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Bertrand Cloez

Recueil
de curiosités
mathématiques
ISBN 9782340-065505
© Ellipses Édition Marketing S.A., 2022
8/10 rue la Quintinie 75015 Paris
Pour Marie, Véronique et Dominique

3
Avant-propos
Avant-propos

Lorsque je donne des cours de mathématiques ou lors de conférence, il


m’arrive régulièrement de ponctuer ces interventions par de petites anec-
dotes qui me semblent intéressantes à partager.
J’ai donc écrit ce livre pour les personnes qui souhaitent découvrir des
aspects ludiques non nécessairement vus en classe.
Il servira aussi aux personnes qui souhaitent trouver des anecdotes à
raconter et à ceux qui se questionnent en apprenant les mathématiques
(pendant un cursus scolaire ou pour le plaisir).
Les anecdotes présentées concernent tous les niveaux d’apprentissage
comme l’écriture et la prononciation des nombres pour les plus jeunes jus-
qu’au niveau le plus élevé de l’enseignement supérieur.
Il est néanmoins écrit pour être lisible par tous.
Des activités ludiques sont même expliquées et peuvent être mises en
place pour aborder certains sujets. J’ai par exemple effectué certains tours
de magie à mon enfant, mes neveux, mes cousins ou à des adolescents en
colonies de vacances (la colo Mat’les vacances).
Plusieurs anecdotes sont reliées à d’autres disciplines permettant à des
enseignants en histoire-géo ou français de parler de mathématiques ou l’in-
verse.
Les anecdotes concernent des jeux, des paradoxes, des théorèmes, des
conjectures, des histoires réelles, etc. Cependant, elles ont toutes le point
commun d’être courtes.
Il faudra (c’est un ordre) aller voir des livres plus spécialisés pour ap-
profondir ces sujets passionnants.

55
Comment lire ce livre ?
Comment lire ce livre ?
Comment lire ce livre ?
Cette question admet plusieurs réponses. Le livre comprend 111 curio-
sitésCette
dont question
la forme admet
est toujours comme
plusieurs suit : Le livre comprend 111 curio-
réponses.
sités dont la forme est toujours comme suit :
0 Titre de la curiosité
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Titre dede
la la
Personne curiosité
curiosité
Thème  Discipline  Niveau

Ici,Personne
  Thème
le contenu Discipline ici,
de lacuriosité  Niveau
avec parfois
de jolies formules :
Ici, le contenu de la curiosité iπ
ici, avec parfois de jolies formules :
e − 1 = 0,
e − 1 = 0,

ou de jolis dessins :
ou de jolis dessins :

mais toujours avec des informations intéressantes sur la vie d’un·e ma-
thématicien·ne,
mais toujours d’un
avec contexte historique,
des informations des chosessur
intéressantes amusantes sur lama-
la vie d’un·e vie
de tous les jours, des paradoxes...
thématicien·ne, d’un contexte historique, des choses amusantes sur la vie
de tous les jours, des paradoxes...

 Des curiosités reliées


 Des curiosités reliées
 Personne désigne qu’il y a des personnes célèbres, d’Astérix à Pythagore
en passant
 Personnepardésigne
Churchill,
qu’ilCatherine Deneuve,célèbres,
y a des personnes Napoléon, JoanneàK.
d’Astérix Rowling
Pythagore
etc.passant
en Ce symbole peut aussi
par Churchill, désigner Deneuve,
Catherine un aspectNapoléon,
biographique d’un·e
Joanne mathé-
K. Rowling
maticien·ne.
etc. Ce symbole Aussi
peutétrange que cela un
aussi désigner puisse paraître,
aspect je ne sais
biographique pas vraiment
d’un·e mathé-
ce qu’est un·eAussi
maticien·ne. mathématicien·ne.
étrange que celaJe suis sûr
puisse que C.je F.
paraître, ne Gauss
sais pasenvraiment
était un
mais à partir
ce qu’est un·edemathématicien·ne.
quelle pratique le devient-on
Je suis sûr?que ParC.exemple,
F. Gauss lesenpersonnes
était un
qui connaissent le plus grand nombre de décimales dans le
mais à partir de quelle pratique le devient-on ? Par exemple, les personnesdéveloppement
du nombre
qui connaissentπ, qui n’ontgrand
le plus peut-être
nombre pasdededécimales
doctorat dans
de mathématiques,
le développement le
sont-ils
du ? Pour
nombre π, ne
quipas répondre
n’ont à cette
peut-être pasquestion, je donne
de doctorat facilement le titre
de mathématiques, le
de mathématicien·ne
sont-ils dans ce livre.
? Pour ne pas répondre à cette question, je donne facilement le titre
 Thème désigne des
de mathématicien·ne aspects
dans ludiques ou remarquables de la rubrique
ce livre.
comme par exemple tour de magie
 Thème désigne des aspects ludiques ou paradoxe.
ou remarquables de la rubrique
Discipline et Niveau ont forcément
comme par exemple tour de magie ou paradoxe.
  un lien avec l’enseignement mais
il n’est pas si prononcé.
 Discipline et  NiveauUnont desforcément
buts de ce unlivre
lien est
avecd’exposer des aspects
l’enseignement mais
fascinants
il n’est pasetsiattrayants
prononcé. desUn mathématiques et de est
des buts de ce livre diverses connexions
d’exposer avec
des aspects
fascinants et attrayants des mathématiques et de diverses connexions avec
66
6
sont-ils ? Pour ne pas répondre à cette question, je donne facilement le titre
de mathématicien·ne dans ce livre.
 Thème désigne des aspects ludiques ou remarquables de la rubrique
comme par exemple tour de magie ou paradoxe.
 Discipline et  Niveau ont forcément un lien avec l’enseignement mais
il n’est pas si prononcé. Un des buts de ce livre est d’exposer des aspects
fascinants et attrayants des mathématiques et de diverses connexions avec
d’autres aspects (questions sociétales, guerres, littérature...). Néanmoins,
je suis assez éloigné de l’enseignement 6 primaire et secondaire pour n’avoir
qu’une vision naïve de ce que l’on y enseigne.
d’autres aspects (questions sociétales, guerres,  Discipline ne représente donc
littérature...). Néanmoins,
pas desassez
je suis points du programme
éloigné scolaire primaire
de l’enseignement mais plutôt un vague pour
et secondaire lien avec le
n’avoir
sport, l’histoire... De manière similaire,  Niveau ne représente pas forcément
qu’une vision naïve de ce que l’on y enseigne.  Discipline ne représente donc
le
pasniveau qu’il faut
des points avoir pour scolaire
du programme comprendre
mais parfaitement
plutôt un vague la chronique
lien avec en
le
question. Il évoque une relation à l’enseignement en cours. Par
sport, l’histoire... De manière similaire,  Niveau ne représente pas forcément exemple,
je
le trouve
niveau cela
qu’ilintéressant,
faut avoir lorsque l’on étudieparfaitement
pour comprendre les nombres complexes,
la chroniquequ’il
en
existe de nombreux autres nombres imaginaires.
question. Il évoque une relation à l’enseignement en cours. Par exemple,
Maintenant
je trouve que je vouslorsque
cela intéressant, ai exposé
l’onlaétudie
forme lesdesnombres
articles, complexes,
vous pouvezqu’il
les
parcourir. Mais voilà que se pose la
existe de nombreux autres nombres imaginaires.question :
Maintenant que jeComment
vous ai exposé la forme
parcourir le des articles,
livre ? vous pouvez les
parcourir. Mais voilà que se pose la question :
Vous pouvezComment
lire ce livre : parcourir le livre ?
Comment parcourir le livre ?
— de manière linéaire : dans l’ordre et ainsi profiter pleinement de tout
sonpouvez
Vous contenulire
(c’est la meilleure
ce livre : des manières) ;
— en
de allant,
manièreaprès la lecture
linéaire : dansd’une histoire,
l’ordre et ainsià profiter
celles reliées et citées,
pleinement de pour
tout
parcourir
son contenuun (c’est
mêmelathème ;
meilleure des manières) ;
— en piochant une la
allant, après anecdote sur unhistoire,
lecture d’une thème précis, pour
à celles préparer
reliées un cours
et citées, pour
ou un exposé
parcourir par exemple,
un même thème ; en allant la chercher flâneusement à l’aide
— des index enune
en piochant fin anecdote
de livre ! sur un thème précis, pour préparer un cours
Ceoulivre
un est conçu
exposé pour
par les personnes
exemple, quilaont
en allant du malflâneusement
chercher à finir des livres. Les
à l’aide
sujetsdes
sontindex
courts,
en et
finsont essentiellement
de livre ! en début de pages pour reprendre
la lecture
Ce livreplus facilement.
est conçu pour lesUnpersonnes
index complet
qui ontpermet
du malde ne lire
à finir desque ce Les
livres. qui
vous intéresse, etc. C’est un avantage. L’inconvénient est que les
sujets sont courts, et sont essentiellement en début de pages pour reprendre sujets sont
souvent
la lectureinsuffisamment
plus facilement. creusés. Beaucoup
Un index complet depermet
sujets mériteraient
de ne lire queuncelivrequi
entier.
vous intéresse, etc. C’est un avantage. L’inconvénient est que les sujets sont
Pour insuffisamment
souvent finir mon propos, j’énonce
creusés. quelques
Beaucoup blaguesmériteraient
de sujets pour illustrer mon
un livre
apport
entier. dans cet ouvrage.
1.Pour
Unefinir mon propos,
physicienne, j’énonce quelques
une ingénieure blagues pour illustrer
et une mathématicienne sont dansmon
un
apporttrain
dansencet ouvrage.
Irlande et aperçoivent au loin un mouton noir. L’ingénieure dit
1. alors qu’elle ne savait
Une physicienne, pas qu’en Irlande
une ingénieure tous les moutons étaient
et une mathématicienne noirs.
sont dans un
Ce à quoi la physicienne répond « non ma chère, tu peux seulement
train en Irlande et aperçoivent au loin un mouton noir. L’ingénieure dit
dire
alorsqu’en Irlande,
qu’elle il existe
ne savait au moins
pas qu’en untous
Irlande mouton noir ». Finalement
les moutons la
étaient noirs.
mathématicienne répond «répond
Ce à quoi la physicienne non, vous
« nonavez
matort toutes
chère, les deux
tu peux ! Nous
seulement
pouvons
dire qu’enseulement
Irlande, ildire qu’en
existe Irlande,
au moins unilmouton
existe au
noirmoins un mouton
». Finalement la
dont au moins un des côtés est noir ».
mathématicienne répond « non, vous avez tort toutes les deux ! Nous
2. Un homme
pouvons se balade
seulement diredans les Irlande,
qu’en Cévennesil et rencontre
existe un berger
au moins avec
un mouton
son
donttroupeau
au moinsdeunmoutons.
des côtésAttiré par».les jolis animaux, il propose un
est noir
2. marché
Un homme au berger. S’il dans
se balade trouvelesleCévennes
bon nombre d’animaux,
et rencontre unil berger
repart avec
avec
un mouton. Le berger accepte
son troupeau de moutons. Attiré le marché.
les jolis animaux, il proposeSur-
L’homme répond 373.
pris, le berger concède le don 7 par
d’un de ses moutons et l’homme
un
choisit
marché au berger. S’il trouve le bon nombre d’animaux, il repart avec
un mouton. Le berger accepte le marché. L’homme répond 373. Sur-
dire qu’en Irlande, il existe au moins un mouton noir ». Finalement la
mathématicienne répond « non, vous avez tort toutes les deux ! Nous
pouvons seulement dire qu’en Irlande, il existe au moins un mouton
dont au moins un des côtés est noir ».
2. Un homme se balade dans les Cévennes et rencontre un berger avec
son troupeau de moutons. Attiré par les jolis animaux, il propose un
marché au berger. S’il trouve le bon nombre d’animaux, il repart avec
un mouton. Le berger accepte le marché. L’homme répond 373. Sur-
pris, le berger concède le don d’un de ses moutons et l’homme choisit
ainsi un des animaux. Avant le départ de notre protagoniste, le ber-
ger lui propose un nouveau marché
7 : « Si je trouve votre profession,
vous me rendez mon animal ». L’homme accepte. Le berger répond
« vous êtes mathématicien à INRAE ». C’est effectivement sa profes-
sion. Surpris, l’homme lui demande comment il a deviné, à quoi le
berger répond : « vous savez très bien compter ; vous avez trouvé le
nombre exact d’animaux face à vous en un éclair. Cependant, vous
avez pris mon chien : vous ne faites pas la différence entre un chien et
un mouton ! ».
3. Une mathématicienne, une chimiste et une physicienne sont sur un
bateau. Le bateau coule et chacune de ces savantes se retrouvent iso-
lée sur une île avec une boite remplie de nourritures en conserve. La
physicienne sur son île se demande comment l’ouvrir. Les sciences phy-
siques n’ont aucun secret pour elle. Elle doit pouvoir les utiliser. Elle
a l’idée de monter à un arbre et de la lâcher sur un rocher. Lorsque
la boite touchera le rocher, elle s’ouvrira et la physicienne aura ainsi
accès à son contenu. Le problème : si elle ne monte pas assez haut alors
la boite ne s’ouvrira pas. Au contraire, si elle la lance de trop haut,
la boite explosera sur le rocher et la nourriture sera éparpillée sur le
sable. Elle se pose donc sur le sable et calcule à l’aide des lois de New-
ton et de la force de gravité la hauteur optimale pour lâcher la boite.
De son côté, la chimiste est confrontée au même problème. Elle a une
autre idée : la mer est salée et est donc remplie de chlorure de sodium.
En plongeant la boite dans l’eau, une réaction osmotique devrait per-
mettre à l’eau salée de ronger la boite : problème si la boite n’est
pas laissée assez longtemps, elle ne s’ouvrira pas. Si elle reste ouverte
trop longtemps, l’eau s’infiltrera à l’intérieur. La scientifique se penche
alors sur le sable et calcule le temps idéal. Plusieurs semaines après le
naufrage, les sauveteurs trouvent les îles sur lesquelles les scientifiques
ont pris place. Sur la première île, ils trouvent la physicienne. Elle
est un peu affaiblie mais a réussi à survivre grâce aux conserves. De
même pour la chimiste. Les deux rescapées pensent avoir aperçu la
mathématicienne sur une île proche. Sur cette île, les secours tombent
sur la mathématicienne morte dans le sable. Ils ne comprennent pas,
elle était scientifique comme les autres et avait aussi une boite rem-
plie de conserves. Elle aurait aussi dû trouver une solution ! Ils se
retournent en cherchant à comprendre. Ils trouvent ainsi sur le sable
des calculs ! Ceux-ci commencent par la phrase « Supposons que j’ai
un ouvre-boite. »

8
Ces blagues servent à illustrer trois points importants sur l’écriture du
présent ouvrage. Les voici :
1. j’ai essayé d’être le plus rigoureux possible dans la rédaction de ce
livre ;
2. je suis limité dans le temps et dans mes connaissances et malgré cette
rigueur, le texte possède sûrement plusieurs imperfections ;
3. je ne suis pas sûr qu’il vous apportera quelque-chose mais sait-on
jamais.

99
Sommaire
aire SommaireSommaire
1 L’unique ! . . . . . . . . 1. . . L’unique . . . . .! . . . . . . . . . . . . . . 15 . . . . . . . . .
. . . . . . . .2 . . .Équations
. . . . . de . . degré
. . . 1. ou . . 2.2 . . . . .Équations . . . .de. degré
. . . 15 . . . .1.ou. .2 . . . . . 16. . . . . . . . .
de degré 1 ou 32 . .Mathématiques
. . . . . . . . de . . .3 . . . .Mathématiques
. . la. guitare . . . . . . .de. la
. . . 16 . .guitare
. . . . . . . 17 . . . . . . . . .
iques de la guitare
4 .Théorème
. . . . . des. . 4 . . . . .4. . . . . .Théorème
. .couleurs . . . .des
. . . 17 . . 4. couleurs
. . . . . . . . . . 19 . . . . . . . . .
des 4 couleurs 5 . . .Le. pli
. . cacheté . . . . . . . . .5. . . . . .Le
. . . . 11-668 . . .pli19
. cacheté
. . . . .11-668. . . . . . . . . . . 20 . . . . . . . . .
heté 11-668 . .6 . . .Théorème
. . . . . du . . . . . . . . . .6. . . . . .Théorème
. . scrutin . . . .du. .scrutin
. . . 20 . . . . . . . . . . . 20 . . . . . . . . .
du scrutin . . .7 . . .Paradoxe
. . . . .des . . amis. . . . . . . . . . .7. . . . . .Paradoxe . . . des
. . . 20 . . amis. . . . . . . . . . . . 21 . . . . . . . . .
des amis . . . .8 . . .La. médaillée
. . . . . .Fields . . . . . . . . . .8. . . . . .La . . .médaillée
. . . . . Fields
21 . . . . . . . . . . . . 22 . . . . . . . . .
ée Fields . . .9 . . .Forme
. . . des
. . chiffres
. . . . .arabes . . . .9. . . . . .Forme . .des
. . . 22 . . chiffres
. . . . arabes
. . . . . . . . . 23 . . . . . . . . .
chiffres arabes10. . .Précoce,
. . . . .le .prince
. . . des . .10. . .Précoce,
. . .mathématiciens . 23! . le. prince
. . . . des. . mathématiciens
. . . . . . 24 ! . . . . . . .
e prince des mathématiciens
11 Les infinis ! . de
. . Cantor
. . . . . . . . . .11 . . . . . .Les
. . . infinis
. . . .de. Cantor
24 . . . . . . . . . . . . 24 . . . . . . . . .
de Cantor . . .12. . .Gagner
. . . .au. .loto . . . . . . . . . . . . . .12 . . . . . .Gagner . . au
. . . 24 . . loto
. . . . . . . . . . . . . 26 . . . . . . . . .
loto . . . . . .13. . .Dé. à. .n .faces
. . . . . . . . . . . . . . . . .13 . . . . . .Dé
. . . à26
. n. faces
. . . . . . . . . . . . . . . 27 . . . . . . . . .
ces . . . . . . .14. . .Croyance
. . . . .et. science
. . . . . . . . . . .14 . . . . . .Croyance. . . et
. . . 27 . .science
. . . . . . . . . . . . 29 . . . . . . . . .
et science . . .15. . .Le. trio. . .70,. .80. .et. 90 . . . . . . . .15 . . . . . .Le
. . .trio
. . 70,
29 . . 80. . et. 90
. . . . . . . . . . 30 . . . . . . . . .
, 80 et 90 . . .16. . .1 .=.0,. 999. . .. ... . . . . . . . . . . . . .16 . . . . . .1. .=. 0,
. .999
30 . . . .. .. . . . . . . . . . . . 31 . . . . . . . . .
9 . . . . . . . . .17. . .Paradoxe
. . . . .de. .Simpsons
. . . . . . . . .17 . . . . . .Paradoxe. . . de
. . . 31 . . Simpsons
. . . . . . . . . . . . 32 . . . . . . . . .
de Simpsons . .18. . .Mathématique
. . . . . . . .du. .goûter . . . .18 . . . . . .Mathématique
. . . . . . du
. . . 32 . . goûter
. . . . . . . . . 33 . . . . . . . . .
ique du goûter 19. . .L’ordinateur
. . . . . . de . . couleur
. . . . . . .19 . . . . . .L’ordinateur
. . . . . de
. . . 33 . .couleur
. . . . . . . . . . 34 . . . . . . . . .
ur de couleur .20. . .Winston
. . . . Churchill
. . . . . .et. les .20. . .Winston
. .statistiques . 34. . Churchill
. . . . . et. .les. statistiques
. . . . . 35 . . . . . . . .
Churchill et les statistiques
21 Le duo .21 . ×
. .29,7 . . . . . . . . . . .21 . . . . . .Le
. . .duo
. . 21
35 . .×. 29,7. . . . . . . . . . . . 36 . . . . . . . . .
× 29,7 . . . .22. . .Nombre
. . . . parfait
. . . . . . . . . . . . . . . .22 . . . . . .Nombre . . .parfait
. . . 36 . . . . . . . . . . . . . . 38 . . . . . . . . .
arfait . . . . . .23. . .Plouffe . . . . . .Plouffe
. . . .! . . . . . . . . . . . . . . . . . . .23 . . ! . . . . . . . . . . . . . . . 38
. . . 38 . . . . . . . . .
. . . . . . . . .24. . .Tangram
. . . . .et. Pythagore
. . . . . . . . . .24 . . . . . .Tangram . . . et
. . . 38 . .Pythagore
. . . . . . . . . . . . 40 . . . . . . . . .
. . . .au. √.Monopoly
et Pythagore . .25. . .Gagner . . . . . . . . . .25 . . . . . .Gagner . . au
. . . 40 . √
. Monopoly
. . . . . . . . . . . . . 41 . . . . . . . . .
√ Monopoly . .26. . . . .
Calcul . .
de . .2 . . . . . . . . . . . . . . .26
. . . . . .Calcul
. . . 41
. .de. . 2. . . . . . . . . . . . . . . .
42 . . . . . .
2 . . . . . . .27. . .Tous
. . .cousin·e·s
. . . . . . ?. . . . . . . .27 . . . . . .Tous . cousin·e·s
. . . 42 . . . . . . .? . . . . . . . . . 43 . . . . . . . . .
in·e·s ? . . .28. . .Nombres
. . . . .inter-premiers
. . . . . . . et . .28 . . .Nombres
jumeaux . 43 . . . inter-premiers
. . . . . . . . et. jumeaux
. . . . 44 . . . . . . . . .
nter-premiers et29jumeaux . . . .Fermat
Pythagore, . . . . et . .Wiles. .29. :. les .Pythagore,
. années
44 passent Fermatetetne Wiles : les années
se res- passent et
, Fermat et Wiles : semblent
les annéespas passent
. . . .et. ne . . se. .res- . semblent
. . . . . pas . . . . . . . . . . . . . . 46 . . . . . . . . .
pas . . . . . . .30. . .Logarithme
. . . . . . et. Kapla. . . . . . . . . .30 . . . . . .Logarithme
. . . . et
. . . 46 . . Kapla
. . . . . . . . . . . 47 . . . . . . . . .
e et Kapla . . .31. . .L’axiome
. . . . .universel
. . . . . . . . . . . . .31 . . . . . .L’axiome. . . universel
. . . 47 . . . . . . . . . . . . . . 49 . . . . . . . . .
universel . . . .32. . .Octogone
. . . . . magique
. . . . . . . . . . . . .32 . . . . . .Octogone. . . .magique
. . . 49 . . . . . . . . . . . . . 50 . . . . . . . . .
magique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
1111 11
11
SOMMAIRE

33 Malthus et les lapins australiens . . . . . . . . . . . . . . . . . 52


34 Googol . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
35 Des camps au champs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
36 Chère inconnue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
37 L’hôtel de Hilbert et les cheveux montpelliérains . . . . . . . . . 58
38 ...999 = −1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
39 Multiplication des pains . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62
40 Mélange américain et tour de magie . . . . . . . . . . . . . . . 63
41 Taxi et géométrie non-euclidienne . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
42 Astérisque et Obèle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
43 Nombre univers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
44 Équations de degré 3 ou 4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
45 Diviser pour mieux régner . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
46 Paradoxe électoral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
47 Paradoxe du singe savant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
48 Mathématiques du déjeuner . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
49 Mélange par coupes et tour de magie . . . . . . . . . . . . . . . 77
50 Matheux à deux balles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
51 Conjecture de Goldbach . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
52 Collection d’œufs en chocolat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
53 Savon, centrale nucléaire et courbure . . . . . . . . . . . . . . . 82
54 Le théorème de Napoléon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
55 Paradoxe de Monty Hall . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
56 0 pointé ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
57 Critère de divisibilité et magie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
58 Mathématiques de l’apéro . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
59 Rien ne sert de courir ; il faut partir à point . . . . . . . . . . . 89
60 Espérance de vie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90
61 G. Kasparov : des échecs et des réussites . . . . . . . . . . . . . 92
62 Équations de degré ≥ 5 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
63 Le dada d’Ada : coder . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
64 Entendre la forme du tambour . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
65 Le géomètre millionnaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
66 Trois petits points . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
67 Un petit jeu combinatoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
68 La George Sand des mathématiques . . . . . . . . . . . . . . . 100
69 Le barbier de Russel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
70 Comment ne pas biaiser un sondage ? . . . . . . . . . . . . . . 102
71 Notae Elegantissimae . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
72 Vous m’avez dit de dire Hardy ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
73 1 + 2 + 3 + ⋅ ⋅ ⋅ = −1/12 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
74 Un génie romantique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
75 Mathématiques préhistoriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111
76 L’effet papillon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111

1212
77 L’effet
76 papillon
La personne . . . . n’existe
moyenne . . . . .pas . .! .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. 111
113
78 Le formalisateur . . . . . . . . . .! .. .. .. .. ..
77 La personne moyenne n’existe pas .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. 113
115
78 Le
79 formalisateur
Théorème . . . . . et. libéralisme
de la dictature . . . . . . .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. 115
116
Théorème de la dictature et libéralisme
80 Money Money Money√ . . . . . . . . . .. .. ..
79 .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. 116
117
81 Money
80 Money Money
Calcul algébrique de √2. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. 117
119
81 Calcul algébrique
82 Neutralité idéologique 2 de des. mathématiques
. . . . . . . . . et. . . . . .
nazisme .. .. .. .. .. .. 119
121
83 Amazing Grace et le bug informatique . . et.
82 Neutralité idéologique des mathématiques nazisme
. . . . . .. .. .. .. .. .. 121
122
83 Le
84 Amazing
pas con Grace
et le et le bug informatique
Lyonnais bienséant . . .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. 122
123
85 Le pas
84 Une con classique
erreur et le Lyonnais bienséant .. .. .. .. ..
de probabilité .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. 123
125
86 Une erreur classique
85 Multiplication russe de . . probabilité
. . . . . . .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. 125
127
87 Multiplication
86 Paradoxe russe . .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. ..
de Bertrand .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. 127
128
87 Paradoxe de Bertrand
88 Les maths, ce n’est pas. pour . . . les. .filles
. . ?. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. 128
129
89 Faut-il se fier à ce que l’on constate ? ? .. .. ..
88 Les maths, ce n’est pas pour les filles .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. 129
130
89 On
90 Faut-il se fierpas
ne peut à ce queplaisir
faire l’on constate
à tout le?monde . . . .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. 130
132
91 On neaupeut
90 Alice payspas
desfaire plaisir à tout .le. monde
mathématiques . . . . .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. 132
134
91 Un
92 Alicejeuauetpays
des des
ponts mathématiques
. . . . . . . .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. 134
136
92 Un jeu et des ponts
93 Codage : avocat, cassis . . et. tueur
. . . .en. série
. . . .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. 136
138
93 Codage : avocat, cassis et tueur
94 Inventeur de nombres . . . . . . . . . . .. .. en série .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. 138
141
95 Inventeur
94 Dieu de nombres
ne joue pas au dé . .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. 141
142
96 Prix Nobel depas
95 Dieu ne joue au dé . . . .. .. .. .. .. .. .. ..
mathématiques .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. 142
143
97 Prix perd
96 Qui Nobelgagne
de mathématiques
. . . . . . . .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. 143
144
98 Qui perd
97 Quand gagne . . . tue
l’autoritarisme . . des
. . génies...
. . . . . .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. 144
146
98 Quand l’autoritarisme tue des génies...
99 Comptez avec les doigts . . . . . . . . .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. 146
147
100 Comptez
99 Trois avec lesantiques
problèmes doigts .de. géométrie
. . . . . . .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. 147
148
100 Trois problèmes antiques de géométrie
101 Loi de Moore . . . . . . . . . . . . . .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. 148
151
102 Loi de
101 Les Moore
figures . . . . .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. ..
d’Hypatie .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. 151
152
103 Les figures
102 Chasles d’Hypatie
attend... Chasles . .magne
. . . . .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. 152
154
104 Chasles attend...
103 Théorème Chasles .magne
de Futurama . . . . .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. 154
155
105 Théorème
104 Pose de Futurama
de carrelage . . . . .. .. .. .. .. .. ..
à la Penrose .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. 155
156
Pose de carrelage à la Penrose
106 Petit monde . . . . . . . . . . .. .. .. .. .. .. ..
105 .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. 156
159
107 Petit monde
106 Football . . . . hyperbolique
ou crochet . . . . . . . .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. 159
161
107 Football ou crochet hyperbolique
108 Pliez, découpez . . . . . . . . . .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. 161
162
109 Pliez,
108 La découpez . .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. ..
martingale .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. 162
164
110 La conjecture
109 La martingale de. Marcel. . . . Pagnol
. . . . .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. 164
166
110 La conjecture de Marcel Pagnol
111 Pythagore a-t-il démontré son théorème . . . . .? . .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. 166
167
111 Pythagore a-t-il démontré son théorème ? . . . . . . . . . . . . 167
Pour aller plus loin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169
 Raccourci . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171
 Elles et ils sont présents ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175
 Celles-ci sont pour vous . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 179
 Bosse aussi ta, ton ou tes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 181

13
1313
1
1 L'unique
L’unique!!
 Jeu de cartes  Combinatoire  Lycée

Prenez un jeu de cartes, mélangez-le bien et regardez-le. Savez-vous que


l’on peut affirmer sans prendre de risques que vous êtes l’unique personne
à n’avoir jamais vu cette disposition de cartes et que vous serez sûrement
la dernière !
En effet, le nombre de dispositions possibles d’un jeu de 52 cartes est
52!. Ce nombre se prononce factorielle 52 et vaut :

52! = 1 × 2 × 3 × ⋯ × 51 × 52.

Vous aviez donc une chance sur 52! de tomber sur cette disposition.
Même si cela ne paraît pas évident au premier regard, cette probabilité
est infime car 52! est colossal. On peut, par exemple, minorer ce nombre
grossièrement de la manière suivante :

52! = 1 × 2 × 3 × ⋯ × 9 ×10 × 11 × ⋯ × 51 × 52
≥ 1 × 1 × 1 × ⋯ × 1 ×10 × 10 × ⋯ × 10 × 10
43
= 10 ;

c’est-à-dire un 1 et 43 zéros derrière. Pour illustrer cette grandeur, imaginez


que si tous les êtres humains actuels avaient pu regarder un milliard de dis-
positions différentes d’un jeu de 52 cartes pendant chaque seconde depuis le
27
big bang alors nous n’aurions même pas aperçu 10 dispositions différentes.
En effet, on estime le big bang à 14 milliards d’années, une année comprend
(environ) 365, 24219 jours et un jour comprend 86400 secondes. On a donc,
en reliant ces quantités :
9 26
10 × 14000000000 × 365, 24219 × 86400 ≈ 4, 4 × 10 .

Finalement notons que l’estimation précédente était bien grossière car nous
avons les approximations suivantes :
35 67
32! ≈ 2, 6 × 10 , 52! ≈ 8, 1 × 10 .

 40 Mélange américain et tour de magie


 49 Mélange par coupes et tour de magie
 34 Googol

15
15
22 Équations
Équations de degré 11 ou
de degré ou 22
 Équation  Histoire  Algèbre  Lycée

Une équation polynomiale de degré 2 est une équation de la forme :


2
ax + bx + c = 0.

Les nombres a, b et c sont supposés connus et x inconnu. Par exemple, si


j’achète deux livres à 10 euros ; trouver le prix du livre revient à résoudre
l’équation 2x − 10 = 0 ; c’est-à-dire a = 0, b = 2 et c = −10.
La tablette d’argile babylonienne BM 13901 du British Museum illustre
que résoudre ce type d’équations motive les humain·e·s depuis au moins
4000 ans ! Cependant, ces problèmes restent motivant aujourd’hui comme
le montre la pré-publication scientifique A Simple Proof of the Quadratic
Formula de Po-Shen Loh en 2019 disponible sur le site arxiv.
Néanmoins l’un des premiers apports majeurs connus est sûrement le
livre Abrégé du calcul par la restauration et la comparaison du mathéma-
ticien Al-Khawarizmi vers l’an 830. Dans ce livre, le mathématicien, dont
le nom a donné le mot « algorithme » (mais aussi les mots gaurismo et al-
garismo relatifs au chiffre en espagnol et portugais), décrit les étapes pour
résoudre diverses équations liées à des problèmes concrets de partage de
terre ou de commerce. Une particularité de ce livre est qu’il ne contient
aucun chiffre ni aucune équation abstraite du type de celle énoncée plus
haut. Toutes les équations sont formulées avec des phrases. Il sépare les
constantes a, b, c, appelées dirham désignant l’argent à cette époque (et au-
jourd’hui la monnaie du Maroc), des inconnues simples x qu’il appelle la
racine (gezr/jidr en arabe, signifiant aussi ce qui est caché) et de son carré
2 2
x nommé le bien (au sens actif/capital). Ainsi l’équation x = x deviendrait
« la racine vaut le bien ».
Il décrit diverses méthodes comme la « réduction » (ou forçage, restau-
rer), al jabr en arabe qui a donné le mot algèbre, qui expose comment on
additionne des termes à gauche et à droite d’une égalité pour avancer dans
la résolution d’une équation.

 21 Le duo 21 × 29,7
 36 Chère inconnue
 44 Équations de degré 3 ou 4

16
16
33 Mathématiques
Mathématiques de
dela
la guitare
guitare
 Analyse  Musique  Lycée

Les petites barrettes métalliques sur les manches des guitares s’appellent
des frettes. Leur disposition suit la somme d’une suite géométrique de raison
1, 059463 (environ).
Cela signifie que si on divise la longueur entre deux frettes par la longueur
des deux frettes qui suivent, on trouve 1,059463. C’est-à-dire quasiment 1
et pourtant on peut voir sur le manche à quel point les frettes se séparent
de plus en plus vite : les guitares illustrent bien la vitesse de la croissance
exponentielle !

Pourquoi 1, 059463 ?

Le son est une onde et une note est un simple signal périodique (comme
la courbe cosinus). Si on considère un autre signal dont la fréquence est un
multiple de la première, alors ces deux signaux oscillent à la même période.
Cela donne donc quelque chose d’harmonieux à l’oreille. Si au contraire, on
multiplie cette fréquence, par exemple, par un nombre irrationnel alors « la
consistance » du son change continuellement et le son associé nous brusque.
Pour un son de fréquence f , les sons de fréquence 2f , 4f , 8f mais donc aussi
f /2, f /4 . . . sont donc très harmonieux. C’est pour cette raison, que l’on a
choisi de nommer par la même note ces deux sons. Cependant, de manière
similaire, les sons 3f , 9f , f /3, f /9 ou 5f , 25f , f /5 . . . nous paraissent har-
monieux. Enfin des sons de fréquences f , 3f /2, 3f /4 . . . donnent aussi des
sons harmonieux lorsqu’ils sont combinés. En conclusion, pour passer d’une
note à une autre, il faut multiplier la fréquence par un nombre rationnel,
dont les numérateurs et dénominateurs sont plutôt des petits entiers, pour
avoir une cohérence harmonieuse à l’oreille.

Figure 1 – Deux signaux de fréquences f et 2f : les deux courbes oscillent


selon la même période.

17
17

Figure 2 – Deux signaux de fréquences f et 2f : les deux courbes oscillent
de manière désordonnée

À partir de là, une longue histoire débute sur comment passer du Do


au Ré que je ne vais pas décrire ici. Le problème est qu’en multipliant
successivement une fréquence f par 3/2 ou 3/4 alors il est impossible de
retomber sur 2f . C’est-à-dire que l’on ne peut pas retrouver notre note de
départ en passant par plusieurs notes intermédiaires harmonieusement. Pour
faire face à ce problème, il est possible d’utiliser la gamme pythagoricienne.
Dans cette dernière, une mauvaise note est laissée sur l’instrument (i.e. la
fameuse quinte du loup). Il est aussi possible de choisir de jouer faussement
toutes les notes, mais en les jouant moins faussement qu’avec la quinte du
loup. C’est ce que l’on fait lorsque l’on utilise le tempérament égal. Dans ce
dernier système musical, on passe d’une note à une autre en la multipliant
par le même nombre q. Pour avoir 12 notes différentes, on a donc des notes
de fréquences f , q × f , q × f, q ×√f . . . Pour retomber sur nos pattes, on
2 3
12
doit avoir q = 2 c’est-à-dire q = 12 2 ≈ 1, 059463.
Pour revenir à la guitare, notons qu’en frottant une corde, pour doubler
la fréquence du son qu’elle produit, il suffit de diviser la taille de la corde
par 2. Pour résumer mon explication, en posant ses doigts sur ces frettes,
√ 7
on ne joue donc pas une note qui est parfaitement juste à l’oreille mais
presque. Par exemple la 7e note a une fréquence de 12 2 (fois celle de la
√ 4
première note) et possède donc une fréquence d’environ 1, 498. Presque 3/2 !
De même, la 4e note a une fréquence multipliée par 12 2 ≈ 1, 26 ≈ 5/4.
Pour finir sur une note positive, on peut toujours pincer la corde d’une
guitare à n’importe quel endroit et donc jouer parfaitement toutes les notes !

 64 Entendre la forme du tambour


 10 Précoce, le√prince des mathématiciens !
 26 Calcul de 2

18
18
4
4 Théorème des 44couleurs
Théorème des couleurs
 Mathématiciens  Ordinateur  Activité  Théorie des graphes  Primaire

Un beau théorème est un théorème qui s’énonce et se comprend simple-


ment, mais dont la démonstration est non triviale.
Le théorème des 4 couleurs en est un parfait exemple.
Prenez une carte, par exemple celle de la France subdivisée en départe-
ments ou celle du monde subdivisée en pays. Combien faut-il de couleurs
pour colorier tous les départements (ou pays) sans que deux départements
qui se touchent ne possèdent la même couleur ?

2 4
3
1 1

En essayant un peu, on trouve facilement que 4 couleurs sont générale-


ment nécessaires. Existe-t-il cependant des géométries de cartes complexes
qui nécessiteraient plus de couleurs ? Non. C’est ce qu’énonce le théorème
des 4 couleurs : il suffit de 4 couleurs maximum pour colorier n’importe
quelle carte. L’énoncé est très simple, mais la démonstration l’est moins.
En effet, ce théorème fût une conjecture formulée par Francis Guthrie, en
1852/1879. Cela signifie qu’il avait trouvé l’énoncé mais n’avait pas trouvé de
démonstration. Après plusieurs fausses démonstrations ou démonstrations
de condition plus simple (par exemple au moins 5 ou 6 couleurs sont néces-
saires) deux Américains, Kenneth Appel et Wolfgang Haken, le démontrent
à l’aide d’un ordinateur en 1976. Celui-ci, avec 1200 heures de calcul, étudie
autour de 1500 cas critiques qu’il fallait étudier particulièrement. Ce fût
la première fois de l’histoire qu’un nouveau résultat mathématique a été
démontré à l’aide d’un ordinateur. Cela posa la question de la validité du
résultat ! En effet, les mathématiciens relisent les démonstrations de leurs
collègues pour valider leur justesse mais comment vérifier tous les calculs
d’un ordinateur ?
Pour illustrer la complexité de ce type de problèmes, pour un graphe
donné, savoir s’il est coloriable en 3 couleurs est un problème NP-complet :
il est très rapide numériquement de vérifier qu’un graphe comporte toutes

ces régions coloriées avec seulement 3 couleurs mais les méthodes connues
pour colorier un tel graphe aujourd’hui sont numériquement très longues si

le nombre de régions est grand .

∗. Sans avoir deux mêmes couleurs limitrophes.


†. Mathématiquement, Le nombre d’étapes des possibles algorithmes, en fonction du
nombre de régions à colorier n, croît plus vite que tout polynôme n .
p

19
19
 61 G. Kasparov : des échecs et des réussites
 24 Tangram et Pythagore
 92 Un jeu et des ponts

55 LeLepliplicacheté
cacheté 11-668
11-668
 Mathématicien  Citation  Probabilités  Supérieur

D’après l’éminent probabiliste Marc Yor,


« Wolfgang Dœblin a traversé le monde, et le monde des mathématiques
en particulier, tel une étoile filante. »
Wolfgang Döblin, également connu sous les noms de Vincent Doblin
ou Wolfgang Doeblin, est un mathématicien naturalisé français d’origine
allemande et mort pendant la Seconde Guerre mondiale, à l’âge de 25 ans,
pour défendre la France. Alors qu’il était mobilisé en tant que soldat, il

continue de faire des mathématiques . Juste avant de mourir, il envoie à
l’académie des sciences ses résultats dans le manuscrit Sur l’équation de
Kolmogoroff sous pli cacheté.
Les règles administratives liés à ce mode d’envoi ont fait que cette lettre
n’a été ouverte qu’en 2000 !
Nous avons pu voir l’étendu de son talent mathématique. Parmi ses
résultats, on retrouve le cœur du calcul stochastique redécouvert par le
japonais Kiyoshi Itô dans les années 60.

 78 Le formalisateur
 93 Codage : avocat, cassis et tueur en série
 62 Équations de degré ≥ 5

66 Théorème
Théorèmedu
duscrutin
scrutin
 Démocratie  Probabilités  Éducation civique  Lycée

Le théorème du scrutin de Bertrand (ballot theorem en anglais) énonce


que si durant une élection un·e candidat·e gagne avec un score p (par
∗. L’engouement de certaines personnes pour les mathématiques est tellement fort
qu’il a poussé quelqu’un à faire la blague suivante : un avocat, un médecin et un mathé-
maticien discutent des avantages et inconvénients à être marié ou posséder une maîtresse.
L’avocat trouve qu’un mariage possède trop d’inconvénients au niveau légal. Au contraire
la sérénité et la sécurité d’un mariage pousse le médecin à préférer celui-ci. Le mathéma-
ticien quant à lui pense que les deux ont tort. Il faut avoir une femme et une maîtresse :
pendant que l’une croit que l’on est chez l’autre, on peut tranquillement faire des mathé-
matiques.

20
20
exemple 82% comme Chirac en 2002) contre q = 1 − p (e.g. 18%) pour
son adversaire alors la probabilité que lors du dépouillement la personne
gagnante ait toujours été en tête est p−q
p+q
. C’est-à-dire qu’en dépouillant les
quelques millions de bulletins de vote, il y avait 64% de chance que J. Chirac
soit toujours resté en tête pendant le décompte des voix.
Ce qui est remarquable dans ce résultat est que ce nombre ne dépend pas
du tout du nombre d’électeurs et électrices ! On pourrait penser justement
que plus il y a de bulletins de vote moins cela est probable, mais ce n’est
pas le cas !
C’est le mathématicien Joseph Bertrand qui a énoncé ce résultat à la fin
du XIXe siècle, même si l’Anglais William Allen Whitworth l’avait énoncé
avant. Désiré André en a fait une jolie démonstration en 1887.

 52 Collection d’œufs en chocolat


 79 Théorème de la dictature et libéralisme
 46 Paradoxe électoral

77 Paradoxe
Paradoxe des
des amis
amis
 Paradoxe  Théorie des graphes  Grand public

En 1991, donc assez récemment, le sociologue Scott L. Feld remarque


qu’une majorité de personnes ont moins d’amis que leurs amis. Faites l’ex-
périence avec des réseaux sociaux comptabilisant un nombre d’amis, comme
Facebook par exemple.
Cela peut s’expliquer par le fait qu’il y a toujours une personne possé-

dant beaucoup d’ami·e·s. On a peu de chance d’être cette personne mais
beaucoup de chances d’être son ami·e.
La démonstration de ce résultat est très simple et similaire à celle de la
positivité d’une variance.

 17 Paradoxe de Simpsons
 106 Petit monde
 89 Faut-il se fier à ce que l’on constate ?

∗. Attention, je ne pense pas à travers cette phrase que vous, qui lisez ce livre, ayez
des problèmes de sociabilité. C’est simplement le cas, si vous êtes une personne choisie
uniformément au hasard.

21
21
88 LaLamédaillée
médaillée Fields
Fields
 Mathématicienne  Prix  Géométrie  Grand public

La médaille Fields est connue comme l’équivalent du prix Nobel de ma-


thématiques. Cependant, cela n’est vrai que pour la renommée du prix. Voici
par exemple quelques différences notables :
— Le Nobel est décerné à une personne tous les ans au contraire du prix
mathématique qui en récompense au maximum 4 tous les 4 ans.
— La médaille Fields récompense un mathématicien ou une mathémati-
cienne ayant 40 ans maximum.
— Le prix canadien est beaucoup moins généreux que le suédois autour
de 10 000 e pour une Fields contre 1 000 000 e pour un Nobel.

Le prix Abel est plus proche du Nobel . Notez que la France est très
bien classée en terme de médailles Fields : en 2020, elle ne comptait qu’une
médaille de moins que les États-Unis et était à la deuxième place mondiale
(face donc à des pays bien plus peuplés).
Il y a plusieurs anecdotes autour de la médaille Fields.
Parlons par exemple de Maryam Mirzakhani : jusqu’à aujourd’hui, la
seule femme récipiendaire de ce prix (le 13 août 2014). Malheureusement,
cette dernière est décédée le 14 juillet 2017. Au moment où j’écris ce livre, on
peut donc rencontrer de nombreux lauréats du prix alors qu’il est impossible
d’en croiser une.
Avec Alex Eskin, Maryam Mirzakhani démontra par exemple le théorème
de « la baguette magique » sur les billards mathématiques. Ce dernier aide
à répondre à la question : dans une salle dont les murs sont des miroirs,
pouvez-vous atteindre tous les points de la salle avec un laser ?
La réponse dépend de la géométrie de la salle et de ses angles. Ce théo-
rème simplifie ce problème et généralise notamment un résultat d’une autre
mathématicienne importante : Marina Ratner. Signe du destin, cette der-
nière décéda 7 jours avant M. Mirzakhani.

 35 Des camps au champs


 96 Prix Nobel de mathématiques
 62 Équations de degré ≥ 5

∗. Pas seulement dans le nom, mais aussi sur les règles d’attribution.

22
22
99 Forme
Forme des
des chiffres
chiffres arabes
arabes
 Mathématicien  Algèbre  Histoire  Primaire

Une rumeur bien établie stipule que la forme des nombres est basée sur
le nombre d’angles qu’il contient. Par exemple, le cercle du 0 ne présente
aucun angle alors que 4 en a bien quatre. Bien qu’étant peut-être un bon
moyen mnémotechnique pour se souvenir des chiffres, il semble que cette
rumeur soit bien fausse. Un argument est que la transcription exacte des
nombres n’est pas exactement la même actuellement dans tous les pays. Par
exemple, le 1 européen comporte une petite et une grande barre en haut et
bas du chiffre alors que c’est un simple trait vertical en Amérique. Ils ont
même été modifiés très fortement au cours de l’histoire.
Historiquement ces chiffres sont, en partie, arrivés en Europe via le ma-
thématicien Gerbert d’Aurillac vers l’an mil. Ce dernier a cependant vite
arrêté les mathématiques pour devenir le pape Sylvestre II. On lui a sou-
vent attribué des pouvoirs magiques pour avoir introduit ces chiffres très

utiles ! Ces derniers, que l’on utilise aujourd’hui partout dans le monde,
sont proches de ceux qui se sont établis dans l’empire arabe vers l’an 800
(mais ont néanmoins été véritablement stabilisés avec l’arrivée de l’impri-
merie). Ils ont été empruntés au système brahmi, en Inde quelques siècles
avant J.-C. et ont progressivement migré et évolué avec le temps. Cependant
cette manière de noter les nombres, avec non pas un symbole par nombre
mais à partir d’un nombre fini de symboles que l’on utilise pour noter tous
les nombres, est encore plus vieux. On a trouvé les ancêtres de ces nombres
en Mésopotamie dans des écrits datant de plusieurs millénaires avant J.C.

 2 Équations de degré 1 ou 2
 15 Le trio 70, 80 et 90
 36 Chère inconnue
∗. Au point d’aller fouiller son tombeau.

23
23
10
10 Précoce,
Précoce, le
le prince
princedes
desmathématiciens
mathématiciens! !
 Mathématicien  Célébrité  Littérature  Analyse  Lycée

« Il est comme le renard qui efface ses traces dans le sable » disait Niels
Henrik Abel à propos d’un des plus grands mathématiciens. Contemporain
d’Arthur Conan Doyle, il aurait inspiré l’ennemi juré de Sherlock Holmes,
le professeur Moriarty.
Je parle de Carl Friedrich Gauss. On raconte qu’enfant, il aurait démon-
tré la formule :

n(n + 1)
n
1 + 2 + 3 + 4 + ⋅⋅⋅ + n = ∑ k = .
2
k=1

À l’école primaire, son enseignant aurait demandé à l’ensemble de la classe


combien vaut 1 + 2 + 3 puis 1 + 2 + 3 + 4 puis 1 + 2 + 3 + 4 + 5, etc. Gauss
ne prenait que quelques secondes pour écrire le résultat sur son ardoise.
Même s’il n’est pas certain que cette anecdote soit vraie, elle provient
des écrits de Wolfgang Sartorius.
Rappelons que cette formule se démontre élégamment en additionnant
deux fois cette somme : l’une dans un sens puis l’autre à l’envers. En effet,
on a :
1 +2 + . . . +(n − 1) +n
+ n +(n − 1) + . . . +2 +1
= (n + 1) +(n + 1) +⋯ +(n + 1) +(n + 1)
Donc 2 × (1 + ⋅ ⋅ ⋅ + n) = n × (n + 1) car il y a n termes dans cette somme.
Pour finir, comme dirait Gauss « Une fois que j’ai éclairci et résolu un
problème, je m’en éloigne pour retourner dans l’obscurité ».

 3 Mathématiques de la guitare
 62 Équations de degré ≥ 5
 35 Des camps au champs

11
11 Les
Lesinfinis
infinis de
de Cantor
Cantor
 Mathématicien  Paradoxe  Analyse  Lycée

On demande souvent aux mathématicien·ne·s quelle est la définition


de l’infini.
Malheureusement, il n’y a pas qu’une seule réponse car sa définition
dépend souvent du contexte, c’est-à-dire de la sous-branche des mathéma-
tiques à laquelle on a affaire. Par exemple, on ne définit pas qu’une suite
tend vers l’infini lorsqu’elle se rapproche d’un nombre appelé infini mais
bien lorsqu’elle s’éloigne de tout autre nombre.

24
24
Cependant la théorie des ensembles permet de donner une définition
simple de l’infini comme nombre. Grossièrement, on appelle nombre cardi-
nal, les nombres qui permettent de compter les éléments d’un ensemble.
Deux ensembles A et B sont en bijection si on peut identifier de ma-
nière unique chaque élément de A à partir de B. Par exemple {1, 2, 3} et
{chou, carrotte, patate} sont en bijection. Ils ont donc le même nombre d’élé-
ments, 3 ici. Pour des ensembles finis, c’est simple. Pour des ensembles in-

finis, on dit qu’ils ont le même nombre d’éléments s’ils sont en bijection .
Il est facile de voir que « le plus petit » ensemble infini que l’on peut
construire est {0, 1, 2, 3, ...}, l’ensemble des entiers. On pourrait appeler l’in-
fini ∞ (avec comme symbole un lemniscate) le nombre d’éléments qu’il
contient (son cardinal). Mais pour cela il faut être sûr que c’est le seul
(pour dire « l’ » infini et pas « un » infini).
Mais Georg Cantor a montré que l’ensemble des réels (des nombres pou-
vant avoir une infinité de chiffres après la virgule) n’était pas identifiable à
l’ensemble des entiers. Sa preuve est très simple !
Il suppose que l’on peut ranger les réels dans une liste. Pour un nombre
0, il y a un réel de la forme 1,22344377... Puis pour 1 un autre de la forme
107,1643... Etc.
J’affirme maintenant que plusieurs nombres ne sont pas représentés !
Lesquels ? Ceux dont le ne chiffre après la virgule est n’importe quel chiffre
différent du ne chiffre après la virgule de mon ne nombre de ma liste. Par
définition, ils ne peuvent pas être dans la liste.
J’ai donc plusieurs infinis !
Les mathématiciens les notent avec la première lettre de l’alphabet hé-
breu « Aleph » ℵ. Le premier infini est ℵ0 , le second ℵ1 , etc. L’existence,
ou non, d’un nombre infini entre les deux est axiomatique. Par contre, il en
existe une infinité plus grand.
Cette théorie surprenante part des travaux de G. Cantor, à propos du-
quel David Hilbert a affirmé :
« Nul ne doit nous exclure du Paradis que Cantor a créé. »
Mais même s’il a créé un paradis, sa fin de vie est plus proche de l’enfer.
Après avoir enchaîné plusieurs dépressions, il souffre de pauvreté et de faim
pendant la première guerre mondiale et finit par mourir pendant la dernière
année de ce conflit.

 37 L’hôtel de Hilbert et les cheveux montpelliérains


 31 L’axiome universel
 69 Le barbier de Russel
∗. Lorsqu’on a construit les ensembles, avec les axiomes de Zermelo Fraenkel, on peut
fabriquer les nombres comme les classes d’équivalence associées à la relation « être en
bijection ».

25
25
12
12 Gagner
Gagner au
au loto
loto
 Jeu  Grand public

Stefan Mandel est un mathématicien et économiste roumain qui a gagné


14 fois au loto !
Sa méthode ?
Il cherche dans toutes les loteries, celles dont le rapport prix du ticket/lot
est plus grand que les chances de gagner. J’explique. Si dans une loterie
donnée, il faut choisir 6 numéros parmi 40 alors le nombre de combinaisons
possibles est de :
(40 × 39 × 38 × 37 × 36 × 35)
= 3838380.
(1 × 2 × 3 × 4 × 5 × 6)
Donc si, par exemple, la cagnotte est 10 millions d’euros et que le prix d’un
ticket est de 1 euro, alors si vous achetez tous les tickets possibles, vous
dépensez 4 millions pour en gagner 10.
Simple, non ?
Pour ces premières victoires, Stefan a recueilli des fonds avec d’autres
personnes et partagé les recettes.
Notons que ce genre de pratiques est maintenant souvent interdit (comme
le comptage de cartes au Blackjack) : on ne peut acheter qu’un nombre li-
mité de tickets différents. Le but de la loterie doit rester de perdre.
En recherchant le nom de cette personne pour en parler, j’ai trouvé
l’américain Richard Lustig qui a gagné 7 fois au loto et vend ses conseils.
Lors d’une émission télévisée, il recommande :
« Choisissez vos numéros au lieu de laisser la machine le faire pour vous.
Faites des recherches et regardez si vos numéros ont déjà été tirés, puis sélec-
tionnez dix séries de chiffres et gardez-les tant que vous continuerez à jouer
ou à acheter des billets. Enfin, achetez autant de billets que vous pourrez,
jouez toujours les mêmes numéros, et ne choisissez jamais ces numéros à la
hâte. »
Il insiste bien sur le fait que « la chance n’a rien à voir avec le fait de
gagner ».
Je rappelle que la probabilité pour qu’un numéro déjà sorti revienne est
la même que ceux vous avez judicieusement choisis. Cela n’améliore donc
absolument pas vos chances...

 109 La martingale
 55 Paradoxe de Monty Hall
 50 Matheux à deux balles

26
26
13
13 Dé
Déà ànnfaces
faces
 Jeu  Géométrie  Analyse  Grand public  Lycée

Le dé à six faces est la star des jeux de sociétés. C’est le générateur de


hasard le plus utilisé. Néanmoins, il ne permet que de simuler une variable
aléatoire de loi uniforme entre 1, 2, 3, 4, 5 et 6. Certains jeux ont besoin
de générer d’autres situations et de tirer au hasard parmi de plus grands
nombres.

Comment fabriquer un dé à n faces ?

La chose fondamentale que l’on demande à un dé à n faces est que


chaque face tombe avec la même probabilité comme pour le dé classique
cubique de 6 faces. Pour ce dernier, cela vient de sa parfaite régularité. Il
est convexe. Simplement, cela signifie qu’il n’a pas de « pointes » ; si on
le lance il retombera toujours sur une de ses faces. De plus, ses faces sont
toutes les mêmes et sont aussi très régulières. Sur chaque face, les sommets
sont répartis sur un cercle séparés par le même angle.
Les faces sont appelées des polygones réguliers et le solide en 3 dimen-
sions associé est un polyèdre convexe régulier. On appelle aussi ce dernier
un solide de Platon, car ce philosophe grec avait remarqué, il y a presque
2400 ans, qu’il n’y en avait que 5 : un tétraèdre (la pyramide à base trian-
gulaire), un hexaèdre (cube), un octaèdre, un dodécaèdre et un icosaèdre.
Ces derniers ont respectivement 4, 6, 8, 12 et 20 faces comme l’indique leurs
noms et sont représentés ci-dessous dans cet ordre.

Cependant, un solide n’a pas besoin d’être aussi régulier pour servir de
dé. Les dés non cubiques sont beaucoup vendus pour jouer à des jeux de

27
27
rôles. On en trouve facilement des assortiments dans des boutiques spéciali-
sées comprenant chaque solide platonicien et... un trapézoèdre pentagonal.
Dans un trapézoèdre, les faces sont les mêmes et
sont disposées de manière symétrique mais elles ne
sont pas elles-mêmes régulières en général. Le cube
(et donc le dé classique) est un trapézoèdre trigonal.
Avec ce type de figure, on peut facilement créer des
dés à n faces, où n est pair.
On peut imaginer faire des choses très compliquées, en jouant par exemple
avec le poids pour créer un dé. Il existe par exemple des dés sphériques. Une
façon simple de fabriquer un dé à n faces, quelque soit la parité de n, est de
prendre un cylindre à base polygonale comme ci-dessous.

Quelle doit être sa hauteur ? Si elle est trop petite alors il tombera avec
plus de chances sur une des faces polygonales sombres. Une hauteur trop
élevée donnera une chance plus grande aux rectangles blancs. Le théorème
des valeurs intermédiaires assure l’existence et unicité d’une bonne hauteur !
Notez que le dé cubique classique est encore de cette forme.

 24 Tangram et Pythagore
 39 Multiplication des pains
 85 Une erreur classique de probabilité

28
28
14
14 Croyance
Croyance et
et science
science
 Mathématicien  Célébrité  Religion  Histoire  Grand public

On trouve dans La partie et le tout, le monde de la physique atomique


la citation suivante du grand mathématicien Paul Dirac :
« On doit reconnaître que la religion contient une foule d’affirmations
fausses pour lesquelles il n’existe aucune justification dans la réalité. Déjà le
concept de « Dieu » n’est qu’un produit de l’imagination humaine. On peut
comprendre que des peuples primitifs, davantage exposés à la domination
des forces naturelles que nous ne le sommes actuellement, aient, sous l’effet
de leurs angoisses, personnifié ces forces et en soient ainsi arrivés à la notion
de divinité. Mais dans notre monde actuel, où nous arrivons à comprendre
les relations de cause à effet dans la nature, nous n’avons plus besoin de
telles représentations. Je ne vois pas en quoi l’hypothèse de l’existence d’un
Dieu tout-puissant pourrait nous aider. »

De manière similaire, lorsque Pierre-Simon Laplace publia les derniers
tomes de son Traité de Mécanique céleste, l’empereur Napoléon l’aurait
convoqué énervé pour lui dire :
« Comment, vous donnez les lois de toute la création et, dans tout votre
livre, vous ne parlez pas une seule fois de l’existence de Dieu !
– Sire, répondit Laplace, je n’avais pas besoin de cette hypothèse. »
D’après Victor Hugo, François Arago se plaisait à raconter cette anec-
dote.
Il est donc souvent facile d’opposer la science à la croyance. Mais sachez
que beaucoup de grands savants sont ou ont été de grands religieux.

Citons par exemple Haïm Brezis, grand mathématicien contemporain ,
qui n’a pas passé les examens d’entrée des grandes écoles françaises pour
cause de Chabbat.
Plus impressionnant. Leonhard Euler, qui est peut-être le plus grand
mathématicien de l’histoire, était très croyant et a souvent utilisé ses ré-
sultats pour confirmer les dires de la Bible. Il démontre par exemple que
l’existence du déluge n’est pas absurde : la Terre a pu être repeuplée à par-
tir de 6 personnes pour arriver à quelques millions de personnes en environ
4000 ans. On raconte aussi que pour prouver l’existence de Dieu à Diderot,
il lui aurait affirmer « dieu existe car a + b /z = x ». Cela vous convainc ?
n

 72 Vous m’avez dit de dire Hardy !


 95 Dieu ne joue pas au dé
 54 Le théorème de Napoléon

∗. Notons qu’à l’université technique d’Eindhoven, on peut trouver une place Laplace.
†. Ou presque. Il est actuellement en vie mais à la retraite.

29
29
15
15 Le
Letrio 70,80
trio 70, 80etet9090
 Histoire  Primaire

L’écriture et la prononciation des nombres en français peut sembler


étrange. Les linguistes Arnaud Hoedt et Jérôme Piron soulignent par exemple
que :
— le chiffre dix s’écrit avec un x qui se prononce comme un s,
— le mot dizaine s’écrit avec un z qui se prononce comme un z,
— par contre, le mot dixième s’écrit avec un x qui se prononce comme
un z !
Parmi ces étrangetés, on retrouve la fameuse écriture et prononciation
des dizaines 70, 80 et 90. Ces derniers s’écrivent en France, soixante-dix,
quatre-vingt et quatre-vingt-dix alors que dans d’autres pays francophones
on peut retrouver les écritures septante, huitante (ou octante) et nonante.
Cette divergence provient de l’histoire de France. Les peuples indo-
européens comptaient en base 10 (système décimale). Il est plus simple de
compter des dizaines lorsque l’on compte avec nos dix doigts. Par exemple,
le nombre « quarante » se décompose en « quar » pour 4 et « ante » pour
dizaine. Cette structure pour écrire les nombres, qui en France ne marche
que pour 30, 40, 50 et 60, fonctionne pour toutes les dizaines dans la majo-
rité des langues indo-européennes comme par exemple l’arabe, le russe ou
le grecque.
En plus de ces racines orientales, la France possède aussi une histoire

occidentale. Dans l’ouest de l’Europe, les Celtes comptaient en base 20
(système vicésimale). En plus de pouvoir utiliser ses orteils, cette façon de
compter permet d’énumérer des nombres plus grands plus facilement. Le
nombre « 40 » ne se disaient pas « 4 dizaines » mais plutôt « 2 vingtaines ».
Le breton, langue celte contemporaine, continue de prononcer les nombres
de cette manière : 10 (dek) ; 20 (ugent) ; 30 (tregont) ; 40 (daou-ugent) ; 50
(hanter-kant) ; 60 (tri-ugent) ; 70 (dek ha tri-ugent) ; 80 (pevar-ugent) ; 90
(dek ha pevar-ugent). Pour bien comprendre, on a bien les prononciations
associées à 2 (daou), 3 (tri) et 4 (pevar). Le nombre 50 vient de la moitié

de 100 (kant).
Ces deux façons de compter ont longtemps perduré en France. C’est ce
qui explique la prononciation des nombres, mais aussi le nom de certains
lieux emblématiques comme l’Hôpital des Quinze-Vingts.

∗. Nos ancêtres les Gaulois comme dirait l’autre.


†. Pour finir, avec le système vicésimale, nous pourrons noter que d’après un épisode
de l’émission « Karambolage » sur Arte, les Malinkés ont des dénominations intéressantes.
En effet, ce peuple d’Afrique de l’ouest, désigne le nombre 20 par la traduction du mot
« Homme » pour un Homme entier (tous les doigts des mains et des pieds) et pour 40
une couche (un couple de personnes, un couchage).

30
30
 9 Forme des chiffres arabes
 21 Le duo 21 × 29,7
 36 Chère inconnue

16
16 1 1= = 0, 999 . . .
0,999
 Paradoxe  Analyse  Collège

Les mathématiques ont grandement gagné en simplicité avec l’utilisation


des chiffres arabes qui utilise la décomposition des nombres en base 10.
Cette représentation n’est cependant pas parfaite !
En effet, l’écriture d’un nombre avec des chiffres arabes n’est pas unique.
L’exemple emblématique est que l’on a l’égalité :

1 = 0, 99 . . .

En effet, cette dernière se voit simplement car on peut majorer 1 − 0, 99 . . .


par 0, 0...01 avec autant de zéro que l’on veut. Une autre méthode est de
poser x = 0, 99 . . . et de voir que :

10 × x = 9 + x.

On ne peut pas supprimer ce problème en empêchant l’usage des points


de suspension, modélisant une limite, sinon nous ne pourrions pas écrire
1/3 = 0, 33 . . . . Nous devons malheureusement vivre avec ce petit paradoxe
d’écriture qui ne concerne que les nombres se terminant par 1 comme 1 ou
0, 31 ou encore 11.

 9 Forme des chiffres arabes


 38 ...999 = −1
 39 Multiplication des pains

31
31
17
17 Paradoxe
Paradoxe de
de Simpsons
Simpsons
 Paradoxe  Statistiques  Collège  Grand public

En 1986, Charig, Webb, Payne et Wickham publient une étude médicale.



Ils testent deux médicaments contre les calculs : le médicament A et le
médicament B.
Sur les calculs de petites tailles, A est statistiquement meilleur que B ;
c’est-à-dire que la moyenne des personnes qui guérissent alors qu’ils ont pris
le traitement A (81 personnes sur 87) est plus grande que la moyenne des
personnes qui guérissent alors qu’ils ont pris le traitement B (243 personnes
sur 270). De même pour les calculs de grandes tailles : le traitement A est
meilleur (192 sur 263 contre 55 contre 80).
Peut-on en conclure que le traitement A est meilleur ? Si vous le pensez,
est-ce que vous vous êtes rendus compte qu’au total 78% (i.e. 273/350) des
personnes ayant pris le traitement A ont guéri alors que 83% (i.e.289/350)
des patients ayant pris le B ont guéri ?
Ceci est le paradoxe de Simpsons (publié en 1951) qui énonce que si l’on
a plusieurs données que l’on peut classer en groupes, effectuer la moyenne
dans chaque groupe puis faire la moyenne des groupes ne revient pas à faire
la moyenne sur les données initiales. Il faut prendre en compte la différence
d’effectifs dans chaque groupe.
Une autre illustration peut venir des taux de mortalité entre pays. Par
exemple, d’après « the world factbook » de la CIA, les taux de mortalité
en France était de 9, 3 pour 1000 en 2016 et de 7, 7 en Chine. Peut-on en
déduire directement que les conditions de vie sont meilleures en Chine qu’en
France ? Non, il y a encore un effet dû aux effectifs. Si on compare les taux
de mortalité par tranche d’âges, la France est toujours meilleure. Cependant
la population française est plus âgée et donc cela biaise la moyenne globale.
Finalement, vous pouvez donc avoir eu en moyenne de bien meilleures
notes que vos camarades à l’école en ayant une moyenne générale plus faible
que la leur...

 60 Espérance de vie
 59 Rien ne sert de courir ; il faut partir à point
 7 Paradoxe des amis

∗. Rénaux, on ne combat pas les calculs mathématiques, ils sont plus fort que nous !

32
32
18
18 Mathématique
Mathématiquedu
dugoûter
goûter
 Mathématicien  Célébrité  Repas  Grand public  Supérieur

Le 26 juin 1963, John Fitzgerald Kennedy a lancé son célèbre

« Ich bin ein Berliner »

lors de son discours à Berlin. Depuis, beaucoup de personnes se moquent


de son allocution en affirmant que son propos se traduit par « Je suis un

beignet » au lieu du voulu « Je suis un Berlinois ». Malheureusement pour
les moqueurs, sa phrase est bien sûr correcte et ce président étasunien n’est
pas un beignet.
Au contraire, le mathématicien allemand Gottfried Wilhelm Leibniz,

souvent considéré comme le dernier « génie universel » , est un biscuit !
Ce pionner du calcul infinitésimal, tout comme Isaac Newton, était un sa-
vant dont on peut énumérer les domaines d’application avec une liste à la
Prévert : mathématiques, sciences physiques, biologie, médecine, géologie,

bibliothéconomie , histoire, politique, diplomatie, droit, technologie, ingé-
§
nierie, linguistique, philologie, sinologie , psychologie, jeux, littérature, etc.
En Allemagne, son nom désigne surtout un petit beurre. En effet, l’ana-
logue allemand du biscuit de Jean-Romain Lefèvre, Pauline-Isabelle Utile,
et leur fils Louis Lefèvre-Utile, fondateurs de la marque LU (Lefèvre-Utile),
n’a pas comme nom le patronyme de ses concepteurs. Les biscottiers alle-
mands ont préféré honorer le grand mathématicien G. W. Leibnitz, célébrité
de la ville du siège de la société : Hanovre. Le nom du mathématicien est
donc inscrit sur le biscuit, chocolaté ou non, et les Allemand·e·s trempent
leurs Liebnitz dans leur café pour le goûter.

 48 Mathématiques du déjeuner
 58 Mathématiques de l’apéro
 92 Un jeu et des ponts

∗. Une boule de Berlin pour les connaisseurs de la gastronomie germanique.


†. D’après wikipedia.
‡. Mot compte triple dans certains jeux ! Science d’organisation des ouvrages dans
une bibliothèque notamment.
§. Spécialiste de la Chine.

33
33
19
19 L'ordinateur
L’ordinateur de
de couleur
couleur
 Mathématicien⋅ne  Film  Astronomie  Grand public

Stephen Jay Gould a dit :

« Je suis, d’une certaine manière, moins intéressé par la taille et les


circonvolutions du cerveau d’Einstein que par la quasi-certitude que des
personnes de talent égal ont vécu et sont mortes dans des champs de coton
et des ateliers de misère. »

Il est malheureusement incontestable que le racisme, le sexisme ou encore


les inégalités sociales ont empêché beaucoup de cerveaux de s’exprimer et
ont donc nui au savoir collectif. Cependant lorsque ces derniers s’expriment,
il ne faut pas que l’histoire les oublie ! C’est pour cette raison qu’en 2015,
le président des États-Unis, Barack Obama, a immortalisé l’apport de la
mathématicienne Katherine Johnson en lui décernant l’une des plus hautes
distinctions civiles de son pays : la médaille présidentielle de la Liberté.
Contextualisons un peu l’histoire de cette personne.
En 2020, les meilleurs super-calculateurs atteignent plusieurs centaines
17
de pétaflops c’est-à-dire de l’ordre de 10 opérations (en virgule flottante)
10
par seconde et les ordinateurs personnels de l’ordre de 10 . Cependant,
dans les années 60, les meilleurs calculateurs dépassent difficilement le mil-
lion de calculs à la seconde, ce qui les rend presque inutiles pour « calculer
numériquement » des solutions d’équations physiques. Le savoir-faire ma-
thématique est donc primordiale.
Cependant, à cette période, l’être humain n’a peut-être jamais autant
défié les lois de la physique. Le 12 avril 1961, Youri Gagarine devient le
∗ †
premier humain à aller dans l’espace. Le 21 juillet 1969, Neil Armstrong
met un pas sur la Lune.
N’ayant pas accès à des ordinateurs puissant, et en pleine période de sé-
grégation raciale, la NASA recrute des « colored computer », c’est-à-dire des
ordinateurs de couleur. Ces mathématiciens et mathématiciennes noir⋅e⋅s
doivent, à l’écart de leurs collègues blanc⋅he⋅s, contrôler et compléter cer-
tains calculs. Parmi ces personnes, Katherine Johnson se détache, par ses
aptitudes, et contribue par exemple au vol d’Alan Shepard, le premier Amé-
ricain à se rendre dans l’espace, ou celui d’Armstrong évoqué plus haut.
Le patron de l’agence spatiale américaine, James Bridenstine, a énoncé
à son sujet :

« C’était une héroïne de l’Amérique, une pionnière dont l’héritage ne sera


jamais oublié. »
∗. Après le premier animal, Laïka, « la petite aboyeuse », en 1951.
†. Avec Buzz Aldrin, qui a inspiré le célèbre personnage de Buzz l’éclair de Toy Story,
et Michael Collins, qui sera le seul de l’équipage à ne pas toucher le sol lunaire.

34
34
K. Johnson n’était pas la seule femme brillante, nous pouvons aussi citer
Mary Jackson et Dorothy Vaughan.

Le film Les Figures de l’ombre raconte leur histoire.

 98 Quand l’autoritarisme tue des génies...


 88 Les maths, ce n’est pas pour les filles ?
 61 G. Kasparov : des échecs et des réussites

20
20 Winston
WinstonChurchill
Churchillet et
lesles
statistiques
statistiques
 Célébrité  Citations  Statistiques  Histoire  Lycée  Grand public

1. « Je ne crois aux statistiques que lorsque je les ai moi-même falsifiées. »


2. « Les statistiques, c’est comme le bikini : ça donne des idées mais ça
cache l’essentiel ! »
Les deux citations précédentes sur les statistiques ont été attribuées à
Winston Churchill, le célèbre Premier ministre du Royaume-Uni durant la
Seconde Guerre mondiale et prix Nobel de littérature.
Néanmoins, il semble que W. Churchill n’ait jamais tenu aucun de ces
deux propos.
La première citation semble avoir été inventée pour la propagande nazie
pour le décrédibiliser.
La seconde a été attribuée à Winston Churchill par le ministre Gérald
Darmanin à l’Assemblée nationale en 2019 : « Nous pouvons considérer
qu’effectivement, la vie, ce ne sont pas des statistiques, et comme disait
Winston Churchill, ce qu’ils montrent est intéressant, mais c’est comme les
maillots de bain : ce qu’ils cachent l’est encore plus. » L’origine de cette
métaphore est plus mystérieuse. Même si on l’attribue (ou ses variantes) à
Coluche, Christian Bracconi, Aaron Levenstein ou au professeur Lemazelier,
il semble qu’elle pourrait même dater d’avant l’invention du bikini !

 35 Des camps au champs


 17 Paradoxe de Simpsons
 82 Neutralité idéologique des mathématiques et nazisme

∗. Adapté du livre de Margot Lee Shetterly.

35
35
21
21 Le duo 2121× ×
Leduo 29,7
29,7
 Nombre particulier  Analyse  Lycée

La norme internationale ISO 216 est la norme la plus utilisée dans le


monde pour le format des feuilles de papier. En particulier le format A4
correspond à une feuille rectangulaire dont la largeur vaut 21 cm et la
longueur vaut 29, 7 cm. Pourquoi ces nombres étranges ?
Ces nombres reposent sur plusieurs principes simples détaillés ci-dessous.
1. Les formats A0, A1, A2... sont semblables ; informellement c’est-à-dire
qu’ils ont la même forme, mais pas nécessairement la même taille.
Pour un rectangle, cela se traduit par le fait que le rapport longueur
sur largeur est constant.
2
2. Le format A0 est le format de base et possède une surface de 1 m .
3. Le nombre après le A représente le nombre de fois où l’on a divisé en
2 (par la longueur) le format de base.
La première propriété garantit une homogénéité esthétique entre les dif-
férentes tailles. La deuxième propriété est arbitraire et il existe ainsi d’autres
types de formats, les formats B et C, qui ont un autre format de base. Le
format B0 possède par exemple une largeur d’un mètre. La troisième pro-
priété minimise les pertes de massicotage : on ne perd pas de papiers en
découpant des feuilles A4 dans une feuille A0. Ces trois règles expliquent
les nombres 21 et 29, 7. En effet si on note L la longueur du format A0 et

 sa largeur alors les règles 1 et 3 impliquent que le rapport L/ (qui est
le même pour tous les formats) vaut 2. Montrons-le. Par le point 3, la
longueur du format A1 est  et sa largeur L/2. Cependant le point 1 donne
que le rapport de ces nouvelles quantités vaut L/ donc :

 L
= ,
L/2 

c’est-à-dire
L 2
( ) = 2,

√ ∗
et donc L/ = 2 .
Maintenant, la deuxième propriété entraîne que :

L ×  = 1.
√ 2√
Mais comme L =  2 cela signifie que  2 = 1 et donc que :
1 √
= √ 2.
4
, L=
4
2

∗. Pour être rigoureux, rappelons que L/ ≠ − 2 car il est nécessairement positif.

36
36
Si on arrondit au millimètre, on trouve une longueur de 1 189 mm et une
largeur de 841 mm. Il s’ensuit que le format A1 possède une longueur de
841 mm et une largeur de 595 mm (i.e. la moitié de 1 189 arrondie à
l’inférieur). Puis le format A2, 595 et 420, le format A3, 420 et 297 et enfin
le format A4, 297 et 210.
Bien que ce format ne se soit imposé en France que très récemment
(vers l’année 1967), l’idée d’utiliser ce type de format avait, entre autres,
été proposée par le mathématicien et politicien français Lazare Carnot. Le
nom de ce dernier a été inscrit sur la tour Eiffel, comme 72 des plus grands
savants français ayant vécu dans le siècle qui a suivi la révolution française.

A1

A0
A3

A2

A4 A4

√ degré 1 ou 2
 2 Équations de
 26 Calcul de 2
 103 Chasles attend... Chasles magne

37
37
22
22 Nombre
Nombre parfait
parfait
 Célébrité  Conjecture  Nombres particuliers  Primaire

Un nombre parfait n’est pas un nombre comme 4829 qui rappelle la
grâce d’une des plus grandes actrices françaises qui passe des Parapluies de
Cherbourg à Peau d’âne avec une telle aisance.
Un nombre parfait est plutôt un nombre égal à la somme de ses diviseurs,
lui exclu. Par exemple 4829 n’est pas parfait, car ses diviseurs, lui exclu,
sont 1, 11, 439 et 1 + 11 + 439 ≠ 4829. A contrario, le nombre 6 est parfait
car ses diviseurs (toujours lui exclu) sont 1, 2 et 3 et 1 + 2 + 3 = 6. Bien que
leur étude date d’Euclide (IIIe av. J.-C.), en 2018, nous ne connaissons que
51 nombres parfaits.
Bien que ces nombres se définissent facilement, nous ne savons toujours
pas s’il en existe un nombre fini ou infini. Nous ne savons pas non plus s’il
existe des nombres parfaits impairs.
Pour finir, chaque nombre parfait pair provient d’un nombre premier de
Mersenne : si 2 − 1 est premier, pour un entier p, alors 2 (2 − 1) est
p p−1 p

parfait. Par exemple pour p = 2, le nombre 3 est premier et donc 6 est


parfait. Pour p = 3 ; le nombre 7 est premier et donc 28 est parfait.

 51 Conjecture de Goldbach
 28 Nombres inter-premiers et jumeaux
 110 La conjecture de Marcel Pagnol

23
23 Plouffe
Plouffe ! !
 Mathématicien  Ordinateur  Analyse  Supérieur  Grand public

Simon Plouffe est le stéréotype du mathématicien. Ce dernier est un


mathématicien franco-canadien passionné de toutes les constantes mathé-
matiques. À 21 ans, il décroche le record du monde de mémorisation du
nombre π avec l’énumération de 4096 décimales.

Pourquoi 4096 ?
12
Parce que « c’est un beau nombre ». C’est, en effet, 2 . Le mathématicien
en connaissait 4400 mais s’est arrêté sur ce nombre. Cela peut vous paraître
impressionnant mais ce nombre est ridicule par rapport au record actuel.
Bien que certains médias annoncent que certaines personnes sont capables
de plus, le Guinness des records a validé en 2015, deux records détenus
∗. Qui se prononce quatre-huit-deux-neuf.

38
38
par des étudiants indiens d’un peu plus de 70 000 décimales énoncées en
9 h 27 min et 17 h14 min.
Fou des constantes, Simon Plouffe invente « l’inverseur de Plouffe », un
site internet fermé maintenant, qui répertoriait un nombre incalculable de
constantes mathématiques et qui permettait donc de retrouver une constante
via son développement décimal.
Il co-démontre en 1995 la formule de Bailey-Borwein-Plouffe :

1 4 2 1 1
π=∑ (
k 8k + 1
− − − )
16 8k + 4 8k + 5 8k + 6
k≥0

qui permet d’avoir accès à la ne décimale de π en base 2 ou 16. Il existe


des formules plus simples à mémoriser pour retrouver π. Par exemple, en
sommant les fractions de dénominateur impair, en alternant les signes, on
trouve :
π 1 1 1 1 1 (−1)
n
= − + − + + ⋅⋅⋅ = ∑ .
4 1 3 5 7 9 2n + 1
n≥0

Cette formule est nommée formule de Madhava, Gregory et Leibniz, en


l’honneur du mathématicien indien Madhava de Sangamagrama et des
Européens James Gregory et Gottfried Wilhelm Leibniz. Elle se démontre
à partir d’un développement limité de la fonction arctan et bien que plus
facile à retenir que la formule de Bailey-Borwein-Plouffe, elle n’est pas très
utile en pratique. Une autre formule simple à retenir pour retrouver π est
donnée par le produit de Wallis :
π 2 × 2 × 4 × 4 × ...
=
2 3 × 3 × 5 × 5 × ...
Notons qu’en 2016, on connaissait 22 600 milliards de décimales de π.
Pour les curieux, la salle Pi du Palais de la Découverte affiche sur ses murs
704 décimales de π. Elles ont été calculées « à la main » (sans ordinateur ni
calculatrice) par William Shanks en 1873. Cependant ce dernier avait fait
une erreur à partir de la 528e décimale. Cette faute, repérée en 1945 dans
la galerie, a maintenant été corrigée.


 81 Calcul algébrique de 2

 43 Nombre univers
 26 Calcul de 2

39
39
24
24 Tangram
Tangram et
et Pythagore
Pythagore
 Mathématicien  Jeu (découpage)  Géométrie  Collège

Les deux dessins suivants démontrent et illustrent parfaitement le théo-


rème de Pythagore. Les deux carrés étant les mêmes, on peut voir en dé-
plaçant 4 triangles rectangles que le carré de leur hypoténuse est bien égal
au carré de a plus le carré de b.
a b

b a
a b

a a

b b

a b

 111 Pythagore a-t-il démontré son théorème ?


 29 Pythagore, Fermat et Wiles : les années passent et ne se ressemblent
pas
 4 Théorème des 4 couleurs

40
40
25
25 Gagner
Gagner au
au Monopoly
Monopoly
 Jeu  Probabilité  Grand public

Interdit à la famille royale d’Angleterre , le jeu du Monopoly a rendu
millionnaire Charles Darrow, qui a vendu ce jeu à la société Paler Brothers
dans les années 30. Ce n’est pourtant pas son créateur. Le comble est qu’il a
simplement modifié le jeu du propriétaire, le Landlord’s game, d’Élisabeth
Magie qui dénonçait justement les problèmes du capitalisme...
Vous trouvez que cette anecdote manque de mathématiques ? Alors lisez
la suite !
Prendre en compte tous les manières possibles de jouer et les optimiser
paraît presque impossible. On peut cependant trouver des stratégies opti-

males pour des jeux plus simple du type Qui veut gagner des millions .
Pour le Monopoly, on peut, plus simplement, regarder la dynamique de dé-
placement des pions. Ces derniers suivent ce que l’on appelle une chaîne
de Markov. Si on regarde le plateau après plusieurs tours, la position de
chaque pion est distribuée selon une distribution qui se stabilise. La proba-
bilité qu’un pion se trouve rue de la Paix n’augmente ou ne diminue plus.
Cependant, cette distribution n’est pas uniforme : il n’a pas autant de chance
d’être sur la case de départ que sur le boulevard de Belleville ! Cela est vrai
pour des jeux du type Richesse du monde mais le Monopoly possède une
case prison et une case qui vous y emmène. Il y a donc plus de chance d’être
après la prison et moins d’être après la case qui vous y envoie. Ces chances
se calculent à partir de valeurs propres de matrices. L’avenue Henri Martin
est donc environ 1,5 fois plus fréquentée que celle des Champs-Élysées... Les
zones oranges et les gares sont des investissements rentables au contraire des
zones bleues et violettes.
En cherchant sur la toile, on trouve des estimations différentes de ces
probabilités. Cela peut provenir de ce que l’on regarde réellement. On peut
estimer cet état stationnaire, qui n’est valable qu’après un certain nombre de
tours mais est stable. On peut aussi simuler la position du pion à partir de
sa position de départ : on a alors quelque chose qui change selon le nombre
de lancers de dés (mais va se stabiliser vers la position stationnaire). Enfin,
on peut prendre en compte ou non que les cases chances ont une probabilité
de vous envoyer en prison. Tous ces choix changent les chiffres mais pas les
cases importantes.

 97 Qui perd gagne


 61 G. Kasparov : des échecs et des réussites
 109 La martingale
∗. En tout cas, c’est ce qu’a déclaré le prince Andrew au journal The Telegraph en
2008.
†. Ces dernières méthodes sont basées sur la programmation dynamique et les proces-
sus de décision markoviens.

41
41

26
26 Calcul
Calcul de 2
de √2
Mathématicien  Analyse Géométrie Collège
√ √
  

Comment calculer 2 et plus généralement A pour un entier A ?


Il existe des méthodes algorithmiques assez proches de la manière dont
on pose la division en primaire. Je préfère néanmoins la méthode d’Héron.
Dans cette dernière on part d’une valeur a priori et on en construit une
√ Cette méthode
autre plus plausible (mais pas nécessairement plus proche).
est basée sur une observation géométrique. Le nombre A est la longueur
d’un carré d’aire A. Un rectangle de même aire qui a pour côté x et donc
de deuxième côté A/x vérifie nécessairement que :
√ A
x≤ A≤ x

ou que :
A √
x ≤ A ≤ x.
√ de ces deux côtés (x + A/x)/2 se
On peut donc√espérer que la moyenne
rapproche de A. Par exemple pour 2, si on part de x = 1, on trouve :

A x + A/x 3
x = 1, x =2⇒ =
2 2
et en itérant :
3 A 4 x + A/x 17
x= , x =3⇒ = = 1, 4166...
2 2 12

√ d’itérer les moyennes entre


Cet algorithme est la méthode d’Héron. Il suffit

x et A/x. Cela converge très rapidement vers A. Pour notre exemple rap-
pelons que 2 = 1, 414...

 21 Le duo 21 × 29,7
 3 Mathématiques de la guitare
 2 Équations de degré 1 ou 2

42
42
27
27 Tous
Tous cousin·e·s
cousin·e·s ??
 Célébrités  Paradoxe  Analyse  Probabilité  Lycée  Grand public

« Wesh cousin »

Expression tellement populaire que la star américaine, Pamela Anderson,


l’aurait adoptée !
Cependant derrière cet argot banlieusard se cache une réalité biologique
et mathématique : nous sommes tous cousin·e·s. Certes, d’un point de vue
religieux ou évolutionnaire, nous descendons tous de la première personne,
mais notre ancêtre commun·e est plus proche que l’on pourrait l’imaginer :
il ou elle date de l’époque de Charlemagne. Ce dernier est en particulier
l’ancêtre de tous les européen·ne·s.
Prenons le temps d’expliquer ce fait avec deux ingrédients simples : la
croissance des suites géométriques et l’indépendance des variables aléatoires.
Tout d’abord, nous avons tous deux parent·e·s, quatre grands-parent·e·s,
etc. Ainsi au bout de n générations passées, nous avons 2 ancêtres.
n

Charlemagne a été couronné empereur en 800 , il y a donc 1200 ans envi-
ron. En prenant en compte que les générations s’espacent d’environ 30 ans,
Charlemagne a vécu il y a 40 générations.
40
Nous devons donc avoir environ 2 ancêtres contemporain·e·s de
Charlemagne. Mais,
40
2 = 1 099 511 627 776.
C’est-à-dire un nombre à la fois plus grand que le nombre d’humains actuel,

que le nombre maximum d’humains ayant vécus sur la Terre et même plus

que la somme de tous les humains ayant vécus sur la Terre ! Il y a beaucoup
d’incertitudes sur le nombre d’européen·ne·s à l’époque carolingienne. On
estime cependant la population de l’Europe entre 25 et 30 millions.
Ce paradoxe, appelé parfois « paradoxe des ancêtres », provient simple-
ment du fait que l’on compte plusieurs fois les mêmes ancêtres : en remon-
tant dans notre arbre généalogique, certaines personnes se retrouvent sur
plusieurs branches. Notre arbre généalogique n’est en fait pas un arbre mais
un losange.
La question est maintenant : parmi les 30 millions de personnes vivant
au IXe siècle, combien font partie de mes ancêtres ? Pour répondre à cette
§
question, nous avons besoin de faire des hypothèses .
∗. Une date assez facile à retenir !
†. Qui correspond au nombre actuel, environ 7 794 799 d’après l’ONU en 2020.
‡. Que l’on peut estimer à l’aide de la somme d’une suite géométrique.
§. Une hypothèse de modélisation. Celle que nous allons supposer ici peut paraître,
à raison, irréaliste. Cependant, voici quelques remarques importantes : les hypothèses
simplificatrices sont souvent les bienvenues pour comprendre et isoler un phénomène. Le
résultat ici est tellement probant que l’on peut imaginer qu’il se généralise à d’autres
hypothèses. Des études plus sérieuses le confirment même.

43
43
Nous allons tirer au hasard nos ancêtres comme suit : on met les 30
40
millions d’européen·ne·s dans un sac. Pour chacun de nos 2 ancêtres,

on tire au hasard un individu dans notre sac , et notre ancêtre inconnu
est supposé être la personne que l’on a tiré dans le sac. On tirera donc à

plusieurs reprise la même personne . Si on fixe donc un ancêtre, la proba-
bilité qu’il soit Charlemagne est 1 sur 30 millions. Mais ce n’est pas ceci
qui nous intéresse. Nous désirons connaître la probabilité que Charlemagne

soit au moins un de nos ancêtres. Un calcul élémentaire montre que cette
probabilité est :
40
6 2
30 × 10 − 1
1−( ) ≈ 1.
30 × 106
L’approximation à 1 ne l’est presque pas : la différence entre ces deux termes
est de l’ordre de 0, 0...01 avec plus de 15 000 zéros cachés dans les points
de suspensions. On peut donc dire qu’il est plus que vraisemblable que
Charlemagne soit notre ancêtre. Cela s’applique aussi à n’importe quel·le
contemporain·e de Charlemagne qui a des descendant·e·s aujourd’hui.

 1 L’unique !
 37 L’hôtel de Hilbert et les cheveux montpelliérains
 33 Malthus et les lapins australiens

28
28 Nombres
Nombres inter-premiers
inter-premiersetetjumeaux
jumeaux
 Mathématicien  Conjecture  Algèbre  Lycée

Si on exclut le nombre 2, tous les nombres premiers sont impairs. La


moyenne de deux nombres premiers (2 exclu) est donc un entier. On appelle
nombre inter-premier la moyenne de deux nombres premiers consécutifs.
Les nombres 4, 6, 9, 12, 15, 18, 21 sont les premiers nombres inter-premiers.
Par définition, ces nombres ne sont pas premiers bien que la moyenne de
deux nombres premiers peut être premier comme par exemple 11 qui est la
moyenne de 3 et 19.
Il existe un nombre infini de nombres inter-premiers. Certains sont plus
remarquables que d’autres. Par exemple, certains sont collés à deux nombres
premiers. Par exemple 4 sépare 3 et 5 ou encore 12 sépare 11 et 13. Le
∗. Indépendamment à chaque tirage et uniformément parmi les européen·ne·s. On
parle de tirage avec remise.
†. De manière pompeuse, on pourrait citer le principe des tiroirs de Dirichlet
‡. Dans le sens qu’il peut être effectué par un·e lycéen·ne.

44
44
nombre 9 n’est pas collé à 7 et 11, il y a en effet les nombres 8 et 10 qui
les séparent. Quand deux nombres premiers consécutifs ne sont séparés que
par leur nombre inter-premier associé, comme 5, 7 ou 17, 19, on dit qu’ils
sont jumeaux.
Un problème ouvert en mathématiques consiste à démontrer qu’il existe
bien un nombre infini de nombres premiers jumeaux. Cette conjecture par-
tage avec l’hypothèse de Riemann et la conjecture de Goldbach le numéro
8 des problèmes de Hilbert.
Les plus grands nombres premiers jumeaux actuellement connus ont été
découverts en 2016 et sont :
1290000
2996863034895 × 2 −1

et
1290000
2996863034895 × 2 + 1.
L’énoncé mathématique démontré le plus proche de la conjecture des nombres
premiers jumeaux est qu’il existe bien une infinité de nombres premiers
consécutifs dont l’écart est plus petit que 600 (au lieu de 2) ; c’est un résul-
tat démontré par James Maynard et Terence Tao en 2013.
Derrière ce résultat se cache une histoire fabuleuse : celle de Zhang

T. Yitang. Bien qu’ayant soutenu une thèse de mathématiques en 1991 , il
n’a pas été jugé assez bon pour obtenir un poste de chercheur en mathé-
matiques. Il travailla donc en tant qu’enseignant à l’université et comptable
dans la chaîne de restaurant Subway pour gagner sa vie. Passionné, il conti-
nue néanmoins de chercher sur son temps libre. En mai 2013, il fait grand
bruit dans la communauté scientifique en publiant la plus grande avancée
sur la conjecture des nombres premiers jumeaux. Il démontre en effet qu’il y
a une infinité de couples de nombres premiers séparés de moins de soixante-
dix millions. Le résultat de J. Maynard et du médaillé Fields T. Tai, cité plus
haut, est une généralisation de celui de Zhang Yitang. Ce mathématicien a
bien sûr était récompensé pour sa démonstration et possède maintenant un
poste d’enseignant-chercheur.

 51 Conjecture de Goldbach
 37 L’hôtel de Hilbert et les cheveux montpelliérains
 65 Le géomètre millionnaire

∗. Sur un sujet, a priori, indépendant de la répartition des nombres premiers.

45
45
29
29 PPythagore,
ythagore,Fermat
Fermatet
etWiles
Wiles: les
: années passent
et ne
les se ressemblent
années passent etpas
ne se ressemblent pas
 Mathématicien⋅ne  Algèbre  Collège  Lycée

Le théorème de Pythagore caractérise les triplets de nombres (a, b, c)


vérifiant l’égalité :
2 2 2
a +b =c .
Ce sont forcément les longueurs des côtés d’un triangle rectangle. Il est
naturel de se poser la question de l’existence et des propriétés de triplet de
nombres vérifiant :
3 3 3
a +b =c ,
voir, plus généralement :
n n n
a +b =c ,
pour n’importe quel entier n.
Néanmoins, on peut démontrer que pour n > 2, il n’y a aucun triplet
d’entiers naturels non nuls vérifiant cette égalité. Derrière ce résultat, qui
s’énonce plutôt simplement, se cache des années de suspense et de recherche
mathématique et peut-être l’une des plus longues quêtes de démonstration.
Tout commence à la mort de Pierre de Fermat en 1665. On retrouve dans

un de ses livres de Diophante , l’énoncé de ce résultat avec une mention en
latin :

« cujus rei demonstrationem mirabilem sane detexi. Hanc marginis


exiguitas non caperet ».

On peut traduire cette dernière par « j’en ai découvert une démons-


tration véritablement merveilleuse que cette marge est trop étroite pour
contenir ». On pense aujourd’hui qu’il n’a jamais eu la démonstration de ce
résultat. Plusieurs grands mathématiciens, tel qu’Euler, Legendre, Dirichlet,
Germain, Cauchy, etc. ont essayé en vain de résoudre ce problème pendant
plus de 300 ans sans aucun résultat assez satisfaisant.
C’est le mathématicien Andrew Wiles qui le démontre en 1994, après

7 ans de silence, sans conférences ni publications . Est-ce que cela rentre
dans la marge ? À vous de voir, l’article fait 109 pages !

 111 Pythagore a-t-il démontré son théorème ?


 68 La George Sand des mathématiques
 62 Équations de degré ≥ 5

∗. Mathématicien grec parfois surnommé le père de l’algèbre.


†. Ce qui laisse à méditer sur l’évaluation à court terme des chercheurs.

46
46
30
30 Logarithme
Logarithmeet
etKapla
Kapla
 Jeu  Logarithme  Lycée

Les Kapla sont des petits bouts de bois pour enfants servant par exemple
à construire des châteaux ou des tours. Ils sont semblables au bout de bois
des jeux Tour Infernale ou Jenga.
Avez-vous déjà essayé d’aller le plus loin possible, en longueur, en partant
du bord de la table ?
Ce défi s’appelle le block-stacking problem en anglais. Bien que l’on re-
trouve trace de ce problème dans des écrits au milieu du XXe siècle, ce
problème est posé, sans solution, dans la littérature en mathématiques en
1923 par J.G. Coffin. Depuis, plusieurs articles scientifiques sortent réguliè-
rement sur le sujet.
Une méthode simple pour aller loin est la méthode de la pile harmonique
(harmonic stacks en anglais). Dans cette dernière, on essaie de faire une seule
ligne, en posant les bouts de bois les uns sur les autres, un par un, en allant
toujours légèrement plus loin.

Pour se faire, avec deux bâtons, celui au-dessus de l’autre peut, au maxi-
mum, être mis à la moitié de celui du dessous (sinon il tombe). Avec 3, on
ne peut pas se permettre de refaire un écart de 1/2, il faut réduire. Des
calculs de barycentres montrent que, dans l’ordre du haut vers le bas, les
écarts que l’on peut se permettre sont :
1 1 1 1 1
, , , , ..., , ...
2 4 6 8 2k
Avec N bouts de bois, on arrive donc à atteindre une distance de :
1 1 1
+ + ⋅⋅⋅ +
2 2×2 2N
du bord de la table. Les mathématicien·ne·s reconnaîtront la moitié de la
série harmonique. Cette dernière quantité vaut donc approximativement :
1
(ln(N ) + γ)
2

47
47
où ln(N ) est le logarithme népérien de N et :

γ = 0.5772156649...

est la constante d’Euler-Mascheroni (nombre dont on ignore toujours s’il est


rationnel ou non). Si vous avez des Kapla chez vous (ou un Jenga, jeu de
la Tour Infernale...), c’est une manière très ludique et visuelle d’observer en
pratique le logarithme !
En particulier, comme la fonction logarithme tend vers l’infini, on peut
en conclure que l’on peut faire des lignes de la longueur que l’on souhaite
(si on a suffisamment de bouts de bois) !
Néanmoins, avec cette construction, qui sur chaque ligne en hauteur ne
dispose que d’un seul bout de bois, on ne se permet pas de rééquilibrer les
poids. On peut facilement voir qu’avec d’autres dispositions, comme des lo-
sanges par exemple, plutôt qu’avec une seule ligne, on peut aller rapidement
plus loin qu’avec la méthode précédente. Avec 4 bouts de bois, on peut les
disposer comme suit :

pour atteindre la distance de 2 bouts de bois au lieu de :


1 1 1
1+ + + ≈ 1, 92.
2 4 6
La méthode de disposition optimale est cependant inconnue et reste
actuellement un problème ouvert en mathématiques !
Même si on ne connaît pas la disposition optimale, on sait s’en rap-
procher et avec N éléments. Il est ainsi connu que l’on peut atteindre une
1/3
distance de l’ordre de N du bord de la table. C’est un résultat de 2008 de
Mike Paterson, Yuval Peres, Mikkel Thorup, Peter Winkler et Uri Zwick.

 3 Mathématiques de la guitare
 105 Pose de carrelage à la Penrose
 53 Savon, centrale nucléaire et courbure

48
48
31
31 L'axiome
L’axiomeuniversel
universel
 Mathématicien  Logique  Grand public

En mathématiques, rien n’est vrai, tout est la conséquence d’hypothèses.


Les mathématiques sont la science de passer d’un « si » à un « alors ». Par
exemple le théorème de Pythagore repose sur l’hypothèse d’un triangle rec-
tangle... Mais pas seulement, il repose aussi sur l’hypothèse d’existence d’une
addition « standard », de géométrie usuelle avec des règles du type « par
deux points, il ne passe qu’une seule droite ». Ces hypothèses fondamen-
tales sont implicitement supposées. Ces dernières sont appelées axiomes ;
mot venant du grec signifiant « considéré comme digne, convenable, évident
en soi ». On les manipule toujours sans le savoir.
Il est difficile de construire un axiome. Par exemple si je prends comme
axiome « on peut diviser par 0 » alors je peux facilement arriver à une
contradiction des autres axiomes (par exemple 1 = 2). Lorsqu’on ne peut
pas tomber sur une contradiction dans un jeu d’axiomes, on parle d’axiomes
cohérents.
Les nombres et la géométrie que l’on utilise en cours de mathématiques
ont pourtant l’air bien réels au sens physique du terme. On a donc l’impres-
sion qu’il existe sûrement un axiome universel qui retranscrit bien ce que
l’on observe dans le monde réel.
Les mathématiciens ont longtemps cherché cet axiome universel, jusqu’à
l’arrivée d’un gamin de 25 ans, Kurt Gödel, qui détruisit cette chimère. Ce
mathématicien atteint la célébrité en 1931, à 25 ans donc, en prouvant ce
que l’on appelle son « premier théorème d’incomplétude ». Celui-ci énonce
qu’aucun axiome n’est complet ; c’est-à-dire qu’il existe toujours une as-
sertion que l’on ne peut ni démontrer ni réfuter. C’est-à-dire que quelles
que soient nos hypothèses, il existe toujours une question qui nécessite une
nouvelle hypothèse. Le stress causé par la célébrité due à cette découverte
causa de lourds troubles nerveux avec des conséquences pérennes sur ce
jeune prodige. Il termina néanmoins d’exposer son « second théorème d’in-
complétude ». Celui-ci énonce maintenant que quels que soient les axiomes
que l’on choisit, il est impossible de démontrer qu’ils sont cohérents. C’est-
à-dire qu’on ne peut pas savoir si on arrivera un jour à quelque chose de
farfelu.
D’autres évènements plongeront K. Gödel dans la dépression qui se
transformera à la fin de sa vie en délire de persécution : il est convaincu
que l’on tente de l’empoisonner. Il refuse donc de manger un aliment que sa
femme n’a pas goutté. Il décède en 1978 au poids de 29, 5 kg.

 69 Le barbier de Russel
 39 Multiplication des pains
 66 Trois petits points

49
49
32
32 Octogone
Octogone magique
magique
 Tour de magie  Géométrie  Dessin  Collège

Voici un petit tour de magie simple que j’ai moi-même testé sur un
enfant de 3 ans et qui a très bien fonctionné ! Pour ce tour, vous possédez
un octogone sur lequel est dessiné une flèche. Vous faites tourner l’octogone
entre deux de vos doigts et une flèche allant dans la même direction apparaît
de l’autre côté. Vous pouvez continuer de faire tourner cet octogone, et on
voit successivement la même flèche apparaître. Maintenant, vous soufflez

sur l’octogone, le remuez ou chantez une formule du type :

Abracadabra.
À partir de maintenant, lorsque vous faites tourner l’octogone, la flèche
change de sens à chaque tour : vous avez cassé votre octogone ! Au lieu de
toujours montrer la droite, elle alterne maintenant entre gauche et droite.
Comment fonctionne ce tour et quelle propriété mathématique remar-
quable est en jeu ? Votre octogone est construit de la manière suivante :

Recto Verso

A B

D C

En particulier, l’axe de direction de la flèche du recto est orthogonale


à la flèche présente au verso. Pour faire tourner l’octogone, vous pouvez
pincer ce dernier avec le pouce et le majeur.
Si vous mettez le pouce sur le point D et le majeur sur le point B alors
l’octogone tourne sans changer la direction de la flèche. Au contraire, pincer
l’octogone avec le pouce en C et le majeur en A inverse la direction de la
flèche.
Ce tour fonctionne à partir des propriétés géométriques de l’octogone !
Tourner l’octogone en pinçant A et C revient à faire une symétrie de la
flèche d’axe AC et vice-versa.
∗. Une formule magique, pas une formule mathématique cette fois...

50
50
A

Dans la figure ci-dessus la flèche grisée représente la symétrie de la flèche


blanche d’axe AC. Cela correspond donc à la flèche en arrière plan que l’on
ne voit pas lorsque l’on fait tourner l’octogone.
Dès lors que l’on a compris ce tour, on peut le modifier selon l’histoire
que l’on souhaite raconter. Nous pouvons remplacer la flèche par une autre
figure, mais cette dernière doit vérifier certaines propriétés. Déjà, quelle que
soit l’image choisie, que l’on place ses doigts sur BD ou AC, après deux
tours nous reviendrons toujours à la configuration initiale. Que se passe-t-
il par contre pour la face cachée lorsque l’on change d’axe ? On trouve sa
symétrie. Cependant ce n’est pas la symétrie de ce que l’on voyait avant.

La différence entre les deux figures est une rotation . Il faut donc choisir
une figure dont l’image par rotation est une autre figure intéressante. Par
exemple si on choisit un 6 alors son image par rotation est un 9. On peut

donc faire un tour qui passe du 666 au 69. Par contre si vous mettez un
2, son invariance par rotation va vous casser votre tour. Rien n’oblige par
contre que les deux faces montrent la même chose, vous pouvez ainsi mettre
un 1 au recto, l’image symétrique d’axe BD d’un 6 au verso pour alterner

entre 16 et 19.
On peut même aller plus loin et utiliser ce que l’on appelle un ambi-
gramme :

∗. D’angle 180 dont le centre est celui de l’octogone.


†. N’y voyez aucune allusion.
‡. Par exemple, vous racontez ce qu’il se passe devant votre copie d’examen, il vous
manque une réponse mais comme par magie, elle vous vient et vous passez de 16 à 19.

51
51
C’est-à-dire une figure graphique qui offre des doubles lectures suite à
une rotation ou une symétrie. Les deux exemples ici ont été produits par

Basile Morin . Le premier représente justement Ambigram et Wikipedia
alors que celui-ci, avec Vrai et Faux, est parfait pour notre tour :

On peut par exemple opposer plusieurs questions :

Recto Recto

j’ai
raison ?

 40 Mélange américain et tour de magie


 49 Mélange par coupes et tour de magie
 57 Critère de divisibilité et magie

33
33 Malthus
Malthus et
et les
les lapins
lapinsaustraliens
australiens
 Mathématicien  Suites  Biologie  Lycée

En 1798, le prêtre anglican et économiste britannique Thomas Robert


Malthus fait grand bruit en publiant son ouvrage Essai sur le principe de la
population. À partir de raisonnements mathématiques simplistes, ce dernier
∗. Disponible sur le site Wikipedia sous la licence Creative Commons Attribution -
Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International.

52
52
établit des conclusions polémiques sur les politiques à tenir que nous allons
expliquer.
Pour T. Malthus, on peut modéliser le nombre d’individus dans la po-
pulation, une certaine année n, par le terme d’une suite (un ). Cette suite
vérifie la relation de récurrence :

un+1 = un + naissances − morts,

pour un entier n. Si une proportion b, constante, de la population fait un


enfant durant une année et une proportion d, aussi constante, meurt alors
cette relation devient :

un+1 = un c + b × un − d × un (1 + b − d)un .

La population est donc décrite par une suite géométrique de raison 1 + b −


d. Comme la population grandit, la raison de cette suite géométrique est
strictement supérieure à 1 et cette dernière croît exponentiellement vite.
Toujours, selon T. Malthus, les ressources disponibles pour la population
suivent une dynamique bien différente ! En effet, il propose de modéliser les
ressources disponibles par une suite (vn ) qui vérifie une relation de récur-
rence du type :
vn+1 = vn + nouvelles ressources.
On peut par exemple penser ces « nouvelles ressources » comme la somme
des calories que l’on produit à travers les exploitations agricoles. Le prêtre
économiste fait l’hypothèse que contrairement à la population, ces nouvelles
ressources sont fixes, égales à un nombre c, et ne sont pas proportionnelles
aux ressources existantes. On a donc :

vn+1 = vn + c.

Il s’agit alors d’une suite arithmétique de raison c.


Bien que la suite (vn ) soit croissante et tende vers l’infini, la suite (un )
tend beaucoup plus vite vers l’infini. Si m est le nombre de ressources néces-
saires pour un individu, il existe une année n tel que mun > vn ; c’est-à-dire
qu’il existera un jour où il n’y aura pas assez de ressources pour tous les
habitants. Pour éviter cette catastrophe, le pasteur préconise d’arrêter les

aides aux nécessiteux et de les laisser mourir !
Bien qu’il ne soit pas le premier à proposer qu’une population croisse

de manière exponentielle , il est néanmoins l’un des premiers à le poser en
∗. La fameuse charité chrétienne... Il propose aussi de repousser les dates de mariages
et de respecter la chasteté avant celui-ci : de cette manière, on n’engendre que le nombre
d’enfants que l’on est capable d’entretenir.
†. On pourra par exemple penser à deux Léonard : à Leonardo Fibonacci ou à
Leonhard Euler.

53
53
problème. On parle donc aujourd’hui de « catastrophe malthusienne » lors-
qu’une population a des problèmes à cause de sa croissance démographique.

La révolution verte a cependant donné tort aux pronostics pessimistes
de T. Malthus pour la population anglaise et mondiale.
Cependant, les catastrophes malthusiennes sont nombreuses et, même
si les solutions proposées par l’économiste anglais ne sont sûrement pas les
bonnes, il faut néanmoins y prêter attention.
Détaillons quelques-unes de ces catastrophes malthusiennes.
Commençons par le plus commun : la fermentation. Dans une fermen-
tation, une population de levures consomme le sucre pour se multiplier et
produit, contre son gré, de l’alcool. L’alcool étant un antiseptique, au-delà
de 14 ou 16 degrés, celui-ci tue les levures. En bref, les levures consomment
à outrance toutes les ressources de leur milieu en polluant celui-ci jusqu’à

la limite où le dit milieu devient toxique et cause leur fin .
Sur ce sujet, j’aime bien citer l’exemple des rennes de l’île de Saint-
Matthieu. Sur cette île, dans la mer de Béring, entre la Russie et l’Alaska,
29 rennes sont introduits en 1944. Treize ans plus tard, ils sont 1300 puis
6000 en 1963. Malheureusement 3 ans plus tard, suite à une pénurie de
nourriture (toute l’île a progressivement été dévastée par eux), ils ne sont
plus que 42 avec un seul mâle probablement stérile. Plusieurs années après,
il ne resta que quelques rennes que l’on a expulsé pour laisser la flore se
rétablir.
Finalement, l’exemple le plus impressionnant de catastrophe malthu-
sienne est peut-être celui des lapins australiens.
Fin 1859, Thomas Austin libèrent 24 lapins sauvages sur sa propriété,
près de Victoria, pour le loisir de les chasser. Ces derniers arrivent à s’échap-
per et deviennent les premiers lapins sauvages d’Australie. Avant cette date,
on ne trouve pas de lapins sur cette île continent. Seulement dix ans plus
tard, les Australiens abattent deux millions de lapins sans en affecter la
population ! Leur population est estimée à plusieurs centaines de millions
de bêtes. L’incorporation des lapins fut dévastateur pour l’écologie austra-
lienne. En détruisant la flore par appétit, ils détruisent la faune par compé-
tition aux ressources ; les marsupiaux étant souvent moins efficaces que les

lapins . Pour réduire la population de ces animaux, les humains ont testé
plusieurs mesures :

∗. Cette dernière a commencé dans les années 60. À partir des choix économiques,
politiques et des avancées scientifiques, l’agriculture a énormément évolué et cela a dras-
tiquement changé l’accès à la nourriture. En 1950, deux habitants sur trois, sur la planète,
étaient en malnutrition alors que seulement un sur sept l’est en 2000. Sur la même période
la population a été multipliée par un peu plus de 2.
†. Tout parallèle avec la population humaine ne saurait être que fortuite... Noter
aussi que tout alcool supérieur à ce seuil de toxicité a donc été obtenu par distillation
(évaporation de l’eau).
‡. Imaginez les koalas qui dorment souvent entre 18 et 20 heures par jour...

54
54
— La chasse : intensive, avec des explosifs, des pièges et du poison... Trop
peu d’individus touchés !
— Les clôtures : plusieurs kilomètres de grillages furent érigés pour em-
pêcher leur propagation. Avec des animaux qui sautent très haut ou
creusent le sol, cette idée avait peu de chances de réussir. Les la-
pins ont en effet franchi certaines barrières avant même la fin de leur
construction.
— Le renard : les lapins s’en sortent car ils n’ont pas de prédateurs na-
turels ! On a donc introduit le renard et le furet en Australie. Vous
sentez la mauvaise idée. Entre de faibles marsupiaux, déjà menacés
d’extinction, et des lapins vifs et en forme, on vous laisse deviner ce
que le renard a chassé et quelle population a baissé...

— Les bactéries : plusieurs maladies ont volontairement été introduites
sur le territoire. La myxomatose a en particulier décimé plusieurs cen-
taines de millions d’individus (soit autour de 80 à 90 % de la popula-
tion) vers les années 1950. Les survivants ont mutés et sont devenus
résistants.

 60 Espérance de vie
 27 Tous cousin·e·s ?
 109 La martingale

34
34 Googol
Googol
 Ordinateur  Grand public
100
Le nom de la société Google vient du nombre 10 appelé « googol »
en anglais et « gogol » en francais. La différence viendrait soit d’une faute
de frappe soit d’un nom de domaine déjà pris. Ce nom de nombre viendrait
du mathématicien Edward Kasner qui avait demandé un nom de nombre à
son enfant de 9 ans. Ce nombre est bien supérieur au nombre de particules
80
de l’univers connu (i.e. 10 ) mais ridiculement inférieur à un myryllion
10 000
4×2
10 .

 1 L’unique !
 7 Paradoxe des amis
 61 G. Kasparov : des échecs et des réussites

∗. Le choléra de poulet, la croûte du lapin, la bactérie Pasteurella, la fièvre hémorra-


gique de Tchécoslovaquie... Et surtout le virus du myxome !

55
55
35
35 Des camps au
Des camps au champs
champs
 Mathématicien  Histoire  Grand public

Alexander Grothendieck est un génie mathématique qui, à cause d’une


enfance marquée par la guerre, a affirmé fortement ses convictions politiques,
quitte à surprendre la communauté scientifique.
Fils d’un couple d’anarchiste, un père ukrainien-russe juif (S. Shapiro) et
une mère protestante allemande (H. Grothendieck), il est né en Allemagne
mais est né apatride, sans nationalité. Il fuit l’Allemagne au début de la
Seconde Guerre mondiale pour aller à Paris. Il est rapidement arrêté (ainsi
que ses parents) pour être conduit dans des camps de concentration. Son
père meurt notamment à Auschwitz.
Après la guerre, Alexander Grothendieck part à Meyrargues (Vendargues)
près de Montpellier où il fait ses études. Il y travaillera de 1973 à 1988.
A. Grothendieck devient l’un des plus grands mathématiciens du
XXe siècle et est considéré comme l’un des fondateurs de la géométrie algé-
brique moderne. Il devient français.
Il milite pour ses idées et est très critique avec les institutions scienti-
fiques. À l’image de Grigori Perelman qui a refusé plus récemment la mé-
daille Fields, le prix Clay et le prix de la Société mathématique européenne
(et donc plus d’un million de dollars), Alexander G. a refusé d’aller chercher
sa médaille Fields en Russie pour protester contre la politique soviétique ou
le prix Crafoord (alternative du prix Nobel rétribuant plusieurs centaines
de milliers d’euros) car son salaire lui suffisait et par opposition à ce type
de prix.
Il décide en 90, de se retirer dans un village des Pyrénées pour y vivre
en ermite.
En 2010, il écrit à un collègue pour lui interdire toute publication de
ses notes, entreposées à la faculté de Montpellier. Il déclare, dans une lettre
qu’il refuse toute diffusion de ses œuvres que ce soit par édition numérique
ou publication/republication papier.
Cependant il meurt en 2014 et une bataille juridique entre l’université
de Montpellier et sa descendance commence pour diffuser ses brouillons.
L’université a gagné et ses brouillons sont disponibles à tous.
À sa mort, le laboratoire universitaire de recherche en mathématiques
de Montpellier se rebaptise d’après son nom.

 82 Neutralité idéologique des mathématiques et nazisme


 65 Le géomètre millionnaire
 37 L’hôtel de Hilbert et les cheveux montpelliérains

56
56
36
36 Chère
Chère inconnue
inconnue
 Mathématicien  Histoire  Analyse  Collège

En mathématiques, on baptise « x » ce que l’on ne connaît pas. D’où


vient cette habitude qui a même envahi la justice avec les plaintes contre
x?
Cette notation possède une longue histoire. L’idée de nommer l’inconnu
vient de Diophante, un mathématicien grec du IIIe siècle qui l’a appelé
arithmos (le nombre). La tradition de Diophante passa aux mathématiciens
arabes du Moyen Âge, qui changèrent le mot utilisé.
Au IXe siècle, Al-Khawarizmi nommait l’inconnu shay, ce qui signifie
« la chose ». Les Andalous, alors sous influence arabe, écrivaient ce mot
en caractères latins xay. Rappelons qu’à cette époque, les mathématiques
ne s’écrivent pas à l’aide d’équations abstraites comme aujourd’hui mais
simplement à l’aide de phrases. Au XVIIe siècle seulement, René Descartes
simplifia ce terme en ne gardant que son initiale x.
Symbolisant les mathématiques et l’armée, l’École polytechnique a pour
symbole deux canons croisés formant un x. Ce symbole en entraîne un autre :
il est coutume de dire d’un élève en classe préparatoire qui trouve son école
directement qu’il a fait une 3/2 alors qu’un élève qui repasse les concours
l’année suivante qu’il a effectué une 5/2. L’École polytechnique étant l’une
des écoles françaises les plus prestigieuses, un élève qui intègre x entre ses
années 1 et 2 vérifie la formule :
2
3
∫ xdx = ;
1 2

on intègre bien x entre 1 et 2. Alors que les personnes passant les concours
l’année suivante intègre x entre 2 et 3 :
3
5
∫ xdx = .
2 2

Cette métaphore est aussi utilisée pour les prépa littéraires.

 9 Forme des chiffres arabes


 2 Équations de degré 1 ou 2
 78 Le formalisateur

57
57
37
37 LL’hôtel de Hilbert
'hôtel de Hilbert et les cheveux
et les cheveuxmontpellié-
rains
montpelliérains
Mathématicien Paradoxe Nombres particuliers Lycée Supérieur


    

L’hôtel de Hilbert est une métaphore pour appréhender la notion de


l’infini.

Imaginez un hôtel complet mais qui comprend un nombre infini de


chambres numérotées par 1, 2...
Peut-il accueillir un nouveau client ?
Oui, il suffit de demander à chaque client de se déplacer dans la chambre
suivante. Le client de la chambre 1 se déplace donc dans la chambre 2 et
ainsi de suite. Le nouveau client rentre alors dans la chambre 1.
Nous pouvons même faire rentrer beaucoup plus de clients. En effet, si un
nombre infini de clients arrive, on est capable de leur faire une place. Pour
cela, il suffit pour chaque client actuellement dans l’hôtel de multiplier leur
numéro de chambre par 2 et qu’il se rende dans cette nouvelle chambre. Ainsi
l’occupant de la chambre 3 se rend dans la chambre 6. Celui de la chambre 6
dans la chambre 12, etc. Les chambres impairs deviennent donc disponibles
pour les nouveaux clients qui occuperont ainsi les chambres 1, 3, 5, ...
Nous pouvons aller encore plus loin. Imaginons qu’un nombre infini de
bus contenant chacun un nombre infini de clients arrivent devant l’hôtel.
Pouvons-nous accueillir tous ces nouveaux clients dans l’hôtel ?
La réponse est encore positive. Il suffit de demander aux clients actuels
de se rendre dans les chambres en puissance de 2. C’est-à-dire que le client
3
actuellement dans la chambre 3 se déplace dans la chambre 2 = 2×2×2 = 8
et ainsi de suite. Les clients du premier bus vont dans les chambres en
puissance de 3, ceux du deuxième bus dans les chambres en puissance de
5 et ainsi de suite. À chaque bus, on attribue ainsi un nombre premier
différent p et leurs passagers vont se partager les chambres en puissance
1 2 3
de p ; i.e les chambres p , p , p , ... Comme nous avons choisi des nombres
premiers, nous n’aurons pas deux clients dans la même chambre. De même,
comme il existe un nombre infini de nombres premiers, nous pouvons bien
accueillir un nombre infini de bus.
D’après George Gamown dans son livre One Two Three . . . Infinity (i.e
Un, deux, trois, . . . l’infini) paru en 1947, David Hilbert utilisait cette al-
légorie pour illustrer ses conférences sur l’infini. Elle décrit néanmoins la

58
58
manière dont on peut sérieusement démontrer que l’ensemble des entiers
naturels N = {0, 1, 2, ...}, des entiers relatifs Z = {..., −2, −1, 0, 1, 2, ...}, des
nombres rationnels Q (i.e. l’ensemble des fractions d’entiers) ou encore des

nombres algébriques (solution d’équations polynomiales à coefficients en-
tiers comme 2 par exemple) font « la même taille ». On parle d’ensembles
dénombrables car on peut donner un label entier (comme le numéro d’une
chambre) à chacun des éléments de ces ensembles. Georg Cantor a démontré
que l’ensemble de tous les nombres que nous avons l’habitude d’utiliser, l’en-

semble des nombres réels, qui contient en plus des rationnels des nombres
tel que π ou 2, est « bien plus gros » que N.
Cela peut sembler paradoxal que l’on puisse faire rentrer un nombre
infini de clients dans un hôtel complet car il remet en défaut le principe
des tiroirs de Dirichlet. Ce dernier énonce que si le nombre de chambres
était fini alors il n’aurait pas été possible de faire entrer plus de clients que
de chambres. Avec des tiroirs et des chaussettes, ce principe s’énonce de
la manière suivante : si on possède m paires de chaussettes rangées dans
n tiroirs avec m > n alors au moins un tiroir possède plusieurs paires de
chaussettes. Cet énoncé simple fut compris bien avant Dirichlet mais doit
son appellation à ce dernier en français et en allemand (Schubfachprinzip
dans sa version originale). Les Anglais préfèrent quant à eux énoncer qu’on
ne peut pas mettre plus de pigeons que de cases dans un pigeonnier : c’est le
pigeonhole principle. Finissons par une application de ce principe : il existe
au moins deux personnes à Montpellier qui possèdent le même nombre de
cheveux ! Je vous laisse cependant le soin de les trouver...

 31 L’axiome universel
 11 Les infinis de Cantor
 38 ...999 = −1

38
38 ...999
...999= =
−1 −1
 Paradoxe  Algèbre  Géométrie  Collège  Grand public

En mathématiques, on commence par vous enseigner les entiers naturels


0, 1, . . . Puis on vous apprend à les additionner et les multiplier. Mais vient
alors deux questions :
1. Existe-t-il un nombre tel que si on l’additionne à 1 on trouve 0. C’est-
à-dire x tel que :
1 + x = 0.

59
59
2. Existe-t-il un nombre tel que si on le multiplie par 3 on trouve 1.
C’est-à-dire x tel que :
3 × x = 1.
Pour répondre à ces deux questions, on vous a appris les nombres « né-
gatifs » comme −1 et les nombres à virgule comme 0, 333... avec un nombre
infini de nombres après la virgule.

Aurions-nous pu faire autrement ?

C’est une question naturelle, car il y a peut-être une manière plus efficace
de manipuler les nombres. Revenons à notre premier problème, on cherche
x tel que :
1 + x = 0.
On pourrait garder x par la suite mais pour simplifier, et faire écho à ce
que l’on a en tête, appelons le −1. Gardez cependant à l’esprit que nous ne
voulons pas utiliser ni cette notation ni les infinités de nombres après une
virgule. Un simple jeu d’écriture montre que :

−1 = −1 + (10 − 10)
= −1 + (10 − 10) + (100 − 100)
= −1 + (10 − 10) + (100 − 100) + (1000 − 1000)
= −1 + (10 − 10) + (100 − 100) + (1000 − 1000) + . . .

et en changeant les parenthèses de place :

−1 = (−1 + 10) + (−10 + 100) + (−100 + 1000) + (−1000 + 10000) + . . .


= 9 + 90 + 900 + 9000 + . . .
= ...9999.

Cela signifie un nombre qui se termine par un 9 à droite mais avec une
infinité de 9 devant. Cela vous semble paradoxal ? On vous a appris que l’on
pouvait mettre un nombre infini de nombres à droite après une virgule mais
pas à gauche. Ceci est un paradigme, nous pouvons en choisir un autre.
Admettons donc que je puisse, au lieu « d’inventer » −1, inventer ...999. Ce
dernier vérifie :
....999 + 1 = 0.
Et ça marche bien ! Posez votre addition, vous trouvez 0 avec une retenue,
puis un nouveau 0 et une nouvelle retenue, etc.
On peut additionner et multiplier ces nouveaux nombres comme les
anciens ! On a résolu notre première question. La deuxième maintenant ?
Comme :
3 × ...333 = ...999,

60
60
on comprend que ..333 serait notre « moins un tiers » et que donc notre 1/3
vaut :
....333 × ...999 = ...66667,
c’est-à-dire une infinité de 6 puis un 7. Posez la multiplication 3 × ...667, ça
marche.
C’est fou ! Non ? Peut-on tout faire ? Pouvons-nous retrouver tous les
nombres réels, que nous manipulons d’habitude, sous cette forme ? La ré-
ponse est non. Par exemple, on ne peut pas toujours diviser dans cet en-
semble, car il existe des nombres dont le produit est nul :

...1112 × ...1125 = 0.

Avec ces nouveaux nombres, que l’on appelle 10−adiques, on a de nouveaux



nombres qui ne sont pas réels et on ne retrouve pas tous les nombres réels.
C’est une autre représentation de la réalité.
Comme la construction usuelle, celle-ci peut être rendue rigoureuse en
complétant l’ensemble des rationnels avec la bonne notion de « qu’est-ce
qu’un grand nombre » (et donc de valeur absolue).
On peut donc travailler avec ces nombres et voir la différence avec les
nombres réels.
D’abord on peut changer de bases. Par exemple calculer en binaire au
lieu d’en base 10. Contrairement aux réels, cela change les nombres ! Si
j’avais commencé mon texte avec des 0 et des 1, j’aurais trouvé que −1
valait :
−1 = ...111,
ce qui est similaire mais je n’aurais jamais trouvé deux nombres dont le
produit est nul ! Pour chaque base p, on obtient un ensemble de nombres,
que l’on nomme p−adiques et notons Qp .

On ne peut pas ordonner (i.e. ranger) correctement ces nombres comme
on le fait pour les réels. Il est donc très dur de se les imaginer. Cependant,
voici quelques propriétés géométriques de ces espaces :
— Tous les triangles sont isocèles (ou équilatéraux).
— Tous les points d’un disque sont un centre du disque.

 16 1 = 0, 999 . . .
 94 Inventeur de nombres
 66 Trois petits points

∗. Dans le sens que ce ne sont pas les nombres que nous avons l’habitude d’utiliser.
†. Pour être rigoureux, il n’existe pas de relation d’ordre compatible avec l’addition
et la multiplication.

61
61
39
39 Multiplication
Multiplication des
despains
pains
 Mathématicien  Paradoxe  Citation  Géométrie  Supérieur  Grand public

« En ces jours-là, une foule nombreuse s’étant de nouveau réunie et


n’ayant pas de quoi manger, Jésus appela les disciples (...). Si je les renvoie
chez eux à jeun, les forces leur manqueront en chemin ; car quelques-uns
d’entre eux sont venus de loin. Ses disciples lui répondirent : Comment
pourrait-on les rassasier de pains, ici, dans un lieu désert ? Jésus leur de-
manda : Combien avez-vous de pains ? Sept, répondirent-ils. Alors il fit
asseoir la foule par terre, prit les sept pains, et, après avoir rendu grâces, il
les rompit, et les donna à ses disciples pour les distribuer (...). Ils mangèrent
et furent rassasiés, et l’on emporta sept corbeilles pleines des morceaux qui
restaient. Ils étaient environ quatre mille. Ensuite Jésus les renvoya. »
Ce passage provient de l’Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc dans
le chapitre 8 aux versets 1 à 9. Parmi d’autres passages de la Bible, il évoque
le célèbre miracle de la multiplication des pains.


a
Augmenter le total de pains en les rompant peut sembler paradoxal mais
c’est approximativement ce qu’énonce un théorème démontré par Stephan
Banach et Alfred Tarski en 1924 ! Ce dernier, appelé paradoxe de Banach-
Tarski énonce qu’il est possible de couper une boule (une sphère pleine) en
un nombre fini de morceaux, de déplacer ces derniers de manières isomé-

triques , pour obtenir deux boules identiques à la première.
La démonstration (assez complexe) repose fortement sur l’axiome du
choix. Celui-ci est équivalent à « Tout ensemble peut être ordonné de tel

façon que toute partie non vide possède un plus petit élément ». Ce qui
parait plus que raisonnable. Bertrand Russel aurait dit à propos de cet
axiome : « Pour choisir une chaussette plutôt que l’autre pour chaque paire
d’une collection infinie, on a besoin de l’axiome du choix. Mais pour les
chaussures, ce n’est pas la peine. »

 31 L’axiome universel
 37 L’hôtel de Hilbert et les cheveux montpelliérains
 14 Croyance et science

∗. C’est-à-dire sans en changer les dimensions. On peut utiliser des translations, des
symétries, des rotations mais pas de dilatation par exemple.
†. D’après le théorème de Zermelo.

62
62
40
40 Mélange
Mélangeaméricain
américainetettour
tourdede
magie
magie
 Mathématicien  Jeu  Tour de magie  Probabilités  Grand public

Le battage américain est celui que l’on a tous en tête lorsque l’on pense
à battre un jeu de cartes même s’il n’est pas facile à effectuer. Plus préci-
sément, étant donné un jeu de cartes, on le coupe en deux tas possédant
approximativement le même nombre de cartes puis on essaie de reformer
un tas en superposant les cartes de chaque tas. Par exemple, si on possède
10 cartes, numérotées de 1 à 10 et que mon tas est rangé dans l’ordre :

1∣2∣3∣4∣5∣6∣7∣8∣9∣10

alors je coupe pour avoir les deux tas :

1∣2∣3∣4∣5, 6∣7∣8∣9∣10.

Puis après les avoir entrelacées, j’obtiens quelque chose comme :

1∣6∣2∣7∣3∣8∣4∣9∣5∣10.

On appelle aussi ce mélange, mélange à la queue-d’aronde (dovetail en an-


glais, queue de colombe), par similitude à la méthode menuisière d’assem-
blage de planches. En anglais, on parle aussi de mélange par feuilletage
(riffle shuffling).
La question la plus intéressante à se poser est : ce type de battage de
cartes mélange-t-il vraiment les cartes ?
On peut voir qu’avec une étape la réponse est non. Si on part d’un jeu
trié (comme dans mon exemple), la nouvelle disposition conserve quelques
propriétés précédentes. Si les cartes sont croissantes dans ma première dis-
position, après un battage, la nouvelle disposition comprend deux suites
croissantes imbriquées l’une dans l’autre :

1∣6∣2∣7∣3∣8∣4∣9∣5∣10 = 1∣6∣2∣7∣3∣8∣4∣9∣5∣10.

Cela aurait été encore vrai si je n’avais pas parfaitement coupé le jeu en
deux ni entrelacé parfaitement les cartes ; j’aurais par exemple pu obtenir :

1∣5∣6∣7∣2∣3∣8∣9∣4∣10 = 1∣5∣6∣7∣2∣3∣8∣9∣4∣10.

On peut donc aisément construire un tour de magie (attribué aux ma-


giciens Williams et Jordan) : triez votre jeu (as de cœur à roi de cœur puis
as de trèfle à roi de trèfle, etc. par exemple ou un tri plus compliqué que
vous pouvez retenir). Faire tirer une carte à une personne puis demander
à la personne de remettre la carte dans le tas de cartes. Faire un battage
américain, puis aller chercher la carte dans le tas. On retrouve la carte fa-
cilement car on est censé observer deux suites croissantes de cartes qui se

63
63
suivent naturellement plus une carte qui n’est pas à sa place. Par exemple,
lorsque je regarde la disposition :

1∣5∣4∣6∣7∣2∣3∣8∣9∣10 = 1∣5∣4∣6∣7∣2∣3∣8∣9∣4∣10,

j’identifie les suites croissantes 1, 2, 3 et 6, 7, 8, 9, 10 alors que la carte 4 est


isolée.
On peut corser l’exercice en effectuant deux battages américains. On
aura alors 4 suites croissantes à chercher. Après 3 battages, on aura 8 suites
croissantes, etc.
Puis-je le battre indéfiniment ? Non, en itérant ce type de battage, on
finit par correctement mélanger un jeu de cartes. Cela a été démontré par
Dave Bayer et Persi Diaconis en 1992. Il montre par exemple que pour
mélanger un jeu de 52 cartes, il faut au minimum 7 battages pour avoir
moins d’une chance sur 2 pour que le jeu soit mélangé puis cette probabilité
est divisée par 2 à chaque mélange. Il donne même la formule suivante, pour
un jeu de n cartes il faut un peu plus de :

3 log(n)
× ,
2 log(2)

nombre de battages ; cette formule donne 9 battages pour un jeu de 52 cartes


et 8 pour un jeu de 32 cartes.
Pour finir, notons la singularité du mathématicien Persi Diaconis. Né en
1945 à New York, il quitte sa famille à 14 ans pour apprendre la magie. Après
être devenu magicien professionnel, il reprend ses études vers les années 1970
et devient ensuite un grand chercheur en mathématiques.

 1 L’unique !
 49 Mélange par coupes et tour de magie
 32 Octogone magique

64
64
41
41 Taxi
Taxietetgéométrie
géométrie non-euclidienne
non-euclidienne
 Activité  Géométrie  Géographie  Collège

Une personne demande à ses deux enfants la taille du rayon de la Terre.


Le ou la premier·e répond 10 mm alors que le ou la second·e répond
13 000 km.

Qui a raison ?

Les deux se trompent, la rayon de la Terre est de 6371 km. Cependant on a


envie de dire que le deuxième, en qui on croyait un peu plus en la réponse,
est le plus proche de la bonne réponse. Pourtant il s’est trompé de 6629 km
alors que le premier ne s’est trompé que de 6371 km !
La raison est que l’on ne peut pas dissocier la distance que l’on utilise
du problème que l’on regarde !
Selon le problème, les distances standards ne sont pas toujours les bonnes.
Prenez par exemple la ville de Manhattan aux États-Unis : c’est un qua-
drillage. Cela vient du fait que c’est une ville nouvelle qui a été construite
intelligemment au contraire des vieilles villes européennes construites empi-
riquement, c’est-à-dire avec le temps, étapes par étapes.
Les voitures ne passant pas à travers les bâtiments, il faut compter les
distances en suivant ce quadrillage. Si on suppose que toutes les intersections
sont√ à distance 1. La distance entre les points (0, 0) et (1, 1) est 2 au lieu
de 2.
Cela offre l’opportunité simple de faire de la géométrie non-euclidienne !
Dans cette géométrie, les disques (ensembles des points à une distance
fixée) sont des carrés :

Les statisticiens utilisent par exemple cette particularité géométrique


dans l’estimation de grand jeux de données.
Plus surprenant que la forme des disques, c’est la forme des médiatrices !
En fixant deux points A et B, comment découper l’espace en fonction de la

65
65
proximité des points avec A et B. En géométrie classique (euclidienne), les
deux zones sont séparées par une droite (appelée médiatrice). Dans cette
nouvelle géométrie, la forme des médiatrices dépend des points en question.
Voici plusieurs exemples sur lesquels les médiatrices sont en noir.
On peut retrouver une médiatrice classique :

A• •B

On peut retrouver une ligne brisée assez proche de la droite :

•B

A•

Finalement et plus surprenant, outre les droites et les lignes brisées, on


peut avoir deux quarts de plan dont chaque point est à égale distance des
deux points en question :

66
66
•B

A•

 38 ...999 = −1
 40 Mélange américain et tour de magie
 108 Pliez, découpez

42
42 Astérisque
Astérisqueet
et Obèle
Obèle
 Littérature  Célébrités  Primaire

Tout les oppose : l’un est simple, grand, enveloppé, roux et l’autre est
futé, petit, frêle, blond. À tel point que leurs noms, Astérix et Obélix, pro-
viennent aussi de deux opérations inverses : la multiplication et la division.
Astérix vient de l’astérisque * qui est utilisé dans la majorité des langages de
programmation pour faire des multiplications car les claviers ne possèdent
pas le symbole ×. Obélix tient lui son nom de l’obèle, c’est-à-dire le symbole

÷, qui est utilisé pour la division .

 38 ...999 = −1
 10 Précoce, le prince des mathématiciens !
 86 Multiplication russe

∗. Pour compléter, le terme « obèle » est surtout utilisé en typographie pour le symbole
† qui est par exemple utilisé dans le présent ouvrage, tout comme l’astérisque, pour
désigner des notes en bas de page. Pour ne pas confondre, le symbole ÷ est donc parfois
appelé « obélus ».

67
67
43
43 Nombre
Nombre univers
univers
 Mathématiciens  Paradoxe  Nombres particuliers  Probabilités  Topologie
 Supérieur  Grand public

Un nombre univers est un nombre réel qui contient dans son dévelop-
pement décimal n’importe quel nombre entier fixé.

L’exemple typique est la constante de Champernowne :

0, 123456789101112131415161718192021222324252627282930...

Cette propriété semble si difficile à vérifier que l’on peut penser que peu de
nombres la vérifient. C’est pourtant l’inverse, les nombres univers peuvent
être considérés comme plus nombreux qu’on ne le pense.
L’ensemble des nombres univers est dense : si on se fixe deux nombres
réels distincts alors il existe un nombre univers entre les deux. Il en existe
même une infinité ! C’est un exercice facile, par exemple si le premier nombre
est 1, on peut choisir

1, 000...0001234567891011121314151617181920...

où les points de suspension désignent autant de 0 que l’on désire. Pour


ceux qui savent ce que c’est, l’ensemble des nombres univers est même un
ensemble de Baire (encore plus gros que dense).
Pour les mêmes raisons, ils sont indénombrables ! Il y en a donc plus
que de nombres que l’on peut écrire sous forme de fraction d’entiers. Ils ne
peuvent de toute façon pas être écrit sous forme de fraction ; ces derniers
possèdent un développement décimal périodique.
Plus impressionnant, si on tire uniformément au hasard un nombre réel
entre 0 et 1 alors c’est un nombre univers avec probabilité 1. Bien que
l’évènement « ce nombre n’est pas un nombre univers » n’est pas impossible,
on peut tirer autant de nombres que l’on veut, la probabilité d’en obtenir
un qui ne soit pas univers, comme 0, 5 par exemple, est 0. Cette dernière
propriété est une application très simple du lemme de Borel-Cantelli comme
le paradoxe du singe savant. √
On conjecture que π ou 2 sont des nombres univers, mais il n’existe
aucun moyen simple aujourd’hui de vérifier qu’un nombre le soit. On peut
néanmoins déjà retrouver sa date de naissance dans les décimales de π. Par

exemple, ma date de naissance est le 14/09/87 et se trouve à la 24 531e
position du développement décimal de π.
∗. Le nom (en français) viendrait de Jean-Paul Delahaye, mathématicien et vulgari-
sateur scientifique, mais leur étude date d’environ un siècle.
†. En l’honneur du mathématicien, statisticien et économiste éponyme ayant notam-
ment travaillé pour le cabinet de W. Churchill et sur des programmes informatiques du
jeu d’échecs avec A. Turing.
‡. Vous n’avez donc plus de raison pour ne pas me le souhaiter.

68
68
Plus paradoxal, un nombre univers ne l’est peut-être plus si on change de
base. L’ensemble des nombres qui sont des nombres univers dans toutes les
bases vérifient toutes les propriétés énoncées plus haut. Ils sont donc vrai-
ment très nombreux et il est presque impossible de passer à côté. Cependant,
nous ne connaissons aucun nombre dont nous avons la connaissance qu’il
vérifie cette propriété.
Il n’y a qu’un pas pour passer des chiffres aux lettres et faire le lien avec

La Bibliothèque de Babel , qui contient, comme la constante de
Champernowne, tous les livres déjà écrits ainsi que tous ceux à venir.

 47 Paradoxe du singe savant


 37 L’hôtel de Hilbert et les cheveux montpelliérains
 11 Les infinis de Cantor

44
44 Équations
Équationsde degré33ou
dedegré ou44
 Mathématicien  Jeu  Algèbre  Lycée

Au lycée, on apprend que l’équation :


2
ax + bx + c = 0

admet deux solutions :


√ √
−b + ∆ −b − ∆
, ,
2a 2a
2
si son discriminant ∆ = b − 4ac est positif. Si ce dernier est négatif, il faut
utiliser les nombres complexes.
Ce type de résultats se généralise aux équations de degrés 3 et 4. Par
exemple l’équation :
3 2
ax + bx + cx + d = 0
admet un nombre différent de solutions selon le signe d’un autre discrimi-
nant :
3 3 2 2 2 2
∆ = 18abcd − 4ac − 4b d + b c − 27a d .
Si ∆ est positif alors il y a 3 solutions réelles (dont certaines peuvent être
égales si ∆ = 0) et si ∆ < 0, alors il faut utiliser des nombres complexes. Les
formes des solutions en fonction des paramètres sont plutôt compliquées.
∗. Nouvelle de science-fiction de Jorge Luis Borges.

69
69
Par exemple, si a = 1, b = 0 et ∆ ≤ 0 alors une des solutions a pour
expression :
√ √ √ √

√ √



1
⎷ (−d + √

)+ √
1
⎷ (−d − ).

3 −∆ 3 −∆
2 27 2 27

La résolution complète des équations de degré 3 date d’il y a environ


500 ans. C’est-à-dire extrêmement longtemps après celles de degré 2. Le
plus intéressant n’est pas ce grand décalage en temps mais l’anecdote his-
torique de sa trouvaille. À cette époque, il était coutume entre mathéma-
ticiens de s’envoyer des équations à résoudre et de faire des paris sur le
fait d’y d’arriver. Il se trouve qu’un mathématicien italien, connu sous le
∗ †
nom de Tartaglia , gagnait facilement à ce jeu. Jérôme Cardan , un autre
mathématicien italien, pensait qu’aucune formule pour résoudre ces équa-
tions ne pouvait exister. Il lui demanda de lui dévoiler son secret tout en
promettant de ne le divulguer à personne. Tartaglia plia et lui montra sa
méthode. Cardan ne tint pas sa promesse et publia cette méthode qui porte
aujourd’hui son nom.
Cependant, la résolution des équations de degrés 3 et 4 est aujourd’hui
attribuée, respectivement, à Scipione del Ferro et Ludovico Ferrari.

Un autre fait remarquable est, qu’à cette époque, les nombres complexes
n’existent pas encore. Ces mathématiciens manipulent des −1 dans leurs
calculs sans savoir quel sens lui donner. Après être arrivé au bon résultat,
ils cachent cette utilisation étrange et non rigoureuse : dès lors que l’on a
trouvé la solution de l’équation, plus besoin des nombres complexes.

 2 Équations de degré 1 ou 2
 36 Chère inconnue
 94 Inventeur de nombres

∗. Mais dont le nom officiel est aujourd’hui Niccolò Fontana. Il se faisait appelé
Tartaglia, le Bègue, de son vivant car il n’a pas connu le nom de son père.
†. Ou Girolamo Cardano en italien. La pièce mécanique éponyme qui permet à votre
voiture de faire tourner les roues dans les deux sens n’a pas été découverte par J. Cardan
même s’il a contribué à ses évolutions.

70
70
45
45 Diviser
Diviser pour
pourmieux
mieuxrégner
régner
 Jeu  Primaire

Vous connaissez sûrement le jeu de Nim, que l’on appelle parfois cou-
ramment le jeu des allumettes. Dans ce jeu, on dispose des allumettes en
ligne :

Chaque joueu·r·se peut retirer chacun son tour entre 1, 2 ou 3 allu-



mettes . La personne qui prend la dernière allumette perd la partie.
Connaissez-vous la variante de ce jeu en 2 dimensions ?
Au lieu des petits bâtons, ou allumettes, vous disposez d’un quadrillage
du type plaquette de chocolats, que vous pouvez facilement préparer avec
une feuille de papier :

∗. On peut varier la règle ici en fonction du nombre d’allumettes, et choisir de pouvoir


en retirer un peu plus.

71
71
Chaque joueur ou joueuse choisit un des carrés de ce quadrillage et retire
tous les carrés se situant au-dessus et à droite de ce carré. Par exemple, si
le carré choisi est représenté avec la croix ci-dessous, le quadrillage devient
comme la figure de droite :

La personne qui doit prendre le dernier carré, c’est-à-dire celui situé en


bas à gauche, perd le jeu.
Maintenant que j’ai donné les règles de ces deux jeux, faisons un peu de
mathématiques. La suite de cette brève anecdote peut vous gâcher le plaisir
du jeu de Nim/d’allumettes, donc n’hésitez pas à ne pas lire la fin si vous
voulez réfléchir par vous-même.
Commençons par le jeu de Nim et supposons qu’il y a initialement 100 al-
lumettes. On peut constater que si votre adversaire joue 1, 2 ou 3, et que
respectivement vous jouez 3, 2 ou 1 alors avec vos deux coups, on a systé-
matiquement enlevé 4 allumettes. Si après votre premier coup, vous gardez
cette stratégie sur les 24 premières paires de coups alors vous enlèverez
96 allumettes et donc votre premier coup est similaire au cas où il y aurait
100 − 96 = 4 allumettes devant vous. Si vous commencez, vous devez enle-
ver 3 allumettes puis 4 moins le dernier coup de votre adversaire et vous
gagnez !
Voici ce qu’il se serait passé avec un nombre différents d’allumettes ini-
tiales :

72
72
96 allumettes et donc votre premier coup est similaire au cas où il y aurait
100 − 96 = 4 allumettes devant vous. Si vous commencez, vous devez enle-
ver 3 allumettes puis 4 moins le dernier coup de votre adversaire et vous
gagnez !
—Voici
Avecce99 allumettes,
qu’il se serait ilpassé
faut avec
commencer par différents
un nombre en enleverd’allumettes
2. ini-
tiales :
— Avec 98 allumettes, il faut commencer par en enlever 1.
— Avec 99 allumettes, il faut commencer par en enlever 2.
— Avec 97 allumettes, si votre adversaire complète vos coups, comme
— expliqué
Avec 98 allumettes,
plus haut, ilalors
faut vous
commencer par enlaenlever
allez perdre partie1.quoi que vous
72
— fassiez.
Avec 97 allumettes, si votre adversaire complète vos coups, comme
expliqué plus avec
Si on généralise haut,unalors vousquelconque
nombre allez perdre la partie quoionque
n d’allumettes, vous
effectue
fassiez. ∗
une division euclidienne de n par 4, alors :
— Si Sionlegénéralise
reste est avec un nombre
0, il ∗faut commencerquelconque n d’allumettes,
par enlever 3 allumettes.on effectue
une division euclidienne de n par 4, alors :
— Si le reste est 1 et votre adversaire joue bien alors vous allez perdre.
— Cependant,
Si le reste est s’il0,neil complète
faut commencer
pas votre par enlever
coup à un 3moment,
allumettes.
vous pouvez
— Si utiliser
le restela méthode
est 1 et votreprécédemment
adversaireexpliquée.
joue bien alors vous allez perdre.
— Cependant,
Si le reste est s’il2,neil complète pas votre
faut commencer par coup à un 1moment,
enlever allumette.vous pouvez
utiliser la méthode précédemment expliquée.
— Si le reste est 3, il faut commencer par enlever 2 allumettes.
— Si le reste est 2, il faut commencer par enlever 1 allumette.
On peut généraliser le jeu avec n allumettes initiales et un retrait de 1,
2, —
. . . ,Sik −
le 1reste
ou kest 3, il faut Dans
allumettes. commencer
ce cas, par enlever
il faut faire 2la allumettes.
division euclidienne
de nOn parpeutk. Si le reste vaut
généraliser le jeu1,avec
vousnallez, a priori,
allumettes perdre.
initiales et Si ≥ 1 alors
unrretrait il
de 1,
faut
2, . . .enlever
, k − 1 ou r −k1allumettes.
allumettes Dans et si rce=cas,
0, ililfaut
faut en enlever
faire la division
k. euclidienne
de nPour par lek.deuxième
Si le restejeu, il n’existe
vaut 1, vous pas d’opérations
allez, connuesSiaussi
a priori, perdre. r ≥ 1simples
alors il:
creusez-vous
faut enlever rla−tête ! Cependant,
1 allumettes et simême
r = 0,siillafaut
méthode
en enleverà utiliser
k. pour gagner
est Pour
inconnue, on peutjeu,
le deuxième néanmoins
il n’existedémontrer que, quel
pas d’opérations que soit
connues aussilesimples
nombre:
initial de carrés,
creusez-vous la têtele ! premier
Cependant, joueur
même peut
si latoujours
méthode gagner. Démontrons
à utiliser pour gagner le
avecinconnue,
est un raisonnementon peut par l’absurde
néanmoins : supposons
démontrer que,qu’il
quel existe unelestratégie
que soit nombre
tel que de
initial quels que soient
carrés, le premier vos coups,
joueurlepeut
joueur jouant gagner.
toujours deuxième gagne à tous
Démontrons le
les coups.
avec Cette stratégie
un raisonnement pars’applique
l’absurde donc si votrequ’il
: supposons premier coup
existe uneconsiste
stratégieà
enlever
tel le carré
que quels queensoient
haut àvos droite.
coups,Celecoup
joueur n’enlève
jouantque ce carrégagne
deuxième car ilàn’y
tousa
ni carré
les coups. à droite
Cette ni au-dessus.
stratégie La stratégie
s’applique donc si duvotre
deuxièmepremierconsistera à choisir
coup consiste à
n’importe
enlever le carré quel autre
en haut carré et la configuration
à droite. Ce coup n’enlève du quadrillage
que ce carréseracar ilensuite
n’y a
comme
ni carré sià vous
droiten’aviez jamais joué
ni au-dessus. votre premier
La stratégie coup. Vous
du deuxième auriez àdonc
consistera pu
choisir
jouer exactement
n’importe ce coup
quel autre carré pour commencer.
et la configuration Or siduce quadrillage
coup devait sera
faire ensuite
gagner
le deuxième
comme si vousjoueur
n’aviezquels que soient
jamais vos coups,
joué votre premieralors coup.il Vous
va vous fairedonc
auriez gagner
pu
quel que
jouer soit le coup
exactement ce coupdu deuxième joueur ! Or si ce coup devait faire gagner
pour commencer.
le deuxième joueur quels que soient vos coups, alors il va vous faire gagner
quel que soit le coup du deuxième joueur !
 61 G. Kasparov : des échecs et des réussites
 42 Astérisque et Obèle
 61
97 G. Kasparov
Qui : des échecs et des réussites
perd gagne
 42 Astérisque et Obèle
 97 Qui perd gagne

∗. Ce nom, un peu pompeux, désigne simplement la division que l’on a appris à l’école
primaire avec un quotient et un reste.
∗. Ce nom, un peu pompeux, désigne simplement la division que l’on a appris à l’école
primaire avec un quotient et un reste. 73 73

73
46
46 Paradoxe
Paradoxe électoral
électoral
 Célébrités  Mathématicien  Démocratie  Éducation civique  Grand public

Depuis (au moins) la Révolution française, plusieurs personnes, dont les


mathématicien·ne·s, se posent la question d’un système électoral idéal.
Citons par exemple un problème typique de l’élection présidentielle de la
Ve République française. Supposons que nous avons deux candidat·e·s A
et B très différent·e·s au premier tour de l’élection. La personne candidate
A est adorée par 51% des Français·e et détestée par 49%. Réciproquement,
B est adoré·e par 49% des Français·e·s et détesté·e par les 51% autres
personnes. Alors, A est donc majoritairement préféré·e et sera élu·e.

Imaginons maintenant qu’un·e candidat·e A , avec des idées proches
de A, est aussi candidat·e. Une partie des 51% de A lui sera attribuée
et fera perdre le candidat A : c’est B qui gagnera alors que la majorité
des Français·es préfère le candidat A. C’est absurde. Cela est arrivé par
exemple en 2002 lors de la défaite de Lionel Jospin face à Jean-Marie Le
Pen. Pour éviter ce problème, on ne vote souvent pas pour la personne que
l’on souhaite mais on opte pour un compromis entre les idées et le potentiel
d’être élu pour un·e candidat·e. Les sondages et la pression médiatique
jouent donc un rôle tout aussi crucial que le programme électoral.
Nicolas de Condorcet pensait que, dans un modèle idéal, chaque ci-
toyen·ne donnerait un classement (ou une note) à chaque candidat·e et le

candidat·e élu·e serait celui qui gagnerait chaque duel . Cependant, N.
Condorcet lui-même établit ce que l’on appelle aujourd’hui le paradoxe de
Condorcet : ce·tte candidat·e n’existe pas forcément. C’est un peu comme
dans les jeux du poule-renard-vipère ou du pierre-feuille-ciseaux.
Une condition suffisante pour l’existence d’un·e tel·le candidat·e est
donnée par le théorème de l’électeur médian. Si on suppose que l’on peut
ranger les candidat·e·s sur une droite (de l’extrême gauche à l’extrême
droite) et que chaque élect·eur·rice se positionne sur cette droite et y
dessine une cloche pour représenter son goût alors il existe un candidat de
Condorcet. Ce dernier est donné par la médiane des positions des électeurs.
Représenter les candidat·e·s sur une droite, comme on le fait souvent en

France , avantage donc les candidat·e·s centristes.
Lorsque ce·tte candidat·e existe, il ou elle est appelé·e candidat·e
de Condorcet. Cette méthode est parfois utilisée, comme par exemple par

les membres de Debian . Il faut cependant choisir comment gérer le cas
où le ou la candidat·e de Condorcet n’existe pas... Mieux que le scrutin
∗. Celui ou celle qui serait en moyenne le ou la mieux classé·e ou aurait une meilleure
note.
†. Alors que cela n’a pas réellement de sens. Même si diverses questions sont reliées
(l’écologie, l’économie, l’enseignement, l’armée, la religion...), il est raisonnable d’imaginer
que les candidats se positionnent dans un espace de plusieurs dimensions.
‡. Organisation communautaire démocratique ayant pour but de développer des sys-
tèmes d’exploitation basés sur des logiciels libres.

74
74

uninominal majoritaire à deux tours , ils peuvent par exemple utiliser le
jugement majoritaire proposé par l’Américain Michel Balinski et le Français
Rida Laraki.

 17 Paradoxe de Simpsons
 6 Théorème du scrutin
 97 Qui perd gagne

47
47 Paradoxe
Paradoxe du
du singe
singesavant
savant
 Mathématicien  Paradoxe  Probabilité  Supérieur

Le paradoxe « du singe savant » énonce que si on laisse un singe taper


suffisamment longtemps sur une machine à écrire il finira par écrire Hamlet ;
il le tapera même une infinité de fois.
Ce paradoxe est une conséquence du lemme de Borel-Cantelli : si on
tente indépendamment une expérience, qui a une probabilité non-nulle de
réussir, sans s’interrompre, alors on réussira une infinité de fois.
Voici quelques curiosités associées à ce paradoxe :
— Si on peut faire les comptes approximativement. Hamlet a environ
130 000 lettres pris parmi 26 caractères. Il faut donc que le singe tape,
au hasard, en moyenne sur :
130 000 267 000
26 ≈ 5 × 10

lettres pour écrire ce livre. S’il avait tapé une lettre toutes les nano-
secondes depuis le Big-Bang alors il n’aurait tapé que
24
5 × 10

caractères. Donc même si mathématiquement, cela se produira, la pro-


babilité que cela arrive dans un temps raisonnable est nul.
— Ce paradoxe a été introduit par Émile Borel. Ce dernier a fait de la
politique et a notamment été maire de gauche de Saint-Affrique (ville
proche de Montpellier et Millau). Il a même été emprisonné pendant
la Seconde Guerre mondiale pour ses actes de résistant.
— Le singe a été choisi en rapport aux théories évolutionnistes de Charles
Darwin, contemporainement à E. Borel, qui annonçait que l’homme

descendait du singe !
∗. C’est-à-dire l’élection présidentielle de la Ve République française.
†. Pour être précis, rappelons que l’homme ne descend pas du singe. Ils possèdent tous
deux un ancêtre commun.

75
75
 43 Nombre univers
 87 Paradoxe de Bertrand
 1 L’unique !

48
48 Mathématiques
Mathématiques du
du déjeuner
déjeuner
 Repas  Géométrie  Collège  Grand public

Savez-vous ce qu’est un tétragone ?

Ses racines grecques suggèrent « quatre angles » comme les autres polygones
(i.e. « plusieurs angles ») tel que les pentagones, hexagones, heptagones, etc.

Cependant, non. Un polygone à quatre côtés est un quadrilatère. Le



terme « tétragone » a déjà été utilisé pour désigner un quadrilatère mais
cette utilisation est totalement désuète aujourd’hui.
Mais alors qu’est-ce qu’un tétragone et quelle est son lien avec le dé-
jeuner ? C’est en fait un épinard ! Même s’il n’est pas biologiquement de
la même famille que les épinards, le tétragone est une plante de Nouvelle-
Zélande dont le goût et la manière d’être cuisinée est assez proche de l’épi-
nard classique. Pour cette raison, elle est plus communément appelée « épi-
nard de Nouvelle-Zélande » ou « épinard d’été ».

 18 Mathématique du goûter
 32 Octogone magique
 100 Trois problèmes antiques de géométrie

∗. Comme par exemple dans Le Paradis de Dante, « Je me sens dur comme un tétra-
gone envers les coups du sort ».

76
76
49
49 Mélange
Mélange par
par coupes
coupesetettour
tourdedemagie
magie
 Mathématicien  Jeu  Tour de magie  Probabilités  Grand public

Mélanger un jeu de cartes à l’aide de coupes successives est sans espoir !


En effet, illustrons sur un exemple ce qui arrive lorsque l’on coupe un paquet
de huit cartes. Le paquet a initialement une forme du type

1∣2∣3∣4∣5∣6∣7∣8.

Puis, si je coupe entre la troisième et la quatrième carte :



1∣2∣34∣5∣6∣7∣8

alors la disposition du jeu devient :

4∣5∣6∣7∣8∣1∣2∣3.

Si j’avais coupé entre la cinquième est la sixième carte comme suit :



1∣2∣3∣4∣56∣7∣8

alors la nouvelle disposition aurait été :

6∣7∣8∣1∣2∣3∣4∣5.

Si on suppose que le 1 suit le 8 comme dans la suite infinie :

1234567812345678123456781234567812345678...

Alors on remarque que l’ordre des cartes est inchangé. En particulier, si


on coupe le jeu une fois, sans m’indiquer l’endroit de la coupe, alors il me
suffit de connaître qu’une seule carte pour retrouver la disposition du jeu
de cartes. On peut comprendre facilement que cette propriété s’itère. Si
on coupe le jeu à plusieurs reprises, on ne peut retrouver que l’une des
dispositions suivantes :

1∣2∣3∣4∣5∣6∣7∣8, 2∣3∣4∣5∣6∣7∣8∣1, 3∣4∣5∣6∣7∣8∣1∣2, 4∣5∣6∣7∣8∣1∣2∣3

5∣6∣7∣8∣1∣2∣3∣4, 6∣7∣8∣1∣2∣3∣4∣5∣, 7∣8∣1∣2∣3∣4∣5∣6, 8∣1∣2∣3∣4∣5∣6∣7.


Il est par exemple impossible d’arriver à force de coupes successives sur la
disposition suivante :
2∣1∣3∣4∣5∣6∣7∣8.
On ne parcourt donc que 8 dispositions parmi les 8! = 40320 dispositions
différentes possibles. Le jeu ne se mélange absolument pas. Pire : connaître
la position d’une seule carte suffit pour retrouver entièrement la disposition
du jeu.

77
77
Profitons-en pour créer un tour de magie !
Vous prenez un jeu de 32 cartes et vous le lancez dans une salle remplie
de spectateurs. Vous faites couper le jeu de cartes autant de fois que vous
le désirez par autant de personnes que vous le voulez. Au bout d’un certain
moment, vous demandez à 5 personnes de prendre chacun son tour la pre-
mière carte du tas. Ensuite, vous demandez à chaque personne qui a une
carte rouge de se lever. Vous pouvez ensuite décrire précisément qui possède
quelle carte.
Comment ? Comme je l’ai déjà affirmé, il ne suffit pour vous que de
retrouver une seule des cartes. Combien d’informations, pouvez-vous coder
avec 5 personnes qui possèdent une information binaire (rouge ou noir).
Vous avez 2 choix pour la première personne fois 2 pour la deuxième et
ainsi de suite :
5
2 × 2 × 2 × 2 × 2 = 2 = 32,
c’est-à-dire exactement le nombre de cartes dans votre jeu. Vous devez donc
ranger vos cartes de manière à ce que chaque suite de 5 couleurs différentes
n’apparaisse qu’une et une seule fois. Il n’est pas trivial de savoir si une
telle décomposition existe. C’est ce que l’on appelle une suite de de Bruijn.
Ces suites de de Bruijn existent bien et ne sont pas uniques. On pourrait
en détailler plusieurs propriétés mais en voici plutôt une :
00011001010011101011011111000001.
Vous pouvez ainsi voir que si vous vous fixez n’importe quelle combinaison
de 5 chiffres 0 et 1, comme par exemple 10101, elle n’apparaît qu’une et une
fois. Noter encore qu’il faut voir cette suite comme une boucle, par exemple
01000 apparaît avec les 01 à la fin succédé des 000 du début. Finalement,
pour ranger votre jeu de cartes, il vous suffit de remplacer chaque 0 par
une carte noire et chaque 1 par une carte rouge. Vous pouvez par exemple
prendre comme disposition :
R♣∣R♠∣8♠∣1♡∣10♢∣9♣∣D♠∣V♡∣7♣∣7♢∣10♠∣7♠∣D♡∣V♢∣8♡∣8♣...
...1♢∣V♣∣D♢∣8♢∣1♣∣9♢∣R♢∣7♡∣10♡∣R♡∣10♣∣9♠∣1♠∣D♣∣V♠∣9♡.
Il vous suffit d’apprendre cette disposition par cœur, ou la cacher de manière
à retrouver facilement les combinaisons (avec des couleurs en cercle...). Ce
tour semble dater de 1919 et fût proposé par Charles Jordan, un fermier
californien, éleveur de poulets, qui inventait et vendait des tours de magie.
Il semble que ce dernier était pourtant étranger au concept de suites de de
Bruijn.

 40 Mélange américain et tour de magie


 1 L’unique !
 57 Critère de divisibilité et magie

78
78
50
50 Matheux
Matheux àà
Matheux à deux
deux balles
deux balles
balles
 Mathématicien⋅ne
Mathématicien⋅ne  Argent
  Grand
Argent  Grandpublic
public

Pour ce billet,
billet, je
je vous
vous invite
e
invite àà vous
vousposer
poserlalaquestion
question: :

Combien
Combien ça
ça vaut
vaut un·e
un·emathématicien·e
mathématicien·e? ?

Plus précisément,
précisément, plusieurs
plusieurs pays
pays ontont honoré
honoré leurs
leursbrillant⋅e⋅s
brillant⋅e⋅sscienti-
scienti-
fiques en les
les faisant
faisant figurer
figurer sur
sur leurs
leurs billets
billets de
de banques
banquesou ouleurs
leurspièces
pièces
de monnaies.
monnaies. Ci-dessous,
Ci-dessous, jeje vous
vous liste
liste plusieurs
plusieurs exemples
exemplesavecaveclalavaleur
valeur
∗∗
approximative
approximative en euros pour
en euros pour illustrer
illustrer lala valeur
valeur fiduciaire
fiduciaireaccordée
accordéeaux aux
mathématicien⋅e⋅s
mathématicien⋅e⋅s ::
— Pour l’Irak,
l’Irak, un⋅e
un⋅e mathématicien⋅ne
mathématicien⋅nevautvaut0,0,55centimes
centimesd’euros
d’eurosavec
avecIbn
Ibn
††
al-Haytham sur
al-Haytham sur un
un billet
billet de
de10
10dinars
dinarsirakiens.
irakiens.
— Pour la
la Russie,
Russie, un⋅e
un⋅e mathématicien⋅ne
mathématicien⋅nevaut
vaut22centimes
centimesd’euros
d’eurosavec
avec
Leonhard
Leonhard Euler
Euler sur
sur une
une pièce
piècede
de22roubles.
roubles.
— Pour Israël,
Israël, un⋅e
un⋅e mathématicien⋅ne
mathématicien⋅nevaut vaut10
10centimes
centimesd’euros
d’eurosavec
avec
Albert Einstein
Einstein sur
sur un
un billet
billetde
de55livres
livresisraéliennes.
israéliennes.
— Pour la
la Papouasie-Nouvelle-Guinée,
Papouasie-Nouvelle-Guinée,un⋅e
un⋅emathématicien⋅ne
mathématicien⋅nevaut
vaut2525cen-
cen-
times d’euros
d’euros avec
avec Pythagore
Pythagoresur
surun
unbillet
billetde
de11kina.
kina.
— Pour l’Italie,
l’Italie, un⋅e
un⋅e mathématicien⋅ne
mathématicien⋅nevaut
vaut11euro
euroavec
avecGalilée
Galiléesur
surunun
billet de
de 2000
2000 lires.
lires.
— Pour l’Allemagne,
l’Allemagne, un⋅e
un⋅e mathématicien⋅ne
mathématicien⋅nevaut
vaut55euros
eurosavec
avecCarl
Carl
Friedrich
Friedrich Gauss
Gauss sur
sur un
un billet
billetde
de10
10marks.
marks.
— Pour la
la Suisse,
Suisse, un⋅e
un⋅e mathématicien⋅ne
mathématicien⋅nevaut vaut10
10euros
eurosavec
avecLeonhard
Leonhard
Euler sur
sur un
un billet
billet de
de 10
10 francs
francssuisses.
suisses.
— Pour les
les Pays-Bas,
Pays-Bas, un⋅e
un⋅e mathématicien⋅ne
mathématicien⋅nevaut vaut1010euros
eurosavec
avec
Christian
Christian Huygens
Huygens sur
sur un
un billet
billetde
de25
25florins
florinsnéerlandais.
néerlandais.
— Pour la
la Belgique,
Belgique, un⋅e
un⋅e mathématicien⋅ne
mathématicien⋅nevaut
vaut25
25euros
eurosavec
avecGérard
Gérard
Mercator
Mercator sur
sur un
un billet
billet de
de 1000
1000francs
francsbelges.
belges.
— Pour la
la Norvège,
Norvège, un⋅e
un⋅e mathématicien⋅ne
mathématicien⋅nevaut
vaut50
50euros
eurosavec
avecNiels
Niels
Henrik Abel
Abel sur
sur un
un billet
billet de
de500
500couronnes
couronnesnorvégiennes.
norvégiennes.
∗. Plusieurs
Plusieurs des
des monnaies
monnaies ont
ont disparu
disparuetetlalaconversion
conversionn’a
n’adonc
doncaucun
aucunsens.
sens.
†. Aussi appelé
appelé Alhazen.
Alhazen.

79
79
79
— Pour l’Angleterre, un⋅e mathématicien⋅ne vaut 50 euros avec Alan
Turing sur un billet de 50 livres. Il ou elle peut occasionnellement
valoir 1 euro avec Isaac Newton sur un billet de 1 livre.

— Pour la France , un⋅e mathématicien⋅ne vaut 75 euros avec Blaise
Pascal sur un billet de 500 francs. Il ou elle peut occasionnellement
valoir 15 euros avec René Descartes sur un billet ou une pièce de
100 francs.
— Pour la Pologne, un⋅e mathématicien⋅ne vaut 200 euros avec Nicolas
Copernic sur un billet de 1000 zlotys. Il ou elle peut occasionnelle-
ment valoir 50 centimes d’euros avec Stephan Banach sur une pièce
de 2 zlotys.

 68 La George Sand des mathématiques


 10 Précoce, le prince des mathématiciens !
 80 Money Money Money

51
51 Conjecture
Conjecture de
de Goldbach
Goldbach
 Mathématicien  Ordinateur  Nombres premiers  Algèbre  Primaire

Vous vous ennuyez pendant vos vacances ? Marre des mots croisés et des
Sudoku à la plage ?
Essayez de résoudre la conjecture de Goldbach !
Une conjecture est une assertion mathématique dont on ne connaît ni
démonstration ni contre-exemple. Une sorte de théorème à démontrer mais
dont la véracité n’est pas certaine.
Celle de Christian Goldbach, énoncée il y a presque 250 ans, énonce que
tout nombre pair (supérieur à 2) est somme de deux nombres premiers. On
a par exemple les additions suivantes :

4 = 2 + 2, 16 = 11 + 5, 50 = 3 + 47, 100 = 97 + 3.

En 2020, à l’aide d’ordinateurs, la conjecture a été validée pour tous les


8
entiers inférieurs à 4.10 .
Notons qu’en 2013, le mathématicien péruvien Harald Andrés Helfgott,
travaillant en France et en Allemagne, a démontré que tout entier impair,
plus grand que 7, est somme de trois nombres premiers.
Bien que cette conjecture ne fasse pas partie des problèmes du prix du
millénaire posés par l’Institut de mathématiques Clay qui pourraient vous
∗. À la liste qui suit, on peut ajouter que Sophie Germain figure aussi sur une pièce
de monnaie antérieure au franc dont je n’ai pas trouvé la valeur.

80
80
offrir un million de dollars, il est le 8e problème de Hilbert (liste de 23
problèmes posés par D. Hilbert en 1900 dont on admet aujourd’hui que 17
sont résolus, 1 trop vague et 5 encore sans solution).

 28 Nombres inter-premiers et jumeaux


 110 La conjecture de Marcel Pagnol
 22 Nombre parfait

52
52 Collection
Collection d’œufs enen
d'œufs chocolat
chocolat
 Jeu  Probabilités  Grand public  Supérieur

Certains produits, comme les vignettes Panini ou les Kinder Surprise,


offrent un objet à collectionner que l’on achète cependant de manière mas-
quée.
Le nombre d’achats qu’il faut effectuer pour compléter une collection de
n objets est donc aléatoire. Cependant, on peut montrer que plus le nombre
n d’objets à collectionner est grand plus le nombre d’achats à effectuer tend
à se stabiliser autour de la valeur :
n ln(n),
où ln représente le logarithme népérien. C’est ce que l’on appelle en mathé-
matique le problème du collectionneur de coupons.
Une collection de 8, 10 ou 12 jouets dans des œufs en chocolats deman-
deront donc l’achat respectif d’environ 22, 30 ou 37 boites de chocolats.
Une collection de 640 vignettes de footballeurs demandera l’achat d’un
peu plus de 2500 pochettes d’une carte.
Et enfin, si je veux fêter tous les jours l’anniversaire de l’un de mes amis
(via le réseau social Facebook par exemple), il me faudra plus de 2364 amis.
Ce problème résout aussi le nombre de battages qu’il faut effectuer
lorsque l’on mélange des cartes à jouer avec le battage par insertion. Cette
méthode, surtout théorique, consiste à prendre la première carte d’un jeu et
à la remettre uniformément au hasard dans le paquet. C’est la méthode la
plus efficace pour simuler une variable aléatoire uniforme sur le groupe des
permutations ; c’est-à-dire pour donner une disposition aléatoire (uniforme)
d’un jeu de cartes. C’est la même vitesse que les meilleurs algorithmes de tri
qui permettent aussi de simuler de telle variable aléatoire à la même vitesse.

 40 Mélange américain et tour de magie


 103 Chasles attend... Chasles magne
 106 Petit monde

81
81
53
53 Savon,
Savon, centrale
centrale nucléaire
nucléaireet et
courbure
courbure
 Activité  Géométrie  Primaire

Faisons des expériences simples pour visualiser simplement de la géomé-


trie !
Pour ce faire, nous aurons besoin d’une tige métallique (comme par
exemple celle des sachets de congélation), du liquide vaisselle et un peu
d’eau.
Mélangez l’eau et le liquide vaisselle dans un récipient. Formez une forme
incongrue mais fermée avec la tige de métal : un cercle, ou le dessin des
balles de tennis par exemple. Trempez la dans l’huile trempez la dans l’eau
Trempez cette courbe fermée dans le liquide vaisselle et observez le film de
savon qui s’est formé.
Les contraintes physiques poussent celle-ci à former la surface minimale
ayant comme frontière cette courbe fermée. Une propriété simple et visuelle

des surfaces minimales est qu’elles ont une courbure moyenne nulle en tout
point.
Qu’est-ce que cela signifie ?
Regardez votre surface et fixez un point. C’est plat en ce point, ou alors
cela forme une sorte de U dans un sens, et un U dans l’autre sens, exactement
comme sur une selle de cheval.
Pour celles et ceux qui ne peuvent pas faire l’expérience chez eux (car
ils n’ont pas de savon par exemple), vous pourrez observer des surfaces
minimales au stade olympique de Munich ou devant les centrales nucléaires.
Leurs cheminées, dont la forme est appelée caténoïde, sont bien courbées
« dans les deux sens » contrairement à un cylindre (qui n’est courbé que
dans un sens). Ces dernières ont cette forme pour résister aux pressions
extérieures. Elles sont formées à partir de la surface minimale entre 2 cercles.
Avec deux cercles métalliques, vous devriez réussir à former cette caténoïde.
La boucle est donc bouclée comme vos morceaux de ferrailles.

 58 Mathématiques de l’apéro
 32 Octogone magique
 68 La George Sand des mathématiques

∗. La courbure en un point d’une figure plane est l’inverse du rayon du cercle « qui
épouse » le mieux cette figure en ce point. Pour un solide en dimension 3, nous pouvons
la visionner, sous un certain angle, comme une figure plane. Par exemple, selon l’angle
on peut voir un carré ou un hexagone en visionnant un cube. La courbure moyenne,
introduite par Sophie Germain, correspond à la moyenne entre la plus grande courbure
et la plus petite que l’on obtient en changeant l’angle sous lequel on regarde un solide.
Cette courbure possède un signe (positif ou négatif) selon comment on choisit d’orienter
le solide, si celui est orientable (pas comme la bouteille de Klein ou le ruban de Moebius).

82
82
54
54 Le théorème de
Le théorème de Napoléon
Napoléon
 Célébrité  Géométrie  Collège

L’empire romain est l’une des périodes les plus creuses en terme de

mathématiques .
Peut-on en déduire que les empereurs préoccupés à envahir l’Europe
n’ont que faire des mathématiques ?
Et bien non ! Napoléon Bonaparte était par exemple un grand passionné
de cette discipline.
En particulier, son nom a été attribué à des points, un théorème et un
problème !
Le théorème de Napoléon porte sur la construction d’un triangle équila-
téral particulier à partir d’un triangle quelconque. Les points de Napoléon
sont fabriqués à partir de ces triangles.
Ce théorème et la découverte de ces points sont traditionnellement attri-
bués à Napoléon. Bien que publié après sa mort, c’est un auteur italien, qui
longtemps après, leur associe le nom de Napoléon en affirmant que Napoléon
aurait posé ce problème à J.-L. Lagrange.
Ce dernier a peut-être confondu ce théorème avec le problème de
Napoléon !
Bien qu’encore une fois, nous ne sommes pas sûr du lien entre cette
question géométrique et l’empereur au bicorne. Ce problème, dont il existe
plusieurs solutions, est un problème que l’on a presque tous au moment de
découper une tarte !
Peut-on retrouver le centre d’un cercle ?

Et comme bien sûr, les mathématiciens aiment se donner des difficultés,


la véritable question est :
En est-on capable en utilisant uniquement un compas ?

 100 Trois problèmes antiques de géométrie


 84 Le pas con et le Lyonnais bienséant
 14 Croyance et science
∗. De notre côté du globe bien sûr, je devrais plutôt dire que les mathématiques ont
eu peu de places dans la civilisation romaine.

83
83
55
55 Paradoxe
Paradoxe de
de Monty
MontyHall
Hall
 Jeu  Probabilités  Lycée

Prenez 3 cartes d’un jeu (de cartes), deux rouges et une noire. Face

cachée, mélangez-les aussi rapidement qu’un·e joueu·se·r de bonneteau .
Mettez les trois cartes face cachée devant une personne et demandez lui
où se trouve la noire.
Elle a une chance sur trois d’y arriver.
Vous êtes bon·ne joueu·se·r : après qu’elle ait choisi l’une d’entre elles,
vous décidez de lui dévoiler une carte rouge parmi les deux cartes restantes.
Il lui reste donc maintenant, devant elle, deux cartes sans connaître leurs
couleurs.
Encore bon·ne joueu·se·r, vous lui proposez de changer d’avis et de
changer de carte si elle le désire.
Que doit-elle faire ? Qu’est-ce que ça change ?
Instinctivement, on pense que chaque carte possède une chance sur deux
d’être noire. Mais ce n’est pas le cas : on double ses chances en changeant
de carte. C’est ce que l’on appelle le paradoxe de Monty Hall (en l’honneur
d’un jeu télévisé américain proposant un défi de ce type). Ce type de jeu a
été importé en France dans le jeu du Bigdil.
Comment expliquer que l’on a deux fois plus de chances en changeant ?
Imaginons que je vous demande de changer juste avant de révéler la carte
rouge (ce qui en pratique ne change rien), cela reviendrait à l’un des deux
choix suivant :
— Garder sa carte.
— Choisir, parmi les deux autres cartes restantes, la carte gagnante, si
elle en fait partie.
Le deuxième choix vous parait tout de suite deux fois mieux, non ? C’est
effectivement ce que l’on fait. Lorsque je vous révèle une rouge parmi les
deux restantes, s’il y avait la noire parmi les deux c’était forcément l’autre !
La prochaine fois que l’on vous pose la question, vous pourrez peut-être
devenir millionnaire comme dans le film Las Vegas 21 ou repartir avec une
voiture comme dans le jeu télévisé présenté par Vincent Lagaffe.

 7 Paradoxe des amis


 40 Mélange américain et tour de magie
 85 Une erreur classique de probabilité

∗. Ou devant quelqu’un·e qui ferme les yeux si vous êtes aussi mauvais que moi.

84
84
56
56 00 pointé
pointé !!
 Célébrité  Jeu  Français  Primaire

« De quoi allons-nous parler ?


Eh bien, de rien ! De rien !
Car rien... Ce n’est pas rien.
La preuve c’est qu’on peut le soustraire.
Exemple : Rien moins rien = moins que rien !
Si l’on peut trouver moins que rien c’est que rien vaut déjà quelque
chose !
On peut acheter quelque chose avec rien !
En le multipliant
Un fois rien... c’est rien.
Deux fois rien... ce n’est pas beaucoup !
Mais trois fois rien ! Pour trois fois rien, on peut déjà acheter quelque
chose... Et pour pas cher !
Maintenant, si vous multipliez trois fois rien par trois fois rien :
Rien multiplié par rien = rien.
Trois multiplié par trois = neuf.
Cela fait rien de neuf ! »
Ces jeux de mots proviennent de Raymond Devos. Et comme, il le dit
si bien, rien ce n’est pas rien, au point où le zéro a une place centrale en
mathématiques.
Le mot « chiffre » prend son origine du mot séfir en arabe qui signifie
zéro/rien/vide, puis il a évolué :

séfir/sifre → sifre → chiffre.

Ce qui est intéressant est que le mot « zéro » a la même étymologie :

0
séfir → zéfirum → zéfiro → zéro.

 2 Équations de degré 1 ou 2
 9 Forme des chiffres arabes
 36 Chère inconnue

85
85
57
57 Critère
Critère de
de divisibilité
divisibilitéet
etmagie
magie
 Jeu  Arithmétique  Primaire

Un critère de divisibilité est un moyen pour savoir si un nombre n est


un multiple d’un autre nombre m.
Par exemple, tous les nombres terminant par 0, 2, 4, 6, 8 sont des mul-
tiples de 2. Ceux terminant par 5 ou 0 sont des multiples de 5 (et donc ceux
terminant par 0 des multiples de 2 et 5 et donc 10). On retrouve pour ces
deux nombres, le fait que l’on représente les nombres en base 10 = 5 × 2.
Plus compliqué, celui pour 3 : si on additionne les chiffres de son déve-
loppement décimale alors c’est encore un multiple de 3. On peut donc itérer.
Par exemple 63141 est multiple de 3 si :

6 + 3 + 1 + 4 + 1 = 15

l’est. Mais 15 l’est car 1 + 5 = 6 . Ce critère vient simplement du fait que :

9 + 1 = 10.

Ce dernier fonctionne pour 9. Mais comme :

11 − 1 = 10,

on peut en déduire un critère similaire pour les multiples de 11. Il faut et


suffit de sommer les chiffres de développement décimale d’un nombre en
alternant les signes. Par exemple pour 10659, on trouve

1 − 0 + 6 − 5 + 9 = 11.

C’est donc bien un multiple de 11.


Pour 7, c’est encore plus compliqué. Il en existe plusieurs dont aucun
aussi simple que les précédents. En voici un : on retire le dernier chiffre des
unités d’un nombre, on multiplie le résultat par 5 et on l’ajoute au reste.
Ce nouveau nombre (sûrement inférieur) est toujours un multiple de 7. Par
exemple 1729 est un multiple de 7 si le nombre :

172 + 5 × 9 = 217

l’est. Mais 217 l’est si :


21 + 5 × 7
l’est. Sans faire le calcul, on voit bien que c’est un multiple de 7.
La preuve de ce critère de divisibilité est simple et vient du fait que
50 = 49 + 1 ! En effet, notre nombre initial n s’écrit :

n = 10 × q + r,
∗. Ou plus simplement 3 × 5 = 15 !

86
86
avec q un entier et r ∈ {0, . . . , 9}. On calcule ensuite :

y = q + 5 × r.

Ce dernier est un multiple de 7 si et seulement si 10y l’est. C’est-à-dire x+49,



qui est un multiple de 7 si et seulement si x l’est . Lorsque l’on comprend
ça, on peut construire plusieurs autres critères de divisibilité. Comme par
exemple pour 13 en utilisant que 3 × 13 = 39.
À quoi servent ces critères ? D’abord, avec la méthode du crible

d’Ératosthène , vous êtes maintenant capables de voir si un nombre infé-

rieur à 288 est premier .
Une autre application est le simple tour de magie suivant :
— Choisissez un nombre (entier), de préférence pas trop élevé.
— Multipliez le par 3 et ajouter 1.
— Multipliez le encore par 3 et ajouter 1.
— Additionner l’unité, à la dizaine, à la centaine, etc. Par exemple si
vous avez 123 alors vous faites :

1 + 2 + 3 = 6.

Mais ne vous inquiétez pas, vous n’avez pas trouvé 123.


— Recommencez cette dernière étape jusqu’à trouver un nombre inférieur
à 10.
— Prenez la lettre de l’alphabet correspondant à votre chiffre : A pour
1, B pour 2...
— Choisissez un pays d’Europe commençant par cette lettre.
Vous pensez certainement au pays de La petite sirène et des jouets LEGO :
le Danemark !
J’espère que vous avez compris comment fonctionne ce tour !

 32 Octogone magique
 40 Mélange américain et tour de magie
 49 Mélange par coupes et tour de magie

∗. Car 49 l’est.
†. Mathématicien connu pour avoir mesuré géométriquement la circonférence de la

Terre via les rayons du Soleil. Cette technique énonce simplement qu’un nombre p est
premier s’il n’est pas divisible par un entier inférieur à p.
‡. Et encore, via 7 × 17 = 119, vous êtes capables d’aller plus loin.

87
87
58
58 Mathématiques
Mathématiques de l’apéro
de l'apéro
 Repas  Statistiques  Supérieur  Grand public

Si vous êtes majeur, vous pourrez avoir une pensée pour William Gosset
lors de votre prochain apéro.

Ce dernier a inventé l’un des tests statistiques le plus utilisé pour sta-
biliser le goût de la bière.
Cependant au lieu de nommer sa découverte en son nom, son employeur,
la société irlandaise Guiness, lui a imposé de publier ses résultats sous un
autre nom : celui de « l’étudiant ».
Voici donc l’histoire de la loi et du test de student.
Si cela vous pousse à boycotter
cette bière, vous pouvez attendre
un peu pour consommer une
« Klein’s Beer ». Cette bière, de
la série d’animation
d’anticipation Futurama, des
créateurs des Simpsons, est servie
dans une bouteille de Klein.
Cette bouteille étrange ne
possède ni intérieur ni extérieur.
En mathématiques, on parle de
surface non-orientable. Une autre
surface non-orientable connue est
le ruban de Möbius que l’on
obtient en coupant une
bandelette puis en collant chacun
des deux bouts en opposant les
faces.
La représentation graphique de la bouteille de Klein ressemble assez
bien à une bouteille. Cependant, le mathématicien Felix Klein ne l’appela
pas ainsi. Son nom provient d’une confusion ou d’un jeu de mot voulu entre
les mots « Fläche », « Surface » en allemand, et « Flasche », « Bouteille »
en allemand.
Si finalement vous ne buvez pas d’alcool, vous pourrez savourer une autre
représentation de cette figure : le bagel de Klein !

 18 Mathématique du goûter
 104 Théorème de Futurama
 17 Paradoxe de Simpsons

∗. Servant à tester si la moyenne d’une quantité est bien celle que l’on pense.

88
88
59
59 Rien
Rien ne
ne sert
sert de
de courir
courir ; ;ililfaut
fautpartir
partirààpoint
point
 Paradoxe  Analyse  Grand public

Commençons par une question (ou un exercice) simple :

Effectuant un trajet aller de 50 km à 30 km/h, à quelle vitesse dois-je


rouler au retour pour avoir, sur les deux trajets, une vitesse moyenne de
60 km/h ?

Intuitivement et sans y réfléchir, nous sommes tentés de répondre 90 km/h


car :
30 + 90
= 60.
2
Néanmoins, c’est faux ! Si je roule à 30 km/h puis 90 km/h alors j’ai effectué
mon trajet en 2, 22 heures car :
50 50
+ = 2, 22...
30 90
Alors qu’effectuer 100 km à 60 km/h impose un temps de trajet de 1, 66
heure.
La réponse à notre problème est qu’il n’existe pas de solution : il est
impossible d’obtenir une vitesse moyenne de 60 km/h sur un trajet si on a
roulé à 30 km/h sur la première moitié.
Si cela vous semble paradoxal, c’est parce que vous pensez que la vitesse
moyenne est la moyenne des vitesses. Pour être plus précis que la vitesse
moyenne est la moyenne arithmétique des vitesses. La moyenne arithmétique
est la moyenne au sens usuel : on divise la somme des nombres par le nombre
d’éléments. Cette moyenne de nombres x1 , . . . , xn est :
x1 + ⋅ ⋅ ⋅ + xn
n .

On peut cependant montrer que si je roule à une vitesse v1 sur la moitié
d’un trajet et une vitesse v2 sur l’autre moitié alors ma vitesse moyenne est
2
1 1
.
v1
+ v2

En particulier si ma vitesse est constante v1 = v2 = v, on retrouve bien v



comme vitesse moyenne. Si on découpe le trajet en n morceaux alors la
vitesse moyenne vérifie :
n
1
.
v
+ ⋅ ⋅ ⋅ + v1
1 n

∗. Très simplement !
†. De même taille.

89
89
C’est ce que l’on appelle une moyenne harmonique. Ce type de moyenne
est par exemple aussi utilisé pour calculer les résistances moyennes dans un
circuit électrique parallélisé.
Notez que la moyenne harmonique est toujours inférieure ou égale à la

moyenne arithmétique .

 17 Paradoxe de Simpsons
 89 Faut-il se fier à ce que l’on constate ?
 85 Une erreur classique de probabilité

60
60 Espérance
Espérancede
de vie
vie
 Mathématicien⋅ne  Probabilité  Biologie  Collège

Chaque année, l’Institut national de la statistique et des études écono-


miques (INSEE) publie son nouveau calcul de l’espérance de vie. On peut
donc voir l’évolution de l’espérance de vie. Cette dernière est même souvent
commentée dans les médias. Cependant pour bien comprendre ces évolutions
et en tirer un avis sur nos nouvelles habitudes de vie, il faut comprendre
son calcul.
En effet, l’espérance vie (ou plus précisément l’espérance de vie à la
naissance) une certaine année, disons l’année 1987, désigne le temps moyen
que l’on peut espérer vivre si on naît en 1987 et vivons dans les mêmes
conditions jusqu’à notre mort. Une méthode pour calculer cette espérance
serait donc de faire une moyenne sur les temps de vie de tels individus. Mais
ces derniers n’existent pas ! Stoppez votre lecture et essayer de deviner le
calcul effectué avant de continuer.
Pour calculer l’espérance de vie en 1987, l’Insee calcule la proportion
p0,1 de personnes qui sont passées de l’âge 0 à l’âge 1 en 1987. C’est-à-dire
le nombre de personnes qui ont 1 an en 1988 sur le nombre de personnes
nées en 1987. La différence entre ces deux nombres représente le nombre de
décès (on exclut du calcul les migrations). On déduit donc la probabilité de
passer de l’âge 0 à l’âge 1. On peut faire ce calcul pour toutes les transi-
tions d’âges : p1,2 , p2,3 ... Le produit de ces nombres jusqu’à un certain âge
p0,1 p1,2 . . . pn−1,n désigne la probabilité d’atteindre cet âge. La somme de ces

∗. Et donc si l’on perd du temps sur une partie d’un trajet, il est illusoire de rouler
très vite sur la seconde partie du trajet. Dans la mesure où les accidents de la route tuent
autour de 10 personnes par jour en France et que les accidents de la route font partie des
grandes causes de mortalité évitables, ce résultat mathématique est à retenir.

90
90
quantités donne l’espérance associée à cette distribution de probabilités :
+∞ n
p0,1 + p0,1 p1,2 + ⋅ ⋅ ⋅ + p0,1 p1,2 . . . pn−1,n + ⋅ ⋅ ⋅ = ∑ ∏ pk−1,k .
n=1 k=1

Ce calcul est donc très dépendant de ce qu’il se passe une certaine année.
Si un événement affecte particulièrement une année, comme par exemple
un épisode de grippe plus violent, alors l’espérance de vie va drastiquement
baisser l’année en question. Cela n’a donc que peu de rapport avec l’évo-
lution de l’espérance de vie. Cette évolution doit être perçue sur plusieurs
années et non d’une année à l’autre.
Certaines personnes vous diront que l’espérance de vie est moins impor-
tante que l’espérance de vie en bonne santé. Cependant, cette question est
presque aussi vieille que la question du calcul de l’espérance de vie. En effet,
les premières tables de mortalités et estimations des durées de vie datent
du XVIIIe siècle seulement et a d’abord été motivées pour des raisons éco-
nomiques : le calcul des ventes par viagers. Avant ces calculs, les prix de
ventes, ne dépendait pas de l’âge du vendeur !
Approximativement à la même période, le mathématicien et médecin
Daniel Bernoulli propose d’utiliser ces calculs pour peser le pour et le contre
de la variolisation massive de la population. Cette pratique médicale, an-
cêtre de la vaccination, consiste à inoculer une forme faible de la variole
pour éviter des possibles formes graves. Le mathématicien Jean Le Rond
d’Alembert, qui a donné son nom au théorème fondamental de l’algèbre,
auteur avec Diderot de la première encyclopédie, n’était pas d’accord avec
le mathématicien-médecin suisse membre de la grande famille savante des
Bernoulli. Pour ce dernier, la moyenne ne représente pas bien la distribu-
tion : sacrifier plusieurs jeunes pour permettre à quelques-uns de devenir
vieux est moins intéressant que plusieurs personnes mourant prématuré-
ment. La médiane est mieux que la moyenne.
Finalement, on ne peut pas parler de l’utilisation des statistiques pour
des stratégies de soins sans évoquer Florence Nightingale. Première femme
élue membre de la Royal Statistical Society, elle sauva beaucoup de vies lors
de la guerre de Crimée (1853-1856) grâce à sa compréhension des chiffres et
ses diagrammes circulaires très pédagogiques.

 17 Paradoxe de Simpsons
 59 Rien ne sert de courir ; il faut partir à point
 33 Malthus et les lapins australiens

91
91
61
61 G.G.Kasparov
Kasparov: des
: deséchecs
échecset
etdes
desréussites
réussites
 Célébrité  Jeu  Ordinateur  Grand public

Maintenant que les ordinateurs sont capables de démontrer des théo-


rèmes, il est naturel de se poser la question :

Cette machine est-elle plus intelligente que l’homme ?


∗ †
Du test de Turing à l’entreprise Skynet , la question est vieille.
Un exemple parfait de la confrontation « intellectuelle » entre l’homme
et l’ordinateur est donné par le duel historique entre Garry Kasparov et les
ordinateurs. Ce dernier a été champion du monde d’échecs de 1985 à 2000
et a joué aux échecs à plusieurs reprises contre des ordinateurs.

1 e4 e5 2 Bc4 Bc5 3 Qh5


8
rmblkZns
7
opopZpop
6
0Z0Z0Z0Z
5
Z0a0o0ZQ
4
0ZBZPZ0Z
3
Z0Z0Z0Z0
2
POPO0OPO
1
SNA0J0MR
a b c d e f g h

Il a bien sûr dû utiliser des coups plus surprenant que le coup du berger
représenté ici. Faisons la liste de quelques dates clés.
— En 1985, il contribue à la création du jeu Chessbass sur Atari ; ce qui
lui donne ainsi un outil d’entraînement.
— En 1989, il bat Deep Thought qui calcule 720 000 coups par seconde.
— En mai 1994, il finit ex-aequo contre Fritz 3 mais gagne après dépar-
tage.
— En août 1994, il perd contre Chess Genius 2.9 dans une partie limitée
en temps : une partie de 30 minutes.
∗. Une personne essaie de deviner si elle dialogue avec une personne réelle ou un
ordinateur.
†. Entreprise et intelligence artificielle qui pilote les terminators dans la série de films
éponymes.

92
92
Mais la partie la plus célèbre est celle de G. Kasparov contre Deep blue
en 1996, qui est capable d’effectuer entre 50 et 100 millions de coups par
seconde. G. Kasparov perd la première partie mais gagne les 3 suivantes !
En mai 1997, la société IBM prend sa revanche avec Deeper Blue, la version
améliorée de Deep Blue capable de calculer 3 fois plus de coups à la seconde
et qui bat G. Kasparov de justesse.
On peut garder cette date comme une première défaite de l’homme
contre la machine. Cependant, il y a eu beaucoup de suspicions sur le fait
que le match ait été truqué. En effet G. Kasparov, qui avait l’habitude de
se battre contre les ordinateurs, était familier avec leur façon de jouer. Il
s’est néanmoins fait avoir lorsque Deeper Blue a sacrifié ses fous. Il a donc

cherché par la suite à voir les log . Ce que la société IBM a refusé. Par la
suite, ces derniers déclarent qu’il y a effectivement eu un bug qui explique
ce coup étrange. G. Kasparov suspecte une action humaine. Un flou persiste
donc toujours sur l’authenticité de ce match.

Prononcé Gasparov et non Kasparov, Garry s’appelait Weinstein à la
naissance. Il prend le nom de sa mère durant sa jeunesse à cause de l’anti-
sémitisme.
Pour finir, G. Kasparov est autant connu pour ses matchs d’échecs que
pour son engagement politique. En 2005, il arrête les échecs pour la politique
pour s’opposer à Vladimir Poutine. On peut encore souligner quelques dates
clés :
— En 2007 il effectue 5 jours de prisons pour avoir manifesté pour des
élections justes.
— En 2008 il crée le parti Solidarnost.
— En 2012, suite à l’arrestation des Pussy Riot et des manifestations qui
ont suivi, il est interpellé par la police.
— En 2013, il s’exile en Suisse puis aux États-Unis d’Amérique.
— En 2014 il devient croate.
Il vit maintenant tranquillement à New York à l’age de 58 ans (en 2021).

 4 Théorème des 4 couleurs


 101 Loi de Moore
 97 Qui perd gagne

∗. Fichier établissant les calculs faits par l’ordinateur.


†. Comme le maintenant célèbre producteur américain.

93
93
62
62 Équations
Équations de degré≥≥55
de degré
 Mathématicien  Analyse  Lycée

Le théorème d’Abel exprime qu’il n’existe pas de formules pour résoudre



les équations de degré 5 ou plus .
Autant, pour démontrer qu’une formule existe, il suffit de la donner,
alors que montrer qu’il n’en existe pas est impressionnant.
Cette prouesse a été démontré par le malheureux chercheur Niels Henrik
Abel.
Durant ses études dans son pays natal, la Norvège, il démontre plusieurs
résultats mathématiques intéressants. À 23 ans, il montre, par exemple, que
l’équation de degré exactement 5, appelée équation quintique, n’admet pas
de formule pour sa résolution. Ses prouesses l’aident à décrocher des finan-
cements pour aller dans les pays européens plus prestigieux mathématique-
ment. Il rencontra ainsi le mathématicien allemand August Leopold Crelle
qui publiera plusieurs de ses découvertes en allemand puis en français.
Après l’Allemagne, il va en France en 1826. Il rédige alors le Mémoire de
Paris, qui contient la démonstration de la non-résolubilité des équations de
degré supérieur à 5, qu’il soumet à l’académie des sciences. Joseph Fourier
en remet la lecture à Augustin Louis Cauchy et Adrien-Marie Legendre qui
n’y prêteront que peu d’attention. N. H. Abel aurait dit à propos de Cauchy
que :

« Cauchy cultive l’extravagance, il est impossible de s’entendre avec lui, et


pourtant il est celui qui sait le mieux comment il faut faire des
mathématiques ».

Durant l’attente de la lecture de son manuscrit, et donc de la reconnais-


sance académique, il devient de plus en plus pauvre. Il attrape la tuberculose
et en meurt à 26 ans. Deux jours après sa mort, il reçoit une lettre de A. L.
Crelle lui annonçant qu’il allait décrocher un très bon poste à l’université
de Berlin dans les termes :

« Tu n’auras plus à te soucier de ton avenir. »

 2 Équations de degré 1 ou 2
 44 Équations de degré 3 ou 4
 73 1 + 2 + 3 + ⋅ ⋅ ⋅ = −1/12

∗. Pour être précis, il n’existe pas de formule générique ne faisant intervenir que les
opérateurs +, −, ×, ÷ classiques, des racines ne n√ et les coefficients d’une équation po-
lynomiale si son degré dépasse strictement 4.

94
94
63
63 Le
Le dada
dada d'Ada
d’Ada: coder
: coder
 Mathématicienne  Informatique  Grand public

Ada Lovelace est morte à 36 ans. Comme beaucoup de talents mathéma-


tiques, elle meurt trop jeune. La princesse des parallélogrammes, comme la
surnommait son père, est connue comme la première personne à avoir écrit
un programme informatique. C’était sur la machine de Babbage.
Inspirée des cartes perforées issues des techniques du métier à tisser,
cette machine à calculer programmable, imaginée en 1834 par le mathé-
maticien anglais Charles Babbage, n’a jamais vu le jour. A. Lovelace en a
néanmoins profité pour écrire le premier programme informatique. Celui-
ci devait calculer les nombres de Bernoulli et devait être, à l’époque, une
étape importante pour la compréhension de problèmes tel que la conjecture
de Riemann ou de Fermat.
Si elle n’avait pas été une femme, elle aurait sûrement fait beaucoup
plus ! Non pas parce que les femmes sont moins capables, l’histoire a bien
souvent montré le contraire, mais bien parce qu’elle n’aurait pas eu à se
soucier de ses responsabilités de maîtresse de maison, qui ont contribué à
sa santé fragile puis à sa mort due à un cancer de l’utérus.
Un langage informatique porte aujourd’hui le nom Ada en son honneur.

 8 La médaillée Fields
 61 G. Kasparov : des échecs et des réussites
 19 L’ordinateur de couleur

64
64 Entendre
Entendre la
laforme
formedudu
tambour
tambour
 Analyse  Musique  Lycée

En 1966, le mathématicien Mark Kac posait la question :

« Peut-on entendre la forme d’un tambour ? »

Usuellement les tambours sont constitués d’une peau tendue sur une
forme circulaire ou elliptique. On pourrait tendre cette peau sur toute forme
géométrique comme un carré par exemple. Si c’est le cas, une oreille parfaite,
du type oreille absolue, pourrait-elle reconnaître la forme de ce tambour ? Il
est illusoire de tester l’expérience avec toute forme de tambour mais pour-
tant les mathématiques ont la réponse !
La réponse est malheureusement, non. Nous n’entendons pas la forme
d’un tambour. Par contre, on peut entendre sa taille !

95
95
Je vais essayer d’expliquer rapidement la provenance de ce résultat. Uti-
lisant l’équation des ondes et la décomposition des fonctions en série de
Fourier, les sons que l’on entend sont simplement les solutions de l’équa-
tion :
∆u = −λu
où u est une fonction qui s’annule sur le bord du tambour : la peau vibre
à l’intérieur mais ne bouge pas sur le bord du tambour. En dimension 1,
au lieu d’un tambour, c’est une corde de longueur L que l’on fait vibrer
(comme sur une guitare). Cette équation devient :
′′
u = −λu,

avec les conditions u(0) = 0 et u(L) = 0. Un lycéen peut voir que les
fonctions suivantes sont des solutions de ce problème :

kπ 2 √
λ=( ) , u ∶ t ↦ sin (t λ) ,
L

pour des entiers k. La longueur L apparaît dans la fréquence et on peut donc


retrouver la longueur de la courbe via son son. Pour un tambour, c’est plus
compliqué. Les deux formes de tambour ci-dessous, construites pas Gordon,
Webb et Wolpert, admettent les mêmes fonctions comme solutions et les
tambours associés produisent donc exactement le même son.

On ne peut donc pas reconnaître la forme d’un tambour à partir du son


qu’il produit. Cependant, Hermann Weyl a établi une formule reliant les
fréquences du son à l’aire du tambour (prouvant ainsi que l’on entend bien
la taille du tambour).

 3 Mathématiques de la guitare
 76 L’effet papillon
 39 Multiplication des pains

96
96
65
65 Le
Le géomètre
géomètre millionnaire
millionnaire
 Mathématicien  Conjecture  Géométrie  Grand public

Imaginez 5 minutes que vous gagniez un million de dollars pour avoir


résolu un problème célèbre de géométrie vieux d’un siècle ?
Avant que vous vous imaginiez sur la plage, répondez aux deux questions
qui suivent.
En profiteriez-vous pour arrêter de faire des mathématiques ? Plus fort
encore, refuseriez-vous cet argent pour aller vivre reclus·e avec votre mère
dans un quartier populaire de Russie, dans un logement dénué de tout
confort ?
C’est pourtant ce qu’a choisi de faire le très grand mathématicien Grigori
Perelman.
En 2002, il démontre la conjecture de Poincaré. Que dit cette dernière ?
Si vous prenez une corde vous pouvez la replier pour faire un cercle. Pareil
mais un peu plus dur, on peut « replier » n’importe quelle feuille, quelle que
soit sa forme tant qu’elle est en un seul morceau et n’a pas de trous, en une
sphère. Que se passe-t-il si on augmente encore en dimension ? Un problème
est que l’on ne peut plus faire de dessin et tout doit se faire de manière
abstraite dans la tête ou avec des calculs. G. Perelman démontre que l’on
peut toujours replier ces surfaces dans l’analogue des sphères en dimension
supérieure.
Ce problème simple a été proposé par Henri Poincaré en 1904 et faisait
parti des sept problèmes du millénaire (et est le seul résolu aujourd’hui)
proposé par l’institut mathématiques Clay.
Il refuse son prix par humilité, car la science avance par le travail et le
génie de plusieurs personnes :
« Je n’apprécie pas leur décision, je l’estime injuste. J’estime que la
contribution du mathématicien américain Hamilton à la résolution du
problème n’est pas moindre que la mienne. »
Cependant, des interviews plus controversées annoncent un homme imbu
de lui-même. D’après le journal Komsomolskaïa Pravda, il aurait dit :
« Je sais comment diriger l’Univers. Dites-moi alors, à quoi bon courir
après un million de dollars ? »
En tout cas, peu de temps après sa démonstration spectaculaire, il re-
nonce à tous les prix attribués (médaille Fields, prix de la société mathé-
matique européenne, prix de l’institut Clay...) et à son million pour vivre
tranquillement ; un choix relativement étonnant.

 35 Des camps au champs


 8 La médaillée Fields
 12 Gagner au loto

97
97
66
66 Trois
Trois petits
petits points
points
 Mathématicien  Analyse  Lycée

Si, dans la comédie musicale Mama mia, les points de suspension dési-
gnent des sous-entendus coquins, en mathématiques, c’est tout autre chose !
Ils désignent parfois un nombre fini (déterminé ou non) d’éléments ou
opérations, comme dans les expressions :

2 2 n(n + 1)(2n + 1)
1 + 2 + ⋅ ⋅ ⋅ + 10 = 55, 1 + 2 + ⋅⋅⋅ + n = ,
6
mais ils cachent parfois une limite comme dans :
1
= 0, 333...
3
Cette dernière expression devrait s’écrire comme :
n
0, 333... = lim ∑ 3 ⋅ 10 .
−k
n→∞
k=1

Cette limite que l’on utilise tous en mathématiques aujourd’hui date du


XIXe siècle avec les travaux de Karl Weierstrass et Richard Dedekind. Ces
derniers ont apporté de la rigueur à l’utilisation des quantités « infiniment
petites » utilisées par Leibniz, Euler et Cauchy quelques siècles plus tôt.
Cependant, utiliser la notion de limite pour donner un sens à :

0, 333...

n’a pas forcément fait l’unanimité. Dans les années 60, plusieurs mathéma-
ticiens (dont Abraham Robinson, Wilhelmus Luxemburg, Edwin Hewitt,
Edward Nelson...) introduisent et développent une construction rigoureuse
de nombres infiniment petits. Cette nouvelle manière de considérer les quan-
tités petites s’appelle, en opposition à l’analyse contemporaine, l’analyse non
standard.
Dans cette √théorie, tous les nombres (réels, entiers, complexes, etc.),
comme 1, 31 , π, 2, que nous utilisons existent et sont appelés nombres stan-
dards. Cependant d’autres nombres existent, des nombres infiniment petits
comme 0, 0...01, d’autres comme 0, 3.....3 et même des nombres infiniment
grand. Il existe, par exemple, un nombre entier supérieur aux entiers stan-
dards. Tous ces nombres sont appelés non-standards. Lorsque deux nombres
x et y ne diffèrent que d’un nombre infinitésimal, on note x ≈ y. On a donc :
1
≈ 0, 33....33.
3
Cette notion étend l’analyse standard, dans le sens où on peut retrouver
avec cette approche tous les résultats de l’analyse standard. Elle permet de

98
98
donner un vrai sens mathématique aux usages du type :
1
∞ = 0,
qui ne sont que des moyens mnémotechniques pour se souvenir de certains
résultats.
Cette axiomatique est cependant peu utilisée même si de grand·e·s
mathématicien·ne·s, comme par exemple Terence Tao, connaissent et ont
pu utiliser cette approche.

 94 Inventeur de nombres
 31 L’axiome universel
 16 1 = 0, 999 . . .

67
67 un
Un petit
petitjeu
jeucombinatoire
combinatoire
 Jeu  Primaire

Nous avons tous chez nous un tas de pièces de centimes. Voici un petit
jeu qui peut vous permettre de les rentabiliser.
Ce jeu se joue à deux sur une feuille en plus de ces pièces. Chacun son
tour, chaque joueu·r·se pose une des pièces sur la feuille. Les pièces ne
peuvent pas se superposer ni se toucher. La première personne qui ne peut
pas jouer a perdu.
Il existe une stratégie simple qui permet au joueur qui commence de
gagner à tous les coups.
Si vous ne voulez pas la connaître, stoppez votre lecture ici. Je vous
conseille même de chercher un peu et d’y jouer avant de découvrir cette
stratégie.
Je vous assure, prenez le temps d’y jouer plusieurs fois sans connaître
l’astuce.
Bon, comme vous insistez, je vous donne l’astuce. Il suffit que vous posiez
votre première pièce au centre de la feuille. Par la suite, les coups que
vous jouerez seront les coups symétriques aux coups de votre adversaire par
rapport à votre premier coup.

 97 Qui perd gagne


 45 Diviser pour mieux régner
 80 Money Money Money

99
99
68
68 La
La George
George Sand
Sand des
des mathématiques
mathématiques
 Mathématicienne  Célébritée  Littérature  Grand public

Il est souvent difficile pour une femme de s’imposer dans des mondes très
masculins. On peut par exemple penser à Amantine Aurore Lucile Dupin
qui a adopté le célèbre pseudonyme masculin de George Sand pour écrire
des romans. Elle sera alors suivie par Marie d’Agoult (Daniel Stern) ou

Delphine de Girardin (Charles de Launay ). Plus récemment, la célèbre
écrivaine d’Harry Potter, Joanne Rowling avait signé son futur best-seller
par ses initiales J.K. Rowling pour masquer son genre. Elle s’est ensuite
essayée au roman policier sous le pseudonyme de Robert Galbraith.
Avant toutes ces personnes, la très grande mathématicienne Sophie
Germain avait aussi utilisé un pseudonyme. Cette dernière, née en 1776, a
suivi les cours de l’École polytechnique par correspondance car les femmes
n’y étaient pas admises. Elle choisit le pseudonyme d’Antoine Auguste Le
Blanc, qu’elle utilise aussi pour envoyer ses résultats à C.F. Gauss.
Elle a notamment démontré le fait qu’il n’y a pas de solution à l’équation
de Fermat :
n n n
a +b =c ,
pour certains nombres n (i.e. ceux tels que n et 2n + 1 sont premiers) avec
a, b et c premier avec n.
On peut citer l’auteur de Femmes dans la Science, H. J. Mozans :
« Toutes choses bien pesées, elle fut probablement la femme douée de
l’intellect le plus profond que la France ait jamais produite. Et pourtant,
aussi étrange qu’il puisse paraître, quand l’officier d’état civil vint à éta-
blir son certificat de décès, il la désigna en tant que « rentière-annuitante »
(femme célibataire sans profession) et non pas en tant que « mathémati-
cienne ». Et ce n’est pas tout. Quand la tour Eiffel fut érigée, furent inscrits
sur cette structure altière les noms de soixante douze savants. Mais on ne
trouvera pas sur cette liste le nom de cette enfant du génie, dont les re-
cherches ont tant contribué à l’élaboration de la théorie de l’élasticité des
métaux ... Sophie Germain. Fut-elle exclue de cette liste pour la simple rai-
son qu’elle était inéligible à l’Académie française... parce qu’elle était une
femme ? Si, en vérité, tel fut le cas, honte à ceux qui furent responsables
d’une telle ingratitude envers quelqu’un qui avait si bien servi la science,
et qui par ses travaux avait conquis une enviable place au panthéon de la
gloire. »
Pour l’usage de pseudonyme masculin en mathématiques, on peut aussi
avoir une pensée pour la talentueuse Emmy Noether, qu’Albert Einstein
considérait comme « le génie mathématique créatif le plus considérable pro-
duit depuis que les femmes ont eu accès aux études supérieures ». En effet,
dû à l’opposition de la faculté de philosophie, qui refuse qu’une femme soit
∗. Et donc aucun rapport avec le vulgarisateur-mathématicien Mickaël Launay.

100
100
nommée professeur, elle a donné des cours sous le nom de Hilbert durant
quatre ans.

 29 Pythagore, Fermat et Wiles : les années passent et ne se ressemblent


pas
 8 La médaillée Fields
 10 Précoce, le prince des mathématiciens !

69
69 Le
Lebarbier
barbier de
de Russel
Russel
 Paradoxe  Logique  Supérieur

Les mathématiques reposent sur tout un tas d’axiomes énonçant les


règles que l’on peut utiliser.
Les axiomes les plus communément admis, pour définir les mathéma-
tiques que l’on utilise, sont les axiomes développés par Ernst Zermelo et
Adolf Abraham Halevi Fraenkel au début du XXe siècle.
Ces derniers ne définissent pas directement les nombres, comme les
axiomes de Giuseppe Peano, ou la géométrie usuelle, comme les axiomes
d’Euclide. Tout est basé sur les ensembles. On part de l’ensemble vide ∅
puis on construit d’autres ensembles par union, intersection... Les nombres
sont ensuite construits à partir des ensembles. On peut par exemple définir
0 = ∅, 1 = {∅}, 2 = {{∅}} . . .
Puis l’addition de la manière suivante :
x + 1 = {x}, x + 2 = (x + 1) + 1 . . .
En définissant rigoureusement les opérations que l’on peut faire sur les en-
sembles, ce jeu d’axiomes permet d’éviter le paradoxe du barbier de
Bertrand Russel :
Si dans une ville un barbier rase toutes les personnes qui ne rasent pas
elles-mêmes et uniquement celles-là, qui rase le barbier ?
Formellement, les axiomes ne peuvent pas permettre de définir l’en-
semble :
{x ∣ x ∉ x}.

 31 L’axiome universel
 38 ...999 = −1
 39 Multiplication des pains

101
101
70
70 Comment
Comment ne
ne pas biaiser un
pas biaiser un sondage
sondage ??
 Sondage  Probabilité  Histoire  Collège

Lors de la guerre du Vietnam, le gouvernement américain souhaite esti-


mer le nombre de soldat·e·s qui se droguent. En effet, suite aux conditions
terribles de ce conflit, et la facilité de se procurer des drogues variées et peu
coûteuses, beaucoup de soldat·e·s en consomment massivement. Cepen-
dant, il ne peut malheureusement pas effectuer un simple sondage pour en
estimer la proportion. Une personne qui répondrait honnêtement qu’elle se
drogue s’expose à de lourdes sanctions. On ne peut pas les faire voter dans
une urne ; imaginez que tout le monde se drogue ou que le ou la responsable
récupère le bulletin avant qu’il soit déposé dans l’urne. Stoppez votre lecture
et prenez 5 minutes pour répondre à la question :

Comment feriez-vous ?

Pensez bien que vous devez trouver un stratagème qui protège les dro-
gué·e·s, mais donne approximativement la bonne proportion.
Magnanime, je vous donne un indice. Cette méthode repose sur la simple
formule mathématique :

P(A ∪ B) = P(A) + P(B) − P(A ∩ B).


L’astuce trouvée par le gouvernement est simple. On donne à chaque
soldat, d’un échantillon suffisamment grand, trois cartes différentes du type :

carte A

Voyez-vous un cercle ?

102
102
carte B carte C

Voyez-vous un cercle ? Vous droguez-vous ?

On mélange les trois cartes. La personne sondée en choisit une au ha-


sard et la regarde discrètement (à l’abri des regards). Elle dépose ensuite la
réponse à la question, « oui » ou « non », dans une urne. Il est donc impos-
sible, même en visualisant le bulletin de vote, de savoir avec exactitude la
consommation du ou de la soldat·e en question.
Cependant, d’un point de vue macroscopique, on attrape la proportion
de personnes qui ont vu la carte B ou la carte C. En utilisant, 1. l’indépen-
dance de cette expérience de tirage au sort avec le fait d’être drogué·e et 2.
la formule précédemment exposée, on retrouve la proportion de personnes
droguées.
Ainsi, on peut retrouver dans le livre Shooting Up, a history of drugs in
warfare, les estimations suivantes : 92 % des soldats déployés au Vietnam
consomment de l’alcool, 69 % de la marijuana, 38 % de l’opium, 25 % des
amphétamines et 23 % des barbituriques. . .

 46 Paradoxe électoral
 55 Paradoxe de Monty Hall
 85 Une erreur classique de probabilité

103
103
71
71 Notae
NotaeElegantissimae
Elegantissimae
 Notation  Histoire  Primaire

Lorsque l’on est moine et devons recopier rapidement ce que l’on vous
dicte, il vaut mieux avoir une écriture concise. C’est pour cette raison, qu’au
Moyen Âge, les moines cisterciens avaient leur propre système de numéra-
tion. Moins connus que les chiffres arabes et les chiffres romains, les chiffres
cisterciens possèdent pourtant certains avantages. Le plus grand est de pou-
voir noter en un seul symbole, n’importe quel nombre entre 1 et 9 999.
Bien qu’il existe plusieurs versions de cette numérotation dans l’histoire,
présentons simplement la version la plus courante que l’on peut trouver.

1 2 3 4 5 6 7 8 9

10 20 30 40 50 60 70 80 90

100 200 300 400 500 600 700 800 900

1000 2000 3000 4000 5000 6000 7000 8000 9000

104
104

Comme le système décimal, il n’y a pas plus de 9 symboles à retenir .
En effet, on peut voir que les symboles des unités, dizaines, centaines et
milliers sont les mêmes à symétrie et rotation près.
Nous pouvons donc combiner ces symboles pour former un nombre :

1987 2017
Ces derniers se lisent de la manière suivante :

3 4

1 2
On a retrouvé ce type d’écriture à partir du XIVe siècle jusqu’à la renais-
sance. Il a été en compétition direct avec les chiffres romains et les chiffres
arabes.
Le principal problème de cette numérotation est néanmoins qu’il permet
difficilement de faire des opérations simples (addition, soustraction, multi-
plication, division) au contraire des chiffres arabes pour lesquelles on pose
facilement ces opérations. Ce qui explique la disparition de ces écritures.
Notez finalement que ce système de numération est parfois nommé Notae
Elegantissimae d’Agrippa.

 9 Forme des chiffres arabes


 32 Octogone magique
 15 Le trio 70, 80 et 90
∗. Avec le 0, il y en a 10 dans le système décimal des chiffres arabes. Dans le système
cistercien, le 0 est un trait vertical, il correspond donc plutôt à l’absence de symbole.

105
105
72
72 vous
Vous m'avez
m’avezdit
ditde
dedire
dire Hardy
Hardy !!
 Mathématicien  Conjecture  Religion  Nombres premiers

Godfrey Harold Hardy est un grand mathématicien de la fin du XIXe siècle


et début du XXe.
Il est, en particulier, connu pour deux conjectures sur la répartition des
nombres premiers, élaborées avec John Edensor Littlewood. La première

donne l’ordre de grandeur sur la place du ne nombre premier jumeau alors

que la seconde affirme la sous-linéarité de la place du ne nombre premier .
On ne sait toujours pas si ces conjectures sont vraies ou fausses. Nous
n’avons aucune démonstration mais tous les tests numériques confirment ces
deux énoncés. Pourtant, une cinquantaine d’années après leurs formulations,

il a été démontré que ces deux énoncés sont incompatibles : si l’un est vrai
alors l’autre est nécessairement faux !
J’ai cependant une anecdote plus intéressante à vous partager sur
G. H. Hardy !
Ce mathématicien était athée et ne cessait de montrer sa véhémence
envers Dieu. Un jour, alors qu’il devait voyager de Scandinavie au Royaume-
Uni, la mer était très agitée. G. H. Hardy était donc très effrayé à l’idée d’un
accident et eu une idée plutôt surprenante : il envoya à son collègue Niels
Bohr une lettre annonçant qu’il avait la démonstration de la conjecture de
Riemann, mais que la lettre est trop courte pour la contenir.

Pourquoi ?

Face à l’animosité qu’il a toujours opposé à Dieu, ce dernier n’allait pas le


laisser mourir avec la gloire d’un résultat important qu’il n’avait pas !

 28 Nombres inter-premiers et jumeaux


 29 Pythagore, Fermat et Wiles : les années passent et ne se ressemblent
pas
 95 Dieu ne joue pas au dé

∗. Le nombre de nombre premier inférieur à n est équivalent à C ∫2


n dt
ln(t)2
.
†. Si π(x) est le nombre de nombres premiers inférieur à x alors :
π(x + y) ≤ π(x) + π(y).
‡. Par Ian Richards.

106
106
73
73 11++2 2+ +
3 +3 …+=⋅ −1/12
⋅ ⋅ = −1/12
 Paradoxe  Analyse  Lycée

En mathématiques, on dit qu’une suite converge lorsqu’elle se rapproche


d’une certaine valeur. On dit qu’elle diverge lorsque ce n’est pas le cas.
Au lycée, on définit ce que signifie tendre vers l’infini. Néanmoins, l’infini
n’est pas un nombre réel. Lorsqu’une suite tend vers l’infini, on ne dit pas
qu’elle converge mais bien qu’elle diverge. Cela signifie bien que l’on n’est
pas capable de donner un sens canonique à la limite de cette suite.
Si on voit l’ensemble des nombres réels R comme un ensemble ordonné,
on peut se dire que +∞ est « un point en plus » qui est celui supérieur à
tous les autres. Ce n’est cependant pas la seule manière de voir. Illustrons-le
sur des exemples : jouons avec des suites divergentes.
On considère la suite définie par u0 = 0 et :

un = 1 − 1 + 1 − 1 + 1 + . . . = un−1 + (−1)
                                                                    
n−1
.
ntermes


Les termes de cette suite sont alternativement 1 et 0. Elle est donc diver-
gente. Faisons néanmoins comme si elle convergeait et posons A sa limite.
C’est-à-dire que :

A = 1 − 1 + 1 − 1 + ⋅ ⋅ ⋅ = 1 − (1 − 1 + 1 − 1 + . . . ) = 1 − A.

Puis comme A = 1 − A, on a nécessairement A = 1/2. Avec ce type de


calculs, on peut montrer l’égalité, beaucoup plus surprenante, suivante :
1
1 + 2 + 3 + 4 + 5 + ⋅⋅⋅ = − .
12
En effet, rapidement, en notant :

A = 1 − 1 + 1 − 1 + ... B = 1 − 2 + 3 − 4 + 5 − ... S = 1 + 2 + 3 + 4 + ...

Nous avons vu que A = 1/2, mais on peut aussi montrer que :

B − A = −B ⇒ B = 1/4, S − B = 4S ⇒ S = −1/12.

Ces calculs ne sont pas rigoureux car les points de suspension ne sont pas
définis. Ces derniers sous-entendent généralement une convergence au sens
usuel qui n’a pas lieu ici. Peut-on néanmoins donner un sens à ces points
de suspension ; c’est-à-dire une notion de limite pour des suites divergentes,
qui rend valide les calculs précédents ?
∗. Cette suite s’appelle la série de Grandi, d’après le mathématicien, philosophe et
prêtre Luigi Guido Grandi, qui en donna une analyse célèbre en 1703 pour en tirer des
conclusions théologiques controversées.

107
107
La réponse est oui et il en existe plusieurs. La plus simple à comprendre
repose sur des moyennes.
Le théorème de Cesàro établit que si une suite (un ) converge vers un
nombre u alors sa moyenne ( n1 ∑k=0 uk ) converge aussi vers u. On peut
n−1

donc étendre la notion de convergence comme suit : on dit qu’une suite


converge vers un certain u, au sens de Cesàro, si sa moyenne converge vers
u. La moyenne d’une somme étant la somme des moyennes, cette notion de
limite vérifie les propriétés utilisées pour le calcul de A.
Cette notion de limite ne fonctionne pas pour montrer que :

1 + 2 + 3 + 4 + 5 + ⋅ ⋅ ⋅ = −1/12.

En effet, cette suite et sa moyenne sont toutes deux divergentes. Un autre


moyen de donner un sens à l’égalité A = 1/2 est d’utiliser la somme des
suites géométriques. En effet, nous avons l’égalité :

2 3 1
1 + x + x + x + ⋅⋅⋅ = ,
1−x
pour tout réel x tel que ∣x∣ < 1. On pourrait donc définir :

2 3 1 1
1 − 1 + 1 − 1 + ⋅ ⋅ ⋅ = lim 1 + x + x + x + ⋅ ⋅ ⋅ = lim = .
x→−1 x→−1 1−x 2

Bien sûr la première égalité n’est pas vraie si les points de suspension dé-
signent la notion usuelle de limite. Cependant si on la définit de cette ma-
nière alors le reste des calculs fonctionne. On parle de limite abélienne car le

théorème d’Abel énonce que lorsque la somme converge, on peut bien faire
« commuter » les deux limites. Cette notion de limite abélienne se généra-
lise, de manière plus compliquée, pour montrer que la somme des entiers
vaut −1/12. En effet, on peut définir les fonctions :

1 1 1 1 1 1 1
ζ∶x↦ + + + ... η∶x↦ − + − + ...
1x 2x 3x 1x 2x 3x 4x
que l’on appelle respectivement fonction zêta de Riemann et fonction êta de
Dirichlet. Ces dernières peuvent être définies là où les sommes convergent

puis sont étendues de manière unique de façon « régulière » . L’égalité pré-
cédente S − B = 4S que l’on montre à partir des sommes est donc « rigou-
reuse » dans le sens où, pour les x où ces fonctions sont définies en tant que
sommes, on a bien, en procédant de la même manière :

η(x) = (1 − 2 )ζ(x).
1−x

∗. Ou plutôt un théorème d’Abel ou le théorème de convergence radiale d’Abel.


†. De la même manière que l’on peut prolonger x ↦ sin(x)/x par continuité en 0, on
peut prolonger ces fonctions de manière analytique.

108
108
Cette égalité a lieu pour tous les x par propriété du prolongement et donc
le calcul effectué fonctionne pour x = −1.
Pour finir, ces notions vous paraissent sûrement farfelues mais sachez que
la valeur de la fonction zêta ζ a des applications pour la compréhension de
la répartition des nombres premiers. En effet, cette fonction et ce problème
sont reliés par la formule d’Euler :

ζ(x) = ∏(1 − p ) ,
−x −1

où le produit porte sur tous les nombres premiers p.


Son étude intéresse donc beaucoup de mathématiciens. En particulier,
exposer rigoureusement les points qui annulent cette fonction fait partie des
23 problèmes de Hilbert et un des 7 problèmes du millénaire de l’institut
Clay, institut qui offre un million de dollars pour sa résolution.

 38 ...999 = −1
 11 Les infinis de Cantor
 65 Le géomètre millionnaire

74
74 un
Un génie
génie romantique
romantique
 Mathématicien  Algèbre  Grand public

Il est plus ou moins facile de montrer que quelque chose existe : il suffit
de l’exhiber. Cela dépasse les mathématiques : on trouvera peut-être un jour
une poule avec des dents ou un canard à 3 pattes, au fin fond de l’Ama-
zonie ou dans la fosse des Mariannes. Il est donc peut-être présomptueux
d’affirmer qu’il n’en existe pas.
En mathématiques, montrer que l’on est capable de tracer une figure, ou
qu’il existe une formule, peut se démontrer en le faisant. Comment fait-on
pour montrer qu’il n’existe aucun moyen de le faire ?
On suppose qu’elle existe et on arrive à une contradiction. L’un des
meilleurs outils pour arriver à une contradiction est ce que l’on appelle
aujourd’hui la théorie de Galois.
Évariste Galois est vraiment un mathématicien fantasque, voici quelques
exemples :
— À 19 ans, il fit de la prison pour port illégal de costume militaire et
incitation au régicide : alcoolisé lors d’un banquet avec deux cents
personnes, dont Alexandre Dumas, il cria « À Louis-Philippe... s’il
trahit ! ».

109
109
— Il tente l’École polytechnique 3 ans avant l’âge. Il y a été refusé deux
fois. Il entre à l’École normale, mais s’y fait renvoyer à cause de ses
convictions républicaines.
— Il meurt à 20 ans lors d’un duel amoureux au pistolet. De plus, la
veille du duel, il adresse deux testaments : un républicain et un testa-
ment mathématique ! Dans ce dernier, il décrit l’état actuel de ses re-
cherches mathématiques et demanda à Auguste Chevalier de les adres-
ser à Charles G. J. Jacobi et Carl F. Gauss pour qu’ils donnent leurs
avis sur l’importance de ses résultats. Il y résume lui-même sa vie par
« l’éclatante lumière dans l’effroi de la tempête, enveloppée à jamais
de ténèbres » en latin « Nitens lux, horrenda procella, tenebris aeternis
involuta ».
La théorie qu’il a développée, permet notamment de démontrer des ré-
sultats sur :

— la résolution par radicaux des équations polynomiales ,
— le fait que des nombres comme e ou π ne peuvent pas s’écrire à par-
tir de multiplications, produits, somme et diverses racines (carré, cu-
†‡
bique...) de nombres rationnels (fractions d’entiers) ,
— les fonctions usuelles, comme le logarithme ou l’exponentielle, ne peuvent
s’exprimer simplement à partir de polynômes ou fractions polyno-
miales,
— que certaines figures sont impossibles à effectuer avec une règle et un
§
compas .

 62 Équations de degré ≥ 5
 44 Équations de degré 3 ou 4
 32 Octogone magique

∗. Généralisant sur des ensembles différents (des corps pour être précis) ou de sous
familles de polynômes les résultats d’Abel.
†. C’est-à-dire que ces nombres sont transcendants (non-algébriques) en plus d’être
irrationnels.
‡. Ces deux constantes méritent donc des noms

et notations spécifiques, contrairement
au nombre d’or φ qui n’est rien d’autre que 1+2 5 . Par contre, bien que l’on pense que l’on
ne peut pas, on ne sait pas si on peut exprimer π à partir de e ou l’inverse. Par exemple,
est-ce que e est rationnel, est une question ouverte.
π

§. On suppose souvent que la règle est non graduée mais avec une règle usuelle, qui
s’arrête au millimètre cela ne change rien.

110
110
75
75 Mathématiques
Mathématiques préhistoriques
préhistoriques
 Nombres premiers  Préhistoire  Primaire

En général, les chercheurs, et surtout ceux en mathématiques, n’aiment


pas tomber sur un os.
Pourtant, l’os d’Ishango découvert dans les années 1950, par le géologue
belge Jean de Heinzelin de Braucourt, dans des couches de cendres vol-
caniques au bord du lac Édouard dans la région d’Ishango en République
Démocratique du Congo, est une grande trouvaille ! Il est considéré comme
l’un des plus anciens vestiges mathématiques.
Il s’agit de deux os d’à peu près 10 cm et 14 cm, probablement d’humain,
de singe ou de lion, datant de plus de 20 000 ans et comportant plusieurs
incisions sur chacune de leurs faces.
Alors que certaines faces semblent illustrer des additions ou des multi-
plications par 2, l’une d’elles comprend tous les nombres premiers compris
entre 10 et 20 dans l’ordre : 11, 13, 17 et 19. Ils laissent donc penser que les
nombres premiers sont connus depuis bien longtemps !
Plusieurs chercheurs ont bien sûr alerté la communauté scientifique sur
la sur-interprétation de cet objet rudimentaire.
Si vous voulez vous faire une idée, il faudra vous rendre en Belgique.
Les os originaux sont au Muséum des sciences naturelles de Bruxelles. Une
réplique de 7 mètres de haut trône même sur la place de La Monnaie, à
Bruxelles.
Le fait que les hommes préhistoriques se servaient de bâtons pour comp-
ter est bien connu car on en a retrouvés beaucoup. Citons aussi le plus an-
cien bâton de comptage retrouvé : l’os de Lebombo. Ce péroné de babouin,
datant de plus de 43 000 ans, comporte 29 encoches. Ce dernier fut aussi
retrouvé en Afrique, dans une grotte des Monts Lebombo au Swaziland.
Les entailles ne sont cette fois pas considérées comme une preuve de l’uti-
lisation de l’arithmétique mais plutôt comme un calendrier lunaire, similaire
à certaines techniques utilisées aujourd’hui encore en Namibie.

 71 Notae Elegantissimae
 9 Forme des chiffres arabes
 36 Chère inconnue

76
76 L'effet
L’effet papillon
papillon
 Mathématicien  Paradoxe  Météorologie  Grand public

Au milieu du XIXe siècle, l’ingénieur, mathématicien et économiste fran-


çais Henri Navier et le mathématicien et physicien britannique George

111
111
Gabriel Stokes travaillent sur le mouvement des fluides. Ces travaux ont par
exemple des applications en météorologie en représentant le mouvement des
nuages dans le ciel.

Aujourd’hui, l’équation :

∂v 2
+ v ⋅ v = −  p +  v
∂t
porte leur nom : c’est l’équation de Navier-Stockes.
Pour ceux qui comprennent les symboles, elle ne parait pas si compli-
quée... Cependant la non-linéarité du terme v⋅v complique énormément la
vie aux mathématicien·ne·s. À cause de ce terme, personne n’a été capable
aujourd’hui de démontrer l’existence d’une solution (en toute généralité) !
C’est un des problèmes de l’institut Clay.
Une rumeur énonce que le mathématicien russe Grigori Perelman tra-
vaillerait sur ce problème !
Mais ne parlons pas de ça, mais des travaux d’Edward Lorenz. Lors
d’une conférence scientifique en 1972, dont le titre est :

« Le battement d’ailes d’un papillon au Brésil peut-il provoquer une


tornade au Texas ? »,

il propose un modèle simple censé avoir un comportement similaire aux


équations de Navier-Stockes. Ce modèle possède alors un comportement
très singulier : si on est dans des dispositions initiales différentes mais très
proches alors, après un certain temps, les solutions de l’équation diffèrent
totalement ! On parle de systèmes chaotiques.
Cela signifie qu’une infime variation dans la météo peut radicalement
changer l’avenir !
C’est pour cette raison qu’il créa ce que l’on appelle aujourd’hui « l’effet
papillon » avec le titre de son exposé. Il met bien sûr en évidence que lorsqu’il
parle d’effet papillon, tout autre papillon, animal, etc. peut provoquer une
tornade mais aussi l’éviter...
Plutôt que de vous montrer les équations de Lorenz ou des simulations
(des sortes de courbes en 8 très jolies), je vous propose un autre modèle
chaotique, plus simple que vous pouvez regarder avec une simple calcula-
trice.
Faites comme suit :
— Partez d’un nombre x entre 0 et 1.
— Puis,
— si x ≤ 1/2 alors multipliez le par 2 ;
— si x ≥ 1/2 calculez 2(1 − x).
∗. En simplifiant un peu et en omettant certaines parties de l’équation.

112
112
— Vous recommencez l’étape précédente avec ce nouveau nombre.
Après quelques itérations, les nombres s’éloignent. Par exemple, partir de
0, 5 et 0, 51 après 5 itérations donnent respectivement 0 et 0, 32. Sachant
que ces nombres restent toujours entre 0 et 1, l’écart est immense. Rap-
pelons qu’ici la fonction qui fait les itérations est continue. Le chaos peut
se démontrer avec un théorème que l’on appelle parfois « 3-cycle implique

chaos ».

L’effet papillon est relié à d’autres concepts plus vieux ou plus récents.
On peut par exemple aussi citer une phrase de Blaise Pascal dans ses Pen-
sées :
« Le nez de Cléopâtre, s’il eût été plus court, toute la face de la terre
aurait changé ».

 65 Le géomètre millionnaire
 103 Chasles attend... Chasles magne
 95 Dieu ne joue pas au dé

77
77 La
Lapersonne
personne moyenne
moyennen’existe
n'existepas
pas!!
 Probabilités  Art  Grand public

Un calembour anglais énonce :


« The average person is really mean. »
Les termes mean et average renvoient à la moyenne en français. On peut
donc d’abord traduire cette phrase par « la personne moyenne est vraiment
moyenne ». Cependant mean signifie aussi « méchant », on peut donc aussi
la traduire par « la personne moyenne est vraiment méchante ».

Mais qui est cette personne moyenne ?

Et bien elle n’existe pas ! Pas grave qu’elle soit méchante alors... Montrons-
le, à la fois mathématiquement et avec des exemples pratiques.
Commençons par les mathématiques et par une des caractéristiques des
individus, disons la taille par exemple. La taille d’un individu est donnée
∗. Détaillons un peu de manière technique. Il s’agit du théorème de Charkovski qui
stipule que si une fonction f admet un point x tel que x ≠ f (x), x ≠ f (f (x)) mais x =
f (f (f (x))) alors la suite (un ) vérifiant un+1 = f (un ) peut être périodique de n’importe
quelle période selon le choix du point de départ u0 . Ce théorème donne même d’autres
résultats lorsque l’on trouve des cycles supérieurs à 3.
†. Sans dire la même chose.

113
113
par une variable aléatoire X qui a la probabilité suivante d’être proche de

sa moyenne :
P(« X est proche de sa moyenne ») = q ∈]0, 1[.
Pour q = 0, 1 cela signifie qu’il y a 10% des personnes qui ont une taille

« proche » de la moyenne. Si on ajoute une autre caractéristique , comme
par exemple le nombre de cheveux Y . On a :
P(« X et Y sont proches de leur moyenne »)
=P(« X est proche de sa moyenne » et « Y est proche de sa moyenne »)
=P(« X est proche de sa moyenne »)
× P(« Y est proche de sa moyenne »)
2
=q × q = q .
De même, si on prend n caractéristiques alors la probabilité pour un in-
dividu d’avoir ses caractéristiques proches de leur moyenne est q . Cette
n

quantité tend exponentiellement vite vers 0 lorsque n devient grand : plus


on considère de critères, moins il est probable de trouver un individu moyen.
Je détaille maintenant deux exemples concrets où ces calculs auraient
fait gagner du temps à leurs protagonistes.
Dans les années 50, les ingénieurs de l’armée américaine doivent conce-
voir des cockpits pour les avions de chasse avec un positionnement parfait
des pédales, joysticks, du siège, du pare-brise... À cette fin, à partir des
données physiques de 4 000 pilotes, ils basent leurs plans sur un individu
médian à partir de ces données. Malheureusement aucun pilote n’était à
l’aise dans ce cockpit : construire un cockpit pour le pilote moyen s’est
résumé à construire un cockpit pour aucun des pilotes...
Une dizaine d’années plus tôt, l’artiste Abram Belskie et l’obstétricien
Robert Latou Dickinson réalisent deux statues, une femme et un homme,
basées sur les mensurations moyennes de l’époque. Ils organisent par la
suite un concours pour trouver la ou les personnes ressemblant à ces deux
modèles. Même si plusieurs milliers de personnes participent, personne ne
ressemble à leurs deux constructions.

 59 Rien ne sert de courir ; il faut partir à point


 17 Paradoxe de Simpsons
 85 Une erreur classique de probabilité

∗. Pour les plus matheux, ici au lieu de fixer la taille d’un intervalle de crédibilité, je
fixe le quantile associé.
†. Que l’on supposera indépendante pour simplifier, même si bien sûr, elles ne le sont
pas toujours. Par exemple, le poids et le tour de taille ne le sont pas.

114
114
78
78 Le
Leformalisateur
formalisateur
 Mathématicien  Notation  Lycée

Connaissez-vous le mathématicien Nicolas Bourbaki ?


C’est à lui que l’on doit des notations comme :


pour les implications et :


pour les équivalences. Mais aussi la vulgarisation des symboles « quel que
soit » :


et « il existe » :


ou encore des termes tels que « partition », « injectif », « boule » ou « fac-

toriel ».
Ce mathématicien est connu pour avoir essayé de formaliser (de manière
un peu excessive) les mathématiques et de rédiger une œuvre qui poserait
la base des mathématiques, à partir des axiomes, de manière très formelle
et rigoureuse.
Cela s’inscrit après la Première Guerre mondiale qui a vu la mort de plu-

sieurs mathématicien⋅ne⋅s en devenir et qui laissa un trou dans les connais-
sances universitaires.
Ce nom reste souvent dans le langage mathématique, on parle d’approche
« bourbakiste » lorsque l’on formalise un peu trop les choses.
Pour finir, ce mathématicien n’a jamais existé ! Il n’a pas été inventé par
moi mais par un groupe de mathématicien⋅ne⋅s, parfois anonymes, qui ont
écrit collectivement les ouvrages que j’ai évoqués pour les mêmes raisons.

 42 Astérisque et Obèle
 5 Le pli cacheté 11-668
 36 Chère inconnue

∗. Au passage 2! se lit « factorielle 2 » et non « 2 factorielle » car c’est une fonction.


†. Malheureusement d’autres conflits ont eu leurs morts comme par exemple Maurice
Audin ou Wolfgang Doeblin.

115
115
79
79 Théorème
Théorème de
de la
la dictature
dictature et
et libéralisme
libéralisme
 Mathématicien  Démocratie  Grand public

Après Nicolas Condorcet et son célèbre paradoxe, la question d’un sys-


tème électoral idéal se pose.

Lors de sa thèse de doctorat, le prix Nobel d’économie Kenneth Arrow
propose une réponse à cette question.
Il étudie les systèmes électoraux, c’est-à-dire des procédures pour le choix

du vainqueur en fonction des votes individuels. Il se base sur trois pro-
priétés très naturelles que doit, selon lui, vérifier un système électoral. Ces
dernières sont :
— Quels que soit les votes des personnes, il y a toujours un unique vain-
queur.
— Avoir plus de votes en la faveur d’un⋅e candidat⋅e, qui aurait gagné,

ne peut pas changer le résultat .
— Si un candidat A est préféré à un autre B, dans le choix donné
{A, B}, alors la présence d’un 3e candidat C, qui transforme le choix
en {A, B, C}, ne doit pas rendre B préférable à A.
Il démontre mathématiquement que, sous ces hypothèses, le seul système
électoral possible est la dictature !
Avec ce type d’outils mathématiques, K. Arrow a introduit la théorie du
bien-être. Cette dernière lui permet de justifier et compléter la célèbre main
invisible d’Adam Smith. Plus précisément, il démontre, qu’avec sa modéli-
§
sation , une concurrence pure et parfaite entre les entreprises, c’est-à-dire

sans contrôle de l’état, est optimale pour la création de richesse. Attention
à lire cette assertion dans le bon sens. Elle ne dit pas qu’il est nécessaire
d’avoir une concurrence parfaite mais bien que celle-ci est suffisante !
K. Arrow démontre ainsi que l’on peut atteindre n’importe quelle situation
optimale à l’aide d’une planification sociale appropriée. Il incite donc à jouer
sur les allocations initiales des individus pour atteindre des objectifs.
Après cette parenthèse sur le libéralisme, revenons à notre urne !
∗. Qui, rappelons-le, n’est pas un prix créé par Alfred Nobel mais est néanmoins
décerné par l’institut Nobel et le roi de Suède. Le nom officiel de ce prix est « prix de la
Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel ».
†. Ou même des vainqueurs ou d’aucun vainqueur.
‡. Mathématiquement, on parle d’optimum de Pareto.
§. Petit mot dans cette phrase, loin d’être anodin, ce terme rappelle que les conclusions
mathématiques reposent toujours sur des hypothèses. Il faut donc être vigilant lorsque
l’on souhaite les utiliser en pratique.
¶. Comme dans son théorème sur la dictature, il s’agit d’un problème d’optimisation
multi-critère. Cela signifie que l’on ne cherche pas à maximiser une seule quantité mais
plusieurs. La solution optimale ici n’est donc pas un nombre maximum mais un optimum
de Pareto, c’est-à-dire que l’on ne peut plus favoriser un critère sans en défavoriser un
autre.

116
116
Citons un complément du théorème d’Arrow : le théorème de Gibbard-
Satterthwaite. Ce dernier, démontré en 1973, est sur les types de suffrages
possibles correspondant à classer par ordre de préférence les différentes op-
tions. Il énonce que quelle que soit la méthode démocratique pour déter-
miner l’option vainqueur à partir des votes des électeurs, dès qu’il y a au
moins 3 options possibles, on peut trouver une situation dans laquelle cer-
tains électeurs ont intérêt à choisir un vote qui ne reflète pas leur opinion
véritable. Ceci est malheureusement typiquement le cas pour la plupart des
systèmes électifs en France.
Pour finir, nous noterons que la solution à ces problèmes mathématiques
peut être plus simple qu’on ne le pense. En effet, la démocratie ne s’exprime
pas seulement par le vote. En particulier, Platon écrit, dans La République,
qu’à son avis, la « démocratie apparaît lorsque les pauvres, ayant emporté la
victoire sur les riches, massacrent les uns, bannissent les autres, et partagent
également avec ceux qui restent le gouvernement et les charges publiques ;
et le plus souvent ces charges sont tirées au sort. »
Il est bien évidement possible de combiner les deux, tirer au sort une des
solutions dans la méthode de Condorcet, par exemple.

 46 Paradoxe électoral
 90 On ne peut pas faire plaisir à tout le monde
 91 Alice au pays des mathématiques

80
80 Money
Money Money
MoneyMoney
Money
 Argent  Sport  Informatique  Collège

Nous allons voir comment avec un simple problème de pièces, on passe


facilement d’un vieux problème antique bien connu aux problèmes informa-
tiques importants actuels en passant par le rugby et le Mac Donald !
Imaginez qu’une monnaie ne possède que deux valeurs de pièces : par
exemple des pièces de 3 e et des pièces de 5 e. On voit tout de suite qu’il y
a des montants que l’on ne peut pas produire comme 4 ou 7 e. Cependant,
on peut voir que l’on peut effectuer tout montant supérieur à 7 e.
Pour d’autres valeurs de pièces, on peut aussi montrer que tous les mon-
tants ne sont pas accessibles. Un théorème de Schur assure néanmoins que
si les valeurs des pièces sont des nombres premiers entiers, alors il existe
un nombre maximal, appelé nombre de Frobenius (7 dans mon exemple), à

partir duquel on peut faire tous les montants .
∗. On montre très facilement que la condition de primalité est nécessaire. Je laisse la
démonstration de ce fait en exercice au lecteur sérieux !

117
117
Le calcul de ce nombre arrive dans d’autres contextes que la monnaie :
— Un nombre n est dit McNugget si l’on peut, en choisissant bien ses
boîtes de Chicken McNuggets, acheter exactement n nuggets. Les
boîtes classiques contiennent 6, 9 ou 20 nuggets. un calcul rapide
montre que le nombre de Frobenius est 43 et donc tous les nombres
plus grands que 44 sont des nombres McNugget.
— Dans le rugby à XV, on ne peut marquer que 3, 5 ou 7 points. Le
nombre de Frobenius est de 4.

Combien vaut ce nombre ?

Encore un beau problème mathématique : question simple mais résultat


partiellement connu.
Dans le cas, où il n’y a que deux pièces, cela revient à résoudre une
équation diophantienne :
ax + by = c.
Ces équations ressemblent aux premières que l’on peut voir au collège.
Comme nous cherchons des solutions entières, c’est plus compliqué et leur

résolution, qui date du IIIe siècle, repose sur le lemme de Bézout .
S’il y a plus de deux valeurs de pièces, il n’existe pas de formule.
Il faut donc utiliser des algorithmes pour y arriver. Ces derniers se font
en temps polynomiale en la valeur des pièces mais de façon non-polynomiale
en nombre de valeurs différentes.
Ne pas confondre ce problème avec le problème du rendu de monnaie :
étant donné ces pièces, comment rendre un montant donné de façon op-
timale, c’est-à-dire avec le nombre minimal de pièces ? Ce dernier est NP-
complet. C’est-à-dire, en particulier, que trouver un algorithme efficace pour
ce problème est récompensé d’un million de dollars par l’institut Clay.

 50 Matheux à deux balles


 2 Équations de degré 1 ou 2
 29 Pythagore, Fermat et Wiles : les années passent et ne se ressemblent
pas

∗. Ce qui permet de faire la blague : à force de faire du Bézout, on finit par faire du
Gauss.

118
118

81
81 Calcul
Calcul algébrique
algébrique dede 2
√2


 Mathématicien  Arithmétique  Collège

1
2=1+ 2+ 1
2+ 1
1
2+ 2+...
√ √
Voici√une méthode pour calculer 2. Comme 1 < 2 < 4, on a 1 < 2 < 2
et donc 2 = 1, ... Pour voir ce qu’il y a dans les points de suspension, nous
allons les étudier en détails.
On a :


√ √ 2+1
0, ... = 2 − 1 = ( 2 − 1) × √
√ √
2+1
( 2 − 1)( 2 + 1)
= √
2+1
√ 2 2
2 −1
= √
1+ 2
1
= √ .
1+ 2
On a donc la formule suivante :
√ 1
2=1+ √ .
1+ 2
Puis en itérant,
√ 1 1 1
2=1+ 1√
=1+ 1√
=1+ 1
.
1+1+ 1+ 2
2+ 1+ 2
2+ 1
2+ 2+...

On peut donc approcher 2 en remplaçant les points de suspensions par
zéro à tout moment. On obtient successivement, comme approximation 1
puis :
1 3
1 + = = 1, 5 ;
2 2
puis
1 2
1+ = 1 + = 1, 4 ;
2+ 1 5
2
et encore :
1 5
1+ =1+ = 1, 4166...
2+ 1 12
2+ 12

119
119
On peut encore continuer ainsi. Ce type de développement s’appelle dévelop-
pement en fraction continue. On pourra discuter de leurs propriétés pendant
très longtemps : écriture indépendante du choix de la base, développement
fini pour les rationnels, périodique pour les nombres algébriques. . .
Ce type de formules a aidé le mathématicien indien Srinivasa Ramanujan
à impressionner ses homologues européens. En effet, en 1913, à l’âge de
26 ans, ce dernier envoie des lettres à plusieurs chercheurs britanniques.
Godfrey Harold Hardy reçoit ainsi une lettre de neuf pages, qu’il prend
d’abord pour une mystification, remplie de formules qu’il connaît et d’autres
totalement inconnues. C’est le cas en particulier, de la plupart des fractions
continues de la dernière page du manuscrit. Il aurait même dit, à propos de
ces dernières,

« Ces théorèmes doivent être vrais, car s’ils n’étaient pas vrais, personne
n’aurait assez d’imagination pour les inventer. »

Il invita donc S. Ramanujan à le rejoindre à Londres ce qu’il fit . Avant
son départ, il aurait contracté une maladie endémique à l’Inde : l’amœbose.
Il est donc souvent malade en Angleterre. Lors d’un de ses séjours à l’hôpital,
G. H. Hardy lui rend visite et vient alors un échange mémorable entre les
deux mathématiciens. À son arrivée, l’Anglais annonce :
« Mon taxi était immatriculé 1729 (...) un nombre qui me semble sans
intérêt, j’espère que ce n’est pas un mauvais présage pour ma visite d’au-
jourd’hui. »
« Non » lui répondit S. Ramanujan, « c’est un nombre très intéressant ;
c’est le plus petit nombre égal à la somme de deux cubes de deux façons
différentes. »
Comme presque toutes les légendes mathématiciennes, S. Ramanujan
meurt jeune. À 32 ans, il décède en effet de son amœbose en Inde.


 26 Calcul de 2
 41 Taxi et géométrie non-euclidienne
 72 Vous m’avez dit de dire Hardy !

∗. Un an plus tard. Ce dernier était très religieux et refusa tout d’abord pour prendre
soin de sa famille mais finit par accepter suite à un rêve de sa mère.

120
120
82
82 N
Neutralité
eutralité idéologique
idéologiquedesdes
mathématiques et
mathématiques
nazisme
et nazisme
 Mathématicien  Histoire  Lycée

On pense souvent que l’enseignement des mathématiques est neutre,


surtout politiquement. On peut en effet facilement penser que l’histoire et
la littérature ont un fort potentiel pour endoctriner les jeunes.
Et bien, détrompez-vous ! Les mathématiques peuvent (plus ou moins
implicitement) servir à nourrir une idéologie. Voici quelques exemples réels :
— « L’entretien d’un malade mental coûte 8 Reichsmarks par jour. Com-
bien de Reichsmarks ce malade mental aura-t-il coûté au bout de
40 ans ? »
— « La construction d’un asile d’aliénés a coûté 6 millions de Reichs-
marks. Combien de pavillons à 15 000 Reichsmarks chacun aurait-on
pu construire pour cette somme ? »
— « En 1914, la superficie de l’Empire (Reich) allemand était de 540 000
kilomètres carrés et sa population de 65 millions d’habitants. Quelle
était la densité (nombre d’habitants par kilomètre carré) ?
En 1937, le Reich allemand était peuplé de 68 millions d’habitants
pour 471 000 kilomètres carrés. En 1938 vivaient dans la Grande Al-
lemagne (Grossdeutschland) 78 millions d’habitants pour 583 000 ki-
lomètres carrés. Calculer les densités de population. »
Ces exercices, et bien d’autres, ont été donnés en Allemagne nazie. Ils
ont sûrement été approuvés par le mathématicien nazi Oswald Teichmüller
fièrement mort au combat après avoir empêché de brillants mathématiciens
juifs allemands d’enseigner. Aujourd’hui, certains ensembles mathématiques
portent son nom et des débats existent sur le fait d’honorer sa personnalité
en travaillant avec ses objets mathématiques.
Quelques mathématiciens de l’époque mettait néanmoins en dérision ce

genre de pratique. Ce fut par exemple le cas de Richard von Mises qui
utilisait de manière ironique les questions de races pour animer ses cours de
probabilités.

 20 Winston Churchill et les statistiques


 5 Le pli cacheté 11-668
 35 Des camps au champs

∗. On lui doit notamment une tentative veine d’axiomatiser les probabilités. La théorie
d’Andreï Kolmogorov est en effet celle que les mathématiciens utilisent aujourd’hui.

121
121
83
83 Amazing
Amazing Grace
Grace et le bug
et le bug informatique
informatique
 Mathématicienne  Ordinateur  Grand public

Après un doctorat en mathématiques et pendant la Seconde Guerre mon-


diale, Grace Hooper s’engage dans la marine américaine pour devenir l’une

des pionnières en informatique. Elle crée notamment, avec IBM , le langage
COBOL en 1959, avec l’idée qu’un programme informatique doit être écrit
dans un langage plus proche de celui que l’on utilise que de celui des as-
sembleurs. Pour ses capacités en informatique, on la surnomme aujourd’hui
Amazing Grace.

On lui attribue souvent le terme bug en informatique, qui sert à dési-

gner un dysfonctionnement à travers le mot anglais « punaise » . Même si
elle ne l’a pas vraiment initié, elle a, en effet, contribué à sa popularité avec
un rapport officiel maintenant célèbre. Alors qu’elle cherchait, en vain, à
comprendre pourquoi son programme informatique, codé dans l’un des pre-
miers ordinateurs électromécaniques, ne fonctionnait pas, des ingénieurs ont
finalement trouvé que le mauvais fonctionnement provenait d’un mauvais
contact entre des relais. Elle trouva alors un insecte mort dans l’ordinateur
en réparation. Elle le scotcha dans son rapport avec le calembour :

« Premier cas réel de bug trouvé. »

Le terme bug date de bien avant l’ordinateur, on l’utilisait en mécanique


depuis au moins avant les années 1870. Thomas Edison utilisait déjà le mot
dans ses notes.

 63 Le dada d’Ada : coder


 61 G. Kasparov : des échecs et des réussites
 8 La médaillée Fields

∗. Comme cette anecdote est courte, je me permet d’en ajouter un peu sur IBM.
Saviez-vous que dans le film 2001, l’Odyssée de l’espace, l’ordinateur, qui s’en prend à
son équipage, s’appelle HAL en référence à IBM : les lettres H, A, L sont en effet les lettres
qui précèdent respectivement les lettres I, B, M dans l’alphabet. Le célèbre écrivain de
science-fiction et créateur du mot robotique, Isaac Asimov a quitté la salle de cinéma
furieux lorsque HAL est devenu méchant : il était convaincu qu’il ne fallait pas que le
public ait peur des robots. Finalement, HAL est, en autre, un serveur de pré-publications
scientifiques, accessibles à tous, créé par des chercheu·rs·ses français·es.
†. Ou « bogue ».
‡. Mais qui désigne aussi plus globalement un petit insecte, voir des microbes.

122
122
84
84 Le pas con
Le pas con et
et le
le Lyonnais
Lyonnaisbienséant
bienséant
 Mathématicien  Paradoxe  Géométrie  Collège

Mort à 33 ans pour cause de surmenage, le mathématicien français


Pierre-Laurent Wantzel est peut-être moins connu que ses deux collègues
N. H. Abel et E. Galois, tous deux décédés très jeunes également, mais est
tout aussi talentueux. En effet, au courant des travaux d’Abel mais pas de
ceux de Galois, il démontre à lui seul un théorème qui réglera quasiment
tous les problèmes géométriques de construction à la règle et au compas.
Le théorème de Wantzel établit un lien entre les figures constructibles
à la règle et au compas et les propriétés algébriques de certaines de leurs
mesures.
Prenons un exemple simple :

Peut-on tracer un polygone régulier à la règle et au compas ?

La question est simple mais la réponse est surprenante !


À l’aide du théorème de Wantzel, on peut démontrer qu’un polygone à
n côtés est constructible à la règle et au compas si et seulement si n est le
produit d’une puissance de 2 et de nombres premiers de Fermat distincts.
C’est-à-dire que :

n = 2 × (2 + 1 = × ⋅ ⋅ ⋅ × (2
21 2
k km
+ 1),
p

2 2
k km
pour des entiers naturels p, k1 , . . . , km tel que 2 1 + 1, . . . , 2 + 1 sont des
nombres premiers disjoints.
Ce résultat est nommé théorème de Gauss-Wantzel, de C.F. Gauss qui
avait remarqué et conjecturé cette propriété et de P.-L. Wantzel qui le dé-
montra une trentaine d’années plus tard.
Notons qu’aujourd’hui, nous ne connaissons que 3, 5, 17, 257 et 65537
comme nombres premiers de Fermat. Nous ne connaissons donc que peu de
polygones constructibles avec un nombre de côtés impairs.
Par exemple pour les polygones à moins de 20 côtés, tous les polygones

sont constructibles hormis l’heptagone (i.e 7 côtés), l’ennéagone (i.e 9 cô-
∗. À ne pas confondre avec un vieux Lyonnais (aîné et gone).

123
123

tés), l’hendécagone (i.e 11 côtés), le tridécagone (i.e 13 côtés), le tétradé-

cagone (i.e 13 côtés), l’octadécagone (i.e 18 côtés), l’ennéadécagone (i.e
19 côtés).
Vous pourrez maintenant faire le malin en disant à votre entourage ce
soir :
« Tu serais capable de me faire un heptadécagone ? Je suis sympa, je ne
t’ai pas demandé un hendécagone. »

 100 Trois problèmes antiques de géométrie


 74 Un génie romantique
 54 Le théorème de Napoléon

∗. Ne pas confondre avec un dinosaure.


†. Ne pas confondre avec les vieux Lyonnais qui arrêtent de boire des cafés avant 17h
parce que sinon ils n’arrivent pas à dormir (l’aîné à déca gone).

124
124
85
85 une
Une erreur
erreur classique
classiquedede
probabilité
probabilité
 Erreur  Probabilités  Dérivées  Lycée

P
J’entends souvent l’erreur de raisonnement suivante : si dans un groupe

de 1000 personnes, chaque personne a une chance sur 100 d’être centenaire
alors la probabilité qu’il y en ait au moins une dans le groupe vaut 1000/100.
Cette probabilité dépasse largement 1, c’est donc plus que certain qu’il y en
a une !

Bon déjà, je suis sûr à 200% qu’une probabilité ne peut pas dépasser 1 .
Sans donner toute la définition mathématique rigoureuse, une probabilité
est au moins un nombre entre 0 et 1, qui aura pour but de mesurer les
chances que quelque chose se produise.
Dans mon exemple, on a n personnes qui ont chacune une probabilité p
de satisfaire quelque chose. La probabilité qu’au moins une personne vérifie
cette chose est donnée par la formule, malheureusement un peu moche,
suivante :
1 − (1 − p) .
n

Cette dernière s’obtient facilement en considérant l’évènement inverse (au-


cune personne ne vérifie cette propriété).
Néanmoins, peut-on aller au-delà de la critique facile des personnes qui
se trompent et annoncent que cette probabilité est n × p :

se trompent-elles sans raison ?

Ou y a-t-il, sans qu’elles ne s’en rendent nécessairement compte, une


once de vérité dans cette maladresse ?

Creusons la question !

Si le nombre de personnes n est fixé, et que la probabilité p est petite


alors on peut montrer que :

1 − (1 − p) ≈ np.
n

Cela a donc totalement du sens, dans certain cas, d’approcher cette pro-
babilité par le produit. La formule précédente est un simple exercice de
∗. L’exemple présent est faux, seuls les chiffres et le raisonnement comptent ici.
†. Vous sentez l’ironie ?

125
125
première : on peut reconnaître la dérivée de la fonction f ∶ p ↦ (1 − p) en
n

0. En effet, nous avons :


f (p) − f (0) (1 − p) − 1
−n = f (0) = lim
n

= lim .
p→0 p−0 p→0 p
Pour n = 10 personnes et p = 1/1000 est petit, par exemple, alors :
1
= 0, 01, 1 − (1 − p) = 0, 00995512...
n
np =
100
Nous ne sommes donc pas très loin !
Ok, mais les personnes utilisent cette approximation pour déterminer le
seuil de personnes n pour lequel cette probabilité passe à 1. Typiquement
n = 1/p. Mais si p est petit alors n est grand et cela contredit l’hypothèse
mathématique de n fixé. En remplaçant n par 1/p dans notre formule pré-
cédente, on remarque qu’il faut voir comment se comporte la quantité :

1 − (1 − p)
1/p

lorsque p devient petit, ou de manière équivalente, comment se comporte la


quantité suivante, lorsque n devient grand,
1 n 1
1 − (1 − n ) = 1 − exp (n ln (1 − n )) .

Sans être trop rigoureux ici, on peut utiliser, comme ci-dessus, la dérivée du
logarithme en 1, pour trouver que :
1
n ln (1 − n ) ≈ −1

et donc lorsque np ≈ 1 et p est petit, la probabilité qu’au moins une personne


vérifie ce que l’on veut est approximativement :
−1
1−e ≈ 0, 632120559...
C’est-à-dire environ 63%... On est loin du plus que certain annoncé !
Bon par contre, le même calcul, mais en considérant np ≈ 3 (et toujours
p petit, n grand), montre que la probabilité dépasse les 95%. Donc si np
dépasse 10, comme dans mon exemple des premières lignes, sans être sûr à
100%, il y a quand même de très très fortes chances que cela soit vrai...
Pour conclure, la prochaine fois qu’on vous dira que c’est sûr parce que
la probabilité dépasse 1, vous pourrez répondre que non... Pour être certain,
il faut qu’elle dépasse 3 !

 27 Tous cousin·e·s ?
 23 Plouffe !
 87 Paradoxe de Bertrand

126
126
86
86 Multiplication
Multiplication russe
russe
 Calcul mental  Binaire  Collège

Pour être un expert en calcul mental, il faut souvent connaître plusieurs


techniques algorithmiques. Je vous en détaille une, communément appelée
multiplication russe.
Pour effectuer une multiplication a × b, il faut diviser successivement
par 2 le premier membre a et les quotients obtenus, jusqu’à un quotient nul,
tout en gardant les restes. Parallèlement, il faut multiplier par 2 le deuxième
membre b. On additionne alors les multiples obtenus si les restes associés
sont non nuls.
Cela peut paraître compliqué mais détaillons l’exemple 13 × 123.

division quotient reste produit par 2


13/2 6 1 123
6/2 3 0 246
3/2 1 1 492
1/2 0 1 984

En additionnant les nombres de la dernière colonne dont le reste de la même


ligne est non nul, on trouve :

123 + 492 + 984 = 1599.

Nous avons bien 13 × 123 = 1599.


Cette méthode revient tout simplement à décomposer 2 en binaire puis
à développer le produit.
Cette technique est assez vieille, on en retrouve certaines traces dès
l’Égypte antique. En effet, le sage Ahmès expose les connaissances mathéma-
tiques de son temps, dont ce type de méthodes, dans le papyrus « Rhind »,
datant du XVIIe siècle avant J.-C. (env. -1650).
Ce type de méthode est implémenté numériquement pour calculer ra-
pidement des puissances ; il s’agit de l’algorithme d’exponentiation rapide,
aussi nommé square-and-multiply.

 49 Mélange par coupes et tour de magie


 99 Comptez avec les doigts
 38 ...999 = −1

127
127
87
87 Paradoxe
Paradoxe de
de Bertrand
Bertrand
 Paradoxe  Probabilités  Lycée

√ †uniformément au ha-

Quelle est la probabilité pour qu’une corde tirée
sard sur un cercle de rayon 1 soit plus grande que 3 ?

Sans rentrer dans les détails, on peut facilement trouver 1/2, 1/3 ou 1/4

avec des méthodes différentes et sans erreurs .
Quel est le problème ?
Le problème est que la question ne veut rien dire. La définition de « tirer
uniformément une corde au hasard sur un cercle » n’est pas décrite. Il n’y a
pas de façon naturelle de le définir et selon ce que l’on choisit comme défini-
tion, on trouve un résultat différent. Comme dirait Nicola Cufaro Petroni :
« Thou shalt not say « at random » in vain ! »
dans un court article baptisé ainsi. Ce mathématicien italien revient aussi
sur l’aiguille de Buffon : en jetant un paquet d’allumettes sur votre par-
quet vous pouvez trouver une estimation de π en comptant le nombre d’al-
§
lumettes qui est à cheval sur deux planches de parquet . La proportion
d’allumettes à prendre en compte en fonction des lames de parquet dépend
aussi de comment on considère que les allumettes tombent au hasard. . .

 55 Paradoxe de Monty Hall


 47 Paradoxe du singe savant
 95 Dieu ne joue pas au dé

∗. Je rappelle qu’une corde sur un cercle est un segment dont les extrémités sont sur
le cercle.
†. Nombre qui correspond au côté du triangle équilatéral inscrit dans le cercle.
‡. Ou presque, comme expliqué, ci-dessous.
§. D’après l’expérience proposée par Georges-Louis Leclerc de Buffon, la proportion
d’allumettes touchant les lames du parquet tend vers 2/(πL) avec  la longueur de
l’aiguille et L celle entre deux lames de parquet.

128
128
88
88 Les
Les maths,
maths, ce
ce n'est
n’est pas
pas pour
pour les
les filles
filles ??
 Biais  Géométrie  Gand public

« C’est un garçon, il est plus scientifique, c’est une fille, elle est plus
littéraire. »

Combien de fois pouvons-nous entendre ce type de lieu commun ? D’un


point de vue personnel, j’ai l’impression que l’on justifie le comportement

de mon enfant à partir de son sexe depuis sa naissance sans que je n’en
comprenne la raison.
Pour les mathématiques, existent-ils des études prouvant que les garçons

sont meilleurs en mathématiques ? Comme vous pouvez vous en douter ,
‡ §
la majorité des études ne trouvent, dans les premières années d’études ,
aucune différence notable entre les facultés des garçons et des filles. On en
trouve cependant certaines par la suite. Par exemple, les filières scientifiques
sont majoritairement choisies par les garçons.
Comme le stéréotype que « les filles sont moins fortes » existe, il entraîne
plusieurs biais dans l’enseignement des mathématiques. On a par exemple

mesuré que le sexe influe sur la note , mais pas seulement.
J’apprécie particulièrement les résultats de l’expérience de Pascal
Huguet et d’Isabelle Regner en 2007. Elle est exécutée dans une classe de
40 élèves, 20 garçons et 20 filles. On leur présente un exercice sur une fi-

gure de type figure de Rey-Osterrieth . Cependant, on présente cet exercice
comme un exercice de géométrie à la moitié de la classe et comme un exercice
de mémorisation à l’autre moitié. Les résultats sont comme suit :
Notes moyennes (sur 44) Géométrie Mémorisation
Garçons 24 19
Filles 20 24

Les filles ont ainsi une meilleure moyenne que les garçons quand l’exercice
n’est pas représenté comme un exercice de mathématiques. Ces auteurs
ont testé d’autres groupes avec plusieurs variantes (nombre d’élèves, classes
∗. Je n’utilise pas le mot « genre » ici intentionnellement pour bien souligner que de
mon point de vue, on le juge bien sur des caractères sexuels et non sur une construction
sociale.
†. Au ton que j’utilise.
‡. Françaises ou internationales.
§. Maternel et primaire.
¶. On peut par exemple lire Les évaluations des performances en mathématiques sont-
elles influencées par le sexe de l’élève ? de Dominique Lafontaine et Christian Monseur.
‖. Cette figure est composée de 18 figures élémentaires organisés en trois parties : une
forme globale (un grand rectangle), des éléments externes (carrés, croix, triangles), et
des éléments internes à la forme globale (lignes, ronds..). Elle est utilisée pour des tests
neuropsychologiques pour évaluer des capacités visuo-spatiales et visuo-constructives, la
mémoire non verbale, l’attention...

129
129
mixtes ou non, dessin à la place de mémoire...) mais retrouve toujours cette
mixtes ou de
différence non, dessin
notes
∗ à la place de mémoire...) mais retrouve toujours cette
.

différence de notes . illustre bien l’effet Golem † : les filles finissent par être
Cette expérience †
Cette
moins expérience
bonnes que les illustre bienenl’effet
garçons Golem : lesparce
mathématiques filles qu’un
finissent par être
stéréotype
moins bonnes
l’énonce... que les garçons en mathématiques parce qu’un stéréotype
l’énonce...

 8 La médaillée Fields

 863La
Lemédaillée Fields
dada d’Ada : coder

 68 La George Sand: des
63 Le dada d’Ada coder
mathématiques
 68 La George Sand des mathématiques

89
89 Faut-il se fier à ce que l’on constate ?
89 Faut-il

Faut-il se
se fier
fierààce
Mathématicien 
ceque
quel’on
l'onconstate
Activité
constate

? ?
Probabilités  Statistiques  Grand public
 Mathématicien  Activité  Probabilités  Statistiques  Grand public
Durant la Seconde Guerre mondiale, la Royal Air Force souhaitait amé-
Durant
liorer la Seconde
la robustesse deGuerre mondiale, laLeRoyal
ses bombardiers. Air Force
but était de lessouhaitait
renforceramé-
aux
liorer la robustesse de ses bombardiers. Le but était
endroits les plus fragiles. Paradoxalement, le grand mathématicien de les renforcer aux
et sta-
endroits les plus fragiles. Paradoxalement, le grand mathématicien
tisticien Abraham Wald recommandait de blinder les appareils aux endroits et sta-
tisticien Abraham
où les avions Wald des
revenant recommandait de blinder les
combats présentaient le appareils
moins deaux endroits
dommages.
où les avions revenant
Contrairement aux ailes, despar
combats présentaient
exemple, qui étaientle fortement
moins de percées.
dommages.La
Contrairement
raison est simple aux: les
ailes, par exemple,
avions qui endroits
touchés aux étaient fortement
fragiles nepercées. La
revenaient
raison
pas... est simple : les avions touchés aux endroits fragiles ne revenaient
pas...
C’est ce que l’on appelle le biais du survivant : il faut faire attention à
C’est
ce que l’once observe.
que l’on appelle le biais du survivant : il faut faire attention à
ce que l’on observe.
Ce n’est pas parce que la plupart des chats accueillis chez les vétérinaires
Ceà n’est
suite pas parce
une chute que la plupart
d’immeuble de plusdes
dechats accueillis
6 étages ont, en chez les vétérinaires
général, moins de
suite à une
séquelles quechute
ceuxd’immeuble de plus
accueillis après une de 6 étages
chute ont, de
de moins en six
général, moins
étages, de
que les
séquelles que ceux accueillis après une chute de moins
chats résistent mieux à la hauteur. C’est simplement car on amène ni unde six étages, que les
chats
chat quirésistent
n’a rienmieux
après àunela petite
hauteur. C’est
chute simplement
ni un chat mort car chezon sonamène ni un
vétérinaire.
chatLequi n’a rien après une petite chute ni un chat mort chez son
biais du survivant fait partie de la longue liste des biais d’observation. vétérinaire.
Le biais
En voicidu unsurvivant fait partie de lalelongue
autre : connaissez-vous Betamaxliste?des biais d’observation.
En format
Ce voici unrévolutionnaire,
autre : connaissez-vous
lancé parleSony,
Betamax
aurait? pu s’imposer dans les
Ce format
années 80 à la révolutionnaire,
place des VHS ‡ .lancé
‡ par Sony,
Cependant ce neaurait
fut paspu les’imposer dans les
cas. Aujourd’hui
années 80 à la place des VHS . Cependant ce ne fut pas
plusieurs personnes font des hypothèses sur la non-réussite de ce format le cas. Aujourd’hui
plusieurs
(son prix, personnes font des hypothèses
le temps d’enregistrement, voiresur la non-réussite
le peu de ce format
de films pornographiques
(son prix, le temps d’enregistrement, voire le peu de films
disponibles en Betamax)... Mais la solution n’est peut-être que le fruit du pornographiques
disponibles
hasard. en Betamax)... Mais la solution n’est peut-être que le fruit du
hasard.
∗. Dans une étude de 2001, on retrouvait déjà une différence de notes, entre les élèves
∗. Dans comme
considérés une étude
bons de ou
2001, on retrouvait
mauvais, avec ledéjà
même unetype
différence de notes,Les
d’expérience. entre les élèves
« mauvais »
considérés comme bons
élèves réussissaient mieux ouunmauvais,
exerciceavec le même type quand
de mathématiques d’expérience.
celui-ciLes « mauvais
n’était pas pré-»
élèves réussissaient
senté en mieux un exercice de mathématiques quand celui-ci n’était pas pré-
tant que tel.
senté
†. en
Ontant
parleque tel.d’effet Pygmalion même si cette dénomination est plus utilisé lorsque
aussi
†. On parle
la prophétie aussi d’effet Pygmalion
autoréalisatrice provoque même si cette dénomination
une amélioration est plus d’un
des performances utilisé lorsque
sujet.
la prophétie autoréalisatrice
‡. i.e. celui provoque
des cassettes que une amélioration
l’on insérait des performances
dans les magnétoscopes d’un
(lancé parsujet.
JVC).
‡. i.e. celui des cassettes que l’on insérait dans les magnétoscopes (lancé par JVC).

130
130
130
En effet, nos films, chansons et plats préférés sont naturellement guidés
par nos interactions sociales. Les choses qui s’imposent comme nos préfé-
rences en sont des conséquences. Est-ce parce qu’elles sont meilleures où
n’est-ce que le fruit du hasard ?
Voici une expérience mathématique modélisant ce phénomène. Prenez
une urne avec deux boules : une rouge et une bleue. Cela peut par exemple
modéliser deux personnes possédant chacune un téléphone de marque diffé-
rente. Une troisième personne arrive, quel téléphone va-t-elle choisir ? Elle
va se faire naturellement influencer par un·e de ses ami·e·s. Cette per-
sonne a autant de chance d’être l’une ou l’autre de nos personnes. Pour
prendre en compte cette interaction, tirons au hasard une boule dans notre
urne. La boule tirée représentera l’ami·e qui influencera la troisième per-
sonne. Si la boule tirée est rouge ajoutez une boule rouge dans l’urne (et une
bleue sinon). Continuez ainsi, vous constaterez que la proportion de boules
bleues se stabilise et celle des rouges aussi. Cependant ces proportions sont
différentes : l’une reste bien majoritaire.
En conclurez-vous que la dominante est meilleure que la dominée ?
Bien sûr que non, les deux ont la même chance de dominer l’autre.
En fait, la proportion de boules d’une couleur tend à être uniformément

distribué entre 0 et 1 . Ce modèle s’appelle les urnes de Polya. Le résultat
final n’est dicté que par l’aléa des premiers tirages.
Et si la réussite d’un produit ou d’une personne ne tenait qu’à ça ? Un
bon départ dû au hasard...
Des expériences de comportement menées par exemple par Duncan Watts

ou Mehdi Moussaïd illustrent ce phénomène sur des cas particuliers. Parmi
leurs expériences, on peut citer la suivante : une liste fixe de musiques est
proposée à plusieurs groupes de personnes pour qu’ils les notent. Chaque
personne de chaque groupe peut voir les notes précédentes avant d’écouter
des musiques et les noter. On constate bien que dans chaque groupe une
musique différente est largement préférée aux autres.

 77 La personne moyenne n’existe pas !


 7 Paradoxe des amis
 70 Comment ne pas biaiser un sondage ?

∗. Mathématiquement cette dernière converge presque sûrement vers un nombre aléa-


toire uniformément distribué entre 0 et 1.
†. Chercheur qui vulgarise ces travaux sur Youtube. L’expérience que je cite après est
disponible sur cette plateforme via sa chaîne Fouloscopie.

131
131
90
90 On
On ne
ne peut
peut pas
pasfaire
faire plaisir
plaisir àà tout
tout le
le monde
monde
 Paradoxe  Optimisation  Théorie des jeux  Supérieur

Lorsque l’on cherche la meilleure solution à un problème cela revient


souvent à maximiser une quantité f (x) par rapport à un certain choix x.
Par exemple maximiser son plaisir f (x) en fonction du choix x où sortir ce
week-end x.
Le problème est que dans la pratique f (x) n’est pas toujours un nombre
mais souvent un vecteur.
Dans une élection par exemple, on peut modéliser les candidat·e·s par
x ∈ {candidat·e 1, candidat·e 2, . . .} et chercher à optimiser :

f (x) = (f1 (x), f2 (x), . . . , fn (x)),

où f1 (x) représente la satisfaction de la première personne votante si x est


élu·e, f2 (x) celle de la deuxième, etc.
L’ensemble des nombres réels est un corps totalement ordonnable. Sim-
plement, étant donné deux nombres on peut toujours, assez naturellement,
déterminer que l’un est supérieur à l’autre. On peut donc maximiser une
fonction qui renvoie un nombre réel. Au contraire, en dimension supérieur,
il n’y a pas de manière naturelle de comparer deux objets. Par exemple,
il n’y a pas de moyen de définir « naturellement » si (2, 1) est « mieux »
que (1, 2). On ne peut donc pas forcément bien donner un sens à notre
meilleur candidat dans l’exemple électoral. C’est ça, en particulier, qui crée
le paradoxe de Condorcet.
Beaucoup de paradoxes sont comme celui-ci. L’un des plus connus, sou-
vent repris en économie pour expliquer les choix individuels, est le dilemme
du prisonnier. Ce dernier a été introduit par Albert W. Tucker en 1950.
Deux prisonniers que l’on cherche à condamner ont le choix entre dénoncer
leur compère ou garder le silence. Cependant, leurs peines dépendront de
leurs choix :
— si un seul des deux prisonniers dénonce l’autre, il est remis en liberté
alors que le second est condamné à 10 ans de prison ;
— si les deux se dénoncent entre eux, chacun aura le droit à une peine
de prison de 5 ans ;
— si les deux refusent de dénoncer, ils ne pourront pas avoir une peine
lourde mais seront tout de même pénalisés par 6 mois de prison.
Les deux prisonniers ont donc tout intérêt à coopérer mais s’ils ne
peuvent pas communiquer entre eux, chacun d’eux obtiendra un meilleur
résultat en trahissant son partenaire. Si le premier prisonnier coopère avec
le deuxième mais que celui-ci le trahit alors il sera fortement pénalisé. Dans
le doute, il doit trahir lui-même son acolyte ; il aura de toute façon un
meilleur résultat. Pourtant, avec ce raisonnement, le résultat est finalement
moins bon que celui donné par la coopération.

132
132
Je peux reprendre mon discours sur l’optimisation. Je peux noter par :

x1 ∈ {coopérer, trahir},

le choix du premier prisonnier et x2 le choix du second. Je note aussi :

f1 (x1 , x2 ) ∈ {0; 0, 5; 5; 10},

le nombre d’années de prison qu’écope le premier prisonnier en fonction


des choix de chacun. De même, je note f2 (x1 , x2 ), ce qui arrive au second
prisonnier. On remarque que, quelque soit le choix de la deuxième personne
x2 , pour maximiser la situation f1 (x1 , x2 ) du premier, la meilleure solution
est toujours de dénoncer l’autre :

∀x2 ∈ {coopérer, trahir}, max f1 (x1 , x2 ) = f1 (trahir, x2 ).


x1 ∈{coopérer,trahir}

La situation est similaire dans l’autre sens alors que la situation globale est
meilleure si personne ne dénonce personne plutôt que tout le monde dénonce
tout le monde.
Cet exemple montre surtout que si chacun optimise son intérêt personnel,

cela ne maximise pas forcément l’intérêt collectif . Il faut parfois des règles
pour l’intérêt collectif. L’exemple des feux rouges est un bel exemple du
dilemme du prisonnier : chacun a intérêt à s’arrêter pour éviter l’accident.
Mais si l’un s’arrête l’autre doit accélérer pour gagner du temps. Si les
deux automobilistes font le même choix, la situation est mauvaise ; donc
heureusement que ce choix nous est imposé.
La branche mathématique qui travaille sur ces sujets s’appelle la théorie

des jeux, dont on peut (doit ?) citer des gens comme John Forbes Nash ou
encore John von Neumann. Ce dernier est aussi un haut personnage ma-
thématique. En plus d’avoir inspiré le docteur Folamour à Stanley Kubrick,
il a utilisé ce type de théorie pendant la Seconde Guerre mondiale, à tra-
vers le célèbre projet Manhattan au sein du laboratoire de Los Alamos. Il
a notamment participé au choix des villes d’Hiroshima et de Nagasaki avec
des approches min-max comme dans le dilemme du prisonnier ainsi que la
hauteur optimale de l’explosion pour assurer un impact optimum.
Sympa !

 46 Paradoxe électoral
 79 Théorème de la dictature et libéralisme
 89 Faut-il se fier à ce que l’on constate ?

∗. Ce qui peut être vue comme une réponse à la main invisible d’Adam Smith.
†. Dont la biographie est aussi intéressante et a fait l’objet du biopic Un homme
d’exception.

133
133
91
91 Alice
Alice au
au pays
paysdes
des mathématiques
mathématiques
 Mathématicien  Célébrité  Jeu  Paradoxe  Démocratie  Grand public

J’espère vous avoir étonné avec plusieurs curiosités dans cet ouvrage.
J’espère vous étonner encore, sans vous raconter de salades, en affirmant
que Charles Lutwidge Dodgson était chercheur en mathématiques !
Ce nom ne vous dit rien ?
Je vous aide à trouver son pseudonyme à l’aide d’une charade :
Mon premier est une salade.
Mon second est une salade.
Mon troisième est une salade.
Mon quatrième est une salade.
Mon cinquième est une salade.
Mon sixième est une salade.
Mon septième est une salade.
Mon huitième est une salade.
Mon tout est l’auteur d’Alice au pays des merveilles.
Je parle bien sûr de l’écrivain Lewis Carroll. On lui doit par exemple
de jolis questionnements de logique comme le dialogue entre Achille et la

tortue , qui porte sur la différence entre « si A alors B » et « A donc B ».
On lui doit aussi une énigme que l’on trouve un peu partout. Découper
un carré 8 × 8 comme suit :

3 5

5 3

En découpant les deux triangles et les deux trapèzes, on peut les déplacer
pour retrouver le rectangle suivant :
∗. Le choix de ces deux personnages fait référence au paradoxe de Zénon. Dans ce
dernier, Achille court après une tortue. La distance entre les deux protagonistes tend
vers 0 sans n’y être jamais égale : il se rapproche éternellement sans jamais l’atteindre.

134
134
Le premier carré possède une aire de 8 × 8 = 64 unités d’aire alors que le
rectangle possède une aire de 5 × 13 = 65 unités d’aire. Où se trouve l’aire
gagnée ?
Il s’agit d’une simple illusion d’optique. Le trait au milieu du rectangle
n’est pas sa diagonale car ce n’est pas un segment : il s’agit de 4 lignes brisées
de pentes différentes. Ceci est bien dissimulé par l’épaisseur des traits.
Nous lui devons aussi un système de vote alternatif. Dans ce dernier,
chaque lecteur soumet un classement des candidats. Le gagnant de l’élection
correspond au candidat pour lequel il faut faire le moins de « changements »

pour qu’il devienne un gagnant au sens de Condorcet . Ces changements
correspondent à l’échange entre deux candidats dans un bulletin de vote.
Ce système de vote étend la méthode de Condorcet, dans le sens où lorsqu’il
y a un vainqueur de Condorcet, il gagne avec ce système de vote. Malheu-
reusement, comme la méthode de Condorcet, cette méthode ne garantit pas
l’existence d’un vainqueur, même si elle possède naturellement moins de

situations indéterminées. Cette méthode est coûteuse numériquement .
Finalement, la logique et la poésie de cet écrivain mathématicien a aussi

influencé la biologie évolutive avec l’allégorie de la reine rouge : si les gué-
pards courent vite, c’est parce que les antilopes courent vite, et réciproque-
ment. L’une évolue, pour courir plus vite et fuir son prédateur, mais force le
second à évoluer pour manger, et revient donc à la situation initiale. Cette
« course à l’armement » s’applique à bien d’autres domaines que l’évolution.

 110 La conjecture de Marcel Pagnol


 46 Paradoxe électoral
 33 Malthus et les lapins australiens

∗. C’est-à-dire que si on l’oppose à tout autre candidat, il a toujours plus d’électeurs


qui lui sont favorables.
†. Déterminer si un candidat peut devenir un vainqueur de Condorcet après k chan-
gements est NP-complet.
‡. Tirée de De l’autre côté du miroir, suite d’Alice au pays des merveilles. Dans ce
dernier, la Reine Rouge dit à Alice : « Ici, vois-tu, on est obligé de courir tant qu’on peut
pour rester au même endroit. » alors qu’elles courent de manière effrénée sans changer
de place.

135
135
92
92 un
Un jeu
jeu et
et des
des ponts
ponts
 Mathématicien  Jeu  Théorie de graphes  Grand public

Enfant, je connaissais l’énigme suivante : comment faire la figure ci-


dessous, en un seul coup et sans lever son crayon :

• •

• •
Une manière de répondre à cette question passe par les ponts de König-

sberg .
Je ne sais pas si votre ville est traversée par un ou plusieurs cours d’eau,
comme c’est le cas à Paris, par exemple, avec les branches de la Seine, qui
englobent l’île de la Cité, l’île Saint-Louis et les 14 autres îles parisiennes.
Si c’est le cas, ou si vous pensez à une telle ville, vous pouvez vous poser la
question :
Est-il possible de traverser tous les ponts de la ville, en ne les empruntant
qu’une fois, pour revenir à mon point de départ ?
Ce type de question est resté en suspend plusieurs années dans la ville
de Königsberg.

Heureusement, le mathématicien Leonhard Euler a trouvé la solution :
il démontre que ce n’est pas possible. Comment ? En fondant la théorie des
∗. Ville prussienne qui est aujourd’hui Kaliningrad en Russie.
†. Bien que surnommé le cyclope par l’empereur prussien, car il perdit son œil droit
à 30 ans et finit aveugle à la fin de sa vie, ce mathématicien impressionnant percevait
les mathématiques avec une vision inégalée. Je n’ai pas trouvé de références sérieuses,
mais il semblait connaître par cœur un grand nombre de nombres premiers (peut-être les
1000 premiers voire plus) et faisait très facilement de tête des produits très compliqués de
plusieurs chiffres (du type 6, 7 ou plus). On pourrait écrire tout un livre sur ses résultats
mathématiques.

136
136
graphes et en démontrant qu’un tel parcours existe si et seulement si les
nombres de ponts aux carrefours sont pairs : lorsque l’on arrive on doit
pouvoir repartir. On peut voir que ce n’est pas le cas à Königsberg :


Emmanuel Kant, philosophe emblématique de cette ville , devait être
déçu lors de ses balades régulières. À Paris, si on ne considère que les ponts
entre le Louvre (i.e. le pont des Arts pour être plus précis) et le Jardin des
Plantes, alors on peut effectuer un aller-retour en ne passant qu’une et une
seule fois sur chaque pont !

À part les balades sur les ponts, L. Euler a aussi montré que sur un
graphe dont les arêtes ne se croisent pas, le nombre de faces plus le nombre

de sommets moins le nombre d’arêtes est constant (et vaut 2 ).
Pour revenir à mon énigme : dès que l’on relie les deux points du bas,
il reste sur chaque point, un nombre pair de traits qui y sont reliés, on
peut donc les relier. On peut même percevoir que ces deux points sont
nécessairement le point d’arrivée et le point de départ.
Vous avez maintenant toutes les clés pour générer ce type de dessin, sans
même avoir la solution.

 4 Théorème des 4 couleurs


 13 Dé à n faces
 10 Précoce, le prince des mathématiciens !

∗. Au point d’y reposer dans sa cathédrale.


†. Ou plutôt trouvé la formule car, comme pour la règle précédente, cette formule n’a
pas été démontrée rigoureusement par L. Euler.
‡. Dans le plan, sur un tore (un donuts), cela vaut 4. La valeur de cette constante
dépend du même nombre de couleurs associé au théorème des 4 couleurs de cet espace.

137
137
93
93 Codage
Codage :: avocat,
avocat, cassis
cassis et tueur en
et tueur en série
série
 Mathématicien·ne·s  Film  Activité  Tout niveau

Coder, crypter ou chiffrer un message revient à transformer une phrase
du type :
j’aime les mathématiques
en quelque chose du type :
k’bjnf mft nbuifnbujpvft
ou encore en :
1+zπ ∪ α × α> ∪zA7α ∪zAπ ζ N α>.
Des livres entiers existent sur le codage, on va simplement parcourir les
grandes manières de coder avec quelques aspects historiques.
La première est de choisir un nombre et décaler toutes les lettres de ce
nombre dans l’alphabet. Avec 2 cela donne par exemple :

A → C, B → D, C → E, D → F, E → G, . . .

Bien que le cryptage et cette méthode existe depuis plus longtemps, on


l’attribue à Jules César, qui d’après Aulu-Gelle et Suétone l’utilisait avec

un décalage de 3 en alphabet grec pour ses opérations militaires.

L’avocat est un exemple de code César.
On peut complexifier cette méthode (comme avec la méthode de Vige-
§
nère ou le cassis ) mais on peut facilement déchiffrer un message en testant
toutes les possibilités. Il n’y en a que 26 dans la méthode de César ; même
pas besoin d’ordinateur !
Une meilleure amélioration est la substitution. On remplace la lettre A
par une autre lettre ou même par un symbole, puis la lettre B et ainsi de
suite. On passe alors de 26 possibilités de chiffrement à :

26! = 26 × 25 × ⋅ ⋅ ⋅ × 2 × 1.
26
Ce qui fait autour de 10 possibilités. Il devient impossible de raisonnable-
ment toutes les tester. En effet, en 2020, les meilleurs ordinateurs totalisent

« seulement » plusieurs centaines de petaFLOPS et les meilleurs calcula-
teurs quelques dizaines d’exaFLOPS.
∗. Même si tous ces termes sont utilisés dans le langage courant, le bon terme est
« chiffrer ».
†. Pensez qu’à l’époque, peu de personnes savent lire et encore moins dans tous les
alphabets, et ces derniers n’étaient pas aussi stabilisés qu’aujourd’hui.
‡. A vaut K : qui consiste à remplacer le A en K et de continuer.
§. Le K6 revient à remplacer le K par un 6, puis L par 7, etc.
15
¶. Un petaFLOP représente 10 opérations en virgule flottante par seconde. Un exa-
18
FLOP à 10 .

138
138
18
Ce n’est pas aussi simple, mais si on pouvait tester 10 possibilités
8
en une seule seconde, alors il faudrait 10 secondes pour avoir toutes les
transcriptions possibles. Ne vous faites pas avoir par mon utilisation du
8
mot seconde : 10 secondes représentent plusieurs années ! Cette méthode
simple est donc trop longue !
Néanmoins si on connaît la structure de la langue utilisée, on peut s’en
servir. Par exemple, la langue française utilise la lettre e de manière impor-

tante . En cherchant d’abord cette lettre puis les autres, on peut arriver
progressivement à décoder un message. Le mathématicien Persi Diaconis
a notamment utilisé ce type de méthode pour déchiffrer un message codé
provenant d’une prison. Avec un bon algorithme d’optimisation, de type
stochastique, il a testé la fréquence des enchaînements de symboles (par
exemple le u suit très souvent le q).
La longueur du message va être déterminante pour résoudre ce type
de problèmes ! Dès que celui-ci contient beaucoup de lettres, ces méthodes
d’analyses fréquentielles vont forcément marcher.
Une astuce pour résoudre ce problème est de changer la méthode de
transcription à chaque lettre. C’est ce que faisait la machine Enigma. Com-
mercialisée durant les années 20, elle est surtout connue pour avoir été
utilisée par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. Cette dernière
possédait des rotors qui permettait de changer la correspondance entre les
lettres à chaque touche frappée. Même si les premiers à avoir compris et
fabriqué des machines pour déchiffrer des messages de cette machine sont
les mathématiciens polonais Marian Rejewski, Jerzy Różycki et Henryk
Zagalski dans les années 1930, on retient souvent le nom d’Alan Turing.

On estime que ce mathématicien britannique a écourté la guerre de deux
ans en déchiffrant des messages allemands pendant la guerre. Après cette
dernière, il a remarquablement contribué à la recherche en informatique.
Il meurt néanmoins jeune, à l’âge de 41 ans. Pourquoi ? En 1952, il est
condamné pour homosexualité et choisit la castration chimique pour ne
pas aller en prison. Il ne supporte pas le traitement et préfère se suicider
quelques années plus tard avec du cyanure. Le film Imitation Game lui rend
un meilleur hommage et remerciement que la justice anglaise.
Notez tout de même que la méthode des fréquences est aussi utilisée
pour déchiffrer un message d’Enigma. On cherchait dans les messages des
mots tel que keine besonderen Ereignisse (rien à signaler), eins (un), ou
wet (météo). Surtout, l’expression « heil Hitler » revenait souvent en fin de
message.
Les méthodes utilisées aujourd’hui sont beaucoup plus mathématisées.
∗. À part dans le livre La Disparition, où Georges Perec s’amuse en 300 pages à ne
pas utiliser cette lettre dans une parodie de roman noir. On pourra aussi trouver un
lipogramme plus court dans Exercices de style de Raymond Queneau.
†. Aidé par ses collègues talentueux et talentueuses du Bletchey Park comme par
exemple Joan Clarke ou Dilly Knox.

139
139

Expliquons le principe de l’algorithme RSA . On commence par transformer
le message en un nombre (qui peut être relativement grand). Ceci est de
toute façon déjà effectué par l’ordinateur qui transforme tout texte en une
suite de 0 et de 1 dans sa mémoire. On fait un certain calcul sur ce dernier
et on l’envoie. Celui qui le réceptionne effectue un autre calcul et retrouve le
bon résultat. Ce qui est magique est que celui qui code le premier message
peut annoncer à tout le monde comment il a fait (on parle de clé publique) ;
cela n’aide pas à le déchiffrer. Pour l’algorithme RSA, l’explication vient, en
gros, qu’il est facile de faire des multiplications mais plus difficile de faire des
divisions. Cette méthode est basée sur les congruences et de grands nombres
premiers et est compréhensible avec le bagage de la fin du lycée. Même si
cette méthode n’est plus utilisée, celles d’aujourd’hui reposent toujours sur
des opérations mathématiques qui sont difficiles à inverser. Les failles de
sécurité ne viennent pas de ces méthodes de chiffrement mais de failles
humaines ou de certaines erreurs d’implémentation.
Pour finir, je vous laisse avec quelques déchiffrements célèbres en exer-
cice !
Serez-vous le nouveau Jean-François Champollion, qui sans pierre de
Rosette, serait capable de déchiffrer le manuscrit de Voynich, un livre du
XVe siècle découvert en 1912 dans une langue inconnue ou de comprendre
le Rongorongo, une langue découverte écrite sur des tablettes sur l’île de
Pâques ?
Si vous êtes plus téméraire, vous pourrez peut-être déchiffrer les messages

du tueur en série du Zodiaque ...

 82 Neutralité idéologique des mathématiques et nazisme


 57 Critère de divisibilité et magie
 63 Le dada d’Ada : coder

∗. Algorithme introduit par les chercheurs du MIT Ronald Rivest, Adi Shamir et
Leonard Adleman en 1977.
†. Voir le film éponyme. En 2021, l’élève Fayçal Ziraoui, affirme avoir déchiffré la
signature du criminel et aurait ainsi retrouvé le nom d’un des plus grands suspects de
l’affaire. D’après ce dernier et des travaux de David Oranchak, le tueur aurait utilisé des
variantes connues de la méthode de substitution comme le carré de Polybe ou le chiffre
de Delastelle.

140
140
94
94 Inventeur
Inventeur de
denombres
nombres
 Mathématicien  Tourisme  Nombres particuliers  Algèbre  Lycée

Le métier de mathématicien·ne est souvent plus simple qu’il n’y parait.


En effet, tous les jours, ces dernier·e·s essaient de résoudre des problèmes
du type :
2
— résoudre x + 1 = 0 ;
— dériver la fonction f ∶ x ↦ x/∣x∣ en 0.
Ces problèmes semblent insolvables. Dans un certain sens, ils le sont. Il
2
n’existe pas de « nombre réel » x qui vérifie x + 1 = 0.
Il y a un côté frustrant à ne pas savoir résoudre un problème... Surtout
lorsque la solution représente quelque chose dans le monde physique. Pen-
sez que, pendant longtemps, nous n’avions pas de nombre pour définir la
longueur de la diagonale d’un carré.
Alors les mathématicien·ne·s inventent des solutions aux problèmes
qu’ils ou elles ne savent pas résoudre : nombres complexes inventés par Eu-

ler pour des équations algébriques au XIXe siècle, théorie des distributions
par Laurent Schwartz pour dériver des fonctions en 1950, solutions de vis-

cosité pour les équations de Hamilton-Jacobi par Pierre-Louis Lions dans
les années 80, etc.
Alors, peut-on toujours fabriquer des nombres ou des objets (fonctions,
ensemble...) pour solutionner nos problèmes ?
Ce n’est pas si facile. En général lorsque l’on fabrique une nouvelle classe
d’objets, on perd des propriétés sympas. Tout n’existe pas, il faut être prêt
à faire des concessions. Avec les nombres réels, on ne peut plus représenter
les nombres avec deux entiers (sous forme de fractions). Avec les nombres
complexes, on ne peut plus ordonner les nombres. On ne peut pas dire

convenablement si 1 + i est supérieur ou inférieur à 1 − i.
Mais bon, inventons !
2
On pourrait inventer un nombre j différent de i et −i tel que j = −1.
Que se passerait-il ?
Les combinaisons linéaires a + bi + cj + dij de i, j et ij forment alors
un nouvel ensemble : celui des quaternions, noté H. La lettre H comme
quaternions... Non comme Sir William Rowan Hamilton qui comme le dit
la plaque commémorative du pont de Broom à Dublin :

« Ici, le 16 octobre 1843, alors qu’il se promenait, Sir William Rowan


Hamilton découvrit dans un éclair de génie la formule fondamentale sur la
∗. C’est surtout la notation i que l’on doit à Euler. L’utilisation des complexes comme
nombre à part entière commence par l’abbé Buée et de Jean-Robert Argand, puis est
popularisé par les travaux de Gauss et de Cauchy.
†. Avec Michael G. Crandall et Lawrence C. Evans.
‡. Il n’existe pas de relation d’ordre compatible avec l’addition

141
141
multiplication des quaternions :
2 2 2
i = j = k = ijk = −1.

et la grava sur une pierre du pont. »

Mais ces nombres perdent une propriété très pratique ; la commutativité.


C’est-à-dire que la place des nombres dans un produit a son importance.
Nous avons l’inégalité :
ij ≠ ji.
Si on est prêt à perdre d’autres propriétés, on peut fabriquer d’autres
nombres. Les octonions O perdent l’associativité :

x × (y × z) ≠ (x × y) × z.

 23 Plouffe !
 44 Équations de degré 3 ou 4
 31 L’axiome universel

95
95 Dieu
Dieu ne
ne joue
joue pas au dé
pas au dé
 Mathématicien  Religion  Citation  Probabilités  Physique

Une des citations les plus célèbres d’Albert Einstein est :

« Dieu ne joue pas au dé »

Cette phrase était un reproche de la mécanique quantique car cette dernière


est fondamentalement basée sur l’aléatoire.
Le mot « Dieu » ici sous-entend la nature car A. Einstein a aussi affirmé :
— « Le mot Dieu n’évoque, pour moi, rien d’autre que l’expression et le
résultat de la faiblesse humaine, et la Bible, une collection de légendes
honorables, mais primitives et assez naïves. »
— « Je ne peux pas imaginer un Dieu qui récompense et punit l’objet
de sa création. Je ne peux pas me figurer un Dieu qui réglerait sa
volonté sur l’expérience de la mienne. Je ne veux pas et je ne peux
pas concevoir un être qui survivrait à la mort de son corps. Si de
pareilles idées se développent en un esprit, je le juge faible, craintif et
stupidement égoïste. »
Niels Bohr lui aurait répondu :

142
142
« Mais qui êtes-vous, Albert Einstein, pour dire à Dieu ce qu’il doit
faire ? »
Pour finir sur le sujet de sa citation, qui signifie « la nature n’obéit pas
au pur hasard », je rappelle rapidement quelque chose. Hasard ne signifie
pas uniformément au hasard ! Prenez un garçon et une fille, il y a plus
de chance qu’un garçon soit plus grand que la fille mais on ne peut pas
l’affirmer, c’est aléatoire mais pas uniforme donc nous pouvons estimer des
chances et démontrer des résultats pour un grand nombre d’individus.

 14 Croyance et science
 13 Dé à n faces
 70 Comment ne pas biaiser un sondage ?

96
96 Prix
Prix Nobel
Nobel de mathématiques
de mathématiques
 Mathématicien  Histoire  Grand public

Il n’existe pas de prix Nobel de mathématiques. Une légende urbaine


explique son absence par une histoire de jalousie : la femme d’Alfred Nobel
l’aurait trompé avec un mathématicien et ce dernier aurait donc refusé de
rendre honneur aux mathématiques.
Plus précisément, Gösta Mittag-Leffler, le grand mathématicien suédois
à qui on doit notamment la création de la revue Actae Mathematica (aussi
importante que la revue Nature pour les Mathématiciens), aurait volé le
cœur de sa femme Sophie Hess.
Néanmoins, en 1985, les mathématiciens Lars Gårding et Lars Hörman-
der défont cette rumeur avec des arguments solides. Tout d’abord, Alfred
Nobel n’était pas marié avec Sophie Hess. Cette jeune Viennoise était sa
maîtresse. Observant leurs dates de séjours en France et Suède, on peut
aussi fortement penser qu’Alfred Nobel et Gösta Mittag-Leffler ne se sont
jamais rencontrés.
La vérité est que les prix Nobel sont décernés à des disciplines pratiques,
qui ont une influence directe sur la vie courante, ce qui n’était pas le cas de
la science des raisonnement abstraits.
Il existe plusieurs alternatives à ce prix comme la médaille Fields, le prix
Crafoord ou encore le prix Abel.

 8 La médaillée Fields
 62 Équations de degré ≥ 5
 42 Astérisque et Obèle

143
143
97
97 Qui
Qui perd
perd gagne
gagne
 Jeu  Tout public

En mathématiques, on appelle généralement « jeu combinatoire » un jeu


respectant les règles suivantes :
1. Deux joueurs jouent alternativement.
2. Le jeu consiste en un certain nombre, généralement fini, de positions.
3. Les règles précisent clairement les coups qu’un joueur peut réaliser à
partir d’une position donnée ; c’est-à-dire qu’il n’y a aucun secret entre
les joueurs (comme par exemple des cartes dont les faces sont cachées
à l’intérieur d’une main) et aucune source de hasard (en particulier,
pas de mélange de cartes ni de lancer de dés).
4. La partie se termine lorsqu’un joueur ne peut plus jouer, et les règles
assurent que toute partie se termine en un nombre fini de coups.
5. Le joueur qui ne peut plus jouer est le perdant.
Le jeu est dit « impartial » si deux joueurs dans la même position du jeu
peuvent jouer les mêmes coups.

144
144
Cette définition inclut des jeux tel que le jeu de Nim (jeu des allumettes)
mais exclut totalement des jeux comme le poker. Elle ne comprend pas
directement des jeux comme les dames, les échecs ou le morpion car ces
derniers peuvent aboutir à un match nul. Cependant, ils sont très proches
des jeux combinatoires et la plupart des résultats s’appliquent à ces jeux.
En particulier, on montre facilement que, quelque-soit les coups des ad-
versaires, seule l’une des trois situations suivantes arrive :
— Le premier joueur peut toujours gagner.
— Le second joueur peut toujours gagner.
— Si les deux joueurs jouent correctement, seul le match nul est envisa-
geable.
Le dernier cas est typiquement ce qui arrive dans le morpion. Lorsque
l’on connaît dans lequel de ces trois cas de figures correspond un jeu, on dit

qu’il est résolu .
Beaucoup de jeux combinatoires ont été résolus grâce à des simplifi-
cations astucieuses et à des calculs numériques intensifs. Voici quelques
exemples de jeux notoires :
— Le jeu de Nim et le morpion se font facilement à la main !
— Le jeu du puissance 4 traditionnel est résolu depuis 1988 : le premier
joueur peut toujours gagner !
— L’awalé a été résolu en 2002 : on peut toujours forcer le match nul.

— Les dames anglaises ont été résolues en 2007 : on peut forcer le match
nul.
120
Pour les échecs, on estime à 10 le nombre de parties différentes pos-
sibles et on pense que nous ne connaîtrons jamais le possible gagnant d’avance.

 61 G. Kasparov : des échecs et des réussites


 45 Diviser pour mieux régner
 67 Un petit jeu combinatoire

∗. C’est-à-dire que nous pouvons savoir qui peut gagner. Selon les jeux, nous ne
connaissons pas forcément la façon de jouer pour que ce joueur gagne. Cette dernière
est importante. Dans le cas du morpion, par exemple, même si l’issue normale du jeu est
le match nul, l’erreur d’un joueur peut conduire à la victoire d’un autre.
†. Notez que le jeu de dames représenté ici n’est pas un plateau de dames anglaises
mais un plateau de dames internationales (ou polonais). Ce dernier n’est pas résolu en
2021 ! Les dames anglaises se jouent sur un plateau de 64 cases et 2 × 12 pions.

145
145
98
98 Quand
Quand l'autoritarisme
l’autoritarisme tue
tuedes
desgénies...
génies.
 Mathématicien⋅ne⋅s  Histoire  Grand public

Plusieurs mathématiciens ont eu des morts tragiques pour diverses rai-


sons comme la pauvreté (comme N.H. Abel) ou la maladie (J. Nash). Parfois,
la guerre est responsable (comme V. Doeblin) ou parfois l’idéologie (comme
A. Turing). Finalement, parfois c’est les deux : des raisons idéologiques en
temps de guerre.
Un exemple est donné avec le mathématicien prometteur franco-algérien
Maurice Audin. Engagé au parti communiste et farouchement opposé à la
guerre d’Algérie, il milite pour l’indépendance de cette dernière. Il est enlevé
en 1957, à l’age de 25 ans, par des soldats français pour être torturé. Il ne
reviendra jamais. La date de sa mort est inconnue et son corps n’a jamais
été retrouvé. Une soutenance de thèse est organisée en son absence fin 1957
devant un jury comprenant par exemple le médaillé Fields Laurent Schwartz.
Il aura fallu beaucoup de temps à la France pour reconnaître l’assassinat
de ce mathématicien. François Hollande reconnaît en 2014 que la France a
orchestré cet acte cruel. Des détails, à l’aide de documents officiels, ont été
divulgués par la suite par E. Macron en 2018.
Bien que cet évènement soit récent à l’échelle de l’histoire des mathé-
matiques, nous avons l’impression que ce type de choses ne pourraient plus
arriver à l’heure où ce livre est écrit. Malheureusement, ce n’est pas le cas.
On peut par exemple citer la mésaventure récente du mathématicien franco-
turc Tuna Altınel. Ce dernier militait en France pour les droits civiques en
Turquie. Pour cette raison, il est emprisonné en mai 2019 à Kepsut pour
terrorisme. Il restera 81 jours en prison et finira par être acquitté. Cepen-
dant les autorités gardent son passeport pour l’empêcher de retourner en
France où il vivait et travaillait.
Finalement, le nom d’Audin vous dit peut-être quelque chose sans que
vous connaissiez le martyr algérien. Ce dernier a eu trois enfants avant sa
mort. Parmi eux, sa fille Michèle Audin est devenue une grande mathéma-
ticienne. Elle a, en particulier, aussi œuvrée en vulgarisation. Il est très
agréable de la lire ou de l’écouter !

 5 Le pli cacheté 11-668


 62 Équations de degré ≥ 5
 74 Un génie romantique

146
146
99
99 Comptez
Comptez avec
avec les
les doigts
doigts
 Activités  Binaire  Calcul  Primaire

Faisons un peu de dactylonomie : comment compter avec vos doigts ?


Une manière commune de représenter le nombre 2 avec ses doigts consiste
à relever son pouce et son index. Une autre manière est de montrer son index
et son majeur.
Ce qui est important est de relever 2 doigts.
Cette méthode est complètement sous-optimale !
En affectant à chaque nombre une configuration différente de nos doigts,
nous avons deux positions possibles par doigt et donc la possibilité de re-
présenter :
10
2 = 1024
nombres différents !
Une manière simple de les représenter est de décomposer chaque nombre
en binaire et de relever les doigts pour les 1 et les baisser pour les 0. En
pratique, 0 consiste aux deux poings fermés, puis on effectue les deux règles
suivantes pour passer au chiffre suivant :
— on change la position du pouce (on passe de pouce baissé à pouce
relevé ou l’inverse),
— lorsque l’on baisse un doigt, on lève le doigt suivant.
Avec cette méthode, les premiers chiffres correspondent aux doigts rele-
vés suivants : 0, 1 (pouce), 2 (index), 3 (pouce, index), 4 (majeur), 5 (pouce,
majeur), 6 (index, majeur). On retrouve bien visuellement les décomposi-
tions en binaire qui sont respectivement pour ces chiffres :
00000, 00001, 00010, 00011, 00100, 00101, 000110.
Pour voir si vous avez compris, essayer de représenter le nombre 264.
Avec cette méthode, on procède comme un ordinateur ! Néanmoins, en
10
utilisant nos phalanges, nous pouvons aller jusqu’à 3 = 59049 ou avec nos
20
orteils jusqu’à 2 = 1048576.
Nous pouvons allez beaucoup plus loin avec l’utilisation de nos doigts
pour compter.
Ils peuvent servir pour ne pas apprendre la table (de multiplication) de
9!
Dépliez tous les doigts de vos deux mains avec vos paumes face à vous
et baissez en un. Prenons par exemple, le fait d’avoir baissé le majeur de
la main gauche, c’est-à-dire le 3e doigt. À gauche de ce doigt, il vous reste
2 doigts et à droite 7 et ...
9 × 3 = 27!
Vous pouvez tenter de baisser n’importe quel autre doigt. Vous obtenez
toujours de cette manière, à gauche, les dizaines et, à droite, les unités de
la multiplication par 9.

147
147
On peut aller encore plus loin avec ses doigts et faire n’importe quelle
multiplication de deux nombres entre 6 et 9 facilement. Vous commencez
avec vos deux mains fermées. Puis chaque main correspond à un chiffre. Vous
dépliez vos doigts jusqu’au cinquième doigt et les refermer ensuite pour
chacun des chiffres. Ainsi pour 8, vous terminez avec deux doigts dépliés
et 3 fermés. Pour 6, 4 ouverts et 1 fermé. Ensuite le résultat du produit
correspond au produit des doigts dépliés plus dix fois la somme des doigts
recroquevillés ! Si le produit est inférieur à 10, on obtient les dizaines et
unités (comme dans mon exemple 6 × 8 = 48).

Comme quoi, les doigts ne servent pas qu’à l’onychophagie !

 15 Le trio 70, 80 et 90
 49 Mélange par coupes et tour de magie
 38 ...999 = −1

100
100 Trois
Troisproblèmes
problèmesantiques
antiquesde de
géométrie
géométrie
 Paradoxe  Géométrie  Mythologie  Collège

Les trois grands problèmes de l’Antiquité ont été posés pendant la Grèce
antique et n’y ont pas été résolus. Alors que ces derniers s’énoncent très
simplement, ils n’ont été résolus qu’environ 2000 ans plus tard surtout grâce
aux résultat de Pierre-Laurent Wantzel. Tous ces problèmes reposent sur des
constructions géométriques à la règle et le compas. Nous savons aujourd’hui
que toutes ces constructions sont impossibles !

1. Le premier est la duplication du cube : peut-on doubler la surface d’un


cube ?

∗. Le fait de se ronger les ongles.

148
148
Ce problème est associé au mythe suivant : lors d’une épidémie de
peste, les Déliens sollicitèrent l’oracle de Delphes pour une solution.

Elle répondit qu’il fallait doubler la taille de l’autel d’Apollon. Les
architectes allèrent voir Platon pour savoir comment doubler ce cube :
ce dernier les envoya balader en leur faisant le reproche de négliger la
géométrie tout en affirmant que leur dieu n’avait pas besoin de cette
construction !
2. La quadrature du cercle : peut-on construire un carré de même aire
qu’un disque donné ?

Ce problème est tellement mythique et important que l’on pourrait



écrire un livre dessus . Au lieu de tout détailler, évoquons seulement
la modification proposée par le mathématicien Alfred Tarski : peut-on
découper un disque en un nombre fini de morceaux tels qu’en dépla-
çant ces derniers, ils recomposent un carré. Miklós Laczkovich résout
ce problème 64 ans après sa formulation, en 1989 ! Il démontre qu’il est
possible de découper le disque en 1050 surfaces pour reformer un carré.
Cependant, il ne décrit pas ces morceaux, ces derniers sont construits

de manière abstraite .
§
3. La trisection de l’angle : peut-on diviser un angle en trois parties
égales ?
∗. Le volume pour être plus précis.
†. Notons juste, qu’en plus du résultat de Pierre-Laurent Wantzel, c’est Ferdinand
von Lindemann qui achève la résolution de ce problème en démontrant la transcendance
de π : en plus de ne pas s’écrire sous forme de fractions, ce dernier n’est solution d’aucune
équation polynomiale à coefficients entiers.
‡. À partir de l’axiome du choix. Enfin bref, Miklós Laczkovich devait être bon pour
découper les gâteaux !
§. Les élèves de collège peuvent donc être soulagé·e·s qu’il leur soit réclamé réguliè-
rement de faire des bissectrices et non pas des trisectrices...

149
149
Bien qu’il soit impossible de l’effectuer à l’aide d’une règle et d’un
compas, il est possible de couper un angle en trois dès lors que l’on

s’autorise à plier la feuille . Montrons-le !
Le but est de couper en 3 l’angle θ ci-dessous :

′•
B

B•
d2
d
d1 ′
A•
θ
θ/3
A•

Nous partons donc, au départ, avec le point A et la droite d dans


notre rectangle.
On peut plier la feuille de manière arbitraire une fois pour obtenir la
droite hachurée d1 . En effectuant un deuxième pliage, on peut obtenir
la droite d2 , parallèle à d1 , dont l’écart entre le bord et d1 est le même
qu’entre d1 et d2 .
Puis on la plie une dernière fois, de manière à placer le point A sur

la droite d1 (en formant le point A ) et le point B sur la droite d (en

formant le point B ).
C’est un exercice simple de montrer que l’on a formé l’angle θ/3 sous

la droite AA !

 74 Un génie romantique
 39 Multiplication des pains
 62 Équations de degré ≥ 5

∗. Cette construction origamique a été formulée par Hisashi Abe.

150
150
101
101 Loi
Loi de
de Moore
Moore
 Célébrité  Informatique  Grand public

En 1965, un docteur en physique-chimie qui deviendra l’un des créateurs


de la société Intel, Gordon Moore, est contacté par la revue Electronics
Magazine. Pour l’anniversaire du journal, on lui propose d’écrire un article
sur l’avenir des puces de processeurs.
En regardant les chiffres des années précédentes, il se rend compte que
le nombre de transistors par microprocesseur double quasiment tous les ans.
Il conjectura donc que cela allait perdurer à l’avenir.
Notez qu’à l’époque, il n’y avait que quelques dizaines de transistors par
puce ! Il fallait oser proposer cette conjecture !
G. Moore rectifie sa règle quelques années plus tard et énonce ce qui est
maintenant connue comme la loi de Moore :

le nombre de transistors dans un microprocesseur double tous


les 2 ans.

Ceci, bien entendu, à taille et coût (quasi) constant !


Ce qui est remarquable avec cette observation empirique est qu’elle s’est
avérée vraie jusque... maintenant. En effet, elle ne semble arriver à sa fin que
vers les années 2020 (selon comment on définit plus précisément cette loi).
Sa mort est annoncée quasiment tous les ans dans la presse depuis plusieurs
années.
Avec cette croissance exponentielle, on peut bien comprendre comment
un simple téléphone aujourd’hui calcule bien mieux qu’un grand mathéma-
ticien !
Cette anecdote fait tellement partie de l’histoire d’Intel, qu’au début des
années 2000, la société proposait 10 000 dollars pour un original de la revue
Electronics Magazine en bon état.
Pour finir, sur une note négative, la loi de Wirth, proposé en 1995, stipule
que :
les programmes ralentissent plus vite que le matériel n’accélère.
En effet, la puissance de calculs actuelle des processeurs pousse les déve-
loppeurs à ne plus prioriser l’optimisation de ces derniers. La loi de Moore
est une excuse pour la production d’obésiciels (ou Bloatware, inflagiciel,
boufficiel) ; c’est-à-dire des logiciels utilisant une quantité excessive de res-
sources système par manque d’efficience.

 63 Le dada d’Ada : coder


 83 Amazing Grace et le bug informatique
 80 Money Money Money

151
151
102 Les figures d’Hypatie
102 Les figures d'Hypatie
 Mathématicienne  Géométrie  Lycée

Le livre que vous êtes en train de lire est édité chez ellipses :

On pourrait dire beaucoup de choses sur l’ellipse. Contrairement à un


cercle, une ellipse possède deux centres, appelés foyers, et la somme des
distances entre ces deux points est constante. C’est ce qui peut servir de
définition à une ellipse. Pour la tracer, il suffit donc de prendre une ficelle,
de mettre chacun des bouts de cette ficelle sur les foyers et de tendre la
ficelle au maximum avec un crayon en faisant le tour. Cette figure est di-
rectement liée au déplacement de notre planète. En effet, la trajectoire de
la Terre est une ellipse dont l’un des foyers est le Soleil. Ceci est ce que l’on
nomme la première loi de Kepler. Johannes Kepler, à qui l’on doit notam-
ment en 1634, à titre posthume, la publication d’un des premiers romans de
science-fiction, décrit le mouvement de notre planète autour de son étoile.
La deuxième loi de Kepler énonce que les mêmes aires sont balayées en des
temps égaux. C’est-à-dire que, si on se fixe deux points sur la trajectoire,
la portion d’ellipse délimitée par les deux segments, dont les sommets sont
le Soleil et ces deux points, ont une certaine aire. Si on se fixe deux autres
points, dont l’aire ainsi délimitée est la même, la Terre parcourra le trajet
entre ces deux paires de points dans la même durée. En particulier, notre
astre accélère loin du Soleil et ralentit à proximité..
Une des propriétés remarquables des ellipses est qu’elles appartiennent
à la classe des coniques. Ces figures géométriques correspondent à l’inter-
section d’un plan et d’un cône (infini), d’où leur nom. En effet, on peut voir
sur la figure ci-dessous les trois façons dont un plan peut intercepter une
conique :

152
152
Sous un certain angle de point de vue, l’intersection correspond à celle
d’une droite et d’un triangle (infini). Dans la figure ci-dessus, chaque trait
gris correspond à une droite (et donc à un plan) et les traits épais au tri-
angle (et donc à la conique). De gauche à droite, les figures obtenues sont

respectivement l’ellipse, la parabole et l’hyperbole.
Il est courant de nommer les objets mathématiques en fonction des
personnalités qui ont travaillé avec. On nomme par exemple « solides de
Platon » les cinq polyèdres réguliers. Si on devait nommer les coniques en
l’honneur d’un ou d’une mathématicienne, ce serait sûrement en faveur de
la grande mathématicienne Hypatie d’Alexandrie. Sans être la première ma-

thématicienne de l’histoire, ni la première dont on possède des documents
sur sa vie. Hypatie est surtout la première mathématicienne dont beaucoup
d’informations sur sa vie sont disponibles.
En plus de ses travaux sur les coniques, elle a notamment contribué à la
construction des astrolabes, outils d’astronomie qui permettent de connaître
l’heure ou sa position à l’aide des astres.
Malheureusement, Hypatie est autant connue pour son vivant que par
son atroce mort. Elle fut en effet lapidée avec des morceaux de poterie ou
de coquillages. Ceci fait d’elle une martyre mathématique...

 13 Dé à n faces
 100 Trois problèmes antiques de géométrie
 82 Neutralité idéologique des mathématiques et nazisme
∗. Jésus s’adressa à ses disciples :
« En vérité, je vous le dis : f (x) = ax + bx + c ».
2

L’un deux répondit « M***, encore une parabole... ».


†. Ce qui n’a pas plus de sens que le premier humain.

153
153
103
103 Chasles
Chaslesattend...
attend... Chasles
Chaslesmagne
magne
 Célébrité·e·s  Mathématicien  Analyse  Grand public

Michel Chasles est un très grand mathématicien.


Si grand que son nom est inscrit, avec d’autres savants, sur le pourtour
de la tour Eiffel.
Il a donné son nom à une relation extrêmement simple : lorsque l’on
coupe une figure en deux, la somme des aires est celle de la figure entière. Ou
encore si on fait Montpellier-Paris puis Paris-Lille alors on a fait Montpellier-
Lille.

Tout ceci vous parait bête ?

On peut faire mieux.



En 1861, il reçoit la visite d’un certain collectionneur qui lui vend un
contenu explosif : une lettre révélant que c’est Pascal et non Newton qui a
découvert le principe de l’attraction universelle !
Michel Chasles expose alors son contenu à l’Académie des sciences. Même
si plusieurs membres sont circonspects, l’institution lui fait confiance de part
son prestige.
Adorant son effet, il achète d’autres correspondances à son faussaire :
des lettres de Charlemagne, Molière, Jeanne d’Arc, Dante, Shakespeare,
Alexandre le Grand, Cléopâtre, César...
Et même une lettre de Ponce Pilate qui avoue regretter d’avoir fait
crucifier Jésus !
Bien plus tard, le voyou se fait arrêter et est jugé.
La cour apprend alors à quel point le mathématicien s’est fait arnaquer
et demande comment est-ce possible qu’il se soit fait avoir... Toutes les
lettres sont en français !
Hilare, le prévenu répond qu’il a même réussi à lui faire croire qu’elles
ont toutes été traduites par Rabelais !
La majorité des originaux des 27 000 faux documents ont été détruits
mais il en reste 180 dans les archives de la Bibliothèque nationale.
Cette histoire a inspiré Alphonse Daudet dans son roman L’Immortel.
Notons tout de même finalement que malgré cet épisode, Michel Chasles
était un scientifique brillant à qui l’on doit beaucoup de résultats en analyse
et en géométrie.

 52 Collection d’œufs en chocolat


 27 Tous cousin·e·s ?
 54 Le théorème de Napoléon

∗. Nommé Denis Vrain-Lucas.

154
154
104
104 Théorème
Théorème de
de Futurama
Futurama
 Mathématicien  Série  Théorie des groupes  Tout public et supérieur

Théorème de Ken Keeler


Soit A ⊂ E deux ensembles finis, et x, y ∈ E \ A deux éléments distincts de
E n’appartenant pas à A. Toutes permutations de A peut s’écrire comme la
combinaison de transpositions de A ∪ {x, y} faisant intervenir chacune x ou
y.
Une explication sur le jargon ? Imaginons une équipe de football où cha-
cun possède un (unique) numéro entre 1 et 11 sur son maillot. Une permu-
tation consiste à changer les numéros des joueurs alors qu’une transposition
signifie simplement que seulement deux joueurs échangent leur maillot. Ce
théorème dit que l’on peut changer les maillots de deux équipes de n’importe
quelle manière avec seulement des échanges successifs d’un joueur avec un
des deux gardiens !
Ce théorème fut énoncé et démontré pour la première fois dans la série
Futurama. Pour ceux qui ne connaissent pas cette série futuriste, elle sort
de l’imaginaire des créateurs des Simpsons et, comme cette dernière, fait
beaucoup de références à diverses choses, souvent issues de la pop culture
ou des sciences, et en particulier des mathématiques.
En plus de faire références à divers nombres (nombres parfaits, taxi-
cab, aleph...), conjectures devenues théorèmes, livres surprenants (comme
« quelques décimales de π »)... Cette série se paie le luxe de créer un théo-
rème, de le démontrer et de s’en servir dans le cœur de l’histoire d’un épi-
sode !
Je vous pitche l’histoire de l’épisode ?
Un savant fabrique une machine qui permet d’intervertir le corps et
l’esprit entre deux personnes. Néanmoins, il ne permet de le faire qu’une fois
entre deux personnes. Les protagonistes commencent donc à utiliser cette
machine sans se poser de questions et font une dizaine d’échanges de corps...
Au point qu’il devient compliqué que chaque personne retrouve son corps. Il
faut donc trouver d’autres personnes pour permettre à chacun de retrouver
son corps. Mais combien et comment ? Le théorème ci-dessus répond à la
question, il suffit de deux personnes pour, quels que soient les premiers
échanges, de retomber sur n’importe quelle configuration corps/esprit !
Ce n’est pas si étonnant de retrouver un résultat mathématique dans
cette série. La série compte comme scénariste des diplômés en sciences phy-
siques, mathématiques et informatique. Ce théorème vient en particulier de
Kenneth Keeler, qui est en effet docteur en mathématiques de l’université
de Harvard.

 58 Mathématiques de l’apéro
 40 Mélange américain et√tour de magie
 81 Calcul algébrique de 2

155
155
105
105 Pose
Pose de
de carrelage
carrelage à la Penrose
à la Penrose
 Mathématicien  Activité  Paradoxe  Géométrie  Art plastique  Collège

Sous vos pieds, vous avez sûrement du carrelage ou du parquet. Si c’est


le cas, les carreaux ou planches sont assurément des rectangles. Se pose alors
la question :

Par quelles formes plus complexes pourrait-on remplacer ces rectangles ?

Premièrement, on peut se passer des angles droits ! En effet, tout qua-



drilatère peut servir pour un pavage. C’est un exercice de géométrie élé-

mentaire . Le théorème de Varignon, qui peut-être démontré avec celui de
Thalès, permet d’inscrire n’importe quel quadrilatère dans un pavage de
parallélogrammes.
Cool ! Mais peut-on utiliser des figures ayant plus que 4 côtés ? Posons-
nous d’abord la question sur les plus réguliers, l’équivalent du carré pour les
quadrilatères. Je parle des polygones réguliers. Si on se sert d’un polygone
à n côtés pour paver le sol, et qu’à une intersection p polygones se croisent

alors, en étudiant les angles, on trouve la relation :

2π 360
p × (π − n ) = 2π ⇔ p × (180 − n ) = 360.

En simplifiant cette expression on trouve l’équation suivante sur les en-


tiers n et p :
p(n − 2) = 2n.
Un exercice élémentaire d’arithmétique montre que les seules solutions sont :

n = 3, p = 6,

n = 4, p = 4,
et
n = 6, p = 3.
Nous venons de démontrer le théorème de Pappus d’Alexandrie : les seuls
polygones réguliers qui pavent le plan sont le triangle, le carré et l’hexagone.
À partir d’un de ces motifs, on peut fabriquer plein d’autres motifs en
les transformant. Montrons-le sur un exemple. Prenons un simple pavage
rectangulaire comme le suivant :

∗. C’est-à-dire une figure à 4 côtés.


†. C’est-à-dire qu’il ne nécessite pas d’outils mathématiques complexes pour une dé-
monstration, même si celle-ci n’est pas directe.
‡. Écrite à gauche en radian et à droite en degré. Pour trouver cette formule on somme
les p angles d’un polygone pour faire un tour.

156
156
Celui-ci est basé sur des pavés rectangulaires. On peut le modifier en
lui retirant un morceau et le replaçant sur le rectangle suivant, comme par
exemple de la manière suivante :

De cette manière, on obtient le nouveau pavage :

Comment pouvons-nous généraliser cet exemple ? Pour se faire, il suffit


de connaître les formes élémentaires de pavages (comme le rectangle), puis
de savoir où remettre ce que l’on enlève. Ces formes ne peuvent être que des
triangles et des quadrilatères. Au total, il n’y a que 17 façons élémentaires

de paver le plan de cette manière . Ce résultat a été démontré par le russe
Evgraf Fedorov en 1891 pour des applications concernant la formation des
cristaux.
Certains artistes, dont notamment l’artiste Maurits Cornelis Escher, ont
beaucoup joué avec ces pavages pour former de très jolis pavages de poissons,
lézards ou pégases par exemple.
Lorsque l’on parle de pavages à un mathématicien, il pensera peut-être
au nom de Penrose. Roger Penrose, a en effet travaillé sur les pavages mais
pas sur les pavages périodiques comme ceux que je vous ai présenté. Il a
∗. Je ne rentre pas dans les détails mais ces 17 pavages ne concernent que ceux pré-
servant certaines propriétés du pavage rectangulaire comme la périodicité par exemple.

157
157
travaillé sur les pavages non-périodiques qui sont plus complexes mais tout
aussi jolis. On doit aussi à ce mathématicien, la construction de divers objets

impossibles comme par exemple le célèbre triangle de Penrose :

Malgré que sa construction est impossible, on peut l’observer à Perth en


Australie, au Parc des sciences de Grenade en Espagne ou encore à Ophoven
en Belgique.
Pour finir, le père de Roger Penrose, le généticien Lionel Penrose a
construit l’escalier de Penrose : un escalier que l’on peut parcourir indé-
finiment ! Ce dernier peut-être retrouvé dans les films Inception ou Chapeau
melon et bottes de cuir.

 84 Le pas con et le Lyonnais bienséant


 100 Trois problèmes antiques de géométrie
 53 Savon, centrale nucléaire et courbure

∗. Ce dernier n’a pas été directement découvert par R. Penrose mais il porte son nom
car il l’a popularisé.

158
158
106
106 Petit monde
Petit monde
 Célébrité  Mathématicien  Paradoxe  Théorie des graphes  Grand public

En 1929, l’écrivain hongrois Frigyes Karinthy invente le concept des six


degrés de séparation dans sa nouvelle Chaînes. Ce principe énonce que
chaque personne est l’ami de l’ami de l’ami de l’ami de n’importe quel
autre personne (sûrement inspiré par des travaux de l’ingénieur Guglielmo
Marconi travaillant sur les transmissions radios).
On peut compter plusieurs tentatives de preuve statistique dès les an-
nées 60 avec des personnes comme le mathématicien Manfred Kochen, les
sociologues Ithiel de Sola Pool et Michael Gurevich ou encore le psychologue

Stanley Milgram plus connu pour son expérience de soumission à l’autorité .
Plus récemment, plusieurs études, utilisant des données issues de Face-
book ou Windows Live Messenger, ont trouvé une estimation encore plus
faible (une moyenne de personnes inférieur à 4).
Certains sites regardent ce type de distance pour des acteurs en les
considérant « amis » s’ils ont tourné dans le même film ou avec des mathé-
maticiens s’ils ont collaboré dans un même article. On appelle même nombre
d’Erdös, le nombre de personnes qui sépare un mathématicien du célèbre

mathématicien hongrois Paul Erdös par des collaborations. On choisit ce
mathématicien car il a été très prolifique et a eu beaucoup de collaborateurs.
Ce mathématicien qui pensait qu’

« il faut parfois compliquer un problème pour en simplifier la solution »,

s’amusait à proposer des prix, de 25 dollars à plusieurs milliers, pour des


problèmes de mathématiques dont certains sont encore ouverts aujourd’hui.
Il a aussi donné son nom à l’un des modèles mathématiques le plus simple
pour modéliser des liaisons d’amitié : le graphe d’Erdos-Rényi.
Dans ce modèle, il y a n personnes, et chaque paire de personnes a,
indépendamment des autres, une probabilité c/n d’être amis. L’ordre de
grandeur de la distance entre deux personnes est alors de ln(n)/ ln(c). Pour
9
n = 10 personnes dans le monde qui possèdent chacune un réseau d’une
2
centaine de personnes (c = 10 ) alors la distance devient :

ln(10 )
9
= 4, 5.
ln(102 )

On obtient donc avec ce modèle très simple, une bonne approximation de


ce que l’on observe !

∗. Test qui montre qu’une personne est capable de dépasser sa conscience lorsqu’il est
soumis à une autorité qu’il juge légitime.
†. Encore Hongrois, comme Frigyes Karinthy, mais aucun rapport !

159
159
On retrouve néanmoins cette small world property dans beaucoup de
modèles de graphes aléatoires plus compliqués et plus réalistes.

 7 Paradoxe des amis


 89 Faut-il se fier à ce que l’on constate ?
 50 Matheux à deux balles

160
160
107
107 Football
Footballou
oucrochet
crochethyperbolique
hyperbolique
 Mathématicienne  Crochet  Football  Géométrie

Vous aimez le football ? Faisons un peu de géométrie sur un ballon de


football.
Prenez un ballon et dessinez dessus un triangle. Calculez la somme de
la valeur des trois angles intérieur. Vous trouverez un nombre supérieur à
180 (ou π).
Une autre propriété de cette géométrie footballistique est qu’il n’existe
pas de droites parallèles sur un ballon !
Ces propriétés viennent principalement de la courbure positive de la
sphère... Que se passerait-il sur une figure de courbure négative ?
Prenez un caténoide, c’est-à-dire la forme typique d’une cheminée d’une
centrale nucléaire (ou d’autres centrales thermiques). Si on se fixe un point
et une droite, il existe une infinité de droites parallèles à cette droite passant
par ce point.
C’est fou, c’est l’inverse du ballon !
La géométrie que l’on peut effectuer sur cette forme à courbure négative
est appelée géométrie hyperbolique. Elle met en défaut le 5e postulat

d’Euclide alors que l’on a longtemps pensé que ce dernier était une consé-
quence des autres postulats.
On trouve facilement de belles figures dans le plan hyperbolique sur
internet.
Voici une anecdote sur la visualisation de ce type de figures. Alors qu’elle
assiste à un atelier de géométrie, la mathématicienne Daina Taimina voit
l’intervenant en difficulté avec des maquettes en papier, elle décide alors
de concilier les mathématiques à une autre passion : le tricot. Elle réalise
au crochet diverses formes de géométrie hyperbolique qui font rapidement
pas mal de bruits. On peut observer un magnifique crochet corail, effectué
par Gabriele Meyer d’après Daina Taimina, visible au « Simons Center for
geometry and physics » de Long Island.

Daina Taimina a écrit plusieurs ouvrages sur le sujet !

 53 Savon, centrale nucléaire et courbure


 104 Théorème de Futurama
 105 Pose de carrelage à la Penrose
∗. Ce dernier s’énonce comme « Si une droite coupe deux autres droites en deux
angles internes dont la somme est différente de deux angles droits, alors les deux droites
se coupent dans le demi-plan pour lequel la somme est inférieure à deux angles droits ».
Pour comparer la technicité de ce postulat, les deux premiers sont « un segment de droite
peut être tracé en joignant deux points quelconques distincts » et« un segment de droite
peut être prolongé indéfiniment en une ligne droite ».
†. On pourra par exemple consulter la page :
https://www.centredessciencesontario.ca/media/1874/crochetercorail-fr.pdf

161
161
108
108 Pliez,
Pliez, découpez
découpez
 Mathématicien·ne  Activités  Géométrie  Collège

Vous êtes dans une salle de spectacle en train de suivre un tour de magie.
Le prestidigitateur sort une feuille standard et vous montre que celle-ci n’est
pas truquée. Puis il la plie successivement dans des formes n’évoquant rien
de précis. Lorsqu’il finit ces pliages, il sort une paire de ciseaux et donne un
seul coup de ciseaux. Un seul !
Il a alors deux bouts de papiers dans les mains et jette le premier. Il
déplie le second et voilà qu’appairait un magnifique cygne !

Surprenant , non ?

Peut-être pas si vous êtes un as en géométrie. En effet, imaginons qu’au


lieu de faire apparaître un cygne, il avait fait apparaître un triangle équila-
téral, vous auriez imaginé le découpage. En effet, lorsque l’on regarde notre
triangle,

ces différentes symétries nous guident pour le découpage :

Alors, on essaie, en pliant selon ces axes et on regarde ce qui se pro-


duit. Dans les dessins qui suivent, on utilise les axes en pointillés gras pour
effectuer un pliage.
∗. Il paraîtrait que le célèbre magicien Harry Houdini effectuait ce tour avec une étoile
plutôt qu’un cygne.

162
162
On peut faire de même avec une étoile. Néanmoins, si on commence avec
une figure possédant moins de symétries, il est plus difficile de trouver le bon
pliage. On pourrait facilement essayer avec un triangle isocèle rectangle et
du papier calque. On observe alors que l’on doit utiliser des axes qui ne sont
pas des axes de symétrie du triangle... Mais on reste toujours sur certaines
bissectrices !
Par la suite, j’appellerai canevas, une forme quelconque, que l’on cherche
à découper, additionnée des traits à suivre pour le pliage. Les mathémati-
cien·ne·s ont beaucoup travaillé sur ce type d’objets. En particulier, le
théorème de Maekawa stipule que la différence entre le nombre de plis en
montagne (en mettant le trait de pliure vers le haut) et le nombre de plis en

vallée (en mettant le trait de pliure vers le bas) est nécessairement de 2 .
On peut aussi citer le théorème de Kawasaki qui dit que dans un sommet
où se croise plusieurs lignes de pliages, le nombre de lignes est pair, et si on

somme de manière alternée les angles , on trouve toujours 0.
Pour les curieux qui veulent essayer des pliages, on peut trouver des
canevas sur les pages d’Isabelle Dubois et d’Erik Demaine. Ce dernier, ma-
‡ §
thématicien au MIT a notamment (co-)démontré qu’il existait toujours
un canevas si la figure est un ensemble de polygones (c’est-à-dire une figure
constituée de segments avec possiblement des "trous" à l’intérieur ou des

"creux" ). Cette démonstration est constructive dans le sens où elle décrit
comment fabriquer le canevas.
Vu que l’on ne peut pas plier indéfiniment une feuille de papier à cause
de son épaisseur, un problème mathématique ouvert est de savoir quelles
sont les figures que l’on est capable physiquement de plier.
En effet, on ne peut pas plier en 2 une feuille standard plus de 7 fois
(cela correspondrait, à cause de la croissance exponentielle à une épaisseur
de 128 fois l’épaisseur initiale). Cependant ici, on ne plie pas forcément les
feuilles en 2 et les couches ne se superposent pas nécessairement. Combien
de pliages pouvons-nous donc effectuer ? Britney Gallivan a démontré que
∗. Voir de −2 selon comment on effectue la différence.
†. Le premier moins le deuxième plus le troisième etc. Si on effectue le pliage sur un
seul sommet, c’est aussi une condition suffisante.
‡. Massachusetts Institute of Technology, à ne pas confondre avec le plus célèbre
Mathematical Institut of Toulouse
§. Avec son père Martin Demaine et Anna Lubiw en 1999.
¶. Je veux dire potentiellement non-convexe et non-connexe.

163
163
pour plier une feuille d’épaisseur t, n fois, il faut qu’elle possède au moins
une longueur L vérifiant :

(2 + 4)(2 − 1).
πt n n
L=
6
Cette formule vient du fait qu’une feuille doit être plus de π fois plus
longue qu’épaisse pour être pliée en deux.

 100 Trois problèmes antiques de géométrie


 24 Tangram et Pythagore
 32 Octogone magique

109
109 La martingale
La martingale
 Jeu  Analyse  Lycée

Une martingale est, en français et non en mathématique , une procédure
de paris en vue de maximiser des gains.
Pour vous récompenser d’avoir lu le livre jusqu’ici, je vous offre une mé-
thode infaillible. C’est-à-dire une méthode qui vous garantit nécessairement
une croissance infinie de vos gains.
Cette méthode s’applique à un jeu du type « pile ou face ». On pourra
donc penser à la roulette des casinos. Avec cette dernière on parie sur un
nombre (ou un ensemble de nombres), et on gagne si la bille s’arrête ou non
à cet endroit. Notre méthode s’applique à une succession de paris à ce type
de jeu.
Fixez-vous un certain montant initial et commencez par parier ce mon-

tant. Par la suite, appliquez la règle suivante :
— Si vous perdez alors doublez votre mise au prochain jeu.
— Si vous gagnez alors remisez le montant initial au prochain jeu.
Par exemple, si votre mise initiale est de 1 jeton, et si vous n’arrêtez pas
de perdre, alors vous misez successivement 2, 4, 8, 16, 32 . . . jetons. Si vous
gagnez au bout du cinquième jeu alors vous avez gagné 16 jetons. Vous aviez
alors perdu :
1+2+4+8
∗. En mathématique, une martingale correspond plus ou moins à une suite de variables
aléatoires dont la moyenne est stable. En particulier, contrairement à la définition du
dictionnaire, ce n’est pas un processus dont on espère la croissance... On parlerait plutôt
de sous-martingale.
†. Ou l’algorithme suivant.

164
164
jetons. C’est-à-dire 15 jetons. Si on fait les comptes, vous avez gagné 1 jeton.
En utilisant la formule sur la somme des suites géométriques, vous pou-
vez ainsi montrer que, quelque soit le moment où vous gagnez, à ce moment-
là votre gain moins vos pertes correspond toujours à votre mise initiale. Vous
ne perdez donc jamais d’argent !

Super, non ?

Bon, je dois quand même vous avertir de ne pas jouer cette technique
aux casinos. En effet, comme leur but est que vous perdiez de l’argent, ils se
sont protégés de cette technique. Les mises sont encadrées ; c’est-à-dire qu’il
existe un montant maximal de jetons à partir duquel on ne peut plus parier.
Il est donc impossible de doubler sa mise à un moment alors que l’on doit le
faire. Si on ne double plus sa mise alors l’argent perdu l’est définitivement.
Par exemple, si nous n’avons pas le droit de miser plus de 100 jetons alors,
après 7 échecs, nous devrions miser 128 jetons. C’est impossible, nous ne
pouvons miser que 100 jetons. Si nous gagnons à ce coup, nous ne gagnons
alors que 100 jetons en en ayant perdu 127.
Petit bonus : le terme martingale tire son étymologie de la ville de Mar-
tigues. En provençale « jouga a la martegalo » signifie jouer comme à Mar-
tigues, dont les habitant·e·s sont les Martégales et les Martégaux. La
raison de cette origine n’est pas très bien connue. Au XVe siècle, la ville est
associée aux personnes extravagantes et au XVIe siècle, la martingale est

un harnais pour cheval . En tout cas, il semble que la première utilisation
de ce terme provienne du mathématicien Abraham de Moivre en 1718 !

 27 Tous cousin·e·s ?
 3 Mathématiques de la guitare
 13 Dé à n faces

∗. Un objet qui pourrait nous aider à guider le hasard !

165
165
110
110 La
La conjecture
conjecture de
deMarcel
MarcelPagnol
Pagnol
 Célébrité  Conjecture  Nombres premiers  Littérature

« Quelquefois, lorsqu’un élève lui posait une question, M. Cros essayait


une explication (...). Il déclamait, du haut de son estrade :
— La circonférence est fière D’être égale à 2πR ; Et le cercle est tout
2
joyeux D’être égal à πR .
Et il souriait. Comme pour dire :
— Puisque vous êtes des littéraires, je vous donne de la poésie.
(...) Il disait aussi :
— Le volume de la sphère, Quoi que l’on puisse faire, Est égal à 4/3
3
πR . (...) La sphère fût-elle de bois.
Il donnait une grande importance à ce vers final ; il le lançait avec une
sorte de sévérité triomphale. Mais il ne s’adressait plus à nous : il parlait à
la Sphère Elle-même. »
Ceci est un extrait du roman autobiographique Le Temps des amours,
publié à titre posthume, de Marcel Pagnol.
Il était passionné de mathématiques.
Tellement, que ses descendants ont retrouvé dans ses notes non publiées
une conjecture sur les nombres premiers.
Cette dernière, la conjecture de Pagnol, s’énonce comme suit :

Si n est un entier impair, alors n + (n + 1) + n(n + 1) est un nombre


premier.

Cette conjecture est fausse !


Pour n = 11 par exemple, ce nombre est 155 et n’est pas premier.
Plus généralement, on peut montrer qu’il n’existe pas de suite polyno-
miale à coefficients entiers qui ne donne que des nombres premiers.
Il n’existe qu’un nombre fini de nombres premiers de Pagnol. Plus pré-
cisément, il en existe 122 et le plus grand est 530711.
Marcel Pagnol était donc un écrivain talentueux mais un moins bon
mathématicien que Marin Mersenne ou Pierre de Fermat.

 51 Conjecture de Goldbach
 28 Nombres inter-premiers et jumeaux
 91 Alice au pays des mathématiques

166
166
111
111 Pythagore
Pythagore a-t-il
a-t-il démontré
démontré son
sonthéorème
théorème??
 Mathématicien  Théorème  Géométrie  Histoire  Collège

Ce n’est pas Pythagore qui a trouvé ni démontré le théorème qui porte


son nom.
La tablette en argile Plimpton 32 qui date d’environ 1800 ans avant
J.-C. comporte par exemple ce que l’on appelle des triplets pythagoriciens,
c’est-à-dire des nombres a, b et c vérifiant :
2 2 2
a +b =c .

Les Babyloniens associaient dans cette tablette ces nombres à des triangles
rectangles.
Ils semblaient donc connaître la règle liant ces 3 nombres sans réellement
l’énoncer.
Pythagore a lui vécu au VIe siècle avant J.-C. On retrouve différents
énoncés de son théorème dans diverses civilisations plus ou moins contem-
poraines (indienne, chinoise, égyptienne...).
Pour la démonstration, celle-ci conclut le livre I des Éléments d’Euclide
au IIIe siècle avant J-.C. Il parait cependant clair que le théorème était
antérieurement connu des Grecs.
Les écrits mettant en lien Pythagore et son théorème arrivent des siècles
après sa disparition (comme tous les écrits le mentionnant et comme c’est
souvent le cas durant l’Antiquité). Ces derniers annoncent cependant que le
théorème fut ainsi nommé du vivant du mathématicien. Le célèbre mathé-
maticien, dont le nom signifie « celui qui a été annoncé par la Pythie » (i.e.
une oracle de mythologie grecque), aurait fêté cette dénomination par une
hécatombe, c’est-à-dire littéralement le sacrifice de cents bœufs.
Sans avoir établi le théorème, Pythagore a néanmoins été un savant re-
marquable de son époque et a notamment fondé toute une école et une
philosophie : le pythagorisme. Celle-ci est une confrérie scientifique et reli-
gieuse dont le fonctionnement était assez proche d’une secte.

 24 Tangram et Pythagore
 29 Pythagore, Fermat et Wiles : les années passent et ne se ressemblent
pas
 75 Mathématiques préhistoriques

167
167
Pouraller
Pour allerplus
plus loin
loin

Ce livre ne fait qu’effleurer des vies ou des notions mathématiques qui


méritent d’être creusées. Dans ce court chapitre, servant presque d’épilogue,
je donne quelques pistes pour aller plus loin ou découvrir d’autres funfacts
mathématiques.
Cependant dans tous les cas, ce livre ne comprend rien que l’on ne peut
trouver facilement sur internet et de manière plus complète. Ne serait-ce
que le site Wikipedia qui comprend souvent de très bons articles citant des
sources que l’on peut aussi aller lire ! Je vois le présent livre comme un
recueil pour savoir où aller chercher plus que comme une réelle référence sur
les sujets traités.
Loin d’être exhaustives, les références ci-dessous représentent aussi sou-
vent la source de mes aspirations. J’aurai dû, tout au long du livre, citer
précisément mes sources mais je ne l’ai malheureusement pas fait. La ma-
jorité des pages ont été écrites sans l’idée d’être publiées. Elles sont issues
d’une newsletter hebdomadaire. De plus, la majorité des curiosités présentes
dans cet ouvrage proviennent de cours que j’ai suivis ou de discussions fortes
intéressantes avec certains collègues et ami·e·s.
Comme sûrement beaucoup d’étudiant·e·s à l’université, j’ai eu plu-
sieurs enseignant·e·s passionné·e·s par leur métier qui ont beaucoup
contribué aux idées de ce livre. J’ai par exemple eu le grand vulgarisateur
de mathématiques Jean-Paul Delahaye à qui je dois l’anecdote qui a donné
son titre au livre. Je remercie donc les enseignant·e·s-chercheur·e·s de
l’université de Lille 1 durant les années 2005-2010 pour m’avoir fait parta-
ger leur passion. L’université est encore aujourd’hui un lieu qui ne sert pas
seulement à nous offrir des compétences pour être employé mais aussi une
culture fascinante !
Les cours que j’ai suivis n’ont pas été suffisant pour composer cet ou-
vrage. Il doit aussi beaucoup à divers sites de vulgarisation. Citons le très
grand site collaboratif Images des mathématiques, mais aussi des blogs
comme celui du Choux Romanesco de Jj, de Gérard Villemin ou d’autres
plus techniques comme ceux de Djalil Chafaï et Arthur Charpentier. Plu-
sieurs chaînes Youtube tel que Science étonnante, Dirty Biology, Micmaths
ont aussi apporté quelques idées mais ce ne sont sûrement pas les seules ! On

169
169
peut aussi trouver des vidéos de chercheurs, venant par exemple du centre
Henri Lebesgue ou de l’Agora des Savoirs de Montpellier.
Mes divers collègues (et souvent ami·e·s) de mon unité de recherche
et à l’extérieur, du simple stagiaire aux directeurs de recherche, m’ont aussi
apporté leurs idées à gauche et à droite. Sans tous les citer, car j’en ou-
blierai sûrement, je tiens à tous vous remercier ! En particulier, les divers
animateurs de l’opération mat les vacances retrouveront certaines discus-
sions. Certains sujets peuvent être ainsi creusés avec le livre

Maths la Terminale S - Objectif mention Très Très bien en 24 problèmes


corrigés, éditions Ellipses
dont les droits d’auteur sont reversés à l’association PAESTEL. J’encourage
la lecture de ce livre car son contenu permet de pratiquer les mathématiques
plus que de les survoler !
Finalement, les éditions Ellipses, via l’éditrice Corinne Baud, m’ont aussi
offert quelques livres édités chez eux qui ont aussi apporté quelques curio-
sités : énigmes, blagues, histoires des mathématiques... Plusieurs lectures
intéressantes !
Merci enfin à Anne Bisson, Asmae El Mdaghri, Isabelle Sanchez et
Corinne Baud pour les dernières relectures.

170
170
 Raccourci
Raccourci

Activité d’Einstein . . . . . . . . . . . . 142


Chaos à la calculatrice 111 d’Hilbert sur Cantor . . 24
Codage . . . . . . . . . . . . . . . 138 de Bohr . . . . . . . . . . . . . . . 142
Coloriage . . . . . . . . . . . . . . 19 de Churchill ? . . . . . . . . . 35
Comptez avec les doigts . . . de Crelle sur Abel . . . . . 94
147 de Gauss . . . . . . . . . . . . . . . 24
Crochet . . . . . . . . . . . . . . . 161 de J. Bridenstine sur
Dessin . . . . . . . . . . . . . . . . 156 Johnson . . . . . . . . . . 34
Découpage . . . . . . . . 40, 156 de Jay Gould . . . . . . . . . . 34
Films de savon . . . . . . . . 82 de Pagnol . . . . . . . . . . . . . 166
Football (échange de de Saint Marc (Bible) . 62
maillot) . . . . . . . . . 155 de Yor sur Doeblin . . . . 20
Géométrie des taxis . . . 65 Collection . . . . . . . . . . . . . . . 81
Jeu de boules . . . . . . . . 130 Conjecture
Origami . . . . . . . . . . . . . . 162 d’Hardy et Littlewood 106
Argent . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117 de Fermat . . . . . . . . . . . . . 95
Billet et pièce . . . . . . . . . 79 de Goldbach . . . . . . . . . . . 44
Jeu de pièces . . . . . . . . . . 99 de Pagnol . . . . . . . . . . . . . 166
Loto . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 de Poincaré . . . . . . . . . . . . 97
Problème du rendu de de Riemann . . . 44, 95, 106
monnaie . . . . . . . . . 117 Nombres parfaits . . . . . . 38
Refuser un million . . . . . 97 Premiers jumeaux . . . . . 44

Biais Démocratie
du sexisme . . . . . . . . . . . 129 Scrutin . . . . . . . . . . . . . . . . 20
du survivant . . . . . . . . . 130 Sondage . . . . . . . . . . . . . . 102
Système électoral 74, 116,
Calcul mental . . . . . . . . . . 127 134
Citation
d’Abel sur Cauchy . . . . 94 Équation
d’Abel sur Gauss . . . . . . 24 de degré 1 . . . . . . . . . . . . . 31
d’Anderson . . . . . . . . . . . . 43 de degré 5 . . . . . . . . . . . . . 94

171
171
de degrés 1, 2 . . . . . . . . . . 16 Pile ou face . . . . . . . . . . 164
de degrés 3, 4 . . . . . . . . . . 69 Puissance 4 . . . . . . . . . . . 144
de Kolmogorov . . . . . . . . 20 Tangram . . . . . . . . . . 40, 134
de Navier-Stockes . . . . 111 Tour Infernale . . . . . . . . . 47
des ondes . . . . . . . . . . . . . . 17 Énigme . . . . . . . . . . 134, 136
diophantienne . . . . . . . . 117
Langue
Film Allemand . . . . . . . . . . . . . 88
Chapeau melon et bottes de Arabe . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
cuir . . . . . . . . . . . . . 156 Livre
Docteur Folamour . . . . 132 Alice aux pays des
Imitation Game . . . . . . 138 merveilles . . . . . . . 134
Inception . . . . . . . . . . . . . 156 Hamlet . . . . . . . . . . . . . . . . 75
Las Vegas 21 . . . . . . . . . . . 84
Les figures de l’ombre . 34 Magie
Mama mia . . . . . . . . . . . . . 98 Accessoire à fabriquer 50,
Un homme d’exception . . . . 162
132 Avec des calculs . . . . . . . 86
Zodiaque . . . . . . . . . . . . . 138 Avec des cartes . . . . 63, 77
Fonction Maladie
η de Dirichlet . . . . . . . . 107 Amœbose . . . . . . . . . . . . 119
ζ de Riemann . . . . . . . . 107 Tuberculose . . . . . . . . . . . . 94
Arctan . . . . . . . . . . . . . . . . . 38 Marque
Logarithme . . . . . . . . . . . . 47 Facebook . . . . . 21, 81, 159
Intel . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151
Jeu JVC (VHS) . . . . . . . . . . . 130
Blackjack . . . . . . . . . . . . . 26 Kinder . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
Awalé . . . . . . . . . . . . . . . . . 144 Mc Donald . . . . . . . . . . . 117
Bigdil . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84 Paler Brothers . . . . . . . . 41
Casino . . . . . . . . . . . . . . . . 164 Panini . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
Combinatoire . . 71, 99, 144 Sony (Betamax) . . . . . . 130
d’échecs . . . . . . . . . . . 92, 144 Subway . . . . . . . . . . . . . . . . 44
de cartes 15, 63, 77, 81, 84 Windows . . . . . . . . . . . . . 159
de dames . . . . . . . . . . . . . 144 Musique . . . . . . . . . . . . . . 17, 95
de dés . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
de mots . . . . . . . . . . . . . . . . 85 Nombre particulier
de Nim . . . . . . . . . . . . 71, 144 0 ...................... 85
entre matheux . . . . . . . . 69 1 ...................... 31
Jenga . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47 ℵ ...................... 24
Kapla . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47 γ ...................... 47
Landlord’s game . . . . . . 41 ∞ . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24, 58
Loto . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 π√. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38, 68
Monopoly . . . . . . . . . . . . . . 41 √ 2 ................... 17
12

Origami . . . . . . . . . . . . . . 148 4
2 .................... 36

172
172
132
du barbier . . . . . . . . . . . . 101
du singe savant . . . . 68, 75
√ d’écriture . . . . . . . . . . . . . . 31
√2 . . . . . . . . . . . . 36, 68, 119 Effet papillon
Erreur de calcul. . . . . . . . 125 111
Nombres2 . . .particuliers
. . . . . . . . . 36, 68, 119 Erreur de calcul . . . . . . 125
Figure inconstructible 123
Nombres
Binaires particuliers
. . . . . . . . . . . . . . 147 Figure
géométrique inconstructible
. . . . . . . . . . . 123 88 173
Binaires . . ........................ 141
Complexes 147 géométrique
Impossibilité géométrique . . . . . . . . . . . 88 ..
Complexes
de Bernoulli. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. . 141 95 Impossibilité
148 géométrique . .
de Bernoulli
Nombres premiers . . . . . . . . .38, . . . 44,
95 Nombres148 univers . . . . . . 68
Nombres58, 80, premiers
106, 111, . 166 38, 44, Nombres
Objet impossible univers . . . . . . 156 68
Nombres 58, 80, 106, 111,
univers . . . 166 38, 68 Objet
Petit mondeimpossible . . . . ........... 156 159
Nombres univers
Octonions . . . . . . . . . . . 38, . 141 68 Petit
Plusieursmonde infinis . . . .............. 159 24
Octonions . . . . . . . . . . . . 141
Quaternions Plusieurs
sur l’infiniinfinis . . . . . ............... 58 24
Quaternions . . . . . . . . . . 141
Notation Prixsur l’infini . . . . . . . . . . . . . 58
Notation
⇔ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115 PrixMédaille Fields . . . . . . . . 22
⇒⇔ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115 Médaille
Nobel . . Fields. . . . . . . ................ 143 22
∃⇒ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115 Nobel . . . . . . . . . . . . . . . . . 143
∀∃ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115 Religion . . . . . . . . 29, 106, 142
i∀ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141 115 Religion
Repas . . . . . . . . 29, 106, 142
xi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141 57 RepasApéro . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
x . nombres
des . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104 57 Apéro
Déjeuner . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76 88
des nombres . . . . . . . . . . 104 Déjeuner
Goûter . . . . . . . . . . . . . . . . . 76 33
Ordinateur . . . . . . . . . . . . . . 55 Goûter . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
Ordinateur
Bug . . . . .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. 12255 Série
Bug . . . . .de
Inverseur . . .Plouffe
. . . . . . . ...... 122 38 SérieFuturama . . . . . . . . . . . . 155
Inverseur
vs Hommede. Plouffe . . . . . 19,. .80, . 9238 Futurama . . . . . . . . . . . . 155
vs Homme . . . . . . 19, 80, 92 Taxi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119
Paradoxe Taxi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119
Théorème
Paradoxe
...999 = 1 . . . . . . . . . . . . . . 59 Théorème
de Gauss-Wantzel . . . . 123
+ 2 += ..1 =. −1/12
1...999 . . . . . . . . .. .. .. .. . 107 59 de Gauss-Wantzel
Wantzel . . . . . . . . .123, . . 123 148
1 + 2 + .. et
d’Achille la tortue
= −1/12 . . . . 107 134 de Wantzel
d’Abel . . . . .. .. .. .. .. .. .. . .123,
. . . . 148
94
d’Achille
de Banach-Tarskiet la tortue . . . ... . 134 62 d’Abel
d’Arrow. ............................. . 116 94
Banach-Tarski
de Bertrand . . . . . ............ 128 62 d’Arrow
de Arrow . . . . . . . . . . . . . . 116
Bertrand . ......... . .116,
de Condorcet . . . 132128 de Arrow
Borel-Cantelli . . . . . . . ............ 116 75
de laCondorcet
dictature . ...... . .116, . . 132 116 de Cantor
Borel-Cantelli . . . . . . . . . . . . . . 75 24
dictature
de la Reine Rouge . . . .. .. .. .. 116 134 de Cantor . . . . . . . . . . . . . . 24
Gibbard-Satterthwaite ..
la Reine Rouge
de Simpsons . . . . . ......... . 134 32 de Gibbard-Satterthwaite
116 ..
Simpsons
de Zénon . . . . . . . . . . . . . . 134 32 116
de Kawasaki . . . . . . . . . . 162
de Zénon
des amis . .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. . 134
21 de Kawasaki
Ken Keeler. ................. 155 162
amis . . . ....................... 43
des ancêtres 21 de Ken Keeler
l’électeur médian . . . . . . . . . 155 74
ancêtres ....................... 89
des vitesses 43 de l’électeur
Maekawa médian . . . . . . . ...... 162 74
des vitesses
Dilemme . . . . . . . . . . . .. . 89
du prisonnier .. de Maekawa
Napoléon . . . . . . . . . . . 162 83
Dilemme132 du prisonnier . . . . de Napoléon
Pappus d’Alexandrie . . . . . . . . . . . . 83 ..
132
du barbier . . . . . . . . . . . . 101 de Pappus
156 d’Alexandrie . . .
barbier
du singe savant. . . . . . . . . . . 68, . 10175 156
de Pythagore . . . . . . . . 167
du singe savant
d’écriture . . . . . ......... . .68, . . 75
31 de Pythagore
Thalès . . . . . . . . . .111, . . 156 167
d’écriture
Effet papillon . . . . . . . . . . . . . . 111 31 Varignon. . ............ .111,
de Thalès . . . 156
Effet papillon . . . . . . . . 111 de Varignon . . . . . . . . . . 156
173
173
173
.... de Napoléon . . . . . . . . . . . 83
de Pappus d’Alexandrie . . .
101 156 des valeurs intermédiaires .
8, 75 de Pythagore . . . . . . . . 167 27
. 31 de Thalès . . . . . . . . 111, 156 Tourisme
111 de
desVarignon . . . . . . . . . . 156
valeurs intermédiaires . Dublin . . . . . . . . . . . . . . . 141
des valeurs
27 intermédiaires . Dublin
New York. . . . . . . . . . . . . . . . 161
141
173 Tourisme27 New York
Tour Eiffel . . . . . . . . . . . . . 154
161
Tourisme Tour Eiffel . . . . . . . . . . . . 154

174

174
174
174
Ellesetetilsilssont
 Elles sont
présents !
présents !

Dieu . . . . . . . . . . . . . 62, 106, 142 Cantor, G. . . . . . . . . . 24, 58


Cardan, J. . . . . . . . . . . . . . 69
Mathématicien⋅ne Carnot, L. . . . . . . . . . . . . . 36
Abel, N. H. . . . 24, 79, 94, Cauchy, A. L. . 46, 94, 98,
107, 109, 123 141
Adleman, L. . . . . . . . . . . 138 Cesàro, E. . . . . . . . . . . . . 107
Al-Khawarizmi . . . . . . . . 57 Champernowne, D.G. . 68
d’Alembert, J.L. . . . . . . 90 Charkovski, O. . . . . . . . 111
Alhazen . . . . . . . . . . . . . . . . 79 Chasles, M. . . . . . . . . . . . 154
Altinel, T. . . . . . . . . . . . . 146 Clarke, J. . . . . . . . . . . . . . 138
Appel, K. . . . . . . . . . . . . . . 19 Coffin, J. G. . . . . . . . . . . . 47
Argand, J.-R. . . . . . . . . 141 Balinski, M. . . . . . . . . . . . . 74
Arrow, K. . . . . . . . . . . . . 116 de Condorcet, N. . . . . . . 74
Audin, Maurice . 115, 146 Laraki, R. . . . . . . . . . . . . . . 74
Audin, Michèle . . . . . . . 146 Copernic, N. . . . . . . . . . . . 79
d’Aurillac, G. . . . . . . . . . 23 Crandall, M. G. . . . . . . 141
Babbage, C. . . . . . . . . . . . 95 Dedekind, R. . . . . . . . . . . . 98
Banach, S. . . . . . . . . . 62, 79 Delastelle, F.-M. . . . . . 138
Bernoulli, D. . . . . . . . . . . 90 Demaine, E. . . . . . . . . . . 162
Bernoulli, J. . . . . . . . . . . . 95 Demaine, M. . . . . . . . . . . 162
Bertrand, J. . . . . . . . . . . 128 Descartes, R. . . . . . . 57, 79
Bohr, N. . . . . . . . . . 106, 142 Diaconis, P. . . . . . . . 63, 138
Borel, E. . . . . . . . . . . . 68, 75 Diophante . . . . . 46, 57, 117
Bourbaki, N. . . . . . . . . . 115 Dirichlet, G. L. 43, 46, 107
Brezis, H. . . . . . . . . . . . . . . 29 Dodgson, C. L. . . . . . . . 134
de Bruijn, N. G. . . . . . . . 77 Doeblin, W. . . . . . . . 20, 115
L’abbé Buée . . . . . . . . . 141 Dubois, I. . . . . . . . . . . . . . 162
Bézout, E. . . . . . . . . . . . . 117 Einstein, A. . . 79, 100, 142
Cantelli, F. P. . . . . . 68, 75 Erdös, P. . . . . . . . . . . . . . 159

175
175
Eskin, A. . . . . . . . . . . . . . . 22 Johnson, K. . . . . . . . . . . . . 34
Euclide . . 38, 101, 161, 167 Kac, M. . . . . . . . . . . . . . . . . 95
Euler, L. 29, 46, 52, 79, 98, Kasner, E. . . . . . . . . . . . . . 55
107, 136, 141 Kawasaki, T. . . . . . . . . . 162
Evans, L. C. . . . . . . . . . 141 Keeler, K. . . . . . . . . . . . . 155
Fedorov, E. . . . . . . . . . . . 156 Kepler, J. . . . . . . . . . . . . . 152
de Fermat, P. 46, 95, 123, Klein, F. . . . . . . . . . . . . . . . 88
166 Knox, D. . . . . . . . . . . . . . 138
Ferrari, L . . . . . . . . . . . . . . 69 Kochen, M. . . . . . . . . . . . 159
del Ferro, S. . . . . . . . . . . . 69 Kolmogorov, A. . . . . . . 121
Fibonacci, L. . . . . . . . . . . 52 Laczkovich, M. . . . . . . . 148
Fourier, J. . . . . . . . . . 94, 95 Lagrange, J.-L. . . . . . . . . 83
Fraenkel, A. A. H. . . . 101 Laplace, P.-S. . . . . . . . . . 29
Frobenius, G. . . . . . . . . 117 Launay, M. . . . . . . . . . . . 100
Galilée . . . . . . . . . . . . . . . . . 79 Leclerc, G.-L., comte de
Gallivan, B. . . . . . . . . . . 162 Buffon, . . . . . . . . . . 128
Galois, E. . . . . . . . . 109, 123 Legendre, A.-M. . . . 46, 94
Gauss, C. F. . . 24, 79, 109, Leibniz, G. W. . 33, 38, 98
117, 123, 141 Lions, P.-L. . . . . . . . . . . 141
Germain, S. 46, 79, 82, 100 Littlewood, J. E. . . . . . 106
Gibbard, A. . . . . . . . . . . . 116 Lorenz, E. . . . . . . . . . . . . 111
Goldbach, C. . . . . . . . . . . . 80 Lovelace, A. . . . . . . . . . . . 95
Gordon, C. . . . . . . . . . . . . 95 Lubiw, A. . . . . . . . . . . . . . 162
Gosset, W. . . . . . . . . . . . . . 88 Luxemburg, W. . . . . . . . 98
Grandi, L. G. . . . . . . . . 107 Möbius, A. F. . . . . . . . . . 88
Gregory, J. . . . . . . . . . . . . . 38 Madhava de Sangamagrama
Grothendieck,A. . . . . . . . 56 38
Guthrie, F. . . . . . . . . . . . . 19 Maekawa, J. . . . . . . . . . . 162
Gödel, K. . . . . . . . . . . . . . . 49 Malthus, T. . . . . . . . . . . . . 52
Haken, W . . . . . . . . . . . . . . 19 Mandel, S. . . . . . . . . . . . . . 26
Hamilton, R. S. . . . . . . . 97 Maynard, J. . . . . . . . . . . . . 44
Hamilton, W. R. . . . . . 141 Mercator, G. . . . . . . . . . . . 79
Hardy, G. H. . . . . 106, 119 Mersenne, M. . . . . . . . . 166
Helfgott, H. A. . . . . . . . . 80 Mirzakhani, M. . . . . . . . . 22
Hewitt, E. . . . . . . . . . . . . . 98 Von de Mises, R . . . . . 121
Hilbert, D. 44, 58, 80, 100, Mittag-Leffler, G. . . . 143
107 de Moivre, A. . . . . . . . . 164
Hooper, G. . . . . . . . . . . . 122 Nash, J. . . . . . . . . . . . . . . 132
Huygens, C. . . . . . . . . . . . 79 Navier, H. . . . . . . . . . . . . 111
Hypatie d’Alexandrie . 152 Nelson, E. . . . . . . . . . . . . . 98
Héron, d’Alexandrie . . . 42 Newton, I. . . . . . 33, 79, 154
Hörmander, L. . . . . . . . 143 Nightingale, F. . . . . . . . . 90
Itô, K. . . . . . . . . . . . . . . . . . 20 Noether, E. . . . . . . . . . . . 100
Jacobi, C. G. J. . . . . . . 109 Oranchak, D. . . . . . . . . 138

176
176
Pappus d’Alexandrie . 156 Wantzel, P.-L. . . . 123, 148
Pareto, V. . . . . . . . . . . . . 116 Webb, D. L. . . . . . . . . . . . 95
Pascal, B. . . . . 79, 111, 154 Weierstrass, K. . . . . . . . . 98
Paterson, M. . . . . . . . . . . . 47 Weyl, H. . . . . . . . . . . . . . . . 95
Peano, G. . . . . . . . . . . . . . 101 Wiles, A. . . . . . . . . . . . . . . 46
Penrose, R. . . . . . . . . . . . 156 Winckler, P. . . . . . . . . . . . 47
Perelman, G. . . 56, 97, 111 Wolpert, S. . . . . . . . . . . . . 95
Peres, Y. . . . . . . . . . . . . . . . 47 Yitang, Z. . . . . . . . . . . . . . 44
Petroni, N. C. . . . . . . . . 128 Yor, M. . . . . . . . . . . . . . . . . 20
Platon . . . . . . . . . . . 148, 152 Zagalski, H. . . . . . . . . . . 138
Plouffe, S. . . . . . . . . . . . . . 38 Zermelo, E. . . . . . . . . . . . 101
Poincaré, H. . . . . . . . . . . . 97 Ziraoui, F. . . . . . . . . . . . . 138
Polya, G. . . . . . . . . . . . . . 130 Zwick, U. . . . . . . . . . . . . . . 47
Pythagore . . . . . 40, 46, 167 Zénon d’Élée . . . . . . . . . 134
Ramanujan, S. . . . . . . . 119 Ératosthène . . . . . . . . . . . 86
Ratner, M. . . . . . . . . . . . . . 22
Rejewski, M. . . . . . . . . . 138 Personnalité·e
Riemann, B. . . 44, 95, 106, Alexandre le Grand . . 154
107 Anderson, P. . . . . . . . . . . . 43
Rivest, R. . . . . . . . . . . . . . 138 Apollon . . . . . . . . . . . . . . . 148
Robinson, A. . . . . . . . . . . . 98 Arago, F. . . . . . . . . . . . . . . 29
Russel, B. . . . . . . . . . 62, 101 Astérix . . . . . . . . . . . . . . . . 67
Rényi, A. . . . . . . . . . . . . . 159 Belskie, A. . . . . . . . . . . . . 113
Różycki, J. . . . . . . . . . . . 138 Borges, J. L. . . . . . . . . . 68
Satterthwaite, M. . . . . 116 Carroll, L. . . . . . . . . . . . . 134
Schur, I. . . . . . . . . . . . . . . 117 Champollion, J.-F. . . . 138
Schwartz, L. . . . . . 141, 146 Charlemagne . . . . . . 43, 154
Shamir, A. . . . . . . . . . . . . 138 Chevalier, A. . . . . . . . . . 109
Shanks, W. . . . . . . . . . . . . 38 Churchill, W. . . . . . . 35, 68
Stokes, G. . . . . . . . . . . . . 111 Cléopâtre . . . . . . . . 111, 154
Taimina, D. . . . . . . . . . . . 161 Conan Doyle A. . . . . . . . 24
Tao, T. . . . . . . . . . . . . . 44, 98 Condorcet, N. . . . . . . . . 132
Tarski, A. . . . . . . . . . 62, 148 Dante . . . . . . . . . . . . . . . . . 154
Tartaglia . . . . . . . . . . . . . . . 69 Darrow, C. . . . . . . . . . . . . . 41
Teichmüller, O. . . . . . . 121 Darwin, C. . . . . . . . . . . . . . 75
Thalès . . . . . . . . . . . . . . . . 156 Daudet, A. . . . . . . . . . . . 154
Thorup, M. . . . . . . . . . . . . 47 Deneuve, C. . . . . . . . . . . . . 38
Tucker, A. W. . . . . . . . . 132 Devos, R. . . . . . . . . . . . . . . 85
Turing, A. . . . . . 68, 79, 138 Dickinson, R. L. . . . . . . 113
Varignon, P. . . . . . . . . . 156 Docteur Folamour . . . . 132
Lindemann . . . . . . . . . . . 148 Dumas, A. . . . . . . . . . . . . 109
von Neumann, J. . . . . . 132 Edison, T. . . . . . . . . . . . . 122
Wald, A. . . . . . . . . . . . . . . 130 Escher, M. C. . . . . . . . . 156
Wallis, J. . . . . . . . . . . . . . . 38 Feld, S. L. . . . . . . . . . . . . . 21

177
177
Gagarine, Y. . . . . . . . . . . . 34 Molière . . . . . . . . . . . . . . . 154
Gould, S. J. . . . . . . . . . . . . 34 Moore, G. . . . . . . . . . . . . 151
Hollande, F. . . . . . . . . . 146 Moriarty . . . . . . . . . . . . . . . 24
Houdini, H. . . . . . . . . . . . 162 Napoléon . . . . . . . . . . . 29, 83
Hugo, V. . . . . . . . . . . . . . . . 29 Nobel, A. . . . . . . . . 116, 143
Jeanne d’Arc . . . . . . . . . 154 Obama, B. . . . . . . . . . . . . . 34
Jospin, L. . . . . . . . . . . . . . . 74 Obélix . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
Jules César . . . . . . . . . . 138 Pagnol, M. . . . . . . . . . . . . 166
Jésus . . . . . . . . . . . . 152, 154 Perec, G. . . . . . . . . . . . . . 138
Kant, E. . . . . . . . . . . . . . . 136
Polybe . . . . . . . . . . . . . . . . 138
Karinthy, F. . . . . . . . . . 159
Ponce Pilate . . . . . . . . . 154
Kasparov, G. . . . . . . . . . . 92
Pythie de Delphes . . . . 148
Kennedy, J. F. . . . . . . . . 33
Kubrick, S. . . . . . . . . . . . 132 Queneau, R. . . . . . . . . . . 138
Lagaffe, V. . . . . . . . . . . . . . 84 Reine d’Angleterre . . . . 41
Laïka . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34 Rowling, J. K. . . . . . . . 100
Lee Shetterly, M. . . . . . . 34 Sand, G. . . . . . . . . . . . . . . 100
Lepen. J.-M. . . . . . . . . . . . 74 Shakespeare . . . . . . . . . . 154
Louis-Philippe . . . . . . . 109 Sherlock Holmes . . . . . . 24
Macron, E. . . . . . . . . . . . 146 Smith, A. . . . . . . . . 116, 132
Magie, E. . . . . . . . . . . . . . . 41 Sylvestre II . . . . . . . . . . . . 23
Milgram, S. . . . . . . . . . . . 159 Vrain-Lucas, D. . . . . . . 154

178
178
 Celles-ci sont pour
vousCelles-ci
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Celles-ci sont pourvous
vous
Collège 31, 32, 40, 42, 46, 50, 155, 159, 161
57, 59, 65, 76, 83, 90,
Collège 102,
31,117,
32, 119,
40, 42,
123,46, 50,
127, Lycée . 155,
. 15–17, 20, 24, 27, 35,
159, 161
57, 59,
138, 148,65,156,
76, 162,
83, 90,
166, 36, 43, 44, 46, 47, 52,
102, 117, 119, 123, 127,
167 Lycée . 58,
. 15–17,
69, 84,20,94,24,
95,27,
98,35,
138, 148, 156, 162, 166, 36,
107,43, 44,121,
115, 46, 125,
47, 52,
128,
167 58,
138,69, 84,152,
141, 94, 164
95, 98,
Grand public 21, 22, 26, 27, 107, 115, 121, 125, 128,

-ci sont pour


29, 32–35, 38, 41, 43, Primaire138,
. . 141,
19, 152,
23, 30,
16438, 67,
Grand public
49, 55, 56,21,59,22,
62,26,
63,27, 71, 80, 82, 85, 86, 99,
29, 32–35, 38, 41, 43,
68, 74, 76, 77, 79, 81, Primaire104,
. . 111,
19, 138,
23, 30,
14738, 67,
49, 89,
88, 55, 92,
56, 95,
59, 97,
62, 100,
63, 71, 80, 82, 85, 86, 99,
68, 74,
106, 109,76,111,
77, 113,
79, 81,
116, Supérieur
104,. 111,
20, 138,
33, 38,
14758, 62,
88, 89,
122, 129,92,130,
95, 134,
97, 100,
136, 68, 75, 81, 88, 101, 132,
106,
143, 109,
144, 111,
146, 113,
151, 116,
154, Supérieur
155,. 161
20, 33, 38, 58, 62,
122, 129, 130, 134, 136, 68, 75, 81, 88, 101, 132,
143, 144, 146, 151, 154, 155, 161
6, 50, 155, 159, 161
0,
127, Lycée . . 15–17, 20, 24, 27, 35,
166, 36, 43, 44, 46, 47, 52,
58, 69, 84, 94, 95, 98,
107, 115, 121, 125, 128,
138, 141, 152, 164
6, 27,
3, Primaire . . 19, 23, 30, 38, 67,
3, 71, 80, 82, 85, 86, 99,
1, 104, 111, 138, 147
00,
116, Supérieur . 20, 33, 38, 58, 62,
136, 68, 75, 81, 88, 101, 132,
154, 155, 161
179

179
179
 Bosse aussi
Bosse aussi ta,ta,
tonton ou
ou tes
tes

Éducation civique . . . 20, 74 Série harmonique . . . . . . 47


Séries . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
Algèbre . . . . . . 16, 23, 46, 100 Valeurs intermédiaires . 27
Arithmétique . . 44, 59, 80, Équation de deg. ≥ 5 . . 94
86, 119 Équations aux dérivées
Division euclidienne . . . 71 partielles . . . . . . . . 111
Matrices . . . . . . . . . . . . . . . 41 Équations différentielles . . .
Multiplication . . . . . . . . 127 111
non commutative . . . . 141 Arabe
Théorie des groupes . . 109 Étymologie . . . . . . . . . . . . 85
Équation polynomiale . 69 Art . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113, 156
Allemand Ambigramme . . . . . . . . . . 50
Jeu de mots . . . . . . . . . . . 88 Astronomie . . . . . . . . . . . . . . 34
Analyse . . 31, 36, 57, 95, 154
Binaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127
Dérivées . . . . . . . . . . . . . . 125
Biologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90
Fonctions . . . . . . . . . . . . . 132
Écologie . . . . . . . . . . . . . . . 52
Limite . . . . . . . . . . . . . 24, 98
Évolution . . . . . . . . . . . . . 134
Logarithme . . . . . . . 47, 159
Moyenne . . . . . . . . . . . . . . . 89 Calcul
Non standard . . . . . . . . . . 98 Table de multiplication . . . .
Prolongement de fonction . 147
107 Combinatoire . . . . . . . . . . . 15
Suites . . . . . . . . . . . . . 42, 107
Suites arithmétiques . . 24, Économie
52 Démographie . . . . . . . . . . 52
Suites géométriques . . . 17,
43, 52, 107, 164 Français
Systèmes dynamiques 111 Lipogramme . . . . . . . . . 138
Série divergente . . . . . . 107 Étymologie . . . . . . . . . . . . 85

181
181
Géographie . . . . . . . . . . . . . . 65 Latin
Géométrie 22, 27, 40, 42, 65, Mythologie . . . . . . . . . . . 148
76, 83, 97 Linguistique . . . . . . . . . . . . 138
Angles . . . . . . . . . . . . . . . . 156 Littérature
Barycentre . . . . . . . . . . . . . 47 L’Immortel, d’Alphonse
Bissectrice . . . . . . . . . . . . 162 Daudet . . . . . . . . . . 154
Circonférence . . . . . . . . 166 Alice au pays des merveilles
Coniques . . . . . . . . . . . . . 152 134
Construction impossible . . . Astérix et Obélix . . . . . . 67
148 Exercices de Style de R.
Figure de Rey-Osterrieth . . Queneau . . . . . . . . 138
129 La bibliothèque de Babel . .
hyperbolique . . . . . . . . . 161 68
Moyen Âge . . . . . . . . . . . 104 La disparition de G. Perec .
non euclidienne . . . . . . . 59 138
Polygone . . . . . . . . . 123, 156 Pagnol, M. . . . . . . . . . . . . 166
Pythagore . . . . . . . . . . . . 167 Pensée, de B. Pascal . 111
Surface . . . . . . . . . . . . . . . . 88 Rowling, J.K. . . . . . . . . 100
Surface minimale . . . . . . 82 Sand, Georges . . . . . . . . 100
Symétrie . . . . . 50, 104, 162 Sherlock Holmes . . . . . . 24
Symétrie centrale . . . . . . 99 Logique . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
Théorie de la mesure . . 62 Axiomes . . . . . . . . . . . . . . 101
Théorème de Thalès . 156
Volume sphère . . . . . . . 166 Musique . . . . . . . . . . . . . . 17, 95
Météorologie . . . . . . . . . . . 111
Histoire . 16, 23, 29, 57, 143,
167 Optimisation . . . . . . . . . . . 132
Antiquité . . . . . . . . 127, 138
Celtes . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30 Physique
Charlemagne . . . . . . . . . . . 43 Astronomie . . . . . . . . . . 152
Gaulois . . . . . . . . . . . . 30, 67 mécanique quantique . 142
Guerre d’Algérie . . . . . 146 Probabilités . . 15, 20, 26, 43,
Guerre du Vietnam . . 102 63, 68, 77, 81, 90, 142
Première Guerre mondiale . Chaîne de Markov . . . . . 41
115 Combinatoire . . . . . . . . . . 26
Préhistoire . . . . . . . . . . . 111 Lemme de Borel-Cantelli . .
Seconde Guerre mondiale . . 75
20, 35, 56, 75, 121, 130, Loi binomiale . . . . . . . . . 43
138 Tirer au hasard . . . . . . 128
Urnes de Polya . . . . . . . 130
Informatique . . 95, 122, 138, élémentaires 84, 102, 113,
151 125
Algorithme . . . . . . . . . . . 127
Algorithme NP . . . . . . . 117 Sport

182
182
Urnes de Polya . . . . . . . 130
138, élémentaires 84, 102, 113,
125
127
117 Football . . . . . . . . . . . . . . 161
Sport Théorie des graphes 19, 21,
Score du rugby
Football . . . . . . . . . . . . . . 117
161 136, 159
Théorie des graphes 19, 21,
182 Statistiques
Score du . . . . . . . . . . . . .32,117
rugby 35 Théorie 136,
des 159
groupes
Biais du survivant
Statistiques . . . . . . . . . . . . .32,130
35 Théorie des groupes
Permutations . . . . . . . . 155
Test
Biais de
dustudent
survivant. . .. .. .. .. . 130 88 Permutations
Théorie des jeux . . . . . . . . 132 155
Test de student . . . . . . . 88
Théorie des ensembles . 24 Théorie des. .jeux
Topologie . . . . . . . . . . . . . . 132
68
Théorie des ensembles . 24 Topologie . . . . . . . . . . . . . . . . 68

183
183
183
Recueil de curiosités
mathématiques

Dans ce recueil de curiosités mathématiques écrit


dans un style accessible à tous, vous découvrirez
111 anecdotes sur des paradoxes, des théorèmes,
des conjectures, des jeux, des personnages, des
histoires, … Le niveau nécessaire de compréhension est
très large allant de l’école primaire avec l’écriture et la
prononciation des nombres à l’enseignement supérieur.
Cependant elles ont toutes comme point commun
d’être courtes, enrichissantes et passionnantes.
Quel que soit votre âge, ces curiosités vous
permettront de trouver de nouvelles réponses à vos
questions, de vous instruire et de vous amuser grâce
à certaines activités ludiques.

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