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L
E'NCYCLOPÉDE
I DESCONNASISANCESESSENTE
ILLES
TOUT
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ROGER CARATINI
TI a m a
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DU MÊME AUTEUR
Éditions Robert Laffont
HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE
1. Histoire
2. Thèmes
HISTOIRE CRITIQUE DE LA PENSÉE SOCIALE
1. De la Cité antique à l'État-nation
2. De l'État-nation à l'État-goulag
L'ANNÉE DE LA SCIENCE 1988 / 1989 / 1990
Éditions Bordas
BORDAS ENCYCLOPÉDIE, en 22 volumes
Philosophie, Religions / Sciences sociales (2 vol.) / Mathématiques / Astronomie /
Physique, chimie : les lois de la nature / Matière inerte, matière vivante / Botanique : la vie des plantes /
Zoologie : la vie animale / Médecine / L'Art de l'ingénieur / La Locomotion. Du chemin de fer... à la fusée /
Agriculture, techniques, métiers / Beaux-Arts (T 1: Arts plastiques; T 2: Cinéma, musique) /
Jeux, divertissements, sports / L'Aventure littéraire de l'humanité (2 vol.) /
Visages de la Terre / Histoire universelle (3 vol.).
Collection « Voir l'Histoire »
HISTOIRE DE LA CORSE
Collection «Roger Caratini », en 9 volumes
Les Animaux / Les Plantes / Le Monde (Histoire) / l'Antiquité (Histoire) /
L'Europe / Les Mathématiques / La Physique et la Chimie / L'Astronomie / La Médecine.
Éditions Fernand Nathan
HISTOIRE DU MONDE: l'époque contemporaine *
CORSE
Librairie Larousse
LA FORCE DES FAIBLES
Encyclopédie mondiale des minorités
DICTIONNAIRE DES NATIONALITÉS ET DES MINORITÉS EN U.R.S.S.
Éditions Le Pré aux Clercs
DICTIONNAIRE DES PERSONNAGES DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE
Éditions Michel Lafon
LE GÉNIE DE L'ISLAMISME
Éditions Belin
TOUTE LA SCIENCE
Éditions Critérion
MAHOMET
(0 Hachette. 1992
Tous droits réservés ISBN: 2010 19477 2
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AVERTISSEMENT DELA
' UTEUR
Voici un livre dont le titre est imposant et le contenu modeste, par laforce des choses. Comment, en effet, pourrait-on expliquer tout
en unseul ouvrage?Tout, cela signifie la totalité du savoir humain, contenu dans les milions de volumesqui reposentsur les rayons
de la Bibliothèque nationale, dans les centaines de milions depages qui sontpubliées chaquejour dans le mondeentier, bref, pour
parler commeles mathématiciens, Tout tend vers l'infini.
En conséquence, il est bien évident que vousne trouverezpas Toutdans ce TOUTEN UN!J'oserai mêmevousdire que, en
comparaison de ce Tout, vousne trouverezRien.
Je vois, de monfauteuil, la grimace effrayée de l'Editeur. Qu'ilse rassure : s'il est vrai que la quantité desavoir contenue dans ce
livre n'est Rienpar rapport au Tout, cela n'a aucune importance. En effet, «savoir »ce n'est pas tout connaître, les noms, les dates,
lesformules, les équations, etc.; c'est être capable de tout comprendre. Lesavoir est une qualitépotentielle et se mesure, commela
puissance d'une voiture, par ce que l'on peut atteindre et nonpar la vitesse réelle à laquelle onse meut.
Lepalais infini dusavoirse visite lentement, pièceparpièce, couloirpar couloir, en traversant, de temps à autre, unjardin, ense
perdant dans le labyrinthe des allées, des mansardes et desportes dérobées, en se cognant contre un murqui, brusquement, se dresse
devant vous, en rencontrant, parfois, unguide qui vousremet dans le bon chemin. Onnefinirajamais de l'explorer, et «tout
savoir »ne consistepas à découvrir les moindres recoins de cette demeureprincière. En revanche, si vouspossédez une clé magique
pour ouvrir lespremièresportes dupalais, faire quelquespas dans les antichambres où vous trouverez d'autres clés ouvrant d'autres
pièces, d'autres appartements, alors vouspourrez dire que vous êtes en mesure de Toutconnaître.
Celivre modeste a la prétention d'être cette première clé et, si voussavez enfaire usage, votre aventure aupays de la connaissance
pourra sepoursuivre indéfiniment : abordé en cesens, il mérite doncbien d'être nommé TOUTEN UN.
Ouvronsdonccet ouvrage, et commençonspar lire le sommaire, au début du volume. Il énumère les grandes régions dusavoir :
l'histoire, la philosophie, les mathématiques, l'astronomie, la physique, la biologie, etc., que tous les collégiens connaissent au moinsde
nom. Mais, si vous vous reportez aux chapitres correspondants, vous constaterez qu'il nes'agit pas de «résumés »; vousn'y trouverez
guère deformules oud'informationsprécises répondant à des questions du type :
- Quele est la longueur de lamazone?
- Quia découvert laustralie ?
- Queles sont les causes de la guerre de succession d'Autriche oude la guerre de SeptAns?Etc.
Seules les 126pages de la Chronologie universelle synoptique contiennent les informationsponctuellesfondamentales : 5000dates
relatives à l'histoire de l'humanité.
Eneffet, cequej'ai tenté de vousexpliquer c'est, par exemple, selon quelle méthodeon mesure la distance de la Terre à la Lune ou
à n'importe quelautre astre, pourquoi les Européens sontpartis à la recherche de terres nouvelles à partir de lafin duxvesiècle,
pourquoi ils se sontfait la guerre pendant dessiècles, par quelles démarches les mathématicienssont-ilspassés des théorèmessimples
sur lespropriétés desfiguresplanes et des nombresentiers aux théories abstraites
que l'on enseigne maintenant dans les classes secondaires, etc.
En d'autres termes, si vousavez besoin de réviser vosconnaissances scolaires en vued'un examen ou d'un exercice sur table,
reportez-vous à vosmanuels et non à celivre. Demême, si vousdésirez connaître le nomde lh' ymne national de la Pologne oula
monnaie qui a cours en Angola, consultez un grand dictionnaire usuel (sérieux, depréférence). Mais, si vous voulez comprendre le
commentet lepourquoi des choses de la nature, l'esprit des mathématiques, l'idée quesefont les savants contemporains de la
matière, de l'univers, de /o vie, l'origine et les caractères communsdes religions, le sens de l'histoire humaine, et pourquoi la relation
E =mc2est l'élémentfondamental du credo desphysiciens, alors lisez ce TOUTEN UN: c'est la clé qui vousouvrira la voie vers
tous les autres livres, toutes les autres expériences, tous les autres savoirs.
Vousvoussouvenezpeut-être queMontaigneproclamait déjà, il y aplus de quatre cents ans, qu'une tête bienfaite estpréférable à
une tête bienpleine : c'est l'ambition du TOUTEN UN.
Aqui s'adresse cet ouvrage?Avant toute chose, aux élèves de le' nseignement secondaire qui désirent avoir une vue d'ensemble des
matières qui leur sont enseignées, ainsi qu'auxparents et éducateurs divers qui ont la charge difficile de les leurfaire comprendre.
Nousavons écrit ce livre les yeuxfixés sur lesprogrammesscolaires et nous avonsfait en sorte que tout cequ'il contient puisse être
comprispar un élève de 3eoude 2de, mais qu'une bonnepartie (plus de la moitié) soit lisible sans effortpar un élève de 6e. Les
spécialistes, enseignants ou bibliothécaires, s'apercevront aisément de cesoucipédagogique qui l'a toujours emporté (non sans mal, car
ilfallait convaincre les éditeurs..) sur l'attrait duspectaculaire oude le' ncyclopédisme.
Car, ilfaut le souligner, le TOUTEN UNn'est, en aucunefaçon, une encyclopédie ou un dictionnaire encyclopédique, et il ne
saurait remplacer cegenre d'ouvrages.
Quelques mots, enfin, sur les illustrations qui ornent cet ouvrage. Les schémas et les cartes y avaient obligatoirement leurplace, car
nul nepeut sepasser de ce moded'exposé; ils ont été réalisés avec unsouci constant de clarté et de simplification. Quant aux
photographies, elles constituent ce que les économistes appellent le «sourire des vendeuses »quifacilite la communication,
commerciale ou intellectuelle.
Et, puisque nous nous sommesplacés sous la bannière deMontaigne, nous aimerions reprendre ici les propospar lesquels il présentait
ses Essais : Celivre est un livre de bonnefoi, lecteur, une conversation qui vous donnera à lafois plus et moins
qu'ellepromet, selon que voussaurez yprendre goût.
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SOMMAIRE
LA PRÉHISTOIRE il L'HISTOIRE DE L'AFRIQUE 85
1. Paléontologie et préhistoire 11 1. L'Afrique blanche 85
À la recherche des premiers hommes : Lepassé lointain 85
la paléontologie humaine 11 L'ère coloniale 87
Histoire et préhistoire 14 2. L'Afrique noire 88
Méthodes de l'archéologie préhistorique 16 Généralités 88
2. De la pebble culture aux mégalithes 17 L'ère coloniale 88
Le Paléolithique 18 Les problèmes africains 90
Le Néolithique 19
L'Âge des métaux et les mégalithes 21 LA PHILOSOPHIE 91
L'HISTOIRE ANCIENNE 23 1. Quelques définitions 91
Les grandes branches de la philosophie 93
1. La Mésopotamie 23 2. Coup d'œil historique 94
L'assyriologie 23
« L'histoire commence à Sumer » 24
Le Proche-Orient ancien 28 LES RELIGIONS 95
Conclusion 31 1. Généralités 95
2. L'Égypte 32 L'origine des religions 95
L'égyptologie 32 Conduites et comportements religieux 96
3000 ans d'histoire 33
3. Les Grecs et les Romains 36 2. Les grandes religions du monde 98
La Grèce : panorama historique 36 Religions du Proche-Orient ancien 98
Les Romains 40 La religion des Grecs et des Romains 100
Ce que nous devons à l'Antiquité classique 42 Les religions de l'Inde ancienne 104
Lebouddhisme 106
Mythologie de la Chine et du Japon 107
L'HISTOIRE DE L'OCCIDENT 43 Judaïsme, christianisme, Islam 107
1. L'Europe des États 43
Mise en place des unités politiques 43 LES SCIENCES HUMAINES 115
Les grandes périodes de l'histoire 47
Le xxc siècle 50 1. La psychologie 115
2. L'Europe des guerres, des crises et des révolutions 52 Objet et méthodes 115
La Réforme 52 Les principales branches de la psychologie 117
Les guerres européennes aux xviie et XVIIe siècles 54 2. Les sciences sociales 119
La Révolution française 54 La sociologie 119
La Première Guerre mondiale (1914-1918) 58 L'anthropologie 120
La révolution soviétique de 1917 60 Les sciences politiques 122
La Seconde Guerre mondiale 62 Les sciences économiques 122
L'URSS depuis Staline 64 Ledroit et la législation 126
L'Amérique 67
L'Amérique précolombienne 67 LE LANGAGE ET LES LANGUES 127
Les États-Unis 68
L'Amérique latine 71 1. La linguistique 127
Le langage 127
L'HISTOIRE DE L'ORIENT 73
Comment décrire une langue 128
Petite histoire de la linguistique 129
1. Le Proche-Orient et le Moyen-Orient 73 L'écriture 131
L'Islam 73 2. La classification des langues 135
Les problèmes du passé 75
Les problèmes d'aujourd'hui 76 LA LITTÉRATURE FRANÇAISE 137
Israël 78
2. L'Extrême-Orient 79 1. Généralités 137
L'Inde 79 Mile ans de littérature 137
La Chine 80 La langue française 137
Le Japon 82 Les premiers textes de la littérature française 138
3. L'Asie du Sud-Est 83 Coup d'œil d'ensemble 138
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CRÉDITSPHOTOGRAPHIQUES
Cosmos:pp.22(F.Perri). 104(Gazdar/Camp), 186(SPL), 194(Folwell/SPL), 198(SkylineFeatures),200(Dohrn/SPL),201(SPL),218(Allan/SPL),241(SPL),260,280(Dohrn/SPL),
296 (SPL). 319 (Fleming/SPL). 326 (Parker/SPL), 341 (Biophoto associatcs/SPL), 343 (Me Turk/Parker/SPL), 345 (Scharf/SPL), 369 (Vioujard), 381 (J. Burgess/SPL), 394
(DohmjSPL); Dagli Orti : p. 321; D.R. : pp. 48,51, 65, 123, 146. 157. 158,202,223.250,269,272, 311,352; Durou : pp. 85, 192; Explorer : pp. 116, 118, 192; Gamma:
pp. 191 (Gaillarde). 196(Francolon), 261,285. 328(Katz), 384(Francolon); Giraudon : pp. 47, 92. 93, 94, 95, 103, 120, 132, 141, 149, 167, 180; Lauros Giraudon : pp. 32,
103. 140. 144, 154. 155, 161: Louvre : p. 98; Magnum: p. 64; NASA: p. 273; Photothèque Hachette : pp. 12, 13, 19,20(Pierre Boulat), 21,24(Josse), 26(Maisonneuve),
27(Coll. muséedelH ' omme). 38(Jean-Pierre Launay). 41, 46.47. 49, 52.53(Josse), 55,56(Josse), 57(Lorenzo), 59, 62(Union photo), 66(A.F.P.), 67, 68(B.N.), 68(Butler),
69.69(L'SIS), 70.71(Associated Press). 74.81(AgenceXinhua),86, 113,276(HaleObservatories), 288,289(NewYorkTimes),300(Harlingue-Violet). 368; Rapho : pp. 106
(Sylvesteri. 113(Monty). 140(Ciccione), 171(Ciccione). 174(Ciccione). 189(Gerster), 209(Berenger),215(Bolog), 347(Baret), 363,387;R.M.N. : pp. 102(Louvre), 110(Louvre),
2S1 (Louvre); Roger-Viollet : pp. 37, 39(Coll. Violet). 60(Marlingue-Violet). 93, 130; Sipa : pp. 15(Tufan), 25(E.R.L.), 30(Artephot/Sipa Icono), 31(Artephot/Sipa Icono),
31 (Kazemi). 34(Artephot/Sipa Icono). 39(V.I.P./Sipa Icono), 40(V.I.P./Sipa Icono). 50(E.R.L./Sipa Icono), 58(E.R.L./Sipa Icono), 60, 62(Dite/Sipa Icono), 65,70(Coll. Mc
CookCraiphead,E ' .R.L.S
' ipa Icono). 76(E.R.L./Sipa Icono). 79(Rawass), 82. 83(Y.G. Berges), 87. 88(Facelly), 90(M. Peters), 92(Goldner), 93(Sipa Icono), 94(Sipa Icono),
109(V.IP.;Sipa). 111(Tschaen). 112(Aral). 119(Pascal), 121(T. Haley), 147(Abecassis), 151(Icono/Goldner), 173, 178(E.R.L.). 182(Icono/E.R.L.),216(M. Lewis/SipaImage),
323(Delahayel. 368(GoldnerlSipa Icono); Sygma: pp. 97. 134,266(Tiziou); p. 178: «GuilaumeApollinaireet sesamis»deMarieLaurencin.(ç)ADAGP,Paris 1989.p. 180:
" Aurendez-vous des amis »de MaxErnst (QSPADEM. 1989. p. 182: «Marcel Proust »deJacques-Emile Blanche(C)SPADEM, 1989.
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LA PRÉHISTOIRE
1. PALÉONTOLOGIEET étaient nettement plus petites que celles d'un crâne
humain actuel. Le savant qui examina ces ossements
PRÉHISTOIRE (Schaafhausen) tira de cet examen la conclusion
suivante : il a existé une race d'hommes, aujourd'hui
disparue, dont la capacité crânienne était réduite,
ÀLARECHERCHEDESPREMIERS HOMMES: dont les arcades sourcilières se rejoignaient, formant
LAPALÉONTOLOGIE HUMAINE une visière comme chez les singes. À cette race,
Schaafhausen donnale nomd'HommedeNéandertal.
Onsait, depuislaplushaute antiquité, qu'il aexisté Cet ancêtre supposé de l'homme actuel fabriquait,
autrefois des êtres vivants dont les espèces ont au- pour les besoins de sa vie quotidienne (chasse, dé-
jourd'hui disparu. Ils ont laissé des traces et des fense ?), cespierres taillées quis'entassaient depuisun
siècle dans les collections des musées. On découvrit,
vestiges dans les terrains sédimentaires et, au xvie siè-
cle, on les a nommés fossiles. L'étude de ces êtres par la suite, en divers lieux d'Europe, des squelettes
vivants disparus est lapaléontologie (du grec :palaios du type néandertalien, souvent accompagnés d'outils
= « ancien », onto- = « être », logos = « science »). depierre caractéristiques oude restes de Mammifères
La science des êtres humains ou apparentés, qui disparus.
ont jadis peuplé la Terre, se nomme paléontologie En 1868,danslagrotte deCro-Magnon,auxEyzies
humaine. (en Dordogne), au cours de travaux de terrassement
exigésparla construction d'une ligne dechemindefer
Périgueux-Agen, on exhuma cinq squelettes, et des
Le désordre des découvertes instruments de pierre et d'os beaucoup plus évolués
que les outils de pierre de l'Homme de Néandertal.
Jusqu'àlafinduXVIIesiècle, onfaisaitdel'Homme L'Hommede Cro-Magnon était grand et robuste, mais
un être à part dans la nature et l'on croyait que son crâne ressemblait à celui des hommes actuels. On
l'humanité n'avait pas varié, ni dans son aspect ni découvrit par la suite d'autres squelettes du même
dans ses aptitudes, depuis son premier représentant, type : l'Homme de Grimaldi (près de Menton), en
Adam, dont on situait l'apparition sur la Terre à 1872; l'Homme de Chancelade (près de Périgueux),
environ 4000 ans avant l'ère chrétienne. Ce n'est en 1888.
que dans les premières années du xixe siècle que l'on En 1859, Darwin avait publié sonlivre fameuxsur
met en doute cette croyance, d'origine religieuse. l'origine des espèces, et l'idée (fausse) courait dans les
Entre 1820 et 1830, on commence en effet à récolter milieux scientifiques que « l'Homme descend du
dans certains abris-sous-roche, en France et en Bel- Singe ». Les découvertes de fossiles humains permet-
gique, des objets en pierre qui proviennent manifes- taient d'écrire, vers la fin du xrxe siècle :
tement de l'industrie humaine. Une thèse va faire
son chemin, violemment critiquée par l'Église : bien
avant la civilisation égyptienne (qu'on était alors en
train de découvrir), il yeut une période oùl'humanité
aurait vécu de façon fruste. Cette période antérieure
à l'histoire (que l'on faisait débuter au premier pha-
raon) est appelée, depuis les années 1830, la pré-
histoire. Pour vérifier la formule malheureuse sur les liens
Les découvertes les plus importantes de cette de parenté entre le Singe et l'Homme, il fallait trouver
époque ont été faites par Jacques Boucher de Perthes un être intermédiaire, qui ne serait plus un Singe mais
(1788-1868), que l'on considère comme le fondateur pas encore un Homme. Cet être hypothétique fut
de cette science. baptisé par les savants Pithécanthrope (mot qui signifie
En 1856, près de Düsseldorf, dans la vallée du « homme-singe » en grec). Il ne restait plus qu'à le
Neander, des ouvriers terrassiers travaillant dans une découvrir.
grotte mirent au jour quelques ossements, et en ... Et on le découvrit. En 1890, le Hollandais
particulier une calotte crânienne dont les dimensions Eugène Dubois organisa une expédition aux Indes
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L'ordre de la nomenclature
Nous vous expliquons, au chapitre sur la zoologie,
leprincipe dela nomenclature zoologique. Rappelons
simplement ici que les animaux sont classés en em-
branchements, les embranchements sont divisés en
classes, les classes enordres, lesordres ensous-ordres,
les sous-ordres en familles, les familles en genres, et
les genres en espèces. Les noms des genres s'écrivent
habituellement avecunemajusculeinitiale, et enlatin ;
les noms des espèces s'écrivent avec une minuscule,
et aussi en latin.
Tousles Hommesdont il aété question précédem-
ment appartiennent à l'ordre des Primates. Celui-ci
Leshommespréhistoriques se servaient d'outils divers pour chasser, pourpréparer leurs abris, leur nourriture ou les peaux de bêtes dont
peut-être ils se vêtaient. Cesoutils furent da'bord des pierres éclatées, plus oumoins travailées, puis des pierres tailées, des pierres polies, de
plus en plus petites (microlithes) et des os da'nimaux. Surce documentsont représentés divers types d'outils appartenant aux différentes
périodes de la Préhistoire : haches, racloirs, grattoirs, écorçoir, bifaces, lame, burin.
contient trois sous-ordres :les Simiens (ou Singes), les Homo sapiens
Lémuriens et les Hominiens. Le sous-ordre des Homi- et Homo neanderthalensis
niens comprend la famille des Hominidés, et tous les
fossiles quenous avonspassés enrevue serépartissent Vous, lecteurs, qui êtes en train de me lire, moi,
entre les deuxgenres de cette famille : le genre Homo l'auteur de ces lignes, et tous les hommes et femmes
et le genre Australopithecus. que vous pouvez rencontrer, vos parents, vos grands-
Le genre Homo contient quatre espèces : Homo parents, vos amis, les Nègres d'Afrique, les Chinois,
habilis,Homoerectus,HomoneanderthalensisetHomo les Indiens d'Amérique, etc., tous ces êtres humains
sapiens. Onnotera que l'espèce Homohabilis, voisine appartiennent à l'espèce Homosapiens.
desplusanciensAustralopithèques, est,jusqu'ànouvel Pendant longtemps, on a cru que l'homme de
ordre, leplus ancien«Homme»connu. Homoerectus Néandertal était unesous-espèce deHomosapiens, qui
est l'espèce qui englobe tous les Pithécanthropes. avait disparu il y a 150 000 ans ou davantage. On
Quant aux deux autres espèces, nous en dirons distinguait donc la sous-espèce Homosapiens sapiens
quelques mots ci-dessous. (exemple :l'Homme de Cro-Magnon oules Hommes
Legenre Australopithecuscontientquatre espèces : actuels) delasous-espèceHomosapiensneanderthalen-
boisei, robustus, africanus et afarensis. sis. Des travaux récents, fondés sur la génétique,
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Cete peinture pariétale représentant uncheval provient de la grote de Lascaux (Dordogne) qui présente un des plus remarquables ensembles
d'art paléolithique (Magdalénien ancien, 15000 environ av. J.-C).
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leur occupation des lieux (peintures sur les parois des décape une première surface qu'on étudie en détail :
cavernes, par exemple). Ce sont les armes et les outils on examine les objets témoins de l'industrie humaine
qui sont les vestiges les plus nombreux (il y en a des à ce niveau, on analyse la faune et la flore préhistori-
milliards) : cailloux, galets aménagés, pierres taillées, ques, les pollens, on recherche les minéraux, etc. Une
pierres polies, débris d'os taillés intentionnellement, fois ce travail minutieux terminé, après avoir pris des
et dont les formes définissent des industries photographies ou des moulages, on passe au niveau
préhistoriques. suivant et on procède ainsi jusqu'à ce qu'on ne
Pendant longtemps, on n'a su que recueillir ces retrouve plus rien.
documents, et les classer chronologiquement les uns
par rapport aux autres (cela était généralement assez
facile : les vestiges les plus anciens étaient les plus Étude des objets découverts
profonds, les plus récents se trouvant en surface dans
les chantiers de fouilles). On a donc pu établir, pour Les objets, ce sont généralement des morceaux
chaque station ou groupe de stations préhistoriques, d'os ou de pierre, éclatés ou taillés. En les comparant
une chronologie relative indiquant la succession dans à des centaines, des milliers d'autres, découverts en
le temps des typesd'industries préhistoriques, mais ne d'autres sites, on peut leur donner leur nomtradition-
précisant pas leur durée. nel : « hache », « marteau », « ciseau », « rasoir »,
C'est ainsi qu'on a trouvé pour la première fois « chopper » (« couperet »), « polissoir », « coup-de-
dans la région d'Abbeville (dans la Somme)des outils poing », etc. Ces dénominations, qui remontent aux
grossiers, à deux faces (on les appelle donc bifaces) : travaux des préhistoriens du début du xixc siècle, ne
on a nommé ce type d'industrie «abbevillien ». Puis, doivent pas être prises au pied de la lettre ; nous
on a retrouvé le même genre de bifaces en d'autres ignorons si les polissoirs ont servi à polir, et si ce que
lieux de la Terre, éloignés parfois de plusieurs milliers
nous appelons couteau a servi à couper quoi que ce
de kilomètres de la région d'Abbeville ; ils avaient soit.
exactement les mêmes caractères ou, comme on dit, La description de l'objet lui-même se fait mainte-
le mêmefaciès : on a encore parlé, à leur sujet, de nant selon des normes assez générales. Cette descrip-
l'aspect abbevillien de cette industrie. Par ailleurs, on
tion tient compte des techniques de taille des pierres
a constaté que les outils de type abbevillien sont transformées en outils : la masse de matière dont est
toujours antérieurs, dans une station donnée, à d'au- parti l'homme préhistorique pour fabriquer cet instru-
tres bifaces, beaucoup plus soignés, observés pour la ment s'appelle un nucleus.
premièrefois àSaint-Acheul, toujours dansla Somme, Ce nucleus a généralement été frappé avec une
et qualifiés, pour cette raison, d'acheuléens. Lasucces-autre pierre, ce qui a donné des éclats ; selon les
sion :Abbevillien puis Acheuléen est une chronologie cas, les éclats sont de simples déchets ou bien ils sont
relative, car nous ignorons, en général, dans une à leur tour façonnés pour donner d'autres produits
station préhistorique donnée, combien de temps a (selon leur préparation, on les appelle éclats d'angle,
duré chacune de ces deux étapes. éclats de crête, etc.). L'objet obtenu après la per-
cussion possède, comme une médaille, un côté pile
et un côté face ou, comme on dit, un avers et un
MÉTHODES DELA ' RCHÉOLOGIE PRÉHISTORIQUE revers.
On décrit les retouches qui l'ont façonné et rendu
Recherche de documents plus ou moins régulier, etc.
Bienentendu, tous ces outils et tous les éléments de
description qui viennent d'être indiqués sont mesurés,
Les documents préhistoriques se trouvent enfouis modulés.
àdesprofondeurs variées sousle sol, dansdes terrains
dont on ignore en général l'âge. Ils peuvent aussi être
cachés dans des abris-sous-roche, dans une caverne. Chronologie absolue
La plupart du temps, c'est un événement fortuit qui
permetdedécouvrirunestationpréhistorique :lecoup Supposons que nous ayons trouvé, sur unchantier
depioche d'un agriculteur, le bulldozer d'un entrepre- de fouilles, quatre faciès successifs, ainsi identifiés (en
neur, ou la chute d'un enfant dans un « trou ». Une allant du plus ancien au plus récent) : Aurignacien,
fois un gisement préhistorique repéré, les fouilles, Gravettien, Solutréen, Magdalénien. Comment trans-
après quelques investigations préliminaires, vont pou- formercette chronologie relative enchronologie abso-
voir commencer. lue ? Autrement dit, de quand dater ces différents
Sur le chantier, on procède d'abord à quelques niveaux ?
sondages qui laissent prévoir le nombre de couches Nous aurions pu facilement répondre à cette
que l'on rencontrera et l'on procède par étapes. On question si les hommes qui ont fabriqué les outils aux
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Chronologie préhistorique
Le Paléolithique supérieur : c'est l'époque où les pointes, les éclats et les bifaces des âges antérieurs (Acheuléen,
Levalloisien, Moustérien notamment) disparaissent pourêtre remplacés par de petits outils en silex, finement débités ;
apparaissent aussi les peintures rupestres et les premières statuettes figuratives.
différentes époques que nous venons de signaler cinés, etc.), et doser avec minutie le rapport de la
avaient laissé, à chaque niveau, une horloge perfec- teneur en carbone 14 à la teneur en carbone 12. Si
tionnée nous indiquant le temps écoulé depuis leur l'on trouve que ce rapport est égal à R14, nous en
passage. Bien entendu, cela ne se produit pas, sinon concluons que la couche en question a 5568 X2 =
danslesromans de«préhistoire fiction ». Maisceque 11 136 ans.
nos ancêtres préhistoriques ne savaient pas faire, la Cette méthode, dite radiochronologique, n'est pas
nature a pu le réaliser, car les cadavres d'animaux et infaillible. Il ya de nombreuses causes d'erreur, et, si
devégétauxpossèdentunehorlogeatomiquenaturelle le vestige est trop ancien (s'il a plus de 50000 ans),
qui se déclenche au moment où ils meurent. Voici de la mesure ne vaut pas grand-chose. Dans ce dernier
quoi il s'agit. cas, on utilisera d'autres horloges atomiques que le
Vous avez tous entendu parler de cette substance carbone 14,tels le rubidium 87,le potassium 40,l'ura-
qu'on appelle le carbone, et qui n'est rien d'autre que nium238 ou le thorium 232, ou des méthodes plus
du charbon très pur. Les atomes de carbone présents sophistiquées encore, comme la datation par thermo-
dans un être vivant (il y en a des milliards et des luminescence.
milliards) sont de deux sortes : les uns, appelés
« carbone 12 », sont stables (c'est le carbone ordi-
naire) ; les autres, appelés « carbone 14 », sont
radioactifs. Pourunêtre vivantquelconque, lerapport
2. DELA"PEBBLECULTURE"
AUXMÉGALT IHES
estconstant etégalàunecertaine valeurR,quinenous
intéresse pas ici. Lorsque cet être vivant meurt, la On a pu reconstituer la préhistoire de l'humanité
quantité de carbone 14 qu'il contient disparaît pro- grâce à l'examen et à la datation, aussi bien relatifs
gressivement et n'est pas remplacée. Enconséquence, qu'absolus, des vestiges et des industries des hommes
le rapport préhistoriques. Les anciens préhistoriens avaient di-
visé la préhistoire en trois périodes : l'Âge de la
pierre taillée, l'Âge de la pierre polie et l'Âge des
métaux. Bien entendu, ils ignoraient combien ces
périodes avaient duré, mais ils soupçonnaient, àjuste
va diminuer. Lesphysiciens ont calculé qu'au bout de titre, qu'elles n'avaient pas eula mêmedurée partout.
5568 ans ce rapport ne vaut plus que R/2 ; 5568 ans De nos jours, on parle encore des trois âges de la
plus tard, il nevaut plus queR/4 ; et ainsi de suite. Le préhistoire, mais onles nomme: Paléolithique, Néoli-
carbone 14est l'horloge atomique dont nous parlions thique et Âge des métaux, selon une terminologie
plus haut. introduite en 1866 par le naturaliste anglais John
Nous allons donc relever des fragments de cada- Lubbock (1834-1913). De plus, les préhistoriens ont
vres d'êtres vivants (os, débris végétaux, bois cal- décrit, danschacundeces âges,lachronologierelative
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d'une cinquantaine d'industries et ils savent mainte- (Acheuléen et Clactonien) ont subsisté parallèlement
nant mesurer, avec précision, la durée des périodes aux techniques nouvelles. C'est au Paléolithique
préhistoriques. moyen qu'apparaissent les Hommes de Néandertal,
il y a plus de 200 000 ans. Leur capacité crânienne
est nettement plus importante que celle des Austra-
LEPALÉOLITHIQUE lopithèques de l'âge précédent (1 400 cm3 au lieu de
700 cm3). Leur mode de vie était cependant assez
Le Paléolithique est la première et la plus longue proche de celui de leurs prédécesseurs (nomadisme,
petits groupes familiaux, chasse et cueillette sauvage).
période de la préhistoire humaine. Il a commencé il Le fait nouveau, c'est l'adoucissement du climat, qui
ya 3ou 4 millions d'années, et il s'est terminé il y a contribue à développer
à peine 12000 ans. On y distingue trois étapes : le au Paléolithique moyenlaque vie en plein air. Enfin, c'est
Paléolithique inférieur, le Paléolithique moyen et le sépultures connues (l'exempleremontent les premières
le plus célèbre est celui
Paléolithique supérieur. de La Chapelle-aux-Saints). Vers la fin du Paléolithi-
que moyen apparaît, dans l'Afrique sud-saharienne,
Le Paléolithique inférieur l'
espèce Homosapiens, il y a 150000 ans.
LENÉOLT
IHQ
IUE
Lafin duPaléolithique supérieur
Il y a 10 000 ou 11 000 ans, les glaciations sont
terminées : on entre dans l'âge dit postglaciaire. À cette
époque, tout l'Ancien Monde est occupé par des
groupes humains semi-nomades vivant de cueillette,
de chasse et de pêche. Les plus attardés continuent
d'utiliser les outils du Paléolithique supérieur ; les plus
évolués inventent des techniques qui aboutissent à la
fabrication d'outils de pierre minuscules (industrie
microlithique), grâce auxquels ils perfectionnent les
techniques de la chasse et de la pêche.
Il y a cependant une région du monde où les choses
changent plus rapidement, c'est au Moyen-Orient. On
a en effet retrouvé en Iraq, en Syrie-Palestine, au
Liban, en Israël, des sites préhistoriques témoignant
d'un mode de vie différent de celui des prédateurs du
Paléolithique (prédateur = « qui se nourrit de
proies »). Les instruments retrouvés à Shanidar (dans
le nord de l'Iraq) ou à Natouf (en Syrie-Palestine)
attestent l'existence d'une agriculture rudimentaire :
ce sont des instruments à moudre et à broyer des grains
ou des végétaux, des faucilles, des meules. En même
temps, une forme très primitive de l'élevage (chèvres,
moutons, bœufs, porcs) fait son apparition. Autrement
dit, la cueillette sauvage et la chasse (hasardeuse)
tendent alors à disparaître et à être remplacées par ce
qu'on appellera plus tard l'agriculture et l'élevage.
À ce type de civilisation qui possède encore
beaucoup de traits paléolithiques, mais qui n'est pas
encore néolithique, on réserve le terme de Mésolithi-
que. Les hommes qui en sont arrivés à ce stade ne sont
pas encore de véritables agriculteurs (ils n'agissent pas
sur le milieu naturel, ils ne sèment pas, ils ne pratiquent
pas la sélection des espèces), mais ils ne pratiquent plus
la cueillette sauvage. Ils récoltent, méthodiquement,
des produits végétaux dans les régions où ceux-ci sont
abondants, et ils apprennent à les traiter et à les
préparer pour la consommation.
Larévolution néolithique
C'est au Moyen-Orient, il y a environ 10 000 ans,
qu'a lieu la révolution néolithique. Celle-ci a radicale-
ment transformé les conditions de la vie humaine :
l'homme, au lieu de vivre en prédateur sur un territoire
Ona retrouvé, dans des sites remontant au Paléolithique supérieur, qu'il épuise, agit sur son environnement, sème, récolte,
des statues féminines, dites calipyges (« aux beles fesses »), dont la domestique des animaux, aménage des pâturages et
signification nous échappe : s'agit-il de divinités (déesses de la des étables.
fécondité), oude simples représentations maladroites de l'idéal féminin
préhistorique? Les conséquences de cette révolution, quand elle
Lastatuette représentée ici, provenant de la grote de Lespugue a lieu, sont considérables. L'homme n'est plus astreint
(Haute-Garonne), est en ivoire de mammouht (environ 20000 ans à consacrer la totalité de son activité à la chasse et à
av. J.-C). la cueillette. Il est alors disponible pour d'autres
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activités. Il invente la céramique, le tissage ; il améliore ressources alimentaires, l'homme se déplace moins :
son habitat : aux abris-sous-roche vont succéder les une des conséquences les plus remarquables de la
premières « maisons » humaines. Enfin, dans la révolution néolithique est le passage du stade nomade
mesure où il peut créer sur place, par l'agriculture, ses au stade sédentaire.
Dans le Tassili des Ajer (massif montagneux du Sahara central, au nord du Hoggar) on a retrouvé des vestiges de l'âge néolithique (gravures,
peintures rupestres) dont certains remontent à 5000 av. J.-C : la région était donc occupée, à cette époque, sans doute moins aride que
maintenant, par des populations qui connaissaient l'agriculture rudimentaire et lé' levage.
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Hachede pierre polie emmanchéeaprès sa découverte selon le dispositif de lé'poque. Encete période de sédentarisation de Ihomme,la hache
servait à la déforestation qui tout à la fois libérait du terrain pour les cultures et fournissait dubois de construction des maisons.
l'homme a découvert peu à peu, par nécessité en des armes de pierre, de cuivre ou de bronze : ils
quelque sorte politique, la métallurgie. Celle-ci n'est ignoraient lefer). L'Europe centrale etoccidentale n'a
plus l'activité de tout le monde, mais la spécialité de connu l'Âge du fer que beaucoup plus tardivement, à
certains qui s'en chargent uniquement. partir de 900 av. J.-C., et cela en deux périodes :
C'est pourquoi l'art detravailler les métaux n'a pu période de Hallstatt (900-500 av. J.-C.) et période de
se développer que dans des sociétés hautement diffé- La Tène (village de Suisse, sur les rives du lac de
renciées, celles qui existaient il ya 5000 ou 6000 ans Neuchâtel ; de 500 av. J.-C. au début de l'ère
dans les vallées du Tigre, de l'Euphrate, du Nil, du chrétienne).
Danube,par exemple. Apartir decesfoyers, l'Âge des
métauxgagneralesdifférentesrégions dumonde,avec Les mégalithes
d'importants décalages dans le temps.
Lebronze, alliage decuivreet d'étain, aétéinventé
en Mésopotamie, vers 3000 ou 2800 av. J.-C. Son On nomme ainsi de grandes pierres (menhirs,
industrie est exportée sur les côtes d'Asie Mineure dolmens) disposées en diverses régions du globe par
et dans le monde égéen vers 2300 av. J.-C. Il ne leshommesnéolithiques. Ellesapparaissentilya6000
parviendra en Europe occidentale qu'aux environs ans un peu partout en Europe, en Indonésie et
de 1500 av. J.-C. Donc, lorsqu'on parle d'un « Âge jusqu'en Océanie.
du bronze », il faut préciser le lieu dont on parle. Il Quel était le but poursuivi par les hommes qui ont
en est de même pour le fer, qui fut sans doute intro- dressé ces menhirs et ces dolmens ? On l'ignore.
duit par des « métallurgistes » caucasiens. Ceux-ci Certes, une grande partie des monuments méga-
onttransmis leur industrie auxHittites vers 1500-1400 lithiques sont funéraires : ainsi les dolmens européens
av. J.-C., qui l'ont diffusée en Syrie-Palestine, en sont très souvent des sépultures collectives. Maisil en
Égypte et en Mésopotamie. Mais l'industrie du fer est d'autres qu'on ne sait pas comment interpréter :
n'atteint le monde grec ancien que vers 1200-1100 c'est le cas des alignements de menhirs (exemple :
av. J.-C. (il y a beaucoup de chances pour que les Carnac, en Bretagne) ou des cromlechs (menhirs
guerriers de la Guerre de Troie aient combattu avec disposés en cercle).
Près de Carnac, dans le Morbihan, un ensemble imposant de mégalithes (« grandes pierres ») forme ce quo' n nommeles alignements de
Carnac. Onytrouve des menhirs (pierres dressées) et des dolmens (pierres alongées horizontalement sur des piliers); les trois principaux
alignements comptent environ 2500 menhirs. Denombreux monumenst mégalithiques recouvrent des chapeles funéraires, mais onignore
absolument à quoi corespondent les alignements et les hypothèses les plus fantaisistes ont été évoquées à leur sujet.
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L'HISTOIRE
ANCIENNE
1. LAMÉSOPOTAMIE que celui des hiéroglyphes égyptiens. En effet, alors
que ces derniers n'ont servi à transcrire qu'une seule
langue, à savoir l'égyptien ancien, les cunéiformes ont
LA
' SSYRIOLOGIE été utilisés pour transcrire deslanguestrès différentes,
parlées par les peuples qui se sont fixés en Mésopota-
Les Grecs ont appelé « Mésopotamie » la région mie : le sumérien, l'akkadien, l'élamite, le hittite, le
duMoyen-Orient qui s'étend entre les deuxfleuves du babylonien, l'assyrien, le perse ancien, l'araméen et
Tigre et de l'Euphrate, mais les historiens entendent d'autres langues encore ont été écrites avec des signes
par ce mot une vaste aire de civilisation située entre cunéiformes.
la Méditerranée et le golfe Persique, limitée vers le Cessignes étaient gravés auburin sur des tablettes
nord par les montagnes d'Arménie et d'Iran, et vers ou des petites briques d'argile fraîche que l'on faisait
le sudparle désert d'Arabie. L'histoire decette région sécher au soleil. Les archéologues en ont retrouvé des
est l'objet de l'assyriologie. centaines de milliers qui ont été classées, transcrites
etinterprétées. Lestextes cunéiformessont detous les
Les cunéiformes genres :historiques, religieux, magiques, scientifiques,
scolaires, juridiques, littéraires, commerciaux, admi-
nistratifs, etc. Leur interprétation impose d'énoncer
Tous les peuples, petits ou grands, qui ont parti- les questions préliminaires suivantes :
cipé, pendant près de 4000 ans à l'histoire de la 1 - Quelle est la langue transcrite par le
Mésopotamie, ont utilisé une écriture composée de document ?
signes enforme declous oudecoinsqu'on appelle des 2 - S'agit-il d'idéogrammes (un signe = une
cunéiformes(dulatincuneus=«clou»). Cette écriture, idée) ou de signes phonétiques (un signe = un son) ?
qui semblait plus étrange que les hiéroglyphes égyp- 3 - Quelle est la date du texte ?
tiens, a été déchiffrée à partir de 1840 par les Àlafin dudeuxièmemillénaire avant notre ère, on
assyriologues. voit apparaître les premiers textes de caractère alpha-
Cependant, le décryptement des textes cunéi- bétique (voir chapitre Le langage et les langues), mis
formespose desproblèmesbeaucouppluscompliqués au point par les Phéniciens.
Histoire de la Mésopotamie
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Ura été lu' ne des plus grandes capitales sumériennes, quelque 3000 ans av. J.-C Lethème de ce panneau, appelé LÉ ' tendard dU
' r se
déchiffre de bas en haut : une bataile, menéepar des chars de guerre (bande dubas) est achevée par les piquiers (bande du milieu) et se
termine par la déconfiture de le' nnemi; les prisonniers sont amenés devant le roi, le butin est apporté vers le palais, sur des chars.
éléments de leur culture. Ils ont fini par les dominer tions ultérieures. Ses principales réformes ont été les
militairement et politiquement sous le règne du plus suivantes :
grand souverain akkadien et le seul quel'on connaisse - il a été le premier, dans l'histoire, à instaurer des
unpeu:Sargonl'Ancien, appeléaussiSargond'Agadé lois écrites, réunies, sur son ordre, dans un texte appelé
(vers 2350 av. J.-C.). le Code d'Hammourabi (ce code était fondé sur la loi
L'empire de Sargon était énorme, il s'étendait du talion) ;
de la Méditerranée au golfe Persique ; une armée - il instaura une sorte de monothéisme politique,
permanente maintenait les cités dans l'obéissance et en faisant de Mardouk, dieu de Babylone, un dieu
assurait la sécurité des frontières que menaçaient, national ;
vers le nord, des montagnards indo-européens du - il imposa la langue babylonienne (directement
Zagros, les Goutéens, qui finiront par mettre le dérivée de l'akkadien) comme langue culturelle
Pays de Sumer à feu et à sang pendant un siècle. La
destinée d'Akkad se confondra ensuite avec celle de
Sumer : les Akkadiens sortiront du théâtre de l'his- Lecode dH ' ammourabi : le roi
toire, chassés par les Amorrites, qui vont créer est représenté adorant le dieu
l'empire babylonien. du Soleil, Shamash; stèle
en basalte noir
Les Babyloniens (xvr s. av. J.-C.).
Les Amorrites étaient des nomades, parents lin-
guistiquement des Akkadiens, installés au début du
Ille millénaire dans la région de Palmyre, en Syrie,
dans ce qu'on appelle le Pays d'Amourrou. Après
avoir longtemps menacé l'empire akkadien et s'être
infiltrés dans la région, ils fondent, vers 1830av. J.-C.,
un royaume, avec Babylone (sur l'Euphrate) comme
capitale. Ce royaume ne deviendra vraiment prépon-
dérant qu'à partir du règne du roi Hammourabi
(1728-1686 av. J.-C. selon la chronologie adoptée ici,
1793-1750 selon la chronologie dite « haute »).
Hammourabi est le véritable créateur de l'empire
babylonien. Il domina, militairement et politiquement,
tous les royaumes rivaux, Larsa, Eshnounna, Assour,
Ninive, Mari, et conféra aux territoires qu'il avait
conquis une organisation sociale, juridique et reli-
gieuse qui survivra à toutes les invasions et destruc-
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(auparavant les textes scientifiques et religieux étaient Les Hourrites sont des Asiatiques, encadrés par
écrits en sumérien) ; une aristocratie indo-européenne. Ils s'infiltrent
- il développa, comme le feront d'ailleurs ses jusqu'à ceque nous appelons aujourd'hui la Palestine.
successeurs, sa capitale, Babylone, nom qui signifie LesKassites sont desmontagnardsduZagros, parlant
«La porte de Dieu »et qui devint la plus grande cité une langue asiatique, et encadrés, comme les Hour-
du monde oriental. rites, par des Indo-Européens (d'ailleurs le nom de
L'histoire de Babylone et des Babyloniens est certains dieux kassites sont indo-européens). Leurs
complexe, car, comme celle de l'Égypte, elle a subi le invasionsseterminentparl'installation d'une dynastie
contrecoup des invasions et des guerres dans cette kassite à Babylone, en 1530. Quant aux Hittites, dont
région qui a toujours été très agitée. L'empire babylo- il sera question plus loin, ils sont les maîtres de
nien, fondé par les \morrites, a duré environ trois l'Anatolie depuis le IIe millénaire av. J.-C., et ils ont
siècles, de 1830 à 1530 av. J.-C., jusqu'à l'arrivée des participé, eux aussi, à la chute de Babylone.
envahisseurs indo-européens (Kassites et Hittites) qui Toutefois, à cette époque, la grande victime des
vont dominer le pays. L'histoire de l'empire babylo-
nien est alors terminée, mais la cité de Babylone va
continuer de rayonner, et cela jusqu'à l'arrivée des
conquérants perses, en 539 av. J.-C.
Il est temps de souffler un peu, au milieu de toutes
ces références historiques ; les schémas chronologi-
ques qui accompagnent ce texte vous permettront de
faire le point.
Les invasions indo-européennes
(Xlve-xme siècle av. J.-C.)
LesIndo-Européensformentungroupedepeuples
dont onconnaît malles origines : sans doute venaient-
ils de la Caspienne et du Caucase. Au cours de leurs
migrations, les uns se sont dirigés vers la plaine
indo-gangétique, ce sont les tribus aryennes, qui vont
peupler la péninsule indienne. Les autres vont se
diriger vers l'ouest et vont d'abord parvenir en
Anatolie(danslaTurquieactuelle), puisenMésopota-
mie. Ils chassent de leurs zones de peuplement les
populations sémitiques installées au nord et au nord- LesIndo-Européens se sont divisés, au Ile milénaire av. J.-C., en deux
est du Tigre, avant de déferler sur tout le pays et de branches dont lu' ne a peuplé E l' urope et l'autre toute la péninsule
lui imposerleur civilisation guerrière et aristocratique. indienne. Ils ont rencontré dans la valée de lI'ndus une civilisation
Troispeuplesvontnousintéresserici, lesHourrites, très ancienne, qui s'était développée entre 2400 et 1800av. J.-C, en
les Kassites et les Hittites. particulier à Mohenjo-Dâro, do' ù provient ce moulage de sceau.
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Indo-Européens et de leurs alliés, c'est l'Assyrie, qui tique et policière, dans lesquelles, fait particulièrement
va subir, duxveau xine siècle av. J.-C., la domination intéressant comme on le verra plus loin, les Araméens
de l'empire fondé par les Hourrites et différentes jouent un rôle considérable.
autres peuplades, et qu'on appelle l'empire du Mi- Après Sargon II, ses successeurs, Sennachérib
tanni. La situation du Moyen-Orient, vers 1350, était (705-680 av. J.-C.) et Assourbanipal (668-631 av.
donc la suivante : J.-C.), ont maintenu l'empire, menacé par de nouvelles
- les deux États puissants, qui contrôlent pratique- invasions indo-européennes : celles des Phrygiens
ment cequ'on pourrait appeler la politique internatio- (originaires des Balkans), des Scythes et surtout des
nale, sont alorsl'Égypte etl'empire desHittites ;il s'est Mèdes et des Perses.
d'ailleurs constitué, en 1278, une entente égypto- Àla mort d'Assourbanipal, l'empire se désintègre.
hittite, scellée par le mariage du pharaon Ramsès II Toutefois, l'armée assyrienne résistera plus de 20 ans,
avec la fille du roi des Hittites ; avant de tomber sous les coups des Mèdes. Ceux-ci,
- l'empire babylonien n'existe plus ; il a été rem- par une série d'expéditions méthodiques, à la manière
placé par un petit royaume babylonien, sur lequel des Assyriens eux-mêmes, vont détruire successive-
règne une dynastie kassite, maisle prestige culturel de mentAssour (en 614av. J.-C.) et Ninive (612av. J.-C.).
Babylone subsiste ; En 605, l'empire assyrien des Sargonides a vécu.
- les Assyriens, dont il va être question ci-dessous,
ne sont pas encore un peuple puissant ; ils sont les
vassaux de l'empire du Mitanni ;
LesChaldéens
- l'empire du Mitanni, sur lequel nous ne savons à
peuprès rien, vasemaintenirpendant deuxsiècles ; sa Que se passait-il, pendant ce temps, en Babylonie ?
politique estfondéesurl'alliance avecl'Égypte etilsert Les Babyloniens avaient mal supporté lejoug assyrien
sans doute de tampon entre la puissance égyptienne et s'étaient souvent soulevés contre eux ; Sennachérib
d'une part, les rois kassites et assyriens d'autre part. avait même étéjusqu'à raser Babylone en 689 av. J.-C.
À la mort d'Assourbanipal, après la chute des dynas-
ties kassites et après les premières infiltrations ara-
Les Assyriens méennes, ce sont maintenant des Chaldéens (des
Araméens) qui sont au pouvoir (à cette époque, la
Les Assyriens sont des Sémites, dont la capitale Basse-Babylonie s'appelait la Chaldée, et ce nom sera
était Assour. Ils étaient installés dans les régions conservé par les Anciens). Les Chaldéens ont reconsti-
montagneuses du nord de la Babylonie et leur langue tué un grand empire allant, commecelui des Assyriens,
était voisine de la langue babylonienne. Après une du golfe Persique à la Méditerranée ; c'est l'un de leurs
phase deprospérité sanspuissance, les Assyriens sont, rois, Nabuchodonosor (615-562 av. J.-C.), qui déporta
jusqu'au xine siècle, les vassaux de l'empire du Mi- lesjuifs de Jérusalem à Babylone en 587 av. J.-C. Mais
tanni. Aprèsunepériode deguerre (entre 1350et 1320 l'empire néo-babylonien (ou chaldéen, comme on
av. J.-C.), l'Assyrie se débarrasse dujoug mitannien, veut) n'était pas plus gouvernable que celui d'Assour-
mais, commetous les peuples de la région (y compris banipal, d'autant que les Perses sont maintenant entrés
les Hittites), ils sont victimes : 1° des nouvelles en scène et qu'ils vont devenir, en quelques années,
invasions indo-européennes (vers 1200,les Peuples de les maîtres du monde oriental : la chute de Babylone,
la Mertraversentl'Anatolie, détruisent l'empire hittite en 539 av. J.-C., et son rattachement à l'empire perse
etfilentversl'Égypte) ;2°del'agitation despetits États marquent la fin de l'histoire de la Mésopotamie.
araméens.
Ce n'est qu'à partir du xe siècle que les Assyriens LEPROCHEO
-RE
INTANCE
IN
relèvent la tête. Entraînés, par deux siècles de guerre
farouche, à se défendre, mais aussi à attaquer leurs
adversaires, ils vont devenir, à leur tour, des oppres- On appelle « Proche-Orient » l'arrière-pays de la
seurs, sous la conduite de chefs efficaces et cruels, qui côte de la Méditerranée orientale, qui s'étend de la
créent autour d'Assour un royaume puissant et bien Turquie actuelle à l'Égypte. Cette région correspond
armé. Les successeurs de ces chefs, en particulier aux États modernes de Syrie, du Liban, d'Israël et de
Sargon II (721-705), vont transformer ce royaume en Jordanie. Il a été peuplé, dans l'Antiquité, par des
un empire totalitaire et centralisateur, dominant tous Sémites : les Cananéens, les Araméens, les Hébreux
les peuples dela Mésopotamie et de la Syro-Palestine, et les Phéniciens. Zone de passage par excellence entre
à partir des quatre capitales de l'empire : Assour, l'Anatolie et l'Égypte, ce Proche-Orient a connu bien
Ninive,Nimroudet Khorsabad, édifiéespar SargonII. des invasions et bien des guerres. Nous connaissons
Mêmeles rois de l'île de Chypre reconnaissaient son particulièrement bien celles qui ont opposé les Hé-
autorité. Sargon avait divisé son empire en 70 pro- breux à leurs voisins et ennemis indo-européens
vinces. gouvernées par une lourde machinebureaucra- (Philistins) ou Sémites (Araméens, Phéniciens...).
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PEUPLEMENT DU MOYEN-ORIENTANCIEN
Une fois arrivés en terre cananéenne, les Hébreux préservées sans doute par les montagnes qui les
vivent en paysans sédentaires ouen nomades, dans ce bordent :Tyr, Sidon, Byblos. Cesont les Grecs qui les
pays alors occupé par des Phéniciens, des Philistins et ont appelés « Phéniciens », à partir d'un mot qui
desCananéens. Unisàlafoisparl'adversité etparleur signifie «rouge », parce que c'est de cette région que
foi, les Hébreux résistèrent à ces ennemis et finirent provenait le colorant pourpre.
par créer un royaume qui connut une grande période Ce qui distingue les Phéniciens de leurs ancêtres,
de prospérité politique sous ses trois premiers rois : c'est leur activité maritime et commerciale, que la
Saül (1030-1010 av. J.-C.), David (1010-970 av. J.-C.) conquête perse ne fit pas disparaître.
et Salomon (973-931 av. J.-C.). David fit la conquête L'activité commerciale des Phéniciens était origi-
de la ville cananéenne de Jérusalem qu'il érigea en nale. Ils eurent l'audace de lancer leurs navires
capitale, et Salomon, qui développa les relations rudimentaires sur la Méditerranée vers l'Occident. Le
commerciales avec les États de la mer Rouge, fit ce but de ces expéditions était la recherche de matières
qu'ont fait tous les rois de l'histoire égyptienne et premières (or, fer, ivoire) et d'esclaves dont l'Orient
mésopotamienne : il construisit un temple au dieu avait besoin. Navigateurs prudents, ils longeaient les
unique des Hébreux, le temple de Jérusalem, devenu côtes, faisaient escale le soir, fondaient des comptoirs
le symbole matériel et religieux de ce peuple. C'est qui setransformaient parfois en cités prospères. Ainsi
à l'époque du roi Salomon que commencent à être furent créés les comptoirs de l'île de Chypre, où les
mises par écrit les traditions orales concernant Phéniciens trouvaient ducuivre, maissurtout unpoint
l'histoire hébraïque, depuis les légendes mythiques de départ de cabotage vers la mer Egée ; ceux des
de la création dumondejusqu'à l'installation en terre Cyclades, escale dans la navigation vers l'Occident ;
d'Israël. Ces textes, compilés deux ou trois siècles ceuxdel'Afrique duNord (Utique, Nixos, Carthage),
plus tard, constitueront la base de l'Ancien Testa- où les Phéniciens trouvaient des esclaves, de l'or, de
ment. l'ivoire et trafiquaient avec les caravanes du Soudan ;
À la mort de Salomon, les particularismes ceuxd'Espagne, enfin (Gadès - c'est-à-dire Cadix - et
réapparaissent, et les dix tribus hébraïques du Nord Cartessos), d'où les commerçants phéniciens rame-
se séparent, vers 931 av. J.-C., des deux tribus du naient de l'étain et d'autres métaux. Ces comptoirs
Sud (celles de Juda et de Benjamin). Ainsi se furent créés entre 1100 et 800 environ av. J.-C., et il
constituent deux royaumes distincts : celui d'Israël, faut y ajouter un assez grand nombre de petites
avec Samarie comme capitale, et celui de Juda, qui stations nord-africaines : Hadrumète (Sousse), l'an-
conserveraJérusalem commecapitale. CesdeuxÉtats cienne Bizerte et la station qui devait devenir Bône.
vont se livrer, pendant 200 ans, une série de petites Créateurs du commerce international, les Phéni-
guerres confuses, dans lesquelles, en général, le Nord ciens ont véhiculé non seulement des matières pre-
dominera le Sud. Ces querelles locales furent éteintes mières,maisaussi desidéesetdeslangues(l'alphabet).
par la conquête étrangère. Les Assyriens mirent fin Habiles artisans, leurs ateliers étaient célèbres dans
au royaume d'Israël en 721 av. J.-C. (prise de Samarie tout le monde antique. Leurs textiles à base de laine
par Sargon II et déportation de ses habitants) ; les étaient fameux par la richesse de leurs coloris
Néo-Babyloniens éliminèrent le royaume de Juda en
597 av. J.-C. (prise de Jérusalem, déportation des
Hébreux à Babylone).
Après la conquête de la Mésopotamie par les
Perses, et la chute de Babylone (539 av. J.-C.), il
s'organisa autour de Jérusalem, sur environ
2000 km2, une petite communauté hébraïque,
autonome sur le plan religieux, mais dépendant
politiquement et économiquement de l'empire perse.
Cette province perse fut nommée Judée et ses
habitants des Judéens (à partir du vesiècle av. J.-C.).
C'est ce nom tardif des descendants d'Abraham qui
a donné, en français, le mot « Juif ».
Les Phéniciens
Sarcophage du' n roi phénicien de Byblos, Ahiram (X'siècle av. J.-C.).
LesPhénicienssontdesCananéensquiont survécu Sur les parois de ce sarcophage est gravée la plus ancienne
auxinvasionsdesPeuplesdela Mer,etauxbouleverse- inscription phénicienne en caractères alphabétiques : cet alphabet de
ments qui en ont résulté. Ils ont créé des cités 22 lettres s'est répandu sur tout le pourtour de la Méditerranée, sans
maritimes prospères sur les côtes de l'actuel Liban, doute dès le X/'X' siècle.
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Cete représentation du dieu Baal (la couleur pourpre) ; le travail du cuivre, du bronze,
a été trouvée sur le site de l'étain et de l'or, à Tyr et à Sidon, avait une grande
dO' ugarit (aujourdh' ui Ras- réputation. Mais leur technique la plus originale fut
Shamra) sur la côte syrienne. celle du verre, dont ils ont été pratiquement les
Deiu de la montagne, de lo' rage inventeurs : coloré, moulé, opaque ou transparent, il
et de la pluie, Baal tient une entrait dans la composition de la vaisselle, des bijoux,
place prépondérante dans les etc. Les Phéniciens ont aussi été de remarquables
panthéons phénicien, babylonien sculpteurs sur ivoire.
et araméen.
CONCLUSION
Si nous avons consacré une place importante à
l'histoire de ces peuples du Moyen-Orient, c'est qu'elle
a tendance à être oubliée, de nos jours, dans les
manuels d'histoire.
Vous entendrez parfois dire que la science, la
philosophie, la civilisation technique même, sont nées
de ce que Renan, un philosophe et historien français
du xixe siècle, avait appelé le « miracle grec ». Mais
ce prétendu miracle n'aurait pu avoir lieu sans la
longue maturation culturelle qui s'est produite entre
le golfe Persique et les cités phéniciennes, il y a 3 000
ou 4 000 ans. C'est à Sumer et à Babylone que sont
nées les mathématiques ; c'est à Babylone - au temps
des Chaldéens - que s'est constituée l'astronomie ;
c'est à Babylone, mille ans avant les astronomes
chaldéens, qu'est né le droit écrit ; etc.
Enfin, et ce n'est pas la moindre des choses, c'est
dans ce monde tumultueux que fut le monde sémitique
Persépolis était la capitale de la' ncien empire perse. La citadelle s'étend sur une terrasse de 130000 m2,les bâtiments ont été élevés par les
grands souverains de la Perse antique, les Achéménides, au v/ive siècle av. J.-C La vile fut détruite par Alexandre le Grand en 330 av. -
J.-C. : il n'en reste plus que ces ruines somptueuses.
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d'il y a 4 000 ans, que se sont formées les premières aucoursdetravauxdeterrassement, àproximitéd'une
croyances monothéistes : à Babylone encore, lorsque ville dont le nom français était Rosette.
la première dynastie babylonienne imposa la supério- La«pierredeRosette »estsansdouteledocument
rité du dieu Mardouk sur tous les autres à titre de dieu leplus célèbredel'histoire ancienne(elle est conservée
national ; chez le petit peuple des Hébreux, que la au Bristish Museum, à Londres ; il en existe des
tradition nous présente commemonothéiste depuis ses moulagesdanstouslesmuséesd'Antiquité dumonde).
origines. Vous vous demandez peut-être comment Cham-
Entre la nuit de la préhistoire et le brio de la pollion parvint à déchiffrer les hiéroglyphes ; voici la
civilisation grecque, dont nous sommes les héritiers, réponseàcette question. Lapierre deRosette commé-
il n'y a pas eu de saut brutal. Bien au contraire : les morait l'accession au trône d'Égypte du roi Ptolémée
Sumériens, les Akkadiens, les Babyloniens, les Hit- V, en 197av. J.-C., et énumérait les bienfaits de ceroi
tites, les Assyriens, les Araméens, les Hébreux et les à l'égard des prêtres. Le texte était écrit en trois
Phéniciens ont assuré la continuité de la vie culturelle langues : en grec ancien (langue bien connue), en
et de la civilisation. Sans doute la situation de cette hiéroglyphes (à déchiffrer) et en démotique (écriture
région de la terre, au carrefour de trois continents populaire dérivée des hiéroglyphes). Par comparaison
(Asie, Afrique et Europe), bénéficiant de conditions avecle texte grec, Champollion parvint à décrypter le
climatiques exceptionnelles, explique-t-elle le rôle capi- document.
tal du Moyen-Orient et du Proche-Orient dans l'his- D'autres savants perfectionnèrent ses décou-
toire de l'humanité. vertes : on savait dorénavant lire et traduire les textes
de l'Ancienne Égypte.
2. LÉ
' GYPTE Les pharaons et les dynasties
LÉ
' GYPTOLOGIE Les textes nous enseignent que l'Égypte étaitjadis
gouvernée par des souverains, appeléspharaons. Ces
pharaons ont été regroupés en dynasties, un peu
L'Égypte est une vallée fertile, celle duNil, entou- comme, dans l'histoire de France, on distingue les
réededéserts. LedeltaduNil, élargi enéventail, forme Mérovingiens, les Carolingiens, les Capétiens. Mais
laBasse-Égypte, dontlavilleprincipale était Memphis, l'histoire del'Égypte aété très longue :elle commence
à la pointe du Delta. Au sud de Memphis, et sur près aux environs de 3000 av. J.-C. et se termine avec
de 2000 kilomètres, s'étend la Haute-Egypte, dont la l'arrivée du conquérant Alexandre le Grand dans le
capitale futjadis Thèbes. Dans ce pays isolé du reste
du monde par la Méditerranée, par la mer Rouge et
par les déserts, s'est développée pendant 3000 ans
(entre 3000 av. J.-C. et 333 av. J.-C.) une civilisation
brillante dont l'étude fait l'objet de l'égyptologie.
Champollion
Jusqu'à 1798, nous ne connaissions la civilisation
égyptienne que par les œuvres des anciens écrivains
grecs, comme Hérodote. En 1798, Bonaparte entre-
prit l'expédition d'Égypte, emmenant avec lui une
équipedesavantsquipublièrent, en 1809,uneDescrip-
tion de VEgypte : l'égyptologie était née.
Pour reconstituer l'histoire de l'Égypte ancienne,
il ne suffisait pas de déterrer les ruines des temples et
des palais anciens, d'explorer les tombes et les pyra-
mides, de fouiller le sol égyptien. Il fallait aussi
déchiffrer les innombrables textes écrits dans ces
caractères mystérieux que les anciens Grecs avaient
appelés des hiéroglyphes : inscriptions sur les murs et
les colonnes des temples, papyrus, pierres tombales,
etc. C'est le Français Jean-François Champollion
(1790-1832) qui réalisa ce déchiffrement en 1822, à LeScribe accroupi, lu' ne des statues les plus célèbres que nous ait
partir d'un texte gravésurunepierre déterrée en 1799, léguées A
l' ncien Empire, a sans doute près de 4500 ans.
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Delta, en 333av. J.-C. Aucours deces 3000ans, près de la première dynastie égyptienne est Ménès, pré-
de 200 pharaons régnèrent sur le pays, avec des senté comme le fils du dieu faucon, Horus).
fortunes diverses. L'Égypte ancienne a connu des
périodes desplendeur, despériodes de décadence, des
périodes d'anarchie. Tantôt elle était puissante, et L'Ancien Empire (2778-2263 av. J.-C.)
alors l'autorité despharaons dépassaitlavalléeduNil,
et atteignait d'autres régions du Moyen-Orient ; tan- C'est l'âge d'or de l'Égypte, la période où les
tôt, au contraire, elle était faible, livrée aux envahis- pharaons firent bâtir les grandes pyramides sur le
seurs qui la dévastaient. plateau de Gizeh, que les Grecs considéraient comme
Leshistoriens ont doncdivisél'histoire del'Égypte l'une des Sept Merveilles du monde. Le créateur de
enune dizaine de périodes; dont chacune correspond l'Ancien Empire fut le roi Djéser (me dynastie), qui
à un certain nombre de dynasties. Lorsqu'on veut avait choisi Memphis comme capitale. Les pharaons
situer un événement de cette histoire, on précise qu'il de l'Ancien Empire ont été des guerriers et des
a eu lieu sous le règne de tel pharaon appartenant à bâtisseurs, et ce qu'on pourrait appeler leur politique
telle dynastie. intérieureétait fondéesurtroisopérationsprincipales :
- la mesure, chaque année, des crues du Nil (le
3 000 ANS DH
' ISTOIRE fleuve, en effet, a des crues régulières annuelles qui
rendent sa vallée fertile) ;
- le recensement bisannuel de la population (gou-
L'Égypte avant l'histoire verner c'est prévoir l'abondance ou la disette, le
nombre de bouches à nourrir... mais aussi le nombre
L'Égypte a connu la révolution néolithique (voir des contribuables) ;
le chapitre précédent) vers l'an 5500 av. J.-C. Àcette - la récolte des impôts, payés en sacs de grains et
époque, lavallée duNil était habitée par deschasseurs entassés dans les greniers de l'État.
nomades qui commençaient à découvrir l'agriculture Une telle organisation, assez impressionnante,
et l'élevage. Ils sesont organisés enpetits groupes (les exigeait une armée de fonctionnaires, aidés dans leur
nomes) qui se sont ensuite unifiés en deux ensembles tâche par les scribes, qui établissaient inlassablement
qu'on appelle, d'une façon un peu pompeuse, des leslistes desnomes, descontribuables, desprisonniers,
« royaumes » (royaume du Nord, dans le Delta, et des esclaves, etc.
royaumeduSud). Cesdeuxroyaumes n'ont fait qu'un C'est sous l'Ancien Empire que les pharaons
seul État auxenvironsdel'an 3000av. J.-C. avec, pour Chéops, Chéphren et Mykérinos ont fait bâtir, entre
capitale, la ville de Thinis (ou This). D'après la 2700 et 2400 av. J.-C. environ, les 3 grandes pyra-
tradition, ce sont les rois thinites qui ont organisé la mides, qui n'étaient autres que de gigantesques tom-
monarchieégyptienne :lepharaon, identifié àundieu, beaux. Ce faisant, ils ne faisaient que continuer une
gouverne son royaume par l'intermédiaire d'une hié- tradition remontant à Djéser, dont la tombe était
rarchie de ministres et de fonctionnaires. Dès cette surmontéed'un petit édificeappelémastabad'environ
époque, la vie religieuse était déjà bien développée. 8mètres de haut (Chéops avait d'autres moyens : sa
L'époque thinite correspond aux deux premières pyramide mesure 138 mètres de haut).
dynasties égyptiennes dont les souverains sont vrai- Les pyramides et autres édifices funéraires étaient
semblablement légendaires (le fondateur traditionnel décorés de bas-reliefs et de statues. À partir de la
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Lesphinx est une figure de la mythologie égyptienne : c'est unlion à tête dh'omme, coiffé dubonnet royal que portaient les pharaons.
Symboel de la force duroi, protecteur de son peuple et terreur de ses ennemis, gardien vigilant des temples divins, le sphinx est présent
dans tous les ensembles religieux de la'ncienne Egypte (le plus ancien est celui de Gizeh, oùsont érigées les grandes pyramides). Onvoit ici
le sphinx de Thoutmôsis III (1483-1450 av. J.-C), exposé au musée duLouvre.
Vedynastie, les murs intérieurs sont recouverts d'ins- pharaon de cette époque fut Sésostris III (xiie dynas-
criptions qu'on a appelées les Textes des pyramides, tie), qui fit campagne en Libye et au Soudan.
qui deviendront plus tard les Livres des morts, sorte C'est au MoyenEmpirequele culte dudieu Rêest
de guide destiné à assister l'âme du pharaon ou du associé par les pharaons thébains à celui du dieu local
ministre défunt lors de son voyage dans l'au-delà. Amon(voir chapitreLesreligions) et que sedéveloppe
L'Ancien Empire tombe dans la décadence au le culte populaire d'Osiris. Temples et sanctuaires se
cours de la vie dynastie : la situation économique se multiplient ;lespyramides et lesmastabassont deplus
détériore, l'autorité des pharaons s'écroule ; c'est ce petite dimension qu'à l'Ancien Empire, mais leur
qu'on nomme la «première période intermédiaire ». architecture souterraine est plus savante. Enfin, le
Elle dure un peu plus de deux siècles, de 2423 à 2160 Moyen Empire est la grande époque classique de la
selon les dates traditionnelles. culture égyptienne sous toutes ses formes (bas-reliefs,
rondes-bosses, statuaire). C'est aussi au Moyen Em-
LeMoyen Empire (2160-1785 av. J.-C.) pire que les scribes commencentà écrire desouvrages
littéraires. Parmi les plus connus, citons : le Récit du
naufragé, l'Histoire de Sinouhé, qui conte l'exil du
Cette période englobe les XIe, xne, XIIIe et héros au pays des bédouins du Sinaï (qui harcelaient
xrve dynasties. Les souverains du Moyen Empire constamment les frontières orientales de l'Égypte), et
abandonnent Thèbes et installent leur capitale à leDialogued'un hommefatigué dela vieavecsonâne.
l'entrée du Delta, à Memphis. Pendant plus de trois Àpartir desxineetxivedynasties, l'Égypte connaît
siècles, lespharaons égyptiensvontpermettre aupays, une nouvelle période intermédiaire (1785-1580 av.
par leur politique ferme à l'intérieur et vigoureuse à J.-C.), faite de désordres, de confusion et d'anarchie.
l'extérieur, de connaître les bienfaits de la puissance Cet affaiblissement de la puissance des pharaons
et de la civilisation. Le Moyen Empire est la période encourage l'invasion de peuples asiatiques venus du
classique de l'histoire égyptienne. Le plus grand pays de Canaan (territoire qui correspond actuelle-
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Pendant les cinq siècles qui vont suivre ces inva- LEPEUPLEMENT DE LAGRÈCE
sions, la puissance égyptienne disparaît. On s'est
interrogé sur les causes de ce déclin. La raison
essentielle estsansdoute qu'il manquaitàl'Égypteune
matière première fondamentale : le fer, au moment
même où toute cette région du monde entrait dans
cette période qu'on a appelée l'Âge du fer. Il lui
manque alors une armée bien équipée. Son rôle
historique est terminé. D'autres puissances vont faire
trembler le monde du Moyen-Orient : les Assyriens,
puis les Perses.
Après un dernier sursaut de grandeur, entre 663
et 525 av. J.-C., xxvie dynastie saïte des pharaons
Psammétique (I, II et III) et Nékao, qui entreprit le
percement d'un canal duNil àla merRouge, l'Egypte
deviendra la proie facile des Perses, puis d'Alexandre
le Grand.
Celui-ci arriva avec sa flotte en 333 av. J.-C. et
remonta le Nil jusqu'à Memphis. En décidant de
fonder une ville qui porterait son nom, Alexandrie, il
tire un trait symbolique sur l'histoire de l'Égypte
antique. Memphis, Thèbes, Tanis, Louxor, Karnak et
lespyramidesneserontplus, dorénavant, quedeslieux
de tourisme.
3. LESGRECS
ETLESROMAINS vigne et l'olivier. Mais ils ont fait plus que cela : ils ont
créé une civilisation urbaine, la première du monde
occidental, avec des palais imposants, à l'architecture
LAGRECE: PANORAMAHISTORIQUE compliquée (les Grecs les appelaient des labyrinthes),
dont les plus récents étaient richement décorés. Ils
Les Grecs, qu'on appelle aussi les Hellènes, sont connaissaient aussi l'écriture, mais les spécialistes
arrivés en Grèce à partir du IIe millénaire av. J.-C., n'ont pas encore réussi à déchiffrer les hiéroglyphes
venant des régions danubiennes. Puis, à partir de la crétois. Les archéologues ont montré que les palais
Grèce continentale, ils ont gagné l'Eubée, les îles de crétois ont été détruits à trois reprises au cours de
la mer Égée et les côtes de l'Asie mineure (côtes de l'histoire de l'île, les deux premières fois à la suite,
la Turquie actuelle). Ils sont arrivés par vagues vraisemblablement, d'un tremblement de terre ou d'un
successives ; la mise en place des populations s'est raz de marée, et, la troisième fois (entre 1450 et 1400
terminée au xe siècle av. J.-C., après 1000 ans de av. J.-C.), à la suite de l'invasion de la Crète par la
migrations et de combats. première vague d'arrivants grecs (ceux qu'on appelle
Les rivages et les îles de la mer Égée étaient alors les Mycéniens).
occupés par des peuples non grecs, installés dans la Les premiers arrivants helléniques sont les
région depuis la fin duNéolithique, c'est-à-dire depuis Achéens, qu'on nomme Mycéniens à partir de 1600 av.
les environs de l'an 3000 av. J.-C. : les Égéens et les J.-C. ; ils s'installent dans le Péloponnèse (voir carte)
Crétois. Les Égéens furent des marins-pêcheurs et des et en Crète. Une seconde vague les suit, à partir de
paysans patients qui pratiquaient des cultures arbus- 1400 av. J.-C., celle des Ioniens qui s'établissent en
tives. Ils ont connu assez tôt la métallurgie dubronze, Grèce centrale, suivis des Éoliens et des Thessaliens.
qu'ils ont reçue des Mésopotamiens, par l'intermé- Ces peuples ne sont pas des barbares ; ils connaissent
diaire de l'Asie Mineure (c'est Troie qui entre la l'agriculture, l'élevage, la métallurgie, et assimilent
première dans l'ère métallurgique). parfaitement les civilisations indigènes. Les Achéens
Les Crétois, commeles Égéens, furent des marins se répandent même au-delà du pourtour de la mer
et des agriculteurs : ils ont emprunté leur technique Égée, vers la Sicile, l'Italie du Sud et l'Orient.
maritime aux peuples des Cyclades, et leur savoir Àpartir du XIIIe siècle, une dernière vague d'enva-
métallurgique aux Égéens d'Asie Mineure. En revan- hisseurs indo-européens arrive dans la région, ce sont
che. ils ont sans doute été les premiers à cultiver la les Doriens. Cette arrivée fut, pour le monde achéen,
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une véritable catastrophe. Les.Doriens, brutaux, bar- Les Mèdes et les Perses
bares, guerriers, ont détruit les villes, dépossédé de
leurs terres les Achéens, les Ioniens, etc. Quittons un instant les rivages de la Grèce et les
On assiste alors à un éparpillement des premiers villes de la mer Égée pour nous rendre dans la partie
arrivants grecs dans le monde égéen, tandis que les la plus orientale du Moyen-Orient, cette région que
Doriens créent de nouvelles cités comme Argos et l'on appelle aujourd'hui l'Iran. Elle est alors habitée
Sparte. La situation démographique de la Grèce se depuis près de 2000 ans par un peuple d'origine
stabilise au xe siècle av. J.-C. asianique, les Élamites (capitale Suse, écriture cunéi-
forme). Mais, àl'époque oùles Achéens se répandent
dans la mer Égée, d'autres Indo-Européens partis des
steppes du Turkestan et de la Caspienne, les Mèdes
et les Perses, commencent à ycirculer. Ces nomades,
GRÈCEANTIQUE: après avoir longtemps guerroyé contre les Assyriens
LESRAISONSDELE ' XPANSIONNISME etles Scythes,vontfinirpar créer unimmenseempire,
Les nécessités économiques poussèrent très tôt les l'Empire perse, fondé par Cyrus le Grand, en 549av.
peuples de la Grèce antique à affronter des mers J.-C. La dynastie créée par Cyrus, qui prit le titre de
redoutables. Àl'origine de cette expansion, on trouve «Grand Roi, Roi des Rois », est appelée la dynastie
plusieurs raisons : desAchéménides. Les deux plus grands souverains de
- unparticularismelocalexacerbéquifaisait descités cette lignée furent le fondateur del'Empire, qui régna
hellènes une mosaïque de «pays naturels »peu propice de 558 à 528 av. J.-C., et son organisateur, Darius Ier
à de grands desseins communs ; (521-486av. J.-C.). Darius divisal'Empire perse enun
- unrelieftourmentéquirendaitlescommunications
difficiles, à travers un ensemble géographiquement très grand nombre de provinces nommées satrapies et fit
morcelé ; construire l'ensemble gigantesque de Persépolis (voir
- malgré la présence de mines d'or et d'argent (qui photo p. 31). L'administration qu'il mit sur pied était
permirent, àl'époque classique, defrapper lamonnaie), gigantesque, aux dimensions de cet empire qui s'éten-
un sous-sol qui n'offrait que de pauvres ressources ;
- et surtout, un sol médiocre et des terres arides dait de l'Afghanistan à la Libye et à la Grèce
voués, pourleur plus grande part, à la culture omnipré- continentale. L'expansion des Perses mit en dangerle
sente de la vigne et de l'olivier. Le manque chronique monde grec, qui ne cessa de guerroyer contre lui.
deblé - trait constant dela politique des cités grecques
tout au long de leur histoire - a donc toujours poussé
les Grecs à s'approvisionner dans des pays plus favo-
risés. Cescaractéristiques firent doncque, dèsl'origine, LA ' cropole dA
' thènes. Sur cette plate-forme de' nviron quatre hectares
le rayonnement de ces civilisations dépassa largement qui domine de cent mètres la vile basse, Périclès (v. 495-429 av.
les étroites limites deleur territoire. D'un côté à l'autre J.-CJ, que l'on considère souvent commele fondateur de la
dela merÉgée, elles fleurirent depuisles tempsles plus démocratie, ouvrit un gigantesque chantier où travailèrent le sculpteur
reculés. Rapidement,la colonisation s'étenditàlaSicile, Phidias et l'architecte Iktinos. LA
' cropole est dominée par le fameux
à l'Italie, et, finalement, à la plus grande partie du temple du Parthénon, dédié à la déesse Athéna, où étaient célébrées,
pourtour méditerranéen. régulièrement, de grandes fêtes religieuses : les Panathénées.
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L'histoire de la Grèce
Lesgrandesétapes
de l'histoire grecque
- XV9mesiècleav. J.-COC'est la période achéenne,
au cours de laquelle les Grecs assimilent les civilisa-
tions égéennes et crétoises, et fondent denombreuses
cités, dont les plus importantes sont Mycènes, Argos,
Thèbes, Pylos (près du site d'Athènes). À partir de
1450, les Mycéniens supplantent les Crétois.
- XIe-VIIIesiècle av. J.-c. Après les invasions do-
riennes (destruction de Mycènes vers 1133 av. J.-C.)
et la destruction desgrandes cités, onenrevient àune
vie économique simplifiée, essentiellement rurale. La
maîtrisedesmerspasseentrelesmainsdesPhéniciens,
auxquels les Grecs sont redevables de l'introduction
de l'alphabet. C'est pendant cette période qu'ont été
élaborés les poèmes homériques, appelés ainsi parce
qu'ils furentjadis attribués àunpoète unique dunom
d'Homère (on sait aujourd'hui qu'il n'en est rien),
l'Iliade et 1'Odyssée. Ces poèmes content une longue
guerre qui aurait opposé les Achéens venus de Grèce
continentale aux habitants d'une cité d'Asie Mineure,
la ville de Troie (ou Ilion), occupée en partie par des
Achéens et des Ioniens.
- VIIIe-VIesiècleav. J.-COC'est la période archaïque LaPorte des Lionnes à Mycènes.Cete anciennevile de Grèce, en
au cours de laquelle les Grecs entament un vaste Argolide, reçut au début duII' milénaire unepopulation achéenne
mouvement d'expansion à travers tout le monde et, sousli'nfluencecrétoise, développaunecivilisationbrilante.Ceteporte
méditerranéen. Le monde grec est alors composé est lu' n despremiers exemptesdela sculpture monumentaleen Grèce.
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LE
' MPIRE DA
' LEXANDRE
Athènes n'est plus la capitale du monde grec. Elle La cité de Rome a été fondée, selon la tradition,
a été remplacée par Alexandrie, la ville fondée par en 753 av. J.-C. La légende en attribue la création à
Alexandre lui-même en 331 av. J.-C., à l'extrémité Romulus, petit-fils du roi des Albains. La fortune de
ouest du delta du Nil. C'est à Alexandrie que furent cette ville a été due à sa situation : l'estuaire du Tibre
édifiées deux admirables institutions : une université, attirait les marchands et le pont qui permettait de le
le Musée, qui reçut à peu près tous les grands savants franchir attirait les pasteurs qui cherchaient une voie
de l'époque, astronomes, mathématiciens, natura- de transhumance. Dès le vue siècle av. J.-C., les
listes, géographes, philosophes ; la Bibliothèque, qui marchands orientaux s'intéressent au marché romain
renfermait, dit-on, 700 000 volumes (incendiée en et, avec leurs marchandises, pénètrent dans le Latium
748 av. J.-C. puis reconstituée, elle passa aux mains des dieux et des rites. Rome, obscur petit village du
des Arabes en 640 apr. J.-C., et c'est ainsi que fut Latium, allait devenir la maîtresse du monde
conservé l'héritage précieux des auteurs anciens). méditerranéen.
LESROMAINS Panorama de l'histoire romaine
Les origines de Rome Après la période légendaire des rois de Rome
(Romulus, Numa Pompilius, Tullus Hostilius, Ancus
L'Italie a été peuplée tardivement (à partir de Martius, Tarquin l'Ancien, Servius Tullius et Tarquin
1500 av. J.-C. seulement), et nous ne connaissons le Superbe), la république (en latin : res publica) fut
guère que les noms des peuples, peu nombreux, qui instaurée ; ce régime se maintint pendant 5 siècles,
ont développé des cultures rudimentaires avant l'arri- jusqu'à la fondation del'Empire romain par Auguste,
vée des Étrusques : les Ligures, les Volsques, les en 27 av. J.-C. Voici un bref résumé de l'histoire
Samnites, etc. (voir carte p. 36). romaine.
Auviiie siècle apparaît brusquement, en Toscane, Les trois premiers siècles de la république (509-
une civilisation brillante, celle des Étrusques, dont 275 av. J.-C.) voient l'établissement des premières
l'origine est très mal connue (peut-être venaient-ils institutions et la conquête de l'Italie centrale sur les
d'Orient, peut-être faisaient-ils partie des Peuples de peuples voisins de Rome(les Latins, les Étrusques, les
la Mer qui avaient envahi l'Égypte vers 1300, on ne Samnites, les Volsques, etc.).
sait). La brillante civilisation étrusque s'étendit en Au cours d'une deuxième période (264-120 av.
Toscane, où l'on a retrouvé les vestiges des cités qu'ils J.-C.), Rome fait la conquête du monde méditerra-
avaient créées : Tarquinies, Véies, Pérouse, Vulci, néen. Son adversaire principal fut la colonie phéni-
Volaterrae. Ce petit empire étrusque déclina en l'an cienne de Carthage (en Afrique du Nord), contre
500av. J.-C., et les Étrusques devinrent les vassaux de laquelle les Romains combattirent pendant plus
Rome vers l'an 300 av. J.-C. d'un siècle (les guerres puniques, au cours desquelles
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à la mer Noire, la civilisation romaine s'affirme et se s'en apercevoir par les quelques remarques avec
confirme. Cette prospérité est gérée par les empereurs lesquelles nous allons conclure ce chapitre.
romains successeurs d'Auguste (Tibère, Caligula, 1 - Nous avons d'abord une prodigieuse dette
Claude, Néron, les Flaviens, les Antonins). C'est culturelle. Ce sont les philosophes et les savants de
l'époque où la vie intérieure est marquée par l'évolu- l'ancienne Grèce qui sont à l'origine de la pensée
tion religieuse de la société romaine (pénétration des moderne. Leurs œuvres, conservées par les Romains
religions orientales et apparition du christianisme). et les Byzantins, sauvées de la destruction par les
De 192 à 337 apr. J.-C., à la mort du dernier Arabes, sont à la base de la culture européenne.
empereur de la dynastie des Antonins (l'empereur 2 - Notre dette est aussi politique. C'est en Grèce
Commode), on assiste à la décadence progressive de qu'a été inventée la démocratie, c'est-à-dire le gouver-
l'Empire romain. L'absence d'une règle de succession nementd'un État parlescitoyens qui le composentou
à la dignité impériale engendre les complots et les par leurs représentants, et non plus par un tyran, par
guerres civiles, l'autorité impériale diminue, et ceux un monarque ou par une oligarchie (c'est-à-dire par
que les Romains appelaient les « barbares » (c'est-à- un petit nombre de gouvernants privilégiés). C'est
dire les non-Romains), à savoir les Perses en Orient Rome qui a institué les techniques des républiques
et les populations germaniques sur les frontières du démocratiquesmodernes(suffrage, représentants élus,
Rhin et du Danube, menacentl'intégrité de l'Empire, limitation des mandats, etc.). Les empereurs romains
dontle dernier grandempereur absolu fut Constantin, ont mis sur pied des règles juridiques et administra-
quifondaunenouvellecapitaleromaine:Constantino- tives très générales ; ils sont à l'origine de ces grands
ple (330 apr. J.-C.). recueils de droit écrit qu'on appelle des codes et que
La dernière phase de l'histoire romaine (337-476 retrouveront, en 1792, les juristes de la Révolution.
apr. J.-C.) voit la fin du monde antique et l'entrée de 3 - Il ne faut pas oublier que c'est dans le cadre
l'Europe dans le MoyenÂge. Elle est marquéepar les de l'Empire romain d'Orient que s'est développé le
progrès du christianisme, devenu religion d'Etat en christianisme (d'abord combattu par les empereurs
380 (édit de l'empereur Théodose), la division de puis imposé par euxcommereligion d'État). Lorsque
l'Empire en un Empire romain d'Orient, gouverné de l'Empireromains'écroulera, enOccident,lapuissance
Constantinople, et un Empire romain d'Occident, de l'Église romaine subsistera, et les envahisseurs
gouverné de Rome. Ce dernier s'écroule lentement « païens » s'y soumettront.
sous les coups des barbares (les Huns, puis les 4 - Mais tout héritage comporte, parfois, des
Germains) dont un des chefs déposera le dernier éléments négatifs. Si de l'Empire romain est née une
empereurromaind'Occident, qui n'était encore qu'un Europe chrétienne forte et puissante, elle n'a pas
enfant, et qui se nommait Romulus Augustule. Cet toujours fait bon usage de cette force et de cette
événement eut lieu en 476 apr. J.-C. : à partir de cette puissance. L'Europe, en effet, a conquis le monde et
date l'Empire romain d'Occident n'existe plus. Quant imposé, jusqu'à une époque récente, ses manières de
à l'Empire romain d'Orient, qui va se nommer voir et de penser, et parfois même de parler, à des
dorénavant Empire byzantin, ce n'est plus un monde peuples qui n'en avaient que faire. Au Moyen Âge, à
romain. On y parle le grec, et son territoire va se l'époque des Croisades, cette conquête fut principale-
rétrécir progressivement, conquis d'abord par les mentdéfensive :il s'agissait, pourl'Europe, derésister
Arabes, puis par les Turcs. Constantinople résistera à l'assaut de l'Islam. Puis, à partir du xvr siècle, les
cependant aux Turcs jusqu'en 1453. vieux démons impérialistes qui avaient excité les
ambitions des grands conquérants de l'Antiquité,
Alexandre, Jules César, Auguste, se sont réveillés.
CEQUENOUS DEVONS L'expansion européenne s'est faite alors, au nom de
ÀLA
' NTIQUITÉ CLASSIQUE la chrétienté, vers le continent américain, dont les
populations ont été exterminées. Dans les temps
modernes, l'expansion de l'Europe s'est faite aux
Denosjours, onn'étudie plus enprofondeur dans dépens de l'Afrique, de l'Asie et de l'Océanie : dans
les manuels ni l'histoire grecque, ni l'histoire romaine, ce domaine aussi, les vieux démons impérialistes ont
ni même leurs civilisations. resurgi. Bien des difficultés politiques du monde
Celaestbiendommage,carla dette quenousavons moderne sont liées aux structures mises en place il y
à l'égard des Anciens est considérable, comme on va a 2000 ans.
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L'HISTOIRE
DE L'OCCIDENT
1. LE
' UROPEDESÉTATS de la civilisation occidentale au cours des âges. Le
lecteur se reportera à la chronologie proposée àla fin
MISE ENPLACEDESUNITÉS POLITIQUES de cet ouvrage, qui lui fournira les points de repère
principaux dans le temps.
ParunitépolitiquenousentendonslesÉtats actuels,
indépendants les uns par rapport aux autres, limités Les grandes invasions
par des frontières et liés par des systèmes d'alliance
complexes. Cet état de chose ne s'est pas fait en un Pour comprendre l'histoire de l'Europe, il faut
jour : il a fallu 1500 ans pour y parvenir. partir del'Europe romaine, étudiée auchapitre précé-
L'histoire de l'Occident, c'est celle de l'Europe et dent. Cette Europe est limitée aux façades atlantique
du continent américain. Comprenez bien qu'il n'est et méditerranéenne du continent, protégée des «Bar-
pas question de raconter et d'expliquer cette histoire bares » qui la convoitent par une frontière continue.
enunevingtaine depages, et nous nele ferons pas ici. Les plus proches sont les Germains, qui occupent
Enrevanche,nousessaierons decomprendrecomment l'Europe dunord et du centre, du Rhin à la vallée du
elles'est dérouléeet quelles ont étéles caractéristiques Dniepr. Les plus lointains sont les Huns d'Asie, les
Alains, les Avars. Enfin, il y a ceux que les Romains L'Europe carolingienne
ignorent, les Vikings, qui vivent dans la lointaine
Scandinavie. À partir du 111e siècle apr. J.-C., la L'équilibre de l'Europe ainsi constituée était fra-
pression des Germains sur les frontières de l'Empire gile. En outre, son indépendance était menacée par
romain est de plus en plus intense. Tantôt insidieuse l'expansion de l'Islam en Méditerranée (voir chapitre
(infiltrations), tantôt violente (dévastations locales). suivant). On assiste alors, en Europe, à des change-
Ces Germains vont bientôt envahir l'Empire, d'une ments importants :
part parce qu'ils sont attirés par ses richesses, d'autre - économiquement,lamaîtrise dela Méditerranée
part parce qu'ils sont chassés de leur territoire par par les Arabes met fin à l'économie maritime inaugu-
d'autres envahisseurs venus d'Asie : les Huns. rée plus de 1000 ans auparavant par les Grecs ; il ne
L'écroulement militaire de l'Occident - qui pré- s'agit plus, pour l'Europe, de s'enrichir mais de
cède depeu son écroulement politique - va sefaire en subsister : l'économie devient principalement rurale,
plusieurs temps : domaniale, et la civilisation urbaine s'éteint (la plupart
1 - à l'Est, les Goths, poussés par les Huns, des villes avaient été dévastées par les invasions) ;
franchissent le Danube en 376 et vont former un - ce repliement de l'Europe sur elle-même et la
royaume ostrogoth en Italie du Nord et un royaume menace de l'Islam favorisent une prise de conscience
wisigoth en Aquitaine et en Espagne ; de l'unité du monde chrétien, qui se traduit par une
2 - àl'Ouest,lapremièrepercéealieu surle Rhin, tentative d'unification politique.
le 31 décembre406 ; elle estl'œuvre desVandales, des Cette unification fut l'œuvre de Charlemagne
Suèves, des Burgondes et d'un grand nombre d'autres (règne : 742-814), fils de Pépin le Bref, fondateur de
peuples germaniques ; elle aboutit à l'éphémère la dynastie carolingienne, et petit-fils de Charles
royaume vandale d'Afrique et à la création du Martel, maire du palais au service des derniers rois
royaumeburgonde (ancêtre duduché deBourgogne) ; mérovingiens, et qui avait arrêté la progression des
3 - à partir de 450 environ, les Francs pénètrent Arabes à Poitiers en 732. Charlemagne, qui combattit
à leur tour en Gaule où leur royaume deviendra la les musulmans (les « Sarrasins ») aussi bien que les
France, tandis que les Alamans progressent vers le Lombards ou les Avars, qui menaçaient l'Europe,
sud-est de la Germanie, qui deviendra le « pays des arrivé au faîte de sa puissance, eut l'ambition de
Alamans », ou Allemagne ; recréer l'Empire romain lorsqu'il fut couronné empe-
4 - une dernière vaguebouleversera, auviesiècle, reur à Rome même, par le pape Léon XIII, en 800.
l'équilibre atteint en Europe occidentale : celle des Mais cette tentative avorta, car, après la mort de
Bavarois (dans le sud de l'Allemagne) et des Lom- l'« empereur à la barbe fleurie », l'État carolingien se
bards, qui s'établissent en Autriche et en Italie. désagrégea sous l'effet de deux séries de causes :
Lapartie méridionale desîles Britanniques, queles 1° les rivalités politiques et militaires entre les
Romains appelaient la Bretagne, est envahie par voie successeurs de Charlemagne qui passa d'abord entre
maritime, dès la fin du Ille siècle, par les Jutes, les les mains desonfils, Louisle Pieux, puis entre les trois
Angles et les Saxons, qui repoussent les indigènes fils de ce dernier qui se le partagèrent par le traité de
celtes, tout comme les Francs ont dominé les Gallo- Verdun (843) : la Francie occidentale à Charles le
Romains. Chauve, la Francie orientale à Louis le Germanique
Ilfaut direquelquesmotsdesHuns,quiontdéferlé, et la Francie médiane à Lothaire ;
«entempête », àtravers l'Empire romain auivesiècle. 2° l'affaiblissement des royaumes européens tou-
Ils viennentdessteppes situées entre la merCaspienne chés par une deuxième grande vague d'invasions à
et la merd'Azov, et certains historiens les considèrent partir du IXesiècle, celles des Vikings (qu'on appelle
commeles descendants de nomades mongols qui font aussi les Normands, c'est-à-dire les « hommes du
leur apparition dansl'histoire dela Chine ancienne au Nord »).
ive siècle av. J.-C., les Hiong-Nou. L'aventure des
Huns en Europe est due àl'épopée de leur chefAttila
(395-453), qui créa en Germanie un royaume éphé- L'Europe féodale (Xle-XVe siècle)
mère (il ne dura que vingt ans), remarquablement
organisé, et qui, après avoir pillé la Thrace et la Les États nés du partage de l'empire de Charle-
Macédoine, envahit la Gaule et l'Italie en 451-453. magne et du remodèlement de l'Europe après les
De cette première vague d'invasions naquirent les invasions normandes entrent alors dans l'ère de la
royaumes dits « barbares », à la chute de l'Empire féodalité. C'est le temps des seigneurs, des suzerains,
romain. L'un de ces royaumes nous intéresse parti- desvassaux, deschâteauxforts, destournois, desserfs,
culièrement : c'est celui des Francs, organisé par des chansons de geste et des troubadours.
Clovis (règne : 481-511), descendant de Mérovée, qui Ce système politique et social est assez complexe.
adonné son nomàla première dynastie derois francs, Le mot « féodalité » désigne l'ensemble de liens et
les Mérovingiens. d'obligations créés entre un seigneur, appelé suzerain,
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L'EUROPE CAROLINGIENNE
et un homme libre, appelé vassal. Le suzerain accorde soutenant. L'autre arbitre, c'est l'empereur, titre que
à son vassal aide et protection en échange des services portent, en Allemagne, les descendants de Charle-
que celui-ci s'engage à lui fournir en lui rendant magne. En 962, l'un d'entre eux, Otton le Grand
hommage. Ces services sont en général récompensés (912-973), rétablit officiellement la dignité impériale,
par l'attribution d'unfief, c'est-à-dire d'une propriété et donne à l'ensemble des États germaniques le nom
foncière. de Saint Empire romain germanique. Il ne s'agit pas
encore d'un État centralisé à proprement parler, car,
Dans l'Europe ainsi hiérarchisée, les seigneurs les à l'intérieur du monde germanique, il y a de nombreux
plus puissants se font la guerre. Ils conquièrent les fiefs petits États, principautés, etc., mais les souverains de
de leurs rivaux, agrandissent leur territoire, et, peu à ces royaumes s'entendent, régulièrement, pour élire
peu, un écheveau inextricable de liens, de devoirs et un empereur dont l'autorité a varié au cours des
d'obligations s'installe entre les seigneurs européens, temps. De plus, entre l'empire et la papauté une
qui n'étaient d'abord que des comites, c'est-à-dire des rivalité s'installa, qui se traduisit par trois siècles de
compagnons d'armes de leurs chefs, et qui deviennent, conflits.
progressivement, princes, ducs, barons et comtes. Des
rivalités séculaires commencent à s'installer, par exem- Ces guerres et ces changements de structure n'em-
ple entre le roi de France, le duc de Bourgogne et le pêchent cependant pas la société européenne d'évo-
roi d'Angleterre (rivalité qui se traduira par la guerre luer. Pour échapper aux contraintes du régime féodal,
de Cent Ans). Il existe cependant deux arbitres : le de nombreux paysans quittent les campagnes et vont
pape et l'empereur. s'installer dans des villes. Celles-ci, depuis le xie siècle,
connaissent en effet une renaissance due, notamment,
Le pape siège à Rome. Il est le maître absolu de à la fin des mouvements d'invasion. Dans ces villes,
toute la chrétienté, qu'il dirige par l'intermédiaire des dont les habitants sont appelés des bourgeois (ce sont
évêques dont il a la maîtrise de l'investiture, mais il les habitants des bourgs), on respire un air de liberté
est aussi un chef temporel, c'est-à-dire un chef politique. En outre, lorsqu'on est industrieux, on peut
politique : il peut intervenir auprès des souverains s'y enrichir dans le commerce des étoffes, de l'orfèvre-
des États chrétiens, soit en refusant de les couronner, rie, et aussi dans celui des armes. Certaines régions
soit en les excommuniant, soit, au contraire, en les découvrent ainsi leur vocation commerciale : les villes
Sur cette enluminure, extraite des Grandes Chroniques de France (vers 1380), est représenté hl'ommage dE ' douard III, roi dA
' ngleterre, à
Philippe VI, roi de France, pour l'investiture de la Guyenne, possession des rois dA
' ngleterre en Aquitaine de 1258 à 1453.
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Fragmentde la broderie connue sous le nomde «Tapisserie de la reine Mathilde », contant la conquête de lA ' ngleterre par les Normandsde
Guilaume le Conquérant. Cete broderie, longue de'nviron 70 m,et large de 0,50 m,date duXI'siècle. Ala mort du roi dA ' ngleterre
Edouardle Confesseur (un Saxon), en 1066, trois candidats à la couronne sont en présence : le DanoisHarold, le Norvégien Harald, et.. le
ducde Normandie, Guilaume, vassal duroi de France. Guilaume se'st-imposé par les armes, en débarquant dans l'île qui s'était appelée jadis
la Bretagne; avecses Normands. Il écrasa Harold, le prétendant le plus sérieux à la couronne, à la bataile dH' astings. Ce'st cete bataile que
commémorela tapisserie dont on voit ici unfragment, et qui fut commandéepar lé'vêque de Bayeux, Odon,poursa cathédrale, après la
victoire de Guilaume le Conquérant.
de Flandre, les villes de l'Italie du Nord et les cités curiosité, l'intérêt politique et financier, l'esprit
maritimes commeGênes,PiseetVenise. Lescités plus d'aventure poussent sur les mers de grands naviga-
«continentales»ontunevocationculturelle :il s'ycrée teurs, pour la plupart espagnols ou portugais (mais
les premières universités de la chrétienté (à Londres, Christophe Colomb était génois !) à la découverte de
à Paris, en Espagne). nouvelles terres. C'est la période des grandes décou-
L'Europe ainsi consolidée et envoie dedéveloppe- vertes : Vasco de Gama double le cap de Bonne-
mentpeut envisagerdes grands projets. Leplusgrand Espérance, Magellan fait le tour du monde, Christo-
d'entre eux, à cette époque, est celui des croisades : phe Colomb découvre l'Amérique, Jacques Cartier
il s'agissait pour la chrétienté d'aller reconquérir sur explore le Canada ; l'Asie était déjà connue par les
lesmusulmanslaTerre sainte, oùavait souffert et était voyageurs duMoyenÂge(Plan Carpin et MarcoPolo
mort le Christ. Il s'agissait aussi, pour les princes avaient été en Mongolie et en Chine).
européens, d'augmenter leur prestige. Il s'agissait,
enfin, pour les armateurs génois et vénitiens de faire
des affaires avec l'Orient. Le 12octobre 1492, le
Il y eut huit croisades, entre 1095 et 1268 ; elles navigateur génois Christophe
n'eurent pas de grandes conséquencesmilitaires, mais Coolmb(1451-1506), débarqua
elles mirent en contact étroit l'Orient et l'Occident. aux Îles Bahamas, le 28 à
Cuba et, le 6 décembre il
LESGRANDES PÉRIODES débarqua dans une troisième île
qu'il nomma«Hispaniola », en
DELH
' ISTOIRE hommageà la cour dE ' spagne
qui avait favorisé son
La Renaissance expédition.
Versailes est le symbole de la puissance monarchique. Bâti sur ordre de LouisXVI ,en 1661, le domaine de Versailes fut construit, aménagé
et décoré par LeVauet LeBrun; LeNôtre fut chargé des jardins. Ala mort de LeVau,J. Hardouin-Mansart et dO ' rbaypoursuivirent
lé' dification ruineuse de cete m
i menseentreprise. LouisXVrénova le décor des appartements et fit construire lO
' péra et le Peti-Trianon
(1762-1768) : LouisXVIconfia à Mqiuela décoration duJardin anglais de Trianon. Louis-Philppe, enfin, transforma le château, au bord de la
ruine, en musée national.
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L'Allemagne et l'Italie
L'équilibre européen se modifie. Si la Grande-
Bretagne et la France restent toujours les leaders de
l'Europe, il n'en est pas de même de l'Autriche, dont
la monarchie s'engage dans une guerre à contre-
courant contre les minorités qu'elle domine (Hon-
grois, Slaves, Italiens, etc.). La puissance des thèses
nationalistes permet à Cavour de réaliser l'unité
italienne autour de la couronne de Savoie, et à
Bismarck l'unité allemande autour de la Prusse. Les
« trois Grands » européens, ce sont maintenant la
Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne. Et, dans
ce prolongement de l'Europe qu'est le continent
américain, une nation commence une irrésistible as-
cension : les États-Unis.
Le colonialisme et le progrès
Capitalisme et nationalisme font bon ménage
quand il s'agit d'expansion. Le xrxe siècle est en effet
le temps du colonialisme. Anglais et Français, et, à un
moindre degré, les autres nations européennes, vont
conquérir 99%du territoire africain, 75 %de l'Asie
et 100%de l'Océanie.
Le triomphe de la science et le progrès technique
l'emportent sur toutes les idéologies. Àlafin dusiècle, Bismarck (1815-1898) a réalisé lu' nité deA l' lemagne pour le compte
lavapeur commenceàêtre remplacée par l'électricité, duroi de Prusse, Guilaume 1er, aux dépens de lA ' utriche (batue à
et la découverte dumoteur à explosion laisse présager dSeado1w 8
a, en 1866) et de la France, vaincue à li'ssue de la guerre
70 -
1 87 1 . C han c
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re procl
a m é à Versailes, en 1871,
un bel avenir pour un nouveau moyen de transport :
l'automobile, et pour une nouvelle industrie, celle du . cilulltuutrealspetourlocfoaurgxe.r un État homogène, en réduisant les particularismes
pétrole, que l'on va puiser dans les sous-sols duTexas
et du Moyen-Orient. Les inventions s'ajoutent aux
inventions : le téléphone, les ondes hertziennes, le
cinématographe, les rayons X et la radioactivité ont delapersonnehumainevontêtrebafoués(àdesdegrés
été découverts dans le dernier tiers du siècle. divers, il n'est pasquestionici decomparerla dictature
hitlérienne à la dictature polonaise). Et en Russie, où
a lieu, en 1917, la grande révolution socialiste à
LEXX, SIÈCLE laquelle croyaient, depuis 50 ans, nombre d'esprits
libéraux et progressistes, l'utopie devient cauchemar
Si le xixe siècle a fait de l'Europe, cette petite dansl'ancien empiredestsars, devenul'URSS (Union
péninsuleàl'extrémité del'Asie, commel'écrivait Paul des républiques socialistes soviétiques).
Valéry, la maîtresse du monde, le xxe siècle est celui Déclin économique aussi. La première puissance
de son déclin. du monde, depuis la fin du xixe siècle, ce sont les
États-Unis, qu'aucun des «trois Grands »européens
(l'Angleterre, l'Allemagne et la France) ne peut plus
Le déclin de l'Europe espérer rattraper. La situation sera aggravée par la
grande crise économique, néeen 1929auxÉtats-Unis,
Déclin politique tout d'abord. L'Europe des démo- et qui s'est propagée en Europe dans les années 30.
craties et des monarchies constitutionnelles, du Droit, Déclin militaire enfin. Les deux grandes guerres
parfois sévère, et du respect des valeurs humaines va mondiales, dont l'Europe a été le principal champ de
connaître, entre 1922et 1945,ces méprisablesrégimes bataille, ont, certes, opposé la France et ses alliés à
autoritaires que sont les dictatures : en Italie (le l'Allemagne et à ses alliés, mais elles n'ont pu être
fascisme de Mussolini), en Allemagne (le nazisme gagnées que grâce à l'appui (économique en 1914,
d'AdolfHitler), enEspagne (le franquisme), au Portu- économique et militaire en 1939) des États-Unis et de
gal. en Hongrie, en Pologne, en Finlande, les droits l'Union soviétique. Cette impuissance de l'Europe
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s'est traduite par l'écroulement du système colonial, d'une Allemagne prospère et efficace, renforcée par
après 1945. sonunification récente audébut de 1990. Ils sont aussi
Toutefois, l'Europe a réagi. Les crises, les guerres démographiques et sociaux, car leterritoire européen
et lesrévolutions qu'elle aconnuesl'ont ruinée, certes, est la terre d'accueil de millions d'êtres humains en
mais n'ont ébranlé ni son prestige, ni son rayonne- provenancedel'Asie duSud-Est, del'Extrême-Orient,
ment ; de plus, elles ont émoussé les nationalismes et de l'Afrique, blanche ou noire. Ces « émigrés »
internes, etil enrésulte le grandmouvementeuropéen posent à tous les états européens le problème délicat
qui conduit àla Communauté europénne (CEE). Née de leur assimilation et de leur intégration, rendues
en 1949, au milieu des difficultés économiques de difficiles par la distance culturelle énorme qui les
l'après-guerre, la Communautéestdevenue, depuisles sépare des Européens, mais aussi et surtout par le fait
années 1980, une troisième grande puissance, à la- que cette population non-européenne constitue l'équi-
quelle il nemanqueque l'unité politique pour devenir valent du prolétariat ouvrier et urbain de la fin du
une Superpuissance. Cette unité semble en voie de se xrxe siècle.
réaliser ; les accords signés à Maastricht, au début de
1992, par les États membres de la CEE en sont les Europe de l'Est et Europe de l'Ouest
préliminaires.
Ce qui forge l'unité de cette Europe aux mille Aprèsla Seconde Guerre mondiale, l'Europe aété
drapeaux, c'est l'existence deproblèmes communs. Ils divisée en deuxparties, en vertu des accords de Yalta
sont d'abord économiques :résister àla pression nord (1945) : un bloc dit « de l'Est », regroupant, autour
américaine et à la menace japonaise ; l'atout de de l'URSS des États où est instauré un régime
l'Europe est, dans cedomaine, la présence en son sein soviétique dur(Allemagnedel'Est, Hongrie, Bulgarie,
En 1945, du4au 11 février, les représentants deU 'lRSS(Staline), des États-Unis (Roosevelt) et de la Grande-Bretagne (Churchil) se sont
rencontrés à Yalta, en URSS,pour décider de la' venir dumonde. Ils divisèrent notammentE l' urope en deux «blocs »: E l' urope de lE
' st et
cele de lO' uest, sous la domination respective des Soviétiques et desAméricains et projetèrent la tenue du' ne Conférence, à San Francisco
(25 avril-26 juin 1945), qui devait créerO'l NU.
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Roumanie, Yougoslavie, Tchécoslovaquie, Pologne), vie politique depuis 1968, a repris en main l'avenir de
et unbloc dit «de l'Ouest »comprenant les démocra- son pays. La Pologne, économiquement délabrée,
ties libérales d'Europe occidentale et centralo- après plus de quarante ans de communisme dur, a vu
balkanique. son régime se libéraliser à partir de 1988, grâce aux
Le régime de États satellites de l'URSS a, bien efforts du syndicat Solidarité. La Roumanie s'est
évidemment,évoluédepuis 1945 ;il nes'est cependant débarrassée de la dictature de Nicolas Ceausescu (au
effondré qu'au cours de l'hiver 1989-1990, commeon pouvoir depuis 1965) en décembre 1989, dans des
le rappelle ci-dessous. Les États qui étaient les mieux conditions d'ailleurs assez troubles, par un coup d'État
structurés, politiquement ou économiquement, ont plus que par une révolution. Quant à la Bulgarie, elle
tenté de se soustraire à la domination soviétique. La évolue plus lentement vers le libéralisme politique.
Yougoslavie dumaréchalTito (1892-1980) s'est déga- Le cas de l'Allemagne de l'Est touche davantage
gée du monde soviétique en 1948 et est devenue, dès les démocraties occidentales, dans la mesure où cette
lors, une République fédérative indépendante. La démocratie populaire, issue de la partition de l'Alle-
Hongrie a tenté d'échapper à la rigueur soviétique en magne vaincu, en 1945, a été longtemps le leader des
1956 (trois ans après la mort de Staline), mais la États satellites. Ala fin de 1989, elle a donné l'exemple
révolution de Budapest fut réprimée dans le sang par de la libéralisation ; de ce point de vue, la destruction
l'armée Rouge, à l'instigation de Nikita Khroucht- du mur de Berlin , qui divisait l'ancienne capitale
chev, etillui afallu attendre 1988-1989pour s'émanci- allemande en deux zones, peut être considérée comme
per définitivement et devenir une démocratie libérale. le symbole du déclin des régimes communistes en
LaTchécoslovaquie a cherché, elle aussi, à selibérali- Europe occidentale. Dans le courant de l'année 1990,
ser, en 1968 (le « Printemps de Prague »), sous les deuxAllemagnes se sont à nouveau unies en un seul
l'impulsion d'Alexandre Dubcek ; l'URSS ne l'a pas État, devenu le plus puissant et le plus riche des États
permis et les chars soviétiques sont entrés à Prague européens.
commeils étaiententrésdouzeansplustôt àBudapest,
mais, cette fois-ci, sur l'ordre de Léonid Brejnev, qui
avait succédéàKhrouchtcheven 1964 :cen' est qu'en
1990quele régime communiste a été remplacé par un 2. LE
' UROPEDESGUERRES,
régime de type occidental et que Dubcek, écarté de la DESCRISESET
DESRÉVOLUTIONS
L'histoire de l'Europe a été marquée par un
nombre incalculable de secousses historiques : révolu-
tions, guerres, famines, épidémies, crises économi-
ques, tous les fléaux de l'histoire se sont abattus sur
elle et elle leur a survécu. Nous allons passer en revue
quelques-unes de ces grandes secousses dont les deux
dernières sont les plus meurtrières de l'histoire.
LARÉFORME
On nomme ainsi un mouvement de rénovations
religieuses qui aboutit à diviser la chrétienté en deux :
les catholiques et les protestants. Il est né non seule-
ment des abus de l'Église, mais aussi des travaux des
humanistes qui cherchaient à retrouver le véritable
sens du message biblique.
Luther et Calvin
L'initiateur de la Réforme fut un moine allemand,
Martin Luther (1483-1546), traducteur de la Bible en
Portrait de Martin Luther d'après le peintre alemand Lucas Cranach. allemand, et qui refusait l'autorité dupape en matière
La pierre angulaire de la croyance luthérienne est la conviction que d'interprétation desSaintesÉcritures. Lutherdénonça
seule la foi confiante en l'infinie bonté de Dieu sauve le fidèle. aussi le trafic des Indulgences (pardons que l'Église
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pays oscilla entre le catholicisme et le protestantisme. puissances européennes (le roi d'Espagne, Charles II,
La reine Élisabeth instaura une forme particulière du n'avait pas d'enfant, et l'héritage espagnol était
protestantisme, l'anglicanisme, adoptant le livre de convoité par LouisXIVet par l'empereur Léopold Ier
prières calviniste, mais conservant la hiérarchie (évê- d'Autriche). Elle se termina par les traités d'Utrecht
ques), le cérémonial et la liturgie catholiques. et de Rastatt (6 mars 1714) qui reconnaissaient
Philippe V, petit-fils de Louis XIV, comme roi d'Es-
LESGUERRES EUROPÉENNES pagne, à la condition qu'il acceptât de renoncer au
trône de France.
AUXXVIe ETXVIIIe SIÈCLES - La guerre de Succession de Pologne (1733-1738)
opposa la France et ses alliés (Espagne, Sardaigne,
La guerre de Trente Ans Bavière) àla Russie et àl'Autriche. Ellesetermina par
le traité de Vienne entre la France et l'Autriche,
amorçant le rapprochement des deux puissances que
Laguerre deTrente Ans a d'abord été une guerre recherchait alors le cardinal Fleury, ministre de
religieuse à l'intérieur de l'Empire : elle opposait un Louis XIV; l'Angleterre avait adhéré au traité.
prince allemand,l'Électeur palatin Frédéric V(protes- - La guerre de Succession d'Autriche (1740-1748)
tant) àl'empereur Ferdinand II de Habsbourg (catho- opposa la Prusse, la France, la Bavière, la Saxe et
lique). Ce dernier reçut l'assistance des Habsbourg l'Espagne àl'Autriche ; elle se doubla, enoutre, d'une
d'Espagne (le roi Philippe IV) qui entrent dans la guerre maritimeetcoloniale entre la Franceetl'Angle-
guerre à ses côtés. C'est alors que le cardinal de terre, qui était alliée à l'Autriche. C'était une guerre
Richelieu, ministre de Louis XIII, qui voulait éviter voulue par le roi de Prusse, Frédéric le Grand, qui
l'union politique et militaire des Maisons régnantes contestait les droits successoraux de Marie-Thérèse,
d'Espagne et d'Autriche, fait entrer la France dans le fille de l'empereur Charles VI.
conflit aux côtés des protestants, et suscite l'interven- Elle se termina par le traité d'Aix-la-Chapelle
tion du roi du Danemark (Christian IV) et du roi de (1748), qui reconduisait le statu quo européen sauf
Suède (Gustave-Adolphe). pour la Prusse, qui obtenait la Silésie. L'expression
Le conflit, qui avait débuté par ce qu'on appelle populaire «se battre pour le roi de Prusse »remonte
la défenestration de Prague (les Tchèques avaientjeté à cette époque.
par la fenêtre deux lieutenants de l'empereur), dura - Laguerre de SeptAns(1759-1763) a d'abord été
trente ans ; des chefs valeureux s'y distinguèrent des une conséquence de la précédente : Marie-Thérèse
deux côtés : Wallenstein, pour l'empereur ; Condé et d'Autriche voulait reprendre la Silésie au roi de
Turenne pour la France. Il se termina par les traités Prusse. Elle opposa donc l'Autriche à la Prusse, mais
de Westphalie (1648) qui fixèrent, pour un temps, la aussi la France, alliée de l'Autriche, à l'Angleterre,
carte politique de l'Europe (en fait, la guerre entre la alliée de la Prusse et rivale de la France. Les Anglais
France et l'Espagne continuajusqu'en 1659 ; elle fut profitèrent de cette guerre pour tailler en pièces
close par le traité des Pyrénées qui modifiait la l'Empire colonial français. Par le traité de Paris
frontière franco-espagnole, et qui prévoyait, en outre, (1763), la France cédait le Canada, ses établissements
lemariage deLouisXIVavecl'infante Marie-Thérèse, du Sénégal et une partie de la Louisiane à l'Angle-
fille aînée du roi Philippe IV d'Espagne). Les traités terre ; La Nouvelle-Orléans et l'autre partie de la
de Westphalie, qui ont été signés par les principales Louisiane allaient à l'Espagne ; enfin, la France se
puissances d'Europe, sont les premiers accords inter- retirait de l'Inde où elle ne conservait que cinq
nationaux importants des temps modernes. comptoirs et elle ne gardait comme colonies que les
Antilles françaises (à l'époque la Guadeloupe, la
Les guerres inutiles Martinique et Saint-Domingue). De son côté, Marie-
Thérèse restituait la Silésie à la Prusse.
Les grandes guerres européennes qui ont marqué
leXVIIesiècle ont deuxcaractères principaux : 1°il n'y LARÉVOLUTION FRANÇAISE
avait pasenEuropede«blocs»constammentopposés
l'un à l'autre, et les alliances se faisaient et se
défaisaient d'une guerre à l'autre selon les intérêts Pourquoi la Révolution ?
particuliers du moment ; 2° les traités qui mirent fin
à ces guerres ont souvent été remis en question, mais La Révolution française de 1789 n'a pas été
ils ne portaient que sur des détails territoriaux. Ces uniquement le processus qui a mis fin à l'absolutisme
guerres furent, bien souvent, des guerres inutiles. royal (un absolutisme d'ailleurs très relatif : il existait
- La guerre de Succession d'Espagne (1701-1714) de nombreux contre-pouvoirs sous l'Ancien Régime,
opposa la France et l'Espagne à une coalition des enparticulier celui des Parlements). Il faut yvoir aussi
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(et peut-être surtout) l'écroulement d'une société et Constituante ne s'étaient pas regroupés en ordre,
d'un système sociopolitique. comme aux États Généraux, mais en deux tendances :
Àla veille de la Révolution, la France avait pris les Patriotes, partisans de l'instauration d'une monar-
un retard considérable sur l'Angleterre en matière chie constitutionnelle et les Aristocrates, qui voulaient
d'agriculture et d'industrie ; elle avait perdu ses mar- maintenir l'Ancien Régime.
chés étrangers, et son économie intérieure était en Les discussions étaient véhémentes aussi bien à
décadence (on ne relève pas moins de quatre grandes l'Assemblée que dans les sections (subdivisions élec-
crises financières entre 1770et 1788).Cette France est torales de Paris, devenues, pendant la Révolution, des
appauvrie et surpeuplée (27 millions d'habitants lieux de réunions et de délibérations) et dans les clubs
contre 9 millions en Angleterre) ; le tiers de sa (club des Jacobins, club des Cordeliers). L'agitation
population amoins de vingt ans et les trois quarts ont était aussi dans les rues, où s'installait une certaine
moins de quarante ans. D'autre part, la société a fièvre révolutionnaire. La prise de la Bastille, le
considérablement évolué : les bourgeois des villes, 14 juillet 1789, les émeutes d'octobre (marche sur
détenteurs des richesses du pays, supportent mal Versailles, menée par les femmes de Paris) ramenèrent
l'absolutisme du pouvoir, d'autant que celui-ci ac- la famille royale dans la capitale.
cumule échecs et erreurs. Àces causes profondes, il La province aussi s'agite, et, dans les campagnes,
faut ajouter des causes intellectuelles : les « Philoso- se propagent des rumeurs et des mouvements de
phes »du xviiie siècle ont mis à la mode les idées de panique, qui ont constitué la Grande Peur.
démocratie (Jean-Jacques Rousseau), de division des La Constituante, dont l'œuvre se déroule sur un
pouvoirs (Montesquieu), de tolérance (Voltaire) et de fond d'émeutes parisiennes et dont les « vedettes »
liberté éclairée (Diderot). furent Mirabeau, La Fayette, le duc d'Orléans (Phi-
Cet état de choses aboutit aux crises politiques et lippe-Égalité), Sieyès, Bailly, Barnave, Duport et La-
financières quivoient sesuccéderlesministresTurgot, meth, a mis sur pied la future société politique
Necker, Calonne, Loménie de Brienne, récusés par le française : abolition des privilèges (Nuit du 4 août),
Parlement. Le 5juillet 1788, le Parlement réclame la nationalisation des biens du clergé, création des
convocation des États Généraux dela nation ; ceux-ci assignats (bons du Trésor, portant intérêts, et avec
sont convoqués le 8 août, et la première réunion est lesquels on pouvait acheter des biens nationaux),
prévue pour le 5 mai 1789. C'était la première fois, réorganisation de lajustice (mise en route de l'élabora-
depuis 1614, que les États Généraux du royaume tion d'un même Code pour tous les Français), dissolu-
étaient appelés à se réunir.
La Constituante
LesÉtats Générauxseréunissent doncàVersailles
à la date prévue. Ils comptent 1139 députés : 578
représententleTiers État (cesont, principalement, des
bourgeois des villes), 291 le clergé et 270 la noblesse.
Dèslespremiersjours,lesordres delanation entrèrent
enconflit :lesdéputés duTiers réclamaientleprincipe
du vote individuel (ils étaient majoritaires à l'Assem-
blée) ; ceux qu'on appelait les privilégiés, c'est-à-dire
les députés duclergéetdelanoblesse,entenaientpour
le vote par ordre (ils devenaient alors majoritaires).
Leroi soutint uninstant les privilégiés et fit fermer
la salle du Tiers. Celui-ci se réunit alors au Jeu de
Paume, où ses députés firent le serment de ne pas se
séparer avant d'avoir donné une Constitution à la
France.
Louis XVI céda, les trois ordres se réunirent et Le 14juilet 1789, des émeutiers prennent la Bastile, symbole de la
l'Assemblée prit le nom d'Assemblée nationale consti- monarchie absolue. Toutefois, le régime qui sortira de ces troubles
tuante (c'est-à-dire chargée de préparer une Constitu- sera encore une monarchie, constitutionnele et nonplus absolue, dont
tion). les innombrables faiblesses offriront la France en pâture à ses
LaConstituante siégea du 9juillet 1789 au 30sep- ennemis : ele sera envahie par les Piémontais, par les Espagnols,
tembre 1791. par les Autrichiens, par les Prussiens, et les Anglais soutiendront, par
tous les moyens, les ennemis de li'ntérieur. Lavéritable Révolution ne
Pendant ces deux années, la vie politique pari- commencequa'vec li'nstauration de la République, en septembre
sienne fut particulièrement agitée. Les députés de la 1792: elle échouera, dans le sang, le 9thermidor an Il.
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IMPRIMÉ EN FRANCE
1
PAR B.-T.
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