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Présentation des arbres en exposition

L'art du bonsaï est soumis, on le sait, à des codifications et des règles très strictes héritées
des traditions chinoises puis japonaises et après des années de taille, de ligature, de
rempotage, de soins et d'apprentissage plus ou moins difficile, voilà enfin le moment tant
attendu : l'arbre peut être exposé mais là encore, les règles ne sont pas simples car on ne
présente pas un arbre n'importe comment, ça serait trop facile.

Lors de l'organisation d'une exposition, si l'on veut qu'elle soit réussie esthétiquement, il sera
indispensable de procéder avec méthode.

Première règle : le choix des arbres à exposer se fera en fonction de la saison afin de les
montrer dans la parure qui leur sied le plus ; au moment de la floraison par exemple pour un
arbre à fleurs, en hiver pour un feuillu à fine ramification, au printemps ou à l’automne pour un
érable au feuillage coloré.
Il sera indispensable de ne pas regrouper des arbres de même variété, ou de même forme.
On alternera un résineux avec un feuillu, un grand avec un petit.

Deuxième règle : déterminer le linéaire disponible pour la présentation, ce qui permettra de


définir le nombre maximum d'arbres pouvant être exposés
Les arbres étant exposés traditionnellement dans une alcôve de présentation ou tokonoma
d’une largeur d’environ 1 m 80, c’est cette dimension qui servira de base au calcul de la place
disponible et la profondeur quant à elle sera d'environ 80 cm, ce qui correspond à la largeur
standard d’une table.
C’est important qu’il n’y ait pas trop d’arbres, même si cela part d’un bon sentiment, car alors
on ne pourra apprécier pleinement le sentiment dégagé par les arbres.

La hauteur des tables est également importante pour permettre le bon choix du support de
l’arbre qui est un élément indispensable à une bonne présentation, que ce soit une tablette,
une plaque, une racine ou un bidon rouillé...
En effet, si les tables sont trop hautes, le point focal du ou des arbres sera mal positionné et en
général, on utilise des tables d’une hauteur standard d’environ 80 cm.

Les tables seront habillées d’un tissu blanc ou écru


descendant jusqu’au sol et éventuellement, le mur
aussi pour masquer d’éventuels défauts mais
surtout pour avoir un fond de couleur neutre,
indispensable pour bien apprécier les arbres et
pour prendre des photos(il faut noter au niveau de
l’organisation que l’achat de ce tissu représente un
investissement non négligeable).

La table étant censée représenter le tokonoma, il


conviendra de délimiter l’espace disponible avec
des bambous.

Traditionnellement, on utilise 3 tiges de


bambou noir ou teinté, réunies
ensemble par des liens noués en
ficelle de chanvre teintée à l’encre de
chine.
Dans l’exemple ci-dessus, un seul bambou est utilisé

© Philippe Gono pour le Club Bonsaï de Lévis St Nom


Troisième règle : Le tokonoma étant dans la tradition un espace sacré et par
extension la table recouverte de tissu, il est indispensable d’isoler le pot du support
par une tablette judicieusement choisie qui évite de souiller, au sens propre comme
au figuré, cet espace.

Choix de la tablette

La bonne hauteur de tablette est celle qui met le point focal de l'arbre à la hauteur des yeux.

La longueur de celle-ci doit être égale à la longueur du pot + 2 fois la hauteur du pot. Il en est
de même pour la largeur.

Pour les pots ronds, préférer une tablette carrée et réserver les tablettes rondes aux
pots hexagonaux ou carrés.

Plus l'arbre est massif, plus les pieds de la tablette sont massifs.

Plus l'arbre est léger et aérien, plus ses pieds sont fins.

Toutes les tablettes avec barreaux sont à réserver aux feuillus.

La couleur à privilégier doit être foncée et de préférence mate ou légèrement satinée.

Choix du pot

Tous les arbres doivent être présentés dans une poterie adaptée à leur forme et propre (voir
l’article sur le choix du pot).

Les pots mats seront enduits d’huile afin de leur donner un aspect satiné du plus bel effet.

Préparation du sol

En condition d’exposition, seule la mousse est acceptée au pied des arbres et il va de soi que
la surface du sol sera préparée en retirant les éventuelles mauvaises herbes et la mousse
balayée et humidifiée.

Une petite fougère ou un petit sédum en plus de la mousse est parfois


toléré.

Au sujet de la mousse, il y a deux écoles, ceux comme moi qui font


tout pour avoir une belle mousse naturelle, allant même jusqu’à en
semer et puis les autres qui ajoutent pour l’expo des plaques de
mousses disposées en patchwork de couleur du plus bel effet.

Voilà pour les généralités et il est temps maintenant de détailler les différents types de
présentation.

© Philippe Gono pour le Club Bonsaï de Lévis St Nom


Présentation à 2 éléments

C’est le cas le plus fréquemment rencontré en exposition et cela concerne les arbres de 45 cm
à 1m de hauteur.

L’arbre sera toujours présenté comme dit plus haut


sur sa tablette et avec une plante d’accompagnement
ou d’accent (shitakusa) également posée sur une
tablette adaptée.

On peut voir parfois en accompagnement des suiseki


(pierres paysages) ou des scènes constituées de
personnages ou d’animaux mais si cela est accepté, il
faut un goût très sûr pour réussir.

Des petits moineaux en bronze apportent une note de vivacité et de fraîcheur à la composition

La plante d’accompagnement

Le choix de la plante d’accompagnement n’est pas aisé mais il est admis que la plante doit
représenter la saison ou rappeler le lieu de vie de l'arbre et l'on peut utiliser toutes
sortes de végétaux, hormis les plantes grasses et les cactées.

Cette distinction vient de règles japonaises et rien


n'empêche, à mon sens, de transgresser la règle surtout
en Europe.
Les joubarbes, sédum et autres saxifrages sont des
végétaux qui accompagnent naturellement en montagne
les pins ou les genévriers alors pourquoi ne pas les
utiliser, d'autant plus que leur culture en mini pots est très
facile et que c'est très joli, surtout en fleurs.
Un mini Hosta dans une coupe Jacques Marty

La plante d’accompagnement sur son support ne doit pas dépasser en hauteur la


tablette de l’arbre.
La seule tolérance vient des fleurs érigées qui elles,
peuvent dépasser.

Au sujet des fleurs, ne jamais placer une plante fleurie


avec un bonsaï en fleurs, c’est une grosse faute de
goût.
De même, seules, deux ou trois fleurs sont tolérées.
Proscrire l’exubérance et préférer la simplicité.

Un groupe de Sédum dans une coupe émaillée de Patrice Bongrand

Les pots utilisés sont en général de couleur sobre pour ne pas concurrencer le
bonsaï.

© Philippe Gono pour le Club Bonsaï de Lévis St Nom


Présentation à trois éléments
Concerne les arbres de 20 cm à 45 cm de hauteur

Compte tenu de la taille plus réduite des


arbres et de la place disponible (1,80m rappelez
vous), on présentera une composition à 3
éléments.
Un arbre de montagne, pin ou genévrier en
hauteur, un arbre de plaine, un feuillu, plus
bas et une plante d’accompagnement.

On peut noter le support original du pin constitué de


racines entremêlées

Présentation en tokonoma
C’est une variante de la précédente où l’on utilise aussi trois éléments mais le
troisième élément est constitué par le kakemono (rouleau suspendu).

On en voit peu d’exemples en exposition car il faut disposer de cette alcôve


spécialement réalisée à cet effet.

Un exemple fameux avec cette


composition de Jean-François Busquet
vue à Lyon lors de la Convention EDG.

Pin à crochet (Pinus uncinata)


Kakemono représentant la montagne
sous la lune
Plante d’accompagnement (Ophiopogon)

© Philippe Gono pour le Club Bonsaï de Lévis St Nom


Présentation en armoire (kazaridana)

Extrêmement difficile à réussir car il faut rassembler au même moment 7 arbres


d’essences différentes, au meilleur de leur forme et sensés représenter un paysage,
en partant de la montagne jusqu'à la plaine.
Cette présentation concerne des arbres de taille inférieure à 20 cm et si j’en parle ici,
c’est simplement pour présenter les règles principales de disposition.

Il faut bien évidemment disposer également de l’armoire et ce petit meuble (80cm x


80cm x 20cm) est assez rare dans les boutiques spécialisées et d’un prix non
négligeable.

Le pin qui donne un sentiment de calme et


de stabilité est placé tout en haut.
Vient ensuite un érable sur roche qui n’a
pas encore ses feuilles. Arbre de montagne
où le printemps n’est pas encore arrivé.
A l’étage suivant, un cognassier qui
commence tout juste à fleurir.
Ensuite, on trouve un arbre en fleurs et pour
finir, tout en bas un arbre en feuilles.
Notez la disposition des arbres et leurs
mouvements respectifs.

Un paysage entier est évoqué dans cette


composition et les quatre saisons sont
même suggérées.

Avertissement
Les photos proviennent soit de mes galeries personnelles, soit de différents ouvrages et sont reproduites uniquement à titre
d’exemple ou bien alors sont extraites de différents sites internet.

Bibliographie
The modern Bonsaï by Junsun Yamamoto
Technique du Bonsaï de John Yoshio Naka – Tome 1 et 2
Les bases du bonsaï de Michel Sacal
Sites internet EDG BonsaÏ et Parlons Bonsaï

© Philippe Gono pour le Club Bonsaï de Lévis St Nom

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