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N° d'ordre : .../...
THÈSE
Présentée et soutenue par:
Hicham NASRI
Pour obtenir le grade de:
DOCTEUR EN SCIENCES
Formation Doctorale : Géosciences
Spécialité : Géologie appliquée
Mr. Kamal El Hammouti Professeur, Faculté des Sciences, Oujda Co-directeur de thèse
Mr. Ali Azdimousa Professeur, Faculté des Sciences, Oujda Directeur de thèse
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Remerciement
Remerciements
Premièrement je remercie Allah le tout puissant à qui je suis éternellement reconnaissant.
L’aboutissement de ce travail ne pourrait voir le jour qu’au sein d’un groupe de chercheurs
qui méritent une grande reconnaissance.
Avant tout, je tiens à exprimer ma reconnaissance et ma gratitude au directeur de cette thèse,
Pr. Ali AZDIMOUSA, et au co-directeur de thèse, Pr. Kamal EL HAMMOUTI. Tout
d’abord, vous étiez messieurs, les promoteurs de ce travail. J’ai beaucoup profité de votre
expertise sur le terrain et au laboratoire. De plus vous m’avez donné assez de confiance, de
soutien moral, de conseils fructueux, d’observations et d’orientations formatives.
Je remercie tous les membres de jury, Pr. El Khadir Gharibi d’avoir accepté de présider le
jury de la soutenance de cette thèse.
Mes remerciements s’adressent aussi aux : Pr. Larbi Boudad, Pr. Mostafa Oujidi, Pr. Omar
Azzouz, et Pr. Said Bengamra, pour leur accord de lire, examiner, évaluer et valoriser ce
travail.
Un grand merci au Pr. El Khadir GHARIBI pour son apport en minéralogie et analyse
diffractométrique.
Mes sincères remerciements s’adressent aux professeurs du département de géologie de la
Faculté des Sciences d’Oujda, plus spécialement les membres du Laboratoire des Géosciences
Appliquées (LGA). Ils étaient toujours présents, serviables, et ils m’ont soutenus
continuellement sur le plan pédagogique et moral.
Un merci spécial au Pr. Halima RIZQI pour sa confiance, son soutien moral et sa contribution
en géotechnique.
Je remercie également les doctorants-chercheurs du LGA. Nous faisons un travail de groupe
de grande valeur. Je cite bien Abdelilah EL HADDAR, Abdelkarim CHAMRAR et Hafida
DAHMANI qui étaient coopératifs et serviables.
Je remercie chaleureusement ma famille et ma belle famille pour leurs soutiens et leurs
encouragements. Mes parents étaient toujours impatients de voir le fruit des longues années
de recherche. Je remercie également mes frères, Dr. Mohammed, Dr. Khalid et Soufiane qui
me soutiennent continuellement.
J’exprime ma gratitude à Mostafa NASSRI qui n’a jamais hésité de m’apporter de l’aide et du
soutien.
Je remercie aussi mes amis Amine, Aziz, Hamid, Abdelkader… pour leur inquiétude et leur
soutien.
Un spécial merci à mon épouse pour sa grande patience et son appui moral tout au long des
années de thèse, et à ma fille qui a ouvert ses yeux sur un père doctorant hyper-occupé par la
recherche scientifique.
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Résumé
Résumé
Le présent travail est une étude minéralogique, géochimique, sédimentologique et
géotechnique des argiles néogènes du Rif nord oriental du Maroc, dans un but de valorisation
dans des applications céramiques. L’échantillonnage des argiles a été réalisé suivant des
coupes lithologiques et log stratigraphique localisés dans les bassins sédimentaires étudiés.
L’étude minéralogique (DRX) a mis en évidence les différents minéraux argileux et non-
argileux présents aussi bien dans les poudres totales des roches que dans les fractions
argileuses. Bien que les taux soient très variables d’une coupe à une autre et même dans la
dimension temps de chaque coupe, les minéraux dominants qui constituent les poudres totales
sont : les phyllosilicates (argile totale), le quartz, et la calcite. Les feldspaths sont moins
abondants dans la majorité des dépôts étudiés. D’autres minéraux présentent des teneurs plus
faibles comme la dolomite et la rhodochrosite. La sidérite, Quant à elle, est très localisée
affichant des taux de 1 à 2%. Egalement, la cristobalite apparait très localement au voisinage
de l’embouchure d’oued Kert.
De même, la fraction argileuse a décelé des minéraux abondants et omniprésents tels que
l’illite, la kaolinite, la chlorite et des interstratifiés. Or, la vermiculite et la smectite sont
localisées dans des échantillons de certaines coupes étudiées. En somme, l’analyse
minéralogique qualitative et semi-quantitative classifie les argiles sédimentaires du Rif nord
oriental du Maroc dans les argiles ordinaires.
L’analyse géochimique (FRX) est concordante avec la composition minéralogique. Les
oxydes qui dominent sont : SiO2, Al2O3, Fe2O3 et CaO quoique ces deux derniers deviennent
moins abondants dans la coupe de Twount. Les autres oxydes tiennent place avec une
ampleur moins importante. La Perte Au Feu (PAF) est variable d’une coupe à une autre, et
d’un bassin à un autre. Elle marque des valeurs plus basses dans la coupe de Twount située
dans le bassin de Kert.
Les taux de CaCO3 (calcimétrie) varient amplement donnant un caractère argileux à marneux
peu carbonaté aux matériaux argileux étudiés. D’autre part, la granulométrie couplée à la
sédimentométrie a permis de faire ressortir les pourcentages des différentes fractions
sédimentologiques. La plupart des échantillons étudiés varient entre les argiles limoneuses et
les limons argileux avec quelques exceptions d’argiles, de sable limoneux et de limons
argileux sableux.
L’analyse de la plasticité (limites d’Atterberg) met la totalité des échantillons dans le domaine
des matériaux moyennement à très plastiques sauf un échantillon qui est peu plastique. La
majorité d’entre eux sont acceptables à optimaux pour l’extrusion. Les Surfaces Spécifiques
Totales (SST) et les Capacités d’Echange Cationique (CEC) (méthode de l’indice de bleu de
méthylène) calculées sont relativement faibles rappelant celles de la kaolinite, de l’illite et de
la chlorite. Ce qui est en harmonie avec la composition minéralogique confirmant la présence
de minéraux non argileux et la dominance de l’illite, de la kaolinite et de la chlorite dans les
minéraux argileux.
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Résumé
Les argiles du Rif nord oriental sont d’un grand intérêt industriel, utilisables principalement
dans l’industrie céramique. Ce sont des matières premières abondantes dans la région,
qualifiées pour être appliquées dans la fabrication des produits de construction en argile tels
que les différents types de briques (ordinaires, de maçonnerie), les produits creux, et les tuiles
de toiture. La majorité de ces argiles conviennent à une extrusion acceptable à optimale.
Cependant, une petite partie de ces matériaux convient à la céramique fine (carrelage,
majolique …). Ils sont situés essentiellement dans la partie haute du bassin de Kert (certains
échantillons des coupes de Kebdani et de Twount).
Mots clés : Argile, Minéralogie, Géochimie, Céramique, Plasticité, Extrusion, Rif, Maroc.
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Abstract
Abstract
The current work focus on mineralogical, geochemical and sedimentological-geotechnical
studies of Neogene clays of north-eastern Rif of Morocco, for the aim of valorization in
ceramic applications. The Sampling was carried out in clay formations following cross-
sections and stratigraphic log located in the studied sedimentary basins.
Mineralogical analysis (XRD) revealed the different clay and non-clay minerals present both
in bulk and clay fractions. The mineralogical contents are variable in vertical and horizontal
dimensions. But, the dominant minerals of bulk fraction are: phyllosilicates (Total clay),
quartz and calcite. Feldspars are less abundant in majority of the studied deposits. Dolomite
and rhodochrosite occur with lower rates. As for siderite, its presence is much localized with
content of 1% to 2%. Also, cristobalite occurs very locally near the mouth of Kert River.
Similarly, the clay fraction allowed identifying abundant ubiquitous minerals such as illite,
kaolinite, chlorite and mixed-layers. However, vermiculite and smectite are localized in
samples of some studied profiles. Qualitative and semi-quantitative mineralogical analysis
classifies the clayey sedimentary formations of the Moroccan north-eastern Rif in common
clays.
Geochemical analysis (XRF) underlined the chemical composition (% of oxides) of the
analyzed clayey formations. Its results agree with the mineralogical composition. Thus, the
dominant oxides are SiO2, Al2O3 Fe2O3 and CaO, although the latter two become less
abundant in the Twount cross-section. The other oxides display lower levels, with some
exceptions, notably the relatively high rates of Na2O along the Kebdani cross-section. The
Loss-On-Ignition (L.O.I) is also variable. It marks the lowest values in Twount cross-section
located in the Kert basin.
The sedimentary study firstly used to determine the contents of calcium carbonate (CaCO3)
by calcimetric analysis. The contents vary widely giving a clayey to low carbonated marly
character to the studied clayey materials. On the other hand, the particle size distribution
highlighted the percentages of sedimentological fractions. Most of the studied materials range
between silty clays and clayey silts, with some exceptions of clays, silty sand and clayey
sandy silts.
The analysis of plasticity (Atterberg limits) leads to classifying the samples in medium to
highly plasticity except one which is low plastic. In addition, the majority of ceramic clay
pastes are acceptable to optimal for extrusion. The calculation of the specific surface area
(SSA) and cation exchange capacity (CEC) using the methylene blue index method provided
relatively low values reminiscent of kaolinite, illite and chlorite ones. This is consistent with
the mineralogical composition confirming the presence of non-clay minerals and the
dominance of illite, kaolinite and chlorite in clay fractions.
The clays of the north-eastern Rif are mainly used in the ceramic industry. These are abundant
raw materials in this sector, qualified to be used in the manufacturing of structural clay
4
Abstract
products such as common bricks, hollow products, roofing tiles and masonry bricks. Most of
these clays are suitable for acceptable to optimal extrusion. However, some of them must be
subjected to processing for the purpose of making them extrudable. Furthermore, a small part
of these materials is suitable for fine ceramics (stoneware tiles, majolica ...). They are located
mainly in the upper part of the Kert basin (some samples of Kebdani and Twount cross-
sections).
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Sommaire
Sommaire
Partie I : Généralités, matériels et méthodes.
Chapitre I : Contexte géologique général ...................................................................... 21
Chapitre II : Les argiles .................................................................................................. 47
Chapitre III : Matériels ..................................................................................................... 71
Chapitre IV : Méthodes .................................................................................................... 79
Partie II : Caractérisation des dépôts argileux du bassin néogène de Boudinar (Rif nord
oriental, Maroc).
Chapitre V : Caractérisation calcimétrique et sédimentométrique des dépôts argileux du
bassin néogène de Boudinar (Rif nord-oriental, Maroc) : implication sur l’évolution eustatique
et hydrodynamique du bassin et intérêt économique. .............................................................. 95
Chapitre VI : Caractérisation minéralogique, géochimique, et géotechnique des dépôts
argileux du bassin néogène de Boudinar (Rif nord oriental, Maroc) pour des applications
céramiques…………………………………………………………………………………..103
Partie III : Caractérisation et appropriation des marnes néogènes de la partie basse du bassin
de Kert (Rif nord oriental, Maroc) comme matières premières dans des applications
céramiques.
Chapitre VII : Caractérisation et appropriation des marnes néogènes du bassin de Kert
(Rif nord oriental, Maroc) comme matières premières dans des applications céramiques. ... 114
Partie IV : Qualification des matériaux argileux des coupes : Twount, Kebdani et Kert
(secteur Haut Kert), et la coupe Zaïo-Cap des Trois Fourches.
Chapitre VIII : Qualification des matériaux argileux des coupes : Twount, Kebdani et Kert
(secteur Haut Kert), et la coupe Zaïo-Cap des Trois Fourches. ............................................. 127
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Liste des figures
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Liste des figures
Figure I-12 : Carte géologique tectonique montrant la position du Rif externe dans la chaine
du Rif (Chalouan et al., 2001; Frizon de Lamotte, 1987; Michard et al., 2007; Negro et al.,
2008), modifiée. ....................................................................................................................... 38
Figure I-13: Carte géologique simplifié du bassin de Boudinar (Achalhi, 2016). ................... 42
Figure I-14 : Carte géologique simplifiée du bassin de Melilla-Nador (Cornée et al., 2002;
Münch et al., 2006), modifiée. ................................................................................................. 44
Figure II-1 : Les constituants de l’argile (Mukherjee, 2013). .................................................. 49
Figure II-2 : Tétraèdre de silice dans lequel l’ion de silicium (Si4+) central est lié à quatre
atomes d’oxygènes (O2-) (A) ; Couche tétraédrique formée par la liaison de plusieurs
tétraèdres en partageant les oxygènes basaux (B) (Grim, 1968). ............................................. 50
Figure II-3 : Couche tétraédrique. (T) : cation tétraédrique ; (Oxa) : atome d’oxygène apical ;
(Oxb) : atome d’oxygène basal ; a et b sont les paramètres de la cellule unitaire (Grim, 1968).
.................................................................................................................................................. 51
Figure II-4 : Octaèdre d’alumine dans lequel l’ion d’aluminium central (Al3+) est lié à six
hydroxyles (OH-) (A) ; Couche octaédrique formée par la liaison de plusieurs octaèdres en
partageant les arêtes (B) (Grim, 1968). .................................................................................... 51
Figure II-5 : Couche octaédrique. (O-trans) : octaèdre trans-orienté ; (O-cis) : octaèdre cis-
orienté ; (Oxa) : atome d’oxygène apical ; (Oxo) : anions octaédriques OH, F, Cl ; a et b sont
les paramètres de la cellule unitaire (Brigatti et al., 2014). ...................................................... 52
Figure II-6 : Distorsions du tétraèdre individualisé et de la couche tétraédrique pour ajuster les
dimensions des couches tétraédrique et octaédrique. Rotation de l’anneau tétraédrique (a) ;
Aplatissement tétraédrique (b) ; et Inclinaison tétraédrique (c) (Brigatti et al., 2014). .......... 53
Figure II-7: Différence entre les deux symétries : hexagonale et ditrigonale. ......................... 54
Figure II-8 : Déformation des couches tétraédrique et octaédrique (Velde et Meunier, 2008).
.................................................................................................................................................. 54
Figure II-9 : Structures cristallines des phyllosilicates dioctaédriques. Feuillet 1:1 (a) ; Feuillet
2:1 (b) (Meunier, 2005). ........................................................................................................... 55
Figure II-10 : Structures cristallines des phyllosilicates dérivant du feuillet 2:1. Présence
d’une couche interfoliaire de cations (A). Présence d’une couche octaédrique de type brucite
(B) (Velde et Meunier, 2008). .................................................................................................. 56
Figure II-11 : Empilement des feuillets de mica. Empilement de type 1M (A) ; Rotations
altérnées de ±120° (2M1) (B) ; Rotations successives de 120° (3T) (C) (Moore et Reynold,
1997)*....................................................................................................................................... 58
Figure II-12 : Séquences d’empilement dans la kaolinite, la dickite, et la nacrite vues
perpendiculairement au plan (001). Les cercles remplis représentent les sites octaédriques
occupés. Les carrés représentent les sites vacants (Moore et Reynold, 1997). ........................ 59
Figure II-13 : Projection des structures des quatre polytypes courants de la chlorite sur le plan
(010) (Shirozu et Bailey, 1965), modifié par (Moore et Reynold, 1997) (Les déplacements
sont exagérés pour raison de clarification). .............................................................................. 60
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Liste des figures
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Liste des figures
Figure V-6 : Corrélation entre la variation eustatique (Azdimousa et al., 2006) et la variation
calcimétrique verticale enregistrées durant le Messinien et le Pliocène dans le bassin de
Boudinar. ................................................................................................................................ 100
Figure VI-1 : Qualification minéralogique des argiles étudiées du bassin de Boudinar à travers
le diagramme ternaire de Strazzera et al. (1997), modifié d’après Dondi et al. (1992a), Dondi
et al. (1992b), Dondi et al. (1993), Dondi et al. (1994), Fabbri et Dondi (1995)................... 105
Figure VI-2 : Classification des échantillons étudiés dans le diagramme ternaire
Al2O3/Fe2O3/CaO (El Ouahabi et al., 2014a). ........................................................................ 106
Figure VI-3 : Variation du pourcentage de CaO en fonction du taux de CaCO3. .................. 107
Figure VI-4 : Diagramme ternaire Al2O3/Fe2O3+MgO+CaO/Na2O+K2O de la composition
chimique des échantillons analysés (Fiori et al., 1989).......................................................... 108
Figure VI-5 : Classification granulométrique des échantillons étudiés dans le diagramme
ternaire de Winkler (1954). .................................................................................................... 109
Figure VI-6 : Variation de la SST en fonction des fractions granulométriques. .................... 110
Figure VI-7 : Evaluation de la plasticité des échantillons étudiés selon la charte de plasticité
(Holtz et Kovacs, 1981), modifiée d’après (Casagrande, 1948). ........................................... 111
Figure VI-8 : Position des échantillons étudiés dans le diagramme de Bain (Bain, 1986;
Marsigli et Dondi, 1997). ....................................................................................................... 111
Figure VII-1 : Corrélation entre les profils d’Izaroren et d’Afza basée sur la composition
minéralogique et les niveaux pyroclastiques. ......................................................................... 119
Figure VII-2: Présentation des résultats granulométriques des échantillons étudiés du bas –
Kert dans le diagramme ternaire de Shepard (1954). ............................................................. 120
Figure VII-3: Présentation des résultats granulométriques des échantillons étudiés dans le
diagramme ternaire de Flemming (Flemming, 2000). ........................................................... 120
Figure VII-4: Projection des échantillons étudiés dans l’abaque de plasticité (Casagrande,
1947; Holtz et Kovacs, 1981). ................................................................................................ 121
Figure VII-5: Classification des échantillon étudiés dans le diagramme de Strazzera et al.
(1997). .................................................................................................................................... 122
Figure VII-6: Diagramme de Bain montrant le potentiel d’extrusion des échantillons étudiés
(Bain, 1986). ........................................................................................................................... 123
Figure VII-7: Projection des échantillons étudiés dans le diagramme ternaire granulométrique
de Winkler (1954). ................................................................................................................. 124
Figure VII-8: Projection des échantillons étudiés dans le digramme ternaire (Al 2O3)-
(Fe2O3+CaO+MgO)-(Na2O+K2O) (Fiori et al., 1989). .......................................................... 124
Figure VIII-1 : Diagrammes ternaires : (a) : Kaolinite/Illite/Chlorite, (b) :
Kaolinite/Illite/Smectite+Vermiculite (El Ouahabi et al., 2014b), modifiés, appliqués aux
échantillons argileux des coupes Twount, Kebdani, Kert et Zaïo-CTF. ................................ 131
Figure VIII-2 : Diagrammes ternaires : (a) : Kaolinite/Illite/Chlorite, (b)
Kaolinite/Illite/Smectite+Vermiculite (El Ouahabi et al., 2014b), modifiés, appliqués aux
échantillons argileux des coupes Izaroren, Afza, et du bassin de Boudinar. ......................... 132
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Liste des figures
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Liste des figures
Figure VIII-20 : Courbe d’ajustement linéaire des résultats de la calcimétrie des échantillons
non argileux. ........................................................................................................................... 157
Figure VIII-21 : Diagrammes ternaires Sable-Limon-Argil de Shepard (1954) (A), et de
Flemming (2000) (B). ............................................................................................................ 161
Figure VIII-22 : Diagramme ternaire de Winkler (1954). ..................................................... 162
Figure VIII-23 : Classification des échantillons argileux-marneux des coupes : Twount,
Kebdani, Kert et Zaïo-CTF, dans le système de Shepard (1954). .......................................... 164
Figure VIII-24 : Classification des échantillons argileux-marneux des coupes : Twount,
Kebdani, Kert et Zaïo-CTF, dans le système de Flemming (2000). ...................................... 165
Figure VIII-25 : Classification des échantillons argileux-marneux des coupes Izaroren et Afza
du secteur bas-Kert et du bassin de Boudinar, dans le système de Shepard (1954)............... 166
Figure VIII-26 : Classification des échantillons argileux-marneux des coupes Izaroren et Afza
du secteur bas-Kert et du bassin de Boudinar, dans le système de Flemming (2000). .......... 167
Figure VIII-27 : Qualification granulométrique des échantillons argileux-marneux des
coupes : Twount, Kebdani, Kert et Zaïo-CTF (Winkler, 1954). ............................................ 168
Figure VIII-28 : Qualification granulométrique des échantillons argileux-marneux des coupes
Izaroren et Afza du secteur bas-Kert et du bassin de Boudinar (Winkler, 1954). ................. 169
Figure VIII-29: Estimation des paramètres : tri granulométrique (a), porosité (b) et
perméabilité (c) dans le diagramme de McManus (1988), modifié par El Boudour El Idrissi et
al. (2018). ............................................................................................................................... 171
Figure VIII-30 : Classification des échantillons argileux des coupes de Kebdani, de Twount,
de Kert et de Zaïo-CTF dans la charte de plasticité (Casagrande, 1948; Holtz et Kovacs,
1981)....................................................................................................................................... 175
Figure VIII-31 : Diagramme de Bain indiquant les champs de plasticité appropriés pour une
extrusion optimale ou acceptable des pâtes des briques extrudées - coupes de Kebdani, de
Twount, de Kert et de Zaïo-CTF- (Bain, 1986; Marsigli et Dondi, 1997). ............................ 176
Figure VIII-32 : Classification des échantillons argileux des coupes d’Afza, d’Izaroren et du
bassin de Boudinar dans la charte de plasticité (Casagrande, 1948; Holtz et Kovacs, 1981).177
Figure VIII-33 : Diagramme de Bain indiquant les champs de plasticité appropriés pour une
extrusion optimale ou acceptable des pâtes des briques extrudées - coupes d’Afza, d’Izaroren
et du bassin de Boudinar - (Bain, 1986; Marsigli et Dondi, 1997). ....................................... 178
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Liste des tableaux
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Liste des tableaux
Tableau VIII-1 : Minéralogie des poudres (roche totale) des échantillons argileux-marneux
des coupes de Twount, de Kebdani, de Kert et de Zaïo-Cap des Trois Fourches. ................. 128
Tableau VIII-2 : Minéralogie de la fraction argileuse (< 2μm) des échantillons argileux-
marneux des coupes de Twount, de Kebdani, de Kert et de Zaïo-Cap des Trois Fourches. .. 129
Tableau VIII-3 : Minéralogie de la roche totale (poudres) des échantillons non argileux. .... 143
Tableau VIII-4 : Minéralogie de la fraction argileuse (< 2μm) des échantillons non argileux.
................................................................................................................................................ 144
Tableau VIII-5 : Composition chimique en oxydes et PAF des échantillons argileux des
coupes de Twount, de Kebdani, de Kert et de Zaïo-CTF. ...................................................... 145
Tableau VIII-6 : Calcimétrie des échantillons argileux du Rif nord-oriental par titrage et par
calcimètre de Bernard............................................................................................................. 155
Tableau VIII-7 : Calcimétrie des échantillons non argileux du Rif nord-oriental par titrage et
par calcimètre de Bernard. ..................................................................................................... 156
Tableau VIII-8 : Classification des matériaux en fonction du pourcentage massique de
carbonate (AFNOR, 1996). .................................................................................................... 156
Tableau VIII-9: Distributions granulométriques des échantillons argileux-marneux. ........... 163
Tableau VIII-10 : Valeur de bleu de méthylène (VBS), surface spécifique totale (SST) et
capacité d’échange cationique (CEC) des matériaux argileux du Rif nord oriental du Maroc, et
de certains minéraux argileux purs......................................................................................... 174
Tableau VIII-11 : Limites d’Atterberg (AFNOR, 1993) des échantillons argileux-marneux des
coupes : Kebdani, Twount, Kert et Zaïo-CTF. ....................................................................... 177
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Liste des abréviations
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Introduction générale
Introduction générale
Le Maroc est un pays de l’Afrique du nord qui occupe une place stratégique s’ouvrant sur la
mer Méditerranée et sur l’océan Atlantique. Son évolution paléogéographique depuis les
anciens âges géologiques lui a rendu un paradis géologique composé de différents domaines,
caractérisés chacun par une histoire géologique. Un paradis géologique sur les plans : reliefs
et géomorphologie, différentiation des domaines géologiques, vues panoramiques
pédagogiques, variétés étonnantes de roches, d’âges géologiques allant du Précambrien
jusqu’à l’Actuel, et des structures tectoniques de plis, de failles, de chevauchements, de
charriages, de pull-apart… Mais aussi sur le plan géoressources utilisées dans des champs
industriels très variés, que ce soit des minerais exploités dans des mines ou bien des matières
premières exploitées en carrières ou destinées au domaine de la construction.
Plusieurs travaux de recherches appliqués ont été effectués, visant la caractérisation et la
valorisation des argiles marocaines (El Boudour El Idrissi et al., 2016a; El Boudour El Idrissi
et al., 2018; El Boudour El Idrissi et al., 2016b; El Ouahabi, 2013; El Ouahabi et al., 2014a;
El Ouahabi et al., 2014b; EL Ouahabi et al., 2016; Lahcen et al., 2014; Mesrar et al., 2013;
Mesrar et al., 2017). Ce champ d’étude intéresse aussi d’autres pays maghrébins et africains
tels que l’Algérie (Baghdad et al., 2017), la Tunisie (Boussen et al., 2016; Hammami-Ben
Zaied et al., 2015; Mahmoudi et al., 2016; Mahmoudi et al., 2017), la République
Démocratique du Congo (Osomba, 2012), le Cameroun (Fadil-Djenabou et al., 2015; Kamseu
et al., 2007; Pountouenchi et al., 2018)… En effet, la plupart de ces argiles sédimentaires
étudiées profitent déjà de certaines utilisations soit dans la poterie ou bien dans la production
des briques comme les argiles de Marrakech et de Meknès.
Au nord-ouest du Maroc (région de Tétouan), les marnes sableuses du Pliocène supérieur
montrent des teneurs élevées en muscovite (43-57%) et en minéraux argileux (30%). Leur
fraction argileuse est majoritairement formée d’illite (88%). Les formations argileuses
pliocènes sont des argiles limoneuses (92% de la fraction 2-20µm), présentant des plasticités
faibles à moyennes et sont convenables aux produits de construction à base d’argile (El
Ouahabi et al., 2014a; El Ouahabi et al., 2014b).
Dans la région de Tanger (nord-ouest du Maroc), les dépôts marneux pliocènes sont des
argiles sableuses (70-88% de la fraction 2-20 µm) montrant une variabilité minéralogique. Le
quartz et les minéraux argileux présentent des taux qui varient dans les intervalles 29-61% et
24-48% respectivement. La fraction argileuse est dominée par l’illite (56-82%). Ces marnes
sont moyennement plastiques, convenables aux tuiles de toiture et aux produits de
construction en argile (El Ouahabi et al., 2014b).
Dans le nord-central du Maroc (région de Meknès), les marnes sableuses jeunes du Miocène,
situées dans le bassin de Saïs, sont généralement homogènes. Elles sont composés d'argile
totale (27-45%), de quartz (19-27%) et de calcite (20-28%). L’illite (45-58%) domine
toujours dans la fraction argileuse, avec apparition de quantités variables de smectite. Ces
16
Introduction générale
marnes sont donc illitiques et très plastiques, elles conviennent parfaitement aux produits de
construction à base d'argile (El Ouahabi et al., 2014a; El Ouahabi et al., 2014b).
Dans la région de Fès (Maroc nord-central), les marnes grises miocènes sont également
illitiques, présentant des plasticités moyennes à élevées. Ce sont des argiles limoneuses
contenant 23 à 37% de minéraux argileux avec la prédominance d’illite. A l’image des marnes
miocènes de la région de Meknès, les marnes de Fès conviennent aussi aux produits de
construction à base d'argile (Mesrar et al., 2013). En outre, une composition minéralogique
similaire a été observée dans les marnes miocènes de la région de Taza (nord-central du
Maroc) formée par le quartz, la calcite, la dolomite, l’illite et la kaolinite (Mesrar et al., 2017).
Or, celles du Rif nord oriental ne sont pas exploitées sauf les argiles de la région de Zaïo qui
sont utilisées dans l’industrie briquetière. D’autres argiles, les bentonites en particulier, sont
exploitées dans la région de Nador, dans le pourtour du cratère volcanique de Gourougou.
Les argiles sédimentaires du Rif nord oriental du Maroc représentent d’énormes remplissages
des bassins sédimentaires néogènes du secteur. La région a bénéficié d’une multitude d’études
d’ordre sédimentologique, stratigraphique, paléontologique, structurale, géophysique…
Toutefois, aucune étude de caractérisation des argiles dans des fins de valorisation n’a été
effectuée.
D’un autre côté, la région septentrionale du Maroc a bénéficié d’un projet phare qui est la
construction de la rocade reliant Saïdia à Tanger tout en traversant la côte méditerranéenne du
Maroc. Une telle infrastructure permettra le désenclavement de la région et facilitera
d’éventuel exploitation en vrac ou en produits finis de ces argiles. Il reste à valoriser ces
matières premières par une étude scientifique qualifiante et comparative. Dans ce cadre, le
présent travail vise à caractériser les argiles sédimentaires du Rif nord oriental marocain par
des études minéralogiques, géochimiques, granulométriques et géotechniques afin de mettre
en évidence leurs utilisations possibles qui pourront garantir un développement durable à la
région et qui vont enrichir les bases de données de la géologie fondamentale du Maroc.
17
Problématique et conception de l’étude
18
Structure du manuscrit
Structure du manuscrit
Le manuscrit de cette thèse s’articule en quatre parties, chacune d’elles est formée d’un
ensemble de chapitres. Il se termine par une conclusion générale qui résume et compare les
résultats obtenus. La première partie est consacrée à une étude bibliographique générale. Elle
comportera quatre chapitres :
Le premier chapitre est dédié au contexte géologique général par un cadrage
géographique et géologique. Ce chapitre consiste à une étude de l’histoire géologique
du Rif, et en particulier du Rif nord oriental, et ses bassins sédimentaires ;
Le deuxième chapitre est titré "argiles". Il est indispensable pour comprendre la
composition des argiles, leur structure, leur classification, et les domaines d’utilisation.
Ce chapitre aide aussi à mieux utiliser les logiciels d’analyse diffractométrique et à bien
appréhender la relation entre la minéralogie, la géochimie et les propriétés physiques
des matériaux argileux ;
Le troisième chapitre s’intéressera au matériel utilisé, les échantillons prélevés, leurs
coordonnées, les coupes d’échantillonnage et leurs emplacements dans la carte
géologique régionale ;
Le quatrième chapitre cite les différentes méthodes analytiques utilisées dans l’étude
des matériaux échantillonnés.
La deuxième partie de ce manuscrit édite et discute les résultats obtenus dans le bassin de
Boudinar :
Elle commence par le chapitre numéro cinq, dans l’arrangement général des chapitres. Il
discute l’étude calcimétrique et sédimentométrique des argiles du bassin néogène de
Boudinar. Ce sont des résultats préliminaires d’une étude sédimentologique de ces
matériaux ;
Un sixième chapitre débat l’utilisation des argiles du bassin de Boudinar dans la
production céramique à travers des études minéralogiques, géochimiques,
granulométrique et géotechniques.
La troisième partie s’intéresse aux résultats obtenus dans le secteur bas du bassin de Kert. Elle
se compose d’un seul chapitre :
Le septième chapitre est une étude sédimentologique, minéralogique, géochimique et
géotechnique des argiles du bas-Kert, aux environ de l’embouchure d’oued Kert, dans
un but de valorisation dans le domaine céramique ;
La quatrième partie est une caractérisation des matériaux argileux du secteur Haut Kert, et de
la coupe Zaïo-Cap des Trois Fourches. Elle est aussi formée d’un seul chapitre :
Le huitième chapitre édite, discute et compare les résultats minéralogique, géochimique,
granulométrique et géotechnique obtenus dans la partie haute du bassin de Kert, à
travers ses trois coupes : Twount, Kebdani et Kert ; et dans le bassin de Moulay Rachid
à travers la coupe Zaïo-Cap des Trois Fourches.
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Partie I : Généralités
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Chapitre I : Contexte géologique général
I. Introduction
En raison de la croissance remarquable du secteur de la construction, le Maroc est devenu un
puissant producteur et consommateur d'argiles céramiques. En particulier, la région du Rif
(nord du Maroc) est principalement remplie d’argiles d’âge Néogène. Ces matériaux argileux
ont particulièrement suscité l'attention des chercheurs depuis quelques années.
En outre, Le Rif marocain a été soumis à une énorme sédimentation argileuse durant la
période Néogène. Plusieurs projets de recherche ont été menés pour évaluer l'adéquation de
ces dépôts aux produits céramiques dans l'ouest du Rif (Tanger et Tétouan) mais également
dans le centre du Maroc (Meknès, Fès, Salé et Safi) (El Ouahabi et al., 2014a; El Ouahabi et
al., 2014b) et dans la région de Marrakech (El Boudour El Idrissi et al., 2016a; Lahcen et al.,
2014). Aussi, le Rif oriental a fait l’objet de nombreux travaux limités à des études
géologiques, sédimentologiques, paléontologiques, géophysiques et structurales (Achalhi,
2016; Achalhi et al., 2016; Amar et al., 2015; Asebriy et al., 1993; Azdimousa et al., 2007;
Azdimousa et al., 2006; Cornée et al., 2016; El Ouahabi et al., 2007; Frizon de Lamotte,
1987; Frizon de Lamotte et Leikine, 1985; González et al., 2016; Guillemin et Houzay, 1982;
Jabaloy-Sánchez et al., 2015; Michard et al., 2008; Nasri et al., 2016). Cependant, aucune
étude sur les marnes néogènes de la région n’a été effectuée. Dans ce contexte, la présente
étude vise à caractériser les matériaux argileux Rif nord-oriental du Maroc, et à évaluer leur
appropriation aux productions céramiques à travers des analyses minéralogiques,
géochimiques, sédimentologique et géotechniques (plasticité et surface spécifique).
La compréhension de la mise en place des gisements argileux du Rif est liée à la géologie
régionale du domaine rifain. Le présent chapitre constituera un support bibliographique
discutant l’histoire géologique et la structure du Rif.
21
Chapitre I : Contexte géologique général
Figure I-1 : Position du secteur d’étude dans le schéma structural du Rif nord-oriental (Maroc)
(Jabaloy-Sánchez et al., 2015), modifié.
22
Chapitre I : Contexte géologique général
en Ouest à partir d’un golf ouest Pacifique hérité de l’ère primaire (Aubouin, 1981), qui
sépare deux grands continents : la Laurasia au nord (Amérique du nord, Europe, et Asie), et le
Gondwana au sud (Amérique du sud, Afrique, Australie, et Antarctique). En effet, la
séparation complète entre ces deux continents n’est compète avant la fin du Jurassique
(Aubouin, 1981). Dès lors, la Téthys commence à se refermer. Le Gondwana se fracture en
Gondwana Ouest (Afrique, Amérique du sud), et Gondwana Est (Inde, Australie, et
Antarctique).
L’ouverture de l’Atlantique Nord débute à l’Aptien (Crétacé inférieur) depuis le Sud vers le
Nord selon une coupure en ciseau. Ceci provoque une rotation antihoraire de l’Ibérie.
L’ouverture continue vers le Nord séparant ainsi l’Amérique du Nord de l’Europe.
Au Crétacé inférieur, l’Afrique se sépare de l’Amérique du Sud donnant naissance à
l’Atlantique du Sud. Puis, au Crétacé supérieur, l’Atlantique Sud continue à s’ouvrir mais
avec une cadence plus rapide que son homologue Nord. Le comportement de l’Afrique dans
ce contexte géodynamique a passé d’un mouvement décrochant senestre (par rapport à
l’Europe) durant le Jurassique supérieur-Crétacé inférieur vers une convergence relative à
partir de l’Aptien et durant le reste du Crétacé. La convergence entre l’Afrique et l’Europe a
commencé durant une période appelée CNS (Cretaceous Normal Superchron) entre 120 et 83
Ma (Rosenbaum et al., 2002). Depuis lors, la région a connu deux périodes de convergence
relativement rapide au cours du Crétacé supérieur et de l’Eocène-Oligocène, alternant avec
deux périodes de convergence plus lente : durant le Paléocène et depuis le Miocène inférieur
(Rosenbaum et al., 2002). Cependant, un maximum de convergence N-S entre l’Afrique et
l’Europe de l’ordre de 135 km a eu lieu depuis l’Oligocène (25 Ma) jusqu’à l’actuel (Dewey,
1988; Gueguena et al., 1998) (Figure I-2).
Figure I-2 : Trajectoires tectoniques des plaques depuis 170 Ma jusqu’à l’actuel (Capitanio et Goes,
2006; Handya et al., 2010).
23
Chapitre I : Contexte géologique général
2. La géodynamique tertiaire
Depuis le Crétacé supérieur, le rapprochement progressif des deux plaques, Afrique et
Europe, a engendré la fermeture d’un domaine océanique qui est la Téthys (Michard et al.,
2002). A l’Eocène supérieur-Oligocène, la compression atteint son paroxysme, avec
plissement et chevauchement formant la chaîne rifaine puis migration de la déformation
chevauchante vers les zones externes. Cela a provoqué une collision entre l’Afrique et
l’Eurasie (Jolivet et Faccenna, 2000).
A l’Oligocène, une phase d’extension a affecté le système. Elle a commencé depuis la
Méditerranée occidentale (Golf de Lion, Valence, et la Mer d’Alboran) entre 30 et 25 Ma, et
entre le massif de Maures et Corsica entre 33 et 27 Ma. Dans la Méditerranée orientale,
l’extension a débuté dans la mer Egée à l’Oligocène-Miocène inférieur (Jolivet et Faccenna,
2000). Le mouvement de l’Afrique par rapport à l’Europe prend un sens NNE pendant la
période Oligocène supérieur-Burdigalien (Aquitanien-Burdigalien : Miocène inférieur) qui
change vers une tendance NNW depuis le Langhien (début du Miocène moyen) jusqu’au
Tortonien inférieur (Mazzoli et Helman, 1994).
Jusqu’au Miocène moyen, la déformation du système est contrôlée par la convergence
Afrique-Europe. Dès le Miocène moyen, une extension de direction E-O dans des conditions
fragiles et ductiles a été identifiée dans le système (bassin d’Alboran) (Negro et al., 2008).
Puis, la déformation est dominée par la migration de l’ensemble de l’Arc de Gibraltar vers
l’Ouest en plus de la convergence Afrique-Europe. Depuis le Tortonien supérieur, une nette
convergence mène l’Afrique à mouvoir dans la direction NO (Mazzoli et Helman, 1994).
Avant le Messinien (Miocène supérieur), la mer méditerranée communiquait avec l’océan
atlantique par deux corridors, Nord-Bétique et Sud-Rifain (Dercourt et al., 2000; Rouchy,
1982). Tout d’abord, la Méditerranée à été reliée à l’océan Atlantique au Tortonien inférieur
et avant 8 Ma (11,6-8 Ma) puis des connections marines se sont établies à travers le détroit
nord-Bétique entre 9 Ma et 8 Ma (Martín et al., 2014; Martín et al., 2009; Soria et al., 1999).
Cependant, le détroit Rifain n’a pas existé avant 8 Ma (Achalhi, 2016). Les connections
marines à travers les couloirs Sud et Nord du détroit Rifain ont été mises en place aux
environs de 8 Ma (Tortonien supérieur) (Achalhi, 2016; Krijgsman et al., 1999b). Le début de
la restriction de la voie maritime par le corridor nord-Bétique était diachrone entre les
différents bassins du sud de l’Espagne entre 7,8 et 7,24 Ma (Corbí et al., 2012). Cependant,
des conditions marines ouvertes prévalaient toujours en Méditerranée pendant les premières
parties du Miocène supérieur (Hsu et al., 1977).
Au Messinien (6,9 Ma), cette communication s’est interrompue (Martín et al., 2014), au
moins épisodiquement (Rouchy, 1982). Les couloirs nord- et sud-Rifains, quant à eux, se sont
ouvert au Tortonien supérieur (Achalhi, 2016; Krijgsman et al., 1999b). Puis ils ont connu une
phase de restriction progressive durant le Messinien. Et finalement, ils se sont fermé,
simultanément, au Messinien supérieur (après 6,1 Ma) (Achalhi, 2016; Ivanovic et al., 2013;
Krijgsman et al., 1999b) (Figure I-3) à cause d’un soulèvement orogénique par
24
Chapitre I : Contexte géologique général
chevauchement du Prerif sur le Moyen Atlas entre le bassin de Saïs et le bassin de Taza-
Guercif (Krijgsman et al., 1999a). Hodell et al. (2001) ont, également, démontré que la
restriction de la méditerranée au Messinien inférieur est liée à la tectonique qui a provoqué
des changements au niveau des corridors nord-Bétiques et sud-Rifains, plutôt que des
variations glacio-eustatiques du niveau marin. Cette tendance a été appuyée par d’autres
études qui ont affirmé que la fermeture de ces corridors s’est faite suite à une surrection
importante due à la convergence Afrique-Europe d’âge Miocène (Achalhi, 2016; Duggen et
al., 2003; Martín et al., 2001).
Figure I-3 : Cartes paléogéographiques montrant l’évolution des connections entre l’océan Atlantique
et la mer Méditerranée à travers le nord du Maroc et le sud de l’Espagne depuis le Tortonien inférieur
jusqu’au Messinien supérieur (Achalhi et al., 2016; Flecker et al., 2015; Martín et al., 2014; Martín et
al., 2009; Martín et al., 2001).
25
Chapitre I : Contexte géologique général
26
Chapitre I : Contexte géologique général
3. La structure du Rif
Le Rif est une chaîne de montagne qui borde le nord du Maroc dessinant un arc à convexité
tournée vers l’avant-pays et montrant des charriages importants. Elle fait partie de la grande
chaine Alpine Méditerranéenne qui est le résultat de l’orogenèse Alpine. C’est le segment
occidental de la ceinture des Maghrébides d’une longueur de 2000 kilomètres qui borde
l'Afrique du nord et la Sicile du sud de la mer Méditerranée (Bouillin et al., 1986; Chalouan et
Michard, 2004). Elle forme le flanc sud de l’arc de Gibraltar, le flanc nord correspond aux
Cordillères Bétiques (Chalouan et al., 2008). Cet arc se ferme presque complètement à l’ouest
de la Méditerranée illustrant l'association intime de deux processus opposés, à savoir la
formation des montagnes et l'effondrement subséquent. Ce dernier processus a formé la Mer
d'Alboran dans le cœur du système alors que les chevauchements et les plis sont propagés
vers les zones externes (Andrieux, 1971; Berndt et al., 2015; Chalouan et al., 2008; Durand-
Delga, 1980).
27
Chapitre I : Contexte géologique général
Le Rif est composé de trois principaux domaines structuraux (Chalouan et Michard, 2004;
Chalouan et al., 2001; Durand-Delga, 1980; Suter, 1980a) qui sont du sud vers la côte
méditerranéenne : le Rif externe, le complexe Maghrébin des nappes de flysch, et le Rif
interne appelé aussi domaine d’Alboran (Chalouan et al., 2001; Chalouan et al., 2008;
Jabaloy-Sánchez et al., 2015) (Figure I-6). Chaque domaine correspond à des complexes
tectoniques d’unités empilées ou nappes avec des lithologies similaires dans un même
complexe, mais différentes d'un complexe à un autre (Chalouan et al., 2008).
Figure I-6 : Carte géologique des principaux domaines géologiques dans le système orogénique
Bétique-Rif entourant la mer d’Alboran (Jabaloy-Sánchez et al., 2015), modifiée.
Le Rif interne est une terrane originaire d’un bloc exotique constituée d’unités continentales
déplacées sur des centaines de kilomètres vers l’ouest (Chalouan et al., 2008). Ce domaine
borde la mer d’Alboran depuis Sebta jusqu’à Al Hoceima. Il est formé par trois complexes de
nappes d’origine continentale, d’ailleurs trouvées aussi dans les zones Bétiques internes,
montrant de fortes affinités stratigraphiques (Chalouan et Michard, 2004; Chalouan et al.,
2001). Ces nappes comprennent, du NE au SO et structurellement de bas en haut : les
Sebtides, les Ghomarides et la Dorsale calcaire (Figure I-7) (Chalouan et Michard, 2004;
Chalouan et al., 2001; Chalouan et al., 2008; Vitale et al., 2015).
28
Chapitre I : Contexte géologique général
Figure I-7 : Carte structurale (A) et coupes géologiques (B) des zones internes du Rif septentrional
(Chalouan et Michard, 1990; Chalouan et al., 2008).
29
Chapitre I : Contexte géologique général
Le complexe des Sebtides est la nappe inférieure du Rif interne. Il est dominé par des roches
crustales relativement profondes telles que les micaschistes, les migmatites et les granulites
associés aux péridotites mantelliques de Beni Bousera (Chalouan et al., 2008). Il est constitué
d’un certain nombre d'unités métamorphiques affectées par un métamorphisme alpin de grade
faible à élevé, et déformées par les antiformes de Beni Bousera et de Beni Mezala (Chalouan
et Michard, 2004). Ces unités sont du haut vers le bas : les unités Federico, les schistes et les
gneiss de Filali, les kinzigites et les péridotites de Beni Bousera, et les gneiss de Sebta (Berndt
et al., 2015; Michard et al., 1997). Les roches des Sebtides sont carottées dans le bassin
d’Alboran justifiant le nom du "Domaine d’Alboran" à ce complexe (Chalouan et al., 2008),
et les grades métamorphiques enregistrés diffèrent d’une unité à l’autre, et au sein d’une
même unité (Figure I-8).
Figure I-8 : Carte métamorphique de l’antiforme de Beni Mezala (a). Conditions P/T calculées dans
les métapélites permo-triasiques (b). Carte métamorphique de la partie sud des Sebtides (c).
Conditions P/T correspondants (d) (Bouybaouene et al., 1995; Michard et al., 1997; Saddiqi et al.,
1988; Zaghloul, 1994).
30
Chapitre I : Contexte géologique général
Les unités Federico constituent une couverture permo-triasique qui coiffent un socle
paléozoïque. Ce dernier est formé par les unités du Filali recouvrant l’unité de Beni Bousera à
travers une zone de cisaillement ductile soustractive (Chalouan et al., 2008). Les unités
Federico forment la partie haute du complexe des Sebtides. Elles sont composées
essentiellement de phyllites, de quartzites permo-triasiques et des méta-carbonates triasiques.
Les quatre unités Federico, à savoir du haut vers le bas : l’unité de Tizgarine, l’unité de
Boquete Anjera, l’unité de Beni Mezala 2 et l’unité de Beni Mezala 1, montrent des
séquences stratigraphiques similaires. Les conditions métamorphiques de pression et de
température augmentent depuis l’unité sommitale vers le bas. En effet, l’unité de Tizgarine
enregistrent des conditions de Basse Température/Basse Pression (environ 300°C/1-3Kbar) ;
l’unité sous-jacente de Boquete Anjera exhibe des conditions de Moyenne Pression (environ
7Kbar)/Basse à Moyenne Température (environ 300-380°C) ; ensuite, l’unité de Beni Mezala
2 montre des conditions allant de 8-10Kbar/380-420°C à 12-15Kbar/430-450°C ; l’unité
basale de Beni Mezala 1 enregistre des conditions allant de 12-15Kbar/430-480°C à environ
20Kbar/550°C (Bouybaouene et al., 1995; Michard et al., 1997). Un pic métamorphique a été
enregistré à la base de l’unité basale de Beni Mezala 1 (sub-unité de Benzu) avec une pression
minimale de 14Kbar/550°C (Michard et al., 1997).
Sous les unités Federico, l’unité sous-jacente du Filali est composée de schistes et gneiss de
grade élevé (HP/HT à MP/HT) dont la température varie entre 530°C au sommet et 780°C à la
base, et une pression maximale de 7Kbar (Chalouan et Michard, 2004). Cette unité forme une
enveloppe métamorphique de forme dômale entourant l’unité de Beni Bousera (corps de
péridotite) (Figure I-9). La forme dômale a été vérifiée par des études géophysiques récentes
(Amar et al., 2015). Cette enveloppe est formée de granulites métapéllitiques migmatitiques
HP qui passent aux gneiss à sillimanite puis aux schistes à biotite-staurotite (Rossetti et al.,
2013).
Figure I-9 : Emplacement des unités du Filali et les péridotites de Beni Bousera dans la carte
géologique régionale de la Méditerrannée occidentale (A) ; Carte géologique des péridotites de Beni
Bousera entourées par l’enveloppe métamorphique des unités du Filali (B) (Rossetti et al., 2013).
31
Chapitre I : Contexte géologique général
L’unité de Beni Bousera est un énorme corps de péridotite qui mesure au moins 2 kilomètres
d’épaisseur, surmonté d’éclats discontinus de granulites (kinzigites). C’est l’un des plus
grands massifs mantelliques à travers le monde qui affleure sur une superficie de 70km2 à
60km au SE de Tétouan. C’est une antiforme avec un axe de pli orienté NO-SE constituée de
granulites (kinzigites) et de péridotites (principalement des lherzolites à spinelle et des
harzburgites). Finalement, l’unité de Sebta est constituée d’orthogneiss (Berndt et al., 2015;
Chalouan et Michard, 2004; Chalouan et al., 2001; Rossetti et al., 2013).
Le complexe des Sebtides est recouvert, à travers un détachement régional, par un ensemble
supérieur qui correspond au complexe des Ghomarides. Ce dernier est formé par des roches
paléozoïques affectées par un métamorphisme varisque partiellement superposé par une
recristallisation alpine faible et des reliques de leur couverture mésozoïque et cénozoïque. Le
complexe Ghomaride comprend quatre nappes empilées de stratigraphies paléozoïques
différentes, particulièrement la période dévonienne et carbonifère (Azzouz, 1992; Chalouan et
Michard, 1990; Chalouan et al., 2008). Du bas vers le haut, les nappes d'Aakaili, de Koudiat
Tizian et de Beni Hozmar, se développent dans le nord du Rif et en partie dans le Bokoya.
La nappe de Talembote, la plus haute, forme un grand klippe tectonique sur la Dorsale dans la
région de l'Oued Laou (Figure I-7) et quelques petits affleurements dans le Bokoya. Les
nappes sont séparées les unes des autres par des reliques de leur couverture mésozoïque-
cénozoïque, principalement du Trias (Azzouz, 1992; Chalouan et Michard, 1990; Chalouan et
al., 2008). Les nappes sont constituées, chacune, de métasédiments paléozoïques Eo-varisques
et varisques enregistrant un métamorphisme de très faible à faible grade. Elles sont
recouvertes en discordance par des lits rouges triasiques, des calcaires liasiques, des
calcarénites d’âge Paléocène-Eocène, et éventuellement par des dépôts clastiques post-nappes
d’âge Oligocène supérieur-Miocène (Chalouan et Michard, 2004; Romagny et al., 2014).
Le Rif interne comprend également un complexe de nappe de charriage mésozoïque-
cénozoïque à dominance carbonatée triasique-liasique appelée Dorsale Calcaire (Chalouan et
al., 2008). Ce complexe, bordant le Rif interne vers l’extérieur, est formé de successions
allant du Trias au Miocène inférieur (Chalouan et al., 2008; Vitale et al., 2015; Vitale et al.,
2014a; Vitale et al., 2014b).
Géographiquement, la dorsale calcaire est subdivisée en trois secteurs, alignés depuis le
détroit de Gibraltar jusqu’à Al Hoceima, à savoir : le secteur du Haouz situé entre Sebta et
Tétouan, le secteur situé entre Tétouan et Jebha, et le secteur du Bokoya qui affleure à l’ouest
d’Al Hoceima (El Talibi et al., 2015). Selon la paléogéographie mésozoïque, la Dorsale
Calcaire (DC) est subdivisée en DC interne (DCI) et DC externe (DCE) (Chalouan et al.,
2008; Vitale et al., 2015).
La DCI est formée d’une brèche dolomitique d’eau peu profonde (plate forme intertidale à
suppratidale) d’âge Norien-Rhétien-Hettangien. Cependant, la série stratigraphique de la DCE
commence par des dépôts d'eau peu profonde composés de dolomies stromatolitiques
laminées du Trias supérieur avec des interlits marno-calcaires, suivis par des alternances
32
Chapitre I : Contexte géologique général
marne-dolomie-calcaire et des shales noirs d’âge Rhétien, puis des calcaires massifs
hettangiens. Au Sinémurien, les faciès de plate forme carbonatée persistent dans la DCI avec
des calcaires blancs riches en structures stromatolitiques et en Dasycladacées, et dépourvus de
faciès de dolomicrite stratifiés alors que les unités de la DCE passent au facies de talus et de
bassin avec des calcaires foncés partiellement dolomitiques, des calcaires et des dolomies à
silex (Chalouan et al., 2008; Lallam et al., 1997; Vitale et al., 2015; Vitale et al., 2014b).
Dans le massif du Bokoya, la DCE, formée par les séries dolomitiques triasiques, a été
subdivisée en 5 ensembles lithostratigraphiques d’épaisseur hectométrique, et délimités à
leurs bases par des discordances cartographiques. Elle a été mise en place dans un contexte
tectonique subsident suivant deux composantes stratigraphiques (2 ordres) d’évolution
commune, régressive et de comblement (Azzouz, 2007). L’évolution Jurassique-Paléocène
dans la DCI implique plusieurs phases d’émersion et de subsidence culminant dans le dépôt
de schistes noirs. Néanmoins, la DCE comprend une succession condensée et continue du
bassin. À partir de la fin de l'Oligocène jusqu'à l'Aquitanien, les deux domaines ont présenté
un réceptacle de sédimentation syn-orogénique (Vitale et al., 2015).
En effet, le toit des calcaires massifs blancs du Lias inférieur (Sinémurien) est affecté par un
épisode de karstification avec une lacune de sédimentation datée du Sinémurien supérieur-
Carixien inférieur (Pliensbachien inférieur). Le paléokarst a été rempli et recouvert de
sédiments au Carixien moyen. La sédimentation se suit au Domérien (Pliensbachien
supérieur)-Toartien par des calcaires noduleux gris, des calcaires bioclastiques et des faciès
ammonitico rosso. Puis, une deuxième lacune de sédimentation avec une érosion de certaines
parties de la DCI est datée du Dogger (Jurassique moyen-base du Jurassique supérieur).
Ensuite, la sédimentation du Kimméridgien supérieur-Tithonien se reprend avec des
radiolarites rouges, des calcaires massifs verdâtres et des calcaires à silex et à Saccocoma
suivis de calcaires micritiques à Saccocoma et calcaires à Calpionella du Tithonien-
Berriasien. La période Crétacé inférieur-Crétacé supérieur a connu un troisième épisode de
lacune (post Berriasien-anté Campanien) mis en évidence par ravinement, et rempli par des
marnes rouges et blanches à Globotruncana datant du Campanien-Maastrichtien (Crétacé
terminal). La sédimentation pré-orogénique se termine par des schistes paléocènes noirs à
Globiggerina (Chalouan et al., 2008; El kadiri et al., 1992).
Cependant, La DCE exhibe des carbonates liasiques de plateforme, suivis de calcaire et
dolomie à silex, des marno-calcaires et des radiolarites vertes et rouges du Lias-Malm. Le
faciès change à des calcaires marneux et des marnes multicolores au Crétacé. Puis, des dépôts
condensés du Paléocène prennent place. Ils sont formés de marnes jaunes, des schistes noirs et
des calcaires sombres surmontés de marnes, arénites et calcarénites de l’Eocène inférieur et
moyen. Ensuite, des dépôts chaotiques de conglomérats et de brèches calcaires d’âge Eocène
supérieur-Oligocène supérieur surviennent. La série se termine par une alternance de marnes
et de sables calcaires de l’Aquitanien-Burdigalien inférieur (Miocène inférieur) (Lallam et al.,
1997; Vitale et al., 2015; Vitale et al., 2014a; Vitale et al., 2014b).
33
Chapitre I : Contexte géologique général
Les unités de la dorsale calcaire recouvrent un ensemble de nappes empilées qui sont, du haut
vers le bas, les unités : Prédorsalienne, Mauretanienne et Massylienne. Ces unités forment un
complexe tectonique appelé Flysch Maghrébin. Ainsi, la DCI s’empile en charriage sur l'unité
prédorsalienne. Cette dernière est un domaine étroit présentant une ancienne zone de
transition vers le Bassin océanique de Flyschs Maghrébins (BFM). Elle consiste en une
séquence sédimentaire silico-clastique allant du talus au bassin, composée principalement de
turbidites silicoclastiques avec plusieurs débris carbonatés, macro-brèches et olistolithes
indiquant une localisation paléogéographique interne dans le Bassin de Flyschs Maghrébins, à
proximité du domaine de la dorsale calcaire (Chalouan et al., 2008; Vitale et al., 2015).
Le domaine interne a été dénudé par exhumation tensionnelle associée à un refroidissement
rapide pendant le Miocène inférieur et moyen (Azdimousa, 1999; Azdimousa et al., 2013;
Romagny et al., 2014). Ce domaine a enregistré un événement thermique d’âge Burdigalien
(20-19 Ma) (Azdimousa, 1999) à Burdigalien-Langhien (18-15 Ma) (Romagny et al., 2014),
caractérisé par des températures supérieures à 350°C dans les Sebtides du massif de Beni
Bousera et dans l’unité Ghomaride d’Akaili, et atteignant une température proche de 300°C
dans l’unité Ghomaride de Beni Hozmar. Le Rif interne a traversé l’isotherme 100°C au
Langhien (vers 16-15 Ma) (Azdimousa, 1999). Cette exhumation a été subséquente aux
principaux événements métamorphiques et tectoniques paroxysmaux qui ont affecté les
domaines interne et externe (Andrieux, 1971; Azdimousa, 1999; Azdimousa et al., 1998;
Azdimousa et al., 2013). Cette phase de surrection a marqué les derniers événements en
relation avec l’individualisation de l’arc de Gibraltar et l’évolution de la mer d’Alboran
(Bourgois, 1978; Iribarren et al., 2007).
34
Chapitre I : Contexte géologique général
La suture finale de l'Océan Maghrébin entre l’AlKaPeCa (bloc formé de : Alboran, Kabylie,
Péloritain et Calabre) et l’Afrique vers l’Oligocène supérieur-Miocène inférieur a entraîné la
formation d'un empilement de nappes constituées de sédiments turbiditiques dominants
(flyschs) accumulées dans un bassin océanique (Figure I-11) (Chalouan et al., 2008).
Cependant, d’autres études ont démontré que l’évolution tectonique de l’arc de Gibraltar qui a
mené à la déformation compressive du Bassin de Flyschs Maghrébins et à la collision entre
les unités Bético-Rifaines, ancré à la plaque Ibérique, et la marge Africaine a commencé au
Miocène moyen (de Capoa et al., 2007).
Figure I-10 : Catre strcuturale de la chaîne du Rif (a) d’après Suter (1980a); Suter (1980b) et Chalouan
et al. (2008), modifiée par Amar et al. (2015) ; Coupes interprétatives AB et BC de la figure (I-10 a)
(b) à partir de données géologiques (Chalouan et al., 2008; Suter, 1980a; Suter, 1980b) et
géophysiques (Amar et al., 2015).
35
Chapitre I : Contexte géologique général
Figure I-11 : Carte paléogéographique illustrant la position du Bassin des Flyschs Maghrébins dans la
Méditérranée occidentale au Rupélien (Oligocène inférieur) (Thomas, 2011). Les abréviations du bloc
AlKaPeCa sont: B : Bétique ; R : Rif ; Cs : Corse ; Sa : Sardaigne ; Ca/P : Calabre et Péloritan ; G :
bloc de Galite ; Pka : Petite Kabylie ; Gka : Grande Kabylie.
Les unités Maurétanéennes se composent de deux successions principales qui ont formé,
probablement, une seule unité stratigraphique détachée par la suite le long d’un niveau
crétacé. Ce sont les séquences triasiques-crétacés de Tizirène et crétacés-miocènes inférieur
de Beni Ider (Vitale et al., 2015). Les successions commencent par des sédiments pélagiques
siliceux et carbonatés du Jurassique supérieur-Crétacé inférieur, suivis de dépôts pélagiques
marneux et argileux à intercalations plus ou moins fréquentes et épaisses de turbidites
gréseuses ou calcaires du Crétacé-Paléogène. La succession se termine par une formation
turbiditique silico-clastique (Flysch de Beni Ider) témoignant une évolution de type avant-
fosse du bassin Maurétanéen juste avant sa déformation en pile de nappes. La sédimentation
silico-clastique turbiditique de l’avant-fosse Maurétanéenne a commencé au Burdigalien
inférieur et les niveaux les plus élevés date du Burdigalien supérieur (de Capoa et al., 2007).
La collision continentale d’âge Miocène moyen a provoqué l’empilement des nappes du
Bassin de Flyschs Maghrébins entre le Burdigalien (Maurétanéen) et le Langhien (Massylien)
(de Capoa et al., 2007). Cette même phase (Burdigalien-Langhien) a été marquée par
l’exhumation et la dénudation des nappes de flyschs (18-14 Ma) à l’image des autres
domaines interne et externe du domaine rifain (Azdimousa, 1999; Azdimousa et al., 2003).
Elle correspond au paroxysme tectonique enregistré dans le Rif interne et externe au Miocène
inférieur et moyen (Azdimousa, 1999). Au Langhien, le Bassin des Flyschs Maghrébins était
complètement fermé et les unités allochtones étaient superposées sur le domaine interne du
Rif (Vitale et al., 2015). L’approvisionnement clastique des dépôts Maurétanéens provient de
l’érosion du socle pré-alpin et ses couvertures sédimentaires mésozoïques-cénozoïques
affectées par le métamorphisme Alpin (El Talibi et al., 2014).
36
Chapitre I : Contexte géologique général
Les turbidites Maurétanéennes immatures alimentées par l’érosion du domaine interne passent
latéralement au sous-domaine Massylien à travers des successions mixtes reconnues au
Crétacé et surtout au Miocène inférieur (Durand-Delga et al., 1999; El Talibi et al., 2014). Les
Flyschs Massyliens les plus typiques et les plus affleurant sont constitués d’une épaisse
succession de pélites localement marneuses, et de grès turbiditique silico-clastique de
l’Aptien-Albien. Elle est surmontée d’argiles et de marnes avec des schistes siliceux noirs et
des radiolarites, des grès, des pélites et des calcaires marneux du Crétacé supérieur. Ensuite,
des marnes, des brèches, et des calcaires nummulitiques du Paléocène-Oligocène prennent
place. La séquence se termine par des grès Numidiens de l’Aquitanien-Burdigalien (Miocène
inférieur). Ces dépôts Massyliens proviennent du craton et de sa marge passive septentrionale
(El Talibi et al., 2014).
La différence sédimentaire entre les deux sous-domaines devient plus évidente à partir du
Miocène inférieur. Depuis lors, une épaisse série silico-clastique de grès immature caractérise
la partie Maurétanéenne alors que les successions quartzeuses-arénitiques très matures,
Numidiennes et pseudo-Numidiennes, se sont déposées dans la partie Massylienne (El Talibi
et al., 2014).
c. Rif externe
Les Zones Externes du Rif proviennent de la paléomarge nord-Africaine qui était une marge
passive de l’océan Téthysien avant qu’elle soit accrétée et partiellement métamorphisée
durant l’Oligocène supérieur-Miocène moyen (Andrieux, 1971; Asebriy, 1984; Azdimousa et
al., 2007; Benzaggagh et al., 2014; Chalouan et al., 2008; Frizon de Lamotte et Leikine, 1985;
Galindo-Zaldívar et al., 2015; Negro et al., 2007; Negro et al., 2008; Suter, 1980b).
Cependant, une partie (le Mésorif) a été interprétée comme le reste des unités ophiolitiques
pouvant représenter des restes allochtones du fond océanique de la Téthys (Benzaggagh et al.,
2014).
Le Rif externe est une pile de nappes composée d’unités de couverture sédimentaire, de
sédiments et de métasédiments, datant du Trias au Néogène (Azdimousa et al., 2007; Jabaloy-
Sánchez et al., 2015). Classiquement, et sur la base des critères structuraux et
stratigraphiques, il est subdivisé en trois principaux domaines qui sont, du SW au NE et du
bas en haut : le Prérif, le Mésorif et l’Intrarif (Figure I-12) (Chalouan et al., 2008; Negro et
al., 2007; Negro et al., 2008; Suter, 1980a; Suter, 1980b) quoique Asebriy et al. (1987) ont
regroupé les deux derniers domaines en une seule zone appelée Subrif occupant la majeure
partie du Rif externe (Azdimousa et al., 2007).
Le Prérif est le domaine le plus externe du Rif externe, situé au sud de la chaine rifaine. Il
représente la partie proximale de la paléomarge nord-Africaine. Il est formé d’un complexe
sédimentaire d’olistostromes constitué de blocs d’âge allant du Paléozoïque au Cénozoïque
dans une matrice essentiellement marneuse d’âge Tortonien (Leblanc, 1979; Roldán et al.,
2014; Suter, 1980b). Ce domaine est subdivisé à son tour en deux sous-domaines qui sont le
Prérif interne et le Prérif externe.
37
Chapitre I : Contexte géologique général
Le premier est formé d’une ceinture de plis et de chevauchements qui affectent des roches du
Jurassique et du Crétacé inférieur détachées à partir du socle Paléozoïque. Ce sont des nappes
de charriage minces et discontinues mises en place sur le Prérif externe. Ce dernier est
principalement formé d’unités datant du Jurassique au Miocène, entourées d’une matrice
triasique qui a été extrudée et déposée dans le bassin d’avant-pays durant le Miocène
supérieur (Roldán et al., 2014).
De point de vue litho-stratigraphique, la majeure partie du Prérif interne comprend des
formations marno-argileuses d'âge Crétacé supérieur-Eocène et Miocène moyen-supérieur
détachées de leur socle Jurassique-Crétacé inférieur et glissées vers l'avant-fosse. Le
complexe triasique d’argile et de sel a formé des diapirs et des glaciers rocheux dans les
formations crétacées. Les formations jurassiques-crétacées inférieur sont détachées de leur
socle paléozoïque. Elles forment actuellement un alignement d’éclats de carbonate dans la
zone du Prérif interne. Les séries mésozoïques présentent des "ferrysch" du Jurassique
supérieur et des calcaires marneux du Crétacé inférieur avec des intercalations turbiditiques.
Les marnes du Crétacé supérieur-Eocène sont surmontées par des formations détritiques d'âge
allant de l'Eocène moyen-supérieur au Miocène moyen comprenant, en particulier, les grès
éocènes-oligocènes. Les derniers niveaux stratigraphiques manquent dans le Prérif externe, ce
qui suggère un soulèvement flexural de la paléomarge proximale au sud du Mésorif, qui a
joué le rôle d'une avant-fosse précoce durant le Miocène inférieur-moyen (Chalouan et al.,
2008).
Figure I-12 : Carte géologique tectonique montrant la position du Rif externe dans la chaine du Rif
(Chalouan et al., 2001; Frizon de Lamotte, 1987; Michard et al., 2007; Negro et al., 2008), modifiée.
38
Chapitre I : Contexte géologique général
39
Chapitre I : Contexte géologique général
à épizonale, respectivement, ont été enregistrés : le premier, daté au Crétacé inférieur, est
caractérisé par une température de l’ordre de 200°C ; le deuxième, d’âge Crétacé supérieur,
est compris entre 300 et 350°C, (Azdimousa, 1999; Azdimousa et al., 2003; Azdimousa et al.,
1998). La surrection du massif est d’âge Miocène inférieur à moyen (21 à 11 Ma) bien que la
surrection au Miocène inférieur correspond au paroxysme tectonique enregistré dans le Rif
externe (Azdimousa, 1999; Azdimousa et al., 1998). Elle s’intègre dans le contexte de
charriage vers le Sud des nappes de flyschs sur le Subrif (Durand-Delga, 1980), et s’assimile
à la genèse tectonique de l’arc de Gibraltar (Bourgois, 1977).
L'unité de Tanger affleure principalement dans le Rif externe occidental. Elle est
partiellement détachée de l’unité de Kétama sous-jacente et elle chevauche sur le Mésorif et le
Prérif, et même sur l'avant-pays du Moyen Atlas dans le Rif le plus oriental. Sa
lithostratigraphie montre des formations marno-pélitiques d’âge Crétacé supérieur-Eocène
(Chalouan et al., 2008).
L’unité d’Aknoul est interprétée comme la partie supérieure de l’unité de Tanger-Kétama.
Elle repose sur l’unité de Kétama et sur l’unité des Temsamane sud. C’est une unité détachée
qui a chevauché les roches de l’avant-pays du Moyen Atlas (Chalouan et al., 2008; Frizon de
Lamotte et Leikine, 1985; Jabaloy-Sánchez et al., 2015). Sa série stratigraphique expose des
roches allant du Crétacé supérieur à l’Oligocène supérieur (Frizon de Lamotte et Leikine,
1985) ou au Miocène (Chalouan et al., 2008; Jabaloy-Sánchez et al., 2015).
En ce qui concerne l’unité de Loukkos, elle est caractérisée par des dépôts Cénomaniens plus
épais, une proportion plus importante de carbonates, et des intrusions diapiriques fréquentes
du complexe argilo-gypseux triasique (Chalouan et al., 2008).
La période du Miocène inférieur et moyen a été marquée par un soulèvement généralisé de la
chaine Rifaine (Azdimousa, 1999; Azdimousa et al., 2003; Azdimousa et al., 1998;
Azdimousa et al., 2013; Romagny et al., 2014) et des Cordillères Bétiques (Monie et al.,
1991; Monié et al., 1994; Morillon et al., 1996; Zeck et al., 1989; Zeck et al., 1992). Ce
soulèvement correspond au paroxysme tectonique enregistré dans le Rif externe durant le
Miocène inférieur (Andrieux, 1971) et coïncide avec l’âge du charriage vers le Sud des
nappes de flyschs sur le Subrif (Durand-Delga, 1980; Wildi, 1983). Cette phase d’exhumation
et de dénudation des chaines Rifaines et Bétiques est une étape géodynamique importante
dans la genèse de l’arc de Gibraltar (Azdimousa et al., 2003; Bourgois, 1978) et
contemporaine à la naissance de la mer d’Alboran et du bassin numidien (Azdimousa et al.,
2003). Le domaine externe, le domaine interne, et les nappes de flyschs n’ont pas subi
d’événement thermique pouvant les réchauffer au-delà de 60°C depuis 12 Ma (Azdimousa,
1999).
40
Chapitre I : Contexte géologique général
a. Le bassin de Boudinar
Il est localisé à l’extrême ouest de la zone d’étude, juste au nord-ouest de la faille de Nékor,
sur les bordures méridionales de la mer d’Alboran. Il a une forme triangulaire d’une superficie
d’environ 215 km2. Il s’ouvre, dans sa partie nord, sur la mer d’Alboran (Méditerranée
occidentale). Son côté occidental est l’accident tectonique dextre-normal de direction NNO-
SSE, qui sépare le bassin au nord-ouest du volcanisme néogène de Ras Tarf (Figure I-13)
(Azdimousa et al., 2011; Azdimousa et al., 2006; Negro et al., 2007), et au sud de l’unité
métamorphique de Kétama (Intrarif). A l’est et au sud-est, il est limité par la terminaison
orientale de l’unité des Temsamane à travers la faille de Nékor. Des études anciennes ont
montré que la formation du bassin a débuté, probablement, au Tortonien moyen ou au début
du Tortonien supérieur, lorsque le coulissage intense résultant du décrochement senestre de la
faille de Nékor a permis de délimiter au nord-ouest, les monts de Trougoût en antiforme et le
bassin de Boudinar en synforme. Le bassin s’est approfondit de plus en plus pendant le
Tortonien supérieur-Messinien, en contrôlant une sédimentation conglomératique à la base
(Guillemin et Houzay, 1982).
Des études plus récentes (Achalhi, 2016) ont démontré que l’ouverture du bassin a commencé
au Tortonien inférieur avant 10,5 Ma dans un contexte tectonique extensif qui a contrôlé la
subsidence. Une transgression marine, synchrone avec celle enregistrée au bassin de Cap des
Trois Fourches, produite dans le même contexte aux environs de 10 Ma a donné lieu aux
premiers dépôts marins dans le bassin (Achalhi, 2016; Achalhi et al., 2016). Le bassin est
rempli par des sédiments néogènes reposant sur les terrains crétacés des unités de Kétama et
des Temsamane (Rif externe) (Azdimousa et al., 2006).
Les études de Guillemin et Houzay (1982) et d’Azdimousa et al. (2006) ont permis d’établir
une stratigraphie complète du Néogène du bassin. La série commence par le Tortonien
terminal formé d’un conglomérat de base surmonté de marnes qui persistent jusqu’à la limite
Tortonien-Messinien. La série continue avec une succession messinienne transgressive qui
commence par un conglomérat marin, surmonté d’un niveau de grès marneux, et des marnes à
passées cinéritiques et diatomitiques dont l’épaisseur devient plus importante atteignant
jusqu’à 150m au centre du bassin. Une régression fini-messinienne a influencé la
sédimentation. Le Messinien se termine alors par des marnes sableuses de faible épaisseur.
41
Chapitre I : Contexte géologique général
42
Chapitre I : Contexte géologique général
b. Le bassin de Melilla
Il est situé à l’extrême nord-est du secteur d’étude. C’est une presqu’île insérée dans la mer
Méditerranée. Il est limité vers le sud par le massif volcanique néogène de Gourougou
(Figure I-14). C’est un bassin post-orogénique individualisé au Tortonien selon une
tectonique distensive accompagnée d’un volcanisme rhyolitique. Le dépôt dans ce bassin a
commencé au Serravallien ou au Tortonien. Dès lors, la tectonique a joué continuellement
avec une phase compressive d’âge post Tortonien-anté Messinien suivie d’une extension
messinienne qui a contrôlé la subsidence du bassin et qui a provoqué les failles normales
affectant les formations messiniennes. La fin du Pliocène a témoigné une phase compressive
(Azdimousa et Bourgois, 1993; Guillemin et Houzay, 1982).
La base de la série sédimentaire du bassin de Melilla est une unité tortonienne silico-clastique
composée de conglomérat de base, surmonté par des marnes limoneuses marines, des limons
et des grès déposés dans un contexte extensif. La série affleure essentiellement au nord-ouest
de la péninsule du Cap des Trois Fourches et elle reste discordante sur les roches
métamorphiques paléozoïques. Sa surface supérieure est une discordance angulaire produite
par basculement tectonique durant le Tortonien (Cunningham et al., 1997; Cunningham et
Collins, 2002; Guillemin et Houzay, 1982). Un complexe de carbonate Tortonien-Messinien
recouvrant comprend à la fois la rampe et les séquences bioclastiques de plate forme
(Cunningham et Collins, 2002). La stratigraphie du complexe carbonaté a donné quatre
ensembles distincts : le premier est formé de dépôts rétrogradants constitués de marnes,
conglomérats et calcaire bioclastique ; le deuxième ensemble est une plate forme récifale
43
Chapitre I : Contexte géologique général
bioclastique plus jeune (complexe récifal) ; Le troisième ensemble est constitué de dépôts
côtiers silicoclastiques-oolitiques mixtes comprenant de grandes accumulations microbiennes
connues sous le nom de Complexe Carbonaté Terminal ; Finalement, le quatrième ensemble
consiste à des dépôts continentaux d'eau saumâtre à eau douce (Cunningham et al., 1997;
Münch et al., 2006). La plate forme carbonatée du Cap des Trois Fourches est un complexe
sédimentaire très étendu, qui change vers le sud à proximité du complexe volcanique de
Gourougou, en marnes, diatomites et dépôts volcanoclastiques de mer ouverte (Cornée et al.,
2002). Les sédiments messiniens du bassin de Melilla-Nador se sont déposés après l’ensemble
des événements de déformation qui ont affecté la chaîne Rifaine. Et ils reposent en
discordance sur des roches métamorphiques ou des formations tortoniennes préalablement
tectonisées (Cornée et al., 2002; Guillemin et Houzay, 1982). Le Pliocène affleure au SO de
la péninsule. Il commence par des blocs remaniés à la base, surmontés de sable marneux
jaune. La série se termine par des cailloutis à galets aplatis (Guillemin et Houzay, 1982).
L’évolution sédimentaire tortonienne a été dominée par l’eustatisme quoique des anomalies
sédimentaires soient dues à la tectonique et au volcanisme. Cependant, la sédimentation
messinienne a été intensément influencée par l’eustatisme et par la subsidence du bassin
causée par une tectonique distensive (Azdimousa et Bourgois, 1993).
Figure I-14 : Carte géologique simplifiée du bassin de Melilla-Nador (Cornée et al., 2002; Münch et
al., 2006), modifiée.
c. Le bassin de Kert
C’est un bassin très étendu par rapport aux bassins de Boudinar et de Melilla-Nador. Pour
cela, il a été subdivisé par Guillemin et Houzay (1982) en deux parties : le Bas-Kert et le
Haut-Kert (Figure I-1). Les études sédimentologiques, stratigraphiques et tectoniques de ces
auteurs dans ce bassin forment un support important à la compréhension de son évolution
paléogéographique.
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Chapitre I : Contexte géologique général
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Chapitre I : Contexte géologique général
grès, surmontant les Beni Saïd à l’Ouest du Bassin. Puis, le facies devient marneux, avec des
intercalations cinéritiques dues à l’activité volcanique messinienne, depuis le contrebas de la
montagne jusqu’au sud-ouest du bassin de Melilla (Guillemin et Houzay, 1982).
Les niveaux pyroclastiques intercalés (tufs et cinérites) dans les marnes messiniennes
pourraient être utilisés pour les corrélations stratigraphiques en raison de leur grande étendue
(Abdellah, 1997). Des travaux de datation 40Ar / 39Ar plus récents ont attribué une date de 6,9
± 0,02 Ma au niveau basal de la coupe d'Izaroren (Cunningham et al., 1997; van Assen et al.,
2006). La fin des dépôts marins ouverts date avant 6 Ma (van Assen et al., 2006) confirmant
l’âge Messinien des marnes du secteur bas-Kert. Tout comme les bassins sédimentaires
voisins, une régression fini-messinienne a été enregistrée dans le bassin de Kert (Guillemin et
Houzay, 1982).
Conclusions
Les bassins sédimentaires du Rif nord oriental ont représenté un espace disponible néogène de
mer ouverte assez profonde. Ce qui a garanti l’établissement d’un réceptacle très étendu, de
sédimentation argileuse-marneuse très importante. Plusieurs études d’ordre sédimentaire,
paléontologique, tectonique, stratigraphique…, ont été menées afin de rétablir la
paléogéographie de la région avant et pendant le Néogène, de comprendre le mode
d’agencement des différents cortèges sédimentaires, de dater et de corréler certaines structures
géologiques (tufs, massifs volcaniques, séries sédimentaires)… D’autre études ont permis de
valoriser les dépôts argileux bentonitiques de la région de Nador qui sont en relation avec les
activités volcaniques du volcan de Gourougou et de ses satellites (Aalaoul et al., 2015;
Aalaoul et al., 2011; Ait Hmeid et al., 2017).
Le présent travail s’intéresse spécialement aux argiles sédimentaires néogènes du Rif nord
oriental à travers une étude pluridisciplinaire. Le chapitre suivant représente un support
théorique pour comprendre le monde des argiles de point de vue physico-chimique et
structural, leur classification et les domaines d’utilisation. Ce qui facilitera l’utilisation des
documents et des logiciels qui étudient les argiles notamment le support X’Pert HightScore
Plus et la base de donnée PDF-2.
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Chapitre II : Les argiles
I. Introduction
L’argile est la fraction la plus fine des roches sédimentaires détritiques. C’est une matière
première abondante, et d’ailleurs depuis la plus haute antiquité dans différentes civilisations,
possédant une variété étonnante de propriétés et d’utilisations qui dépendent largement de leur
structure et composition minérales (Bergaya et Lagaly, 2006; Harvey et Lagaly, 2006). En
plus, d’autres facteurs qui déterminent les propriétés et les applications des argiles (Murray,
2007), notamment la composition minérale non argileuse, la présence de matière organique, le
type et la quantité d’ions échangeables, des sels solubles et la texture (Grim, 1950). Les
compositions minéralogiques et les distribution granulométriques des argiles déterminent leur
propriétés d’ingénierie (Harvey et Lagaly, 2006; Keith et Murray, 2009).
Les argiles sont utilisées en gros tonnages dans l’industrie céramique, tels que les briques, les
réfractaires, la poterie, les articles sanitaires, et les tuiles (Harvey et Lagaly, 2006; Keith et
Murray, 2009; Mukherjee, 2013; Murray, 1994; Murray, 2007; Petrick et al., 2011; Reeves et
al., 2006). Grace à leur comportement plastique, les matériaux argileux peuvent être
manipulés dans de nombreuses formes souhaitées, puis séchés et cuits pour produire des
produits de dureté élevée (Murray, 1994).
Depuis le 16ème siècle, l'argile a suscité l'intérêt des scientifiques et des techniciens qui ont
donné des définitions différentes au mot afin de répondre à leurs besoins respectifs
(Mukherjee, 2013). La définition du mot "argile" a été formalisée par Agricola (1546) pour
désigner des matériaux à grains fins dans des formations géologiques. Dès lors, elle a été
révisée plusieurs fois en s’appuyant principalement sur la plasticité, la granulométrie, et le
durcissement à la cuisson. Grim (1968) s’est basé sur le concept du "minéral argileux" en
résumant la définition des argiles : « elles sont essentiellement composées d’un petit groupe
d’extrêmement petites particules cristallines d’un ou de plusieurs membres d’un groupe de
minéraux qui sont communément connus comme des "minéraux argileux"». Le problème le
plus important résidait alors dans la définition des constituants de l’argile.
En effet, les minéraux qui composent les argiles ne sont pas tous des minéraux argileux
(Mackenzie, 1963). Quant à Bailey (1980), il assimile tout simplement les minéraux argileux
aux phyllosilicates. Cette équivalence ne tient pas compte de la relation entre les propriétés de
l’argile en tant que roche, avec les propriétés des constituants de l’argile. Il parait, donc,
essentiel de définir aussi bien le terme "argile" que le terme "minéral argileux". Les comités
de nomenclature de l’Association Internationale Pour l’Etude des Argiles (AIPEA) et de la
Société des Minéraux Argileux (Clay Minerals Society : CMS), ont travaillé sur ces
définitions (Guggenheim et Martin, 1995). Ils ont définit l’argile comme étant « des
matériaux naturels composés essentiellement de minéraux finement divisés, qui sont
plastiques après hydratation avec une quantité appropriée d’eau, et qui durcissent au séchage
et à la cuisson » (Guggenheim et al., 2006). Cependant, certaines argiles non-plastiques, par
47
Chapitre II : Les argiles
exemple l’argile à silex "flint clay", sont encore considérées comme argile en raison de leur
utilisation antérieure (Bergaya et Lagaly, 2013). Le minéral argileux désigne « des
phyllosilicates et des minéraux qui confèrent la plasticité à l’argile et qui durcissent au
séchage ou à la cuisson » (Guggenheim et al., 2006). Ces dernières définitions se basent plus
particulièrement sur la propriété de plasticité et de durcissement au séchage et à la cuisson.
Néanmoins, la propriété de granulométrie fine est une condition dominante. Classiquement,
une taille d’argile ou à grains fins désigne une taille inférieure à 2μm qui est
approximativement le niveau de résolution spatiale des microscopes optiques (Velde et
Meunier, 2008). Moore et Reynold (1997) définissent les minéraux argileux comme étant des
silicates d'alumine hydratés qui sont classés comme des phyllosilicates ou des silicates
lamellaires (en feuillets). Il existe des variations considérables dans les propriétés chimiques
et physiques au sein de cette sous-classe de minéraux, mais la plupart d’entre eux ont une
morphologie commune en feuillets et un clivage parfait, dû à leur structure atomique en
couches (Moore et Reynold, 1997).
A présent, on différencie encore entre les deux termes : "argile" et "minéraux argileux". Selon
Murray (2007), l’argile est un terme de roche. Il est aussi utilisé comme un terme de taille de
particule : c’est la fraction granulométrique constituée des particules les plus fines, appelée
fraction argileuse. Les pédologues considèrent généralement 2μm comme limite supérieure du
calibre de la taille des argiles, alors que de nombreux ingénieurs, sédimentologues et
géologues préfèrent l’échelle de Wentworth (1922) qui définit la classe d’argile comme plus
fine que 3,9μm (1mm/28 = 1mm/256). Le terme argile n’a pas de signification génétique
puisqu’il s’agit des produits résiduels d’érosion, des produits d’altération hydrothermale et
des dépôts sédimentaires.
Murray (2007) définit les minéraux argileux comme des silicates d’alumine hydratés. Dans
certains de ces minéraux, le Fer (Fe) et le Magnésium (Mg) substituent l’aluminium (Al).
Dans d’autres minéraux, il y a des éléments alcalins (Li, Na, K …) et alcalino-terreux (Mg,
Ca …) présents comme constituants essentiels. Les groupes des minéraux argileux sont : les
kaolins, les smectites, les illites, les chlorites, les argiles de couches mixtes appelées aussi les
interstratifiés et le groupe des palygorskite-sépiolite.
Dans ce manuscrit, la définition des argiles va reposer sur deux axes principaux. Le premier
est la granulométrie, selon lequel les argiles seront définies comme la fraction sédimentaire
terrigène dont le diamètre circulaire des particules est inférieur à 4μm (échelle de Wentworth
(1922)). Néanmoins, la conception des lames orientées destinées à l’analyse de Diffraction
aux Rayons X se basera sur la fraction inférieure à 2μm. Le deuxième axe est la minéralogie
des argiles, elles sont définies comme des phyllosilicates plus ou moins hydratés. Les
définitions précédemment développées sont soit concordantes avec celle-ci, soit une
conséquence (définition de Guggenheim et Martin (1995)). L’argile est composée en grande
partie de minéraux argileux, phyllosilicates, mais aussi d’autres substances non argileuses.
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Chapitre II : Les argiles
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Chapitre II : Les argiles
En effet, les argiles appartiennent à la classe des silicates, la sous-classe des phyllosilicates.
De ce fait, elles sont formées par des plans atomiques superposés et parallèles au plan (001).
Trois niveaux d’organisation structurale sont considérés. Le premier niveau est la couche dans
laquelle un plan de cations se place en sandwich entre deux plans d’anions. Elle se forme
alors par un empilement de plans atomiques associés (exemple : couche tétraédrique et couche
octaédrique). On rappelle ici que les ions d’oxygène, de fluor et d’hydroxyle sont
relativement de grande taille par rapport à la plupart des cations. En conséquence, ils
confèrent à la structure son aspect caractéristique. Le deuxième niveau d’organisation est le
feuillet qui est un empilement articulé de couches. Le troisième niveau est la manière dont les
couches s’empilent et comment elles sont liées ensemble pour former des cristallites (Velde et
Meunier, 2008).
Les minéraux argileux sont composés d'une combinaison de deux types de structures de
couches qui sont des coordinations des anions d'oxygène avec divers cations. Ils peuvent être
imaginés comme construits à partir de deux unités : une couche de tétraèdres liés par les
têtes ; et une couche d’octaèdres liés par les arêtes.
1. Couche tétraédrique
Dans la couche tétraédrique, appelé aussi couche T, le cation dominant (Ct) est Si4+.
Cependant, il peut être substitué fréquemment par Al3+, et occasionnellement par Fe3+. Le
rapport Ct/O (Cation dominant sur Oxygène) pour les phyllosilicates est Ct2O5 (Moore et
Reynold, 1997).
La couche tétraédrique est composée de tétraèdres SiO44- ou AlO45-, reliés entre eux en
partageant trois sommets (Figure II-2.A). Chaque anion basal se lie avec une paire de cation
Si4+-Si4+ ou Si4+-Al3+. La paire de cation Al3+-Al3+ partageant un oxygène est exclut (loi de
Löwenstein : les atomes d’aluminium ne peuvent pas être adjacents) (Velde et Meunier,
2008).
Chaque tétraèdre repose sur une face triangulaire dite basale suivant un plan infiniment étendu
(001). Et il partage les trois oxygènes du triangle basal avec trois autres tétraèdres. Les atomes
d’oxygène basaux (Oxb) forment un réseau bidimensionnel présentant des cavités hexagonales
(Figure II-2.B).
Figure II-2 : Tétraèdre de silice dans lequel l’ion de silicium (Si4+) central est lié à quatre atomes
d’oxygènes (O2-) (A) ; Couche tétraédrique formée par la liaison de plusieurs tétraèdres en partageant
les oxygènes basaux (B) (Grim, 1968).
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Chapitre II : Les argiles
Figure II-3 : Couche tétraédrique. (T) : cation tétraédrique ; (Oxa) : atome d’oxygène apical ; (Oxb) :
atome d’oxygène basal ; a et b sont les paramètres de la cellule unitaire (Grim, 1968).
2. Couche octaédrique
La couche octaédrique, appelée aussi couche O, se présente sous forme de deux plans d’ions
d’oxygène, en plus des cations occupant les sites octaédriques situés entre ces deux plans, et
résultants de cette structure. Généralement, les cations peuvent être : Al3+, Mg2+, Fe2+, ou
Fe3+. Cependant, le Lithium (Li) avec tous les éléments de transition (sauf le scandium (Sc)
qui, à présent, n’a pas été signalé) peuvent aussi être identifiés dans les sites octaédriques
(Moore et Reynold, 1997). Le cation central expose 6 liaisons avec O2- et OH- formant ainsi
un octaèdre (Figure II-4.A).
Figure II-4 : Octaèdre d’alumine dans lequel l’ion d’aluminium central (Al3+) est lié à six hydroxyles
(OH-) (A) ; Couche octaédrique formée par la liaison de plusieurs octaèdres en partageant les arêtes
(B) (Grim, 1968).
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Chapitre II : Les argiles
Les octaèdres sont reliés entre eux en partageant leurs 6 sommets formant une couche
octaédrique (Figure II-4.B). Cette dernière présente une symétrie hexagonale ou pseudo-
hexagonale avec deux topologies différentes selon la position de l’hydroxyle octaédrique
(Oxo). Ainsi, l’octaèdre est Cis-orienté dans le cas où deux Oxo sont placés sur une même
arête, tandis qu’il est Trans-orienté lorsqu’ils sont placés en diagonale (Figure II-5) (Brigatti
et al., 2014).
Si les cations octaédriques sont bivalents, chaque anion apical de l’octaèdre est entouré par
trois cations. Dans ce cas, tous les octaèdres attachés à la couche T contiennent un cation
bivalent dans leur centre. Au contraire, si les cations octaédriques sont trivalents, chaque
anion apical est entouré par deux cations. C’est ainsi que deux tiers des octaèdres attachés à la
couche T contiennent un cation trivalent dans leur centre. Cela signifie que chaque anion est
lié à trois cations dans le cas trioctaédrique. Alors qu’il est lié à deux cations dans le cas
dioctaédrique de sorte que le troisième site est vacant. Les dimensions de la cellule unitaire
dépendent du cation octaédrique : pour Al3+ (cas dioctaédrique) et Mg2+ (cas trioctaédrique),
les valeurs de b-c sont respectivement 8,64Å- 2,74Å et 9,43Å- 2,45Å (Velde et Meunier,
2008). Autrement dit, les structures dont les six sites octaédriques (cellule unitaire) sont
occupés par des cations bivalents sont appelés trioctaédriques. Cependant, si seulement quatre
sur les six sites octaédriques sont occupés par des cations trivalents, la structure est
dioctaédrique. La formule structurale est souvent rapportée sur la base de la moitié de la
cellule unitaire, elle se base alors sur trois sites octaédriques (Brigatti et al., 2014).
Figure II-5 : Couche octaédrique. (O-trans) : octaèdre trans-orienté ; (O-cis) : octaèdre cis-orienté ;
(Oxa) : atome d’oxygène apical ; (Oxo) : anions octaédriques OH, F, Cl ; a et b sont les paramètres de
la cellule unitaire (Brigatti et al., 2014).
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Chapitre II : Les argiles
Figure II-6 : Distorsions du tétraèdre individualisé et de la couche tétraédrique pour ajuster les
dimensions des couches tétraédrique et octaédrique. Rotation de l’anneau tétraédrique (a) ;
Aplatissement tétraédrique (b) ; et Inclinaison tétraédrique (c) (Brigatti et al., 2014).
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Chapitre II : Les argiles
Figure II-8 : Déformation des couches tétraédrique et octaédrique (Velde et Meunier, 2008).
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Chapitre II : Les argiles
Dans ce type de feuillet, une couche tétraédrique se lie à une couche octaédrique à travers
l’oxygène apical du tétraèdre qui remplace un hydroxyle d’octaèdre (Mukherjee, 2013; Velde
et Meunier, 2008). Le feuillet est borné par deux surfaces, une formée entièrement par les
atomes d’oxygène appartenant à la couche tétraédrique alors que l’autre surface est composée
par les anions octaédriques (principalement des groupes OH de la couche octaédrique)
(Figure II-9. a) (Brigatti et al., 2014). Le feuillet résultant est électriquement neutre. Il est lié
à un autre feuillet par les faibles liaisons de Van Der Waals. Exemples : Kaolinite
(dioctaédrique), Serpentine (trioctaédrique). (Mukherjee, 2013). La cellule unitaire du feuillet
dioctaédrique 1:1 contient six sites octaédriques (quatre occupés par des cations Al3+ et deux
vacants) en plus de quatre sites tétraédriques (Brigatti et al., 2014). La formule chimique de la
Kaolinite est : Si4O10Al4(OH)8. Dans le feuillet trioctaédrique des minéraux de Lizardite de
haute température (groupe de serpentine), tous les six sites sont occupés par des cations Mg2+,
sa formule unitaire est : Si4O10Mg6(OH)8 (Brigatti et al., 2014; Velde et Meunier, 2008).
Le feuillet T-O est électriquement neutre et présente une épaisseur d’environ 7Å (4,26Å sans
compter l’espace interfoliaire). Ceci est dû au fait qu’il n’y ait pas de couche supplémentaire
d’anions ou de cations. La charge positive due aux cations des deux couches est strictement
compensée par la charge négative des anions O2- et des groupes OH-, après toutes
substitutions dans les couches qui forment la structure (Velde et Meunier, 2008). Sur le plan
pratique, la charge du feuillet est communément proche de 0 (Brigatti et al., 2014).
Figure II-9 : Structures cristallines des phyllosilicates dioctaédriques. Feuillet 1:1 (a) ; Feuillet 2:1 (b)
(Meunier, 2005).
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Chapitre II : Les argiles
Dans cette structure, une couche octaédrique se place en sandwich entre deux couches
tétraédriques d’orientation opposée (Figure II-9. b). Chaque plan anionique de la couche O
partage l’oxygène apical du tétraèdre avec une couche T. Ces atomes d’oxygène apicaux
remplacent les deux tiers des groupes hydroxyles (OH). Le feuillet résultant est
électriquement neutre. Il est lié à un autre feuillet par les faibles liaisons de Van Der Waals.
Exemples : Talc (trioctaédrique), Pyrophyllite (dioctaédrique) (Mukherjee, 2013). Toutes les
deux surfaces du feuillet sont représentées par les atomes d’oxygènes tétraédriques basaux
(surfaces basales des tétraèdres). L’épaisseur du feuillet varie de 9,1Å à 9,5Å dans le Talc et
dans la Pyrophyllite (Brigatti et al., 2014). La cellule unitaire du feuillet dioctaédrique de type
2:1 présente la formule chimique suivante : Si8O20Al4(OH)4. Elle contient six sites
octaédriques et huit sites tétraédriques (Brigatti et al., 2014). Le feuillet trioctaédrique
présente une cellule unitaire identique à celle théorique puisque les sites vacants, après la
déformation des couches O et T, sont limités. La formule unitaire correspond à celle du Talc :
Si8O20Mg6(OH)4 (Mukherjee, 2013).
Plusieurs substitutions se produisent dans la structure du feuillet. Du coup, des ions trivalents,
principalement Al3+ et occasionnellement Fe3+, peuvent substituer Si4+ dans les sites
tétraédriques. En outre, des ions divalents (Mg2+, Fe2+, Co2+…) peuvent substituer Al3+ dans
les sites octaédriques. Les possibilités de substitutions dans les sites octaédriques sont plus
importantes. Tout cela induit des charges négatives dans la structure. De telles charges seront
compensées par une couche de cations appelée couche cationique interfoliaire située entre les
feuillets. Elle est formée soit par des cations libres (Figure II-10. A) ou par une couche
octaédrique en position interfoliaire (type brucite : Mg(OH)2) (Figure II-10. B) (Velde et
Meunier, 2008).
Figure II-10 : Structures cristallines des phyllosilicates dérivant du feuillet 2:1. Présence d’une couche
interfoliaire de cations (A). Présence d’une couche octaédrique de type brucite (B) (Velde et Meunier,
2008).
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Chapitre II : Les argiles
La charge par unité de formule (x), est la charge négative nette par feuillet, exprimée par un
nombre positif. Elle est calculée en se basant sur la formule structurale (composition de la
moitié de la cellule unitaire. Exemple : O10(OH)2 pour les smectites et les vermiculites)
(Brigatti et al., 2014). Ainsi, les smectites sont peu chargées (0,3-0,6) alors que les
vermiculites sont fortement chargées (0,6-0,75). La plupart de leurs cations (Ca2+, Mg2+, Na+,
K+ …) sont échangeables et hydratables sous les conditions des sols. Les illites au sens large
et les illites au sens strict (micro-biotites ou micro-muscovites) sont encore plus chargées avec
des charges de 0,75-0,9 et 1, respectivement. Leurs espèces cationiques dominantes sont K+ et
NH4+. Ces cations interfoliaires ne sont pas hydratables étant donné qu’ils sont fortement liés
aux feuillets (Velde et Meunier, 2008). Il faut noter que la substitution d’un ion par un autre
affecte les dimensions de la cellule unitaire du minéral argileux.
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Chapitre II : Les argiles
Figure II-11 : Empilement des feuillets de mica. Empilement de type 1M (A) ; Rotations altérnées de
±120° (2M1) (B) ; Rotations successives de 120° (3T) (C) (Moore et Reynold, 1997)*.
* les grandeurs des transitions ne sont pas à l’échelle.
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Chapitre II : Les argiles
Deux autres types de polytypes rares de mica sont : 2Or, ou structure orthorhombique 2-
feuillets, formée par des rotations alternées de ±180° ; et, 2M2 qui présente des feuillets
tournés l’un par rapport à l’autre avec ±60° (Moore et Reynold, 1997).
La Figure II-12 montre les schémas d’empilement pour la kaolinite, la dickite, et la nacrite
suivant un axe normal au plan (001). La kaolinite présente un empilement 1M. La dickite
quant à elle montre un empilement 2M dû à l’occupation alternée des sites B et C. Ces deux
espèces minérales s’empilent le long de la direction a de la cellule unitaire avec un décalage
de l’ordre de a/3. Avec plus de complication, la nacrite expose un empilement 2M avec
alternance des feuillets 1:1 et des rotations de 180°. La cellule unitaire se déplace le long de la
direction b avec une distance de b/3 (Moore et Reynold, 1997).
Par ailleurs, les polytypes des chlorites résultent des translations du feuillet 2:1 par rapport à
la couche d’hydroxyle, et de la direction du penchement de la couche d’hydroxyle par rapport
à la couche octaédrique du feuillet. Si les deux couches penchent dans la même direction on
parle de type I. Par contre, si elles penchent dans deux directions opposées, il s’agit du type II.
L’emplacement du cation de la couche d’hydroxyle entre deux feuillets 2:1 donne deux
possibilités. Si le cation est situé entre deux siliciums tétraédriques c’est la possibilité a. S’il
est situé entre les cations octaédriques du feuillet 2:1 c’est la position b (Figure II-13)
(Moore et Reynold, 1997).
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Chapitre II : Les argiles
Figure II-13 : Projection des structures des quatre polytypes courants de la chlorite sur le plan (010)
(Shirozu et Bailey, 1965), modifié par (Moore et Reynold, 1997) (Les déplacements sont exagérés
pour raison de clarification).
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Chapitre II : Les argiles
Les interstratifiés réguliers mènent à une nouvelle structure minérale basée sur deux feuillets
de caractéristiques minéralogiques différentes. Il en résulte dans les cas idéals un nouveau
diffractogramme indiquant une cellule unitaire double, et par conséquent une nouvelle
dimension cellulaire dans la direction c sin β (Velde et Meunier, 2008). Par exemple,
l’interstratifié régulier formé par l’illite (10Å) et la smectite (15,2 Å) donnera une réflexion du
premier ordre à 25,2 Å. Les réflexions d’ordre inférieur sont des divisions de cette valeur.
Toutefois, les interstratifiés désordonnés montrent des positions intermédiaires de pics basés
sur la proportion des feuillets présents lorsque la différence entre les distances inter-feuillets
n’est pas trop grande (10 et 15,2Å par exemple) (Velde et Meunier, 2008).
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Chapitre II : Les argiles
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Chapitre II : Les argiles
Les phyllosilicates hydratés non plans, ou modulés, sont définis par Martin et al. (1991)
comme étant des minéraux dans lesquels il y a une perturbation périodique dans la structure
de base du silicate. Ces minéraux présentent des similitudes étroites avec les phyllosilicates
traditionnels. Cependant, ils se présentent sous des formes proches des feuillets 1:1 et 2:1,
bien que les tétraèdres inversés produisent généralement des chaines en forme de bandes ou
de rubans, ou bien des régions qui ressemblent aux îles, donnant naissance à un caractère
tridimensionnel. En plus, la couche octaédrique peut rester infinie dans deux dimensions ou
discontinue, comme dans le cas des sépiolites-palygorskites. Les perturbations affectent aussi
bien la structure interne du plan (001) que la périodicité dans la direction perpendiculaire au
plan basal. La périodicité peut manquer à une longue portée en raison de leur forme enroulée,
en spirale, ou presque sphérique (Guggenheim et al., 2006). Le Tableau II-2 montre la
classification des phyllosilicates hydratés non plans. Quant aux phyllosilicates interstratifiés
réguliers, autrefois connus sous le nom de feuillets mixtes, ils se composent d’espèces connus
de minéraux argileux présentant une interstratification régulière. Le Tableau II-3 montre la
classification de ces types de phyllosilicates selon Guggenheim et al. (2006).
Valeur c sin
Composante Configuration Affiliation
Feuillet β du feuillet Espèces
modulée d’articulation traditionnelle
unitaire
A) Structures modulées
Bandes 7Å Serpentine Antigorite, bemenitite.
Greenalite, caryopilite,
pyrosmalite,
manganpyrosmalite,
1:1 Couche T Iles 7Å Serpentine
feropyrosmalite,
friedelite, megilite,
schallerite, nelenite.
Autres Aucun Aucun.
9.5 Å Talc Minnesotaite.
Bandes Ganophyllite,
12.5 Å Mica
eggletonite.
Zussmanite,
parsettensite,
Couche T stilpnomelane,
Iles 9.6-12.5 Å Mica/complexe
ferrostilpnomelane,
2:1 ferristilpnomelane,
lennilenapeite.
12.3 Å Aucun Bannisterite
Autres
14 Å Chlorite Gonyerite
Sepiolite, loughlinite,
falcondoite,
Couche O Bandes 12.7-13.4 Å Pyribole
palygorskite,
yofortierite.
B) Structures roulées ou sphéroïdales
Trioctaédrique - Serpentine Crystotite, pecoraite.
1:1 Aucun
Dioctaédrique - Kaolin Halloysite (non plane).
Tableau II-2 : Classification des phyllosilicates hydratés non plans (Martin et al., 1991).
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Chapitre II : Les argiles
1. Les kaolins
Les kaolins sont des roches composées en grande partie de minéraux du groupe de kaolin qui
sont la kaolinite, l’halloysite, la dickite et la nacrite (Murray, 1999). La kaolinite est de loin le
minéral le plus courant des kaolins (Al-Ani et Sarapää, 2008; Mukherjee, 2013; Murray,
2007). Elle se forme par altération hydrothermale à basse température (hydrolyse) ou par
altération chimique supergène en climat tropical humide, des feldspaths, des muscovites, et
d’autres silicates riches en aluminium provenant des roches ignées acides (Mukherjee, 2013).
Ces processus forment des dépôts primaires de kaolin in situ. Le transport et la sédimentation
de ces kaolins dans d’autres environnements (delta, lagune…) donne naissance à des kaolins
secondaires. Cependant, Les trois autres minéraux du groupe sont relativement rares. Ils sont
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Chapitre II : Les argiles
2. Les smectites
Ce sont des silicates d’alumine hydratés de sodium (montmorillonite sodique), de calcium
(montmorillonite calcique), de magnésium (saponite ou stevensite), de fer (nontronite), de
lithium (hectorite), d’aluminium (beidellite), de chrome (volkonskoite) et de zinc (sauconite).
Le terme bentonite s’utilise pour désigner des minéraux de montmorillonite sodique ou
calcique, ou dans une moindre mesure l’hectorite (Murray, 2007).
Les smectites sont formées par altération chimique des silicates mafiques (ferromagnésiens)
et se stabilisent dans des climats arides, semi-arides ou tempérés (Al-Ani et Sarapää, 2008).
Elles se forment aussi dans les dépôts sédimentaires par transformation d'autres minéraux
argileux ou de minéraux non argileux par des processus diagénétiques et hydrothermaux, ou
par néoformation. Elles peuvent aussi être des produits d'altération hydrothermale autour des
veines ou des dépôts métalliques, et à proximité des sources thermales et des geysers (Murray,
2007).
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Chapitre II : Les argiles
Les smectites se présentent sous forme de flocons et de lattes minces. Leurs couleurs diffèrent
de l’ocre, verte olive, brune, bleue-grise et blanche. Elles sont caractérisées par des capacités
de gonflement élevées, des capacités d’absorption élevées, des capacités d’échange cationique
élevées, des surfaces spécifiques élevées, et des charges de couches élevées. Et lorsqu’elles
sont mélangées à l’eau, elles sont thixotropes montrant une viscosité très élevée (Al-Ani et
Sarapää, 2008; Murray, 2007).
Les smectites présentent un large champ d’utilisation comme dans les boues de forage, la
liaison des sables dans les fonderies, dans la granulation du minerai du fer, comme absorbants
d'huile industriels, dans le ciment et la céramique, dans le blanchissement des eaux et des
huiles, dans les litières des chats… En fait, les différences dans les propriétés physiques et
chimiques des espèces minérales définissent leurs applications spécifiques. Ainsi, la
stevensite qui est une smectite magnésienne est utilisée largement en cosmétique sous forme
de ghassoul pour ses propriétés absorbante, détersive et dégraissante. Les Na-
montmorillonites sont des argiles très gonflantes par rapport au Ca-montmorillonites, quoique
ces dernières peuvent être activées avec du carbonate de sodium pour produire de la Na-
montmorillonite sans que celles-ci atteignent la capacité de gonflement des Na-
montmorillonites naturelles (Murray, 2007). Dans les boues de forage par exemple, les
bentonites sodiques sont le principal constituant. Cependant, les bentonites calciques sont de
très bonnes argiles absorbantes. Elles peuvent absorber jusqu’à 100% de leurs poids sec d’eau
et jusqu’à 80% de leurs poids d’huile (Murray, 2007). En céramique, les bentonites peuvent
être utilisées en faibles pourcentages comme additif. Ainsi, un petit ajout de Na- ou Ca-
montmorillonite améliore la plasticité de certaines argiles de brique et facilite leur extrusion.
3. Les chlorites
Ce sont des minéraux argileux de type 2:1:1 dans lequel plusieurs substitutions peuvent
survenir dont les plus souvent sont : Mg2+ par Fe2+, Al3+ par Fe3+, et Si4+ par Al3+. Son espace
basal est d’environ 14Å.
Ces minéraux sont importants pour leur utilisation dans une grande variété de corps de
carreaux céramiques en fonction de leur couleur et de leur pouvoir réfractaire (Mooney,
1996). La chlorite est communément un minéral associé dans les argiles communes
(Mukherjee, 2013). Elle entre dans les formules de toutes leurs utilisations (cf. chapitre V.6.
Les argiles ordinaires (Common clays)).
4. L’illite
L’illite {K0,8-0,9(Al, Fe, Mg)2(Si, Al)4O10(OH)2} est un minéral argileux de type mica. Son
espace basal est de 10Å avec une certaine substitution de Fe3+, Mg2+ et Fe2+ dans le site
octaédrique, et certains Al3+ dans le site tétraédrique, ce qui donne lieu à la plus grande partie
du déséquilibre de la charge de couche. La teneur en Si dans la formule chimique de l’illite est
habituellement inférieure à 3,50 (/4) (Velde, 1995). Le minéral a deux couches tétraédriques
et une couche octaédrique (structure 2:1), avec une population d'ions intercalaires (potassium)
66
Chapitre II : Les argiles
qui maintient solidement les couches ensemble, et donnent un feuillet unitaire d’environ 10Å
(Al-Ani et Sarapää, 2008; Velde, 1995). C’est l’un des minéraux argileux les plus importants
et les plus abondants dans les roches sédimentaires, quoiqu’elle survienne en conjonction
avec d’autres minéraux. Les gisements d’illite pure sont très rares. Elle se trouve également
dans certaines roches métamorphiques de faible grade. Elle se forme suivant les processus
suivants :
Héritage : désagrégation mécanique des minéraux de biotite ou de muscovite en climat
aride ;
Néoformation par hydrolyse des feldspaths et des muscovites sous l’effet des
intempéries (Mukherjee, 2013) ;
Transformation de la smectite et de la kaolinite par diagénèse et par métamorphisme
de faible grade (Mukherjee, 2013).
Le caractère octaédrique des illites dépend largement des minéraux d’origine. Ainsi, les illites
qui proviennent des muscovites sont dioctaédriques et celles formées à partir des biotites sont
trioctaédriques (Fordham, 1990a; Fordham, 1990b). Les gisements les plus abondants d’illite
proviennent d'environnements d’érosion, diagénétiques, métamorphiques ou hydrothermaux,
où le mécanisme de formation est appelé illitisation (Ferrari et Gualtieri, 2006).
Il existe de nombreux domaines où les argiles illitiques jouent un rôle important puisque
l'illite est l'un des principaux composants des argiles utilisées dans les céramiques
traditionnelles pour la production des casseroles, des plaques, des carreaux et des briques. Elle
est très utilisée dans la production des carreaux de grès (stoneware tiles). C’est le premier
produit sur le marché des céramiques traditionnelles (Ferrari et Gualtieri, 2006). Elle est
également utilisée dans la fabrication des poteries, des réfractaires, des porcelaines, des filtres
et des absorbants (Mukherjee, 2013). L’illite est le principal composant des argiles communes
(common clays) qui ont à leur tour un large champ d’utilisations (Murray, 2007).
5. Le talc et la pyrophyllite
Ce sont des minéraux argileux de type 2:1. La pyrophyllite (Al2Si4O10(OH)2) est
dioctaédrique. Elle contient des cations Al3+ dans les sites octaédriques et Si4+ dans les sites
tétraédriques, et présente une épaisseur de feuillet d’environ 9,3Å. Quant au talc
(Mg3Si4O10(OH)2), il est trioctaédrique et contient toujours presque trois ions divalents (R2+)
dans les sites octaédriques et un petit nombre d’ions trivalents dans les sites octaédriques et
tétraédriques. Son espace basal est compris entre 9,4Å et 9,6Å. Ces minéraux présentent des
charges de couche neutres. L’absence du déséquilibre de charge implique l’absence des ions
qui comblent le déficit de charge et qui se placent dans l’espace interfoliaire. Et comme ces
ions jouent un rôle dans les liaisons entre les feuillets, leur absence dans ces minéraux
affaiblie ces liaisons, et par conséquent, leurs feuillets peuvent être facilement déplacés ou
espacés. Cela offre aux minéraux une texture glissante ce qui les rend utilisables comme
lubrifiants (Caillère et al., 1982b; Meunier, 2005; Mukherjee, 2013; Velde, 1992; Velde,
1995; Velde et Meunier, 2008).
67
Chapitre II : Les argiles
Le marché de la pyrophyllite est dominé par les productions céramiques et réfractaires. Elle
est aussi utilisée comme support des ingrédients actifs dans les pesticides, dans les ciments de
joints, les mastics, les peintures, les caoutchoucs, les crayons, les plastiques et dans le
domaine de la cosmétique. Le talc est également utilisé en céramique, mais aussi en industrie
papetière, dans les crayons, les plastiques et les caoutchoucs. Le talc doux est utilisé en
pharmaceutique et en cosmétique (Chatterjee, 2009; Ciullo, 1996; Harvey et Lagaly, 2006).
68
Chapitre II : Les argiles
sont utilisés dans la fabrication des produits céramiques tels que les briques ordinaires, les
briques réfractaires, les briques de structure et de parement, les carrelages, la poterie, les pots
de grès, les tuyaux d’égout, les tuyaux vitrifiés, les articles sanitaires, les tuiles de toiture, les
tuiles de conduits, les tuiles des fumées, les tuiles de drainage, etc. (Harvey et Lagaly, 2006;
Keith et Murray, 2009; Mukherjee, 2013; Murray, 1994; Murray, 2007).
Les argiles communes destinées à la production des tuiles, des briques et des céramiques sont
généralement utilisées en vrac (à l’état brut) sans traitement. Dans certains cas, les plus
grandes particules sont éliminées par des techniques de sédimentation simples sans pré-
purification afin d’obtenir des corps céramiques homogènes (Harvey et Lagaly, 2006). Leur
exploitation commence par l'extraction à partir des carrières à ciel ouvert, habituellement
situées près de l'usine de traitement pour minimiser les coûts de transport. L'argile est ensuite
stockée dans des hangars d’habitude avec des côtés ouverts pour permettre un certain séchage
à l'air. Puis, l'argile est broyée, malaxée et extrudée dans les formes souhaitées, séchée et cuite
dans des fours de tunnel ou de ruche (rond) (Murray, 2007). Certaines argiles communes sont
utilisées dans la production des granulats légers. Les argiles contenant des illites, de la
chlorite, de la montmorillonite et des interstratifiés sont les sources les plus prometteuses pour
fabriquer un granulat léger. Il existe une relation étroite entre la composition chimique et les
caractéristiques de gonflement de l'argile et des schistes (Murray, 2007; Riley, 1951).
Riley (1951) a conclu que la viscosité de la masse fondue produite par cuisson est déterminée
essentiellement par la composition chimique de la poudre de la roche argileuse totale basée
sur le diagramme ternaire SiO2/Al2O3/CaO+MgO+FeO+Fe2O3+K2O+Na2O dans lequel la
viscosité optimale de la masse fendue pourrait être attendue. La Figure II-15 montre les
limites des expansions établies par Riley (1951) et vérifié par Haydn et Smith (1958). Le
processus consiste en un traitement thermique d’argile par expansion à haute température.
L’argile ainsi expansée est utilisée comme granulat léger. Dans certaines conditions, 1m3
d’argiles peut donner plus de 5m3 de granulats légers d’argile expansée.
69
Chapitre II : Les argiles
Figure II-15 : Diagram de Rileys montrant la relation entre la composition chimique en oxydes et
l’expansion d’argile (domaine en poitillés) permettant de produire un granulat léger (Riley, 1951).
70
Chapitre III : Matériels
I. Introduction
Le matériel échantillonné est principalement des argiles et des marnes qui remplissent les
bassins sédimentaires néogènes du Rif nord-oriental du Maroc. L’échantillonnage a été réalisé
suivant des coupes choisies (Figure III-1). Ce sont les coupes les plus complètes possibles
comprenant d’épaisses formations argileuses-marneuses d’âge Néogène. En plus des
échantillons argileux et marneux, on a aussi échantillonné au niveau de certains tufs/cinérites
interstratifiés dans les séries sédimentaires. Les points d’échantillonnage ont été choisis loin
des arbres, des arbustes et des traces anthropiques. L'échantillonnage a été réalisé en creusant
profondément dans la formation après avoir retiré la surface altérée, puis en prélevant une
quantité assez suffisante de matériau.
II. Echantillonnage
Dans la région de Zaïo, on a prélevé 5 échantillons. Deux de nature marneuse (Z1, Z2), un de
nature limoneuse (Z4), et deux autres de nature cinéritique (Z3) et bentonitique (Z6)
(Figure III-1, 2, 3). A part l’échantillon tortonien Z1, tous les autres échantillons de Zaïo sont
d’âge Messinien. Puis on a prélevé un échantillon au Cap des Trois Fourche, à l’extrême
nord-est du secteur d’étude, dans une formation marneuse d’âge Tortonien (CTF)
(Figure III-1).
Dans le bassin de Kert, on a choisi cinq coupes les plus complètes possibles du secteur. D’est
en ouest et du nord en sud, les noms des coupes sont : Izaroren, Afza, Kert, Kebdani et
Twount (Figure III-1). Dans la coupe d’Izaroren, on a prélevé 5 échantillons argileux (1, 3, 4,
5 et 6) et un échantillon tufeux (2) (Figure III-4). A Afza, on a échantillonné dans 4
formations argileuses (1, 3, 4 et 5) et 2 tufs volcaniques (2 et 6) (Figure III-5). Plus au centre
du bassin, la coupe de Kert commence avec deux faciès tufeux dans chacun on a prélevé un
échantillon (1 et 2), puis 3 autres dans une couche argileuse (3, 4 et 5) (Figure III-6). Un peu
vers l’ouest, dans la coupe de Kebdani, on a prélevé 6 échantillons argileux (1, 2, 3, 5, 6 et 7)
et un échantillon tufeux (4) dont le lit divise la coupe en deux (Figure III-7). Tous les
échantillons des quatre coupes sont d’âge Messinien. Et finalement, à l’extrême ouest, à la
limite avec les monts des Beni Saïd, on a prélevé 7 échantillons argileux et argilo-sableux à
partir de la coupe de Twount. Cette dernière se caractérise par des facies plus grossiers que
ceux des autres coupes du bassin, surtout dans sa moitié sommitale, rappelant le Pliocène de
la région (Figure III-8).
Dans le bassin de Boudinar, l’échantillonnage a été réalisé, dans les formations marneuse-
argileuse messiniennes et pliocènes, de façon à remplir le log stratigraphique réalisé par
Azdimousa et al. (2006). Au total, on a prélevé 7 échantillons, trois dans le Messinien (Ira 13-
10, Ira 13-2 et Ira 13-3) et quatre dans le Pliocène (Ira 13-5, Ira 13-6, Ira 13-8 et Ira 13-7)
71
Chapitre III : Matériels
(Figure III-9). Le Tableau III-1 récapitule les lithologies, les âges, et les coordonnées des
échantillons prélevés dans les différents bassins sédimentaires étudiés.
Figure III-1 : Représentation des coupes et des points d’échantillonnage dans la carte structurale
schématique du Rif oriental marocain, modifiée d’après Faure-Muret (1996).
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Chapitre III : Matériels
Figure III-2 : Points d’échantillonnage dans le bassin de Moulay Rachid -la coupe de Zaïo-.
Figure III-3 : Point d’échantillonnage dans le site d’Azouzète (la coupe de Zaïo).
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Chapitre III : Matériels
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Chapitre III : Matériels
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Chapitre III : Matériels
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Chapitre III : Matériels
Figure III-9 : Points d’échantillonnage dans le log stratigraphique du bassin de Boudinar, modifié
d’après Azdimousa et al. (2006).
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Chapitre III : Matériels
Izaroren
Izaroren 3 Marne verte Messinien 35° 13,089’N ; 03° 08,581’W
Izaroren 4 Marne verte Messinien 35° 13,102’N ; 03° 08,538’W
Izaroren 5 Marne verte Messinien 35° 13,105’N ; 03° 08,512’W
Izaroren 6 Marne beige Messinien 35° 13,127’N ; 03° 08,507’W
Afza 1 Marne verte Messinien 35° 12,459’N ; 03° 11,671’W
Afza 2 Tuf 35° 12,460’N ; 03° 11,675’W
Afza 3 Marne grise Messinien 35° 12,405’N ; 03° 11,732’W
Afza
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Chapitre IV : Méthodes
Chapitre IV : Méthodes
I. Introduction
Les échantillons ainsi prélevés ont été préparés au Laboratoire des Géosciences Appliquées de
la Faculté des Sciences d’Oujda. Puis, ils ont été soumis à une série d’analyses à savoir : la
calcimétrie, la granulométrie par tamisage et par sédimentométrie, la diffraction aux rayons X
des poudres totales et des lames orientées, la fluorescence des rayons x, l’essai au bleu de
méthylène et l’essai des limites d’Atterberg.
II. Calcimétrie
Le taux de carbonate de calcium (CaCO3) a été déterminé en utilisant deux méthodes
calcimétriques différentes : la calcimétrie par titrage et le calcimètre de Bernard.
Généralement, le principe consiste à attaquer les échantillons de roches/matériaux par de
l’acide chlorhydrique (HCl) de concentration relativement élevée selon la réaction suivante :
CaCO3 + 2HCl → CaCl2 + H2O + CO2 (1)
La mesure du volume d’HCl qui a réagi avec tout le carbonate de calcium contenu dans la
roche permet de calculer la masse de CaCO3, c’est le principe de la calcimétrie par titrage. La
mesure du volume de CO2 dégagé permet aussi de calculer cette masse, c’est le principe de la
méthode du calcimètre de Bernard.
Les essais calcimétriques ont été réalisés au Laboratoire des Géosciences Appliquées du
Département de Géologie, Facultés des Sciences d’Oujda, Université Mohamed Premier.
On met cette prise d’essai dans un bécher de 100ml, on verse 20ml d’HCl de concentration
NHCl = 1mol/l. Cette quantité d’acide suffit pour décarbonater 1 gramme de CaCO3. Puis on
agite soigneusement la solution et on laisse jusqu’à la fin de la réaction. On filtre la solution
dans un erlenmeyer à vide à l’aide d’une pompe. On ajoute quelques gouttelettes de Bleu de
Bromotymol (BBT) (indicateur coloré dont la zone de virage est pH = 7). La solution devient
orange indiquant un milieu acide. On fait un titrage avec une solution basique d’hydroxyde de
potassium (KOH) d’une même concentration NKOH = 1mol/l. Cette dernière réagit avec l’HCl
restant de la réaction (1) selon la réaction :
HCl + KOH → KCl + H2O (3)
79
Chapitre IV : Méthodes
Tant que la solution de la réaction (3) contient encore de l’HCl, elle reste orange. Quand la
couleur devient verte, elle indique que le milieu est devenu neutre et par conséquent la totalité
d’HCl restant a réagi avec toute la quantité de la base KOH ajoutée. A ce moment, on note le
volume de la base : Veq. La couleur de la solution ne doit pas atteindre le bleu qui indique un
milieu basique, sinon la lecture sera erronée. Le volume d’HCl (VHCl en ml) recherché, c'est-à-
dire qui a réagi avec tout le carbonate de calcium contenu dans la roche est donc :
VHCl = 20ml – Veq (4)
La masse de carbonate de calcium est alors calculée, à partir de la réaction (1), par l’équation :
VHCl NHCl MCaCO3
mCaCO3 = (5)
2
En pratique, chaque essai permet de mesurer Veq, puis de calculer le pourcentage de CaCO3
par une simple application numérique de l’équation (6).
2. Calcimètre de Bernard
La deuxième méthode calcimétrique utilise le calcimètre de Bernard selon la norme française
NF P 94-048 (AFNOR, 1996). Son principe se base sur la mesure du volume Vb de dioxyde
de carbone (CO2) dégagé par une masse m d’échantillon sous l’action d’acide chlorhydrique
en excès suivant la réaction (1) citée ci-avant. Cette mesure se fait par un appareillage dit
calcimètre de Bernard. La masse m de la prise d’essai du matériau sec est choisie sur la base
des résultats de l’évaluation préalable du taux de CaCO3 par la méthode de la calcimétrie par
titrage selon le Tableau IV-1.
Teneur en carbonate présumée (%) ˂4 4à9 10 à 19 20 à 39 40 à 79
Masse de la prise d’essai de matériau sec (g) 10 5 2,5 1 0,5
Tableau IV-1 : Masse d’une prise d’essai (méthode du calcimètre) en fonction de la teneur présumée
en carbonate (AFNOR, 1996).
Le calcul du pourcentage de CaCO3 se fait en se référant à un essai témoin avec une masse mt
(= 0,25g) de CaCO3 pur qui dégage un volume Vt de CO2 après sa réaction avec de l’HCl en
excès. La teneur en CaCO3 est calculée par la formule :
mt Vb (θt +273)
P= (7)
m Vt (θb +273)
80
Chapitre IV : Méthodes
g : la gravité, D : le diamètre des particules, γs : la masse volumique des particules, γl : la masse volumique de
l’eau disstillée, η : la viscosité dynamique de la solution.
Dans la pratique, on sépare d'abord la fraction inférieure à 0,08mm (80µm) de la roche par
tamisage humide en utilisant un tamis de maille de 80μm. Le refus est quantifié pour évaluer
le taux des sables. Le passant est séché, broyé délicatement et mis en imbibition dans de l’eau
distillée additionnée à un défloculant (hexamétaphosphate de sodium) pendant au moins 15
heures dans une température ambiante. Puis on agite la solution suffisamment pour
l’homogénéiser et disperser les grains du matériau. Ensuite, on laisse décanter et on mesure, à
l’aide d’un densimètre, les différences de densité de la solution en fonction du temps. Les
densités mesurées en fonction du temps permettront par la suite de calculer à chaque instant le
diamètre (D) et le pourcentage (P) des particules d’une fraction décantée. Ce qui permet de
tracer une courbe granulométrique qui peut aller jusqu’à 1μm.
On a effectué l’essai de la sédimentométrie, au Laboratoire des Géosciences Appliquées du
Département de Géologie, Facultés des Sciences d’Oujda, Université Mohamed Premier.
L’essai a concerné tous les échantillons de nature argileuse et marneuse suivant la norme
française NF P 49-057 (AFNOR, 1992).
En effet, dans notre étude, la technique a été couplée à la granulométrie par tamisage humide
en utilisant les tamis : 2 et 0,08mm. Ensuite, on a calculé les taux des fractions : sable (63µm-
2mm), limon (4µm-63µm) et argile (≤4µm) ; ainsi que les fractions ≤2µm, 2µm-20µm et
≥20µm dont les interprétations seront discutées par la suite.
81
Chapitre IV : Méthodes
La plasticité est une propriété fondamentale dans le traitement des matériaux à base d'argile
puisqu’elle détermine les paramètres techniques pour convertir une masse céramique en une
forme donnée par application d'une certaine pression. Généralement, elle est considérée
comme la propriété d’une argile à se déformer sous l’action d’une force suffisante pour
provoquer une déformation, puis conserver la forme permanente sans fracture après que la
force appliquée soit retirée (Andrade et al., 2011; El Ouahabi, 2013; Moore, 1963).
Dans notre étude, le calcul des limites d’Atterberg nous permettra de classer nos échantillons
selon le caractère de plasticité en utilisant l’abaque de plasticité de Casagrande (Casagrande,
1948; Holtz et Kovacs, 1981). Il s’agit d’un abaque bidimensionnel dont la limite de liquidité
(WL) est la variable de l’axe des abscisses et l’indice de plasticité (IP) est la variable de l’axe
des ordonnées (Figure IV-2).
La limite de liquidité (WL) définit la teneur en eau maximale sous laquelle le matériau est
toujours plastique, et au dessus de laquelle il commence à couler. La limite de plasticité (W P)
est la plus faible teneur en eau à laquelle le corps peut être roulé sous forme de rouleaux fins
(environ 3 millimètres d’épaisseur et 10cm de longueur) sans rupture. L’indice de plasticité
(IP) est le résultat de la différence numérique entre W L et WP (Lagaly, 2006). Cet indice
définit l’intervalle des teneurs en eau dans lequel un matériau pourra être façonné et travaillé.
Les matériaux argileux avec un IP inférieur à 10% ne sont pas appropriés pour la production
des céramiques de construction en raison du risque des caractéristiques dimensionnelles
inappropriées voire même des fissures au cours du processus d’extrusion (Abajo, 2000; El
Ouahabi, 2013; Vieira et al., 2008). Ces problèmes sont liés à une éventuelle variation dans la
quantité d’eau d’extrusion (Vieira et al., 2008).
82
Chapitre IV : Méthodes
Figure IV-2 : Abaque de plasticité (Casagrande, 1948; Holtz et Kovacs, 1981), modifiée.
L’essai de "limites d’Atterberg" a été réalisé, par la méthode de Casagrande (AFNOR, 1993;
Andrade et al., 2011; Casagrande, 1947), au Laboratoire des Géosciences Appliquées du
Département de Géologie, Facultés des Sciences d’Oujda, Université Mohamed Premier, sur
tous les échantillons de nature argileuse et marneuse, en utilisant la norme française NF P 94-
051 (AFNOR, 1993). Ainsi, WL est calculée à l’aide de l’appareil de Casagrande
(Figure IV-3). L’essai consiste à étaler une masse d’environ 70g de pâte argileuse dans la
coupelle de l’appareil. Ensuite, réaliser une rainure profonde au milieu de cette pâte à l’aide
de l’outil à rainurer. Puis effectuer une série de chocs avec un rythme d’environ deux coups
par seconde en utilisant la manivelle. Lorsque les deux lèvres de la rainure se rejoignent sur
une longueur d’environ un centimètre, on note le nombre (N) de chocs lu sur le compteur. On
refait l’essai au moins 4 fois tout en ayant des nombres de chocs (Ni) étalés sur l’intervalle 15-
35, encadrant le nombre 25, et que la différence entre deux nombres consécutifs soit inférieur
à 10. A chaque fois, on prélève une quantité d’environ 5g à l’endroit de la fermeture des
lèvres (Figure IV-4) pour en déterminer la teneur en eau WLi selon la norme NF P 94-050
(AFNOR, 1995). Finalement on trace la droite résultante de la fonction WLi = f(Ni) pour
déterminer la limite de liquidité définie comme la teneur en eau correspondante à N=25.
Quant à la limite de plasticité WP, elle se détermine en roulant une boulette de la pâte sur une
surface lisse. Lorsque le rouleau, ayant une épaisseur de trois millimètres et une longueur de
dix centimètres se fissure (Figure IV-5), à cet état, on prend une partie du rouleau pour
calculer sa teneur en eau (peser avant et après étuvage) suivant la norme NF P 94-050
(AFNOR, 1995) : c’est la limite de plasticité. Finalement, on calcule IP directement à partir de
la différence entre les deux limites.
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Chapitre IV : Méthodes
Figure IV-4 : Prélèvement d’une quantité de la pâte à l’endroit de la fermeture des deux lèvres.
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Chapitre IV : Méthodes
Figure IV-6 : Résultat de l’essai de la tache de bleu de méthylène qui montre des taches bleues foncées
entourées d’auréoles bleues claires persistantes au moins 5min.
85
Chapitre IV : Méthodes
La valeur de BM (VBS), en gramme de BM par 100 gramme d’argile, sera calculée par la
formule :
VBS = VBM CBM x 100 / m0
La VBS est définie comme la masse de BM nécessaire pour produire un couvercle d'une seule
couche moléculaire sur les particules contenues dans une masse de sol de 100g (Arab et al.,
2015).
Grâce à la quantité de BM adsorbé, on peut aussi calculer la surface spécifique du matériau
(en m2/g) par la formule ci-après (Arab et al., 2015; Calábria et al., 2013; Santamarina et al.,
2002; Valencia, 2008) :
SST = VBS (CBM Nav ABM / MBM x 1000) = VBS x FC
Avec CBM : la concentration de la solution de BM (=10g/l), Nav est le nombre d’Avogadro
(=6,2.1023), ABM est la surface couverte par une seule molécule de BM (=130Å2) et MBM est la
masse molaire de BM (=319,858 g/mol). FC est un facteur de conversion calculé directement
par application numérique (FC=25,198).
La surface spécifique d'une particule est le rapport de sa surface sur sa masse. Elle est
contrôlée par la petite dimension des particules. Il y a un double effet de la taille des
particules sur la surface spécifique. A mesure que la taille des particules diminue, la SST
augmente non seulement en raison de la relation inverse entre la taille et la surface spécifique,
mais aussi parce que la forme des petites particules tend vers des géométries plates
(Santamarina et al., 2002). En plus de la taille et la forme des particules, d’autres paramètres
86
Chapitre IV : Méthodes
peuvent influencer les valeurs des SST à savoir la composition minéralogique et l’état de
surface des particules (Valencia, 2008).
La capacité d’échange cationique, quant à elle, est calculée par l’équation suivante (Arab et
al., 2015; Calábria et al., 2013) :
CEC = VBM NBM x100 / m0
Avec NBM la concentration de la solution de BM donnée en normalité (N). Elle est calculée
par la relation ci-dessous (Abayazeed et El-Hinnawi, 2011; Topal, 1996; Yukselen et Kaya,
2008) :
NBM = mBM / MBM
Avec mBM est la masse sèche de BM en grammes, dissoute dans 1 litre d’eau distillée dans la
préparation de la solution de BM. La CEC renseigne sur le potentiel de gonflement. Ainsi, des
valeurs élevées de CEC indiquent la présence de minéraux argileux à fort pouvoir gonflant
(Arab et al., 2015; Valencia, 2008).
Le Tableau IV-2 affiche les surfaces spécifiques totales (SST) et les capacités d’échange
cationique (CEC) de certains minéraux argileux.
Références Smectite Illite Kaolinite Chlorite Vermiculite
Morel (1996)
SST (m2/g) Santamarina et al. (2002) 400-800 80-100 10-20 100-175 760
Valencia (2008)
Morel (1996)
CEC
Topal (1996) 80-150 10-40 3-15 10-40 100-150
(meq/100g) Velde (1995)
87
Chapitre IV : Méthodes
Les protocoles d’investigation minéralogique utilisant la technique de la DRX ont été assez
détaillés par les minéralogistes et les spécialistes en sciences des argiles, pour l’estimation
qualitative et semi-quantitative des minéraux argileux et non-argileux contenus dans les
roches argileuses. Les poudres sont préparées par séchage de la roche totale à l’étuve sous une
température de 50°C pendant 24h. Ensuite, l’échantillon séché est broyé manuellement dans
un mortier en agate de façon à avoir une poudre suffisamment fine permettant un bon mélange
des minéraux. La poudre obtenue est doucement pressée dans le trou du porte-échantillon
métallique, de manière à limiter toute orientation préférentielle des minéraux. Cette
préparation sera soumise à l’analyse de la DRX (Boski et al., 1998; Fagel et al., 2003; Moore
et Reynold, 1997).
88
Chapitre IV : Méthodes
89
Chapitre IV : Méthodes
secondaire de la chlorite qui persiste (Fagel et Boës, 2008; Fagel et al., 2003; Moore et
Reynold, 1997).
L’interprétation des diffractogrammes obtenus a été effectuée, dans un premier temps,
manuellement en se basant sur les tableaux publiés par Cook et al. (1975), Thorez (1976),
Caillère et al. (1982a), Caillère et al. (1982b), Holtzapffel (1985), et Moore et Reynold
(1997). Dans le cas des poudres désorientées et même des lames orientées normales, les
minéraux correspondants aux pics sont déterminés à l’aide du logiciel X’Pert HighScore Plus
(3.0.0/01-11-2009) disponible au Département de Chimie de la Faculté des Sciences d’Oujda,
utilisant la base de données PDF-2. On a effectué la détermination qualitative en se référant
aux fichiers de diffraction de poudre (PDF : Powder Diffraction File) de JCPDS (Joint
Commitee on Powder Diffraction Standards) connue aujourd’hui sous le nom d’ICDD
(International Center For Diffraction Data). Ces fichiers (PDF) représentent des cartes
d’identité des minéraux, affichant plusieurs informations comme le nom, le code, la formule
chimique, les paramètres cristallographiques, mais aussi un tableau montrant les distances
réticulaires, les intensités relatives et les indices de Miller (hkl) du minéral. Cette base de
données nous a permis d’élaborer un tableau récapitulatif de certains minéraux argileux
comportant les rais primaires et secondaires, et les codes ICDD (Tableau IV-3).
Le logiciel, quant a lui, est une plate forme numérique de fonctionnalités très variées qui
intéressent la chimie minérale, la cristallochimie, la minéralogie… Dans l’analyse
minéralogique des matériaux argileux naturels, il aide à analyser les diffractogrammes par une
détermination automatique et manuelle des pics, la mesure de leurs intensités, une recherche
des minéraux qui peuvent, éventuellement, correspondre aux pics déterminés. Il permet aussi
de quantifier les phases minérales présentes dans un matériau en utilisant des modèles
mathématiques (exemple du refinement de Rietveld). Cependant, cette fonctionnalité de
qualification n’a pas donné des résultats prometteurs dans l’analyse quantitative des argiles
naturelles. Le logiciel, entre autres (EVA, MAUD, GenX..), est indispensable dans
l’ouverture des diffractogrammes sous plusieurs formats (XRDML, RAW, DAT, LST, UXD,
SD, RD…). De plus, il permet la mise en forme et l’assemblage de plusieurs
diffractogrammes en une seule figure, cas des lames orientées.
L’interprétation des diffractogrammes consiste à effectuer une analyse qualitative déterminant
les différentes phases minérales présentes dans l’échantillon. L'estimation semi-quantitative
des minéraux de la roche totale a été effectuée selon la méthode de mesure des intensités des
pics sur les diffractogrammes des poudres (Boski et al., 1998; Cook et al., 1975; Fagel et
Boës, 2008; Marcoen et al., 2000; Moore et Reynold, 1997). Elle est obtenue en multipliant
l'intensité mesurée de la réflexion spécifique de chaque minéral (en utilisant la fonctionnalité
Label Pics => Hauteur des pics dans le logiciel X’Pert HightScore Plus) par le facteur
correctif qui lui est spécifique (Tableau IV-4) (Boski et al., 1998; Cook et al., 1975; Fagel et
al., 2003). La somme des intensités corrigées (multipliées par les facteurs correctifs) est
ramenée à 100% puis on calcule le pourcentage respectif de chaque minéral.
90
Chapitre IV : Méthodes
Par ailleurs, l’analyse qualitative des minéraux argileux des diffractogrammes des lames
orientées a été réalisée selon la méthode décrite par Thorez (1976), Caillère et al. (1982a),
Caillère et al. (1982b), Holtzapffel (1985), Moore et Reynold (1997), Fagel et al. (2003) et
Fagel et Boës (2008). La méthode se base sur le comportement d’un minéral argileux dans les
trois diffractogrammes (Naturel, Glycolé, et Chauffé). Généralement, les lectures se font dans
les petits angles (2θ<12,7°). D’abord on observe un pic dans le diffractogramme de l’essai
normal puis on note ses variations dans les difractogrammes des autres essais. Ces variations
sont résumées dans les Tableau IV-5 et 6.
Raies primaires Raies secondaires Codes ICDD
01-078-1996
01-089-6538
Kaolinite 7,12-7,15 3,56-3,57 01-080-0885
01-075-1593
01-083-0971
00-026-0911
Illite 10 5
00-031-0968
01-074-1732
Vermiculite 14,3-14,4 01-076-0847
01-077-0022
00-052-1044
7,04-7,12
01-083-1380
Chlorite 14,10-14,24 4,70-4,74
00-007-0078
3,52-3,55
00-022-0712
00-002-0037
00-029-1498
Montmorillonite 12-15 4,45-4,5
00-013-0259
00-013-0135
00-009-0451
Halloysite 10,1 4,44
01-074-1022
00-009-0453
Meta-halloysite 7,3-7,5 4,42 00-013-0375
00-029-1487
00-007-0315
Serpentine 00-031-0618
(Bertierine, lizardite, 7,05-7,12 3,52-3,53 01-089-6275
antigorite, népouite, 7,25-7,36 3,60-3,66 00-052-1573
chrysotile 00-025-0524
00-025-0645
11,98 -- 01-075-1597
11,90 3,34 00-029-0863
Sépiolite
12,20 3,36 00-026-1226
12,10 2,56 00-13-0595
00-002-0018
Attapulgite 00-088-1951
10,38-10,40 4,40/4,24/4,26/4,26
(palygorskite) 00-031-0783
00-021-0958
Tableau IV-3: Raies primaires, raies secondaires et codes ICDD de certains minéraux argileux, issus
de la base de données PDF-2 du Centre International des Données de Diffraction (ICDD).
91
Chapitre IV : Méthodes
L’estimation semi-quantitative (± 5-10% ; Biscaye (1965)) des minéraux argileux est basée
sur les hauteurs des réflexions spécifiques, généralement mesurées sur les diffractogrammes
des essais glycolés, puis multipliées par un facteur de correction spécifique à chaque minéral
argileux (Fagel et al., 2007). Cependant, il reste indispensable d’analyser les deux autres
diffractogrammes, et si nécessaire de les prendre en considération dans les calculs. En effet, la
92
Chapitre IV : Méthodes
teneur en illite est calculée en multipliant l’intensité du pic à 10Å N par un facteur correctif de
1 (%Illite=I10N x 1). Pour la kaolinite, tout d’abords, on calcule le rapport du double pic 3,54-
3,57Å (chlorite/kaolinite) puis on l’applique au pic de 7ÅEG pour estimer la contribution de la
kaolinite). L’intensité ainsi estimée est corrigée en la multipliant par le facteur de 0,7
(%Kaolinite=0,7 x I7EG x I3,57EG/(I3,54EG + I3,57EG). En ce qui conserne les smectites, leur
abondance est estimée par la différence entre les intensités des réflexions 10Å avant et après
le chauffage. L’intensité estimée de la smectite sera multipliée par 0,2 pour qu’elle soit
corrigée (%smectite= 0,2 x (I10Å500° - I10ÅEG)). Les intensités de la chlorite et de la vermiculite
sont estimées à partir des pics 14ÅEG et 14Å500° puis corrigées par multiplication par les
facteurs correctifs 0,4 et 0,34 respectivement. Finalement, les interstratifiés 10-14 Å sont
identifiés par la hauteur de la bande de diffraction centrée sur 12ÅEG. Leurs intensités seront
multipliées par le facteur de 0,4 (Biscaye, 1965; Fagel et Boës, 2008; Fagel et al., 2003).
Les analyses de la DRX ont été effectuées au UARTS-CNRST de Rabat en utilisant un
diffractomètre Philips X'Pert PRO qui fonctionne à 45kV et 40mA et qui utilise des
rayonnements Cu-Kα (λ= 1,5418Å), pour les échantillons des coupes du bassin de Kert :
Afza, Izaroren, Kert, Kebdani et Twount. Et l’analyse diffractométrique des échantillons du
bassin de Boudinar et ceux de Zaïo et du Cap des Trois Fourches a été effectuée au
Département de Géologie, Université de Liège, Belgique, en utilisant le diffractomètre Bruker
D8 ECO-Advance qui fonctionne à 40kV et 30mA et qui utilise des rayonnements Cu-Kα (λ=
1,5418Å). Les diffractogrammes des poudres totales et des lames orientées sont représentés
dans l’annexe 1 et 2 respectivement.
93
Partie II : Caractérisation des dépôts argileux du bassin néogène de Boudinar (Rif NE, Maroc)
94
Chapitre V : Caractérisation Calcimétrique et sédimentométrique des dépôts argileux du
bassin néogène de Boudinar (Rif nord-oriental, Maroc).
I. Introduction
Le bassin sédimentaire de Boudinar est connu, comme ses voisins du secteur du Rif nord-
oriental, par des remplissages marneux et argileux d’âge Néogène. Ce type de dépôts présente
un intérêt industriel et environnemental d’une grande importance (Al-Ani et Sarapää, 2008;
Mukherjee, 2013; Murray, 2007; Ouasif et al., 2013; Velde, 1992).
Afin de valoriser ces sédiments, on a mené une approche de quantification de la fraction
argileuse par l’application de certaines techniques analytiques telles que : la calcimétrie par
titrage et par le calcimètre de Bernard. Ces deux méthodes, utilisées par plusieurs chercheurs
(Alessi, 2005; CSRPPGN, 1983; Kassim, 2013; Pakhshan et al., 2012), nous ont permis de
déterminer le taux de carbonate de calcium (CaCO3) dans chaque formation géologique du
bassin. Quant à la sédimentométrie, méthode décrite par Kindermans (Kindermans, 1977),
couplée à la granulométrie en utilisant les tamis 2mm et 80µm, elle nous a permis de
décrypter les proportions d’argile, de limon et de sable dans les sédiments étudiés.
La détermination du taux de CaCO3 a permis d’une façon directe, de quantifier la fraction
chimique carbonatée contenue dans ce type de sédiments. Par conséquent, elle mène à les
qualifier et les classer soit dans les argiles ou dans les marnes (AFNOR, 1996). Tandis que la
quantification des fractions détritiques fines qualifie davantage ces dépôts. En effet, elle les
classe selon des systèmes basés sur des diagrammes ternaires sable-limon-argile (Flemming,
2000; Shepard, 1954).
II. Résultats
1. Sédimentométrie
L’étude granulométrique du détritus des échantillons d’âge Messinien et Pliocène du bassin
de Boudinar, a permis de déterminer les taux des fractions : sable, limon et argile
(Tableau V-1). La représentation de ces résultats dans le diagramme ternaire de Shepard
(1954) a permis de les classer selon le système de classification sable-limon-argile
(Figure V-1). Ainsi, les échantillons messiniens sont des argiles limoneuses présentant un
pourcentage d’argile de 51,54% dans l’échantillon Ira 13-2, et un pourcentage légèrement
supérieur à 60% dans les deux autres échantillons (Ira 13-3 et Ira 13-10). Cependant,
l’échantillon Ira 13-5 du Pliocène basal est une argile limono-sableuse dont le taux d’argile
95
Chapitre V : Caractérisation Calcimétrique et sédimentométrique des dépôts argileux du
bassin néogène de Boudinar (Rif nord-oriental, Maroc).
est de 49,83%. Les autres échantillons pliocènes sont des limons argilo-sableux avec des taux
d’argile qui varient entre 24 et 37%.
Echantillons Age Sable (%) Limon (%) Argile (%)
Ira 13-7 20,61 42,73 36,66
Ira 13-8 21,68 47,28 31,04
Pliocène
Ira 13-6 27,27 47,81 24,92
Ira 13-5 20,35 29,82 49,83
Ira 13-3 03,57 35,00 61,43
Ira 13-2 Messinien 01,24 47,22 51,54
Ira 13-10 02,34 37,00 60,66
Tableau V-1 : Distributions granulométriques des échantillons messiniens et pliocènes de Boudinar.
Figure V-1 : Représentation des échantillons messiniens et pliocènes du bassin de Boudinar dans le
diagramme ternaire sable-limon-argile de Shepard (1954).
Or, le système de Shepard n’attribue aucun nom au mélange Argile-Limon-Sable avec des
proportions approximativement égales. Ce mélange est nommé boue ou vase (argile + limon)
par le système de classification de Flemming (2000) (Figure V-2). Ce nouveau système,
utilisé dans plusieurs autres travaux (Chang et al., 2007; Flemming, 2012), permet de
distinguer entre les différents régimes hydrodynamiques. En effet, les lignes peuvent être
utilisées pour délimiter des gradients d'énergie. Ainsi, ces derniers diminuent en allant du pôle
sable vers la ligne vase (ligne Argile-Limon). Ils diminuent aussi en allant de la ligne sable-
limon vers le pôle argile.
La représentation des mêmes échantillons dans ce dernier système montre que les échantillons
messiniens sont des argiles limoneuses. L’échantillon Ira 13-5 du Pliocène basal est une vase
argileuse peu sableuse. Puis, les deux échantillons pliocènes qui suivent (Ira 13-7 et Ira 13-8)
sont des vases limoneuses peu sableuses. Enfin, le sommet de la série pliocène (Ira 13-6) est
une vase limoneuse sableuse (Figure V-2).
96
Chapitre V : Caractérisation Calcimétrique et sédimentométrique des dépôts argileux du
bassin néogène de Boudinar (Rif nord-oriental, Maroc).
En outre, l’étude de la variation verticale des taux des fractions fines messiniennes et
pliocènes du bassin (Figure V-3) montre que la proportion des limons n’est pas trop variable.
Les taux les plus faibles sont enregistrés à la base et au sommet du Messinien (37% à Ira 13-
10,35% à Ira 13-3) ainsi qu’au Pliocène basal (29,82% à Ira 13-5). La partie moyenne du
Messinien, et les niveaux supérieurs du Pliocène inférieur enregistrent des taux de limon
compris entre 42 et 48%. Quant au taux d’argile, il est inversement proportionnel à celui des
sables. Il commence, au Messinien, par des valeurs importantes allant de 51,54% dans
l’échantillon Ira 13-2 et dépassant 61% dans les deux autres échantillons (Ira 13-2 et Ira 13-
10). Ensuite, il diminue légèrement au pliocène basal (Ira 13-5) vers 49,83%. Et continue à
diminuer vers des valeurs comprises entre 24,92% et 36,66% dans le reste du Pliocène (Ira
13-6, Ira 13-8 et Ira 13-7). Contrairement au taux d’argile, celui du sable commence par des
valeurs très faibles au Messinien, ne dépassant pas 4%, alors qu’au Pliocène, ce taux dépasse
20% arrivant même à 27,27% dans l’échantillon Ira 13-6.
Figure V-2: Représentation des échantillons messiniens et pliocènes du bassin de Boudinar dans le
diagramme ternaire sable-limon-argile de Flemming (2000).
S : sable ; A-I : sable peu limoneux ; A-II : sable peu argileux ;
B-I : sable très limoneux ; B-II : sable limoneux ; B-III : sable argileux ; B-IV : sable très argileux ;
C-I : vase sableuse extrêmement limoneuse ; C-II : vase sableuse très limoneuse ; C-III : vase sableuse limoneuse ; C-IV : vase sableuse
argileuse ; C-V : vase sableuse très argileuse ; C-VI : vase sableuse extrêmement argileuse ;
D-I : vase peu sableuse extrêmement limoneuse ; D-II : vase peu sableuse très limoneuse ; D-III : vase peu sableuse limoneuse ; D-IV : vase
peu sableuse argileuse ; D-V : vase peu sableuse très argileuse ; D-VI : vase peu sableuse extrêmement argileuse ;
E-I : limon ; E-II : limon peu argileux ; E-III : limon argileux ; E-IV : argile limoneuse ; E-V : argile peu limoneuse ; E-VI : argile.
97
Chapitre V : Caractérisation Calcimétrique et sédimentométrique des dépôts argileux du
bassin néogène de Boudinar (Rif nord-oriental, Maroc).
Figure V-3 : Variation des taux des fractions fines (sable, limon et argile) du bassin de Boudinar au
cours du Messinien et du Pliocène.
2. Calcimétrie
Les teneurs en CaCO3 des échantillons du bassin de Boudinar sont éditées dans le
Tableau V-2, et représentées dans la Figure V-4 avec une courbe d’ajustement linéaire. Cette
dernière présente le degré de concordance entre les résultats des deux méthodes
calcimétriques utilisées. Ce type de comparaison a été utilisé principalement pour une
détermination du taux de CaCO3 des sols (Pakhshan et al., 2012).
Echantillons Age Calcimétrie par titrage (%) Calcimètre de Bernard (%)
Ira 13-7 08,63 09,16
Ira 13-8 15,89 15,17
Pliocène
Ira 13-6 19,39 19,67
Ira 13-5 28,66 27,50
Ira 13-3 16,20 15,88
Ira 13-2 Messinien 23,77 24,06
Ira 13-10 25,44 24,28
Tableau V-2 : Calcimétrie des échantillons du bassin de Boudinar par titrage et par calcimètre de
Bernard.
La courbe d’ajustement linéaire présente une corrélation positive presque totale puisque le
coefficient de corrélation de Pearson r est égal à 0,99619 (~1). L’équation de la courbe est :
y = 0,94346 + 0,93576 x
98
Chapitre V : Caractérisation Calcimétrique et sédimentométrique des dépôts argileux du
bassin néogène de Boudinar (Rif nord-oriental, Maroc).
Figure V-4 : Courbe d’ajustement linéaire des résultats de la calcimétrie par titrage et par calcimètre
de Bernard.
Figure V-5 : Variation verticale des teneurs en CaCO3 dans les échantillons messiniens et pliocènes du
bassin de Boudinar.
99
Chapitre V : Caractérisation Calcimétrique et sédimentométrique des dépôts argileux du
bassin néogène de Boudinar (Rif nord-oriental, Maroc).
On constate que la base du Messinien est relativement plus carbonatée, avec des valeurs qui
avoisinent 24%, que le Messinien final où cette teneur diminue vers 15,88%. De même, le
Pliocène basal est le plus carbonaté dans la série avec 27% à Ira 13-5. Ce taux diminue au
cours du temps passant de 19,67% à Ira 13-6 et arrivant à 9,16% au sommet de la série
pliocène (Ira 13-7).
Aussi, il apparaît clairement que la courbe de variation calcimétrique verticale calque bien la
courbe de variation eustatique du bassin établie par Azdimousa et al. (2006) (Figure V-6).
Les courbes calcimétriques sont des excellents outils de corrélation dans les formations à
prédominance carbonatée (CSRPPGN, 1983), mais aussi dans les facies détritiques fins avec
des teneurs faibles à moyennes en carbonates.
Figure V-6 : Corrélation entre la variation eustatique (Azdimousa et al., 2006) et la variation
calcimétrique verticale enregistrées durant le Messinien et le Pliocène dans le bassin de Boudinar.
III. Discussion
L’analyse sédimentométrique et calcimétrique des échantillons messiniens et pliocènes issus
du bassin de Boudinar montre que la partie inférieure du Messinien s’est déposée dans un
environnement de mer ouverte profonde (Azdimousa et al., 2006). C’est pourquoi l’apport en
matière terrigène fine (argile et limon) s’est accompagné d’un apport relativement important
de matière carbonatée. Ceci explique les teneurs relativement élevées (24%) en CaCO3. Au
cours du Messinien, le niveau marin augmente en transgression messinienne et atteint son
apogée de sorte que l’apport en matière carbonatée diminue vers les niveaux sommitaux
profonds. Ce qui explique la diminution de la teneur en CaCO3 (15,88% à Ira 13-3). On
100
Chapitre V : Caractérisation Calcimétrique et sédimentométrique des dépôts argileux du
bassin néogène de Boudinar (Rif nord-oriental, Maroc).
constate alors que dans le bassin de Boudinar, la ligne du rivage était lointaine impliquant des
teneurs très faibles en sable (inférieures à 4%). La régression fini-messinienne a mis en place
un niveau marin le plus bas dans le cycle et qui a persisté au Pliocène basal. Ceci est
matérialisé par la teneur la plus grande en carbonate (27,5% à Ira 13-5). Dès lors, l’apport en
sable devient important avec des valeurs comprises entre 20,35% et 27,27%.
Au Pliocène, la transgression et l’augmentation du niveau marin entrainent une diminution de
l’apport carbonatée. Ceci explique la diminution des taux de CaCO3 au cours de cette période.
L’application de l’approche de Flemming (Flemming, 2000) renseigne sur le régime
hydrodynamique. Ainsi, l’énergie du milieu augmente du Messinien au Pliocène passant d’un
domaine argileux à un domaine vaseux. Cette énergie continue à augmenter au cours du
Pliocène où la série commence par une vase argileuse peu sableuse qui devient une vase
limoneuse peu sableuse. Puis, elle se termine par une vase limoneuse sableuse.
D’une autre part, et selon la norme NF P 94-048 (AFNOR, 1996), les échantillons analysés
sont qualifiés de non calcaires à peu calcaires caractérisant, dans notre cas, les argiles et les
marnes. Ainsi, les sédiments du Messinien sont plutôt des marnes limoneuses (10%<
CaCO3<30%). Toutefois, des marnes limono-sableuses (CaCO3 ˃ 20%) prennent place au
Pliocène.
Conclusion
Les deux techniques calcimétriques utilisées dans l’étude des sédiments messiniens et
pliocènes du bassin de Boudinar, soit par titrage ou par calcimètre de Bernard, donnent des
résultats concordants. Elles ont permis de valoriser les formations marneuses et argileuses de
Boudinar. Il s’agit de dépôts pauvres en carbonate de calcium qualifiés de non calcaires à peu
calcaires caractérisant les argiles et les marnes. L’utilisation industrielle de ces dernières est
très large allant des briques jusqu’à la conception des centres d’enfouissement techniques.
La comparaison entre la courbe calcimétrique verticale (en fonction du temps), et la courbe de
fluctuation du niveau marin enregistrées dans le bassin durant le Messinien et le Pliocène a
permis de constater une parfaite superposition. Ceci confirme les résultats de l’application de
la stratigraphie séquentielle au bassin de Boudinar (Azdimousa et al., 2006). Et par
conséquent, l’analyse calcimétrique verticale apparait utile dans la corrélation en stratigraphie
séquentielle dans les dépôts marneux-argileux.
Par ailleurs, la sédimentométrie a permis de quantifier la fraction argileuse dans ces types de
sédiments, de les classer, et d’apporter un surplus dans la compréhension des milieux de
dépôts des sédiments. Ainsi, elle a valorisé plus les dépôts du Messinien que ceux du Pliocène
en raison du taux élevé en fraction argileuse.
La classification hydrodynamique Flemming (2000) appliquée aux sédiments messiniens et
pliocènes de Boudinar a prouvé une augmentation de l’énergie hydrodynamique depuis la
101
Chapitre V : Caractérisation Calcimétrique et sédimentométrique des dépôts argileux du
bassin néogène de Boudinar (Rif nord-oriental, Maroc).
base de la série jusqu’au sommet. Ce qui est en concordance avec les changements
eustatiques enregistrés durant la même période (Azdimousa et al., 2006).
Finalement, le bassin de Boudinar est comblé en majorité par des argiles messiniennes qui
peuvent atteindre 150 m d’épaisseur au centre du bassin (Azdimousa et al., 2006). Cette
épaisseur devient relativement plus faible vers l’ouest. Le Messinien est surmonté d’une
sédimentation pliocène moins abondante. Elle est absente dans le sud du bassin, mais elle
augmente vers le nord (Azdimousa et al., 2006). Tout cela fait du bassin un potentiel argileux
très important qui reste encore vierge pour des utilisations dans les domaines industriels.
102
Chapitre VI : Caractérisation minéralogique, géochimique, et géotechnique des dépôts argileux du
bassin néogène de Boudinar (Rif nord oriental, Maroc) pour des applications céramiques.
I. Introduction
Dans le chapitre V (chapitre ci-avant), on a démontré que les dépôts fins du Messinien et de la
base du Pliocène qui remplissent le bassin de Boudinar sont essentiellement marneux. La
sédimentation devient plus grossière au Pliocène avec le dépôt des limons marno-sableux. Ces
types de matériaux sont largement utilisés dans diverses industries telles que la production
céramique. Dans le présent chapitre (chapitre VI), les dépôts fins du bassin de Boudinar sont
caractérisés par des analyses minéralogiques, géochimiques, granulométriques et
géotechniques afin d’évaluer leur adéquation à la fabrication des produits céramiques.
103
Chapitre VI : Caractérisation minéralogique, géochimique, et géotechnique des dépôts argileux du bassin néogène de Boudinar (Rif nord oriental, Maroc) pour
des applications céramiques.
Facteurs correctifs Ira 13-2 Ira 13-3 Ira 13-5 Ira 13-6 Ira 13-7 Ira 13-8 Ira 13-10
Poudres totales
Minéraux argileux 20 (Boski et al., 1998) 27 35 25 21 28 25 32
Quartz 100/35 (Boski et al., 1998) 28 28 21 33 32 38 20
Feldspaths-K 4,3 (Cook et al., 1975) 2 2 4 3 5 3 2
Plagioclase 2,8 (Cook et al., 1975) 5 4 2 4 7 5 4
Calcite 1,65 (Cook et al., 1975) 30 29 46 32 25 25 35
Dolomite 1,53 (Cook et al., 1975) 7 1 0 1 1 2 4
Sidérite 1,15 (Cook et al., 1975) 0 0 0 0 0 0 1
Rhodochrosite 3,45 (Cook et al., 1975) 1 1 2 3 2 2 2
Hématite 2,33 (Cook et al., 1975) 0 0 0 3 0 0 0
Fractions argileuses
Illite 1 (Fagel et al., 2007) 60 61 58 70 79 79 64
Kaolinite 0,7 (Fagel et al., 2007) 34 29 26 5 11 12 25
Chlorite 0,34 (Fagel et al., 2007) 2 3 1 5 5 4 6
Vermiculite 0,34 (Fagel et al., 2007) 0 0 4 0 0 0 0
Smectite 1 (Fagel et al., 2007) 2 7 1 10 5 5 5
Interstratifiés 0,4 (Fagel et al., 2007) 2 0 10 10 0 0 0
Tableau VI-1: Minéralogie des poudres totales et des fractions argileuses des échantillons étudiés du bassin de Boudinar (%).
104
Chapitre VI : Caractérisation minéralogique, géochimique, et géotechnique des dépôts argileux du
bassin néogène de Boudinar (Rif nord oriental, Maroc) pour des applications céramiques.
Figure VI-1 : Qualification minéralogique des argiles étudiées du bassin de Boudinar à travers le
diagramme ternaire de Strazzera et al. (1997), modifié d’après Dondi et al. (1992a), Dondi et al.
(1992b), Dondi et al. (1993), Dondi et al. (1994), Fabbri et Dondi (1995).
2. Composition chimique
La composition chimique et la Perte Au Feu (PAF) des matériaux étudiés sont listées dans le
Tableau VI-2. Les oxydes qui dominant dans tous les échantillons sont: SiO2 (30,84-
46,36%), Al2O3 (10,96-15,38%), Fe2O3 (12,53-17,84%) et CaO (4,61-20,63%). Or, MgO,
K2O et Na2O sont présentent avec des petites quantités variant entre 1 et 2,8%. D’autres
oxydes sont également présents mais avec des taux inférieurs à 1%. Il s’agit de TiO 2, SO3,
MnO2 et P2O5. Ainsi, les échantillons étudiés présentent des teneurs moyennes en CaO,
faibles en Al2O3 et légèrement faibles en Fe2O3. Ils sont considérés comme des matériaux
modérément à légèrement calcaires (Figure VI-2).
105
Chapitre VI : Caractérisation minéralogique, géochimique, et géotechnique des dépôts argileux du bassin néogène de Boudinar (Rif nord oriental, Maroc) pour
des applications céramiques.
Echantillons SiO2 Al2O3 TiO2 Fe2O3 CaO MgO K2O Na2O SO3 MnO2 P2O5 LOI Total
Ira 13-2 42,37 11,91 0,56 13,17 10,15 2,58 1,35 1,90 0,42 0,41 0,25 14,86 99,94
Ira 13-3 43,90 15,02 0,66 14,28 06,90 2,15 1,61 2,24 0,37 0,41 0,19 12,29 100,00
Ira 13-5 30,84 10,96 0,67 17,84 20,63 1,51 0,97 1,45 0,40 0,53 0,12 14,07 99,99
Ira 13-6 44,54 12,82 0,65 14,29 08,92 1,85 1,44 1,49 0,00 0,42 0,15 13,13 99,69
Ira 13-7 45,60 15,38 0,66 12,53 04,61 2,58 1,56 2,65 0,33 0,37 0,21 13,48 99,96
Ira 13-8 46,36 14,79 0,56 13,01 07,04 2,15 1,48 1,91 0,48 0,36 0,21 11,64 99,98
Ira 13-10 38,37 12,02 0,59 14,55 10,08 2,78 1,42 1,98 0,76 0,46 0,21 16,76 99,97
Tableau VI-2 : Composition chimique en oxydes des échantillons étudiés (%).
Figure VI-2 : Classification des échantillons étudiés dans le diagramme ternaire Al2O3/Fe2O3/CaO (El Ouahabi et al., 2014a).
106
Chapitre VI : Caractérisation minéralogique, géochimique, et géotechnique des dépôts argileux du
bassin néogène de Boudinar (Rif nord oriental, Maroc) pour des applications céramiques.
Les teneurs de SiO2 et d’Al2O3 sont principalement associés aux minéraux argileux, mais SiO2
est également associé au quartz. Le taux de CaO est associé à la présence des carbonates, il
varie proportionnellement avec la teneur de CaCO3 (Figure VI-3). Un taux de Fe2O3
supérieur à 5% donne une couleur rougeâtre aux produits céramiques à base d’argile après la
cuisson (Abajo, 2000; El Ouahabi et al., 2014a; Ngun et al., 2011). La PAF varie entre 11 et
17%. Elle est associée à la présence des minéraux argileux, des hydroxyles, de la matière
organique et des carbonates (Baccour et al., 2008; Milheiro et al., 2005).
107
Chapitre VI : Caractérisation minéralogique, géochimique, et géotechnique des dépôts argileux du
bassin néogène de Boudinar (Rif nord oriental, Maroc) pour des applications céramiques.
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Chapitre VI : Caractérisation minéralogique, géochimique, et géotechnique des dépôts argileux du
bassin néogène de Boudinar (Rif nord oriental, Maroc) pour des applications céramiques.
Figure VI-5 : Classification granulométrique des échantillons étudiés dans le diagramme ternaire de
Winkler (1954).
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Chapitre VI : Caractérisation minéralogique, géochimique, et géotechnique des dépôts argileux du
bassin néogène de Boudinar (Rif nord oriental, Maroc) pour des applications céramiques.
Par comparaison avec les SST des minéraux argileux (Tableau VI-4), les échantillons étudiés
montrent des valeurs relativement faibles comprises dans les intervalles 83-90,3 m2/g et 41-
70,4 m2/g, respectivement pour les dépôts messiniens et pliocènes. Ceci suggère la
prédominance des minéraux argileux non-expandables comme l’illite, la kaolinite et la
chlorite. En effet, la smectite et la vermiculite (minéraux argileux axpandables) apparaissent
avec des faibles teneurs dans ces dépôts.
L’essai de "limites d’Atterberg" permet d’évaluer la plasticité des matériaux étudiés. La limite
de liquidité (WL) varie entre 39 et 47% dans les échantillons messiniens. Or, ceux du Pliocène
appartiennent à l’intervalle 30-39%. Quant à la limite de plasticité (WP), elle ne montre pas
une grande différence entre les facies messiniens (18-22%) et pliocènes (18-24%). Par
conséquent, l’indice de plasticité (IP) est plus grand dans les échantillons messiniens (21-27%)
que dans les échantillons pliocènes (12-18%). Les argiles utilisées dans la fabrication des
110
Chapitre VI : Caractérisation minéralogique, géochimique, et géotechnique des dépôts argileux du
bassin néogène de Boudinar (Rif nord oriental, Maroc) pour des applications céramiques.
produits céramiques de construction doivent avoir un IP supérieur à 10% afin de prévenir les
défauts dimensionnels et les fissures lors de l’extrusion (Abajo, 2000). Ce qui est le cas pour
tous les échantillons analysés. Ils sont moyennement plastiques se projetant à l’intérieur ou
proche du domaine d’illite de la charte de plasticité (Casagrande, 1948; Holtz et Kovacs,
1981), à l’exception de l’échantillon pliocène Ira 13-8 qui est peu plastique (Figure VI-7).
Figure VI-7 : Evaluation de la plasticité des échantillons étudiés selon la charte de plasticité (Holtz et
Kovacs, 1981), modifiée d’après (Casagrande, 1948).
Figure VI-8 : Position des échantillons étudiés dans le diagramme de Bain (Bain, 1986; Marsigli et
Dondi, 1997).
111
Chapitre VI : Caractérisation minéralogique, géochimique, et géotechnique des dépôts argileux du
bassin néogène de Boudinar (Rif nord oriental, Maroc) pour des applications céramiques.
Les paramètres de plasticité affectent la qualité d'extrusion (Bain, 1986). Les échantillons
messiniens en plus de l’échantillon pliocène Ira 13-6 présentent un IP supérieur à 15%, ils sont
adéquat pour une extrusion optimale. Les autres échantillons pliocènes (IP < 15%)
conviennent pour une extrusion acceptable (Figure VI-8).
Conclusions
La composition minéralogique des poudres est principalement formée par des teneurs
importantes de quartz, calcite et minéraux argileux, et des teneurs faibles de feldspaths-K,
plagioclases, dolomite et rhodochrosite. Les principaux constituants de la fraction argileuse
sont l’illite et la kaolinite associées à des faibles teneurs en smectite et en chlorite. Les
interstratifiés sont présents uniquement dans les échantillons Ira 13-2, Ira 13-5 et Ira 13-6. La
vermiculite est localisée dans l’échantillon Ira 13-5. Ces argiles ordinaires conviennent pour
les produits de construction en argile.
La composition chimique est conforme aux résultats minéralogiques. Les oxydes les plus
abondants sont : SiO2, Al2O3, Fe2O3 et CaO. Néanmoins, MgO, K2O et Na2O montrent des
teneurs faibles (<2,8%). Ces dépôts ne peuvent pas être utilisés dans la céramique fine sans
prétraitement à cause de leurs teneurs relativement élevées en oxyde de fer, bien que les
produits de construction en argile auront une couleur rougeâtre après la cuisson.
Les dépôts messiniens sont caractérisés pas des teneurs élevées de la fraction <2µm, des taux
relativement élevés de la fraction 2-20µm, et des taux légèrement faibles de la fraction>20µm.
cependant, les matériaux argileux pliocènes montrent des niveaux moyens des fractions <2µm
et 2-20µm, et des pourcentages moyens à élevés de la fraction >20µm. la distribution
granulométrique se reflète sur les valeurs des SST qui sont relativement plus grandes dans les
échantillons messiniens par rapport à ceux du Pliocène. L’interprétation de ces résultats
qualifie les matériaux argileux du bassin de Boudinar dans la fabrication de différents
produits de construction en argile comme les produits creux, les briques ordinaires, les tuiles
de toiture et les briques de maçonnerie.
Les résultats des limites d’Atterberg informe que l’échantillon pliocène Ira 13-8 est peu
plastique au moment où tous les autres échantillons sont de plasticité moyenne. De plus tous
les échantillons conviennent au processus d’extrusion.
112
Partie III : Caractérisation et appropriation des marnes néogènes de la partie basse du bassin de Kert
(Rif nord oriental, Maroc) comme matières premières dans des applications céramiques.
113
Chapitre VII : Caractérisation et appropriation des marnes néogènes du bassin de Kert (Rif nord
oriental, Maroc) comme matières premières dans des applications céramiques.
I. Introduction
A l’image des dépôts fins néogènes du bassin de Boudinar, le bassin de Kert est comblé par des
sédiments argileux néogènes qui peuvent être utilisés dans différentes industries, notamment celle
de la céramique. Ce chapitre consiste en une étude minéralogique, géochimique, sédimentologique
et géotechnique réalisée sur des dépôts argileux néogènes échantillonnés à partir de deux coupes
situées de part et d'autre de l'embouchure d’Oued Kert, dans le secteur bas-Kert, dans un but
d’évaluer leur appropriation aux applications céramiques
II. Résultats
1. Description lithologique
Les deux coupes étudiées se situent dans la partie basse du basin de Kert, de part et d’autre de
l’embouchure d’oued Kert : la coupe d’Izaroren à l’est et la coupe d’Afza à l’ouest. L’épaisseur de
chacune d’elle dépasse 100 m.
La coupe d’Izaroren commence par une couche de marnes grises d’environ 10 m d’épaisseur. Ces
marnes sont dépourvues de fossiles visibles. Elles sont surmontées d’un banc de tuf de 8 mètres
d’épaisseur, de nature rhyolitique (El Bakkali et al., 1998) riche en quartz et en feldspaths. La série
continue avec une épaisse couche de marne grise (80 m) sans macrofossiles, et qui devient gypsifère
au sommet. La coupe se termine par une succession de marnes sableuses indurées de 6,5 m, et de
marnes grises avec des épaisseurs qui diminuent de 20 à 15 mètres, et qui contiennent des figures
ferrugineuses, reflétant probablement le début de la régression fini-messinienne.
Le profile d’Afza est remarquablement affecté par des failles normales attestant de la subsidence
syn-sédimentaire messinienne. A la base, comme dans le profil d’Izaroren, une couche de marne
grise de 10 m d’épaisseur est surmontée d’un banc de tuf de 2 m. dans le profil d’Afza, il y a une
succession d’au moins deux couches de marne grise (12-15 m) qui s’alternent avec deux banc
conglomératiques de brèche sableuse (5-7 m). Cette succession est affectée par des failles normales.
Les marnes grises présentant des figures ferrugineuses. Cette alternance est surmontée d’un banc
gréseux d’environ 4 m d’épaisseur, montrant des bioturbations et des figures ferrugineuses dans sa
partie supérieure. La série continue avec des sédiments marneux plastiques verts de 45 m
d’épaisseur, surmontés d’un tuf volcanique blanc légèrement altéré de 12 m d’épaisseur.
114
Chapitre VII : Caractérisation et appropriation des marnes néogènes du bassin de Kert (Rif nord
oriental, Maroc) comme matières premières dans des applications céramiques.
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Chapitre VII : Caractérisation et appropriation des marnes néogènes du bassin de Kert (Rif nord oriental, Maroc) comme matières premières dans des
applications céramiques.
Izar 3 45 18 0 6 26 3 0 0 2 32 19 14 35
Izar 4 51 14 3 4 22 3 1 0 2 35 21 11 33
Izar 5 43 17 0 4 32 2 0 0 2 29 2 21 48
Izar 6 39 12 3 3 19 1 0 22 1 40 22 0 38
Af 1 45 22 0 4 25 2 0 0 2 46 6 16 32
Af 2 (Tuff) 34 4 0 33 6 Mica: 10%; Amp: 6% 7
Afza
Af 3 46 22 0 3 27 2 0 0 0 36 24 14 26
Af 4 42 25 4 4 20 2 1 0 2 34 16 20 30
Af 5 38 23 0 15 13 5 0 6 0 31 27 0 42
Af 6 (Tuff) 8 1 0 79 5 Mica: 5% 2
Tableau VII-1: Minéralogie des poudres totales et des fractions argileuses des écahantillons étudiés du bas-Kert.
Qz: quartz. K-Fd: K-Feldspaths. Pl: Plagioclase. Cc: calcite. Do: Dolomite. Sid: Sidérite. Cris: Cristobalite. Rhod: Rhodochrosite. Amp: Amphibole. I: Illite. K:
Kaolinite. Ch: Chlorite. IS: interstratifiés. F.C: Facteur Correctif.
116
Chapitre VII : Caractérisation et appropriation des marnes néogènes du bassin de Kert (Rif nord oriental, Maroc) comme matières premières dans des
applications céramiques.
Coupes Echantillons SiO2 Al2O3 TiO2 Fe2O3 CaO MgO K2O Na2O SO3 MnO2 P2O5 PAF Total
Izar 1 40,78 11,52 0,64 15,95 7,92 2,66 1,57 1,76 1,10 0,46 0,19 15,32 99,88
Izar 3 42,60 12,02 0,65 15,13 8,12 2,98 1,58 4,28 0,59 0,46 0,20 11,37 99,99
Izaroren
Izar 4 39,11 12,51 0,61 14,73 8,66 2,51 1,54 2,27 0,63 0,40 0,19 16,85 100
Izar 5 44,39 10,99 0,52 13,09 9,20 2,29 1,28 1,04 0,50 0,38 0,20 16,12 100
Izar 6 54,82 8,48 0,37 9,13 8,70 1,75 1,09 1,34 0,30 0,29 0,15 13,58 99,99
Af 1 38,32 12,13 0,57 16,60 8,38 2,36 1,45 2,71 0,46 0,45 0,18 16,39 100
Af 3 39,85 13,11 0,65 14,27 8,94 2,33 1,52 2,28 0,67 0,49 0,19 15,54 99,84
Afza
Af 4 40,11 11,82 0,65 15,62 8,12 2,30 1,67 2,17 0,82 0,51 0,19 14,67 98,65
Af 5 46,37 10,80 0,56 15,46 6,57 2,27 1,41 2,32 0,49 0,47 0,16 13,13 100
Tableau VII-2: Composition géochimique et valeurs des Pertes Au Feu des échantilllons marneux étudiés du bas-Kert.
117
Chapitre VII : Caractérisation et appropriation des marnes néogènes du bassin de Kert (Rif nord
oriental, Maroc) comme matières premières dans des applications céramiques.
III. Discussion
1. Caractérisation des marnes miocènes
L’analyse minéralogique a permis de corréler entre les lithologies des deux coupes. Ainsi, les deux
profils peuvent être subdivisés en deux parties: (1) des marnes grises dans la partie inférieure, et (2)
des marnes vertes dans la partie supérieure (Figure VII-1). En outre, le taux minéralogique de
l’argile totale varie inversement à celui du quartz plus cristobalite. Au sommet des deux profils, une
légère diminution du taux de l’argile totale a associé l’apparition de la cristobalite. Egalement, le
taux de la chlorite varie inversement avec l’abondance de l’illite et de la kaolinite, et disparait
définitivement au sommet des deux coupes. L’apparition tardive de la cristobalite est due au
volcanisme messinien qui a caractérisé le Rif oriental. Ceci est soutenu par la disparition de la
chlorite et la mise en place du tuf surmontant les marnes vertes du profil d’Afza.
Ces marnes sont riches en calcite, qui est essentiellement d’origine biologique marine (benthique et
planctonique), mais aussi elle peut avoir une origine continentale. L’apparition des traces de sidérite
et de rhodochrosite renseigne sur certaines conditions de dépôt. Ces deux minéraux se sont formé
dans le sédiment durant sont dépôt ou juste après. En fait, elles soulignent des conditions
réductrices ou localement oxydantes.
La composition chimique est conforme avec la composition minéralogique. Ainsi, le taux élevé de
SiO2 est principalement lié aux taux élevés de minéraux argileux (argile totale), de quartz, et aussi la
présence de la cristobalite dans les échantillons Af 5 (46,37%) et Izar 6 (54,8%). Les pourcentages
d’Al2O3 et de CaO sont associés essentiellement avec l’abondance de l’argile totale et de la calcite,
respectivement. Les valeurs des PAF varient entre 11,4 et 16,8%. Elles sont en relation avec la
présence des minéraux argileux, des hydroxyles, de la matière organique et des carbonates (Baccour
et al., 2008; Milheiro et al., 2005).
Le long du profil d’Izaroren, la classification granulométrique de Shepard (1954) distribue les
échantillons Izar 1 et Izar 4 dans le domaine des argiles limoneuses. Tandis que les autres
échantillons (Izar 3, Izar 5, and Izar 6) sont des limons argileux (Figure VII-2). Le diagramme de
Flemming (2000) classifie les échantillon Izar 1 et Izar 4 dans les argiles limoneuses, Izar 3 dans les
limons argileux. Or, Izar 5 est classifié dans les limons peu argileux, et Izar 6 dans les boues
limoneuses peu sableuses (Figure VII-3). L’irrégularité granulométrique est principalement due
aux fluctuations hydrodynamiques durant la sédimentation.
Concernant le profil d’Afza, l’échantillon sommital (Af 5) est un limon argileux selon la
classification de Shepard (1954). Les autres échantillons sont des argiles limoneuses
(Figure VII-2). Le diagramme de Flemming (2000) classifie Af 5 dans les boues limoneuses peu
sableuse. Les autres échantillons (Af 1, 3 et 4) sont des boues argileuses peu sableuses
(Figure VII-3). L’évolution verticale progressive des différentes fractions granulométriques est due
à la montée graduelle dans l’énergie hydrodynamique durant la sédimentation.
118
Chapitre VII : Caractérisation et appropriation des marnes néogènes du bassin de Kert (Rif nord oriental, Maroc) comme matières premières dans des
applications céramiques.
Figure VII-1 : Corrélation entre les profils d’Izaroren et d’Afza basée sur la composition minéralogique et les niveaux pyroclastiques.
119
Chapitre VII : Caractérisation et appropriation des marnes néogènes du bassin de Kert (Rif nord
oriental, Maroc) comme matières premières dans des applications céramiques.
Figure VII-2: Présentation des résultats granulométriques des échantillons étudiés du bas –Kert dans le
diagramme ternaire de Shepard (1954).
Figure VII-3: Présentation des résultats granulométriques des échantillons étudiés dans le diagramme
ternaire de Flemming (Flemming, 2000).
120
Chapitre VII : Caractérisation et appropriation des marnes néogènes du bassin de Kert (Rif nord
oriental, Maroc) comme matières premières dans des applications céramiques.
S: Sable; A-I: Sable peu limoneux; A-II: Sable peu argileux; B-I: Sable très limoneux; B-II: Sable limoneux; B-III: Sable argileux; B-
IV: Sable très argileux; C-I: Boue sableuse extrêmement limoneuse; C-II: Boue sableuse très limoneuse; C-III: Boue sableuse
limoneuse; C-IV: Boue sableuse argileuse; C-V: Boue sableuse très argileuse; C-VI: Boue sableuse extrêmement argileuse; D-I:
Boue peu sableuse extrêmement limoneuse; D-II: Boue peu sableuse très limoneuse; D-III: Boue limoneuse peu sableuse; D-IV:
Boue argileuse peu sableuse; D-V: Boue très argileuse peu sableuse; D-VI: Boue extrêmement argileuse peu sableuse; E-I: Limon; E-
II: limon peu argileux; E-III: Limon argileux; E-IV: Argile limoneuse; E-V: Argile peu limoneuse; E-VI: Argile.
La composition minéralogique des marnes messiniennes du secteur bas-Kert ont montré des
similarités avec les marnes néogènes du bassin de Saïs dans la région de Meknès (Maroc) (El
Ouahabi et al., 2014b). Cependant, les marnes étudiées du bas-Kert contiennent des interstratifiés
10-14 Å à la place de la smectite contenue dans les marnes de Meknès. En outre, une composition
minéralogique semblable a été observée dans les dépôts argileux néogènes du bassin de Jijel
(Algérie) (Baghdad et al., 2017), mais avec des taux plus élevés de kaolinite que ceux des marnes
du bas-Kert. Ces deux marnes sont utilisées dans la fabrication des produits de construction à base
d’argile (Baghdad et al., 2017; El Ouahabi et al., 2014b).
La variation dans les résultats minéralogiques et granulométriques affectent les propriétés
géotechniques. Les limites d’Atterberg montrent que les échantillons Af 3 et Af 4 sont
moyennement plastiques, alors que les autres échantillons étudiés sont très plastiques
(Figure VII-4).
Figure VII-4: Projection des échantillons étudiés dans l’abaque de plasticité (Casagrande, 1947; Holtz et
Kovacs, 1981).
121
Chapitre VII : Caractérisation et appropriation des marnes néogènes du bassin de Kert (Rif nord
oriental, Maroc) comme matières premières dans des applications céramiques.
Les SST dépendent de plusieurs paramètres comme la quantité et la minéralogie des minéraux
argileux, le CEC, et la granulométrie des matériaux (De Jong, 1999; De Kimpe et al., 1979;
Petersen et al., 1996; Tiller et Smith, 1990). Les valeurs des SST (26,3-125,6 m2/g) des marnes du
bas-Kert sont considérées faibles même si elles sont plus élevées que celles des marnes de Meknès
(33,3-37,9 m2/g). Les SST des marnes du bas-Kert appartiennent aux intervalles de celles de la
kaolinite (10-30 m2/g), de l’illite (70-140 m2/g), et de la chlorite (50-150 m2/g). Mais elles sont très
faibles par rapport à celles de la smectite (700-800 m2/g) et de la vermiculite (760 m2/g) (Beaulieu,
1979; Mahmoudi et al., 2017), ce qui est cohérent avec les résultats minéralogique.
2. Convenance céramique
L’aptitude des dépôts argileux bruts pour les applications céramiques est déterminée par les
propriétés physiques et les compositions minéralogiques et géochimiques (Baghdad et al., 2017; El
Boudour El Idrissi et al., 2018; El Ouahabi et al., 2014b; Kharbish et Farhat, 2017; Lisboa et al.,
2016). La composition minéralogique des poudres totales des échantillons étudiés, et la dominance
de l’illite dans leurs fractions argileuses classifient ces marnes dans les argiles ordinaires (Keith et
Murray, 2009; Murray, 2007), et leur donne des propriétés céramiques appropriées (Baghdad et al.,
2017; Ferrari et Gualtieri, 2006; Mahmoudi et al., 2017; Wattanasiriwech et al., 2009). Selon le
diagramme ternaire de Strazzera et al. (1997) (Figure VII-5), l’échantillon sommital de la coupe
d’Afza (Af 5) convient pour les tuiles de toiture. Les autres échantillons des deux coupes se sont
tracés sur le domaine des produits de construction en argile, à l’exception de l’échantillon basal de
la coupe d’Izaroren (Izar 1) qui s’est projeté tout près de ce domaine.
Figure VII-5: Classification des échantillon étudiés dans le diagramme de Strazzera et al. (1997).
122
Chapitre VII : Caractérisation et appropriation des marnes néogènes du bassin de Kert (Rif nord
oriental, Maroc) comme matières premières dans des applications céramiques.
Les échantillons Af 5, Izar 1, et Izar 6 sont extrêmement plastiques. Ils nécessitent donc, des
prétraitements préalables, comme l’ajout de matériaux grossiers (quartz, feldspaths, chamotte…)
pour diminuer le comportement plastique dû au pourcentage élevé en argile. Les autres échantillons
sont des marnes moyennement à très plastiques convenables pour l’extrusion (Figure VII-6).
Figure VII-6: Diagramme de Bain montrant le potentiel d’extrusion des échantillons étudiés (Bain, 1986).
Selon Winkler (1954) et en se basant sur les résultats de la granulométrie (Figure VII-7), les
échantillons Af 1 et Izar 4 appartiennent au domaine des tuiles de toiture et briques de maçonnerie.
Cependant, les échantillons Af 3, Af 4, Af 5, et Izar 1 conviennent pour des produits creux (briques
et hourdis). L’échantillon Izar 1 nécessite certains prétraitements pour le rendre convenable à cause
de son taux relativement élevé en fraction argileuse. En comparaison, les marnes néogènes du
bassin de Jijel (Algérie) se situent entre le domaine des produits creux et celui des tuiles de toiture-
briques de maçonnerie (Baghdad et al., 2017). Or, les marnes de la région de Meknès (Maroc) sont
à l’extérieur des domaines de convenance, à cause de leurs taux élevés de la fraction limoneuse (El
Ouahabi et al., 2014b).
D’un autre coté, tous les échantillons de la coupe d’Afza, en plus des échantillons Izar 3 et Izar 4 de
la coupe d’Izaroren appartiennent au domaine des céramiques rouges du diagramme ternaire
géochimique (Al2O3)-(Fe2O3+CaO+MgO)-(Na2O+K2O) (Figure VII-8) (Fiori et al., 1989). Les
marnes étudiées sont riches en CaO agissant comme fondants (Trindade et al., 2009; Trindade et al.,
2010), et permettant par la suite de prédire la transformation des minéraux à haute température dans
les produits céramiques (EL Ouahabi et al., 2016; Trindade et al., 2010). Les taux élevés de Fe2O3
(>5%) donneront une couleur rougeâtre à tous les échantillons après la cuisson (Abajo, 2000; Ngun
et al., 2011), et les rendront inappropriés pour la céramique fine à l’état brut (sans aucun traitement
pour diluer la teneur en oxyde de fer). Des taux comparables de Fe2O3 ont été également observés
dans les marnes néogènes de la région de Meknès (12,16-16,63%) les rendant inappropriées pour la
céramique fine (El Ouahabi et al., 2014a). Des pourcentages beaucoup plus faibles (4,89-8,08%) ont
été observés dans les marnes néogènes du bassin algérien de Jijel (Baghdad et al., 2017).
123
Chapitre VII : Caractérisation et appropriation des marnes néogènes du bassin de Kert (Rif nord
oriental, Maroc) comme matières premières dans des applications céramiques.
Figure VII-7: Projection des échantillons étudiés dans le diagramme ternaire granulométrique de Winkler
(1954).
Figure VII-8: Projection des échantillons étudiés dans le digramme ternaire (Al2O3)-(Fe2O3+CaO+MgO)-
(Na2O+K2O) (Fiori et al., 1989).
124
Chapitre VII : Caractérisation et appropriation des marnes néogènes du bassin de Kert (Rif nord
oriental, Maroc) comme matières premières dans des applications céramiques.
Conclusions
Des dépôts argileux néogènes du secteur bas-Kert (Rif nord-oriental, Maroc) ont été caractérisés et
leur appropriation à l’industrie céramique a aussi été discutée.
La composition minéralogique est principalement constituée du quartz, de la calcite, et de l’argile
totale. La fraction argileuse est composée d’illite, de kaolinite, d’interstratifié 10-14 Å et de
chlorite. Une telle composition classifie ces matériaux dans les argiles ordinaires. La composition
chimique de ces marnes est en harmonie avec la composition minéralogique. Les principaux oxydes
sont SiO2, Al2O3, Fe2O3, et CaO. Les données minéralogiques et géochimiques ont confirmé
l'occurrence du volcanisme enregistré dans les séries sédimentaires messiniennes. Les dépôts
argileux néogènes étudiés varient entre les marnes limoneuses et les limons marneux avec un
comportement plastique moyen à élevé.
Les marnes du bas-Kert conviennent, comme matière première potentielle, à l’industrie céramique.
Ces marnes brutes pourraient être utilisées dans la fabrication de produits de construction en argile,
en particulier, les produits creux, les tuiles de toiture, et les briques de maçonnerie, à l’exception de
l’échantillon Izar 1 qui nécessite des prétraitements pour le rendre adéquat pour ces types de
produits céramiques. Certains de ces échantillons marneux sont adéquats pour une extrusion
optimale (Af 3, Af 4, et Izar 4) à acceptable (Af 1, Izar 3, et Izar 5). Les échantillons restants (Af 5,
Izar 1, et Izar 6) nécessitent des traitements ou des formulations supplémentaires pour être
extrudables.
125
Partie IV : Qualification des matériaux argileux des coupes : Twount, Kebdani et Kert
(secteur Haut Kert), et la coupe Zaïo-CTF.
126
Chapitre VIII : Qualification des matériaux argileux des coupes : Twount, Kebdani et Kert
(secteur Haut Kert), et la coupe Zaïo-CTF.
I. Introduction
Le bassin de Kert a été divisé par Guillemin et Houzay (1982) en deux secteurs en raison de
sa surface très vaste. Le Bas-Kert est la partie nord-orientale du bassin ; Il s’étend depuis la
partie orientale du massif des Beni-Saïd (les Temsamane) jusqu’à la terminaison occidentale
de la presqu’île de Melilla. Il s’agit du Néogène qui entoure la partie basse d’oued Kert. Le
Haut-Kert est le reste du bassin de Kert. Il est limité à l’est par les chaines de Tistoutine et de
Beni Bou Ifour, au nord-est par le front des grandes planèzes volcaniques de Gourougou. Vers
l’ouest, il est bordé par le seuil schisteux de Tizi-Ouzbar, à l’ouest de la ville de Midar.
L’étude des dépôts argileux néogènes du Bas Kert a été discutée dans le Chapitre VII. Par
ailleurs, le présent chapitre (Chapitre VIII) s’intéresse à l’étude minéralogique, géochimique,
sédimentologique et géotechnique des dépôts argileux du secteur haut-Kert dans un but de
valorisation dans des applications céramiques.
127
Chapitre VIII : Qualification des matériaux argileux des coupes : Twount, Kebdani et Kert
(secteur Haut Kert), et la coupe Zaïo-CTF.
échantillons Twount 1, 2 et 5. Ce taux augmente dans les autres échantillons pour atteindre
34% à Twount 7, 36% à Twount 4, et arrivant même à 47% dans l’échantillon Twount 6. La
calcite, quant à elle, est aussi omniprésente dans cette coupe. Elle présente des teneurs de 27
et 23% dans les formations basales, Twount 1 et 2 respectivement. Ce taux diminu dans le
reste de la coupe (12-19%). Les plagioclases sont absents dans les échantillons Twount 2, 6 et
7 ; et en trace (1-2%) dans les autres échantillons de la coupe. Les feldspaths potassiques sont
aussi peu abondants (1-2%) à absents dans les éhantillons Twount 4, 6 et 7, à l’exception de
l’échantillon Twount 5 qui enregistre une teneur remarquable de 27%. Quant à la dolomite,
elle montre ses teneurs les plus élevées dans le secteur à Twount 4 (7%) et à Twount 5 (18%).
Elle est présente aussi dans les autres échantillons mais avec des taux variables entre 1 et 5%.
Finalement, la rhodochrosite n’est présente qu’à la base (Twount 1 et 2) de la coupe avec des
taux très faible allant de 1 à 2% (Tableau VIII-1).
Contrairement à la coupe de Twount, celle de Kebdani a enregistré des taux peu variables
dans le temps. L’argile totale, le quartz et la calcite varient dans les intervalles 47-57%, 13-
17% et 20-24% respectivement. Les teneurs des plagioclases et des feldspaths-K sont presque
constantes (2-3%). La dolomite et la rhodochrosite montrent des taux entre 1% et 3%. La
sidérite est présente seulement à Kabdani 1 (2%) et Kebdani 6 (1%). L’échantillon Kert 4
montre une composition minéralogique presque identique à celle de Kebdani 6. Il enregistre la
teneur la plus élevée en minéraux argileux (58%), une teneur de quartz de 14%, et de calcite
de 19%. Il contient aussi des petites quantités de plagioclases (2%), de feldspaths potassiques
(3%), de dolomite (2%) et de rhodochrosite (2%) (Tableau VIII-1).
Keb 2 grise
Marne 47 17 3 3 24 3 3
grise
Marne
Keb 6 57 13 2 2 23 1 1 1
verte-gr
Marne
Twt 1 43 23 1 1 27 4 1
Twt 2 verte
Marne 46 25 2 23 2 2
verte
Twount
Twt 4 Marne 38 36 2 17 7
verte-gr
Marne
Twt 5 18 23 2 27 12 18
verte
Marne
Twt 6 33 47 19 1
verte
Marne
Twt 7 42 34 19 5
verte
Marne
Kert Kt 4 58 14 2 3 19 2 2
verte
Marne
Z1 38 24 2 2 29 3 2
Zaïo-CTF
Z2 verte-gr
Marne 31 27 4 4 28 4 2
verte
Limon
Z4 13 9 1 3 69 2 3
beige
Marne
CTF 51 22 5 17 1 1 3
grise
Tableau VIII-1 : Minéralogie des poudres (roche totale) des échantillons argileux-marneux des coupes
de Twount, de Kebdani, de Kert et de Zaïo-Cap des Trois Fourches.
128
Chapitre VIII : Qualification des matériaux argileux des coupes : Twount, Kebdani et Kert
(secteur Haut Kert), et la coupe Zaïo-CTF.
Dans le bassin de Moulay Rachid (Zaïo) et au Cap des Trois Fourches (CTF), on a constaté
toujours les mêmes phases abondantes. Les taux des minéraux argileux, de quartz et de la
calcite sont respectivement 38%, 24% et 29% au Tortonien de Zaïo (Z1). Le Messinien est
caractérisé par les valeurs de 31%, 27% et 28% à Z2 ; 13%, 9% et 69% à Z4. D’autres
minéraux sont présents dans ces trois échantilons qui sont : les plagioclases (1-4%), les
feldspaths potassiques (2-4%), la dolomite (2-4%) et la rhodochrosite (2-3%).
Vers le nord-est du secteur d’étude, l’échantillon tortonien du CTF enregistre 51% de
minéraux argileux, 22% de quartz et 17% de calcite en plus de 5% de plagioclases, 1% de
dolomite, 1% de rhodochrosite et 3% d’hématite (Tableau VIII-1).
Z2 Marne verte 48 11 18 10 13
Z4 Limon beige 33 12 8 20 27
CTF Marne grise 89 5 6
Tableau VIII-2 : Minéralogie de la fraction argileuse (< 2μm) des échantillons argileux-marneux des
coupes de Twount, de Kebdani, de Kert et de Zaïo-Cap des Trois Fourches.
129
Chapitre VIII : Qualification des matériaux argileux des coupes : Twount, Kebdani et Kert
(secteur Haut Kert), et la coupe Zaïo-CTF.
C’est ainsi que la coupe de Twount est caractérisée par la présence dans tous ses échantillons
de l’illite (37-44%), de la kaolinite (18-33%), de la chlorite (5-20%) et des interstratifiés (11-
21%). Cependant, la vermiculite est présente seulement à Twount 2 (9%), à Twount 4 (12%)
et à Twount 6 (7%) (Tableau VIII-2).
Par ailleurs, pour la coupe de Kebdani, l’illite (35-40%), la kaolinite (29-40%), la chlorite (5-
8%), la vermiculite (3-9%) et les interstratifiés (9-17%) sont présents dans tous les
échantillons analysés (Kebdani 1, 2 et 6). Néanmoins, l’échantillon sommital (Kabdani 6)
contient 4% de smectite. A proximité de cette coupe, l’échantillon Kert 4 de la coupe Kert
contient 41% d’illite, 37% de kaolinite, 6% de smectite et 16% d’interstratifiés
(Tableau VIII-2).
A l’extrème Est de la zone d’étude, le Tortonien de Zaïo (Z1) contient 44% d’illite, 26% de
kaolinite, 5% de chlorite et 25% d’interstratifiés. Le Messinien proche (Z2) exhibe une
composition un peu différente avec 48% d’illite, 11% de kaolinite, 18% de chlorite, 10% de
smectite et 13% d’interstratifiés. L’autre échantillon messinien (Z4) montre la même
composition minéralogique avec Z2 mais les teneurs varient (33% d’illite, 12% de kaolinite,
8% de chlorite, 20% de smectite et 27% d’interstratifiés). Ce qui saute aux yeux est
l’apparition de la smectite au Messinien avec des interstratifiés de types Illite-Smectite. Au
Cap des Trois Fourches, la composition minéralogique est formée principalement d’illite avec
la teneur la plus grande du secteur d’étude (89%), en plus de 5% de kaolinite et 6% de
chlorite (Tableau VIII-2).
Toutefois, tous les échantillons des coupes de Twount, de Kebdani, de Kert et de Zaïo-CTF
sont des argiles illitiques se projettant dans/ou proche de la zone des argiles illitiques à
l’exception de l’échantillon Kebdani 2 qui est une argile kaolinitique (Figure VIII-1). Cette
minéralogie est comparable à celle des coupes d’Izaroren, d’Afza et du bassin de Boudinar
dont les représentations dans les diagrammes ternaires de la minéralogie des argiles se
projettent dans la zone des argiles illitiques ou proche d’elle (Figure VIII-2). Une
minéralogie similaire de la fraction argileuse a été observée dans des matériaux argileux d’âge
Miocène des régions de Meknes et de Fès (El Ouahabi et al., 2014b) qui les a projeté dans le
champs des argiles illitiques.
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Chapitre VIII : Qualification des matériaux argileux des coupes : Twount, Kebdani et Kert (secteur Haut Kert), et la coupe Zaïo-CTF.
Figure VIII-1 : Diagrammes ternaires : (a) : Kaolinite/Illite/Chlorite, (b) : Kaolinite/Illite/Smectite+Vermiculite (El Ouahabi et al., 2014b), modifiés,
appliqués aux échantillons argileux des coupes Twount, Kebdani, Kert et Zaïo-CTF.
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Chapitre VIII : Qualification des matériaux argileux des coupes : Twount, Kebdani et Kert (secteur Haut Kert), et la coupe Zaïo-CTF.
Figure VIII-2 : Diagrammes ternaires : (a) : Kaolinite/Illite/Chlorite, (b) Kaolinite/Illite/Smectite+Vermiculite (El Ouahabi et al., 2014b), modifiés, appliqués
aux échantillons argileux des coupes Izaroren, Afza, et du bassin de Boudinar.
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Chapitre VIII : Qualification des matériaux argileux des coupes : Twount, Kebdani et Kert (secteur Haut Kert), et la coupe Zaïo-CTF.
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(secteur Haut Kert), et la coupe Zaïo-CTF.
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Chapitre VIII : Qualification des matériaux argileux des coupes : Twount, Kebdani et Kert
(secteur Haut Kert), et la coupe Zaïo-CTF.
Figure VIII-11 : Valorisation minéralogique des argiles des coupes de Twount, de Kebdani de Kert, et
de Zaïo et CTF à travers le diagramme ternaire de Strazzera et al. (1997).
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Chapitre VIII : Qualification des matériaux argileux des coupes : Twount, Kebdani et Kert
(secteur Haut Kert), et la coupe Zaïo-CTF.
Figure VIII-12 : Valoristion minéralogique des argiles des coupes d’Afza et d’Izaroren du secteur
bas-Kert ; et du bassin de Boudinar dans le diagramme ternaire de Strazzera et al. (1997).
143
Chapitre VIII : Qualification des matériaux argileux des coupes : Twount, Kebdani et Kert
(secteur Haut Kert), et la coupe Zaïo-CTF.
Les autres échantillons non argileux sont minéralogiquement différents. Ils présentent une
minéralogie trachytique à trachy-andésitique caractérisée par un faible taux de quartz
(inférieur ou égal à 7%) et un important taux de feldspaths (25 à 79%). Le tuf d’Izaroren 2
contient 50% de phyllosilicates, 10% de mica, 25% de feldspaths, 7% de quartz et 8%
d’amphibole. Ceux de la coupe d’Afza montrent un pourcentage de 5-6% de calcite alors
qu’au Kert apparaissent des sulfates (jarosite et natrojarosite) (Tableau VIII-3). La fraction
<2μm montre la présence permanente et majoritaire de l’interstratifié I-V (hydrobiotite)
(100%) (Tableau VIII-4). Ce sont donc des tufs qui ont subi une altération affectant leurs
biotites. Le résultat est l’occurance de l’hydrobiotite. Les tufs d’Izaroren, d’Afza, de Kebdani
et de Kert n’ont rien à voir avec les bentonites connues dans la région de Nador malgré leur
couleur blanchâtre et leur aspect bentonitique. Les gisements des bentonites de la région de
Nador, notamment les gisements de Providencia et de Trebia s’organisent en amas englobés
dans les pyroclastites et les rhyolites. Les bentonites de bonne qualité se présente comme une
pâte blanche dépourvue d’impuretés et de cristaux (Aalaoul et al., 2011).
Conclusions
Les compositions minéralogiques des échantillons argileux du haut Kert et de la coupe Zaïo-
CTF diffèrent remarquablement dans les dimensions du temps et de l’espace. Toutefois, le
quartz, la calcite et les minéraux argileux (argile totale) dominent dans la poudre totale.
D’autres minéraux sont également présents mais à des teneurs moins importantes, il s’agit des
feldspaths, de la dolomite et de la rhodochrosite.
Dans la fraction argileuse, le minéral argileux le plus abondant est l’illite. Or, la kaolinite, la
chlorite et les interstratifiés sont présents mais à des taux très variables. La vermiculite et la
smectite sont très localisées avec des proportions plus ou moins faibles.
Les argiles sédimentaires du Rif nord oriental sont des argiles communes qui s’utilisent
principalement dans l’industrie céramique. Leur composition minéralogique garantie une
première valorisation de la majorité de ces dépôts argileux comme matières premières
adéquates aux produits de construction. Peu d’échantillons, principalement certaines argiles
des coupes de Kert et de Kebdani, se sont projetés hors des domaines d’adéquation et par
conséquent, ils doivent faire sujets de prétraitements pour les rendre utilisables. Pourtant, une
étude géochimique reste indispensable pour confirmer l’analyse minéralogique et compléter
cette qualification.
144
Chapitre VIII : Qualification des matériaux argileux des coupes : Twount, Kebdani et Kert
(secteur Haut Kert), et la coupe Zaïo-CTF.
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Chapitre VIII : Qualification des matériaux argileux des coupes : Twount, Kebdani et Kert
(secteur Haut Kert), et la coupe Zaïo-CTF.
offre une couleur crème aux produits céramiques, cette couleur sera annulée par une couleur
rougeâtre en présence d’importantes teneurs d’oxyde de fer (Molera et al., 1998). La PAF
résulte de la décomposition des minéraux argileux, des hydroxydes, de la matière organique et
des carbonates (Baccour et al., 2008; Milheiro et al., 2005). L'oxyde de fer peut provenir de
l'hématite, de la goethite ou même de la désintégration des minéraux argileux. Des
pourcentages de Fe2O3 qui dépassent 5% donnent une couleur rougeâtre aux produits
céramiques après cuisson (Abajo, 2000; El Ouahabi et al., 2014a; Molera et al., 1998; Ngun et
al., 2011). L’oxyde de fer agit avec K2O, Na2O et CaO comme fondants principaux des
matériaux argileux.
En effet, les oxydes les plus abondants dans les échantillons de la coupe de Twount sont SiO 2
(49,79-69,19%) et Al2O3 (19,42-39,77%). Cependant, Fe2O3 (1,16-3,08%), K2O (2,3-4,18%)
et Na2O (0,55-3,75%) sont présents avec des teneurs faibles. Les autres oxydes présentent des
taux inférieurs à 1%. Il s’agit de TiO2 (0,11-0,47%), CaO (0,14-0,54% ; 1,9% à Twount 6),
MgO (0,5-0,89% ; 1,32% à Twount 6 et 1,08% à Twount 7), SO3 (0,07-0,3%), MnO2 (0-
0,16%) et P2O5 (0,05-0,2%). Les dépôts de cette coupe se caractérisent par des PAF
relativement faibles variant entre 2,66 et 5,62%.
Par ailleurs, les principaux oxydes dans la coupe de Kebdani sont SiO2 (40,76-43%), Al2O3
(12,22-13,66%), CaO (7,12-9,88%), Na2O (5,66-8,4%) et Fe2O3 (3,69-7,02%). Les
concentrations de MgO (2,15-2,83%) et de K2O (1,11-1,42%) sont faibles mais assez
uniformes. Les autres oxydes se présentent en très faibles teneurs : TiO2 (0,52-0,71%), SO3
(0,19-0,6%) et P2O5 (0,17-0,2%), voire en trace comme MnO2 (0-0,07%). Dans cette coupe,
les PAF sont relativement élevées variant entre 19,28 et 21,44%.
Les dépôts de la coupe de Kert présentent des teneurs plus importantes de SiO2 (43,37-
47,65%), d’Al2O3 (13,01-15,21%), de CaO (7,64-10,99%) et de Fe2O3 (5,34-6,91%). Or,
MgO (2,05-2,45%), K2O (1,18-1,63%) et Na2O (1,64-2,21%) présentent des taux moins
importants. D’autres oxydes surviennent en petites teneurs ou en traces à savoir TiO2 (0,6-
0,73%), SO3 (0,24-0,64%), P2O5 (0,18-0,2%) et MnO2 (0-0,06%). Là aussi les PAF sont
relativement élevées variant entre 17,03 et 20,07%.
A Zaïo, l’échantillon messinien carbonaté Z4 présente une composition géochimique
différente dans laquelle d’importants pourcentages de CaO (32,46%) et, par conséquent de
PAF (32,16%), sont remarqués. En revanche, on ne constate pas de grandes différences entre
les valeurs géochimiques des autres échantillons de Zaïo à l’exception de la PAF (17,31%
dans le Tortonien et 13,77 au Messinien). Les principaux oxydes sont SiO2 (41,47-44,57%),
Al2O3 (12,61-12,87%), Fe2O3 (12,30-12,87%) et CaO (7,97-8,23%). Quant à MgO (2,54-
2,91%), K2O (1,52-1,66%) et Na2O (1,77-2,37%), ils sont peu abondants. Par ailleurs, TiO2
(0,57-0,61%), SO3 (0,37-0,43%), MnO2 (0,40-0,43%) et P2O5 (0,17-0,25%) présentent des
teneurs très faibles. A l’image de ces deux échantillons, celui de CTF exhibe les mêmes
oxydes principaux : SiO2 (44,91%), Al2O3 (13,63%), Fe2O3 (17,01%) et CaO (4,9%) ; et les
146
Chapitre VIII : Qualification des matériaux argileux des coupes : Twount, Kebdani et Kert
(secteur Haut Kert), et la coupe Zaïo-CTF.
mêmes oxydes moins abondants : MgO (2,7%), K2O (2,54%) et Na2O (1,39%). Cet
échantillon ne contient pas de SO3 et présente des teneurs très faibles de TiO2 (0,65%), MnO2
(0,47%) et P2O5 (0,21%). La PAF est relativement plus faible donnant une valeur de 11,2%.
La variation de la PAF le long des coupes de Kebdani, Kert et Zaïo-Cap des Trois Fourches
est fonction de la variation des sommes des pourcentages Minéraux argileux + Calcite +
Dolomite et Al2O3 + CaO + MgO (Figure VIII-13). Ce qui est tout à fait logique puisque la
PAF résulte de la décomposition des minéraux argileux, de la calcite et de la dolomite en plus
de la matière organique quand elle est présente. Or, la variation de la PAF le long de la coupe
de Twount montre une anomalie de corrélation avec la somme des pourcentages des minéraux
argileux, de la calcite et de la dolomite alors qu’elle suit relativement la somme des taux
géochimiques des oxydes Al2O3, CaO et MgO.
Selon l’étude minéralogique des dépôts argileux du secteur d’étude, il s’agit d’argiles
illitiques, très rarement kaoliniques, pouvant être utilisées en céramiques comme produits de
construction en argiles. L’exploitation des résultats géochimiques dans une comparaison
indirecte en utilisant les diagrammes ternaires SiO2 / Al2O3 / TiO2+Fe2O3+MgO+CaO+Na2O+
K2O (Fabbri et Dondi, 1995; Fiori et al., 1989) et Fe2O3+CaO+MgO / Al2O3 / Na2O+K2O
(Fiori et al., 1989) permet de valoriser les dépôts argileux étudiés dans le domaine de la
céramique.
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Chapitre VIII : Qualification des matériaux argileux des coupes : Twount, Kebdani et Kert
(secteur Haut Kert), et la coupe Zaïo-CTF.
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Chapitre VIII : Qualification des matériaux argileux des coupes : Twount, Kebdani et Kert (secteur Haut Kert), et la coupe Zaïo-CTF.
Figure VIII-14 : Présentation des échantillons argileux de la coupe de Twount dans les diagrammes ternaires, SiO2/Al2O3/TiO2+Fe2O3+MgO+CaO+Na2O+K2O (a)
(Fabbri et Dondi, 1995; Fiori et al., 1989) modifié par Strazzera et al. (1997) ; et Fe2O3+CaO+MgO/ Al2O3/ Na2O+K2O (b) (Fiori et al., 1989).
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Chapitre VIII : Qualification des matériaux argileux des coupes : Twount, Kebdani et Kert (secteur Haut Kert), et la coupe Zaïo-CTF.
Figure VIII-15 : Présentation des échantillons argileux de la coupe de Kebdani dans les diagrammes ternaires, SiO2/Al2O3/TiO2+Fe2O3+MgO+CaO+Na2O+K2O
(a) (Fabbri et Dondi, 1995; Fiori et al., 1989) modifié par Strazzera et al. (1997) ; et Fe2O3+CaO+MgO/ Al2O3/ Na2O+K2O (b) (Fiori et al., 1989).
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Chapitre VIII : Qualification des matériaux argileux des coupes : Twount, Kebdani et Kert (secteur Haut Kert), et la coupe Zaïo-CTF.
Figure VIII-16 : Présentation des échantillons argileux de la coupe de Kert dans les diagrammes ternaires, SiO2/Al2O3/TiO2+Fe2O3+MgO+CaO+Na2O+K2O (a)
(Fabbri et Dondi, 1995; Fiori et al., 1989) modifié par Strazzera et al. (1997) ; et Fe2O3+CaO+MgO/ Al2O3/ Na2O+K2O (b) (Fiori et al., 1989).
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Chapitre VIII : Qualification des matériaux argileux des coupes : Twount, Kebdani et Kert (secteur Haut Kert), et la coupe Zaïo-CTF.
Figure VIII-17 : Présentation des échantillons argileux de la coupe de Zaïo-CTF dans les diagrammes ternaires, SiO2/Al2O3/TiO2+Fe2O3+MgO+CaO+Na2O+K2O
(a) (Fabbri et Dondi, 1995; Fiori et al., 1989) modifié par Strazzera et al. (1997) ; et Fe2O3+CaO+MgO/ Al2O3/ Na2O+K2O (b) (Fiori et al., 1989).
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Chapitre VIII : Qualification des matériaux argileux des coupes : Twount, Kebdani et Kert
(secteur Haut Kert), et la coupe Zaïo-CTF.
Figure VIII-18 : Projection des échantillons argileux du Rif N-E dans le diagramme de Riley (1951).
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Chapitre VIII : Qualification des matériaux argileux des coupes : Twount, Kebdani et Kert
(secteur Haut Kert), et la coupe Zaïo-CTF.
IV. Calcimétrie
La calcimétrie permet d’évaluer les taux de carbonate de calcium dans chaque échantillon.
Les essais des deux techniques calcimétriques utilisées, par titrage et par calcimètre de
Bernard, ont été réalisés au Laboratoire des Géoscience Appliquées du Département de
Géologie à la Faculté des Sciences, Université Mohammed Premier -Oujda-. En fait, on a
réalisé au moins deux essais pour chaque technique et pour chaque échantillon. Un troisième
essai est nécessaire si les résultats des deux premiers essais diffèrent de plus de 1%. Puis, la
moyenne des valeurs retenues est calculée. Cette moyenne est exprimée en pourcentage (%).
Les résultats sont présentés dans le Tableau VIII-6 pour les échantillons argileux-marneux et
dans le Tableau VIII-7 pour les autres échantillons.
Tout d’abord, et afin de vérifier le degré de corrélation entre les deux méthodes, on a mené
une approche de corrélation en traçant des courbes d’ajustement linéaire (Figure VIII-19 et
20) des résultats calcimétriques édités dans les Tableau VIII-6 et 7. Ce type de courbe
permet de vérifier le degré de corrélation entre les deux méthodes en exprimant son équation
et en calculant le coefficient de corrélation de Pearson (r). En effet, et pour une parfaite
corrélation, la pente de l’équation doit tendre vers 1, l’intercepte ne doit pas s’éloigner de 0 et
le coefficient de Pearson doit aussi tendre vers 1. La méthode a été déjà utilisée
principalement dans une étude calcimétrique des sols (Pakhshan et al., 2012) et des argiles
néogènes de Boudinar (Nasri et al., 2016).
Pour le cas des échantillons argileux (l’échantillon Z4 est très carbonaté, il ne sera pas
considéré comme argile), la courbe d’ajustement linéaire (Figure VIII-19) montre une
parfaite corrélation puisque le coefficient de corrélation de Pearson r est égale à 0,96591 (~1).
La pente de la courbe est : 0,91289 (~1) et l’intercepte est : 1,81103. Le maximum de
différence absolue entre les résultats des deux méthodes est de 1,6%. L’équation de la courbe
est : y=1,81103+0,91289x. Avec, y : taux de CaCO3 déterminé par la méthode de calcimètre
de Bernard ; et x : taux de CaCO3 déterminé par la méthode de calcimétrie par titrage.
La même approche a été appliquée aux échantillons non argileux, qu’ils soient des
tufs, des cinérites, ou "des bentonites". Le Tableau VIII-7 présente les résultats obtenus. On
constate nettement que la limite de détection de la calcimétrie par titrage est de 1%. En deçà
de cette valeur, la mesure du taux de CaCO3 en utilisant cette méthode n’est pas évidente.
Cependant, la deuxième méthode peut aller jusqu’à 0,5% comme limite de détection. La
courbe d’ajustement linéaire des deux méthodes appliquées à ces types de matériaux
(Figure VIII-20) montre aussi une parfaite corrélation avec un coefficient r de Pearson de
l’ordre de 0,99984 (~1). La pente de la courbe est : 0,9002 (~1) et l’intercepte est : 0,70235.
Le maximum de différences absolues est de 4,3% dans l’échantillon Z3 qui contient un taux
de CaCO3 d’environ 45%. Pour les autres échantillons, la différence absolue n’atteint pas
0,9%. L’équation de la courbe est : y = 0,70235 + 0,9002 x.
154
Chapitre VIII : Qualification des matériaux argileux des coupes : Twount, Kebdani et Kert
(secteur Haut Kert), et la coupe Zaïo-CTF.
155
Chapitre VIII : Qualification des matériaux argileux des coupes : Twount, Kebdani et Kert
(secteur Haut Kert), et la coupe Zaïo-CTF.
Figure VIII-19 : Courbe d’ajustement linéaire des résultats de la calcimétrie des échantillons argileux
du Rif nord-oriental par titrage et par calcimètre de Bernard.
156
Chapitre VIII : Qualification des matériaux argileux des coupes : Twount, Kebdani et Kert
(secteur Haut Kert), et la coupe Zaïo-CTF.
Figure VIII-20 : Courbe d’ajustement linéaire des résultats de la calcimétrie des échantillons non
argileux.
Les deux méthodes calcimétriques utilisées sont alors concordantes. Elles donnent des
résultats cohérents aussi bien pour des échantillons argileux-marneux que pour des tufs, des
cinérites, ou "des bentonites".
La calcimétrie par titrage a été utilisée dans ce travail principalement pour une évaluation
préalable du taux de CaCO3. Et ce, pour choisir la masse de la prise d’essai (Tableau IV-1)
dans la méthode du calcimètre (AFNOR, 1996). Dès à présent, les interprétations de l’analyse
calcimétrique se baseront sur les résultats de cette dernière méthode en raison de sa
normalisation.
Concernant la série de Twount, le taux de CaCO3 est peu variable dans la dimension verticale.
Il varie entre 15,65% et 19%. Les sédiments ici sont peu calcaires (Tableau VIII-6)
n’atteignant pas 20%.
De même, la coupe de Kebdani présente des sédiments peu calcaires (Tableau VIII-6) avec
des taux de carbonates légèrement supérieurs à ceux de la coupe de Twount. Ils varient entre
18,9% et 23,4%. La coupe est divisée en deux par un tuf non carbonaté dont la teneur est de
0,55%.
La coupe de Kert commence avec des tufs qui présentent de très faibles taux de carbonates.
Le tuf massif basal contient 3,6% de CaCO3 et le tuf altéré situé juste au-dessus n’en contient
que 0,54%. Cependant, les sédiments argileux de cette coupe enregistrent des taux variables
157
Chapitre VIII : Qualification des matériaux argileux des coupes : Twount, Kebdani et Kert
(secteur Haut Kert), et la coupe Zaïo-CTF.
allant de 17,1% jusqu’à 24,65%. Du coup, ce sont aussi des dépôts peu calcaires
(Tableau VIII-6).
A Zaïo, on constate des taux calcimétriques de l’ordre de 17-19% hormis l’échantillon Z 4 qui
donne un taux de 71%. Or, l’échantillon de CTF est le moins carbonaté de la région avec une
valeur de 9,6%. Selon la norme AFNOR (1996), Z 4 est un calcaire marneux. Les autres
échantillons de Zaïo sont peu calcaires tandis que celui de CTF est non calcaire
(Tableau VIII-6). On note que les sédiments argileux de Zaïo sont largement utilisés dans la
fabrication des briques. Leurs taux de carbonates peuvent être pris comme références pour
cette industrie.
En comparant ces résultats à ceux des autres coupes, on constate que dans la coupe
d’Izaroren, les sédiments argileux de la partie inférieure présentent des valeurs calcimétriques
de l’ordre de 17,4 et 18,6%. Ce taux augmente légèrement vers la partie supérieure donnant
des taux compris entre 19 et 20,4%. Les sédiments argileux d’Izaroren sont également peu
calcaires (AFNOR, 1996). Le tuf de la région contient très peu de carbonates (0,63% de
CaCO3). La coupe d’Afza commence avec un taux de CaCO3 de 17,4% qui augmente à 19,7%
au centre de la coupe. Puis il diminue progressivement pour s’installer à 13% au sommet. Les
sédiments de cette coupe sont aussi peu calcaires (Tableau VIII-8). C’est la série la moins
carbonatée du bassin de Kert. Le tuf de la base de la série (Afza 2) n’est pas carbonaté
enregistrant une valeur inférieure à 2%. Néanmoins, celui du sommet (Afza 6) marque une
teneur de 9,4%.
Le bassin de Kert représenté par les cinq coupes montre des variations calcimétriques latérales
et verticales modérées allant de 13% au sommet de la série d’Afza jusqu’au 24,6% au sommet
de la coupe de Kert donnant un caractère peu carbonaté aux sédiments. L’échantillon du CTF
enregistre la valeur la plus faible du secteur. Et les échantillons de Zaïo ont donné des teneurs
moyennes (17-19%).
A l’extrême ouest du rif nord-oriental, le bassin de Boudinar enregistre à son tour, des taux
variables. Le Messinien commence avec des teneurs relativement élevées avoisinant 24%
(24,06% et 24,28% respectivement à Ira 13-2 et Ira 13-10). Le sommet de la série
messinienne (Ira 13-3) contient 15,9% de carbonate. Au Pliocène, l’échantillon basal (Ira 13-
5) marque la teneur la plus élevée dans le secteur d’étude (27,5%). Cette teneur diminue
graduellement le long du reste de la série pliocène avec des valeurs comprises entre 19,7% et
9,16% (Tableau VIII-6). Les argiles du bassin de Boudinar sont, comme la plus part des
argiles du Rif oriental, peu calcaires à l’exception de l’échantillon sommital de la série
pliocène (Ira 13-7) qui est non calcaire rappelant l’échantillon du CTF.
158
Chapitre VIII : Qualification des matériaux argileux des coupes : Twount, Kebdani et Kert
(secteur Haut Kert), et la coupe Zaïo-CTF.
Conclusions
Les deux techniques calcimétriques, par titrage et par calcimètre de Bernard, ont donné des
résultats convergents démontrés à l’aide des courbes d’ajustement linéaire appliquées aux
échantillons argileux et non-argileux du secteur d’étude. La limite de détection de la
calcimétrie par titrage est de 1%. Le calcimètre de Bernard peut détecter jusqu’à 0,5%.
Les dépôts argileux-marneux néogènes du Rif nord-oriental sont généralement peu calcaires
avec des taux variables entre 13% et 27,5%. Ce caractère les qualifie de marnes. Le caractère
non calcaire caractérise le sommet de la série pliocène de Boudinar et l’argile tortonienne du
Cap des Trois Fourches avec des valeurs respectives de 9,16% et 9,61%. Cette dernière classe
caractérise les argiles.
Les formations non argileuses ont donné des valeurs calcimétriques largement variables. Les
tufs sont les moins carbonatés avec des taux appartenant à l’intervalle 0,54-9,39%. Une
"bentonite" a donné une teneur de 13,74%. La plus grande valeur a été enregistrée dans la
cinérite (44,49%) du bassin de Moulay Rachid (coupe de Zaïo).
159
Chapitre VIII : Qualification des matériaux argileux des coupes : Twount, Kebdani et Kert
(secteur Haut Kert), et la coupe Zaïo-CTF.
V. Granulométrie-sédimentométrie
Les résultats des distributions granulométriques sont présentés dans le Tableau VIII-9. Ils
permettent, dans un premier temps, de classifier les échantillons selon deux systèmes de
classification. Le premier, système classique de Shepard (1954), attribue une désignation
classique aux sédiments en utilisant les termes : sable, limon et argile (Figure VIII-21. A).
Cependant, ce système n’attribue aucun nom au mélange Argile-Limon-Sable dont les
proportions sont approximativement égales. Ce mélange est nommé boue ou vase (argile +
limon) par le système de classification de Flemming (2000). Ce nouveau système, utilisé dans
plusieurs autres travaux (Chang et al., 2007; Flemming, 2012), permet d’estimer l’énergie
hydrodynamique lors du dépôt (Figure VIII-21. B). En effet, les lignes peuvent être utilisées
pour délimiter des gradients d'énergie. Ainsi, ces derniers diminuent en allant du pôle sable
vers la ligne vase (ligne Argile-Limon). Ils diminuent aussi en allant de la ligne sable-limon
vers le pôle argile.
L’étude minéralogique a démontré que tous les échantillons analysés du secteur d’étude sont
des argiles ordinaires (common clays) (Chapitre VIII. II Etude minéralogique). Ce type de
matériaux est utilisé principalement dans l’industrie céramique. Les distributions
minéralogiques et granulométriques dans les argiles ordinaires déterminent leurs propriétés
d'ingénierie (Harvey et Lagaly, 2006; Keith et Murray, 2009). Afin de les qualifier davantage,
on a adopté la classification de Winkler (1954) faisant appel aux résultats granulométriques.
Cette classification utilise un diagramme ternaire basé sur les trois fractions granulométriques
à savoir : inférieure à 2µm, comprise entre 2µm et 20µm et supérieure à 20µm. A l’intérieur
du diagramme, quatre domaines d’utilisation empiriques sont tracés : les briques ordinaires
(briques pleines) (I), les brique verticalement perforées (briques à trous multiples) (II), les
tuiles de toiture et les briques de maçonnerie (tuiles et briques creuses légères) (III) et les
produits creux à paroi mince (hourdis et briques creuses) (IV) (Figure VIII-22).
160
Chapitre VIII : Qualification des matériaux argileux des coupes : Twount, Kebdani et Kert (secteur Haut Kert), et la coupe Zaïo-CTF.
Figure VIII-21 : Diagrammes ternaires Sable-Limon-Argil de Shepard (1954) (A), et de Flemming (2000) (B).
S : sable ; A-I : sable peu limoneux ; A-II : sable peu argileux ;
B-I : sable très limoneux ; B-II : sable limoneux ; B-III : sable argileux ; B-IV : sable très argileux ;
C-I : vase sableuse extrêmement limoneuse ; C-II : vase sableuse très limoneuse ; C-III : vase sableuse limoneuse ; C-IV : vase sableuse argileuse ; C-V : vase sableuse très argileuse ; C-VI :
vase sableuse extrêmement argileuse ;
D-I : vase peu sableuse extrêmement limoneuse ; D-II : vase peu sableuse très limoneuse ; D-III : vase peu sableuse limoneuse ; D-IV : vase peu sableuse argileuse ; D-V : vase peu sableuse très
argileuse ; D-VI : vase peu sableuse extrêmement argileuse ;
E-I : limon ; E-II : limon peu argileux ; E-III : limon argileux ; E-IV : argile limoneuse ; E-V : argile peu limoneuse ; E-VI : argile.
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Chapitre VIII : Qualification des matériaux argileux des coupes : Twount, Kebdani et Kert
(secteur Haut Kert), et la coupe Zaïo-CTF.
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Chapitre VIII : Qualification des matériaux argileux des coupes : Twount, Kebdani et Kert
(secteur Haut Kert), et la coupe Zaïo-CTF.
Izar 4 Izaroren 4 2,75 26,2 71,05 AL/AL 38,76 7,1 54,14 III
Izar 5 Izaroren 5 3,05 73,39 23,56 LA/LpA 70,66 16,45 12,89
Izar 6 Izaroren 6 8,68 58,21 33,11 LA/VpSL 56,93 22,19 20,88
Af 1 Afza 1 10,88 28,53 60,59 AL/VpSA 27,23 19,5 53,27 III
Af 3 Afza 3 11,97 29,96 58,07 AL/ VpSA 31,07 20,63 48,3 IV
Afza
Ira 3 Ira 13-3 03,57 35,00 61,43 AL/AL 42,7 8,42 48,88 IV
Ira 5 Ira 13-5 20,35 29,82 49,83 ALS/ 33,52 28,17 38,31 IV
Ira 6 Ira 13-6 27,27 47,81 24,92 VpSA
LAS/VSL 27,12 54,08 18,8 I
Ira 7 Ira 13-7 20,61 42,73 36,66 LAS/ 34,13 38,52 27,35 IV
Ira 8 Ira 13-8 21,68 47,28 31,04 VpSL
LAS/ 29,04 45,56 25,4 III
Ira Ira 13-10 02,34 37,00 60,66 VpSL
AL/AL 35,88 10,89 53,23 III
10
Zaïo-CTF
163
Chapitre VIII : Qualification des matériaux argileux des coupes : Twount, Kebdani et Kert
(secteur Haut Kert), et la coupe Zaïo-CTF.
1. Classifications granulométriques
La variabilité granulométrique implique une classification différenciée dans le temps et dans
l’espace (verticalement et latéralement). Une évolution granulométrique irrégulière caractérise
la coupe de Kebdani en raison des fluctuations dans l’énergie hydrodynamique pendant la
sédimentation. Concernant le taux de sable, il n’atteint pas 3% dans les échantillons Kb 1, 3, 5
et 6 bien qu’il dépasse légèrement 6% dans les deux autres échantillons (6,31% à Kebdani 2
et 6,09% à Kebdani 7). A son tour, le taux des limons varie irrégulièrement entre 25,8% et
42,28%. Toutefois, celui des argiles enregistre une valeur maximale de 74,13% à Kb 6. Alors
qu’il varie entre 56,30% et 69,14% dans les autres échantillons (Tableau VIII-9). Du coup, le
système de Shepard (1954) met tous les échantillons de la coupe de Kebdani dans la classe
des argiles limoneuses (Figure VIII-23). Néanmoins, le système de Flemming (2000) classe
les échantillons Kb 2 et 7 dans les vases argileuses peu sableuses et garde la même
classification aux autres échantillons (Figure VIII-24).
Figure VIII-23 : Classification des échantillons argileux-marneux des coupes : Twount, Kebdani, Kert
et Zaïo-CTF, dans le système de Shepard (1954).
164
Chapitre VIII : Qualification des matériaux argileux des coupes : Twount, Kebdani et Kert
(secteur Haut Kert), et la coupe Zaïo-CTF.
Figure VIII-24 : Classification des échantillons argileux-marneux des coupes : Twount, Kebdani, Kert
et Zaïo-CTF, dans le système de Flemming (2000).
En outre, La base de la coupe de Twount (Tw 1, 2 et 3), d’âge Messinien montre une
régularité granulométrique relative. Elle présente des taux de sable inférieurs ou égaux à 3%.
Le taux de limon augmente progressivement de 42,71% dans Tw 1 vers 55,31% à Tw 3 au
dépend de la fraction argileuse dont le taux diminue progressivement de 55,55% à 42,63%.
L’échantillon pliocène Tw 4 contient 61,67% de sable, 20,64% de limon et 17,69% d’argile.
Twount 6 enregistre une proportion de sable de 2,73%, alors que Twount 5 et 7 donnent des
pourcentages de 8,22% et 12% respectivement. Ces trois derniers échantillons pliocènes
présentent des taux de limon compris entre 33,6% et 46,91% et des proportions d’argiles
comprises entre 44,87 et 57,12% (Tableau VIII-9).
En conséquence, et suivant le système de Shepard (1954), les échantillons Twount 1, 6 et 7
sont des argiles limoneuses. Tandis que Twount 2, 3, et 5 sont des limons argileux, et Twount
4 est un sable limoneux (Figure VIII-23). Les échantillons Twount 1, 2, 3, 4 et 6 gardent la
même classification dans le système de Flemming (2000). Toutefois, l’échantillon Tw 7 sera
une vase argileuse peu sableuse et Tw 5 une vase limoneuse peu sableuse (Figure VIII-24).
Là aussi l’hydrodynamisme fluctué a provoqué l’irrégularité granulométrique.
165
Chapitre VIII : Qualification des matériaux argileux des coupes : Twount, Kebdani et Kert
(secteur Haut Kert), et la coupe Zaïo-CTF.
A l’extrême ouest du bassin de Kert, on ne constate pas une grande variation des taux des
différentes fractions dans la coupe de Kert du fait qu’il s’agisse d’une même formation, et que
le dépôt a été régit par une faible énergie hydrodynamique. Par conséquent, les taux des
sables sont inférieurs à 4,8%. Le taux des limons varie entre 17,73% et 21,27% et celui
d’argile entre 74,6% et 80,12% (Tableau VIII-9). Le système de Shepard (1954) projette tous
les échantillons de Kert dans l’aire des argiles (Figure VIII-23) au moment où celui de
Flemming (2000) les classe dans les argiles peu limoneuses (Figure VIII-24).
Dans le bassin de Moulay Rachid (Zaïo), le taux de sable n’atteint pas 2% dans les
échantillons analysés. Le taux de limon est d’environ 40% au Tortonien alors qu’il augmente
à 54% au Messinien. Inversement, celui des argiles présente une valeur de 58% au Tortonien.
Ce taux diminue dans l’échantillon messinien vers 45% (Tableau VIII-9). Au Cap des Trois
Fourches (CTF), le taux de sable est d’environ 10%, les limons et les argiles présentent des
taux respectifs de 46,36% et 43,45% (Tableau VIII-9).
Les échantillons Z2 et CTF sont des limons argileux selon la classification de Shepard (1954)
(Figure VIII-23). Néanmoins, le système de Flemming (2000) différencie entre les deux en
classifiant CTF comme vase limoneuse peu sableuse (Figure VIII-24). L’échantillon
tortonien de Zaïo (Z1) est une argile limoneuse selon les deux systèmes de classification.
Figure VIII-25 : Classification des échantillons argileux-marneux des coupes Izaroren et Afza du
secteur bas-Kert et du bassin de Boudinar, dans le système de Shepard (1954).
166
Chapitre VIII : Qualification des matériaux argileux des coupes : Twount, Kebdani et Kert
(secteur Haut Kert), et la coupe Zaïo-CTF.
Dans une comparaison avec les autres argiles du Rif nord-oriental, les échantillons : Kebdani
1, 3, 5, 6, Twount 1, 6 et Zaïo 1 appartiennent aux mêmes classes que celles d’Izaroren 1, 4, et
les dépôts messinien du bassin de Boudinar (Ira 13-2, Ira 13-3 et Ira 13-10) selon les deux
classifications (Cf. Chapitre VI et Chapitre VII). Encore, Kebdani 2, 7 et twount 7 rappellent
les classifications des échantillons : Afza 1, 3 et 4. Les échantillons Twount 2, 3 et Zaïo 2 sont
similaires à Izaroren 3. Finalement, les projections des deux échantillons Twount 5 et CTF sur
les deux diagrammes ternaires sont similaires. On note que la base de la coupe de Twount
montre une régularité dans l’évolution granulométrique dans le temps, c’est le cas aussi de la
coupe d’Afza (Figure VIII-25 et 26).
Figure VIII-26 : Classification des échantillons argileux-marneux des coupes Izaroren et Afza du
secteur bas-Kert et du bassin de Boudinar, dans le système de Flemming (2000).
167
Chapitre VIII : Qualification des matériaux argileux des coupes : Twount, Kebdani et Kert
(secteur Haut Kert), et la coupe Zaïo-CTF.
2. Qualification granulométrique
En récapitulation, 63% des échantillons analysés issus du Rif nord-oriental marocain sont des
argiles (pur, limoneuses et limono-sableuses), 34% sont des limons (argileux et argileux-
sableux) et un échantillon sablo-limoneux. La projection de ces échantillons, en se basant sur
les fractions granulométriques (fractions : inférieure à 2μm, entre 2μm et 20μm, supérieure à
20μm), dans le diagramme ternaire de Winkler (1954) (Figure VIII-22) permet de spécifier
leur utilisation dans les produits de construction en argile.
En effet, la coupe de Kebdani montre une diversité dans cette classification granulométrique.
Du coup, deux échantillons (Kb 2 et 3) se sont projetés dans le domaine adéquat pour les
tuiles de toiture et les briques de maçonnerie. Deux autres (Kb 1 et 7) se sont placés dans le
champ spécifique pour les produits creux (briques et hourdis). Les deux autres (Kb 5 et 6)
sont tellement fins qu’ils se sont projetés hors des intervalles d’utilisations mais suffisamment
proches pour qu’ils soient traités par ajout de matériaux de granulométrie relativement plus
grossière (sable) (Figure VIII-27).
168
Chapitre VIII : Qualification des matériaux argileux des coupes : Twount, Kebdani et Kert
(secteur Haut Kert), et la coupe Zaïo-CTF.
Les argiles de Twount se sont tracées dans l’aire appropriée pour l’utilisation dans les
produits creux, hormis le sable limoneux Tw 4 qui se place juste hors de la zone d’utilisation
dans les briques ordinaires vers le pôle sableux (Figure VIII-27). Il pourra être traité par
ajout de matériaux plus fins (limon et argile) pour le rendre utile dans cette industrie.
De même, les dépôts du bassin de Moulay Rachid (Zaïo) et du CTF se projettent dans le
domaine d’utilisation dans les produits creux du diagramme de Winkler (1954)
(Figure VIII-27). Et d’ailleurs, les deux argiles Z1 et Z2 sont déjà utilisées dans la
fabrication des briques creuses.
Cependant, et grâce à leur caractère très argileux, les dépôts de la coupe de Kert migrent vers
le pôle de la fraction la plus fine dans le diagramme de Winkler (1954) et par conséquent ils
sont hors des intervalles d’adéquation pour être utilisés dans les produits céramiques
(Figure VIII-27).
Figure VIII-28 : Qualification granulométrique des échantillons argileux-marneux des coupes Izaroren
et Afza du secteur bas-Kert et du bassin de Boudinar (Winkler, 1954).
169
Chapitre VIII : Qualification des matériaux argileux des coupes : Twount, Kebdani et Kert
(secteur Haut Kert), et la coupe Zaïo-CTF.
De point de vue granulométrique, le domaine des produits creux (hourdis et briques creuses)
du diagramme de Winkler (1954)englobe la majorité des échantillons étudiés du Rif nord-
oriental. Au total, 19 échantillons sont projetés dedans, distribués sur tous les bassins et sur
toutes les coupes (Af3, Af4, Af5, Iz1, Tw1, Tw2, Tw3, Tw5, Tw6, Tw7, Kb1, et Kb7 du
bassin de Kert ; Ira 13-2, Ira13-3, Ira13-5 et Ira13-7 du bassin de Boudinar, Z1 et Z2 du
bassin de Moulay Rachid ; et l’échantillon du Cap des Trois Fourches). Cependant, le champ
des tuiles de toiture et des briques de maçonnerie contient juste 6 échantillons qui sont : Af1,
Iz4, Kb2, Kb3, Ira 13-8 et Ira 13-10. Un seul échantillon (Ira 13-6) a été projeté dans l’aire
spécifique aux briques ordinaires (briques pleines) (Figure VIII-28).
L’analyse granulométrique permet aussi d’estimer les propriétés de perméabilité et de
porosités à travers le diagramme ternaire de McManus (1988). La préparation des pâtes
céramiques est gouvernée par la propriété de perméabilité qui facilite la pénétration de l’eau
dans le matériau argileux et garantit une adsorption plus rapide et plus importante. Cette eau
doit fournir suffisamment de cohésion pour équilibrer la manipulation de la pâte et son
extrusion. Une perméabilité élevée cause une faible cohésion et par conséquent des difficultés
dans la manipulation et l’extrusion des pâtes céramiques. Par contre, des porosités et des
perméabilités faibles à modérées garantissent des propriétés souhaitables qui sont la
consistance et la maniabilité (El Boudour El Idrissi et al., 2018; El Ouahabi et al., 2014b).
En effet, la plupart des échantillons étudiés dans le Rif nord oriental se sont projetés dans la
zone à faible porosité / faible perméabilité / tri modéré (Figure VIII-29). Ils sont alors
qualifiés d’une bonne aptitude à être façonnés (mise en forme). Ils sont comparables, de point
de vue granulométrique, à certaines matières premières argileuses utilisées dans la céramique
dans la région de Marrakech (El Boudour El Idrissi et al., 2018), et d’une marne miocène
utilisée dans la poterie et dans la céramique artisanale dans la région de Meknès (El Ouahabi
et al., 2014b). Les échantillons Iz5 et Tw4 présentent des granulométries relativement
grossières, par conséquent, ils tombent dans le domaine de porosité élevée / perméabilité
modérée à modérément élevée. Le premier est bien trié alors que le deuxième est mal trié. Ils
présenteront des problèmes de façonnage et d’extrusion qui pourront être résolu par un
processus préliminaire d’écrasement mécanique afin de diminuer leur granulométrie et
d’homogénéiser leur tri. D’autres échantillons plus fins de la coupe de Kert (Kert 3, 4 et 5) du
secteur haut du bassin de Kert se projettent dans le domaine à porosité élevée / perméabilité
très faible et tri élevée.
170
Chapitre VIII : Qualification des matériaux argileux des coupes : Twount, Kebdani et Kert (secteur Haut Kert), et la coupe Zaïo-CTF.
Figure VIII-29: Estimation des paramètres : tri granulométrique (a), porosité (b) et perméabilité (c) dans le diagramme de McManus (1988), modifié par El
Boudour El Idrissi et al. (2018).
171
Chapitre VIII : Qualification des matériaux argileux des coupes : Twount, Kebdani et Kert
(secteur Haut Kert), et la coupe Zaïo-CTF.
Conclusions
L’étude granulométrique a permis tout d’abord de classifier les dépôts argileux. Elle sera
combinée à l’étude calcimétrique pour les différencier selon le caractère argile / marne. En
effet, les échantillons : Iz1, Iz4, Af1, Af3, Af4, tous les échantillons de la coupe de Kebdani,
Tw1, Tw6, Tw7, Ira 13-2, Ira 13-3, Ira 13-10, et Z 1 sont des marnes limoneuses. Or, Iz3, Iz5,
Iz6, Af5, Tw2, Tw3, Tw5 et Z2 sont des limons marneux. Ira 13-5 est une marne limono-
sableuse. Ira 13-7 et Ira 13-8 sont des limons marno-sableux alors que Ira 13-6 est un limon
argilo-sableux. Tw 4 est un sable limoneux. Finalement, les dépôts de la coupe de Kert sont
des marnes et CTF est un limon argileux.
La projection des échantillons dans le diagramme de Winkler (1954) différencie entre quatre
types d’échantillons. Le premier, est approprié pour les briques ordinaires. Il contient
seulement un échantillon qui est Ira 13-6 datant du Pliocène du bassin de Boudinar. Le
deuxième groupe convient pour la production des tuiles de toiture et des briques de
maçonnerie et il est formé par les échantillons messiniens : Iz4, Af1, Kb2 et Kb3, et Ira 13-10,
en plus de l’échantillon pliocène du bassin de Boudinar : Ira 13-8. Le troisième groupe est
adéquat aux produits creux. Il regroupe la majorité des dépôts étudiés à savoir : l’échantillon
tortonien Z1, les échantillons messiniens : Iz1, Af3, Af4 et Af5, Kb1, Kb7, Tw1, Tw2, Tw3,
Ira 13-2, Ira 13-3, Z2, CTF, en plus des échantillons pliocènes : Tw5, Tw6, Tw7, Ira 13-5 et
Ira 13-6. Le quatrième groupe est formé par les autres échantillons qui se sont placés hors des
4 domaines d’utilisation. Ce sont les échantillons : Iz3, Iz5, Iz6, Kb5, et Kb6 datant du
Messinien, et l’échantillon pliocène Tw4. Ces dépôts nécessitent certains prétraitements afin
de les rendre utiles dans la production céramique.
L’estimation des paramètres de tri, de porosité et de perméabilité montre que la majorité des
échantillons argileux du Rif nord oriental sont caractérisés par des porosités faibles, des
perméabilités faibles et des tris modérés. Ceci facilite leur maniabilité et leur extrusion.
Les études minéralogique, géochimique et granulométrique ont permis une qualification vers
les produits de construction spécifiques. D’autres études sont indispensables pour confirmer
cette utilisation comme l’étude géotechnique dont le principal essai est celui de "limites
d’Atterberg".
172
Chapitre VIII : Qualification des matériaux argileux des coupes : Twount, Kebdani et Kert
(secteur Haut Kert), et la coupe Zaïo-CTF.
173
Chapitre VIII : Qualification des matériaux argileux des coupes : Twount, Kebdani et Kert
(secteur Haut Kert), et la coupe Zaïo-CTF.
Coupes Echantillons Taux d’argile (%) VBS (g/100g) SST (m2/g) CEC (meq/100g)
Af 1 53,27 3,5 88,3 10,9
Af 3 48,3 4,3 107,7 13,4
Afza
174
Chapitre VIII : Qualification des matériaux argileux des coupes : Twount, Kebdani et Kert
(secteur Haut Kert), et la coupe Zaïo-CTF.
En effet, les argiles de la coupe de Twount (excepté Tw4 qui est un sable limoneux)
présentent des WL et WP peu variables. Les premières varient entre 37 et 44% et les deuxièmes
entre 18 et 21. Il en résulte des IP qui varient entre 17 et 25%. Ces matériaux sont tous
moyennement plastiques se plaçant dans la zone d’illite de la charte de plasticité
(Figure VIII-30). Selon le diagramme de Bain (1986), tous les échantillons argileux de cette
coupe sont projetés dans l’aire d’une extrusion optimale puisqu’ils présentent des IP et des WP
appartenant respectivement aux intervalles 15-30% et 15-25% (Figure VIII-31).
Au contraire, Les échantillons de la coupe de Kebdani montrent des limites de plasticité et de
liquidité plus grandes que celles observées à Twount. Les WL sont variables dans l’intervalle
52-66% et les WP rangent dans l’intervalle 24-26%. Par conséquent, les IP varient entre 27 et
40%. Ils sont également plus grands que les IP observés le long de la coupe de Twount. Les
argiles de cette coupe sont tous très plastiques. Elles sont placées dans la zone d’illite à
l’exception de l’échantillon Kebdani 5 qui se place tout près de cette zone (Figure VIII-30).
Les dépôts de la partie inférieure de la coupe de kebdani (Kb 1, 2 et 3) conviennent à une
extrusion optimale. Les deux échantillons sommitaux (kb 6 et 7) se placent dans la zone
d’extrusion acceptable. Tandis que l’échantillon Kb 5 est hors de cette zone d’extrusion,
défaut d’IP élevé (Figure VIII-31).
Figure VIII-30 : Classification des échantillons argileux des coupes de Kebdani, de Twount, de Kert et
de Zaïo-CTF dans la charte de plasticité (Casagrande, 1948; Holtz et Kovacs, 1981).
175
Chapitre VIII : Qualification des matériaux argileux des coupes : Twount, Kebdani et Kert
(secteur Haut Kert), et la coupe Zaïo-CTF.
Figure VIII-31 : Diagramme de Bain indiquant les champs de plasticité appropriés pour une extrusion
optimale ou acceptable des pâtes des briques extrudées - coupes de Kebdani, de Twount, de Kert et de
Zaïo-CTF- (Bain, 1986; Marsigli et Dondi, 1997).
176
Chapitre VIII : Qualification des matériaux argileux des coupes : Twount, Kebdani et Kert
(secteur Haut Kert), et la coupe Zaïo-CTF.
Limites d’Atterberg
Index Site Echantillons Lithologie Age
WL WP IP
Kb 1 Kebdani 1 Marne grise Messinien 52 25 27
Kb 2 Kebdani 2 Marne grise Messinien 54 24 30
Kb 3 Kebdani Kebdani 3 Marne grise Messinien 54 25 29
Kb 5 Kebdani 5 Marne verte-grise Messinien 66 26 40
Kb 6 Kebdani 6 Marne verte-grise Messinien 60 25 35
Kb 7 Kebdani 7 Marne verte Messinien 57 24 33
Tw 1 Twount 1 Marne verte Messinien 43 18 25
Tw 2 Twount 2 Marne verte Messinien 43 20 23
Tw 3 Twount 3 Marne verte Messinien 42 20 22
Twount
Figure VIII-32 : Classification des échantillons argileux des coupes d’Afza, d’Izaroren et du bassin de
Boudinar dans la charte de plasticité (Casagrande, 1948; Holtz et Kovacs, 1981).
177
Chapitre VIII : Qualification des matériaux argileux des coupes : Twount, Kebdani et Kert
(secteur Haut Kert), et la coupe Zaïo-CTF.
Figure VIII-33 : Diagramme de Bain indiquant les champs de plasticité appropriés pour une extrusion
optimale ou acceptable des pâtes des briques extrudées - coupes d’Afza, d’Izaroren et du bassin de
Boudinar - (Bain, 1986; Marsigli et Dondi, 1997).
Conclusions
L’évaluation de la plasticité des argiles du Rif nord oriental marocain a été réalisée par le
biais de calcul des limites d’Atterberg (WL, WP, IP). Les échantillons de la coupe de Twount
en plus de l’échantillon du Cap des Trois Fourches (CTF) sont moyennement plastiques
présentant des WL comprises entre 34 et 50%. Ils sont comparables aux argiles du bassin de
Boudinar (à l’exception de l’échantillon pliocène Ira 13-8) et des deux échantillons d’Afza
(Afza 3 et 4) (Cf. Chapitre VI, Chapitre VII, Figure VIII-32). Le Tortonien de la coupe de
Zaïo (Z1) est moyennement à très plastique puisque sa W L est égale à 50%. Les dépôts des
coupes de Kebdani, Kert, et le Messinien de la coupe de Zaïo (Z2) sont tous très plastiques
présentant des WL supérieures à 50%. Ils rappellent les argiles de la coupe d’Izaroren et les
deux échantillons de la coupe d’Afza (Afza 1 et 5) qui sont aussi très plastiques (Cf. Chapitre
VII et Figure VIII-32). Tous les échantillons des coupes de Twount, de Kebdani, de Kert et de
Zaïo-CTF appartiennent à la zone spécifique de l’illite ou se placent proches d’elle. Ceci est
tout à fait naturel puisque l’illite est le minéral argileux commun à tous ces matériaux. Et par
conséquent, elle leur confère le caractère plastique.
La plasticité est un paramètre très important des matériaux argileux, elle se reflète sur la
qualité d’extrusion des pâtes céramiques argileuses. En effet, tous les échantillons de la coupe
de Twount, les échantillons de la partie inférieure de la coupe de Kebdani (1, 2 et 3) en plus
178
Chapitre VIII : Qualification des matériaux argileux des coupes : Twount, Kebdani et Kert
(secteur Haut Kert), et la coupe Zaïo-CTF.
de l’échantillon tortonien de Zaïo (Z1) conviennent pour une extrusion optimale à l’image des
argiles messiniennes de Boudinar et des deux échantillons de la coupe d’Afza (3 et 4) et Iz4
de l’embouchure d’Oued Kert (Chapitre VI, Chapitre VII et Figure VIII-33). Les échantillons
de la partie supérieure de la coupe de Kebdani (6 et 7), le Messinien de Zaïo (Z2) et l’argile
du CTF sont adéquats pour une extrusion acceptable. Ils sont comparables à l’échantillon
basal d’Afza (Afza 1), des échantillons Izaroren 3 et 5, en plus des argiles pliocènes du Bassin
de Boudinar excepté Ira 13-6 (Chapitre VI et Chapitre VII). Le reste des échantillons (ceux de
la coupe de Kert, et Kebdani 5) se projettent hors la zone d’extrusion vers la droite. C’est
également le cas de l’échantillon basal de la coupe d’Izaroren (Izaroren 1) et l’échantillon
sommital de la coupe d’Afza (Afza 5) (Cf. Chapitre VII) (Figure VIII-30-33).
179
Conclusion générale et perspectives
Conclusions et Perspectives
180
Conclusion générale et perspectives
181
Conclusion générale et perspectives
faibles et des tris modérés. Par conséquent, ils présentent une bonne aptitude à être façonnés
et manipulés. Ils sont similaires à certaines matières premières argileuses utilisées en
céramique dans la région de Marrakech (El Boudour El Idrissi et al., 2018), et d’une marne
miocène utilisée dans la poterie et dans la céramique artisanale dans la région de Meknès (El
Ouahabi et al., 2014b). Leurs SST et CEC sont relativement plus grandes que celle de l’illite
et de la kaolinite, mais largement inférieures à celles de la smectite et de la vermiculite. Ils
présentent des plasticités moyennes à élevées leur permettant d’être façonnés par extrusion.
On note que tous ces résultats sont parfaitement en accord avec l’utilisation actuelle de ces
matériaux. Et par conséquent, ils confirment ce protocole de valorisation et forment une plate
forme de comparaison avec les autres résultats.
Dans le bassin de Boudinar, les taux minéralogiques qualifient les argiles dans l’utilisation
des produits de construction en argile (briques), à l’instar des argiles étudiées de Zaïo, et
certaines argiles de Meknès, de Tétouan et de Fès (El Ouahabi et al., 2014b). La fraction
argileuse est formée d’illite, de kaolinite, d’interstratifiés et de faibles pourcentages en
chlorite et en smectite. Du coup, les dépôts messiniens et pliocènes du bassin de Boudinar
sont des argiles illitiques. Cette fraction a montré des compositions comparables à celles des
argiles miocènes de Fès et de Meknès. Mais les argiles de Meknès ne contiennent pas
d’interstratifiés. De plus, certaines argiles néogènes du bassin de Jijel en Algérie présentent
des compositions minéralogiques semblables, avec prédominance des minéraux argileux, du
quartz et de la calcite dans les poudres totales, en plus des feldspaths et de dolomites en
faibles teneurs. Cette composition les a rendues adéquats pour des utilisations dans les
matériaux de construction en argiles (Baghdad et al., 2017) tout comme celles de Boudinar et
de Zaïo. La minéralogie de la fraction argileuse des argiles de Jijel diffèrent de celles de
Boudinar.
Par ailleurs, les résultats de la géochimie des argiles messiniennes et pliocènes du bassin de
Boudinar ont donné des taux de Fe2O3 supérieurs à 5%. Par conséquent, ces argiles sont loin
d’être utilisables dans la céramique fine. Encore, la granulométrie a qualifié ces matériaux
dans la production des briques ordinaires (briques pleines) (Ira 13-6), dans les tuiles de toiture
et les briques de maçonnerie (Ira 13-8 et 13-10), et dans les briques creuses (Ira 13-2, 13-3,
13-5 et 13-7). Ces derniers échantillons présentent des granulométries comparables à celles
des argiles de Zaïo et de certaines argiles marocaines de la région d’Amezmiz permettant de
les projeter dans la zone d’utilisation dans la production des briques creuses (Lahcen et al.,
2014). Aussi, ces marnes sont caractérisées par des porosités faibles, des perméabilités faibles
et des tris modérés comme celles de Zaïo, de Marrakech et de Meknès. Ces paramètres leur
garantissent la consistance et la maniabilité souhaitables. Toutes ces caractéristiques affectent
les paramètres physiques des matériaux. En effet, Ira 13-8 est peu plastique tandis que tous les
autres échantillons présentent des plasticités moyennes. En les comparant avec d’autres
matériaux argileux, la majorité des argiles étudiées de Tétouan, de Tanger en plus de d’une
argile marneuse-sableuse néogène de Fès sont peu à moyennement plastiques. A l’image des
182
Conclusion générale et perspectives
argiles d’Amezmiz et de Zaïo, les marnes de Boudinar sont acceptables à optimales pour le
procédé d’extrusion. Les SST des argiles du bassin sont relativement plus grandes que celles
du nord-ouest du Maroc. Néanmoins, les CEC des échantillons pliocènes sont comparables à
celles de plusieurs argiles de Meknès et de certaines argiles de Tétouan. Les CEC observées
dans les échantillons messiniens de Boudinar sont relativement plus faibles. Ces matériaux
sont donc, adéquats pour des utilisations variées dans l’industrie briquetière (briques creuses,
pleines, de maçonnerie et tuiles de toiture).
Concernant le bassin de Kert, il a été étudié à travers cinq coupes en raison de sa grande
surface (les coupes Izaroren et Afza dans le secteur bas-Kert ; les coupes Kert, Twount et
Kebdani dans le secteur haut-Kert). La composition minéralogique est relativement variable
au sein des coupes, et même d’une coupe à une autre. Les argiles des coupes d’Afza et de
Twount appartiennent, toutes, au domaine des produits de construction en argile du
diagramme de Strazzera et al. (1997), à l’exception de l’échantillon sommital d’Afza qui se
projette sur le champs des tuiles de toiture en argiles. Cependant, les échantillons des autres
coupes ne tombent pas tous dans les champs d’utilisation de ce diagramme. Dans la coupe
d’Izaroren, les projections sont dessinées dans l’aire des produits de construction en argiles
sauf l’échantillon basal qui se place tout près de cette zone. Encore, seulement un seul
échantillon des deux coupes de kert et de Kebdani est projeté dans le champ des produits de
construction en argiles, les autres échantillons étudiés tombent juste près de cette zone au
même endroit que celui de l’échantillon basal de la coupe d’Izaroren. La minéralogie de la
fraction argileuse des argiles du bassin de Kert classe l’échantillon basal de la coupe de
Kebdani dans les argiles kaoliniques. Toutefois, la grande majorité sont tracés dans la zone
des argiles illitiques. La variabilité minéralogique est traduite par une distribution
relativement large dans les aires d’utilisation ou dans des zones proches. Cette distribution
minéralogique se reflète aussi sur la composition géochimique qui est variable d’une coupe à
une autre, mais aussi suivant la dimension verticale. Le taux d’oxyde de fer est largement
supérieur à 5% dans les coupes Afza et Izaroren. Cependant, et contrairement à la majorité
des argiles du Rif nord oriental du Maroc, les échantillons de la coupe de Kebdani (à
l’exception des deux échantillons basaux 1 et 2) et de la coupe de Twount ont donné des taux
acceptables pour la céramique fine. Les argiles de Kebdani se sont projetés dans l’aire des
carrelages poreux de type majolique. Quant aux argiles de Twount, ils ont été distribuées
entre les domaines des carrelages en grès cérame (Stoneware tiles) et les carrelages poreux de
type majolique (Fabbri et Dondi, 1995; Fiori et al., 1989; Strazzera et al., 1997).
De point de vue sédimentologique-géotechnique, les dépôts argileux du bassin de Kert
exhibent des taux calcimétriques et granulométriques plus ou moins variables les classant
dans les marnes (coupe de Kert), les marnes limoneuses et les limons marneux. Cette
variabilité granulométrique s’est reflétée sur leurs applications. Ainsi, la représentation des
échantillons étudiés dans le diagramme de Winkler (1954) est distribuée entre les produits
creux, les tuiles de toiture et les briques de maçonnerie. L’argile basale de la coupe d’Afza a
183
Conclusion générale et perspectives
tombée dans l’aire des tuiles de toiture et des briques de maçonnerie, les autres échantillons
de cette coupe ont été projetés dans le domaine des produits creux. De même, tous les
échantillons de la coupe de Twount se sont projetés dans le champ des produits creux. On
remarque que tous les échantillons étudiés de ces deux coupes (Afza et Twount) ont été
qualifiés de point de vue granulométrique. En ce qui concerne la coupe d’Izaroren, seulement
deux échantillons ont été qualifiés, un dans le domaine des produits creux et l’autre dans le
domaine des tuiles de toiture et briques de maçonnerie. Aussi, seulement quatre échantillons
sur les six étudiés de la coupe de Kebdani sont distribués entre ces deux domaines.
Néanmoins, les argiles de la coupe de Kert, les plus fines du secteur, sont projetées hors des
domaines d’adéquation vers le pôle des argiles. L’échantillon Tw4 de la coupe de Twount a
une porosité et une perméabilité modérément élevées. Ceci présente un effet négatif sur la
consistance, la maniabilité et l’extrusion. Par contre, les marnes très fines de la coupe de Kert
sont caractérisées par des porosités faibles et des perméabilités très faibles ce qui rend
difficile la pénétration de l’eau dans le matériau. Cette eau doit donner assez de cohésion au
corps céramique pour faciliter la maniabilité et l’extrusion. En revanche, les autres matières
argileuses étudiées du bassin de Kert ont des porosités et des perméabilités faibles et des tris
modérés tout comme les marnes de Zaïo, de Boudinar, de Marrakech et de Meknès. Ceci
facilite une adsorption relativement rapide et importante tout en garantissant les propriétés de
consistance et de maniabilité. Par ailleurs, toutes les argiles de la coupe de Twount en plus de
deux échantillons de la coupe d’Afza sont moyennement plastiques, le reste des argiles
étudiées du bassin de kert sont très à extrêmement plastiques. De plus, les pâtes céramiques à
base d’argiles étudiées du bassin de kert, adéquates pour les produits de construction en
argiles, présenteront un comportement optimal à acceptable à l’égard du processus
d’extrusion, à l’exception des échantillons Af 5, Izar 1 et Izar 6, Kb 5 et les échantillons de la
coupe de Kert.
Les résultats de l’analyse calcimétrique des argiles étudiées, ont montré une parfaite
corrélation entre les deux techniques utilisées (titrage et calcimètre de Bernard. De plus, cette
technique analytique s’est imposée comme indicateur de variation eustatique enregistrée dans
les séries sédimentaires argileuses.
L’analyse minéralogique et géochimique des argiles du secteur Bas-Kert a permis de corréler
entre les lithologies des deux coupes étudiées, et de confirmer l’enregistrement du volcanisme
messinien du Rif oriental (Azdimousa et al., 2011; Azdimousa et al., 2007; Guillemin et
Houzay, 1982) dans les séries sédimentaires étudiées.
Bref, l’étude minéralogique a mis en évidence la composition minéralogique sous forme de
minéraux argileux dominants (illite, kaolinite, chlorite), de minéraux argileux moins
dominants et/ou occasionnels (smectite et vermiculite). Ils sont associés à des minéraux
accessoires tels que le quartz, la calcite, les feldspaths… Cette analyse a permis de valoriser la
plupart des argiles étudiées dans la production des matériaux de construction à base d’argile.
184
Conclusion générale et perspectives
Elle a également permis de corréler positivement entre les coupes lithologiques du secteur
bas-Kert (de part et d’autre de l’embouchure d’Oued Kert).
La géochimie a décelé la composition géochimique des matériaux étudiés. Les oxydes
dominants sont SiO2, Al2O3, Fe2O3, et CaO. Ceci est cohérent avec les résultats de la
minéralogie. Elle a aussi permis de qualifier certaines argiles du secteur haut-Kert dans la
production de certains types de carreaux céramiques, de valoriser une argile du haut-Kert dans
les granulats légers, et de prévoir la couleur des produits finis.
L’étude sédimentologique à rendu possible la classification des échantillons étudiée. Ils
varient en majeur partie, entre marnes limoneuses et limons marneux (en plus de quelques
marnes, argile limoneuse, sables limoneux…). Cette étude a spécifié l’utilisation des marnes
étudiées dans les produits creux (briques et hourdis) (55%), dans les tuiles et les briques de
maçonnerie (17%), et dans les briques ordinaires (1 échantillon). De plus, cette étude a permis
d’estimer les paramètres de perméabilité et de porosité. Ainsi, plus de 85% des échantillons
étudiés présentent des paramètres adéquats. L’évaluation de la plasticité a qualifié la majorité
des échantillons étudiés de moyennement à très plastiques, convenables au processus
d’extrusion.
Les résultats obtenus, récapitulés dans l’annexe 3, permettent d’envisager d’autres axes de
recherche pour orienter et compléter le programme réalisé. Certaines analyses seront
indispensables avant d’entamer les essais semi-industriels. On cite l’analyse thermique
différentielle (ATD), l’analyse thermogravimétrique (ATG) et l’analyse dilatométrique.
L’ATD est une technique d’analyse thermique qui permet de mesurer un gradient thermique
(flux thermique massique en watt/gramme) en fonction de la température, entre l’échantillon
étudié et une référence (un échantillon témoin inerte dans le domaine de température étudié).
Ce gradient est lié à la quantité de chaleur absorbée ou dégagée par l’échantillon étudié.
L’ATG est une technique d’analyse thermique qui permet une mesure continue de la perte
massique (%) en fonction de la température qui augmente dans un domaine déterminé.
L’ATD et l’ATG expliquent les changements physico-chimiques au cours de la cuisson. Le
résultat de ces deux techniques est sous forme de courbes dissociées. La courbe de l’ATD
affiche des pics à effets endothermique ou exothermique. Chaque pic est relatif à une réaction
physico-chimique. La courbe de l’ATG permet de calculer la perte de masse correspondante à
un pic spécifique (endothermique ou exothermique). Habituellement, le premier pic est
endothermique. Il s’observe à des températures précoces allant jusqu’à 200°C, et correspond à
l’élimination de l’eau faiblement liée aux argiles qu’elle soit adsorbée ou bien interfoliaire. Le
deuxième pic exothermique peut survenir entre 200° et 450°C. Il est causé par la
décomposition de la matière organique. Le troisième pic, endothermique, est le résultat de la
déshydroxylation des minéraux argileux et la transformation polymorphique du quartz α en
quartz β entre 450° et 680°C. Au-delà de 700°C, la décomposition des carbonates génère un
pic endothermique. Les derniers pics, généralement à effet exothermique, apparaissent à partir
de 900°C et correspondent à la destruction complète des minéraux et la formation de
185
Conclusion générale et perspectives
186
Annexes
Annexes
187
Annexe 1 : Diffractogrammes des poudres.
188
Annexe 1 : Diffractogrammes des poudres.
189
Annexe 1 : Diffractogrammes des poudres.
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Annexe 1 : Diffractogrammes des poudres.
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Annexe 1 : Diffractogrammes des poudres.
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Annexe 1 : Diffractogrammes des poudres.
193
Annexe 1 : Diffractogrammes des poudres.
194
Annexe 1 : Diffractogrammes des poudres.
195
Annexe 1 : Diffractogrammes des poudres.
196
Annexe 2 : Diffractogrammes des lames orientées.
197
Annexe 2 : Diffractogrammes des lames orientées.
198
Annexe 2 : Diffractogrammes des lames orientées.
199
Annexe 2 : Diffractogrammes des lames orientées.
200
Annexe 2 : Diffractogrammes des lames orientées.
201
Annexe 2 : Diffractogrammes des lames orientées.
202
Annexe 2 : Diffractogrammes des lames orientées.
203
Annexe 2 : Diffractogrammes des lames orientées.
204
Annexe 2 : Diffractogrammes des lames orientées.
205
Annexe 3 : Fiches techniques des principaux résultats.
Bassin de Boudinar
Site Coordonnées Matériaux Utilisation potentielle Plasticité Extrusion
35° 11.807’N ; 03° 40.745’W Ira 13-2 Optimale
35° 11.192’N ; 03° 40.260’W Ira 13-3 Optimale
Moyenne
35° 13.880’N ; 03° 32.505’W Ira 13-5 Acceptable
Bassin de Boudinar
206
Annexe 3 : Fiches techniques des principaux résultats.
Très
35° 12,960’N ; 03° 08,716’W Izaroren 1 Non
élevée
Izaroren
Izaroren 4
Afza
35° 12,405’N ; 03° 11,732’W Afza 3 Moyenne Optimale
207
Annexe 3 : Fiches techniques des principaux résultats.
Granulats légers
208
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223
Table des matières
224
Table des matières
Partie II : Caractérisation des dépôts argileux du bassin néogène de Boudinar (Rif nord
oriental, Maroc)
Chapitre V : Caractérisation calcimétrique et sédimentométrique des dépôts argileux du
bassin néogène de Boudinar (Rif nord-oriental, Maroc) : implication sur l’évolution eustatique
et hydrodynamique du bassin et intérêt économique. .............................................................. 95
I. Introduction.............................................................................................................. 95
II. Résultats ................................................................................................................... 95
1. Sédimentométrie .............................................................................................................. 95
2. Calcimétrie ...................................................................................................................... 98
III. Discussion .............................................................................................................. 100
Conclusions ............................................................................................................... 101
225
Table des matières
Partie IV : Qualification des matériaux argileux des coupes : Twount, Kebdani et Kert
(secteur Haut Kert), et la coupe Zaïo-Cap des Trois Fourches
Chapitre VIII : Qualification des matériaux argileux des coupes : Twount, Kebdani et Kert
(secteur Haut Kert), et la coupe Zaïo-Cap des Trois Fourches. ............................................. 127
I. Introduction............................................................................................................ 127
II. Etude minéralogique .............................................................................................. 127
1. Minéralogie de la roche totale (Bulk mineralogy) ......................................................... 127
2. Minéralogie de la fraction argileuse (clay mineralogy) ................................................. 129
3. Qualification minéralogique des argiles du Rif nord-oriental ....................................... 141
4. Minéralogie des échantillons non argileux du Rif nord-oriental ................................... 143
Conclusions ............................................................................................................... 144
III. Géochimie des éléments majeurs........................................................................... 145
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Table des matières
Conclusions et perspectives
Conclusion générale et perspective ........................................................................... 181
Annexes
Annexe 1: diffractogrammes des poudres des échantillons analysés : ...................... 188
Annexe 2: diffractogrammes des lames orientées des échantillons analysés : .......... 197
Annexe 3 : Fiches techniques des principaux résultats ............................................. 206
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