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UNIVERSITE DE PARIS PANTHEON SORBONNE

U. F. R. D'HISTOIRE

BOKI-DIAWE HAAL-PULAAR, BOKI-DIAWE SONINKE :

HISTOIRE D'UN VILLAGE DE LA MOYENNE VALLEE DU FLEUVE


SENEGAL
DES ORIGINES AU DEBUT DU XXEME SIECLE

Mémoire de maîtrise d'Alain Fride, présenté sous la direction de Mesdames les professeurs
Hélène d'Almeida-Topor et Monique Chastanet.
Paris 1997
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké INTRODUCTION

Ce mémoire est dédié

A ma famille,

A mes parents et ma soeur,

A mes deux grands-mères,

A mes amis,

Aux ressortissants de Boki-Diawé qui m'ont aidé,

Aux membres de l'Association pour la Promotion de la langue et de la culture Soninké (A.P.S.),

Et en souvenir de Robert Magnon, élève assidu et consciencieux des cours de langue de l'A.P.S.,
décédé en mai 1996 en Mauritanie alors qu'il effectuait son premier voyage en Afrique.

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké INTRODUCTION

REGLES DE RETRANSCRIPTIONS
Retranscription des termes

Sauf quand ils sont répandus selon leur orthographe en usage - c'est le cas pour les toponymes,
patronymes et anthroponymes que l'on rencontre couramment - les mots en langues pulaar
ou soninké sont retranscrits selon les règles en vigueur actuellement dans la langue d'origine.
L'alphabet est celui des langues nationales du Sénégal, qui a fait l'objet d'un décret n°71-56 le
21 mai 1971 publié au Journal Officiel de la République du Sénégal n°4171 le 28 juin 1971. Pour
ce qui est des termes empruntés à l'arabe, ils sont retranscrits tels qu'on les emploie en
soninké.

Retranscription des entretiens

Les entretiens qui figurent en annexe ont été retranscrits suivant la dernière harmonisation de
la langue soninké lors du colloque de Bakel en novembre 1996 qui a, entre autre, éliminé la
principale distinction dialectale qui existe en soninké. La prononciation de la plupart des
personnes interrogées à Boki-Diawé étant celle du parler de l'est dit du Xañaga, qui emploie le
son "h" à la place du son "f", c'est le "f" qui a été retenu à l'écrit.

Les entretiens en pulaar ont été retranscrits selon l'écriture des langues sénégalaises et selon
les règles en usage dans cette langue.

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké INTRODUCTION

Alphabet
lettre son correspondant lettre son correspondant
a a b b
ß b glotalisé
c tch d d
e é f f
g gu, toujours dur h h aspiré
i i j dj
k k l l
m m n n
o o p p
q k très guttural, équivalent du qâf en r r roulé
arabe.
s ss t t
u ou w comme dans water
x comme nach en allemand y y
ñ comme dans panier  nasale vélaire. S'obtient en ramenant
la langue vers l'arrière sur le voile du palais ;
c'est le son final des amots anglais terminés
par "ing" (camping)1.

les voyelles longues sont toujours doublées.

1Tiré de GIRIER, C., 1992, p. 7.

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké INTRODUCTION

PROLEGOMENE

Copie intégrale d'un manuscrit annoté rédigé par Thioundy Mangassouba (responsable
associatif et employé à la télévision scolaire) en juin 1995.

KAARA
Mon pays

Bokoje, Xumba Mari kan solle, n da xa kuñi.


Bokoje, Xumba Mari la barre d'or1, je vous salue.
Biibe dorin gumbon fogu ti marenxan yaaxan ji.
Les larmes des parents ont rempli les trous de la rivière de Biibe2.
Kaayel Gambi do Fooni fanen wa xanga bakka boli di.
Le village sort du goulot qui sépare la montagne de Kaayel Gambi et du fleuve Fooni 3.
Fodiye Yusuf do Isa Xanso bullun ga da o jaara.
Les gris-gris de Fodiye Yusuf et d'Isa Xanso nous protègent4.
Bullu do kan gubu, xaalisin gubu : kabaku.
Les gris-gris accompagnés de l'or et de l'argent : c'est du jamais vu.
Yaaxon xenu o da Biibe jaba tiu.
Nos yeux ne cessent de se tourner vers les arbres du cimetière de Biibe5.
Deben do seyin xulle xo fane,
Le village au sable fin comme le fleuve6,
N wa ti ga ni ya gatti debe.
Je dis qu'il est devenu le village de la teinture de style "gatti"7.
O ku ni soro xullun ya.
Nous sommes des gens sincères8.
Baraken nta gaboye a na xottun ya.
Le bonheur ne dépend pas du nombre mais du courage9.
Xañaga renmu, n da xa kuñi.

1Eloge du village de Boki-Diawé [que l'on appelle .par soninkisation Bokoje].


2Chaque année au début et à la fin de l'hivernage, il était courant que des personnes mouraient dans cette rivière qui était très
fréquentée. C'est là où les jeunes apprenaient à nager et où il y avait des trous d'une dizaine de mètres de profondeur dans
lesquels se noyaient les gens.
3Situation géographique du village.
4
L'importance du maraboutage dans le village. Fodiye Yussuf et Isa Xanso font partie des premiers Soninké installés dans le
village.
5Le cimetière de Biibe où sont enterrés nos morts symbolise la tristesse.
6Le village est traversé par trois bras morts qui en fait constituent les limites entre les différents quartiers.
7Le gatti est un dessin constitué des signes + et des signes -. Importance de la teinture dans l'économie.
8"Soro xullu" c'est le nom que nous ont donné les Haal-pulaar pour montrer que les Soninké restent toujours fidèles à leurs
paroles.
9Quantitativement nous ne sommes pas nombreux, mais nous nous faisons toujours remarquer par notre courage.

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké INTRODUCTION

Enfants du Khaniaga, je vous salue.

INTRODUCTION

Une exigence de précision et une expérience de terrain menées conjointement avec d'autres
activités (pécuniaires, associatives et Service National) ont nécessité que ce mémoire se réalise
en trois années. La recherche bibliographique ainsi que le voyage au Sénégal qui a permis de
consulter les archives concernant l'administration coloniale du cercle de Matam et d'interroger
les habitants de Boki-Diawé ont été effectués la première année. La seconde année a été
consacrée à la traduction et à une première rédaction. Enfin, durant la troisième année au
regard des nombreux thèmes qui avaient été abordés lors des entretiens il a fallu de nouveau
consulter sources et études. La bibliographie classée en fin d'ouvrage montre cette diversité.
Non seulement les origines diverses des habitants du village impliquent qu'on ne peut se
limiter aux ouvrages ne concernant que la région de la moyenne vallée du fleuve Sénégal, mais
elles exigent aussi une profondeur chronologique pour laquelle les informations manquent
cruellement . Au lecteur de juger ces prétentions au regard du résultat.

1 - Problématique

Ces exigences rejoignent des interrogations méthodologiques. J.-L. Amselle, professeur


d'anthropologie à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales dans un entretien réalisé en
1993 explique qu'il avait essayé "de montrer que l'on ne pouvait pas étudier les sociétés
africaines de façon isolée, indépendamment de tout un environnement [...] L'illusion
anthropologique c'est de croire qu'il y a des sociétés isolées." Ayant admis cette affirmation, je
me suis intéressé aux constructions identitaires et aux relations entre les groupes. Mon choix
s'est donc porté sur un village où deux communautés (haal-pulaar et soninké) coexistaient et
parce qu'à deux reprises j'avais eu l'occasion d'y séjourner et de faire connaissance avec
certains de ses ressortissants.

On peut se demander pourquoi le sujet n'a pas été choisi dans un cadre territorial plus vaste
ou bien par rapport à une période qui correspondrait à une évolution caractéristique de la

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké INTRODUCTION

société. Or, le cadre chronologique est volontairement large. Il permet d'analyser la formation
de la communauté haal-pulaar de Boki-Diawé puis l'intégration des Soninké venus immigrer
dans le village. Leur relation renvoie à des conditions qui se sont mises en place sur la longue
durée. Mon travail a porté plus particulièrement sur la communauté Soninké ce qui permet
d'aborder des thèmes de manière transversale. En effet, il s'agit de tenter de connaître l'apport
des migrations soninké à la révolution tooroodo à la fin du XVIIIème siècle ou bien la réaction
des Soninké face à la pénétration française à partir du début du XIXème siècle.

1.1 - Le village comme unité pertinente d'étude

1.1.1 - Un cadre humain et une entité politique

Le village est le milieu dans lequel s'effectue la relation entre les deux communautés. Un village
se définit tout d'abord par opposition à la ville. Il regroupe les individus qui exercent des
activités rurales dans la zone géographique attenante. Parce qu'un pouvoir central n'a pas
toujours été présent, le village est une entité politique à part entière. Au niveau collectif, dans
la vallée fertile du fleuve Sénégal, le village est le centre principal d'un certain type de décisions.
Il s'agit de la recherche de l’équilibre dans l’exploitation des ressources agro-pastorales et
halieutiques. Sur le plan politique, le pouvoir s'est donc constitué autour de ce que J. Schmitz
appelle "l’écologie du territoire (leydi [en pulaar]) dans la Vallée"1. D'autres variables
économiques ont joué un rôle prépondérant telles que la métallurgie et l'artisanat en général
ou le commerce, notamment celui de la traite le long de la voie fluviale. L'idéologie politique
fondée sur l'Islam s'y est rajoutée de manière radicale à partir de 1776. Elle a fortement
remodelé le paysage politique moderne en imposant à la tête des villages un imam (Almaami
en pulaar).

La division de la région en provinces indépendantes depuis au moins la période médiévale et


les déplacement fréquents des capitales politiques ont déterminé en partie l'influence de Boki-
Diawé par rapport au pouvoir central. Selon leur importance sur le plan politique, les villages
peuvent être hiérarchisés. Evidemment leur place a évolué avec le temps. Pour exemple, Boki-

1SCHMITZ, J., 1994, p. 420.

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké INTRODUCTION

Diawé est aujourd'hui selon la terminologie de l'administration sénégalaise le chef-lieu de la


communauté rurale. Pourtant à la fin du XIXème siècle, Nguidilogne qui se trouve sur le fleuve
et qui est intégré à cette communauté rurale, a eu un rôle plus prépondérant. Ses chefs avaient
signé les traités avec la France pour la province du Ngenaar où se trouve Boki-Diawé.

1.1.2 - Une historiographie villageoise diverse

Dans le cadre de l'enquête orale, le village tout comme le quartier d'une ville, sont les terrains
privilégiés du chercheur. Un individu en Afrique de l'Ouest "pour préciser sa connaissance d'un
interlocuteur [...] a besoin d'autres renseignements que son nom de famille. Il pourra
l'interroger sur son village d'origine"1. Ceci lui permettra de situer son interlocuteur tant sur le
plan de son statut social que sur le plan de son histoire familiale.

En ce qui concerne la région du Fuuta Tooro (c'est le nom qui à été donné à l'Etat de la moyenne
vallée du fleuve Sénégal) de nombreux travaux ont été construits autour de l'histoire d'un
village. D. Robinson dans son ouvrage consacré à Abdul Bokar Kan, personnalité marquante de
la seconde moitié et de la fin du XIXème siècle affirme que "le principal foyer des activités des
Toucouleurs [autre dénomination des Haal-pulaar'en] est le village"2. Ainsi, on peut citer deux
études parues sous forme d'articles, celle de C. Cabrol en 1959 sur Mbout en Mauritanie et de
C. Le Blanc en 1954 sur Amady Ounaré, celle de M. Chastanet qui prend Yaféra comme exemple
de structuration urbaine de la société soninké du Gajaaga dans son mémoire de maîtrise publié
en 1976 et l'article de O. Lesevoisier paru en 1993 sur la ville Kaëdi3. Tous abordent les rapports
fonciers, les différentes phases de peuplement et la répartition urbaine. A une échelle
supérieure, le travail qui systématise ces éléments pour le Fuuta Tooro est celui de J. Schmitz
qui recense et dresse la liste de toutes les agglomérations et de leurs chefs du territoire.

Sur le plan historiographique, l'approche de l'histoire locale est une "modulation de la grande
histoire", selon les termes de J. Revel dans son introduction au livre de G. Levi Le Pouvoir au

1GIRIER, C., 1996, p. 234.


2ROBINSON, D., 1975, p. 9.
3Voir les références dans la bibliographie.

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké INTRODUCTION

village : histoire d'un exorciste dans le Piémont du XVIIe1. J. Revel définit son ouvrage comme
"la tentative de reconstruction, aussi exhaustive que possible, d'une collection de destins
inscrits dans l'espace d'une communauté restreinte", celle d'un village italien du Piémont au
XVIIème siècle. Au niveau de Boki-Diawé l'intention est aussi de comprendre la formation de
groupes, l'imbrication des contextes et leur interactions.

1.1.3 - La coexistence des communautés dépend des instances du village

Le village possède la particularité de réunir aujourd'hui deux populations dont l'une, Haal-
pulaar, est majoritaire dans la région.. Ce cas n'est pas exeptionnel. Les sociétés soudanaises
possèdent des concepts pour le gérer. Ainsi, comme l'écrit J. P. Olivier de Sardan "d'un peuple
à l'autre, les structures sociales [...] sont devenues au minimum compatibles et parfois
homologues. Mais les différences entre cultures et modes de vie ne s'effacent pas pour autant,
qui renvoient à l'altérité des langues et aux spécificités de la production"2. Pourtant, les vagues
précédentes d'immigration soninké s'étaient fondues dans la société haal-pulaar, les familles
soninké ayant adopté définitivement la langue pulaar. Il est donc nécessaire de connaître le
type d'instances politiques dans le village pour savoir si elles ont joué un rôle intégrateur. Cela
ramène à se poser ceratines questions. Pourquoi et dans quelles mesures les Soninké ont-ils
gardé leur identité à Boki-Diawé? Quels rôles y ont-ils joué ?

1.2 - L'interrogation sur les processus identitaires

1.2.1 - Diversité de populations ou facilité d'intégration ?

Les Haal-pulaar'en (en pulaar "ceux qui parlent le pulaar") ont façonné une société spécifique
imprégnée par le pulaaku, présenté comme l'appartenance au monde peul. En fait, c'est plutôt
un code de comportement qui se réfère à l'idéologie aristocratique. Tout comme le
sooninkaaru pour les Soninké, le pulaaku renvoit à des attitudes réservées, à la bienséance, à
la façon d'être avec les autres. C'est donc moins une affirmation ethnique que de principes. La

1LEVI, G., 1989 ,p. XXI.


2 OLIVIER DE SARDAN, J. P., 1984, p. 26.

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké INTRODUCTION

notion même d'appartenance au groupe haal-pulaar renvoie principalement à une définition


linguistique. Actuellement, la population du Fuuta Tooro est en majeure partie de langue
pulaar. D'autres populations y habitent. Les locuteurs Wolof sont les plus nombreux suivis par
les Maures et les Soninké. Tous viennent à l'origine de régions directement frontalières ou bien
vivent dans des villages qui leur appartiennent. Ainsi, des villages complètement soninké se
trouvent au sud de la vallée, non loin de l'ancien Etat soninké du Gajaaga. Les Soninké de ces
localités sont appelés Hayirankoobe en souvenir de l'Hayire Ngal (massif de l'Assaba en
Mauritanie) d'où ils proviennent1. Paradoxalement des familles peul viennent de régions plus
éloignées.

Tous les travaux le soulignent, la moyenne vallée du fleuve Sénégal est une région de
peuplement ancien et divers. Les traces d'occupation durant les périodes paléolithiques ont
été vérifiées. Les premiers habitants dont on peut déterminer l'origine le plus loin dans le
temps étaient Sereer. Il est fort probable qu'ils vivaient avec des populations appartenant au
groupe de langue mandé. A partir du premier millénaire de notre ère, les migrations peul furent
massives et apportèrent à la région la prédominance de leur civilisation. C'est ainsi que se
constitua l'identité haal-pulaar, très proche de la structure de la société peul mais aussi
spécifique. Les populations autochtones, Sereer, Mandé, Berbères et Wolof furent intégrées
dans l'identité haal-pulaar ou repoussées. La majeure partie des Sereer fuirent vers le sud du
Sénégal, à peu près dans la région qu'ils occupent actuellement. Les autres furent intégrées au
groupe statutaire, c'est à dire un groupe social le plus souvent endogamique qui transmet
statut et fonction à ses membres, des Seßße (singulier Ceddo) qui appartient à la catégorie des
hommes libres.

On retrouve dans le groupe des Seßße des patronymes typiquement sereer, wolof ou soninké
mais aussi peul pour ceux qui refusaient d'abandonner la religion animiste. Parfois, des familles
d'origine non-peul accédèrent à d'autres groupes statutaires, notamment celui des Toorooße
ou lettrés musulmans. La condition servile auquel correspond le groupe des Rimayße, a aussi
permis l'intégration forcée de personnes qui parfois venaient d'autres contrées. Le Fuuta Tooro

1BA, O., 1972, p. 1004.

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké INTRODUCTION

a été considéré à ce titre comme un creuset de populations, comme un "melting-pot", selon


l'expression anglo-saxonne.

Ceratins Seßße ont gardé intacte leur identité. Des villages entiers, des quartiers ou des familles
ont préservé plus ou moins leur propre structuration. Ainsi, au regard des Haal-pulaar'en, les
Soninké du village sont appelés dans leur ensemble Seßße Aalamße ou Sarakulleße1. Mais
entre-eux ils se distinguent par leur propres groupes statutaires. On peut donc observer des
situations théoriques paradoxales telles qu'un captif soninké soit considéré en haut de l'échelle
sociale par rapport à un artisan haal-pulaar.

1.2.2 - Définition des termes

La communauté se définit, selon le Larousse, par l'état de ce qui est commun. Le langage
courant apporte une nuance importante. Une communauté signifie aussi une population en
situation minoritaire et vivant dans l'immigration. Ici, la langue, les groupes statutaires, les
coutumes (circoncision, classes d'âges, mariage), les vêtements, la musique, l'architecture, les
institutions sociales, matrimoniales, et politiques participent à l'élaboration d'un sentiment
d'appartenance collective à la communauté soninké.

La société quant à elle, est un groupement d'hommes obéissant à des lois communes. La
société fuutanke (habitant du Fuuta Tooro en pulaar, pluriel fuutankoobe) se présente depuis
le VIIème siècle2 comme une société sahélienne dominée par l'identité peul. Nombre
d'établissements de populations peul en Afrique de l'Ouest et Centrale proviennent du Fuuta
Tooro. Mais depuis au moins le XIème siècle, cette société, dans un sens plus global, appartient
au dâr al-islâm, ou Maison de l'islam3. Cette vision est celle des auteurs arabes qui évoquaient
la participation des souverains du Fuuta Tooro au mouvement Almoravide et qui, avec leur
sujets, avaient embrassé l'islam4. Pour B. Etienne, "'L'islam est tout à la fois [...] religion, monde

1Voirl'entretien avec Ouleye Bocar Ndianor, le 16.08.95 à Boki-Diawé, p. 215. Seßße Aalamße désigne les personnes originaires
du Galam qui est le nom pulaar du Gajaaga. Quant à Sarakulleße il désigne en wolof et en pulaar l'ethnie soninké.
2UNESCO, 1990, p. 98.
3ETIENNE, B., 1987, p. 194.
4EDRISI, 1968, p. 324.

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké INTRODUCTION

au sens de sécularité et Etat au sens de succession dynastique légitime"1. La société fuutanke


a adopté à la fin du XVIIIème siècle un fonctionnement d'état musulman, ou diina, très influencé
par une législation de rite malikite, qui est aussi diffusée par les Soninké . Ainsi, Baba Wagué,
l'ancêtre des Wagué de Boki-Diawé, qui sont à la tête actuellement de la partie soninké du
village, passe pour avoir rédigé un ouvrage de commentaires du malikisme2. La guerre civile
qui mit en place la diina était perçue par les lettrés musulmans comme une jihad, ou recherche
de la perfection intérieure et extérieure des croyants. Le groupe statutaire des Toorooße fut à
la tête de la guerre sainte contre les Saltigi Deeniyankooße et leurs alliés. Ces rois étaient
considérés comme "païens"3. Leur pouvoir s'était considérablement affaibli face à la pression
du commerce des esclaves et de l'intervention des Marocains dans leur politique de succession.
La jihad eut pour conséquence de séculariser la religion musulmane.

La langue pulaar comme la langue soninké ont la spécificité d'être parlées au Sahel le long
d'une zone qui s'étend du Fuuta Tooro au bassin du Niger et même au-delà pour le pulaar. A
plus large échelle, elles appartiennent à une civilisation dans le sens que lui donne Fernand
Braudel notamment à travers la Grammaire des Civilisations. Une civilisation se compose de
collectivités, de destins communs. Des Arabo-berbères, qui en forment la partie transitoire,
aux Hausa, le Sahel forme une vaste civilisation. Elle possède des valeurs, des pratiques, des
relations économiques communes, un corpus d'équivalence des patronymes et des formations
étatiques qui en ont tenté l'unification. Au delà de ces critères, les mythes eux-mêmes
semblent se recouvrir. Un serpent auquel il doit être fait des sacrifices humains se retrouve
dans la mythologie soninké sous la forme de Biida et dans la mythologie peul sous la forme du
Tyamaba. Le lien entre le baobab et le fer se retrouve tant à Boki-Diawé que dans des mythes
Sereer.

1.2.3 - La parenté à la base de l'identité

1ETIENNE, B., 1987, p. 272.


2Voir au deuxième chapitre.
3Cettequalification sous-entend que les Saltigi, bien que certainement convertis ne gouvernaient pas selon la Sharia, ou loi tirée
du Coran.

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké INTRODUCTION

Le ciment d'une communauté réside alors dans ses attaches identitaires. L'élément le plus
déterminant est le lignage, qui se crée à partir d'une généalogie remontant à un ancêtre
commun. Ainsi, les traditions orales recueillies privilégient les liens de parenté comme
référence au passé. Le récit oral centré sur la collectivité familiale se constitue principalement
autour des différents sites d'habitations et des ancêtres. Dans les sources orales soninké pour
désigner une famille ont utilise tour à tour plusieurs termes. Celui de xabila, qui vient de
l'arabe, prend plusieurs sens. Il signifie le groupe formé par la même filiation patrilinéaire
qu'indifféremment ethnique ou statutaire. Sunpu est plus précis et indique le lien entre les
descendants d'un lignage. Tandis que kunda, veut dire en soninké le quartier d'habitation1 mais
il s'applique aussi pour nommer les membres d'un lignage. On parle par exemple de "Tirera
kundanko" pour désigner les porteurs du patronyme Tirera.

D'une manière plus globale être soninké c'est appartenir à un clan (xille) institué par Dia, le
héros fondateur de l'empire du Wagadu. La légende du Wagadu fait l'objet d'un savoir codifié
et enseigné par le groupe statutaire des gesere appelés plus communément griots. Les clans
correspondent aux descendants des fils de Dia, aux descendants de ses compagnons et aux
descendants des peuples qu'il a trouvé sur place (Koussa et Kakolo). Tous les clans portent un
patronyme, en soninké janmu particulier. Au départ, les Kamara étaient des Kakolo, les Fadiga
ou Dramé, Koïta, Mangassouba, Konaté, Traoré, Tirera, Sylla faisaient partie des 38 clans issus
des guerriers recrutés pendant les campagnes de Dia2. Ces patronymes sont portés par les
familles soninké de Boki-Diawé.

2 - Présentation des sources

2.1 - Les sources de la micro-histoire

Le domaine d'étude fixé, un village et ses environs, impose des sources qui puissent rendre
compte d'éléments de petite échelle. En ce qui concerne les sources écrites, en dehors de
documents qui ont été communiqués sur place, elles n'ont trait à l'histoire du village

1BATHILY A., et MEILLASSOUX C., 1975, p. 92.


2DIETERLEN, G. et SYLLA, D., 1992, pages 77 et 78.

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké INTRODUCTION

qu'indirectement ou par des brèves mentions. Pour les sources orales, il en va différemment.
L'enquête menée durant l'été 1995 a tenté de capter et de retranscrire l'expression la plus large
possible des habitants de Boki-Diawé. Bien que de nombreux informateurs appartiennent aux
catégories nobles, des descendants de captifs ont été interrogés ainsi que des personnes
appartenant aux groupes statutaires des artisans. La population du village s'est mobilisée
d'elle-même dans cette recherche et des étudiants ont servi d'interprète, voire même ont
dirigé les entretiens. Qu'ils en soient remerciés. Ce mémoire est le fruit d'un travail collectif.

La transmission de la mémoire du passé appartient aux personnes qui en sont les dépositaires
et qui doivent s'y référer. C'est ainsi qu'à partir de contacts personnels, il m'a été présenté des
personnes susceptibles de répondre à mes interrogations sur l'histoire du village. Mon choix
s'est porté sur un ensemble d'individus représentatifs des groupes existants à Boki-Diawé.
L'enquête s'est bornée à ce que J. Vansina nomme la "profondeur structurelle de la société" 1,
c’est à dire aux différentes strates de la population (communautaires, statutaires et familiales)
et au passé tel qu'il est perçu (généalogies, grands personnages, actes de bravoure ou exploits
et migrations).

Le village rentre dans des réseaux de parenté ou d'économie avec d'autres villages. C'est la
raison pour laquelle son histoire s'alimente de nombreuses sources. Pourtant, elle suit une
trame historique plus générale. L'intérêt d'une telle étude est bien de comprendre à partir
d’une plus petite échelle des processus plus vastes.

2.2 - Des sources écrites de diverses origines

Les documents écrits utilisés se répartissent entres des archives et des manuscrits pour la
plupart rédigés en arabe. Les archives consultées proviennent du fonds de l'A.O.F. (Afrique
Occidentale Française). Outre les rapports militaires pendant les campagnes dans le Fuuta
Tooro dont le point final se situe en 1891 et les rapports administratifs périodiques du cercle
de Matam qui suivirent, les documents administratifs annexes ont été consultés.

1VANSINA, J., 1961, p. 143.

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké INTRODUCTION

L'histoire du village est composée de nombreuses séquences de migrations. Il a donc été


nécessaire de se référer en second lieu aux ouvrages traitants des lieux d'origine. C'est le cas
entre autre de la retranscription des Chroniques de Diawara par M. Aïssa, publiée par M.
Delafosse ainsi que de l'analyse des légendes de Wagadu et de l'organisation de l'empire du
Wagadu, publiée par G. Dieterlen.

En outre, trois textes m’ont été présentés. Une généalogie de quatre pages en caractères
arabes, plus une copie d'un texte en français dactylographié et enfin des remarques sur
l'histoire du village et appelée Tariq de Boki-Diawé (la "voie" en arabe et par extension un récit
de voyage, ou tout récit historique). Les deux premiers textes ont été rédigés dans la deuxième
moitié du XXème siècle. Même si aucune date n'y figure leurs auteurs étaient les pères de ceux
qui me les ont remis. Ils ont été rédigés par deux lettrés musulmans, l'un réputé pour son savoir
mystique, M. Ndianor, et ayant appartenu aux plus hauts degrés de la confrérie Tijania, l'autre
réputé par son savoir livresque. La bibliothèque de son fils, M. Tirera, très fournie permet de
l’attester. Il faut voir dans ces documents, la volonté des auteurs de fixer leur généalogie ou
certains événements qui leur ont paru déterminants. On peut supposer l'existence d'autres
textes.

Les questions lors des enquêtes s’appuyaient principalement sur l’étude préalable des
manuscrits de S. A. Soh ainsi que de la thèse d'O. Ba, qui abonde en renseignements mais qui
oublie de citer systématiquement chaque tradition rapportée. O. Ba ne fait que donner la liste
en fin d'ouvrage de ses informateurs. Ceux de Boki-Diawé étaient malheureusement décédés,
mais j'ai sollicité leurs descendants.

2.3 - Les traditions orales à Boki-Diawé

Les textes présentés et le milieu islamique donnent une grande importance à l'écrit, mais
l'histoire reste du domaine de la parole.

Ainsi, ces remarques faites par mes interlocuteurs avant qu'ils ne répondent aux questions :
"Ceux qui connaissent l'histoire sont les gens du livre. Les personnes âgées ont quand même

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké INTRODUCTION

entendu des choses et peuvent transmettre ce qu'elles ont entendu" 1ou bien "chez nous rien
n’a été écrit auparavant et on se contentera seulement de la tradition, des dires qui ont été
hérités par nos grands-parents"2. Les entretiens ont été enregistrés quand cela a été autorisé
par les informateurs et copiés sur leur demande. Ils figurent tous en annexe. Les spécialistes
de la tradition orale dans la société soninké aujourd'hui célèbrent le passé des familles sur
bandes audio et vidéo. Ces cassettes ensuite font le tour de la diaspora soninké à travers
l'Afrique et l'Europe.

Cependant, très peu de témoignages émanant de spécialistes de la tradition ont pu être


consignés, si ce n'est par un Kusan Tage3 à Bokiladji et par un Garanke4 à Boki-Diawé. En fait,
les griots au sens strict, gesere et jare chez les Soninké, étaient hors du village pour plusieurs
raisons.

La première est que pour maintenir leurs fonctions ils doivent aller chercher des patrons
ailleurs, dans tout le Fuuta Tooro. Qui plus est, les récits du passé semblent être partagés par
de nombreuses personnes même si les griots rappelent les généalogies et citent les membres
actuels des familles répartis au quatre coins du globe. Ils ont aussi le rôle de véhiculer les
nouvelles et de rappeler les règles circonscrites dans la tradition.

La deuxième raison vient de la situation minoritaire des Soninké à Boki-Diawé. Elle les a obligé
à maintenir des relations avec d'autres villages où se trouvent des Soninké. En effet, ils ont
toujours refusé de perdre leur langue et leur culture au profit du "creuset" haal-pulaar qui avait
déjà assimilé des Soninké et d'autres populations auparavant. Les familles nobles ont gardé
leurs attaches avec les autres membres de leur clan. Les griots n'ont donc pas jugé utile de
s'installer définitivement à Boki-Diawé. Ils sont parfois restés dans les villages d'origine. Boki-
Diawé n'était qu'une étape d'une migration. D'autres migrations ont eu lieu à partir du début
du siècle, dans des pays plus lointains, le Congo ou la France par exemple.

1Entretien avec Mamy Ndianor, le 05.08.95 à Boki-Diawé, p. 201.


2Entretien avec Thierno Baye Ndianor, en août 1993 à Boki-Diawé, p. 219.
3 « Le forgeron des Kusa », groupe crée par Dia, fondateur de l’Empire du Wagadu afin de célébrer les premiers habitants du
Wagadu, les Kusa. DIETERLEIN, G., SYLLA, D., 1992, P. 73.
4 Signifie "artisant du cuir" en soninké. Il joue un rôle d'émissaire entre les familles hoore, c’est à dire "nobles" et par conséquent
possède un savoir historique.

16
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké INTRODUCTION

Par contre en milieu haal-pulaar, j'ai pu rencontrer un gewel1, Bely Sock, qui m'a aidé dans mes
recherches. Son père avait d'ailleurs été un informateur d'O. Ba. Ce dernier affirme dans
l'introduction de sa thèse que "contrairement à l'opinion des chercheurs portés à la
systématisation hâtive, les griots au Foûta, sans être négligeables, sont d'une utilité secondaire,
tant pour la transmission des généalogies que pour la chronologie des dynasties ou de leurs
leaders"2. Cette relégation des griots est en partie dûe à la pratique dans la classe de lettrés
Toorooße de la rédaction d'ouvrages historiques dès le début du siècle (Siré Abbas Soh et
Cheick Moussa Kamara) et de leur rejet en tant que laudateurs rémunérés. Cette réaction se
manifeste clairement dans l'article de Y. Wane sur les "Toucouleurs du Fouta Tooro" paru en
1969 dans Initiations et Etudes Africaines n°XXV, Université de Dakar, IFAN.

2.4 - L’enquête orale à partir de récits de familles

Les sources orales ont été recueillies en deux campagnes. Une première par curiosité avec trois
entretiens en 1993 et une deuxième dans le cadre de la maîtrise en 1995. Mais cela ne suffit
pas. Des entretiens supplémentaires auraient été nécessaires.

L'entretien commençait généralement par une question sur le patronyme et sur les origines de
ceux qui le portent, se poursuivait sur les éléments donnés et finissait sur les points obscurs
qui m'étaient apparus lors de la recherche bibliographique. La discussion pouvait tourner court
faute de perspectives ou parce que les réponses étaient trop laconiques.

Dans certains cas elle a pu donner lieu a une rémunération exigée (cas de Balla Woppa Konaté,
Mamy et Samba Ndianor et Dougo Alakha Diaw). La perspective de devoir délivrer les secrets
du passé l'emportait plus sur la vénalité, d'ailleurs très réduite (1500 CFA étaient en général
exigés soit 15 francs français). La rémunération donne une valeur marchande à ce qu'ils
m'avaient dit parce que le savoir est considéré comme tel. Qui plus est, ils me délivraient les

1PlurielAwluße, avec les mabube et les wambabe ils constituent les "trois catégories d’historiens oraux héréditaires du Fuuta",
voir Robinson, D., Curtin, C., Johnson, J., 1972, p. 555.
2BA, O., 1972, p. 1.

17
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké INTRODUCTION

sources de leur pouvoir et de leur prérogatives. Ces aspects ne ressortaient qu'à l'occasion du
réglement de conflits et étaient considérés donc comme des outils.

C'est pourquoi je n'ai eu que très peu de récits spontanés ou délivrés directement. Les
questions étaient fermées et dans beaucoup de cas les réponses tournaient autour de
réflexions telles que "je ne connais pas" ou "ce n'était pas comme cela" et fournissaient peu de
renseignements. La période étudiée était bien trop vaste pour pouvoir tout appréhender.

A la fin de mon séjour, il a fallu compléter la carte au 1500ème du village établie par la Société
Nationale d'Electicité (SENELEC), remise à Matam, chef lieu du département. Ce fût l'occasion
unique d'aborder dans leur totalité les principales familles qui composent le village. Des prises
de vue et des schémas ont aussi été réalisés sur place.

En somme, beaucoup de précisions ont été obtenues dans la connaissance du passé de chaque
groupe par le biais des enquêtes individuelles. Cependant beaucoup d'éléments jugés trop
"sulfureux" par mes interlocuteurs ont été éludés et m'ont causé de nombreux déboires. Ainsi
au nom des anciens liens maîtres/captifs, des informateurs potentiels ont refusé de me
répondre tandis que d’autres m’ont subtilisé des cassettes audio une fois rentré à Paris. Le
savoir villageois est encore la source de la définition de la place de chacun dans le village, même
si de nombreuses personnes reconnaissent par exemple la fin des rapports inégaux entre
groupes statutaires.

18
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké PREMIER CHAPITRE

PREMIER CHAPITRE : La fondation du village et les pouvoirs locaux (premier


millénaire ap. J. C. - début du XVIème siècle)

Ce chapitre est consacré à la période pendant laquelle la communauté Haal-pulaar de Boki-Diawé


s'est constituée. Les traditions orales récoltées sur place constituent les premiers éléments
d'information. Elles n'abordent le passé que par rapport à la parenté. Elles restent souvent évasives
quant il s'agit de situer les événements dans le temps. Par contre, elles décrivent les origines des
premiers habitants du village. Afin de situer le contexte de ces origines et de les rattacher à des
mouvements de populations, les manuscrits qui concernent l'histoire de la région ont été mis à
contribution. Ils se répartissent sur trois périodes. Au XIème siècle, il s'agit des itinéraires décrits
par les auteurs arabes. Au XVIIème siècle, ce sont des lettrés musulmans de Tombouctou, qui en
retraçant l'histoire du "bilad es Sudan" (le pays des Soudans en arabe), permettent de suivre une
trame événementielle particulièrement riche. Du XVIIème jusqu'au XIXème siècle, on possède une
dizaine de récits de voyageurs européens sur le fleuve Sénégal liés aux compagnies de commerce.
Enfin, au début de ce siècle, des lettrés fuutanke ont consacré leurs ouvrages, publiés alors par M.
Delafosse ou Ch. Monteil, uniquement à l'histoire de la région.

La tendance des auteurs de ces dernières années est de qualifier la région de "melting-pot". En
effet, comme vallée fertile elle a attiré de nombreuses populations. La langue pulaar et la société
Haal-pulaar qui en forment le creuset n'ont pas été tout de suite prédominantes au Fuuta Tooro.
F. Medeiros signale à ce sujet que "la présence peul dans l'Ouest africain est surtout manifeste
dans le Fouta Toro au XIème siècle"1. Le peuplement du Fuuta Tooro est diversifié. Il est composé
de populations sereer, wolof, mandé, berbères et peul. La région est par ailleurs le point de départ
des migrations Peul du deuxième millénaire vers l'Est de l'Afrique2.

1 - Boki-Diawé : un site ancien

1MEDEIROS, F., in UNESCO, 1990, p. 152.


2Voirà ce sujet les cartes des migrations Peul et leurs datations qui reprennent les travaux de Thierno Diallo et Guy Thilmans,
pages 180 et 181 du catalogue de l'exposition "Les vallées du Niger".

19
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké PREMIER CHAPITRE

L'existence du site de Boki-Diawé remonte aux premières occupations humaines de la vallée


du fleuve Sénégal. On y a décelé un âge de pierre il y a, au plus, 30 000 ans 1. Les fouilles ont
révélé des tumuli, des amas de coquillages ainsi que des outils en silex. L'étape suivante dans
l'évolution des techniques, la réduction directe du fer à partir du minerai, est pratiquée dans
la vallée à partir du premier millénaire de notre ère. Le fer à cette époque est ainsi obtenu sur
place. La métallurgie permet l'émergence d'un pouvoir politique fort. Il est connu à travers les
manuscrits de lettrés fuutankoobe et dans les récits oraux sous le nom de la dynastie des Jaa
Oogo2. Les membres de la famille Ndianor de Boki-Diawé, premiers occupants du village, se
réclament des Jaa Oogo et sont considérés comme étant leurs descendants. Leur groupe ayant
eu différentes destinées, il est désigné de plusieurs façons (Ja Oogo, Fadduße et Jamanaabe).
Ces notions seront commentées dans la deuxième partie du chapitre.

1.1 - Le Fuuta Tooro, l'Etat de la moyenne vallée du fleuve Sénégal

1.1.1 - Le Tekrur des arabo-berbères

La vallée correspond à un ensemble politique très ancien. Selon F. Medeiros "les bases d'un Etat
organisé comme celui du Ghana [qui se lit Nganata dans les textes arabes] décrit par les sources
arabes remontent à l'époque du premier millénaire avant l'ère chrétienne"3. La région est appelée
Tekrur chez les auteurs arabes, comme Al Bakri et Edrisi, respectivement aux XIème et XIIème siècles,
et par les Maures, à la fois voisins de la rive nord et cohabitants dans certaines localités. La
puissance de cet Etat et le contact fréquent avec les commerçants arabo-berbères ont marqué
d'une empreinte forte les mentalités dans le monde arabe. Si bien que plus tardivement il y a eu
une confusion avec des ensembles politique africains plus vastes. Ibn Fadl Allah Al-'Omari fait ainsi
remarquer dans son ouvrage rédigé dans la seconde moitié du XIV ème siècle que l'empereur du
Mali Kanko Moussa qui avait effectué un pèlerinage à La Mecque "est celui que les gens de Misr

1Notes du Musée de l'IFAN, Saint-Louis, Sénégal.


2Les noms des dynasties et des grandes migrations qui se sont succédées au Fuuta Tooro sont connues par coeur et toutes dans
le même ordre. Cette liste se place dans une vision du temps d'origine religieuse puisque y figurent aussi les prophètes qui
apparaîtront lors du jugement dernier. Cheikh Moussa Kamara in NDIAYE, M., 1975, p. 795 propose un moyen
mnémotechnique pour les retenir. C'est un savoir populaire puisqu'on retrouve cette liste dans l'entretien avec Thierno Baye
Ndianor en août 1993 à Boki-Diawé, p. 219.
3MEDEIROS, F., in UNESCO, 1990, p. 153.

20
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké PREMIER CHAPITRE

[d'Egypte]connaissent sous le nom de roi du Tekrur ; mais quand il s'entend appeler ainsi, il en est
froissé, car le Tekrur n'est que l'une des régions des peuples de son empire."1. Les habitants de la
vallée du fleuve sont appelés Tekruri, qui a ensuite été transformé en "Toucouleur" par les
Français.

Toutes ces désignations sont en fait des dérivations du nom de la ville de Tekrur. Cette ville était
associée avec celle de Silla. Edrisi écrit que "la ville de Silla est située sur la rive septentrionale du
Nil [qu'il faut comprendre comme le fleuve Sénégal] . [...] Elle fait partie des états du sultan de
Tacrour [...] le lieu de sa résidence et sa capitale est la ville de Tacrour, située au midi du Nil, à
deux journées de marche de Silla soit par terre, soit par le fleuve. Cette ville de Tacrour est plus
grande et plus commerçante que la ville de Silla"2. Elles n'ont pu être situées précisément jusqu'à
aujourd'hui. L'emplacement de Silla correspond peut-être à celui du village actuel de Silla à
l'amont de Kaëdi où, selon D. Robert-Chalaix et M. Sognane, vestiges de "métallurgie et habitats
anciens ne sont presque jamais dissociés"3. D. Sylla dans le plain-chant de Yéréré indique qu'un
général de Dia conquit la ville de Silla sans pour autant la situer4.

Au XIème siècle les villes de Tekrur et Silla sont considérées comme des centres commerciaux
importants. Elles exportaient des produits manufacturés et notamment des pièces issues de la
métallurgie locale. El-Bekri vers 1067-1068 mentionne que les "habitants de Tekrour professent
l'islamisme" et que leur souverain apporta son soutien aux Almoravides lors de la bataille de
Tabfarilla vers 10565. Le Tekrur est l'une des premières régions islamisées d'Afrique de l'Ouest.

1.1.2 - Les limites du Fuuta Tooro

Les traditions orales et les écrits autochtones quant à eux nomment cet Etat le Fuuta Tooro.
Amadou Hampaté Ba cité par Oumar Kane6, recense plusieurs Fuuta, terme pulaar qui sert à

1AL-'OMARI, 1927, p. 53.


2EDRISI, 1968, p. 3.
3ROBERT-CHALAIX, D. et SOGNANE, M., 1983, p. 50.
4DIETERLEN, G. et SYLLA, D., 1992, p. 31.
5EL-BEKRI, 1965, pages 316 et 324.
6KANE, O., 1986, p. 2.

21
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké PREMIER CHAPITRE

désigner un espace occupé par les Peul : "Le Fuuta Kiingi et les premiers peuplements peul qui
comprennent le Fuuta Tooro et le Fuuta du Sahel (Hodh, Awker, Termess, Tagant, Baxunu et
Nioro du Sahel)1". On peut aussi rajouter le Fuuta Jalon situé dans l'actuelle Guinée, fondé au
début du XVIème siècle dans le même mouvement de conquête que celui qui amena au Fuuta
Tooro la dynastie des Deeniyankooße. Plus généralement, les Peul sont disséminés dans tout
l'Ouest Africain.

Les territoires associés pour former le Fuuta Tooro correspondent à "l’Hayre Ngaal (Assaba et
Sud du Tagant), Aleg, le Jeeri Fuuta (Est de l’Assaba), le Nord du Ferlo, la Vallée du Fleuve
Sénégal, délimitée à l’Ouest par le lac R’Kiz (Kajar) et le marigot de Sacam (Khook) et le lac de
Guiers"2. Sous la dynastie des Jaa Oogo, il est fort probable que d'autres régions plus au sud
étaient comprises dans un ensemble dont la vallée du fleuve formait le centre. Ce point est
abordé en seconde partie. Le Fuuta Tooro sous la dynastie des Deeniyankooße a dominé la
région du Waalo à l'extrême ouest.

Jusqu'à la première moitié du XIXème siècle les cartes françaises, entre autres celles du Capitaine
Boüet-Willaumez (1843) et d'Anne Raffenel (1849), ne font figurer que trois provinces ou cantons,
selon la terminologie que les auteurs emploient, dans le Fuuta : le Fuuta Tooro, le Fuuta Central
et le Fuuta Damga. Néanmoins, les sources locales distinguent d'autres découpages. Les unités
territoriales du Fuuta Tooro existent d’une manière précise depuis le XIII ème siècle après
l'éclatement de la dynastie des Jaa Oogo. Le remembrement des terres (connu sous le nom de
feccere Fuuta) opéré par l’Almaami Abdul Kader, à la fin du XVIIIème siècle lors de la jihad, a précisé
les limites de ces unités et leur a attribué à chacune un rôle politique lié à l'Almamiat. Il s'agit
d'aval en amont, du Dimat, du Tooro, du Laaw, des Halaybe, Yirlaabe, Hebbiyaabe (ces trois
dernières font référence à des noms de clans), du Booseya, du Ngenaar et du Damga 3. Ces
provinces se trouvaient entre les royaumes du Waalo et du Gajaaga, à l'ouest et à l'est. Au sud, se
trouvaient le Ferlo, très influencé par le Fuuta, et le Bundu, formé en 1680-90 par Malik Sy,
originaire du Fuuta Tooro. Les provinces comprenaient généralement les terres situées à une

1Voir carte p. 83.


2KANE, O., 1986, p. 3.
3 BARRY, B., 1972, p. 73.

22
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké PREMIER CHAPITRE

distance au maximum de 30 km de part et d'autre des rives du fleuve Sénégal et de ses affluents
principaux (Doué, Diamel et Gorgol). Le Fuuta Tooro en tant qu'Etat n'a pas toujours rassemblé
toutes les unités territoriales dans leur intégrité. Les villages haal-pulaar'en sur la rive nord, dans
la Mauritanie actuelle, firent l'objet de contestations à diverses reprises de la part des émirats
maures. Les expulsions massives de Haalpulaar'en en 1989 le rappellent. Par ailleurs, la dizaine de
villages soninké du Hayire qui sont rattachés au Damga, selon A. Kane, se sentent plus proches du
Gajaaga que des centres politiques du Fuuta1. Dans l'autre sens, à diverses périodes des
fuutankoobe partirent s'établir dans les régions voisines comme Malik Sy au Bundu.

1.1.3 - Un village de la province du Ngenaar

Selon O. Kane, "Boki-Diawé se trouve dans la basse plaine d’inondation qui s’étend à perte de vue
sur 50 km"2. Ce grand marais, en pulaar ngenaar, a donné son nom à la province qui débute à
l'Ouest dans les terres par Boki-Diawé et se termine à l'est par Diandiouli. L'étendue des terres
fertilisables a rendu cette province très attractive et par conséquent source d'enjeux fonciers.
Jusqu’à la fin du XVIIIème siècle, le Ngenaar était associé au Damga et au Bosseya pour former le
Worgo, qu'O. Ba qualifie de "Fuuta d'autrefois"3. Worgo signifie la rive sud du fleuve en pulaar. La
rive nord quant à elle est appelée rewanke4. Les descendants des premiers habitants du Fuuta
Tooro ont ainsi été intégrés dans la catégorie générique des Seßße Worgankoobe5.

1 KANE, A., 1976-1977, p. 221.


2KANE, O., 1986, p. 22.
3BA, O., 1972, p. 60.
4ROBINSON, D., 1975, p. 187.
5KYBURZ, O., 1994, p. 106.

23
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké PREMIER CHAPITRE

1.2 - Les emplacements du village

1.2.1 - Les togge du jeejegol

A. Diop dans son mémoire de fin d'étude en sciences sociales sur la pratique de la teinture des
femmes soninké à Boki-Diawé, classe le village parmi "l’un des sept villages les plus anciens de la
Vallée du Fleuve"1 reprenant un discours mythique mais sûrement répandu dans le Fuuta. On peut
supposer, même si aucune fouille n’y a été effectuée, que l’occupation humaine comme dans
toute la vallée du fleuve date au moins de l'âge de pierre. Pour preuve, M. Mangassouba, étudiant
en vacances chez ses parents, m’a présenté, en juillet 1995, sans pouvoir me dire l'endroit exact,
une photo d’un silex. Elle avait été prise par une institutrice qui l’avait trouvé dans la forêt du
waalo.

Boki-Diawé appartient à l’ensemble des villages du Fuuta Tooro situé à cheval entre les terres
inondables par le fleuve Sénégal appelées waalo, et les terres du jeeri, cultivées pendant la saison
des pluies2. Ce lieu de transition est appelé en pulaar jeejegol. Les cités du jeejegol ont toujours
eu une position déterminante marquée par "une forte concentration urbaine"3. Le système de
double culture (sous pluie et après les crues) ainsi que l’axe de circulation parallèle au fleuve
qu’offre la barrière des plateaux du jeeri, les a privilégié par rapport à ceux situés sur les berges,
plus clairsemés à cause de l’érosion fluviale et très enclavés lors de la saison des pluies. Pour H.
Bocoum, durant la période paléolithique, la position de Boki-Diawé sur le jejeegol en fit un "site
spécialisé dans des activités diversifiées" par rapport à ceux en bourrelet de berge en partie
spécialisés dans "l’exploitation des ressources du fleuve"4.

La configuration du village s'est constituée autour de la présence de l'eau. Avant les sécheresses
de ces vingt dernières années, rapporte A. Diop5, l'eau de la crue parvenait même jusqu'à
certaines maisons, obligeant les habitants à se déplacer au sein du village en pirogue et à surélever

1DIOP, A., 1983, p. 4.


2"[Le fleuve Sénégal] fertilise chaque année 200 000 hectares" selon SECK, I., 1992-1993, p. 19.
3KANE, O., 1986, p. 22.
4BOCOUM, H., p. 212.
5 Entretien avec Aïssata Diop en octobre 1995 à Paris.

24
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké PREMIER CHAPITRE

les bâtisses les plus proches du waalo. Alimentés par l'écoulement des marigots et des crues, les
deux étangs situés au nord du village, le Biibe, qui est aussi le nom de la rivière qui l'alimente, et
le Budel Gaodel ("les nénuphars sous l'arbre à indigo" en pulaar), font d'ailleurs office de limite
naturelle à l'expansion des bâtiments. Ils délimitent aussi les quartiers, comme il semble que cela
se pratique couramment au Sahel1. L'habitat s'est développé en conséquence sur des buttes afin
d'être épargné par les hautes eaux. Ces zones surélevées existent aussi dans le delta du fleuve
Niger et prennent le nom pulaar de togge. Les fouilles, notamment celle des McIntosh en 1981,
ont révélé sur les togge de la ville de Djénné au Mali une présence humaine depuis le 3ème siècle
avant J.C2.

1.2.2 - Un site auparavant appelé Daru ?

Dans les entretiens, les sources écrites et à travers les observations de clichés photographiques,
il apparaît que plusieurs lieux ont été occupés. Les traditions orales des descendants des premiers
habitants retiennent des sites proches de l'emplacement actuel. Mamy Ndianor explique qu’à
"l’est de Mboloyel se trouvait l’ancien site sur la colline où nous habitions"3. Cet endroit
correspond peut-être à celui que cite S. A. Soh dans Les chroniques du Fouta sénégalais. Il écrit
que Jaa Oogo premier prince du Fuuta Tooro "habita également en un lieu situé à l’est de Bokki-
Dyove, sur une colline rocheuse, en un endroit qui portait auparavant le nom de Daruu."4. Au sujet
de ce nom, à ce jour aucune hypothèse n’est satisfaisante. Le village de Daruu n’existe pas sur les
cartes. Mes interlocuteurs ignoraient ce village ou le situaient sur les rives du fleuve. D’autres
évoquaient Daru Salam, nom donné à de nombreux villages et qui signifie "le village de la paix".
Le dictionnaire de Fufulde, variante du pulaar, de D. Noye indique que daru signifie l’estime ou un
objet de valeur, tandis que daaro, une grande cuvette ou une bassine. Siré Abbas Soh a peut-être
dans ce cas donné une appellation qui qualifie la toponymie de l'endroit.

1Au cours d'un séjour à Kita au Mali en pleine journée de pluie, je vis s'écouler l'eau dans des goulots qui formaient en temps
sec de minuscules dépressions. Je demandais si elles délimitaient les quartiers et l'on me répondit par l'affirmative.
2 Les vallées du Niger
3Entretien avec Mamy Ndianor, le 05.08.95 à Boki-Diawé, p. 203.
4SOH, S. A., 1913, p. 17.

25
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké PREMIER CHAPITRE

Les Ndianor revendiquent avoir été les premiers à occuper le site et avoir vécu seuls durant une
période assez longue. Amady Ndiaye déclare qu'il "garde en mémoire que les premiers à venir
s’installer dans le village sont les Jamannaaße [nom de clan des Ndianor]qui y ont vécu 333 ans.
En ce moment d’ici à Bakel on ne pouvait trouver aucune âme qui vivait [...] Quand ils sont arrivés
personne n’était là"1. Tandis que pour Ouleye Bokar Ndianor : "ceux qui ont habité ici c’étaient
seulement les Jamannaaße. Pendant 103 ans". Pour Mamy Ndianor : "Ils ont habité là pendant
300 ans sans qu’il n’y ait d’autres personnes". Ces affirmations qu'il ne faut pas prendre à la lettre,
ne serait-ce que par l'attestation d'une présence Sereer antérieure, ne révèlent que la situation
d’hégémonie politique des Ndianor qui est en fait celle des Jaa Oogo.

1.2.3 - Les habitations dans des trous

Ouleye Bokar Ndianor rappelle que "le premier emplacement qu'ils ont occupé se situait entre le
quartier Sinccane des Seßße Aalamße et Tejawejud"2 à l’extrême Est du village. Des vestiges
d'occupation y sont encore visibles (tessons de canaris, enceintes en banco)3. A l’époque où ils
étaient "seuls", comme le souligne A. Ndiaye, "il n’y avait pas d’habitations en dur. Ils vivaient en
pleine forêt. C’étaient des sauvages." Pour Mamy Ndianor "beaucoup d’entre-[eux] habitaient dans
des trous. Ils les avaient creusés dans la terre."

Ouleye Bokar Ndianor explique qu’à "cette époque les Ndianor firent des trous dans le sol. Ils les
recouvraient parce que les éléphants n’aiment pas le feu. Quand la nuit venait, les hommes allaient
à l’intérieur. Le jour ils en sortaient et allaient habiter dans leurs cases." Parmi les personnes
consultées, celles d’origine soninké ont décrit les Ndianor comme vivants dans des grottes. Il en est
ainsi des récits de Bathily Fadiga, Binta Wagué et Aminata Fadé.

L’épisode des habitations dans des trous ou des grottes est relaté dans d’autres traditions qui ne
concernent pas les mêmes époques. Souvent, la population étrangère qui sort les troglodites partage
soit le fruit de leur pêche, comme à Boki-Diawé, ou de leur chasse. La raison invoquée est que les

1 Entretien avec Amady Ndyaie en août 1993 à Boki-Diawé, p. 221.


2Entretien avec Ouleye Bokar Ndianor, le 16.08.95 à Boki-Diawé, p. 210.
3 Voir les prises de vue p. 89.

26
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké PREMIER CHAPITRE

autochtones se disputaient à propos de leur prises. Tout au long de la recherche, ont été relevés des
récits, élaborés selon le même schéma, de populations qui dans les traditions orales vécurent dans
des grottes ou cavernes. En voici une liste non exhaustive :

- A Boki-Diawé, les Ndianor ont été sortis des trous par les Neeganaaße, en l'occurence leur ancêtre
Makam Kan, et convertis par eux à l’Islam.
- Les Asnan Ramu (les Asna des trous) de l'Ader décrits par N. Echard.
- Les Fadduße du Bundu qui ont été convertis par Malick Sy au XVIIème siècle et décrits par M. A.
Gomez 1et S. O. N'Diaye. Ce dernier écrit qu'a cette époque "leurs habitations étaient des trous
dans le sol et qu'ils possédaient des queues". Malik Sy leur coupa les queues. Ce qui est commenté
dans les notes comme le symbole de l'acceptation de l'Islam, qui passe par la circoncision, le port
d'habits et l'habitat dans des maisons2.
O. Ba décrit plusieurs populations troglodites au Fuuta Tooro :
- Les Ndaw-ndawße qui ont reconnu l’autorité des Ndiaye à Oréfondé 3,
- Les Ly à Tyila,
- Les Issiyan à Ndioum découverts par Samba Ngouren Sy du Jolof4,
- "à Rourourdé les Souskanâbé logeaient dans des cavernes ou des terriers"5,
- les Ndiaye à Ndyayen habitaient sur une colline dans des cavernes et vivaient de la chasse et de
la pêche. Les Dyassarnabe (Peul éleveurs) leur font construire des cases6.
- "A Guiray, Satigui Ngadiak avait découvert les Tiounbe qui gitaient dans des cavernes."7
A l'occasion, on me rapporta qu'à Diaguili dans le Gidimaxa, les Diabira furent "sortis" des cavernes
par les Gandega qui partagèrent les fruits de leur chasse et devinrent chefs du village.

Selon N. Echard ces traditions concernent des populations qui "seraient autochtones [et dont]
la sortie et leur installation hors de la caverne [...] seraient dues à une rencontre avec des gens

1GOMEZ, M. A., 1992, p. 42.


2N'DIAYE, S. O., CEA XI, p. 477 et 479.
3BA, O., 1972, p. 30.
4BA, O., 1972, p. 648.
5BA, O., 1972, p. 605.
6BA, O., 1972, p. 813.
7BA, O., 1972, p. 650.

27
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké PREMIER CHAPITRE

vivant à l'extérieur et dont la spécialisation techno-économique n'était pas la même que la leur"1.
A Boki-Diawé, cet épisode sert à relater l'islamisation et la soumission à un nouveau pouvoir. Il est
important de noter que par la suite toutes les populations autochtones ont passé des pactes avec
les nouveaux arrivants. Ces pactes, en pulaar et soninké jou, donnent le pouvoir temporel aux
nouveaux arrivants et sa confirmation ainsi que la maîtrise de la terre aux autochtones.

1.2.4 - Le baobab aux bracelets

Le cimetière dit de Boki, au sud-est du village, est aussi un endroit de référence2. Il est à l’origine
du nom du village. Amady Ndiaye ainsi que d’autres sources orales et notamment celles collectées
par les Archives Sonores de Dakar mentionnées par A. Ba3, racontent "qu’on l’a appelé le cimetière
du baobab [boki] parce qu’il y avait un baobab là bas. [...] Ils venaient, se mettaient en dessous du
baobab, pilaient, enlevaient leurs bracelets et les mettaient sur le baobab. [...] Ainsi on a appelé
le village le baobab aux bracelets". Jawe est aussi bien le pluriel de jawo qui signifie un bracelet
que de jawure qui signifie une gazelle, selon S. Baldé, chargé de cours à l'INALCO. Cependant, la
première signification est celle qui prévaut.

Le mythe du baobab au bracelets figure dans d’autres témoignages et prouve sa pérennité.


Ainsi parmi les Soninké du village, Balla Konaté et Tchoundi Mangassouba m'ont indiqué que les
femmes qui pilaient le mil sous le baobab et y déposaient leurs bracelets, étaient des femmes
soninké. O. Ba quant à lui rapporte que "Farba Jovol4 et son clan avaient, à la suite d’un revers,
émigré au Boundou puis à leur retour à Boki-Diawé, ils y trouvèrent les Jamannabe à l’ombre d’un
baobab ventru aux branches duquel les jouvencelles suspendaient leurs bracelets. De là, la
dénomination Boki-Diawé, ce qui veut dire le baobab aux bracelets."5 H. Gravrand relate des
mythes Sereer et Gelwar dans lesquels la technologie du fer aurait été d'abord cachée dans un

1ECHARD, N., 1965, pp. 353 et 354.


2 Voir la carte du village p. 85.
3BA, A., 1985, p. 134.
4A l’époque de la conquête de Koli Tengella vers le début du XVIème siècle, ce dignitaire régnait sur le Ngenaar et s’est affronté
à lui.
5BA, O. , 1972, p. 56.

28
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké PREMIER CHAPITRE

baobab avec le premier forgeron1. D. Jonkers fait remarquer que la consommation des feuilles et
du fruit du baobab sont un interdit sévère pour toutes les familles de forgerons2. Il y a donc une
relation entre la métallurgie et le baobab ou "boki" en pulaar.

Enfin, Mamadou Samba Ndianor relate qu'après avoir été convertis par les Neeganaaße, les
"Ndianor ensuite habitèrent le terrain de Tiwel"3 où ils se trouvent actuellement. A l’écart des
habitations, près du cimetière de Diamel (du nom du marigot qui passe au nord du village), il
m’emmena voir des restes de bas fourneaux, réduits à l’état de ruines, qui affleuraient le sol. Ils
rappellent l'activité métallurgique des Ndianor.

2 - Les Jaa Oogo

2.1 - L’activité métallurgique

2.1.1 - Les Jaa Oogo, maîtres de la forge

Le mythe du baobab aux bracelets a été utilisé par A. R. Ba qui a publié une étude sur le Takrur4
pour indiquer que, dans la toponymie du Fuuta, on mentionne des éléments ayant un rapport
avec la métallurgie. O. Kyburz remarque que "la tradition locale met la métallurgie en relation avec
les Jaa Oogo"5 Ils constituent la première dynastie connue de l’ère chrétienne ayant gouverné le
Fuuta Tooro. B. Chavanne, propose comme dates de règne 800 ap. J.C. et 10006. Siré Abbas Soh
au début du XXème siècle7, mentionne que les Jaa Oogo ont introduit la métallurgie du fer et la
culture du gros mil. Ce dernier point est contestable car la domestication du mil dans la région
date du cinquième millénaire avant notre ère. Il s'agit alors peut-être de l'apport de nouveau
instruments aratoires pour cette culture. J. Boulègue indique qu’ "Ogo est bien le terme encore

1GRAVRAND, H., 1983, p. 252.


2JONKERS, D., 1979, p. 116.
3Entretien avec Mamadou Samba Ndianor, le 03.08.95 à Boki-Diawé, p. 207.
4BA, A. R., 1984, p. 134.
5KYBURZ, O, 1994, p. 383.
6
CHAVANNE, B. A., 1985, p. 30 et 34.
7SOH, S. A., 1913, p. 18.

29
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké PREMIER CHAPITRE

utilisé dans le Fuuta pour désigner le fer obtenu dans les fourneaux. Quant au village de Ogo, il
est tout proche d’un site important d’activité métallurgique ancienne"1.

Les Jaa Oogo et la métallurgie sont associées dans toute l'aire géographique occupée par les Peul.
S. Baldé en 1935 et B. Appia en 1965 ont étudié des traditions concernant les forgerons du Fuuta
Jalon. Or elles indiquent qu'ils furent initiés par les Jaa Oogo. Ils sont venus, selon B. Appia, avec
Koli Tengella vers la fin du XVème siècle. S. Baldé nous apprend que "du Tekrour partirent les
disciples [des forgerons Jaa Oogo] qu'ils avaient formés pour se répandre dans le Sosso, le Kaarta
et le Mandé."2 Il ajoute que l'ancêtre du clan des forgerons du Fuuta Jalon, Nume Dimba Fayulu,
tenait son pouvoir "de ses maîtres Bégniga, Kobbol et Laccor, trois maîtres artisans Dya Ogo de
pur sang." Kobbol et Lakor sont des patronymes de même origine que Ndianor. On les retrouve
associés quand il est question des Jaa Oogo et des populations qui en descendent.

Les Ndianor de Boki-Diawé revendiquent leur lien avec les Jaa Oogo. Thierno Baye Ndianor dit à
ce propos : "Les premiers à venir dans le village sont les Jaa Oogo. Les Jamannaaße viennent
d’eux"3. Que peut-on donc tirer des témoignages sur les Jaa Oogo ?

2.1.2 - l’ère de Sinthiou Bara

La vallée du fleuve possède sur ses deux rives plus de 400 sites métallurgiques dont certains
contiennent plus de 3 000 bas fourneaux où se produisait la fonte du fer. Ces sites correspondent
à l'ère de la civilisation dite de Sinthiou-Bara qui comprend l'emplacement du village de Boki-
Diawé4. Les travaux des archéologues distinguent cette civilisation par une céramique
particulière5. Des restes de tessons et de disques servant à fabriquer des cordes ont souvent été
trouvés associés à des vestiges de métallurgie locale. Toute la moyenne vallée du fleuve, rives

1BOULEGUE, J., p. 31
2BALDE, S., 1935, p. 152.
3 Entretien avec Thierno Baye Ndianor en août 1993 à Boki-Diawé, p. 219.
4Sinthiou-Bara se trouve à quelques kilomètres au sud de Boki-Diawé sur la route du jeeri vers Ouroussogi. V. MARTIN et C.
BECKER en 1977 y ont "effectué 9 datations radiométriques sur des objets en laiton de teneur moyenne en zinc et sur des
alliages laiton-argent qui s’échelonnent entre 400 et 1050 de notre ère. Les céramiques étaient identiques à celles du site
d’Ogo. Leur datation ne dépasse pas le 11ème siècle" in Notes du Musée CRDS ex-IFAN, Saint-Louis, Sénégal.
5RAVISE, A. et THILMANS, G., 1978, p. 58.

30
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké PREMIER CHAPITRE

droite et gauche comprises, possède ces objets retrouvés en grand nombre à Kaskas, Matam, Ogo
et Bakel. Quant aux marques de l'activité métallurgique, elles sont rappelées dans les sources
orales et par des vestiges : bases de bas fourneaux et objets en métal (clochettes, harnais, outils)
dont la "production était destinée en bonne part à l’exportation dans les régions voisines"1, .selon
D. Robert-Chaleix et M. Sognare. Ils ont repéré un site de réduction du fer dans la localité de Silla,
qui correspond peut-être à celle d'El-Bekri. Les datations au carbone 14, qui sont sujettes à
caution, car l’humidité du fleuve modifie les résultats2, donnent comme limites chronologiques
les IVème et XIème siècles.

2.1.3 - Jamannaae baleeße et Jamannaaße wodeeße

L’activité métallurgique pratiquée par les Ndianor correspond à une division de leur clan. Elle
apparaît dans les témoignages recueillis sous la forme d'un groupe de Jamannaaße baleeße et
d'un groupe de Jamannaaße wodeeße. En pulaar, baleeße signifie obscurs, foncés et Wodeeße
clairs. Ce type de distinction entre deux groupes est courant dans la société peul. Quand un lignage
ou un clan se divise en deux, chacune des parties prend ces qualificatifs. Les groupes statutaires
qui sont organisés autour d’une même tâche se distinguent aussi de cette manière. Par exemple,
parmi les Sakkeebe Haal-pulaar’en, apparentés aux tanneurs, considérés avec mépris et tenus à
une stricte endogamie, il existe les Sakkeebe wodeeße et les Sakkeebe baleeße. Ici le critère de
distinction est l’origine supposée des groupes3. Aux wodeeße on donne une origine peul et aux
baleeße une origine étrangère (Soninké du Gajaaga, Wolof ou Maure)4. Entre les baleeße et les
wodeeße il existe aussi un rapport inégalitaire, mais pas forcément en faveur des wodeeße.

D'après les entretiens, les Jamannaaße clairs, selon Ouleye Bokar Ndianor, versaient le minerais
dans la forge et étaient propriétaires du bétail. Mamadou Samba Ndianor ajoute qu’ils travaillaient
le fer. Par contre, pour lui les foncés ramassaient le fer. Selon Ouleye Bokar Ndianor, les foncés

1ROBERT-CHALAIX, D. et SOGNANE, M., 1983, p. 54.


2Deuxdatations au Carbone 14 sur des fragments de céramiques donnent 587 après J.C. plus ou moins 120 et 1050 plus ou
moins 120. Voir RAVISE, A. et THILMANS, G., 1978, p. 58.
Pour la discussion sur les résultats des datations voir la synthèse de KYBURZ, O ; 1994, p. 385.
3KYBURZ, O., 1994, pp. 375 et 376.
4Apartir du fait que les Peul éleveurs (Fulße en pulaar)se disent "clairs", de nombreux auteurs du début du siècle (Gaden et
Delafosse par exemple) en ont conclu à une origine non négroïde des Peul.

31
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké PREMIER CHAPITRE

étaient les fabricants et propriétaires des bas fourneaux. On retrouve souvent chez les forgerons
d’Afrique de l’Ouest des distinctions d'ordre technique. A Boki-Diawé, la distinction se fait entre
d'une part les extracteurs et fabriquants des bas fourneaux (les foncés) et d'autre part les fondeurs
(les clairs). D'autres distinctions peuvent exister. Au Fuuta Jalon, selon S. Baldé, deux lignages de
forgerons sont issus de deux frères. L'un a été formé à la poterie, l'autre à la forge. Ce dernier
reconnaît le minerai et construit les fourneaux. Son savoir en la matière proviendrait des Jaa
Oogo1.

N. Echard nous donne une autre version. Dans l'Ader on pratique trois distinctions parmi les
forgerons. Ceux qui prennent la distinction de "clairs" sont des descendants de captifs des Targi,
ils ne savent pas accomplir la fonte du métal et ne sont habilités qu'à forger des bijoux et des
instruments autres qu'aratoires. Tandis que les autres, qui s'astreignent à des règles de stricte
endogamie, se divisent en deux groupes : un premier, formé des personnes issues d'un mariage
endogamique : ils sont les maîtres de la technique métallurgique qui comprend la fabrication des
instruments aratoires et des armes. Un deuxième groupe est formé des personnes issues d'un
mariage avec des non-forgerons : ils sont cantonnés au rôle de griots et à la magie2.

Les Ndianor noirs selon Amady Ndiaye étaient les maîtres du feu et descendants des Jaa Oogo.
Pour Mamy Ndianor : "Parmi les Jaa Oogo se trouvent les Jamannaaße baleeße. Ce sont eux les
ancêtres des Ndianor". La séparation en deux lignages s’exprime aussi dans l’espace du
village selon Amady Ndiaye : les Jaa Oogo habitent près de la mosquée, ce sont les maisons de
Kaliidu Sammba Ndianor. L’autre lignage correspond aux maisons de Mammadu Galo et Dana Jiibi,
que l’on ne peut pas situer sur la carte du village faute d'avoir pu retrouver leur nom sur la carte
initiale de la SENELEC.

2.1.4 - Description d'une campagne de fonte

D. Robert-Chaleix et M. Sognare avancent, dans leur article à propos des bas fourneaux de
la vallée du fleuve Sénégal, qu'ils furent délaissés probablement vers le XVIIème siècle à la suite de

1BALDE, S., 1935, p. 152.


2ECHARD, N., 1965, pages 356 à 357.

32
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké PREMIER CHAPITRE

l'introduction du fer européen à partir de Saint-Louis1. A Boki-Diawé, il n’y a pas d’élément qui
puisse permettre de dater l’abandon de la fonte du fer. Mais elle a tellement imprégné les
mentalités qu'il en reste un souvenir profond de nos jours. Les opérations de fonte sont très bien
décrites dans les entretiens avec Ouleye Bokar Ndianor et Mamy Ndianor.

Le minerai était exploitable directement. Une carrière à l'ouest du village au lieu dit de
Douganabe, qui est aujourd’hui un quartier de Dabia Odedyi, est encore décelable2. C'est Samba
Ndianor qui me présenta des vestiges de bas fourneaux à l'est du village. Ils se trouvent sur une
colline non loin d'une zone inondable ce qui leur permet d'être hors de l'eau lors des crues, mais
aussi de pouvoir être proches d'une source d'eau car les étapes de la fonte nécessitaient un apport
continuel d'eau. D'autres vestiges doivent être présents mais ils sont certainement recouverts.

Les bas fourneaux étaient organisés pour une fonte unique et modelés au même moment qu'ils
étaient destinés à être mis à feu. Leur nombre est de dix et leur diamètre ne dépasse pas les
soixante centimètres (type le plus répandu). Outre le fait qu'ils sont disposés de manière linéaire
de façon à être surveillés le plus facilement possible, l'ordonnancement des bas fourneaux reflète
peut-être la distinction entre les différents lignages de forgerons comme le décrit N. Echard à
propos des forgerons de l'Ader3. Le travail durait un jour et une nuit. Il ne reste plus aujourd'hui
que des traces au sol des cheminées qui pouvaient atteindre plus de deux mètres. Les culots de
scories montrent des anneaux agglomérés contre les parois avec un vide au centre4. C'est un des
trois types de fourneaux que les archéologues ont rencontrés dans le Fuuta. Un bas fourneau
produisait 40 à 50 kg de fer.

Voici le relevé pris sur place :

Vers le cimetière de Diamel

1ROBERT-CHALEIX, D. et SOGNARE, M., 1983, pages 45 à 62.


2 Dans le chapitre suivant, on verra que les familles soninké dans leur migration passèrent dans ce lieu avant de s'établir à Boki-
Diawé.
3ECHARD, N., 1965, pages 360 et 361.
4 Voir les photos p. 88.

33
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké PREMIER CHAPITRE

NORD
(marigot Bely Ouleye)

OUEST (village)

2.2 - Les Ndianor, descendants des Jaa Oogo

2.2.1 - Un groupe de Seßße

Le patronyme Ndianor est porté par plusieurs lignages, qui se répartissent à l’heure actuelle au
centre du village en cinq concessions dont trois sont attenantes. Considérés comme les
descendants des premiers habitants du village, les Ndianor revendiquent une histoire particulière.

O. Kyburz pense que "les anciens Jaa Oogo, hommes et femmes, ont intégré la catégorie des
Seßße. Ils sont par conséquent restés libres et n’interviennent aucunement dans l’émergence du
status de forgeron casté." Dans l'idéologie des hiérarchies sociales chez les Haal-pulaar'en les Seßße
sont des nobles (Rimße). Ils se répartissent en quatre grands groupes :
- les Seßße Worgankoße (de la rive gauche) qui constituent les premiers habitants non-peul.
- les Seßße Jeeri, sont des Wolof fortement poularisés. On en trouve dans les localités de Sedo
Seßße et Tiehel Seßße dans le Ngenaar1.
- les Seßße Aalamße. Sous cette dénomination sont regroupés tous les Soninké du Fuuta
Tooro quelque soit leur propre statut.
- les Seßße Koliaße, qui furent la garde rapprochée des souverains Deeniyankooße.

Le terme Seßße, pour O. Kyburz, "sert autant à désigner l'étranger que celui qui appartient à
la catégorie sociale des guerriers"2. En dehors du Fuuta Tooro, le terme désigna des mercenaires

1 Voir la carte des environs de Boki-Diawé p. 84..


2KYBURZ, 1994, p. 105.

34
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké PREMIER CHAPITRE

souvent d'origine soninké qui furent un temps les véritables décideurs des royaumes wolof 1. En
définitive, la catégorie des Seßße est extrêmement large et fluctuante. Elle est par ailleurs moins
assujettie aux contraintes de mariages endogamiques. De nombreux Seßße ont pu passer au statut
de Toroobe et notamment parmi les Seßße Aalamße. En ce qui concerne les Ndianor, cette catégorie
montre leur antériorité par rapport aux migrations des Peul éleveurs.

2.2.2 - Des métallurgistes aux pouvoirs craints

La diversité des activités pratiquées par les Ndianor : pêche, agriculture, élevage et forge, et
leur antériorité dans la région, explique leur appartenance au statut des Seßße et non des Wayluße,
des forgerons castés. Cependant, ils ont gardé toutes les attributions des forgerons tant sur le plan
symbolique que pratique. Ainsi, Mamadou Samba Ndianor dit qu'ils guérissent du tétanos, maladie
liée au travail des métaux. Le fait qu'ils ne soient pas Wayluße indique aussi que les hiérarchies
sociales n'étaient pas les mêmes au moment de leur arrivée.

Les Ndianor ont d'ailleurs gardé une prédominance sur les Wayluße. Amady Ndiaye explique que
"quand ils [les Jaa Oogo] arrivent dans une forge, on leur donne une houe et on leur dit de partir
sinon ils vont saboter la forge"2. Ouleye Bokar Ndianor ajoute que "les Wayluße les craignent"3.
Mamy Ndianor précise enfin que "l’on ne pouvait obtenir du fer que par eux"4 c'est à dire qu'ils
étaient les seuls à obtenir le fer du minerai tandis que les Wayluße ne travaillaient que le fer.

Les Ndianor et les Jaa Oogo ont aussi travaillé l'or et l'ont thésaurisé face à une pression
d'origine politique. Selon Mamadou Samba Ndianor : "Les [Jamannaaße] Wodeeße travaillaient l'or
mais ils eurent peur. Ils jetèrent leur or dans le fleuve. A cet endroit, même pendant la sécheresse,
l'eau ne manque pas. Personne n'y plonge car on risque de s'y noyer. Ce lieu est à la croisée de trois
marigots"5.

1GIRIER, C., 1996, p. 15.


2Entretien avec Amady Ndiaye en août 1993 à Boki-Diawé, p. 222.
3Entretien avec Ouleye Bocar Ndianor le 16.08.95 à Boki-Diawé, p. 209.
4Entretien avec Mamy Ndianor le 05.08.95 à Boki-Diawé, p. 203.
5Entretien avec Mamadou Samba Ndianor le 03.08.95 à Boki-Diawé, p. 208.

35
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké PREMIER CHAPITRE

Cette remarque est peut-être à rapprocher du récit de Cheick Moussa Kamara. D'après lui, les
descendants de Jaa Oogo, à la suite de la décadence de leur royaume et le transfert du pouvoir à
d'autres, vont chercher du fer dans le désert et trouvent de l'or. Pour ne pas révéler l'emplacement
ils se tuent en se coupant la gorge1. On peut comprendre de ces épisodes, que les Jaa Oogo se
fournissaient en or, mais qu'ils en ont perdu le monopole. Cet événement serait ultérieur au XI ème
siècle, car à cette époque l’itinéraire du commerce de l’or à partir de Tekrur concurrence celui de
l'empire du Wagadu. De là les commerçants arabo-berbères se procuraient l'or non-traité, selon
Edrisi2. H. Gravrand révèle un récit oral au sujet du clan matrilinéaire Wagadu chez les Sereer, dans
lequel Namud fut un roi qui fit remplacer sa tête par ses forgerons par une tête en or et qui en meurt.
Ouleye Bokar Ndianor raconte qu'un groupe de Ndianor tua un roi et depuis on les appelle ainsi
Njanowbe, "ceux qui tombent les têtes". On peut ainsi avancer l'hypothèse qu'au sujet de l'or, il y
eut une révolte des forgerons face au pouvoir qui dominait la région qui pourrait être l'Empire du
Wagadu.

Waali Ndianor est considéré comme leur ancêtre éponyme. O. Ba rapporte que le jumeau ou
totem de Waali Ndianor s'appelle Ngaadaata. C'est un reptile qui s'enroulait autour de sa proie et
finissait toujours par l'étouffer3. Ce serpent ressemble à s'y méprendre au Biida de l'Empire du
Wagadu. Un lien, ne serait-ce qu'au niveau du culte, entre le Wagadu et les Jaa Oogo pourrait exister.
Quant à Waali Ndianor, il est issu d’un père Fado et d’une mère Ndianor. Or Fado est le singulier de
Fadduße qui se retrouve dans d’autres traditions.

2.3 - Une répartition humaine sur toute la sénégambie

2.3.1 - Le groupe des Fadduße

Mamy Ndianor dit qu' "[à propos] de Samba Fado et Ayise Ndianor, Fado ce sont les
Fadduße. Ce sont les premiers à trouver [à Boki-Diawé] les Jamannaaße"4. Les Fadduße auraient

1NDIAYE, M., 1975, p. 797.


2UNESCO, 1990, p. 386.
3BA, O., 1972, p. 42.
4Entretien avec Mamy Ndianor le 05.08.95 à Boki-Diawé, p. 203.

36
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké PREMIER CHAPITRE

été alors intégrés dans le clan des Ndianor de Boki-Diawé. Ce ne serait qu'un retour aux origines
puisque O. Kane rapporte que parmi "les patronymes les plus fréquents chez les Fadduße il y a les
Ndianor"1.

On donne plusieurs définitions au terme Fadduße. O. Kiburz mentionne que la racine fadd-
en wolof contient l’idée de chasser en lançant un projectile2. Cependant cette explication n'est
pas satisfaisante. En effet, le mot Fado a peut être existé d'abord en tant que titre des gouverneurs
militaires responsables des régions dominées par l'empire du Wagadu3. Puis par un glissement de
sens que l'on retrouve fréquemment, il est devenu le nom d'un groupe de populations. En effet,
la première dynastie régnante sur le Xañaga était issue de Goumané Fadé qui fut le premier fade,
ou gouverneur de province nommé par Diabé Cissé, empereur du Wagadu4. Vers le début du XIIème
siècle, une migration de Peul qui appartenait à la tribu des Feroße dirigée par des Sow fut intégrée
à la dynastie de Goumané Fadé. Les descendants de cette alliance prirent le nom de Soose. Les
Soose seraient au Baol à l’origine d’une dynastie dite du Wagadu5, ainsi que de la fondation du
royaume de Gaabu. Puis, vers 1350, Maysa Waali Jon originaire de Gaabu aurait fondé dans le Siin
peuplé alors de Sereer la dynastie des Geelwar, qui reprend comme à Gaabu une succession
matrilinéaire6. On peut émettre l'hypothèse que les Soose étaient présents au Fuuta-Tooro. Ils y
portèrent l'ethnonyme Fadduße.

Le souverain des Fadduße portait le titre de Jaa Oogo. O. Ba explique que les Fadduße
auraient gardé leur titres de Jaa Ogo à Niani et à Wuli7 deux royaumes situés sur le fleuve Gambie.
O. Kane va dans ce sens en rapportant que : "la tradition la plus couramment admise est que le
terme Jaogo est le titre porté par le roi des Fadduße"8.

1 KANE, O., 1986, p. 63.


2 KYBURZ, O., 1994, p. 107.
3DIETERLEIN, G. et SYLLA, D., 1992, p. 83.
4DIETERLEN, G. et SYLLA; D., 1992, p. 22.
5 Hypothèse formulée sur un panneau explicatif du Musée de l’IFAN à Saint-Louis.
6GRAVRAND, H., 1983, p. 151.
7 BA, O., 1972, p. 161.
8 KANE, O., 1986, p. 63.

37
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké PREMIER CHAPITRE

Pour A. Kane, les Fadduße composent un ensemble de diverses populations qui migrèrent
au Fuuta Tooro probablement au XVIème siècle : "Coumba Bigué Valy quitte l’Egypte à la tête de
races ouoloves, sérères et diaogo dont l’ensemble s’appelait "Fadoubé" dans le but d’aller trouver
Samba Mingué N’Diaye[...] Il arrive après le Manding à Agnam-Godo (Bosseya) et s’y arrête"1. S.
O. N'Diaye confirme "qu'une de leur femme, appelée Kumba, était leur chef."2. Dans la liste des
Burba du Jolof (les souverains) dressée par N. Leyti, on retrouve Mingué Ndiaye, qui régna après
la bataille de Danki, donc vers le milieu du XVIème siècle3.

Ce mouvement de population correspond peut-être à celui dirigé par les Ndaw qui se fit à
partir du Nammandiru vers le Fuuta Tooro et, selon S. O. N'Diaye, au Salum4. Cet épisode
correspond sûrement à la confrontation avec Koli et les Deeniyankooße. Kumba Bige Waali est
peut-être la petite fille du ber-lab Wali-Mberu-Mbake. Pour J. Boulègue "Bêr-lëb Ndaw, était le roi
du Nammandiru conquis par le Jolof au début du XVème siècle"5. Ce royaume qui était alors sous
la domination du Jolof fut aussi conquis par Koli et les Deeniyankooße. S. A. Soh écrit que "Koli
attaqua le Nammandiru, royaume dont les souverains appartenaient à la famille des Ndao et
portaient le titre de ber lab. Le ber-lab Wali-Mberu-Mbake [...] ayant refusé de faire sa soumission
à Koli, celui-ci le tua et dispersa son armée"6. O. Ba poursuit : "Les Ndaw Ndawbé étaient les chef
d’une migration partie du Nammandiru et s’est installée à Horé Fondé et à Diaba [dans le
Booseya]"7. Mamy Ndianor éclaire leur arrivée à Boki-Diawé : "Les Ndaw-ndawße sont les
premiers à trouver les Ndianor. Ce sont eux qui ont trouvé Waali Ndianor." Les Ndaw-ndawße ont
aussi intégré le groupe générique des Seßße Worgankoobe. F. M. Colombani rapporte la présence
de "gallous" (singulier galo) d'origine haal-pulaar au village de Coumba N'Dao8. Il apparaît que le
nom du village correspond au nom de la dirigeante de la migration et que galo est le titre que
portaient les souverains Jaa Oogo selon S. A. Soh9.

1KANE, A., 1916, pages 326 à 327.


2N'DIAYE, S. O., 1966, p. 477.
3LEYTI, N., 1966, p. 971.
4N'DIAYE, S. O., 1966, p. 471.
5BOULEGUE, J., 1987, p. 147.
6SOH, S. A., 1913, p. 123.
7BA, O., 1972, p. 29.
8COLOMBANI, F. M., 1931, p. 410.
9SOH, S. A., 1913, p. 124.

38
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké PREMIER CHAPITRE

On retrouve des Fadduße dans le Fuuta Tooro mais aussi dans le sud-est du Sénégal. Au
Bundu, selon Cheick Moussa Kamara, Malik Sy engagea la guerre sainte (vers 1680) contre les
Fadduße et en fit des esclaves qu'il amena au Tunka (souverain du Gajaaga) Bathily. Ils étaient des
apiculteurs wolof sous la domination du Tunka de Tiyabu, capitale du Haut-Gajaaga ou Goy1. Les
Fadduße avaient des établissements sur le fleuve Gambie. S. A. Soh mentionne qu’une colonne
de Koli vers le début du XVIème siècle voulut attaquer Sambo Dabbel, chef du Wuli. Elle fut
repoussée par des abeilles2. Il s’agit certainement des mêmes apiculteurs. O. Ba relate qu'on
"dénombre parmi les Foulabé (originaires du Fouladougou) des Faddoubé, qui étaient à l'origine
les juges de tous les Peuls. Tous ces Faddoubé, sans distinction sont des anciens Socé, que l'on
appelle en peul Sosbé. Jusqu'à la destruction de Nammandiri, ceux-ci vivaient sous le
commandement des Kamara. Ces Foulabé, chassés dudit Nammandiri, trouveront asile au
Nyani"3. Saki Olal N'Diaye, dans son histoire de Malik Sy, explique que les Fadduße étaient associés
avec une migration ancienne de locuteurs wolof de l'Ouest et parfois avec un groupe ethnique de
Coniagui à la frontière entre le Sénégal et la Guinée actuelle4.

En conclusion, on peut affirmer que les Fadduße, d'abord dignitaires issus de l'Empire du
Wagadu en sénégambie, furent ensuite un groupe de population dont les souverains portaient le
titre de Jaa Oogo. Ils se trouvaient au XVIème siècle au Bundu, à Niani et Wuli. Leur territoire prenait
le nom de Nammandiru.

2.3.2 - Le Nammandiru

Selon H. Gravrand, un des noms anciens du Tekrur aurait été Namandir "pays de
l'abondance"5. Actuellement à l'ouest de Bakel, se trouve le village de Nammandéri dont le nom
est un souvenir de ce pays. Le Nammandiru a été donc dans un premier temps le nom du royaume

1NDIAYE, M., 1975, page 798 à 799.


2SOH, S. A., 1913, pp. 149 et 150.
3BA, O., 1972, p. 808.
4N'DIAYE, S. O., 1966, p. 471.
5GRAVRAND, H., 1983, p. 82.

39
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké PREMIER CHAPITRE

dominé par les Jaa Oogo. Leur territoire s'étendait alors de l'embouchure du fleuve Sénégal
jusqu'au fleuve Gambie.

Le centre du royaume gouverné par les Jaa Oogo se situait très près de l'embouchure du
fleuve Sénégal. Pour S. A. Soh, "le village de Nyougar (ou Garak) servit de résidence au galo Jaa
Oogo puis ce fut le chef lieu de la province du Gammalo."1 Cette province se situe au nord du
fleuve Sénégal entre l'océan atlantique et le lac Rkiz. Nyougar correspond peut-être à la ville de
Tekrur des Tariq arabes d'Edrisi et d'El-Bekri ? S. A. Soh poursuit en mentionnant que "les Gueye
y furent les successeurs des Jaa Oogo. [...] Sous les ordres des Malo Jaak Laman, le Gammalo fut
indépendant depuis la déchéance des galo jusqu'à l'avènement des brak [souverains] du Waalo"2.
Y. Dyao, dans ses cahiers, confirme la version de S. A. Soh. Il indique que les souverains du royaume
du Gammalo, appelés Malo, sont choisis parmi les descendants des Jaa Oogo3. La domination des
brak du Waalo débute vers la fin du XIIIème siècle. D'après B. Barry, le frère du premier brak, Barka
Mbody, est le célèbre Njajaan Njay, fondateur du royaume du Jolof, dont le règne pour J.
Boulègue se situe entre 1270 et 13004.

Par la suite, selon H. Gravrand, le nom de Nammandiru "fut attribué à des entités politiques
riveraines de la Falémé et étendant leur souveraineté à l'ouest. Leur rôle n'aurait pas été
négligeable dans l'hypothèse de la migration mandé"5. Bonnel de Mézière dans son rapport sur
les Jaxanke mentionne que les Lam Pado étaient les rois du Nammandié dont le Bundu faisait
partie6. En règle générale, une nasale devant un f donne p. Ainsi Fado donne Pado. On retrouve
donc les Fadduße comme population dirigeante.

S. A. Soh retrace les migrations des dirigeants du Nammandiru vers le fleuve Gambie. Sambo
Dabbel, le chef de Wuli que nous avons déjà évoqué ci -dessus et qui se soumit à Koli, "avait pour

1SOH, S. A, 1913, p. 124


2SOH, S. A, 1913, p. 125.
3DYAO, Y., 1912, p. 192.
4 BOULEGUE, J., 1987, p. 40.
5GRAVRAND, H., 1983, p. 82.
6BONNEL DE MEZIERES, 1949, p. 22.

40
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké PREMIER CHAPITRE

nom de clan Bannor et descendait de ces Sérères qui avaient quitté les Anyam1 à la dislocation de
l’empire de Dya’ogo. " Wuli aurait été le refuge des Jaa Ogo vaincus peut-être par la dynastie des
Manna vers le XIIème siècle. A cette époque le territoire du Nammandiru correspondait au Ferlo,
Bundu et aux villes du fleuve Gambie.

Pour C. M. Kamara cité par O. Kyburz 2: "les Seßße Worgankoße sont les restes des Dia Ogo, ils
venaient du Nammandiru". O. Kane rapporte que "Cheikh Moussa Kamara affirme dans le Zuhur
al-Basatin que les Jaogo, maîtres du Nammandiru comptaient parmi leurs sujets des Fulße" c'est
à dire les Peul éleveurs.

Le territoire de l'Etat du Nammandiru a donc varié. D'un vaste ensemble comprenant la vallée du
fleuve Sénégal jusqu'au fleuve Gambie au début du millénaire, le Nammandiru vers les XII ème-
XIIIème siècles jusqu'au XVIème siècle s'est réduit à une contrée allant de la Falémé à la Gambie.
Néanmoins, les titres et les populations qui étaient restées sur les anciens territoires ont gardé le
souvenir de cet Etat.

2.3.3 - L’origine des Ndianor

Ouleye Bocar Ndianor donne une version de l'origine de sa famille : "quand ils [les Ndianor] ont
quitté l'Est ils sont allés jusqu'à Njuguturo [sur le fleuve Sénégal, dans la province du Gidimaxa].
Deux y sont restés. Les autres ont continué jusqu'à Ganabalôl [sur le fleuve dans la province du
Damga]. Deux encore y sont restés. Après, ils sont passés à Orkadiéré [dans le Damga]. A l'époque,
c'était une forêt ce n'était pas un village. Ils ont continué et ils sont arrivés ici". Elle rajoute que
« là où on dit Njugunturo nous parlions le sarakolé. C'était des Jamannaaße Ndianor mais
Sarakolé»3. Njugunturu selon F. M. Colombani, est le plus ancien village du Gidimaxa4. Ce chemin
correspond à celui emprunté par les Jaa Oogo durant leur première migration. En effet, pour S. A.
Soh, Dya’ukka ou Dya’ogo résida dans le Tagant, à Agnam-Godo (dans la province du Booseya) puis

1 Les villages qui comportent la particule Añam se trouvent tous dans le Booseya.
2 KYBURZ, O. ,1994, pages 106 et 107.
3Entretien avec Ouleye Bocar NDIANOR le 16.08.95 à Boki-Diawé, p. 215. Voir carte p. 82 pour la localisation de Njugunturo.
4COLOMBANI, F. M., 1931, p. 401.

41
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké PREMIER CHAPITRE

à Daaru (à l’est de Boki-Diawé) et enfin à Kanel (dans la province du Damga)"1. Njugunturo est au
sud du Tagant. T. Diallo dans sa théorie sur l'origine des Peul, expose qu'ils vécurent dans le Sahara
(voir les peintures rupestres de l’Assaba) puis, lors de la péjoration du climat, partirent vers le sud2.

Par la suite, une partie de la famille serait allée au Bundu. Selon O. Ba, le lignage des "Ndianor qui
serait originaire de Dinki au Boundou, descend de Wâli" 3. Ce groupe aurait suivi la migration partie
du Nammandiru et dirigée par les Ndaw pour passer par le Jolof et enfin s’arrêter dans le Worgo,
nom donné par Oumar Ba au "Fouta d’autrefois, peuplé de Foulbés et de Sebbé. Tous en
provenance du Jolof ou du Nammandiru" 4.. Il se fonde sur la répartition de certains patronymes
: "Au Nammandiru comme au Djolof ou au Kayor on rencontre les mêmes noms de famille : Bekri,
Kobor, Lakkor, Sillor, Ndianor".

Enfin, cela nous amène à considérer les Ndianor comme présents à Boki-Diawé au moins au début
du XVIème siècle. Il faut distinguer Jaa Oogo, terme désignant un titre dynastique et une
civilisation des Jaa Ogo, terme désignant les résidus des populations qui ont vécu sous cette
dynastie et dont certain ont gardé le souvenir du travail du fer.

3 - Les diverses influences politiques sur Boki-Diawé

Plusieurs pouvoirs se sont succédés ou bien ont coexisté dans la zone géographique où se situe Boki-
Diawé. Les Jaa Oogo semblent avoir possédé pendant un temps le centre de leur pouvoir dans les
environs proches de Boki-Diawé (Daaru). Jusqu’à l’arrivée des Deeniyankooße dirigés par Koli, fils de
Tengella, au début du XVIème siècle, les données ne sont pas assez précises pour émettre des
affirmations exactes sur l'évolution des pouvoirs. A l'époque de la conquête dirigée par Koli, S. A. Soh
indique que ce dernier s'opposa à plusieurs chefs dans la région.

1SOH, S. A., 1913, p. 17.


2DIALLO, T., 1972, pages 121 à 193.
3BA, O., 1972, p. 42.
4BA, O., 1972, p. 27.

42
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké PREMIER CHAPITRE

3.1 - Les Farba

Selon S. A. Soh, Koli, vainquit Farba Erem dans les environs de Thilogne, un Farba à Ndioum, Farmbal
à Kaédi, un Farba à Waladé et un Farba à Diowol 1. Ce dernier régnait sur le Ngenaar. Selon O. Ba2 et
Dougo Alakha Diaw3, un Farba de Diowol, de retour d’un exil au Bundu, aurait vécu 48 ans à Boki-
Diawé avant de retourner à Diowol4. Il possédait par ailleurs de nombreux champs dans les environs.
"Farba", selon J. Boulègue, "est le titre du chef des dignitaires d'origine servile, les jaami-buur"5. Ils
sont comme le précise O. Kane, des dépendants du Burba, le roi du Jolof6. Le titre serait d'origine
manding et viendrait de faren selon O. Kyburz7. O. Kane écrit que les Farba "ont été mis en place par
les Burba au milieu du XVème siècle après l'intégration du Fuuta à l'empire du Jolof par Cukki
Njiklaan" 8. J. Boulègue en fait le quatrième roi de la liste dynastique du Jolof et un successeur du
conquérant du Nammandiru.

Suite à des contestations de terres avec Farmbaal, de patronyme Diop, régnant à Kaëdi, et qui
serait venu vers le milieu du XVème siècle du Jolof ou du Kajoor9, Farba Diowol et Farmbaal se
partagèrent la domination de la région. Au premier revenait le Ngenaar, au second le Booseya.

Les traditions donnent plusieurs origines aux Farba. Celui de Diowol, qui aujourd'hui est de
patronyme Diak selon J. Schmitz, serait d'origine soninké du Kaarta, selon O. Kane10. Pour O. Ba11 il
serait de patronyme Tandioukouré et aurait pris celui de Diak. Il viendrait de Ja Xalil près de Kayes,
ou bien du lieu dit de Xolxolet serait passé par Agnam Thioday et Nabadji Siwol. Le doyen de la
migration portait le titre de bur-gel qui est bien celui porté par le dirigeant de Xolxol12. Diak est aussi

1 SOH, S. A., 1913, pp. 25 à 28.


2BA, O., 1972, p. 56.
3 Entretien avec Dougo Alakha Diaw le 11.08.95 à Boki-Diawé, p. 127.
4Entretien avec Dougo Alakha Diaw, le 22.08.95, p. 126.
5BOULEGUE, J., 1987, p. 67.
6KANE, O., 1986, p. 156.
7KYBURZ, 1994, p. 208.
8KANE, O., 1986, p. 306.
9LESERVOISIER, O., 1993, p.113.
10KANE, O., 1986, p. 163.
11BA, O., 1972, p. 47.
12MONTEIL, V., 1966, p. 123.

43
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké PREMIER CHAPITRE

le patronyme porté par le Maalo, chef de la province du Gammalo ancien lieu de résidence des Jaa
Oogo. Y aurait-il eu ainsi transfert de pouvoir ?

3.2 - La question des "kokkoren-faren"

S. A. Soh mentionne aussi que Koli "fit halte auprès de Daaru chez le Daaru-faren, en un village appelé
depuis Bokki-Dyove, et un tua un kokkoren-faren surnommé le "premier"1. Koli eut à combattre
d’autres kokkoren-faren à Fadiar et Agnam Godo puis par la suite le faren Mahmadu à Waoundé venu
du royaume de Jaara

M. Delafosse dans les notes des Chroniques du Fouta Sénégalais de S. A. Soh, C. Boyer dans sa
monographie sur les Diawara de Jaara et O. Kane font dépendre les "kokkoren-faren" du royaume de
Jaara2. Ce dernier situe la zone de la domination de Jaara à partir de Boki-Diawé jusqu'à la frontière
avec le Gajaaga, royaume soninké gouverné par la dynastie des Bathily3.

Par contre lors de l’enquête menée à Boki-Diawé personne n’a pu donner d'informations ni au sujet
du titre de "kokkoren-faren", ni sur le nom de Daaru. Il n'y a que Thierno Baye Ndianor de Boki-Diawé
qui mentionne que "Kuyon a vécu ici à la même époque que Koli." Cependant ce nom ne se rapporte
à aucun élément connu. On observe aussi que tous les auteurs s'appuient sur S. A. Soh quand ils
mentionnent les "kokkoren-faren". Ainsi C. Boyer écrit : "Le royaume diawara est organisé et
hiérarchisé. Chaque province est administrée par un gouverneur, qui porte aussi le titre de Farèn,
assisté par des préfets, nommés kokkoren-farèn. Ces dignitaires sont tous des Diawara de sang
noble"4. Ses sources sont les membres de la famille Diawara résidents dans les bourgades de l’ancien
royaume de Jaara et S. A. Soh. On ne peut vérifier le contenu de ses sources orales puisqu'elles n'ont
pas été publiées.

1 SOH, S. A., p. 23.


2 KANE, O., 1986, p. 162.
3KANE, O., 1986, p. 54.
4BOYER, C., 1953, p. 34.

44
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké PREMIER CHAPITRE

Au Fuuta Tooro, aujourd’hui, on retrouve des Diawara chefs de village à Fadiar et à Hammadi
Ounaré1. A Boki-Diawé, les Diawara interrogés se disent issus de la migration des Dabo, tout comme
probablement ceux de Fadiar et à Hammadi Ounaré. Les Dabo constituaient un groupe d'influence
au sein du royaume de Jaara. Ils le quittèrent dans la seconde moitié du XVIII ème siècle. Pour Agnam
Godo, qui est cité comme la résidence du principal kokkoren-faren nous n’avons pas de
renseignements précis.

A la traduction à partir du soninké, "kokoren-faren" provient peut-être de "koren faren", qui se divise
en "faren", titre des chefs de provinces utilisés sous l’Empire du Mali et en "koren", la communauté
familiale en soninké. Si l’on poursuit dans ce sens, il y aurait eu des familles soninké qui pour être
combattues devaient posséder des terres, les mettre en valeur et relever des taxes sur les récoltes.
Leur présence devait être récente et de courte durée puisqu’elles n'ont pas laissé de traces dans les
traditions orales de Boki-Diawé. Ou bien se sont-elles confondues dans la population haal-pulaar ?
Une recherche minutieuse des traditions orales dans les villages mentionnés par S. A. Soh aiderait à
lever le flou qui plane sur ce titre.

3.3 - Le Bummoy d'Oréfondé

Le Bummoy d’Oréfondé de patronyme Ndiaye vient de la famille régnante du Jolof. Le Bumi, ou le


dauphin, résidait à Mouille selon O. N. Leyti, d'où la transformation en Bummoy2. Pour O. Ba, les
Ndiaye et les lawbe lana (boiseliers fabriquants de pirogues) Nyang, que l'on trouve à Boki-Diawé,
provenaient de la même migration venue du Jolof au XVème siècle et qui s'installa dans le Worgo,
notamment à Oréfondé. Ngélen Bour Tassé est leur ancêtre éponyme selon Oumar Ba3. Par rapport
à la liste dynastique donnée par V. Monteil il peut s'agir du fils du Burba Tassé Dagoulène qui régna
au XVème siècle4. S. A. Soh nous indique que Koli tua par la suite Mbédji Ngélen, le fils de Ngélen Bour
Tassé5.

1SCHMITZ, J., 1994, p. 460.


2LEYTI, O. N., 1966, p. 969.
3BA, O., 1972, pages 30 à 33.
4MONTEIL, V., 1966, p. 606.
5SOH, S. A., 1913, p. 26.

45
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké PREMIER CHAPITRE

S. A. Soh mentionne que d'autres Ndiaye de souche royale vinrent du Jolof au temps de Koli. Ils firent
partie des gens de sa garde rapprochée appelés Koliaße1.

Les Ndiaye de Boki-Diawé, quant à eux, sont issus des Bummoy d'Oréfondé et ont eu un rôle non
négligeable dans la gestion des terres cultivables du village. D’autres récits recueillis notamment
auprès de Dougo Alakha Diaw font état de Soninké devenus Haal-pulaar'en et soumis au royaume de
Jaara2. Il les nomme Mana. Ce terme vient de "Maa", titre des souverains du Wagadu et étendu aux
souverains d'origine soninké. Il leur attribue le patronyme Ndiaye. Les Mana étaient à Fadiar,
Hammadi Ounaré, Bokiladji et Boki-Diawé. Ils venaient du Jolof des villages de Tieero Workof et
Doundedji.

Boki-Diawé et ses environs ont été soumis à plusieurs pouvoirs centraux jusqu'à ce qu'à la fin du
XVIIIème siècle, ils soient entre les mains du clan des Toroobe Kan. Cette famille a véhiculé l'Islam
et a été à la tête du mouvement de jihad qui aboutira à une unification du Fuuta Tooro dans le
cadre de l'Almamiat. L’arrivée des Soninké à Boki-Diawé s’est effectuée dans ce cadre qui a permis
aisément leur intégration. Ces derniers ont bénéficié des valeurs de l’Islam portées par les Toorobe
Kan et de la prédominance du groupe statutaire des Seßße, incarné par les Jamannaaße et les
Ndiaye.

1SOH, S. A., 1913, p. 150.


2Entretien avec Dougo Alakha Diaw, le 22.08.95 à Boki-Diawé, p. 128.

46
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké DEUXIEME CHAPITRE

DEUXIEME CHAPITRE : L'installation de la communauté soninké dans le cadre


de l'Almamiat (fin du XVIIIème siècle-deuxième moitié du XIXème siècle)

1 - Un village dirigé par les Neeganaaße

1.1 - L’implantation des Neeganaaße au Fuuta Tooro

O. Kane signale que les Wodaaße, c’est-à-dire des Fulße éleveurs, ont cohabité avec les Fadduße Jaa
Ogo ou leur ont succédé dans des localités comme Boyinadji, Boki-Diawé et Agnam Godo.1. A Boki-
Diawé cela correspond à la famille des Kan qui est devenue chef du village.

1.1.1 - Les Kan

Aboubacry Kan, chef de Boki-Diawé haal-pulaar, prétend que sa famille est originaire de Damas2. La
dénomination de la province du Dimat d'où proviendraient les Kan selon Aboubacry Kan et Oumar
Ba3 serait une déformation du nom de cette ville. C’est une déformation courante parmi l’aristocratie
religieuse Tooroodo qui veut se donner une origine provenant du monde arabe, le premier à avoir
embrassé l'Islam. Les exemples de ce type de référence sont nombreux non seulement au Fuuta
Tooro mais aussi dans toute l'Afrique de l'Ouest. Ainsi selon la tradition Dia, le fondateur de l'Empire
du Wagadu, est originaire de Perse ou bien d'Inde, d'Egypte ou du Yémen. Il va sans dire que ces
affirmations, par leur imprécision, ne sont qu'un montage a posteriori que l'on peut dater à partir de
l'islamisation (à partir du VIIème siècle après J. C.).

Néanmoins, seuls les Kan affirment venir de Damas. S. A. Soh présente les notabilités ayant un titre
de chefferie qui tirent tous leur origine de Damas4. Grâce à la liste des chefs de territoires actuels du
Fuuta Tooro qui figure dans l'article de J. Schmitz5, on se rend compte que tous portent le patronyme

1KANE, O., 1986, p. 47.


2Entretien avec Aboubacry Kan le 13.08.95 à Boki-Diawé, p. 188.
3BA, O., 1972, p. 823.
4SOH, S. A., 1913, pages 111 et 112.
5SCHMITZ, J., 1994, pages 455 à 460.

47
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké DEUXIEME CHAPITRE

Kan. En combinant les généalogies présentées par O. Kiburtz d’après C. M. Kamara et S. A. Soh 1, par
O. Ba et le témoignage d’Aboubacry Kan il s’avère qu’ils sont tous les descendants de Hamme Juuldo
Kan, c'est à dire Hamme Kan le pieux et de son oncle paternel. Le fait qu’ils aient presque tous un
titre et notamment celui d'Elimaan (le dirigeant de la mosquée) n’est pas anodin. En effet, le premier
Almaami du Fuuta Tooro, Abdul Kader Kan, est leur parent. Il a donc placé ou confirmé ses
contemporains, membres de son leñol (lignage en pulaar) dans les plus hautes fonctions villageoises
en s’appuyant sur le fait qu’ils appartenaient tous au groupe Tooroodo. le tableau suivant présente
tous les premiers Elimaan de la famille Kan :

Source Prénom Descendant direct de Titre Village Province


O. KIBURTZ Raasin Hamme Juuldo Elimaan Dimat Dialmat Dimat
O. BA Raasin Hamme Juuldo Elimaan Gani Gani Dimat
A. KAN Biran Amedu Elimaan Mboolo Mbolo-Birane Yirlaabe
O. BA Amar Hamme Juuldo ? Mbolo-Birane Yirlaabe
A. KAN Usman Hamme Juuldo ? Mbolo Ousmane Yirlaabe
O. KYBURZ Njobdi Eli, oncle paternel de Sans Diaba Dekle Hebbiyabe
Hamme Juuldo
A. KAN Sammba Hamme Juuldo Elimaan Codaay Aniam Tioday Bosseya
S. A. SOH ? Inconnu mais Ceerno Mboltoñ Aniam Godo Bosseya
apparaît dans
S. A. Soh p. 111
O. KYBURZ Maalik Abdul de Kobilo Elimaan Duga Thilogne Bosseya
(cf. en dessous)
O. KYBURZ Moodi Eli, oncle paternel de Jom Dabia Dabia Odedyi Bosseya
Hamme Juuldo Kan
O. KYBURZ Abdul Aali fils de Hamme Sans, mais est l’arrière Kobilo Bosseya
Juuldo arrière grand-père
d’Almaami Abdul Kader
A. KAN Makam Aali fils de Hamme Elimaan Neega Boki-Diawé Ngenaar
Juuldo et Ndiot et Bundu
O. BA Ceerno Des Kan de Boki-Diawé Ceerno Siiwel ou Tiwel, Doundou, fondé Ngenaar
Tafsiru Suleman nom d’un quartier de sous l’Almaami
a fondé Doundou Boki-Diawé Abdul Kader Kan
(source O. Ba)
J. SCHMITZ ? Inconnu mais lié aux Elimaan Neega Yérimale Torobe Damga
Neeganaaße de
Boki-Diawé
O. KYBURZ Paate Aali fils de Hamme Ahel Moodi Nalla Dolol Damga
Juuldo

1KIBURTZ, 1994, pages 155 à 156.

48
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké DEUXIEME CHAPITRE

1.1.2 - Un groupe d'éleveurs puis de religieux

Les Kan de Boki-Diawé appartiennent à la tribu des Peul Jaluße, l’une des quatre tribus mythiques à
laquelle se rattachent les Peul. Les trois autres sont les Dayebe, les Ferobbe et les Ururbe1. Le terme
de Neeganaaße provient de leur lieu d’origine. Il s’agit de la bourgade de Neega dans le Maasina,
plaine fertile de la boucle du Niger.

Au Maasina leur patronyme était Jallo (voir paragraphe suivant). Ils appartenaient peut-être au
lignage de Makan Paateeru Saaliga Jallo dans lequel on choisissait le wuro ardo (le dirigeant) des
Peul du Maasina. La cause de leur migration, comme dans beaucoup de cas, est sûrement due à une
défaite. Deux dates peuvent correspondre. Sous le règne d'Askia Mohamed (1493-1529) plusieurs
expéditions eurent lieu contre les Peul du Maasina2 et contre les Peul du Bakunu où passèrent les
Neeganaaße (voir paragraphe suivant)3. Les Marocains dirigés par Djouder vers 1591 se sont aussi
battus contre le Maasina.

Selon O. Ba, la migration des Neeganaaße les amena dans le Bakunu, le Xaso, dans le Bundu puis au
Fuuta Tooro avec d’autres Jaluße4. On retrouve dans le Ngenaar d’autres dignitaires issus de cette
migration tels que l’ardo (dirigeant des Fulße) de Kawel appartenant au groupe des Fulße Sayboße et
qui a pour patronyme Kah. Les Fulße Sayboße, selon O. Kane, descendent des premiers compagnons
de Koli et en aucun cas ils ne pouvaient accéder au pouvoir suprême5.

Les généalogies que l’on possède des Kan séparent de 10 générations Ceerno Samba Kan de Boki-
Diawé, contemporain de l’Almaami Abdul Kader, à son dernier ancêtre connu qui s'est installé au
Fuuta Tooro. Yves Person fait remarquer "qu’une règle assez générale, qui vaut d’ailleurs pour les
traditions orales dans leur ensemble, est que les souvenirs remontent seulement jusqu’à la dernière

1DIALLO, T.,1972, pages 121 à 193.


2SANANKOUA, B., 1990, pages 22 à 23.
3GADEN, H., 1968, p. 683.
4BA, O., 1972, p. 57.
5KANE, A., 1986, p. 289.

49
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké DEUXIEME CHAPITRE

migration, aboutissant à l’établissement sur le terroir actuel"1. Si l’on admet 30 ans par génération
on arrive à dater cette migration entre la fin du XVème siècle et le début du XVIème siècle. Elle
correspond donc aux mouvements de migrations Peul qui amena Koli et les Deeniyankooße.

Avant d’arriver au Fuuta Tooro, les Kan sont passés par le sud du fleuve Sénégal. Des membres de
leur famille y sont même restés. Pour Ba Samba Diop et Ségui Fall « Tous les Neega viennent de
Louwouré »2 qui situent cette bourgade entre le Damga et le Gajaaga. Quant à O. Ba, il situe le village
d'origine de Ceerno Samba Kan à Ndiot dans le Bundu. Peut-être est-ce le village de Ndiot Dialloubé
qui est situé dans les cartes de l’IGN au sud de Bakel ?

A l’époque de la migration l’ensemble formait un groupe de pasteurs. Mais les Neeganaße étaient
les premiers islamisés selon O. Ba3. Leur installation dans le Fuuta correspond au passage du statut
de pasteur (en pulaar Pullo au singulier et Fulße au pluriel) à celui de religieux (Tooroodo). Elle s’est
accompagné d’un changement de yettode ou patronyme en pulaar. O. Kyburz rapporte que lors des
salutations, le patronyme Kan est toujours assorti de Jallo, qui rappelle leur origine Pullo.4 Ainsi, Ali
Dundu de Dabia Odedji, grand-père d'Abdul Bokar, qui vécut durant la deuxième moitié du XVIII ème
siècle, changea son yettode Jallo pour la forme équivalente haal-pulaar de Kan5.

1.2 - Les Neeganaaße vecteurs de l’Islam

D’après le tableau présenté ci-dessus, les Kan ont eu une stratégie d’implantation dans tout le Fuuta.
Ainsi quatre fils d’Aali fils de Hamme Juul∂o se sont établis comme Imams, dignitaires religieux, dans
quatre villages différents : Boki-Diawé, Dolol, Thilogne et Kobilo. A Boki-Diawé, les traditions
rapportent que Makam convertit les premiers habitants, les Ndianor, et fut le premier Imam de la
mosquée du village construite à cette occasion. Les Ndianor furent alors appelés "les propriétaires
de la mosquée", en pulaar Jamannaaße. Par extension Jamannaaße est devenu le terme désignant
leur clan.

1PERSON, Y., ?, pages 14 et 15.


2Entretien avec Ba Samba DIOP et Ségui FALL, septembre 1995, p. 159.
3 BA, O., 1972, p. 60.
4 KYBURZ, O., 1994, p. 155.
5ROBINSON, D., 1975, p. 57.

50
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké DEUXIEME CHAPITRE

La conséquence de la conversion et de la reconnaissance de l'autorité des Neeganaabe sur


les Jamannaaße s'est traduite par un pacte ou jou, terme qui appartient tant à la langue soninké
que pulaar. A la base, il y eut une alliance matrimoniale, Makam ayant reçu des Jamannaaße une de
leurs femmes1. Ensuite, un certain nombre de règles régirent la relation entre les deux familles. Il
était tout d’abord reconnu qu’ils ne devaient pas verser le sang de l’autre, puis qu’ils prélevaient
réciproquement des abats des animaux tués, en particulier le gejoorgal, les côtes, lors des mariages.
Par la suite, les Kan apposent le prénom chez les Ndianor. Les Jamannaaße choisissent et introduisent
parmi les Kan de Boki-Diawé, l’Elimaan Neega dont la fonction est d’être l’Imam de la principale
mosquée du village et le chef du village2. Enfin, ils lavent les corps de tous les hommes défunts du
village. Cette dernière charge existe dans d'autres localités. Elle est réservée par exemple à Thilogne
à Elimaan Lewa de la famille des Sall qui a été l'imam de Deeniyankooße et qui était chargé de laver
leur morts3. On peut penser que cette charge est honorifique et qu'elle attribue à ses membres un
rôle incontournable dans la vie du village.

D’après J. Schmitz : « lorsque les Tooroodo prirent le pouvoir, un de leurs premiers soucis fut
d’installer des lignages maraboutiques pour desservir les mosquées dans les villages peul ou
ceddo. » Cela se traduit par l’inauguration d’une mosquée et la mise en place d’un Elimaan.
Ainsi, celle de Boki-Diawé est la douzième inaugurée par l’Almaami Abdul Kader Kan4.

L’arrivée des Soninké à Boki-Diawé s’est effectuée dans ce cadre alors que le clan Kan tenait le
pouvoir dans toute la région.

2 - Un peuplement soninké ancien

Tous les auteurs s’accordent pour dire que les Haal-pulaar'en forment un creuset de
populations. La culture et la langue pulaar ne se sont imposées que petit à petit. Dans le

1 Figure dans les entretiens avec Ouleye Bokar Ndianor, p. 213, Mamadou Samba Ndianor, p. 208, et Ba Samba Diop en
septembre 1995, p. 156.
2 Rapporté dans les entretiens avec Aboubacry Kan, Ouleye Bokar Ndianor et Mamadou Samba Ndianor.
3BA, O., 1972, p. 709.
4 KANE, A., 1916, p. 338.

51
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké DEUXIEME CHAPITRE

chapitre précédent, nous avons vu comment les traditions présentent les différentes phases
de peuplement peul. Le Fuuta Tooro pour les Soninké était une région de refuge et d'expansion
territoriale pour leurs empires. Le pays possède encore des marques de la culture et de la
langue soninké. M. S. Bathily dans son mémoire de DEA consacré aux Soninké dans l'histoire
du Fuuta Tooro aborde ces thèmes de manière détaillée.

2.1 - Une présence discontinue

A Boki-Diawé, il est admis que trois ou quatre migrations Soninké se sont rendues au Fuuta. Demba
Tirera rappelle que « nos premières personnes [les Soninké] qui se sont installées ici sont les Sakho,
les Tambadou et les Touré. Quand ils sont venus ils se sont mariés à des Peul et sont devenus Peul.
La deuxième migration, les Sylla, ils sont devenus Peul aussi » 1. O. Ba signale à ce sujet que les
membres de la famille de Thierno Bassamor étaient à l'origine des Sakho ainsi que ceux de la famille
de Thierno Wothi qui étaient des Touré. Tous appartiennent au groupe statutaire des Toorooße2.
Quant aux Sylla ils seraient originaires du Wagadu et furent accueillis par le Satigi des Booseyaße
(habitants du Booseya)Toumani Mawndé de Diongto. Les Sylla soignèrent sa fille Sabbé. Cet épisode
se retrouve dans la venue des Fadé à Boki-Diawé que nous verrons plus loin. Par la suite, le doyen
des Syllanaße reçut du Satigi des champs qui permirent de fonder le village de Sylla qui correspond
peut-être à celui décrit dans les manuscrits arabes du XIème siècle3.

Parmi les Maccuße (captifs Haal-pulaar'en) du village, certains possèdent un patronyme bambara ou
soninké. Ce sont les Kamara, Konté et Keïta4. N'ayant pu les interroger, on peut émettre l’hypothèse
s'ils sont d'origine Soninké qu'ils ont été achetés ou capturés lors de razzias effectuées dans les
régions Soninké voisines (Gidimaxa ou Gajaaga). C’est aussi sans compter sur les patronymes Soninké
transformés en patronymes Haal-pulaar. Ces équivalences ont été mises en place sous l'impulsion
de l'Empire du Mali. Les Ndianor seraient eux-mêmes d’origine Soninké5.

1Entretien avec Kisima Tirera, le 14.08.95 à Boki-Diawé, p. 231.


2 BA, O., 1972, p. 735.
3 BA, O., 1972, p. 154.
4Voir la répartition des foyers p. 85.
5Entretien avec Ouleye Bocar Ndianor, le 16.08.95 à Boki-Diawé, p. 215.

52
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké DEUXIEME CHAPITRE

Certaines expressions pour désigner des groupes statutaires appartiennent aussi à la langue soninké.
A Boki-Diawé, Garanke désigne, par exemple, dans les deux langues l'artisan du cuir. Une famille de
travailleurs du bois spécialistes dans la fabrication de pilons et de mortiers porte le patronyme
Gajaaga qui indique son origine géographique.

2.2 - Des dignitaires d'origine soninké

2.2.1 - L'influence du Xañaga

S. A. Soh cite dans le même passage consacré aux conquêtes de Koli et aux kokkoren-faren (voir le
chapitre précédent) des rois appelés Tyongolo et Diberi originaires du Mandé et appartenant aux
Subankobe qui régnaient à Fora et Nabadji Siwol1. Ils portaient peut-être le patronyme Konaté. En
effet, Bala Woppa Konaté parle d'un ancêtre, Silla Maxa Hare originaire du Mandé qui s'est installé à
Nabadji et qui en est devenu un des dirigeants2. Il cite aussi Bubu Awa Fofana, un de ses petits-fils,
qui s'est installé à Fora et qui en est devenu le chef. Balla Woppa Konaté rappelle qu'ils sont des
descendant de Soundiata Keïta. Keïta était au départ le titre du chef de famille des Konaté3. Il affirme
qu'ils sont des Suba. C. Meillassoux avance que le terme suba, un des surnoms de Soundjata Keïta,
est équivalent de thaumaturge4. On le retrouve chez M. Kati à propos des Kayamaga, les empereurs
du Wagadou, qui sont désignés dans leur dynastie par "Asko'o-Souba"5. Ce terme provient peut-être
du fait que les suba étaient les guérisseurs des Kakolo qui occupaient précédemment le territoire
conquis par les Soninké. Les Konaté appartenaient au peuple des Kakolo. Sous le joug des Soninké,
les Kakolo s'enfuirent dans la province qu'ils dénommèrent le Xañaga, le pays de la chasse (xaña en
soninké signifie la chasse). L'empire du Xañaga fut constitué après les conquêtes Almoravides sur les
ruines de l'empire du Wagadu.

1SOH, S. A., 1913, p. 23.


2 Entretien avec Balla Woppa Konaté le 31.07.95 à Boki-Diawé, p. 197.
3 GIRIER, 1996, p. 231.
4MEILLASSOUX, C., 1986, p. 147.
5KATI, M., 1913, p. 78.

53
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké DEUXIEME CHAPITRE

Nous avons indiqué au premier chapitre, que vers le début du XIIème siècle, une migration de Peul qui
appartenait à la tribu des Feroße et de yettode Sow fut intégrée à la dynastie de Goumané Fadé. Les
descendants de cette alliance prirent le nom de Sosse. Cet événement est exceptionnel car il y avait
un interdit de mariage entre les Peul et les nobles Soninké depuis l'avènement de Diabé Cissé1.
Cependant, cet interdit semble exclu entre les Sow et les habitants du Xañaga. Pour preuve, la mère
de Balla Woppa Konaté est une Sow. Sous le règne de Soumahoro Kanté qui fut le dernier empereur
des Sosse et qui fut tué par Soundjata Keïta en 1235, le Soose avait atteint son apogée. Soumahoro
Kanté fut battu à la bataille de Kirina. La tradition rapportée par M. Delafosse indique qu'à Kirina "le
bracelet de l'Empereur du Soso qu'il portait au bras tomba à terre et, depuis, un baobab poussa à
l'intérieur du bracelet"2. Ce mythe a peut-être été transposé à Boki-Diawé où selon Balla Woppa
Konaté, les Konaté sont arrivés juste après les Ndianor. En effet, la dynastie Sosse se réfugia à la suite
de la défaite de Kirina au Tekrur et le conquit3. Leur venue correspond peut-être à l'invasion au XIIIème
siècle des Tonjon qui était formée de guerriers de l'Empire du Mali.

L'influence du Xañaga est encore vivante aujourd'hui. En effet, sur le plan linguistique, le soninké
parlé à Boki-Diawé appartient au dialecte du Xañaga et à celui du Jafunu. De Boki-Diawé au Hayire la
région est aussi appelée Xañaga par les Soninké en souvenir de ce vaste ensemble politique.

2.2.2 - La domination des Diawara

Au moment de la conquête du Fuuta par Koli, Siré Abbas Soh rapporte qu'il a affronté plusieurs chefs
locaux. Leur origine n’est pas entièrement établie. Koli s'est battu ensuite contre le royaume des
Diawara. A Waoundé, S. A. Soh écrit que Koli eut à combattre le faren Mahmadu venu du royaume
de Jaara4. M. Diawara et J. Boulègue placent ce conflit entre 1512 et 15345. M. Kati nomme ce
royaume celui de Kaniaga ou Xañaga certainement en référence à celui de Soumahougro Kanté6. Pour

1DIETERLEIN, G. et SYLLA, D., 1992, p. 62.


2DELAFOSSE, M., 1972, p. 170.
3DELAFOSSE, M., 1972, p. 170.
4 SOH, S. A., 1913, p. 23.
5 DIAWARA, M., 1990, p. 26 et BOULEGUE, J., 1987, p. 160.
6 KATI, M., 1913, p. 71.

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké DEUXIEME CHAPITRE

se protéger, les Diawara firent appel à l’Empire Songhay et reconnurent son autorité1. Koli fut battu
par les armées Songhay à Jaara, capitale du royaume des Diawara et se replia ensuite sur le Fuuta.
Cette expédition doit être comprise comme une volonté d’émancipation de cet Etat qui dominait très
certainement le Fuuta Tooro. O. Kane situe la zone de la domination des Diawara de Boki-Diawé à la
frontière avec le Gajaaga, royaume soninké gouverné par la dynastie des Bathily2. Mais les éléments
qui permettent cette assertion sont flous.

3 - La dernière vague de migration soninké

Thierno Baye Ndianor, à son niveau, perçoit l'époque où les Soninké sont arrivés à Boki-Diawé comme
un « moment de bouleversements, de changement de structures. Il y avait, dit-il, des querelles, des
déchirements partout en Afrique. [Les Soninké] ont quitté leur lieu, ils sont venus ici avec leur
marabout, leur savoir et leur mode de vie. Cependant, il ne peut pas préciser exactement la date »3.
Dans son récit, Hakrou Tirera lie directement la chute de l’Empire du Wagadu à l'émigration de leur
famille jusqu’au Fuuta4. P. Joutard écrit que "ce que fournit en priorité l'enquête orale [...] ce sont
des informations sur des représentations mentales." Ainsi, la venue à Boki-Diawé de certaines
familles ne fait-elle partie que d'un long et ancien processus de dispersion des Soninké depuis le
VIIIème siècle suite à la chute de leur Empire où ils étaient réunis.

La venue des Soninké correspond donc à une période de troubles. A la fin du XVIIIème siècle, l’Afrique
de l’Ouest est soumise à une pression du commerce avec l’Europe. L'établissement de comptoirs sur
le fleuve Sénégal ouvre la voie à une concurrence entre les Etats que le fleuve traverse. Les conflits
militaires sont exacerbés par l’achat des armes à feu. En réaction à la pénétration européenne, divers
mouvements s'appuyant sur un renouveau de la religion musulmane se développent. Au Fuuta, ils
s'appuient sur les familles Toorooße, groupe statutaire des lettrés musulmans, dirigées par un
Almaami, terme provenant de l'arabe Imam, qui prend le pouvoir aux Satigui (souverains)
Deeniyankooße.

1DIAWARA, M., 1990, p. 26.


2KANE, O., 1986, p. 54.
3Entretien avec Thierno Ndianor, en août 1993 à Boki-Diawé, p. 220.
4Entretien avec Hakrou Tirera, en septembre 1995 à Boki-Diawé, p. 230.

55
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké DEUXIEME CHAPITRE

3.1 - Le ferogo des principales familles

3.1.1 - Les Dabo de Jaara

Du royaume de Jaara des personnes partirent collectivement, ce processus s’appelle ferogo tant en
pulaar qu’en soninké. Elles proviennent des familles de différents groupes statutaires. Elles ont suivi
les familles Diawara d'origine princière. La signification des groupes est tirée de l'ouvrage de M.
Diawara La graine de la parole. Ainsi, ceux de patronyme Diawara, sont issus de la branche royale
des Dabora. Les Kamara et d'autres Diawara étaient appelés Sooninkaxooro, qui avaient la fonction
de grands serviteurs de la cour. Certains Wagué et Niakhaté appartenaient au Soninkannu ou classe
des gens de petite naissance. Les Moodinu, le groupe des lettrés musulmans, se partageaient entre
les Tirera, appelés Haasakundanko, littéralement "Les gens de la lignée des protecteurs", les Wagué
du groupe des Wagekundanko appelés aussi Jaxawuru et des membres d'autres familles
maraboutiques : Daramé, Fofana, Diouwara, Sissakho, Sylla. Les Diawouné, qui portent le patronyme
Diaw aujourd'hui à Boki-Diawé, "à partir du XVIème siècle sont rattachés à la nouvelle dynastie des
Diawara et chargés de fabriquer le fourreau du sceptre. Ils sont appelés les laadan garanke ou
cordonniers de la cour" selon M. Diawara1.

Le départ de nombreux habitants du royaume de Jaara résulte du conflit de succession entre les Dabo
et les Sagone. Kantara Diawara, dans l'entretien qu'il a accordé, en fait un récit sommaire2. Haren
Silamaxa Diawara né vers 1520 fut roi de Jaara à la suite de son père Haren Mamadu, celui qui avait
été vaincu par Koli Tengella. Les Dabo forment la lignée des fils aînés de Haren Silamaxa déchus du
pouvoir. Ils s'installèrent à l'est de Jaara dans le Janguntine qui prit le nom de Dabola, ainsi que dans
le Bakunu. Leur migration s'échelonne de 1640 à 17403. Samba Diali Diabaté de Soringo âgé de 74
ans, interrogé par O. Kane en 1979, mentionne que les Dabo allèrent peupler les villages du royaume
de Segu, du Bakunu, du Fuuta Jallon et du Jomboxo. Il ajoute qu'au Jomboxo, les Dabo envoyèrent
une délégation vers 17964 auprès de l'Almaami Abdul Kader en guerre alors contre le Damel du Kayor

1Renseignements pris sur les composantes de la société de Jaara dans DIAWARA, M., 1990, pages 33 à 50.
2Entretien avec Kantara Diawara, le 02.08.95 à Boki-Diawé, p. 139.
3DIAWARA, M., 1990, p. 29.
4D'après la chronologie du Fuuta-Tooro établie par ROBINSON, D., CURTIN, P. et JOHNSON, J., 1972, p. 581.

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké DEUXIEME CHAPITRE

Amari Ngone Ndela. Le Damel fit Abdul Kader peu après prisonnier durant trois mois à la suite du
désastre de Bougouni. S. D. Diabaté différencie cette migration de celles "des Haayirankoße et des
Soninké du Ngalam car ils ne sont pas du même ferogo [...] Nous avons refusé de nous mêler aux
Toorooße par peur d'être assimilés, absorbés comme l'ont été les Soninké du ferogo de Wagadu, qui
sont devenus Haal-pulaar'en. Nos villages sont jumelés avec ceux des Toorooße. Nous avons obtenu
d'Almaami de connaître nos propres affaires : meurtre, illégitimité, adultère. Cela a été ainsi dans
tous les villages où nous nous sommes installés : Wuro, Mbulel, Bokiladji, Fajar, Hunaare, Foora,
Sooringo, Oogo, Caankon, Wuro Soogi, Tiggêré, Nabbaji, Bokijawe, Jowol, Kaihaidi, Madina Njaabe,
Edi, Jammali, Golleera, Njum et Jawara."1

Toutes les familles issues du royaume de Jaara n'ont pas pris le même chemin avant d'arriver à Boki-
Diawé. Une partie des Wagué a transité par le royaume de Gaabu, une autre par les villages de
Diaguili et Balou au Gidimaxa. Les Tirera de Boki-Diawé, selon Hakrou Tirera, venaient de Youri et
Yéréré dans le royaume de Jaara, de Koumantigué dans le Bagana, Kiban et Touba Sylla dans la
province du Beledugu et enfin de Mouliné au Gidimaxa et de Dramané au Gajaaga. Par la suite, ceux
qui allèrent à Boki-Diawé sont d'abord passés par le Bundu puis par Fadiar, Oréfondé, Kaëdi ou
Doumga Ouro Alfa. Ce dernier village se trouve à quelques kilomètres à l'est de Boki-Diawé. Hakrou
Tirera dit que s'y trouvait une mosquée en pierre2. Les Diawara, quant à eux, viennent de Jaara et
Kaëdi. Ils sont passés par Dantadji, Nabadji Siwol, Sadel et Nguidilogne. Ces deux derniers villages
sont très près de Boki-Diawé, mais situés sur le fleuve.

En général, avant d'arriver à Boki-Diawé, ces familles avaient déjà pénétré dans le Fuuta-Tooro et
plus principalement dans les provinces du Haayire, Ngeenar et Booseya. Ces étapes correspondaient
certainement à des points d'échanges commerciaux et à des liens de parenté. Le commerce des
esclaves a aussi attiré les Soninké. Les Toorooße du Fuuta ayant mis fin à celui-ci, du moins pour les
captifs pris dans le Fuuta et de religion musulmane, les Soninké ont rempli ce vide commercial. Les
juula , c'est ainsi que Dougo Diaw qualifie les familles Wagué, Fofana, Tirera et Mangasouba3,
parcouraient le Fuuta de village en village. Ils devaient très certainement se rendre, comme le

1KANE, O., 1986, pages 946 et 948.


2 Entretien avec Hakrou Tirera en septembre 1995 à Boki-Diawé, p. 230.
3Entretien avec Dougo Alakha Diaw, le 22.08.95, p. 128.

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké DEUXIEME CHAPITRE

propose D. Robinson, dans les escales des traitants et y vendre des esclaves et du bétail contre des
biens de Saint-Louis qu'ils acheminaient à l'est et au sud 1.

3.1.2 - Le départ des Fadé de Guccube

Les Fadé provenaient du royaume frontalier du Gajaaga. Ils se répartissent en Diallo-Fadé et Sadiga-
Fadé. Cette dernière branche, selon Aminata Demba Fadé, est celle que l'on retrouve à Boki-Diawé.
Leur arrivée correspond peut-être à la destruction de Guccube en septembre 1849 par une
expédition française2. A Guccube les Fadé étaient les chefs du village. "Guccube, rapporte Abdulaye
Bathily, est le site le plus ancien fondé par les Soninké dans le Gajaaga". Les récits recueillis par moi-
même3 et Abdulaye Bathily4parlent en commun de Maamu Fade, fondateur de Guccube, et de son
lien avec les génies de l'eau du fleuve. Il est peut-être un descendant de Goumané Fadé ou bien
portait-il ce nom en lien avec le titre de fade, qui signifiait gouverneur de l’Empire du Wagadu ? Le
site de Guccube, à la rencontre du fleuve Sénégal et de son affluent la Falémé est stratégique. Les
Fadé d’ailleurs, rapporte Aminata Demba Fadé, exigeaient une taxe lors du passage du fleuve. Un
représentant de l’Empire devait donc s’y trouver. Plus tard, en tant qu'autochtones, les Fadé sont
devenus les Mau des Bathily du Kammera ou bas-Gajaaga, c'est-à-dire qu'ils n'étaient pas astreints
à l'impôt et qu'ils formaient une classe de conseillers et de guerriers.

Vers 1849, les habitants de Guccube avec à leur tête Suraqe arrêtaient les bateaux de commerce sur
le fleuve et s'étaient joints au Gidimaxa dans sa guerre contre le Gajaaga. Pour Aminata Demba Fadé,
c’est un conflit de succession entre une branche de la famille adepte de l'islam et une autre de la
religion traditionnelle, qui détermina leur départ pour le Fuuta où les Toorooße avaient institué un
gouvernement qui suivait la Sharia ou loi islamique. Cette explication paraît plausible par rapport aux
mentalités, mais elle ne donne pas de fait précis. Elle n’est pas en contradiction avec le départ suite
à l’expédition française.

1ROBINSON, D., 1975, p. 30.


2CHASTANET, M., 1976, p. 185.
3Entretien avec Aminata Demba Fade, Boki-Diawé, le 09.08.95.
4Récit de Laaji Nimaga, Guccube, octobre 1978 in BATHILY, A., 19, p. 79.

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké DEUXIEME CHAPITRE

Le doyen de la migration est Biiné Fadé. De Guccube, les Fadé sont passés à Ndoulomadji à une
dizaine de kilomètres à l'est de Boki-Diawé. Puis ils s'arrêtèrent à Douganabé, mais à l'époque il y
avait déjà un quartier soninké à Boki-Diawé. Ils avaient quant à eux soigné des fous chez les Seßße
Ndiaye en relation avec le Bummoy d'Oréfondé. En récompense ils reçurent de nombreux champs au
jeeri et au waalo ainsi que l'emplacement pour leur concession dans le quartier Haal-pulaar sur un
terrain appartenant aux Ndiaye1. Un peu avant, Samba Mbagni Ndiaye d'Oréfondé collectait les taxes
à Boki-Diawé pour le compte de l'Almaami Abdul Kader. En tant que propriétaire foncier il percevait
chaque année un droit d'entrée après le retrait du fleuve. Celui-ci se donnait sous la forme de jugal,
à chaque animal tué il en recevait la poitrine ou les côtes. Samba Mbagni fut relevé de ses fonctions
au profit de la famille Kamara d'Oréfondé, d'origine Hayirankoße.2. On peut supposer que les Soninké
de Boki-Diawé se plaignirent auprès de l'Almaami du jugal trop élevé et que ce dernier leur affecta
un collecteur plus proche.

3.2 - L'arrivée des Soninké

3.2.1 - La période de jihad des Toroodbe

Tous les récits concordent pour dire qu’au temps de l’arrivée des Soninké, le Fuuta était dirigé par le
premier Almaami du Fuuta, Abdul Kader Kan (né en 1721 à Pafa Varmen dans le Salum - assassiné en
avril 1807 à Gouriki) qui avait sa résidence à Kobilo, village du Booseya et voisin direct à l'est de Boki-
Diawé. Il fut investi des pouvoirs de l'Almaami, à Baladji dans le Booseya en 1776, après la mort de
Souleyman Bal qui avait soulevé les Toorodbe contre la dynastie des Deeniyankoobe. Les pouvoirs de
l'Almaami consistaient en un rôle de représentation politique et de juge. Son trésor était constitué
par ses biens personnels ainsi que par les taxes foncières qu'il collectait directement sur des terres
qui lui revenait de fait, situées "dans des groupes de villages du Tooro appartenant à des Seßße de
résidence ancienne"3, et des siennes propres. O. Ba indique que tout Almaami du Fuuta, au cours de
son mandat était copropriétaire des domaines d'Elimaan Neega de Boki-Diawé, donc cobénéficiaire

1Entretien avec Souleyman Fadé, le 22.08.95 à Boki-Diawé, p. 177.


2 BA, O., 1972, p. 33.
3ROBINSON, D., 1975, p. 190.

59
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké DEUXIEME CHAPITRE

de leurs redevances foncières1. . O. Leservoisier explique pour les Soninké de Kaëdi, mais il en est de
même pour ceux de Boki-Diawé, que "l'abondance de leur main d'oeuvre servile leur permettait
d'obtenir des droits de culture, contre redevances, auprès des Haal-pulaar'en."2. On peut ainsi
comprendre pourquoi Abdul Kader accepta d'installer les Soninké à Boki-Diawé : afin de mettre en
valeur ces terres et de pouvoir bénéficier des redevances.

Pour pouvoir poursuivre la jihad contre les peul Deeniyankoobe et les maures Trarza qui razziaient le
Fuuta, Abdul Kader dû faire alliance avec des villages et des clans qui le fournissaient en hommes et
en biens, l'armée de conscription n'existant pas. Son appel recevait ainsi des échos parmi les talibe
,élèves des écoles coraniques, et parmi les familles qui espéraient profiter du butin et des
distributions des terres conquises. Sur le plan militaire, les Fofana comme les Diawara appartenant
aux Soninké ont ainsi guerroyé aux côtés de l'Almaami3.

3.2.2 - Une première étape de familles Soninké à Douganabé

Le rassemblement des Soninké s'est déroulé au lieu dit de Douganabé qui se situe à peu près à un
kilomètre à l'ouest du village de Boki-Diawé et qui constitue actuellement un quartier de Dabia
Odédyi, village voisin de Kobilo. On y trouve un cimetière et un site attenant, percé de trous dans le
sol et qui m'a été présenté par les Tagu (forgerons) de patronyme Thiam de Boki-Diawé comme une
mine de fer à ciel ouvert. L'endroit est délimité au sud par la route du jeeri et au nord par une mare.
Il appartenait à l'Elimaan Duga, qui habitait à Thilogne, et dont le patronyme était Kan, en parenté
avec les Kan de Boki-Diawé et l'Almaami Abdul Kader4. Cet endroit était réservé probablement aux
campements des partisans d'Abdul Kader.

C'est un petit nombre de personnes, une quarantaine selon Binta Wagué5, qui rejoignirent l'Almaami
Abdul Kader vers 1796. Elle et Hakrou Tirera ajoutent qu'ils formaient une troupe de guerriers et de
religieux. Hakrou Tirera décrit les premiers possédant des habits jaunes, des bracelets et des boucles

1BA, O., 1972, p. 243.


2LESERVOISIER, O., 1993, p. 120.
3Entretien avec Kisima Tirera, le 14.08.95, p. 231.
4SCHMITZ, J., 1994, p. 458.
5 Entretien avec Binta Wagué le 06.08.95 à Boki-Diawé, p. 239.

60
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké DEUXIEME CHAPITRE

d'oreilles ainsi que des armes et les seconds habillés de cotonnades blanches et possédant des livres.
La migration ne fut pas un mouvement unifié. Hakrou Tirera dit que "les Soninké ne sont pas venus
ensemble"1. Bathily Fadiga mentionne qu'ils se sont succédés2.

A Douganabé arrivèrent Yari Dibasi-Darame, ancêtre de Bathily Fadiga, un des informateurs, ainsi
que d'autres personnes que les traditions ont gardé en mémoire : Ma Suraqe Wagué, Dalante Tirera,
Fode Yusuf Mangassouba, les trois frères Diawara, Moktar, Moodi et Mpale qui venaient de Kaëdi.
Tous sont cités dans les entretiens. Binta Wagué cite Kandjourou Traoré comme le captif qui a
accompagné les Wagué. Les artisans semblent être venus plus tardivement, au plus deux générations
plus tard. C'est le cas des Jawune de patronyme Diaw, qui ont rejoint Maadi Wagué. Les biens se
comptaient en bétail et les Wagué et Diawara étaient accompagnés de bergers peul pour s'en
occuper. Ce sont ces bergers, selon Binta Wagué, qui trouvèrent d'ailleurs un emplacement où
s'installer. Il faut comprendre plutôt que les bergers ont servis d'intermédiaires aux Soninké face à
des locuteurs pulaar.

D'autres familles Soninké ont dû aussi résider à Douganabé comme les Fofana, les Cissé et les Sylla.
Balla Woppa Konaté cite Ba Khadia Diagana comme premier chef de cette communauté mais il est le
seul3. Ce nom correspond peut-être à Bakari Diagana, originaire de Balou au Gajaaga qui fonda une
medrassa, ou école coranique, à Kaëdi après être passé à Douganabé. Dans son périple pour
rejoindre Abdul Kader il a drainé des talibe, dont Baba Wagué qui était son élève4

Dans toutes les sources Haal-pulaar'en et Soninké Yari Dibasi-Darame semble avoir été le premier à
s'installer et à avoir attiré les autres Soninké. Les Darame étaient des moodinu (marabouts, singulier
moodi) de longue date et leur influence devait être considérable au sein du monde soninké, appelé
le sooninkara. Mamadu Xumba Darame-Fadiga est le fondateur de Gunjuru au sud de Kayes avec les
clans Diombera, Diawara et Sama entre 1245 et 12855. Ces fondateurs étaient des immigrés Jaxanke

1Entretien avec Hakrou Tirera, le 11.08.95, p. 227.


2Entretien avec Bathily Fadiga, le 10.08.95, à Boki-Diawé, p. 181.
3Entretien avec Balla Woppa Konaté, le 31.07.95, p. 195.
4Voir l'entretien avec Bintou Sylla, le 27.09.95, p. 225.
5BATHILY, A., 1989, p. 105.

61
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké DEUXIEME CHAPITRE

de Diakha-Bambuk.1 Gunjuru jouissait d'un statut spécifique à la fois de ville sainte et à la fois de
zone franche. C'était une place commerciale de grande importance. M. Kati rapporte que
"Koundiouro située dans la province du Kaniaga ; c'était la ville du câdi de cette région et des ulémas
du pays. Aucun soldat n'y pouvait pénétrer et aucun fonctionnaire en situation d'opprimer ses
administrés n'y pouvait résider. Toutefois, le roi du Kañaga rendait visite aux ulémas et au câdi de
cette ville chaque année au mois de ramadan."2

Gunjuru a été à deux reprises au XVIIIème siècle saccagée et les traditions orales rapportées par
Abdulaye Bathily précisent qu'après chacune de ces épreuves, la population s'était dispersée3. En
avril 1724 les Orman, guerriers marocains confiés par le sultan Mulay Ismaël aux maures Trarza
pillèrent le Gajaaga et Gunjuru. Ils y firent de nombreux prisonniers.4 En 1792 Deyse, roi du Kaarta,
saccagea Gunjuru5. Ce qui fait venir les Darame au Fuuta après cette date.

3.2.3 - Baba Wagué et l'islam soninké

L'arrivée des Soninké à Boki-Diawé s'est faite dans un climat de regain de la religion musulmane. Yari-
Dibasi Darame, Bakari Diagana étaient des marabouts fervents. Abdul Kader avait permis que les
Soninké jugent leurs propres affaires, mais certainement dans le droit musulman et non plus
coutumier d'après les décisions des familles princières comme les Diawara. Les Wagué semblent
avoir pris dès le début la direction des affaires collectives. Baba Wagué qui apparaît ainsi dans les
traditions orales s'appelait plus précisément Cheikh Ahmed Baba Kamara. Il a commenté l'ouvrage
de Khâlil, lettré musulman né en 1374 en Egypte, intitulé le Mukhtasar. C'est un code musulman du
rite malikite qui est fort répandu en Afrique de l'Ouest. Le livre comprenait 61 chapitres traitant du
dogme religieux, des sacrements, du rituel, du statut personnel, des mariages et des divorces. Il sert
de référence lors des jugements des kaadi6. L. O. Sanneh précise que "c'est pendant le séjour d'Abd

1SANNEH, L. O., 1979, p. 59.


2KATI, M., 1913, p. 314.
3BATHILY, A., 1989, p. 104.
4CISSOKO, S. M., 1986, p. 94.
5BATHILY, A., 1989, p. 108.
6Voirsur Khalil l'article de l'Encyclopédie de l'Islam, Tome IV, 1978, p. 996 et la traduction du Mukhtasar par SEIGNETTE,
N., 1911.

62
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké DEUXIEME CHAPITRE

al-Rahman Diakhité à Kano vers 1431 que le Mukhtasar de Khalil fut introduit là par un visiteur venu
du Caire"1. Le savant Ahmed Baba de Tombouctou, né en 1556 et mort en 1627, dans sa résidence
forcée à Marrakech, suite à l'invasion de Tombouctou par les armées marocaines et à l'exil de ses
lettrés, avait déjà rédigé vers 1606 des commentaires de notions abordées dans le Mukhtasar telles
que le mariage, les plus grands des noms divins et les ventes2.

O. Ba rappelle "un fait significatif : les Sarakhollé dans leur ensemble adorent le commentaire du
Khalil, son auteur [Baba Wagué] étant un des leurs. Partout, leurs centres universitaires semblent
marquer une prédilection pour cette oeuvre."3 Baba Wagué ne faisait que reprendre une tradition
de commentaires des lettrés soudanais et remettre d'actualité les préceptes, mais malheureusement
son manuscrit n'a pu être consulté. Son ouvrage transmis par les émigrés de Jaara et de Gunjuru a
servi de support aux jugements en matière de moeurs dans la communauté Soninké. L'Almaami
Abdul Kader s'en est peut-être inspiré dans ses jugements en s'entourant de kaadi Soninké.

La tradition rapporte que Bakary Diagana, son maître, et les Diawara pour lesquels il était le moodi
attaché4, l'avait surnommé "Waage", en raison de sa célébrité. Binta Wagué rapporte que c'est à la
suite des vexations de ses condisciples talibe que son nom fut changé. Elle ajoute que son griot reprit
de suite ce nouveau nom5. Ce surnom est devenu son jamnu karade, nom de famille dérivé.
Auparavant Baba portait le janmu Jalali Kamara. Waage correspond à la dénomination des clans qui
ont régné dans l'Empire du Wagadu6. Par extension il a signifié quelqu'un de généreux, qui est
disposé à aider sans rémunération ainsi que prodige ou personne dont le savoir et la sagesse sont
réputés7. Ce terme est même passé dans la langue pulaar. Au XIXème siècle au Fuuta Tooro, Waageji
désignait les sages qui étaient choisis pour aller recruter le nouvel Almaami8.

1SANNEH, L. O., 1979, p. 30.


2Voir ZOUBER, M. A., 1977.
3BA, O. 1972, p. 995.
4Entretien avec Kantara Diawara, le 02.08.95 à Boki-Diawé, p. 131.
5 Entretien avec Binta Wagué le 06.08.95 à Boki-Diawé, p. 241.
6 D'après KAMISSOKO, W., 1975, p. 31.
7BA, O., 1972, p. 995.
8KYBURZ, O., 1994, P. 88.

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké DEUXIEME CHAPITRE

D'après les récits du gesere (historien du Wagadu) Tudo Yaresi dont le témoignage a été recueilli en
1898 par C. Monteil1 ainsi que celui de Fodiya Abdou Diagana recueilli par O. Ba2, Baba Wagué était
un disciple de El Haj Salim Suware de Diakhaba sur le Bafing. Ces versions sont contestables au titre
qu'elles sont anachroniques. L. O. Sanneh fait vivre El Hadj Salim Suware aux alentours du XIII ème
siècle. La généalogie donnée par Binta Wagué, quant à elle, le fait vivre au plus tôt vers la fin du
XVIème siècle. Il semble que ces versions veulent insister sur la filiation idéologique entre le fondateur
du groupe de lettrés et commerçants Jaxanke et Baba Wagué qui par le biais de son commentaire
leur a fournit un outil scolastique. D'après M. Diawara, Baba Wagué accompagné de son disciple
Mancahe Maxan Darame serait arrivé à Jaara vers la fin du XVIème siècle, à l'époque du souverain
Haren Silamaxa (date de naissance vers 1520)3

Mamy Ndianor rajoute que "Baba Wagué est resté deux ans à Douganabé puis est reparti d'où il
venait"4. Baba Wagué a laissé sa famille et a quitté Douganabé pour retourner à Gunjuru où il est
enterré5. Au début du XXème siècle, les Wagué étaient toujours les marabouts à Jaara6. Il organisa
probablement le mariage de son petit-fils, Ma Suraqe, avec Binta Dibasi-Darame pour sceller les liens
communautaires. C'est ainsi que s'est formée à travers cette chaîne de relations familiales et sociales,
une communauté qui gardait son identité soninké.

3.3 - La relation avec les Haal-pulaar'en

3.3.1 - La politique locale d'attribution des terres

L'Almaami Abdul Kader effectua un remembrement des terres, qui est resté dans la mémoire
collective sous le nom de feccere Fuuta. C. Cros indique que "les chefs musulmans [les Elimaan]
avaient l'administration des terres et parfois l'Almaami les leur attribuaient définitivement"7. Il mit

1L'articlede Charles Monteil figurant dans les Mélanges ethnologiques, Dakar, IFAN, 1953 est reproduit en totalité dans
DIETERLEN, G., 1992, p. 228 à 239.
2BA, O., 1972, p. 995.
3DIAWARA, M., 19, p. 42.
4Entretien avec Mamy Ndianor, le 05.08.95, à Boki-Diawé, p. 204.
5Entretien avec Bintou Sylla, le 27.09.95 à Saint-Denis, p. 225..
6 Un Kisma Wagué est marabout à Jaara dans MARTY, P., 1920, p. 255.
7CROS C., 1971, p. 19.

64
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké DEUXIEME CHAPITRE

parallèlement en place le système de l'Almamiat. En même temps qu'il inaugurait la mosquée Abdul
Kader nommait un Elimaan. Ce titre cumulait les fonctions d'Imam et de chef du village (jom wuro).
Il est encore utilisé de nos jours. A ce titre se rajoutaient le nom du clan parmi lequel était choisi
l'Elimaan. Ainsi les fils aînés des Kan de Boki-Diawé, issus du clan des Neega, portaient le titre
d'Elimaan Neega. Les Imams de Boki-Diawé, comme dans d'autres villages, étaient désormais choisis
parmi les descendants de ceux nommés par Abdul Kader. Les Neeganabe devaient être confirmés
dans l'entrée de leur fonction, concrétisée par un vote et par la cérémonie de la prise de turban (lefol
en pulaar), par les plus importantes familles du village. Les Ndianor étaient les premiers consultés.
Thierno Samba Kan des Neeganabe reçut le premier ce titre et Abdul Kader lui donnait des terres des
Fule Gumunabe, qui lui avaient résisté, ainsi que d'autres terrains à Boki-Diawé1.

Les partisans de l'Almaami récupérèrent en propriété les terres de ses opposants. Abdul Kader
récompensa Thierno Tafsirou Souleyman Kan de Boki-Diawé, qui alla fonder le village de Doundou
sur le fleuve, et lui attribua des terres sur les deux rives2. Dans la région, d'autres partisans de
l'Almaami reçurent des terres prises aux opposants vaincus. L'Ardo (dirigeant des Fule) de Kawel,
qui se prénommait Ali Diam Badji, chef de la fraction des Fulße Jaluße arrivée avec les migrations
Fulße des Lam Termes et des Lam Taga, entre le XIIIème et XVème siècle, reçut en raison de son alliance
avec l'Almaami des terres des Satigi Deeniyankooße vers Bokiladji3. Le vassal des Jaluße, Eliman
Jubayru de la famille des Salsaße, reçu des terres de waalo à Boki-Diawé. L'Almaami, lui, possédait
par sa famille des terres de waalo entre Boki-Diawé et Diowol.

3.3.2 - L'installation définitive des Soninké à Boki-Diawé et les alliances

Ce n'est que le petit fils de Baba Wagué qui put s'installer définitivement à Boki-Diawé. Ma Suraqe
Wagué, le doyen des Wagué à cette époque, et les Soninké furent installés à Boki-Diawé par
l'Almaami4. Quand Ma Suraqe décida de s'installer à Boki-Diawé, Binta Wagué précise qu'il
s'adressa à l'Almaami Abdul Kader ainsi qu'à un Ndiaye. Les Soninké venait grossir la communauté

1BA, O., 1972, p. 1309.


2BA, O., 1972, pages 1305 et 1306.
3BA, O., 1972, p. 51 et 53 et entretien avec Dougo Alakha Diaw, le 11.08.95 à Boki-Diawé, p. 125.
4Entretien avec Binta Wagué, le 06.08.95 à Boki-Diawé, p. 246.

65
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké DEUXIEME CHAPITRE

musulmane du village. D'après Binta Wagué, la cérémonie d'accueil des Soninké s'est déroulée
dans la grande mosquée du village, certainement un vendredi. Wagué et Diawara reçurent des
Ndianor des champs qu'ils défrichèrent. Il s'agit en l'occurrence de terres du jeeri, qui permettent
surtout d'obtenir du mil, qui appartenaient aux familles Seßße comme les Ndiaye ou les Ndianor,
cédées contre des redevance telle que l’asakal, dérivé du mot arabe zakat. Cette dîme destinée à
la mosquée est dévoyée de sa destination originale pour être "l’unique redevance foncière qui
peut-être perçue dans le jeeri"1. En tant que premiers arrivants, les Ndianor possédaient de
nombreuses terres tant au jeeri qu’au waalo.

Hakrou Tirera rappelle que l'Almaami a accepté les Soninké car il voulait leur donner des femmes
Peul pour qu'ils puissent s'assimiler2. Mais ceux-ci refusèrent les mariages mixtes ainsi que les terres
de waalo qui attachent par trop au terroir comme le souligne O. Kane3.

Ce refus montre que les Soninké voulaient garder leurs réseaux d'alliances au sein de leur
communauté. Ainsi, dès la seconde génération née à Boki-Diawé, on note des mariages avec des
Soninké de Kaëdi, Nabadji Siwol, Golera, pour ce qui est du Fuuta4, ou bien même avec les villages
d'origine (Jaara par exemple) mais en majeure partie ces alliances matrimoniales se sont faites au
sein des familles du village. Les Wagué ont par exemple contracté des alliances avec les Fadiga-
Daramé et les Tirera, qui eux-mêmes ont contracté des alliances avec des Fofana.

Par le biais des listes généalogiques données sous forme écrite (Tariq de la famille Tirera) ou orales,
il est possible de donner des indications chronologiques sur la venue des Soninké à Boki-Diawé.
L'installation s'échelonne sur tout le XIXème siècle. Les Wagué et les Tirera sont arrivés dans les
années 1810-1820, suivis par les Konaté et les Fadé vers 1845 et enfin par les Diawara vers 1875.
Ces derniers étaient déjà présents dans le Fuuta-Tooro au début du XIXème siècle. Le tableau ci-
dessous résume les résultats.

1SECK, I., page 28.


2Entretien avec Hakrou Tirera, octobre 1995 à Boki-Diawé, p. 246.
3KANE, O., 1986, p. 50.
4Voir la généalogie des Tirera p. 97 et l'entretien avec Hamady Cissokho, le 17.08.95 à Boki-Diawé, p. 122.

66
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké DEUXIEME CHAPITRE

3.3.3 - L'Islam comme vecteur d'unité

A partir du début du XIXème siècle, la communauté soninké s'ancra définitivement à Boki-Diawé.


Composée de familles nobles ainsi que de leurs clients (griots, forgerons, cordonniers) et de leurs
captifs, elle s'implanta dans un milieu qui lui était proche. Au delà du passé de certaines familles
Haal-pulaar'en, qui pour certaines avaient des origines Soninké, l'Islam était le principal vecteur
d'unité. A cet effet, les familles maraboutiques Soninké ont pris la prédominance sur les familles qui
étaient prédestinées à gouverner. Les Diawara, de la branche royale, ne furent pas à l'initiative de
l'établissement dans le village. Ils n'eurent pas non plus l'occasion de diriger la communauté ni de
mener les relations avec les Haal-pulaar'en. Ces tâches relevèrent des familles maraboutiques, sans
qu'il n'y ait pour autant de réel leader. Cela se traduit dans les entretiens par le thème du choix d'un
représentant. La règle était de choisir le doyen de la communauté. Yari Dibasi-Daramé a refusé. On
proposa à tour de rôle aux Fadé, aux Mangassouba pour qu'ils dirigent. Finalement la fonction fut
dévolue aux Wagué qui avaient un lien de parenté avec les Dibasi-Daramé. La formation des quartiers
Soninké du village s'est constituée apparemment autour de la mosquée dite mosquée sarakolé.

67
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké TROISIEME CHAPITRE

TROISIEME CHAPITRE : Le village face à la pénétration française


(deuxième moitié du XIXème - début du XXème siècle)

1- La configuration du village au XIXème siècle

Le plan du village actuel permet de visualiser ce qu'était le village au XIX ème siècle. On peut y
observer l'évolution dans l'espace citadin de l'organisation sociale et communautaire1. Nous
avons vu dans le premier chapitre que les limites physiques de l’agglomération sont bien
spécifiques. Au nord, à l'approche du waalo et derrière le cimetière, deux marais (le Biibe et le
Bubel Gaodel) constituent une barrière aux constructions. Au sud, une colline sans végétation,
appelée Kaayel Gambi, est entourée d'un tabou. Selon plusieurs témoignages, la présence de jiin
(de l'arabe, esprits surnaturels) la nuit, interdit d'y séjourner. L'orientation du togge (butte en
pulaar) sur lequel se trouve l'ensemble des habitations 2 est dirigé d'ouest en est. La configuration
initiale du village devait être celle du quartier Haal-pulaar.

1.1- Une répartition des groupes par quartiers

La population est répartie majoritairement selon l'appartenance communautaire, ce qui donne


à première vue un village coupé en deux. A l'ouest, habitent la plupart des Haal-pulaar'en ainsi
que les Fadé, d’origine soninké. Dans la partie est du village, depuis le XIXème siècle, comme nous
l'avons montré dans le deuxième chapitre, se répartissent les kunda3 Soninké. Cette configuration
n'est pas spécifique à ce seul village. La ville marché de Salaga, située dans l'actuel Ghana, qu'a
visité le Capitaine Binger du 8 octobre au 12 novembre 1888, se découpait en quartiers liés à la
fois aux origines des populations et à leurs activités. Les bâtiments sont construits dans des styles
que l'on peut distinguer4. Pour certains le pisé est encore le type de matériel de parement utilisé,

1
Se reporter p. 85 pour visualiser la carte du village.
2Appelée fooyre en pulaar et ka en soninké. Ce sont des "unités de production et de consommation" (voir WEIGEL, J. Y., 1982,
pages 44 et 47) que l'on désigne communément par le terme de concessions. Elles regroupent des individus, dont le lien est
l'appartenance lignagaire. Les fooyre et ka se caractérisent sur le plan architectural par des constructions entourées
d'enceintes.
3Quartiers d'habitation. Le mot kunda est toujours précédé d'un janmu. Se dit aussi de personnes d'une même famille, au sens
de descendants d’un même lignage. Voir en introduction.
4A première vue les concessions sont entourées de murs en banco au contraire de celles des haalpulaar cernées de branches. Des
dessins géométriques (losanges) en outre ornent certaines maisons.

68
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké TROISIEME CHAPITRE

tandis que les maisons contemporaines sont toutes en ciment et furent élevées à partir du milieu
du XXème siècle. Elles se dressent selon un plan rectiligne. Des maisons abandonnées se trouvent
à l'extrême est du village. Peut-être correspondent-elles à l'ancien site d'habitation des Ndianor
ou bien à l'ancien village qui fut brûlé par le colonel Dodds en 1891 ?

Le village est découpé en quatre quartiers séparés entre-eux par les lits asséchés de marigots qui
forment des sillons parallèles d’axe nord-sud. Il s'agit du Tirangol Boyinaji, du Budel Gaodel et du
Biibe Godoro. Ils sont dus à l’érosion du sol par l’écoulement des eaux de pluies qui partent depuis
la colline de Kaayel Gambi et qui se déversent dans les deux marais. Les quatre quartiers portent
chacun un nom : Boyinaji, Tiwel, Ndar et Sinccan1.

Parmi ces noms, trois caractérisent des lieux : Boyinaji dont l'étymologie pulaar signifie pour Ba
Samba Diop "le lieu des chacals", et Sinccan (qui signifie en pulaar "le nouveau lieu d’habitation")
sont des villages qui se trouvent comme Boki-Diawé dans le Ngenaar 2. Ndar est l’ancien nom de
la ville de Saint-Louis avant l’établissement des comptoirs et du fort français. Le souvenir du
commerce que les juula (marchands) faisaient avec Saint-Louis a peut-être été à l’origine de cette
appellation comme le laisserait entendre Ba Samba Diop. Rien ne permet d'affirmer que des
familles sont originaires des villages auxquels se réfèrent les noms de quartiers. Cependant, pour
Aïssata Diop, Boyinaji est le village d'origine de Baba Diko avant-dernier Elimaan Neega.

Quant à Tiwel, selon Ba Samba Diop, cette dénomination viendrait de tiwore "marécage" en
pulaar. Il ajoute que "les Seßße en quittant leur ancien lieu d’habitation entre Mboloyel et Boki-
Diawé [c’est à dire l’ancien site de Boki-Diawé, à l'est] sont partis s’installer de nouveau dans le
tiwore. Ils ont continué à dire qu’ils étaient dans le tiwore et les autres habitants ont appelé ce
quartier tiwore qui est devenu par contraction Tiwel". Par O. Ba on peut avoir un autre éclairage
sur cette signification. Selon lui, "le village de Doundou [au nord de Boki-Diawé] a été fondé à
l'époque d'Abdul Kader par les Kanhanbé de Boki Diawé dont le chef était Thierno Tafsirou
Souleyman" 3 Il écrit que le chef de Doundou porte le titre de Thierno Thiwel, retranscrit Ceerno

1 Se reporter à l’entretien d’Ami Fall avec Ba Samba Diop et Ségui Fall à Boki-Diawé en septembre 1996, pp. 150 à 159..
2Voir la carte p. 84.
3BA, O., 1972, p. 1306.

69
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké TROISIEME CHAPITRE

Siiwel par J. Schmitz1. La dénomination du quartier de Tiwel serait peut-être en lien avec ce titre
qui reprend un terme de lieu. Pour exemple, Elimaan Duga est le propriétaire du terrain de Douga
où se réfugièrent les Soninké avant d'intégrer Boki-Diawé.

Boyinaji et Tiwel concentrent la majorité de la population Haal-pulaar, tandis qu'à Ndar et Sinccan
vivent tous les Soninké. Il n’y a aucun lien de regroupement d'habitat entre les différents groupes
statutaires de chaque communauté. Les habitations Haal-pulaar, au contraire des Soninké, ne se
répartissent pas selon l’origine statutaire, si ce n’est la concentration des familles Toroobe autour
de la Grande Mosquée. Derrière eux, à la périphérie, se placent les familles Seßße. La majeure
partie des groupes statutaires de la société Haal-pulaar sont présents.

Les concessions des quartiers Soninké sont construites plus densément. Le plan d'ensemble s’est
constitué autour du marché. La maison des Wagué, chefs successifs du village Soninké, est dans
le prolongement de celui-ci. Sur le même terrain, se trouve la "mosquée sarakolé", figurée ainsi
sur la carte, probablement parce qu'elle fut construite par les Soninké. Tous les villages du Fuuta
Tooro ne sont pas dotés de marchés. Celui de Boki-Diawé a peut-être été installé par la
communauté Soninké, sous la protection de la famille Wagué. Les Soninké ont gardé dans l'espace
les distinctions statutaires. Le quartier de Ndar, qui regroupe le marché et la mosquée, renferme
aussi très distinctement les familles hoore, c'est à dire nobles en soninké, tandis que Sinccan
regroupe les ñaxamalo (groupe statutaire des artisans) et les komo (groupe statutaire de la main
d'oeuvre servile). Ce sont les mêmes distinctions statutaires que dans les pays d'origine. Il est à
noter que tous les types de ñaxamalo ne sont pas présents. Seuls les forgerons et les artisans du
cuir habitent de façon permanente le village.

Les captifs ont une résidence qui leur est assignée. Ils sont regroupés par rapport à leur
appartenance à leurs maîtres hooro. Ainsi, les komo des Tirera résident dans la concession des
Tirera, et ceux des Wagué sont regroupés autour d'une même cour au bout du village. On leur a
reconnu la propriété de leur habitation si bien qu'ils y résident encore tous ensemble.

1SCHMITZ, 1994, p. 459.

70
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké TROISIEME CHAPITRE

1.2 - Les activités des villageois

L'économie du village était dominée par la production vivrière propre à la région : cultures sous
pluie de mil et de sorgho, cultures de décrue de riz et de maïs ainsi que les activités pastorales et
de pêche, dévolues respectivement aux familles Fulße et Subalße pour la pêche. A cela s' ajoutait
les activités exercées par les artisans (ñeenibe en pulaar et ñaxamalo en soninké), dont la
métallurgie, dévolue principalement aux Ndianor.

A la fin du XIXème siècle, Boki-Diawé était un centre religieux important. Les medrasa, écoles
coraniques, attiraient de nombreux talibe, disciples ou élèves. Ils venaient, comme cela se fait
encore actuellement, des autres provinces du Fuuta Tooro mais aussi d'autres régions pour suivre
les enseignements des Moodinu et des Toorodße. Ainsi, dans chaque maison de ces maîtres, à
partir de leur plus jeune âge, des garçons apprenaient le Coran et participaient en retour comme
main d'oeuvre dans les champs de leur maître.

P. Marty dans son Etude sur l'Islam au Sénégal publiée en 1917 présente Thierno Moodi Mamadou
Alimou Talla (mort selon O. Ba le 31 janvier 18871), installé à Boki-Diawé pour y enseigner, comme
le "Cheikh de beaucoup le plus important de la région, et dont l'influence dépasse le cercle de
Matam [...] Il a formé un très grand nombre de marabouts (chefs d'école, fabricants d'amulettes
et chefs de petits groupements religieux) dans le Fouta, le Salum et la Haute-Gambie"2. Ses
principaux disciples à Boki-Diawé étaient Abd Er-Rahman Tierno né vers 1875 et Moodi Bokar né
vers 1872 tous les deux, précise-t-il, maîtres d'école. Au Gidimaxa, Nalla Mamadou Kane né vers
1870, du groupement des Ahel Modi Nalla, était aussi son disciple3. P. Marty cite parmi les
marabouts importants Alfa Sourakhata de Boki-Diawé qui "jouit d'une certaine influence sur les
Sarakollés du Damga" ainsi que son fils et disciple à Dembakané Bakari Mariga, né vers 18634. Bien

1 BA, O., 1972, p. 1181.


2 MARTY, P., 1917, p. 111.
3 MARTY, P., 1917, p. 117. Les Ahel Moodi Nalla appartiennent au clan des Kan, voir au deuxième chapitre.
4 MARTY, P. 1917, p. 113.

71
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké TROISIEME CHAPITRE

qu'ils ne figurent pas dans la généalogie en annexe, le prénom de Sulaxata et les mariages
courants avec les Marega portent à croire qu'il s'agit de membres de la famille Tirera.

Boki-Diawé était un des principaux centres de teinture chez les Soninké au Sénégal selon Y. Athie1.
Dans les provinces du Booseya et du Ngenaar on achetait les produits issus de l’activité teinturière
qui était proprement Soninké, à tel point que Souleyman Fadé dit que "si aujourd'hui nous avons
gardé notre identité c'est par la langue et l'activité teinturière mais non plus par les cérémonies
traditionnelles"2.

Boki-Diawé était une bourgade importante. Vers 1887, la population de Boki-Diawé était estimée
par le commandant Noirot à 2 000 habitants3. A titre de comparaison, Podor qui était une escale
de traite sur le fleuve Sénégal était composée de 3 000 habitants en 1877 selon des recensements
administratifs communiqués oralement par Madame Chastanet. Dans les années 1950, la
population de Boki-Diawé avait chuté à moins de 1 500 habitants pour revenir à 3 000 habitants
au dernier recensement de 19894.

2 - Boki-Diawé et Abdul Bokar Kan

2.1 - Les départs pour le fergo oumarien et l'émergence d'Abdul Bokar

1 ATHIE, Y., 1948, p. 7.


2Entretien avec Souleyman Fadé le 28.08.95 à Boki-Diawé, p. 178.
3A. N. S., 13 G 153, Observation du Commandant de Saldé, 29 août 1887.
4 Les recensements distinguent les deux communautés. On obtient le tableau suivant :
195419571989Population totale113113233005Population haalpulaar et pourcentage par rapport à la population
totale659
58 %768
58 %1230
40 %Population soninké et pourcentage par rapport à la population totale472
42 %555
42 %1775
60 %SourcesChiffre des populations imposables SEGUY M., Mission d'Aménagement du Sénégal relevé démographique des
cantons riverains de la vallée du fleuve Sénégal, Dagana le 31 mai 1955.A. N. S., 11 D 1 - 732, projet d'arrêté du 17
décembre 1957 portant scindemment des cantons du N'Guénar.Recensements administratifs des résidents présents le jour
même, sous-préfecture d'Ourou-Sogui.

72
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké TROISIEME CHAPITRE

Le cinquième de la population du Fuuta Tooro, que David Robinson estime à 300 000 habitants,
à partir de la deuxième moitié du 19ème siècle a quitté le Fuuta pour suivre les conquêtes d'El
Haj Oumar Tall. De juin 1858 à février 1859, il installa son camp à Oréfondé. De là il prêcha une
émigration générale vers l'est, qui plus tard prendra le nom de ferogo. Parmi les habitants de
Boki-Diawé, les départs n'ont pas l'importance qu'ils ont eu dans d'autres cités du Fuuta Tooro.
Ils n'ont été qu'individuels. L'Elimaan Oumar Kan et Mamadou Thierno Kan des Neeganabe ont
rejoint son armée1. Mamadou Kangé Diawara, qui est mort avec El Haj Oumar à Bandiagara,
ainsi que Sulaqata Tirera chez les Soninké ont suivi El Haj Oumar2. Il est à noter que les intérêts
des royaumes Soninké étaient fortement divisés face à El Haj Oumar. Une partie du Gajaaga,
Jaara et le Jafunu furent sous sa domination. La participation aux conquêtes des Tirera et des
Diawara peut signifier que les Soninké de Boki-Diawé avaient pris leur autonomie par rapport
à leur pays d'origine. Le ferogo était notamment l'occasion d'échapper aux contraintes
familiales et sociales. La possibilité était offerte d'obtenir des biens ainsi qu'un nouveau statut
dans les territoires conquis par les armées de celui qui se nommait le Grand Almaami du Fuuta.

Son message de jihad contenait un aspect religieux par une volonté de réforme des pratiques
et d'expansion de l'Islam, mais plus encore un aspect politique qui signifiait qu'il n'était plus
possible de cohabiter avec les européens. L'indépendance du Fuuta Tooro commençait en effet
à être ébranlée. Depuis le début du siècle à partir de la colonie de Saint Louis, les Français
avaient construit des postes militaires sur le fleuve à Richard Toll, Dagana, Podor, Matam et
Bakel. EN 1854 la bataille de Dialmat dans le Dimat marqua le début des expéditions militaires
françaises dans le Fuuta Tooro resté depuis là indépendant.

Les départs de notabilités dans le ferogo d'El Haj Oumar ont été l'occasion pour Abdul Bokar
Kan, dit de Kobilo dans les sources orales, d'accroître son influence. Ce dernier, né en 1831 à
Dabiya Odedji, est le petit fils d'Ali Doundou Kan dont on a vu au deuxème chapitre qu'il avait
changé de nom. Ali Doundou était le conseiller d'Abdul Kader et dirigeait les affaires du
Booseya. Son petit fils a cherché tout au long de sa carrière à fédérer le Fuuta Tooro. Sa

1Entretien avec Aboubacry Kan, le 13.08.95 à Boki-Diawé, p. 191..


2Entretiens
avec Kantara Diawara, le 02.08.95, p. 129, Hakrou Tirera, le 11.08.95, p. 221, et Bathily Fadiga, le 10.08.95 à Boki-
Diawé, p. 186.

73
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké TROISIEME CHAPITRE

détermination s'était forgée sur l'incapacité des Almaami à centraliser le Fuuta. Il eut a l'égard
des Français une stratégie pragmatique.

D. Robinson indique que Boki-Diawé, Guiray, Diowol et Doundou formaient un groupe de


villages du Ngenaar très influencés par Abdul Bokar 1. D. Robinson détaille le type de
domination qu'il y exerçait : "En 1862, avec Malik Hamat Dia [de Nguidilogne, chef des guerriers
Koliaße, descendants des compagnons de Koli] il établit son hégémonie dans cette région. Il y
collectait les redevances en grains et en animaux en échange de leur protection, de la donation
de terrains pour leurs alliés. Il confirmait les chefs de village dans leurs offices"2.

Chez les Soninké Abdul Bokar eut comme fidèles des Diawara, des Koulibali et des Konaté. A
ces derniers il fit don de la plupart des terres à Bokiladji, certainement quand en décembre
1885, il mobilisa les villages Soninké du Hayire contre le recrutement de fidèles par Mamadu
Lamine Daramé de Goundiourou (Gajaaga)3 . Dans les récits enregistrés à Boki-Diawé, les
Soninké s'opposèrent aux troupes françaises et à leurs alliés qu'ils trouvèrent surtout dans la
famille Wan du village de Mboumba dans le Laaw. C'est ce qui transparaît de l'entretien avec
Hakrou Tirera4. A plusieurs reprises Abdul Bokar saccagea Mboumba. C'est vers 1883 que le
nouveau gouverneur de Saint-Louis envoya une colonne dirigée par le colonel Voyron
composée d'auxiliaires "indigènes" provenant du Dimar, du Tooro et de Mboumba. Les Français
dotés de la nouvelle mitraillette Hotchkiss forcèrent les troupes d'Abdul Bokar à la retraite et
détruisirent Dabiya Odedji le 20 novembre. Les villageois, note Voyron, se réfugièrent dans le
marais5. Son village de résidence brûlé, Abdul Bokar se replia avec ses troupes dans le Ferlo, la
région aride au sud du jeeri, puis retourna au Fuuta Tooro pour s'établir à Boki-Diawé6.

1ROBINSON, D., 1975, p. 188.


2ROBINSON, D., 1975, p. 62.
3Entretien avec Lambourou Sakhoné, le 20.08.95, p. 121.
4 Entretien avec Hakrou Tirera, le 11.08.95 à Boki-Diawé, p. 227.
5Archives Nationales section Outre-mer Paris, A.O.F., 1 D 45, 200 MI 243, Colonel Voyron au Gouverneur de Saint-Louis,
20.11.1883.
6ROBINSON, D., 1975, p. 135.

74
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké TROISIEME CHAPITRE

2.3 - Abdul Bokar à Boki-Diawé et ses liens avec les familles du village

D. Robinson1rapporte que "l'Emir Abdul recevait de nombreuses visites de commandants,


explorateurs, interprètes et représentants de la communauté des marchands" dans sa cour à
Boki-Diawé. Il reçut notamment le journaliste Allys en mars 1888. Ouleye Ndianor, Aboubacry
Kan et Bellay Kan, chef de village de Dabiya et descendant d'Abdul Bokar2, dans leurs entretiens
mentionnent tous qu'Abdul Bokar s'est réfugié chez Amadou Penda Sambou, appartenant au
groupe statutaire des Awluße, c'est à dire des généalogistes des Toroodße. Les Awluße se
devaient d'héberger leurs "patrons". Sa maison se situait au centre du village derrière l'école
actuelle.

Cependant tous les villageois n'ont pas voulu soutenir Abdul Bokar. Maoudo Diop m'a dit que
"certains fuirent Boki-Diawé pour Ogo, Bokiladji quand Abdul Bokar est venu s'y installer. Ils
craignaient la capture d'esclaves et la répression des Français"3.

Son rapport avec les Seßße Ndiay de Boki-Diawé s'est trouvé renforcé quand Abdul reçut le
Burba Albury Ndiaye en exil.

2.4 - Albury Ndiaye en exil à Boki-Diawé

Le Burba du Jolof Albury Ndiaye et sa suite vinrent rejoindre leur allié Abdul Bokar à Boki-Diawé
début juin 1890 après qu'en mai sa capitale Yang Yang fut détruite par les troupes menées par
le colonel Dodds. Il avait combattu Mboumba en 1876, rejoignant le camp d'Abdul Bokar. Un
télégramme datant du 19 décembre 1888 signale déjà la présence d'Albury à Boki-Diawé4. Il y
rencontre Moktar, frère d'Amadou Shekou, le fils d'El Hadj Oumar. Leur rencontre a pour objet
l'émigration de 4 000 hommes, selon les estimations du Commandant Supérieur du Haut
Fleuve, vers le Rip puis le Kaarta pour aider Amadou Shekou contre les Bambara. Leur lien se
tissait de nombreux gestes d'alliance que D. Robinson détaille. En 1883, il lui avait fait parvenir

1ROBINSON, D., 1975, p. 140.


2Entretien avec Bellay Kan, le 30.07.95 à Kobilo, p. 195.
3Entretien avec Maoudo Diop, le 30.07.95 à Boki-Diawé, p. 159.
4Archives Nationales du Sénégal, 13 G 162, Télégramme du Commandant Supérieur au Gouverneur de Saint Louis, 19.12.1888.

75
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké TROISIEME CHAPITRE

400 cavaliers à Boki-Diawé. En juin 1884, suite à une famine dans le Jolof, Abdul lui envoya du
mil. Au printemps 1885, le Bourba s'opposa aux Français et fit appel à la cavalerie d'Abdul. C'est
à cette époque que la soeur d'Albury se maria avec Mamadou Abdul, le fils d'Abdul Bokar.
Quand en janvier 1886 Albury se confronta au roi du Salum, Abdul organisa une expédition
pour le soutenir1.

Néanmoins, la France décida au début de l'année 1890 de mettre un frein aux résistances
militaires à sa pénétration et d'établir un gouvernement colonial parmi les chefs qui
collaboraient avec elle. C'est ainsi que le colonel Dodds est envoyé dans le Fuuta Tooro.
Amédée Dodds (1842-1922), petit fils d'un officier anglais de la garnison se trouvant à Saint-
Louis en 1817, était un métis de cette ville qui fit carrière dans l'armée coloniale française. Sorti
de Saint-Cyr en 1865, il fut lieutenant à la Réunion et dut faire face à une révolte. Après avoir
été dans l'armée de Versailles en 1871, il part au Sénégal en 1881-83, en Indochine, puis
retourne au Sénégal entre 1888 et 1891 où il occupe le poste de Colonel Commandant
supérieur des troupes2. Son expédition victorieuse et saluée par tous à Yang Yang contre Albury
Ndiaye, avait été décidée sans l'accord du Ministère des Colonies. Le gouverneur Clément
Thomas en poste jusqu'au 15 septembre 1890, l'avait couvert en justifiant qu'elle n'était
qu'une simple opération de police. Cependant, cet événement montre que Dodds avait une
marge de manoeuvre et un poids singulier dans la colonie du Sénégal. En juin 1891, il devint
même gouverneur intérimaire pendant le voyage dans les rivières du Sud du gouverneur
Lamothe. Il est présent dans la mémoire collective des habitants de Boki-Diawé.

Ses adversaires, Abdul Bokar Kan et Alboury Ndiaye avec leurs partisans se réfugièrent fin juin
1890 sur la rive Nord du Fleuve vers Kaëdi dans un camp des maures Awlad Ely et Idawaich3.
Le 13 août Dodds partit de Saint-Louis pour établir un poste à Kaëdi afin de les repousser plus
dans l'arrière pays mauritanien. Le 29 août, le pavillon français y est arboré. De janvier à mars
1891, avec 1000 soldats des troupes coloniales et 2000 hommes fournis par Ibra Almamy Wan,
principal opposant à Abdul et ses alliés, Dodds mène l'expédition qui doit mettre un point final

1 ROBINSON, D., 1975, pages 97 à 157.


2Voir le portrait écrit par CORNEVIN, R., pages 194 à 195.
3 ROBINSON, 1975, p. 155.

76
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké TROISIEME CHAPITRE

à la résistance. Dodds détruit Dabiya, Boki-Diawé et Nguidjilogne1. Cependant, dans aucun


entretien il n' été fait mention de cet événement majeur. Ce n'est peut-être pas la première
fois que le village était assailli durant cette période très troublée.

Les deux résistants étaient aux abois. Albury décida de rejoindre l'armée d'Amadou Shekou
vers le Niger. Il y fut tué en 1902. Quant à Abdul il fut assassiné le 5 août 1891 par ses hôtes
Idawaish. Le colonel Dodds, parallèlement aux opérations militaires, organisa par des traités le
découpage du Fuuta Tooro. Il choisit pour diriger le Ngeenar, Ibra Abdul Wan de Kanel revenu
de son exil à Mboumba.

3 - Boki-Diawé sous la colonisation

Dés le début, les rapports de l’administration coloniale désignent le village par l’appellation
"Boki-Diawé saracolet - Boki-Diawé toucouleur". Cette appellation fait référence à l’existence
d’une double chefferie, situation crée par la colonisation elle-même.

3.1 - Les nouveaux rapports de pouvoir sous la colonisation

Le 25 février 1891, le colonel Dodds définit dans un traité avec Ceerno Moole Bubakar de
Thilogne, son principal allié dans le Booseya, et l'Elfeki Atumane chef du Ngeenar, les limites de
leurs canton2. "La frontière ouest du Ngeenar passe entre Sintiou Diomdior et Gaol, Dabia,
Douganabé et Boki-Diawé pour se prolonger vers le sud-ouest en laissant le village de Kiriré dans
le Damga"3. Vers 1908, Amady Alfa Ba devenait le chef du canton du Ngeenar4. Aboubacry Kan
présente son action : "Les européens ont nommé Amady Alfa comme chef du canton du Ngeenar.
C'était un peul de Goudoude. Il a élu Souleyman Oumar [Kan] comme chef de village à Boki-

1 ROBINSON, D., 1975, p. 157.


2La copie du passage de ce traité se trouve dans A.N.S., 11D1-756, Recensement des villages du Nguénar pendant la tournée du
commis des affaires indigènes Lienard du 6 au 25 décembre 1917.
3Voir ROBINSON, D., 1975, p. 188 : "Le Damga est utilisé dans le même sens que le Ngeenar par les Français aux 19e siècle.
Il désigne toute la région. Mais le Damga, en fait, va de l'est de Matam jusqu'à l'ouest de Kanel".
4A.N.S., 2G8-46, Cercle de Matam, Rapport annuel d'ensemble pour 1908, 30 janvier 1909.

77
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké TROISIEME CHAPITRE

Diawé." Le nouveau chef de la région se comportait comme Abdul Bokar, il confirmait le chef de
village, titre qui remplaçait celui d'Elimaan, dans sa fonction.

Les Salsaße ont cherché a obtenir en vain la direction du village durant cette période. Bathily
Fadiga mentionne que "le premier chef du village vivait dans le quartier de Boyinaji, c'était un
Salsaße. Après il s'est battu avec les Soninké. Puis, ce fut Samba Ifra, un Neeganabe"1.

La mise en place des rôles d'impôts, listes nécessaires à l'administration coloniale pour pouvoir
recenser les personnes imposables, première forme de concrétisation de la domination
française, a suscité à Boki-Diawé un conflit ouvert. Le chef du village, Samba Ifra Kan, successeur
de Souleyman Umar, selon Hakrou Tirera, "a fait deux listes d'impôts : une pour les Français, une
pour lui. Les Soninké ont refusé. Ils ont choisi Banta Wagué comme chef de village". Cette
pratique était courante. On retrouve mentionné que le chef du canton du Worgo fut révoqué en
1907 pour "détournements d'impôts"2.

Aux yeux des Français, pour qui ce conflit était favorable, apparaissaient deux chefs de village et
donc deux villages : le Boki-Diawé des Kan, qui avait été en rébellion avec leur autorité et le Boki-
Diawé des Wagué, dont la famille avait dès le début collaboré avec eux. Cette distinction
apparaissait aussi dans la morphologie du village, composée de deux parties.

3.2 - Les conflits de terres, principales conséquences de la colonisation

Le colonel Dodds dut choisir des alliés à Boki-Diawé. Il les trouva parmi les Soninké. Ils firent
certainement comme à Kaëdi le 29 juillet 1890 lorsque la ville fut bombardé et que les Soninké
de la ville sortirent avec un drapeau blanc3. Maoudo Diop affirme que "quand les Français sont
venus, ils [les Wagué] ont tout de suite reconnu leur autorité et ont bénéficié des terres des
partisans d'Abdul qui l'avaient suivi dans sa fuite"4. Ainsi, Alfa Isa Wagué, selon Hakrou Tirera

1Entretien avec Bathily Fadiga, le 10.08.95 à Boki-Diawé, p. 183.


2A.N.F., 2G7(9), Le Gouverneur des Colonies, Lieutenant-gouverneur du Sénégal à Monsieur le Gouverneur Général de
l'A.O.F., Rapport du deuxième trimestre 1907, cercle de Matam.
3LESERVOISIER, O., 1993, p. 128.
4Entretien avec Maoudo Diop, le 30.07.95, à Boki-Diawé, p. 159.

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké TROISIEME CHAPITRE

"est le premier à recevoir les Français"1. Dougo Alakha Diaw avance qu'il "a accueilli le colonel
Dodds. Celui-ci lui a donné des terres : Jarde do et less, Ma fillo, Kolangal Boki et Toke. Ces terres
étaient à Satigi Ndiaye. A l'arrivée de Dodds, Satigi Ndiaye avait prit la fuite. [...] Il est parti à
Oréfondé"2, certainement afin rejoindre sa parentèle, les Bummoy Ndiaye de cette ville. "Les
Ndiaye avaient refusé la pénétration des Blancs" pour Samba Diop3. Ils étaient intimement liés,
comme nous l'avons vu dans les paragraphes précédents, avec Abdul Bokar. A. Kane écrit que les
Ndiaye de Boki-Diawé furent victimes d'une mesure de dépossession qui n'a été prise à sa
connaissance que contre-eux, parce qu'ils s'étaient opposés à la pénétration française4.

Cela s'était fait avec l'assentiment d'Ibra Abdul Siré, premier chef de canton de la province du
Ngeenar. O. Ba ajoute que "de ce fait, sans raison aucune, ces Sarakhollés [les Wagué] devinrent-
ils des propriétaires fonciers"5. Alfa Isa fut même considéré par l'administrateur du cercle de
Matam en 19176 comme le chef de village de Boki-Diawé alors qu'il n'avait pas ce titre au sein
du village.

L'ordre colonial venait bouleverser la gestion des terres. Les locations de terres cultivables se se
sont développées au XXème siècle par le biais de l’émancipation des captifs, qui devirent des
cultivateurs à leur compte et non plus pour celui de leur maître. Ba Samba Diop perçoit l'ordre
colonial comme une incitation à la revendication de terres : "les européens ont dit que la terre
n'était pour personne, alors elles ont déménagé [...] Si on voulait déménager on disait que le
terrain était à soi"7. L'administrateur du cercle de Matam rappelait, le 30 janvier 1909 dans son
rapport annuel d'ensemble, l'historique de la tenure des terres et la politique coloniale en cette
matière8 : Le premier octobre 1899 le Commandant du cercle de Kaëdi, qui remplaça entre 1895
et 1904 le cercle de Matam, passait une convention avec les chefs de provinces du cercle qui

1Entretien avec Hakrou Tirera, le 11.08.95, à Boki-Diawé, p. 227..


2Entretien avec Dougo Alakha Diaw, le 11.08.95 à Boki-Diawé, p. 125.
3Entretien avec Ba Samba Diop, le 24.07.95 à Boki-Diawé, p. 146.
4 KANE, A., 1916, p. 337.
5BA, O., 1972, T I A, p. 30.
6A.N.S., 11D1-756, Recensement des villages du Nguénar pendant la tournée du commis des affaires indigènes Lienard du 6 au
25 décembre 1917.
7Entretien avec Ba Samba Diop, le 24.07.95 à Boki-Diawé, p. 146.
8Cité dans A.N.S., 2G8-46, Rapport annuel d'ensemble pour 1908, 30 janvier 1909.

79
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké TROISIEME CHAPITRE

"abandonnaient tout droit sur le domaine et reconnaissaient sans restriction la propriété de


l'état français. L'administration, poursuit l'auteur du rapport, ne voulait reconnaître la propriété
de la terre qu'à ceux qui la cultivaient et non à ceux qui en percevait des redevances foncières".
Le njoldi, ou droit d'entrée dans les terres du waalo chaque année après le retrait du fleuve1,
était particulièrement visé.

Ainsi, plusieurs conflits importants de revendications de terres eurent lieu. Ils concernaient à
chaque fois des descendants d'anciens propriétaires partis vivre dans d'autres villages et revenus
réclamer leur droit à mettre en valeur la terre de leur ancêtre. Selon Mamy Ndianor Souleyman
Oumar Kan avait été opposé à Thierno Samba de Ndiot, descendant d'Elimaan Bokar, venu
revendiquer des terres. Les Ndianor avaient même été convoqués à Matam auprès de
l'administrateur en vue de témoigner pour ce conflit2. Après la seconde guerre mondiale un
conflit eu lieu entre une branche des Wagué parti à Oréfondé et Alfa Issa Wagué, sous le chef de
province Abdul Salam Kane. En 1947, l'administrateur indique, dans le chapitre sur la situation
politique, "un seul point trouble [dans le Ngenaar], les deux villages saracollés de Bokiavé sur les
limites septentrionales du canton. Des litiges de terrains avaient été réglés par mon
prédécesseur, d'autres ont surgi entre les saracollés et les Wagué d'Oréfondé. L'affaire étant
entre les mains de la justice, le pays paraît calme dans l'attente de la décision judiciaire à
intervenir."3 On retrouve la mention de ce litige durant toute l'année 1947 sous la forme de
"palabres de terrains, pourtant réglées, qui menacent de reprendre"4. Il doit s'agir de
revendications de terrains de descendants directs d'Alfa Issa Wagué qui résidaient à Oréfondé.

1SECK, I., 1992-1993, p. 22.


2Entretien avec Mamy Ndianor, le 05.08.95 à Boki-Diawé, p. 206.
3A.N.S., 11D1-786, Correspondance du Commandant de Cercle 1939-1956, Rapport trimestriel, deuxième trimestre 1947.
4 A. N. F., 11 D 1 - 787 , Lettre de Matam datée du 24 mai 1947 signée par l'administrateur Parthenay.

80
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké CONCLUSION

CONCLUSION

1 - Une cité du Fuuta Tooro

Boki-Diawé a toujours été associé directement au pouvoir. Même si son rôle est de second
ordre et que la renommée du village n'atteint pas celle de Mboumba, Kaédi, Matam et d’autres
villages de plus grande dimension, il n’en reste pas moins que les sources écrites les plus
importantes pour la région en font mention.

Dans les premiers temps connus, il semble que Boki-Diawé ait été un centre important. Il a
retenu l’attention des auteurs car ils le citent fréquemment. Mais ceci peut être l’effet d’un miroir
grossissant. Les terrains avoisinant le village étant de bonne qualité que ce soit Farba Jowol ou
l’Almaami Abdul Kader, tous les deux ont mis en valeur ceux-ci. Néanmoins, la constante au Fuuta
est qu’il n’y a pas eu de capitale fixe. Chaque village a pu être la résidence des Satigi1 ou celle des
Almaami2qui choisissaient leur lieu de résidence en fonction de leur lieu de naissance.

C’est ainsi que de nombreux auteurs ont mis en parallèle les villages du Fuuta Tooro avec les
cités de la Grèce antique. Ils ont basé leur comparaison sur des thématiques récurrentes. Celles
du pouvoir d’assemblée, des confédérations de cités et de la concurrence perpétuelle entre elles.
Ainsi, Mboumba, dans le Laaw tout le long du XIXème siècle, a tenté de prendre la tête des cités et
par conséquent s'est opposé dans leur volonté de fédérer le Fuuta à El Hadj Oumar et à Abdul
Bokar, dont l'influence se faisait plutôt sentir dans le Fuuta central.

Boki-Diawé était un village où les populations haal-pulaar dirigeantes se définissaient par le fait
d'être d'origine autre que Peul ou par l'Islam, thème fédérateur. Parfois les deux à la fois pour ce
qui est des Ndianor considérés comme Seßße et comme les gens de la mosquée (Jamannaaße).
Ces derniers gardaient le passé d'un territoire, le Nammandiru, qui comprenait une population
issue de mélanges, les Fadduße, ainsi que la culture forgeronne qui possède des caractères trans-

1Titre des rois de la dynastie des Deeniyankooße. Vient du terme mandé de saltigi, le guide.
2Titre des chefs élus du Fuuta, provient de l'arabe Imam, le guide de la prière.

81
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké CONCLUSION

ethniques. Les Kan de Boki-Diawé, sous la forme du lignage des Neeganaaße, se rattachent aux
Kan d'autres villages comme appartenant au même clan. Le fait que leur clan ait eu en son sein
des personnages prestigieux (Abdul Kader et Abdul Bokar) leur confère un rôle important.

Les départs massifs des soninké pour le Fuuta, n'étaient possibles que par l'existence de
réseaux dans le lieu de destination et de la garantie qu'une fois sur place il y ait les moyens de
production nécessaires. Le fait qu'il y ait toujours dans les régions ouest africaines des villages
ou des quartiers composés de minorités linguistiques ou culturelles a joué dans ce sens et dans
celui d'une forte mobilité des populations.

2 - La coexistence entre les deux communautés

En introduction la question était de savoir pourquoi le brassage ethnogénétique n'avait pas eu


lieu alors qu'il s'était produit pour les vagues de migration soninké antérieures. Un premier
type de réponse peut se faire sur un plan territorial. La distance entre les régions d'origines des
Soninké, comme le royaume de Jaara, était plus grande. Par ailleurs, la répartition des familles
soninké sur plusieurs villages a permis de maintenir des résaux d'alliance. Les Soninké ont gardé
leur identité dans les moments où leur participation était sollicitée (révolution Toorodo et
résistance d'Abdul Bokar). A la fin du XIXème siècle, la posséssion de terres du waalo par Alfa
Issa Wagué, puis l'instauration d'un chef de village soninké pris dans sa famille, ont eu pour
conséquence la réaffirmation de cette identité et sa reconnaissance au niveau politique.

Les migrations antérieures étaient individuelles, celles de la fin du XVIIIème siècle et du début
du XIXème siècle ont eu la particularité d'être collectives. L'intégration était nécessaire car les
populations soninké avaient vocation de s'établir. Cependant, elle se fit par complémentarité.
Les tissus teints, par exemple, production spécifique des femmes nobles soninkés sont achetés,
selon A. Diop, par les Haal-pulaar'en à l'occasion de leurs principales cérémonies et par les
commerçants fuutankooße1.

1 DIOP, A., 1983, pages 21 et 31.

82
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké CONCLUSION

Même si la coexistence n'a jamais été idyllique entre les deux communautés, il n'y a jamais eu
réaction de rejet de la part des deux parties. Les Soninké parlent couramment le pulaar et font
preuve d'une bonne connaissance, notamment en histoire et en topographie, du milieu dans
lequel ils sont immergés. Tandis que les Haalpulaar'en voient dans la communauté soninké son
dynamisme économique et sa facilité à partir à l'étranger1.

3 - Une histoire à poursuivre

De nombreux éléments n'ont pu être développés dans le mémoire. On a vu qu'en fait la


communauté soninké entretenait des liens forts avec d'autres villages, tant au Sénégal qu'au
Mali. Il serait intéressant de voir ces réseaux sous l'angle de l'Islam et du maillage des écoles
coraniques. Cela pourrait se faire à partir de la personnalité et de l'utilisation des textes de Baba
Wagué.

En outre, il n'a pas été fait mention dans les entretiens de la présence ancienne dans le village
de Jaawame, catégorie liée à l'Etat2. On possède peu de renseignements sur leur apparition et
leur fonction exacte auprès des nobles chargés de gouverner. Par ailleurs, la situation et les
modalités d'acquisition des serfs n'ont pas été fouillées. On pourra se reporter aux entretiens
avec Ba Samba Diop et Ségui Fall sur ces sujets. Enfin, toute la question des migrations au
XXème siècle n'a pas été abordée alors que de nombreux ressortissants du village, Haal-pulaar'en
et Soninké confondus, sont partis à l'étranger ou dans le reste du Sénégal, surtout dans la
capitale. Cette question est liée au développement du village, ses ressortissants ayant participé
au financement de la plupart des équipements collectifs.

1 Entretien avec Mamadou Samba Ndianor le 03.08.95 à Boki-Diawé.


2 KYBURZ, O., 1994, p;418.

83
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE I : CARTES

CARTES
Carte de l'Afrique de l'Ouest

84
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE I : CARTES

Carte du Fuuta Tooro

85
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE I : CARTES

86
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE I : CARTES

Carte des environs de Boki-Diawé

87
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE I : CARTES

Carte de Boki-Diawé

88
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE II : REPARTITION DES FOYERS

89
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE II : REPARTITION DES FOYERS

Répartition des foyers de Boki-Diawé

1 - Familles haalpulaar1

Les rimbe, familles d'hommes libres et de dirigeants

Les Sebbe : Ndianor, Pam, Ndiaye, Sow, Mangane, Dieng, Diop, Sett, Sall, Diaw, Gueye
(d'origine wolof), Ndaw, Ndom, Kédikou, Pambé.

Les Jawambe (conseillers) : Bocoum, Sam, Njim, Ndyade, Niane, Mamadou Sam.

Les Toorobe (religieux ): War, Kane, Bayla, Aliou Seynou Sall, Bocar Bane, Saada Bass, Boudy.

Les Fulbe (éleveurs) : Cheickou Diallo, Adama Diallo, uniquement la famille Diallo.

Les Subalbe (les pêcheurs) : n'habitent pas le village mais Mbakhna (do et less [haut et bas du
marigot de Diammel]). C'est la famille Mangane. Elle est en relation étroite avec les Ndianor.

Les ñeenibe (les artisans)

Les Maabube (tisserands ou musiciens) : Koumé, Saré, Sangot.

Les Laobe-Lan (boiseliers spécialistes dans la fabrication des pirogues) : Ndioum.

Les Laobe-Gajaaga ( boiseliers spécialistes dans la fabrication des mortiers et pilons) : Hamady
Gajaaga.

Les Baylo (forgerons) : Pathé Fall, Demba Mbaye.

les Garanke (cordonniers, mais le terme ici est emprunté au soninké. Se dit sakke en pulaar) :
Faty Dia.

Les Awlube (généalogistes des Toorobe) : Sock, Sambo, Niang.

Les Maccube (captifs) : Sy, Konté, Keita, Bobel Ba, Waly Diallo, Djindé Ba, Seydou, Kamara,
Doulo Biram Barry.

1 - Familles Soninké

Les Hooro (personnes de statut libre)

1 D'après les informations données par Mamadou Samba Ndianor le 22.08.95.

90
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE II : REPARTITION DES FOYERS

Les Sooninko (gens du commun) : Kamara


Les Moodinu (religieux) : Wagué, Tiréra, Sylla, Diagana, Sakho, Fofana, Marega, Fadé, Dramé,
Fofana ;
Les Suba (guerriers) : Mangassouba, Konaté ;
Les Fankananlemnu (nobles du royaume de Diara) : Diawara.

Les ñaxamalo (artisants)

Les Tago (forgerons) : Thiam ;


Les Tagadinmu (griots des forgerons) : Soumounou ;
Les Garanke (cordonniers) : Diaw, Diawara et Yafe ;

Les komo (personnes asservies)1

Les Jonkurunko (esclaves émancipés de rang élévé parmi les autres esclaves2) : Diawara et Ba.
Komo des Tirera : Diop, Fall, Sira Niamé ;
Komo des Wagué : Koulibaly, Traoré, Konté, Sidibé ;
Kome des Kamara : Konté ;
Komo des Sylla : Koulibaly, Diallo ;
Kome des Fofana : Cissokho ;
Kome des Mangassouba : Diakhité ;
Kome des Fadé : Kanté (sont haalpulaar) ;
Komo des garanke : Sanbakhé et Cissokho.

1 Liste donnée par Ba Samba Diop, entretien du 25.07.95 à Boki-Diawé.


2BATHILY, A. et MEILLASSOUX, C., 1975, p. 71.

91
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE III : PHOTOS

PHOTOS

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE III : PHOTOS

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE III : PHOTOS

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE III : PHOTOS

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE III : PHOTOS

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE III : PHOTOS

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE IV : GENEALOGIES

GENEALOGIES
Manuscrit de sept feuillets rédigé par Sulaqata Tirera
Traduction par Feriel Saadi-Barrère. S. Tirera est l'arrière-grand-père de Kisima Demba
Tirera qui me l'a présenté. Voir les photos au-dessus. Le texte, caligraphié selon l'écriture
maghrab (répandue au Maghreb et en Afrique) comporte des verbes en arabe classique et
une voyellisation particulière (en rouge). Il emploie un vocabulaire de la parenté soninke.
Il reproduit une généalogie. Elle m'a été présentée comme le Tarixu Tirera kunda, c'est à
dire l'histoire de la famille Tirera de Boki-Diawé. Elle débute par le premier Tirera arrivé
à Boki-diawé.

Premier feuillet

Priez sur notre Prophète Mahomet, sa descendance et son salut. Sachez. Salutation aux Tirera.
La famille1de Yuri et de Dalante2Tima. Dalante Tima a engendré l'Imam Bubu. A nous. Cet
Imam a donné naissance à Fode Yusufi, Manxule Juma, Yusuf Juma. De Yusuf Juma sont nés
Fode Salum, Fode Mustafa, Almaami Manxule, Fode Al Masimina3 et Fode Maadi Baba. A
nous. Fode Salum a eu Aruna et Yusuf. Tima est à nous4. [Yusuf] a eu Jime5 Tima, Sulaxata
Tima, Ma Sule Tima, Maadi Baba, Gundo Tima et Mancita Tima. Ils sont à nous. Aruna Tirera
et son frère vivaient au moment de Sheku dans le village de Masamalu Tuba. Fode Mustafa a
donné naissance à Fode Salum, Fode Maadi Baba qui a donné naissance à Bakari Tima qui lui-
même a donné naissance à Salum Tima, Gey Tima, Manxule Tima, Yeli Tima, Soxona, Mariam
Juma, Ma Arusata. Juma. Arusata a donné naissance à Awa Drame qui a donné naissance à
Yarafa Masimina. La descendance mâle des Dukure est Kaba et Bakari. Bakari a engendré Jaka
qui est à nous. Fode Sulaxata nous l'a appris.

Deuxième feuillet

Fode Sulaxata a engendré à son tour Aruna, Amadi Sule, Sule Maro, Xalil Maro. Leur mère
s'appelle Maro Bija de la famille des Marega. Ses frères et soeurs Yarafa Sirandu, Kumba et
Asamia Kumba. Leur mère est Kumba Sirandu la Maure. L'ancêtre des Zahujati s'est mariée à
la bataille de Fasaba. L'ancêtre Zahujati est de la famille Marega. Aruna Maro a engendré Maro
Danko6, Fakru Danko, Baba Danko, Jime Danko, Nene Danko, Bija Danko, Kama Danko. Leur
mère est de la famille des Marega de Nabaji. Et aussi, Ayisa, Usman, Kumba Asa, Ali Asa, qui
sont les enfants de Asa Kudeji de [la famille des] Fade. Puis Ayisata Njou, Xadija Njou et
Baba Njou. Leur mère est Njou Jeneba de [la famille des] Silla de Tigere. Puis, Maro Danko
n'a pas eu de fils. Nani Danko est entrée dans la famille des Diawara à Golera. Après, Bija est
entrée dans la famille des Koyita. Puis, Kama Danko est entrée dans la famille des Wagué. Puis,
Baba Danko n'a pas laissé de fils. Puis, Fakru a engendré Babu Fatuma et Samba Fatuma. Ils
sont morts quand ils étaient enfants. Ils n'ont rien laissé. Jime Danko a engendré Mariamu Jime,

1Ecrite "kunda".
2L'ancien en soninké.
3Le musulman en arabe.
4C'est à dire qu'elle est entrée dans notre famille.
5L'aveugle en soninké.
6Le pieux en soninké.

98
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE IV : GENEALOGIES

Xalilu, Kumba Fatuma, Maro Jime, Jahara Jime, Juxi Jime, Danko Jime. Ce sont les enfants de
Fatimata Bire de la famille des Marega à Kaëdi. Puis, Baba Jou n'a pas laissé de fils ainsi
qu'Ayisata et Xadija Jou.

Troisième feuillet

Ils n'ont pas laissé de garçons. Puis, Jakali Ayisa n'a rien laissé. Elle est à nous. Usman Asa. Il a
engendré Ayisa Usman, Buri1 Ali, Fakuru Usman Asa, Sarakere Usman, Xalilu Usman, Mama
Jukure Usman, Mina Usman, Kama Usman. Ils sont les enfants de Jonkunda Jitamahali de la
famille des Simera. Puis, Fati Bulihali Aminata, Aruna Aminata, Hafsatu Aminata, qui signifie
Nani, Binta Aminata, Maro Aminata, Denba Aminata, Mohamadu Aminata, Mariamu Aminata.
Tous ces enfants sont d'Aminata Fade. Puis, la parole de Dieu. Musa Asa a engendré Asa Musa,
Ramata Musa, Kile Musa. Ils sont les enfants de Mayimu Jara Wage. Puis, Kumba Ayisa est
entrée chez les Fade. Puis, Ali Asa Fade a engendré Binta Ali, Babu Ali, Ayisa, Ayisa Ali. Ils
sont les enfants de Mayimuna de la famille Diara. Puis, Musa Ali. Sa mère Mama Kabi Jirami
de la famille des Fade. Puis, Maadi Sula Ali, Mama Ayisa Ali. Leur mère est Ayisata Diawara
de Hamadi Unare.. Ils sont à nous à Hamadi Unare. Sirandu Kumba, Sanunku Hamadu,Tula
Sirandu, Jime Sirandu, Musa Sirandu, Kumba. Ils sont les enfants de Sirandu Sulaxata. Elle est
à nous. Toka Sirandu a engendré Manxule Bija, Yusuf Bija, Aruna Bija, Sulaxata Bija. Ils sont
les enfants de Bija Tirera de Kaëdi. Puis, Bakari Toka, Kuni Sayadana. Leur mère est Asa de la
famille Soxuna. Puis, Bali Urkiti. Sa mère est des Keïta. Puis, Ayama Baba Toka, Malafa Toka.
Leur mère Jime Tima est de la famille des Tirera. Elle est à nous. Juma Sirandu a engendré Yusuf
Juma, Basiru Juma, Kumba Juma, Yari Kumba, Hata, Banta Juma, Yaxane Banta, Kalirajuta
Juma père de Wahidu. Cependant, ils sont à nous. Yusuf Binta. Sa mère est de la famille des
Sago. Elle est à nous. Bakari Ata, Fahaba Ata, Banta Ata. Leur mère est de la famille Bathily.
Puis, Jufi Bahi Wakada Sarayaka, Seku Bahi. Leur mère est Bahi de la famille de Mohamadu
Sukuna. Elle est à nous. Et Kumba Sirandu. Elle a engendré Yusuf Jabu, Sahaba Jabu, Ayisa
Jabu, Binta Jabu. Leur mère.

Quatrième feuillet

Waseletu Jabu, Jafar Jabu. Ils sont les enfants de Jabu Ibran de la famille Sukuna. Puis, il a
enfanté Tula Sirandu et Sindu Tula. Sa mère était Ayisata Tanjan de la famille Tanjan. Kumba
Sirandu Sulaxata a enfanté Yakuba Kumba, Salatu Kumba, Sarimati Kumba, Yusuf Kumba. Ils
sont les enfants de Kumba Sirandu de la famille Sukuna. Puis, Seyidna Tula. Il nous a laissé
Amarama. Ayisa Mina Sulaxata a engendré Shabaku Denba, Judi Denba, Baku Denba. Ils sont
les enfants d'Ayisa Mina. Elle est à nous. Sheyimana Tuka. Il a engendré seulement Kuni
Sayadini. Elle est à nous. Bashku Denba a engendré Fatimata [effacé] Barane. Jaka cela signifie
Fade Jaka de la famille Marega. Puis, Judi a engendré Fatimata Biri, Madiri qui est à nous.
Madiri, Baku, Denba n'ont pas laissé d'enfants. Nous avons Maadi Sule Maro qui a engendré
Shila Mariamu, Usman Mariamu, Jibala Mariamu, Sulaxata Penda, Mohamadu Jani, Maro Jani,
Kibili Jani, Idris Nana, Babu Nana, Juti Nana, Tijani Nana. Ils sont les enfants de Judi Madsuli.
Il est revenu à Xalil. Maro Ana Judi, Xalil qui a engendré Judi Sulaxata Xalil, Kasure Xalil,
Kumba Xalil, Maro Xalil, Jura Xalil, Kunda Xalil, Mohamed Xalil, Mohale Xalil, Aruna Xalil.
Ils sont les enfants de Fode Xalil [effacé] Madibake [à la place] Maro. A nous. Sa femme Sila
Mariam est de la famille Tanbadu. Moi. Usman Mariam n'a pas laissé d'enfants. Elle est à nous.
Jibila Mariamu. Il a engendré Mohamed Sira, Aruna Sira. Leur mère à eux deux est Sira Mama
Yusuf de la famille Kamara. Puis, Sulaxata Penda sa mère Fabida est de la famille Marega Juli.

1Le laid, l'avare en soninké.

99
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE IV : GENEALOGIES

[Nom effacé]. Elle est à nous. Sulaxata Penda a engendré Penda Maamu, Samaba Maamu,
Denba Maamu. Leur mère est Kumba Maamu Tandia. Elle n'a pas laissé d'enfants1. Sa mère est
de la famille Tandian. Moi. Jamadana2 a engendré Mohamed Hamadi, Samba Hamadi, Bani,
Judi Jeneba, Fatimata Hamadi, Shexuna Tijani, Amadu Nana Hamadi et Ñame Hamadi. Ils sont
les enfants de Maamu Judi de la famille Jara.

Cinquième feuillet

Puis, Yuba Tirera. Sa mère est Mariamu Sarire de la famille des Bathily. Il a engendré Amadi
Jani et Demba. Puis, Idrisa Nana, Kile Nana et Tijani Nana. Eux, ils n'ont pas laissé de fils. Rien.
Baba Nana a engendré Mohamed Babu, Kile Babu et Jani. Ils sont les enfants de Fatima Mariafe
de la famille Mare. Jani est à nous. Jani Mohamed Tirera s'est marié à Jani de la famille des
Diagana de Kaëdi. Les frères et soeurs. Babu Nana, Maro Jani qui a épousé un membre de la
famille Touré. Ba Shexna Hire. Fode Xalil Maro a engendré Sherif Xalilu qui a engendré
Sulaxata, Awa, Sira Kumba, Sirandu, Jahara Kumba, Tamarata Kumba, Seku Kumba, Kama
Kumba et Masi Kumba. Ils sont les enfants de Tukabe Juti de la famille des Marega de Soringo.
Puis, Binta, Sherif, Mancita, Sulaxata et Fode Sulaxata. A nous. Binta et Sulaxata. Leur mère
est Bahi Kande de la famille. Voilà les enfants de Fode Sulaxata. Les frères et soeurs de Sulaxata.
Kumba Xalilu sa femme étant de la famille des Marega de Golera.

1Cela signifie peut-être qu'elle a adopté par le biais d'une captive ceux qui portent son prénom.
2Lire Hamadi Jani.

100
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE IV : GENEALOGIES

Tableaux généalogiques d'après une méthode de Michael Housman (Chargé de recherche


au CNRS et membre du laboratoire d'ethnologie et de sociologie comparative de
l'université de Paris X-Nanterre).

Légende

femme
homme
= lien matrimonial
lien colatéral

lien de filiation

Les noms en italiques sont ceux rajoutés après déduction.

101
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE IV : GENEALOGIES

Généalogie des Tirera

G E N E R A T I O N S Prénoms suivis du Commentaires


1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 nom de famille en
majuscule
Dalante Tima Etait de Youri au
TIRERA Xañaga, puis est allé à
Boki-Diawe dans le
Ngenaar au Fuuta..
Almaami Bubu
= Mariamu Sarire
BATHILY
Fode Yusuf ou Yuba
TIRERA
Amadi Jani
Demba
= Nana
Idrisa Nana Sans postérité mâle
Kile Nana Sans postérité mâle
Tijani Nana Sans postérité mâle
Baba Nana
= Fatima Mariafe
MARE
Mohamed Babu
Kile Babu
Jani Mohamed
= Jani DIAGANA Vient de Kaëdi
Babu Nana
Maro Jani
= Ba Shexna Hire
TOURE
Manxule Juma
Yusuf Juma
Fode Salum
Aruna Aruna et Yusuf vivaient
à l'époque de Cheikh
Oumar Tall au village
de Masamalu Tuba.
Yusuf
= Tima
Jime Tima
Sulaxata Tima
Ma Sule Tima
Madi Baba

102
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE IV : GENEALOGIES

G E N E R A T I O N S Prénoms suivis du Commentaires


1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 nom de famille en
majuscule
Gundo Tima
Mancita Tima
Fode Mustafa
Fode Salum
Fode Madi Baba
Bakari Tima
Salum Tima
Geyi Tima
Manxule Tima
Yeli Tima
Soxona
Mariam
Juma Arusata
Awa DRAME
Yarafa Masimina
Kaba DOUKOURE
Bakari
DOUKOURE
Jaka
Almaami Manxule
Fode Al Masimina
Fode Maadi Baba
Fode Sulaxata
= Kumba Sirandu la
Maure
Yarafa Sirandu
Kumba
Asamia Kumba
= Maro Bija Vient de Nabaji.
MAREGA Ancêtre des Zahujati.
Mariée à la bataille de
Fasaba.
Aruna
= Danko Laji Vient de Nabaji
MAREGA
Maro Danko
Fakru Danko
= Fatumata
Babu Fatumata sans postérité
Samba Fatumata sans postérité
Baba Danko sans postérité
Jime Danko

103
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE IV : GENEALOGIES

G E N E R A T I O N S Prénoms suivis du Commentaires


1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 nom de famille en
majuscule
= Fatimata Bire Vient de Kaedi
MAREGA
Mariamu Jime
Xalilu Kumba
Fatumata
Maro Jime
Jahara Jime
Juxi Jime
Danko Jime
Nene Danko
= DIAWARA Vient de Golera
Bija Danko
= KOYITA
Kama Danko
= WAGUE Vient de Boki-Diawé
= Asa Kudeji FADE
Ayisa
Usman Asa
= Jonkunda Jitamahali
SIMERA
Ayisa Usman
Buri Ali
Fakuru Usman Asa Informateur né en
1930.
Sarakere Usman
Xalilu Usman
Mama Jukure
Usman
Mina Usman
Kama Usman
= Aminata Demba Informatrice. Née vers
FADE 1920.
Fati Bulihali
Aminata
Aruna Aminata
Hafsatu Aminata
dite Nani
Binta Aminata Morte étant enfant
Maro Aminata
Demba Aminata Informateur. Né vers
1950.
Mohamadu Aminata
Mariamu Aminata

104
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE IV : GENEALOGIES

G E N E R A T I O N S Prénoms suivis du Commentaires


1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 nom de famille en
majuscule
Kumba Asa
= FADE
Ali Asa FADE
= Mayimun DIARA
Binta Ali
Babu Ali
Ayisa
Ayisa Ali
= Mama Kabi Jirami
FADE
Musa Ali
= Ayisata DIAWARA Vient d'Hamadi Unare
Madi Sula Ali
Mama Ayisa Ali
Jagili Asa Sans postérité
Musa Asa
= Mayimuna Jara Voir la généalogie des
WAGUE Wagué
Asa Musa
Ramata Musa
Kile Musa
= Njonu Jeneba Vient de Tigere
SYLLA
Ayisata Njonu Sans descendance mâle
Xadija Njonu Sans descendance mâle
Baba Njonu Sans descendance mâle
Maadi Sule Maro
= Mariamu
Shila Mariamu
Usman Mariamu Sans postérité
Jibala Mariamu
= Sira Mama Yusuf
KAMARA
Mohamed Sira
Aruna Sira
= Fabida Marega Juli
Sulaxata Penda
= Kumba Mama N'a pas eu d'enfants.
TANDIAN
= Maamu Boya De Jaara au Mali
WAGUE
Penda Maamu

105
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE IV : GENEALOGIES

G E N E R A T I O N S Prénoms suivis du Commentaires


1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 nom de famille en
majuscule
Samaba Maamu
Demba Maamu
= Jani Madsuli
Mohamadu Jani
= Maamu Judi
DIARA
Mohamed Hamadi
Sambu Hamadi
Bani
Judi Jeneba
Fatimata Hamadi
Shexuna Tijani
Amadunana Hamadi
Yami Hamadi
Maro Jani
Kibili Jani
Idris Nana
Babu Nana
Juti Nana
Tijani Nana
Maro Ana Judi
Fode Madibake
Maro
= Sila Mariam
TANBADOU
Judi Sulaxata Xalilu
Kasure Xalilu
Kumba Xalilu
Maro Xalilu
Jura Xalilu
Kunda Xalilu
Mohamed Xalilu
Mohale Xalilu
Aruna Xalilu
Fode Xalilu Maro
Sherif Xalilu
= Kumba Juti Vient de Soringo
MAREGA
Sulaxata
Awa
Sira Kumba
Sirandu

106
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE IV : GENEALOGIES

G E N E R A T I O N S Prénoms suivis du Commentaires


1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 nom de famille en
majuscule
Jahara Kumba
Tamarata Kumba
Sheku Kumba
Kama Kumba
Masi Kumba
= Bahi Kande
Binta
Sherif
Mancita
Sirandu Sulaxata
Sirandu Kumba
Sanunku Hamadu
Toka Sirandu
= Bija Tirera Vient de Kaëdi
Manxule Bija
Yusuf Bija
Aruna Bija
Sulaxata Bija
= Asa SOKOUNA
Bakari Toka
Kuni Sayadana
= KEÏTA
Bali Urkiti
= Jime Tima TIRERA Que l'on retrouve en
ligne 10
Ayama Baba Toka
Malafa Toka
Juma Sirandu
Yusuf Juma
Basiru Juma
Kumba Juma
Yari Kumba
Hata
Banta Juma
Yaxane Banta
Kalirajuta Juma
Wahidu
= Binta SAGO
Yusuf Binta
= Ata BATHILY
Bakari Ata

107
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE IV : GENEALOGIES

G E N E R A T I O N S Prénoms suivis du Commentaires


1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 nom de famille en
majuscule
Fahaba Ata
Banta Ata
= Bahi de la famille
de Mohamadu
SOUKOUNA
Jufi Bahi Wakada
Sarayaka
Sheku Bahi
Musa Sirandu
Kumba Sirandu
Sulaxata
Yakuba Kumba
Salatu Kumba
Sarimati Kumba
Yusuf Kumba
= Jabu Ibran
SOUKOUNA
Yusuf Jabu
Sahaba Jabu
Ayisa Jabu
Binta Jabu
Waseletu Jabu
Jafar Jabu
= Ayisata TANDIAN
Tula Sirandu
Sindu Tula
Seyidna Tula
Amarama
Ayisa Mina Sulaxata
Shabaku Demba
= Fade Jaka
MAREGA
Fatimata Barane
Judi Demba
Fatimata Biri
Madiri Sans postérité
Baku Demba Sans postérité
Shemana Tuka
Kuni Sayadini

Sources : Manuscrit de S. Tirera.

108
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE IV : GENEALOGIES

Généalogie de Binta Wagué


GENERATIONS
1 2 3 4 5 6 7 8 Toxo Lieu de résidence et
(prénom) mentions particulières
Baba Royaume de Jaara
Amadu Mam
Baba
Ma Suraqe Gaabu, Sedo, Douganabé
puis Boki-Diawé
= Hawa
Ma Jeneba A reçu les terrains du Col.
Dodds
Xalilu "
Mam Ba "
Mariam
= Jare
Samba Jare "
Kanba Jare "
Mamadu "
Hawa
Buna Bintu "
Maadi
Maxan Sire "
= Suare
Jedi Suare Gaabu
Mamadu Suare Gaabu
Silla Maxan Gaabu
Suare
= Binta
DARAME
Maadi Binta Boki-Diawé
Seta
Hode Isa 1er debi-gume. Reconnu en
Banta appelé 1917 comme chef de village
aussi Banta de Boki -Diawéi.
Xanco ou Alfa
Isa.
Baba Sirandu "
ème
Amadu 2 debi-gume
Bambi
Sire Hamadi "
ème
Banta 3 debi-gume
Sirandu
Mahdi Henda 4ème debi-gume
Sirandu
Xadija "
Baba Xunba "

109
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE IV : GENEALOGIES

GENERATIONS
1 2 3 4 5 6 7 8 Toxo Lieu de résidence et
(prénom) mentions particulières
Hode Banta 5ème debi-gume
= Kama Danko Voir généalogie des Tirera
Tirera
Maadi Kama Cadi à Matamii.
Umar Kama 6ème debi-gume
? "
Binta Boki-Diawé. Informatrice. Se
dit née vers 1903.
ème
Amadu 7 debi-gume et assesseur
Bambi de tribunal à Diorbivol3
Banta Bintu 8ème debi-gume
Sirandu Banta "
= Jeneba
Jara Jeneba "
Baba Fusenu "
Mayimuna "
Jara
= Musa Asa Voir généalogie des Tirera
TIRERA
Sira Ñame Jara "
Ma Gunayi "
Jara
Mam Jeneba "
Bahalima "
Mama
Bakari Jeneba "
? "
Bakari Ñuma "
Hode Jeneba "
Baba Ñame Né en 1889, domicilié à
Boki-Diawé cultivateur de
profession4
Xalilu Jeneba Boki-Diawé

Légende

Les noms en gras sont ceux des xirise (doyens) devenus à partir de Hode Isa les Bokijawe
soninke debi-gume (chefs soninkés du village de Boki-Diawé). L'ordre de sucession se fait de
haut en bas.

Sources : entretiens avec Binta Wagué le 06.08.95 et Bathily Fadiga le 10.08.95 à Boki-Diawé.
BA, O., 1972, p. 995.
2Arch.Sénégal, 11 D 1 - 756, Recensement des villages du Nguénar pendant la tournée du commis des affaires indigènes Lienard
du 6 au 25 décembre 1917.
3Entretien avec Binta Wagué le 06.08.95.

110
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE IV : GENEALOGIES

4Figure dans la 13ème et dernière catégorie des électeurs sur une liste de 3280 inscrits toutes catégories. Arch. Sénégal, 11D1-
789, Elections. Listes électorales du cercle de Matam. 31.03.49.

Généalogie d'Aboubacry Kan


G E N E R A T I O N S Prénom Lieu de Commentaire
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 12 13 14 15 16 résiden
ce
Ayel Dimat
Bilaali
Aali

Hamme
Juuldo
Aali
Makam Ndiot Convertit les
et Njanor et
Boki- construit la
Diawé première
mosquée de
Boki-Diawé.
= Mariam
Deede
NJANOR
Muusa
Hamadi
Maka

Ibrahim
Umar
Hamme

Buubu Ndiot

Ceerno Boki- Contemporain


Samba Diawé de l'Almaami
Abdul Kader.
Premier
Elimaan Neega
de Boki-Diawé.
Umar 2ème Elimaan
Neega

111
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE IV : GENEALOGIES

Bayila 3ème Elimaan


Neega
ème
Amadu 9 et actuel
Elimaan Neega
Suleeman 4ème Elimaan
Neega nommé
par Amadi Alfa
Ba (chef du
canton du
Ngenaar de
1907 à 1935).
?

Bokar 6ème Elimaan


Abdul 7ème Elimaan
reconnu en
1949, né en
1897.
Dawuda

Amadu 9ème Elimaan

Ibrahim Marié à une


fille de
Suleeman.
Abubakri Informateur. Se
dit né en 1927.
Chef actuel de
Boki-Diawé
haal-pulaar.
Mamadu
Samba Ifra 5ème Elimaan.
Sous son
imamat, Boki-
Diawé est
divisé en deux
parties.
Baba 8ème Elimaan.
Dikko

Sources principales : entretien avec Aboubacry Kan le 13.08.95 et Kiburtz, O., 1994, p. 155.

112
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE IV : GENEALOGIES

Généalogie des Diawara


Génératio
ns
1 2 3 4 Toxo Mentions particulières
(prénom)
Moktar Ayisa
Bukari Ayisa
Madimo Jam
= Sira
Kisima
Jibe vit actuellement en France
Tijani
Shexne
Banji
Baba Gey
Demba
Kumba
Ablay
Baye
Balla
Banjugu
Umar
Amadu
Bokar
Umar
Soxona
Mama
Moodi Ayisa
= Fatumata
Madimo Jam
Badara
Alaxaadi Né au début du siècle
Kantara Informateur. Né au début du
siècle.
Sira Pole
Mpale Ayisa
Mamadu S'est joint aux troupes d'El Haj
Kae Umar
Koli
Mohamadu
Yehu
Demba Guerrier d'Abdul Bokar Kan.
?

113
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE IV : GENEALOGIES

Génératio
ns
1 2 3 4 Toxo Mentions particulières
(prénom)
?
Brahim Vit actuellement.
Sources : entretiens Kantara Diawara le 02.08.95 et Balla Woppa Konaté le 31.07.95.

114
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE IV : GENEALOGIES

Généalogie de Balla Woppa Konaté

1 2 3 4 5 6 7 Prénom et nom Mentions particulières


en majuscules
Silla Maxa Hare Vient du Mande puis s'est installé à Nabaji
Balla
Mukke Suro
Jou Tagati
Mamadi
Joxe Suro
Bubu Suro
Bilali
Jou
= Kama
Bobo Kama A Soringo puis à Bokilaji.
Siba Kama A Soringo.
Awa
= FOFANA
Bubu Awa Est allé à Fora et est devenu chef de
FOFANA village.
Jateru Est allé à Soringo.
Ganda
Fohuru Est allé à Nabaji Siwol avec son grand-
frère Mohamadu Jou.
Mohamadu Jou Est allé à Nabaji Siwol. A fondé un
quartier.
Balla
Woppa Soxona
= Afsa Ali SOW
Balla Woppa Ego. Informateur. Né en 1919.
Mamadu Balla
Abdulay Balla
Yaya Balla
Fatumata Balla
= FOFANA
Amadu
FOFANA
Alxaji FOFANA
Jeneba Balla
Bambi Balla
Kumba Balla
Kumba Leldo
Alasan Balla

115
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE IV : GENEALOGIES

Aminata Balla
Awa Balla
Aruna Balla
Amadu Afsa
An

Source : entretien avec Balla Woppa Konaté le 31.07.95

Généalogie des Diaw (clan des Jewune ou Jawune)


1 2 3 4 5 6 7 Toxo Mentions
particulières
Maa Ancêtre éponyme

Laji Vint à Boki-Diawé


Jawune avec Maadi Wage.
Bubu "
Maadi "
Warte
Baaro
Maxa
Bambo
Bahawa
Beli
Mohamadu Né en 1972.
Demba
Dugo
El Haj Né en 1970.
Alaqa
Dugo Informateur. Né en
1931.

Source : entretien avec Dougo Alakha Diaw le 11.08.95.

116
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE IV : GENEALOGIES

Généalogie de Ségui Fall

1 2 3 4 Prénom et nom (en Mention particulière


majuscules)
Mbare KULIBALI Né en 1838. Etait d'origine Bambara. Vendu par
ses frères à des Maures puis acheté par Xalilu
Maro TIRERA.
Kande
Mamadi
Aruna Né en 1888 à Boki-Diawé.
Segi Ego. Informateur. Né en 1926.
Samba Informateur. Né vers 1970.
Ami Interprète. Née en 1972.

Source : Entretien avec Ségui Fall le 25.07.95 à Boki-Diawé.

117
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE IV : GENEALOGIES

Généalogie d'Afsa Ali Sow


GENNERATIONS

1 2 3 4 5 Prénom et Nom (en Mentions particulières


majuscules)
Abdul Décédé à Boki-Diawé.
Sandru
Maladu
Abdul Sandru
Demba Sandru
= Kumba Ba Waali SOW
Ali Kumba
Afsa Ali SOW Décédée à Boki-Diawé.
= Woppa Soxona KONATE Informateur. Né en 1919.
Malalo Ali
Ayisata Ali
Mamadu Ali
Bokar Ali
Mariam Kumba S'est mariée à.
Alar Ba Ali
= Umar
Jaje Umar
Yero Umar
Penda Umar
Kumba Umar

Source : entretien avec Balla Woppa Konaté le 31.07.95.

118
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE IV : GENEALOGIES

Généalogie des Fadé


1 2 3 4 5
Mamu Ancêtre éponyme des Fade. A
vécu il y a 1071 ansiii.
Biine Branche des Fade-Sadiga. A
quittéGuccube vers 1846-1849
lors des attaques des Français
pour se réfugier à Bokijaweiv.
Musa
Asa
Kujeji
= Aruna Voir la généalogie des Tirera.
TIRERA
Fode A soigné des enfants fous chez
Ansuman les Njay de Bokijawe et lié avec
a des marabouts de Bokilaji, Fora,
Soringo, Njum ainsi que Fode
Ansumana JAGANA de Kahedi.
?
Samba
Mariamu
?
Demba
Asa
Aminata Informatrice. Née dans les
Demba années 1920.
Buna
Dulo
Ali
Alfa
Usman
Mikaelu
Usenu
Momodu
Alfa
Alfa
Momodu
Xalilu
Samba Né en 1914
Suleema Né en 1957
n
Ngañi Mariée à Jaara
Koyita
= KEBE
Jagili

119
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE IV : GENEALOGIES

Birahim
Jafara
Malamin
Xunba
Kebe
Fatumat
a Kebe

Voir l'entretien avec Aminata Demba Fadé le 09.08.95.


Hypothèse tirée de CHASTANET, M., 1976, p. 185.

Source : entretien avec Aminata Demba Fade le 09.08.95.

120
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE IV : GENEALOGIES

Généalogie des Ndianor

GENERATIONS
1 2 3 4 5 6 7 Prénom et Mentions
Nom de particulières
famille (en
majuscules)
Samba
FADO
= Ayise
NJANOOR
Waali
NJANOOR
Biige

Yaara
Namba

Nyaga
Alhamdu

Kayido
Gore

Seketi ou
Segedu
Sawa
Jaarde ou
Jaargi
Samba

Mamadu Informateur. Né
vers 1940.

121
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE IV : GENEALOGIES

Sources : à partir des entretiens avec Oulèye Bokar Ndianor le 16.08.95, Mamy Ndianor le 05.08.95 et du manuscrit
rédigé par Samba Ndianor, une ébauche de généalogie a pû être dressée. Cependant, comme ils me l’ont répété, seuls les
awlue sont capables d’en donner de plus complètes.

122
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE IV : GENEALOGIES

123
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

ENTRETIENS
dans l'ordre alphabétique

Khalilou BA, président de l’Association pour le Développement et la Mise en Valeur de Boki-


Diawé.
Entretien réalisé en français le 22 mai 1995 au foyer du Bourget où se trouve des
ressortissants du village.
Non enregistré.

Alain Fride : Pouvez-vous me présenter l’ADMVB ?


Khalilou Ba : Il existe des caisses de quartier en France indépendantes de la grande caisse de
l’ADMVB. Elles sont éparpillées sur le plan géographique. Pour l’ADMVB il existe un bureau
dans chaque lieu d’émigration. Les présidents sont Bakou Mangassouba, Samba Ndiaye,
Abdulaye Niamele et moi-même en France, où se trouve le bureau mère. Il y a environ 150
adhérents en France. L’Assemblée Générale a lieu tous les six mois. 120 au Congo, qui ont leur
AG tous les mois. 200 à Dakar et enfin les adhérents du village.
La grande caisse a permis de réaliser une maternité en 1984-85, le bureau de poste en 1983-84
et le forage en 1987. L’Union Générale des Travailleurs Sénégalais en France a favorisé la
construction du forage.
En 1993-94 l’ADMVB a construit cinq classes d’école, une plantation d’arbres dans la cour, un
robinet et a reçu un don de livres scolaires.
L’ADMVB est distincte de la SAED (société d’aménagement du fleuve Sénégal).
Les besoins principaux des villageois sont exprimés par des lettres-circulaires envoyées à tous
les bureaux de l’ADMVB. Tous les bureaux sont en contact permanent. Celui de Paris décide
du financement et de la réalisation. Les financements ne se font jamais par crédit mais toujours
par le biais du montant des cotisations. La maternité a ainsi coûté 500 Francs par personne. Pour
l’école les adhérents de France ont donné 20 000 F, ceux du Congo 7 500 F et ceux de Dakar
200 000 F. Les villageois ont participé en donnant une main-d’oeuvre gratuite.
Pour le forage, le gouvernement sénégalais s’est occupé de la construction avec des fonds de
l’ADMVB et de l’UGTSF.
La poste a coûté 450 F par personne.
La grande mosquée, construite de 1983 à 1985 a été obtenue par une majoration de la caisse et
ce sont les immigrés uniquement qui ont cotisé pour 350 F par personne.
Les toucouleurs sont établis en France à Pontoise et Orléans.
Il y a parité entre les deux communautés.
Il n’existe pas de recensement des ressortissants de Bokidiawé. Cependant il y a en France
hommes et femmes comprises 180 ressortissants qui sont inscrits à la grande caisse. Pour avoir
la carte de l’association il faut être ressortissant du village.
La grande caisse couvre tous les membres du village.
Les chefs de quartiers se plient aux décisions du président de l’ADMVB.
Tous les projets sont soumis aux doyens du village.
A. F. : Quand a été constituée l’ADMVB ?
K. B. : En 1968 l’Association des Jeunes Unis de Bokidiawé a été constituée. C’était les jeunes
des différents quartiers du village. Cette association n’existe plus depuis la création de
l’ADMVB. Dans les quartiers il reste les équipes de football. l’ADMVB quant a elle a été crée
en 1987. Les réalisations auparavant se sont faites au nom de la grande caisse et de l’UGTSF.
Chaque village était à l’UGTSF. Bokidiawé et Oréfondé ont eu leurs forages construits la même
année.

124
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

La cotisation à l’ADMVB et à la grande caisse (un compte en banque en fait) est mensuelle. La
cotisation à la grande caisse est majorée annuellement. Tout le village est concerné. Quand
l’ADMVB ne peut pas, la grande caisse couvre les frais de rapatriment des corps, d’avocats.
Hamadi Diawara est le doyen des immigrés du village et le responsable de la grande caisse. Il
habite en France. Au village le chef est le doyen.
A. F. : Quels sont vos projets ?
K. B. : Nous voulons assurer la continuité de l’aménagement de l’école. Le bureau de Dakar a
obtenu une valeur de deux millions de CFA pour des tables, chaises et la construction d’un
collège dont les travaux ont débuté en 1993. Il faut améliorer le fonctionnement de ces
établissements, moderniser le dispensaire et la maternité. Nous pensons créer avec l’appui du
Groupe de Recherche et de Développement Rural un champ de rizière avec une formation
d’emploi dans un but d’éviter l’émigration.
Nous voulons que Bokidiawé devienne le chef lieu d’arrondissement. Nous désirons développer
l’économie du village en implantant des commerces et favoriser des projets d’entreprise tels
qu’un décortiqueur de riz. De Madina à Bakel il n’y en a pas. Le seul décortiqueur est à Podor.
Il faudrait pouvoir aider l’association des femmes avec la teinture, c’est un artisanat réputé à
Bokidiawé.
A. F. : Pour finir à quoi correspond le titre de jonkuru que l’on donne a votre famille ?
K. B. : Jonkuru est le contraire de hoore. Cela concerne les Soninké. Ce sont tous les captifs
du département. Les captifs des Soninké. On les appelle chez les toucouleurs les N’dam bilali.
Les griots connaissent ces distinctions. Le nom Ba est Diakité chez les Soninké. Notre famille
est originaire du Wassoulou au Mali. Du côté de ma mère en Guinée, ils sont les petits fils de
Samory Touré.

Renseignements pris à BOKILADJI le 20.08.95 auprès de Messieurs KONATE, Nima


SYLLA, Lambourou SAKHONE et Sambala CISSOKHO.
Non enregistré.

Bokiladji est un village de taille moyenne du département de Matam dans la sous-préfecture de


Sémé. Il se situe à la l'extrême Est de l'ancien Fuuta, à la limite avec le Gajaaga dans la région
appelée par les Soninké Hayire. Il est composé majoritairement de Soninké. Son chef de village
[debi-gume] appartient à la famille Konaté dont l'ancêtre est passé par Boki-Diawé avant de
fonder Bokiladji. Il possède des liens de parenté avec les Konaté de Boki-Diawé. Les entretiens
se sont déroulés le matin chez M. Sylla directeur de l'école de Boki-Diawé mais résidant à
Bokiladji, puis l'après-midi sur la kora, estrade en bois où se réunissent les "anciens" du village.
L'informateur principal fut M. Lambourou Sakhoné, Kusan tage très réputé. Sa formation s'est
faite chez son grand frère à Hodié au Jafunu (Mali) puis à Yélimané (Cercle de Tambakara au
Mali). Il a effectué de nombreux voyages, développant ainsi son savoir, et a su s'adapter aux
nouvelles techniques en enregistrant sur bandes les "ôdes" destinées à ses "patrons" qu'il récite
accompagné de son gambare [luth à quatre cordes dont le bois est évidé]. C'est avec estime qu'il
perpétue son métier tout en cherchant une certaine véracité historique. Il sait tenir ses auditeurs
en haleine. D'ailleurs, il n'a pas hésité à me répondre.

Lambourou Sakhoné : Bobo Jany est le fondateur de Bokiladji. Il est né à Ounou Baba. Il s'est
rendu à Boki-Diawé. Il voulait retourner dans son village natal et s'est arrêté en route à Fadiar.
Ses esclaves, Sambou Yara Traoré et Banjourou Yara Traoré l'ont accompagné. Arrivé à Fadiar,
le chef de village, Gije Diawara, leur a souhaité la bienvenue. La question du choix du chef du
village de Fadiar selon la règle de succession par l'ancienneté vint se poser entre-eux. Issa Siga,

125
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

le petit frère de Bobo Jani, voulu se battre avec Gije Diawara parce qu'il avait revendiqué la part
du boeuf revenant aux Diawara.
Les esclaves de Bobo Jani choisirent quelques personnes : Geye Hawa Doucouré, marabout, et
Sylla Hara Traoré. Ils se réunirent au marigot Jabaan xaare [le marigot de la biche qui use de
sortilèges contre les chasseurs] près de Fadiar. Ils conclurent qu'il n'était pas souhaitable de se
battre et que Bobo devait chercher une femme à Ganda Waly Fadiara.
Issa, le frère, continua de faire monter la tension. Gueye Hawa Traoré vit l'emplacement de
Bokiladji, village fondé par un peul nommé Ladji, qui comportait un baobab [boki] et qui avait
été abandonné depuis [M. Sylla rajoute que la zone était infectée alors par le vers de Guinée].
En ce temps de Dabia à Kata Ndordi le chef était Abdul Bokar. Bobo Jany vint trouver Abdul
Bokar pour lui dire qu'il voulait fonder un village. Bobo était un ami d'Abdul. Bobo refusa
d'abord le don de terres d'Abdul Bokar, il acheta le territoire du village contre trois eclaves dont
un fournit par les Doucouré.
On peut situer cet événement sept ans après l'installation française à Saint-Louis.
Pour dater, on sait qu'après sa défaite contre les Français Albury Ndiaye est parti en exil et a
rejoind à Fadiar Abdul Bokar et Bobo Jany. En ce temps le village était déjà fondé.
Bobo a été confirmé par la colonisation. Le fils aîné de son frère Diara Hawa était dans l'armée
française.

Liste des chefs du village

Bobo Jany
Diara Hawa, cousin de Bobo (leurs pères sont frères) : 2ème famille Konaté du village.
Massaoudou
Mamadou Bobo
Daba Daly : 2ème famille Konaté
Bilaly
Ba Tougouné : 2ème famille Konaté
Taboulé (dit Bouboyé)
Hamady Saadi Konaté

Généalogie de Bobo Jany Konaté

Bobo Jany Isa Siga

Massaoudou Mamadou Bobo Mariam Bocar Siga Baba Siga

Bilali Diahari Fodié Bocar Abdul Amadi Saadi Kourse Baba

Kardigué Sanba

126
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

Entretien avec monsieur Hamady CISSOKHO, 65 ans. policier à la retraite.


Effectué le 17.08.95, non enregistré.

Hamady Cissokho : Je ne pourais pas vous renseigner sur l'histoire, j'en sais très peu. Mais les
Soninké sont venus à trois reprises. La troisième fois ils sont restés. Ils sont venus avant les
Toucouleurs.
Alain Fride : D'où viennent les Cissokho ?
Hamady Cissokho : Nous les Cissokho nous nous sommes d'abord installés sur la rive droite.
Mes grands mères paternelles et maternelles sont nés à Kaëdi. Elles ont trouvé d'autres Cissokho
ici mais pas de la même famille.
Un moodi, Baba Wagué, a trouvé une fillette et un garçon qui lui ont dit que Dieu leur avait dit
de transporter ses bagages. Les Cissokho n'ont pas été des komo, ni vendus, ni prisonniers. Notre
famille se divise en trois branche : Diba Kandia qui est resté ici. Douze ou treize générations se
sont succédés jusqu'ici ; Yaxare Kandia est allé à Kaëdi ; Kandiourou Kandia est allé au Gabon.
F. : Avez-vous des griots ?
C. : Les griots de la famille sont dispercés au Mali et à Soringo. ce sont des Jabaxate du nom
Traoré. Ils jouent du gambare.

Renseignement pris auprès de Yoro COULIBALY, 70 ans, le 22.08.95.


Notes.

La maison de Kibili Coulibaly est la maison des Komo des Wagué. Cissokho était le chef des
komo. Il n'a pas de descendants.

Monsieur Dougo Alakha DIAW, 64 ans, garanke. Entretien réalisé le 11.08.95.


Habite la maison de Douga Mamadou Diaw.
Traduction d'El Hadj Diaw, son neveu. Retranscription par Boubou Camara de l'A.P.S.
Enregistrement sur support audio de mauvaise qualité.

L'enregistrement ayant été défectueux, les notes prises pendant l'entretien sont entre crochets.
Les parties impossibles à retranscrire sont figurées par des points de suspension entre crochets.

[Alain Fride : D'où viennent les Diawune ?]

Dougo Alakha Diaw : [I giri Manga] I ri taaaxu Jaara. I giri Jaara. I ri taaxo Fatara. I giri
Fatara, i ri taaxo Wagadu. I ri Wagadu saasa, ferogo. Wagadu sanqi siino ñeri. Siino ñeri. Fullu
kun ku tee ti Senegal. Fullu baane ken yan ri taaxo Gidimaxa. Sun baane.
[Ils viennent de Manga.] Ils se sont installés à Jaara. Ils ont quitté Jaara. Il sont partis s'installer
à Fatara. Ils ont quitté Fatara, ils sont allés s'installer au Wagadu. Ils sont partis du Wagadu
maintenant, par une migration . La dispersion du Wagadu a duré sept ans. Sept ans. Les Peul
eux sont partis en avant au Sénégal. Un Peul est allé s'installer au Gidimaxa. Un seul.

El Hadj Diaw : Siino ku tunmi i da i kun ya no. Siino baane ke a ni daga.


Au bout de six ans ils l'ont fait. Au bout d'un an il est parti.

D. A. D. : Siino baane ke a ni daga. An wa tu ken fe ? O ko a ni siino ku tu me i a no. [...] O ga


ri taaxo yere tan. O kun ku giri taaaxo yere tan Bokolaji. O fina i na Bokilaji sigindi.

127
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

Au bout d'un an il est parti. Connais-tu cela ? Nous sommes là depuis des années. [...] Nous
sommes partis nous installer ici. Nous même sommes venus nous installer à Bokiladji. Nous
nous sommes arrêté en premier à Bokiladji.

E. H. D. : Bokolaji, a xirise ?
Bokiladji est plus ancien ?

D. A. D. : Bokolaji Yeli [walla Hilli]. Abdul Bokar ni jamaane. Eli Jamali, Tooro. Soninko beeni
ga jona rini debe ke. Jawunu wa debe ke. Wage kundanko wa debe ke. Kereketunko wa debe
ke. Mali wa debe ke. Mande.
Le Bokolaji de Yeli [ou le deuxième Bokolaji]. C'était le pays d'Abdul Bokar. Eli Jamali au
Tooro. Les Soninké étaient les premier à venir dans le village. Les Jawune étaient dans le village.
Les Wage étaient dans le village. Les gens de Kerekete étaient dans le village. Les Maliens
étaient dans le village. Les Mande.

E. H. D. : Koni debegumaru saasa ?


Qui a la chefferie du village aujourd'hui ?

D. A. D. : Wage ni ya ni.
Ce sont les Wage.

E. H. D. : Wage ku ga ri yere.
Les Wage qui sont venus ici.

D. A. D. : Baba kisima Wage a da Maadi Wage saara. Maadi kisima Wage da i siine baane ya
ña. Xa debe ke i ga ri taga, ken ni Colonel Dodds ya. Sere be ga ri taga, ken ni Colonel Dodds
ya, na "dispensaire " le yi. [...]A ri a tan. A ga ñi yere. A giri Kimbakan ya.
Le grand-père Baba Wage a enfanté Maadi Wage. Le grand-père Maadi Wage était la depuis un
an. La personne qui est venue construire le dispensaire ici c'était le Colonel Dodds. [...]Il est
venu. Il était ici. Il venait de l'Est.

E. H. D. : Xa xa giri ti minne ?
Mais il venait d'où ?

D. A. D. : O ku ba, o giri Kimbaka. [...] Bubu Wage. A ken giri Kimbaka. A giri Poto Xolo. A
Mali bane. Mali Kimbaka.
Nous même venons de l'Est. [...] Bubu Wage. Il vient de l'Est. Il vient de Poto Xolo, vers le
Mali. A l'Est du Mali.

[E. H. D. : Fadelanko, i giri minne ?]


[D'où viennent les Fade ?]

D. A. D. : I giri Guccube. I ga ri Mali. I ya ni ferogo kaananko. I xa ma dalla meene. O ku


garanko.
Ils viennent de Guccube. Ils étaient venu du Mali. Ils étaient à la tête de la migration. Ils n'ont
pas duré ici. Nous sommes des garanko.

[E. H. D. : An wa Yari Diwasi ken tu ?]


[Connais-tu Yari Diwasi ?]

128
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

D. A. D. : Yari Diwasi, ku ni Diwasi ya. Ke ta ra kun me ya tu !


Yari Diwasi il était un Diwasi. Tu ne sais donc pas cela !

E. H. D. : Yari Diwasi était dans la famille des Drame. De Jani, de Sédiba. Ken xa a fina yan ri
debe ke walla ?
Mais est-il venu en premier au village ou bien ?

D. A. D. : A fina yan ri fane ke noxon di.


Il est venu en premier au fleuve qu'il y a près d'ici.

A. F. : Fadiga ?
Un Fadiga ?

D. A. D. : An ga na Yari Diwasi, an ga na a faayi, an wa o ku su o noxo saasa. Bintu do Yari ya


ni saare-faabe. Bintu daga yexi Wage kunda. A ya na Wage kundanko saare. Yari ken tooxo
Fadiga.
Si tu vois Yari Diwasi, tu veras la parenté entre-eux. Bintu et Yari sont de même mère et de
même père. Bintu est partie se marier dans la famille des Wage. Elle a enfanté la famille des
Wage. Yari s'appelait Fadiga.

E. H. D. : Maadi Wage ?
Et Maadi Wage ?

D. A. D. : Maadi Wage a giri debe ke a di. A giri debe ke. A daga [...] Ken diima, Tubabun ma
ri fina. Colonel Dodds ke kuna, a sire. Maadi Wage ke a do Colonel Dodds ñi doome.
Maadi Wage vient du village. Il vient du village. Il est parti [...]. A cette époque, les Blancs
n'étaient pas venus en premier. Ainsi le Colonel Dodds était bon. Maadi Wage et le Colonel
Dodds étaient ensemble.

E. H. D. : A yan ri ti yere ?
L'a-t-il fait venir ?

D. A. D. : A yan ni ri ti debe ke di Colonel Dodds, Tubabu fana. A ga giri Xayi.


Il a fait venir le Colonel Dodds, le premier Blanc dans le village. Il venait de Kayes.

E. H. D. : A yan dda teenu kini ya ?


A-t-il donné des champs ?

D. A. D. : A da kini ya : Jarde do, Jarde les, Kolangal Boki, Ma fillo, Toke. I ga ri teeni beni kini
kun wa, i fun kame siine.
Il a donné : Jarde do, Jarde les, Kolangal Boki, Ma fillo, Toke. Il y a cent ans qu'il est venu
donner ces champs.

E. H. D. : Hari an te fana, an ga ña bagandi Colonel Dodds ?


Fallait-il demander au Colonel Dodds pour commencer a cultiver un champ ?

129
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

D. A. D. : Colonel Dodds te baane baane. Jarde do a do Jarde les a do Kolangal [...] Kolangal
be kine a, a gaben ya ni. Bate fana. Katta Colonel Dodds bucca kine soron wa, dunde ke Satigi
Njay ya fone. Colonel Dodds ga i rini Stigi ma ñi non wa. A bogu. A Anasara1 gajane no.
Le Colonel Dodds donnait les champs un par un. Jarde do, Jarde les et Kolangal [...]. Les champs
de kolangal qu'il a donné étaient nombreux. Le premier secret. Avant que le Colonel Dodds
puisse donner aux gens, c'était le remblais sur le fleuve qui appartenait à Satigi Njay. A l'arrivée
du Colonel Dodds le Satigi n'était plus là. Il était parti. Il s'était battu contre les Blancs.

E. H. D. : A wuru ya a ko gajane ?
Il s'est sauvé parce qu'il s'est battu contre lui ?

D. A. D. : A ma a gaja. A da i xibare ya mugu. A wuru. Soninke ke yinme an daga, ken diima


anasara i ma joffe i.
Il ne s'est pas battu. Il a appris la nouvelle. Il s'est enfuit. Les Blancs n'étaient pas arrivés à cette
époque, les Soninké eux même étaient partis.

E. H. D. : A ti gelli Abdul Bolar a do Satigi Njay i gaja ? Gelli Abdul Bokar a ga ni almaamaru
debe ke di ?
Il demande depuis quand Abdul Bokar et Satigi Njay se sont battus ? Depuis quand Abdul Bokar
avait l'Almamiat du village ?

D. A. D. : A ma fofo dabarini. A ya ni ke "kommande". Fofo ga o do Bokijawe naxa, a ga ni


"kommandene" jeerini ku. A ya ni taxandene. N nta tu lenki kun wa, a ga fo be.
Il n'a rien fait. Il a commandé. Tout ce qui nous était lié à Bokijawé, il commandait le Jeeri. Il
les a partagé. Je ne sais pas ce qu'il fait aujourd'hui.

E. H. D. : A ti i ña ga gemu wa debe minne ?


Il demande qui ont-ils rencontré dans le village ?

D. A. D. : A do fullanko yaxaru ku ya ni dabari. I daga Orefonde. I deben yogo i ga ri Bulayi


Njay rono.
Il l'a fait avec des femmes Peul. Il est parti à Oréfondé. Quand il est parti du village, Bulayi Njay
est rentré.

E. H. D. : A ñi soxono ya ?
Cultivait-il ?

D. A. D. : He !
Hé !2

E. H. D. : A ti gelli Njay i ga ri, i ñiiñe i tirindi Colonel Dodds ga ni yere ?


Il demande si depuis que Njay est parti, il a exigé ses champs au Colonel Dodds qui était ici ?

D. A. D. : I ñiiñe be ga koyi tanpille siine. I ran nta Kimbaka i maxa. I bara, i nta kini i ya.
Soron beni be ga fanqe ke waxati, i da ñiiñe kini ya.

1Emprunt à l'Hassaniya.
2Expression affirmative.

130
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

Ils ont gardé le champ vingt ans. Ils ne pouvaient pas les posséder alors qu'ils étaient à l'Est. Ils
ont refusé et ne l'ont pas donné. Les gens se sont querellé à cette époque, ils bénéficiaient du
champ.

E. H. D. : A ti i kittiye ge "tribunal". Ñe i sella kiye ?


Il demande s'ils ont eu un jugement au tribunal. Ont-ils gagné à cette époque ?

D. A. D. : I deberi Abdu Salam Kan kiye di.


Ils l'ont fait sous Abdul Salam Kan.

E. H. D. : Xo Abdul Njay ga ri ñiiñe kitta ?


Mais Abdul Njay a-t-il récupéré son champ ?

D. A. D. : I kun da i ñiiñe yogo kitta. A ri, a da yogo kitta. A yogo fankan ti i da a wutu. I tagande
i. I da yogo ña saasa. Colonel Dodds a ya ni ke saaxa taga.
Ils ont reçu une partie de leur champ. Il est venu, il a reçu une partie. Le gouvernement dit qu'il
lui avait donné, qu'ils avaient construit. Ils avaient une partie du marché. Le Colonel Dodds a
construit le marché.

E. H. D. : A ti ke i wa safandi serana. Ta baane, i da xaran Usmani xalibeeni wutu. I wa safandini


ka wutu bisimilahi, al fatiya, wa safandini serana.
Il dit que les apprentis écrivent. Premièrement, ils ont donné une plume au Maître Usmani. Les
apprentis écrivaient à la maison, ils ecrivent bisimilahi, la fatiya.

D. A. D. : A ga nta ni. I gan nta digame kono. Hari baane i nta kono. Yillen da kare i ga ti yanpa
fofo maxa. Yanpa.
Il n'était pas. Ils n'ont pas prononcé cette phrase. Dieu il ne la pas prononcé.

E. H. D. : A ti selle fo ga nta i maxa ?


Il demande s'il n'avait pas de remède?

D. A. D. : Hari baane nta i maxa. Salam alekum, alekum salam.


Dieu il ne l'avait pas. Salam alekum, alekum salam.

[Question concernant Farba Jowol]

D. A. D. : Farba Jowol xalle. Lellen wa an da ri, a taaxo ri yere ya. Ku Tubabu ni menja u ni
ya. Farba Jowol da tan naxate siine xaaxo sigi ña debe ke. Tan naxate do xaaxo sigi i kolangal
ya ni Mbaraji do. Maxan Malle ni i kaara.
La part de Farba Jowol. Il venait le soir et venait s'asseoir ici. Les Blancs sont ses amis. Farba
Jowol était dans le village quarante ans et huit hivernages. Son kolangal était Mbaraji do pendant
quarante huit hivernages. Ses terres sont près de Maxan Malle.

E. H. D. : Maxan Malle ?
Maxan Malle ?

D. A. D. : Iyo. I taaxura kun faaga daga dooke. Sere fana be ga bono i maxa a tooxo ya ni
Amara. I da deeni Dundu jeeri. Xasu filli sikki sere ma daga gunen di.
Oui. L'endroit où il s'est installé est là bas. Leur ancêtre qui est décédé s'appelait Amara. Il a
envoyé au jeeri de Dundu. Pendant deux à trois mois personne n'est allé cultivé.

131
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

La bande s'arrête là. La suite est la retranscription des notes prises sur le moment.

E. H. D. : Cela s'est il passé avant les denyankobés ?


D. A. D. : Avant les denyankobé. Avec les Koliabé ils viennent de Sinccu Garba.
E. H. D. : Daaru était-il le nom du village ?
D. A. D. : Daaru est un village soninké en Mauritanie.
E. H. D. : Qui est Elimaan Juberu ?
D. A. D. : Elimaan Juberu possède des terres de waalo.
E. H. D. : Qui est Eliman Neega de Njot.
D. A. D. : Elimaan Neega est né à Njot dans le Ferlo. Je n'ai aucun lien avec lui.
E. H. D. : Qui est l'Ardo Kawel ?
D. A. D. : Ardo kawel est resté plus de quarante ans à Bokidiawé. L'Almaami Abdul Kader lui
a donné son pouvoir. Ardo Kawel était un handicapé des pieds et des jambes. Il a des terres à
Bokoladji.
E. H. D. : Qui est Boummoy ?
D. A. D. : Boummoy Samba était d'Oréfondé.
Demba Paté Kamara est parti à [?]
E. H. D. : Y avait-il des Manna à Bokijawe ?
D. A. D. : Pour les Manna je ne peux pas répondre car je dois leur demander l'autorisation
avant de raconter leur histoire.

Monsieur Dougo Alakha DIAW., le 22.08.95 à Boki-Diawé.


Entretien non enregistré selon sa volonté. Interprète : El Hadj Diaw.

Alain Fride : Qui sont les Manna ?


Dougo Alakha Diaw : C'est la famille Njay.
A. F. : Quand sont-ils venus à Bokijawe ?
D. A. D. : Depuis leur arrivé cela fait 205 ans. Ils étaient avant soninke. Mamadu et Sanba Njay.
Après ils sont devenus haalpulaaren.
A. F. : Où ont-ils habité ?
D. A. D. : A Shexu Mohamadu à l'Est de Bokijawe.
A. F. : Etaient-ils les tunka du Fuuta ?
D. A. D. : Les tunka du Fuuta étaient à Ngidilone, Orefonde, Sinccane, Sinccu Garba.
A. F. : D'où venaient-ils ?
D. A. D. : Ils venaient du Jolof.
A. F. : Qui étaient les Farba ?
D. A. D. : Il y a eu des Farba vers Jowol, Walalde, Njum. Ce n'étaient pas les Manna. Ils
guerroyaient contre le Law, Abdul Bokar, Ifra Almaami. Et aussi à l'époque de Koli Tengela. Ils
se sont affrontés à Ngidilone. Koli a gagné.
A. F. : Etaient-ils en relation avec les rois de Jaara ?
D. A. D. : Les Manna étaient des guerriers. ils faisaient la guerre après la culture hivernale. Les
Manna sont tous de Bokijawe. Après ils sont allés à Fadiara, Hamadi Hunare et Bokilaji avant
les Konate.
Bokijawe était peuplé de Serer puis ils sont partis. Ensuite sont venus les peuls Fadube, les
Jalube, les Janor. Les Soninké sont ensuite venus. C'étaient les jula Wage, Fofana, Tirera,
Maasuba.
A. F. : Quand ont régné les Manna ?
D. A. D. : Les Manna ont succédés aux fergo peuls.

132
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

A. F. : Etaient-ils en relation avec les Empires Songhay ou du Mali ?


D. A. D. : Non. Ils ne se sont pas battus avec eux.
F. : Quels sont leurs faits héroïques ?
D. A. D. : Ils prenaient les richesses des autres. Ils étaient peuls puis sont devenus soninke. Il y
a des Njay qui sont soninke par le mariage. Ils ont quitté le Jolof guidés par un oiseau. Ils étaient
à Cero Workof et Dundeji au Jolof. Les Njay haalpulaar viennent des Manna. Les Njay soninke
aussi.
A. F. : Avaient-ils des liens avec les Jawara de Jaara ?
D. A. D. : Ils avaient peur des Jawara. Les Jawara les aidaient. Ils avaient des liens avec les
Ñaxate et Daman Gille. Ils donnaient de l'argent ou du mil à Daman Gille.

Monsieur Kantara DIAWARA, 94 ans, Entretien effectué le 02.08.95.


Doyen du village, a servi 13 ans dans l'armée française. Décédé au début de l’année 1996.
Entretien réalisé dans la concession de Bocar Diawara avec El Hadj Diaw qui a aussi fait
une première traduction. Retranscrit et traduit par Boubou Camara de l'Association pour
la Promotion de la langue et de la culture Soninké.
Enregistré sur support audio.

Monsieur Diawara nous a reçu un après-midi entre la prière de deux heures et celle de quatre
heures. Il nous raconta tout d'abord qu'il fut sergent dans l'armée française de 1944 jusqu'en
1955 puis qu'il se rendit à Dakar, Thiès, Louga, et enfin à bord du croiseur Galiéni sur le
Koulikoro, à Mopti, Gao et Bamako.

El Hadj Diaw : A ti i be ga ni Jawara kunda ke o faana debe ke ?


Il [Alain Fride] demande qui sont les premiers Jawara dans le village ?

Kantara Jawara : Jawara kunda. N kisima, Moktar Ayisa a do Bukari Ayisa a do Moodi Ayisa,
Mpale Ayisa, kisima naxati. I ya ni saqe haabe. Moodi Ayisa, ken ya ni n haaba.
La famille Jawara. Mes grands-pères, Moktar Ayisa, Bukari Ayisa, Moodi Ayisa et Mpale Ayisa,
quatre grands-pères. Ils étaient de même père et de même mère. Moodi Ayisa est mon père.

Alain Fride : I giri minna ?


Ils venaient d'où ?

K. D. : Jaara. Ferogon ya ni.


De Jaara. C'est une migration.

A. F. : Sagone i do Dabo ?
Des Sagone et des Dabo ?

K. D. : Ku ñi Dabo.
C'étaient des Dabo.

E. H. D. : Abdul Kader Daboranko koyi i riini waxaten ?


Les Daboranko sont-il venu au moment d'Abdul Kader ?

K. D. : Shexu Umaru Futiya. Shexu Umaru kure, n kisima ya ni doome.


Je ne connais pas ce moment qui est éloigné. Cheick Oumar du Fuuta. Mon grand-père était
avec les soldats de Cheick Oumar.

133
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

E. H. D. : An kisima toxo ?
Comment s'appelait votre grand-père ?

K. D. : Ken tooxo ni ... N xooron ya ni. A tooxoni Mamudu Kae.


Il s'appelait ... C'était mon arrière grand-père. Il s'appelait Mamudu Kae.

E. H. D. : A ga kure a yere ?
Il était soldat ici ?

K. D. : N ti ken waxati tu xa dalla. Shexu Umaru ga ri ya ni. A ga daga da i. Shexu Umaru


moodin ya ni. A gajaa. A daga Maasina. A Mopti kara. Ken xa kara dono. N kisima daga a do
Shexu Umaru. I su bonono. Shexu Umaru toore yanqa no ya. Amadu Amadu. Ken xa wolin wa.
Ken ya do Shexu Umaru gaaja. A ga kafiri yugo ya xatta, ken xa xusi daga mele yi. A xalife.
Shexu Umaru daga a sagata. Ke ni Maasinanken ya. A xa ni moodin ya. Ken ya do Shexu Umaru
kuren gaaja. Shexu Umaru daga ken ya di.
Je dis que je ne connais pas cette époque révolue. Cheick Oumar venait d'ici. Il est parti d'ici.
Cheick Oumar était un marabout. Il a fait la guerre. Il est parti au Maasina. Il est mort à Mopti.
Mon grand-père est parti avec Cheick Oumar. Ils sont tous morts. Cheick Oumar gouvernait ici.
Amadu Amadu. C'était un "saint". Il s'est battu avec Shexu Umaru. Il a chassé un infidèle, qui
s'est réfugié. Il s'est réfugié. Cheick Pumar est parti le rattrapper. Il [Amadu Amadu] était un
habitant du Maasina. C'était aussi un marabout. Il s'est battu avec les soldats de Cheick Oumar.
Cheick Oumar est parti pour cela.

E. H. D. : An xooro, Mamadu Kae, a da ko saara ? On wa yanqa katta wuro daga ?


Votre arrière grand-père, Mamadu Kae, qui a-t-il enfanté ? Nous sommes partis nous établir
dans le village ?

K. D. : A da Fatumata saara a do Yehu a do Koli Mohamadu. Fatumata Mohamadu ke, ken ya


ni ken haaba saara. N haaba a tooxoni Maadimo Jam. Maadimo Jam nke saara. A da in giida
Badara saara a do Alhadi a do Sira Pole. Ren yugo sikko a ni a do ren yaxare.
Il a enfanté Fatumata, Yehu et Koli Mohamadu. Fatumata Mohamadu a mis mon père au monde.
Mon père s'appelait Maadimo Jam. Maadimo Jam m'a enfanté. Il a enfanté mon frère aîné
Badara, Alhadi et Sira Pole. Trois garçons et une fille.

E. H. D. : An haaba yinmen yogon ko ?


Votre père, qui était-il ?

K. D. : Maadimo Jam.
Maadimo Jam.

E. H. D. : Moodi Ayisa an xooxon ya ni.


Moodi Ayisa était votre arrière grand-père.

K. D. : Moodi Ayisa ken ya ni n kisima. Moodi Ayisa yan da Maadimo Jam saara. Moodi Ayisa
ken ya ni Fatumata Mohamadu yeexi. Fatumata Mohamadu ken ya ni ken haaba saara.
Moodi Ayisa était mon grand-père. Moodi Ayisa a enfanté Maadimo Jam. Moodi Ayisa s'est
marié avec Fatumata Mohamadu. Fatumata Mohamadu a enfanté mon père.

E. H. D. : A ti gella sinne ga ya Moodi Ayisa saara Maadimo Jam ?

134
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

Il demande depuis combien d'années Moodi Ayisa a enfanté Maadimo Jam.

K. D. : Maadimo Jam a do Badara a do Alhadi do Sira Pole do yugo sikki jombo naxati.
Maadimo Jam, Badara, Alhadi et Sira Pole : trois garçons et quatre filles.

E. H. D. : An ti a ma a tirindi manne ?
Vous avez dis qu'est-ce qu'il ne vous a pas demandé.

K. D. : N haaba a da i be ni ga saaxe haabe.


Les frères et les soeurs de mon père.

E. H. D. : Moodi Ayisa. A haaba.


Moodi Ayusa. Son père.

K. D : Moodi Ayisa. N kisima ya ni moodi ya.


Moodi Ayisa. Mon grand-père était un marabout.

E. H. D. : A giri ke be ko an da faamu ?
La question qu'il a posé l'a-t-il compris ?

K. D. : A ga giri ferogo. Wage kundanko a do Jawara kundanko i yan ri doome.


Il était venu par migration. Les Wage et les Jawara sont venus ensembles.

E. H. D. : Wage, i giri Jaara ?


Les Wage, venaient-ils de Jaara ?

K. D. : Iyo bo.
Oui.

E. H. D. : Jawara, i giri Jaara ?


Les Jawara, viennent-ils de Jaara ?

K. D. : I su a ni doome. Fullu ku kuna i finna ri, Soninkon da i battu. I su ri ferogon ya. Fofo ga
ri yere a su giri Kimbakan ya.
Ils étaient tous ensemble. Les Peul sont venus en premier, les Soninké les ont suivis. Ils sont
tous venus par migration. Tout ce qui est venu ici vient de l'Est.

E. H. D. : Xo menjaaru be ga i naxa Jawara noku do Wage noku ?


Quelle était l'amitié entre les Jawara et les Wage ?

K. D. : I menjaun ya ni me. I yan ri doome. O xaaran moxo ya ni Baba Wage. A ri yere. Baba
yinme me ri a soron yan ri. Xo soro be ni bogu Baba Wage ya. Baba Wage ken texene taaxo
Jaara.
Ils étaient leurs amis. Ils sont venus ensemble. Baba Wage était notre professeur. Il est venu ici.
Ce n'est pas Baba Wage qui est venu ici mais ses descendants. Baba lui-même n'est pas venu
s'installer à Jaara.

E. H. D. : Wage kundanko ga ri yere i do Jawara kundankoku an ga ri ko, i tooxoni ?


Les Wage et les Jawara qui sont venus ici comment s'appelaient-ils ?

135
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

K. D. : N nta kun tooxon tu. Wage kundan Banta Wage. Wage kundanko i su ga ri tere, i su bogu
Baba Wage ya. A renmu do a kisimaru do a xooxonu. Banta kun su saare yere ya.
Je ne connais pas leurs noms. Banta Wage a donné la famille Wage. Tous les Wage qui sont
venus ici sont issus de Baba Wage. Ses enfants, ses petits-enfants et ses arrière petits-enfants.
Banta et ses enfants sont nés ici.

E. H. D. : Jawara kundanko do Wage kundanko, i ga ri, ko finna ni yere ?


Quand les Jawara et les Wage sont venus ici, qui étaient les premiers à venir ici ?

K. D. : I da ceddon ya ni yere.
C'étaient les ceddo ici.

E. H. D. : Njanor ?
Les Njanor ?

K. D. : Jaamanabe. I da kun ya yere. I xa ga taaxo kafini ya.


Ils ont trouvé les Jaamanabe et ils se sont installés parmis eux.

E. H. D. : A ti kan moxo i ga da Bokijawe wutu. I ga giri Jaara i daga ri yere ? I ga ri yanqa


yere. I da tu men du ti yere ni yere Bokijawe ya ?
Il demande comment ont-ils choisi Bokijawe. Quand ils se sont installés, comment ont-ils su
que c'était ici Bokijawe ?

K. D. : I ri yere a tan. I ra wa gilli, i na tirindi. I na ri noku tana, i na sinne ya nu. I na girindi,


i na ni noku, i na dai xadi. Jawara xa geri o joa yanqana Dantaji ya. O ga giri Dantaji. I
daga Nabaji do Sadel. I ga giri Sadel i ri taaxo Bokijawe.
Ils sont seulement venus ici. Ils pouvaient se lever et demander. Ils allaient dans un autre endroit
et ils y restaient des années. Ils s'installaient dans un endroit, ils passaient encore. Les Jawara se
sont installés un bon moment à Dantaji. Nous avons quitté Dantaji. Nous sommes allés à Nabaji
et Sadel. Quand nous avons quitté Sadel, nous nous sommes installés définitivement à Bokijawe.

E. H. D. : A ti Jaaran soro be ni ga ri non wa, i na ni Jawaranko feti ?


Est-ce qu'il y avait à Jaara des gens qui n'étaient pas des Jawara ?

K. D. : Gelli i ga bogu Jaara, Jawara kundanko ya ni. Wage ku, Sillan kundanko ya ni. A su tan
soninkan xabila ke su.
Ceux qui sont sortis de Jaara : les Jawara, les Wage et les Silla. Ils appartenaient tous au peuple
soninké.

[Le muezzin appelle à cet instant à la prière. Monsieur Kantara Diawara nous quitte un moment
afin de prier. L'entretient reprend avec cette question : ]

E. H. D. : Jawara kundanko do Wage kundanko Soninko i da ri yere ba ? "Ou" Fullu ?


Quand les Jawara et les Wage sont venus ici, y avait-il des Soninkés ou des Peuls ?

K. D. : I da hullu yan ri yere.


Ils ont vu des Peul ici.

E. H. D. : Hulle yere in na janmu ga ni Jawara ?


Y avait-il des Peul de patronyme Jawara ?

136
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

K. D. : Jawara no ku, i su Soninkon ya. Janmu be ni ga ri yere, Kamara a do Jawara. Jawaranke


ni Jawara ni a ta. Janmu filli ya ni Kamara Jawara. Janmu faana Kamara ya ni. Jawara ke i
yogu sire siraqu ya ni ken kiini ya. O ku bogu Daman Gille a.
Tous les Jawara sont des Soninkés. Les patronymes qui sont venus ici sont Kamara et Jawara. Il
n'y avait que deux patronymes, Kamara et Jawara. Notre premier patronyme est Kamara. On a
donné le patronyme Jawara à un homme qui était le meilleur des meilleurs. Nous descendons
tous de Daman Gille.

E. H. D. : A ti xo an da ra wa nta wutu Daman Gille ko ku gilli gilli nan katta yinme ma wurodo
Amadu Kae ?
Il demande quels sont les premiers hommes depuis Daman Gille jusqu'à Amadu Kae ?

K. D. : N ra nta xa ken da saasa.


Je ne peux pas le dire maintenant.

E. H. D. : Xo an da tu kan moxo xa bogu Daman Gille ?


Oui, mais comment pouvez-vous savoir que vous descendez de Daman Gille ?

K. D. : Jarun ya ni konin da. O do i jaru i be ga ri doome no. I xa susu kara. Lemunu yan
tooxono saasa. I su su kara.
Les griots en ont parlé. Nous sommes venus avec nos griots. Ils sont tous morts. Leurs enfants
sont là. Ils sont tous morts.

E. H. D. : Lemunu nta faay baane tu ?


Leurs enfants ne connaissent plus rien ?

K. D. : Suraya i tuwaana ken na gune ya saasa. O jare a ga Faransi ya daga.


Suraya le seul qui connait est à l'extérieur maintenant. Notre griot est parti en France.

E. H. D. : A ti fu be ga Jawune kundanko a do Jawara kundanko ko naxa.


Il demande quels sont les liens entre les Jawune1 et les Jawara.

K. D. : Jawune o garanko. Garanku ku do jaru i ri do Daman Gille. A batte a do Xarama


garanke. Garanko bogu Xarama a da i. Xarama garanke ya ni a do Daman a ga gollini Daman
da. Daman ke xañaana ya ni. A sigeni tan jikke subure ya ni. Adama renme ya ni. A duro feti. A
gune ña. A ga xañeene. A na tuuren kariini a do xiyu. Daman a ga xañeene, a ri deben a.
Xarama xa bogu debe ke. A ga daga jebe segere gune. A rusa Daman Gille yi no a konu a yi. A
xusi wuru. Daman Gille wuru da a batte. A xusi a raga. A ti a daa a ri manne muuru. A ti jebe
segere ya. A ti an ni adama renme ya. A ti iyo. Daman sigi ku na a da i jebe ke yonko. Daman
Gille da i sakkun faaga. A da tia. A ti ron daga xa debe. A ga i yanqa, kadunko, ku da a wori,
i kanu. I ti : "Ke ni Adama renme ya ba ?". Garanke ke a ga daga jeben wutu. A ga gollo ku do
na busindi, Jawara ke giri xadi. A da gondomen raga i. A da goro. A ti : "Ke yinman du kiina
a. N ken ni seren sire na fon sun ti ya. an ke ni garanke ya. I yan ri an segeta an debe, ken ya
ni ga an deemana." Garanke ken da giri an da ñi mesindini. Daman na giri a na deema. A da i
saaxe tirindi. A taaxo. I ga kundu. I ga kundu.

1Patronyme d'El Hadj Diaw.

137
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

Ken falle, fankama wa deben ri kun wa. Siraqu ri. I da naani daga. Maxanbaano daga da batte,
i konte i. Xarama kunwa an wutu ñaxamala ya ni. A xusi giri, a daga fankama wori. A ti : "An
mukke i n kan di. A da sere wutu. A da xayi mukke ke. Ti an daa. An na ri." Sere ke ga daga, a
ti : "Xa mukken xa ?" I ti : "A faayi taaxunu." A ti : "He ken seren ya ?" A ti : "Fankama tana
ri." Garanke ke da a moxon Jawara ke da. A ti : "Fankama ti an na ri." Jawara ke rusa a raga.
A da filin filin. A wara yanqana na a kari. A ti "Fankama ni manne ?" Garanke giri a daga
fankama wori. A ti : "Ha ha ! A ga na sere be xayi mukke. Daman Gille a da kari." Fankama ti
: "A ti manne ? A da kari." Fankama a da sere tana xayi xadi. A da a xa kari. Ken diima Jawando
wano. A ti : "Sere tana xayini." A ti : "Maxa sere xayini, an yinmen daga. Ke su sere, a yinmen
daga kon a da." A xusi giri kun wa. A ri. A da ñi taaxonu. A ti Xarama daa ni : "Ri da mukke
ke a. Debe ke naani, Siraqu da i daga. I wa mulla a ni deema." Daman ti : "He !". A ti : "An ke
ni fankama ya." A ti : "Iyo bo, n ke a ni fankama." A ti : "Baasi nta i. Yillenkere, ken da i ñi i da
naani wutu bitto sikki, i da i daga." Jawara ke giri. A da i sagata. Ken diima, Siraqu ku a telle
kame a do fo. I ri xaare xooren wa. I da gunbun filli kari. I dibi. Daman xusa ri ya. A ti : "Daa
i ni ku tiiye." I da falle taani filli kiine yi. A da i kanbu a sigente. Sumalen faka ji. A da i yanqa
da i na minni. Siraqu ku wa me faayini. A ti : "I ga ri fi be naanu ku xa ga ri wutu noxu be, xa
ni sagandi noku saasa." Siraqu ku xa ti : "Comment sere baane ga i rawa o gajaaa." Siraqu
ku giri, i ti i wa xene i. I ga na marafa taaxe i. Marafa ke na ya meenen wa. In da jaasin wutu ti
wa sopini, jaasi ke ña na gare ma. A duro fe. An na ri a na soro filli raga. A ni taani raga. A ni
fila me. A ni wara yitten wa. Xo an wa fete katta moxon be. A toxo kun du ña dabarini. Siraqun
xu suri i kanu ke i ta. A da soron tanmi raga i di. A ti i na naanu noku xatta. I do naanu ku daga.
I da Siraqu kuttu taaxono. A da i ña taxende su kari. Ken falle, i ga ri, i da naanu ku riiti. A
daga fankama, a ti : "Naanu i faayi." Jawara ke tooxono, ken falle a ti Xarama daa i wa mulla
i ga yillene ke i ta. A ti : "An na ko fankama ke dda, naanu ku taxandu sikki. Taxande baane an
ya fo ni, taxandu ku filli i na sembe ti ya." Garanke ke a daga ko fankama ke da. Fankama ke ti
baasi nte i. Ke ga ri fofo su ko, in ti balla. Jawara a ti : "Bo. Ke ga telle." Xarama ti : "He, an
faay telle. An ga ri fofo ko i na gurujaana ya." A ti : "Iyo, in da guruja, an na ri sagata. A na ra
ko ni da." Iyo, a ga ri ko moxo be saasa. A ma dai bitto tanmi. Fankama da garanke ke naani
boose. Garanke ke daga Jawara ke sagata. Ma ga riine i. A ti a dai i da i naani boosi ya.
Jawara ti : "An ti manne wutu ? An da naani wutu." I giri, i daga. I ga ri yanqa, Jawara ke ti
garanke ke da : "Daga an na ti fankama ke da, Jawara an ti : "an ri saasa."" A ga ri. A da juwa
ti tan wa. A da filo filo. A ti a wa karini. Garanke ke ti a daa : "Maxa kari, duro xoto, a wara
i da." A ti : "I ga da fi be ko jaxa an da gujaana." A ti : "Saasa ke n nta xa an gujaana." A ti :
"Tafaana ke, i ti taxane sikki ya, taxandu filli a ya fo ni. Xa saasa taxandu filli ya ni. Taxandu
baane ke fa ya foone. Taxandu baane ke garanke ya foone." Xarama ken ya ni garanko ku su
bogu ken ya. Daman a ti : "I kama ya ni." A ti : "Ayi, ke ran nta na an kama." "Ayi, yinme a du
kiinan wa." Xarama ke ta fofo ga ni garanke ke ta. I ñaxa xalisi o ya ni fofo a su. Tan misen da
kara, o ya na xexene. I ñaxa xalisi ben da bogu o ya fo ni.
Les Jawune sont nos cordonniers. Les cordonniers et les griots sont venus avec Daman Gille. Il
est parti avec Xarama le cordonnier. Les cordonniers descendent de Xarama.. Xarama le
cordonnier travaillait pour Daman. Daman était un chasseur. Il mesurait trente coudées1. C'était
un fils d'Adam. Il avait des pouvoirs. Il était en brousse. Il chassait. Il tuait l'éléphant et le buffle.
Daman alla chasser et entra dans un village. Xarama sorti du village. Il allait en brousse chercher
des gonakiers2. Il rencontra Daman Gille ? Il prit alors la fuite en courant. Daman Gille le
poursuivit. Il demanda ce qu'il venait chercher ici. Il dit qu'il cherchait le gonakier. Il lui dit qu'il
était un fils d'Adam. Il répondu par l'affirmative. Daman secoua le gonakier. Daman Gille rempli

1Plus de deux mètres.


2Les peaux sont tanées dans un bain composé de fruits du gonakier. Ils servent aussi à fixer la teinture.

138
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

son sac. Il l'a porté. Il proposa de l'accompagner à son village. Quand il arriva, les gens de la
maison le virent et prirent peur. Ils s'écrièrent : "Est-ce un enfant d'Adam ?" Le cordonnier alla
prendre les gonakiers. Quand il pilla les fruits et arracha les poils des peaux, le Jawara se leva
encore. Il prit le pillon. Il pilla. Il dit : "Donne le moi. Je suis une personne sérieuse qui ne fait
pas de mal. Tu es un cordonnier. Je suis venu vers ton village pour t'aider." Le cordonnier se
leva pour travailler les peaux. Daman se leva pour l'aider. Il demanda l'accord de sa mère. Il
s'assit. Il fit la même chose sans cesse.
Peu après, le souverain vint au village. Les Maures virent et emportèrent des bovidés. Les jeunes
hommes furent recrutés. Ils les suivirent, mais ne purent les rattrapper. Xarama qui était un
artisant appris la chose. Il se leva et alla voir le souverain. Il dit : "J'ai un étranger dans ma
maison. Il peut rattrapper les voleurs. " Le souverain délégua un homme pour aller voir l'étranger
et lui dire de venir. Quand l'homme arriva il demanda où était l'étranger. On lui dit qu'il était là
assis. Il s'exclama et demanda si c'était vraiment un homme. Il lui dit que le souverain voulait le
voir. Le cordonnier transmis le message au Jawara. Il dit que le souverain voulait qu'il vienne.
Jawara prit l'homme et le fit tournoyer jusqu'à le tuer. Il demanda qui était le souverain. Le
cordonnier se leva et alla voir le souverain. Il dit : "Ha ha, l'homme que tu as fais venir pour
chercher l'étranger a été tué par Daman Gille." Le souverain dit : "Qu'as-tu dit ? Il l'a tué ?" Le
souverain envoya encore une autre personne. Elle fut aussi tuée. A cet instant le Jawando 1 était
présent. Le souverain dit qu'il fallait envoyer un autre homme. Le Jawando lui conseilla ceci :"
N'envoie pas quelqu'un mais vas-y de son propre chef. De tous les gens, tu es celui qui pourra
lui parler." Il se leva donc. Il y alla. Il s'assit. Il dit à Xarama : "Vient avec ton étranger. Les
bovidés du village sont partis avec les Maures. Je veux que tu m'aides." Daman répondit : "Hé
! Tu es le souverain." Il lui affirma qu'il était bien le souverain. Daman dit : "Il n'y a pas
d'inconvénient. Demain cela fera trois jours qu'ils sont partis prendre les bovidés."
Le Jawara se leva pour aller les retrouver. A ce moment, les Maures étaient plus de cents. Ils
venaient d'arriver au bord d'une mare. Ils avaient tués deux boeufs et les faisaient cuire. Daman
arriva à ce moment. Il leur demanda de lui donner un morceau. Ils lui donnèrent les deux pattes
arrières. Il les croqua debout. Il but entièrement une gourde remplie d'eau. Les Maures se
regardèrent. Il leur dit qu'il venait dans un but précis ; récupérer les bovidés et qu'il fallait qu'ils
les ramènent de suite. Les Maures dirent : "Comment est-ce possible qu'un seul homme veuille
nous attaquer ?" Les Maures se levèrent pour le combattre. Quand ils prirent leurs fusils, ils se
transformèrent en tiges de mil. Quand ils prirent leurs sabres pour le trancher, les sabres se
transformèrent en fils de coton. Daman Gille était un génie. Il prit deux hommes par les pieds et
les fit tournoyer. Il les frappa contre un arbre. Comme si tu prends une peau et que tu tappes
dessus. Il continua à le faire. Les Maures prirent peur. Il prit alors dix hommes pour qu'ils
ramènent les bovidés dans leur lieu. Ils partirent avec les bovidés. Il transperça les Maures qui
restaient. Il les mit en morceaux. Puis après, ils revinrent en emmenant les bovidés. Il parti chez
le souverain et lui dit : "Regarde, voilà les bovidés." Le Jawara s'installa et dit peu après à
Xarama qu'il voulait retourner de là d'où il venait. Il dit à Xarama : "Va dire au souverain de
partager les bovidés en trois parties. Une partie pour toi et deux autres pour les puissants. Le
cordonnier parti pour le dire au souverain. Le souverain dit qu'il n'y avait pas d'inconvénient et
qu'il était d'accord avec tout ce qu'il disait. Le Jawara dit : "Bon, je vais partir." Xarama dit :
"Hé, tu ne vas qu'en même pas t'en aller. Le souverain va revenir sur tout ce que t'a promit." Il
répondit : "Oui, s'il ne tient pas ses promesses, tu viendras me chercher pour que l'on puisse en
parler." Il le quitta à ce moment. Moins de dix jours s'écoulèrent que le souverain récupéra les
bovidés du cordonnier. Le cordonnier partit jusqu'à retrouver le Jawara. Il lui dit qu'il voulait
récupérer les bovidés. Le Jawara lui dit :"Qu'as-tu dis qu'il a prit ? Il a prit les bovidés." Il se
leva et partit. Quand il vint au village, le Jawara dit au cordonnier : "Pars chez le souverain et

1Groupe statutaire chez les haalpulaaren qui désigne les conseillers politiques des dirigeants.

139
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

dit lui que le Jawara lui demande de venir de suite." Quand le souverain vint, il l'attrappa par les
pieds et le fit tournoyer. Il dit qu'il allait le tuer. Mais le cordonnier lui dit : "Ne le tue pas, s'il te
plait, laisse-le moi." Il dit que quand il fera donc la chose, il allait sur le tapis1. Il dit : "Désormais,
je ne le laisserai pas le dédire de ses paroles." Il dit : "Attache-le et au lieu de partager en trois,
une pour nous, une pour lui et une pour le village, partageons en deux, une pour le village et une
pour toi." Tous les cordonniers sont les descendants de Xarama. Daman lui dit qu'il était son
maître. Xarama lui répondit qu'il ne pouvait pas être son maître. Daman lui dit que non puisqu'il
s'était offert à lui. Désormais tout ce que possède Xarama appartient au cordonnier. A leurs
cérémonies de mariage nous y participons pécunièrement. S'ils égorgent une bête, nous la
dépeçons. A leurs cérémonies de mariage nous donnons de l'argent.

E. H. D. : Ken ñiiñe Jawara kundanko maxa ?


Quels sont les terres que les Jawara possèdent ?

K. D. : Ñiiñe ? Teenu. Teenu o ga ri o ga ku be ni yere, ku ña ni teeni kiini ya. Sere su da ri, i na


te kuttu i na kiina. Ceddo. O xan da soxo, on wa jakkan ni kiini. Wage kundanko ku kun wa
tubabu ya na ken kiini ya. Kolangal ke, aame ga wurunu ke be kama. Ken kaara su. Ya foni.
Colonel Dodds.
Les terres ? Les champs plutôt. Quand nous sommes venus et que nous étions ici, on nous a
donné des champs. Touute personne qui vient, on lui donne un champ. Les ceddo. Nous
cultivons leurs champs et nous leur donnons en retour la jakka. La part des Wage vient des
blancs. C'est un kolangal, la crûe ruisselle dessus puis disparaît. C'est de l'autre côté. Colonel
Dodds.

E. H. D. : Kolangal ke toxo ? Baraji walla ?


Comment s'appelle le kolangal, Baraji ou bien ?

K. D. : Waalo ke an a.
C'est au waalo.

E. H. D. : Colonel Dodds i ga ñiiñe ke kiini ya, ko fo ni ñiiñe ke ?


A qui le colonel Dodds a t-il donné les champs ?

E. H. D. : Ken wa ya fo ni. Ku ni tubabun ya. Yogo te boosan a. I wa kiini kati ya. Alla nta fo
bakke.
Les blancs possèdent tout. Si un homme avait un champ, ils la prenaient par force et il ne pouvait
rien dire.

E. H. D. : An wa sinmene xo i ga ti ke ñiiñe kati a fone. Tubabu na boose ?


Pouvez-vous vous souvenir à qui les blancs ont arraché les terres ?

K. D. : In ti ken tooxoni ken tu.


J'ai dis que je ne connaissais pas les noms.

E. H. D. : A ti Njay kundanko ya fono ñiiñe ku yugoni.


Il dit que certaines parties de ces champs appartenaient aux Njay.

K. D. : Iyo bo. Njay kundanko a do Njanor. Ceddo noku ya foni. I faana taaxo ri yere.
1Expression qui signifie prendre le pouvoir.

140
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

Oui, bien sûr. Les Njay et les Njanor. Ce sont des ceddo. Ils sont venu en premier s'installer ici.

E. H. D. : Alfa Isa ?
Alfa Isa.

K. D. : Alfa Isa i da kiini ken ya. Colonel Dodds ya ni kiine i. Kolangal ke be i ga tiini Jarde.
Le colonel Dodds a donné ces champs à Alfa Isa. Le kolangal est un jardin pour le maraîchage.

E. H. D. : Almaami Abdul Kader ken da i ñiiñe kiine ya Wage kundanko walla Jawara kundanko
ken faxati.
L'Almaami Abdul Kader en son temps a-t-il donné des champs aux Wage ou aux Jawara ?

K. D. : Jawara kundanko i ma ñiiñe kiini kun wa. O ku soxo na ta. Ceddo ku ya ni ñiiñe kiine.
O ku ta, o ga soxono. Ken diima Hode Isa a ya fon debe ke a debegume a ya ni debe ke
komandeni. Hode Isa a ya ni debe ke xirisen a. A ya ni i "chefu" a.
Il n'a pas donné de champs aux Jawara. Nous cultivons seulement. Les ceddo donnent les
champs. Nous mêmes, nous cultivions. En ce moment Hode Isa était le chef de village, il le
commandait. Hode Isa était le doyen du village. Il était le chef.

E. H. D. : Hode Isa Wage a ya ni debe gume. A ya ni Soninko debegume.


Hode Isa Wage était le chef de village. Il était le chef des Soninkés du village.

K. D. : Alfa Isa, Hode Isa i sun baane.


Alfa Isa et Hode Isa sont la même personne.

E. H. D. : Fullu ku ra debegume ko ni ?
Qui est le chef de village des Peuls ?

K. D. : I debegume, debegume baane nta i ya. I da kara ta fo na "changé".


Il n'y a pas un seul chef de village. Quand il meurt on le change.

E. H. D. : "Est-ce que" an wa sinmene di debegume faana a ?


Est-ce que vous pouvez vous rappeller qui était le premier chef de village ?

K. D. : Sere be geeni i debegume faana faana faana, Almaami Samba Ifra, toorodo. A ya ni
debegume faana. A ga kara, a renme ya ni yan da wutu. A renme gelli Baba Diko.
Le tout premier chef de village était Samba Ifra, un toorodo. Il était le premier chef de village.
Quand il est décédé, son fils l'a remplacé. Son dernier fils est Baba Diko.

A. F. : Yettode ?1
Son patronyme ?

K. D. : Kan.
Kan.

A. F. : Neeganabe ?
Des Neeganabe ?

1En pulaar.

141
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

K. D. : Iyo.
Oui.

E. H. D. : Baba Diko a ni imam.


Baba Diko est imam.

K. D. : Xa an wa tu, ti Baba Diko a kara. I ma "remplacé" ken falle.


Mais tu sais, Baba Diko est aussi décédé. Il n' pas été remplacé après.

E. H. D. : A ti mannen sigi xa giri Jaara xa ga ri yere ?


Il demande pourquoi vous avez quitté Jaara pour venir ici ?

K. D. : Sogona xirise a sage kati i kuuren a. In da fofo kitta. Daboranko da foni.
Le doyen des Sogona a ?
Il a tout reçu. Les Daboranko ont tout eu.1

E. H. D. : Fun be ga Jawara kundanko Kamara kundanko naxa ?


Quels sont les liens entre les Jawara et les Kamara ?

K. D. : N ti o janmu jona Kamaran ya. Yugu siraxo ña ni o ña Jawara ya. O janmu fana
Kamara.
J'ai dit que notre patronyme a commencé par Kamara. Nous étions des hommes valeureux ce
qui nous a valu d'être Jawara. Notre premier patronyme était Kamara.

E. H. D. : Xa sureye a do xa sagoye ña ni xa ña Jawara.


Leur bonté et leur courage leur a valu d'être Jawara.

K. D. : Iyo bo. Janbaro2 ya na i do sere sun do xabila sun da gaja. I ya na "gagné". Bambara,
Fulle, Suraqe i ya na gaja. Yugo sun nta sagiya.
Oui, bien sûr. Ils sont des hommes preux qui se sont battus avec tous les gens et tous les groupes
statutaires. Ils ont vaincu. Ils se sont battus contre les Bambara, les Peuls, les Maures. Aucun
homme n'est plus courageux qu'eux.

E. H. D. : A ti an dana sellana "histoire" tana tu Bokijawe noxo ?


Il demande si vous pouvez nous faire cadeaux d'autres histoires sur le lieu de Bokijawé ?

K. D. : "Histoires" tana. N nta fofo tu ken naxa saasa. O ku soron faana, Jawara ma ñi, i ga
toori. Tubabun ya ni o ku toorindi. Tubabu ya ni toorindi. I ti o ku do fankan ran nta gajaana.
Baawo ni o toonin dabarini. I ra wa marafa dabarini. I wa "auto" dabarini. I wa "avion"
dabarini. I wa fofo dabarini. A ti o ran nta gemme kun wa. I da gamu yinme.
D'autres histoires. Je ne m'en souvient plus maintenant. Nos premiers gens, quand ils n'étaient
pas Jawara, ils gouvernaient. Quand les Blancs sont arrivés, nous gouvernions. Les Blancs ont
gouverné. Nous ne pouvions pas nous battre contre eux, parce que nous fabriquions [?]. Ils
pouvaient fabriquer des fusils, des automobiles, des avions, tout. Nous ne pouvions pas nous
opposer à cette force. Nous nous sommes mis d'accord.

1A ce moment je remet un sachet de kola à Kantara Diawara.


2En pulaar. Qualifie les hommes d'esprit chevaleresque.

142
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

E. H. D. : Xa toore ken men du toore danbe ni ?


Mais quelle est la racine de votre règne ?

K. D. : Ken waxati Tubabu toore nta i. Fatan biine tooren ya ni.


En ce temps les Blancs ne gouveraient pas. Les peaux noires gouvernaient.

E. H. D. : A taaro Wage kundanko kun da ya ni ?


Le pouvoir était aux Wage ?

K. D. : Wage kundanko debegume ya ni. I da in taaxo noxo be. I da ni debe ya ni debegume. I


ya ni Bokijawe debegume. Bokijawe Soninko i ya.. He, ken biire duuna gajae ya ni ta. Jawara
noku i gajana. Xabilani ku su Jawara nan yan katta i su da.
Les Wage étaient les chefs de village. Nous étions installés à leurs côtés. Ils étaient les chefs du
village. Ils étaient les chefs du village de Bokijawe. Le Bokijawe des Soninkés. Hé, en ce temps,
dans le monde il n'y avait que la guerre. Les Jawara d'ici faisaient la guerre. Les Jawara étaient
les meilleurs des guerriers parmis les groupes statutaires.

E. H. D. : Sagoneko a do Daboranko i manne naxa ? Gajae ya ni naxa walla ?


Quel est lelien entre les Sagone et les Dabora ? Etait-ce la guerre ou bien ?

K. D. : I gaja.
Ils se sont battus.

E. H. D. : A su ña mulla i toori ya ba ?
Voulaient-ils tous régner ?

K. D. : Iyo. I gaja do tooren ya. Sagone a Dabo i su Daman Gille renmu ya. I su yan saaxe
faabe. Daman Gille a ni su saara. Daman yinme ya ni renmu ku taxandi. A ti ku ni Sagono, ku
ni Dabo. A renmu na kame a do tan karage. Yugun baane. Tan karage faay, tan karage faay, tan
karage faay. A ti i nan gaja. I na kuude a ni faay i da gajana. I gaja kun wa. Dabon "gagné". A
da Sagona ñi. Dabo fiina yan toori. I ga gaja kun wa. Dabo a da Sagona gaja, gajae ga danbu
i sage karini. Daboranke ke ri, a ti : "Ri katana o ga ma duro xotto, o Jawara duuru, o ni me
ñaamana ya. Saasa, n ke wa duene an da. N ke fankama ro n kiine i." Dabo ke xirisen a ti i
fankama ron kiine i ku do gajae ke, a ma jere i ga me karini. In da daga kuure, in da fofo kitta
i ya foni." An ti an due. A ti : "N due". A ti : "Buuna, i ya na taxandi." Fofo katta i kuure i ya
foni. In da fofo kitta, i na taxandi. A ti : "An due." A ti gella ga due ken wa, i na kafi. Sogona
ti i due. Sogona xirisen ti i due. I saage katta kuuren kutten a. I da i kuure wutu. In da fofo
kitta. I na kiini xirise.
Oui. Ils se sont battu pour le pouvoir. Les Sagone et les Dabo étaient tous les enfants de Daman
Gille. Ils étaient de même mère et. de même père. Daman Gille les a tous enfantés. Daman a lui
même distingué ses enfants. Il a fait les Sagono et les Dabo. Il avait cent cinquante enfants. Il
les a divisé par trois. Il leur a demandé de se battre entre-eux. Il s'est tu et les a regardé se battre.
Ils se firent la guerre. Les Dabo gagnèrent. Ils vainquirent les Sagona. La partie des Dabo
gouverna. Ils firent la guerre. Les Dabo firent la guerre aux Sagona. La guerre s'étendit. Ils
s'entre-tuèrent. Les Dabo virent voir les Sagona et dirent :"Si nous ne nous mettons pas d'accord,
nous allons finir par tous disparaître. Maintenant, nous ne voulons plus le pouvoir nous préférons
vous le donner." Le doyen des Dabo dit qu'il allait rendre le pouvoir à cause de l'état de guerre
et que ce n'était pas la peine de s'entre-tuer. Il alla voir les guerriers et leur donna tout ce qu'il
avait. Ils dirent qu'ils obéissaient. Il répondit qu'il acceptait. Il dit que s'ils allaient en guerre, la

143
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

poudre à fusil serait partagée et que le butin serait partagé. Il demanda s'ils acceptaient. Il dit
que s'ils acceptaient ils seraient réunis. Les Sagona répondirent qu'ils acceptaient. Le doyen des
Sagona dit qu'il acceptait. Ils allèrent voir les guerriers pour leur expliquer. Ils prirent les
guerriers. Ils leur donnèrent tout. Ils s'en remirent au doyen.

E. H. D. : Allan xa toore wutu, an na ñi toore be gajan tooren ya ni, walla ?


Dieu leur a-t-il remis leurs pouvoirs par la guerre ou bien ?

K. D. : O toore ni gajan toore ni. Kuure. O ya ni debegume fana. I ben da ñi ñaana debegume
Jawara ya ni. A wa xo Bambarun ya, Samori Tuure. N ti tubabun ya ni Samori Tuure raga. Ken
diima, o xa ñi kundun ya. O da i su a ni toorini. O do hari Samori Tuure xabilan gaja. Jawara
ku da i gaja.
Notre pouvoir était de gagner la guerre1. Des guerriers. Nous étions les premiers chefs de village.
Les Jawara nommaient le chef de village. Ils faisaient pareil que les Bambara et Samori Tuure.
J'ai dit que les Blancs avaient attrappé Samori Tuure. A cette époque, ils étaient comme cela.
Nous gouvernions tous. Nous avons même combattus les gens de Samori Tuure. Les Jawara se
sont battus contre eux.

A. F. : Jaara a ?
A Jaara ?

K. D. : Jawara ni su giri Jaara ya. I soro su giri non ya, i saare no ya.
Les Jawara viennent tous de Jaara. Leurs personnes viennent de là, ils y sont nés.

E. H. D. : Iyo, non ya ni xa do Samori Tuure kuure ke ga i gaja minne ? Samori Tuure kuure ke
xa da i gaja ñiiñen ya "ou" manne fo ?
Oui, mais pourquoi vous vous êtes battus avec les guerriers de Samori Tuure ? Vous vous êtes
battus avec les guerriers de Samori Tuure pour la terre ou pour quoi d'autre ?

K. D. : I yan giri i na xeeno o ya. O xa na giri o na daga xeeni ya. I debegumu Bambara ni ya.
Siraqu i gilli a ta, i na o "comme" i ga fon muurini. In da ri debe be, i na xeeni ya. I na muurunu.
I na ri katti debu, debu, debu, debu ya ni.
Ils ont cherché à se battre contre-nous. A notre tour nous les avons attaqué. Leur chef de village
était Bambara. Comme les Maures, ils allaient dans un endroit et ils le pillaient.Quand ils allaient
dans un village, ils l'attaquaient et le pillaient. Et ils allaient ainsi de suite de village en village.

E. H. D. : A ti an da ke "histoire" a tu men du walla an yinme yan ro an noxo ?


Il demande si vous avez appris cette histoire ou bien si vous l'avez vécue ?

K. D. : Mmh ?
Mmh ?

E. H. D. : A ti an da i gajae tu kan moxo, walla an yinme an ra an noxo ?


Il demande comment avez-vous appris cette guerre ou bien l'avez-vous vécue ?

K. D. : In da mugu a.
On me l'a apprise.

1Par opposition au pouvoir d'essence religieuse.

144
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

E. H. D. : A ti sellanda xaara ?
Il demande si vous l'avez appris par écrit ?

K. D. : I ma xaara, n da i a mugu a ta. N ma a xaara, in kono ya ta, n wa mugu.


Je ne l'ai pas appris par écrit, je l'ai entendu. Je ne l'ai pas appris par écrit, j'ai entendu les gens
en parler.

E. H. D. : An tanpi ?
Vous êtes fatigué ?

K. D. : Iyo.
Oui.

A. F. : Gacce ma n ga ri.
La honte n'est pas venue sur moi.

Informations recueillies en français auprès de Ndiobo DIAWARA le 31.07.95 à Boki-


Diawé.

"Les Diawara sont les fils de Daman Gille. Ils sont venus en même temps avec les Wague.
Ils ont d'abord habité à Sadel.
Daahu est un village au bord du fleuve.
Les Diawara sont allé habiter à Fadiar, Amadi Ounaré et Soringo.
La mère du père de Ndiobo a le même père et la même mère que le père de Kantara.
Les trois scarifications verticales au front que je porte sont un signe de reconnaissance des
Diawara même au Mali."

Ba Samba DIOP, 79 ans, agriculteur et maçon. Entretien réalisé le 24.07.95.


Avec Mohamadou DIAW interprète et traducteur.
Enregisté sur support audio. Néanmoins, la cassette a été "perdue" par Aïssata DIOP à
Paris, qui voulait que de nombreux passages soient censurés. Selon elle, le texte aurait pû
créer de l’animosité entre les familles. Elle a jugé son père de sénile et a conclue qu'il avait
raconté trop de bétises.

Monsieur Ba Samba Diop vit chez son fils Maoudo Diop, mon hôte à Bokidiawé depuis mon
premier séjour en 1993. C'est un ancien maçon qui est réputé dans tous les villages
environnants. Auparavant, sa maison se situait aux abords du marché, dans le quartier de Ndar.
Ses enfants, ont tous eu des parcours exeptionnels qui en font une famille originale : Maoudo
Diop, commerçant au Congo et à Hong Kong est revenu au village cultiver avec des méthodes
modernes (ensemencement, tracteur), Aïssata Doucouré est assistante sociale à Paris, Amsatou
Diop est militante du PS à Dakar et Mbaye Ndiaye présidente du syndicat des teinturières
artisanales du Fouta et mariée à un ancien Maire de Matam. La venue de leur arrière-grand
père est certainement dûe à sa capture et à sa vente aux Tirera. Cependant, il aurait pour origine
la famille royale Trawore de Sikasso, Diop étant l'équivalent wolof de Trawore. Ils
appartiennent donc à l'ancien groupe statutaire des komo dans le monde soninké, c'est à dire
des captifs, sans pour autant l'être dans leur propres références.

Alain Fride : Comment sont venus ici les Jop car ce n'est pas un nom soninké ?

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

Ba Samba Diop : Ce qui a amené le nom Jop c'est Trawore. Ils étaient du Mali. Lorsqu'ils ont
quitté le Mali, ils sont repartis au Jolof. C'est pour cela qu'ils ont laissé Trawore à la place de
Jop. Le vrai nom est Trawore.

A. F. : D'où venaient-ils du Mali ?

B. S. D. : Au Mali, ils venaient de Sikaso.

A. F. : Reste-il encore des Trawore là-bas ?

B. S. D. : A Sikasso, il y a tout le village là-bas. Seulement ceux qui ont quitté sont devenus des
Jop. Ceux qui sont resté s'appellent Trawore. Dans Sikaso, il y avait un Trawore, il s'appellait
Masa Dauda. Il a eu un fils qui s'appelait Beeme. Beeme a enfanté Ceba. Ceba a eu comme fils
Ngolo. Tout cela dans Sikasso. Même lorsque les blancs ont déclaré la libération des esclaves
c'est Ngolo qui avait insisté pour que cela se fasse.
Au départ, on attrapait les gens par la force, c'est Ngolo qui avait insisté pour mettre fin à cela.
Ngolo habitait Sikaso. La venue des Jop date de longtemps, de ces années même.

A. F. : Où sont-ils allés au Jolof ?

B. S. D. : Le Jolof est vaste. Lorsqu'ils ont quitté le Mali ils se sont battus en cours de route.
Lorsqu'ils sont venus au Jolof, à ceux qui sont retourné [au Mali] on leur a demandé où sont les
autres [membres de la famille]. Ils leurs ont répondu qu'ils sont restés là bas. En Bambara "jolon
ta" c'est à dire "ils sont restés". Et encore "jolon ta fu", c'est à dire "ils sont restés pour rien".
C'est pour cela qu'on appelle ainsi le Jolof. Mais avant ce nom n'existait pas. Les wolofu c'est
un mot Bambara qui veut dire "enfanté pour rien". Cela veut dire que leurs enfants qui sont
restés au Jolof n'enfantaient pour rien "A ya wolofu".

A. F. : Quel est votre rapport avec Masa Dawuda ?

B. S. D. : Quand vous entendez Jop il n'y a rien entre-eux. C'est parce qu'ils ont quitté le pays
qu'on les a appelé Diop. Ceux qui se nommaient Konte, au Jolof on disait Njay. Ceux qui étaient
Sisoxo sont devenus Gey. Les Kulibali sont devenus Fall.

A. F. : Au Jolof votre famille parlait-elle le wolof ?

B. S. D. : Lorsqu'ils sont partis au Jolof ils ne parlaient pas le wolof. C'est petit à petit qu'ils l'ont
appris. Tous les Jop du Jolof venaient du Mali.

A. F. : Quand ont-ils parlé le soninké ?

B. S. D. : Le soninké est une vieille langue qui venait de la Mecque quand ils étaient avec les
arabes parce que la langue arabe et la langue soninké ont des mots communs. Comme kitaabe,
le livre, xarane, les études, sume, le jeûne, salle, la prière, jakat, l'aûmone. Le pulaar est une
langue à part.
Les Jop, ce n'est que lorsqu'ils sont venus au pays qu'ils ont parlé le soninké. Au départ les
Soninke vennaient de la Mecque, mais ils n'étaient pas nombreux, plus de la moitié était des
Bambara [au village de Bokijawe]. Les Soninké cohabitaient avec les Arabes de la Mecque.
Walaxa, l'ardoise de bois c'est du soninké et de l'arabe. C'est comme les Congolais. Ils étaient
dans la forêt, ils ne connaissaient rien. Ils ne se sont réveillé qu'avec l'arrivée des blancs. parce

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

que même dans la langue des congolais il y a du français. C'est comme le rapport entre le soninké
et l'arabe.

A. F. : Quand est-ce qu'ils sont venus au Fuuta ? Depuis longtemps ? Après la venue au Jolof ?

B. S. D. : Lorsqu'ils sont restés au Jolof, ils venaient au Fuuta en petits groupes. Ils cultivaient
au jeeri et au waalo, c'est pour cela qu'ils sont venus. Ils ne sont pas venus tous ensembles.

A. F. : Comment avez-vous appris le Bambara ?

B. S. D. : Je ne suis jamais sorti. Mais lorsque j'étais ici avant que les blancs n'arrivent, les gens
attrappaient les gens pour en faire des esclaves. Les gens qu'ils ont attrappé au Mali pour les
faire esclaves ici n'entendaient pas bien le soninké. Avec ces gens là j'ai parlé le bambara. En ce
temps là on attrappait les vieux, les femmes, les enfants. Ils ne parlaient pas le soninké
uniquement le bambara. C'est ici que j'ai appris le bambara.

A. F. : Votre grand-père parlait-il le soninké ?

B. S. D. : Mon grand-père parlait le jula. Il venait du Mali.

A. F. : Le père de votre père ?

B. S. D. : Oui.

A. F. : Quel est le rapport avec Ngolo ?

B. S. D. : Le rapport est lointain. Je ne le connais pas. Je n'ai pas eu les enseignements de mon
père qui est venu à Bokijawe à l'âge de sept ans. Et quand je suis né mon père était déjà vieux.

A. F. : Ngolo, c'était votre grand-père ?

B. S. D. : Mon grand-père n'a pas rencontré Ngolo. Ngolo était un Trawore. Ngolo était avec
l'armée des blancs. Il est allé jusqu'au grade de colonel. Grâce à son grade, le blanc lui a demandé
ce qu'il voulait. Il lui a répondu que tout ce qui est de l'eclavage doit prendre fin. C'est ainsi que
Ngolo a mis fin à l'eclavage.
Ngolo a une relation de parenté mais je ne la connaît pas.
Voilà tout ce que je sais sur Ngolo. Il a demandé la fin de la traite et la libération des gens.
Mon père venait du Mali, pas du Jolof mais de Sikasso. Il est venu au Fuuta très jeune. Les
blancs ont tué mon grand-père parce qu'il avait refusé l'esclavage au Mali. Quand mon grand-
père est mort on l'a amené ici. C'est moi qui suis né ici. Mon père ne m'a pas eu comme premier
fils. Mes grands frères étaient plus âgés. Mon père était très vieux. Je suis né à Bokijawe.

A. F. : Votre père était-il le premier Jop à venir ?

B. S. D. : Non, il a trouvé d'autres Jop. Les premiers étaient les Njanor.

A. F. : Les autres Jop étaient de Sikaso ?

B. S. D. : Non, ils venaient du Jolof, tels que Samba Uleyi Jop. Le père de Samba Uleyi s'appelait
Suleman. Son fils s'appelait Seyidu Uleyi. Ces gens là sont d'ici. Ils ont duré ici. Suleman Jop a

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

précédé ma famille. Suleman ne vit plus. Seyidu Uleyi a eu un fils qu'il a appelé Suleman qui
vit aujourd'hui au village.

A. F. : De votre côté votre famille vient-elle du Jolof ?

B. S. D. : Non, elle vient de Sikaso.

A. F. : Donc ils ne venaient pas du Jolof.

B. S. D. : Les Trawore qui vivent ici s'appellent Jop. Quand tu as le nom Jop et que tu vas au
Mali on t'appelle Trawore. C'est comme ça.

A. F. : Comment votre grand-père est-il venu chez les Soninké ?

B. S. D. : Quand tu quitte ton pays tu parles la langue d'où tu habites.

A. F. : Les Soninké qui étaient ici avaient quels noms ?

B. S. D. : Ils étaient nombreux : les Wage, les Silla, Jagana, Saxo.

A. F. : Votre grand-père travaillait-il pour les hooro ?

B. S. D. : Oui et même moi. Ils ont attrappé mon père quand il était petit. Nos hooro sont les
Tirera.

A. F. : Encore aujourd'hui les Tirera peuvent-ils demander vos services ?

B. S. D. : Maintenant ils n'osent plus.

A. F. : Votre grand-père cultivait-il le champ des Tirera ?

B. S. D. : Il travaillait au jeeri sur son champ et partait chercher du bois pour son maître.
Sa famille était les komo des hoore.
Ngolo leur a donné la liberté.
L'arrêt de l'esclavage c'est avant 1906. Moi je suis né en 1916. Senghor est plus âgé de dix ans.

A. F. : Est-ce sous les Almaami ?

B. S. D. : C'était au temps d'Abdul Bokar, qui était à Dabia. Il y avait Alfa Yaya de Xaso Madina
en Guinée. C'était un personnage historique. Samori Ture, Musa Molo en Gambie c'est à la
même époque qu'Abdul Bokar.
Les blancs l'ont détruit [Alfa Yaya].

A. F. : Quand les captifs ont été libérés où sont-ils allés ?

B. S. D. : Ceux qui le voulaient sont restés, les autres sont partis. Nous, nous sommes restés.
Nous avons cherché une autre maison. Celle du marché qui a été construite par mon père. A
l'Ouest de la mosquée se trouve la maison des Tirera.

A. F. : Il y avait-il d'autre komo des Tirera ?

148
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

B. S. D. : Oui, les Kulibali, les Sira Ñame.

A. F. : Que connaissez-vous sur Masa Dauda ?

B. S. D. : Il commandait à Sikaso. C'est tout ce que je sais de lui. C'est sous le règne de Ngolo
que les blancs sont venus.

A. F. Connaîssez-vous le nom du royaume ?

B. S. D. : Il commandait Sikaso. Le Mali est vaste. Une seule personne ne peut pas connaître.
La capture des esclaves se faisait par des batailles ou par des raids. On batttait les enfants et ont
les prennait. Ngolo n'a pas été esclave. Il était soldat.

A. F. : Pour quelles raisons votre père est-il venu ici ?

B. S. D. : Par la force. Les Tirera ont eu les Jop comme esclaves de premier nom Jop.
Avec Suleman Jop nous n'avons pas les mêmes ancêtres.
Mon père ne m'a pas dit le nom de son village.
Ses parents ont été tués par les blancs.
Son père avait refusé d'être esclave. Ils ont pris son fils.

Interruption

B. S. D. : Les Jawune viennent de Segu au Mali. C'était deux hommes. L'un Laji, l'autre Maadi.
Ils sont venus ensembles. Maadi a eu Baaro. Baaro a eu Maxa. Maxa a eu Bambo. Bambo a eu
Bahawa. Bahawa a eu Beli, le père de Mohamadu Beli Jaw son fils unique.
Laji s'est effacé, il n'a eu que des filles.
Si je voulais tout dire nous aurions pû y passer toute la journée. Ici, j'ai pris la ligne directe;

Interruption

A. F. : Quand la famille Jop a eu un champ pour elle ?

B. S. D. : Lorsque nous sommes venus nous n'étions pas propriétaires. Comme la terre est vaste
on nous a donné un champ.
Le matin nous cultivions le champ de nos maîtres, le soir, les champs collectifs. Je n'ai jamais
eu mon champ. Les premiers installés avaient la terre. C'est une affaire de partage. Le dixième
est pour le propriétaire. on ne se battait pas pour un champ. Il y avait le champ des Njanor à qui
j'ai payé le dixième.
Les Sall aussi. Les Kan aussi.
La jakat est pour le waalo. Au jeeri il n'y en a pas. Le champ du jeeri était pour les Almaami.
Avant de cultiver il faut connaître le propriétaire. Au jeeri le partage se fait avec les Almaami.
Eliman Neega reçoit la jakat.

A. F. : les Wage perçoivent-ils la jakat au jeeri ?

B. S. D. : Non, ils n'ont rien au jeeri. Les Wage et les Jawune se sont retrouvé ensembles au
village. Cela débuta avec Maadi Wage.

149
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

A. F. : D'où viennent les Wage ?

B. S. D. : Ils viennent de Ségou.

A. F. : Sont-ils les tunka lemne du Wagadu ?

B. S. D. : Non, ils sont moodinu.

A. F. : Quand sont-ils venus ? Au moment des Almaami ou des Deñankobe ?

B. S. D. : Ils ont trouvé ici Eliman Neega. Eliman Neega a trouvé les Jamanabe. En ce temps là
les Jamanabe ne connaîssaient pas la prière. Il leur a montré. Eliman Neega a construit lui même
la mosquée.
Eliman Neega était marié à une Njanor. Les Njanor ont fait deux cents ans sans que personne ne
les trouve ici. Lorsqu'Eliman Neega est venu il a vu les Njanor pêcher. Chacun prenait le
poisson. Tous se battaient pour le poisson. Quand Neega est venu, il a mis chaque part de côté.
Les Njanor l'ont trouvé intelligent, ils l'ont pris comme chef.

A. F. : Connaissez-vous Cerno Sanba de Njot Neega ?

B. S. D. : Il vient du village, mais je ne connais rien de lui.

A. F. : Connaissez-vous Amat Ali ?

B. S. D. : Non, je ne connais pas.

A. F. : Connaissez-vous Alfa Isa qui a acheté les terrains des Njay ?

B. S. D. : Alfa Isa n'a pas acheté les terrains des Njay Njay. Il les a eu ainsi. Quand les blancs
sont venus les Njay Njay ent refusé leur pénétration. Après ils sont partis et ont laissé leurs
champs. C'est le Colonel Dodds qui a donné les champs à Alfa Isa.

A. F. : En 1947, il y a eu un procès avec des problèmes de terrain.

B. S. D. : Oui, ils se sont battus depuis la naissance d'Amadi Henda. Il y a plus de cent ans. Ce
qui a causé cela ce sont les propriétaires de terres qui ont refusé les déménagements. Les
premiers propriétaires demandaient de ne pas pousser. Si on voulait déménager on disait que le
terrain était à soi. A l'arrivée des blancs les gens ont déménagé. Avant on ne pouvait pas partir.
C'est cela qui a fait agrandir le village. Les blancs ont dit que la terre n'était pour personne, alors
ils ont déménagé. Les gens d'Eliman ont causé cela.

A. F. : Connaissez-vous l'affaire d'Amadu Wage ?

B. S. D. : Je ne connais que la culture. J'avais beaucoup de bêtes. Maintenant je ne vois plus, on


m'a volé mon troupeau. J'avais cinq cheveaux. C'était les Peuls, pas les Maures qui les ont volés.
Je marquais les bêtes au fer avec un signe en forme de 8.
J'ai été maçon. J'ai fait ce que personne n'a fait. J'ai construit des bâtiments sans monter sur une
échelle. J'ai construit des maisons à Bokijawe et dans tous les alentours.

150
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

J'ai construit sept mosquées. A Cuti Yalalbe, Kawel, Kobilo, Dabia, Mbolo. J'ai construit des
mosquées à Cerno Moodi, Jolol, Moodi Bula. J'ai construit en trois jours la maison de Dugo
Denba Jaw. Je n'ai jamais voyagé, sauf quand je vendait les bêtes.

A. F. : Comment se sent-il en laissant le jula et en parlant le soninké ?

B. S. D. : Là où tu es né tu prend la langue et les manières. Il y a beaucoup de gens qui parlent


le pulaar mais qui ne sont pas peul. Les Njay étaient wolof, ils parlent le pulaar. Il y a des Serer,
les Sek, ils parlent le pulaar. Il y a des Bambara.
Je n'ai rien gardé du jula. On te prend et on t'amène pour te vendre quand tu es petit. Tu es
déraciné.

Notes d'informations données plus tard :


Ba Samba Diop : "Pour Aboubacry Kan, une rivière séparait le quartier Boyinaji de Tiwel. Pour
moi, Boynaji était pour les Salsabe et Tiwel pour les Neeganabe."

Entretien en soninké avec Ségui FALL (69 ans), Papa Samba DIOP (79 ans), Ami FALL
(23 ans) et Mohamadou Bely DIAW (22 ans) le 25.07.95
Réalisé chez Maoudo DIOP. Traduction Mohamadou Bely DIAW.
Enregistré sur support audio. Cassette perdue.

Ségui Fall : Les Tirera disent qu'ils les [les Kulibali] ont eu avec El Hadj Oumar. Ils mentent.
Nous étions cinq frères du même père et de la même mère. L'un était du même père et pas de la
même mère. C'était le sixième. Ses frères l'ont trompé, ils l'ont amené pour dire de cultiver avec
eux. Les Maures sont arrivés et les frères l'ont vendu. Le voyage pour venir chez les Soninkés
m'est inconnu. C'est pour cela que les Tirera disent qu'il est venu avec Cheick Oumar. Mais ce
n'est pas vrai.
Ami Fall : Les Maures ont ils eu le frère au Sénégal ou au Mali ?
S. F. : Je ne sais pas. Ils ont donné leur frère aux Maures car il était le plus intelligent et le plus
fort. Ils apréhendaient son pouvoir. C'est pour cela qu'ils l'ont trahit.
Alain Fride : Connaissez-vous le nom des cinq frères ?
S. F. : Je ne sais pas car on ne m'a pas donné les noms.
Ami Fall : Quel était le nom du jeune que l'on a donné aux Maures ?
S. F. : Il s'appelait Mbare Kulibali. Il a enfanté Kande, Mamadi et Aruna. Je suis le fils d'Aruna.
Alain Fride : Mbare a eu Aruna a quel âge ?
S. F. : Je ne sais pas. Il faut demander à Diop.
Ami F. : Lorsque les Maures ont pris Mbare, comment les Tirera ont obtenu Mbare ?
Papa Samba Diop : Les Maures ont vendu Mbare aux Tirera.
Alain F. : A quel âge Mbare a eu Aruna ?
P. S. D. : Nous on ne connaît pas.
Ami F. : Ce n'est pas possible que tu ne saches pas.
P. S. D. : Mbare avait l'âge de cinquante ans quand il a eu Aruna.
Ami F. : Quand Aruna a eu Ségui ?
P. S. D. : A 37 ans.
Alain F. : Ségui a quel âge ?
S. F. : Je suis né en 1926.
Ami F. : Dans la famille Tirera quels sont ceux qui connaissent l'histoire : Bajar ou Jahara ?
P. S. D. : Hakourou Tirera connaît quelque chose.

151
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

Lorsque les Tirera sont venu ici l'un s'appelait Jiime, l'autre Sulaqata. Jiime a enfanté Amara,
Ansumana et Kisima. Amara Jiime est le grand-père de Jibril. Après, Jibril est le seul garçon.
Le reste était des filles.
Sulaqata a eu Massire. Massire a eu Babu, Guda Dabel et Gida do Mamur. tous sont des fils de
Masire Maro. De même Samba Sira. Tous sont sorti de Masire.
Xalilu est un étranger. Il a eu comme enfant Mohamadu Lamin Tirera. Bamale, Aruna Tirera,
Aruna Masire et Kahuru sont des fils de Mohamadu Lamin.
Ami F. : Qui était le maître des Kulibali ?
P. S. D. : Mbare c'est Xalilu Maro qui l'a acheté.
Ami F. : Connaîssez-vous à quel moment cela s'est passé ou s'il y avait un événement important
ou un signe ? Si c'est avec la guerre de Samory.
P. S. D. : Non, ce n'était pas à ce moment là mais avant. En ce temps là seulement les Maliens
se battaient. En ce moment Samory ne se battait pas, ni les Français. Les Maliens se battaient
entre-eux. Lorsqu'on a pris Samory c'était à la naissance de Baba Niame. Cela correspond a
1900. Entre me naissance et la mort de Samory cela fait 16 ans.
Xalilu est le dernier fils. Arune est venu après Jiime. Après Jiime, c'est Ansumana. Xalilu a eu
Amadu Kande et Ba Male. Massire est plus âgé qu'Aruna de dix ans. Xalilu est plus âgé
qu'Aruna de dix ans. Ils sont de même père et de même mère. Leur père s'appelle Jahara. Le
premier Jahara est mort. Il y a eu un autre Jahara. Jiime a donné le nom à Jahara. Sinon il ne
serait pas né comme Jahara. Sinon il devait s'appeler Aruna. Aruna a eu un enfant, Jahara, qui
est mort. C'est pour cela qu'il a donné le nom Jahara. C'est comme Fodie Bakare, son grand-
frère qui s'appelait Jiime. Quand il est mort, son premier fils a eu le nom de son grand-frère.
Alain Fride : Et Xalilu Ba.
P. S. D. : Son père s'appelait Jonke. Son nom de famille est Ba. Son grand-père s'appelle Tumani.
Je ne connais pas le père. Tumani est venu ici. Il venait du Mali.
Alain F. : De quel village ?
P. S. D. : On ne sait pas. Nous sommes âgés de plus de 30 ans. Il a la cinquantaine. Son père est
né en 1913. Il est mort à 80 ans.
Alain F. : Quand est-ce qu'est né Samba Suleyman Diop ?
P. S. D. : Je ne sait pas. Samba Ouleye a 58 ans. Suleyman Diop n'est pas Soninké mais
Haalpulaar.
Alain F. : Les Kulibali sont les captifs des Tirera ?
P. S. D. : L'origine des Kulibali est hoore. C'est lorsqu'il a été vendu qu'il est devenu komo. Il
venait du Kimbaka, du Mali. C'était un hooro Bambara. La "xabila kome" n'existait pas, c'est
l'esclavage qui a amené cela. On prenait les genspar la force. Au départ tout le monde était
hoore. Les blancs ont mis fin à l'esclavage.
Alain F. : La famille Sira Niame vient d'où ?
P. S. D. : Ils viennent du Mali. Leur nom était Sow. Sa mère est Sangaré. Sira Niame c'est Sidibe.
Ils viennent du Wasulu. C'est la même famille que Xalilu Ba. Jaxite c'est Ba. Sidibe c'est Sow.
Il faut dire qu'il n'y a pas de kome. C'était avant. Kulibali, Xonte, Sow, Ba, Konate, Sidibe,
Keita, Kamara, Sanqare, c'est l'esclavage qui les a amené ici. Il y a aussi Jaxite et Niamele.
Alain F. : Ils sont venus au 19ème siècle.
P. S. D. : Cela date de plus de cent ans. Il y a des komo dont l'arrivée est inférieure à cent ans.
Les premiers komo venus ont dépassé les cent ans. Ma mère a fait ici 107 ans.
Les premiers à venir ici sont venus avec leur maîtres. Le mère de Tako Kuruba est la première
à venir ici avec ses maîtres les Tirera.
Il y a deux familles Wage kunda et Tirera. jara Wage est le premier à avoir des esclaves ici. Les
anciens captifs ne sont pas restés. Ils sont partis. C'est à la capture de Samory qu'ils sont aprtis,
en 1900.
Ami F. : Comment sont-ils partis. Ont-ils fui ?

152
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

P. S. D. : C'est un chanteur qui est venu.


S. F. : Oui, je le connais.
P. S. D. : Lorsque Ngolo a eu les papiers, il a eu l'ordre que l'esclavage prenne fin. Un gars est
venu du Wasulu, il a fait une fête et il a chanté. il a dit toute personne qui est ici doit repartir
chez-elle. Si tu vas à Matam ou à bakel tu auras des papiers et on te laissera passer. Ils ont chanté.
La nuit venue tous les esclaves sont partis. C'était en 1900.
Ami F. : Qui est Ngolo ?
S. F. : C'est un Bambara qui s'est engagé avec les blancs. Il s'est engagé lorsqu'on a pris sa mère
et sa femme, qui est devenue la femme de Samory. On a égorgé la mère et le père de Ngolo. On
a exisé la femme de Ngolo et on l' donné à Samory. Tout ça au même moment. Ngolo a entendu
cela, c'est pour cela qu'il s'est engagé. Quand il s'est engagé il a cherché Samory. Samory s'est
caché quand ils sont arrivés. Ils ont trouvé la femme de Samory, l'ex-épouse de Ngolo. Ils ont
tout fait pour qu'elle dise où était Samory. Ils lui ont donné de l'or. Pour qu'elle vienne. C'était
un piège, jusqu'au moment où la femme a pris l'or. Le deuxième jour, il a trompé la femme.
Ngolo lui a dit on a égorgé mon oncle. On a pris la femme de mon oncle. On a pris ma femme,
on l'a exisée et on l'a violée. La femme a pleuré et a dit c'est moi la femme en question. Ngolo
lui a expliqué pourquoi il est parti à l'armée. Il lui a dit qu'il voulait savoir comment prendre
Samory qui a commis toutes ces exactions. Elle lui a répondu quand je lui apporterait son repas,
vous me suivrez de loin, comme cela vous saurez où il est.
Quand ils sont arrivés elle a fait signe à ngolo. Le lendemain l'armée est tombée sur Samory.
Elle l'encercla puis le captura. A ce moment Ngolo dit "Xa muta", ce qui veut dire en bambara
"je l'ai pris". Ngolo est reparti en France et il a obtenu la fin de l'esclavage.
D'après ce que j'ai entendu c'est comme cela que cela c'est passé.
P. S. D. : Il ne reste pas d'anciens esclaves. Il n'est resté que les petits enfants qui ne pouvaient
pas partir.
Ami F. : Quels sont ceux qui sont restés ?
P. S. D. : El Haji Gale Traore qui vient de Kaédi. Sa famille compose les anciens esclaves des
Wage. Elle n'a pas beaucoup d'hommes. Traore et Sirage c'est la même famille. Ils n'avaient pas
beaucoup d'hommes. Kaniba, le grand-frère de Kumba Tike, a eu un seul fils. C'est la famille
Traore. Il ne reste aujourd'hui que Niajugu.Il ne restait que cette famille Traore comme esclaves
de jara Wage.
Tous les Kulibali, la famille de Baba Niamey, sont les esclaves des Sila.
Des Kulibali sont esclaves des Wage. Traore, Konte, Sidibe le sont aussi.
Les Tirera ont pour esclaves les Traore, Ture et Xonte.
Les autres nobles : Kamara, Marega, Fade, Drame.
Les Sila ont comme esclaves les Jalo. Les Kamara ont les Xonte, équivalent à Jaara. Les Fofana
ont les Sisoxo, les Mangasuba ont les Jaxite. Les esclaves des Marega sont partis. Les Fade ont
des esclaves haalpulaar, les Kante. Les esclaves des Drame sont partis. Les Saxo n'ont pas
d'esclaves.
Ami F. : Le père d'Abou Diop avait le même père et la même mère que M. P. S. Diop. La mère
d'Abou, Aïssata Sira Sanqare, était komo des Drame.
S. F. : Dala était l'esclave des Saxo.
P. S. D. : Non, Dala était esclave des Wage. Les Saxo n'avaient pas d'esclaves. Les Wage ont
donné Dala, une femme qui n'avait pas d'enfants, aux Saxo.
Alain F. : Y'a-t-il des familles ni kome, ni hoore, ni niaxamala ?
P. S. D. : Oui, les Jawara-Jonkuru. Jonkuru veut dire Komon giide.
Il y a aussi des Jawara hoore. Mais ceux qui sont restés ce sont les Jonkuron. Leur venu
ensembles date de longtemps. Ce sont les Jonkuru qui sont les Fado. Il y avait un Jonkuru qui
s'appelait peut-être Sisoxo. On ne sait pas comment les Fado sont devenus Komo. Il y a aussi

153
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

des Fado à Kawel. Ils ont les nom Kamara. C'est eux qui ont appris le Coran pour devenir moodi.
Ce sont des Jonkuru.
Jawara ne devrait pas avoir comme titre hoore parce que ce sont les garanke qui l'ont trouvé. Il
n'est esclave de personne, il se trouvait seul dans la forêt. Le garanke qui l'a ramassé avait le
nom de Jawara.
Alain F. : Avant les Denyanké ?
P. S. D. : C'était avant. Les Denyanké ont commencé avec Koli Tengella.
Sunjata Konate commandait sa propre armée. Un Peul est venu le rejoindre. Konate a dit au Peul
tout ce qu'il voulait il lui donnait. Le Peul a dit qu'il voulait l'épouse de Konate qui était enceinte.
Konate était un Bambara qui ne renonçait pas à ses paroles. Il lui donna son épouse. C'est cette
femme qui a enfanté Koli Tengella. Lorsque le Peul a emmené la femme, elle lui a donné un
fils, Koli, qui appris le pulaar. Le père voulu qu'il devienne quelqu'un d'important. Il lui donna
tout son héritage aux frère de Koli. Koli lui ne reçu rien. Alors l'enfant retourna voir sa mère
pour lui demander pourquoi. Elle dit "parce que ce n'est pas lui qui t'a enfanté". Koli lui a
demandé qu'elle lui montre son père. Ton père, lui répondit-elle, c'est Konate qui est au Mali.
Va le rejoindre. Son père le reconnu quand il le vit. Il dit aux gens qu'il était son fils. Comme
c'était un chef, on n'osa pas dire à Konate qu'il mentait. "Si vous n'êtes pas sûr, nous allons
prendre notre sang et les comparer" dit Konate. Ils virent que c'était le même sang.
Ami F. : C'est Sunjata Keïta ?
P. S. D. : Oui. Après Konate lui dit de rejoindre son père. Koli répondit qu'il voulait qu'il rejoigne
son père mais c'était lui. Konate dit qu'il rejoigne celui qui l'avait éduqué. Konate lui donna une
troupe. Puis il est parti avec des membres de chaque clan. Les Koliabés, les esclaves de Koli,
viennent de son père.
C'est cela qui a amené Koli. Koli était puissant car dans chaque clan il avait des gens grace à
Sunjata. Les Peuls ont eu quelque chose à cause de Koli qui n'était pas Peul.
Alain F. : Connaissez-vous les Kokoren Faren qui venaient de Jaara et que Koli a soumis ?
P. S. D. et S. F. : Ca a pû exister mais je ne le connais pas. Les Bambara sont les plus puissants,
les soninkés ne font que voler les esclaves. Ils les ont eu à Dabia, Cuti, Sarakoro, Diolol et
Yalalbé. Ce sont des voleurs mais ils ne sont pas courageux.
Ami F. : Que reste-il des Naxamala ?
P. S. D et S. F. : Les tage ce sont les Thiam (Diabi) en pulaar, les Sanbaqe sont leurs esclaves et
les Sisoxo. Les garanke ce sont les Juwara, Jawune et Yafe. Il n'y a pas de geseru ici.
Mohamadou Diaw : Les tagadimu du nom de Sumunu viennent se marier ici.
Alain F. : Alfa Issa est de quelle famille ?
P. S. D. : Wage.
Les Jawara que les garanke ont trouvé dans la forêt. Les Maures avaient attaqué les garanke
pour leur voler leur troupeau. Les garanke n'ont pas pu trouver le troupeau. Jawara lui a retrouvé
le troupeau, ils l'ont donc nommé debegume. Le Jawara garanke a donné son nom à celui-là.
Aujourd'hui il n'est plus chef. Après qu'il soit devenu chef, de Jawara sont venus le rejoindre
pour lui dire que maintenant ils étaient ses esclaves. Ce sont les Jawara-Jonkuru.
Les Jawara viennent du Kingi. Quand ils ont quitté le Kingi ils sont venus à Bokidiawé et se
sont battus avec Abdul Bokar. Il les a chassé pour qu'ils partent à Fadiar.
Daaru Salam veut dire le village qui sauve les gens. Bokidiawé c'est le baobab et les pileuses.
Ami : Connaissez-vous le titre Kokoren Faren des Jawara ?
P. S. D. : Faren Jawara. Ce sont les Jawara hoore. Faren veut dire chef.

Entretien effectué au mois de septembre 1995 par Ami FALL avec son père, Ségui FALL,
et Ba Samba DIOP.
Le sujet était la définition et l’explication de l’origine des noms de quartier.
Ami FALL m’a ensuite envoyé une cassette et une lettre.

154
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

Retranscription de la cassette par Boubou Camara de l'A. P. S. :

Ba Samba Diop :[ ...] Njanor noku a foni.


[...]un peu des Njanor.

Ami Fall : "Tiwel" manne ni ?


Qu'est-ce que "Tiwel" ?

B. S. D. : "Tiwel" ni ku i ga ñi taaxonu "Boki"1 bane ke. I giri i daga xobe ti tuweto. Ken ya ni
"Tiwel" ke.
"Tiwel" c'est quand ils se sont installés près du baobab. Ils sont partis acheter du foin. C'est cela
"Tiwel".

A. F. : Soke gaben ya ni non wa i ga ti "Tiwel" ke.


Parce qu'il y avait beaucoup d'herbes ils ont dit "Tiwel".

B. S. D. : Iyo bo. I soken ya ni non wa, i ga ti Tiwel". Ken ya ni "Tiwel". Jaaje ke kun wa. I wa
"Tiwel" ke di. Ayiwa, jaaje xulle ke be ga "Tiwel" ke di. Kamene ke, ke da non faaga boyini 2
duuro. A boyini nan gaba. Ke ña ni ga ti "Boyinabe".
Oui. Il y avait de l'herbe jaaje3 et ils ont dit "Tiwel". C'est cela "Tiwel". De l'herbe jaaje était là.
C'est dans "Tiwel". Donc, de l'herbe sauvage blanche était à "Tiwel". Dieu a rempli uniquement
l'endroit des chacals. Il y avait beaucoup de chacals. C'est ainsi que l'on a dénommé "Boyinabe".

A. F. : Boyini ya ni non wa ?
Il y avait des chacals ?

B. S. D. : He ! Boyini ya gabo no. Ken ña ni ga ti "Boyinabe". An ga na mugu ga tini "Boyinabe",


boyini ya ni.
Hé ! Il y avait là beaucoup de chacals. C'est pourquoi on a dit "Boyinabe". Si tu entend
"Boyinabe", c'est qu'il y a des chacals.

A. F. : "Tiwel". "Tiwel" ya ni tiibe gaben ya ni.


"Tiwel". "Tiwel" c'est parce qu'il y a beaucoup de chaume.

B. S. D. : Iyo. Fo yen gaben ya ni no.


Oui. Il y en avait beaucoup là.

A. F. : "Tiwel". Soninkan xanne "tiibe" tini. Boyinaji xa, boyini gaben ni no.
"Tiwel". En langue soninké on dit "tiibe". Mais pour Boyinaji, c'est qu'il y avait beaucoup de
chacals.

B. S. D. : Iyo.
Oui.

A. F. : "Sincan" xa ?

1Nom commun pulaar.


2Nom commun pulaar.
3Le jaaje est une graminée sauvage dont les graines sont consommées en temps de disette.

155
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

Mais pour "Sincan"?

B. S. D. : "Sincan" ke ni soron ga gabo me kama Tiweli ke tan. Ayiwa, soron beni ga girindi. I
daga taaxo Sincan. Sincan ke a ni sincan ya tan.
"Sincan" c'est parce qu'il y avait beaucoup de gens à Tiwel même. Donc, ces gens ont quitté le
lieu. Ils sont partis s'installer à Sincan. Sincan c'est un nouvel endroit où habiter [en pulaar].

A. F. : Sincan noxo xo ka kurumbo.


Sincan c'est un endroit où il y a de nouvelles habitations.

B. S. D. : Iyo. Sincan ke ni ka kurumbo.


Oui. Sincan c'était de nouvelles habitations.

A. F. : Ah ! I ti a toxo yinme ni dolo minne ?


Ah ! On disait que c'était un quartier de buveurs de bière de mil.

B. S. D. : Ayiwa. Dolo ken ke i ya ni ke leyi. Manni ken leyi. Yogo a ni Bakel, a toxo Golomi
bane. Ayiwa, a wa a komen nan gaba. Komo ya ni yanqane i. I xa ga i taaxono. I rusa a xeeri
: "He ! Golomi, Golomi, Golomi !" Golomi xa xusi sigi. Golomi a Bakel bane. Ke a Golomi.
An ga na giri Bakel bane tan, an faayi dagana Golomi ya. Golomi faayi ken kaare, jaaje faayi
kiteren kaara. I ga i dana Golomi ke. Ayiwa, a komo ya gabo ni. Ayiwa, a komo ga Sincan di
ni. Yogoni na ti komo debe Golomi. Xa Golomi ken ke ni dooren ya.
Oui. Ils l'ont appelés eux-même bière de mil. Le nom leur appartient. Un homme était resté à
Bakel. Il resta à Golomi. Oui, il avait beaucoup de captifs. Les captifs se sont arrêtés là. Ils s'y
sont installés. Ils ont appelé : "Hé ! Golomi, Golomi, Golomi !" Golomi s'est élévé aussitôt.
Golomi est vers Bakel. Golomi. Tu quittes vers Bakel, voilà tu te diriges à Golomi. Voilà,
Golomi est un pays où se trouvent des herbes jaaje. Elles traversaient Golomi. Oui, il y avait
beaucoup de ses captifs. Oui, ses captifs étaient dans Sincan. On a appelé ce village de captifs
Golomi. Mais Golomi c'est du banco.

A. F. : "Nda"r a xa, an ti ken wore tu ?


Mais, "Ndar"1 connais-tu sa signification.

B. S. D. : Ndar ke i ya ni ken kaara tana. Lemunu ken diima Ndara sape wa i ta. Ken ya ni
xusa ti a dana Ndara.
Ndar se trouve en allant vers le pays. Les jeunes à ce moment allaient à Ndar qui était signe de
succès. C'est alors qu'on la appelé Ndar.

A. F. : Ah, i da toxora Ndara xoore ke ya !


Ah, ils l'ont appelé comme Ndar la grande !

B. S. D. : He ! Hari baane nta ken falle sapen Ndara. Ken bire Njay bane ke. A wa kagumu
baken su Ndaran ta, Ndaran ta. Ken ya ni i kun taaxura ke. I xusa a xeerin Ndara. Ken ya ni o
ku xusi taaxo ri yere. An faabeeni o ga soro ku tu Ndara ken ya ni. Xa, an dana noku faayi
xolle ke falle ya. Xo i no o kappa Ndara ya. A da ñi i da jin yan ro, xolle ke xuna. O ke ti o na
kareye ya tan.

1Nom autochtone de la ville de Saint-Louis.

156
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

Oui ! Après Ndar la bienheureuse il n'y a que Dieu seul. Les Njay habitent vers là. Les chefs de
famille qui s'en vont de chez eux, vont à Ndar. Ils s'installent là bas. Ils l'ont alors appelé Ndar.
Nous nous sommes installés là. Les gens nous comptent parmis ceux de Ndar. Mais, nous
habitions derrière le marigot1. Nous étions sur le flanc de Ndar. Avant l'eau remplissait le marigot
et nous avons déménagé.

A. F. : Iyo. A wa manne tu gellan ga ri Bokijawe ?


Oui. Que connais-tu depuis que tu es à Bokijawe ?

B. S. D. : An ti Bokijawe ke, a ga dani ti o kaaran tan. Ayiwa, o na ti noxo dana Hoñiñe ni


Jamel.
Tu as dit qui est passé dans le pays de Bokijawe. Oui, nous avons dit que nous sommes passé à
Hoñiñe et Jamel.

A. F. : Jamel ?
Jamel ?

B. S. D. : O na ti dana Jamel. O na noxo dana Xuudi. O na ti noxo dana Kardo Dogi. O na


ti noxo dana Kine Kinan. O na ti noxo dana Ornolde. Iyo, o ga na Ornolde ke ta, o na daga
Jebakunda. Iyo, o ya fonu. Ku yan Toki Toki me ke ta, fane baane ke yan ta.
Nous passerons sur Jamel. Nous passerons à Xuudi. Nous passerons sur Kardo Dogi. Nous
passerons sur le lieu de Kine Kinan. Nous passerons à Ornolde. Oui, si nous allons à Ornolde,
nous allons à Jebakunda. Oui, nous avons ces choses. Tous sont au bord du fleuve Toki Toki.

A. F. : Xo, fane su wuren nta i de ! Xo toxono ku, Foyinta xa, a wure ni manne ?
Mais, tous les villages ne sont pas au-dessous du fleuve ! Mais parmi ces noms, en dessous d'où
se trouve Foyinta ?

B. S. D. : "Foyini" ke fullan xanne yan ta. A wuren ni xo, a ga na giri. Xa ga na daga fi kuruba
joppa noxo be.
"Foyini" est de la langue peul. Il est comme en-dessous, s'il le quitte. Comme s'il va commencer
un nouveau lieu.

A. F. : "Yarini" xa ?
C'est quoi "Yarini" ?

B. S. D. : "Yarini" xa ni naburu ga yanqa a noxo. Naburun yigera.


Yarini c'est comme l'endroit où le bétail fait halte. Le pâturage du bétail.

A. F. : "Orndolde" ?
Et "Ornolde" ?

B. S. D. : Ah ! Folo. Ken ni gumba jippe ya ta.


Ah ! La terre de décrûe. C'est un ravin profond.

A. F. : Baane ke xa, an mugu de !


Et l'autre tu l'as oublié !

1Se référer dans la carte du village à l'ancienne maison de Ba Samba Diop avant le marché et devant le marigot Biibe Godoro.

157
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

B. S. D. : Kardo Dogi folo ken ke. N wa tu kun baane ya worini.


La terre de décrûe de Kardo Dogi. Je sais qu'il n'y en a qu'un qui la traverse.

A. F. : A renmu baane a toxo Haruna tana.


Son seul enfant s'appelle l'autre Haruna.

B. S. D. : O jota ken ke. Ken ke de n wa tu a. Jaba Tunde ke. A xillen tuwaxun ken ya. A toxon
ga ni Demba, a janmu ga ni Tuure.
Notre pair. Je le connais. Le Jaba Tunde. On fait appel à son savoir. Son prénom est Demba et
son patronyme Tuure.

A. F. : I da toxora ken ya. Ko ni xolle ke toxo nta i ?


Il se nomme ainsi. Quelle rivière n'a pas été cité ?

B. S. D. : Xolle ceddo noku ga tangeni noxo be. I ti Cangol Honi faayi fane. A do Wendu Honi.
L'endroit de la rivière où les ceddo pêchent. Ils l'appellent Cangol Honi près du fleuve. Et aussi
Wendu Honi.

A. F. : Iyo. Fanu ku su ni fan baane ya.


Oui. Tous les fleuves sont en fait un seul fleuve.

B. S. D. : Iyo, fan baane ke ya Toki Toki me.


Oui, le seul fleuve est Toki Toki.

A. F. : Iyo, i ga di toxora me yi.


Oui, ils s'étaient donné ce nom.

[Apparté sur un objet que voit Ba Samba Diop]

B. S. D. : Ken ni manne ? Ke ti yitten xulle ya fe ?


Qu'est-ce ? N'est-ce pas un arbre blanc ?

A. F. : Kan ni ke ?
Est-ce de la maison ?

B. S. D. : Ke !
Cela !

A. F. : Ayi. yitten xulle feti.


Non. Il n'y a pas d'arbre blanc.

B. S. D. : Ke manne ni ?
Qu'est-ce que c'est ?

A. F. : Maxa jaxa tane xulle ya ni walla sangume ya ni.


C'est peut-être du gombo ou du bissap.

B. S. D. : Yitten xulle ma ...


Pourtant un arbre blanc ...

158
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

A. F. : Ba Samba, "est-ce que" Neeganabe noku debe tana a ga feti Bokijawe ?


Ba Samba, est-ce que les Neeganabe existent dans d'autres villages que Bokijawe ?

B. S. D. : Neeganabe. Gelli yogo ni ga ma giri daga taaxo noxo tana. Yogo ni xa daga taaxo
Njot. Debe ke toxo ni Njot, yogo ni taaxono.
Les Neeganabe. Un des leur n'est pas parti dans un autre endroit depuis lors. Un des leurs est
parti s'installer à Njot. Le village où il est parti s'installer s'appelle Njot.

A. F. : Njot xa ni manne ?
Mais où est-ce Njot ?

B. S. D. : A faayi. An ga na giri kata Kutanabe ba ke.


Par là. Quand tu quitte Kutanabe.

A. F. : Sénégal oriental ?
Au Sénégal oriental ?

B. S. D. : Ayi, a faayi Damga. An ga na giri ...


Non, vers le Damga. Si tu quittes ...

A. F. : Bundu ?
Le Bundu ?

B. S. D. : Bundu kille a. An ga na giri debe Njot be toxoni Jallube. An ga na giri Jallube kata
gune Neeganabe noku taaxono.
Sur la route du Bundu. Si tu quittes Njot, le village s'appelle Jallube. Si tu quitte Jallube, les
Neeganabe se sont installés dans la brousse.

A. F. : An nta tu fo Moritani walla fo Mali ?


Tu ne sais pas si c'est en Mauritanie ou au Mali ?

B. S. D. : Ko ? Neeganabe ni. Nnh, Nnh !


Qui ? Les Neeganabe. Non, non !

A. F. : I ku na Senegal baane ke a ni ?
Ils se trouvent seulement au Sénégal ?

B. S. D. : Neeganabe no ku feti sero gobu. Sere baane ya fe. Neeganabe no ku ri. Jamanabe no
ku ni ya ta i ga tangini. A ken yugo baane xusa a ri. A wa moodin ya ni. Ken diima, i kun nta
fofo tu : ma tangiye a do gajane falle. A xusa taaxo di a. Ayiwa, i ga na daga tangi. I ni me
katta ya. A xuse feran ya, a da i fata bakka me. Fofon da ñexe be raga, a na a kama ñexe
sembedi kaara. I ti : "He ! Ke yugo a fon tu. Xoron na a maara du maxa." A bana. I rusa a mara
du maxa. I da i ren yaxare kina i. A daga. Ken ya ni Neeganabe no ku saara. Jaogonabe ni ya
ni Neeganabe no ku saara.
Les Neeganbe n'avaient pas beaucoup de personnes. Il n'y en avait qu'une seule. Voilà comment
les Neeganabe sont arrivés ici. Les Jamanabe d'ici pêchaient. Soudain un homme seul est venu.
Il était un marabout. A cette époque, ils ne connaissaient rien : ils pêchaient et faisaient la guerre.
Il s'est alors installé parmi eux. Donc, ils allaient à la pêche et se battaient entre-eux. Il a utilisé
tous les moyens pour les séparer. Le poisson qu'ils attrappaient, il le mit côte à côte. Ils dirent :
"Hé ! Cet homme connaît les choses. Allons l'éléver parmi nous." Il était riche. Ils l'élevèrent

159
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

alors parmi eux. Ils lui donnèrent une fille. Elle parti. Elle engendra les Neeganabe. Les Ja Ogo
engendrèrent les Neeganabe.

A. F.: Ah ! A ken Neeganabe a da i Jamanabe ya yexi.


Ah ! Le Neeganabe s'est marié avec les Jamanabe.

B. S. D. : He ! A bana. Moodin feti. A ga ri gune kundu. Tan komo filli siine i do seren nta
duwana ma da. I duuru ya ni. I nta Hari salli noxo tu. A yan da i salle moxo ke koyi ya. I da me
gomundi. I da yaxare kine. A taaxo di ya. A da gotondi. Fo gabe wacca ken diima ma i duna ya.
Fo xottin ke. Jaje wa ri yere, n ken ra nta fo da.
Hé ! Il était riche. Il n'y avait pas de marabout. Il est venu ainsi de la brousse. Pendant deux
cents ans personne n'invoquait la bénédiction divine. Ils étaient nus. Ils ne connaissaient pas
l'endroit où l'on prie Dieu. Il leur a montré comment prier. Ils se sont rassemblés. Ils lui ont
donné une femme. Il s'est installé parmi eux. Il les a rendu intelligents. Beaucoup de choses
qu'aujourd'hui il n'y a pas dans ce monde. Des choses difficiles. Jaje vient ici, je ne peux plus
rien.

[L'entretien avec Ba Samba Diop se termine ici. La cassette reprend par un entretien entre Ami
Fall et son père Ségui Fall.]

A. F. : N ti fanu ku sikki. Ngalu. Fanu ku filli.


J'ai dit qu'il y a trois fleuves. Les arbres ngalu. Il y a deux fleuves.

S. F. : Ngalu. Tirangal noku filli me a wori. Maxa duuro. Baane da i jonko i. Tirangalle "Juddel"
ke. A ga daga Tirangal "Juddel", a kille dagana "Salini" bakke. Salini noxo ke be i ga tini a da
"Jarde". "Mayi Jarde". "Mayi Jarde" ken xuna, ken ya boxe. Gelli jonko i, gelli de. O ku na ti
"Salde". Baane jonko i "Bundi". "Bundi" daga "Leya" kun wa. A da golliñano. Ayiwa, ken ña
ni ke ta, ma ga rono kolangal noxo.
Les arbres ngalu. A cet endroit les deux marigots sont parallèles. C'est vide. Un seul les rejoind.
C'est le marigot "Juddel. Le marigot "Juddel" continue son tracé jusqu'à se jeter dans celui de
"Salini". L'endroit où se trouve "Salini" on l'appelle "Jarde", "Mayi Jarde". "Mayi Jarde" tombe
dedans, le traverse. L'endroit où il les rejoind, nous l'appelons Salde. Un seul rejoind le "Bundi".
Le "Bundi" se jette dans le "Leya". Il sert au travaux des champs. Donc, c'est ainsi jusqu'à ce
qu'ils arrivent aux champs de décrûe.

A. F. : Jarde fane ke a yan kon tini ma ga kiñene ku ...


Le fleuve Jarde dont on a parlé ne joignait-il pas les ...

S. F. : A ya no ken su boxe a ya di. Ke ga ri ma debu yere. Ken jon i kundu. Ken daga kundu.
Ken tenge ti "Tuleli" yere. Ken yere kun wa, ken daga nan ya xollen wa. A daga fanen wa. Ma
ga kiñene borogo. Kobilo borogo soxono noxo be. Ke xa kuntine kundu. Yere kun wa mino faaga
"Fodi" yere. Mino taaxonte ya yere. Ke be ga dani yere kun wa. Mino ke a taaxo noxo be. A
da i jonko i tirangal "Juddel". I ga ti kolangal "Juddel". O ñi ken tangeni. A daga "Balde".
"Balde" xalle ke ñan daga "Bundu Tiire". "Bundu Tiire" xalle ke, ke ñan daga "Jeliyana". Ayiwa,
ken xa i na ti "Nayeli Jarde". A xa ña kundu, a na yillen rini. Ken ya ni ga tini "Jarde". Ke xa
yan daga ma ga kiñene ...
Ce sont tous ces endroits qu'il traverse. Il ne va pas dans les villages d'ici. Il commence ainsi. Il
va ainsi. Il va sur "Tuleli" ici. De là, il va dans la vallée alluviale. Il va au fleuve. Jusqu'à atteindre
les pâturages. Les pâturages de Kobilo qui sont dans les endroits où on cultive. C'est comme s'il

160
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

gagnait ainsi. Ici même, l'eau s'écoule dans le "Fodi". L'eau rentre ici. Elle passe par là. L'eau
rentre dans ce lieu. Elle gagne le marigot "Juddel". On dit le champ de décrûe "Juddel". Nous y
pêchions. Elle va à "Balde". Une part du "Balde" va dans le "Bundu Tiire". Une part du "Bundu
Tiire" va dans le "Jeliyana". Donc, cela ils l'appellent "Nayeli Jarde". Elle était ainsi, elle se
promène. C'est cela qu'on appelle "Jarde". Il va jusqu'à joindre ...

A. F. : "Ngalde" ?
Et "Ngalde" ?

S. F. : Ah. "Ngalde" fe di. O faaga ri killen toxo leyi.


Non. "Ngalde" n'est pas dedans. Nous avons oublié le nom du chemin qu'il prend.

A. F. : Minne ?
Où ?

S. F. : "Denmuge". Ken ya telle ma "Denmuge". "Denmuge" xalle ken ke, ken giri "Jarde" xalle
ma Kaedi bane.
Le "Denmuge". Il va jusqu"au "Denmuge". Une partie du "Denmuge" provient de "Jarde" jusque
vers Kaedi.

A. F. : An ti i wure tu.
Tu dis que tu connais la signification.

S. F. : Ah ?
Quoi ?

A. F. : Xo fanu ku toxoni an ti wure tu ?


Connais-tu la signification de la dénomination des rivières ?

S. F. : I wure ?
Leur signification ?

A. F. : He !
Hé !

S. F. : Ayi. I ga ri fofo konin dana gelli yere. I ga ti : "Ke fane ke dooke a, ke fane kiye a."
N nta fofo tu.
Non. Depuis que je suis ici, on est venu en parler. On disait : "Cette rivière est là-bas, cette
rivière est de ce temps." Je ne connais rien.

A. F. : Koni da i toxonu kuri ya ?


Qui a attribué ces noms ?

S. F. : Toxoni. Ku be ni ga giri Jamanabe.


Les noms. Ils viennent des Jamanabe.

A. F. : Ah ! I yan da. Baane su fon ga ni noxo be, an na toxo ya. Xabila be fon ga ni.
Ah ! Ils l'ont fait. Quand l'un d'eux était dans un endroit, il le nommait. Il était au peuple.

161
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

A. F. : Jamanabe ya foni. Fane ke i ya fankan ni. I fina ya ni. Ayiwa, i wa tini salliye ke xadi.
Jamanabe a sallien ke koyi. An wa tu soron be i ga sallien kono ? I ga tini ke fullane ya foni ri
yere. O da i ke fo fullane wutu ri yere. Ke fullane ya fofo ti yere. Ayiwa, xa ya foni xa ñiñe. Na
wutu a dana ni Modi Yahi [?]wure. Modi Yahi [?] ga taaxunu noxo ke be. Ma o gan daga wara
Modi Yahi [?]. Fullu be ni ga ñi ken kefini ... Wacca, ya no digamen kono. Jaldi Gode Sumare
do taaxunu be ga o ñi.
Les Jamanabe l'ont fait. Ils ont de nombreuses rivières. Ils sont les premiers. Donc, on leur a
encore appris la prière. On a montré le prière aux Jamanabe. Sais-tu que des gens leur ont parlé
de la prière ? Certains ici leur ont appris. Nous avons pris des choses de certains qui sont venus
ici. Ceux-là ont dit des choses ici. Donc, ils partagent les terres et les malentendus. Pour prendre
il est passé à côté de Modi Yahi [?]. Modi Yahi [?] s'était installé dans le lieu. Jusqu'à ce que
nous ayons abandonné Modi Yahi [?]. Les Peul étaitent réunis avec ... Mais on vient d'en parler
tout à l'heure. Jaldi Gode Sumare et nous, sont installés.

A. F. : Iyo, Neeganabe no ku i na debe ke baane ya di ?


Oui, les Neeganabe étaient-ils les seuls dans le village ?

S. F. : Neega nta debe ke baane. Neega wa gilli Lowuru a.


Les Neega ne sont pas les seuls du village. Les Neega viennent de Lowuru.

A. F. : Lowuru baane ya ni. Lowuru ni Senegal ya ?


Ils sont seulement de Lowuru. Lowuru est-ce au Sénégal ?

S. F. : Lowuru faayi Damga noxo ke di yere ya. Lowuru faayi Damga raxe ke ya. Gajaaga do
faayi naxa.
Lowuru se trouve dans le Damga. Lowuru se trouve au bord du Damga. Il se trouve entre le
Gajaaga.

A. F. : Iyo, xa an da tu Neeganabe Moritani walla Mali ?


Oui, sais-tu si les Neeganabe sont de la Mauritanie ou du Mali ?

S. F. : N ma mugu.
Je ne connais pas.

Retranscription de la lettre :

Thiwel : vient de Tiwore (l’endroit où il y a beaucoup d’arbustes et un peu d’eau). En soninke


on l’appelle digite dingira. Les Ceddo en quittant leur ancien lieu entre Mboloyel et Bokidiawé,
c’est à dire l’ancien Bokidiawé, sont partis s’installer de nouveau dans le Tiwore. Ils ont continué
à dire qu’ils étaient dans le Tiwore et les autres habitant ont appellé ce quartier Tiwore qui est
devenu par contraction Thiwel.

Boyenadyi : il y avait beaucoup de chacals et les gens par abus de langage ont dit « ici c’est le
lieu des chacals » et quand bien même ils s’y sont installés ils ont continué à l’appeller ainsi.

Sinthiane : c’est un mot haalpulaar qui veut dire quartier neuf. En soninke on dit ka kurumbo.

Ndar : vient de nda en wolof qui veut dire le canari. Mais ici c’est le Ndar de Saint-Louis du
Sénégal. Avant la colonisation Ndar était la ville la plus connue, la plus célèbre, où on trouvait

162
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

tous les types de personnes. Le nom est venu à Bokidiawé par comparaison, car le quartier
contient tous les bons du village.

Les Neeganabe se trouvent dans une seule région au Sénégal, celle de Saint-Louis. Par contre
on les trouve dans plusieurs villages : Djote dans le Nguénar et Louwouré entre le Damga et le
Gadjaga. Tous les Neega viennent de Louwouré.

Bokidiawé est traversé par un seul marigot mais baptisé à chaque endroit par les Ceddo, Woni,
Jamel, Yarde, Pulum, Kardo Dogi, Kine Tinegu, Ordode, Demba Ture.

Woni : une chose de nouveau en haalpulaar.

Yarde : l’endroit où les animaux viennent s’abreuver.

Pulum : le gouffre.

Kardo Dogi : nom d’une esclave qui a fuit son milieu.

Demba Ture : nom d’une personne.

Les autres noms cités n’ont pas de définition.

Commentaires donnés en français par Monsieur Maoudo DIOP, à Boki-Diawé le 30.07.95.


Fait suite à mon séjour à Kobilo et Dabia.

"La dotation en terres des Wague par Abdul Bokar est une affirmation fausse.
En fait les Wague ont récupéré des terres, appelées Jaarde, de partisans d'Abdul qui l'avaient
suivit dans sa fuite. Quand les français sont venus, ils ont tout de suite reconnu leur autorité et
ont bénéficié de ces terres (des titres de propriété existent).

Abdul Bokar et son fils donnaient tous les ans des bêtes à l'arrière grand-mère de Maoudo Diop.
En fait elle avait été capturée par Albury Ndiaye puis libérée à Bokidiawé où elle s'est mariée.
Albury après l'avoir capturée avait reconnu en elle une parente. Il l'a ensuite confiée à Abdul
Bokar de Dabia.

Abdul Bokar avait fui son village détruit par les français. Il est allé à Bokidiawé. Il passait la
nuit derrière Kayel Gamby.

Certains villageois ont fuit Bokidiawé pour Ogo, Bokiladji quand Abdul Bokar est venu s'y
installer. Ils craignaient la capture d'esclaves et la répression des français."

Informations recueillies auprès de Madame Aïssata DIOP épouse Doucouré à Paris en


octobre 1995.

Les Fade étaient des Jallo au départ.


Les Darame ont reçu leur maison des Njanoor sur un terrain qui auparavant était un champ
d'indigo.
Les Tirera et leurs komo avaient le même statut d'hommes libres. Quand le Wage est venu il a
distingué les Tirera des autres.

163
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

Les Mangassouba viennent du Mali puis sont passés à Soringo. Ils n'en sont qu'à la deuxième
génération à Boki-Diawé.
Il y a un mariage préférentiel entre les Wagué et les Tirera.
Les Jonke (équivalent de Jaxite) habitaient chez Aliyu Sow. La mère de Jonke est la première
venue. les Jonke ont acheté des terrains après l'indépendance (ils appartenaient au domaine
national).
Le père de Ségui Fall avait des terres au waalo. La mère de Ségui Fall a allaité Fodié Bacary
Tirera. Ils ont donc des liens de sang entre-eux.
Les Jaw sont les garanke des Tirera.
Fofana habite une ancienne maison des Kamisoxo (famille aujourd'hui disparue) qui viennent
du Maxana au Mali.

Informations données par Yousouf DOUCOURE à Paris le 26.09.95.

"Les Tirera sont des Jare au Xaniaga. Il y a une chanson soninké où l'on parle de Goundiourou,
village au 12 tombes de marabouts, près de Kayes."

Informations données en soninké par Ségui Fall sur la compositions de la maison Tirera.
Le 22.08.95.
Non-enregistré. Notes.

Ségui Fall, à l'Est de Ba Oumourou Khonte.


Demba Diop au Sud
Moussa Yéli, avant Moussa Balla.
Samba Alpha Touré
Samba Sare
Demba Khonté
Doro Binta
Babou Diabaxaté
Demba Marega

Entretien effectué le 09.08.95 avec Madame Aminata Demba FADE.


Elle est âgée de plus de 70 ans et est mariée à un membre de la famille Tirera. Entretien
réalisé chez Fakrou Tiréra en présence de plusieurs visiteurs avec pour interprète Ami
Fall. Traduit du soninké une première fois par El Hadj Diaw, puis retranscrit et traduit
définitivement par Boubou Camara de l'A.P.S.
Enregistré sur support audio.

Première membre de la famille des Fade, qui signifie littéralement en soninké, l'ancêtre, a être
interrogée, c'est avec bonne volonté et attention qu'Aminata Demba Fadé s'est prêtée à nos
questions. Elle tient ses connaissances de son écoute attentive des garanke[groupe statutaire
des artisants du cuir et griots] attachés à sa famille, mais qui ont quitté le village depuis
longtemps, ainsi que des récits des anciens quand elle était plus jeune. Elle habite avec son mari
dans la grande concession de Fakrou Tiréra, qui réunit de nombreuses familles de janmu
[patronymes] différents.

164
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

Ami Fall : Fadelanko wa, an da tu i ga ri waxati be debe ke ? A ti i da mugu ti Fadelankon ya


ni debe ke soro fono. A do xadi i ga ri gollu xooru be ni dabari. A do i ga dae ti noxu be ? A
do xa ga i giri noxu be. I na mulla an na ku ña na kooni da.
Savez-vous à quelle époque les Fade sont venus au village ? Il veut savoir qui sont les premiers
Fade et quels actes de bravoure ont-ils commis ? A quels endroits sont-ils passés ? Quels lieux
ont-ils quitté ? Il veut que vous lui en parliez.

Aminata Demba Fadé : O giri Guccube ya.


Nous venons de Guccube.

A. F. : Guccube ni minne ?
Où se trouve Guccube ?

A. D. F. : Guccube ni an ga na dai Bakel ya.


Guccube se trouve après avoir passé Bakel.

A. F. : A ni Senegal ya ?
C'est au Sénégal ?

A. D. F. : A ni Senegal do Mali a naxa. Guccube, an ga na giri Mali, an karene fan e.


Guccubenkoku. Fulle su i ga na ñi karene, an ga ma ri i ya segeta an nta yanqana ji ke.
C'est entre le Sénégal et le Mali. Guccube, si tu quittes le Mali, tu traverses le fleuve. Les gens
de Guccube. Tout Peul s'il veut traverser le fleuve tant qu'il ne demande pas l'autorisation il ne
passe pas sur l'eau.

A. F. : Ah, Fulle ya ni taxundi.


Ah, ce sont donc des Peuls qui y habitent.

A. D. F. : Soninkon renmu, Soninkon ya ni. Soninkon ya ni debe ke taxundi. Ke tanmi in digame


ke faamu. N nta daa Maamu n tooxo ke a yan debe ke taxundi. I wundi ya ta, i da i debe ke ñi
taxunu. A da giri fane ni. A do nan ri, a do sugon ri, a do jexen ri, a do farun ri, a do ñogomen
ri. An da faamu ? Yinbe me ñi kittene Gajaaga. Yinbe ni telle gilli ti Xayi ya. Xa gelli gelli ke
yaxare ga ri kootan be. A ga ra debe ke taxundi, a da yinben komo Gajaaga. I nta xa telle yinbe
wutu Xayi ya. An da mugu ? O ku xooro yugo ke a tooxo ni Biine Fade ya.
Ce sont des enfants soninké, ce sont des Soninké. Les Soninké se sont installés dans le village.
Tu n'as pas compris ce que je viens de dire. Je n'ai pas dit que Maamu a installé le village. Elle
s'est réveillé et le village était construit. Elle venait du fleuve. Elle est venu avec des bovidés,
des chèvres, des moutons, des ânes et des chameaux. Tu comprends ? Le feu ne se trouvait pas
au Gajaaga. Il fallait aller le chercher à Xayi1. Il y a longtemps, un jour une femme est venue.
Elle s'est installée dans le village, elle a assujetti le feu du Gajaaga. Ce n'était plus la peine d'aller
chercher le feu à Xayi. Tu connais ? Notre ancêtre s'appelait Biine Fade.

A. F. : A da yinbe ke a da riiti kan moxo ?


Comment a-t-elle amené le feu ?

A. D. F. : Yinbe ke a da bogu jin ya di. A da yinbe ke bogu jin ya di. A do komo ku deben su da
taxundi. Gajaaga su taaxo da i ya. An da faamu ? Biine Fade noku giri dono ya. Biine Fade giri

1Kayes, chef lieu de la cinquième région dans le Mali actuel.

165
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

Guccube. Biine Fade a noku o ku kisima ni saara. Biine Fade sooma ni Musa ya. Musa yan da
Demba Asa saara. Demba Asa da inke saara. Musa a ni Asa Xujeji saara, a da Ansumana Musa
saara, a da Ayida saara. A da Hode Ansumana saara. Hode Ansumana da in Ma saara.
Le feu est sorti de l'eau. Elle a fait sortir le feu de l'eau et les captifs qui se trouvaient dans le
fleuve. Tout le Gaajaga s'est établit là. Tu comprends ? Biine Fade et eux viennent de là. Biine
Fade vient de Guccube. Biine Fade a enfanté nos grands-pères. L'aîné de Biine Fade est Musa.
Musa a enfanté Demba Asa. Demba Asa m'a enfanté. Musa a enfanté Asa Xujeji, Ansumana
Musa et Ayida. Il a enfanté Hode Ansumana. Hode Ansumana a enfanté ma mère.

A. F. : A do Tirera kundanko ku da i me kitta kan moxo ?


Quelle est la parenté entre les Tirera et eux ?

A. D. F. : An da faamu ? Tirera kundanko o da o kun da me kitta do Asa Xujeji ya. A ga ri yeexi


Tirera kundanko. Xo o ku do Tirera kundanko hari menjare n ti o maxa. An da faamu ?
Tu comprends ? Nous avons un lien avec les Tirera par Asa Xujeji. Elle s'est mariée avec un
Tirera. Mais nous n'avons pas une once de parenté avec les Tirera. Tu comprends ?

A. F. : Xa ga ñi gilli Guccube, xa janmu Fade ya ?


Mais quand vous avez quitté Guccube votre patronyme était Fade ?

A. D. F. : Fadelanko ya no ya. O ku ni Manu ya. Ku ni Fade Sadiga ni ya. Yelingara. N ti Fade


Jallo ni ya. O ku ni Fade Sadiga ni ya.
C'était des Fade là. Nous étions des Manu1. Ce sont des Fade Sadiga. A Yelingara. Je dit qu'il
y a des Fade Jallo là bas. Nous sommes des Fade Sadiga.

A. F. : Fade wure ni manne ?


Que signifie Fade ?

A. D. F. : Fadelanko ku janmu ya ni. I ya ni Manu ya ni. I ya ni toorinto yigana. I ya kuure ni


man ko. An da faamu ? O xooxo yugo ke roye jamaane ke. A gille Guccube. O kuuren yinme ya
ni o ya. O yaxaru dumbu ku, a ya ñi telle kuuren wa. O yan kutini kuuren kaane. O na ti yugu
ku ni ton renmu ya. O Fadela yaxaru jammu nta o i de. Jammu nta i ya. I ma o mullo. I ya a wa
saqqa, an wa sogo su koono. Xa koota baane i ga na giri, yugo nta saagi ya.
C'est le patronyme des Fade. Ils étaient des Manu. Ils "mangeaient le pouvoir"2. Il faisaient la
guerre. Tu comprends ? Notre arrière grand-père est entré dans ce pays3. Il venait de Guccube.
Nous étions nous mêmes des guerriers. Parmis les femmes, seulement [Maamu] allait à la
guerre. Nous nous mettions en avant dans la bataille. Nous traitions les hommes de "fils de pets".
Les femmes Fade ne voulaient pas la paix. Il n'y avait pas la paix. Elles n'avaient pas de sang-
froid. Tu peut dire ce que tu veux, elles restent impassibles. Mais le jour où elles se lèvent, les
hommes sont moins courageux qu'elles.

A. F. : Xoyi an wa tu, Wage ni janmu ya. Wage wure o wa o tu. Fade xa wure ni manne ?
Cependant, vous savez, Wage est un patronyme. Nous connaissons la signification de Wage.
Mais que signifie Fade ?

1Groupe de notables politiques et guerriers au Gajaaga, voir A. Bathily ...


2Expression qui signifie gouverner.
3Le Fuuta.

166
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

A. D. F. : Fadelanko. Fadelanko ma giri jin ya ? O ku Fadelanko, o giri jin ya. O ku Guccubenko,


o giri jin ya di. O sere fana giri jin ya di. Guccube taaxe a do saasa naxa, an wa wutu fane ke,
an na ri taaxo Guccube. An wa mugu ? Wujune siine a do tan n~ere yirigi a do xaaro filli. O ku
kisima, o xooro yugo ke a giri nan ri Guccube a na ri debe ke komo naxati siine a do tan ñere a
do xaaxo segi. A ga ri Bokijawe. An da faamu ? O ku do Xañaga Soninko o da i nta fo. O da i
nta saaxe, o da i nta faabe. O da i ma kafi hari baane. O ku ni Gajaaga duuru ya no. O ku ni
Gajaagankon ya. O ku feti Xañaganko. O ku feti Fuutanko. O ku ni Gajaagankon ya. A giri
doono a kun wa, a ri. A "foode"1. An da faamu ? A xalibe. A da maxanbaanu ñeri, a da ken ya
jara. Ceddo noku i ga ri teenu ñeri kiine i. Hari ke lenki, hari ke xunbane. Komo naxati siine a
do tan ñere do xaaxo sigi lenki. Guccube taaxe, wujune siine a do tan ñere a do xaaxo filli ri.
An da mugu ? Ku be ni ga doono i nta ku tu. An da mugu ? O ku taaxo o xirisun ya wori. O
xirisun yan da i koonon da. O faabe ya ni koono da. An da mugu ? O ku be ni ga no, Fode
Ansumana Fade a inke Ma saara. Fode Ansumana Fade a da Samba Mariamu faaba saara. An
da faamu ? Nke do Fune yaxare me batti. N faaba do Ansumana do Asa Gey faaba wa faaba
baane. Fone ke a di. O ku Fadelanko o ni ke ya. O do Fuuta Soninko sun nta xoote. O ku
Fadelanko ya tan o giri o daga taaxo Fullun ya. A nta i taaxonu Soninko baawo Soninko kawa
nta i. Fun be ga ri, o xabila ken roxo, xa o soron su daga yexi Gajaaga. I saara in ti yexini Fullu,
Soninko fe, i xawanso fe. Ke duuno a bono ke ta.
Les Fade. Les Fade ne viennent-ils pas de l'eau ? Nous, les Fade, venons de l'eau. Nous, les
habitants de Guccube, nous venons de l'eau. Notre premier homme venait de l'eau. L'installation
à Guccube et le lien avec aujourd'hui, tu prends le fleuve et tu viens t'asseoir à Guccube. Tu
connais ? Mille soixante-dix années en cours et deux hivernages2. Cela fait quatre cents
soixante-dix années et huit hivernages que notre grand-père, notre arrière grand-père qui a quitté
Guccube pour venir au village3 est allé à Bokijawe. Tu comprends ? Nous, avec les Soninké du
Xañaga, il n'y a rien. Nous n'avons pas la même mère et le même père. Nous n'avons pas de
liens avec eux, pas même un seul. Nous sommes entièrement du Gajaaga. Nous sommes des
gens du Gajaaga. Nous ne sommes pas des gens du Xañaga. Nous ne sommes pas des gens du
Fuuta. Nous sommes des gens du Gajaaga. Il4 est parti de là-bas et est venu ici. Il a voyagé.
Comprends-tu ? Il avait une plume en roseau de marabout. Il a soigné sept jeunes hommes. Les
Ceddo d'ici lui ont donné sept champs. Même aujourd'hui, même demain. Aujourd'hui cela fait
quatre cents soixante-dix ans et huit hivernages. L'installation à Guccube remonte à mille
soixante-dix ans et deux hivernages. Connaissais-tu cela ? Cette histoire, les gens de là-bas ne
la connaissent pas, tu comprends, nous nous asseyons avec les anciens et les regardions. Les
anciens nous l'on raconté. Mon père m'en a parlé. Connais-tu cela ? Parmi nous et ceux qui sont
là, Fode Ansumana Fade a enfanté ma mère. Fode Ansumana a anfanté le père de Samba
Mariamu. Comprends-tu ? Moi et la femme de Fune nous nous succédons. Mon père, Ansumana
et le père d'Asa Gey ont le même père. C'est peu de choses. Nous les Fade sommes là. Nous
n'avons aucune parenté avec les Soninké du Fuuta. Nous les Fade sommes partis et sommes
allés nous installer parmi les Peuls. Nous ne nous sommes pas installé parmi les Soninké parce
que les Soninké ne sont pas "secs"5. Notre lignée est minoritaire car tous nos gens vont se marier
au Gajaaga. Leurs parents leurs disent de ne pas se marier aux Peuls, car ils ne seraient plus
Soninké et ils ne seraient plus nos semblables. Ce monde là est désormais gâté.

1Voyager en pulaar.
2Il y a 1071 ans.
3Il y a 474 ans.
4Sans doute Biine Fade.
5C'est à dire qu'ils n'ont pas d'honneur.

167
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

A. F. : Ah, Soninko do Fade i xawanso feti naxa.


Ah, les Soninké et les Fade n'ont pas de lien de ressemblance.

A. D. F. : Soninko, Fadelanko, i me Soninkan "purini"1. I nta i Xañaga. Xa ni me yexini ya, a ga


nta ya nke Ma a do Ansumana Ma. Sere su ga yexi Fadela. Fadela renme nta yexini Xañaga.
Xa renmu ku su faay doono a, o soron su faaga Gajaaga. Ku faay Jawara. Ku faay Kungani.
Ku faay ma Tuleli. Ku faay ma Gumeli. Sansanbe Fade renmu ya. Alaxade Fade renmu ya. An
da faamu ? O ku i debe ke tu. O da i debe ke tu. A ri jamane ke di, komo naxati siine a do tan
ñere do xaaxo filli yirigi. O ku do Soninko ku nta xille hari Wage kundankoku o da i nta xille.
Soninké et Fade, il n'y n'a pas plus purs Soninké qu'eux par rapport au Xañaga. Mais ils se
marient entre-eux, sauf ma mère et celle d'Ansumana. Tous les membres se marient chez les
Fade. Les enfants des Fade ne se marient pas au Xañaga. Mais tous nos membres s'ajoutent à
ceux du Gajaaga, parmi tous les enfants que l'on peut voir là. On les voit à Jawara, Kungani,
Tuleli et Gumeli. Ce sont les enfants de Sansanbe Fade. Ce sont les enfants d'Alaxade Fade.
Comprends-tu ? Nous étions dans ces villages. Nous étions dans ces villages. Il est venu dans
ce pays, il y a quatre cents soixante-dix ans et deux hivernages de l'année en cours. Nous ne
sommes pas de la même branche que les Soninké. Et même avec les Wage nous ne sommes pas
de la même branche.

A. F. : Waxati ke be, Koli kuure ga ni yere, ke waxati xa ni yere ?


A l'époque où les guerriers de Koli étaient ici, étiez-vous déjà ici ?

A. D. F. : Koli ?
Koli ?

A. F. : Koliabe kuure ga ni yere.


Les guerriers Koliabe étaient ici.

A. D. F. : Koliabe ni Ngidiloñ.
Les Koliabe étaient à Ngidiloñ.

A. F. : Koli Teella soron waxati ke be. A soro roni jamane ke.


A l'époque des gens de Koli Teella. Ses gens sont venus dans le pays.

A. D. F. : A kuure ya ñi ro jamane ke. N ta o kisima ya na xatta.


Ses guerriers sont entrés dans le pays. Mes propres grands-parents les ont chassés.

A. F. : Kan waxati xa ni yere ?


A quelle époque cela s'est-il passé ?

A. D. F. : He !
Hé !

A. F. : Fajara manne xa naxa ?


Quel est votre lien avec Fajara ?

1Soninkisation du mot français "pur".

168
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

A. D. F. : Fajara o soron wo no. Jawara o soron wo no. Kungani o soron wo no. Guccube, o
dai Guccube ya. Yaxare ke giri fanen di, a da i worojexe ke su giri fane ke, a ri taaxo. A da
debe ke taxundi. Wujune siine a do tan ñere a do xaaxo filli.
Nos gens sont à Fajara, Jawara et Kungani. Nous avons duré à Guccube. La femme qui est sortie
du fleuve et dont toute la fortune en est sortie aussi est venue s'y installer. Elle a fondé le village
il y a mille soixante-dix ans et deux hivernages.

A. F. : A ti gelli xa ga ri toorinton xo xa ga ñi Jaara ya, yaxan ke be ?


Il demande si vous gouverniez ici avec Jaara ?

A. D. F. : Xo o ku ma toori deben ke di. O ku kisima wolin ya ni. A ti faju nta duuna di fi maxa.
Toore, a da taaxo Wage kundanko ku ya maxa. A ke ma due toorindi, a ti i soxola nta toore. O
ku soro ku ti i soxola nta i toore.
Nous ne gouvernions pas le village. Notre grand-père a dit qu'il n'aspirait pas au monde d'ici
bas. Le pouvoir, il appartient aux Wage. Il ne voulait pas gouverner, il n'avait pas besoin du
pouvoir. Nos gens n'ont pas besoin du pouvoir.

A. F. : Xa ma i toori debe ke di ?
Mais vous n'avez pas gouverné le village ?

A. D. F. : O ma toori debe ke di. I da tooren kinni o ya, xo o nta i ya. Samba toorodo Boki da
tooren kinni o ya. Xo ti o soxola nta i. Neeganabe ku ti on wa tooren wutu. Xo ti o soxola nta i.
Wage kundanko ku ti i na toore sembe da i. A ti soxola nta i. I ke i xalle i na Allah ya muurunu.
I ma toore muurunu. An da faamu ? Ayiwa1 o ku. Daaru duuna gillen girinde, Guccubenko ku
da seren ya girindi. Guccubenko ku da seren muuma ya girindi. I ti : "An na ri toori, tooren
kinne i. An na ri taaxo Guccube. An na ri." A ti i ra nta. O kun ku toore, o faama tan, gelli o sere
faana ku tan, yaxare ga ni marafa kattini.
Ils n'ont pas dirigé le village. Ils nous ont donné le pouvoir, mais nous n'en avons pas voulu.
Samba le toorodo de Boki nous donna le pouvoir. Mais nous répondîmes que nous n'en voulions
pas. Les Neeganabe nous dirent qu'ils allaient nous donner le pouvoir. Mais nous répondîmes
que nous n'en voulions pas. Les Wage nous dirent qu'il allaient nous donner à tour de rôle le
pouvoir. Mais nous répondîmes que nous n'en voulions pas. Ils cherchaient la voie d'Allah. Ils
ne cherchaient pas le pouvoir. Est-ce que tu comprends ? Eh oui, nous sommes ainsi. Depuis
que le monde d'hier a disparu, les habitants de Guccube ont délégué une personne. Les habitants
de Guccube ont délégué une personne pour chercher [un Fade de Bokijawe]. Il dit : "Tu vas
venir pour régner, nous te donnons le pouvoir. Tu vas venir t'installer à Guccube. Tu vas venir."
Il a refusé. Nous, nous n'avons pas régné. Il y a longtemps, depuis notre ancêtre, la femme qui
portait le fusil.

A. F. : I ga ñi Jaara ?
Etaient-ils à Jaara ?

A. D. F. : Marafa a katti. Jaara xa, Jaara ke be i ga Jaarana. Jaara ke xa, a ken Biine Fade ke,
a ren yaxare sooma. A tooxo Ngañi Koyita. Ken yan yexi Jaara ya. Ken ya ni Kebelanko ku. Ku
ni Kebe ni ya. A ken ren yaxare ya ni kun saara. I taaxo Jaara. An da faamu ? A da Jagili,
Jafara, saara no. A da Birahim Jafara saara no. A da Malamin saara no. A da Xunba Kebe
saara no. A da Fatumata Kebe saara no. Ren yaxaru sikki a do ren yugo sikki. A da kun saara,
ku faayi Jaara. O ku wa Bokijawe noxo ken ta.
1Expression hassanya qui signifie "oui".

169
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

Elle portait le fusil. Ceux de Jaara, les Jaara qui soignent. Ce Jaara est la fille aînée de Biine
Fade. Elle s'appelait Ngañi Koyita. Elle s'est mariée à Jaara. Ils sont devenus les Kebelanko. Ils
étaient les Kebe. Les enfants de cette fille sont restés à Jaara. Comprends-tu ? Elle a enfanté là
bas Jagili et Jafara. Elle a enfanté là-bas Birahim Jafara, Malamin, Xunba Kebe et Fatumata
Kebe. Trois filles et trois garçons. Elle a enfanté ceux qui sont de Jaara. Nous mêmes sommes
là à Bokijawe.

A. F. : Sonxay ku, yaaxo wuñaano ya ni ku be ga ni ri yere ? Koroboro noku sun ku ga ni Gao,


Mali.
Les Sonxay, quand ils sont venus ici, ont-ils dominé1 ? Ce sont les Koroboro qui sont à Gao et
Mali.

A. D. F. : Koroboro, o ku do kun nta xabila. O ku do kun nta fare baane.


Les Koroboro, nus n'avons pas de liens avec eux. Nous n'avons pas de sang en commun.

A. F. : A ti saado Koli ga ni yere, kan toorinto ni debe ke ?


Il demande quand le groupe de Koli était ici quel pouvoir y'a-t-il eu dans le village?

A. D. F. : Wage kundanko a ni yere. Tirera kundanko ku ri ken waxati. Xa i ma toore i. Kun ni


moodin ya ta. Wage kundanko ku ya ni toore. Tooren i ya maxa.
Les Wage étaient ici. Les Tirera sont venus à cette époque. Mais ils n'ont pas gouverné. Ils
étaient eux marabouts. Les Wage étaient au pouvoir. Ils avaient le pouvoir.

A. F. : A ti gelli Wage kundanko ku ga ri gelli ga ni ? Gelli kun Wage ni a ga ri yere saasa ?


Il demande depuis quand les Wage sont venus ? Maintenant, depuis quand les Wage sont venus
ici ?

A. D. F. : Kun ya ni yere. Ma i debe bogu ke di. Fo taana ri. A ga na i be ni da bogu, i ga daga


telle gune wa di. I ga i yexi doono. I renmu na saare do gunen n ti. Wage kundanko, gelli i ga ri
yere, i kun maxa yille.
Certains étaient ici. Mais ils sont sortis du village.D'autres sont venus. On part en dehors, quand
on sort de chez eux. On va se marier ailleurs. J'ai dit que leurs enfants fondent leur famille en
dehors. Les Wage, depuis qu'ils sont là, il ne sont pas partis.

F. : I do Abul Kader a ri doome ?


Sont-ils venus ensemble avec Abdul Kader ?

A. D. F. : Abdul Kader, Abul Kader nke nta ken tu.


Abdul Kader, je ne connais pas Abdul Kader.

A. F. : Almaami Abdul Kader Kan do Kobilo.


L'Almaami Abdul Kader Kan de Kobilo.

A. D. F. : Ah ! Almaami Abdul. Almaami Abdul ni Kobilonken ya. Abdul Bokar Dabiyanken ya.
Abdul Bokar, Dabiya, tooren ya ña maxa. A ya ni a ga toori, a na wutu Gede an na daga wara
ma Ñoroma do i Dembankane. A do Jawara naxa xoole woono, a tooxo ge ni Ngeredi. Abdul
Bokar toore daga xenpe ken ya. A jeerin da walen safa, a ña barakente fo. An da mugu ?

1Littéralement : "leur ont-ils ouvert les yeux"

170
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

Ah ! L'Almaami Abdul. L'Amaami Abdul était un ressortissant de Kobilo. Abdul Bokar était un
ressortissant de Dabiya. Abdul Bokar de Dabiya avait le pouvoir. Son pouvoir s'étendait de Gede
à Ñoroma et Dembankane. Et vers Jawara près d'un marigot appelé Ngeredi. Le pouvoir d'Abdul
Bokar allait s'achever là. Le jeeri qu'il a gagné est devenu pour lui une source de succès.
Connaissais-tu cela ?

A. F. : Abdul Kader an wa tu, ken ña joa riini, Abdul Bokar ri. Abdul Kader ya ma joa toore
Abdul Bokar Kan. A ti Abdul Kader xalle ya mulla.
L'Abdul Kader que vous connaissez, était déja venu, quand Abdul Bokar est venu. Abdul Kader
n'a pas commencé à gouverner avec Abdul Bokar Kan. Il demande quelle part voulait Abdul
Kader.

A. D. F. : Abdul Bokar xalle, ke ni Dabiyanken ya. Kobilonke ken kun wa, a ga na daga Kobilo,
a ga ñi tirindi a leseri ko na a da.
La part d'Abdul Bokar qui était un ressortissant de Dabiya. Les habitants de Kobilo qui sont là,
s'l va à Kobilo, ils pourront lui expliquer là-bas leurs origines.

A. F. : Wage kundanko ku ri yere saado Abdul Kader ga riini yere ?


Les Wage sont-il venus avant qu'Abdul Kader vienne ici ?

A. D. F. : Wage kundanko ku kunde sere su me i saama debe ke di. Hi ! Wage kundanko ku, ku
toorodoni be ni ga debe ke di. Neeganabe no ku. An da faamu ?
Personne n'est venu dans le village avant les Wage. Hi ! Les Wage et les toorodo étaient dans le
village. Ce sont les Neeganabe. Comprends-tu ?

A. F. : Siyanu gobo.
Beaucoup de baptêmes.

A. D.F. : O ku noxo ke a siyanu gobo. An da faamu ? Neeganabe no ku i ya ni toorinto. Fulla


jeerin ni toore Neega. An da faamu ? I yan toorinto, i yan joa. An da faamu ? I ga joa kun
wa, ken falle, an wa tu sere an wa xaana rondini fo di. An na xaana rondini, an na ti ri yere.
Nous avons eu beaucoup de baptêmes dans cet endroit. Comprends-tu ? Les Neeganabe
gouvernaient. Les Peuls du jeeri gouvernaient les Neega. Comprends-tu ? Ils gouvernaient, ils
étaient au début. Comprends-tu ? Ils ont commencé là, après, tu sais qu'une personne avec qui
tu es intime, tu peux lui faire bénéficier de quelque chose. Tu fais bénéficier ton ami intime en
lui disant de venir ici.

A. F. : Neeganabe no ko ni di ?
Les Neeganabe d'ici l'ont fait ?

A. D. F. : Neeganabe noku ni, Ceddo ni. Neeganabe non giri toorodonu i Kan ya.
Les Neeganabe d'ici l'ont fait, les Ceddo l'ont fait. Les Neeganabe qui viennent des toorodo sont
des Kan.

A. F. : Ah ! Kan kanu.
Ah ! Les maisons des Kan.

A. D. F. : He ! Kanunko.
Hé ! Les Kan.

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

A. F. : Kun fina ni ya ri yere.


Ils étaient les premiers à venir ici.

A. D. F. : Ah ! Kun ya ni Neega noku. Toore joa kun ya maxa. An da faamu ?


Ah ! Ils étaient des Neega. Ils ont commencé à gouverner. Comprends-tu ?

A. F. : Xa i me ñi debe ken keti ?


Mais, est-ce qu'ils étaient eux-mêmes du village ?

A. D. F. : Debe ke, i ya ni kuuren yinmen debe ke di.


Au village, se sont eux à la tête des guerriers du village.

A. F. : Neeganabe, i yan ro Wage kundanko Kan ?


Les Neeganabe ont-ils fait rentrer les Wage dans les Kan ?

A. D. F. : Ken diima a ma xalla. Wage kundanko, Soninken renme a su giri Kimbakan yan di.
Soninken renme a su giri Kimbakan yan di. A su giri Jafunu. An da faamu ? Ku giri Gidimaxa.
Ku giri Kerekete.
Cela ne fait pas partie de cette époque. Les Wage et tous les enfants soninké viennent de l'Est.
Tous les enfants soninké viennent de l'Est. Ils viennent tous du Jafunu. Comprends-tu ? Ils
viennent du Gidimaxa. Ils viennent de Kerekete.

A. F. : Kerekete ni minne ?
Qu'est-ce que Kerekete ?

A. D. F. : Kerekete a faaga Gajaaga noxo ke di. A ga Saheli noxon di.


Kerekete était en plein dans le Gajaaga. C'était au Nord.

A. F. : Gajaaga Moritani ?
Le Gajaaga Mauritanien ?

A. D. F. : A faaga Gajaaga Moritani.


C'était en plein Gajaaga Mauritanien.

A. F. : Senegali ?
Au Sénégal ?

A. D. F. : An da mugu ba ? Senegal a do Moritani naxa, Kerekete debe ke ni ken ya. Soninken


renme a fanka su giri dono ya. An da faamu ? Wuro ke i ga na ro saasa debe ke seren nta no.
Xa wuro ke ga na ro, xaran yinbun ya mundi xarana ma yillen kare, xaran yinbu na kara. An ga
na wori soro be ni ga ri jamaane ke di, i ga ti i wa toorini debe ke di, Soninko ku i duuru feti, i
da i Allah ñaaga ñiiñe ke di fi ta sella. A su bogu, a su wuru bakka ñiiñe ke di. Abdul Bokar ku
du Allah da kuuren deema.
Le sais-tu ? Kerekete est un village vers le Sénégal et la Mauritanie. Beaucoup de Soninké
viennent de là1. Comprends-tu ? Aujourd'hui quand la nuit vient dans le village il n'y a personne.
Mais quand la nuit venait, les feux pour éclairer la leçon duraient jusqu'à l'aurore. Si tu vois des
gens qui vont dans ce pays et qui veulent gouverner le village, les Soninké, qui ne sont pas sans

1Littéralement : "la force des enfants soninké vient de là".

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

rien, prient Allah de faire partir les gens de cette terre. Ils sortent tous. Ils sortent tous en courant
de cette terre. Abdul Bokar était aidé d'Allah dans ses guerres.

A. F. : An nta Abdul Kader ken fi, an nta fo tu ken da ?


Vous ne connaissez pas Abdul Kader, vous ne connaissez rien sur lui ?

A. D. F. : Abdul Kader, n nta ken fi tu. N ni Almaami Abdul wa tu. Almaami Abdul n wa ken fi
tu. An da faamu ? Abdul Kader n nta fe tu. N da fofo ko, n wa gare ña kono. Xa Abdul Bokar
xallen wa a do Almaami Abdul xalle.
Je ne connais pas Abdul Kader. Je connais l'Almaami Abdul. Je connais ce qu'à fais l'Almaami
Abdul. Comprends-tu ? Je ne connais pas Abdul Kader. Si je dis uelque chose, je dirais des
mensonges. Mais il y a la part d'Abdul Bokar et celle de l'Almaami Abdul.

A. F. : Almaami Abdul ya feti Abdul Bokar.


L'Almaami Abdul n'était pas Abdul Bokar.

A. D. F. : Almaami Abdul ya ni Kobilonke.


L'Almaami Abdul était un ressortissant de Kobilo.

A. F. : Ken ya ni kun wa ?
Y était-il ?

A. D. F. : Ke be ga ni Kobilonke, a ya ni Kobilo juuma fana ke.


Il était un ressortissant de Kobilo, il a construit la première mosquée du vendredi à Kobilo.

A. F. : Iyo, o Almaami Abdul na do ken ya meene !


Oui, nous et cet Almaami Abdul !

A. D. F. : Iyo, xa giri xaane ke be ko, in nta xilli ken xaane.


Oui, mais cela ne se dit pas de cette manière.

A. F. : Xa an wa tu o ku na xilli Abdul Kader ya. O da i fata bakka ma kundu ya.


Mais vous savez que notre manière c'est de dire Abdul Kader. Nous distingons mieux comme
cela.

A. D. F. : Ke ni Almaami Abul. Ke ni Abdul Bokar. Abdul Bokar ya ni Dabiya. Almaami Abdul


a ni Kobilo. Ken ke sanku nta i ken ya. Xa an ga na ti Abdul Kader ya, sere gabe nta ken tooxo
tu. O ku ma deemu ken tooxo muku. O kun na Almaami Abdul a tu. Worono o ku teenu ku saasa
o do Almaami Abdul ya ni te fi.
C'est l'Almaami Abdul. C'est Abdul Bokar. Abdul Bokar est de Dabiya. L'Almaami Abul est de
Kobilo. Il n'y a pas de confusion. Mais si tu dis Abdul Kader, beaucoup de gens ne connaissent
pas ce nom. Nous sommes habitués à entendre ce nom. Nous ne connaissons que l'Almaami
Abdul. Aujourd'hui nous cultivons nos champs grâce à l'Almaami Abdul.

A. F. : Iyo, Almaami Abdul a ya ni Koli Teella saama jamane ke ?


Oui, l'Almaami Abdul a-t-il précédé Koli Teella dans le pays ?

A. D. F. : A ya ni Koli saama jamane ke di. Koli ma dalla, a ga ri jamane ke di. Koli ga ri jamane
ke di, ke ti Soninkon renmu maxata ya. A maañi Koli ga ti wa Soninkon renmu taaxo jamane ke
a di. Soninko da Fullanu wutu ken golle killen da. Almaami Abdul Kader tu, i na Abdul Bokar

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

ya tu. Ken ni Dabiyanke ya. Ken kisimaru faayi, Bellay ya na kisima. An wa mugu ? A da
Almaami Abdul no saara. A da Abdul Bokar saara. Bellay ya ni a kisimaru ya ni, a kun faayi
taaxono Dabiya. An na daga katte kun wa, i na an xille kona da. An da dai katta Kobilo xaadi,
Almaami Abdul xaadi, a soron faayi non wa xaadi. Ma a ga ri a giri xollen tu. An da daga
Mbumba xaadi. I soron faaga non wa xaadi. Me i ga ri a a xibaaren. An ga rawa fo tu ken wa,
an nan daga debe ke, an na bottu tu.
Il a précédé Koli dans le pays. Koli qui est venu dans le pays n'a pas duré. Les Soninké ont
chassé Koli qui est venu dans le pays. Il ne voulait pas que Koli dise aux Soninké qu'il allait
s'installer dans le pays. Les Soninké ont choisi des Peuls dans un but précis. L'Almaami Abdul
Kader le savait, Abdul Bokar les connaissait. Il était un ressortissant de Dabiya. Il reste ses petit-
enfants, Bellay en est un. Le connais-tu ? Il est un enfant de l'Almaami Abdul et d'Abdul Bokar.
Bellay est de leur descendance qui est restée à Dabiya. Tu n'as qu'à partir là-bas et ils vont te
parler de cette histoire. Tu passes aussi à Kobilo, l'Almaami Abdul aussi, ses gens sont là aussi.
Il n'a qu'a y aller, il connaîtra ses origines. Là bas c'est rempli de ses gens aussi. S'il y va ils lui
donneront des informations. Si tu peut connaître des choses là, tu pars au village et tu les
interroges.

A. F. : Fadelanko ku i da manne dabari debe ke di ? Ko fi xoore tan ?


Qu'ont fait les Fade dans le village ? Quelle grande action ?

A. D. F. : Fi ?
Action ?

A. F. : Gollo siru beeni xa ga ri debe ke di. Soron ga taaxono i ga i kono walla jamaane ke di,
yugu sirun gollu ? Ken ya ni.
Les bonnes actions quand vous êtes venus dans le village. Quand les gens sont venus s'installer
ont-ils dit quelque chose ou dans le pays les hommes ont-ils bien agit ? C'est cela.

A. D. F. : Ko, o ku xallu ni moodin ya O ku xallu ni wollini ya. In da i ñaxama, i na daga wuyi


Makka. I na ri. An da faamu ? Jiina ga na yi saqqa debe ke di. Jiina ñi debe ke di a toxo ga ni
Almaami Abdul. O ku kisima yugo ke, a ti i na daa Abdul Xadiri, a no deema debe ke bullu.
Ken waxati siine o siine an na yimben rono debe ke ya. An da mugu ? A da ken kaaba. A da
maxabaanu ñeri ni yere, i ga xaaru. An da faamu ? I da a ro me di bitto ku sikki i yinmu ñeri a
da i sahandi. A da kun gollun debe. A da Allah golle baane, a ga ñaana. A da kawanden baane,
a ga ñaana. Xaraen baane ya ni, a maxa a ga deberini. A ti i soxolan nta toore di.
Nous sommes une lignée de marabouts. Nous sommes une lignée de mystiques. Ils dînent et
partent la nuit à la Mecque et reviennent. Comprends-tu ? Il y avait un djinn dans le village. Le
djinn qui était dans le village s'appelait Almaami Abdul. Notre grand-père a demandé à Abdul
Xadiri1 de l'aider à enterrer un fétiche dans le village2. A cette époque année après année le feu
gagnait le village.Il ne l'a plus jamais fait. Il y avait sept jeunes hommes qui étaient enfermés
ici. Comprends-tu ? Il3 est rentré et a soigné les sept en trois jours. Il a agit pour le village. Il ne

1Abdul Kader.
2
Lors de la construction d'une maison, un marabout vient enterrer un fétiche dans les fondations. Seul le chef de famille connaît
son emplacement.

3Le grand-père.

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

faisait que le travail d'Allah. Il ne faisait que commenter le Coran. Il ne faisait qu'enseigner le
Coran. Il a dit qu'il ne voulait pas gouverner.

A. F. : Ken yugo tooxo ?


Comment s'appelait-il ?

A. D. F. : Ken yugo ni Fodiye Ansumana Fade ya. Fodiye Ansumana Fade ken ya ni nke ma
saara. An da mugu ? Kun ti soxolo nta duuna. I soxola ni lahara. Hari Tubabi ga ron jamaane
ke di siine be di. I da Allah ñaaga. Ti Allah ti yaaxen do Tubabu yaaxen ko yinme. Tubabu ga
rono ñiiñe ke di, a da i ñi i su kara. I ga da fofo ñaaga Allah ya, Allah ni dana. A da ñi i
moxon soron. I ku Allah baana ya batta, Allah batte baane a ni, i ga batta.
Cet homme est Fodiye Ansumana Fade. Fodiye Ansumana Fade a enfanté ma mère. Le savais-
tu ? On dit que le monde d'ici bas ne les intéresse pas. Il ne s'intéressent qu'à l'au-delà. Il y a des
année quand les Blancs sont venus dans le pays, ils ont demandé à Allah qu'ils ne se retrouvent
pas face à face avec eux. Quand les Blancs sont venus au pays, ils étaient déjà morts. Tout ce
qu'ils demandaient à Allah, Allah l'exaussait. Ils étaient des bons croyants. Ils ne croyaient qu'en
Allah. Ils croyaient en lui, parce qu'il ne faut croire qu'en un seul Dieu.

A. F. : I kun do Tubabu ni ma me wori.


Ils n'ont pas vu les Blancs.

A. D. F. : I kun do Tubabu ni ma me wori. I ku kun ti ya ta Allah ti yaaxen do Tubabun yaaxen


koyi me. A xa i ga ri fofo ñaaga Allah ya. Fofo ñaaga Allah ya, Allah da i ñi dana. I moodini
ñeri ya ni. Baane ni Bokolaji, baane ya Fora, baane ya Soringo, Fodiye Ansumana Jagana ke
be ga Kahedi. A do yinmu filli i ga Njumu. Toorodo yugu a do Soninko yugu i yinmu ñeri. I da
Allah ñaaga ti Allah ti i do Tubabu yaaxen koyi me. Allah xa xusa a ña ni dana. Tubabu ga
ron jamaane ke. A da ñi. I kara. I ma gollen ña, i ma sere kari. An da mugu ? I faama kattan
walla gelli i sere fana be ni ga giri kattan a..
Ils n'ont pas vu les Blancs. Ils ont ont dit à Allah qu'ils ne verraient pas les yeux des Blancs.
Quand ils sont venus, ils ont prié Allah. Tout ce qu'ils priaient à Allah, Allah l'exaussait. Ils
étaient sept marabouts. Un à Bokolaji, un à Fora, un à Soringo et Fodiye Ansumana Jagana à
Kahédi. Avec deux autres à Njum. Ils étaient sept, des Toorodo et des Soninké. Ils demandèrent
à Dieu de ne pas voir les yeux des Blancs. Allah les protégea et fit ainsi. Les Blancs entrèrent
dans le pays. Il le fit. Ils disparurent. Ils n'ont pas fait de mal, ils n'ont tué personne. Connaissais-
tu cela ? Ils ont arrêté de tirer au fusil depuis leur première personne qui partait à la guerre.

A. F. : Kattan a minne ?
La guerre où ?

A. D. F. : Kattan Guccube. Guccubeko ku da i marafa ya ni, yaxaru dunbu ku da i marafa ya ni.


La guerre à Guccube. Les habitants de Guccube avaient des fusils, de véritables femmes avaient
des fusils.

A. F. : I do koni ñi gajana kan waxati ?


A cette époque, avec qui se sont-ils battus.

A. D. F. : I do jiindi foni ñi gajaana. An ga na ri Guccube, an ga ma daga a saara Fadelankon


ya, an da yanqa ji ke, an tooxe i ya. Allah da i ken kini ya. I ku ni ji di soron ya. An da faaamu
? An ni faamundi ken a, ti ken ku ni ji din soron ya. Guccube taaxe wujune siine a do tan ñere

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

do xaaxo filli. O ku kisima xxoxo yugo ke gille Guccube, a ri taaxo, a na ri debe ke komo naxati
siine a do tan ñere a do xaaxo segi yirigi. An da faamu ? I ma gollo byre su ña yere, i da golle
sirun baana ya yere, waxanti jara no. I ni waxanto ña jarana bitto sikki noxo. Fadelanko i giri
jin noxon ya. Sere fana i giri fane ya di. O ku bogu jiineni a di. O ku bogu ji di foni ya. Sere
fono ku kun wa, ken waxati kattan wa kattini Hadama renmu wa kattan katta i wa ña na kuuren
a.
Ils se battaient avec ce qui vit dans l'eau. Quand tu arrives à Guccube et que tu ne vas pas
demander la permission aux Fade, si tu descends dans l'eau, tu y perd ta vie. Allah leur à donné
cela. Ils viennent de l'eau. Ils étaient tous des gens de l'eau. Comprends-tu ? Fais-lui comprendre
qu'ils étaient des gens de l'eau. Guccube s'est fondé il y a mille soixante dix ans et deux
hivernages. Notre arrière grand-père a quitté Guccube et est venu s'installer au village il y a
quatre cent soixante dix ans et huit hivernages cette année. Comprends-tu ? Ils n'ont pas été
méchants, ils ont été seulement gentils ici. Ils soignaient les fous. Ils ont soigné sept fous en
trois jours. Les Fade viennent de l'eau. Notre première personne est sortie du fleuve. Nous
venons des djinn. Nous venons de la "djinna"1. Les premiers gens en ce temps de guerre se
battaient avec les hommes et s'organisaient en armées.

A. F. : Kattan wa kattini ko do ko naxa ?


Ils se battaient contre qui ?

A. D. F. : Kuuren wa rini, i na ri, i na ti i wa soron ragana.


Les guerriers partaient, venaient et et disaient qu'ils allaient prendre les gens.

A. F. : Koni noku a, Lat Jor taake ya ni, walla El Haj Umar ? Walla kan waxati ?
Qui était-ce, à l'époque de Lat Jor ou d'El Haj Umar ? A qu'elle époque ?

A. D. F. : A waxati diiman di ?
A quelle époque exactement ?

A. F. : Ken waxati, kun su ma ri de ?


A cette époque, n'étaient-ils pas tous venus ?

A. D. F. : Ken waxati, ken biire, soro ku su me ri. Kuure ke ga gilli Senegal, a ga ri jamaane ke
di, a ga soron deeni. Ken waxati. Jamaane ke, o ku ma dalla taaxu, o ku mani saare jamaane ke
a. Kuure ke ga rini waxati ke be, i ga deeni Matam ga taaxo waxati ke be. Matam i ga kuunu,
fun be ga kuuru tanmi bakka. A na ñi Soninkan renmu ga ya. A na ñi Toorodo ga ya. I na ti i na
bante. I wa "souffler" kottu. I na ti i na bante xunbane dagaye. Wande renmu wa i maxa. Ti a
da. An da faamu ?
A cette époque, en ce moment, le gens étaient bien tous venus. Un guerrier qui a quitté le
Sénégal, est venu dans le pays et a envoyé des gens. A cette époque. Il n'y a pas longtemps que
nous nous sommes installés dans le pays car nos mères y sont nées. Les guerriers qui sont venus
à cette époque, ils ont été envoyés à Matam où il s'y sont installés. Ils ont prêté serment à Matam
et ont fait sortir dix guerriers. Il y avait des Soninké et des Toorodo. Leurs hôtes leur dirent de
rester. Ils soufflèrent en disant de rester et de ne partir à la guerre que le lendemain. C'étaient
des enfants d'autrui. Dis-lui cela. Comprends-tu ?

A. F. : Fadelanko ga Gajaaga debe be di ?


Les Fade étaient de quel village au Gajaaga ?
1Monde de la magie et des esprits.

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

A.D. F. : Fadelanko, ti an dana, Fadelanko ni Guccube ya. Guccube debe ya. I kun ku ni
Guccube a ta.
Les Fadelanko, je te l'ai déjà dit, les Fadelanko sont de Guccube. Guccube est un village. Ils
sont effectivement de Guccube.

A. F. : Tafana ke an na debe tooxo ko ga tiini Kerekete. Ke ni Gajaaga ya ?


Le problème est que vous avez parlé d'un village qui se nomme Kerekete. Est-il au Gajaaga ?

A. D. F. : Soninkan renme su giri Kerekete. Soninkan renme su giri Kimbakan ya. Fofo ga ri
jamaane ke di, a su giri Kimbaka di. An da faamu ? Fadelanko kun giri Guccube a ta. Malinko,
ke saasa i ga na ri Guccube ni fanen xannen ya, i ga na a ti i wa karene. I ga ma saara
Fadelanko ku, i nta karene.
Tous les Soninké viennent de Kerekete. Tous les Soninké viennent de l'Est. Tous ceux qui sont
venus dans le pays viennent de l'Est. Comprends-tu ?Les Fade viennent bien de Guccube. Les
Maliens doivent leur dire qu'ils vont traverser si désormais ils viennent à Guccube sur les rives
du fleuve. S'il ne demandent pas la permission aux Fade, ils ne le traversent pas.

A. F. : A ti gellan wa fo tu Wagadu fone ? Wagen do Fade.


Il demande si vous connaissez un peu de choses sur le Wagadu ? Les Wage et les Fade.

A. D. F. : Wage kundanko n nta fofo tu.


Je ne connais rien des Wage.

A. F. : Ayi, i me ti Wagadu, Wagadun renmu. Wagen do Fade i wa kono fo danbe yogo di. N nta
tu kun wa, man wa fo tu ken di. Wagadu Biida, ke xa xaadi. Sira Maxan Sire, Sia ta.
Non, j'ai dis le Wagadu, les enfants du Wagadu. Les Wage et les Fade, on parle de leur histoire.
Je ne connaîs pas la raison dans cette chose de savoir. Le Python du Wagadu, et encore d'autres1.
Sira Maxan Sire, Sia ta2 .

A. D. F. : Wage kundanko ya ni kun wa. An da faamu ? Ku ni Wage kundankon ña de. An da


faamu ? Fadelanko ku, kun ga ri kuube kono an da. I sere fana giri fanen a di. An da mugu ?
Ken ya giri fanen a, a ga ri Guccube taaxundi. Yinbe ma kittene Gajaaga. Yinbe ñi telle
kittene ma Xayi ya. A da i yinben yan ri. A da i komon yan ri. A da i naani yan ri. A da i sugu
yan ri. A tooxoni Maamu Fade ya.
Il y a lesWage. Est-ce que tu comprends ? Eux, ils sont de la famille des Wage. Est-ce que tu
comprends ? Je t'ai dit comment les Fade sont venus. Leur première personne venait du fleuve.
Est-ce que tu connais ? Celle qui venait de l'eau a fondé Guccube. Le feu ne se trouvait pas dans
le Gajaaga. Il fallait aller le chercher jusqu'à Xayi. Elle a fait venir le feu. Elle a fait venir ses
esclaves. Elle a fait venir ses bovidés. Elle a fait venir ses chèvres. Elle s'appelait Maamu Fade.

A. F. : Iyo, an ti a tooxo Maamu Fade ya. Yimbe ma i kittene. A da i yimben yan ri.
Oui, vous avez dit qu'elle s'appellait Maamu Fade. Il n'y avait pas de feu. Elle a amené le feu.

1Biida était le jumeau de Diabe Sise, premier empereur du Wagadu. Ce djinn objet d'un culte recevait le sacrifice d'une jeune
fille vierge en échange de la prospérité de l'Empire.
2Déformation de Kaya Magan Sise, titre de l'empereur du Wagadu et de Siyan Yatabere, fiancé de Mamadi Kamara le taciturne
qui la sauva du sacrifice et qui poussa ainsi à la chute de l'Empire.

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

A. D. F. : Iyo, yimbe ma i kittene Gajaaga. A ga bange duuna ya i di, a ga giri fane, yimben ga
i saage kittene Gajaaga. I ñi telle yimbe wutu i Xayi ya. A da i yimben ri, a do duuna fofo ri.
Oui, le feu ne se trouvait pas au Gajaaga. Elle est apparue sur terre, elle est sortie de l'eau, pour
que le Gajaaga ait du feu. Ils devaient le prendre avant à Kayes. Elle a fait venir le feu et le reste
du monde.

A. F. : A giri jin ya ?
Elle venait de l'eau.

A. D. F. : A giri ji ya di. O ku bogu ken ya di. Debe ke taaxen do saasa, Guccube taaxe wujune
siine a do tan ñere siine a do xaaxo filli, yirigi. Wage kundanko ku kun i ga giri rexe be n nta
ken tu. Sere na fon kono an ga tu.
Elle vient de l'eau. Nous sortons tous de là. De la fondation du village de Guccube jusqu'à
aujourd'hui, cela fait mille soixante dix ans et deux hivernages cette année. Je ne sais pas
exactement d'où viennent les Wage. On ne parle pas de quelque chose qu'on ne connaît pas.

A. F. : Xa ni tunkan yugon ya ken debe ?


Etiez-vous les souverains du village ?

A. D. F. : Guccube o yan toorini. Tooren no ya maxa. Kuuren no ya maxa. Yugo ga na ro konpen


di, i ga wanqindi neesi. O na marafan raga. O na ti yugo i kaanu kallen ya. An da faamu ?
Yaxaru na daga kiira kattundini.
A Guucube nous gouvernions. Nous avions le pouvoir. Nous avions des guerriers. Les hommes
rentraient dans les maisons et se lavaient avec l'eau purificatrice. Nous [les femmes] tennnions
les fusils. Nous disions aux hommes qu'ils avaient peur de la mort. Comprends-tu ? Les femmes
allaient se battre dans la journée.

A. F. : Marafa ?
Des fusils ?

A. D. F. : Marafa. Ken waxati marafa ya ni yaxaru maxa. I ga daga kuuren a. Ku ni Guccube
yaxarun ya . Guccube Fadeni ya noku a. Hari ken lenki, tooren ni ya maxa. Hari ke xunbane,
toore ni ya maxa. An ga na ri Guccube fane ke di, an na barake muri i maxxa, an nta karene
fane ke. I na ti an dana i nan taaxo. I na yanqa fane ke. I kiñe fane, i ro Guccuben ke nta
duene ken wa.
Des fusils. A cette époque les femmes avaient des fusils. Elles partaient à la guerre. Ce n'étaient
que les femmes de Guccube. Les Fade de Guccube sont de là. Aujourd'hui et demain ils auront
le pouvoir. Quand tu veux aller au fleuve à Guccube, si tu ne leur demande pas la pemission, tu
ne le traversera pas. Ils disent que ce la fait longtemps qu'ils sont installés. Il ne faut pas arriver
et rentrer directement dans le fleuve sans la permission des habitants de Guccube.

A. F. : Tirera kundanko ku xa leseri, an ran nta fone ? Kono o dana ken di.
Connaissez-vous un peu de l'histoire des Tirera ? Parlez nous en.

A. D. F. : N nta fofo tu Tirera kundanko lesere.


Je ne connais rien de l'histoire des Tirera.

A. F. : Debe ke ra kuten wa ?
Pouvez-vous parler d'autres hstoires du village ?

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

A. D. F. : Debe ke kuten wa, n nta fofo ken tu leseri. Ni ni yinme ke a xallen tu. An da mugu ?
Xa kiiñe deben a, an na Wage kundanko muuru.
Je ne connais pas l'histoire du village. Je ne connais que la miennne. Entends-tu cela ? Si tu veut
arriver au village, vas chercher les Wage.

A. F. : O kini wa o.
Nous sommes allés les voir.

A. D. F. : Bokijawe Ceddo ni, i do xoqqu yan ro debe ke di. Xoqqu yan ri ya. I ñi kuume ya di.
Bokijawe Ceddo noku bogu kun ya di. An da faamu ? I do Toorodini. Toorodo noku ya ni saama
debe ke di. Bokijawe Ceddo noku xoqqun ya ni ya. Jamaanabe xoqqun ya ni i ya. I da xoqqu
kuttu ya. An da mugu ? I kun ni tangini ya ta. Xa na Ceddo noku ya tirindini i leseri ga noku be.
Xa ga na Ceddo noku tirindini baane, ma xa ga ri tu.
Les Ceddo de Bokijawe, sont venus dans le village avec des queues. Leur queues sont reparties.
Ils vivaient dans des trous. Les Ceddo de Bokijawe viennent d'eux. Comprends-tu ? Ils étaient
avec les Toorodo. Les Toorodo les ont précédé dans le village. Les Ceddo de Bokijawe avaient
des queues. Les Jamaanabe avaient des queues. Ils les ont coupé. Entends-tu cela ? Ils
pratiquaient la pêche au filet. Il faut leur demander leur histoire. Si vous aller demander une fois
au Ceddo, vous aller le savoir.

A. F. : Koli Teella ?
Koli Teella ?

Le mari d'Aminata Demba Fade, : Iyo ke an ga na su tu.


Oui vous connaissiez tout.

A. D. F. : Tirera, Tirerun kunda. Ken kun wa i yan tu, i ga giri rexe be. I renme faayi yere, i
kisima faayi yere. In da kini i ya, ma i ga ri kono i da.
Tirera, les Tirera. Ils savent d'où ils viennent exactement. Leurs enfants sont là, leurs grands-
parents sont là. Si vous y allez, ils vous en parleront.

A. F. : Umar Bulayi.
Chez Umar Bulayi.

Femme : Umar Bulayi. Xa daga noku yan wori. Jafara Hadu xa dagana kun ya wori. Tarixu ku
ña maxa.
Umar Bulayi. Va le voir. Va voir Jafara Hadu. Il possède une généalogie.

A. F. : N kaw Jafara ti nta Fuuta ya.


Mon oncle, Jafara qui n'est pas du Fuuta.

A. D. F. : A xa ga na ...
Il va ...

A. F. : Kaw Dabu ken ga ñi yere, n ti tanpini.


Si oncle Dabu était là, cela nous faciliterait la tâche.

Femme : Tarixu ya ni maxa. A da i safa. A da i xaara. Gelli i kisima Sulaxata. Fofo ga i xabila,
ma fofo ga me saare, i da sun safa. I su a tarixu. A da safa, su tarixu ke faayi.

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

Il possède une généalogie. Il l'a écrite. Il l'a apprise, depuis son grand-père Sulaxata. Tout ce qui
est de la famille, tout ce qui est né, il a tout écrit. Tout est sur la généalogie. Il a écrit tout ce que
l'on voit dans la généalogie.

A. D. F. : Ken ke, dambe ke su maxa. Suleyiman.


Lui; il connaît l'histoire. Suleyiman.

Femme : Xa ma daga n faaba Samba wori.


N'es-tu pas allé voir ton père Samba ?

A. F. : Samba Halima. Iyo, a ti i yinmen kaari. Suleyiman Hawa xa ti, Bari a ga ti, i yinmen
kaare. I xa nta fo tu.
Samba Halima. Oui, il a dit qu'il avait tout oublié. Suleyiman Hawa et Bari ont dit qu'ils avaient
tout oublié. Ils ne connaissent plus rien.

Bakary Numa, chef de la communauté rurale, ayant travaillé en France et enseignant désormais
le Coran a refusé par deux reprises de répondre à nos questions. La raison qu'il invoquait était
que l'Afrique ne possédait pas d'histoire. Derrière cette fausse explication se cachait l'animosité
que certains Tiréra entretiennent avec les Fall, leurs anciens captifs. Rancoeurs exacerbés par
les oppositions en tendances au sein de la section du Parti Socialiste de Bokijawe.

Entretien effectué le 22.08 95. avec Monsieur Souleyman FADE, 38 ans, cultivateur.
Fait en présence de membres de la famille dans la concession de Mamadou Fadé, religieux
réputé séjournant en France.
Non enregistré.

M'étant présenté le matin dans cette concession soninké en plein milieu du quartier haalpulaar
où à l'intérieur est disposée la tombe d'Alfa Ousman Fadé qui est l'objet d'un pélerinage et de
recueillements, je fut présenté à Numa Marega et Adja Wague, toutes deux mariée dans la
famille Fadé. Elles me rappelèrent en soninké que les Fadé étaient des hommes libres [hoore],
qu'ils venaient du Xañaga et que Biine Fadé, le premier à s'établir à Bokidiawé était né à
Gouthioubé. L'après-midi je m'entretenais en français avec Souleyman Fadé.

Souleyman Fadé : Les Fadé sont les princes [tunka lemme] de Gouthioubé au Gajaaga. Biine
Fadé, moodi de son état, est venu au Fuuta il y a 372 ans environ à la suite d'un litige avec sa
famille à Gouthioubé. Les raisons du litige seraient que les Fadé Gouthioubé étaient animistes
et qu'ils entrèrent en conflit avec Biine Fadé, lui étant fervent musulman. Biine Fadé est né à
Gouthioubé. Une partie de sa famille est donc restée. Avec ses gens et ses komo sa migration au
Fuuta comptait trois cents personnes. Il a d'abord habité à Ndoulo Madji (vers Ouro Alpha à dix
kilomètres à l'est de Bokidiawé), puis il s'est ensuite déplacé à Douga. Tous les vendredi il venait
prier à la mosquée de Juma de Bokidiawé. Il existait déjà à l'époque un quartier soninké. Les
familles soninké de Bokidiawé sont allées lui rendre visite à Douga pour qu'il vienne les
rejoindre. Il a refusé en répondant que les soninkés étaient surnois.
Les thiedo de yettode Ndiaye, grands propriétaires terriens, étaient païens. Ils avaient sept
garçons malades. Biine les a soigné et a reçu en récompense sept champs : _ au jeeri, un au lieu-
dit Mambada, deux à Mbaraji, un à Brahim, parfois cultivé en contre-saison et un à Tienel, qui
est une dune près du cimetière de Boki ;
_ au waalo, un à Sumani, un
derrière le marigot à l'est de Ranoa que l'on appelle "hanen halle" ["après le fleuve" en soninké].

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

Ces terrains appartiennent désormais à la famille Fadé de père en fils jusqu'au moment où la
famille Fadé quittera Bokidiawé. Dans ce cas les terrains reviendront aux Ndiaye.
Les Ndiaye ont demandé à Biine Fadé de venir islamiser leurs enfants. Il est donc venu habiter
cette maison qui est sur un terrain des Ndiaye et il y a enseigné le Coran.
La famille Fadé est divisée en trois parties : une en Gambie, une à Kaédi et une à Bokidiawé.
[arbre généalogique fait sur place]

Biine Fadé (a eu de nombreux enfants dont)

Moussa Alfa Usman

Demba Assa Momodou Alfa Ouseynou Mikaelou

Buna Doulo Aminata Demba autres filles Alfa Samba


(1910-1968) (1914-1984)

Momodou Khalilou Souleyman


(1949) (1957)

Ouseynou et Mikaelou sont allés en Gambie. Buna Doulo est allée à Kaédi. Aminata Demba est
l'informatrice précédente. Momodou Alfa est décédé en Sierra Leone. Il a laissé Alfa et Samba
à Bokidiawé à l'âge de quatre et cinq ans. Momodou Alfa est parti avec le tarikh de la famille et
Buna avant d'aller à Kaédi a brûlé le reste. c'est pourquoi il est très difficile aujourd'hui de
retracer l'histoire de notre famille;
Les anciens griots de la famille sont des Diawara, de statut garanke, mais ils ont immigré à
Kaédi et Dakar. Ils habitaient derrière chez-nous et parlaient soninké. Il y avait aussi les Jimera
(de statut garanke) mais ils ont disparus faute de descendance.
Biine Fadé a fait marier ses filles vers Gouthioubé et Diawara car il comptait retourner là-bas.
Notre ancêtre s'appelle Mamou Fadé. il est le fondateur de Gouthioubé. Il est né d'un Jigume
[littéralement "maître de l'eau"] et d'un humain. il a grandi dans l'eau et y est sorti avec ses
richesses. Avec celles-ci, il a acquis ses komo et ses garanko.
Si aujourd'hui nous avons gardé notre identité c'est par la langue et l'activité teinturière mais non
plus par les cérémonies traditionnelles.

Entretien réalisé le 10.08.95 avec Monsieur Bathily FADIGA, 66 ans.


Fait à Boki-Diawé devant la maison d'El Haj Galle Diop au bord de la route avec El Hadj
Diaw. Retranscrit dans un premier temps du soninké par Ami Fall. Retranscrit et traduit
entièrement par Boubou Camara dans le cadre de l'Association pour la Promotion de la
langue et de la culture Soninké.
Enregistré sur support audio.

Monsieur Fadiga, m'a été recommandé comme connaissant l'histoire des Soninké de Bokijawe.
La famille Fadiga a été à plusieures reprises mentionnée dans les entretiens précédents comme
la première venue au village.

Alain Fride : D'où viennent les Soninké de Bokijawe ?

Bathily Fadiga : Ku giri Jaara a do Male a do Gunjuru.

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

Ils viennent de Jaara, du Mali et de Gunjuru.

El Hadj Diaw : A giiri no sumpu ku ?


Quelles descendances viennent de là-bas ?

B. F. : Sumpu ku o yi [...]. Kaset ke in da wutu Hayira kunda ya da1. Mais kun i giiri Gunjuru.
Kun Gunjurunko ña. Waage kundanko giiri Jaara. Xo i sun ni baane ya. Xille wa di. Binta
Diwasi a do Yari, ku ni saaxe haaba. Binta da Wage kunda. Yari, i tooxo kun wa Darame kunda.
A yi xadi Maxan Sire haaba soron ni Ma Suraqe Wage. Ma Suraqe Wage a ñi Ma Jeneba Saare.
Ma Jeneba a da i Maadi Wage, Maxan Sire. Maxan Sire a ni debe gume.
Les liens sont [...]. J'ai déjà fait une cassette pour une famille du Hayre1. Mais tous viennent de
Gunjuru. Tous sont des habitants de Gunjuru. La famille Waage vient de Jaara. Comme ils le
sont tous. Une autre branche [de la famille] existe. Binta Diwasi et Yari sont de même mère et
de même père. Binta a donné la famille des Waage. Yari, son nom appartient à la famille Darame.
Ma Suraqe est le père de Maxan Sire. Ma Suraqe a encore enfanté Ma Jeneba. Ma Jeneba a eu
Maadi Waage, Maxan Sire. Maxan était le chef de village.

E. H. D. : Ko debe gume ?
Quel chef de village ?

B. F. : A debugume. A tooxoni Banta Sirandu. A ga bono. Maadi Henda Sirandu da a baatu.


Maadimo Mohamadu. Umar Kama da baatu. Umar Kama da faati. Banta. Gelli a [Umar Kama]
ga biirene, a da i debu gumaru ke ni Banta. Banta ga bosi, seren wa ke be ya na, ken ya kono.
Dauda Wage debe gumen ya ni.
Il était chef du village. Il s'appelait Banta Sirandu. Il est décédé. Puis Mahdi Henda Sirandu l'a
succédé. Maadimo Mohamadu. Umar Kama l'a succédé. Umar Kama est décédé. Avant de
mourir, il a donné la chefferie à Banta. Quand Banta est parti, une personne était là qui a parlé.
Après Dauda Waage est le chef de village.

E. H. D. : An wa tu Fofana, Silla, i giiri noxo be ?


Vous connaissez les Fofana, les Silla, d'où viennent-ils ?

B. F. : A sun baane. Soninken su ni baane. Fadiga. Su sumpu ya i. I giiri Kimbaka, i ga ri yere.


I da me yexi, i ña baane. An da faamu ? I su yexi me, i ken ya kono.
Ils sont tous les mêmes. Tous les Soninké sont les même. Fadiga. Toutes leurs descendances. Ils
ont quitté l'Est pour venir ici. Ils se sont mariés, ils étaient les mêmes. Tu comprends ? Ils disent
qu'ils se sont tous mariés.

E. H. D. : A ti i ga rini yere tahanu sikki.


Il [Alain Fride] dit qu'ils sont venus ici par trois groupes.

B. F. : Tahana ken ya ferogo ya ni. I daga fae Senegal. I da i rini, i na hullun wa. Sikande i ga
ri, kun be ga ri yere. Ku ti in taxa wuya, rondini baawa ni fullu xabila ya ni.
Le groupe, c'est une migration. Ils sont allés au fleuve Sénégal. A leur retour ils étaient Peuls.
La troisième fois, ils sont partis ici. On leur a refusé de revenir s'installer chez eux, car ils étaient
devenus des lignages peuls.

E. H. D. : Ta se kane ka i, i taxa yille rono o yi.

1La retranscription de cette phrase est imparfaite. La bande est déficiente à ce moment.

182
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

Ils n'ont pu rentrer dans leurs maisons.

B. F. : Wage xabila. I ya ni ku be ga ri yere.


La famille Wage. Elle est venue ici.

E. H. D. : A ti Soninko ku su giri ku baane kaara.


Il dit que les Soninké viennent tous du même pays.

B. F. : Hari i gemu giri noxo baane, i su di me ri yere, i taaxo. Kun giri Mali, ku be Jaara, ku
giri Gunjuru. O faamu ? Ku giri Bamako bae, Ñoro. Bundu bae. O faamu ? Silanko ku, i giiri
Jaara bae. Jaara kundanko ya ni. Kama tunko Jaara, Silanko.
Même s'ils ne sont pas originaires du même endroit, ils se sont retrouvé ici et se sont installés.
Certains venaient du Mali, d'autres de Jaara et d'autres de Gunjuru. Tu comprends ? Certains
venaient de Bamako, de Ñoro, du Bundu. Tu comprends ? Les Sila, ils viennent de Jaara. Ils
sont des habitants de Jaara. Les Silla sont les maîtres des rois de Jaara.

E. H. D. : Cam tage ?
Et les forgerons Thiam ?

B . F. : I da giri doore a Ganbia. Mue.


Ils ont quitté un lieu en Gambie. A Mue.

E. H. D. : Ken ya su minna ?
Où est-ce ?

B. F. : Anglais. I su giri Kinbaka. Gambi.


Les Anglais. Ils viennent tous de l'Est. De la Gambie.

E. H. D. : A ti i su a ri doome.
Il dit qu'ils sont tous venus ensembles.

B. F. : Bamboxunko segeta.
Les gens du Sud les ont rejoints.

E. H. D. : An tuwaaxu ri. Kon meeni yin da battu ?


Votre savoir nous éclaire. Qui leur a succédé ?

B. F. : Xa ga ku be wori yigu, i su renmen yi, i su doome yi. I su xamen daga.


Les hommes que vous voyez, ils sont tous leurs descendants et ils sont tous ensembles. Ils sont
tous venus ?

E. H. D. : Tirera kundanko fi an, a ti kon da bottu ?


Il demande qui a succédé à la famille Tirera ?

B. F. : Laaji, o maxa a su a sa. Kalungoraxu. I ñan fa su ku i.


Laaji1, nous possédons tout cela. La parenté à plaisanterie. Il avait tout pour lui.

E. H. D. : A wa ken wa ri. Ken ma saaba.


1Diminutif de El Haj.

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

Il va venir. Ce n'est pas la cause.

B. F. : Xaran suge. Soninkon ga ri yaxadi, a su kade. O faamu ? O giri Mande. Sunjata Konate.
Sunjata Keita. A giri Mande. Soninkon faseyen ri yere. I ra a jamaan ken kuna. I ga ri ferogo
nan ye ti.
Une chanson d'élève. Les Soninké imitent. On continue. Vous comprenez ? Nous venons du
Mande. Sunjata Konate. Sunjata Keita. Il venait du Mande. Les Soninké ont voyagé jusqu'ici.
Ils ont trouvé un autre groupe [descendant de Sunjata Keita]. Ils sont venus par une migration.

Femme en même temps : Renme ga tapini. I ga ri yere. Ferogo ya ni.


Un fils a frappé. Il est venu ici. C'est une migration.

B. F. : I ga ri ferogo nan ye ti. Gejae. I ga ri sanqi. Sanqi baane. I ri kuna. I ri kefi me ri yere.
Bokilaji, Maadi Unare, Soringo, Wango, Sanko, Tide, Bamba, Nabaji. Soninken ga noxo su. Nan
daga ma Jumu. Jaara. Maadi Njay, Kahedi, Judi. Kun su ni yere ya. Sanqe i ga i ña kuna. Yogu
i ni bogu. Tirera [?] kundanko i giiri Golia. Goli a do Tanbaxara. Jafunu. I ga ri yere kun wa
Bundu. I giirindi Bundu. I kare, i daga fanxaane. Jowol Xasu. Xa mukke debe ke su, i ri yere ya.
I karene Senegal. Soninkon ken su baane. Fo fono sanqi. Fillande ya no fullu. Sikandi ya noku
saasa.
Ils sont venus par une migration. La guerre. Ils se sont dispersés. Une même dispersion. Il sont
venus s'installer. Ils sont venus ici pour rester ensemble. A Bokilaji, Maadi Unare, Soringo,
Sanko, Tide, Bamba, Nabaji. Tous ces lieux sont soninké. Jusqu'à Njum. Jaara. Maadi Njay,
Kahedi, Judi. Tous sont là bas. Ils se sont dispercés pour s'installer. Une postérité d'hommes en
est sortie. La famille Tirera [?] viennent de Golia. Goli et Tanbaxara. Au Jafunu. Ils sont venus
par ici en passant par le Bundu. Ils ont quitté le Bundu. Ils ont traversé le fleuve pour aller sur
l'autre rive. A Jowol Xasu. Tous les étrangers du village sont venus ici. Ils ont traversé le
Sénégal. Tous les Soninké sont les mêmes. Il y en a un peu qui se sont dispercés. La deuxième
vague est devenus peule. Nous sommes aujourd'hui les troisièmes.

E. H. D. : An na Konaten ku i ga taaxo Bokilaji ?


Vous savez si les Konate se sont installés à Bokilaji ?

B. F. : I su baane. Bokilaji, Bokijawe ka baane ya ni. Gelli a ga taaxo Bokilaji. C'est la même
chose.
Ils sont tous pareils. Bokilaji et Bokijawe sont les mêmes maisons. Depuis qu'ils se sont installés
à Bokilaji. C'est la même chose.

E. H. D. : A ti pourquoi i ga giri Bokijawe na, i daa noxon di Bokilaji ?


Il demande pourquoi ils ont quitté Bokijawe et qu'ils sont passés au site de Bokilaji ?

B. F. : N ma ken tu. A yinma saare.


Je ne sais pas. Je n'étais pas né pour le savoir.

E. H. D. : An da daaxa me tooxo a Soninke, Fadiga xa su ku. Xa kun soro fono, i fo fono, Fadiga.
Ils étaient tous Fadiga, les Soninké qui ont campé. Ils étaient peu d'hommes, ils avaient peu de
choses les Fadiga.

B. F. : O sere faana, i tooxo ni Yare. Jaara. Yari Darame yugon ya ni. Yaxane ya ni Binta. Yari
Dibasi a renmen gabe. Tan ñexe. Duganabe, i ga ri yere. I ga Duganabe. I ga ri yere. Yari Dibasi

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

renme haay : tan naxate. I ga ri baana, i ti Yari renmu haay i. I ga sanqi debu. I yexi, yexi, yexi.
I su sanqi. Tan naxate renme yaxaru ya ni. I daga yi sanqi debu.
Notre premier homme s'appelait Yare. De Jaara. Yari Darame était un homme, Binta était une
femme. Yari Dibasi a eu beaucoup d'enfants. Soixante dix. Ils sont partis à Duganabe. Ils sont
restés à Duganabe. Ils sont venus par ici. Regarde les enfants de Yari Dibasi : quarante. Ils sont
devenus riches, ils dirent de voir les enfants de Yari. Ils se sont installés dans le village. Ils se
marièrent, marièrent, marièrent. Ils se sont tous dispersés. Il avait quarante filles. Elles se sont
dispersées dans d'autres villages.

E. H. D. : Xa giri Xañaga ?
Vous venez du Xañaga ?

B. F. : I giri Xañaga, debu ñeeri. I su karen yinme noxo be. Xañaga debu ñeri yere haay. Yari
kun wa ri. Binta kun wa. A do Waage kundanko. A yexi Wage kundanko. Wage kundanko renmu
saare. A ri xadi. Ma Jeneba a Mariam Jeneba saare. A Ma Jeneba Mariam renmu haaben
haaben saare. I ku Ma ni Waage kundan ke. I faabe ni Darame. I su tinko tinko ya ni. A ra debu
ya ni. Sun baane, xabila ku sun baane. Waage renmu su ga i yexi me, i su xabila baane.
Ils viennent du Xañaga, de sept villages. Ils sont tous proches entre eux. Le septième village du
Xañaga est ici. Yari est venu s'installer. Binta s'est installée. Avec les membres de la famille
Waage. Elle s'est mariée avec les membres de la famille Waage. Elle leurs a donné des enfants.
Il en est encore venus. Ma Jeneba a enfanté Mariam Jeneba. Il a enfanté le père du père de Ma
Jeneba Mariam. Leur mère est de la famille Waage. Leur père est un Darame. Ils sont tous très
liés. Les villages sont à lui. Ils sont tous égaux, tous les groupes statutaires sont égaux. Les
enfants Waage se snt tous mariés entre-eux, ils sont tous du même lignage.

Femme : An jare yaxare ya, yugo da kara an nta xa yexini. Yaxare ya ga kara, a nta yugo kiita.
Quand une femme meurt, son veuf ne se remarie pas. Quand un homme meurt, sa veuve ne se
remarie pas.

E. H. D. : A ti i gan ri yere, i da manni yere ?


Il demande ce qu'ils ont fait quand ils sont venus ici ?

B. F. : I ga daga, Haadan noxu geeni.


Ils sont partis, Haadan1 a été transporté.

E. H. D. : Njanor ?
Njanor ?

B. F. : Njanornu, a da no ku ke be xun Banaji. Kon fe ke.


Les Njanor, ils sont parti à Banaji et il [Haadan] s'y trouve.

E. H. D. : Est-ce Neeganabe ni debe tooxo.


Est-ce que les Neeganabe se sont installés dans le village ?

B. F. : Neeganabe ri sagata. Njanornaabe ni kananko. I ga ni jowo kun wa. Elimaan Neega


moodi ya ni. On su du. I ga ri Bundu.
Les Neeganabe sont venus les rejoindre. Les Njanor sont les premiers occupants. Ils étaient
rapides. Elimaan Neega était un marabout. Nous le sommes tous. Ils venaient du Bundu.

1L'ancêtre aussi. Peut-être est-ce le patronyme Fade ?

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

E. H. D. : Ko ni su ?
Qui ça ?

B. F. : A da ko i Elimaan Neega. Tan naxamu.


C'était l'Elimaan Neega. Ils étaient dix au centre d'ici.

E. H. D. : Neeganabe no ku Soninko saama ?


Les Neeganabe étaient avant les Soninké ?

B. F. : I ya ga ni saama. N nta daa ya ni saama. A su no ku dun ña.


Ils étaient les premiers. Je ne sais pas qui sont les a précédé. Ils se sont tous trouvé ici.

E. H. D. : A ti Neeganabe kiya naxa saama.


Il dit que les Neeganabe ont précédé les gens du centre ? du village.

B. F. : I ya ni saame. Njanor kun ya ni saama. Neega moodi ya ni.


Ils sont les premiers. Les Njanor sont les premiers à s'installer. Neega est marabout.

E. H. D. : A ti Neeganabe no ku dai Soninko ko i ?


Il demande si les Soninké sont passés après les Neeganabe ?

B. F. : Iyo.
Oui.

E. H. D. : Soninko duuro i na debe ke su toorine i ?


Les Soninké ont-ils dirigé seuls le village ?

B. F. : Ha ha. A pas. Hullun ni kaara, Soninko ni kaara. I ya ni debe gume baane i. I gaaja kun
wa. Soninkon da waxati wutu. Hari baane meeni i naxa.
Ha ha. Ils n'ont pas. Les Peul étaient dans leur territoire, les Soninké dans leur territoire. Il y
avait un seul chef de village. Ils se sont battus. Les Soninké ont fait leur temps. Il n'y avait plus
rien entre-eux.

E. H. D. : I su ga ni jenmu, ko ni debu gumaru ?


Avant la guerre, qui était le chef de village ?

B. F. : Baba Cangol. Elimaan Neega biira gajanu. Boyinaji a ni. Elimaan Njay Salsabenu dunke
ken ya ni debe gume ya. I gaaja. Soninko bagi ya. Debe gume ya ni. A da Soninkon gaaja.
Soninkon bagaji. I senbe kaara.
Baba Cangol. Elimaan Neega a vécu pendant les guerres. C'était à Boyinaji. Elimaan Njay
appartenant aux Salsabe était le chef de village. Ils se sont battus. Les Soninké se sont retirés.
Le chef de village était là. Il a combattu les Soninké. Les Soninké l'ont égalé. Ils ont vaincu le
territoire.

Femme en même temps : I yaaxa ri saasa i. I Salsa ba i Kunba. Maxa ta ri tariqa san taaxa
yara fasa ma saha. Jawara fasa kaban saha. A da i no gan ri. A da i taara. A da koyin soron sa
Neega. A da i jammaana. A da hanu kuren faga. A da yi kande i. A yiru ka hu me. Neega ri ku
na marié. Ji kiino riye. An wa xaara yi ma niime. Seren ye ti an wa ...

186
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

Ils ont imité à ce moment. Kunba était des Salsabe. N'écrivez pas sur le livre que ils ont eu de
l'aide. Le Jawara a écrit qu'aider était interdit, s'ils venait ici. Il a épousé une captive. Il a montré
les gens de Neega. Il les a regroupé. Il a entouré et nourrit les soldats. Il les a commandé. Il a
soufflé sur les tissus des maisons. Le Neega et venu et s'est marié. L'époux est venu de l'eau. Tu
apprends qu'il n'y a pas ? Une personne dit tu vas ...

E. H. D. : Badalay Kan an kan kisima ?


Est-ce Badalay Kan le vieux de la maison ?

B. F. : A haaba. Yo, Boyinaji a hiinanu debu gumaru a haaba Sanba kuna. A tooxo Sanba Musa.
Son père. Oui, le père de Sanba a débuté dans la chefferie à Boyinaji. Il s'appellait Sanba Musa.

E. H. D. : Kan kunda, Neeganabe, wala ?


Quelle famille, les Neeganabe ou ?

B. F. : Neeganaben do Kan, a haana dire kille baane. I sun toorodo ñaaxa. Juuma ke bae.
Le Neeganabe et les Kan, ils ont lutté les premiers dans la même voie. Ils célèbrent tous les
torodo. Ils habitent à la Grande Mosquée.

E. H. D. : Kutu ku i ña ya toroodo ya ?
Se sont-ils séparés des toroodo ?

B. F. : I su ya ni baane. I saga me yexi ni. Neega dulo xoto. Soron xa saga me yexi, xa na xabila
baane.
Ils sont tous pareils. Ils se sont mariés. Les Neega ont duré. Ceux qui se marient sont du même
groupe statutaire.

Alain Fride : Salsabe ?


Et les Salsabe ?

B. F. : Salsabe be ga re. A xabila ma saara.


Ce ne sont pas les Salsabe nés ici.

Femme : A ma haaba ?
Qui est né ici ?

B. F. : A Ma haaba. A kisima. Elimaan Joyi Salsabe.


Le grand-père maternel. Le grand-père des Salsabe. Elimaan Joyi le Salsabe.

E. H. D. : An da mugu Bumoy ?
Connaissez-vous Bumoy ?

B. F. : Ceddo, janmu Njay. I ya ri yere. Njay Hamadi ka ke.


Un ceddo, de patrnyme Njay. Il est venu ici. C'est la maison d'Hamadi Njay.

E. H. D. : Bumoy, a ga da fobe tu Njay xibaaren da ?


Pour les Bumoy, avez vous des informations sur les Njay ?

B. F. : N wa fo nu ko be tu. N da ke be tu, an wa ken ya kono. N wa hono ko be tu, n wa kono


xaara.

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

Je sais des choses sur cette histoire. Le peu que je sais, tu vas en parler. Ce que je sais je ne vais
pas vous l'apprendre.

E. H. D. : A ti hooro soninko ku i ñi me ke taxandi kan moxo ?


Il demande comment les nobles soninké se sont partagé la terre.

B. F. : I ñiine ma taxandi. Hullu ña fo ni ye ke. Soninko ri yere. Gelli ri yere Medina saaxa
Kunba. Tubabun ga ri katte kane. Soron ga ri yere. I digan gebe ko a da. Ñiine ke taxandi halle
ya.
Ils n'avaient pas partagé les champs. La terre est pour les Peul. Les Soninké sont venus ici.
Depuis qu'est venu Medina le père de Kunba. Le blanc est venu peu après. Des gens sont venus
ici. Ils lui ont beaucoup parlé. Après le partage des terres.

E. H. D. : Soninke manni ñiiñe a wutu ?


Les Soninké ont-ils des champs à eux ?

B. F. : Alla. Hulle ña ñi kiine ya. Soninka sun nta i maxa yi Hulle te.
Ils n'en ont pas. Les Peul ont donné la terre. Tous les Soninké n'ont pas de champs, c'est pour
les Peul.

E. H. D. : A ti an da Wage ña ñi maxa ?
Il demande si les Wage ont un champ.

B. F. : I da in ñi kiini ya.
On leur a donné.

E. H. D. : Ko da in kiini ya ?
Qui les lui a donné ?

B. F. : Hullu.
Les Peul.

E. H. D. : Kan faxati ?
Quand ?

B. F. : Dalla. Denba saara ...


Il y a longtemps. Denba a enfanté ...

E. H. D. : Colonel Dodds a ga da te ...


Le Colonel Dodds a les champs ...

B. F. : A da su. Colonel Dodds a da ya ni kiini ya. Colonel Dodds in da i Xalilu Waage a wutu,
Soninke. Xalilu Waage a xa da i Isa Xante wutu. Isa Xante a giida.
Il a tout. Le Colonel Dodds les en a dotés. Il les a donnés à Xalilu Waage, le Soninke. Xalilu
Waage les a légués à Isa Xante, son frère aîné.

E. H. D. : A ti saada ñiiñe ko kitte ñi ? Ka i Isa kama?


Il demande qui a partagé les champs ? Qui a succédé à Isa ?

B. F. : Hullu.

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

Les Peul.

E. H. D : An da i Abdul Bokar kiiye ña fooyini ñiiñe ke, i guru i ga ri tooro ?


Etait-ce à l'époque d'Abdul Bokar que les champs ont été morcellés ?

B. F. : Abdul Bokar ni Dabia. Ayi.


Abdul Bokar de Dabia. Non.

E. H. D. : An da yi Soninko yogo ga daga El Haj Umaru deema gajaana ba ? Ko do koni ?


Avez-vous entendu parler d'hommes Soninké qui ont aidé El Haj Umar dans ses combats ? Avec
qui ?

B. F. : Yo. Tirera kundanko. I ga Xañagan i tooxon da. Sulaqata Tirera.


Oui; La famille Tirera. Ils y étaient au nom du Xañaga. Sulaqata Tirera.

La femme : I da i sadaxa Tirera kundanko.


Ils les ont offert à la famille Tirera.

E. H. D. : A ko tana ? Xirise ra giida ba ?


Qui d'autre ? Quels ancêtres ?

B. F. : He. A toxon xa di ? Konate ya ni Soninko xirise. Tirera kundanko xirise. Dahara. Sulaqata
Tirera. Hullu na ti Sira, xa i tooxoni Sulaqata.
He. A quelle époque déjà ? Les Konate sont les doyens des Soninké. La famille Tirera est
doyenne. Il y a longtemps. Sulaqata Tirera. Les Peul l'appellent Sira, mais il s'appelle Sulaqata.

E. H. D. : A ti ko tana ni Soninko xillen tu.


Il demande quelles sont les autres histoires sur les Soninké que vous connaissez.

B. F. : Sulaqata Tirera kundanko. Ken no fullo noxo ña na ou Almaami juma. Hamadi saara ni
ka ke haay. Ma an Ayisata ke gajinda in da. Ke be ga no. Ken ma Bija. Janmu Marega. Sulaqata
a da Honi saara. I soron ya ni. Kare regere ya ni. A tooxo ni Maaro. Maaro Juba. In faayi Jinme.
Sanba haaba.
La famille de Sulaqata Tirera. Il était toujours chez les Peul ou dans la grande mosquée de
l'Almaami. Il était toujours dans la maison des enfants d'Hamadi. Jusqu'à avoir un enfant avec
Ayisata. C'est la mère de Bija de patronyme Marega. Sulaqata a eu Honi. C'était un garçon. La
benjamine de la maison. Elle s'appellait Maaro Juba. Elle a eu Jinme. Le père de Sanba.

E. H. D. : A ti an da i ñi xo debe gumaru ? I da i hooro i ña ga debe gume walla ceddo ou komo


?
Il demande qui était chef de village ? Etait-ce les nobles ou les ceddo ou les captifs ?

B. F. : A da i ceddo baane, ceddo baane. Hamedi xa da i renmu saara. Kun du Soninko nta
baane. I nta baana. Hullun kaara, Soninko kaara. Soninko seren nta ga i be. An nta komo i da
hoore. I sun baane. I su an kefini i na debe gume. Xabila ke su an kefini. Garanke, tage a su
baane. O su ña na, o na kiini sere ta.
Les ceddo sont les mêmes. Hamedi et ses enfants. Ils n'étaient pas avec les Soninké. Ils ne sont
pas pareils. Les Peul sont dans leur territoire, les Soninké sont dans leur territoire. Les Soninké
font confiance à tous les gens, qu'ils soient captifs ou nobles. Ils sont tous pareils. Ils se
réunissent tous pour nommer le chef de village. Toutes les familles se réunissent. Les

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

cordonniers, les forgerons peuvent-être chefs de village. L'essentiel est de donner la chefferie à
une personne.

E. H. D. : Waage kunda kon ga ri kon da i battu ?


Qui a succédé à la famille Wage ?

B. F. : Waage ku fiina ri. Xa o su a ni baane. O su ya ni yexi renmu. O su baane.


Les Wage sont venus les premiers. Mais nous sommes tous égaux. Nos enfants se sont mariés.
Nous sommes tous les mêmes.

E. H. D. : I da me yi da.
Ils ont été entre-eux.

B. F. : Jan ken a su. Ga ren wura, i su wora.


Tous sont descendants. Quand les enfants courent, ils courent tous.

E. H. D. : Janmu ni i be ni fiini ga ri. Waage kunda a ri après Wage kunda après Silandini.
Les patronymes qui sont les plus anciens sont arrivés. La famille Wage est venue. Après elle, ce
sont les Silla.

B. F. : Ferogo ya ni. A su da meeni ya. I ri sorobo ya. A su sagati, sagati, sagati ya. I da me
sagata ya. I ga ri kun wa, i su sun taaxo ri yere. I da yexi kun wa. Ken wa, i su ña baane. I yexi
sun baane. I wa yaxare kiini, a su baane ba.
C'est une migration. Ils sont venus par groupes. Ils étaient tous ensembles. Ils sont venus en
masse. Ils se sont tous succédés. Quand ils sont venus, ils se sont installés ici. Ils se sont mariés.
Ils sont tous pareils. Ils se marièrent entre-eux. Ils donnent leurs femmes, ils sont tous pareils.

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

Entretien avec Aboubacry KAN, le 13.08.95.

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

Informations recueillies en pulaar le 30.07.95 auprès de Bellay KAN.


Chef de village à Dabia, de groupe statutaire Toorodo. Présentation et traduction de
Mamoudou BA et Alassane Samba DIA de Kobilo.

"Les Awlubés du nom de Sambou, à Bokidiawé, ont été des satidibés avec Abdul Bokar.
Les Wague ont lié avec Abdul Bokar un pacte "satidibé" ayant pour conséquence une dotation
de terres de Waalo.
Abdul Bokar est allé à Bokidiawé car il se déplaçait. Les gens qu'il gouvernait ne le respectait
plus. Son pouvoir était aux abois."

Monsieur Balla Woppa KONATE, 76 ans.


Né le 10.01.1919 à Boki-Diawé.

"Tarikh de Boki-Diawé"

Abou Diop me présenta le 26.07.95, un texte qu'il avait retranscrit des paroles de M. Konaté et
qui était intitulé Tarikh de Bokidiawé.

"Bakhadia Diagana de Kaëdi était le premier habitant soninké de Bokidiawé. Il était chef du
village.
Ibra Almamy a pris le premier Wagué qui avait pour femme une Touré.
Les Souba étaient d'ici, apès ils sont allés s'installer à Bokiladji.
Binta Sirandou Wagué a payé Abdou Lassanou pour être chef de village."

Page suivante

"Elfekki Añ problèmes d'impôts avec Wague et Sakho.


Coumba Tako pasteur s'est opposé à Elfekki pour redevances foncières. Penda Tacko a pris le
territoire du Waalo.
La grandeur des Añ allait de l'est de Tiasky vers Boghé."

Le 31.07.95, entretien en français.

Il me fit part dans un premier temps de ses démarches infructueuses auprès de la Direction des
Anciens Combattants pour percevoir sa rente d'invalidité. Il me fit le récit de son parcours dans
l'armée : après s'être engagé en 1939 dans le 17ème Régiment des Tirailleurs Sénégalais et avoir
participé à des combats, puis être blessé à deux reprises il fut enfin rapatrié au Sénégal en août
1949. Je me proposais de tenter de l'aider. Ensuite il parla de sa famille.

Balla Woppa Konaté : Les Konate sont des "Suba". Ils viennent du Mande. Tous les Konate sont
des descendants de Sunjata Konate. Il a fait quinze batailles. Il s'est battu contre Sumangru
Kante. Puis la bataille finie il est parti à Makka (La Mecque). Il s'est converti à l'islam. Pendant
ce temps d'autres ont fuit au Fuuta, qui va de Matam à Podor, dans le pays des Toucouleurs. Il a

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

continué. Bobo a fondé Bokilaji. Il était le premier arrivant et est devenu le chef de ce village.
Il a quitté Bokijawe.

Alain Fride : Quand cela s'est-il passé ?

B. W. K. : Au temps du colonel Dodds.

A. F. : Qui sont les enfants des Konate ?

B. W. K. : Les enfants des Konate. Jateru, Kama avec son frère Bobo Kama sont allés à Soringo.
Eux aussi ont fondé ce village. Ils ont eu beaucoup d'enfants. Fohuru s'est déplacé à Nabadji
Siwol avec son grand-frère Mamadou Jou. Il est devenu le chef de village. Bubu Awa, son
neveu, est allé à Fora. Il a eu beaucoup d'enfants. Il est devenu le chef de ce village. Son janmu
est Fofana. "Fo-fana" [première chose en soninké]. Je suis le seul Konate resté ici. Pourquoi ?
C'est à cause des terres de ma mère. Ma mère est une "pullo", Afsa Ali Sow. Son père possédait
des terres alors ma mère a dit qu'elle prenait les terres. Moi je suis né ici isolé chez les Peuls. La
question des Wage. Quand ils sont partis [réfléchit]. Ba Xaja Jagana a été ici. Après que les
"Suba" soient partis, Ba Xaja Jagana les a remplacé. Il s'est ensuite installé à Kaëdi. Alfa Isa
était un grand marabout, il a remplacé Ba Xaja. Il venait de Ñoro.

A. F. : A-t-il confisqué les terres des Njay ?

B. W. K. : Oui.

A. F. : Cela se passe au moment de la colonisation ?

B. W. K. : Oui. Wage a eu douze fils qui ont tous appris le Coran. Tous sont des "Moodi". Tous
les Wage viennent d'Alfa Isa. Il a rencontré à Ñoro les Jawara. Ils sont venus ensemble ici en
même temps. Alfa Isa a dit aux Jawara de s'installer ici et de ne pas passer leur chemin. Après
Jaara au Kingi. Bukar Jawara, le père de Madimo Jam, est venu en même temps que les Wage.
Tous les Jawara ici sont de la même lignée. Le premier fils de Bukari ici est Madimo Jam Jawara.
Les fils de Bukari. Kisima Jawara c'est son fils. Balla c'est son fils. Banjugu c'est son fils. Bay
c'est sont fils. Umar c'est son fils. Tous viennent de Bukar. Umar a pour fils Bukar Jawara avec
petit Umar Jawara, avec Amadu Jawara, avec Soxona Jawara. Eux, ils sont ici. Alxadi Jawara
qui a 91 ans aujourd'hui est le plus vieux descendant. Madimo Jam a eu Kisima, Balla, Banjugu,
Mama, Bay et Umar. Kisima, sa mère s'appelle Sira. Kisima ? [demande a une femme] Kisima
a eu Jibe, Tijani, Shexna, Banji, Baba Gey, Demba Kumba et Ablay. Jibe vit en France
actuellement.
Après les Njanoor c'est les Konate après c'est Baxaja Jagana qui est allé à Kaëdi après Alfa Isa.
Il a vu Bukari Jawara. Cela s'est passé en 1920, j'étais dans la même classe que Kisima.
Ali Kumba Sow est le père de ma mère. Elle est Peule. Elle est née à Bokijawe. Il a eu Afsa Ali
[sa mère], Malalo Ali, Ayisata Ali, Mamadu Ali et Bokar Ali. Mariam Kumba est la soeur d'Ali
Kumba. Mariam Kumba s'est mariée à Sarakuru. Elle a eu Alar Ba Ali qui a eu Jaje Umar, Yero
Umar, Penda Umar et Kumba Umar.
Mes enfants ce sont Mamadu Balla, Abdulay Balla, Yaya Balla, Fatumata Balla, Jeneba Balla,
Bambi Balla, Kumba Balla, Kumba Leldo parce que sa mère l'a attendu trois ans, Alasan Balla,
Aminata Balla, Awa Balla et Aruna Balla. Mon père c'est Woppa Soxona. Son père c'est
Mamadu Jou. Amadu Afsa est mon frère de même père, mais pas de même mère. C'est un
policier à la retraite. An a la même mère mais pas le même père que moi. Fatumata Balla son
fils est Amadu Fofana puis Alxaji Fofana.

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

A. F. : Va-t-on faire tous les enfants ?

B. W. K. : Mohamadu Jou est le frère de Siba, Bobo, Ganda et Jaturu. Bobo Kama est allé
fonder Bokilaji. C'était le frère de mon grand-père.

A. F. : Qui est le père de Mohamadu Jou ?

B. W. K. : Il s'appelle Silla Maxa Hare. Son premier fils est Jou Silla Maxa puis Mamadi Silla
Maxa. Silla Maxa Hare a eu Mohamadu Jou. Son fils est Siba Kama. Il est allé à Soringo. Jou
Silla Maxa a eu Balla Silla Maxa. Mohamadu Silla Maxa son premier fils c'est Joxe Suro avec
Bubu Suro, Bilali Konate. Balla a eu Mukke Suro. Son premier fils est Jou Tagati. Mamadu
Jou Silla Maxa a eu Balla et Woppa Soxona. Silla Maxa venait du Mandé, au sud de Bamako.
Il est ensuite allé à Nabadji.

A. F. : Etait-ce au temps de Samori Tuure ?

B. W. K. : Samori Tuure c'était en Guinée. Non. Depuis Samori tuure cela faisait longtemps.
Pourquoi est-il venu ? C'était un étranger. Il s'est marié sur place. Les Konate sont des guerriers.
Ils se sont battus avec Sunjata. Sumangru Konate. Voilà on a finit cette chose.

Abdoul Bokar s'est battu avec Almaami Abdul. Almaami Abdul est allé à Hayire Law. Il a
traversé la Mauritanie en 1904. Almaami Abdul a été tué. Après Almaami Abdul est un
marabout, il est allé à Kobilo. Abdul Bokar l'a suivit dans le temps. Je peus te parler de son père.

A. F. : C'était un Jallo ?

B. W. K. : Kan c'est "tooroodo". Jallo c'est "pullo". Le père d'Abdul Bokar s'appelle Dundu
Segele. Abdul Bokar a fait la guerre contre le colonel Dodds.
Le capitaine Ma Demba, un tooroodo, c'est un Kan aussi. Il a prit la route avec le colonel Dodds
jusqu'à Ñoro. Le colonel Dodds a vaincu le Kingi. Un autre jour nous parlerons des marabouts
du Fuuta. Il y a le Tooro, le Law, les Yirlabe, le Ngeenar, le Boseya. Bokijawe est dans le
Ngeenar.
Le Damga commence au petit fleuve à Ngigiloñe jusqu'à Kanel et Awure.
Le Boseya c'est Tiloñ, Dabia. Après c'est [le territoire] des Yirlabe. Puis Mbumba dans le Law
jusqu'à Podor. Le Tooro commence à quatre kilomètres de Hayre Law, Bode, Tialaga jusqu'à
Njum où il y a un dispensaire.
Les premiers au Fuuta tu peux le comprendre. Tu ne sais pas comment le blanc est venu à Dakar.

A. F. : Ce qui m'intéresse c'est l'histoire de Bokijawe.

B. W. K. : Jawe. Les peuls. Les anciens. Le bracelet. La mère d'Ali Kumba. En ce moment c'était
des femmes peules. Elles avaient beaucoup de bracelets, avec les têtes. Un grand baobab dans
la ville. Si un homme passait et demandait le nom du village on lui répondait "Boki Jawe". C'est
à dire ...
Les ancêtres de ma mère paternelle, Ali Kumba Ba Waali, ont donné ce nom. Demba Sandru est
la mère d'Ali Kumba. Les Frères de Demba sont Abdul Sandru et Maladu. Leur père est Sandru
et son frère Abdul.
Après les Njanoor les peuls de Mauritanie sont venus. Abdul et Afsa Ali sont morts ci.

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

Je vais te dire, si tu veux, comment sont venus les wolofs. Il y a quatre nations ici. Après les
Njanor c'est nous. Saxo sont des captifs. Sise, Silla, Wage, Fofana. Ils sont venus chacun de leur
côté. Ils ont trouvé les Konate.
Les Wage sont devenu chefs du village "hier".
La montagne [montre l'Est]. Les Njanor étaient sur la crête. Ils ont quitté là bas pour ici.

Le 27 août 1995Commentaires par Thioundy MANGASSOUBA.


43 ans, employé à la télévision scolaire. Entretien réalisé chez lui à Fann Hokk (Dakar).

"Amady Ndiaye est décédé.


Le cimetière de Douga est le premier site d'implantation des soninkés (Tirera, Mangassouba et
Wague).
Bokidiawé et Douga sont séparés.
L'ancien site est à gauche de la route. A cet emplacement se trouvent des restes de poterie et des
traces de cases.
Le nom Boki vient des femmes soninkés qui pour piller le mil accrochaient leurs bracelets au
baobab.
Moody Makam Kane a vu les activités des femmes soninkés : piller le mil et faire la teinture.
Pour ce faire elles accrochaient leurs bracelets sur le baobab. Ila donc appelé cet endroit Boki
Diawé.
Aujourd'hui on en est à sept générations qui viennent après les premiers soninkés.
A Douga il y avait Yari Dibassi le Fadiga, Fodié Yusuf Mangassouba, notre ancêtre, un
islamisateur, neveu de Yare Dibassi. La mère de Yusuf était la soeur de Yare. En terme de jamu,
Drame égal Fadiga égal Dibassi. Il y avait aussi les Tirera, des moodi et les Wague, des moodi
aussi.

Maa Suba : en bambara cela veut dire le fils aîné du lion. C'est un titre de guerre. Les
Mangassouba étaient thaumaturges et des princes. Ils sont devenus des marabouts.
A Bokidiawé, les Mangassouba sont des Dafe (l'étalon blanc en soninké, un cheval pour les
batailles). Il existe les Mangassouba Dabo, les Mangassouba Mare (en soninké champs en
jachère) et les Mangassouba Gelu (en soninké arbre fruitier dans les concessions).

Il fallu chercher un chef à Douga. Yari était le plus âgé. Il a refusé car il était un moodi lemne.
Une de ses soeurs, Binta Dibassi, était mariée chez les Wague. Yari a concédé le pouvoir à ses
neveux, donc aux Wague.
Wague. Le nom renvoie à ses valeurs : intègre, valeureux et courageux. Un Touré par exemple
est quelqu'un grand de taille.

L'arrivée de la plupart des komo à Bokidiawé date de la génération des arrières grands-parents.
Le Khaniaga au Fuuta est composé de dix-neuf villages. On appelle cette région le Khaniaga en
souvenir de celle du Mali.
L'autonomie des soninkés date de longtemps.
Le colonel Dodds n'a parlé qu'avec les soninkés. Bobo Diawara était un lieutenant d'Abdul
Bokar. Ila des descendants à Bokidiawé et Bokiladji.
Daaru signifie hier en soninké. Daaru El Salam signifie la cité de la paix.

Les soninkés de Bokidiawé ne sont que le 3ème ou le 4ème fergo soninké. Près de Kaédi, les
Sillanabés sont très anciens. On les appelle les Thiedo Alambé.

201
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

Mon hypothèse est que le Fuuta à l'époque de l'arrivée des soninkés était un Etat fort, tranquille.
La migration était plutôt une recherche de paix que de terres.

Le refus des champs de waalo est faux.

Dans aucun récit de Bokidiawé on a des soninkés devenus haalpulaar. Le mariage inter-ethnique
est rare.

Elimaan Neega est un nom soninké. Il signifie l'oncle imam. Un Kan fréquentait un Wagué. Les
enfants l'appelaient Neega, notre oncle.
Les neeganabés sont originaires de Bokidiawé.

Les kawelnabés disent qu'ils étaient les fondateurs de Bokidiawé. Tous sont partis. Il n'y a pas
de trace de Kawel à Bokidiawé. Le village de Kawel se trouve à une vingtaine de kilomètres de
Bokidiawé.

Je ne connais pas Thierno Samba de Ndiot Neega.

les Wagué d'Oréfondé n'existent pas.

Le colonel Dodds a attribué des terres aux soninkés par le biais des Wagué.
les Mangassouba ont reçus un ou deux champs au jeri et un champ au waalo, mais je ne suis pas
compétent dans ce domaine.

Fodié Yusuf a enterré trente de ses fils au cimetière de Douga. Après une partie de ses enfants
est allée habiter dans la plaine.

La teinture. C'est une constante chez les soninkés. A Bokidiawé il y avait des cultures de coton.
Les femmes hoore faisaient le fillage. Les komo faisaient les bandes d'étoffes. Les femmes hoore
faisaient ensuite la teinture.
Hilla-haara est le nom des pagnes teints que les femmes prêtaient à leur mari. Leur vente
permettait de se faire un fond de commerce. Il y a bien un lien entre teinture et immigration.
Comme autres facteurs d'immigration il y a les impôts, les famines. Le commerce était un facteur
d'immigration depuis longtemps. On n'allait pas émigrer en France pour le commerce mais en
Afrique au Ghana, Congo, Côte-d'Ivoire.
La fin de l'esclavage ne fut pas un facteur d'immigration.
Les migrations se déroulaient par étapes : Dakar, puis le Soudan français, la Côte-d'Ivoire, le
Liberia, la Sierra Leone, le Congo (les premiers ont commencé à s'y rendre vers 1920), la France
(a débuté dans les années 1960).

Les Caisses de Solidarité ont débuté avant 1970. La première association significative a été
"Jeunesse", créee en 1968 par Samba Sow. Ses membres ont pû réaliser dix puits. Avant il
n'existait au village que deux ou trois puits. Les parents immigrés ont apporté leur contribution.
Le gros oeuvre a été la construction du dispensaire qui est devenu une maternité. Le tout a été
fait avec le fond des immigrés.
Les membres de l'ADMVB (Association pour le Développement et la mise en Valeur de
Bokidiawé) sont issus de Jeunesse.
La première vague d'immigration en France était très unie entre haalpulaaren et soninkés. Elle
était composées uniquement d'adultes. L'idée était d'aider le village.

202
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

Aujourd'hui ceux qui ont vingt ans n'ont pas les mêmes conceptions. Ils privilégient des
dicsussions qui n'ont rien à voir avec le dévelloppement. Il y a une paralysie."

203
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

Entretien avec Mamy NDIANOR le 05.08.95

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

Entretien effectué en français le 03.08.95 avec Mamadou Samba NDIANOR.


Quadragénaire. A commercé en Afrique et est revenu à Boki-Diawé.
Entretien réalisé chez lui avec la présence d'El Hadj Diaw.
Non enregistré.

Bely Sock me présenta Mamadou Samba Ndianor comme détenteur d'un écrit sur l'histoire de
la famille Ndianor. J'obtenais une photocopie de ce texte dactylographié [cf. annexe]. Il serait
la traduction exacte d'un texte en arabe écrit par son père, Samba Ndianor, lettré musulman
appartenant à la Confrérie de la Tijania et professant dans sa maison le Coran à ses disciples
[talibés]. A sa mort le texte original fut perdu. Cependant il reste des tables mystiques qui
servent toujours pour les consultations que fait M. Ndianor. Je m'entretenait ensuite avec lui sur
l'histoire de sa famille et sur leurs fonctions. J'eu un autre rendez-vous pour visiter le site
d'anciens fourneaux. Il me renseigna, par ailleurs, sur le nombre des familles haalpulaaren du
village en fonction de leurs groupes statutaires. Un autre jour, la pluie nous empêcha de nous
rendre dans un lieu tabou, à la croisée de trois marigots. Nous causâmes donc de ses voyages
en Afrique de l'ouest dès l'âge de 18 ans et de ses séjours au Congo, Angola et Zaïre avec leurs
difficultés mais aussi avec la solidarité des ressortissants de Bokidiawé à l'étranger qui
accueillent leurs compatriotes et les aident à démarrer leurs "affaires". Aujourd'hui il se penche
de plus en plus vers un projet agricole qui lui permettrait de gagner sa vie à partir de la terre.

Mamadou Samba Ndianor : Avant la maison Ndianor était une même parcelle. Il y avait deux
types de Ndianor : les Jamanabe Woddebe (blancs) et les Jamanabe Balebe (noirs). Les noirs
ramaissaient le fer et les blancs le travaillaient. Cette distinction existe toujours aujourd'hui.
Depuis, notre famille parce qu'elle connaît le fer est prémunisée contre le tétanos.
Alain Fride : Quelles sont vos terres ?
M. S. N. : Nos terres de waalo se composent de Bere (la plus proche du village), Furodu, Honni,
Berri sur des terres de fonde. Les terres du jeri se composent de Sarawuro, Burudde, Yolijambe
mangol [grand] et Yolijambe tokosol [petit]. Nous possédons les plus grandes terres en
superficie. Nous avons beaucoup distribué nos terres aux habitants du village, il ne nous en reste
que très peu. Nous leur prenons la dîme [zakat]. La SAED [Société d'Aménagement et
d'Exploitation des terres du Delta du fleuve Sénégal et des vallées du du fleuve Sénégal et de la
Falémé] dans le cadre des parcelles irriguées de riz a consulté les Ndianor qui leur ont offert des
terres.
A. F. : Vous semblez recevoir des gens ?
M. S. N. : Oui, on me consulte pour des maladies et des départs en voyage depuis 1989. Je tiens
ma science de mon père.
A. F. : Parlez-moi de la fondation du village. connaissez-vous le nom de Daaru ?
M. S. N. : Le premier village se situait au cimetière même. "Daro" est une expression par
laquelle les Ndianor, quand ils étaient animistes, arrêtaient les gens. Puis les Neeganabe sont
venus. Les Ndianor se battaient entre-eux pour avoir le fruit de leur pêche. En effet, ils jettaient
par-dessus eux les poissons sur la berge du fleuve. Les poissons se mélangeaient, on n'arrivait
plus à savoir lesquels avaient été pêchés par qui. Neega a apporté le partage en leur
recommandant que chacun fixe les poissons qu'il avait pêché sur un baton de bois pointu. Les
Ndianor ensuite habitèrent le terrain de Tiwel et y pêchèrent pour les toroodo (les Neega).
Les Woddebe travaient l'or mais ils eurent peur. Ils jetèrent leur or dans le fleuve. A cet endroit
même pendant la sécheresse, l'eau ne manque pas. Personne n'y plonge car on risque de s'y
noyer. Ce lieu est à la croiséede trois marigots.

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

Vers le kolangal jaarde[cuvette de décantation inondée où l'on pratique la culture de décrûe du


sorgho souvent associé avec du niébé] il y a un carré où rien ne pousse. On y travaillait le fer.
Kintelou est aussi un endroit tabou.
A. F. : Pouvez-vous me détailler la relation Ndianor-Neega ?
M. S. N. : Les Ndianor ont donné une femme aux toroodo. Notre pacte [jonu] se caractérise
comme suit. Un Ndianor ne peut faire du mal à un toroodo et réciproquement. Ils se méfient
entre-eux. Pour les mariages chacun donne une part des abats : le guejorgal.
Lors d'un baptême, les Kan [nom de famille des Neeganabe] viennent pour donner le nom à
l'enfant d'un Ndianor. Aujourd'hui, nous les payons pour éviter cela. Quant aux Kan, les Ndianor
profitent de la viande au moment de la cérémonie.
Lors d'un décès les Ndianor lavent le corps de tous les hommes défunts du village. Je suis habitué
à ce travail, mais je suis aussi triste quand un parent décède. Pour les femmes la dernière toilette
se fait selon les castes. Nous ne faisont pas la circoncision, nous nous en remettons à ceux qui
la pratiquent.
Enfin, les Ndianor choisissent le chef de village parmi les Kan.
Il y a eu un problème pour la succession de Baba Dicko, à la fois chef de village et imam. Les
gens ici n'étaient pas instruits. Amadou Baïla, l'actuel chef, était au Congo. On fit appel à lui.
Son père fut l'imam avant Baba Dicko. Son grand-frère était un concurent de Baba Dicko. Ils
étaient de même capacité et les villageois n'arrivaient pas à les départager. La fille de Baba
Dicko a tiré au sort des papiers dans un bonnet. C'est le nom de son père qui est sorti. Baba
Dicko avait alors 62 ans. C'était au début des années '60.
Pour les élections de l'imam et chef de village les Ndianor viennent en premier lieu. S'ils
n'arrivent pas à départir les successeurs on fait appel à tout le village.
Nous n'avons pas de pacte avec les Wague.
A. F. : Pourquoi y a-t-il une division sarakolés-haalpulaar dans le village ?
M. S. N. : Les sarakolés étaient des étrangers. Beaucoup d'entre-eux cultivent les champs des
Ndianor. Les captifs peuls [maccube] se marient avec des soninkés depuis vingt ans. Il y a
comme cela quatre femmes.
Tout le monde vient à la mosquée du vendredi. Dans l'avenir il faudra une autre mosquée, celle-
ci devient trop petite. La construction de la mosquée du vendredi a surtout était faite grâce aux
fonds soninkés. Samba Ndianor, mon père, fit appel à Banta Wague. Les soninkés donnèrent à
l'époque sept millions de CFA.
Les haalpulaar jettent l'argent. Par contre les soninkés savent économiser.

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

Entretien avec Ouleye Bocar NDIANOR le 16.08.95.

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

Entretien avec Thierno Baye NDIANOR en août 1993.

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

Entretien avec Amadi NDIAYE en août 1993.

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

Informations recueillies aupès de Madama Bintou SYLLA, de Monsieur GANDEGA et de


Monsieur Diagana (au téléphone) à l'Association Pour la Promotion du Soninké à Saint-
Denis le 27.09.95.

Baba Wagué est enterré à Gunjuru. Gunjuru est un lieu de pélerinage à deux kilomètres de
Kayes, en bas d'une colline. De nombreux waliu y sont enterrés dont Baba Wage. On dit souvent
"si ton voeux ne s'exausera pas tu ne pourras pas aller à Goundiourou". Les Diagana ont une
kifa à Waunde et Serenati au Guidimaxa malien; Ils viennent de Kombo Kombo Fule, près de
Neema. Puis ils sont allés à Waunde et à Kahaydi.
Quand les Jagana ont quitté Kombo Kombo ils sont allés à Balu au Gajaaga puis sont retourné
à Kombo Kombo et ensuite sont allés à Bokijawe, Fajara et Bokilaji. Après leur famille s'est
éclatée : une partie à Kahaydi, une à Waunde. Ils ont dans les deux villes des Messa. Bakari
Jagana avec Fode Jagana de Waunde sont allés à Serenati où il y a des Gandega chefs de village.
Les Wage ont suivit les enseignements des Jagana à Kaédi.
Les Wage étaient des Jalali Kamara. Une chanson "Maki Wage" les vante comme des gens
impartials et savant régler les conflits.
Les Jagana étaient les maîtres coraniques des Wage car lors du mariage ils font appel à eux pour
le célébrer.
Les Jaglali Kamara ont une parenté avec les Soxona au Guidimaxa du Mali. Les Gandega (en
soninké une graminé que l'on mange lors des disettes) viennent des Soxona.

Monsieur Hakrou TIRERA, entretien réalisé en français le 11.08.95.

Il a 65 ans, né en 1930. Entretien réalisé chez lui à Boki-Diawé avec Ami Fall..
Partie non enregistrée.
Retranscription des notes.

Hakrou Tirera : L'ancêtre des Tirera est Dalante Tima, guerrier du roi Kanka Musa. Les Tirera
viennent de Kamantie. Ils ont duré 120 ans là bas.
Puis ils sont allés à Yerere vers Nioro. Puis une partie s'est dispersée vers Kiban et ensuite Tuba
Sila.
Aruna Tirera est allé au Gidimaxa Muline. Il y a là bas Mohamadu Tirera.
D'autres sont allés à Dramane au Gajaaga et un d'eux est allé ensuite s'installer à Bokijawe.
Sulaqata Tirera, le grand-père de nos grands pères a suivit El Hadj Umar.
Yusuf, père de Sulaqata est arrivé à Bokijawe. Il y a trouvé Yari Drame Fadiga, le premier
Soninke à venir et les Wage.
A ce moment Eliman Neega était le chef du village. Sanba Ifra lui a succédé. Il a fait deux listes
d'impôts : une pour les Français, une pour lui.
Les Soninke ont refusé. Ils ont choisit Banta Wage comme chef de village.

Partie enregistrée.

H. T. : Son père qui est premier chef de village. Banta est décédé, Baba Kaja l'a remplacé. Il n'a
pas duré là dedans. Il a refusé. Tu sais que c'est le moment très difficile. Il a laissé. On l'a
remplacé par Mamadi Wage. Moi, je ne connais pas tout. Je ne suis pas instruit. Quand l'homme
n'a pas fait l'école, il n'a pas tout gardé. Ce que j'ai appris c'est cela.
Alain Fride : C'est interessant, je ne connaissais pas le problème de Sanba Ifra.

228
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

H. T. : Sanba Ifra était le chef des villages des Soninke et des Fulbe. C'était lui le chef de village.
Les Neega ont refusé Sanba Ifra, les Soninke ont pris leur chef de village spécialement.
A. F. : Le chef de village date du temps de la colonisation.
H. T. : Oui du temps de la colonisation.
A. F. : Avant les Soninke avaient pour chef ...
H. T. : De village, les Neega. Nous avons duré longtemps avec lesNeega aussi. Comme les
Neega même qui ont refusé Sanba c'étaient les chefs de village. Là, les Soninke ont dit qu'ils
n'ont pas besoin des chefs de village pulaar. Les Soninke ont crée leur chef de village.
A. F. : Oui, le chef de village avait fait quelque chose de ...
H. T. : Voilà, il n'est pas normal. Et c'est pourquoi on a ...
A. F. : Yerere était-ce dans le royaume de Jaara ?
H. T. : Yerere c'est le royaume de Jaara. Tu sais il y a des Jaara, il y a des Mande, il y a Kumbi,
l'Empire de Ghana.
A. F. : Kumbi Saleh, oui.
H. T. : Oui. Presque, il y a beaucoup de Soninke qui viennent du village de Kumbi Saleh.
A. F. : On dit que des Soninke ont quitté Jaara à cause d'une dispute entre les Sagone et les
Daboranke.
H. T. : Et Dabo. Ça c'est la guerre des Sagone et des Dabo. Ça c'est une guerre entre les deux
Jawara. Et normalement ce sont les deux Jawara qui se battent encore. Ils ont fait la guerre. Là,
la guerre ils ont tellement gaspillé de personnes. Il y a beaucoup de personnes qui sont mortes.
Il y a beaucoup de personnes qui s'en vont.
A. F. : Mais vous n'êtes pas partis à cause de cette guerre ?
H. T. : Non, non. Nous aussi nous avons fait la guerre avec le Kaarta. La guerre avec Musa
Hatuma. Dalante Tirera a fait la guerre avec Musa Fatuma. Nous ne sommes pas partis des...
Même maintenant nous n'habitons pas avec eux. Ça ne dure pas longtemps que nous avons pris
le chemin des musulmans. Nous connaissons seulement depuis ici. On fait la guerre. Mais
heureusement la vie a changé. Les Européens nous ont colonisé. On a tout laissé. Si vous [venez]
à la maison là vous pouviez trouver vingt fusils ou vingt cinq fusils. On est pas des travail forcé
jusqu'à ici.
A. F.: Vous étiez une famille de guerriers. Comment on dit en soninke la fonction de votre famille
?
H. T. : Gajaanano.
A. F. : Musa Fatuma était le roi du Kaarta ?
H. T. : Oui, on a fait la guerre avec lui pendant sept ans.
A. F. : C'est vers 1780.
H. T. : Voilà vers 1780.
A. F. : C'est au moment où les Jawara commencent à ...
H. T. : Voilà. Entre les Jawara, le moment il y a des rois du Kaarta avec les rois de Jaara. C'est
particulier. Les Jawara étaient là, à Jaara.

Partie non enregistrée.

H. T. : Au Kaarta, il y avait les Ñaxate et les Kamara.

Partie enregistrée.

A. F. : ... des récits sur cette guerre ?


H. T. : Non non non, j'ai entendu les vieux qui ont parlé de ça quand j'étais enfant mais je ne l'ai
pas gardé en tête. Je ne connais rien de ça. Il n'a qu'à arrêter la bande. Papa est trop vieux il ne

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

peut pas raconter cela. Même ça comme elle [Ami Fall] connaît mon neveu elle m'a demandé
de l'aider. Mais je ne connais pas.
A. F. : Mais c'est déja bien. Cela me permet de mieux comprendre.
Avez-vous déjà entendu que Bokijawe s'appelait avant Daru ?
Ami Fall : Daru Salam.
Alain Fride : Et qu'il y avait un roi de Jaara qui était ici.
H. T. : Le roi de Jaara n'était pas ici.
A. F. : Il y a très longtemps, avant Koli Teela, avant les Deñankobe.
H. T. : Ici ? Je ne connais pas.
A. F. : Savez-vous qui peut m'en parler ici ?
H. T. : Personne. Peut-être le vieux Papa, son père, peut vous dire ça.
A. F. : L'époque où votre famille est arrivée c'est aussi l'époque où la plupart des Soninke sont
venus. Ils sont presque tous venus en même temps.
H. T. : Ils ne sont pas venus ensembles. Il y en a certains qui sont venus les premiers. D'autres
les ont suivis. Nous sommes arrivés comme cela.
A. F. : Vous connaissez l'ordre d'arrivée des Soninke ? Ou bien non, c'est difficile.
H. T. : Ce que je vous dit, ce que je connais c'est ça.
Même cela ce n'est pas ma connaissance. Comme c'est mon neveux, il m'a dit tu fais ça. Il n'a
qu'à! Son grand-père est là-bas, il ne veut pas. Son oncle est là, il ne veut pas. Moi aussi peut-
être, ça ne leur plait pas. Comme c'est mon neveux, il me l'a demandé, je veux lui rendre service.
Ce n'est pas ma connaissance. Peut-être il y a quelques paroles qui vont être fausses.
A. F. : Je n'ai pas trouvé mieux que ce que vous avez dit.
Ami Fall en soninke :
H. T. en soninké :
A. F. : A Bokidiawé y'a-t-il eu des événements exeptionnels à partir des Wage ?
H. T. : Il y a eu des événements parce que du temps où nous sommes arrivés ici, il y avait Abdul
Bokar qui était roi. A Dabia. Ses guerriers étaient les Soninke. Il y avait des Kamara, des Konate
des Jawara. C'étaient des guerriers d'Abdul Bokar. Mais cet Abdul a fait la guerre avec des
familles toucouleurs.
A. F. : Il y avait des Jawara et ?
H. T. : Des Jawara, des Konate, des Kulibali.
A. F. : Ils ont donc décidé de le suivre et ils se sont battus contre des toucouleurs, contre des
français ?
H. T. : Non ce n'est pas contre les Français. C'est contre Mbumba. Les rois de Mbumba. Le
moment où les Français sont arrivés ici, il n'ont pas fait la guerre avec Bokijawe. Bokijawe est
le premier village africain qui reçoit les Français ici. Alfa Isa Wage est le premier à recevoir les
Fançais ici. Quand les Français quittèrent Saint Louis, Abdul Bokar traversa le fleuve. Isa a reçu
les Français. La famille des Wage. C'est leur grand-père.
A. F. : Mais il n'était pas encore chef du village.
H. T. : Il n'était pas chef du village. C'était un grand marabout.
A. F. : On a quand même dit que les Français ont brûlé Bokijawe.
H. T. : Oui les Français ils peuvent brûler Bokijawe contre Abdul Bokar.
A. F. : Est-ce que cela c'est passé quand il y avait des guerriers Soninke chez Abdul Bokar. ?
H. T. : Non. Les guerriers Soninke c'est quand Abdul fait la guerre avec Mbumba.
A. F. : Vers 1870 ?
H. T. : Oui 1870. La guerre avec Mbumba. Là les guerriers les plus fort dans sa guerre sont les
Soninke, les Kulibali, les Kamara, Wage, non il n'y avait pas de Wage. Wage c'est un marabout.
A. F. : Et donc, après ils sont revenus au village.

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

H. T. : Après ils sont revenus au village. Alors là les Konate se sont déplacés. Certains sont
restés à Nabaji. D'autres qui sont restés à Soringo. Et d'autres qui sont à Bokilaji. Ils ne sont pas
ici maintenant.
A. F. : A Bokilaji ce sont les Konate qui sont les chefs de village.
H. T. : Voilà. Les Konate y ont été. La maison où nous sommes c'est la maison des Konate. Ce
sont eux qui étaient ici avant.
A. F. : C'est au moment où ils ont quitté Abdul Bokar qu'ils sont allés fonder Bokilaji.
H. T. : Oui, Bokilaji avec Nabaji avec Soringo. Ce sont des Konate qui sont chefs là bas.
A. F. : Ah, ils ont fondé les trois villages.
H. T. : Trois villages.
A. F. : Ils étaient puissants s'ils ont réussit à fonder des villages. Ils étaient nombreux ?
H. T. : Ils étaient très nombreux. Ils sont beaucoup avec les Jawara aussi. Jawara ils sont
beaucoup, ils sont plus forts aussi.
A. F. : Par contre les Jawara quand ils ont quitté Abdul Bokar ils sont rentrés ici.
H. T. : Une moitié des Jawara est restée ici. Il y a des moitiés qui sont parti à Nabaji, il y a des
moitiés qui sont partis à ... je ne sais plus comment cela s'appelle... Unare.
A. F. : Amadi Unare.
H. T. : Voilà.
Monsieur Hakrou TIRERA. Entretien réalisé au mois d'octobre 1995 par Ami Fall.

Enregistré sur support audio.

Reportant de jour en jour nos rendez-vous pour des motifs aussi divers que la fatigue, les travaux
agricoles ou le fait qu'on lui ai dit que les enregistrements que je ferais seraient une fois en
France dénigrés et ridiculisé, M. Tirera a enfin consenti après mon départ à s'entretenir avec
Ami Fall.

Hakrou Tirera : "Wagadu. I ni siine su yaxanneen na. Ken ni Sooninkon baane fe, i do
Bambaranin do Fulu. I su yan ni Kumbi, Wagadu ya.
Sooninko ñi Misira ya. I giri Misira nan daga taaxu Eccopi. I ñan on wa siine gabo. I giri Etiopi,
i daga Wagadu. I ga taaxu Wagadu. Kumbi. I ga rini Wagadu kon da musilman ya ni i ya.
Sooninke sere ma tu. Sooninke musulman gelli ga bane.
Misiden baga boxini o ya sasa. I ña Wagadu. I da musilmaaxun ke wara, i saage yaxannen
maxayete. I n'a kini Biidan na. Biida ke na yaxanne ke toni, kanmen wa kanen texi i dan na.
Arabun wa ri kane ke xobo i maxa. Arabun wa giri Misira nan ri kanne ke xobo i maxa. I ga ri
yaxannen baane. Ken kina xuso, ken ni Wagane Saxo ya, a ti ke Biida nt'i ken yaqqen yigana.
Tunka yugo ke ti Biidan yigeyen ga kine a yaqqen na, a n'a ya yigana. I da yaxanne ke
maxanyetu. I d'a setundi sin na, i daga a kini Biidan na. Soxon ga sanqini a yi, i da yaxannen do
sin baane toxu no.
Biida ke bakka futuron ya, a ga yaxanne ke yigana. A kina xosi marahan do kaahan wutu. A
daga taaxu a wa Biida dukku. Biidan ga d'a i yinmen bagandi, a ga tini i wa yaxanen ke yigana,
a katundi a yi. A d'a kaari.
Yillen kere, tunkan yugo d'i soron ri a faayi, gelli Biida ga ma dune yaxannen ke, i na yaxanne
tana riti. I da ni foofo ma yaxanne do sin kita. I ti on daga yaxanne tana muuru, Biidan baara o
yaxanen na.
Yaxannen ti maxa daga. Biida a karinten ya ni. Ke be ga i mulla yoxu na, ken yan da Biida kari.
Siino ñeeri, kanmen ma texe.
Wagadu kandu kareyen na ke ya. Wagadu kare, i sanqi me yi. Bambaranu, i daga taaxu Mande.
I do sooninkon yogo. Sooninko kuttun do hullun i d'i jonkoyi Gidimaxa, i daga ti Mooritani.
Sooninko yogo giri baaka Mooritani, i I daga taaxu Hayre Lao, li yere. Kun naani Hayranko.

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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

Ken falle Manden kare. Soron sanqi me yi. Sooninko giri nan taaxu Bundu; Senegali ya. Kun
sooninko beeni ga ri taaxu Bundu.
Kun yan i giri Fuuta. I giri taaxu Fajara. Kun sooninko i ri taaxu Dumga, Hore Honde. Koccin
misiden na. Ken bire Almaami, a toore. Almaami, a ni Kobiilo.
Ami Fall : Dumga ?
Hakrou Tirera : Dumga Wuuro Alfa.
Koccin miside. Hullun giri i daga ke Almaami da nanti. Hullun ya ni. I nanti laxa foobenin ri.
Almaami ti i da, i na kanmoxo. I yogoni kiren doroko xullun ya ni i ga. Kitaabun w'i maxa.
Kuturun na, wolon doroken ya n'i ya, xalisin dogen w'i kitten na, kannen w'i toron na. Marafon
do kaafan w'i maxa. A ti xaron daga taaxu Kahindi ya. Kun ni soro ya i nta me janbana. Sere su
ga n'i gaja, i n'an xosono ya baawo i nta me janbana. Xa ga na taaxu kafini i ya. Xa na xa ren
yaxarun kini i ya, i n'i xayi. O katuni i da ken ya. O d'i na na baane. O na toxo li yere."

Traduction par Youssouf Diombera, professeur à l'A. P. S.

Hakrou Tirera : "Wagadou, tout était pur. Les soninkés n'ont pas vécu seuls, ils étaient avec les
bambara, les peuls. Ils étaient tous à Koumbi, au Wagadou.
Les soninkés étaient en Egypte. Ils quittèrent l'Egypte pour se rendre en Ethiopie. Ils y restèrent
beaucoup d'années. Ils quittèrent l'Ethiopie et partirent dans le Wagadou. Quand ils partirent
dans le Wagadou, ils étaient musulmans. Les soninkés ne le savent pas. Depuis ce temps, les
soninkés étaient musulmans.

Nous nous sommes séparé de la mosquée à ce moment là. Ils étaient dans le Wagadou. Ils ont
abandonné l'islam, et il,s ont commencé à apprêter une jeune fille. Afin de la donner au Biida.
Le Biida avalait la jeune fille, le ciel faisait tomber la pluie pour eux. Les arabes venaient acheter
de l'or chez eux. les arabes quittaient l'Egypte pour venir acheter l'or. C'était le tour d'une jeune
fille. Le futur époux de cette fille, Wakane Sakho, dit que le Biida ne mangerait pas sa femme.
Le roi dit que le tour était arrivé que sa femme soit obligatoirement mangée. Ils apprétèrent la
jeune fille. Ils la firent monter sur un cheval, pour la donner au Biida. Les gens se dispercèrent,
pour laisser seul la femme et le cheval.
Dès que le soleil se couchait avait l'habitude de sortir afin de manger la jeune fille. Son mari prit
un fusil et un sabre. Il parti attendre le Biida.. Quand le Biida sortit la tête pour dévorer la jeune
fille, il tira sur lui. Il fut tué.
A l'aube, le roi et ses courtisans vinrent voir si le Biida avait accepté la jeune fille. S'il n'acceptait
pas cette jeune fille, ils devaient en ramener une autre.. Ils virent que rien n'était arrivé à la fille
et au cheval. Ils dirent qu'ils allaient chercher une autre jeune fille car le Biida avait refusé celle-
ci.
La jeune fille dit ne partez pas, le Biida a été tué.. Celui qui voulait me marier, c'est lui qui a tué
le Biida. Pedant sept ans la pluie ne tomba pas.
Ce qui s'est passé est la cause de la destruction du Wagadou. Le Wagadou s'effondra, ils se
dispercèrent. Les Bambara allèrent s'installer au Mandé avec d'autres soninkés. les soninkés
restants et les peuls se dirigèrent vers le Gidimakha, ils partirent en Mauritanie. D'autres
soninkés quittèrent la Mauritanie pour aller s'installer à Hayré Lao ici. Ceux-ci devirent les
hayranko.
Après cela le Mandé fut détruit. Les gens se dispercèrent. Les soninkés partirent s'installer au
Boundou, au Sénégal. Les soninkés qui vinrent s'installer au Boundou, le quittèrent pour le
Fuuta. Ils allèrent s'installer à Fadiar. D'autres allèrent à Doumga et Hore Honde. En un lieu où
il y avait une ancienne mosquée en pierres. En ce temps l'Almami régnait. L'Almami était de
Kobilo.
Ami Fall : Doumga ?

232
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

Hakrou Tirera : Doumga Ouro Alfa.


Le lieu de la mosquée en pierres. Les peuls allèrent parler à l'Almami. C'étaient des peuls. Ils
dirent Laxa Foobenin est venu. L'Almami demanda combien ils étaient. Ils portent des
cotonnades blanches. Ils possèdent des livres. D'autres portent des habits jaunes, des bracelets
en argent et des boucles d'oreilles en or. Ils ont des fusils et des sabres. Il dit allons à Kaédi. Ce
sont des gens qui ne nous trahirons pas. Un homme qui les attaque, il
parce qu'il ne se trahissent pas. Allons nous installer à Kaédi. Donnez leur vos femmes, ils vont
se marier avec elles. Nous allons les maîtriser. Nous allons être unis. Nous nous sommes
installés ici."
Entretien le 14.08.95 avec Monsieur Kisima Demba TIRERA.
Marabout, âgé d'à peu près quarante ans. Entretien réalisé .avec Ami Fall, comme
interprète.
Enregistré sur support audio.

L'entretien consiste dans la lecture en soninké par Demba Tirera d'un manuscrit de six pages
écrit en caractères arabes. On peut le titrer comme le Tarikh des Tirera, généalogie concernant
cette famille et ses alliés. Des clichés en ont été pris. Demba Tirera informé de mes recherches
sur le passé du village a proposé à Ami Fall de me faire partager un document qu'il détenait,
selon lui de son arrière grand-père Sulaqata Tirera, compagnon d'El Hadj Oumar. Ses fils,
Aruna et Badra ont continué à le rédiger ainsi que lui même, rajoutant des feuillets (non
communiqués) à l'occasion de rencontre avec des membres de sa famille éloignés. Cependant,
on peut déjà dire que le document, tel qu'il est présenté, a été rédigé par une seule et même
personne et que son état de conservation montre qu'il ne peut dater de plus d'un siècle.

Alain Fride : Est-ce vous qui l'avez écrit ?


Demba Tirera : Non, mon grand-père lointain. Et nous rajoutons de génération en génération
pour que cela ne se perde pas. Car les personnes qui sont sorti de notre maison sont nombreuses.
Kumba Saxonoxo était mariée à un Saxo. Elle a engendré Dramane Bubunu. Quand son père
est décédé, Sulaqata l'a épousée. Elle a engendré Sirandu Kumba. Elles sont allées à Kaédi.
Sulaqata Tirera l'a écrit. Badra Asa l'a augmenté. Mon père non car il ne savait pas écrire. Puis
j'ai continué.
Je suis commerçant au Congo. Nous faisons des réunions avec d'autres Tirera au Mali, Congo.
Nous faisons aussi des modifications en confrontant nos écrits. Je suis en rapport avec Baba
Dramé de Madina au Congo qui écrit un livre sur les Soninkés.

Nous avons trouvé les Fadiga. Tous les soninkés étaient à Duga. C'étaient des pêcheurs, des
cultivateurs. C'est pour cela que les soninkés habitent près des flleuves. Jaara du Sénégal
dominait tout.
A. F. : Et les Kokoren Faren ?
D. T. : Une personne m'en a parlé mais je ne l'ai pas crû. Les Jawara d'ici. Les peuls venaient
chercher le bétail des soninkés. Ils se sont réunis pour écrire aux soninkés du Kingi. Ils ont
envoyé les Jawara. Ils ont installé les gens à Golléré, à Bokidiawé, Nabaji, Soringo, Bokoladji.
Tous ceux qui ont quitté le fleuve et le Jeri pour des raisons guerrières. Les Jawara s'occupaient
de tout. Mais il n'y a pas longtemps qu'ils sont venus.

Les Sako et les Dabo étaient très forts. Shexna Ñuma est de ces familles.
Les Fofana. les Dabo ont leur maison là bas. Ce sont des preux. Ils allaient aider Abdul Kader.
Les Fofana ce sont leurs neveux qui sont venus du Mali pour les rejoindre ici. Les Fofana sont
les neveux des Dabo. Les Dabo ont disparus. Il ne reste qu'une femme des Dabo qui est à Ounaré.
A. F. : Son nom ?

233
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

D. T. : Son nom est Dabo.


A. F. : Les Jawara sont-ils des Dabo ?
D. T. : Non. Tous sont des guerriers de Jaara. Ils se marient entre-eux.
Quand le village fut fondé les Thiedo étaient là. Nos premières personnes qui se sont installés
ici sont les Saxo, Tambadu, Ture. Quand ils sont venus ils se sont mariés avec les peuls et sont
devenus peuls.
La deuxième migration. Les Sila sont devenus peuls aussi.
Quant à la troisième migration, les soninkés se sont réunis pour dire qu'aucun ne se mariera avec
une femme peule. C'est pour cela que nous continuons à parler le soninké.
Les Fadiga devaient être chefs du village mais ils ont refusé. Les Tirera aussi car la chefferie
comporte des moments biens et d'autres non.

Entretien le 06.08.95 avec Madame Binta WAGUE dit Njabu, 92 ans.


Effectué avec El hadj Diaw et Ami Fall dans la concession de Biri Wagué. Retranscription
et traduction par Boubou Camara, dans le cadre de l'Association pour la Promotion de la
langue et de la culture Soninké (Saint-Denis, France).
Enregistré sur support audio.

La famille Waage, du groupe statutaire des moodinu (les marabouts en soninké), est à la tête du
quartier soninké de Bokijawe. M'étant rendu chez son chef pour présenter l'objet de mes
recherches et pour lui demander un entretien sur l'histoire du village, il me répondit qu'il n'avait
pas la connaissance requise et m'indiqua une de ses parentes. Celle-ci nous reçu de suite sans
trop de difficultés malgré sa réticence tout d'abord à se faire enregistrer mais qui fut vite
dissipée. Si bien qu'à la fin de l'entretien elle me demandait de lui faire une copie pour ses
enfants qui habitent en France.

Ami Fall : O na safa.


Nous allons écrire.

Binta Waage : Baba Waage renme ya ni Amadu Mam Baba. Amadu Mam Baba da i Ma Suraqe
Waage saara. Ma Suraqe Waage xa da i Ma Jeneba saara. A da i Maxan Sire saara. A da i
Maadi Waage saara. Maxan Sire a ya i bottu. Ma Suraqe Waage ken ya fi xoten no. On wa kona.
Ma Jeneba a da Xalilu saara. Xalilu a bonce na no. Hone xa kebe. O ku Baba Waage. Baba ga
Amadu Baba saara. Mam Baba xa da Ma Suraqe saara. Ma Suraqe xa da Ma Jeneba saara. A
da Maxan Sire saara, a da Maadi Waage saara.
Le fils de Baba Waage s'appellait Amadu Mam Baba. Amadu Mam Baba a enfanté Ma Suraqe
Waage. Ma Suraqe Waage a enfanté Ma Jeneba, Maxan Sire et Maadi Waage. Maxan Sire l'a
succédé. Ma Suraqe Waage est un sujet difficile. Nous allons en parler. Ma Jeneba a enfanté
Xalilu. Xalilu est la racine de la famille. C'est peu de choses. Nous venons tous de Baba Waage.
Baba avait enfanté Amadu Baba. Mam Baba a enfanté Ma Suraqe. Ma Suraqe a enfanté Ma
Jeneba, Maxan Sire et Maadi Waage.

Ami Fall : Baba Waage a da ko ku saara ?


Baba Waage a enfanté qui d'autre ?

B. W. : Ho a da saara. Maxan Sire Waage haay bottu. Maxan Sire a da Ma Jeneba saara. A da
Maxan Sire saara. I ga da [...]. Maxan Sire a Suraqe Waage saara. Suraqe Waage ken ya na
xoten yanki i ya xote na no. Suraqe Waage ken yan da Ma Jeneba saara. A da Maxan Sire saara.

234
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

A da Maadi Waage saara. Maxan Sire ga da [...]. Ma Jeneba a da Xalilu saara. Xalilu a bonce
ni no. Mam Ba kuru su kaabe ni. Sanba Jare, Kanba Jare. Ku ña bogu Ma Jeneba.
Il est notre ancêtre. Maxan Sire Waage lui a succédé. Maxan Sire a enfanté Ma Jeneba et Maxan
Sire. Il avait [...] . Maxan Sire a enfanté Suraqe Waage. Suraqe Waage, c'est dur de s'arrêter car
c'est difficile là. Suraqe Waage a enfanté Ma Jeneba, Maxan Sire et Maadi Waage. Maxan Sire
avait [...]. Ma Jeneba a enfanté Xalilu. Xalilu est la racine de notre famille. Mam Ba interdit
toute guerre. Samba Jare et Kanba Jare, tous sont issus de Ma Jeneba.

A. F. : Ken xa da i Hawa Ma Jeneba saara ?


Est-ce que c'est Hawa qui a enfanté Ma Jeneba ?

B. W. : Hawa Ma Jeneba saara. Hawa da Mamadu Hawa saara. Ken da Buna Bintu saara.
Maxan Sire a xa, a xa lemnu ya ni : Jeedi Suare saara. Maxan Sire a da Maadi Binta saara. A
da Hode Isa saara, o ka. A da Hode Banta saara, Waagen hoore kunda, Maadi Kama haaba. A
na haaba saara. Maxan Sire a da Maadi Bintu saara. A da Banta Bintu saara. Banta Bintu a da
Hode Isa saara. A da Hode Banta saara. Hode Banta a da Baba Xunba saara a do Mamadu
Suare a do Umar Kama.
Hawa a enfanté Ma Jeneba. Hawa a aussi enfanté Mamadu Hawa. Il a engendré Buna Bintu.
Maxan Sire a aussi eu des enfants : il a eu Jeedi Suare, Maadi Binta, Hode Isa qui est de notre
maison et Hode Banta qui est de la grande famille des Waage, il est le père de Maadi Kama. Ce
dernier a engendré mon père. Maxan Sire a eu Maadi Bintu et Banta Bintu. Banta Bintu a enfanté
Hode Isa et Hode Banta. Hode Banta a engendré Baba Xunba, Mamadu Suare et Umar Kama.

A. F. : Ko ni Bokijawe debegume faana hoore ?


Qui était le premier de la lignée des chefs du village de Bokijawe ?

B. W. : Hode Isa Banta. I da daa Banta Xanco. A da Baba Xunba saara. A na tunkan yugo.
Ken ya ni n haaba saara. A ni Colonel Dodds taxundu. Colonel Dodds i ga giri Faransa, a
yanqa Hode Isa ya. Waren baane ke. Hode Isa a sooma ni Baba Sirandu ya. Amadu Bamba a
da bottu. Sira Hamadi haaba. Banta Sirandu an da bottu. Banta Sirandu Xadija faaba.
Fatumata Xunbare i ga taaxo jeeri. A da debugumaru sorondi, Hode a da wutu. Amadu Bambi
da battu. Banta da wutu. I layidu fofo su ga debe ke. A sefene ni yan maxa, baawo ken kille ni n
haaba ya Matam maxu ña. Umar Kama haaba n ken kille Matam. Hode Banta ken silamaxu ña
maxa. A ti fofo ga kati, silamaxu a kiitiye na maxa. Hode Banta. Hode Isa ga dai. A ga da
Hode Banta dai, Banta Bintu ri, a Sirandu Banta saara. A Jara Waage saara. Mayimuna Jara
ni haaba. A ya ni Jara no ku saara. A da Mam Jeneba saara. Bahalima Mama saara. A da
Bakari Jeneba saara. Bakari Ñuuma kisima. A da Hode Jeneba saara, Baba Ñame haaba. A da
Xalilu Jeneba saara.
Hode Isa Banta. On l'appellait aussi Banta Xanco. Il a engendré Baba Xunba. Il était le
souverain. Il a mit mon père au monde. Il a accueilli le Colonel Dodds. Le Colonel Dodds venait
de la France, il est descendu chez Hode Isa. Il est le premier à débuter la chefferie. L'aîné de
Hode Isa était Baba Sirandu. Amadu Bamba lui a succédé. Il est le père de Sire Hamadi. Banta
Sirandu lui a succédé. Banta Sirandu est le père de Xadija. Fatumata Xunbare est allé s'installer
au jeeri. Quand il a laissé la chefferie, Hode l'a remplacé. Amadu Bambi lui a succédé. Banta l'a
remplacé. Ils s'occupaient de tout ce qui se passait dans le village. Ils résolvaient tous les
problèmes du village, parce qu'ils avaient suivi l'enseignement de leur père à Matam. Le père
d'Umar Kama a étudié à Matam. Hode Banta était cadi à Matam. Tout ce qui dépendait de la
religion, il le jugeait. Hode Banta. Hode Isa est décédé. Quand Hode Banta est décédé, Banta
Bintu est venu, il a engendré Sirandu Banta. Il a enfanté Jara Waage. Il est le père de Mayimuna
Jara. Il a enfanté ces Jara d'ici. Il a enfanté Mam Jeneba, Bahalima Mama, Bakari Jeneba, le

235
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

grand-père de Bakari Ñuuma. Il aussi engendré Hode Jeneba, le père de Baba Ñame et enfin
Xalilu Jeneba.

A. F. : Baba Ñame haaba tooxo ?


Quel est le prénom du père de Baba Ñame ?

B. W. : Baba Ñame haaba tooxo Hode Jeneba. Jara ya ni sooma. Jara Jeneba. Jara renme ya
ni Baba Fusenu. Kun be ni ga ri yere. Sira Ñame Jara, a do Ma Gunayi Jara.
Le prénom du père de Baba Ñame est Hode Jeneba. Jara est l'aîné. Jara Jeneba. Le fils de Jara
est Baba Fusenu. Tous sont venus ici. Sira Ñame Jara et Ma Gunayi Jara.

A. F. : Waagekundanko ñi yime yinme ? I giri debe i ga ri taaxo Bokijawe ?


Les vrai Waage d'où sont-ils ? Ils ont quitté quel village pour venir s'installer à Bokijawe ?

B. W. : O ku giri Jaara. O ku a ga ferogo. O daga taaxo Duganabe. Tan naxate kure Duganabe.
Ken biire, Almaami Abdul ya. Almaami Abdul ya biiireni. Xa kumu ken tu ? A ga Kobilo. Sanba
Daado kisima ken tu.
Nous venons tous de Jaara. Nous sommes issus d'une migration. Nous sommes allés nous
installer à Duganabe. Il y avait quarante guerriers à Duganabe. C'était à l'époque de l'Almaami
Abdul. l'Almaami Abdul vivait à ce moment là. Vous ne le connaissez pas ? Il était à Kobilo. Le
grand-père de Sanba Daado le sait1.

A. F. : A janmu ?
Son patronyme ?

B. W. : A janmundi Kan. Almaami Abdul a na ñiiñe ke taxandi. A da Fuuta taxandi. A ga da


hoho taxandi, a ya ni teandi yere. Mo o riyen ga xenpene yere. Tan naxati kure, a ga Duganabe.
Il portait le patronyme Kan. l'Almaami Abdul a partagé la terre. Il a partagé le Fuuta. Il a tout
partagé, il a fait convergé ici. Jusqu'à notre séjour ici. quarante guerriers étaient à Duganabe.

El Hadj Diaw : Tan naxati kure o do wa kunda ken tu.


Savez-vous à quelles familles appartenaient les quarante guerriers ?

B. W. : I ga tiringa. O ga Jawara kunda. O do Jawara ku ña ri.


Ils [?] Nous étions la famille Jawara. Nous sommes venus avec la famille Jawara.

Ami Fall : Xa Waage kunda ko ku, kan ni seren faana a giri Jara ?
Qui sont les premiers des Waage à venir de Jaara ?

B. W. : A giri Jaara sere faana be ge ri debe ke te ?


La personne qui vient de Jaara pour aller au village ?

A. F. : Iyo.
Oui.

B. W. : I ña ni Ma Suraqe Waage.
C'était Ma Suraqe.

1Le père d'Ami Fall.

236
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

A. F. : Ma Suraqe a giri Jaara ?


Ma Suraqe a quitté Jaara ?

B. W. : Iyo.
Oui.

A. F. : A da i koore ga riini wa ?
Il est venu avec ses troupes ?

B. W. : A ya ni, nan ri. A da i koore wara kata Duganabe.


Il a laissé ses troupes à Duganabe.

A. F. : Gajaen ña na wutu dono, walla ?


Il y avait la guerre ou bien ?

B. W. : Alla, n nta ken tu. A ga gilli ke, a ri, a da i koore taaxo Duganabe. I ga ri Duga siiri,
Duganabe. I ka keye Almaami Abdul. Almaami Abdul a giri. Alammami Abdul Kader ga na ri
taaxo. A koota a wa yillene. Fuuta ga ri, i da i taaxunu. Ku a walaxa ni maxa in xara aana.
Kitaabe wa kun maxa i na xaraaana. Maraha ku maxa. Jaara kundanko i ga i geesin. Ku be
ni El Haji kaawo no ku. Ken i xa do rage
Non, je ne sais pas. Lorsqu'il est parti, il s'est installé à Duganabe avec ses troupes. Lorsqu'il est
arrivé au beau village de Duga, Duganabe. Ils se sont levés pour saluer l'Almaami Abdul qui
arrivait. Ce jour là il se promenait. Le Fuuta est venu et l'a trouvé là bas. Certains avaient des
tablettes pour apprendre. Certains avaient des livres pour apprendre. Certains avaient des fusils.
Les familles de Jaara les guidaient. Certains sont les oncles d'El Haji. Ils faisaient la fête.

A. F. : Iyo, xa ga riini xa da Jawara kundanko ña ri doome a do El Haji Kaw.


Oui, quand ils sont venus ensemble avec les Jawara et El Haji Kaw.

B. W. : El Haji Kaw ni ken diima, i xa wono doe ya ni maxa. I ga regene.


El Haji Kaw en ce moment était présent, ils avaient des tambours. Ils dansaient.

A. F. : Kun ña ni Waage kundanko komo. El Haji Kaw. Mais xa da Mama ri, walla ?
C'étaient les captifs des Waage. El Haji Kaw. Mais il est venu avec sa grand-mère, ou bien ?

B. W. : El Haji Kaw Mama i da ri. Kanjuru. I do ke be ga ri Njolo a do Kanja. I kun ti a da a


Kunjuru. O ku ña ri doome. O do kun giri doome, o ku ri doome. O do i giri Jaara. O do i ri ya.
Xa da Ma Suraqe Waage ke, a taaxo Duganabe. A taaxo Duga. O ñi no ya tan. A ga dalla kun
wa, Allah da i dooke koye i.
La Grand-mère d'El Haji Kaw est venue. Kanjuru. Njolo et Kanja sont venus. On l'appellait
Kanjuru. Nous sommes tous venus ensemble. Nous avons tous quitté ensemble et sommes venus
ensemble. Nous avons quitté Jaara. Mais Ma Suraqe Waage s'est installé à Duganabe. Il s'est
installé à Duga. Nous étions toujours là bas. Il a vécu longtemps là bas. Dieu leur a montré un
autre lieu.

A. F. : Xa xusan ta ri ti yere.
Vous êtes venus par ici.

237
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

B. W. : Almaami dunbe da i ñiiñe taxandi. A dalla doore kono. A ra ga doore kono. O ri o taaxo.
O safari o ri taaxo.
L'Almaami au teint clair a partagé les terres. Il a duré là bas. Il pouvait durer là bas. Nous
sommes venus nous installer. Nous commercions et sommes venus nous installer.

A. F. : Ken faxati da i Bokijawe a tooxo ni Bokijawe ?


A cette époque Bokijawe s'appellait déjà Bokijawe ?

Yaxare : O ma sere ñi no.


Une femme : Il n'y avait personne.

B. W. : Ken diima, o fatan biine no ku, i taaxonu Boki ya. Boki ya, boki1tie ya ni no. Ka leggere
ku. Ñexe gumu ku be go kaara ke yere. Bokijawe ña ni. An da mugu ? Kun ya kan ri yere.
A cette époque, nous les Noirs habitions Boki. l'origine de Boki, c'est l'arbre du baobab. C'était
vers le cimetière. C'était dans le territoire des pêcheurs. Voilà Bokijawe. Comprends-tu ? Leur
maison était à cet endroit.

A. F. : Ceddonu ?
Les ceddo ?

B. W. : Ceddo biine ku. Kon ya ni boki. I taaxo doome boki ya.


Les ceddo noirs. C'est le baobab. Ils habitaient près du baobab.

A. F. : Ko haana ku ña ni debe ke te ?
Qui a habité le village en premier ?

B. W. : I da taaxo boki ya.


Ils se sont installés près du baobab.

A. F. : A fillando naxa ku ?
Vous êtes les deuxième ?

B. W. : Alla. Ku mo ro debe ke. O ku ma sere su yere. A do jarinte yan ri yere. A wa su ku ya.


Non. Ils ne sont pas rentrés dans le village. Il n'y avait personne dedans. Il y avait des lions.

A. F. : Xan debe ke taaxundi ?


Vous vous êtes établis dans le village ?

B. W. : I kun ga ri, i debe ña haacandini Boki. Ceddo Hamedi Jeyi a do Ndongo Lo. An wa wutu
? I ti non da Boki. Njanornu. On ri sali no ku jaman.
Quand ils sont venus, leur village était éloigné de Boki. Les ceddo Hamedi Jeyi et Ndongo Lo.
Tu saisis ? Ils l'ont appelé Boki. Les Njanor. Nous sommes allés prier tous à la Grande Mosquée.

A. F. : I yan jingini.
Ils étaient en vis-à-vis.

1En pulaar dans l'entretien.

238
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

B. W. : Xa Ma Suraqe Waage ri yere. Ken biire Ma Suraqe. A ga da giri Duganabe. A ga ri


dooke. I ga ri ñiiñe ke koye i, a da i Jawara ri. I ga da sopi. A da i Jawara wuyan ken ni fankan
i ya. Kahindi. Ken ri doore.
Mais Ma Suraqe Waage est venu ici. A l'époque de Ma Suraqe Waage. Il a quitté Duganabe. Il
est venu par ici. Quand ils lui ont montré les champs, il est venu avec les Jawara. Ils les ont
défrichés. A ce moment les Jawara avaient du pouvoir. A Kahedi. Ils venaient de là.

A. F. : Jawara tugaranko ya ni ?
Les Jawara étaient les locataires ?

B. W. : Ku Jawaranu. Alla ku ma sopi. Hoho ma sopi.


Nos Jawara. Ce ne sont pas eux qui ont défriché. Ils n'ont rien défriché.

A. F. : Komo ya ni sopi ?
Les captifs ont-ils défriché ?

B. W. : O kome a ga ñi i maarendi. Ken biire renmen gaben maxa. Ken biire hanka o maxa, ken
ma sanqi. O hoho wa Gabu. Kayel1 Gabu bae ga Bundu. A wa na dai Bakeli ya. O sooma ga
Gabu. Ken ya ni o sooma, Jedi Suare.
Nous étions les maîtres de nos captifs. A cette époque nous avions beaucoup d'enfants. A cette
époque nous étions puissants, nous n'étions pas dispersés. Nous étions quelques uns à Gabu. La
montagne de Gabu dans le Bundu. C'est près de Bakel. Notre aîné était à Gabu. Notre aîné était
Jedi Suare.

A. F. : A giri debe ke, Gabu ?


Il venait du village de Gabu ?

B. W. : Maasubani i faabe ni bogu ken ya. Jedi Suare a ga talla. O riini to ku, i kun saare
Gabu. I taaxunu doono a ta. O ga saare ya saare Binta ri doome.
Les pères des Maasuba viennent de lui. Jedi Suare a voyagé. [De Jaara] nous sommes allés à
Gabu, où il est né. Ils sont restés à Gabu. Nous avons enfanté et les enfants de Binta sont venus
ensemble.

A. F. : I ku kan Gabu.
Ils habitaient à Gabu.

B. W. : I ku kan Gabu. Xo o ga taaxu yere ke. O riiye, o ma renmu taana ni, o sunpun do xatin
ni. O ga ri ke soninkaara. Allan yan tu o ga ri yaqe be. A gille yinme ke, o xirise wa Ma Suraqe
Waage.
Ils habitaient à Gabu. Jusqu'à ce que l'on s'établisse ici. Nous sommes venus, nous n'avons pas
eu d'autres enfants, nous sommes tous du même lignage et du même lait maternel. Allah sait que
nous sommes venus avec nos femmes. Quand nous avons quitté [Gabu], notre doyen était Ma
Suraqe Waage.

A. F. : Ka baane, o silamaxaxun ni ka baane.


Le même ciment nous lie, notre foi est du même ciment.

1Terme pulaar.

239
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

B. W. : Silamaxaxun o kun kille. Kelere su ya. Moodinu maxa Ma Suraqe Waage. Sere sun wa i
xabila nta.
La foi est notre voie. De tout ce côté. Ma Suraqe était un marabout. Chacun se situe dans son
groupe statutaire.

A. F. : Xa ga in taaxunu o ga o ra wutu Duganabe.


Quand nous nous sommes établis, nous avons pu prendre Duganabe.

B. W. : O ga riini debe ken xeeni. O ga da wutu Wagadu giri Duganabe. A ti Ma Suraqe an ni


minna mulla. A suga salle ni katta kinbaka. Sere su ke be ga kefi, i ga ri sopi. A ti i su yiri gan
te ya ni kitte ke di, xa i ken nta ken su kono.
Quand nous sommes arrivés sur ce village. Lorsque nous avons quitté le Wagadu pour
Duganabe. Il [Almaami Abdul Kader Kan] demanda à Ma Suraqe où il voulait s'établir. Il
déclara là où tout le monde pouvait prier vers l'est. Les gens se sont réunis pour défricher les
champs. J'ai tout les noms [des familles qui se sont établies] en main, mais je ne veux pas les
dire.

A. F. : A kono daa ke ! A kono dai debe i be ga ni ke taaxundi.


Mais dis le nous ! Dis nous qui a fondé le village.

B. W. : Ma Suraqe Waage. O do Waage taaxo ri yere o do Jawara noku o do xabilan ku to do


sunpun do xati.
Ma Suraqe Waage. Nous nous sommes installées ici avec les Waage, les Jawara, les groupes
statutaires, les lignages et lignées maternelles.

A. F. : Waage kundanku yan ri Tirera kundanku kun kaane ?


Les Waage sont-ils venus avant les Tirera ?

B. W. : Alla. N nta no tu. O Soninko ku ri doome. An ga na wori doome, yaari doome.


Non. Je ne sais pas. Nous les Soninké sommes venus ensemble. Nous avons vu ensemble, nous
sommes venus ensemble.

A. F. : Debe gume ma nemme ? Waage kundanko na debe gume ma nemme kitta ? Gelli kan
xoxonno ?
Combien y'a-t-il eu de chefs de village ? Les Waage ont donné combien de chefs de village ? A
partir de quel frère ?

B. W. : Gelli o giri Sedo. Saxo a nan ti taaxo moodi ya. O na jaman Mamadi a geemu Ma Suraqe
ya. Ma Suraqe Waage ke ya ni xirise, a ga giri Waage kunda ko su. Ma Suraqe ga giri no. A da
i Ma Jeneba Waage saara batten a.
Depuis que nous avons quitté Sedo. Saxo dit au marabout de s'installer. Mamadi de la mosquée
a accueilli Ma Suraqe . Ma Suraqe Waage était le doyen, il vient des Waage. Ma Suraqe a quitté
l'endroit. Il a enfanté Ma Jeneba son fils préféré.

A. F. : Ma Suraqe giri a da kiini Ma Jeneba Waage.


Ma Suraqe est parti et a donné [la chefferie] à Ma Jeneba Waage.

B. W. : Ma Jeneba a giri Waage kunda ko su a. Ma Jeneba i ga bono. A da kiini Maxan Sire.


Maxan Sire ga bono. A da kiini Maadi Waage. Maadi Waage ya legeri.

240
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

Ma Jeneba vient des Waage. Ma Jeneba est mort. Maxan Sire lui a succédé. Maxan Sire est mort.
Maadi Waage lui a succédé. Maadi Waage est le dernier.

A. F. : Maadi Waage xa kan wa yere ?


Maadi Waage habitait ici ?

B. W. : A kae Bokijawe. A ka haay.


Il habitait à Bokijawe.

A. F. : A kan a haay ?
Sa maison est à portée de vue ?

B. W. : Ka haay.
Sa maison est en vue.

A. F. : Maadi Waage ke, a ga da wara xa da kiini ko ?


Ce Maadi Waage, quand il est a cessé [la chefferie] il la donnée à qui ?

B. W. : Maadi Waage n ke taaxa tu. Maadi Waage ga da wara, a da debu gumaru. Ku be ni kara
[woli kari] i ya ni debe ke wutu. Ku be ni kacce sorondi taaxundu. I sooma ya ni. A ken Maadi
Waage ke. A renme ya ni i xeeri se i na Seta, o kisima. Maxan Sire ke hoore. Maxan Sire sooma
ni Jedi Suare. Jedi Suare, Sila Maxan Suare, Mamadu Suare, Suare soro ni ya. Ku na Gabu a.
I su me tu a. Xaniye keke. Soron gabion wa ri ga saaxa Boke. Ma Suraqe, Ma Jeneba.
Je ne sais pas qui a succédé à Maadi Waage. Quand Maadi Waage est mort, il avait la chefferie
du village. Ceux qui l'ont tué [ou qui sont à côté] ce sont eux qui ont pris le pouvoir. Ils ont
limité les personnes. Ils sont leurs aînés. C'est Maadi Waage. Son fils s'appellait Seta, notre
grand-père. Maxan Sire était un homme noble. L'aîné de Maxan Sire était Jedi Suare. Jedi Suare,
Sila Maxan Suare, Mamadu Suare, ce sont eux les Suare. Ils étaient à Gabu. Ils étaient tous
égaux. Beaucoup de personnes sont allées s'installer à Boke. Ma Suraqe, Ma Jeneba.

A. F. : Waage kundankon wa Bokijawe a do Kayhaydi a do Gabu. I ni non baane ya ba ?


La famille Waage est à Bokijawe, Kayhaydi et Gabu. Etaient-ils seuls là-bas ?

B. W. : I sanqi to ya ni.
Ils se sont dispersés à partir de là.

A. F. : Jamaane ke, Bundu, xa nta kundu. Xa fo ta ni ma taaxo Jaara ?


Le pays là, le Bundu, vous n'étiez pas comme cela. Reste-il d'autres personnes à Jaara ?

B. W. : Jaara o ga bae ke be Kimbaka. ken tooxo Waage no. Xaadiya an ka gume daga no. Ke
Baba Halima daga no. I ga tiie Waage kunda ka fone a ri no. Ma Suraqe Waage a di xabila a
na ri. Duganabe an ti tan naxate kuure wa saqa non wa.
A Jaara nous étions à l'est. Ñan geri, ah ! Celle des Waage restée là-bas s'appelait Ñangiri. La
femme de Xadiya est partie là-bas. Baba Halima est parti là-bas. La petite souche de la maison
des Waage est partie là-bas. Ma Suraqe Waage avec sa famille est parti. A Duganabe quarante
soldats se sont installés là-bas.

E. H. D. : An ti tan naxate i kun ti nta riini kon wa ? I da manne deberi ?


Tu dis que quarante soldats ne veulent pas venir. Qu'ont-ils fait ?

241
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

B. W. : A ga yinme be tan naxate ke kuure be dai Gabu. O dalla non wa. O taaxendi. O dalla
no taaxendi. Ma Allah ña o debe ña xoxonte. Ken ñiiñe ken ya. An gana i taaxonu. O taaxu ke
ta a ña debe xoxonten wa. Duganabe soninkara su a no. An da mugu, soninkara su a no ? O
baane no. Soninkara su ga no. Yari Batili ka ken ñi no ña.
Les quarante soldats ont traversé Gabu. Nous sommes restés longtemps là-bas. Nous nous
sommes installés. Grâce à Dieu le village s'est agrandi. Il y avait les champs. Nous nous sommes
installés. Nous nous sommes installés et c'est devenu un gros village. A Duganabe, il y avait
tous les Soninké. Comprends-tu que tous les Soninké étaient là. Nous étions seuls là. Tous les
Soninké étaient là. La maison de Yari Batili est là-bas.

A. F. : N ke yinme wa muku i ga tiini Waage jaxanuro-siinxu-keebi-laxa-baane. Yo, Waage kunda


manne da Waage ri ?
Je voulait savoir pourquoi les Waage portent la devise de l'encouragement-la barbe-neuf-
bouche-un. Oui, comment est venu le patronyme de la famille Waage ?

B. W. : I ga ho hoora.
Cela vient de leur bonté.

A. F. : Waage ke xo janmu ke tan ?


Waage, quel est ce patronyme ?

B. W. : O janmu hora o ña ni Waage ke ri ti. Hooraru. O da xaara lenmu be kefi. Xaran lenmu
be, a ga i xaara mundini.
Notre patronyme vient de notre noblesse. La noblesse. Lorsqu'ils se sont réunis avec les élèves
[de l'école coranique]. Les élèves à qui il enseignait.

A. F. : Ko i ga xaara mundini ?
Qui donnait les enseignements ?

B. W. : An da mugu. Baba xaaranmoxo. Ke Baba be ga tooxo Kimbakan di. Baba Waage ke be


o ga bege i di. A renme ya ni Amadu Baba Waage. Ken ya Ma Suraqe saare. Ken Baba kun wa,
a da xaaran lenmu be ga xaaraa. I ga na ñaxama halle, i na noren duro tooxo. I na Baba da
ri, i na ti "Baba o yige. A xallen faay." A na daga taaxo Allah fo kiine. A na yige, a na soxu. I da
yaraxata yokun wa, i nta yoku wanqi. I ni Baba ña kundu ya. Baba geeri kawa fi Allah be ni
koyi da. I ga ri wori.
Tu le sais. Le professeur de Baba. Baba qui est resté à l'est. Baba Waage qui est notre ancêtre,
qui nous a mis au monde. Son fils est Amadu Baba Waage. Il a eu Ma Suraqe. Ce Baba là qui
donnait les cours aux talibe. Ils laissaient le récipient vide après qu'ils avaient mangé. Baba
venait et ils lui disaient "Baba vient manger. Voici ta part." Il allait s'asseoir et Dieu lui donnait
quelque chose. Il mangeait et il allait s'allonger. Ils ne lavaient pas les plats du petit déjeuner. Ils
faisaient cela à Baba. Les mystères que Baba faisait venaient de Dieu. Les mystères que l'on a
vu.

A. F. : Ko ñi ni Baba ya ni kundu a ?
Qui faisait cela à Baba ?

B. W. : A xaara lemna. Kimbaka. Jaara. Kun be ni Jaara. Jaara nta i saasa. Jaara o xa i maxa
bambaxun halle.
Les talibe. A l'est. Jaara. Quand il était à Jaara. Jaara n'est plus aujourd'hui. Notre Jaara qui a été
aux Bambara après.

242
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

A. F. : Jaara, n wa tu.
Jaara, je connais.

B. W. : I ya ken ya Baba i kun wa. Xan yaxenga ke be saasa. Lemunu ku be ke ñaana Dauda
Saaxo.
Les choses qu'il faisaient subir à Baba. Dauda Saaxo a les mêmes problèmes aujourd'hui avec
ses talibe.

A. F. et E. H. D. : Iyo, a ga remnu ku xaraan mundini ?


Oui, il faisait la même chose aux talibe.

B. W. : Iyo, a ga yaxe be taalibu ku. Baba da i ni kundu ya. Baba diga kundu ya. Koota baane.
I da fofo ko, Baba na dabari. I da fofo ña Baba na ho dabari. Baba xa da masalla. "Baba". A ti
"naamu". A ti : "Baba an ke meene a ni waage ña. An hoore na, an ke ni Waage ña." Yara ni
Waage.
Oui, il faisait la même chose aux talibe. Baba faisait la même chose. Ils faisaient toujours la
même chose. Mais un jour. Tout ce qu'ils disaient, Baba le faisait. De tout ce qu'ils lui faisaient
de mauvais, Baba s'en sortait. Baba bavardait. "Baba". Il répondit à l'appel de son nom. Il lui dit
: "Par toi même tu es devenu un homme et généreux. Tu es noble, tu es un Waage." C'est
l'attribution de Waage.

A. F. : An ke ni hooro xanne xulle.


Tu es un noble au cou pur1.

B. W. : Yo, an ke hoore ya.


Oui, tu es un noble.

A. F. : Xo a ga wa se yigene ?
Parce qu'il se nourrissait ?

B. W. : I wa se yigene. Ken su ma fata a ga ma yige. A da yiga fofo ya na i.


Ils mangeaient seuls. Cependant, cela ne l'a pas empêché de manger. Il a quand même mangé.

A. F. : Xo gollun ben dagana ?


Quel travail a-t-il eu ?

B. W. : I da hoho ya na i, Baba nta kono i da. I da hoho ña i, Baba nta kono. Baba kamane, ke
ra xadi. A raga tuwaxu be yaqan da i. An da mugu ? Allah ku ye ke be kiinan. Xaraanmoxo ken
koota baane, i ga taaxono a do taalibenu i ga xaraaa. Ma, xaranmoxon da xiiri ti tooxonwa a
ñiimi. A ti : "Baba". A ti : "Naamu". A ti : "Baba, an ke yinman Waage". A ta ke ni Waage. A
waagaxu ke ri ñon wa.
Tout ce qu'ils lui faisait subir, Baba ne répondait pas. Ils lui faisaient tout subir, Baba ne
répondait pas. Allah veillait sur Baba. Il lui donnait la connaissance. Tu comprends ? Le don
d'Allah. Un jour, le professeur et les talibés étaient assis et apprenaient. Mais, le professeur l'a
appelé de son nom. Il dit : "Baba". Il répondit à l'appel de son nom. Il dit : "Baba, c'est toi le
Waage." Il est devenu Waage. C'est à ce moment que la famille Waage est apparue.

1C'est à dire de bonne naissance, libre de toute servitude. Cf Bathily A.et Meillassoux C. , 1972, p. 183.

243
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

A. F. : Ah, waagaxu ke ...


Ah, la famille Waage ...

B. W. : Iyo, waagaxu ken kitte. Ken laxe ya, a ga tiini Waage.


Oui, le noeud de la famille Waage. C'est à ce moment qu'on la honoré du nom Waage.

A. F. : Iyo, sinxu-keebi-laxa-baane ?
Oui, et la barbe-neuf-bouche-un ?

B. W. : Laxa baane. Iyo, ken sanqi o maxa. Baba ga ken ya giiri. Baba xaramoxen ga ta a daa
Waage. A ga taalibon kanma. A jari lemne ga taaxono, a xosu garabesi. A sigi. A ti: kon ni Baba
: "An ya ni Waage".
La bouche-un. Oui, cela n'existe plus. Baba vient de là. Le professeur de Baba l'appelait Waage.
Il était le maître des talibés. Son petit griot était assis, il a alors sursauté. Il s'est mit debout. Il
dit à Baba : "Tu es un Waage".

A. F. : Jari yugo.
Son griot.

B. W.: A jari yugo xusa. Sinxu-keebi-laaxi-baane. Yoxu ka ri ga ni ba. An da mugu ? O yalle


mukku tubindi. Jari ti sinqi kebe laaxi baane. I ya ni Jawara toobindi Waage kunda. O ma renmu
ya ni.
Son griot donc. La barbe-neuf-la bouche-un. C'est venu de cela. Tu comprends ? Nous avons
converti les étrangers. Le griot a parlé de neuf barbes et une bouche. La famille Waage a converti
le Jawara. Nous ne sommes pas des enfants.

A. F. : I su yugu.
Ils sont tous des hommes.

B. W. : O ku Waage kunda ran Jaaran Kobilo ro. Xa maxa marre. O ya ni i tuubindi. I da Jawara
kunda toori to ña ta.
Notre famille Waage est partie de Jaara pour aller à Kobilo. Ils avaient des terres cultivées. Nous
les avons convertis. La famille Jawara gouvernait à ce moment là.

E. H. D. : I toore "reek"1 ?
Ils gouvernaient seulement ?

B. W. : I toori a tan o ku ñi giiden ya i. Baba xaraaana giiden ya kama. A faaba i giiden ya


kama. Baba tooxo ñaana Mamadu Baba. Baba taaxo giiden ña kama tan.
Nous gouvernions sur la montagne. Baba enseignait en maître sur la montagne. Son père était
le maître de la montane. Le fils de Baba s'appelait Mamadou Baba. Baba est resté en maître sur
la montagne.

E. H. D. : Baba, a taaxo ñi giiden ña kama xaraaa.


Baba est resté sur la montagne en maître pour enseigner.

1Expression en wolof.

244
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

B. W. : Baba giiden ya da i. A da i haaba ga giiden i ga tiini sinxu keebi laxa baane. A ni haaba
ga giiden ga, a ni sinxu keebi laxa baane do yin di giide haayin da i giide. A i giide ke a haay i.
A ga ken giide be i kua.
Baba était sur la montagne. Son père lui a dit sur la montagne qu'il y avait neuf barbes et une
bouche. Son père était sur la montagne, il y avait neuf barbes et une bouche et il regardaient la
montagne en elle-même. Il regardait la montagne. Il s'est assis sur la montagne.

E. H. D. : A yiganden yin ño ya ?
Il mangeait là bas ?

B. W. : Jawara ke be ga wori. Jawara ke be da Baba wori. A daga ko Baba. I daga ko Banun


Jawara. A ti i ke da i yugo wori. A seren ya ni, a na keffa an xabilandi. Baba ti kun wa i ran nta
riini deben di. I me ñi i ga nta soron toono. Jawara kundanko ma sumini. I ga nta salle. I gan
nta debe dabarini. I ga nta sallini. I gan nta jakka bagandini. Hoho ga Silamaxu, i me ña
dabarini." An ga na sumi. An ga na jakka bagandi". I gan nta miina moodunu dabarini. Baba
xa ri, Baba sanja wa. Iyo, Baba ga ri kun wa, i ti : "Baba nawari an do xoje. Sallundiina an do
xoje. Sincu xabila xa baane an do xoje. Sallin giide a do xoje. Sumi giidi a do xoje. O soninkaara
ke. O susu ri ya".
Jawara l'a vu. Jawara a vu Baba. Il est allé chez Baba. Banun Jawara est parti. Il dit qu'il a vu un
homme. C'est une personne qui serait la bienvenue chez nous. Baba dit qu'il ne pouvait pas rester
dans le village et qu'il ne connaissait pas les intentions des gens. La famille Jawara ne jeûnait
pas. Ils ne priaient pas. Ils ne faisaient pas le village. Ils ne priaient pas. Ils ne donnaient pas
l'aûmone. Tout ce qui est de la religion, ils ne le faisaient pas. "Tu ne pries pas. Tu ne donnes
pas l'aûmone." Ils ne versaient pas l'aûmone du muude après le Ramadan1. A l'époque où vivait
Baba, il était célèbre. Oui, Baba est venu s'installer, ils lui dirent : "Baba bienvenue à toi et à ta
suite. Nous prions sur toi et ta suite. Vous êtes un seul groupe toi et ta suite. Toi et ta suite vous
priez sur la montagne. Toi et ta suite vous priez sur la montagne. Nous appartenons au monde
soninké. Nous sommes tous venus ici.

E. H. D. : Waage kunda ke bogi ri yere a ga da taaxo Kahedi. Ko ni ken wa ?


Qui sont les membres de la famille Waage qui sont partis d'ici pour aller à Kahedi ?

B. W. : Ken tooxoni Bulay Saxanbogu. A kisima naburu faay.


Il s'appelait Bulay Saxanbogu. Voici la richesse de son grand-père.

A. F. : Gelli ken ya ni i ga ri Waagen janmu ke kitta ?


Depuis quand ils ont pris le patronyme Waage ?

B. W. : [A wa El Haj Jaw sefene] N ti ken Bulay Saxanbogu. An da mugu ?


[Elle répond à El Hadj Diaw] Je dis que c'est Bulay Saxanbogu. Tu connais ?

A. F. : N ti Waage kunda janmu ke gelli ke ña ni ga da kitta ?


Je demande depuis quand ils ont pris le patronyme Waage ?

B. W. : I da i kitta Baba i.
Ils l'ont pris avec Baba.

A. F : Iyo, Baba i. Xa janmu faana ma ña i xa i di ?

1Le muude est une unité de mesure équivalente à 2, 2 litres. Cf Bathily A. et Meillassoux C. , 1972, p. 108.

245
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

Oui, c'est Baba. Mais vous aviez un patronyme avant ?

B. W. : O ku, janmu, be i ge ña a kono ya, ke ni gisin ya. Xo Baba faabe be a da taaxo a kaara,
a giiri giide ke, a ga i yanqa ka be. Kun janmu ya ni Kamara. A talibe ma ke ru. I rusa ken taaxe
i. A xaaranmoxo xusa a xeeri, me lemunu na naxa. A ti daa : "Baba ken feti Kamara. Baba ken
ni Waage ya".
Nous, le patronyme que l'on disait, c'était celui d'autrui. Mais, le père de Baba qui s'est installé
dans le pays, il venait de la montagne et il est descendu dans une maison. Ses hôtes portaient le
patronyme de Kamara. Il avait presque fini ses études coraniques. Il s'établit là bas. Son
professeur l'a convoqué devant tous les élèves. Il lui dit : "Baba, Kamara n'est plus, Baba tu es
un Waage."

A. F. : Baba i Kamara ni Waage.


Baba Kamara est Waage.

B. W. : Ken kutten kun wa, fun be ni bogu Baba ya, i gan katta Baba xibaaren kono. I tooxo tiini
Baba ke on ran nta a kitaaben wa saana.
Enfin, ceux qui sortent de Baba, ils peuvent parler de lui. On ne peut pas décrire toute la carrière
de Baba.

A. F. : Iyo. Gelli ken wa, manne sigi Waage kundanko wa, i ga taaxo Bokijawe ?
Oui. A cette époque, pourquoi les Waage sont restés à Bokijawe ?

B. W. : I da taaxo Bokijawe. O ri ya Allan no taaxundi.


Ils sont restés à Bokijawe. Nous sommes restés là où Allah voulait que l'on s'installe.

E. H. D. : Almaami Abdul, a da ñiiñe ke taxandi. A da xa tirindi, a ti xanti minna munda. A da


ko tirindini?
L'Almaami Abdul a partagé la terre. Il vous a demandé où vouliez-vous vous installer. A qui l'a-
t-il demandé ?

B. W. : Saada a ga o tirindini, a da i nagana wori. An wa mugu ? O nagana ya ni a do Jawara


kundanko nagaana ri. Hoho nabure i ga na maxa. Nagaanini nan ri yanqa ji wa. Nagaana ke ri
yanqa jin wa, nan giri kamu. Nagaana ri kiiñe debe. A ti Ma Suraqe Waage : "N ke da i noxo
wori, a ya faasi ri yere. An ga na i telle ya, o nan daga an wa koyi ya". A ti koota su an na a ko
Ma Suraqe Waage da. Xa koota baane, Ma Suraqe ti a da : "An ke! Koota su a na ti no ña a
faasi ri yere. Lenki, an ga na yin telle i dagana daa ya." Ñagaana giiri, Ma Suraqe giiri,
Jawara ke giiri. I da i me bottu. I da o na daga, on daga, kamon di. Naburu i ga i yanqa. I da i
me battu katte xollen a. I su kafaana ni yere.
Lorsqu'il nous a demandé, il a vu les bergers. Tu comprends ? Notre berger était avec les bergers
des Jawara. Ils possédaient tous les troupeaux. Les vaches se sont arrêtées à la rivière. Le berger
qui les avait arrêtés à la rivière, venait du ciel. Le berger est reparti au village.Il dit à Ma Suraqe
Waage : "J'ai vu l'endroit, il se trouve par ici. Si tu y vas, nous irons ensemble et je te le
montrerai." Il le répéta à Ma Suraqe Waage chaque jour. Mais un jour, Ma Suraqe lui dit : "Toi
! Chaque jour tu me dis d'aller par ici. Aujoud'hui, tu vas y passer." Le berger s'est levé, Ma
Suraqe s'est levé, le Jawara s'est levé. Ils l'ont accompagné. Ils sont partis, nous y sommes allés
dans le nouveau lieu. Les troupeaux se sont arrêtés. Ils se sont suivis jusque dans la vallée
fluviale. Ils étaient tous installés en premier ici.

A. F. : Ke ya na a ni kafaana ?

246
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

Qui étaient les premiers ?

B. W. : O kafaana. Maadi Binta Waage do Bambi a ga Binta ya ni saaxe haabe. Ku be ga da ku


Baba Ñame. Baane da ña ri kobe faaba saara. I ren yugu filli ya ni. Xi i ge ri taaxa noxo be
saasa Yari Silla Maxa, ko faay ke ka dooke. O xan ya kundu ya mukku ya ni yere. Gara Haabi,
Yari Dibasi.
Nos premiers. Maadi Binta Waage et Bambi étaient les fils de Binta. Tous venaient de Baba
Ñame. L'un des frères était l'époux de la soeur. Ils étaient deux fils. C'est comme aujourd'hui le
cas de Yari Silla Maxa, dont tu peux apercevoir la maison près d'ici. Nous sommes tous des
étrangers ici. Comme Gara Haabi et Yari Dibasi.

A. F. : Iyo, xa ge ni ri yere, xa ma soninko ka ri yere ?


Oui, quand vous êtes venus ici, un habitat soninké n'était-il pas ici déjà ?

B. W. : Iyo, o ku me yi yere Dugan ya.


Oui, nous étions ici à Duga.

A. F. : Yere Dugan ya.


Ici à Duga.

E. H. D. : Njanor, ko a ni kanmu ke doore, ceddo no ku.


Les Njanor, qui étaient des ceddo, étaient installés de l'autre côté.

B. W. : Iyo.
Oui.

E. H. D. : Donc, xa ku ni Duganabe, i kun ga ri.


Donc, vous étiez à Duganabe pour venir ici.

B. W. : O giiri Jaara, i ri yanqa me o ga kiini Duganabe. I ku ri gille yinme o daga ma Fuuta


noxo ke doono. O sage fulla sefene. Ken ya no o sagandi.
Nous avons quitté Jaara, nous sommes venus nous installer à Duganabe. Nous sommes allés
jusqu'au centre du Fuuta dans cet endroit. Nous avons commencé à parler le pulaar. C'est
pourquoi, nous nous sommes rencontrés.

E. H. D. : Ma ?
Quoi ?

B. W. : I xirisu on yille, on maxa daga ña Fullu a.


Leurs chefs se sont retournés, nous ne voulions pas devenir des Peuls.

A. F. : Ah ! A da in xa joppe fullan xannen kono.


Ah ! Vous aviez commencé à parler la langue peul.

B. W. : Iyo ...
Oui ...

E. H. D. : A da in ñi xa ma gabo hullu ku yan gabon xa ya.


Les Peuls étaient plus nombreux que nous.

247
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

B. W. : Fullu kun gabon to ya. Hari xunbane yan gabon to ya. O xoxono saage fullon kono. I
rusa saage.
Les Peuls étaient les plus nombreux. Cependant, demain ils seront plus nombreux. Nos frères
parlaient le pulaar. Ils s'en sont retournés.

A. F. : Ken yan sigi i ga ri Bokijawe.


C'est pourquoi ils sont allés à Bokijawe.

B. W. : Iyo, nagaana ke ga ri. Ma Suraqe Waage ga ri kun wa. A daga laaxasara ga ri. A daga
sigi i kaane a. A ti i ke da i nta Hulle muku moxo siri ya. O kiini Almaami Abdul a. A daga
Almaami Abdul sagata. An da mugu ? A ti "Njay. A ni a do Abdul, xa finan taaxo, xa da i yere
taaxandi ñiiñe kitene." I da i ñiiñe taaxandi, ken koota, fofo ga tiini ya Fuuta a wa fo. Ken biire
Serif a ka Almaami.
Oui, le berger est parti. Ma Suraqe est parti avec eux. Il est parti au moment de la prière de
laaxasara1. Il se s'est mis en route devant. Il dit qu'il ne connaissait pas bien le Peul. Il s'en est
remis à l'Almaami Abdul. Il est parti rejoindre l'Almaami Abdul. Tu comprends ? Il a dit "Njay.
Toi et l'Almaami, vous étiez les premiers à vous installer, vous avez partagé et jugé la terre." Le
jour où ils ont partagé la terre, celui qui disait être du Fuuta, il a eu sa part. A ce moment Serif
était dans la maison de l'Almaami.

A. F. : Mmh.
Mmh.

B. W. : Serif Jambere2. Uma Aise i ya i bogu i be.


Serif Jambere. Uma Aise vient de lui.

E. H. D. : Mariama.
Mariama.

B. W. : Mariama, Sayan Diige, Siige Kiineni i ga bogu i be. Ken tooxoni Serif Jambere.
Mariama, Sayan Diige, Siige Kiineni viennent de lui. Il s'appellait Serif Jambere.

A. F. : Serif Jambere Basiru ya ni ke ?


Serif Jambere est de Basiru ?

B. W. : Basiru faana be ga bogu. Basiru xooro.


Basiru est le premier a en venir. Basiru l'arrière grand-père.

A. F. : Basiru ga i bogu yigo be ?


Basiru vient-il de cet homme ?

B. W. : Iyo, i xooro. Ken koota, a ña Almaami Abdul ya. A giiri Dabia; a daga sagata. A ti o ga
noxo be mulla o na ko.
Oui, son arrière grand-père. Ce jour là, il était avec l'Almaami Abdul. Il venait de Dabia, il est
parti le rejoindre. Il lui a demandé où il voulait s'installer.

1En fin d'après-midi.


2Jambere est un tooxo karado, un surnom lié au prénom Xunba. Il apparaît dans l'expression : ""Jambere-Xunba danpe xooxo
josi meeni", en français, "Jambere-Xunba essuye ses déjections sur sa semblable."[Source : Boubou Camara].

248
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

E. H. D. : A ko ?
A qui ?

B. W. : Ma Suraqe Waage ti i ga salli katta noxo be.


Ma Suraqe Waage a choisit là où on fait la prière.

E. H. D. : I ga sallin katte noxo be, i ga non kiini ya.


Ils se sont installés dans l'endroit où se fait la direction de la prière1.

B. W. : A ti ken kua ma yillen ga na xenpe noxo be.


Il a dit qu'ils pouvaient cultiver ce qu'ils voulaient dans ce terrain.

E. H. D. : O ga daga sopindi o do Jawara kundanko.


Nous avons défriché avec la famille Jawara.

B. W. : A do Jawara. A do xabila su ken ya sooninke su. Fofo ga do i batten ya. O su ni baane


ya. Sere be ga i yere. I su da me wutu.
Avec les Jawara. Avec tous les groupes statutaires qui sont tous Soninké. Les gens sont venus
ici. Ils ont eu des liens matrimoniaux entre-eux.

E. H. D. : Iyo, xa durun da me yeexi.


Oui, vos célibataires se marient entre-eux.

A. F. : I ya banden da i ya wutu.
Vous leur donnez .

B. W. : O su du me yeexi Waage kundanko, Tirera kundanko, Jawara kundanko. O susu ya baane


yi. O do xabila tana ni. O sooninkaara ya ni doome. O susun ya ni doome.
Nous nous marions avec la famille Waage, Tirera, Jawara. Nous sommes tous les mêmes. Nous
et les autres groupes statutaires. Le monde Soninké est un ensemble. Nous sommes tous pareils.

E. H. D. : Donc, Maasubakoku i bogu Waage kundanko ya ?


Donc, les Maasuba sortent de la famille des Waage.

B. W. : Maasuba i giiri Yari ya.


Les Maasuba viennent de Yari.

E. H. D. : I giiri Yari.
Ils viennent de Yari.

B. W. : Yari.
De Yari.

A. F. : Ke ni Darame kundanku ku ya ?
Est-ce la famille Darame ?

B. W. : Iyo, Sanba Gansiri ka kun ya ni Darame kundanko.


Oui, la maison de Sanba Gansiri fait partie de la famille Darame.

1Peut-être est-ce une parabole pour désigner la mosquée.

249
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

A. F. : I ka ?
Leur maison ?

B. W. : An da i ken Yari Dibasi. Yari Dibasi a xa taaxo Duganabe ya. N tanpi.


C'est celle de Yari Dibasi. Yari Dibasi qui s'est installé à Duganabe. Je suis fatiguée.

A. F. : Denbe ñi xa do Jawara kundanko ku ñaxa ?


Quels sont les liens de mariage avec les Jawara ?

B. W. : Jawaranoku, n yinme ya ni denbe tu.


Je ne connais pas l'histoire des Jawara.

A. F. : Ayi, gelli killen ga ña xaanaxa ?


Non, depuis quand il y a une parenté entre-eux ?

B. W. : O da i yeexi me da. I ya ni i renmu in kiini ya.


Nous nous marions entre-nous. Ils nous donnent leurs enfants.

A. F. : Kille gelli, kille su ga na xaana.


Depuis quand il existe une parenté entre-nous ?

B. W. : O ya ni moodini. I ya no kanma. O ya ni i tubundi. Ken ya ni i ga i ren yaxarun kiini o


ya. Baba a ni tubindi. O ku moodinu ya.
Nous sommes des marabouts. Ils [les Jawara] nous sont supérieurs. Nous les avons convertis.
Ils nous donnent leurs filles. Baba les a converti. Nous sommes des marabouts.

A. F. : I ke wa muggu i ga tiini i da i komo hooro.


J'ai appris que les esclaves [des Jawara] se sont émancipés.

B. W. : A tooxo Jawaranko ku ñi fo gumun ya. Xo, xa ga tiini Koliabe. An ken wa non tu ? I ku


ñi kuuru gumun ya. I yan saaga marafan a. I yan gajaaa. I telle deben ya i ga wande hooran
yan na komon a. I ga bosindini. Jawara kundanko gollen ga na giiri ya saaga yugon su ya.
Les Jawara étaient riches. On les appelait comme les Koliabe. Tu connais là bas ? Ils étaient
tous des chefs des guerriers. Ils maîtrisaient les fusils. Ils se battaient. Ils allaient dans les villages
pour prendre quelqu'un de libre et en faire un esclave. Ils les prenaient par la force. Quand il
fallait se battre, les Jawara étaient les premiers hommes à se lever.

A. F. : I yan jarinto.
C'étaient des lions.

B. W. : I yan jarinto. I ya ni Abdul Bokar demaana. Brahim Jawara, ke be a yaaxen ga ya, a


xooro Denba. A ya ni Abdul Bokar yan kafi. I daga Tubab ke deema. Abdul Bokar Kahedi ya.
C'étaient des lions. Ils ont aidé Abdul Bokar. Brahim Jawara, que tu vois, son arrière grand-père
était Denba. Il se réunissait avec Abdul Bokar. Ils sont partis aider le blanc. Abdul Bokar était à
Kahedi.

A. F. : Ko, Colonel Dodds ?


Qui, le colonel Dodds ?

250
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS

B. W. : Colonel Dodds ya. I daga Kahedi. I ya do colonel Dodds nan giiri Ali Barka ya. I da ga
ri Bokijawe.
C'était le colonel Dodds. Ils sont partis à Kahedi. Ils étaient avec le colonel Dodds et ont quitté
Ali Barka. Ils étaient partis à Bokijawe.

A. F. : I1 do colonel Dodds da i gaaja woli i da ma gaaja.


Ils2 se sont battus avec le colonel Dodds ou ils ne se sont pas battus?

B. W. : Ayi, i da ma gaaja. Alla kua i da ma gaaja. A do Abdul Bokar ya ni gajaana. Tubabu


ke do Abdul yan gaaja. Abdul Bokar daga Kahedi. A kanu, a daga Kahedi. A ga daga Jowol.
Colonel Dods i da ñiiñe ke wutu. O ku renmu ...
Non, ils ne se sont pas battus. Allah sait qu'ils ne se sont pas battus. Ils étaient les guerriers
d'Abdul Bokar. Les blancs se sont battus contre Abdul Bokar. Abdul Bokar est parti à Kahedi.
Il a eu peur, il est parti à Kahedi. Il venait de Jowol. Le colonel Dodds a donné des terres. Nos
enfants ...

E. H. D. : A ken wuru.
Il a fui.

B. W. : A ken wuru, a daga Siraqu bae. A ti i nta debe ro ri yere. Baawo ni soron woono i ga
telle a deema. Deemandan on ga i tanpi. I ga maxa yille. A ga fuure su wori, a na bonondini ya.
A geeri Tubabu fuure su wori Abdul Bokar ni karana ya. Fofon da ri, Abdul Bokar na karana.
Ma fin ga ña na ketta Hadama su bogu a maxa. I da bogu a maxa. I da ke yugon baane waara,
a rusa i daga, a saage Moritani.
Il a fui chez les Maures. Il leur a dit qu'il ne voulait pas installer un village là. Parce qu'il a trouvé
des gens pour l'aider. Ceux qui l'aidaient se sont fatigués. Ils sont retournés chez eux. Toutes les
pirogues qui passaient, il les détruisait. Abdul Bokar détruisait les bateaux des blancs qu'il
voyait. Tout ce qui passait, Abdul Bokar le tuait. Au fur et à mesure les gens se sont découragés.
Ils sont partis à côté. Il est resté seul, il est parti et s'est rendu en Mauritanie.

A. F. : A daga Moritani.
Il est parti en Mauritanie.

E. H. D. : Ken ya ni Colonel Dodds ga i ro yere, quoi ?


Le Colonel Dodds est venu ici, quoi ?

B. W. : Colonel Dodds.
Le Colonel Dodds.

E. H. D. : Ke ta ke a ro yere ya, i wa i réunion su dabari.


Quand il est venu ici, ils ont tous négocié.

1Jawarankoku.

2Les Jawara.

251
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE

SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE
1 - Sources écrites

1.1. - Sources externes

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des africanistes, Paris, mai 1969, publiée avec le concours du CNRS, 13 cartes.

1.1.3 - Archives de l'A.O.F.

Série G. Politique et administration générale du Gouvernement du Sénégal (1762-


1920)

Sous-série 13G, affaires politiques, administratives et musulmanes consultée à Dakar.


13G5 Traités conclus avec les divers états du Sénégal depuis 1854
13G8 Traités de 1880 à 1891
13G9 Traités (classement géographique) sur le Fleuve (1785-1883). 6 chemises.
13G48 Matam chefs indigènes, bulletins individuels de notes
13G157 Matam. Correspondances du commandant de poste au gouverneur. 1857-1864
13G162 Matam, correspondances (1888-1898)
13G25-52 Cercle de Matam, Rapports politiques trimestriels pour 1925

Sous-série 2G, Gouvernement général de l'AOF, rapports politiques du Sénégal


consultée à Paris.
2G1 1898. Situation politique du Sénégal.
2G1-7(1) Situation au 13 juillet 1896
2G2(5) Rapport général au 13 mars 1902
2G3(7) Rapport annuel de 1903
2G7(7) AOF, situation générale en 1907

Sous-série 2G, Rapports périodiques, première tranche 1895-1940 consultée à Dakar.

252
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE

2G1-139 Rapports politiques, agricoles et commerciaux mensuels. Cercle de Matam


1895
2G1-140 Rapports politiques, agricoles et commerciaux mensuels. Cercle de Matam
1896
2G1-141 Rapports politiques, agricoles et commerciaux mensuels. Cercle de Matam
1897
2G1-142 Rapport trimestriel octobre, novembre, décembre 1897. Cercle de Matam.
2G1-143 Rapports politiques, agricoles et commerciaux mensuels. Cercle de Matam
1898
2G1-145 Rapports politiques, agricoles et commerciaux mensuels. Cercle de Matam
1899
2G1-146 Rapports trimestriels d'ensemble. Cercle de Matam. 1899
2G1-147 Rapports politiques, agricoles et commerciaux mensuels. Cercle de Matam.
1900
2G3-63 Rapports politiques trimestriels de 1903. Cercle de Matam
2G6-27 Rapports mensuels d'ensemble de 1906
2G8-46 Rapport annuel d'ensemble de 1908
2G9-48 Rapports trimestriels d'ensemble. 1909
2G10-45 Rapport trimestriel d'ensemble de 1910
2G11-64 Rapport annuel d'ensemble de 1911
2G12-45(3) Rapport d'ensemble sur l'escale de Saldé. 4ème trimestre 1912
2G12-45(6) Rapport d'ensemble trimestriel de Saldé, escale d'administration directe,
4ème trimestre 1912
2G25-52 Rapports politiques mensuels d'ensemble. 1925

Série D

Sous-série 1D, affaires militaires (1899-1920) consultée à Paris.


1D35 Colonne d'observation du Fouta. Journal de marche de Brière de l'Isle. 1877
1D39 Colonne Pons dans le Fouta, contre Abdoul Boubakar, combat de Ndiour-Badiane.
1881-1882
1D45 Colonne du Fouta, commandée par le lieutenant-colonel Voyron. 1883

Sous-série 11D consultée à Dakar.


11D1-756 Cercle de Matam. Affaires politiques et administratives. 1891-1934.
Projet de remaniement administratif de cantons du Damga par Eugène Robert,
administrateur du Cercle de Matam (15 juillet 1897)
Recensement des villages du Nguénar pendant la tournée du commis des affaires
indigènes Lienart du 6 au 25 décembre 1917.
Procès Verbal de réunion du conseil des notables en date du 19 septembre 1934
11D1-782 Cercle de Matam. Réorganisation terroitoriale. 1920-1952.
11D1-783 Correspondance.
Immatriculation des terres du Fouta. 1924-1934.
11D1-786 Correspondance du Commandant de Cercle 1939-1956
11D1-787 Courrier du commandant de cercle de Matam. 1939-1956
11D1-789 Elections. Listes électorales du cercle de Matam. 31.03.49
11D3-92 Inspection des Affaires administratives. Saint Louis 24.12.54

253
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE

1.2 - Sources internes

1.2.1 - Manuscrits

Généalogie en caractères arabes (Tarixa) rédigé par la famille Tirera


Biographie de Waly Ndianor par Samba Ndianor
Un texte appelé Tarikh de Bokidiawé, retranscrit de remarques faites par Balla Woppa
Konaté

1.2.2 -Textes publiés

Auteurs "soudanais"

KATI Mahmoud
Tarikh El-Fettach, Ernest Leroux, Paris, 1913, 361 p.
ES-SA'DI (Abderrahman ben Abdallah ben)
Tarikh es-soudan, Adrien-Maisonneuve, Paris, 1964, 540 p.

Sur le Fuuta Tooro

BA Oumar
Les Peuls du Fouta Toro à travers leur tradition nationale orale et écrite Thèse d'Histoire
sous la direction d'Yves Person, Sorbonne, 1972.
SOH Siré Abbas
Chroniques du Foûta Sénégalais Paris, Ernest Leroux, 1913, 328 p.

Sur le royaume de Jaara

BATHILY Abdoulaye
Légende de Daman Gille par Dogo Jawara, garanke de Tiyabu (Tuabu) attaché aux
Baccili, fait en 1966 à Dakar in "A Discussion of the Traditions of Wagadu", BIFAN,
série B, t XXXVII, 1, 1975, pages 1 à 95.
DELAFOSSE Maurice
Chronique de Diawara par Mamadi Aïssa. in L'Afrique française 1913 n°8, 9 et 10.

Sur les Jaaxanko

QUIMBY L. G.
The Jaaxanke and the founding of Tuuba, BIFAN, série B, t XXXVII, n°3, juillet 1975,
pages 604 à 619.

Sur le Bundu

NDIAYE M.

254
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE

Histoire du Boundou par Cheikh Moussa Kamara, BIFAN, série B, t XXXVII, n°4,
octobre 1975, pages 784 à 817.
N'DIAYE Saki Olal
The Story of Malik Sy, enregistré le 5 mai à Dakar, Cahier d'Etudes Africaines XI, pages 467
à 488.

Sur le Jolof

DYAO Yoro
Légendes et coutumes sénégalaises publiées et commentées par Henri Gaden in Revue
d'ethnographie et de sociologie, tome troisième 1912, Paris, Ernest Leroux, premier cahier
pages 119 à 137 et deuxième cahier pages 190 à 202.

LEYTI Ndiaye
Le Diolof et les Bourbas, Bulletin de l'Institut Fondamental d'Afrique Noire série B, tome
XXVIII, 1966 pages 966 à 1009.

Sur le Maasina

GADEN Henri
T'arikh Peul de Douentza (1895) édité par Vincent Monteil, BIFAN T XXX, série B, n°2,
avril 1968, pages 682 à 690.

2 - Cartes

Une carte de la SENELEC au 1500ème du village de Boki-Diawé.


Une carte de la communauté rurale de Boki-Diawé tirée d'A. DIOP, cf ouvrages généraux.
Une carte du Fuuta Tooro tirée d'A. BATHILY, cf ouvrages généraux.
Un fond de carte de l'Afrique de l'Ouest tiré des Vallées du Niger, édition de la Réunion de
musées nationaux, 1993, 573 p.

3 - Sources orales

3.1 - Entretiens enregistrés

En français

FADE Souleyman, 38 ans, le 22.08.95 à Boki-Diawé. Le ferogo des Fadé. Leur


généalogie.
KONATE Balla Woppa, 74 ans, le 31.07.95 à Boki-Diawé. La généalogie des Konaté.
Aspects de l'histoire du village.
NDIANOR Mamadou Samba, quadragénaire, le 03.08.95 à Boki-Diawé. Les Ndianor.
Leurs fonctions aujourd'hui.
TIRERA Hakrou, 65 ans, le 11.08.95 à Boki-Diawé. La division de la chefferie du
village.

255
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE

En soninké

DIAWARA Kantara, 94 ans, 02.08.95 à Boki-Diawé. Le ferogo des Diawara de Jaara.


La légende de Daman Gille et du premier cordonnier.
DIOP Ba Samba, plus de 70 ans, le 24.07.95 à Boki-Diawé. L'histoire de la captivité des
Diop.
DIOP Ba Samba et FALL Ségui, le 25.07.95 à Boki-Diawé. Les différentes familles
soninké de Boki-Diawé. Les captifs de Boki-Diawé..
DIOP Samba, FALL Ségui et Ami, en septembre 1995 à Boki-Diawé. Les noms des
quartiers du village. Les marigots et terrains avoisinants le village.
FADE Aminata Demba, 70 ans, le 09.08.95 à Boki-Diawé. Les Fade à Guccube. Leur
arrivée à Boki-Diawé.
FADIGA Bathily, 66 ans, le 10.08.95 à Boki-Diawé. Les ferogo des différentes familles
de Boki-Diawé et celui des Dramé. Les chefs de village.
TIRERA Hakrou, 65 ans en octobre 1995 à Boki-Diawé. Le Wagadu. La venue des
Soninké à Boki-Diawé sous l'Almaami Abdul Kader.
WAGUE Binta, 92 ans, le 06.08.95 à Boki-Diawé. La généalogie des Wagué. Baba
Wagué. Le rôle des Wagué au village.

En pulaar

KAN Aboubacry, 68 ans, le 13.08.95 à Boki-Diawé. Généalogie des Kan. L'arrivé des
Kan (Neeganaabe) et l'islamisation. Les différents imams du village.
NDIANOR Mamy, 95 ans, le 05.08.95 à Boki-Diawé. La fonte du fer par les Ndianor.
Généalogie des Ndianor. Le conflit de succession de Thierno Samba de Ndiot.
NDIANOR Ouleye Bocar, 68 ans, le 16.08.95 à Boki-Diawé. La fonte du fer par les
Jamannaabe. Généalogie des Ndianor. "Bokki jaawe", le "baobab aux bracelets".
L'islamisation des Jamannaabe par Makam des Neeganaabe.
NDIANOR Thierno Mbaye, septuagénaire, en août 1993 à Boki-Diawé. Les différentes
populations du village. Jamannaabe et Neeganaabe. Les différentes dynasties du Fuuta.
NDIAYE Amadi, 84 ans en août 1993 à Boki-Diawé. Jamannaabe et Neeganaabe.

3.2 - Entretiens non-enregistrés

En français

Témoignages

BA Khalilou, au foyer du Bourget en mai 1995. Les Ba. L'association de développement.


DIAWARA Ndiobo à Bokidiawé le 02.08.1995. Les villages du ferogo des Diawara.
DIOP Maoudou à Bokidiawé le 30 juillet 1995. Les terres des Wagué récupérées sur
celles des partisans d'Abdul Boubakar. L'arrière grand-mère Diop, une parente d'Albury
Ndiaye.

Commentaires

256
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE

DIOP Aïssata épouse DOUCOURE à Paris le 15 septembre 1995. Discussion d'après la


carte du village.
DOUCOURE Youssouf à Paris le 26 septembre 1995. Précisions autour de l'entretien
avec Bathily Fadiga
MANGASSOUBA Thioundy à Dakar le 26 août 1995. Discussion autour du texte "Etat
des recherches". Nombreux éléments concernants toutes les séquences.
SYLLA Bintou et M. GANDEGA à Saint-Denis octobre 1995. Discussion autour de
l'entretien avec Binta Wagué.

En soninké

Récits

CISSOKHO Hamady, 65 ans, le 17.08.95 à Boki-Diawé. La venue des Cissokho.


DIAW Dougo Alakha, 64 ans le 11.08.95 et le 22.08.95 à Boki-Diawé. Les Diawune.
Les Manna. L'histoire du village.
SAKHONE Lambourou à Bokiladji le 20 août 1995. Les Konaté, fondateurs de
Bokiladji. Dates et généalogie.

En pulaar

Récit

KAN Bella, chef de village de Dabiya le 30 juillet 1995 à Dabiya. Le séjour d'Abdul
Bokar à Boki-Diawé

4 - Sources iconographiques

Photos prises en 1995 : diverses vues du village (la mosquée, les bâtiments publics, rues et
maisons), vues du site minier de Douga, vues du reste des fours des Ndianor, vues
d'anciens sites d'habitation (tessons de poteries, trous, restes de murs).

5 - BIBLIOGRAPHIE

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1961 De la tradition orale, essai de méthode historique, Musée Royal de l'Afrique
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261
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké TABLE DES MATIERES

TABLE DES MATIERES


REGLES DE RETRANSCRIPTIONS .................................................................................................................3
Retranscription des termes ............................................................................................................................3
Retranscription des entretiens .......................................................................................................................3
Alphabet .......................................................................................................................................................4
PROLEGOMENE ................................................................................................................................................6
INTRODUCTION ................................................................................................................................................7
1 - Problématique ............................................................................................................................................7
1.1 - Le village comme unité pertinente d'étude ...........................................................................................................8
1.1.1 - Un cadre humain et une entité politique .......................................................................................................8
1.1.2 - Une historiographie villageoise diverse........................................................................................................9
1.1.3 - La coexistence des communautés dépend des instances du village ............................................................10
1.2 - L'interrogation sur les processus identitaires ...................................................................................................... 11
1.2.1 - Diversité de populations ou facilité d'intégration ? .................................................................................... 11
1.2.2 - Définition des termes .................................................................................................................................13
1.2.3 - La parenté à la base de l'identité .................................................................................................................15
2 - Présentation des sources .......................................................................................................................... 16
2.1 - Les sources de la micro-histoire .........................................................................................................................16
2.2 - Des sources écrites de diverses origines .............................................................................................................17
2.3 - Les traditions orales à Boki-Diawé .....................................................................................................................18
2.4 - L’enquête orale à partir de récits de familles ......................................................................................................20
PREMIER CHAPITRE : LA FONDATION DU VILLAGE ET LES POUVOIRS LOCAUX (PREMIER MILLENAIRE AP. J. C.
- DEBUT DU XVIEME SIECLE) .............................................................................................................................. 22
1 - Boki-Diawé : un site ancien .................................................................................................................... 23
1.1 - Le Fuuta Tooro, l'Etat de la moyenne vallée du fleuve Sénégal .........................................................................23
1.1.1 - Le Tekrur des arabo-berbères .....................................................................................................................23
1.1.2 - Les limites du Fuuta Tooro .........................................................................................................................25
1.1.3 - Un village de la province du Ngenaar ........................................................................................................26
1.2 - Les emplacements du village ..............................................................................................................................28
1.2.1 - Les togge du jeejegol..................................................................................................................................28
1.2.2 - Un site auparavant appelé Daru ? ...............................................................................................................29
1.2.3 - Les habitations dans des trous ..................................................................................................................30
1.2.4 - Le baobab aux bracelets .............................................................................................................................32
2 - Les Jaa Oogo ........................................................................................................................................... 34
2.1 - L’activité métallurgique ......................................................................................................................................34
2.1.1 - Les Jaa Oogo, maîtres de la forge...............................................................................................................34
2.1.2 - l’ère de Sinthiou Bara .................................................................................................................................35
2.1.3 - Jamannaae baleeße et Jamannaaße wodeeße ...........................................................................................36
2.1.4 - Description d'une campagne de fonte .........................................................................................................38
2.2 - Les Ndianor, descendants des Jaa Oogo .............................................................................................................39
2.2.1 - Un groupe de Seßße ...................................................................................................................................39
2.2.2 - Des métallurgistes aux pouvoirs craints .....................................................................................................41
2.3 - Une répartition humaine sur toute la sénégambie ...............................................................................................42
2.3.1 - Le groupe des Fadduße...............................................................................................................................42
2.3.2 - Le Nammandiru .........................................................................................................................................46
2.3.3 - L’origine des Ndianor .................................................................................................................................48
3 - Les diverses influences politiques sur Boki-Diawé .................................................................................. 49
3.1 - Les Farba ............................................................................................................................................................49
3.2 - La question des "kokkoren-faren" ......................................................................................................................51
3.3 - Le Bummoy d'Oréfondé .....................................................................................................................................52
DEUXIEME CHAPITRE : L'INSTALLATION DE LA COMMUNAUTE SONINKE DANS LE CADRE DE L'ALMAMIAT
(FIN DU XVIIIEME SIECLE-DEUXIEME MOITIE DU XIXEME SIECLE)..................................................................... 54
1 - Un village dirigé par les Neeganaaße ...................................................................................................... 54
1.1 - L’implantation des Neeganaaße au Fuuta Tooro .................................................................................................54
1.1.1 - Les Kan ......................................................................................................................................................54
1.1.2 - Un groupe d'éleveurs puis de religieux.......................................................................................................57
1.2 - Les Neeganaaße vecteurs de l’Islam ...................................................................................................................59
2 - Un peuplement soninké ancien ................................................................................................................. 60
2.1 - Une présence discontinue ...................................................................................................................................60
2.2 - Des dignitaires d'origine soninké ........................................................................................................................62
2.2.1 - L'influence du Xañaga ................................................................................................................................62
2.2.2 - La domination des Diawara ........................................................................................................................63
3 - La dernière vague de migration soninké .................................................................................................. 64
3.1 - Le ferogo des principales familles ......................................................................................................................65

262
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké TABLE DES MATIERES

3.1.1 - Les Dabo de Jaara ......................................................................................................................................65


3.1.2 - Le départ des Fadé de Guccube ..................................................................................................................67
3.2 - L'arrivée des Soninké .........................................................................................................................................69
3.2.1 - La période de jihad des Toroodbe...............................................................................................................69
3.2.2 - Une première étape de familles Soninké à Douganabé...............................................................................70
3.2.3 - Baba Wagué et l'islam soninké ...................................................................................................................72
3.3 - La relation avec les Haal-pulaar'en .....................................................................................................................75
3.3.1 - La politique locale d'attribution des terres .................................................................................................75
3.3.2 - L'installation définitive des Soninké à Boki-Diawé et les alliances ...........................................................76
3.3.3 - L'Islam comme vecteur d'unité ...................................................................................................................78
TROISIEME CHAPITRE : LE VILLAGE FACE A LA PENETRATION FRANÇAISE (DEUXIEME MOITIE DU XIXEME -
DEBUT DU XXEME SIECLE) .................................................................................................................................. 79
1- La configuration du village au XIXème siècle .......................................................................................... 79
1.1- Une répartition des groupes par quartiers ............................................................................................................79
1.2 - Les activités des villageois .................................................................................................................................83
2 - Boki-Diawé et Abdul Bokar Kan .............................................................................................................. 85
2.1 - Les départs pour le fergo oumarien et l'émergence d'Abdul Bokar .....................................................................85
2.3 - Abdul Bokar à Boki-Diawé et ses liens avec les familles du village .................................................................87
2.4 - Albury Ndiaye en exil à Boki-Diawé ..................................................................................................................88
3 - Boki-Diawé sous la colonisation .............................................................................................................. 90
3.1 - Les nouveaux rapports de pouvoir sous la colonisation......................................................................................90
3.2 - Les conflits de terres, principales conséquences de la colonisation ....................................................................91
CONCLUSION .................................................................................................................................................. 95
1 - Une cité du Fuuta Tooro ........................................................................................................................... 95
2 - La coexistence entre les deux communautés............................................................................................. 96
3 - Une histoire à poursuivre ......................................................................................................................... 97
CARTES ............................................................................................................................................................. 99
Carte de l'Afrique de l'Ouest ......................................................................................................................... 99
Carte du Fuuta Tooro .................................................................................................................................. 100
Carte des environs de Boki-Diawé .............................................................................................................. 101
Carte de Boki-Diawé ................................................................................................................................... 103
Répartition des foyers de Boki-Diawé ........................................................................................................ 104
1 - Familles haalpulaar..............................................................................................................................................104
1 - Familles Soninké .................................................................................................................................................105
PHOTOS ...................................................................................................................................................... 107
GENEALOGIES........................................................................................................................................... 113
Manuscrit de sept feuillets rédigé par Sulaqata Tirera............................................................................... 113
Généalogie des Tirera ............................................................................................................................................... 118
Généalogie de Binta Wagué ......................................................................................................................................127
Généalogie d'Aboubacry Kan ...................................................................................................................................129
Généalogie des Diawara ...........................................................................................................................................132
Généalogie de Balla Woppa Konaté..........................................................................................................................134
Généalogie des Diaw (clan des Jewune ou Jawune) ................................................................................................135
Généalogie de Ségui Fall .........................................................................................................................................137
Généalogie d'Afsa Ali Sow ......................................................................................................................................138
Généalogie des Fadé .................................................................................................................................................139
Manuscrit donné par Mamadou Samba Ndianor ........................................................................................ 143
ENTRETIENS .............................................................................................................................................. 144
Khalilou BA, président de l’Association pour le Développement et la Mise en Valeur de Boki-Diawé. ..... 144
Renseignements pris à BOKILADJI le 20.08.95 auprès de Messieurs KONATE, Nima SYLLA, Lambourou
SAKHONE et Sambala CISSOKHO. ........................................................................................................... 146
Entretien avec monsieur Hamady Cissokho, 65 ans. policier à la retraite. ................................................ 148
Renseignement pris auprès de Yoro COULIBALY, 70 ans, le 22.08.95. ...................................................... 148
Monsieur Dougo Alakha DIAW, 64 ans, garanke. Entretien réalisé le 11.08.95. ....................................... 148
Monsieur Dougo Alakha DIAW., le 22.08.95 à Boki-Diawé. ....................................................................... 155
Monsieur Kantara DIAWARA, 94 ans, Entretien effectué le 02.08.95. ........................................................ 156
Informations recueillies en français auprès de Ndiobo DIAWARA le 31.07.95 à Boki-Diawé. ................... 171
Ba Samba DIOP, 79 ans, agriculteur et maçon. Entretien réalisé le 24.07.95. ........................................... 171
Entretien en soninké avec Ségui FALL (69 ans), Papa Samba DIOP (79 ans), Ami FALL (23 ans) et
Mohamadou Bely DIAW (22 ans) le 25.07.95 ............................................................................................ 179
Entretien effectué au mois de septembre 1995 par Ami FALL avec son père, Ségui FALL, et Ba Samba
DIOP. .......................................................................................................................................................... 183
Commentaires donnés en français par Monsieur Maoudo DIOP, à Boki-Diawé le 30.07.95. .................... 194

263
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké TABLE DES MATIERES

Informations recueillies auprès de Madame Aïssata DIOP épouse Doucouré à Paris en octobre 1995. .... 195
Informations données par Yousouf DOUCOURE à Paris le 26.09.95. ..................................................... 195
Informations données en soninké par Ségui Fall sur la compositions de la maison Tirera. Le 22.08.95. ... 196
Entretien effectué le 09.08.95 avec Madame Aminata Demba FADE. ......................................................... 196
Entretien effectué le 22.08 95. avec Monsieur Souleyman FADE, 38 ans, cultivateur. ................................ 216
Entretien réalisé le 10.08.95 avec Monsieur Bathily FADIGA, 66 ans. ....................................................... 218
Entretien avec Aboubacry KAN, le 13.08.95. .............................................................................................. 230
Informations recueillies en pulaar le 30.07.95 auprès de Bellay KAN. ....................................................... 237
Monsieur Balla Woppa KONATE, 76 ans. .................................................................................................. 237
"Tarikh de Boki-Diawé" ............................................................................................................................... 237
Le 31.07.95, entretien en français. .............................................................................................................. 237
Le 27 août 1995Commentaires par Thioundy MANGASSOUBA. ............................................................... 241
Entretien avec Mamy NDIANOR le 05.08.95 .............................................................................................. 244
Entretien effectué en français le 03.08.95 avec Mamadou Samba NDIANOR. ........................................... 250
Entretien avec Ouleye Bocar NDIANOR le 16.08.95. ................................................................................. 253
Entretien avec Thierno Baye NDIANOR en août 1993. ............................................................................... 263
Entretien avec Amadi NDIAYE en août 1993. ............................................................................................. 265
Informations recueillies aupès de Madama Bintou SYLLA, de Monsieur GANDEGA et de Monsieur
Diagana (au téléphone) à l'Association Pour la Promotion du Soninké à Saint-Denis le 27.09.95. ........... 269
Monsieur Hakrou TIRERA, entretien réalisé en français le 11.08.95. ......................................................... 269
Monsieur Hakrou TIRERA. Entretien réalisé au mois d'octobre 1995 par Ami Fall. .................................. 273
Entretien le 14.08.95 avec Monsieur Kisima Demba TIRERA. ................................................................... 275
Entretien le 06.08.95 avec Madame Binta WAGUE dit Njabu, 92 ans. ....................................................... 277
SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................... 300
1 - Sources écrites ........................................................................................................................................ 300
1.1. - Sources externes ..............................................................................................................................................300
1.1.1. - Auteurs arabes .........................................................................................................................................300
1.1.2. - Cartes françaises du XIXème siècle ........................................................................................................300
1.1.3 - Archives de l'A.O.F. .................................................................................................................................300
Série G. Politique et administration générale du Gouvernement du Sénégal (1762-1920).............................300
Série D ...........................................................................................................................................................301
1.2 - Sources internes ................................................................................................................................................302
1.2.1 - Manuscrits ................................................................................................................................................302
1.2.2 -Textes publiés ............................................................................................................................................302
Auteurs "soudanais" .......................................................................................................................................302
Sur le Fuuta Tooro ..........................................................................................................................................303
Sur le royaume de Jaara .................................................................................................................................303
Sur les Jaaxanko .............................................................................................................................................303
Sur le Bundu...................................................................................................................................................303
Sur le Jolof .....................................................................................................................................................304
Sur le Maasina ................................................................................................................................................304
2 - Cartes ..................................................................................................................................................... 304
3 - Sources orales ........................................................................................................................................ 304
3.1 - Entretiens enregistrés .......................................................................................................................................304
En français ...........................................................................................................................................................304
En soninké ...........................................................................................................................................................305
En pulaar .............................................................................................................................................................305
3.2 - Entretiens non-enregistrés ................................................................................................................................306
En français ...........................................................................................................................................................306
Témoignages ..................................................................................................................................................306
Commentaires ................................................................................................................................................306
En soninké ...........................................................................................................................................................306
Récits..............................................................................................................................................................306
En pulaar .............................................................................................................................................................306
Récit ...............................................................................................................................................................307
4 - Sources iconographiques ........................................................................................................................ 307
5 - BIBLIOGRAPHIE .................................................................................................................................. 307
TABLE DES MATIERES ................................................................................................................................. 313

264
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké TABLE DES MATIERES

265
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké TABLE DES MATIERES

iBA, O., 1972, p. 995.


2Arch. Sénégal, 11 D 1 - 756, Recensement des villages du Nguénar pendant la tournée du commis des affaires indigènes Lienard
du 6 au 25 décembre 1917.
ii3Entretien avec Binta Wagué le 06.08.95.
4Figure dans la 13ème et dernière catégorie des électeurs sur une liste de 3280 inscrits toutes catégories. Arch. Sénégal, 11D1-
789, Elections. Listes électorales du cercle de Matam. 31.03.49.
iiiVoir l'entretien avec Aminata Demba Fadé le 09.08.95.
ivHypothèse tirée de CHASTANET, M., 1976, p. 185.

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