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I
REMERCIEMENTS
Il est peut-être facile de commencer à remercier les personnes qui ont contribué à la réalisation
de ce travail ; mais le remerciement de chaque personne comme il se doit est probablement
impossible.
Si je dois dresser la liste de toutes les personnes qui m’ont aidé au cours de la rédaction de ce
mémoire cela serait en lui-même le sujet d’une éternelle dissertation
A Elena Soare et Isabelle Roy, mes directrices, je suis énormément redévable. Elles m’ont
accompagné dans ce qui était presqu’impossible : la création du corpus, l’architecture du
mémoire, la documentation, les conseils, la voie à suivre…
Elles ont été plus que généreuses de par leur disponibilité et la finesse de leur expertise dans
leur champ d’étude respectif.
Pour l’intérêt que vous avez prêté à ma recherche, pour la confiance que vous m’avez accordée,
et surtout parce qu’il est vraiment agréable et motivant de travailler avec vous, je vous dis:
Ábarika !
J’exprime aussi ma profonde gratitude à Bridget Copley pour ces conseils de rédaction,
Erwan Pépiot, Dylan Glynn, Carlo Cecchetto, Valentin Vydrine, qui m’ont aidé dans la
sculpture du sujet et le sentier à emprunter.
Je remercie Helen Farah, ma camarade pour ses conseils de mise en page, Keu Gouanda
Benjamin, Fofana Abraman, Massa Solo et tous les membres de l’association Solidaire de Paris
8 pour leur soutien moral
Je remercie également Maty pour ses encouragements incessants quand je n’ai plus de force
pour avancer.
II
RESUME
L’existence de contradiction dans les recherches antérieures sur la distribution, la définition et
le fonctionnement de la copule en Bambara nous les rend encore ambigues. Il s’agit de la
distinction entre particule verbale et copule, équation et prédication, postposition, inclassable
ou marqueur de focus…Dans la critique de ces analyses antérieures sur l’ensemble des copules
en générale nous voulons montrer dans ce mémoire comment la particule verbale se distingue
de la copule.
ABSTRACT
Former researches being interspersed with contradictions on the distribution, the definition and
functioning of Copula in Bambara render the fathoming still difficult regarding the nuance
between a copula and a verbal particle, an equation and a predication, a postposition and an
unclassifiable or a focus marker. While those researches on the set of copulative elements are
subject of further scrutiny in this work, we aim at showing by the same token how a verbal
particle differs from a copula.
III
TABLE DES MATIERES
DEDICACE ................................................................................................................................. I
Remerciements ..................................................................................................................... II
Résumé…………………………………….……………………………………………....III
Glossaire ............................................................................................................................... VI
INTRODUCTION .................................................................................................................. 1
SECTION I : LA PREDICATION
IV
SECTION III : LA COPULE EN BAMBARA : ETUDES ANTERIEURES
3.1Verbe copulatif en général selon Sauvant (1913)……….…….…………………………26
3.2 Les formes de copules (énoncés simples) selon Dumestre (2003)………………..…….28
3.3 Les formes de copules en Bambara selon Pustet (2003)……………………….………..31
3.4 Les formes de copule en Bambara selon Ermisch (2013)……………………………….32
3.5 Les formes de copule selon Vydrine (2020)……………………………………….........34
3.6.Discussion des typologies présentées………………………………………………...…39
V
6.3.3-Problèmes d’interprétation……………………………………………………….54
6.4-Phrases en Yé….Yé : quelques propriétés…………………………………………..55
6.4.1-Inversion…………………………………………………………………………55
6.4.2-Spécificité de l’inversion………………………………………………………...56
6.4.3-Structure Topic-Focus……………………………………………………………57
6.4.3.1-Hypothèse…………………………………………………………………….57
6.3-Conclusion partielle…………………………………………………………………..58
CONCLUSION GENERALE………………………………………………………..119
BIBLIOGRAPHIES……………………………………………………………………124
VI
GLOSSAIRE
Comp= Comparaison
Cop = Copule
Déverb= déverbatif
Dimin= Diminutif
Enonc= marque d’énoncé
Emph= emphatique
Et= état
Expr= expression
Fut= futur
Foc= focalisation
Hab= habitude
Inclass= inclassable
Inf = Infinitif
Intens= intensité
Loc.conj = locution conjonctive
m/Mp = Marque prédicative
N= nom
Nég= négatif
Néol= néologisme
Pl= pluriel
Poss= possessif
Prés= présent
Progr= suffixe du participe progressif
Post= postposition
Phrast= particule phrastique
Qualif= qualificatif
Réd= rédoublement
Rél= rélatif
Rél.pr= pronom rélatif
Réla= Rélateur
Résul= résultatif
VII
SG= singulier
Suff.Dér.V= suffixe de dérivation verbale
VIII
INTRODUCTION
1
objet direct, V = verbe, X = objet indirect / circonstant. En Bambara, la conjugaison des verbes
se fait à partir d’un ensemble de formes appélées marques de conjugaison (Dumestre, 2003).
Les expressions verbales sont donc formées par l’association de ces marqueurs avec les racines
verbales :
x1-Úmi bɛ́ Fransi y1-Yali yé múso ɲúman yé
Úmi Cop France Yali Cop femme bon x
Úmi est en France Yali est une belle femme
Cependant ces éléments n’ont pas la seule fonction de marque de conjugaison et sont considérés
comme des copules (Hermisch (2013), Pustet (2003),Vydrine (à paraitre)) dans une prédication
non-verbale.
doǹ, est considéré par R.Pustet comme compatible avec les prédicats de quantification, les
prédicats temporels et participiaux tandis que chez S. Ermisch il marque l’existentialité ; bɛ́ a
un usage prédicatif non-verbal chez Vydrine alors que pour Pustet elle est uniquement verbale ;
la question de yé…yé comme marqueur d’équation. Ces nombreuses contradictions nous
conduisent à interroger la distribution des quatre formes de copule en Bambara puisque les
autres langues qui sont connues pour avoir plus d’une copule en ont généralement deux
(Espagnol, Irlandais) : Pourquoi quatre formes ? Ces formes sont-elles verbales ? yé…yé est-il
prédicationnel ? Si oui, comment est conditionnée sa distribution ? Quelle est la valeur
sémantique et le rôle syntaxique de cet élément ? Pourquoi est-il vu comme une copule
complexe ?
La question de copule en Bambara renferme une mine de questions dont on ne pourrait sonder
exhaustivement dans ce mémoire. Notre réflexion consistera principalement à montrer
comment la copule est distincte de la particule verbale. La copule yé…yé après sa traduction,
parmi les quatre autres est régulière dans la taxinomie de Higgins et peut apporter transparence
2
dans la compréhension de la structure des phrases inverses. C’est l’une des raisons à préférer
l’hypothèse que les quatre éléments copulatifs du bambara correspondent aux quatre catégories
de phrases de Higgins. Nous voyons aussi à travers ce rapprochement, la distinction entre
équation et prédication :
a’- Cɛ̀ ní yé Zan yé
Homme Dém Cop Zan x
Cet homme, c’est Jean
b’-Cicero yé Tullusi yé
Siséro Cop Tullusi x
Cicéron, c’est Tullius
Directives de recherche
Face à ces nombreuses questions nous formulons les hypothèses suivantes :
-Le SWO (standard word order) ou l’ordre canonique des mots de l’Anglais est bien différent
de celui du Français et surtout du Bambara mais l’existence de la copule est commune à ces
trois langues. La mise en lumière donc de la typologie de Higgins nous permet de mieux cerner
cet élément en Bambara afin de comprendre non seulement sa distribution mais aussi son
fonctionnement même si cette typologie rencontre des difficultés en ce qui concerne le nombre
de ses composantes.
3
-L’une des premières raisons pour lesquelles yé…yé se distingue des autres éléments est le fait
qu’il est composé de deux éléments et c’est en cela que réside sa complexité qui est la cible
même de cette réflexion.
Quant à la deuxième, elle est toujours associée au verbe et est indispensable pour la
compréhension de la phrase.
Objectifs :
Notre objectif dans l’élaboration d’un tel travail est :
-Montrer pourquoi il y a divergence entre les auteurs sur la question de distribution, de
fonctionnement et de définition de la copule en Bambara.
-Montrer comment une copule se distingue d’une particule verbale
-Comprendre cette divergence et proposer des analyses
-Décrire les propriétés morphologiques, syntaxiques et sémantiques de yé…yé
-A partir de la typologie de Higgins distinguer une équation d’une prédication par rapport à
yé…yé
-Comprendre mieux le système copulatif multiple du Bambara montrant que l’utilisation de la
copule en Français et en Anglais est différente de celle du Bambara.
-Montrer en quoi les quatre copules Bambara correspondent à la typologie de Higgins
4
Collecte des données
Notre base de données dans cette démarche est le corpus Sárantori ka ntàlen ou l’histoire de la
grenouille. Il a été recueilli sur l’analyse d’une série d’images afin de produire un texte en
Bambara, traduit et glosé en Français. Nous rappelons que cette base de données sera de temps
à autre soutenue par l’instrospection.
Organisation
Ainsi dans ce sillage nous articulons notre réflexion, autour des différentes sections suivantes :
la prédication sera abordée dans la section 1, mécanisme fondamental de la construction de la
le Bambara. Nous étalons ici une symétrie de la prédication en générale (Français, Anglais) en
Bambara en présentant d’abord la langue, en suite la mise en exergue de la polémique de
classification des langues Mandées et enfin la subdivision de cette famille de langue en sous-
phrase en général. La section 2 sera consacrée à la prédication en langue Mandée notamment
groupes. Les investigations antérieures relatives à l’étude de copule en Bambara est l’objet de
la section 3. Cette partie étudie la divergence entre les auteurs sur le fonctionnement, la
distribution et la définition des éléments linguistiques dits copule en Bambara. La section (4),
concernera la copule et la phrase copulative pour donner un peu de détails sur le contenu de la
typologie de Higgins. La section 5 oppose la copule et la particule verbale en montrant les
différents aspects de leur distinction. Une analyse de la copule yé…yé est le thème de la section
6 pour découvrir la particularité des phrases en yé…yé, le status grammatical des occurrences
de yé, la critique des phrases en yé…yé comme des équatives Le rapport de stage, la création
de corpus est consacrée à la section 7, dernière partie de cette réflexion.
5
SECTION I : LA PREDICATION
Ce chapitre présente la notion de prédication, un des mécanismes fondamentaux de la
construction de la phrase.
6
Nous avons ici un prédicat adjectival. Ce type de prédicat est souvent conditionné en
bambara par la copule ká.
signifient une relation que chaque couple d’entités peut vérifier ou ne pas vérifier.
• Prédicat complexe ou à plusieurs arguments
11-Hawa bɛ́ dánye ̀ dí Chaka mà
Hawa Mp présent-ART donner Chaka à
Hawa offre un présent à Chaka.
Cet exemple nous présente trois entités entretenant bien des relations. Ces trois arguments sont
Hawa, présent et Chaka que l’on peut représenter comme ceci :
7
dí (Hawa, présent, Chaka).
Dans une perspective logique, toute proposition peut être considérée comme une prédication
qui est une des relations fondamentales dans le langage.
Les prédicats sont typiquement des verbes :
12- Á bɛ́ sà
3SG Mp mourir
il meurt
16- Á bɛ́ sà
3SG Mp mourir
‘il meurt’
Avec ce premier type de verbe, l’expression du sujet grammatical est totale, donc suffisante.
8
-Cas 2 : Il peut paraitre aussi que le verbe possède plusieurs arguments, et donc ne soit pas
autonome syntaxiquement et sémantiquement.
Dans ce cas il doit être suivi d’un complément appelé le complément d’objet.
Le verbe devient alors un verbe objectif. L’exemple est présenté ici en Anglais :
9
1.2 Prédicats non-verbaux
Les prédicats ne sont pas nécessairement verbaux et peuvent aussi être non verbaux, c’est-à-
dire des adjectifs, des noms ou des prépositions. La relation logique de prédication qui s’établit
alors reste cependant la même (Roy, 2013)
19 :a-dort (le garçon) : le garçon dort
b-rougeAdj (la porte)
c-sur-la-tablePP (le livre)
d-médecinN (mon frère)
Une différence cependant est que les prédicats non-verbaux requièrent dans une langue comme
le Français ou l’Anglais une copule :
20:e-la porte *(est) rouge,
f-le livre *(est) sur la table ;
g-mon frère *(est) médecin.
Cependant la véritable propriété assignée au sujet est ‘rouge’/ ‘sur la table’ / ‘médecin’, et en
ce sens ces éléments constituent le véritable prédicat. Ceci est démontré par le fait que les
relations de prédication peuvent être établie en l’absence de la copule.
La copule est généralement requise dans des situations de prédication non-verbale. Pourtant la
copule n’est pas elle-même prédicative. On peut établir des relations de prédication avec des
prédicats non-verbaux sans copule dans les small clause (ou ‘petite proposition’)
#: Cynthia trouve [ce film intéressantprédicat]
Mais quel est le rôle de la copule finalement ?
En Français tout comme en Anglais ou en Espagnol, le temps est un marquage verbal, et cela
est seulement réalisé par la copule même si toutes les langues n’ont pas de copule verbale
(American Sign language, Tagalog).
Chaque langue aurait donc sa propre structure même si cela est commun parfois aux langues de
même famille.
Nous voyons dans les lignes qui suivent les différentes visions sur la prédication puisque c’est
à travres ce thème que s’inscrit la copule.
10
2. La prédication au cœur de la linguistique, une vision variée
2.1 La vision sémantique de la prédication
En sémantique multidimentionnelle (Siouffi & Raemdonck 2012) il est considéré que la phrase
a pour finalité d’associer l’expression d’un événement qui est un état ou une action, et
l’expression des êtres ou objets reliés à cet événement. Par exemple dans la phrase ‘Ablo
rewards his child with a new bike’, l’événement reward qui est appelé prédicat est associé à
trois éléments aussi appelés arguments que sont : Ablo, a new bike, child. Ces trois éléments
sont respectivement l’agent, le patient et le bénéficiaire.
Représentation sémantique
20-Reward ( Ablo, a new bike, his child )
↓ ↓ ↓ ↓ ├ Prédication
Prédicat arg1 arg2 arg3
Pour les grammairiens de Port-Royal (Siouffi & Raemdonck 2012) en revanche, il est
nécessaire d’attribuer à tout prédicat un sujet. Cette application du prédicat dit ‘’attribut’’, au
sujet se fait expressément ou non par le moyen du verbe être qui exprime l’acte d’affirmation.
Ils distinguent le sujet logique désignant l’entité à laquelle est attribuée une propriété, du
prédicat logique qui indique aussi cette propriété et l’applique ensuite à la grammaire. La phrase
est ainsi analysée en un élément sujet et un prédicat constitué du reste de la phrase.
En sémantique, la prédication est associée à un mécanisme général par lequel un élément est
rapporté à un autre sans en réduire l’extension. Si nous considérons la phrase les pantalons
jaune sont trop petits, le prédicat trop petits est rapporté au sujet les pantalons jaunes, sans
qu’il y ait réduction de l’ensemble considéré ‘pantalons jaunes’.
Sémantiquement, un prédicat verbal ou non-verbal sera représenté de la même façon : P(x). Il
n’y a donc pas de différences entre les catégories lexicales.
11
On peut penser que les adjectifs, les noms et les prépositions partagent cependant la même
configuration structurelle que les verbes. Les prédicats non-verbaux prennent toujours un sujet
dans une construction de ‘small clause’ dont la structure est hiérarchique, ils sont responsables
aussi de l’introduction du sujet grâce à leur propriété fonctionnelle de projection. Selon Bowers
(1993) la tête de la ‘small clause’ est une tête prédicationnelle appelée Pred (pour Prédication).
Le sujet de la petite clause est projétée en position spécificateur du PredP :
PredP
DP Pred’
Pred’ YP
Les prédicats non-verbaux ne portent pas les propriétés typiques des verbes, voire être
directement compatibles avec le temps, l’aspect, et le mode. Cette information, dans une
proposition principale, est rendue par un élément verbal qui suscite souvent la présence
obligatoire de la copule dans la phrase. La copule devient alors dans ce contexte un élément
indispensable.
Dans les langues comme le Français, Anglais, Espagnol, le temps est un marquage
typiquement verbal, et il doit donc être réalisé sur la copule ; puisque les prédicats non-verbaux
ne peuvent pas porter de marque de temps. Nous notons cependant que toutes les langues n’ont
pas de copule verbale. (Tagalog). L’absence donc de cet élément dans la relation sujet-prédicat
n’entraverait aucunement la sémantique de la phrase.
La question de l’existence de copules verbales en bambara est posée comme nous allons le voir
ci-dessous. Le domaine de la prédication est aussi complexe que vaste. Qu’en est-il en langue
Mandé, plus spécifiquement le Bambara ?
12
SECTION II : LA PREDICATION EN BAMBARA
2.1 Une présentation des langues Mandées
Dans cette partie nous attirons l’attention sur les différentes langues qu’englobe le groupe
Mandé, la polémique de classification des langues Mandées, leur représentation géographique
ainsi que les différents sous-groupes mandés.
2.1.1-Présentation générale
Le terme même « mandé » doit son origine à l’ancien empire du Mali, Etat africain médiéval
fondé par Soundiata Kéita au XIIIè siècle et qui connut son apogée au XIVè siècle.
Les langues Mandées regroupent environ 50 à 60 langues rattachées à un ancêtre commun qui
remonte de 5000 à 6000 ans. A cause de sa remarquable homogénéité typologique, l’unité des
langues du groupe Mandé a vite été reconnue dans l’histoire de la linguistique africaine.
L’extension des langues mandées est le résultat du déplacement de la population dans le sud à
cause de non seulement le dessèchement du Sahara mais l’acte d’expansion de l’Empire par les
conquêtes de l’empereur Soundiata Kéita (Soundjata kéita, Sogolon Diata kéita ou encore Mari
Diata Konaté selon la tradition orale des griots, né le 20 août 1190 à Niani, Royaume du
Manding dans la région de Kankan, Guinée. En 1255, dans la rivière de Sankarani, il décède),
et aussi l’important rôle joué par les Mandingues (guerriers de l’Afrique de l’ouest, partie des
peuples mandés) dans les circuits commerciaux ouest-africains.
Les langues mandées sont une branche de la famille des langues nigéro-congolaises, cependant
elles ne partagent pas les traits morphologiques les plus saillantes des langues nigéro-
congolaises (on appelle langue nigéro-congolaise ou Niger-congo la plus grande famille des
langues africaines, considérées la répartition géographique et le nombre de locuteurs. C’est à
cette famille que la très grande majorité des langues africaines doivent leur appartenance.
13
• Les composantes des langues Mande (-d’après Vydrin 2009)
Les langues Mandées (variantes) plus proches (Bambara, Dioula, Madinga, Malinké…) se
distinguent par le ton, mais elles ont la même structure canonique.
Après une succincte présentation de la langue Mandé, nous présentons dans la section qui suit,
la prédication verbale en Bambara. De mon expérience il est bien possible qu’il règne une
intercompréhension voire même une interaction entre les locuteurs bambara-mandinga-
malinké. Le dioula peut bien être considéré comme une dérivation dialectale du bambara
cependant toute communication bambara-dioula n’est pas évidente. Le locuteur unique de
dioula c’est-à-dire celui/ celle qui a vu le jour en ville, y a grandit et n’a jamais été au village,
voir les anciens rencontrera certainement des difficultés au cours de l’échange avec un
bambarophone authentique.
La classification des langues mandées en sous groupes est déjà objet d’un débat interminable,
mais celle de Vydrin, basée sur la méthode de la « glottochronologie améliorée » de Sergei
Starostin selon laquelle la profondeur de la famille mandée s’élève à environ 5300 ans avec ses
deux grandes branches que sont :
-Ouest : groupes mandings + mokolé + vai-kono + jogo ; sud-ouest + sosso-dialonké, soninké-
bozo, bobo, samogho
-Sud-est : sud + dan, guro, tura, yaure, mano, wan, mwa, beng, gban ; est : san, bisa, busa +
boko + bokobaru, kyenga, shanga, est considérée comme la plus récente.
14
le mode d’emploi du terme tan pour désigner dix par les langues du nord pendant que pour les
langues du sud c’est fu.
Cette distinction ne semble pas être fondée pour Louis Tauxier, à laquelle il joint le mandé-bu,
un troisième sous-groupe en 1924 : c’est la naissance du principe de séparation en trois groupes.
La séparation des langues des groupes Est et Sud des langues du groupe Sud-ouest est la
proposition de André Prost en 1953 à la suite de Louis Tauxier.
Le principe de séparation en trois groupes est aussi également adopté par William Welmers qui
se basant sur la méthode glottochronologique publie une étude en 1958 dans laquelle il sépare
les langues en : Nord-ouest, Sud et Est.
Plusieurs autres chercheurs adoptèrent ce même principe de classification tels Joseph
Greenberg (1963), Long (1971), G. Galtier (1980) à l’exception de R. Kastenholz (1997) dont
la classification comprend quatre sous-ensembles :
1-Est et Sud-est
2-Sud-ouest central, parce qu’il inclue toutes les langues mandingues, il est considéré le
plus important groupe.
3-Nord-ouest
15
Fouta-Djalon (massif montagneux en Guinée habité par des populations Pular) étaient occupés
par les locuteurs de ces langues avant la conquète Peule (installé dans toute l’Afrique de l’Ouest
et au-delà de la zone sahélo-saharienne, le Peule est un peuple traditionnnellement pasteur).
3-Le groupe vai-kono rassemble le Vai commun au Libria et la Sierra Leone et le Kono
seulement à la Sierra Léone.
5-Deux langues considérées souvent comme les dialectes d’une même langue, le Soussou
parlé en Guinée et en Sierra Léone et le Dialonké (Yalunka) reparti entre les frontières du
Sénégal, du Mali, de la Guinée ainsi que la Sierra Léone sont les composantes du groupe
Soussou-dialonké.
7-Le groupe Soninké-bozo rassemble le Soninké, langue de l’Empire du Ghana mais qui
est principalement parlée au Mali et au Sud-est du Sénégal et l’ensemble de dialectes mailens
relativement proches appelés le Bozo.
8-Parlé dans l’ouest du Burkina Faso, le Bobo est le seul élément de langue qui compose
le groupe Bobo.
9-Le groupe Samogho est le rassemblement des langues divergentes parlées entre les
frontières du Mali et du Burkina Faso.
10-Plusieurs langues moins importantes tout comme le Dan ou Yacuba, parlé en Côte
d’Ivoire composent le groupe Sud.
11-Le groupe géographiquement isolé des autres groupes, comprend le Samo et le Bissa :
deux langues du Burkina Faso, et l’ensemble des parlers Boussa entre la frontière du Bénin et
du Nigeria, est le groupe Est.
16
Ces onze sous-groupes sont pour le moment inscrits dans l’unanimité auprès des auteurs même
si tel n’est pas encore le cas sur la classification des langues Mandés.
Dans ce qui suit les sous-groupes susmentionnés sont représentés par un arbre.
susu–yalunka/jalonké
mandé mendé– looma
sud- loma mendé–bandi bandi–zialo
mɛnde–loko
occidental
kpɛllɛ
nord- nord- soninké– bɔbɔ
occidental occidental propre bobo soninké– soninke
(samogo– bozo samogo seenku
duun
soninké)
jɔ (jowulu)
17
La présentation de l’arbre généalogique est d’autant plus importante que celle de sa répartition
géographique en termes d’information sur la famille de langue.
La forme canonique applicable à la prédication verbale en Bambara, est S (O) V (X) avec S
comme sujet, O, l’objet, V, le verbe et X l’oblique.
Exemples : (bambara, introsp)
21-Umu yé sogo sàn sùgu là
Umu Mp viande acheter marché dans
Umu a acheté de la viande au marché.
18
24-Issu bɛ́ à kà fìnin kò
Issu Mp 3SG poss habit laver
Issu lave son habit
On peut cependant distinguer deux types de particules : les particules préverbales comme
décrites ci-dessus et les particules postverbales que nous allons détailler ci-dessous.
Les particules préverbales se distinguent morphologiquement des verbes, et les précèdent
toujours. Quant aux postverbales, elles forment morphologiquement un seul mot avec la base
verbale. La différence particulière entre ces deux particules est que la négation de la forme
contractée est marquée comme celle des préverbales, c’est-à-dire détachée de la racine verbale.
Exemples : (bambara, introsp)
-Bambara :27- Ú táa-ra só ̀
3Pl partir-Mppassé maison
Ils vont à la maison
19
28- Sígílàn bì-na à sɛ́n kán
Tabouret tomber-Mppassé Poss pied sur
Le tabouret est tombé sur son pied.
30-Kɛ́nɛya tɛ́na nà
Santé Futurnég venir
La santé ne viendra pas
Une construction d’énoncé qui ferait fi de ces particules serait donc jugée agrammaticale. Elles
sont obligatoires, que l’énoncé soit verbal ou non-verbal. Les locuteurs n’admettent pas
d’énoncés sans ces particules :
20
2.2.3-La Prédication non-verbale en Bambara
Considérons à présent la forme de la prédication non verbale en langues Mandé. Les marques
prédicatives jouent encore d’importants rôles dans la prédication non-verbale du Bambara.
Toutefois, la prédication non-verbale, considère toute phrase entière dans la construction de
laquelle les éléments lexicaux de la classe des verbes pleins, n’interviennent pas dans la
construction prédicative de ladite langue. Cette forme de prédication, avec son usage abondant
de copules, est la principale caractéristique des langues du Mandé. L’usage de la copule devient
alors obligatoire. On peut distinguer quatre formes de copule et à chaque forme de copule
correspond une forme négative (ká/mán ; bɛ́/tɛ́ ;dòn/ tɛ̀ ;yé…yé/tɛ́) :
21
40- Yaku yé Umutu fàa yé
Yaku Cop Umutu père x
‘Yaku est le père de Umutu
2.3-Conclusion partielle
En Bambara il existe deux (02) types de particules verbales. Les particules préverbales et les
particules postverbales partagent la fonction d’expression du TAM mais quant au
positionnement, elles sont différentes :
Dans le rappel d’exemple, le temps dans 33 et 34 est le passé et l’action ici en question est
achevée d’où un aspect accompli :
Les particules postverbales n’ont à priori aucun trait commun avec les copules pour créer une
quelconque ambiguïté. C’est bien pour cette raison qu’elles laisseront place ici aux particules
préverbales qui sont sujettes à cette confusion.
Les copules et les particules verbales sont vues comme des homophones. Nous exploiterons
davantage ce sujet dans la section V.
22
2.4- Formation des phrases copulatives
En Bambara il est utilisé des formes dans la prédication non-verbale qui ressemblent à des
copules. Elles sont appelées copules dans la littérature ((Ermisch 2013), (Pustet 2003), (Vydrin
2020). La particularité du bambara réside dans le fait que contrairement aux langues comme le
Français (être), l’Anglais (be) qui sont des langues monosystèmes copulatives, c’est-à-dire
comprenant un seul élément de copule, le bambara utilise quatre éléments distincts dans cette
fonction : ká, bɛ́, dòn, yé…yé.
Dans son analyse des descriptions grammaticales des 160 langues, Pustet (2003) a pu classer le
Bambara (standard) comme une langue à système copulatif multiple, constitué de quatre
principaux éléments.
Les autres langues qui sont connues pour avoir plus d’une copule en ont généralement deux
(Espagnol : ser / estar ; Irlandais : bì/is…), mais ce qui est étonamment rare c’est le nombre de
copule au-delà de deux pour une langue. Dès lors nous sommes confrontés à un certain nombre
de questions :
23
2.4.1.1 DÒN
Exemples
:42- Kálo dòn 43- Kálo tɛ́12
Lune Cop lune Copnég
C’est la lune ce n’est pas la lune
2.4.1.2- BƐ́
2.4.1.3- YÉ.....YÉ
Exemples :
52-Umu yé né bá yé 53-Umu tɛ́ né bá yé
Umu Cop moi mère Cop Umu Copnég moi mère x
Umu est ma mère. Umu n’est pas ma mère.
2
La copule négative tɛ́ est souvent prononcée tɛ̀ surtout pour le cas de la copule dòn. Cela peut bien relever d’une
variation régionale.
24
2.4.1.4- KÁ
Cette dernière forme seule a une négation différente de celle des précédentes.
54-Bón ká3 sáni 55-Bón mán sáni
Maison Cop propre Maison Cop.Neg propre
La maison est propre. La maison n’est pas propre.
56-Nɛ̀gɛ̀ ká gírin ní fugan yé 57-Nɛ̀gɛ̀ mán gírin ní fugan yé
Fer Cop lourd Conj aluminium x Fer Copnég lourd Conj aluminium x
Le fer est plus lourd que l’aluminium Le fer n’est pas plus lourd que l’aluminium.
Ces différentes formes de copules caractérisent la langue Bambara. Les trois premières
sont soumises à une même marque négative : dón, bɛ́, yé...yé → tɛ́. La quatrième, ká, forme
qui possède à elle seule une marque spéciale de négation : ká → mán. Descriptivement le
Bambara possède donc quatre formes. Un certain désaccord persiste entre plusieurs auteurs sur
la distribution de ces quatre formes.
Cependant la fonction assignée à chaque forme de copule par les auteurs investis dans ce
domaine, varie selon leur perception et aussi l’environnement dans lequel elles sont distribuées.
Une question importante qui se pose à nous est celle de la relation entre ces quatre formes
appelées ‘copules’ et les particules obligatoires dans le domaine verbal. Est-ce que les copules
sont des particules verbales ? Si oui, qu’est-ce que cela veut dire pour la structure de la
prédication en Bambara ? Sinon, qu’est-ce qui les distingue ? Pourquoi le bambara a-t-il
quatre formes de copules ?
Nous aborderons cette discussion dans la section suivante.
3
La forme négative de ká est bien mán dans une situation non verbale. Mais il y a une autre forme négative pour
ká dans des énoncés verbaux qui mà (le cas de transitivité est beaucoup fréquent). Cela témoigne de l’homophonie
entre les pariticules verbales et les copules et soulève la question de la relation entre copules et particules verbales
en général. Exemple :
1-Yali kà à facɛ̀ dɛ̀mɛ fòro là
Yali Avoirpassé Poss père aider champ dans
Yali a aidé son père au champ
25
SECTION III : LA COPULE EN BAMBARA : ANALYSES
ANTERIEURES
Dans cette section nous présentons le résultat de certaines recherches sur le Bambara
comme objet d’étude suivant un ordre chronologique. Cela concerne principalement le domaine
de la grammaire. Chacun dans son cadre d’étude a défini chaque élément de copule dans un
contexte avant de lui attribuer une fonction. Ce qui suscite notre curiosité c’est le nombre de
copule : Pourquoi quatre copules ?
Il y a une différence capitale (forme, fonction) entre le traitement de la copule par Emile
Sauvant et celui des autres auteurs. Ce qu’ils ont distingués jusqu’alors est en fait pour lui un
seul élément qu’il appelle le verbe être qui reçoit différents emplois. Il sert à rendre l’expression
‘c’est / ce sont’ en Français et exprime aussi l’existence : dans ces deux cas le verbe être
équivaut simplement à Doaff / Ténég et Béaff / Ténég. Par ailleurs, il est encore employé pour unir
le sujet à l’attribut, dans ce cas on l’appelle verbe copulatif et les éléments pour le traduire sont
ici différents des précédents : kaaff / manég et yéaff…yé / ténég…yé. Mais le verbe être n’est-il
pas différent du verbe copulatif ?
3.1.1- Do : est le résultat des expressions françaises ‘c’est, ce sont’ à l’affirmatif et sa négative
est Té.
Exemples :
58- Né do 59-Tabada té 60-Mourou do
1SG.Emph Cop pipe Copnég couteau Cop
C’est moi Ce n’est pas une pipe C’est un couteau
26
1Pl Cop 3SG Copnég 3Pl Cop
Nous sommes Il/elle n’est Ils/elles sont
3.1.3- Ka : quand l’attribut est un adjectif qualificatif, être se rend par ka à l’affirmatif et ma au
négatif. Sous cette forme il ne se conjugue qu’au présent de l’indicatif et à l’imparfait ; aux
autres temps on se sert du verbe inchoatif.
Exemples :
64-Né ka dyan 65-A toun mam4 blé
1SG Cop long 3SG Passé Copnég rouge
Je suis grand Il n’était pas rouge
3.1.4-Yé…yé : quand l’attribut est un nom, le verbe être se rend par yé placé après le sujet et la
particule de même forme yé placée après l’attribut. Au négatif l’auxiliare yé devient té. A
l’indicatif présent, l’on a la forme yé…yé pour l’affirmatif ; et té…yé pour le négatif. Pour
mettre l’attribut plus en relief, on le place au commencement de la phrase ; le sujet est intercalé
entre l’auxiliare yé et la particule yé à l’affirmatif, et yé…té au négatif :
4
La différence entre mam et man est un peu douteuse pour nous, et cet exemple même n’est pas correct. On aurait
plutôt A toun bléna→A toun ma blé.
27
3.2- Les formes de copule (énoncés simples) selon Dumestre (2003)
Les éléments linguistiques que nous appelons copules chez les précédents auteurs sont désignés
par le terme ‘-marque d’énoncé’ chez Dumestre (2003). En plus des quatre formes
précédemment évoquées s’ajoutent les énoncés processifs intransitifs et transitifs. Son analyse
est fondée sur un critère sémantique.
Ici l’énoncé présentatif dòn, dans son emploi est toujours précédé d’un nom et sa forme négative
est tɛ́.
3.2.2-L’énoncé équatif :N1 + yé / tɛ́ + N2 + ye
Exemples :
70-Hawa yé kàlanden yé 71-Hawa tɛ́ kàlanden yé
Hawa Cop élève x Hawa Cop.Neg élève x
Hawa est une élève Hawa n’est pas une élève.
L’énoncé équatif exprime une identité, les deux groupes nominaux N1, le sujet et N2, le
complément sont liés par une marque d’énoncé complexe : yé...yé à l’affirmatif, tɛ́...yé au
négatif. Aussi le sujet et le complément sont susceptibles d’interversion. Cependant le premier
élément nominal reste le terme ‘fort’ de l’énoncé. Nous reviendrons sur cette notion lorsque
nous aborderons la typologie des prases copulatives.
28
Ces énoncés sont constitués de la même façon. Le sujet qui est le premier terme de l’énoncé est
relié au complément par une marque d’énoncé, bɛ́ à l’affirmatif et tɛ́ au négatif.
La marque d’énoncé ká précède toujours les adjectifs, cependant les adjectifs sont restrictifs
en Bambara. L’énoncé descriptif peut alors s’adjoindre un complément comme terme
syntaxique.
La présence d’un N (nom) sujet, d’une marque d’énoncé (m) et d’un verbe figure
indispensablement dans tous ces énoncés. On appelle marque d’énoncé (m), une marque de
conjugaison verbale qui se place devant le verbe dans tous les cas, excepté l’accompli affirmatif
où elle est suffixée au verbe : téle bɔ́-ra→soleil sortir-Passé→le soleil s’est levé.
29
80-Hawa bɛ́ jɛ́gɛ sàn 81-Hawa yé jɛ́gɛ sàn
Hawa Cop poisson acheter Hawa Cop poisson acheter
Hawa achète du poisson. Hawa a acheté du poisson.
Le sujet nominal a précédé m, la marque d’énoncé, puis le nominal en fonction d’objet et enfin
le verbe, dans ces énoncés ci-dessus. Le groupe verbal, en fonction de prédicat est constitué par
la marque m et le verbe. L’objet, ou le sujet peut fixer soit N1 ou N2, c’est-à-dire nom simple
ou complexe, pronom, déterminant, ou construction nominale complexe. Dans cette analyse,
notre intérêt porte sur la prédication non-verbale et pour cela nous retenons les quatre- premier
éléments qui sont en conformité avec le contenu des autres analyses précédentes (Pustet,2003
Ermisch, 2013…), en ce qui concerne le nombre de copule en Bambara. Mais Dumestre pose
encore une fois la question de la relation entre particules verbales et non-verbales.
30
3.3-Les formes de copule en Bambara selon Pustet (2003)
Selon Pustet (2003) ‘’-there are languages in which ascriptive predicates show inhomogeneous
behavior in that different types of lexemes require the use of different copulas in predicate
position’’(p.xx) et le Bambara est un bel exemple pour illustrer ce type de situation. Plus loin
elle dit encore :’’Bambara displays a multi-copula system that comprises four copulas : the
copula ye…ye occurs with nominal predicates only ; the copula ka combines with adjectival
predicates only, and the copula bɛ is compatible with verbal predicates only. The fourth copula,
dòn, functions to code quantficational, temporal, and participial predicates, among other
things’’.
Elle aussi distingue quatre copules avec chacune une fonction bien définie :la copule ye…ye qui
s’emploie avec les prédicats nominaux, la ka, avec les adjectivaux, la bɛ, avec les verbaux et la
dòn, avec quantificateurs, les temporels et les participiaux.
31
3.4-Les formes de copule en Bambara selon Ermisch (2013)
Pour S.Ermisch (2013), il existe quatre formes de copule. Chaque forme a un usage dans un
contexte bien précis avec aussi son correspondant négatif : bɛ́ exprime une idée ou une action,
don est un élément présentatif et exprime l’existence. La construction ye…ye a une expression
emphatique du sujet et quant au ka, elle assure la liaison entre le nom et l’adjectif.
Son analyse est basée sur des critères sémantiques et lexicaux. Les exemples présentés ci-
dessous proviennent de l’article de Ermisch et sont glosés et traduits en anglais :
3.4.2- dón : “ is a presentative element and corresponds to the English be.It expresses
existential being’’ (p.xx)
92-Né dón 93- Né tɛ́
1SG Cop 1SG Cop.Neg
It’s me → Cest moi It is not me → Ce n’est pas moi
32
3.4.3- ye…ye : “the construction with ye…ye, in which the noun is surrounded by the two
particles, expresses subject focus by which the subject is identified ‘’ (p.xx)
Cet élément met en exergue le sujet de l’énoncé et la première partie de ye est transformée en
te dans un contexte négatif.
Exemples :96-Nin yé wulu yé 97-Nin tɛ́ wulu yé
This Cop chien Cop This Cop.Nég chien Cop
This is a dog→ C’est un chien This is not a dog→ Ce n’est pas un chien
3.4.4- ka: “ ka and its negative correspondent, link noun and adjective. However they
cannot be used with all adjectives’’.
La forme négative correspondante de ka est man. Elles assurent ensemble la fonction de liaison
entre nom et adjectif même si l’usage de l’adjectif s’avère cependant limité à cet effet.
100-N ka yan 101-N man yan
1SG Cop tall 1SG Cop.Neg tall
I am tall →Je suis long I am not tall→Je ne suis pas long
33
3.5- Les formes de copule selon Vydrine (2020)
Selon Vydrine, ‘’…non-verbal copulas in Bambara represent a closed class of non-verbal
specialized connectors…’’. Il établit le caractère des copules non-verbales selon des critères
morphosyntaxiques c’est-à-dire qu’elles ne sont ni précédées d’auxiliaire (Auxv) et n’admettent
aucune inflexion verbale à savoir le perfectif intransitif, l’optatif et les suffixes progressifs non
visuels. Ce qui peut paraitre surprenant ici est que la copule kà n’est pas mentionnée
contrairement aux autres auteurs.
Il détermine alors quatre éléments qu’il appelle ‘true copulas’’ : bɛ́, yé, dòn, tɛ́ et un autre
‘’pseudo-copule’’ : kó. Il y a une définition pour chaque type d’élément :
3.5.1- bɛ́ : appears in two types of non-verbal predicative construction : — "situative" (or
"locational"), containing adverbial / oblique case predicates. The predicate may be expressed
by an adverb, S bɛ́ Adv (1), or a postpositional phrase S bɛ́ PP.
La construction situative non-verbale inclut plusieurs paramètres de signification : la
localisation, la possession, l’émotion, les états physique et mental. Les énoncés situatifs sont
souvent thétiques et expriment dans ce cas l’existence.
Exemples :
104-Ń bɛ́ yàn. 105-Dàn` bɛ́ bàro` lá.
1SG be here limit\ART be conversation\ART at
‘I am here A conversation has a limit’
3.5.2- yé : est une copule de la construction équative du type : S yé PP. Dans l’expression
postpositionnelle, le deuxième yé en tant que postposition est considérée comme une tête. Ce
type de construction peut être une identification (107) ou une ascription, une spécification (108)
ou une quantification (109) :
107-Sɛ́bɛn-tigi` yé nê yé.
paper-proprieter\ART EQU 1SG.EMPH PP
‘I am the author’.
34
108-Fántà Kúlibàli yé mùso hákilima yé.
Fanta Kulibali EQU woman intelligent PP
‘Fanta Kulibali is an intelligent woman’.
3.5.3- dòn :est la copule d’identification, il suit le sujet. Le sujet de la construction avec dòn est
le prédicat principal et son argument démeure inexprimé. Il s’agit là donc d’une construction
thétique.
3.5.4- tɛ́5 : c’est la contrepartie négative des trois copules présentées ci-dessus. La négation
neutralise cependant les oppositions sémantiques entre les types de constructions non-verbales.
Une signification négative est suffisante pour faire d’un connecteur, une semi-copule plutôt
qu’une vraie copule (Hengeveld 1992 :36). D’autres preuves indirectes pour considérer tɛ́
comme vraie copule, est l’admission de son équivalent particule verbale tɛ dans le système
grammatical. Aussi par analogie, la composante négative de la signification de la copule
négative peut être grammaticale et paradigmatique.
Etymologiquement l’origine de tɛ́ remonte au verbe d’existence Proto-Mandé *TE (Creissels
1997), sinon il serait d’origine Niger-Congo c’est-à-dire le marqueur verbal négatif Proto-Bantu
*-tı ́, *-tá reconstruit par Meeussen (1967).
La problématique liée aux fonctions (équative = yé1 / postposition = yé2) attribuées à yé…yé
nous mène vers une réflexion profonde : les exemples 107, 108 et 109 donnés par Vydrine sont
ils vraiment des équations ?
5
Ce quatrième élément classé en tant que copule ne nous parait pas encore assez claire malgré les preuves à son
appui. Déjà il n’y a même pas d’exemple illustratif à son sujet. Cependant nous ne le distinguons pas de son
‘équivalent’ tɛ dans le système grammatical.
35
L’usage linguistique du terme équatif ou équation nous renvoit à deux entités en retablissant en
tre elle une relation d’égalité. En Anglais, ‘be’ un verbe copule est typiquement utilisé dans les
phrases équatives et ce n’est pas son seul usage.
Si les langues du monde ont diverses manières d’exprimer l’équation, la principale différence
entre elles cependant serait que pendant que certaines utilisent une copule, d’autres emploient
des pronoms démonstratifs pour exprimer la relation d’équation.
Dans cette perspective, il n’est pas rare de confondre une équation et une prédication (an entity
is identified as a member of a set).
Exemple :
Dans la phrase Kristina is our hope, les deux termes en équation sont ‘Kristina’ and ‘our head’,
ce qui est bien différent de Kristina is a head.
Généralement la relation d’équation rapproche deux entités de même nature.
Rappelons les exemples de Vydrin :
110-Sɛ́bɛn-tigi` yé nê yé.
paper-proprieter\ART EQU 1SG.EMPH PP
‘I am the author’.
Dans ces exemples, ce qui est d’abord intriguant ce sont les termes mis en équation.
Dans l’exemple 89 les termes mis en équation sont Sɛ́bɛn-tigi`/nê ; dans 90, Fántà Kúlibàli/
mùso hákilima ; dans 91, Jɛ̀kabaara` fúrabulu`/náani. Une relation d’équation entre ces
éléments serait :Sɛ́bɛn-tigi` = nê ; Fántà Kúlibàli = mùso hákilima ; Jɛ̀kabaara`fúrabulu`= náani.
Pourtant d’une relation d’équation entre les termes, chacun est représenté comme une entité à
part entière c’est-à-dire que Sɛ́bɛn-tigi`(auteur) est une entité et nê (moi) aussi est une autre
entité. Ainsi comment la relation d’égalité entre ces éléments est-elle rétablie ?
36
A la lumière des éléments d’analyses sur yé…yé provenant de notre travail commun Roy &
Sangare (à paraitre), nous optons plus pour une prédication pour tous ces exemples plutôt que
pour une équation.
Une autre remarque critique est l’apposition postpositionnelle lors de la glose des exemples au
deuxième yé :
113a-Fántà Kúlibàli yé mùso hákilima yé.
Fanta Kulibali EQU woman intelligent PP
‘Fanta Kulibali is an intelligent woman’.
Dans cet exemple ci-dessus une autre dérivation possible est:(exemple personnel)
b-Fántà Kúlibàli yé hákilima yé.
Fanta Kulibali Cop intelligent x
Fanta Kulibali est intélligente
Il est à rappeler que cet exemple relève d’une prédication et non une équation. Cet exemple met
en cause la postpositionnalité du yé2 dont la nature reste encore inconnue.
En Bambara les postpositions sont généralement nominales et quelques fois adjectivales.
Exemples :(personnels)
114- Marie bɛ́ jɛ́gɛ tìgɛ ní mùru yé
Marie Mp poisson couper avec couteau x
Marie découpe le poisson avec un couteau
37
postpositions doit se détacher des groupes nominaux comme : les noms, les adjectifs, les
pronoms…par lesquels elles sont précédées.
On distingue alors les postpositions simples des postpositions composées :
-Les postpositions simples : généralement monosyllabiques, leurs tons peuvent ne pas être
marqués dans les textes. Il s’agit entre autres de : bára ‘chez’, bólo (valeur de possession et de
contrôle), cɛ́ ‘entre’, fɛ̀ ‘vers’ kàn ‘sur’, kɔ́ ‘derrière, après’, kɔ́rɔ ‘sous’, kɔ́nɔ ‘à l’intérieur de’,
kùn ‘sur la tête de, en possession de’, lá/ná (valeur locative générale), mà (valeur adressative),
ɲɛ́ ‘devant’, yé (valeurs équative, adressative, de transformation etc.), yɔ́rɔ ‘chez’.
-Les postpositions composées: quant à elles, séparées des noms et des pronoms qui les
précèdent doivent être écrites aussi en un seul mot même si elles ne sont pas tonalement
compactes, tels que: bólokɔrɔ ‘sous la main de’, cɛ́la ‘au milieu de’, cɛ́fɛ̀ ‘au milieu de’, cɛ́mà‘au
milieu de’, dáfɛ̀ ‘près de’, dála ‘à côté de’, jùlá ‘au fond de’, fànfɛ̀ ‘vers’, jùkɔ́rɔ ‘sous’, kámà
‘pour’, kánna ‘sur’, kɛ̀rɛfɛ̀ ‘à côté de’, kɔ́fɛ̀ ‘derrière’, kósɔ̀n ‘à cause de’, kɔ́kàn ‘à l’extérieur
de’, kùnná ‘sur’, nɔ̀fɛ̀ ‘derrière’, nɔ̀ná ‘à la place de’, ɲɛ́fɛ̀ ‘devant’, ɲɛ́na ‘devant’, ɲɛ́mà
‘devant’, ɲɛ́kɔrɔ ‘à la veille de’, sánfɛ̀ ‘par-dessus’, sènfɛ̀ ‘au cours de’, sènkɔ́rɔ ‘parmi, au
milieu de’.
Dans les postpositions composées, chaque partie maintient son ton original, cependant l’unité
de ces deux parties est prouvée par leur inséparabilité.
Exemple :
-Possible
117-Dɔ́-w b’ òlú cɛ́mà, òlú kàlan-nen dòn báliku-kalan’ na
Certain-Pl Cop 3Pl milieu 3Pl enseigner-Pp Cop adulte-enseignement dans
Certains parmi eux sont alphabétisés
-Non possible
118-Dɔ́-w b’ òlú [cɛ́-dè-mà], òlú kàlan-nen dòn báliku-kalan’ na
Certain-Pl Cop 3Pl [centre-Foc-en] 3Pl enseigner-Pp Cop adulte-enseignement dans
Si l’unité des parties constituant la postposition est insécable comme démontré avec cɛ́mà, il
reste quand même certaines postpositions comme sènkɔ́rɔ, dála, jùlá, kɔ́kàn dont la symétrie de
la particule focalisatrice dè entre les deux parties est un contre-argument contre l’insécabilité
de l’unité des parties des postpositions complexes. Je m’explique par des exemples:
38
119-Sà tún bɛ́ dɛ́n sèn dè kɔ́rɔ
Serpent Passé Cop enfant pied Foc dessous
Le serpent était bien sous le pied de l’enfant
Dans ce cas la sémantique déjà assignée à ces postpositions doit être mise en question.
Toutefois cela démeure une autre piste de recherche à exploiter ultérieurement.
4.1- BƐ́
-Pour Sauvant (1913), l’expression de l’existence du sujet, sa présence ou son absence dans un
lieu déterminé se fait par l’emploi de l’élément bɛ́ être) et té (n’être pas). Il doit être précédé
d’un pronom personnel :
123-N bé 124- N té
1SG être 1SG êtrenég
Je suis Je ne suis pas
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125-Aou bé 126- Aou té
2Pl être 2Pl êtrenég
Vous êtes Vous n’êtes pas
-Pour Dumestre (2003), bɛ́ est un élément d’énoncé situatif. Son usage obéit à la règle suivante :
N1 + bɛ́ / tɛ́ + N2 ( + postposition ) :
127-Anna bɛ́ Fransi 128-Anna tɛ́ Fransi
Anna Cop France Anna Copnég France
Anna est en France Anna n’est pas en France
- bɛ́ apparait dans deux types de constructions prédicatives non-verbales (la situation et la
localisation), selon Vydrine (2020). Le prédicat peut être postpositionnel ou averbial c’est-à-
dire S bɛ́ Adv ou S bɛ́ PP :( de Vydrine)
129-Ń bɛ́ yàn. 130-Dàn` bɛ́ bàro` lá.
1SG be here limit\ART be conversation\ART at
‘I am here A conversation has a limit’
-Ermisch (2013) soutient que l’expression d’une idée ou d’une action se fait avec bɛ́ :
131- tìle bɛ́ 132-Fùnteni tùn bɛ́
sun Cop heat Past Cop
It is sunny It was hot
Même si la définition de bɛ́ n’est pas identique entre les auteurs fort est de reconnaitre
l’existence d’un dénominateur commun entre les trois précédents qui prend en compte la
localisation, la situation mais et surtout l’existence.
-Contrairement aux trois précédentes opinions celle de Pustet (2003) semble controversante.
Cet élément est uniquement compatible avec des prédicats verbaux comme elle le démontre
dans son exemple :
133-ne bɛ́ taa
1SG Cop leave
I am leaving
Cette opinion contrarie toutes les précédentes. Le bɛ́ n’a pas un usage unique de prédicat verbal
et quant il est compatible avec un prédicat verbal il est plutôt appelé particule verbale et non
copule comme démontré dans les précédentes opinions.
40
4.2- DÓN
-Noté Do par Sauvant (1913), cet élément est l’équivalent des expressions françaises : ‘c’est,
ce sont et sa négative est té’ :
134-Sàa do 135-jɛ̀gɛ̀ té
Serpent Cop poisson Copnég
C’est un serpent Ce n’est pas du poisson
- dón est employé à dessein présentatif chez Dumestre (2003) et sa négative est aussi tɛ́ qui
obéit à la règle suivante : N + dòn / tɛ́. Il est toujours précédé d’un nom :
136-kɛ̀nɛ̀ya dón 137- bàna tɛ́
Santé Cop maladie Copnég
C’est la santé Ce n’est pas la maladie
-Pour Ermisch (2013), dón est aussi un élément de présentation qui sert à exprimer l’existence
et correspond à l’anglais be :
138-cɛ̀-w dón 139- cɛ̀-w tɛ́
Man-Pl Cop man-Pl Copnég
They are men They are not men
-Le sujet de la construction avec dón est le prédicat principal selon Vydrine (2020) et son
argument démeure inexprimé. C’est une copule d’identification qui suit le sujet :
139-Dúnan` dòn.
stranger\ART ID
‘It is a stranger
Ces fonctions n’ont pas été mentionnées par les autres auteurs. Dòn peut bien être employé dans
un prédicat temporel, participial et de quantification mais il sert aussi à la présentation. La
fonction de présentation n’a pourtant pas été mentionnée par Pustet.
41
4.3- KÁ
-Etre se rend par ká à l’affirmatif et ma au négatif quand l’attribut est un adjectif qualificatif
selon Sauvant (1913). Il ne se conjugue qu’au présent de l’indicatif et à l’imparfait sous cette
forme et aux autres temps on se sert du verbe inchoatif :
141-Kristina ka dyan
Kristina Cop long
Kristina est grande
- ká a un usage descriptif et précède toujours des adjectifs selon Dumestre (2003) et obéit à la
règle suivante : N + ká / mán + A (djectif) :
142-báara ìn ká gɛ̀lɛn 143-báara ìn mán gɛ̀lɛn
Travail Dém Cop difficile Travail Dém Copnég difficile
Ce travail est difficile Ce travail n’est pas difficile
-Pour Ermisch (2013), ká et son correspondant man relient le nom à l’adjectif même si cela
n’est pas applicable à tous les adjectifs.
144-cɛ́ ka surun 145-cɛ́ tun man surun
Man Cop short Man Past Copnég short
The man is short The man was not short
- ká est uniquement associé aux prédicats adjectivaux selon Pustet (2003). Nous ne voyons pas
restriction à cela comme c’est le cas pour Ermisch (2013) :
146- jírí ka dɔ́gɔ
Arbre Cop petit
L’arbre est petit
-Relativement à la typologie des quatre éléments considérés comme copule déjà mentionnés
par les auteurs qui précèdent, l’élément ká ne fait pas partie de la liste de mention tenue par
Vydrine (2020). Comme les autres il soutient bien la thèse des quatre éléments mais son
quatrième élément est tout à fait différent de celui des autres auteurs.
En effet ce qu’il appelle copule tɛ́ est la contrepartie négative des trois autres copules ( bɛ́, dòn,
yé ).
L’origine de cet élément reste encore incertaine :Proto-Mandé TE (Creissels 1997), Niger-
Congo, marqueur verbal négatif Proto-Bantu :-tí ,-tá (Meeussen (1967).
42
4.4- YÉ...YÉ
-Placé après le sujet et la particule de même forme yé après l’attribut, le verbe être se rend par
yé quand celui-ci est un nom selon Sauvant (1913). L’attribut est mis plus en relief quand il est
placé en début de phrase, le sujet sera ainsi intercalé entre l’auxilliaire yé et la particule yé à
l’affirmatif et té…yé au négatif :
147-Noumou toun yé é yé
Forgéron Passé Cop 2SG X
Tu étais forgéron
-Pour Dumestre (2003) par contre c’est un élément d’énoncé équatif qui exprime une identité
comme selon cette règle : N1 + yé / tɛ́ + N2 + ye. La marque d’énoncé complexe yé…yé à
l’affirmatif et tɛ́…yé au négatif lient les deux groupes nominaux : le sujet N1 et le complément
N2 :
148-Í bá yé í kà dínyɛlatigɛ yé
2SG mère Cop 2SG Poss vie X
Ta mère est ta vie
-Cette construction avec yé…yé dans laquelle le nom est encadré par les deux particules
exprime ce dont il est question dans un énoncé par lequel le sujet est identifié selon Ermisch
(2013). Dans un contexte négatif, la première de yé est transformée en tɛ́ :
149-Nin yé wulu yé 150- Nin tɛ́ bàna yé
Dém Cop chien Cop Dém Cop maladie Cop
C’est un chien Ce n’est pas la maladie
-Selon Pustet (2003), la copule yé…yé est utilisée seulement avec des prédicats nominaux. L’on
entendrait par là, qu’il n’y a d’autres usages de celle-ci en dehors des prédicats nominaux :
151-Nin yé saya yé
Dém Cop mort Cop
C’est la mort
-yé est une copule de la construction équative du type S yé PP selon Vydrine (2020). C’est-à-
dire que le deuxième yé en tant que postposition est vue comme une tête, dans l’expression
postpositionnelle :
43
152-Sɛ́bɛn-tigi` yé nê yé
paper-proprieter\ART EQU 1SG.EMPH PP
‘I am the author’
Apparemment il existe quatre formes de copule en Bambara. Les approches d’analyses des
auteurs sont bien différentes par rapport à ces éléments. Cette divergence prend en compte le
nombre déléments à admettre comme copule, la fonction, l’usage de ces éléments et aussi leur
définition. Les critères, sur lesquels se reposent ces analyses dans leur divergence sont entre
autre : sémantico-lexical (Ermisch 2013), morpho-lexical et types d’informations (Pustet 2003),
sémantique (Dumestre 2003), morphosyntaxique (Vydrine 2020).
Si la divergence de points de vue entre les auteurs est un problème dans l’étude des copules en
Bambara l’on peut aussi lier à certaines positions des critiques comme celle de Vydrine sur
yé…yé (équation) et yé…yé (postposition).
Considéré ce que nous avons pu lire de la description de ces éléments, l’analyse de yé…yé
parait encore ambigue, c’est pourquoi nous voulons dans les sections qui suivent, apporter
quelque éclaircissement.
Pour ce faire nous prenons en appui le corpus Sárantori ka ntàlen ou histoire de la grenouille
qui sera la source des exemples à citer.
44
SECTION IV : COPULES ET PHRASES COPULATIVES : relations
Le Bambara est une langue à système copulatif multiple parce qu’elle a quatre copules.
La typologie décrite par Higgins (1979) aussi regroupe quatre catégories de phrases copulatives.
De ce fait nous voulons montrer dans cette section si le système copulatif du bambara est un
alibi de cette typologie. Avant de tester l’hypothèse selon laquelle les quatres copules du
Bambara correspondent aux quatres catégories de Higgins nous présentons la définition des
types de phrases copulatives.
Il est admis que la relation sujet-prédicat n’est pas forcement exprimée par la copule. L’un des
plus influents travaux sur la typologie des phrases à copule est de Higgins (1979) qui, selon leur
fonction énonciative, distingue quatre catégories à savoir la prédication, la spécification,
l’identité ou l’équation et l’identification. La différence palpable entre ces deux catégories est
bien notoire en français : seules les phrases prédicationnelles contiennent le verbe est employé
seul, alors que dans les trois autres types de phrases est est associé au démonstratif ce/c’
(Amary, 2012) :
Ce modèle de Higgins a fait face à des analyses critiques essayant de la réduire à trois
(Mikkelsen, 2004) qui pense que la catégorie identificationnelle n’est pas nécessaire ; à deux,
c’est-à-dire prédicationnelle et équative : spécificationnelle, identificationnelle et identité
(Heycock & Kroch, 1999). Quant à Declerck (1988), il propose d’ajouter une autre catégorie à
ces quatre, celle de la définition.
45
4.3.1-Phrase prédicationnelle
Une phrase prédicationnelle est celle où le terme post-copule (XP2) est un prédicat et ce
prédicat qui dit quelque chose du (XP1), le sujet.
4.3.2-Phrase spécificationnelle
Il s’agit là de phrase où le constituant pré-copule XP1 est prédicatif pendant que XP2, le terme
post-copule est référentiel. La phrase spécificationnelle, serait l’inverse de la phrase prédicative
(Moro, 1997). Selon Higgins, la référence d’une variable laissée ouverte par XP1 est spécifiée
par XP2, c’est-à-dire que le XP2 post-copule propose une valeur au choix que le terme pré-
copule pose.
4.3.3-Phrase identificationnelle
La phrase identificationnelle présente un terme post-copule référentiel identifiant la référence
du XP1. C’est pour cette raison que la phrase identicationnelle est proche de la
spécificationnelle, mais la référence est posée comme unique dans la phrase identificationnelle,
ce qui n’est pas le cas pour la spécificationnelle. En phrase spécificationnelle le XP1 est posé
comme prédicatif mais en identificationnelle, il est référentiel.
4.3.4-Phrase d’identité
Dans une phrase à identité, il y a deux termes référentiels qui sont mis en relation dont
l’équivalence est posée. Contrairement à Higgins certains auteurs font référence à ce type de
phrase comme équatif (Mikkelsen, 2004 ; Dikken, 2006).
Relativement à cette définition des types de phrase, nous pouvons y associer les exemples
suivants :
-a-prédication : John is happy →Jean est heureux
-b-spécification : The best cook is John→Le meilleur cuisinier,* (c’) est Jean
-c-identification : This man is John→Cet homme, *(c’) est Jean
-d-identité : Cicero is Tully→Cicéron, (c’) est Tullius
En Bambara la relation entre ces phrases pourrait être rétablit comme suit :
46
b’-Zan yé tóbilikɛla bɛ̀ɛla fìsàmancì yé
Jean Cop cuisinier Sup meilleur x
Le meilleur cuisinier, c’est Jean
d’-Cicero yé Tullusi yé
Siséro Cop Tullusi x
Cicéron, c’est Tullius
47
4.3.5.3- dón → (similitude avec ‘ce’ en français)
Cette copule se rapproche du ‘ce’ français. Elle est utilisée pour la présentation :
Si nous suivons les exemples (f, v)
f- Zan dón : c’est Jean / this is John
v- Musa Bà dón : c’est la mère de Moussa / this is Moussa’s mother
on pourrait les assimiler au type identificationnel définit par Higgins mais il n’ y a pour le
moment aucune preuve que dón est la copule d’identification.
4.3.5.4- Yé…Yé
Cette copule est généralement utilisée dans les phrases équatives. Le terme ‘équative’
regroupait déjà pour Heycock et Koch (1999) les trois sous-catégories de phrase copulatives
depuis la typologie de Higgisns : spécificationnelle, identificationnelle et identité. Cet ensemble
a pour structure de surface Topic is Focus contrairement à la catégorie prédicative qui a une
structure Sujet is Prédicat. Cela devient un détail sur la distinction entre prédication et équation.
L’élément yé…yé apparait dans la construction prédicative, identificationnelle et même
équative. Mais cette construction équative centrée sur yé…yé avait bien des limites selon Roy
& Sangare (Inverted Copular Sentences in Bambara, ACAL 51/52, April 8-10, 2021). Outre
son usage nominal pour lequel il est souvent vu comme marqueur d’équation, il s’emploi aussi
avec des adjectifs (de couleur). Ce qui est rarement mentionné dans la littérature.
On constate un emploi adjectival pour le premier et le second, emploi nominal, localisation),
L’on se demanderait aussi combien de types de prédications y a-t-il en Bamabara à travers ces
éléments ?
Quant au dón, parce qu’il n’est proche que du ‘ce’ en Français nous l’avons rapproché donc de
l’identification. Nous fournirons davantage détails sur la nature de yé…yé dans la section VI.
4.4-Conclusion partielle
Par ces analyses nous avons pu observer combien les langues peuvent être si proches et en
même temps distantes, complexes. Comment un phénomène linguistique (copule) se manifeste
par des mécanismes d’une langue à une autre ?
Aussi l’on pourra retenir que l’hypothèse selon laquelle les quatres copules correspondent aux
quatres catégories de phrases définies par Higgins n’est pas validée puisqu’il n’y a vraiment
pas de correspondance directe perceptible.
Cependant le Bambara n’est pas une langue qui illustrerait la typologie de Higgins.
48
SECTION V : PARTICULES VERBALES et COPULES : homophonie ou égalité ?
Les particules verbales et les copules sont si proches que l’on a tendance à les confondre. Selon
certains auteurs mêmes (Dumestre, 2003), elles seraient des homophones. Ici dans cette partie
nous voulons montrer dans leur similarité à quel point ces éléments sont distincts.
49
Alassy is washing clothes in the river
5.3. Copules
Comme précédemment défini, la copule est un connecteur entre le sujet grammatical et le
complément, mais elle se distingue de la particule verbale en Bambara :
- bɛ́ -ká
171-ne bɛ́ kalanso 172-Yali ká dɔ́gɔ
Moi Cop école Yali Cop petite
Je suis à l’école Yali est petite
5.4.2-Différence sémantique
• La copule et la particule verbale ne sont pas les mêmes éléments grammaticaux, l’une
des raisons justifiant cela est qu’elles n’ont pas la même valeur sémantique :
50
(p)Yali ká à bá dɛ̀mɛ ( q) Yali ká dɔ́gɔ
Yali SUBJ Poss mère aider ≠ Yali Cop petite
Que Yali aide sa mère Yali est petite
kána ≠ mán
175- Yali mán dɔ́gɔ
Yali Cop petite
Yali n’est pas petite
Les formes négatives ne s’avèrent pas les dans les exemples 174 et 175.
5.5-Conclusion partielle
Nous retenons de cette partie que la copule et la particule verbale sont deux éléments
grammaticaux bien distincts.
La particule verbale occupe une position fonctionnelle dans le domaine verbal. Elles se placent
entre S (sujet) et O (objet).
Quant aux copules :
-ká : est utilisé dans les phrases prédicationnelles :
176-Kínin ká kálan
riz COP chaud
51
le riz est chaud
-yé : selon certains auteurs comme Pustet 2003 et Vydrin 2003, cet élément est utilisé dans des
phrases équatives :
181-Mala yé né bá yé
Mala COP 1SG mère Foc
Mala est ma mère
182-Sùnɔgɔ yé sàya yé
Sommeil COP mort Foc
Le sommeil, c’est la mort
Pour revenir à notre question à savoir si les particules verbales et les copules sont identiques ou
homophones, l’on peut répondre par la négative. Certes elles peuvent paraitre des homophones,
mais elles restent toujours des éléments grammaticaux distincts. Dans cette même perspective,
nous abordons dans la section suivante une analyse de yé…yé
52
SECTION VI : UNE ANALYSE DE Yé….Yé : propriétés
53
en arithmétique. Les deux ensembles peuvent être inversés autour de la relation d’égalité sans
que le sens de l’expression soit affecté. On ne peut pas exprimer cette identité mathématique
avec yé…yé.
6.2.1.2-Le pluriel
Considérons ces exemples:
153-Hawa yé kàlanden yé
Hawa COP étudiant X
6.2.1.3-Problème d’interprétation
L’identité entre deux expressions réferentielles ne correspond pas au sens des phrases en
yé…yé. Il n’est pas jusque là encore fait mention, dans la littérature d’un seul cas équatif.
Parmi les plus fréquents cas mentionnés dans la littérature on rencontre l’identification (157) et
la prédication (158) :
54
157-Nìn yé námása yé
This Cop banana Cop
This is a banana (Pustet 2003)
161-Kalanden yé Ami yé
Etudiante Cop Ami yé
L’étudiante, c’est Ami
55
En Français le fonctionnement de la phrase équative va de pair avec la spécificationnelle
puisque cela exige l’usage du démonstratif ‘ce’ (Amary 2010, 2012,2014 ; Roy & Shlonsky
2019).
Ce sont des structures topic-copule-focus. Déjà pour Heycock (1998), dans les phrases
copulatives inverses, le sujet superficiel présente quelques-un des attributs du prédicat, le
prédicat aussi présente des attributs du sujet. Dans ce sens, il existe trois caractéristiques des
phrases inverses selon elle :
1-la construction inverse se caractérise par la position pré-verbale d’un NP attributif, et la
position post-verbale d’un NP référentiel ;
2-la position du focus est fixe c’est-à-dire que le NP qui suit la copule doit être focalisé tandis
que dans les phrases canoniques le focus est variable. Par exemple la même phrase canonique
en 5a peut être aussi utilisée en 5b :
5 a. A: Is the culprit John or Bill?
B: John is the culprit.
b. A: Is John the culprit or the victim?
B: John is the culprit.
Mais la construction inverse permet seulement la focalisation du NP en position post-verbale :
6 a. A: Was the culprit John or Bill?
B: The culprit was John.
b. A: Was John the culprit or the victim?
B: # The culprit was John.
3-La troisième caractéristique de la phrase copulative inverse est que le NP en position pré-
verbale dans la construction inverse n’est pas clivable :
(7) a. Canonical : It's John that's the problem.
b. Inverse: *It's the problem that's John.
Il est important ici de mentionner que la structure des phrases copulatives inverses en Anglais
est semblable à celle du Bambara, pourtant deux langues génétiquement distantes.
6.2.2.2-Spécificité de l’inversion
Les phrases inverses et les phrases canoniques sont dérivées de la même small clause (Moro,
1997) :
162- Johni is [SC ti the best candidate]
→ montée du sujet
163- The best candidatei is [SC John ti ]
56
→montée du prédicat
L’inversion dont il est question ici n’est pas celle du prédicat :
Cf. phrases prédicationnelles :*Blue is the table
En Bamabara aussi ce phénomène est similaire : *Sùrun ká Só (lit.short is the house)
Parmi les trois types d’expressions à savoir : entité, prédicat et individu, l’inversion est plus
compatible avec l’ultime niveau ( anglais, français, bambara,,malgache, wolof…(Roy, en
cours)) :
164-A good example is China
-My best friend is Hanane
-The president of Guinea is Alpha Condé
-Test question/reponse :
Q= N1 yé jɔ́n yé ? →Ordre canonique
165-Ana yé jɔ́n yé
Ana Cop who yé
‘Who is Ana ?’
La reponse la plus ordinaire à cette question est :
166-Ana yé n'terifari yé
Ana Cop 1sg.friend.best yé
‘Ana is my best friend’
Et non :
167-N'terifari yé Ana yé
1sg.friend.best Ana yé
‘My best friend is Ana’
57
-Test question/reponse :
Q=N2 yé jɔ́n yé ?→ Ordre inverse
170-N'terifari yé Ana yé
1sg.friend.best Cop Ana yé
My best friend is Ana
6.3-Conclusion partielle
Le Bambara est une langue à tête finale.
Dans toute phrase du type : m yé COP n yé :
171- ( m ) Amy IP yé né ( n ) báden IN yé A→ B
Amy Cop Poss sœur yé
Amy est ma sœur chérie
58
-Si 171 est une reponse dans l’environnement conversationnel entre A et B, une reponse même
qui appartient à B, alors elle correspond probablement à une question.
La question la plus naturelle à la laquelle correspond cette reponse est :
172-Amy yé jɔ́n yé ?
Amy Cop Rel NIF
‘Qui est Amy ?’
-L’élément déclencheur de nouvelle information dans la reponse occupe la même position que
le pronom intérrogatif dans la question : (171= báden / 172= jɔ́n ) :
171- Amy IP yé né báden IN yé
Amy Cop Poss sœur yé
Amy est ma sœur chérie
172-Amy yé jɔ́n yé ?
Amy Cop Rel NIF
‘Qui est Amy ?’
C’est une position post-copule
-La nouvelle information est signalée par le 2è yé (yé2)
-yé2 est donc le marqueur de nouvelles informations (NIF) dans les phrases en yé…yé .
-Les phrases en yé ne sont pas des équatives, ce sont des phrases asymétriques de structure
topic-focus.
Avant d’aborder la partie expérimentale de ce travail, nous pouvons affirmer que notre dernière
hypothèse de cette partie théorique est vérifiée.
59
VII-RAPPORT DE STAGE et CORPUS
de l’image au texte, création de corpus en Bambara
INTRODUCTION
Les investigations menées par les chercheurs mentionnés dans le domaine de la linguistique
africaine notamment le Bambara en ce qui concerne la fonction et le nombre d’éléments de
copule dans la langue Mandé (Bambara), est un peu intriguant pour nous surtout quand un
élément est attribué une fonction figée dans un contexte irrévocable : le rapport établit entre un
élément X et Y dans un énoncé équatif par yé...yé, relève-t-il forcément de l’équation ?, le ká
ne s’associe-t-il qu’aux prédicats adjectivaux ou le bɛ́ qu’aux verbaux ? Tels sont les
fondements de ce stage en particulier et du projet tout entier.
La recherche donc, d’autres paramètres de contextualisations a inspiré ce stage de laboratoire
au CNRS (Centre National de Recherche Scientifique). Supervisé par Eléna Soare, il s’étendit
du 15 Mars au 20 Mai 2019 (production de texte à partir d’image), et du 1 Janvier au 28 Février
2020 (analyse morphosyntaxique, révision de règles de transcription).
Le site du CNRS se situe au 59/61 rue Pouchet au 17è arrondissement de Paris et inclut huit
unités de recherches : des revues scientifiques provenant des disciplines des sciences humaines
et sociales et une unité propre de service en charge de la maintenance du bâtiment et des services
communs. Il est composé de deux bâtiments : Pouchet qui date des années 30 et Berzelius des
années 70, depuis qu’il est acquis par le CNRS dans les années 80.
Il devient le centre d’action principale, la scène de théâtre de près de 200 permanents
chercheurs, enseignants-chercheurs, ingénieurs et techniciens, doctorants et post-doctorants.
Dirigée par Marzena Watorek , Professeur des Universités, l’UMR 7023, SFL (Structure
Formelle du Langage), un embranchement du CNRS, cadre dans lequel s’inscrit cette
recherche, développe une recherche fondamentale principalement dans les champs de la
linguistique et de psycholinguistique basée sur des modélisations théoriques.
L’objectif principal de ce stage était d’abord de créer un corpus pour le projet LGIDF tout en
nourrissant les missions de notre question de recherche. C’est un projet qui assure l’archivage
et l’accès, au grand public, en Français, des informations sur les langues parlées en Ile de France
en particulier sans toute fois oublier les langues de l’immigration récente. Il se situe dans la
complémentarité du travail de recencement des langues de France, effectué sous l’égide de la
DGLFLF (Direction Générale de la Langue Française et des Langues de France).
60
Plusieurs tâches ont été exécutées au cours de ce stage à l’aide surtout du clavier spécial
Bambara ‘’LEXILOGOS’’, téléchargeable sur google. A partir d’une série de 24 images
intitulée ‘’FROG, WHERE ARE YOU ?’’, une histoire en image utilisée en psycholinguistique
pour susciter la production de discours suivis, conçue par Mercer Meyer, un auteur pour la
jeunesse et illustrateur américain qui a son actif plus de 300 ouvrages. Elles sont reparties
comme suit : 1-la production de texte en Bambara selon les 24 images,2-la glose du texte entier,
3-la traduction du texte Bambara en français.
61
PARTIE I :
Dón dò la, cɛ̀ni dò tùn bɛyi, à tɔ́gɔ yé Maro, á n'à téri filaw: wouloudeni dɔ à yé min
tɔ́gɔda ko Jigiya àni sárantori n’o tɔ́gɔ tùn ye Súmalen . Maro y’à kà wuluni tɔ́gɔda jìgìya sábu
kó gɛ̀lɛ̀n fɛ́n ó́ fɛ́n mánánà álé de bɛ́ fɔ́lɔ ka Maro bìlàsira fó k'ó nyɛ́nabɔ wáati mín nà. kó mána
gɛ̀lɛ̀ya cògòcogo, àlé jigiya t'í fára hábada kabɔ Maro là. Ò kàma ále y'à tɔ́gɔda kó jigiya.
Sárantori tɔ́goda là Súmalen, sábulà á fàri tùn súmana kójugu. Ní í y'í bólo bíla wáati ò wáati à
fàri kàn, à súmalen do wa à nùgulen do. Á dísini ye jɛman ye, wa á fári mùmɛ be
yéelenyeelen.Maro yɛ̀rɛ tùn nísɔnkadi wà á jàn bɛ́ à tériw là wáati bɛ̀ɛ.
Maro yɛ̀rɛ hákili té á tɔ́gɔ kɔ́rɔ la túguni. Nkà hákilimaya là,à tɔgɔny dárà à mɔ̀kɛ là, mìn tùn yé
dònsoba yé, àní á yé kungo sògò cáman màra. Á tún bɛ́ wéele Marocɛfari dùgu mùso n'à cɛw
bolo.
Ù tùn kádì nyogon yé kósèbè . Nì tériya dúmàn mà dèli ka yé kábıń ́ í dununya dànà. Ó mà deli
kà fara lòn kélensi. Cɛ̀nin n'à kà wuluni dayɔro yé dìlan kanla yé. Sárantorini alé bi da bàrà
kɔ́no. Wuluni tún ye jɛ́man yé, kà á kán kɔ́rɔla kɛ́ fìmani yé. Á kúkala jɔ̀ len do á kɔ́ túma bɛ̀.
Sú ó sú ú bɛ́ nyɔgɔ̀n dalájě ká baro kɛ́ dálan seǹjùfɛ, bón cɛman. Ú ye ntálen caman dà nyɔgɔ̀n
ye nkà bì súny tà tún dàra Súmalen sómɔgɔjànw kàn mínu bɛ́ kɔ̀ túnuni kɔ́fɛ́.
Bàro díyara kósɛbɛ Sumalen yé. Yànni ò cɛ̀, Sumalen tún t'à dɔ́n kó sómɔgɔ dɔ́wɛrɛ bɛ́ àle là,
mı́ń i Maro àni jigiya té kélen yé.
À hákili y'á latáa yɔ́rɔjàn nìn sény.
'' Sómɔgɔ wɛ̀rɛ àle là, àle ní minù bɛ́ kán kélen fɔ́, n'ó ní tériya kán té kélen yé.
-Sómɔgɔ wɛ̀rɛw, fáranfaasiya té ále fàrìkolo ní mínw tà cɛ̀''
<<Waaiii míiri, wooiii míiri ń kɛ́la míiriya ká jɔ̀n yé>>
Sumalen bɛ́ táa à sómɔgɔw yɔ́rɔnyíni n'à téri tɔ̀w yé wálima á kélen bɛ́ táa? Bàrì n'á kélen bɛ́
táa, á bɛ́ táa cogodì?f ̀árali? hábada, pɛ́tu.
62
Aah tériya, tériya dúman mín díyara kà diya ń nyina ń sómɔgɔw kɛ̀li là, tériya mín yé ń súgu
yɛ̀lɛ̀ma kà ń bɔ́ sárantoriya là, kà ń kɛ́ búnahadamaden yé. Tériya mín yé ń sɔ̀ fìn bɛ́ɛlajɛnin nà
ń hákili yɛ̀rɛ ma mín dɔ́n fɔ́lɔ.
-Aaah nìn tériya dúman ká fìsa ní bádenya dɔ́w yé.
<< Né té ń fára hábada ka bò ń bádenw là. Eeh í má dɔ́n kó bádenya gɛ̀lɛ̀nman! Í má dɔ́n tériya
gɛ̀lɛ̀nman! Né bɛ́ nìn fɔ́ ń bádenw yé cogodi? Ú té na sɔ̀n hábada ń ká táa ń kélen. Né bɛ́ nìn filà
dɔ́n nya minà, ú té ń tó cogosila ń ká táa>>.
Sumalen t'à fɛ̀ kà bádenw són jà, ó kama á ma fìn fɔ́ ú yé. Ú yé bàro kɛ́ ká kɛ́, sùnɔgɔ yé Jigiya
ní Maro tà. Sumalen bɛ́ na bɔ́, nkà jànfa bɔ́li tɛ̀ kuma tɛ́ jìgítìgɛ́ ma, ká táa à nyɛ́ dà bálimajánw
kan, ká segi. Maro ní Jigiya táara ú dá wágati mína Sumalen yɛ̀rɛ̀ tún bɛ́ gɔ̀rɔ̀ndɔla.
Tɔ̀ tún té ú sila bilen. Sú kɔ́rɔ́kɔrɔlen, kálo yélen kɔ́rɔ, Sumalen yé bara dáyɛ̀lɛ́ dɔ́ɔnindɔɔnin ká
bɔ́. Á bɛ́ á nyɛ́nɛ̀ kó fóyi téyi túguni Maro ní jigiya sùnɔgɔ len kɔ̀. Nkà dɔ́ tún bɛ́ ká Sumalen
bɔ́tɔ fílɛ, ále té ó kàlàma. Síri n'á ka wuluni tún b'ú nyɛ́na, ú tún ma sùnɔgɔ fɔ́lɔ sábu la, tìle la
ú ye sùnɔgɔ jàn kɛ́. Siri n'á k'à wuluni y'ú jǎsìgí ká Sumalen bɔ́tɔ fílɛ bara kɔ́nɔ. Á yé síra tà, á
kélen súba ma. Sírajàn táamana á bólo yànni tìle ka bɔ̀.
Siri n'á k'à wuluni y'ú jǎsìgí ká Sumalen bɔ́tɔ fílɛ bara kɔ́nɔ. Á yé síra tà. Dùgùjɛ mà o la sà
,bara bùgɔ́bùgɔ́ kán ma mɛ́n Maro ní jigiya bólo k'ú láwuli. Dón ô dón sɔ̀gɔ́mǎ, ú tún bɛ́ wuli
Sumalen ká bara gòsi kán fɛ̀ í ná à fɔ́ ó ká láwulililan kílinkalan, nká bì sɔ̀gɔ́mǎda ína, mànkan
ma mɛ́n. Ú wulila ú yɛ̀rɛ yé. Maro y'í kùntilen bara la, á nyɛ́ té Sumalen na à kɔ́nɔ́.
Á y'à nyɛ́ dálákǎ kósɛbɛ wa á yɛ̀rɛ yé tɛ́gɛnya kelen jí kɛ̀ k'à nyɛ́ sànànko kà à sɔ̀rɔ k'í gɛ̀rɛ bara
là túguni. Tìnyɛ yɛ̀rɛyɛ̀rɛ là, fóyi tún té bara kɔ́nɔ́. Á yé fɛ́n bɛ́ɛ kɔ́rɔ́tǎ, ká fɛ́n bɛ́ɛ yúguyugu
Sumalen nyínini kama. Jigiya yɛ̀rɛ y'í kùn mùmɛ dòn bara kɔ́nɔ́ ká bɔ́ ni ó yé fílantɛrɛ là, Maro
kɛ́tɔ̀̀ la k'ó sánkɔ́rɔ́tǎ.
Á bɛ́ ka Sumalen tɔ́gɔ wéele o ka wéele, númankuru ni kíninbolo, bón kɔ́fɛla bɛ́ɛ là. Jigiya yɛ̀rɛ
kùnkolo tùn bàlan na bara la á ma ó dɔ́n. Á fílɛlitɔ n'á nyíninitɔ fílantɛrɛda ò la,á nyìnɛlen á yɛ̀rɛ
kɔ̀, bara gírinya y'á bɔ̀ sán fɛ̀ k'a bìn à kán kàn fó ka bara cì. À digila á la kósɛbɛ, nkà á ma jógin.
Maro kɔ́nɔnafilitɔ gírina á kàn ka á tà ka à fàri mɔ́ɔsimɔɔsi. Á yé à nɛ̀n bɔ́ ka Maro kíninbolo
dáfuruku nɛ́ɛmu ká jìra kɛ́ à la, ko ále ma jógin,wa ko júguman fósi tɛ́i. Bón n'à lámini bɛ́ɛ bána
fílɛla ú bólo, fósi ma yé. Ú yé kɔ̀ túnuni síra tà, síra júgu ba ni á jírisun babaw yé an'á jatìgɛ́
sògow. Kàbini Maro fàcɛ bɛ́ níla, á tún y'à fɔ́ á yé dón dɔ́ ko gìngin ani sànsàngérebɔ́ dɔ́ tún bɛ́
to ka síra tìgɛ́ mɔ̀gɔ̀nìfinw ma, ú tú́n káfari kósɛbɛ.
Kɔ̀ túnuni fílɛli tún yé kó ba yé, wa n'í ma kɛ̀ sìma yé, í te sègín só. Ále ní Maro y'ú ka sìgi bɛɛ
kɛ́ fó ka sé à sàya ma, á ma Maro bólo mìnɛ dón kelen sí ká táama ni síra nín kàn. Nkà tériya
mìn yɛ̀lɛ̀mana ka kɛ́ bádenya yé, ó t'ó dɔ́n. Ú fìla, Maro ni Jigiya, yé síra tà. Ú bɛ́ ka táa o ka táa
63
nìn síra júgu nin kà̀ n. Maro,ále bɛ́ kúle o kúle la ní Sumalen tɔ́gɔ yé. Jigiya yé díkisɛw wúliwúli
tɔ yé ka bɔ́ jíri dɔ la. Ú y'ú mǎdǒn jíri ó la, ú nyɛ́ bɛ́ ŋúnun dúlonlen na jíri bólo la. Maro y'í kɛ́
wò dɔ kàn jíri dùgùmà. À kɔ́nɔ kó Sumalen bɛ́ ó kɔ́nɔ. Á yé jíribóloni dɔ tà kà wò súgubasúguba.
Cáwu nkɛ̀lɛni dɔ pánna kà bɔ́ wò kɔ́nɔ fó ka Maro jǎtìgɛ́. Á tɛ̀mɛna ka bɔ́yi télimanyala. Jigiya
n'à ka jíri tùn bɛ́ nyɔ́gɔnna ó wágati la fána. À b'ále míirila kó Sumalen bɛ́ sɔ̀rɔ ó ŋúnun kɔ́nɔ.
Á y'à yúguyugu sɛ̀bɛ̀kɔrɔla fó ka ŋúnun bìn kà cì. Maro tùn yɛ̀lɛnna k'í sìgi jíri bólo dɔ kàn. Wò
tùn bɛ́ ó jíri cɛ̀mà n'á bɛ́ Maro kɔ́nɔ kó à téri na sɔ̀rɔ yén. À bólo n'à nyɛ́ dònna yén Sumalen
nyíni kámǎ. Aaah kó dábɔra, mún gàlo bìnna ù kaǹ?
Dídenw y'ú nyɛ́sin jigiya ma, gìngin y'í nyɛ́sin Maro ma. Maro, àle jǎtìgɛ́ kójugu bìnna à kɔ́
kàn. Á dálen à kɔ́ kàn à nyɛ́ sílen bɛ́ gíngin ma. Ó yɔ́rɔ la sàa á míiriya jìginna à fà ka kúma. Ò
kɔ̀sɔn dénmisɛn kana à wólobaw sɔ̀sɔ dón kélen sí. Nìn sèn, ú fárana, dègun y'ú fára. Fárakuru
jɛ̀man dɔ̀ tùn bɛ́ ní sànsàngérebɔ́ tún b'á yɛ̀rɛ làfiya yèn sòn. Á b'í sìgi ká á kɔ́ ní ó fára dákɛnyɛ,
à gérew ní jiribólow ma fáranfaasiya dɔ́n wa á wòlo nyɛ́kolo ní fára tà bɛ́ɛ yé súgu kélen yé. Ní
jàteminɛ́ yɛ̀rɛ́yɛ̀rɛ́ ma kɛ́, í t'á dɔ́n cogosíla ko fɛ́n bɛ́. Maro y'á yɛ̀rɛ sɔ̀rɔ ò làhàalàya dɔ́ délà.
Gíngin y'á kóron ka kóron. Táayɔ́rɔ wɛ́rɛ fóyi te á bólo. Ò yé á bìla yɛ̀lɛnli là fára kɔ́ kán á bɛ́
ká Sumalen tɔ́gɔ wéelewéele : Suuuumaaaleeeen !!!
Maro ma dɔ́n ko ále jɔ̀len tùn bɛ́ sàngérebɔ́ kɔ́ de cɛ̀mà ò yé. Mànkan kɔ́rɔ, lámàgálámàgá
dámìnɛ́na. Maro jìgìlámìsɛ̀nyala, á kɔ́nɔnafilila. Sàngérebɔ́ yé Maro sàsa n'á gére yé ká bòli
dámìnɛ n'á yé. Maro té sé k'í gán ká jìgin ká bɔ́ Sàngérebɔ́ kɔ́ la. Á ma dɔ́n á bɛ́ táa n'á yé yɔ́rɔ
mìn na. Jigiya bɛ́ ká bòli ú nɔ̀fɛ̀. Sé té ále yé ká téri tíla, wa háli ní sé tún b'á yé, á tún bɛ́ na
sàngérebɔ́ kɛ́nyɛ cogodì, mìn fànga ká bòn à ta yé sìnyɛ bà kélen?
Sàngérebɔ́ hákili tùn bɛ́ dìngɛ dɔ́ la, yɔ̀rɔ mìn á bɛ́ na Maro n'á ka wulu wùrùbàta k'ú ta bán. Á
tó la bòli la, ká bòli, á séni dìngɛ kùnna, á y'ú fíri nyɔ́gɔn kán. Maro bìna à kɔ́ kán, ka jigiya bìn
à dísi kán. Bìnni dígila ú la kósɛbɛ nkà ú ma jógin. Júguman ma kɛ́ ú la. Ú tún bínna kɔ̀ túnuni
dálayɔ́rɔ dɔ́ la, ú ma màjogin nkà ú tún nyíginna kósɛbɛ. Ú wúlila k'ú yɛ̀rɛ fúranfúran. Jírikuru
dɔ́ dáni tún bɛ́ ú kɛ̀rɛ́fɛ̀. Ú y'ú mǎdǒn à la.
Mànkan dɔ́ tún bɛ́ bɔ́ la yènínɔ̀, jíri fàn dɔ́ fɛ̀, mìn bɔ́len Sumalen tà la kósɛbɛ. Ú y'ú maǹkan
súmaya. Maro y'á sárakɛ̀ jigiya la ó lá. Ú y'ú bɛ́lɛnbɛ́lɛn k'ú bɛ́lɛn . Jigiya, é kɔ́rɔtɔ kójugu y'í
gán Maro kùnnà ká táa jíri fàn ò fɛ̀. Ú fìla nyɛ́ bɛ́ Sirantori cɛ̀kɔ̀rɔ̀ba ní mùsòkɔ̀rɔ̀ba dɔ́ sìgilen
na nyɔ́gɔn dáfɛ̀. Ú nyɛ́ dá Maro n'à kà wuluni kàn, ú ma síran fǐtinin sábu Sumalen tún y'ú kofɔ́
ú yé kélěn. Sumalen y'ú tɔ́gɔnyùman bɛ́ɛ lajɛlen fɔ́ ú yé kábán. Ní jíri ìn de dùgùmà,
sànkunbɛnnyɔ́gɔnye bɛ́ɛ tùn bɛ́ kɛ́ sábu Jatoo, Sirantoricɛ̀kɔ̀rɔ̀ àní Baroo, Sirantorimùsòkɔ̀rɔ̀ yé
jàtéminɛ̀ kɛ́ kó láadilikan mín bɛ́ ka dí Sirantoridénmisɛnw ma ni nyógɔnye wágati la, jɔ̀da té
64
ka yé ú la, k'ó sábabuya kɛ́ kɔ̀ túnuni jí gɛ̀rɛ̀ngɛrɛn yé. À bɛ́ í na fɔ́ Sirantorilakaw kɛ́yɔ́rɔ dɔ́rɔn
té jí kɔ́nɔna yé.
Sumalen tún y'à fɔ́ kɔ̀rɔlen Jatoo ní Baroo aní à bálima tɔ̀w bɛ́ɛ yé kó ále nàni à nyɛ̀ dàl'ú kán,
wa àle b'í sègín só ní nyógɔnye bána. Kàbini Sumalen wólola,ní nyógɔnye dɔ̀ ma dèli ká kɛ̀ á
nyɛ̀. Ní y'á nàfa kósɛbɛ aní ká á nísɔndiya. Maro ní jigiya nyɛ́ dáa Jatoo ní Baroo kań, Jatoo
hákili jìginna Sumalen ká kúma na, wágati mìnna án'a bɔ́nyɔgɔnkow bɛ́ nyɛ́najɛ la o jíri wò
kɔ́nɔ. Ú bɛ́ɛ bɔ́ra Jatoo kà wéele fɛ̀. Maro nísɔndiya kójugu Sumalen yélila à jɛnyɔgɔnw cɛ̀mà,
á y'à dá wàga.
Jigiya, àle y'à túlo fìla yɛ́rɛkɛ, ká kú kùru à kɔ́fɛ̌ í ná à fɔ́ nkɔ̀sɔn tà. Ú bɛ́ɛ dálájɛ̌len yé nyógɔn
yé, ú bɛ́ɛ dálájɛ̌len nísɔndiyara. Sumalen sómɔgɔw nísɔndiyara kójugu á yélila ní à sómɔgɔ
kúraw yé. Báasi fóyi ma dòn ú ní nyógɔn cɛ́, ú kɛ̀ni ká nyógɔn yé. Sumalen yé yàfama déli aní
dùgàwu nyɛ́mɔgɔ Jatoo ní Baroo fɛ̀ kà à sɔ̀rɔ ká à kó fɔ́ báden tɔ̀w fɛ̀. Ú jɛ̀nna wa ú nisɔndiyara.
Síra dílen á ma, á́ y'í gán Maro nɔ̌fɛ̌. Maro y'à bólo lásàmá á nɔ̌fɛ̌ ká á tà. Maro yɛ̀rɛ yé síra déli
kómi Sumalen, nyɛ́mɔgɔɔw fɛ̀. Táali látìgɛ́len, Jatoo n'á ka dénmisɛnw bɛ́ɛ y'ú kɛ́ jíriba kɔ̀ kán
k'ú nyɛ́ sín Marow là. Ní yé u ká làada dɔ́ yé: ká sìgi nyógɔn kɔ́fɛ̌ ká tá kɔ̀rɔbalen na ká táa bìla
dɔ́gɔmani na.
Maro y'à bólo kélen wúli, Sumalen bɛ́ à bólo dɔ̀ ìn kɔ́nɔ, kà à sɔ̀rɔ k'ú bárikada. Ú y'ú kɛ́ kɔ̀ kán
ká à tìgɛ, sótáasíra tá tɔ̀.
65
PARTIE II
Sárantori ka ntàlen
Grenouille COP histoire
‘ L’histoire de la grenouille’
A)
1-Dón dò lá, cɛ̀-ni dò tùn bɛ́ y,
Jour certain dans homme-DIMIN certain PASSE COP là
‘Il était une fois, un pétit garçon
2- à tɔ́gɔ yé Maro
Son NOM COP Maro
‘son nom est Maro,
4- woulou- den-i dɔ
chien- enfant-DIMIN certain
‘Un petit chien,
6
Súmalen signifie littéralement ‘douceur’
66
7- Maro y’ à kà wulu-ni tɔ́gɔ da jìgìya7,
Maro PASSE 3SG COP chien-petit nom poser Jigiya
‘Maro a nommé son petit chien Jigiya’,
B
1-Sárantori ̀ tɔ́go-da là Súmalen, sábu-là
Grenouille-ART nom-RESULT POSTP Súmalen parce-que
7
Jigiya signifie littéralement ‘espoir’.
67
‘La grenouille fut nommée Súmalen, car ,
68
C.
1-Maro yɛ̀rɛ hákili té
Maro même pensée NEG
69
par les femmes et les hommes du village’
D)
1-Ù tùn ká-dì nyogon yé kósèbè .
3PL PASSE COP-bon ensemble à beaucoup
‘Ils s’aimaient énormément.’
3-mà dèli ka yé
NEG HAB COP voir
‘ n’avait pas encore existé,
5- U mà deli kà fara
3PL NEG HAB COP séparer
‘Ils ne se sont jamais séparés,
70
9-Sárantori-ni alé b’ i da
Sarantori-DIMIN 3SG.EMPH COP 3SG coucher
‘La petite Sarantori, elle dormait,
10-bàrà ̀ kɔ́no.
bouteille-ART dans
‘ dans une bouteille’.
E)
1-Sú ó sú, ú bɛ́ nyɔgɔ̀n dalájě
Nuit chaque nuit 3PL COP DET rassembler
‘Chaque nuit ils se rassemblèrent,
71
‘pour bavarder,
72
11- bɛ́ àle là, mín ni
COP 3SG.EMPH CONN REL CONJ
‘quant à elle’
73
Famille autre-PL différence NEG
‘Une autre famille qui ne se distinguait pas,
74
‘comment l’entreprendrait -elle ?’
30- kà diya kà
INF bonifier COP
‘si bonne au point,
75
36-fìn bɛ́ɛ lajɛnin nà
chose tout rassembler-RESUL de
‘toute chose,
F)
1-<< Né té ń fára hábada
1SG.EMPH NEG 1SG déchirer jamais
‘<<Jamais je ne romprai avec,
76
RELA fraternité difficile
‘combien est importante la fraternité ?
77
‘Sumalen n’a pas l’intention,
78
21-à bálima-ján-w kan, ká segi.
ses frère-loin-PL sur PREP retourner
‘ses frères lointains et se retourner.’
G.
1-Tɔ̀ tún té ú sila bilen.
reste PASSE NEG 3PL aucun encore
‘aucun n’en pouvait plus,
2- Sú ̀ kɔ́rɔ́-kɔrɔ-len,
Nuit-ART veillir-RED-RESUL
‘Tard dans la nuit,
79
peu-RED pour sortir
‘tout doucement pour sortir.’
7-fóyi té yi túguni
REL NEG là encore
‘il n’y avait plus rien’
80
14- Ú tún ma sùnɔgɔ fɔ́lɔ sábu la,
3PL PASSE NEG dormir premier car dans
‘Ils n’étaient pas encore endormis car,
17-y' ú jǎ-sìgí
PASSE 3PL ombre-asseoir
‘se calmèrent,
81
22-Síra-jàn táama-na á bólo
Chemin-long marcher-PASSE POSS par
‘Elle parcourut déjà une longue distance,
H)
1- Siri n' á kà wulu-ni
Siri et 3SG aussi chien-DIMIN
‘Siri ainsi que son chiot,
2-y' ú jǎ-sìgí
PASSE 3PL ombre-asseoir
‘se posèrent,
4- bara kɔ́nɔ.
bouteille dans
‘de la bouteille.’
82
7-bara ̀ bùgɔ́bùgɔ́ kán ma mɛ́n
bouteille frapper-RED voix NEG entendre
‘on n’entendit point le tambourinement de la bouteille,
83
‘il n’y eut pas de bruit.
18-á nyɛ́ té
3SG œil NEG
‘il ne voit pas
19-Sumalen na à kɔ́nɔ́.
Sumalen dans 3SG intérieur
‘Sumalen à l’intérieur.
84
‘avant de se rapprocher
5-bara là túguni.
bouteille à encore
‘de la bouteille à nouveau’.
85
13- ni ó yé fílantɛrɛ là,
et cela INCLASS fenêtre dans,
‘et l’amena à la fenêtre pendant que,
J)
1-Á bɛ́ ka Sumalen tɔ́gɔ
3SG ENONC PROGR Sumalen nom
‘ De là, il lançait le nom de Sumalen,
2-wéele o ka wéele,
appeler chaque INF appeler
‘incessamment et désespérament,
3-,númankuru ni kíninbolo
gauche et droite
‘à gauche et à droite,
86
7-á ma ó dɔ́n.
3SG NEG DET connaitre
‘il ne le savait pas encore.’
9-fílantɛrɛ-da ò la,
fénêtre-bouche DET dans
‘au seuil de cette fénêtre,
15-nkà á ma jógin.
mais 3SG NEG blesser
87
‘mais il n’était pas du tout blessé.’
17-ka á tà
LOC.CONJ 3SG prendre
‘pour l’embrasser,
88
‘et que tout allait bien.’
27-síra júgu ba
route mauvais grand
‘un chemin très dangereux’
89
‘ l’avait informé’
K)
1- Kɔ̀ túnu-ni fílɛ-li
Rivière perdre-PART regarder-DEVERB
‘L’aventure sur Kɔ̀ túnuni,
90
5-Ále ní Maro y' ú ka sìgi bɛɛ kɛ́
3SG.EMPH et Maro PASSE 3PL son séjour tout faire
‘Ayant vécu avec Maro,
91
13-nìn síra júgu nin kà ̀ n.
DEM route mauvais DEM sur
‘sur le dangereux chemin.
19-jíri ó la,
arbre DET à
‘de cet arbre,
92
‘à l’une de ses branches.’
25- Á yé jíri-bólo-ni dɔ tà
3SG PASSE arbre-main-DIMIN certain prendre
‘Il balançait un bâton,
93
‘du trou,
94
11- Maro tùn yɛ̀lɛn-na
Maro PASSE monter-SUFF
‘Maro grimpa à un arbre,
95
M) Díden-w y' ú nyɛ́sin jigiya ma,
Abeille-PL PASSE 3PL diriger Jigiya sur,
‘Les abeilles se dirigèrent sur Jigiya,
96
‘Pour cela un enfant ne doit,
97
‘il se confondait avec la roche’.
98
26-Gíngin y' á kóron ka kóron.
Hibou PASSE 3SG persécuter LOC.CONJ persécuter
‘Maro a été acculé par l’hibou.
N)
1- Maro ma dɔ́n ko ále jɔ̀-len .
Maro NEG connaitre RELA 3SG.EMPH arrêter-Passé
‘Maro ne savait pas qu’il était pris
99
3- Mànkan kɔ́rɔ, lámàgálámàgá dámìnɛ́-na.
Bruit sous bouger-RED commencer-PASSE
‘Sous le bruit ; le tremblement commença.’
100
‘où cela aboutira’.
101
‘là où il va jeter Maro et son chien
3- k' ú ta bán
LOC.CONJ 3PL pour terminer
‘pour les achever.’
10-nkà ú ma jógin
Mais 3PL NEG blesser
102
‘mais ils ne furent pas blessés
14-Ú ma màjogin
ils NEG blesser
‘ils n’étaient pas du tout blessés,
103
P)
1-Mànkan ̀ dɔ́ tún bɛ́ bɔ́ la
Bruit certain PASSE PROGR sortir Postp
‘Un cri provenait,
104
9-Ú fìla nyɛ́ bɛ́
3PL deux œil COP
‘Tous les deux voyaient
15-sábu Sumalen
car Sumalen
‘parce que Sumalen,
105
Sumalen PASSE leur nom bon
‘Sumalen leur a déjà égrainé,
106
DEM rencontre moment en
‘durant cette rencontre,
26-jɔ̀da té ka yé ú la,
effet NEG PROGR voir 3PL à
‘n’avaient finalement aucun effet sur elles’
Q)
1-Sumalen tún y' à fɔ́
Sumalen PASSE PASSE 3SG.IMPER dire
‘Sumalen avait dit
107
‘et à tous ses autres frères,
108
12-aní ká á nísɔndiya.
CONJ LOC.CONJ 3SG content
‘et la réjouit.’
17-wágati mìn na á
moment où dans 3SG
‘pendant qu’elle,
18-n' a bɔ́nyɔgɔnko-w
et ses semblable-PL
‘et ses semblables
109
‘Elles sortirent toutes sous l’appel de Jatoo.’
110
‘elles en étaient très contentes.’
7-á yéli la
3SG vision dans
‘de la voir,
111
‘avant de le demander,
112
22-Táali lá-tìgɛ́-len,
Départ FACT-couper-PASSE
‘Une fois que le départ fut décidé,
113
Maro PASSE sa main seule soulever
‘Maro leva une main,
114
PARTIE III :
Il était une fois, un petit garçon du nom de Maro et ses deux amis : un petit chien qu’il a
nommé Jigiya (Espoir) et une grenouille dont le nom est Sumalen (Douceur). Maro a donné le
nom Jigiya à son chien car ce dernier était toujours le premier à l’accompagner dans les plus
difficiles situations jusqu’à leur résolution. Il ne se séparera jamais de Maro, autant difficile que
soit la situation. C’est bien pour cette raison qu’il l’a nommé Jigiya.
La grenouille fut elle nommée Sumalen car son corps était toujours froide et dégageait toujours
une douceur fraiche chaque fois que l’on touchait du doigt sa peau. Sa poitrine est blanchâtre
avec toute sa peau luminescente. Maro était très joyeux et prenait toujours soins de ses amis.
Maro lui-même n’a plus l’idée claire sur la signification de son nom. Mais par la perspicacité
de la mémoire, il porterait le nom de son grand père qui était un grand chasseur et avait
apprivoisé de nombreux animaux sauvages. Il était appelé Marocɛfari (Maro le guerrier) par les
femmes et les hommes du village.
Ils s’aimaient énormément et leur amitié n’a pas encore été égalée depuis la nuit des temps. Ils
ne se sont jamais séparés. Le petit garçon et son chien se couchaient sur le lit. La grenouille,
elle dormait dans une bouteille. Le chien était blanc et son cou tacheté d’un peu de noir. Sa
queue était toujours debout derrière lui.
Chaque nuit, ils se rassemblaient au pied du lit, au milieu de la maison pour conter. Ils se sont
dévoilés beaucoup de contes, eh bien celui-ci de cette nuit là dépeignait les parents lointains de
Sumalen qui vivaient quelque part derrière kɔ̀ túnuni,la rivière perdue.
Cette histoire plut beaucoup à Sumalen et bien avant cela il ne lui est jamais venu en tête un
jour qu’elle avait une autre famille en dehors de celle dont elle, Maro et Jigiya étaient les
constituents.
Cette fois ci, sa pensée l’amena loin :
115
‘’ Une autre famille partageant avec lui la même langue autre que celle qui la lie à Maro et à
Jigiya ; la langue d’amitié.
Une autre famille dont les membres ne se distinguaient d’elle par la couleur de la peau, la
caractéristique de son corps’’.
<< Waaiii, la pensée………..wooiii, la pensée. Je suis devenu l’esclave de la pensée…>>
Sumalen ira-t-elle à la recherche de sa famille lointaine avec ses deux amis ou toute seule ? S’il
lui arrivait de partir seule comment le ferait-elle alors ? L’idée d’une séparation ? Non,
absolument pas.
<< Aaah l’amitié, la bonne amitié tant bonne qu’elle m’a extirpé de l’esprit l’existence de ma
famille lointaine. Cette amitié qui a transformé ma race : d’amphibien à l’être humain. Cette
amitié qui m’a procuré tout ce dont je rêvais et même au-delà.
Aaah vaut mieux cette bonne amitié que certaines fraternités.
Je ne me séparerai jamais, moi, de mes consanguins. Eeh qu’il est important le lien de sang !
Eeh qu’elle est importante l’amitié ! Comment pourrais-je leur annoncer cela ? Jamais ils ne
me laisseront partir toute seule. Sur la base de l’amitié, ces deux là, aucunement n’accepteront
mon départ>>.
Sumalen ne voudrait surtout pas inquiéter ses frères, pour cela elle ne leur a rien dit. Dans le
feu de la causerie Maro et Jigiya furent frappés par le sommeil. Sumalen va sortir mais cela
n’est pas une sortie de trahison ni de déception pour aller voir les membres de cette famille
lointaine et se retourner. Maro et Jigiya partirent se coucher au moment où Sumalen ronflait
déjà dans sa boite.
Ils étaient tous éreintés. Au cœur de la nuit, sous le clair de la lune, Sumalen ouvrit tout
doucement sa bouteille pour s’en aller. Elle n’a pas eu l’idée qu’elle pourrait être observée par
une autre personne après que Maro et Jigiya se sont endormis. Surprenamment quelqu’un
l’observait bien pendant qu’il sortait de sa bouteille. Siri et son chien était encore éveillé, ils
n’étaient pas endormis parce que pendant la journée, ils ont eu une longue sieste.
Ils se calmèrent pour bien observer l’action de Sumalen. Elle prit la route toute seule dans le
silence totale de la nuit. Elle parcourut une longue distance avant le lever du soleil. Ainsi au
petit matin Maro et Jigiya n’ont pas entendu le tambourinement de la bouteille pour se réveiller.
Chaque matin ils étaient réveillés par ce bruit que faisait Sumalen sur la bouteille comme la
sonnerie d’un réveille. Mais ce matin il n’y eut pas bruit et ils se réveillèrent d’eux-mêmes.
Maro se dirigea immédiatement vers la bouteille et constata qu’elle n’y était pas.
Il ouvrit grandement les yeux et fit rincer son visage par une poignée d’eau et se redirigea vers
la bouteille. Evidemment il n’y avait rien dans la bouteille. Il fit tout déplacer, il fit tout secouer
116
dans cet environnement à la recherche de son amie. Jigiya aussi porta la bouteille, qui lui arrivait
jusqu’aux épaules, vers la fenêtre que Maro venait à peine d’ouvrir.
De là, il l’appelait désespérément et incessamment regardant à gauche et à droite. Jigiya eu de
la difficulté à sortir sa tête car celle-ci restait bloquée pour un temps dans la bouteille à son insu.
Jigiya tenta de faire comme Maro et s’oubliait sous le poids de la bouteille qui enveloppait son
cou. Il tomba violemment sur le cou et la bouteille se fracassa. Celui lui fit beaucoup mal mais
il ne fut pas blessé. Maro très inquiet se précipita vers lui pour le prendre dans ses bras. Il palpait
tout son corps. Il sorti sa langue alors et lécha sa joue droite afin de le rassurer davantage qu’il
n’est pas blessé et que tout va bien. Ils examinèrent tout le périmètre de la maison en vain à la
recherche de Sumalen et prirent alors le chemin de Kɔ̀ túnuni, un chemin dangereux avec ses
grands arbres et ses animaux sinistres. De son vivant le père de Maro l’avait informé de la
présence de deux animaux féroces : un hibou et un cerf qui interceptaient les humains.
L’aventure sur Kɔ̀ túnuni était d’une hardiesse exceptionnelle réservée aux rares chanceux sur
terre. Lui vécu avec Maro et pendant toute son existence, il n’a jamais intenté une sortie sur ce
chemin avec son fils. Mais une amitié qui a pris l’allure de la fraternité s’avère intrépide et
invinscible. Ils prirent le chemin, les deux, marchant progressivement sur ce dangereux chemin.
Maro, occupé à appeler Sumalen pendant Jigiya observait l’envol d’un essaim d’abeilles
s’envoler d’un arbre. Ils s’en rapprochèrent et constatèrent qu’une ruche était suspendue à sa
branche principale. Entre temps un trou sous attirait l’attention de Maro. Il croyait y trouver
Sumalen pour cela il y enfonça un morceau de bois.
Brusquement un écureuil surgit en sursaut à la surface du trou. Cela jeta Maro dans un grand
effroi. Il se sauva de là. Jigiya, lui était trop occupé par son arbre. Il soupçonnait aussi la
présence de Sumalen dans la ruche. La ruche aussitôt s’écrasait au sol à la tombée après qu’il
avait violemment secoué l’arbre avec toute son énergie. Maro s’était retrouvé sur une autre
branche d’un arbre à la poitrine profondément trouée et il pensait toujours retrouver dans ce
trou son amie. Il avança la tête et les mains dans le trou à la recherche de son amie. Aaah, le
malheur, qu’ils sont malchanceux !
Les abeilles se dirigèrent sur Jigiya pendant que l’hibou persécutait Maro. Maro tant effrayé
tomba sur le dos. Couché, il fixait le hibou au dessus de lui. Là il se souvint des propos de son
père. Là il retint que l’enfant doit toujours écouter ses parents et ne doit jamais les désobéir. Il
y’eut séparation cette fois entre les amis et les obstacles en furent la cause. Là se trouvait une
roche blanche sous laquelle le cerf avait son repos habituel. Il s’asseyait là, le dos contre la
roche comme faire une seule et même surface d’une égalité insondable. Ses cornes se
confondaient déjà aux branches des arbustes et la couleur de sa peau, non distincte de celle de
117
la roche. Cette distinction exigerait une grande ingéniosité pour le plus curieux. Maro, abattu
par la perte de son amie ne fut pas assez attentif et se trouva ainsi dans une telle situation.
L’hibou le persécuta dans tous les sens. Acculé, il ne savait où aller. Dans cette circonstance
ardente, il se retrouva au dos de la roche hurlant toujours le nom de son amie : Sumalen !!!!!!!!!!
Certes Maro n’en savait pas sur la présence du cerf à cet endroit encore moins sur son
stratagème. Il était bien dans le dos du cerf sinistre. Alors sous l’effet du bruit qu’il fit en
appelant son amie, le tremblement commença sous ses pieds. Maro était déconcerté, il était
désespéré. La surface se scinda, le cerf se détacha de la roche saisissant fort bien Maro avec ses
cornes et débuta la course. Il ne peut sauter pour descendre, et ne sait pas non plus où le mène
cette course soudaine. Jigiya aussi entreprit une course à leur suite. Il n’a pas le pouvoir de
sauver son cher ami et même s’il avait cette capacité de l’épargner, comment serait-il à la
hauteur de défier ce cerf dont la force est plus grande mille fois que la sienne ?
Le cerf, en réalité se dirigeait vers une falaise sous laquelle gisait un trou où il pensait renverser
Maro et chien afin d’en finir avec eux une bonne fois. Au feu de la course il arriva enfin à
l’endroit prévu. Il les jeta l’un à la suite de l’autre. Maro, tombant sur le dos reçu Jigiya sur sa
poitrine. Ils furent accablés de douleur mais sans aucune blessure grave. Ils étaient tombés dans
l’un des affluents de kɔ̀ túnuni et n’avaient aucune blessure, par contre ils étaient très mouillés.
Ils se relevèrent, se nettoyèrent puis se rapprochèrent d’un gros tronc d’arbre mort qui était
couché là.
De là, provenait un cri qui semblait beaucoup à celui de Sumalen. Ils gardèrent le silence. Maro
fit des reproches à Jigiya à cet effet. Ils avancèrent silencieusement à pas ramassés. Jigiya trop
empressé sauta sur Maro pour se retrouver de l’autre coté du tronc d’arbre. Ensemble
maintenant, ils voyaient un vieux mâle et une vieille femelle, assis l’un à coté de l’autre. Quand
ils virent Maro et son chien, ils n’eurent la moindre peur car Sumalen leur en avait déjà parlé.
Sumalen leur a égrainé toute leur largesse qu’elle reçu d’eux. C’est bien sous cet arbre que se
tiennent toutes les réunions annuelles car selon l’observation de Jatoo, le vieux mâle et Baroo
la vieille femmelle, les effets des conseils donnés aux Sirantoridénmisɛnw, les enfants
grenouilles, au cours des réunions, n’est plus visibles et cela était dû à l’eau du kɔ̀ túnuni qui
tarissait progressivement. Il semble que les Sirantorilakaw, les amphibiens n’ont pas l’eau
comme seul milieu de vie.
Sumalen avait informé Jatoo et Baroo ainsi que tous ses autres confrères qu’elle était venu juste
pour les voir, les connaitre à l’occasion de la réunion à la fin de laquelle elle se retournerait.
Depuis qu’elle a vu le jour, elle n’avait pas encore eu l’occasion d’une rencontre aussi
grandiose. Elle fut très émerveillée et satisfaite. Au moment où Maro et Jigiya se tinrent debout
118
devant Jatoo et Baroo , ils se rappelèrent de ce que Sumalen leur avait dit sur ses amis pendant
qu’elle était occupée à jouer avec ses semblables dans le creux du tronc d’arbre. Sous l’appel
du chef Jatoo, ils sortirent tous. Maro demeurait béant à l’émerveillement de voir Sumalen
parmi les siens.
Jigiya, lui écartait ses oreilles suspendant sa queue derrière lui comme un scorpion. Ils se sont
tous rassemblés pour cette rencontre et ils en étaient tous heureux. Les parents lointains de
Sumalen étaient très heureux de la voir avec sa nouvelle famille. Il n’y eut que du bien, pas de
mal entre les deux partis lors de cette rencontre. Sumalen demanda à la suite le pardon et la
bénédiction à Jatoo et à Baroo, tête de tribu, avant de se présenter pour la même chose autres
membres. Ils acceptèrent et lui accordèrent de concert leur bénédiction. Peu après, elle bondit
vers Maro et lui, avançait ses bras pour l’accueillir. Maro demanda aussi le chemin de retour
tout comme Sumalen. Une fois le départ définitivement décidé, tous les membres de la famille
lointaine rejoignirent le dos du gros tronc d’arbre, tous dirigés vers Maro. Cela est un élément
clé de leur tradition pour honorer leur hôte : s’aligner l’un après l’autre dans un ordre
décroissant.
Pendant qu’ils avançaient, Maro leva un bras tant dis qu’il tenait Sumalen dans l’autre, en signe
de respect et de gratitude à cet honneur reçu des parents lointains de Sumalen. Ils partirent
traversant la rivière perdue.
La glose ou l’analyse morphosyntaxique du texte intégral finalement fut aussi réalisable. Cette
analyse est basée sur la connaissance approfondie de la langue qui nécessite aussi la maitrise
de sa grammaire.
Chaque paragraphe du texte est indiqué par une lettre majuscule qui ensuite est scindé en
plusieurs unités de sens portant chacune un chiffre afin de rendre plus transparente la
compréhension.
119
CONCLUSION GENERALE
Le Bambara est la langue dominante du Mali. Elle est aussi la plus parlée par la diaspora
africaine (France). Encore appelé bamanakan, le bambara est la principale langue maternelle
parlée au Mali. Environ 195000 locuteurs repartis entre le Mali et la Côte d’Ivoire. Echantillon
de la langue nigéro-congolaise, le Bambara appartient au principal groupe, le groupe des
langues Mandingues, en nombre de locuteurs. En dehors du Bambara, ce groupe est aussi
constitué par le dioula parlé en Côte d’ivoire, au Burkina Faso, par le Mandinka, au Sénégal,
en Gambie et par Maninka en Guinée. Il n’y a vraiment pas de limite géographique entre ces
différents dialectes, même les plus éloignés. En Afrique de l’Ouest, il s’avère la langue
véhiculaire et commercial la plus utilisée.
La différence entre le Bamabara et le Français pourrait se voir déjà à travers ce corpus dans
l’analyse morphosyntaxique de l’histoire de Sirantori (ou l’histoire de la grenouille). L’effet du
rapprochement de ces deux langues est perceptible en Bambara (Bambarophone enfant ou
adulte en acquisition du Français, langue étrangère).
Nous pensons que cette tâche permettra une compréhension du Bambara par le
Francophone et réciproquement, mais aussi et surtout son intérêt dans la satisfaction de la
curiosité de tout linguiste chercheur. Ce travail ne se proclame cependant pas exhaustif dans
cette visée, et reste ouvert à toute critique.
A la suite de l’analyse morphosyntaxique, il était nécessaire d’établir un glossaire ou
l’explication des abréviations afin que la compréhension de notre réflexion soit homogène
auprès du grand public. Cela est inclus dans les premières pages de la présentation. La durée
du stage a été plus longue que prévue, cela est dû aux difficultés rencontrées lors de celui-ci :
la traduction d’un texte en bambara rencontre des difficultés, même pour le bambarophone car
il n’y a pas suffisamment de documentations et de recherches sur cette langue. Certains mots
comme díbara ou díforo n’ont pas été rencontrés dans le dictionnaire bambara-français qui est
un dictionnaire de référence. Nous avons donc sollicité d’autres personnes bambarophones
surtout très avancées en âge qui nous ont aidé à résoudre ce problème de traduction.
La réalisation des différentes tâches, de la production du texte jusqu’à son analyse
morphosyntaxique sont des éléments ‘clés’ au vu de leur effet fortificateur. Nous sommes bien
rassurés d’être capables de créer beaucoup d’autres corpus pour le projet LGIDF (Langues et
Grammaire en Ile de France), un projet du SFL (Structure Formelle du Langage).
Comme rappel, la caractéristique du type de langue qu’est le Bambara est : S AUX O
V X, avec S= sujet, AUX= la marque prédicative, O= objet direct, V= verbe, et le X= objet
120
indirect ou circonstant et aussi avec deux tons, le ton haut et le ton bas. L’on définirait pour
ainsi dire, une langue tonale par celle dans laquelle la prononciation des syllabes d’un mot est
rattachée à un ton (une caractéristique mélodique) bien spécifique.
Parler donc de copule en Bambara nous amène probablement à aborder plus ou moins le thème
de prédication et l’un des éléments importants de la prédication surtout non-verbale est la copule
qui est définie comme un connecteur, un lien entre le sujet nominal et le complément.
Représentée en Anglais par be et par être en Français, des formes uniques. La représentation de
celle-ci a recommandé quatre éléments succincts et distincts en Bambara, qui dans ce cadre est
vu comme une langue à système copulatif multiple. Leur rôle varie selon leur environnement
et aussi leur fonction : ce qui donne au Bambara une caractéristique particulière :
ká, doǹ, bɛ́ et yé...yé ont pu être identifiés comme les éléments copulatifs selon les chercheurs
déjà investis dans ce domaine. Ká est toujours associé aux prédicats adjectivaux, doǹ est avec
les prédicats quantitatifs ou participiaux, bɛ́ est compatible avec les prédicats verbaux
uniquement et yé...yé avec les prédicats nominaux, selon la vision de Pustet.
Cette vision n’est pas forcément la même chez les autres auteurs car les approches sont
différentes. Les fonctions attribuées à chaque élément font objet de critique quant à certaines
divergences de point de vue. Il serait difficile de lier un élément à une fonction unique et dans
un environnement irrévocable. La divergence entre les auteurs sur la distribution des copules
est un sujet d’analyse de même que la distribution des copules elle-même pour des recherches
futures.
Nous avons aussi constaté que la typologie des phrases copulatives décrites par higgins est
beaucoup plus compatible avec la copule yé…yé et c’est cela qui justifie son choix dans cette
recherche à l’égard des autres éléments de copule. L’Anglais et le Bambara sont deux langues
génétiquement différentes. Nous avons été curieux de rapprocher la typologie qui regroupe
quatre catégories de phrases au quatre éléments copulatifs du Bambara afin de simuler une
éventuelle correspondance. Malheureusement cela s’est avéré négatif.
Aussi plusieurs usages équatifs dans les recherches antérieures sont confondus à la prédication.
Nous ne disons pas qu’il n’existe aucune instance équative avec yé…yé mais dans certains cas
cela necéssite des conditions de réalisation
Le yé…yé est aussi considéré comme une copule complexe parce qu’elle est constituée de deux
éléments. Le premier, prouvé par le test de négation, est la vraie copule et le deuxième grâce
aux phrases copulatives inverses est prouvé marqueur de focus.
La production de texte en fonction des images, objet de notre stage nous a permis dès
lors de découvrir d’autres environnements correspondant à des fonctions autres que celles déjà
121
découvertes : ká n’est pas uniquement compatible avec les prédicats adjectivaux, il peut se
retrouver aussi dans un environnement qui l’associe au prédicat verbal comme dans ká bɔ̀, ká
bìn→ s’ébranler. Une étude de ces différentes formes de ká est donc nécéssaire toujours pour
la compréhension du système de conjugaison du Bambara.
Cependant nous avons pu montrer comment par la négation, la différence sémantique si non le
problème d’interprétation, les particules verbales dans leur homophonie avec les copules
peuvent être différentes et la liste de critères, d’arguments de distinction est loin d’être pleine.
Parcontre les phrases en yé…yé qu’on peut classer comme des spécificationnelles parce qu’elles
sont de structure topic-focus ont été considérées comme des équatives (cf. Pustet, 2003, Vydrin,
2020). L’analyse minitieuse de ces phrases nous a donc permis de constater que le sens véhiculé
par les phrases en yé…yé ne correspondaient pas à une identité si non une équation entre deux
expressions réferentielles. Certaines de ces phrases étaient identificationnelles (Pustet, 2003) et
d’autres prédicationnelles (Vydrin, 2003,2020). Ces résultats sont confrontés à un problème
d’interprétation qu’il faut soumettre à une analyse plus approfondie.
Néanmoins le status grammatical des deux occurrences de yé a été appréhendé par la définition
même de la nature des phrases en yé…yé :
-yé1 : est la copule parce qu’elle subit la négation et ne se déplace pas en cas d’inversion
-yé2 : est marqueur de nouvelle information focus dans les phrases Topic yé cop focus yé.
Toutefois s’il a été possible pour nous de faire la nuance entre copules et particules verbales,
tâche qu’on s’est proposée dans ce mémoire, cela ne se resume qu’en une petite partie du
système de la grammaire du Bambara et de nombreuses questions démeurent encore sans
réponses.
Premièrement une étude du système de conjugaison du Bambara est nécessaire. Aussi nous
avons vu que les particules verbales et les copules n’étaient de simples homophones, elles sont
bien différentes. Les quatre éléments copulatifs : bɛ́, ká, yé et dòn ont la même valeur que le
verbe être en Français, mais quelle étiquette attribuer aux racines que l’on repère dans les
procès ? Quelle est la valeur des éléments considérés comme des particules verbales (cest à dire
quelles sont les informations encodées dans chaque élément afin de comprendre leur valeur
sémantique) ? Quelles autres valeurs peuvent-elles avoir, les particules verbales, lorsqu’elles
sont combinées, complexes ?
Au cours de notre analyse nous avons démontré que certaines phrases en yé…yé n’étaient pas
des équatives, il y’a des identificationnelles et aussi des prédicationnelles. Peut-on de ce fait
parler d’une équation linguistique ? La théorie de la coïncidence peut-elle justifier cela ? Quelle
est la nature de la prédication en Bambara ? Quelles sont les propriétés syntactico-sémantiques
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des phrases à copules ? Et comment sont-elles reliées aux propriétés de la prédication verbale
en langue mandé ?
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REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
124
▪ Timothy.J.Curnowrclt (1999) : Towards a Cross-linguistic Typology of Copula
Constructions
▪ Vydrine, V. (2020), Cours de Grammaire Bambara, Presse de l’Inalco
-Non-verbal predication and copulas in three Mande languages(à
paraitre)
▪ Welch.N. (2012), The encoding of coïncidence in two-copula languages, University of
Calgary (thèse)
125