cas de demande, soit de divorce, soit de sépara­

Le jugement est rendu en audience publique. tion de corps, à l'enfant né trois cents jours après l'or­

donnance ayant autorisé la résidence séparée et moins de


Art. 36. - La chambre du conseil, saisie d'une demande
cent quatre-vingts jours depuis le rejet définitif de la
de conversion de séparation de corps en divorce, est compé­
demande ou depuis la réconciliation, sauf toutefois s'il y
tente pour statuer sur les actions en pension alimentaire
a eu réunion de fait entre les époux.
ou en dommages-intérêts accessoires à cette demande.

Elle peut de même connaître des demandes tendant à la Art. 4. :- L'enfant né avant le cent quatre-vingtième
modification des mesures prescrites lors du jugement de jour du mariage ne pourra être désavoué par le mari, dans
séparation de corps ou ordonnées postérieurement.
les cas suivants

Art. 37. - La cause en appel est débattue et jugée en


1° S'il a eu connaissance de la grossesse avant le
chambre du conseil, le ministère public entendu. L'arrêt
mariage ;
est rendu en audience publique.
2° S'il a assisté à l'acte de naissance, et si cet acte est
Art. 38. - Les faits retenus par le juge de la demande
signé de lui, ou contient sa déclaration qu'il ne sait signer;
en conversion ne peuvent être autres que ceux qui avaient

été accueillis au cours de l'instance en séparation de corps. 3° Si l'enfant n'est pas déclaré viable.
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Art. 5. - Dans les divers cas où le mari est autorisé à . Art. 13. -- Le commencement de preuve par écrit

réclamer, il devra le faire dans les deux mois : résulte des titres de famille, des registres et papiers

domestiques du père ou de la mère, des actes publics et


- de la naissance, s'il se trouve sur les lieux à l'époque
même privés émanés d'une partie engagée dans la contes­
de celle-ci ; ""·
tation, ou qui y aurait intérêt si elle était vivante.

- après son retour, si, à la même époque, il est absent;


Art. 14. - La preuve contraire pourra se faire par
- après la découverte de la fraude, si on lui avait tous les moyens propres à établir que le réclamant n'est
caché la naissance. pas l'enfant- de la mère qu'il prétend avoir, ou la mater­

nité pr.ouvée, qu'il n'est pas l'enfant du mari de la mère.


Art. 6. - Si le mari est mort avant d'avoir fait sa

réclamation, mais étant encore dans le délai utile pour la Art. 15. - Les tribunaux civils de première instance et

faire, les héritiers auront deux mois pour contester la leurs sections détachées sont seuls compétents pour sta­

légitimité de l'enfant, à compter de l'époque où cet enfant tuer sur les réclamations d'état.

se serait mis en possession des biens du mari, ou de l'époque


Art. 16. - L'action en réclamation d'état est impres­
où les héritiers seraient troublés par l'enfant dans cette
criptible à l'égard de l'enfant.
possession.

Art. 17. - L'action ne peut être intentée par les héri­


Art. 7. - L'action en désaveu est dirigée contre la mère
tiers de l'enfant qui n'a pas réclamé, qu'autant qu'il est
de l'enfant ou, si elle est décédée, interdite, ou absente,
décédé mineur, ou dans les cinq années après sa majorité.
contre un tuteur ad hoc désigné à la requête du mari ou

de ses héritiers par le tribunal ou la section de tribunal Art. 18. - Les héritiers peuvent suivre cette action
de la résidence ou du lieu de naissance de l'enfant. Si lorsqu'elle a été commencée par l'enfant, à moins qu'il
l'enfant réside et est né hors de Côte d'Ivoire, le tribunal ne s'en fût désisté, formellement, ou qu'il n'eût laissé
d'Abidjan est compétent. passer trois années sans poursuites, à compter du dernier

acte de la procédure.
La requête en désignation du tuteur ad hoc doit être

présentée dans les délais de l'article 5 et l'action être

intentée dans le mois suivant cette désignation, le tout à CHAPITRE Il

peine de forclusion. DE LA FILIATION DES ENFANTS NES HORS MARIAGE

La cause est instruite en la forme ordinaire et débattue Art. 19. - La filiation des enfants nés hors mariage
en chambre du conseil, le ministère public entendu. Le résulte, à l'égard de la mère, du seul fait de la naissance.
jugement est rendu en audience publique.
Toutefois, dans le cas où l'acte de naissance ne porte

pas l'indication du nom de la mère, elle doit être établie


Art. 8. - La filiation des enfants nés dans le mariage
par une reconnaissance ou un jugement.
se prouve par les actes de naissance inscrits sur les
registres de l'état civil. A l'égard du père, la preuve de la filiation ne peut

résulter que d'une reconnaissance ou d'un jugement.


Art. 9. - A défaut de ce titre, la possession constante

de l'état d'enfant né dans le mariage suffit. Art. 20. - La reconnaissance est faite par acte authen­

tique lorsqu'elle ne l'a pas été dans l'acte de naissance.


Art. 10. - La possession d'état s'établit par une réunion

suffisante de faits qui indiquent le rapport de filiation Art. 2 1 . - Lorsque s'applique la présomption de pater­

et de parenté entre un individu et la famille à laquelle il nité établie par l'article premier, l'enfant né du commerce

prétend appartenir. adultérin de la mère ne peut être reconnu qu'autant qu'il

a été antérieurement désavoué.


Les principaux de ces faits sont :

Art. 22. - La reconnaissance par le père, de l'enfant né


- que l'individu a toujours porté le nom du père auquel
de son commerce adultérin n'est valable, sauf en cas de
il prétend appartenir ;
jugement ou même de demande soit de divorce, soit de
- que le père l'a traité comme son enfant, et a pourvu, séparation de corps, que du consentement de l'épouse.
en cette qualité, à son éducation, à son entretien et à son
Art. 23. - Le consentement de l'épouse peut être donné
établissement ;
oralement, lors de la déclaration de reconnaissance faite
- qu'il a été reconnu constamment pour tel dans la par le père, ou reçu séparément par un officier de l'état
société ; civil ou un notaire, lesquels en dressent acte.

- qu'il a été reconnu pour tel par la famille. L'acte de reconnaissance doit, à peine de nullité, conte­

nir la mention du consentement de l'épouse et des circons­


Art. 11. - Nul ne peut réclamer un état contraire à tances dans lesquelles il a été donné.
celui que lui donnent son titre de naissance et la posses­

sion conforme à ce titre ; Art. 24. - L'enfant né d'un commerce incestueux ne

peut être reconnu hormis toutefois en vue de sa légitima­


Et réciproquement, nul ne peut contester l'état de celui
tion si le mariage de ses auteurs a été autorisé.
qui a une possession conforme à son titre de naissance.

Art. 25. - Toute reconnaissance, de même que toute


Art. 12. - A défaut de titre et de possession constante,
réclamation de la part de l'enfant, pourra être contestée
ou si l'enfant a été inscrit, soit sous de. faux noms, soit
par tous ceux qui y auront intérêt.
né de père et mère inconnus, la preuve de la filiation peut
se faire par témoins. Art. 26. - La paternité hors mariage peut être judi­

ciairement déclarée :
Néanmoins, cette preuve ne peut être admise que lors­

qu'il y a commencement de preuve par écrit, ou lorsque les 1 ° Dans le cas d'enlèvement ou de viol, lorsque l'époque

présomptions ou indices résultant de faits dès lors constants de l'enlèvement ou du viol se rapportera à celle de la

sont assez graves pour déterminer l'admission. conception ;


1450 JOURNAI; OFFICIEL DE LA REPUBLIQUE DE COTE D'IVOIRE 27 octobre 191H

2n Dam; le cas de séduction, abus d'autorité, promesse Ar t. 30. -·-- L 'e nf an t né h ors m ariage est légitimé de

de mariage ou fiançailles ; p l ei n d roit par le maria ge s u b s éq u e nt de ses père et mère.

3° Dans le cas où il existe des lettres Q.


U quelque autre A rt. 31. - Lorsqu'une fil iation est établie par un acte
écrit privé émanant dn père prétendu 'et desquels il résulte ou par un j ugement, nulle filiation contraire ne pourra
un aveu non équivoque de paternité ; être postérieurement reconnue sans qu'un j ugement éta­

blisse, préalablement, l'inexactitude d e la première.


4° Dans le cas où le père prétendu et la mère ont vécu

en état de concubinage notoire pendant la période légale A rt. 32. - _ L a p résente loi sera publiée au Journal
de la conception ; officifJi de la R épublique de Cô te d'Ivoire et exécutée

comme loi de l'Etat.


5° Dans le cas où le père prétendu a pourvu ou participé

à l'entretien et à l'éducation de l'enfant en qualité de père.


F ait à Abidjan, le 7 octobre 1964.

L'action en reconnaissance de paternité ne sera pas rece­


Félix HOUPHOUET-BOIGNY.
vable :

1° S'il est établi que, pendant la période légale de la

conception, la mère était d'une inconduite notoire ou a


Lor n» 64-378 du 7 octobre 1964, relafive à l'adoption.
eu commerce avec un autre individu ;

L'ASSEMBLÉE NATIONALE A ADOPTÉ,


2° Si le père prétendu était, pendant la même période,

soit par suite d'éloignement, soit par l'effet de quelque


LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE PROMULGUE LA LOI DONT
accident, dans l'impossibilité physique d'être le père de
LA TENEUR SUIT :
l'enfant;

3° Si le père prétendu établit par l'examen des sangs A rticle premier. - L'adoption ne peut avoir lieu q ue

qu'il ne peut être le père de l'enfant. s'il y a de j ustes motifs et si elle présente de s avantages
pour l'adopté,
L'action n'appartient qu'à l'enfant. Pendant la minorité

de l'enfant, la mère, même mineure, a seule qualité pour A rt. 2. - L'adoption n'est permise qu'aux personnes
l'intenter. de l'un ou de l'autre sexe â gées de plus de trente-cinq a ns.

Elle devra, à peine de déchéance, être intentée dans les . Toutefois, elle peut être demandée conjointement par deux

deux années qui suivront l'accouchement. époux, non séparés de corps, dont l'un au moins est âgé

de plus de trente-cinq ans, s'ils sont mariés depuis plus


Toutefois, dans les cas prévus aux paragraphes 4 et 5
de dix ans. Un époux âgé de plus de trente-cinq ans et
ci-dessus, l'action pourra être intentée jusqu'à l'expira­
marié depuis plus de dix ans peut également adopter.
tion des deux années qui suivront la cessation, soit du

concubinage, soit de la participation du prétendu père à Dans ce dernier cas, le consentement de' l'autre époux

l'entretien et à l'éducation de l'enfant. est exigé s auf s'il est dans l'impossibilité de manifester

sa volonté ou s'il y a séparation de corps entre les époux


Si la mère est décédée, interdite ou absente, l'action
ou même demande soit de divorce, soit de séparation de
sera intentée par le tuteur.
corps.

Si l'action n'a pas été intentée pendant la minorité de Les adoptants doivent avoir quinze ans de plus que les
l'enfant, celui-ci pourra l'intenter pendant toute l'année personnes qu'ils se proposent d'adopter. Si ces dernières
qui suivra sa majorité. sont les enfants de leur époux, la différence d'âge exigée

n'est que de dix ans. Dans les deux cas, c ette différence
Art. 27. - U n enfant ne sera jamais admis à la
peut être réduite par dispense du Chef de l'Etat.
recherche de la paternité dans les cas prévus aux articles
22 et 2 4.
L 'adoptant ou l'un au moins des conjoints en cas d'adop­

Les enfants visés à l'alinéa précédent pourront néan­ tion par deux époux ne doit avoir, au jour de la requête,

m oins réclamer des aliments sans que l'action ait pour ni enfants ni descendants.

effet de proclamer l'existence du lien· de fil iation.


A rt. 3. - On ne peut adopter que des mineurs non
L'action pourra être intentée pendant toute la minorité émancipés.
de l'enfant et, si elle n'a pas été intentée pendant la m ino­
Art. 4. - Un Ivoirien peut adopter un étranger ou être
rité · de l'enfant, celui-ci pourra l'intenter p endant tou te
adopté par un étranger.
l'année qui suivra sa majorité.

La cause est instruite en la forme ordinaire et débattue Art. 5. - Nul ne peut être adopté par plusieurs si ce
en chambre du conseil, le ministère public entendu. Le n'est par deux époux.
j ugement est rendu en audience publique.
Toutefois, en cas de décès de l'adoptant ou des deux

adoptants, une nouvelle adoption peut être prononcée.


Art. 28. - Dans le cas prévu à l'article 19, a linéa 2,

'enfant
l qui réclame sa mère est tenu de prouver qu'il est
Art. 6. - Le m ineur âgé de plus de seize ans doit
id entiquement le même que l'enfant dont elle est accou­
consentir personnellement à son adoption.
chée.

Il t
es adm s i à faire cette preuve en établissant sa l
fi ia­ Art. 7. - Si la personne à adopter a encore ses père et

tio n, soi t pa r sa possession constante d'état d'enfant né mère, ceux-ci doivent consentir l'un et l'autre à l'adoption.

hors du mariage à l'égard de la mèr e prétendue, soit par


Si l'un des père ou mère est décédé, inconnu ou dans
t émoins. Les témoignages ne sont reçus que '
s il exist e des
l'impossibilité de manifester sa volonté, le consentement
p résomptions ou indices graves, ou un commencement de
de l'autre suffit.
pr euve p ar écrit au sens de l'article 13 de la présente loi.

Si les père et mère sont tous deux décédés, inconnus,


A rt. 29. - Les enfants nés hors mariage dont la filia­ ou dans l'impossibilité de manifester leur volonté, le
tion · est légalement établie ont les mêmes droits que les tribunal se prononce après enquête, le tuteur de l'enfant
enfants légitimes. et le ministère public entendus.

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