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Dossier didactique et Li

16/12/2021

NDOUR Ndeye Fat


Sommaire :
Introduction
I. L’histoire du wolof
II. Les différentes constructions de l’écriture en wolof
III. Les difficultés de la Littéracie wolof
IV. La place du lire et écrire dans la langue wolof
Conclusion

I.
Introduction
Le wolof a le statut de langue nationale au Sénégal, mais aussi un peu en Mauritanie et en
Gambie. C’est une langue majoritairement parlée et sert par ailleurs de langue véhiculaire.
J’ai choisi de parler du wolof car même s’il n’est pas ma langue maternelle, je le parle et je
l’écris majoritairement (90% par jour on peut dire) comme tout autre Sénégalais d’ailleurs ; et
celui-ci présente certaines particularités à l’écrit. Il est parlé, mais écrit aussi. Le taux
d’alphabétisation étant seulement de 54% au Sénégal, les écrits du wolof restent alors
minimes et réservés en quelque sorte à une population très restreinte. Les 46% de la
population restante alors ne l’utilise qu’oralement puis que pour écrire le wolof on fait recours
à l’alphabet latin mais aussi l’alphabet arabe. Par conséquent si on n’a pas de connaissances
en langues latines ou arabes, on ne pourra pas l’écrire. Ce qui nous a poussé à poser la
problématique suivante : comment l’alphabet latin, au détriment de celui Arabe, est-il utilisé
pour écrire le wolof ? Cette problématique nous amène à récolter quelques recherches pour
mieux comprendre les écrits du wolof, son orthographe et son lexique mais avant cela on va
un peu parler de son histoire et de ses origines.

I. L’histoire du Wolof

Ils ont été à l’origine d’un grand empire qui a régné sur la Sénégambie actuelle pendant plus
de deux siècles et de nos jours la plupart d’entre eux vie au Sénégal où ils représentent plus de
40 % de la population. Majoritaire dans les provinces du djolof, du cayor, du baol, du Saloum,
dans la presqu’ile du cap vert et du walo, on peut quand même les retrouver dans toutes les
provinces du Sénégal, ainsi qu’en Mauritanie et en Gambie où il représente respectivement
13% et 22% de la population. Leur esprit d’ouverture a donné naissance à la teranga (la
teranga sénégalaise, mondialement connue, qui signifie l’hospitalité) a fait du Sénégal un
Etat-nation nation sans ethnicisme ni tension ethnique et a permis à la langue de se propager
dans l’ensemble du territoire sénégalais ou plus de 90% parlent la langue quotidiennement.
D’après Cheikh Anta Diop (anthropologue sénégalais), les wolofs comme bon nombres de
peuples africains seraient originaires de la vallée du fleuve Nil. Ce dernier se base sur les
comparaisons ethniques, linguistiques, anthropologiques et culturelles pour justifier ses
affirmations.

Une première contestation à cette théorie fut la classification des anciens égyptiens dans le
groupe chamito-sémitique alors que les wolofs sont cités parmi ceux du groupe Nigéro-
congolais. Mais cette classification a été fait par ceux qui ont colonisé le pays, pour nier son
histoire pendant des siècles pour mieux encrer le processus d’aliénation culturelle et
d’assimilation politique.

Le Wolof joue un rôle de langue véhiculaire interethnique. Des communautés wolofones sont
établies dans d'autres pays d'Afrique occidentale comme la Guinée et le Mali. En outre, le
wolof sert de langue de communication dans la diaspora en Europe et aux États-Unis. Les
variétés dialectales du Sénégal ne posent pas de problèmes d'intercompréhension, à
l'exception du parler lébou (communauté qui parle un wolof un peu différent de celui parlé
majoritairement). Par ailleurs, la langue officielle du pays reste le français. Cette dernière est
parlée et utilisée dans l’administration et dans les écoles. Néanmoins, la population
sénégalaise, contrairement aux d’autres pays de l’Afrique (la cote d’ivoire, le Benin, le Togo
etc.), ne l’utilise pas comme langues véhiculaire en cas de non compréhension langagière
entre deux individus. Ces derniers n’utilisent pas la langue officielle pour se comprendre mais
plutôt le wolof. Ce qui explique cela c’est qu’au Sénégal le taux d’alphabétisation est de 54%,
ce qui veut dire que 46% de la population n’ont pas été scolarisé et ne parle donc pas le
français. Ce qui serai donc difficile d’utiliser la langue française comme langue véhiculaire.
Par conséquent, le wolof est majoritairement parlé dans les marchés, dans les restaurants, dans
les moyens de transports et même dans les écoles et dans l’administration. Elle est donc
utilisée dans la vie de tous les jours.

En outre, Issu d’une forte tradition orale, le wolof, n’a laissé que très peu d’archives
concernant ses mécanismes linguistiques, son lexique, sa grammaire…comme on pourrait en
trouver en français par exemple afin d’établir des recherches diachroniques. La période du
moyen âge est donc difficilement exploitable dans une perspective linguistique. Les études à
proprement dites ethniques ou anthropologiques ont tout de même permis de comprendre des
points de culture nécessaires à la compréhension des langues africaines comme le wolof.

II. Les différentes constructions de l’écriture en wolof

La littérature en wolof est née bien avant la colonisation, son émergence est liée à
l’arrivée de l’Islam en Afrique de l’’Ouest à partir du XIe siècle : la langue Arabe
qui a servi de véhicule à l’enseignement coranique a permis aux lettrés
musulmans de développer une littérature d’abord d’expression arabe à vocation
religieuse et diplomatico administrative. Cette langue a en effet été le support de
correspondance entre érudits musulmans, puis entre les chefs coutumiers et
l’administration coloniale.

Ci-dessus, on a un extrait du livre Taaru Murid , écrit par Serigne Mbaye Diakhate,
il est complétement écrit en wolof mais il a fait recours à l’alphabet arabe.

Cependant, l’écrit profane et le texte littéraire en wolof se sont principalement


développés dans la période contemporaine grâce au recours aux caractères latins.
La colonisation française a transformé la plupart de ses ex colonies en pays
officiellement francophones et donc une grande transformation de l‘alphabet arabe à
celui latin. Le décret du 21 Octobre 2005 fixe l’orthographe et la séparation des mots dans
l’écriture du Wolof en alphabet latin. Il faut de même retenir que l’adoption des caractères
latin pour l’écriture des langues nationales comme le wolof a été codifié depuis les années
1960. C’est ensuite que le décret du 20 novembre 1985 abrogeant et remplaçant le décret du
10 octobre 1975 a été pris avec pour objet d’améliorer davantage les principes et règles
d’écriture régissant l’orthographe du wolof.

Contrairement à l’alphabet latin, l’alphabet wolof compte 31 lettres dont vingt et une
consonnes et dix voyelles.

Etant assez proche de celui du français, on y retrouve toutes les lettres de son alphabet en
dehors du H, du V et du Z. S'y joignent aussi les caractères Ŋ (« ng », en minuscule : ŋ) et Ñ
(« gn », comme à l'espagnole). Les accentuations sont présentes, mais en nombre limité (À, É,
Ë, Ó). La vision globale de la prononciation phonétique du wolof mise en contraste avec
l’alphabet phonétique international permet une meilleure approche des particularités de la
langue :

Voici quelques mots avec les lettres de l’alphabet latin traduit en français :

Am : avoir. Àll : brousse. Ball : jaillir. Cin : marmite. Dem : partir. Bér : isoler. Kër :
maison. Fas : cheval. Golo : singe. Lehal : faire manger. Ilimaan: imam. Ji : semer. Kan : trou.
Lan ? quoi. Mar : soif. Naan : boire. Ñam : nourriture. Ŋaam : mâchoire. Nob : aimer. Óbbali :
bailler. Piis : tissu. Ruq : coin. Ren : cette année. Soow : lait caillé. Tool : champ. Ub : fermer.
Weñ : mouche. Xar : mouton. Yoo : moustique.

Les recherches en linguistique wolof ont pu fournir une répartition des consonnes, semi-
voyelles et voyelles illustrant le mécanisme de formation des phonèmes :

Les consonnes et semi-voyelles :


Le wolof compte également une corrélation de gémination consonantique mais toutes les
consonnes ne sont pas concernées : /b/ (/bb/), /c/ (/cc/), /d/ (/dd/), /g/ (/gg/), /j/ (/jj/), /k/
(/kk/), /l/ (/ll/), /m/ (/mm/), /n/ (/nn/), /p/ (/pp/), /r/ (/rr/), /t/ (/tt/), /w/ (/ww/), /ŋ/ (/ŋŋ/) et /ñ/
(/ññ/)

Exemples : degg (vérité), abb (emprunter)

Le triangle vocalique du wolof :

Par ailleurs, on peut remarquer que le son V et le Z n’existe pas dans l’alphabet wolof. Ils sont
tout simplement remplacé par le « s » et le « w ». Par exemple : wëtiir (voiture) et asaka
(l’aumône, la zakat en arabe), c’est dû tout simplement au fait que ces sons là (V, H, Z)
n’existe pas dans la langue wolof et par conséquent il est difficile pour un wolof qui n’a
jamais été scolarisé de prononcer certains mots empruntés du français et qui contiennent ces
sons.

III. Les difficultés de la littéracie wolof

Dans la vie de tous les jours, on peut voir du wolofal mal orthographié, y compris dans les
médias de masse comme la télévision, dans les sms, les panneaux publicitaires, et aussi dans
les noms de partis politiques écrit en wolof… puis que les gens ont tendance à l’écrire comme
ils l’entendent sauf qu’il y’a une certaine règle (en quelque sorte, vu que ce n’est pas encore
uniformisé) à suivre pour écrire le wolof. Il faut non seulement respecter les voyelles doubles
mais aussi les consonnes doubles.

Les fautes commises dans le wolofal (écriture en wolof) sont généralement dû au fait que les
sons en wolof sont beaucoup plus compliqués à transcrire que si on le transcrit juste de la
manière dont on l’entend. J’ai eu à poser quelques questions à des connaissances sur l’écriture
de certains mots qui ont presque le même son à l’orale mais s’écrivent différemment (je tiens
à préciser que même à l’oral ils se prononcent différemment) :

La bonne orthographe : Làkk (parler une langue) ≠ Lakk (brûler)

Wàdd (nom de famille) ≠ Wadd (tomber)

Màtt (mordre) ≠ Matt (fagot de bois)

Tàkk (prendre feu) ≠ Takk (lier)


Ànd (aller ensemble) ≠ And (encensoir)

Làmb (lutte) ≠ Lamb (surmarchandise)

Dans le tableau, on voit que tous les trois n’ont pas écrit la bonne orthographe ou du moins
l’orthographe conseillé. Ils doublent les « a » par exemple, confondent les accents parfois et
même rajoutent des mots là où ils n’ont pas leur place. Cela s’explique par le fait qu’on
n’apprend pas le wolof comme on apprend le français à l ‘école. Avec son alphabet, sa
grammaire ou encore sa conjugaison. Majoritairement, on s’en tient juste de la bouche à
oreille. Même s’il existe une littérature wolof, avec des écrivains qui écrivent en wolof pour
raconter l’histoire des marabouts, du prophète PSL, de l’histoire du Sénégal ou encore des
livres de conte. Ce qui est dommage c’est qu’on ne les exploite pas dans les écoles. En effet,
en 1972 l’Etat vote une loi d’orientation appelée « contenu et forme de l’éducation ». D’après
une partie de cette loi, chaque élève devrait apprendre à lire et à écrire aussi bien dans sa
langue maternelle que dans le français. Il est déplorable de noter que cette loi n’a pas eu
d’effet sur la pratique linguistique des apprenants.

Comme difficultés, on peut noter aussi que la lettre « é » ne se place jamais en fin d’un mot.
Il est donc impossible d’écrire waxé (wax= parler), jëfé (jëf= agir) ou rafeté (rafet= joli).
Deux voyelles différentes ne se suivent jamais dans un mot. Exemples : i + e, u + a, o + a, etc.

Il est donc impossible d’écrire Safietu (nom propre) ou ruuam (son âme), par exemple. Dans
ces cas, la règle invite à insérer les consonnes y ou w pour empêcher la rencontre des deux
voyelles. Nous écrirons donc bien Safiyetu et ruuwam. Pour faire la différence entre le à
(avec accent) et le « a » (sans accent), retenons simplement qu’il faut marquer l’accentuation
sur le son [a] à la prononciation du « à » (avec accent) tandis que le son [a] du a (sans
accent) reste un son bref.

Exemple : xal (braise) et xàl (pastèque)

IV. La place du lire et écrire dans la langue wolof


Ci-dessus, on a une capture d’écran d’une de mes discussions avec une amie. On peut noter
une forte présence d’alternance codique entre le français et le wolof bien vrai que c’est le
wolof qui domine. On a tendance à mélanger le wolof avec le français parce qu’on a un
appauvrissement de la langue wolof. Surtout avec la nouvelle génération, où presque tout le
monde est scolarisé, on a tendance à oublier comment dire certains mots en wolof et par
conséquent, on fait recours au français aussi bien à l’écrit qu’à l’oral.

On peut également noter que la plupart du temps dans le langage sms on écrit en wolof, avec
bien sûr, du français mélangé. Par contre si c’est pour l’administration (les mails par
exemple), on fait recours au français et cette fois ci, il n’y a pas de mélange avec le wolof.

Plusieurs ouvrages, de poèmes, de contes, d’histoires etc. très instructifs sont écrits en langue
wolof. Malheureusement ceux qui en profitent sont moindres car ils sont pour la plupart écrits
en wolof mais avec l’alphabet arabe alors que ceux qui ont les capacités intellectuelles de
puiser dans ces écrits représentent une infime partie de la population sénégalaise. La première
difficulté à laquelle sont confrontés tous les auteurs écrivant en wolof est le faible nombre de
locuteurs du wolof à même de lire et d’apprécier une production littéraire dans cette langue
dans un pays ou l’enseignement se fait essentiellement en français. En conséquence
énormément de livres d’intérêt national voire même international dorment dans des tiroirs
faute d’incompréhension ou d’inexploitation. Si la majeure partie des citoyens sénégalais
avait été alphabétisée à l’écriture du wolof avec l’alphabet arabe, il deviendrait très facile de
le réécrire correctement en alphabet latin pour ainsi faciliter la lecture et la compréhension de
celui-ci. C’est l’exemple des poèmes de Sëriñ Mbay Jaxate, Seex Muusaa Ka, Sëriñ Moor
Kayre, Seex Sàmba Jaara Mbay, des paroles instructives en wolof de Seex Ahmadu Bàmba,
Seex Ibraahima Faal, Seex Muusaa Siise Njàmme Daaru et parmi tant d’autres Sages.

Conclusion

En guise de conclusion on peut noter que le Wolof, qui est la langue véhiculaire dans tout le
territoire sénégalais est fortement utilisé qu’à l’orale, et moins à l’écrit et donc on a : une
ignorance presque totale de la population qu’il existe des romans/manuels écrit en Wolof, ce
dernier reste confiné au domaine religieux (la majeur partie de la population qui utilise ou
écrit des livres le font pour la religion, fait l’histoire ou l’éloge du prophète), sa maîtrise à
l’écrit n’étant facteur de promotion ni sociale ni professionnelle, en d’autres termes, écrire en
wolof ne permet pas d’avoir un certain rang social, puisque que le français demeure la langue
de prestige et donc on l’utilise juste entre jeunes pour parler via les sms, dans les panneaux
publicitaires ou encore dans les titres d’émissions télévisées. Néanmoins, on peut noter une
belle perspective de l’écriture en wolof puis que maintenant dans plus de deux cents écoles au
Sénégal on a inclut l’apprentissage des langues maternelles dont le wolof au primaire et à
l’université. Cette inclusion était présente auparavant mais seulement dans quelques rares
écoles.

Bibliographie :

http://www.inalco.fr/langue/wolof

http://www.linguistique-wolof.com

https://www.culturesofwestafrica.com/fr/garay-alphabet-wolof/

http://desmotsetdeslangues.eklablog.com/wolof-a114292152

http://www.htcom.sn/serigne-mbaye-diakhate-sa-vie-et-son-oeuvre-833.html

https://fr.wikipedia.org/wiki/Alphabets_des_langues_nationales_(S%C3%A9n
%C3%A9gal)

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