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U. F. R. D'HISTOIRE
Mémoire de maîtrise d'Alain Fride, présenté sous la direction de Mesdames les professeurs
Hélène d'Almeida-Topor et Monique Chastanet.
Paris 1997
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké INTRODUCTION
A ma famille,
A mes amis,
Et en souvenir de Robert Magnon, élève assidu et consciencieux des cours de langue de l'A.P.S.,
décédé en mai 1996 en Mauritanie alors qu'il effectuait son premier voyage en Afrique.
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké INTRODUCTION
REGLES DE RETRANSCRIPTIONS
Retranscription des termes
Sauf quand ils sont répandus selon leur orthographe en usage - c'est le cas pour les toponymes,
patronymes et anthroponymes que l'on rencontre couramment - les mots en langues pulaar
ou soninké sont retranscrits selon les règles en vigueur actuellement dans la langue d'origine.
L'alphabet est celui des langues nationales du Sénégal, qui a fait l'objet d'un décret n°71-56 le
21 mai 1971 publié au Journal Officiel de la République du Sénégal n°4171 le 28 juin 1971. Pour
ce qui est des termes empruntés à l'arabe, ils sont retranscrits tels qu'on les emploie en
soninké.
Les entretiens qui figurent en annexe ont été retranscrits suivant la dernière harmonisation de
la langue soninké lors du colloque de Bakel en novembre 1996 qui a, entre autre, éliminé la
principale distinction dialectale qui existe en soninké. La prononciation de la plupart des
personnes interrogées à Boki-Diawé étant celle du parler de l'est dit du Xañaga, qui emploie le
son "h" à la place du son "f", c'est le "f" qui a été retenu à l'écrit.
Les entretiens en pulaar ont été retranscrits selon l'écriture des langues sénégalaises et selon
les règles en usage dans cette langue.
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké INTRODUCTION
Alphabet
lettre son correspondant lettre son correspondant
a a b b
ß b glotalisé
c tch d d
e é f f
g gu, toujours dur h h aspiré
i i j dj
k k l l
m m n n
o o p p
q k très guttural, équivalent du qâf en r r roulé
arabe.
s ss t t
u ou w comme dans water
x comme nach en allemand y y
ñ comme dans panier nasale vélaire. S'obtient en ramenant
la langue vers l'arrière sur le voile du palais ;
c'est le son final des amots anglais terminés
par "ing" (camping)1.
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké INTRODUCTION
PROLEGOMENE
Copie intégrale d'un manuscrit annoté rédigé par Thioundy Mangassouba (responsable
associatif et employé à la télévision scolaire) en juin 1995.
KAARA
Mon pays
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké INTRODUCTION
INTRODUCTION
Une exigence de précision et une expérience de terrain menées conjointement avec d'autres
activités (pécuniaires, associatives et Service National) ont nécessité que ce mémoire se réalise
en trois années. La recherche bibliographique ainsi que le voyage au Sénégal qui a permis de
consulter les archives concernant l'administration coloniale du cercle de Matam et d'interroger
les habitants de Boki-Diawé ont été effectués la première année. La seconde année a été
consacrée à la traduction et à une première rédaction. Enfin, durant la troisième année au
regard des nombreux thèmes qui avaient été abordés lors des entretiens il a fallu de nouveau
consulter sources et études. La bibliographie classée en fin d'ouvrage montre cette diversité.
Non seulement les origines diverses des habitants du village impliquent qu'on ne peut se
limiter aux ouvrages ne concernant que la région de la moyenne vallée du fleuve Sénégal, mais
elles exigent aussi une profondeur chronologique pour laquelle les informations manquent
cruellement . Au lecteur de juger ces prétentions au regard du résultat.
1 - Problématique
On peut se demander pourquoi le sujet n'a pas été choisi dans un cadre territorial plus vaste
ou bien par rapport à une période qui correspondrait à une évolution caractéristique de la
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké INTRODUCTION
société. Or, le cadre chronologique est volontairement large. Il permet d'analyser la formation
de la communauté haal-pulaar de Boki-Diawé puis l'intégration des Soninké venus immigrer
dans le village. Leur relation renvoie à des conditions qui se sont mises en place sur la longue
durée. Mon travail a porté plus particulièrement sur la communauté Soninké ce qui permet
d'aborder des thèmes de manière transversale. En effet, il s'agit de tenter de connaître l'apport
des migrations soninké à la révolution tooroodo à la fin du XVIIIème siècle ou bien la réaction
des Soninké face à la pénétration française à partir du début du XIXème siècle.
Le village est le milieu dans lequel s'effectue la relation entre les deux communautés. Un village
se définit tout d'abord par opposition à la ville. Il regroupe les individus qui exercent des
activités rurales dans la zone géographique attenante. Parce qu'un pouvoir central n'a pas
toujours été présent, le village est une entité politique à part entière. Au niveau collectif, dans
la vallée fertile du fleuve Sénégal, le village est le centre principal d'un certain type de décisions.
Il s'agit de la recherche de l’équilibre dans l’exploitation des ressources agro-pastorales et
halieutiques. Sur le plan politique, le pouvoir s'est donc constitué autour de ce que J. Schmitz
appelle "l’écologie du territoire (leydi [en pulaar]) dans la Vallée"1. D'autres variables
économiques ont joué un rôle prépondérant telles que la métallurgie et l'artisanat en général
ou le commerce, notamment celui de la traite le long de la voie fluviale. L'idéologie politique
fondée sur l'Islam s'y est rajoutée de manière radicale à partir de 1776. Elle a fortement
remodelé le paysage politique moderne en imposant à la tête des villages un imam (Almaami
en pulaar).
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké INTRODUCTION
Dans le cadre de l'enquête orale, le village tout comme le quartier d'une ville, sont les terrains
privilégiés du chercheur. Un individu en Afrique de l'Ouest "pour préciser sa connaissance d'un
interlocuteur [...] a besoin d'autres renseignements que son nom de famille. Il pourra
l'interroger sur son village d'origine"1. Ceci lui permettra de situer son interlocuteur tant sur le
plan de son statut social que sur le plan de son histoire familiale.
En ce qui concerne la région du Fuuta Tooro (c'est le nom qui à été donné à l'Etat de la moyenne
vallée du fleuve Sénégal) de nombreux travaux ont été construits autour de l'histoire d'un
village. D. Robinson dans son ouvrage consacré à Abdul Bokar Kan, personnalité marquante de
la seconde moitié et de la fin du XIXème siècle affirme que "le principal foyer des activités des
Toucouleurs [autre dénomination des Haal-pulaar'en] est le village"2. Ainsi, on peut citer deux
études parues sous forme d'articles, celle de C. Cabrol en 1959 sur Mbout en Mauritanie et de
C. Le Blanc en 1954 sur Amady Ounaré, celle de M. Chastanet qui prend Yaféra comme exemple
de structuration urbaine de la société soninké du Gajaaga dans son mémoire de maîtrise publié
en 1976 et l'article de O. Lesevoisier paru en 1993 sur la ville Kaëdi3. Tous abordent les rapports
fonciers, les différentes phases de peuplement et la répartition urbaine. A une échelle
supérieure, le travail qui systématise ces éléments pour le Fuuta Tooro est celui de J. Schmitz
qui recense et dresse la liste de toutes les agglomérations et de leurs chefs du territoire.
Sur le plan historiographique, l'approche de l'histoire locale est une "modulation de la grande
histoire", selon les termes de J. Revel dans son introduction au livre de G. Levi Le Pouvoir au
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké INTRODUCTION
village : histoire d'un exorciste dans le Piémont du XVIIe1. J. Revel définit son ouvrage comme
"la tentative de reconstruction, aussi exhaustive que possible, d'une collection de destins
inscrits dans l'espace d'une communauté restreinte", celle d'un village italien du Piémont au
XVIIème siècle. Au niveau de Boki-Diawé l'intention est aussi de comprendre la formation de
groupes, l'imbrication des contextes et leur interactions.
Le village possède la particularité de réunir aujourd'hui deux populations dont l'une, Haal-
pulaar, est majoritaire dans la région.. Ce cas n'est pas exeptionnel. Les sociétés soudanaises
possèdent des concepts pour le gérer. Ainsi, comme l'écrit J. P. Olivier de Sardan "d'un peuple
à l'autre, les structures sociales [...] sont devenues au minimum compatibles et parfois
homologues. Mais les différences entre cultures et modes de vie ne s'effacent pas pour autant,
qui renvoient à l'altérité des langues et aux spécificités de la production"2. Pourtant, les vagues
précédentes d'immigration soninké s'étaient fondues dans la société haal-pulaar, les familles
soninké ayant adopté définitivement la langue pulaar. Il est donc nécessaire de connaître le
type d'instances politiques dans le village pour savoir si elles ont joué un rôle intégrateur. Cela
ramène à se poser ceratines questions. Pourquoi et dans quelles mesures les Soninké ont-ils
gardé leur identité à Boki-Diawé? Quels rôles y ont-ils joué ?
Les Haal-pulaar'en (en pulaar "ceux qui parlent le pulaar") ont façonné une société spécifique
imprégnée par le pulaaku, présenté comme l'appartenance au monde peul. En fait, c'est plutôt
un code de comportement qui se réfère à l'idéologie aristocratique. Tout comme le
sooninkaaru pour les Soninké, le pulaaku renvoit à des attitudes réservées, à la bienséance, à
la façon d'être avec les autres. C'est donc moins une affirmation ethnique que de principes. La
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké INTRODUCTION
Tous les travaux le soulignent, la moyenne vallée du fleuve Sénégal est une région de
peuplement ancien et divers. Les traces d'occupation durant les périodes paléolithiques ont
été vérifiées. Les premiers habitants dont on peut déterminer l'origine le plus loin dans le
temps étaient Sereer. Il est fort probable qu'ils vivaient avec des populations appartenant au
groupe de langue mandé. A partir du premier millénaire de notre ère, les migrations peul furent
massives et apportèrent à la région la prédominance de leur civilisation. C'est ainsi que se
constitua l'identité haal-pulaar, très proche de la structure de la société peul mais aussi
spécifique. Les populations autochtones, Sereer, Mandé, Berbères et Wolof furent intégrées
dans l'identité haal-pulaar ou repoussées. La majeure partie des Sereer fuirent vers le sud du
Sénégal, à peu près dans la région qu'ils occupent actuellement. Les autres furent intégrées au
groupe statutaire, c'est à dire un groupe social le plus souvent endogamique qui transmet
statut et fonction à ses membres, des Seßße (singulier Ceddo) qui appartient à la catégorie des
hommes libres.
On retrouve dans le groupe des Seßße des patronymes typiquement sereer, wolof ou soninké
mais aussi peul pour ceux qui refusaient d'abandonner la religion animiste. Parfois, des familles
d'origine non-peul accédèrent à d'autres groupes statutaires, notamment celui des Toorooße
ou lettrés musulmans. La condition servile auquel correspond le groupe des Rimayße, a aussi
permis l'intégration forcée de personnes qui parfois venaient d'autres contrées. Le Fuuta Tooro
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké INTRODUCTION
Ceratins Seßße ont gardé intacte leur identité. Des villages entiers, des quartiers ou des familles
ont préservé plus ou moins leur propre structuration. Ainsi, au regard des Haal-pulaar'en, les
Soninké du village sont appelés dans leur ensemble Seßße Aalamße ou Sarakulleße1. Mais
entre-eux ils se distinguent par leur propres groupes statutaires. On peut donc observer des
situations théoriques paradoxales telles qu'un captif soninké soit considéré en haut de l'échelle
sociale par rapport à un artisan haal-pulaar.
La communauté se définit, selon le Larousse, par l'état de ce qui est commun. Le langage
courant apporte une nuance importante. Une communauté signifie aussi une population en
situation minoritaire et vivant dans l'immigration. Ici, la langue, les groupes statutaires, les
coutumes (circoncision, classes d'âges, mariage), les vêtements, la musique, l'architecture, les
institutions sociales, matrimoniales, et politiques participent à l'élaboration d'un sentiment
d'appartenance collective à la communauté soninké.
La société quant à elle, est un groupement d'hommes obéissant à des lois communes. La
société fuutanke (habitant du Fuuta Tooro en pulaar, pluriel fuutankoobe) se présente depuis
le VIIème siècle2 comme une société sahélienne dominée par l'identité peul. Nombre
d'établissements de populations peul en Afrique de l'Ouest et Centrale proviennent du Fuuta
Tooro. Mais depuis au moins le XIème siècle, cette société, dans un sens plus global, appartient
au dâr al-islâm, ou Maison de l'islam3. Cette vision est celle des auteurs arabes qui évoquaient
la participation des souverains du Fuuta Tooro au mouvement Almoravide et qui, avec leur
sujets, avaient embrassé l'islam4. Pour B. Etienne, "'L'islam est tout à la fois [...] religion, monde
1Voirl'entretien avec Ouleye Bocar Ndianor, le 16.08.95 à Boki-Diawé, p. 215. Seßße Aalamße désigne les personnes originaires
du Galam qui est le nom pulaar du Gajaaga. Quant à Sarakulleße il désigne en wolof et en pulaar l'ethnie soninké.
2UNESCO, 1990, p. 98.
3ETIENNE, B., 1987, p. 194.
4EDRISI, 1968, p. 324.
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké INTRODUCTION
La langue pulaar comme la langue soninké ont la spécificité d'être parlées au Sahel le long
d'une zone qui s'étend du Fuuta Tooro au bassin du Niger et même au-delà pour le pulaar. A
plus large échelle, elles appartiennent à une civilisation dans le sens que lui donne Fernand
Braudel notamment à travers la Grammaire des Civilisations. Une civilisation se compose de
collectivités, de destins communs. Des Arabo-berbères, qui en forment la partie transitoire,
aux Hausa, le Sahel forme une vaste civilisation. Elle possède des valeurs, des pratiques, des
relations économiques communes, un corpus d'équivalence des patronymes et des formations
étatiques qui en ont tenté l'unification. Au delà de ces critères, les mythes eux-mêmes
semblent se recouvrir. Un serpent auquel il doit être fait des sacrifices humains se retrouve
dans la mythologie soninké sous la forme de Biida et dans la mythologie peul sous la forme du
Tyamaba. Le lien entre le baobab et le fer se retrouve tant à Boki-Diawé que dans des mythes
Sereer.
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké INTRODUCTION
Le ciment d'une communauté réside alors dans ses attaches identitaires. L'élément le plus
déterminant est le lignage, qui se crée à partir d'une généalogie remontant à un ancêtre
commun. Ainsi, les traditions orales recueillies privilégient les liens de parenté comme
référence au passé. Le récit oral centré sur la collectivité familiale se constitue principalement
autour des différents sites d'habitations et des ancêtres. Dans les sources orales soninké pour
désigner une famille ont utilise tour à tour plusieurs termes. Celui de xabila, qui vient de
l'arabe, prend plusieurs sens. Il signifie le groupe formé par la même filiation patrilinéaire
qu'indifféremment ethnique ou statutaire. Sunpu est plus précis et indique le lien entre les
descendants d'un lignage. Tandis que kunda, veut dire en soninké le quartier d'habitation1 mais
il s'applique aussi pour nommer les membres d'un lignage. On parle par exemple de "Tirera
kundanko" pour désigner les porteurs du patronyme Tirera.
D'une manière plus globale être soninké c'est appartenir à un clan (xille) institué par Dia, le
héros fondateur de l'empire du Wagadu. La légende du Wagadu fait l'objet d'un savoir codifié
et enseigné par le groupe statutaire des gesere appelés plus communément griots. Les clans
correspondent aux descendants des fils de Dia, aux descendants de ses compagnons et aux
descendants des peuples qu'il a trouvé sur place (Koussa et Kakolo). Tous les clans portent un
patronyme, en soninké janmu particulier. Au départ, les Kamara étaient des Kakolo, les Fadiga
ou Dramé, Koïta, Mangassouba, Konaté, Traoré, Tirera, Sylla faisaient partie des 38 clans issus
des guerriers recrutés pendant les campagnes de Dia2. Ces patronymes sont portés par les
familles soninké de Boki-Diawé.
Le domaine d'étude fixé, un village et ses environs, impose des sources qui puissent rendre
compte d'éléments de petite échelle. En ce qui concerne les sources écrites, en dehors de
documents qui ont été communiqués sur place, elles n'ont trait à l'histoire du village
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké INTRODUCTION
qu'indirectement ou par des brèves mentions. Pour les sources orales, il en va différemment.
L'enquête menée durant l'été 1995 a tenté de capter et de retranscrire l'expression la plus large
possible des habitants de Boki-Diawé. Bien que de nombreux informateurs appartiennent aux
catégories nobles, des descendants de captifs ont été interrogés ainsi que des personnes
appartenant aux groupes statutaires des artisans. La population du village s'est mobilisée
d'elle-même dans cette recherche et des étudiants ont servi d'interprète, voire même ont
dirigé les entretiens. Qu'ils en soient remerciés. Ce mémoire est le fruit d'un travail collectif.
La transmission de la mémoire du passé appartient aux personnes qui en sont les dépositaires
et qui doivent s'y référer. C'est ainsi qu'à partir de contacts personnels, il m'a été présenté des
personnes susceptibles de répondre à mes interrogations sur l'histoire du village. Mon choix
s'est porté sur un ensemble d'individus représentatifs des groupes existants à Boki-Diawé.
L'enquête s'est bornée à ce que J. Vansina nomme la "profondeur structurelle de la société" 1,
c’est à dire aux différentes strates de la population (communautaires, statutaires et familiales)
et au passé tel qu'il est perçu (généalogies, grands personnages, actes de bravoure ou exploits
et migrations).
Le village rentre dans des réseaux de parenté ou d'économie avec d'autres villages. C'est la
raison pour laquelle son histoire s'alimente de nombreuses sources. Pourtant, elle suit une
trame historique plus générale. L'intérêt d'une telle étude est bien de comprendre à partir
d’une plus petite échelle des processus plus vastes.
Les documents écrits utilisés se répartissent entres des archives et des manuscrits pour la
plupart rédigés en arabe. Les archives consultées proviennent du fonds de l'A.O.F. (Afrique
Occidentale Française). Outre les rapports militaires pendant les campagnes dans le Fuuta
Tooro dont le point final se situe en 1891 et les rapports administratifs périodiques du cercle
de Matam qui suivirent, les documents administratifs annexes ont été consultés.
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké INTRODUCTION
En outre, trois textes m’ont été présentés. Une généalogie de quatre pages en caractères
arabes, plus une copie d'un texte en français dactylographié et enfin des remarques sur
l'histoire du village et appelée Tariq de Boki-Diawé (la "voie" en arabe et par extension un récit
de voyage, ou tout récit historique). Les deux premiers textes ont été rédigés dans la deuxième
moitié du XXème siècle. Même si aucune date n'y figure leurs auteurs étaient les pères de ceux
qui me les ont remis. Ils ont été rédigés par deux lettrés musulmans, l'un réputé pour son savoir
mystique, M. Ndianor, et ayant appartenu aux plus hauts degrés de la confrérie Tijania, l'autre
réputé par son savoir livresque. La bibliothèque de son fils, M. Tirera, très fournie permet de
l’attester. Il faut voir dans ces documents, la volonté des auteurs de fixer leur généalogie ou
certains événements qui leur ont paru déterminants. On peut supposer l'existence d'autres
textes.
Les questions lors des enquêtes s’appuyaient principalement sur l’étude préalable des
manuscrits de S. A. Soh ainsi que de la thèse d'O. Ba, qui abonde en renseignements mais qui
oublie de citer systématiquement chaque tradition rapportée. O. Ba ne fait que donner la liste
en fin d'ouvrage de ses informateurs. Ceux de Boki-Diawé étaient malheureusement décédés,
mais j'ai sollicité leurs descendants.
Les textes présentés et le milieu islamique donnent une grande importance à l'écrit, mais
l'histoire reste du domaine de la parole.
Ainsi, ces remarques faites par mes interlocuteurs avant qu'ils ne répondent aux questions :
"Ceux qui connaissent l'histoire sont les gens du livre. Les personnes âgées ont quand même
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké INTRODUCTION
entendu des choses et peuvent transmettre ce qu'elles ont entendu" 1ou bien "chez nous rien
n’a été écrit auparavant et on se contentera seulement de la tradition, des dires qui ont été
hérités par nos grands-parents"2. Les entretiens ont été enregistrés quand cela a été autorisé
par les informateurs et copiés sur leur demande. Ils figurent tous en annexe. Les spécialistes
de la tradition orale dans la société soninké aujourd'hui célèbrent le passé des familles sur
bandes audio et vidéo. Ces cassettes ensuite font le tour de la diaspora soninké à travers
l'Afrique et l'Europe.
La première est que pour maintenir leurs fonctions ils doivent aller chercher des patrons
ailleurs, dans tout le Fuuta Tooro. Qui plus est, les récits du passé semblent être partagés par
de nombreuses personnes même si les griots rappelent les généalogies et citent les membres
actuels des familles répartis au quatre coins du globe. Ils ont aussi le rôle de véhiculer les
nouvelles et de rappeler les règles circonscrites dans la tradition.
La deuxième raison vient de la situation minoritaire des Soninké à Boki-Diawé. Elle les a obligé
à maintenir des relations avec d'autres villages où se trouvent des Soninké. En effet, ils ont
toujours refusé de perdre leur langue et leur culture au profit du "creuset" haal-pulaar qui avait
déjà assimilé des Soninké et d'autres populations auparavant. Les familles nobles ont gardé
leurs attaches avec les autres membres de leur clan. Les griots n'ont donc pas jugé utile de
s'installer définitivement à Boki-Diawé. Ils sont parfois restés dans les villages d'origine. Boki-
Diawé n'était qu'une étape d'une migration. D'autres migrations ont eu lieu à partir du début
du siècle, dans des pays plus lointains, le Congo ou la France par exemple.
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké INTRODUCTION
Par contre en milieu haal-pulaar, j'ai pu rencontrer un gewel1, Bely Sock, qui m'a aidé dans mes
recherches. Son père avait d'ailleurs été un informateur d'O. Ba. Ce dernier affirme dans
l'introduction de sa thèse que "contrairement à l'opinion des chercheurs portés à la
systématisation hâtive, les griots au Foûta, sans être négligeables, sont d'une utilité secondaire,
tant pour la transmission des généalogies que pour la chronologie des dynasties ou de leurs
leaders"2. Cette relégation des griots est en partie dûe à la pratique dans la classe de lettrés
Toorooße de la rédaction d'ouvrages historiques dès le début du siècle (Siré Abbas Soh et
Cheick Moussa Kamara) et de leur rejet en tant que laudateurs rémunérés. Cette réaction se
manifeste clairement dans l'article de Y. Wane sur les "Toucouleurs du Fouta Tooro" paru en
1969 dans Initiations et Etudes Africaines n°XXV, Université de Dakar, IFAN.
Les sources orales ont été recueillies en deux campagnes. Une première par curiosité avec trois
entretiens en 1993 et une deuxième dans le cadre de la maîtrise en 1995. Mais cela ne suffit
pas. Des entretiens supplémentaires auraient été nécessaires.
L'entretien commençait généralement par une question sur le patronyme et sur les origines de
ceux qui le portent, se poursuivait sur les éléments donnés et finissait sur les points obscurs
qui m'étaient apparus lors de la recherche bibliographique. La discussion pouvait tourner court
faute de perspectives ou parce que les réponses étaient trop laconiques.
Dans certains cas elle a pu donner lieu a une rémunération exigée (cas de Balla Woppa Konaté,
Mamy et Samba Ndianor et Dougo Alakha Diaw). La perspective de devoir délivrer les secrets
du passé l'emportait plus sur la vénalité, d'ailleurs très réduite (1500 CFA étaient en général
exigés soit 15 francs français). La rémunération donne une valeur marchande à ce qu'ils
m'avaient dit parce que le savoir est considéré comme tel. Qui plus est, ils me délivraient les
1PlurielAwluße, avec les mabube et les wambabe ils constituent les "trois catégories d’historiens oraux héréditaires du Fuuta",
voir Robinson, D., Curtin, C., Johnson, J., 1972, p. 555.
2BA, O., 1972, p. 1.
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké INTRODUCTION
sources de leur pouvoir et de leur prérogatives. Ces aspects ne ressortaient qu'à l'occasion du
réglement de conflits et étaient considérés donc comme des outils.
C'est pourquoi je n'ai eu que très peu de récits spontanés ou délivrés directement. Les
questions étaient fermées et dans beaucoup de cas les réponses tournaient autour de
réflexions telles que "je ne connais pas" ou "ce n'était pas comme cela" et fournissaient peu de
renseignements. La période étudiée était bien trop vaste pour pouvoir tout appréhender.
A la fin de mon séjour, il a fallu compléter la carte au 1500ème du village établie par la Société
Nationale d'Electicité (SENELEC), remise à Matam, chef lieu du département. Ce fût l'occasion
unique d'aborder dans leur totalité les principales familles qui composent le village. Des prises
de vue et des schémas ont aussi été réalisés sur place.
En somme, beaucoup de précisions ont été obtenues dans la connaissance du passé de chaque
groupe par le biais des enquêtes individuelles. Cependant beaucoup d'éléments jugés trop
"sulfureux" par mes interlocuteurs ont été éludés et m'ont causé de nombreux déboires. Ainsi
au nom des anciens liens maîtres/captifs, des informateurs potentiels ont refusé de me
répondre tandis que d’autres m’ont subtilisé des cassettes audio une fois rentré à Paris. Le
savoir villageois est encore la source de la définition de la place de chacun dans le village, même
si de nombreuses personnes reconnaissent par exemple la fin des rapports inégaux entre
groupes statutaires.
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké PREMIER CHAPITRE
La tendance des auteurs de ces dernières années est de qualifier la région de "melting-pot". En
effet, comme vallée fertile elle a attiré de nombreuses populations. La langue pulaar et la société
Haal-pulaar qui en forment le creuset n'ont pas été tout de suite prédominantes au Fuuta Tooro.
F. Medeiros signale à ce sujet que "la présence peul dans l'Ouest africain est surtout manifeste
dans le Fouta Toro au XIème siècle"1. Le peuplement du Fuuta Tooro est diversifié. Il est composé
de populations sereer, wolof, mandé, berbères et peul. La région est par ailleurs le point de départ
des migrations Peul du deuxième millénaire vers l'Est de l'Afrique2.
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké PREMIER CHAPITRE
La vallée correspond à un ensemble politique très ancien. Selon F. Medeiros "les bases d'un Etat
organisé comme celui du Ghana [qui se lit Nganata dans les textes arabes] décrit par les sources
arabes remontent à l'époque du premier millénaire avant l'ère chrétienne"3. La région est appelée
Tekrur chez les auteurs arabes, comme Al Bakri et Edrisi, respectivement aux XIème et XIIème siècles,
et par les Maures, à la fois voisins de la rive nord et cohabitants dans certaines localités. La
puissance de cet Etat et le contact fréquent avec les commerçants arabo-berbères ont marqué
d'une empreinte forte les mentalités dans le monde arabe. Si bien que plus tardivement il y a eu
une confusion avec des ensembles politique africains plus vastes. Ibn Fadl Allah Al-'Omari fait ainsi
remarquer dans son ouvrage rédigé dans la seconde moitié du XIV ème siècle que l'empereur du
Mali Kanko Moussa qui avait effectué un pèlerinage à La Mecque "est celui que les gens de Misr
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké PREMIER CHAPITRE
[d'Egypte]connaissent sous le nom de roi du Tekrur ; mais quand il s'entend appeler ainsi, il en est
froissé, car le Tekrur n'est que l'une des régions des peuples de son empire."1. Les habitants de la
vallée du fleuve sont appelés Tekruri, qui a ensuite été transformé en "Toucouleur" par les
Français.
Toutes ces désignations sont en fait des dérivations du nom de la ville de Tekrur. Cette ville était
associée avec celle de Silla. Edrisi écrit que "la ville de Silla est située sur la rive septentrionale du
Nil [qu'il faut comprendre comme le fleuve Sénégal] . [...] Elle fait partie des états du sultan de
Tacrour [...] le lieu de sa résidence et sa capitale est la ville de Tacrour, située au midi du Nil, à
deux journées de marche de Silla soit par terre, soit par le fleuve. Cette ville de Tacrour est plus
grande et plus commerçante que la ville de Silla"2. Elles n'ont pu être situées précisément jusqu'à
aujourd'hui. L'emplacement de Silla correspond peut-être à celui du village actuel de Silla à
l'amont de Kaëdi où, selon D. Robert-Chalaix et M. Sognane, vestiges de "métallurgie et habitats
anciens ne sont presque jamais dissociés"3. D. Sylla dans le plain-chant de Yéréré indique qu'un
général de Dia conquit la ville de Silla sans pour autant la situer4.
Au XIème siècle les villes de Tekrur et Silla sont considérées comme des centres commerciaux
importants. Elles exportaient des produits manufacturés et notamment des pièces issues de la
métallurgie locale. El-Bekri vers 1067-1068 mentionne que les "habitants de Tekrour professent
l'islamisme" et que leur souverain apporta son soutien aux Almoravides lors de la bataille de
Tabfarilla vers 10565. Le Tekrur est l'une des premières régions islamisées d'Afrique de l'Ouest.
Les traditions orales et les écrits autochtones quant à eux nomment cet Etat le Fuuta Tooro.
Amadou Hampaté Ba cité par Oumar Kane6, recense plusieurs Fuuta, terme pulaar qui sert à
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké PREMIER CHAPITRE
désigner un espace occupé par les Peul : "Le Fuuta Kiingi et les premiers peuplements peul qui
comprennent le Fuuta Tooro et le Fuuta du Sahel (Hodh, Awker, Termess, Tagant, Baxunu et
Nioro du Sahel)1". On peut aussi rajouter le Fuuta Jalon situé dans l'actuelle Guinée, fondé au
début du XVIème siècle dans le même mouvement de conquête que celui qui amena au Fuuta
Tooro la dynastie des Deeniyankooße. Plus généralement, les Peul sont disséminés dans tout
l'Ouest Africain.
Les territoires associés pour former le Fuuta Tooro correspondent à "l’Hayre Ngaal (Assaba et
Sud du Tagant), Aleg, le Jeeri Fuuta (Est de l’Assaba), le Nord du Ferlo, la Vallée du Fleuve
Sénégal, délimitée à l’Ouest par le lac R’Kiz (Kajar) et le marigot de Sacam (Khook) et le lac de
Guiers"2. Sous la dynastie des Jaa Oogo, il est fort probable que d'autres régions plus au sud
étaient comprises dans un ensemble dont la vallée du fleuve formait le centre. Ce point est
abordé en seconde partie. Le Fuuta Tooro sous la dynastie des Deeniyankooße a dominé la
région du Waalo à l'extrême ouest.
Jusqu'à la première moitié du XIXème siècle les cartes françaises, entre autres celles du Capitaine
Boüet-Willaumez (1843) et d'Anne Raffenel (1849), ne font figurer que trois provinces ou cantons,
selon la terminologie que les auteurs emploient, dans le Fuuta : le Fuuta Tooro, le Fuuta Central
et le Fuuta Damga. Néanmoins, les sources locales distinguent d'autres découpages. Les unités
territoriales du Fuuta Tooro existent d’une manière précise depuis le XIII ème siècle après
l'éclatement de la dynastie des Jaa Oogo. Le remembrement des terres (connu sous le nom de
feccere Fuuta) opéré par l’Almaami Abdul Kader, à la fin du XVIIIème siècle lors de la jihad, a précisé
les limites de ces unités et leur a attribué à chacune un rôle politique lié à l'Almamiat. Il s'agit
d'aval en amont, du Dimat, du Tooro, du Laaw, des Halaybe, Yirlaabe, Hebbiyaabe (ces trois
dernières font référence à des noms de clans), du Booseya, du Ngenaar et du Damga 3. Ces
provinces se trouvaient entre les royaumes du Waalo et du Gajaaga, à l'ouest et à l'est. Au sud, se
trouvaient le Ferlo, très influencé par le Fuuta, et le Bundu, formé en 1680-90 par Malik Sy,
originaire du Fuuta Tooro. Les provinces comprenaient généralement les terres situées à une
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké PREMIER CHAPITRE
distance au maximum de 30 km de part et d'autre des rives du fleuve Sénégal et de ses affluents
principaux (Doué, Diamel et Gorgol). Le Fuuta Tooro en tant qu'Etat n'a pas toujours rassemblé
toutes les unités territoriales dans leur intégrité. Les villages haal-pulaar'en sur la rive nord, dans
la Mauritanie actuelle, firent l'objet de contestations à diverses reprises de la part des émirats
maures. Les expulsions massives de Haalpulaar'en en 1989 le rappellent. Par ailleurs, la dizaine de
villages soninké du Hayire qui sont rattachés au Damga, selon A. Kane, se sentent plus proches du
Gajaaga que des centres politiques du Fuuta1. Dans l'autre sens, à diverses périodes des
fuutankoobe partirent s'établir dans les régions voisines comme Malik Sy au Bundu.
Selon O. Kane, "Boki-Diawé se trouve dans la basse plaine d’inondation qui s’étend à perte de vue
sur 50 km"2. Ce grand marais, en pulaar ngenaar, a donné son nom à la province qui débute à
l'Ouest dans les terres par Boki-Diawé et se termine à l'est par Diandiouli. L'étendue des terres
fertilisables a rendu cette province très attractive et par conséquent source d'enjeux fonciers.
Jusqu’à la fin du XVIIIème siècle, le Ngenaar était associé au Damga et au Bosseya pour former le
Worgo, qu'O. Ba qualifie de "Fuuta d'autrefois"3. Worgo signifie la rive sud du fleuve en pulaar. La
rive nord quant à elle est appelée rewanke4. Les descendants des premiers habitants du Fuuta
Tooro ont ainsi été intégrés dans la catégorie générique des Seßße Worgankoobe5.
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké PREMIER CHAPITRE
A. Diop dans son mémoire de fin d'étude en sciences sociales sur la pratique de la teinture des
femmes soninké à Boki-Diawé, classe le village parmi "l’un des sept villages les plus anciens de la
Vallée du Fleuve"1 reprenant un discours mythique mais sûrement répandu dans le Fuuta. On peut
supposer, même si aucune fouille n’y a été effectuée, que l’occupation humaine comme dans
toute la vallée du fleuve date au moins de l'âge de pierre. Pour preuve, M. Mangassouba, étudiant
en vacances chez ses parents, m’a présenté, en juillet 1995, sans pouvoir me dire l'endroit exact,
une photo d’un silex. Elle avait été prise par une institutrice qui l’avait trouvé dans la forêt du
waalo.
Boki-Diawé appartient à l’ensemble des villages du Fuuta Tooro situé à cheval entre les terres
inondables par le fleuve Sénégal appelées waalo, et les terres du jeeri, cultivées pendant la saison
des pluies2. Ce lieu de transition est appelé en pulaar jeejegol. Les cités du jeejegol ont toujours
eu une position déterminante marquée par "une forte concentration urbaine"3. Le système de
double culture (sous pluie et après les crues) ainsi que l’axe de circulation parallèle au fleuve
qu’offre la barrière des plateaux du jeeri, les a privilégié par rapport à ceux situés sur les berges,
plus clairsemés à cause de l’érosion fluviale et très enclavés lors de la saison des pluies. Pour H.
Bocoum, durant la période paléolithique, la position de Boki-Diawé sur le jejeegol en fit un "site
spécialisé dans des activités diversifiées" par rapport à ceux en bourrelet de berge en partie
spécialisés dans "l’exploitation des ressources du fleuve"4.
La configuration du village s'est constituée autour de la présence de l'eau. Avant les sécheresses
de ces vingt dernières années, rapporte A. Diop5, l'eau de la crue parvenait même jusqu'à
certaines maisons, obligeant les habitants à se déplacer au sein du village en pirogue et à surélever
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké PREMIER CHAPITRE
les bâtisses les plus proches du waalo. Alimentés par l'écoulement des marigots et des crues, les
deux étangs situés au nord du village, le Biibe, qui est aussi le nom de la rivière qui l'alimente, et
le Budel Gaodel ("les nénuphars sous l'arbre à indigo" en pulaar), font d'ailleurs office de limite
naturelle à l'expansion des bâtiments. Ils délimitent aussi les quartiers, comme il semble que cela
se pratique couramment au Sahel1. L'habitat s'est développé en conséquence sur des buttes afin
d'être épargné par les hautes eaux. Ces zones surélevées existent aussi dans le delta du fleuve
Niger et prennent le nom pulaar de togge. Les fouilles, notamment celle des McIntosh en 1981,
ont révélé sur les togge de la ville de Djénné au Mali une présence humaine depuis le 3ème siècle
avant J.C2.
Dans les entretiens, les sources écrites et à travers les observations de clichés photographiques,
il apparaît que plusieurs lieux ont été occupés. Les traditions orales des descendants des premiers
habitants retiennent des sites proches de l'emplacement actuel. Mamy Ndianor explique qu’à
"l’est de Mboloyel se trouvait l’ancien site sur la colline où nous habitions"3. Cet endroit
correspond peut-être à celui que cite S. A. Soh dans Les chroniques du Fouta sénégalais. Il écrit
que Jaa Oogo premier prince du Fuuta Tooro "habita également en un lieu situé à l’est de Bokki-
Dyove, sur une colline rocheuse, en un endroit qui portait auparavant le nom de Daruu."4. Au sujet
de ce nom, à ce jour aucune hypothèse n’est satisfaisante. Le village de Daruu n’existe pas sur les
cartes. Mes interlocuteurs ignoraient ce village ou le situaient sur les rives du fleuve. D’autres
évoquaient Daru Salam, nom donné à de nombreux villages et qui signifie "le village de la paix".
Le dictionnaire de Fufulde, variante du pulaar, de D. Noye indique que daru signifie l’estime ou un
objet de valeur, tandis que daaro, une grande cuvette ou une bassine. Siré Abbas Soh a peut-être
dans ce cas donné une appellation qui qualifie la toponymie de l'endroit.
1Au cours d'un séjour à Kita au Mali en pleine journée de pluie, je vis s'écouler l'eau dans des goulots qui formaient en temps
sec de minuscules dépressions. Je demandais si elles délimitaient les quartiers et l'on me répondit par l'affirmative.
2 Les vallées du Niger
3Entretien avec Mamy Ndianor, le 05.08.95 à Boki-Diawé, p. 203.
4SOH, S. A., 1913, p. 17.
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké PREMIER CHAPITRE
Les Ndianor revendiquent avoir été les premiers à occuper le site et avoir vécu seuls durant une
période assez longue. Amady Ndiaye déclare qu'il "garde en mémoire que les premiers à venir
s’installer dans le village sont les Jamannaaße [nom de clan des Ndianor]qui y ont vécu 333 ans.
En ce moment d’ici à Bakel on ne pouvait trouver aucune âme qui vivait [...] Quand ils sont arrivés
personne n’était là"1. Tandis que pour Ouleye Bokar Ndianor : "ceux qui ont habité ici c’étaient
seulement les Jamannaaße. Pendant 103 ans". Pour Mamy Ndianor : "Ils ont habité là pendant
300 ans sans qu’il n’y ait d’autres personnes". Ces affirmations qu'il ne faut pas prendre à la lettre,
ne serait-ce que par l'attestation d'une présence Sereer antérieure, ne révèlent que la situation
d’hégémonie politique des Ndianor qui est en fait celle des Jaa Oogo.
Ouleye Bokar Ndianor rappelle que "le premier emplacement qu'ils ont occupé se situait entre le
quartier Sinccane des Seßße Aalamße et Tejawejud"2 à l’extrême Est du village. Des vestiges
d'occupation y sont encore visibles (tessons de canaris, enceintes en banco)3. A l’époque où ils
étaient "seuls", comme le souligne A. Ndiaye, "il n’y avait pas d’habitations en dur. Ils vivaient en
pleine forêt. C’étaient des sauvages." Pour Mamy Ndianor "beaucoup d’entre-[eux] habitaient dans
des trous. Ils les avaient creusés dans la terre."
Ouleye Bokar Ndianor explique qu’à "cette époque les Ndianor firent des trous dans le sol. Ils les
recouvraient parce que les éléphants n’aiment pas le feu. Quand la nuit venait, les hommes allaient
à l’intérieur. Le jour ils en sortaient et allaient habiter dans leurs cases." Parmi les personnes
consultées, celles d’origine soninké ont décrit les Ndianor comme vivants dans des grottes. Il en est
ainsi des récits de Bathily Fadiga, Binta Wagué et Aminata Fadé.
L’épisode des habitations dans des trous ou des grottes est relaté dans d’autres traditions qui ne
concernent pas les mêmes époques. Souvent, la population étrangère qui sort les troglodites partage
soit le fruit de leur pêche, comme à Boki-Diawé, ou de leur chasse. La raison invoquée est que les
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké PREMIER CHAPITRE
autochtones se disputaient à propos de leur prises. Tout au long de la recherche, ont été relevés des
récits, élaborés selon le même schéma, de populations qui dans les traditions orales vécurent dans
des grottes ou cavernes. En voici une liste non exhaustive :
- A Boki-Diawé, les Ndianor ont été sortis des trous par les Neeganaaße, en l'occurence leur ancêtre
Makam Kan, et convertis par eux à l’Islam.
- Les Asnan Ramu (les Asna des trous) de l'Ader décrits par N. Echard.
- Les Fadduße du Bundu qui ont été convertis par Malick Sy au XVIIème siècle et décrits par M. A.
Gomez 1et S. O. N'Diaye. Ce dernier écrit qu'a cette époque "leurs habitations étaient des trous
dans le sol et qu'ils possédaient des queues". Malik Sy leur coupa les queues. Ce qui est commenté
dans les notes comme le symbole de l'acceptation de l'Islam, qui passe par la circoncision, le port
d'habits et l'habitat dans des maisons2.
O. Ba décrit plusieurs populations troglodites au Fuuta Tooro :
- Les Ndaw-ndawße qui ont reconnu l’autorité des Ndiaye à Oréfondé 3,
- Les Ly à Tyila,
- Les Issiyan à Ndioum découverts par Samba Ngouren Sy du Jolof4,
- "à Rourourdé les Souskanâbé logeaient dans des cavernes ou des terriers"5,
- les Ndiaye à Ndyayen habitaient sur une colline dans des cavernes et vivaient de la chasse et de
la pêche. Les Dyassarnabe (Peul éleveurs) leur font construire des cases6.
- "A Guiray, Satigui Ngadiak avait découvert les Tiounbe qui gitaient dans des cavernes."7
A l'occasion, on me rapporta qu'à Diaguili dans le Gidimaxa, les Diabira furent "sortis" des cavernes
par les Gandega qui partagèrent les fruits de leur chasse et devinrent chefs du village.
Selon N. Echard ces traditions concernent des populations qui "seraient autochtones [et dont]
la sortie et leur installation hors de la caverne [...] seraient dues à une rencontre avec des gens
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké PREMIER CHAPITRE
vivant à l'extérieur et dont la spécialisation techno-économique n'était pas la même que la leur"1.
A Boki-Diawé, cet épisode sert à relater l'islamisation et la soumission à un nouveau pouvoir. Il est
important de noter que par la suite toutes les populations autochtones ont passé des pactes avec
les nouveaux arrivants. Ces pactes, en pulaar et soninké jou, donnent le pouvoir temporel aux
nouveaux arrivants et sa confirmation ainsi que la maîtrise de la terre aux autochtones.
Le cimetière dit de Boki, au sud-est du village, est aussi un endroit de référence2. Il est à l’origine
du nom du village. Amady Ndiaye ainsi que d’autres sources orales et notamment celles collectées
par les Archives Sonores de Dakar mentionnées par A. Ba3, racontent "qu’on l’a appelé le cimetière
du baobab [boki] parce qu’il y avait un baobab là bas. [...] Ils venaient, se mettaient en dessous du
baobab, pilaient, enlevaient leurs bracelets et les mettaient sur le baobab. [...] Ainsi on a appelé
le village le baobab aux bracelets". Jawe est aussi bien le pluriel de jawo qui signifie un bracelet
que de jawure qui signifie une gazelle, selon S. Baldé, chargé de cours à l'INALCO. Cependant, la
première signification est celle qui prévaut.
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké PREMIER CHAPITRE
baobab avec le premier forgeron1. D. Jonkers fait remarquer que la consommation des feuilles et
du fruit du baobab sont un interdit sévère pour toutes les familles de forgerons2. Il y a donc une
relation entre la métallurgie et le baobab ou "boki" en pulaar.
Enfin, Mamadou Samba Ndianor relate qu'après avoir été convertis par les Neeganaaße, les
"Ndianor ensuite habitèrent le terrain de Tiwel"3 où ils se trouvent actuellement. A l’écart des
habitations, près du cimetière de Diamel (du nom du marigot qui passe au nord du village), il
m’emmena voir des restes de bas fourneaux, réduits à l’état de ruines, qui affleuraient le sol. Ils
rappellent l'activité métallurgique des Ndianor.
Le mythe du baobab aux bracelets a été utilisé par A. R. Ba qui a publié une étude sur le Takrur4
pour indiquer que, dans la toponymie du Fuuta, on mentionne des éléments ayant un rapport
avec la métallurgie. O. Kyburz remarque que "la tradition locale met la métallurgie en relation avec
les Jaa Oogo"5 Ils constituent la première dynastie connue de l’ère chrétienne ayant gouverné le
Fuuta Tooro. B. Chavanne, propose comme dates de règne 800 ap. J.C. et 10006. Siré Abbas Soh
au début du XXème siècle7, mentionne que les Jaa Oogo ont introduit la métallurgie du fer et la
culture du gros mil. Ce dernier point est contestable car la domestication du mil dans la région
date du cinquième millénaire avant notre ère. Il s'agit alors peut-être de l'apport de nouveau
instruments aratoires pour cette culture. J. Boulègue indique qu’ "Ogo est bien le terme encore
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké PREMIER CHAPITRE
utilisé dans le Fuuta pour désigner le fer obtenu dans les fourneaux. Quant au village de Ogo, il
est tout proche d’un site important d’activité métallurgique ancienne"1.
Les Jaa Oogo et la métallurgie sont associées dans toute l'aire géographique occupée par les Peul.
S. Baldé en 1935 et B. Appia en 1965 ont étudié des traditions concernant les forgerons du Fuuta
Jalon. Or elles indiquent qu'ils furent initiés par les Jaa Oogo. Ils sont venus, selon B. Appia, avec
Koli Tengella vers la fin du XVème siècle. S. Baldé nous apprend que "du Tekrour partirent les
disciples [des forgerons Jaa Oogo] qu'ils avaient formés pour se répandre dans le Sosso, le Kaarta
et le Mandé."2 Il ajoute que l'ancêtre du clan des forgerons du Fuuta Jalon, Nume Dimba Fayulu,
tenait son pouvoir "de ses maîtres Bégniga, Kobbol et Laccor, trois maîtres artisans Dya Ogo de
pur sang." Kobbol et Lakor sont des patronymes de même origine que Ndianor. On les retrouve
associés quand il est question des Jaa Oogo et des populations qui en descendent.
Les Ndianor de Boki-Diawé revendiquent leur lien avec les Jaa Oogo. Thierno Baye Ndianor dit à
ce propos : "Les premiers à venir dans le village sont les Jaa Oogo. Les Jamannaaße viennent
d’eux"3. Que peut-on donc tirer des témoignages sur les Jaa Oogo ?
La vallée du fleuve possède sur ses deux rives plus de 400 sites métallurgiques dont certains
contiennent plus de 3 000 bas fourneaux où se produisait la fonte du fer. Ces sites correspondent
à l'ère de la civilisation dite de Sinthiou-Bara qui comprend l'emplacement du village de Boki-
Diawé4. Les travaux des archéologues distinguent cette civilisation par une céramique
particulière5. Des restes de tessons et de disques servant à fabriquer des cordes ont souvent été
trouvés associés à des vestiges de métallurgie locale. Toute la moyenne vallée du fleuve, rives
1BOULEGUE, J., p. 31
2BALDE, S., 1935, p. 152.
3 Entretien avec Thierno Baye Ndianor en août 1993 à Boki-Diawé, p. 219.
4Sinthiou-Bara se trouve à quelques kilomètres au sud de Boki-Diawé sur la route du jeeri vers Ouroussogi. V. MARTIN et C.
BECKER en 1977 y ont "effectué 9 datations radiométriques sur des objets en laiton de teneur moyenne en zinc et sur des
alliages laiton-argent qui s’échelonnent entre 400 et 1050 de notre ère. Les céramiques étaient identiques à celles du site
d’Ogo. Leur datation ne dépasse pas le 11ème siècle" in Notes du Musée CRDS ex-IFAN, Saint-Louis, Sénégal.
5RAVISE, A. et THILMANS, G., 1978, p. 58.
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké PREMIER CHAPITRE
droite et gauche comprises, possède ces objets retrouvés en grand nombre à Kaskas, Matam, Ogo
et Bakel. Quant aux marques de l'activité métallurgique, elles sont rappelées dans les sources
orales et par des vestiges : bases de bas fourneaux et objets en métal (clochettes, harnais, outils)
dont la "production était destinée en bonne part à l’exportation dans les régions voisines"1, .selon
D. Robert-Chaleix et M. Sognare. Ils ont repéré un site de réduction du fer dans la localité de Silla,
qui correspond peut-être à celle d'El-Bekri. Les datations au carbone 14, qui sont sujettes à
caution, car l’humidité du fleuve modifie les résultats2, donnent comme limites chronologiques
les IVème et XIème siècles.
L’activité métallurgique pratiquée par les Ndianor correspond à une division de leur clan. Elle
apparaît dans les témoignages recueillis sous la forme d'un groupe de Jamannaaße baleeße et
d'un groupe de Jamannaaße wodeeße. En pulaar, baleeße signifie obscurs, foncés et Wodeeße
clairs. Ce type de distinction entre deux groupes est courant dans la société peul. Quand un lignage
ou un clan se divise en deux, chacune des parties prend ces qualificatifs. Les groupes statutaires
qui sont organisés autour d’une même tâche se distinguent aussi de cette manière. Par exemple,
parmi les Sakkeebe Haal-pulaar’en, apparentés aux tanneurs, considérés avec mépris et tenus à
une stricte endogamie, il existe les Sakkeebe wodeeße et les Sakkeebe baleeße. Ici le critère de
distinction est l’origine supposée des groupes3. Aux wodeeße on donne une origine peul et aux
baleeße une origine étrangère (Soninké du Gajaaga, Wolof ou Maure)4. Entre les baleeße et les
wodeeße il existe aussi un rapport inégalitaire, mais pas forcément en faveur des wodeeße.
D'après les entretiens, les Jamannaaße clairs, selon Ouleye Bokar Ndianor, versaient le minerais
dans la forge et étaient propriétaires du bétail. Mamadou Samba Ndianor ajoute qu’ils travaillaient
le fer. Par contre, pour lui les foncés ramassaient le fer. Selon Ouleye Bokar Ndianor, les foncés
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké PREMIER CHAPITRE
étaient les fabricants et propriétaires des bas fourneaux. On retrouve souvent chez les forgerons
d’Afrique de l’Ouest des distinctions d'ordre technique. A Boki-Diawé, la distinction se fait entre
d'une part les extracteurs et fabriquants des bas fourneaux (les foncés) et d'autre part les fondeurs
(les clairs). D'autres distinctions peuvent exister. Au Fuuta Jalon, selon S. Baldé, deux lignages de
forgerons sont issus de deux frères. L'un a été formé à la poterie, l'autre à la forge. Ce dernier
reconnaît le minerai et construit les fourneaux. Son savoir en la matière proviendrait des Jaa
Oogo1.
N. Echard nous donne une autre version. Dans l'Ader on pratique trois distinctions parmi les
forgerons. Ceux qui prennent la distinction de "clairs" sont des descendants de captifs des Targi,
ils ne savent pas accomplir la fonte du métal et ne sont habilités qu'à forger des bijoux et des
instruments autres qu'aratoires. Tandis que les autres, qui s'astreignent à des règles de stricte
endogamie, se divisent en deux groupes : un premier, formé des personnes issues d'un mariage
endogamique : ils sont les maîtres de la technique métallurgique qui comprend la fabrication des
instruments aratoires et des armes. Un deuxième groupe est formé des personnes issues d'un
mariage avec des non-forgerons : ils sont cantonnés au rôle de griots et à la magie2.
Les Ndianor noirs selon Amady Ndiaye étaient les maîtres du feu et descendants des Jaa Oogo.
Pour Mamy Ndianor : "Parmi les Jaa Oogo se trouvent les Jamannaaße baleeße. Ce sont eux les
ancêtres des Ndianor". La séparation en deux lignages s’exprime aussi dans l’espace du
village selon Amady Ndiaye : les Jaa Oogo habitent près de la mosquée, ce sont les maisons de
Kaliidu Sammba Ndianor. L’autre lignage correspond aux maisons de Mammadu Galo et Dana Jiibi,
que l’on ne peut pas situer sur la carte du village faute d'avoir pu retrouver leur nom sur la carte
initiale de la SENELEC.
D. Robert-Chaleix et M. Sognare avancent, dans leur article à propos des bas fourneaux de
la vallée du fleuve Sénégal, qu'ils furent délaissés probablement vers le XVIIème siècle à la suite de
32
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké PREMIER CHAPITRE
l'introduction du fer européen à partir de Saint-Louis1. A Boki-Diawé, il n’y a pas d’élément qui
puisse permettre de dater l’abandon de la fonte du fer. Mais elle a tellement imprégné les
mentalités qu'il en reste un souvenir profond de nos jours. Les opérations de fonte sont très bien
décrites dans les entretiens avec Ouleye Bokar Ndianor et Mamy Ndianor.
Le minerai était exploitable directement. Une carrière à l'ouest du village au lieu dit de
Douganabe, qui est aujourd’hui un quartier de Dabia Odedyi, est encore décelable2. C'est Samba
Ndianor qui me présenta des vestiges de bas fourneaux à l'est du village. Ils se trouvent sur une
colline non loin d'une zone inondable ce qui leur permet d'être hors de l'eau lors des crues, mais
aussi de pouvoir être proches d'une source d'eau car les étapes de la fonte nécessitaient un apport
continuel d'eau. D'autres vestiges doivent être présents mais ils sont certainement recouverts.
Les bas fourneaux étaient organisés pour une fonte unique et modelés au même moment qu'ils
étaient destinés à être mis à feu. Leur nombre est de dix et leur diamètre ne dépasse pas les
soixante centimètres (type le plus répandu). Outre le fait qu'ils sont disposés de manière linéaire
de façon à être surveillés le plus facilement possible, l'ordonnancement des bas fourneaux reflète
peut-être la distinction entre les différents lignages de forgerons comme le décrit N. Echard à
propos des forgerons de l'Ader3. Le travail durait un jour et une nuit. Il ne reste plus aujourd'hui
que des traces au sol des cheminées qui pouvaient atteindre plus de deux mètres. Les culots de
scories montrent des anneaux agglomérés contre les parois avec un vide au centre4. C'est un des
trois types de fourneaux que les archéologues ont rencontrés dans le Fuuta. Un bas fourneau
produisait 40 à 50 kg de fer.
33
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké PREMIER CHAPITRE
NORD
(marigot Bely Ouleye)
OUEST (village)
Le patronyme Ndianor est porté par plusieurs lignages, qui se répartissent à l’heure actuelle au
centre du village en cinq concessions dont trois sont attenantes. Considérés comme les
descendants des premiers habitants du village, les Ndianor revendiquent une histoire particulière.
O. Kyburz pense que "les anciens Jaa Oogo, hommes et femmes, ont intégré la catégorie des
Seßße. Ils sont par conséquent restés libres et n’interviennent aucunement dans l’émergence du
status de forgeron casté." Dans l'idéologie des hiérarchies sociales chez les Haal-pulaar'en les Seßße
sont des nobles (Rimße). Ils se répartissent en quatre grands groupes :
- les Seßße Worgankoße (de la rive gauche) qui constituent les premiers habitants non-peul.
- les Seßße Jeeri, sont des Wolof fortement poularisés. On en trouve dans les localités de Sedo
Seßße et Tiehel Seßße dans le Ngenaar1.
- les Seßße Aalamße. Sous cette dénomination sont regroupés tous les Soninké du Fuuta
Tooro quelque soit leur propre statut.
- les Seßße Koliaße, qui furent la garde rapprochée des souverains Deeniyankooße.
Le terme Seßße, pour O. Kyburz, "sert autant à désigner l'étranger que celui qui appartient à
la catégorie sociale des guerriers"2. En dehors du Fuuta Tooro, le terme désigna des mercenaires
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké PREMIER CHAPITRE
souvent d'origine soninké qui furent un temps les véritables décideurs des royaumes wolof 1. En
définitive, la catégorie des Seßße est extrêmement large et fluctuante. Elle est par ailleurs moins
assujettie aux contraintes de mariages endogamiques. De nombreux Seßße ont pu passer au statut
de Toroobe et notamment parmi les Seßße Aalamße. En ce qui concerne les Ndianor, cette catégorie
montre leur antériorité par rapport aux migrations des Peul éleveurs.
La diversité des activités pratiquées par les Ndianor : pêche, agriculture, élevage et forge, et
leur antériorité dans la région, explique leur appartenance au statut des Seßße et non des Wayluße,
des forgerons castés. Cependant, ils ont gardé toutes les attributions des forgerons tant sur le plan
symbolique que pratique. Ainsi, Mamadou Samba Ndianor dit qu'ils guérissent du tétanos, maladie
liée au travail des métaux. Le fait qu'ils ne soient pas Wayluße indique aussi que les hiérarchies
sociales n'étaient pas les mêmes au moment de leur arrivée.
Les Ndianor ont d'ailleurs gardé une prédominance sur les Wayluße. Amady Ndiaye explique que
"quand ils [les Jaa Oogo] arrivent dans une forge, on leur donne une houe et on leur dit de partir
sinon ils vont saboter la forge"2. Ouleye Bokar Ndianor ajoute que "les Wayluße les craignent"3.
Mamy Ndianor précise enfin que "l’on ne pouvait obtenir du fer que par eux"4 c'est à dire qu'ils
étaient les seuls à obtenir le fer du minerai tandis que les Wayluße ne travaillaient que le fer.
Les Ndianor et les Jaa Oogo ont aussi travaillé l'or et l'ont thésaurisé face à une pression
d'origine politique. Selon Mamadou Samba Ndianor : "Les [Jamannaaße] Wodeeße travaillaient l'or
mais ils eurent peur. Ils jetèrent leur or dans le fleuve. A cet endroit, même pendant la sécheresse,
l'eau ne manque pas. Personne n'y plonge car on risque de s'y noyer. Ce lieu est à la croisée de trois
marigots"5.
35
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké PREMIER CHAPITRE
Cette remarque est peut-être à rapprocher du récit de Cheick Moussa Kamara. D'après lui, les
descendants de Jaa Oogo, à la suite de la décadence de leur royaume et le transfert du pouvoir à
d'autres, vont chercher du fer dans le désert et trouvent de l'or. Pour ne pas révéler l'emplacement
ils se tuent en se coupant la gorge1. On peut comprendre de ces épisodes, que les Jaa Oogo se
fournissaient en or, mais qu'ils en ont perdu le monopole. Cet événement serait ultérieur au XI ème
siècle, car à cette époque l’itinéraire du commerce de l’or à partir de Tekrur concurrence celui de
l'empire du Wagadu. De là les commerçants arabo-berbères se procuraient l'or non-traité, selon
Edrisi2. H. Gravrand révèle un récit oral au sujet du clan matrilinéaire Wagadu chez les Sereer, dans
lequel Namud fut un roi qui fit remplacer sa tête par ses forgerons par une tête en or et qui en meurt.
Ouleye Bokar Ndianor raconte qu'un groupe de Ndianor tua un roi et depuis on les appelle ainsi
Njanowbe, "ceux qui tombent les têtes". On peut ainsi avancer l'hypothèse qu'au sujet de l'or, il y
eut une révolte des forgerons face au pouvoir qui dominait la région qui pourrait être l'Empire du
Wagadu.
Waali Ndianor est considéré comme leur ancêtre éponyme. O. Ba rapporte que le jumeau ou
totem de Waali Ndianor s'appelle Ngaadaata. C'est un reptile qui s'enroulait autour de sa proie et
finissait toujours par l'étouffer3. Ce serpent ressemble à s'y méprendre au Biida de l'Empire du
Wagadu. Un lien, ne serait-ce qu'au niveau du culte, entre le Wagadu et les Jaa Oogo pourrait exister.
Quant à Waali Ndianor, il est issu d’un père Fado et d’une mère Ndianor. Or Fado est le singulier de
Fadduße qui se retrouve dans d’autres traditions.
Mamy Ndianor dit qu' "[à propos] de Samba Fado et Ayise Ndianor, Fado ce sont les
Fadduße. Ce sont les premiers à trouver [à Boki-Diawé] les Jamannaaße"4. Les Fadduße auraient
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké PREMIER CHAPITRE
été alors intégrés dans le clan des Ndianor de Boki-Diawé. Ce ne serait qu'un retour aux origines
puisque O. Kane rapporte que parmi "les patronymes les plus fréquents chez les Fadduße il y a les
Ndianor"1.
On donne plusieurs définitions au terme Fadduße. O. Kiburz mentionne que la racine fadd-
en wolof contient l’idée de chasser en lançant un projectile2. Cependant cette explication n'est
pas satisfaisante. En effet, le mot Fado a peut être existé d'abord en tant que titre des gouverneurs
militaires responsables des régions dominées par l'empire du Wagadu3. Puis par un glissement de
sens que l'on retrouve fréquemment, il est devenu le nom d'un groupe de populations. En effet,
la première dynastie régnante sur le Xañaga était issue de Goumané Fadé qui fut le premier fade,
ou gouverneur de province nommé par Diabé Cissé, empereur du Wagadu4. Vers le début du XIIème
siècle, une migration de Peul qui appartenait à la tribu des Feroße dirigée par des Sow fut intégrée
à la dynastie de Goumané Fadé. Les descendants de cette alliance prirent le nom de Soose. Les
Soose seraient au Baol à l’origine d’une dynastie dite du Wagadu5, ainsi que de la fondation du
royaume de Gaabu. Puis, vers 1350, Maysa Waali Jon originaire de Gaabu aurait fondé dans le Siin
peuplé alors de Sereer la dynastie des Geelwar, qui reprend comme à Gaabu une succession
matrilinéaire6. On peut émettre l'hypothèse que les Soose étaient présents au Fuuta-Tooro. Ils y
portèrent l'ethnonyme Fadduße.
Le souverain des Fadduße portait le titre de Jaa Oogo. O. Ba explique que les Fadduße
auraient gardé leur titres de Jaa Ogo à Niani et à Wuli7 deux royaumes situés sur le fleuve Gambie.
O. Kane va dans ce sens en rapportant que : "la tradition la plus couramment admise est que le
terme Jaogo est le titre porté par le roi des Fadduße"8.
37
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké PREMIER CHAPITRE
Pour A. Kane, les Fadduße composent un ensemble de diverses populations qui migrèrent
au Fuuta Tooro probablement au XVIème siècle : "Coumba Bigué Valy quitte l’Egypte à la tête de
races ouoloves, sérères et diaogo dont l’ensemble s’appelait "Fadoubé" dans le but d’aller trouver
Samba Mingué N’Diaye[...] Il arrive après le Manding à Agnam-Godo (Bosseya) et s’y arrête"1. S.
O. N'Diaye confirme "qu'une de leur femme, appelée Kumba, était leur chef."2. Dans la liste des
Burba du Jolof (les souverains) dressée par N. Leyti, on retrouve Mingué Ndiaye, qui régna après
la bataille de Danki, donc vers le milieu du XVIème siècle3.
Ce mouvement de population correspond peut-être à celui dirigé par les Ndaw qui se fit à
partir du Nammandiru vers le Fuuta Tooro et, selon S. O. N'Diaye, au Salum4. Cet épisode
correspond sûrement à la confrontation avec Koli et les Deeniyankooße. Kumba Bige Waali est
peut-être la petite fille du ber-lab Wali-Mberu-Mbake. Pour J. Boulègue "Bêr-lëb Ndaw, était le roi
du Nammandiru conquis par le Jolof au début du XVème siècle"5. Ce royaume qui était alors sous
la domination du Jolof fut aussi conquis par Koli et les Deeniyankooße. S. A. Soh écrit que "Koli
attaqua le Nammandiru, royaume dont les souverains appartenaient à la famille des Ndao et
portaient le titre de ber lab. Le ber-lab Wali-Mberu-Mbake [...] ayant refusé de faire sa soumission
à Koli, celui-ci le tua et dispersa son armée"6. O. Ba poursuit : "Les Ndaw Ndawbé étaient les chef
d’une migration partie du Nammandiru et s’est installée à Horé Fondé et à Diaba [dans le
Booseya]"7. Mamy Ndianor éclaire leur arrivée à Boki-Diawé : "Les Ndaw-ndawße sont les
premiers à trouver les Ndianor. Ce sont eux qui ont trouvé Waali Ndianor." Les Ndaw-ndawße ont
aussi intégré le groupe générique des Seßße Worgankoobe. F. M. Colombani rapporte la présence
de "gallous" (singulier galo) d'origine haal-pulaar au village de Coumba N'Dao8. Il apparaît que le
nom du village correspond au nom de la dirigeante de la migration et que galo est le titre que
portaient les souverains Jaa Oogo selon S. A. Soh9.
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké PREMIER CHAPITRE
On retrouve des Fadduße dans le Fuuta Tooro mais aussi dans le sud-est du Sénégal. Au
Bundu, selon Cheick Moussa Kamara, Malik Sy engagea la guerre sainte (vers 1680) contre les
Fadduße et en fit des esclaves qu'il amena au Tunka (souverain du Gajaaga) Bathily. Ils étaient des
apiculteurs wolof sous la domination du Tunka de Tiyabu, capitale du Haut-Gajaaga ou Goy1. Les
Fadduße avaient des établissements sur le fleuve Gambie. S. A. Soh mentionne qu’une colonne
de Koli vers le début du XVIème siècle voulut attaquer Sambo Dabbel, chef du Wuli. Elle fut
repoussée par des abeilles2. Il s’agit certainement des mêmes apiculteurs. O. Ba relate qu'on
"dénombre parmi les Foulabé (originaires du Fouladougou) des Faddoubé, qui étaient à l'origine
les juges de tous les Peuls. Tous ces Faddoubé, sans distinction sont des anciens Socé, que l'on
appelle en peul Sosbé. Jusqu'à la destruction de Nammandiri, ceux-ci vivaient sous le
commandement des Kamara. Ces Foulabé, chassés dudit Nammandiri, trouveront asile au
Nyani"3. Saki Olal N'Diaye, dans son histoire de Malik Sy, explique que les Fadduße étaient associés
avec une migration ancienne de locuteurs wolof de l'Ouest et parfois avec un groupe ethnique de
Coniagui à la frontière entre le Sénégal et la Guinée actuelle4.
En conclusion, on peut affirmer que les Fadduße, d'abord dignitaires issus de l'Empire du
Wagadu en sénégambie, furent ensuite un groupe de population dont les souverains portaient le
titre de Jaa Oogo. Ils se trouvaient au XVIème siècle au Bundu, à Niani et Wuli. Leur territoire prenait
le nom de Nammandiru.
2.3.2 - Le Nammandiru
Selon H. Gravrand, un des noms anciens du Tekrur aurait été Namandir "pays de
l'abondance"5. Actuellement à l'ouest de Bakel, se trouve le village de Nammandéri dont le nom
est un souvenir de ce pays. Le Nammandiru a été donc dans un premier temps le nom du royaume
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké PREMIER CHAPITRE
dominé par les Jaa Oogo. Leur territoire s'étendait alors de l'embouchure du fleuve Sénégal
jusqu'au fleuve Gambie.
Le centre du royaume gouverné par les Jaa Oogo se situait très près de l'embouchure du
fleuve Sénégal. Pour S. A. Soh, "le village de Nyougar (ou Garak) servit de résidence au galo Jaa
Oogo puis ce fut le chef lieu de la province du Gammalo."1 Cette province se situe au nord du
fleuve Sénégal entre l'océan atlantique et le lac Rkiz. Nyougar correspond peut-être à la ville de
Tekrur des Tariq arabes d'Edrisi et d'El-Bekri ? S. A. Soh poursuit en mentionnant que "les Gueye
y furent les successeurs des Jaa Oogo. [...] Sous les ordres des Malo Jaak Laman, le Gammalo fut
indépendant depuis la déchéance des galo jusqu'à l'avènement des brak [souverains] du Waalo"2.
Y. Dyao, dans ses cahiers, confirme la version de S. A. Soh. Il indique que les souverains du royaume
du Gammalo, appelés Malo, sont choisis parmi les descendants des Jaa Oogo3. La domination des
brak du Waalo débute vers la fin du XIIIème siècle. D'après B. Barry, le frère du premier brak, Barka
Mbody, est le célèbre Njajaan Njay, fondateur du royaume du Jolof, dont le règne pour J.
Boulègue se situe entre 1270 et 13004.
Par la suite, selon H. Gravrand, le nom de Nammandiru "fut attribué à des entités politiques
riveraines de la Falémé et étendant leur souveraineté à l'ouest. Leur rôle n'aurait pas été
négligeable dans l'hypothèse de la migration mandé"5. Bonnel de Mézière dans son rapport sur
les Jaxanke mentionne que les Lam Pado étaient les rois du Nammandié dont le Bundu faisait
partie6. En règle générale, une nasale devant un f donne p. Ainsi Fado donne Pado. On retrouve
donc les Fadduße comme population dirigeante.
S. A. Soh retrace les migrations des dirigeants du Nammandiru vers le fleuve Gambie. Sambo
Dabbel, le chef de Wuli que nous avons déjà évoqué ci -dessus et qui se soumit à Koli, "avait pour
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké PREMIER CHAPITRE
nom de clan Bannor et descendait de ces Sérères qui avaient quitté les Anyam1 à la dislocation de
l’empire de Dya’ogo. " Wuli aurait été le refuge des Jaa Ogo vaincus peut-être par la dynastie des
Manna vers le XIIème siècle. A cette époque le territoire du Nammandiru correspondait au Ferlo,
Bundu et aux villes du fleuve Gambie.
Pour C. M. Kamara cité par O. Kyburz 2: "les Seßße Worgankoße sont les restes des Dia Ogo, ils
venaient du Nammandiru". O. Kane rapporte que "Cheikh Moussa Kamara affirme dans le Zuhur
al-Basatin que les Jaogo, maîtres du Nammandiru comptaient parmi leurs sujets des Fulße" c'est
à dire les Peul éleveurs.
Le territoire de l'Etat du Nammandiru a donc varié. D'un vaste ensemble comprenant la vallée du
fleuve Sénégal jusqu'au fleuve Gambie au début du millénaire, le Nammandiru vers les XII ème-
XIIIème siècles jusqu'au XVIème siècle s'est réduit à une contrée allant de la Falémé à la Gambie.
Néanmoins, les titres et les populations qui étaient restées sur les anciens territoires ont gardé le
souvenir de cet Etat.
Ouleye Bocar Ndianor donne une version de l'origine de sa famille : "quand ils [les Ndianor] ont
quitté l'Est ils sont allés jusqu'à Njuguturo [sur le fleuve Sénégal, dans la province du Gidimaxa].
Deux y sont restés. Les autres ont continué jusqu'à Ganabalôl [sur le fleuve dans la province du
Damga]. Deux encore y sont restés. Après, ils sont passés à Orkadiéré [dans le Damga]. A l'époque,
c'était une forêt ce n'était pas un village. Ils ont continué et ils sont arrivés ici". Elle rajoute que
« là où on dit Njugunturo nous parlions le sarakolé. C'était des Jamannaaße Ndianor mais
Sarakolé»3. Njugunturu selon F. M. Colombani, est le plus ancien village du Gidimaxa4. Ce chemin
correspond à celui emprunté par les Jaa Oogo durant leur première migration. En effet, pour S. A.
Soh, Dya’ukka ou Dya’ogo résida dans le Tagant, à Agnam-Godo (dans la province du Booseya) puis
1 Les villages qui comportent la particule Añam se trouvent tous dans le Booseya.
2 KYBURZ, O. ,1994, pages 106 et 107.
3Entretien avec Ouleye Bocar NDIANOR le 16.08.95 à Boki-Diawé, p. 215. Voir carte p. 82 pour la localisation de Njugunturo.
4COLOMBANI, F. M., 1931, p. 401.
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké PREMIER CHAPITRE
à Daaru (à l’est de Boki-Diawé) et enfin à Kanel (dans la province du Damga)"1. Njugunturo est au
sud du Tagant. T. Diallo dans sa théorie sur l'origine des Peul, expose qu'ils vécurent dans le Sahara
(voir les peintures rupestres de l’Assaba) puis, lors de la péjoration du climat, partirent vers le sud2.
Par la suite, une partie de la famille serait allée au Bundu. Selon O. Ba, le lignage des "Ndianor qui
serait originaire de Dinki au Boundou, descend de Wâli" 3. Ce groupe aurait suivi la migration partie
du Nammandiru et dirigée par les Ndaw pour passer par le Jolof et enfin s’arrêter dans le Worgo,
nom donné par Oumar Ba au "Fouta d’autrefois, peuplé de Foulbés et de Sebbé. Tous en
provenance du Jolof ou du Nammandiru" 4.. Il se fonde sur la répartition de certains patronymes
: "Au Nammandiru comme au Djolof ou au Kayor on rencontre les mêmes noms de famille : Bekri,
Kobor, Lakkor, Sillor, Ndianor".
Enfin, cela nous amène à considérer les Ndianor comme présents à Boki-Diawé au moins au début
du XVIème siècle. Il faut distinguer Jaa Oogo, terme désignant un titre dynastique et une
civilisation des Jaa Ogo, terme désignant les résidus des populations qui ont vécu sous cette
dynastie et dont certain ont gardé le souvenir du travail du fer.
Plusieurs pouvoirs se sont succédés ou bien ont coexisté dans la zone géographique où se situe Boki-
Diawé. Les Jaa Oogo semblent avoir possédé pendant un temps le centre de leur pouvoir dans les
environs proches de Boki-Diawé (Daaru). Jusqu’à l’arrivée des Deeniyankooße dirigés par Koli, fils de
Tengella, au début du XVIème siècle, les données ne sont pas assez précises pour émettre des
affirmations exactes sur l'évolution des pouvoirs. A l'époque de la conquête dirigée par Koli, S. A. Soh
indique que ce dernier s'opposa à plusieurs chefs dans la région.
42
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké PREMIER CHAPITRE
Selon S. A. Soh, Koli, vainquit Farba Erem dans les environs de Thilogne, un Farba à Ndioum, Farmbal
à Kaédi, un Farba à Waladé et un Farba à Diowol 1. Ce dernier régnait sur le Ngenaar. Selon O. Ba2 et
Dougo Alakha Diaw3, un Farba de Diowol, de retour d’un exil au Bundu, aurait vécu 48 ans à Boki-
Diawé avant de retourner à Diowol4. Il possédait par ailleurs de nombreux champs dans les environs.
"Farba", selon J. Boulègue, "est le titre du chef des dignitaires d'origine servile, les jaami-buur"5. Ils
sont comme le précise O. Kane, des dépendants du Burba, le roi du Jolof6. Le titre serait d'origine
manding et viendrait de faren selon O. Kyburz7. O. Kane écrit que les Farba "ont été mis en place par
les Burba au milieu du XVème siècle après l'intégration du Fuuta à l'empire du Jolof par Cukki
Njiklaan" 8. J. Boulègue en fait le quatrième roi de la liste dynastique du Jolof et un successeur du
conquérant du Nammandiru.
Suite à des contestations de terres avec Farmbaal, de patronyme Diop, régnant à Kaëdi, et qui
serait venu vers le milieu du XVème siècle du Jolof ou du Kajoor9, Farba Diowol et Farmbaal se
partagèrent la domination de la région. Au premier revenait le Ngenaar, au second le Booseya.
Les traditions donnent plusieurs origines aux Farba. Celui de Diowol, qui aujourd'hui est de
patronyme Diak selon J. Schmitz, serait d'origine soninké du Kaarta, selon O. Kane10. Pour O. Ba11 il
serait de patronyme Tandioukouré et aurait pris celui de Diak. Il viendrait de Ja Xalil près de Kayes,
ou bien du lieu dit de Xolxolet serait passé par Agnam Thioday et Nabadji Siwol. Le doyen de la
migration portait le titre de bur-gel qui est bien celui porté par le dirigeant de Xolxol12. Diak est aussi
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké PREMIER CHAPITRE
le patronyme porté par le Maalo, chef de la province du Gammalo ancien lieu de résidence des Jaa
Oogo. Y aurait-il eu ainsi transfert de pouvoir ?
S. A. Soh mentionne aussi que Koli "fit halte auprès de Daaru chez le Daaru-faren, en un village appelé
depuis Bokki-Dyove, et un tua un kokkoren-faren surnommé le "premier"1. Koli eut à combattre
d’autres kokkoren-faren à Fadiar et Agnam Godo puis par la suite le faren Mahmadu à Waoundé venu
du royaume de Jaara
M. Delafosse dans les notes des Chroniques du Fouta Sénégalais de S. A. Soh, C. Boyer dans sa
monographie sur les Diawara de Jaara et O. Kane font dépendre les "kokkoren-faren" du royaume de
Jaara2. Ce dernier situe la zone de la domination de Jaara à partir de Boki-Diawé jusqu'à la frontière
avec le Gajaaga, royaume soninké gouverné par la dynastie des Bathily3.
Par contre lors de l’enquête menée à Boki-Diawé personne n’a pu donner d'informations ni au sujet
du titre de "kokkoren-faren", ni sur le nom de Daaru. Il n'y a que Thierno Baye Ndianor de Boki-Diawé
qui mentionne que "Kuyon a vécu ici à la même époque que Koli." Cependant ce nom ne se rapporte
à aucun élément connu. On observe aussi que tous les auteurs s'appuient sur S. A. Soh quand ils
mentionnent les "kokkoren-faren". Ainsi C. Boyer écrit : "Le royaume diawara est organisé et
hiérarchisé. Chaque province est administrée par un gouverneur, qui porte aussi le titre de Farèn,
assisté par des préfets, nommés kokkoren-farèn. Ces dignitaires sont tous des Diawara de sang
noble"4. Ses sources sont les membres de la famille Diawara résidents dans les bourgades de l’ancien
royaume de Jaara et S. A. Soh. On ne peut vérifier le contenu de ses sources orales puisqu'elles n'ont
pas été publiées.
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké PREMIER CHAPITRE
Au Fuuta Tooro, aujourd’hui, on retrouve des Diawara chefs de village à Fadiar et à Hammadi
Ounaré1. A Boki-Diawé, les Diawara interrogés se disent issus de la migration des Dabo, tout comme
probablement ceux de Fadiar et à Hammadi Ounaré. Les Dabo constituaient un groupe d'influence
au sein du royaume de Jaara. Ils le quittèrent dans la seconde moitié du XVIII ème siècle. Pour Agnam
Godo, qui est cité comme la résidence du principal kokkoren-faren nous n’avons pas de
renseignements précis.
A la traduction à partir du soninké, "kokoren-faren" provient peut-être de "koren faren", qui se divise
en "faren", titre des chefs de provinces utilisés sous l’Empire du Mali et en "koren", la communauté
familiale en soninké. Si l’on poursuit dans ce sens, il y aurait eu des familles soninké qui pour être
combattues devaient posséder des terres, les mettre en valeur et relever des taxes sur les récoltes.
Leur présence devait être récente et de courte durée puisqu’elles n'ont pas laissé de traces dans les
traditions orales de Boki-Diawé. Ou bien se sont-elles confondues dans la population haal-pulaar ?
Une recherche minutieuse des traditions orales dans les villages mentionnés par S. A. Soh aiderait à
lever le flou qui plane sur ce titre.
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké PREMIER CHAPITRE
S. A. Soh mentionne que d'autres Ndiaye de souche royale vinrent du Jolof au temps de Koli. Ils firent
partie des gens de sa garde rapprochée appelés Koliaße1.
Les Ndiaye de Boki-Diawé, quant à eux, sont issus des Bummoy d'Oréfondé et ont eu un rôle non
négligeable dans la gestion des terres cultivables du village. D’autres récits recueillis notamment
auprès de Dougo Alakha Diaw font état de Soninké devenus Haal-pulaar'en et soumis au royaume de
Jaara2. Il les nomme Mana. Ce terme vient de "Maa", titre des souverains du Wagadu et étendu aux
souverains d'origine soninké. Il leur attribue le patronyme Ndiaye. Les Mana étaient à Fadiar,
Hammadi Ounaré, Bokiladji et Boki-Diawé. Ils venaient du Jolof des villages de Tieero Workof et
Doundedji.
Boki-Diawé et ses environs ont été soumis à plusieurs pouvoirs centraux jusqu'à ce qu'à la fin du
XVIIIème siècle, ils soient entre les mains du clan des Toroobe Kan. Cette famille a véhiculé l'Islam
et a été à la tête du mouvement de jihad qui aboutira à une unification du Fuuta Tooro dans le
cadre de l'Almamiat. L’arrivée des Soninké à Boki-Diawé s’est effectuée dans ce cadre qui a permis
aisément leur intégration. Ces derniers ont bénéficié des valeurs de l’Islam portées par les Toorobe
Kan et de la prédominance du groupe statutaire des Seßße, incarné par les Jamannaaße et les
Ndiaye.
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké DEUXIEME CHAPITRE
O. Kane signale que les Wodaaße, c’est-à-dire des Fulße éleveurs, ont cohabité avec les Fadduße Jaa
Ogo ou leur ont succédé dans des localités comme Boyinadji, Boki-Diawé et Agnam Godo.1. A Boki-
Diawé cela correspond à la famille des Kan qui est devenue chef du village.
Aboubacry Kan, chef de Boki-Diawé haal-pulaar, prétend que sa famille est originaire de Damas2. La
dénomination de la province du Dimat d'où proviendraient les Kan selon Aboubacry Kan et Oumar
Ba3 serait une déformation du nom de cette ville. C’est une déformation courante parmi l’aristocratie
religieuse Tooroodo qui veut se donner une origine provenant du monde arabe, le premier à avoir
embrassé l'Islam. Les exemples de ce type de référence sont nombreux non seulement au Fuuta
Tooro mais aussi dans toute l'Afrique de l'Ouest. Ainsi selon la tradition Dia, le fondateur de l'Empire
du Wagadu, est originaire de Perse ou bien d'Inde, d'Egypte ou du Yémen. Il va sans dire que ces
affirmations, par leur imprécision, ne sont qu'un montage a posteriori que l'on peut dater à partir de
l'islamisation (à partir du VIIème siècle après J. C.).
Néanmoins, seuls les Kan affirment venir de Damas. S. A. Soh présente les notabilités ayant un titre
de chefferie qui tirent tous leur origine de Damas4. Grâce à la liste des chefs de territoires actuels du
Fuuta Tooro qui figure dans l'article de J. Schmitz5, on se rend compte que tous portent le patronyme
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké DEUXIEME CHAPITRE
Kan. En combinant les généalogies présentées par O. Kiburtz d’après C. M. Kamara et S. A. Soh 1, par
O. Ba et le témoignage d’Aboubacry Kan il s’avère qu’ils sont tous les descendants de Hamme Juuldo
Kan, c'est à dire Hamme Kan le pieux et de son oncle paternel. Le fait qu’ils aient presque tous un
titre et notamment celui d'Elimaan (le dirigeant de la mosquée) n’est pas anodin. En effet, le premier
Almaami du Fuuta Tooro, Abdul Kader Kan, est leur parent. Il a donc placé ou confirmé ses
contemporains, membres de son leñol (lignage en pulaar) dans les plus hautes fonctions villageoises
en s’appuyant sur le fait qu’ils appartenaient tous au groupe Tooroodo. le tableau suivant présente
tous les premiers Elimaan de la famille Kan :
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké DEUXIEME CHAPITRE
Les Kan de Boki-Diawé appartiennent à la tribu des Peul Jaluße, l’une des quatre tribus mythiques à
laquelle se rattachent les Peul. Les trois autres sont les Dayebe, les Ferobbe et les Ururbe1. Le terme
de Neeganaaße provient de leur lieu d’origine. Il s’agit de la bourgade de Neega dans le Maasina,
plaine fertile de la boucle du Niger.
Au Maasina leur patronyme était Jallo (voir paragraphe suivant). Ils appartenaient peut-être au
lignage de Makan Paateeru Saaliga Jallo dans lequel on choisissait le wuro ardo (le dirigeant) des
Peul du Maasina. La cause de leur migration, comme dans beaucoup de cas, est sûrement due à une
défaite. Deux dates peuvent correspondre. Sous le règne d'Askia Mohamed (1493-1529) plusieurs
expéditions eurent lieu contre les Peul du Maasina2 et contre les Peul du Bakunu où passèrent les
Neeganaaße (voir paragraphe suivant)3. Les Marocains dirigés par Djouder vers 1591 se sont aussi
battus contre le Maasina.
Selon O. Ba, la migration des Neeganaaße les amena dans le Bakunu, le Xaso, dans le Bundu puis au
Fuuta Tooro avec d’autres Jaluße4. On retrouve dans le Ngenaar d’autres dignitaires issus de cette
migration tels que l’ardo (dirigeant des Fulße) de Kawel appartenant au groupe des Fulße Sayboße et
qui a pour patronyme Kah. Les Fulße Sayboße, selon O. Kane, descendent des premiers compagnons
de Koli et en aucun cas ils ne pouvaient accéder au pouvoir suprême5.
Les généalogies que l’on possède des Kan séparent de 10 générations Ceerno Samba Kan de Boki-
Diawé, contemporain de l’Almaami Abdul Kader, à son dernier ancêtre connu qui s'est installé au
Fuuta Tooro. Yves Person fait remarquer "qu’une règle assez générale, qui vaut d’ailleurs pour les
traditions orales dans leur ensemble, est que les souvenirs remontent seulement jusqu’à la dernière
49
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké DEUXIEME CHAPITRE
migration, aboutissant à l’établissement sur le terroir actuel"1. Si l’on admet 30 ans par génération
on arrive à dater cette migration entre la fin du XVème siècle et le début du XVIème siècle. Elle
correspond donc aux mouvements de migrations Peul qui amena Koli et les Deeniyankooße.
Avant d’arriver au Fuuta Tooro, les Kan sont passés par le sud du fleuve Sénégal. Des membres de
leur famille y sont même restés. Pour Ba Samba Diop et Ségui Fall « Tous les Neega viennent de
Louwouré »2 qui situent cette bourgade entre le Damga et le Gajaaga. Quant à O. Ba, il situe le village
d'origine de Ceerno Samba Kan à Ndiot dans le Bundu. Peut-être est-ce le village de Ndiot Dialloubé
qui est situé dans les cartes de l’IGN au sud de Bakel ?
A l’époque de la migration l’ensemble formait un groupe de pasteurs. Mais les Neeganaße étaient
les premiers islamisés selon O. Ba3. Leur installation dans le Fuuta correspond au passage du statut
de pasteur (en pulaar Pullo au singulier et Fulße au pluriel) à celui de religieux (Tooroodo). Elle s’est
accompagné d’un changement de yettode ou patronyme en pulaar. O. Kyburz rapporte que lors des
salutations, le patronyme Kan est toujours assorti de Jallo, qui rappelle leur origine Pullo.4 Ainsi, Ali
Dundu de Dabia Odedji, grand-père d'Abdul Bokar, qui vécut durant la deuxième moitié du XVIII ème
siècle, changea son yettode Jallo pour la forme équivalente haal-pulaar de Kan5.
D’après le tableau présenté ci-dessus, les Kan ont eu une stratégie d’implantation dans tout le Fuuta.
Ainsi quatre fils d’Aali fils de Hamme Juul∂o se sont établis comme Imams, dignitaires religieux, dans
quatre villages différents : Boki-Diawé, Dolol, Thilogne et Kobilo. A Boki-Diawé, les traditions
rapportent que Makam convertit les premiers habitants, les Ndianor, et fut le premier Imam de la
mosquée du village construite à cette occasion. Les Ndianor furent alors appelés "les propriétaires
de la mosquée", en pulaar Jamannaaße. Par extension Jamannaaße est devenu le terme désignant
leur clan.
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké DEUXIEME CHAPITRE
D’après J. Schmitz : « lorsque les Tooroodo prirent le pouvoir, un de leurs premiers soucis fut
d’installer des lignages maraboutiques pour desservir les mosquées dans les villages peul ou
ceddo. » Cela se traduit par l’inauguration d’une mosquée et la mise en place d’un Elimaan.
Ainsi, celle de Boki-Diawé est la douzième inaugurée par l’Almaami Abdul Kader Kan4.
L’arrivée des Soninké à Boki-Diawé s’est effectuée dans ce cadre alors que le clan Kan tenait le
pouvoir dans toute la région.
Tous les auteurs s’accordent pour dire que les Haal-pulaar'en forment un creuset de
populations. La culture et la langue pulaar ne se sont imposées que petit à petit. Dans le
1 Figure dans les entretiens avec Ouleye Bokar Ndianor, p. 213, Mamadou Samba Ndianor, p. 208, et Ba Samba Diop en
septembre 1995, p. 156.
2 Rapporté dans les entretiens avec Aboubacry Kan, Ouleye Bokar Ndianor et Mamadou Samba Ndianor.
3BA, O., 1972, p. 709.
4 KANE, A., 1916, p. 338.
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké DEUXIEME CHAPITRE
chapitre précédent, nous avons vu comment les traditions présentent les différentes phases
de peuplement peul. Le Fuuta Tooro pour les Soninké était une région de refuge et d'expansion
territoriale pour leurs empires. Le pays possède encore des marques de la culture et de la
langue soninké. M. S. Bathily dans son mémoire de DEA consacré aux Soninké dans l'histoire
du Fuuta Tooro aborde ces thèmes de manière détaillée.
A Boki-Diawé, il est admis que trois ou quatre migrations Soninké se sont rendues au Fuuta. Demba
Tirera rappelle que « nos premières personnes [les Soninké] qui se sont installées ici sont les Sakho,
les Tambadou et les Touré. Quand ils sont venus ils se sont mariés à des Peul et sont devenus Peul.
La deuxième migration, les Sylla, ils sont devenus Peul aussi » 1. O. Ba signale à ce sujet que les
membres de la famille de Thierno Bassamor étaient à l'origine des Sakho ainsi que ceux de la famille
de Thierno Wothi qui étaient des Touré. Tous appartiennent au groupe statutaire des Toorooße2.
Quant aux Sylla ils seraient originaires du Wagadu et furent accueillis par le Satigi des Booseyaße
(habitants du Booseya)Toumani Mawndé de Diongto. Les Sylla soignèrent sa fille Sabbé. Cet épisode
se retrouve dans la venue des Fadé à Boki-Diawé que nous verrons plus loin. Par la suite, le doyen
des Syllanaße reçut du Satigi des champs qui permirent de fonder le village de Sylla qui correspond
peut-être à celui décrit dans les manuscrits arabes du XIème siècle3.
Parmi les Maccuße (captifs Haal-pulaar'en) du village, certains possèdent un patronyme bambara ou
soninké. Ce sont les Kamara, Konté et Keïta4. N'ayant pu les interroger, on peut émettre l’hypothèse
s'ils sont d'origine Soninké qu'ils ont été achetés ou capturés lors de razzias effectuées dans les
régions Soninké voisines (Gidimaxa ou Gajaaga). C’est aussi sans compter sur les patronymes Soninké
transformés en patronymes Haal-pulaar. Ces équivalences ont été mises en place sous l'impulsion
de l'Empire du Mali. Les Ndianor seraient eux-mêmes d’origine Soninké5.
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké DEUXIEME CHAPITRE
Certaines expressions pour désigner des groupes statutaires appartiennent aussi à la langue soninké.
A Boki-Diawé, Garanke désigne, par exemple, dans les deux langues l'artisan du cuir. Une famille de
travailleurs du bois spécialistes dans la fabrication de pilons et de mortiers porte le patronyme
Gajaaga qui indique son origine géographique.
S. A. Soh cite dans le même passage consacré aux conquêtes de Koli et aux kokkoren-faren (voir le
chapitre précédent) des rois appelés Tyongolo et Diberi originaires du Mandé et appartenant aux
Subankobe qui régnaient à Fora et Nabadji Siwol1. Ils portaient peut-être le patronyme Konaté. En
effet, Bala Woppa Konaté parle d'un ancêtre, Silla Maxa Hare originaire du Mandé qui s'est installé à
Nabadji et qui en est devenu un des dirigeants2. Il cite aussi Bubu Awa Fofana, un de ses petits-fils,
qui s'est installé à Fora et qui en est devenu le chef. Balla Woppa Konaté rappelle qu'ils sont des
descendant de Soundiata Keïta. Keïta était au départ le titre du chef de famille des Konaté3. Il affirme
qu'ils sont des Suba. C. Meillassoux avance que le terme suba, un des surnoms de Soundjata Keïta,
est équivalent de thaumaturge4. On le retrouve chez M. Kati à propos des Kayamaga, les empereurs
du Wagadou, qui sont désignés dans leur dynastie par "Asko'o-Souba"5. Ce terme provient peut-être
du fait que les suba étaient les guérisseurs des Kakolo qui occupaient précédemment le territoire
conquis par les Soninké. Les Konaté appartenaient au peuple des Kakolo. Sous le joug des Soninké,
les Kakolo s'enfuirent dans la province qu'ils dénommèrent le Xañaga, le pays de la chasse (xaña en
soninké signifie la chasse). L'empire du Xañaga fut constitué après les conquêtes Almoravides sur les
ruines de l'empire du Wagadu.
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké DEUXIEME CHAPITRE
Nous avons indiqué au premier chapitre, que vers le début du XIIème siècle, une migration de Peul qui
appartenait à la tribu des Feroße et de yettode Sow fut intégrée à la dynastie de Goumané Fadé. Les
descendants de cette alliance prirent le nom de Sosse. Cet événement est exceptionnel car il y avait
un interdit de mariage entre les Peul et les nobles Soninké depuis l'avènement de Diabé Cissé1.
Cependant, cet interdit semble exclu entre les Sow et les habitants du Xañaga. Pour preuve, la mère
de Balla Woppa Konaté est une Sow. Sous le règne de Soumahoro Kanté qui fut le dernier empereur
des Sosse et qui fut tué par Soundjata Keïta en 1235, le Soose avait atteint son apogée. Soumahoro
Kanté fut battu à la bataille de Kirina. La tradition rapportée par M. Delafosse indique qu'à Kirina "le
bracelet de l'Empereur du Soso qu'il portait au bras tomba à terre et, depuis, un baobab poussa à
l'intérieur du bracelet"2. Ce mythe a peut-être été transposé à Boki-Diawé où selon Balla Woppa
Konaté, les Konaté sont arrivés juste après les Ndianor. En effet, la dynastie Sosse se réfugia à la suite
de la défaite de Kirina au Tekrur et le conquit3. Leur venue correspond peut-être à l'invasion au XIIIème
siècle des Tonjon qui était formée de guerriers de l'Empire du Mali.
L'influence du Xañaga est encore vivante aujourd'hui. En effet, sur le plan linguistique, le soninké
parlé à Boki-Diawé appartient au dialecte du Xañaga et à celui du Jafunu. De Boki-Diawé au Hayire la
région est aussi appelée Xañaga par les Soninké en souvenir de ce vaste ensemble politique.
Au moment de la conquête du Fuuta par Koli, Siré Abbas Soh rapporte qu'il a affronté plusieurs chefs
locaux. Leur origine n’est pas entièrement établie. Koli s'est battu ensuite contre le royaume des
Diawara. A Waoundé, S. A. Soh écrit que Koli eut à combattre le faren Mahmadu venu du royaume
de Jaara4. M. Diawara et J. Boulègue placent ce conflit entre 1512 et 15345. M. Kati nomme ce
royaume celui de Kaniaga ou Xañaga certainement en référence à celui de Soumahougro Kanté6. Pour
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké DEUXIEME CHAPITRE
se protéger, les Diawara firent appel à l’Empire Songhay et reconnurent son autorité1. Koli fut battu
par les armées Songhay à Jaara, capitale du royaume des Diawara et se replia ensuite sur le Fuuta.
Cette expédition doit être comprise comme une volonté d’émancipation de cet Etat qui dominait très
certainement le Fuuta Tooro. O. Kane situe la zone de la domination des Diawara de Boki-Diawé à la
frontière avec le Gajaaga, royaume soninké gouverné par la dynastie des Bathily2. Mais les éléments
qui permettent cette assertion sont flous.
Thierno Baye Ndianor, à son niveau, perçoit l'époque où les Soninké sont arrivés à Boki-Diawé comme
un « moment de bouleversements, de changement de structures. Il y avait, dit-il, des querelles, des
déchirements partout en Afrique. [Les Soninké] ont quitté leur lieu, ils sont venus ici avec leur
marabout, leur savoir et leur mode de vie. Cependant, il ne peut pas préciser exactement la date »3.
Dans son récit, Hakrou Tirera lie directement la chute de l’Empire du Wagadu à l'émigration de leur
famille jusqu’au Fuuta4. P. Joutard écrit que "ce que fournit en priorité l'enquête orale [...] ce sont
des informations sur des représentations mentales." Ainsi, la venue à Boki-Diawé de certaines
familles ne fait-elle partie que d'un long et ancien processus de dispersion des Soninké depuis le
VIIIème siècle suite à la chute de leur Empire où ils étaient réunis.
La venue des Soninké correspond donc à une période de troubles. A la fin du XVIIIème siècle, l’Afrique
de l’Ouest est soumise à une pression du commerce avec l’Europe. L'établissement de comptoirs sur
le fleuve Sénégal ouvre la voie à une concurrence entre les Etats que le fleuve traverse. Les conflits
militaires sont exacerbés par l’achat des armes à feu. En réaction à la pénétration européenne, divers
mouvements s'appuyant sur un renouveau de la religion musulmane se développent. Au Fuuta, ils
s'appuient sur les familles Toorooße, groupe statutaire des lettrés musulmans, dirigées par un
Almaami, terme provenant de l'arabe Imam, qui prend le pouvoir aux Satigui (souverains)
Deeniyankooße.
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké DEUXIEME CHAPITRE
Du royaume de Jaara des personnes partirent collectivement, ce processus s’appelle ferogo tant en
pulaar qu’en soninké. Elles proviennent des familles de différents groupes statutaires. Elles ont suivi
les familles Diawara d'origine princière. La signification des groupes est tirée de l'ouvrage de M.
Diawara La graine de la parole. Ainsi, ceux de patronyme Diawara, sont issus de la branche royale
des Dabora. Les Kamara et d'autres Diawara étaient appelés Sooninkaxooro, qui avaient la fonction
de grands serviteurs de la cour. Certains Wagué et Niakhaté appartenaient au Soninkannu ou classe
des gens de petite naissance. Les Moodinu, le groupe des lettrés musulmans, se partageaient entre
les Tirera, appelés Haasakundanko, littéralement "Les gens de la lignée des protecteurs", les Wagué
du groupe des Wagekundanko appelés aussi Jaxawuru et des membres d'autres familles
maraboutiques : Daramé, Fofana, Diouwara, Sissakho, Sylla. Les Diawouné, qui portent le patronyme
Diaw aujourd'hui à Boki-Diawé, "à partir du XVIème siècle sont rattachés à la nouvelle dynastie des
Diawara et chargés de fabriquer le fourreau du sceptre. Ils sont appelés les laadan garanke ou
cordonniers de la cour" selon M. Diawara1.
Le départ de nombreux habitants du royaume de Jaara résulte du conflit de succession entre les Dabo
et les Sagone. Kantara Diawara, dans l'entretien qu'il a accordé, en fait un récit sommaire2. Haren
Silamaxa Diawara né vers 1520 fut roi de Jaara à la suite de son père Haren Mamadu, celui qui avait
été vaincu par Koli Tengella. Les Dabo forment la lignée des fils aînés de Haren Silamaxa déchus du
pouvoir. Ils s'installèrent à l'est de Jaara dans le Janguntine qui prit le nom de Dabola, ainsi que dans
le Bakunu. Leur migration s'échelonne de 1640 à 17403. Samba Diali Diabaté de Soringo âgé de 74
ans, interrogé par O. Kane en 1979, mentionne que les Dabo allèrent peupler les villages du royaume
de Segu, du Bakunu, du Fuuta Jallon et du Jomboxo. Il ajoute qu'au Jomboxo, les Dabo envoyèrent
une délégation vers 17964 auprès de l'Almaami Abdul Kader en guerre alors contre le Damel du Kayor
1Renseignements pris sur les composantes de la société de Jaara dans DIAWARA, M., 1990, pages 33 à 50.
2Entretien avec Kantara Diawara, le 02.08.95 à Boki-Diawé, p. 139.
3DIAWARA, M., 1990, p. 29.
4D'après la chronologie du Fuuta-Tooro établie par ROBINSON, D., CURTIN, P. et JOHNSON, J., 1972, p. 581.
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké DEUXIEME CHAPITRE
Amari Ngone Ndela. Le Damel fit Abdul Kader peu après prisonnier durant trois mois à la suite du
désastre de Bougouni. S. D. Diabaté différencie cette migration de celles "des Haayirankoße et des
Soninké du Ngalam car ils ne sont pas du même ferogo [...] Nous avons refusé de nous mêler aux
Toorooße par peur d'être assimilés, absorbés comme l'ont été les Soninké du ferogo de Wagadu, qui
sont devenus Haal-pulaar'en. Nos villages sont jumelés avec ceux des Toorooße. Nous avons obtenu
d'Almaami de connaître nos propres affaires : meurtre, illégitimité, adultère. Cela a été ainsi dans
tous les villages où nous nous sommes installés : Wuro, Mbulel, Bokiladji, Fajar, Hunaare, Foora,
Sooringo, Oogo, Caankon, Wuro Soogi, Tiggêré, Nabbaji, Bokijawe, Jowol, Kaihaidi, Madina Njaabe,
Edi, Jammali, Golleera, Njum et Jawara."1
Toutes les familles issues du royaume de Jaara n'ont pas pris le même chemin avant d'arriver à Boki-
Diawé. Une partie des Wagué a transité par le royaume de Gaabu, une autre par les villages de
Diaguili et Balou au Gidimaxa. Les Tirera de Boki-Diawé, selon Hakrou Tirera, venaient de Youri et
Yéréré dans le royaume de Jaara, de Koumantigué dans le Bagana, Kiban et Touba Sylla dans la
province du Beledugu et enfin de Mouliné au Gidimaxa et de Dramané au Gajaaga. Par la suite, ceux
qui allèrent à Boki-Diawé sont d'abord passés par le Bundu puis par Fadiar, Oréfondé, Kaëdi ou
Doumga Ouro Alfa. Ce dernier village se trouve à quelques kilomètres à l'est de Boki-Diawé. Hakrou
Tirera dit que s'y trouvait une mosquée en pierre2. Les Diawara, quant à eux, viennent de Jaara et
Kaëdi. Ils sont passés par Dantadji, Nabadji Siwol, Sadel et Nguidilogne. Ces deux derniers villages
sont très près de Boki-Diawé, mais situés sur le fleuve.
En général, avant d'arriver à Boki-Diawé, ces familles avaient déjà pénétré dans le Fuuta-Tooro et
plus principalement dans les provinces du Haayire, Ngeenar et Booseya. Ces étapes correspondaient
certainement à des points d'échanges commerciaux et à des liens de parenté. Le commerce des
esclaves a aussi attiré les Soninké. Les Toorooße du Fuuta ayant mis fin à celui-ci, du moins pour les
captifs pris dans le Fuuta et de religion musulmane, les Soninké ont rempli ce vide commercial. Les
juula , c'est ainsi que Dougo Diaw qualifie les familles Wagué, Fofana, Tirera et Mangasouba3,
parcouraient le Fuuta de village en village. Ils devaient très certainement se rendre, comme le
57
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké DEUXIEME CHAPITRE
propose D. Robinson, dans les escales des traitants et y vendre des esclaves et du bétail contre des
biens de Saint-Louis qu'ils acheminaient à l'est et au sud 1.
Les Fadé provenaient du royaume frontalier du Gajaaga. Ils se répartissent en Diallo-Fadé et Sadiga-
Fadé. Cette dernière branche, selon Aminata Demba Fadé, est celle que l'on retrouve à Boki-Diawé.
Leur arrivée correspond peut-être à la destruction de Guccube en septembre 1849 par une
expédition française2. A Guccube les Fadé étaient les chefs du village. "Guccube, rapporte Abdulaye
Bathily, est le site le plus ancien fondé par les Soninké dans le Gajaaga". Les récits recueillis par moi-
même3 et Abdulaye Bathily4parlent en commun de Maamu Fade, fondateur de Guccube, et de son
lien avec les génies de l'eau du fleuve. Il est peut-être un descendant de Goumané Fadé ou bien
portait-il ce nom en lien avec le titre de fade, qui signifiait gouverneur de l’Empire du Wagadu ? Le
site de Guccube, à la rencontre du fleuve Sénégal et de son affluent la Falémé est stratégique. Les
Fadé d’ailleurs, rapporte Aminata Demba Fadé, exigeaient une taxe lors du passage du fleuve. Un
représentant de l’Empire devait donc s’y trouver. Plus tard, en tant qu'autochtones, les Fadé sont
devenus les Mau des Bathily du Kammera ou bas-Gajaaga, c'est-à-dire qu'ils n'étaient pas astreints
à l'impôt et qu'ils formaient une classe de conseillers et de guerriers.
Vers 1849, les habitants de Guccube avec à leur tête Suraqe arrêtaient les bateaux de commerce sur
le fleuve et s'étaient joints au Gidimaxa dans sa guerre contre le Gajaaga. Pour Aminata Demba Fadé,
c’est un conflit de succession entre une branche de la famille adepte de l'islam et une autre de la
religion traditionnelle, qui détermina leur départ pour le Fuuta où les Toorooße avaient institué un
gouvernement qui suivait la Sharia ou loi islamique. Cette explication paraît plausible par rapport aux
mentalités, mais elle ne donne pas de fait précis. Elle n’est pas en contradiction avec le départ suite
à l’expédition française.
58
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké DEUXIEME CHAPITRE
Le doyen de la migration est Biiné Fadé. De Guccube, les Fadé sont passés à Ndoulomadji à une
dizaine de kilomètres à l'est de Boki-Diawé. Puis ils s'arrêtèrent à Douganabé, mais à l'époque il y
avait déjà un quartier soninké à Boki-Diawé. Ils avaient quant à eux soigné des fous chez les Seßße
Ndiaye en relation avec le Bummoy d'Oréfondé. En récompense ils reçurent de nombreux champs au
jeeri et au waalo ainsi que l'emplacement pour leur concession dans le quartier Haal-pulaar sur un
terrain appartenant aux Ndiaye1. Un peu avant, Samba Mbagni Ndiaye d'Oréfondé collectait les taxes
à Boki-Diawé pour le compte de l'Almaami Abdul Kader. En tant que propriétaire foncier il percevait
chaque année un droit d'entrée après le retrait du fleuve. Celui-ci se donnait sous la forme de jugal,
à chaque animal tué il en recevait la poitrine ou les côtes. Samba Mbagni fut relevé de ses fonctions
au profit de la famille Kamara d'Oréfondé, d'origine Hayirankoße.2. On peut supposer que les Soninké
de Boki-Diawé se plaignirent auprès de l'Almaami du jugal trop élevé et que ce dernier leur affecta
un collecteur plus proche.
Tous les récits concordent pour dire qu’au temps de l’arrivée des Soninké, le Fuuta était dirigé par le
premier Almaami du Fuuta, Abdul Kader Kan (né en 1721 à Pafa Varmen dans le Salum - assassiné en
avril 1807 à Gouriki) qui avait sa résidence à Kobilo, village du Booseya et voisin direct à l'est de Boki-
Diawé. Il fut investi des pouvoirs de l'Almaami, à Baladji dans le Booseya en 1776, après la mort de
Souleyman Bal qui avait soulevé les Toorodbe contre la dynastie des Deeniyankoobe. Les pouvoirs de
l'Almaami consistaient en un rôle de représentation politique et de juge. Son trésor était constitué
par ses biens personnels ainsi que par les taxes foncières qu'il collectait directement sur des terres
qui lui revenait de fait, situées "dans des groupes de villages du Tooro appartenant à des Seßße de
résidence ancienne"3, et des siennes propres. O. Ba indique que tout Almaami du Fuuta, au cours de
son mandat était copropriétaire des domaines d'Elimaan Neega de Boki-Diawé, donc cobénéficiaire
59
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké DEUXIEME CHAPITRE
de leurs redevances foncières1. . O. Leservoisier explique pour les Soninké de Kaëdi, mais il en est de
même pour ceux de Boki-Diawé, que "l'abondance de leur main d'oeuvre servile leur permettait
d'obtenir des droits de culture, contre redevances, auprès des Haal-pulaar'en."2. On peut ainsi
comprendre pourquoi Abdul Kader accepta d'installer les Soninké à Boki-Diawé : afin de mettre en
valeur ces terres et de pouvoir bénéficier des redevances.
Pour pouvoir poursuivre la jihad contre les peul Deeniyankoobe et les maures Trarza qui razziaient le
Fuuta, Abdul Kader dû faire alliance avec des villages et des clans qui le fournissaient en hommes et
en biens, l'armée de conscription n'existant pas. Son appel recevait ainsi des échos parmi les talibe
,élèves des écoles coraniques, et parmi les familles qui espéraient profiter du butin et des
distributions des terres conquises. Sur le plan militaire, les Fofana comme les Diawara appartenant
aux Soninké ont ainsi guerroyé aux côtés de l'Almaami3.
Le rassemblement des Soninké s'est déroulé au lieu dit de Douganabé qui se situe à peu près à un
kilomètre à l'ouest du village de Boki-Diawé et qui constitue actuellement un quartier de Dabia
Odédyi, village voisin de Kobilo. On y trouve un cimetière et un site attenant, percé de trous dans le
sol et qui m'a été présenté par les Tagu (forgerons) de patronyme Thiam de Boki-Diawé comme une
mine de fer à ciel ouvert. L'endroit est délimité au sud par la route du jeeri et au nord par une mare.
Il appartenait à l'Elimaan Duga, qui habitait à Thilogne, et dont le patronyme était Kan, en parenté
avec les Kan de Boki-Diawé et l'Almaami Abdul Kader4. Cet endroit était réservé probablement aux
campements des partisans d'Abdul Kader.
C'est un petit nombre de personnes, une quarantaine selon Binta Wagué5, qui rejoignirent l'Almaami
Abdul Kader vers 1796. Elle et Hakrou Tirera ajoutent qu'ils formaient une troupe de guerriers et de
religieux. Hakrou Tirera décrit les premiers possédant des habits jaunes, des bracelets et des boucles
60
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké DEUXIEME CHAPITRE
d'oreilles ainsi que des armes et les seconds habillés de cotonnades blanches et possédant des livres.
La migration ne fut pas un mouvement unifié. Hakrou Tirera dit que "les Soninké ne sont pas venus
ensemble"1. Bathily Fadiga mentionne qu'ils se sont succédés2.
A Douganabé arrivèrent Yari Dibasi-Darame, ancêtre de Bathily Fadiga, un des informateurs, ainsi
que d'autres personnes que les traditions ont gardé en mémoire : Ma Suraqe Wagué, Dalante Tirera,
Fode Yusuf Mangassouba, les trois frères Diawara, Moktar, Moodi et Mpale qui venaient de Kaëdi.
Tous sont cités dans les entretiens. Binta Wagué cite Kandjourou Traoré comme le captif qui a
accompagné les Wagué. Les artisans semblent être venus plus tardivement, au plus deux générations
plus tard. C'est le cas des Jawune de patronyme Diaw, qui ont rejoint Maadi Wagué. Les biens se
comptaient en bétail et les Wagué et Diawara étaient accompagnés de bergers peul pour s'en
occuper. Ce sont ces bergers, selon Binta Wagué, qui trouvèrent d'ailleurs un emplacement où
s'installer. Il faut comprendre plutôt que les bergers ont servis d'intermédiaires aux Soninké face à
des locuteurs pulaar.
D'autres familles Soninké ont dû aussi résider à Douganabé comme les Fofana, les Cissé et les Sylla.
Balla Woppa Konaté cite Ba Khadia Diagana comme premier chef de cette communauté mais il est le
seul3. Ce nom correspond peut-être à Bakari Diagana, originaire de Balou au Gajaaga qui fonda une
medrassa, ou école coranique, à Kaëdi après être passé à Douganabé. Dans son périple pour
rejoindre Abdul Kader il a drainé des talibe, dont Baba Wagué qui était son élève4
Dans toutes les sources Haal-pulaar'en et Soninké Yari Dibasi-Darame semble avoir été le premier à
s'installer et à avoir attiré les autres Soninké. Les Darame étaient des moodinu (marabouts, singulier
moodi) de longue date et leur influence devait être considérable au sein du monde soninké, appelé
le sooninkara. Mamadu Xumba Darame-Fadiga est le fondateur de Gunjuru au sud de Kayes avec les
clans Diombera, Diawara et Sama entre 1245 et 12855. Ces fondateurs étaient des immigrés Jaxanke
61
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké DEUXIEME CHAPITRE
de Diakha-Bambuk.1 Gunjuru jouissait d'un statut spécifique à la fois de ville sainte et à la fois de
zone franche. C'était une place commerciale de grande importance. M. Kati rapporte que
"Koundiouro située dans la province du Kaniaga ; c'était la ville du câdi de cette région et des ulémas
du pays. Aucun soldat n'y pouvait pénétrer et aucun fonctionnaire en situation d'opprimer ses
administrés n'y pouvait résider. Toutefois, le roi du Kañaga rendait visite aux ulémas et au câdi de
cette ville chaque année au mois de ramadan."2
Gunjuru a été à deux reprises au XVIIIème siècle saccagée et les traditions orales rapportées par
Abdulaye Bathily précisent qu'après chacune de ces épreuves, la population s'était dispersée3. En
avril 1724 les Orman, guerriers marocains confiés par le sultan Mulay Ismaël aux maures Trarza
pillèrent le Gajaaga et Gunjuru. Ils y firent de nombreux prisonniers.4 En 1792 Deyse, roi du Kaarta,
saccagea Gunjuru5. Ce qui fait venir les Darame au Fuuta après cette date.
L'arrivée des Soninké à Boki-Diawé s'est faite dans un climat de regain de la religion musulmane. Yari-
Dibasi Darame, Bakari Diagana étaient des marabouts fervents. Abdul Kader avait permis que les
Soninké jugent leurs propres affaires, mais certainement dans le droit musulman et non plus
coutumier d'après les décisions des familles princières comme les Diawara. Les Wagué semblent
avoir pris dès le début la direction des affaires collectives. Baba Wagué qui apparaît ainsi dans les
traditions orales s'appelait plus précisément Cheikh Ahmed Baba Kamara. Il a commenté l'ouvrage
de Khâlil, lettré musulman né en 1374 en Egypte, intitulé le Mukhtasar. C'est un code musulman du
rite malikite qui est fort répandu en Afrique de l'Ouest. Le livre comprenait 61 chapitres traitant du
dogme religieux, des sacrements, du rituel, du statut personnel, des mariages et des divorces. Il sert
de référence lors des jugements des kaadi6. L. O. Sanneh précise que "c'est pendant le séjour d'Abd
62
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké DEUXIEME CHAPITRE
al-Rahman Diakhité à Kano vers 1431 que le Mukhtasar de Khalil fut introduit là par un visiteur venu
du Caire"1. Le savant Ahmed Baba de Tombouctou, né en 1556 et mort en 1627, dans sa résidence
forcée à Marrakech, suite à l'invasion de Tombouctou par les armées marocaines et à l'exil de ses
lettrés, avait déjà rédigé vers 1606 des commentaires de notions abordées dans le Mukhtasar telles
que le mariage, les plus grands des noms divins et les ventes2.
O. Ba rappelle "un fait significatif : les Sarakhollé dans leur ensemble adorent le commentaire du
Khalil, son auteur [Baba Wagué] étant un des leurs. Partout, leurs centres universitaires semblent
marquer une prédilection pour cette oeuvre."3 Baba Wagué ne faisait que reprendre une tradition
de commentaires des lettrés soudanais et remettre d'actualité les préceptes, mais malheureusement
son manuscrit n'a pu être consulté. Son ouvrage transmis par les émigrés de Jaara et de Gunjuru a
servi de support aux jugements en matière de moeurs dans la communauté Soninké. L'Almaami
Abdul Kader s'en est peut-être inspiré dans ses jugements en s'entourant de kaadi Soninké.
La tradition rapporte que Bakary Diagana, son maître, et les Diawara pour lesquels il était le moodi
attaché4, l'avait surnommé "Waage", en raison de sa célébrité. Binta Wagué rapporte que c'est à la
suite des vexations de ses condisciples talibe que son nom fut changé. Elle ajoute que son griot reprit
de suite ce nouveau nom5. Ce surnom est devenu son jamnu karade, nom de famille dérivé.
Auparavant Baba portait le janmu Jalali Kamara. Waage correspond à la dénomination des clans qui
ont régné dans l'Empire du Wagadu6. Par extension il a signifié quelqu'un de généreux, qui est
disposé à aider sans rémunération ainsi que prodige ou personne dont le savoir et la sagesse sont
réputés7. Ce terme est même passé dans la langue pulaar. Au XIXème siècle au Fuuta Tooro, Waageji
désignait les sages qui étaient choisis pour aller recruter le nouvel Almaami8.
63
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké DEUXIEME CHAPITRE
D'après les récits du gesere (historien du Wagadu) Tudo Yaresi dont le témoignage a été recueilli en
1898 par C. Monteil1 ainsi que celui de Fodiya Abdou Diagana recueilli par O. Ba2, Baba Wagué était
un disciple de El Haj Salim Suware de Diakhaba sur le Bafing. Ces versions sont contestables au titre
qu'elles sont anachroniques. L. O. Sanneh fait vivre El Hadj Salim Suware aux alentours du XIII ème
siècle. La généalogie donnée par Binta Wagué, quant à elle, le fait vivre au plus tôt vers la fin du
XVIème siècle. Il semble que ces versions veulent insister sur la filiation idéologique entre le fondateur
du groupe de lettrés et commerçants Jaxanke et Baba Wagué qui par le biais de son commentaire
leur a fournit un outil scolastique. D'après M. Diawara, Baba Wagué accompagné de son disciple
Mancahe Maxan Darame serait arrivé à Jaara vers la fin du XVIème siècle, à l'époque du souverain
Haren Silamaxa (date de naissance vers 1520)3
Mamy Ndianor rajoute que "Baba Wagué est resté deux ans à Douganabé puis est reparti d'où il
venait"4. Baba Wagué a laissé sa famille et a quitté Douganabé pour retourner à Gunjuru où il est
enterré5. Au début du XXème siècle, les Wagué étaient toujours les marabouts à Jaara6. Il organisa
probablement le mariage de son petit-fils, Ma Suraqe, avec Binta Dibasi-Darame pour sceller les liens
communautaires. C'est ainsi que s'est formée à travers cette chaîne de relations familiales et sociales,
une communauté qui gardait son identité soninké.
L'Almaami Abdul Kader effectua un remembrement des terres, qui est resté dans la mémoire
collective sous le nom de feccere Fuuta. C. Cros indique que "les chefs musulmans [les Elimaan]
avaient l'administration des terres et parfois l'Almaami les leur attribuaient définitivement"7. Il mit
1L'articlede Charles Monteil figurant dans les Mélanges ethnologiques, Dakar, IFAN, 1953 est reproduit en totalité dans
DIETERLEN, G., 1992, p. 228 à 239.
2BA, O., 1972, p. 995.
3DIAWARA, M., 19, p. 42.
4Entretien avec Mamy Ndianor, le 05.08.95, à Boki-Diawé, p. 204.
5Entretien avec Bintou Sylla, le 27.09.95 à Saint-Denis, p. 225..
6 Un Kisma Wagué est marabout à Jaara dans MARTY, P., 1920, p. 255.
7CROS C., 1971, p. 19.
64
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké DEUXIEME CHAPITRE
parallèlement en place le système de l'Almamiat. En même temps qu'il inaugurait la mosquée Abdul
Kader nommait un Elimaan. Ce titre cumulait les fonctions d'Imam et de chef du village (jom wuro).
Il est encore utilisé de nos jours. A ce titre se rajoutaient le nom du clan parmi lequel était choisi
l'Elimaan. Ainsi les fils aînés des Kan de Boki-Diawé, issus du clan des Neega, portaient le titre
d'Elimaan Neega. Les Imams de Boki-Diawé, comme dans d'autres villages, étaient désormais choisis
parmi les descendants de ceux nommés par Abdul Kader. Les Neeganabe devaient être confirmés
dans l'entrée de leur fonction, concrétisée par un vote et par la cérémonie de la prise de turban (lefol
en pulaar), par les plus importantes familles du village. Les Ndianor étaient les premiers consultés.
Thierno Samba Kan des Neeganabe reçut le premier ce titre et Abdul Kader lui donnait des terres des
Fule Gumunabe, qui lui avaient résisté, ainsi que d'autres terrains à Boki-Diawé1.
Les partisans de l'Almaami récupérèrent en propriété les terres de ses opposants. Abdul Kader
récompensa Thierno Tafsirou Souleyman Kan de Boki-Diawé, qui alla fonder le village de Doundou
sur le fleuve, et lui attribua des terres sur les deux rives2. Dans la région, d'autres partisans de
l'Almaami reçurent des terres prises aux opposants vaincus. L'Ardo (dirigeant des Fule) de Kawel,
qui se prénommait Ali Diam Badji, chef de la fraction des Fulße Jaluße arrivée avec les migrations
Fulße des Lam Termes et des Lam Taga, entre le XIIIème et XVème siècle, reçut en raison de son alliance
avec l'Almaami des terres des Satigi Deeniyankooße vers Bokiladji3. Le vassal des Jaluße, Eliman
Jubayru de la famille des Salsaße, reçu des terres de waalo à Boki-Diawé. L'Almaami, lui, possédait
par sa famille des terres de waalo entre Boki-Diawé et Diowol.
Ce n'est que le petit fils de Baba Wagué qui put s'installer définitivement à Boki-Diawé. Ma Suraqe
Wagué, le doyen des Wagué à cette époque, et les Soninké furent installés à Boki-Diawé par
l'Almaami4. Quand Ma Suraqe décida de s'installer à Boki-Diawé, Binta Wagué précise qu'il
s'adressa à l'Almaami Abdul Kader ainsi qu'à un Ndiaye. Les Soninké venait grossir la communauté
65
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké DEUXIEME CHAPITRE
musulmane du village. D'après Binta Wagué, la cérémonie d'accueil des Soninké s'est déroulée
dans la grande mosquée du village, certainement un vendredi. Wagué et Diawara reçurent des
Ndianor des champs qu'ils défrichèrent. Il s'agit en l'occurrence de terres du jeeri, qui permettent
surtout d'obtenir du mil, qui appartenaient aux familles Seßße comme les Ndiaye ou les Ndianor,
cédées contre des redevance telle que l’asakal, dérivé du mot arabe zakat. Cette dîme destinée à
la mosquée est dévoyée de sa destination originale pour être "l’unique redevance foncière qui
peut-être perçue dans le jeeri"1. En tant que premiers arrivants, les Ndianor possédaient de
nombreuses terres tant au jeeri qu’au waalo.
Hakrou Tirera rappelle que l'Almaami a accepté les Soninké car il voulait leur donner des femmes
Peul pour qu'ils puissent s'assimiler2. Mais ceux-ci refusèrent les mariages mixtes ainsi que les terres
de waalo qui attachent par trop au terroir comme le souligne O. Kane3.
Ce refus montre que les Soninké voulaient garder leurs réseaux d'alliances au sein de leur
communauté. Ainsi, dès la seconde génération née à Boki-Diawé, on note des mariages avec des
Soninké de Kaëdi, Nabadji Siwol, Golera, pour ce qui est du Fuuta4, ou bien même avec les villages
d'origine (Jaara par exemple) mais en majeure partie ces alliances matrimoniales se sont faites au
sein des familles du village. Les Wagué ont par exemple contracté des alliances avec les Fadiga-
Daramé et les Tirera, qui eux-mêmes ont contracté des alliances avec des Fofana.
Par le biais des listes généalogiques données sous forme écrite (Tariq de la famille Tirera) ou orales,
il est possible de donner des indications chronologiques sur la venue des Soninké à Boki-Diawé.
L'installation s'échelonne sur tout le XIXème siècle. Les Wagué et les Tirera sont arrivés dans les
années 1810-1820, suivis par les Konaté et les Fadé vers 1845 et enfin par les Diawara vers 1875.
Ces derniers étaient déjà présents dans le Fuuta-Tooro au début du XIXème siècle. Le tableau ci-
dessous résume les résultats.
66
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké DEUXIEME CHAPITRE
67
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké TROISIEME CHAPITRE
Le plan du village actuel permet de visualiser ce qu'était le village au XIX ème siècle. On peut y
observer l'évolution dans l'espace citadin de l'organisation sociale et communautaire1. Nous
avons vu dans le premier chapitre que les limites physiques de l’agglomération sont bien
spécifiques. Au nord, à l'approche du waalo et derrière le cimetière, deux marais (le Biibe et le
Bubel Gaodel) constituent une barrière aux constructions. Au sud, une colline sans végétation,
appelée Kaayel Gambi, est entourée d'un tabou. Selon plusieurs témoignages, la présence de jiin
(de l'arabe, esprits surnaturels) la nuit, interdit d'y séjourner. L'orientation du togge (butte en
pulaar) sur lequel se trouve l'ensemble des habitations 2 est dirigé d'ouest en est. La configuration
initiale du village devait être celle du quartier Haal-pulaar.
1
Se reporter p. 85 pour visualiser la carte du village.
2Appelée fooyre en pulaar et ka en soninké. Ce sont des "unités de production et de consommation" (voir WEIGEL, J. Y., 1982,
pages 44 et 47) que l'on désigne communément par le terme de concessions. Elles regroupent des individus, dont le lien est
l'appartenance lignagaire. Les fooyre et ka se caractérisent sur le plan architectural par des constructions entourées
d'enceintes.
3Quartiers d'habitation. Le mot kunda est toujours précédé d'un janmu. Se dit aussi de personnes d'une même famille, au sens
de descendants d’un même lignage. Voir en introduction.
4A première vue les concessions sont entourées de murs en banco au contraire de celles des haalpulaar cernées de branches. Des
dessins géométriques (losanges) en outre ornent certaines maisons.
68
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké TROISIEME CHAPITRE
tandis que les maisons contemporaines sont toutes en ciment et furent élevées à partir du milieu
du XXème siècle. Elles se dressent selon un plan rectiligne. Des maisons abandonnées se trouvent
à l'extrême est du village. Peut-être correspondent-elles à l'ancien site d'habitation des Ndianor
ou bien à l'ancien village qui fut brûlé par le colonel Dodds en 1891 ?
Le village est découpé en quatre quartiers séparés entre-eux par les lits asséchés de marigots qui
forment des sillons parallèles d’axe nord-sud. Il s'agit du Tirangol Boyinaji, du Budel Gaodel et du
Biibe Godoro. Ils sont dus à l’érosion du sol par l’écoulement des eaux de pluies qui partent depuis
la colline de Kaayel Gambi et qui se déversent dans les deux marais. Les quatre quartiers portent
chacun un nom : Boyinaji, Tiwel, Ndar et Sinccan1.
Parmi ces noms, trois caractérisent des lieux : Boyinaji dont l'étymologie pulaar signifie pour Ba
Samba Diop "le lieu des chacals", et Sinccan (qui signifie en pulaar "le nouveau lieu d’habitation")
sont des villages qui se trouvent comme Boki-Diawé dans le Ngenaar 2. Ndar est l’ancien nom de
la ville de Saint-Louis avant l’établissement des comptoirs et du fort français. Le souvenir du
commerce que les juula (marchands) faisaient avec Saint-Louis a peut-être été à l’origine de cette
appellation comme le laisserait entendre Ba Samba Diop. Rien ne permet d'affirmer que des
familles sont originaires des villages auxquels se réfèrent les noms de quartiers. Cependant, pour
Aïssata Diop, Boyinaji est le village d'origine de Baba Diko avant-dernier Elimaan Neega.
Quant à Tiwel, selon Ba Samba Diop, cette dénomination viendrait de tiwore "marécage" en
pulaar. Il ajoute que "les Seßße en quittant leur ancien lieu d’habitation entre Mboloyel et Boki-
Diawé [c’est à dire l’ancien site de Boki-Diawé, à l'est] sont partis s’installer de nouveau dans le
tiwore. Ils ont continué à dire qu’ils étaient dans le tiwore et les autres habitants ont appelé ce
quartier tiwore qui est devenu par contraction Tiwel". Par O. Ba on peut avoir un autre éclairage
sur cette signification. Selon lui, "le village de Doundou [au nord de Boki-Diawé] a été fondé à
l'époque d'Abdul Kader par les Kanhanbé de Boki Diawé dont le chef était Thierno Tafsirou
Souleyman" 3 Il écrit que le chef de Doundou porte le titre de Thierno Thiwel, retranscrit Ceerno
1 Se reporter à l’entretien d’Ami Fall avec Ba Samba Diop et Ségui Fall à Boki-Diawé en septembre 1996, pp. 150 à 159..
2Voir la carte p. 84.
3BA, O., 1972, p. 1306.
69
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké TROISIEME CHAPITRE
Siiwel par J. Schmitz1. La dénomination du quartier de Tiwel serait peut-être en lien avec ce titre
qui reprend un terme de lieu. Pour exemple, Elimaan Duga est le propriétaire du terrain de Douga
où se réfugièrent les Soninké avant d'intégrer Boki-Diawé.
Boyinaji et Tiwel concentrent la majorité de la population Haal-pulaar, tandis qu'à Ndar et Sinccan
vivent tous les Soninké. Il n’y a aucun lien de regroupement d'habitat entre les différents groupes
statutaires de chaque communauté. Les habitations Haal-pulaar, au contraire des Soninké, ne se
répartissent pas selon l’origine statutaire, si ce n’est la concentration des familles Toroobe autour
de la Grande Mosquée. Derrière eux, à la périphérie, se placent les familles Seßße. La majeure
partie des groupes statutaires de la société Haal-pulaar sont présents.
Les concessions des quartiers Soninké sont construites plus densément. Le plan d'ensemble s’est
constitué autour du marché. La maison des Wagué, chefs successifs du village Soninké, est dans
le prolongement de celui-ci. Sur le même terrain, se trouve la "mosquée sarakolé", figurée ainsi
sur la carte, probablement parce qu'elle fut construite par les Soninké. Tous les villages du Fuuta
Tooro ne sont pas dotés de marchés. Celui de Boki-Diawé a peut-être été installé par la
communauté Soninké, sous la protection de la famille Wagué. Les Soninké ont gardé dans l'espace
les distinctions statutaires. Le quartier de Ndar, qui regroupe le marché et la mosquée, renferme
aussi très distinctement les familles hoore, c'est à dire nobles en soninké, tandis que Sinccan
regroupe les ñaxamalo (groupe statutaire des artisans) et les komo (groupe statutaire de la main
d'oeuvre servile). Ce sont les mêmes distinctions statutaires que dans les pays d'origine. Il est à
noter que tous les types de ñaxamalo ne sont pas présents. Seuls les forgerons et les artisans du
cuir habitent de façon permanente le village.
Les captifs ont une résidence qui leur est assignée. Ils sont regroupés par rapport à leur
appartenance à leurs maîtres hooro. Ainsi, les komo des Tirera résident dans la concession des
Tirera, et ceux des Wagué sont regroupés autour d'une même cour au bout du village. On leur a
reconnu la propriété de leur habitation si bien qu'ils y résident encore tous ensemble.
70
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké TROISIEME CHAPITRE
L'économie du village était dominée par la production vivrière propre à la région : cultures sous
pluie de mil et de sorgho, cultures de décrue de riz et de maïs ainsi que les activités pastorales et
de pêche, dévolues respectivement aux familles Fulße et Subalße pour la pêche. A cela s' ajoutait
les activités exercées par les artisans (ñeenibe en pulaar et ñaxamalo en soninké), dont la
métallurgie, dévolue principalement aux Ndianor.
A la fin du XIXème siècle, Boki-Diawé était un centre religieux important. Les medrasa, écoles
coraniques, attiraient de nombreux talibe, disciples ou élèves. Ils venaient, comme cela se fait
encore actuellement, des autres provinces du Fuuta Tooro mais aussi d'autres régions pour suivre
les enseignements des Moodinu et des Toorodße. Ainsi, dans chaque maison de ces maîtres, à
partir de leur plus jeune âge, des garçons apprenaient le Coran et participaient en retour comme
main d'oeuvre dans les champs de leur maître.
P. Marty dans son Etude sur l'Islam au Sénégal publiée en 1917 présente Thierno Moodi Mamadou
Alimou Talla (mort selon O. Ba le 31 janvier 18871), installé à Boki-Diawé pour y enseigner, comme
le "Cheikh de beaucoup le plus important de la région, et dont l'influence dépasse le cercle de
Matam [...] Il a formé un très grand nombre de marabouts (chefs d'école, fabricants d'amulettes
et chefs de petits groupements religieux) dans le Fouta, le Salum et la Haute-Gambie"2. Ses
principaux disciples à Boki-Diawé étaient Abd Er-Rahman Tierno né vers 1875 et Moodi Bokar né
vers 1872 tous les deux, précise-t-il, maîtres d'école. Au Gidimaxa, Nalla Mamadou Kane né vers
1870, du groupement des Ahel Modi Nalla, était aussi son disciple3. P. Marty cite parmi les
marabouts importants Alfa Sourakhata de Boki-Diawé qui "jouit d'une certaine influence sur les
Sarakollés du Damga" ainsi que son fils et disciple à Dembakané Bakari Mariga, né vers 18634. Bien
71
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké TROISIEME CHAPITRE
qu'ils ne figurent pas dans la généalogie en annexe, le prénom de Sulaxata et les mariages
courants avec les Marega portent à croire qu'il s'agit de membres de la famille Tirera.
Boki-Diawé était un des principaux centres de teinture chez les Soninké au Sénégal selon Y. Athie1.
Dans les provinces du Booseya et du Ngenaar on achetait les produits issus de l’activité teinturière
qui était proprement Soninké, à tel point que Souleyman Fadé dit que "si aujourd'hui nous avons
gardé notre identité c'est par la langue et l'activité teinturière mais non plus par les cérémonies
traditionnelles"2.
Boki-Diawé était une bourgade importante. Vers 1887, la population de Boki-Diawé était estimée
par le commandant Noirot à 2 000 habitants3. A titre de comparaison, Podor qui était une escale
de traite sur le fleuve Sénégal était composée de 3 000 habitants en 1877 selon des recensements
administratifs communiqués oralement par Madame Chastanet. Dans les années 1950, la
population de Boki-Diawé avait chuté à moins de 1 500 habitants pour revenir à 3 000 habitants
au dernier recensement de 19894.
72
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké TROISIEME CHAPITRE
Le cinquième de la population du Fuuta Tooro, que David Robinson estime à 300 000 habitants,
à partir de la deuxième moitié du 19ème siècle a quitté le Fuuta pour suivre les conquêtes d'El
Haj Oumar Tall. De juin 1858 à février 1859, il installa son camp à Oréfondé. De là il prêcha une
émigration générale vers l'est, qui plus tard prendra le nom de ferogo. Parmi les habitants de
Boki-Diawé, les départs n'ont pas l'importance qu'ils ont eu dans d'autres cités du Fuuta Tooro.
Ils n'ont été qu'individuels. L'Elimaan Oumar Kan et Mamadou Thierno Kan des Neeganabe ont
rejoint son armée1. Mamadou Kangé Diawara, qui est mort avec El Haj Oumar à Bandiagara,
ainsi que Sulaqata Tirera chez les Soninké ont suivi El Haj Oumar2. Il est à noter que les intérêts
des royaumes Soninké étaient fortement divisés face à El Haj Oumar. Une partie du Gajaaga,
Jaara et le Jafunu furent sous sa domination. La participation aux conquêtes des Tirera et des
Diawara peut signifier que les Soninké de Boki-Diawé avaient pris leur autonomie par rapport
à leur pays d'origine. Le ferogo était notamment l'occasion d'échapper aux contraintes
familiales et sociales. La possibilité était offerte d'obtenir des biens ainsi qu'un nouveau statut
dans les territoires conquis par les armées de celui qui se nommait le Grand Almaami du Fuuta.
Son message de jihad contenait un aspect religieux par une volonté de réforme des pratiques
et d'expansion de l'Islam, mais plus encore un aspect politique qui signifiait qu'il n'était plus
possible de cohabiter avec les européens. L'indépendance du Fuuta Tooro commençait en effet
à être ébranlée. Depuis le début du siècle à partir de la colonie de Saint Louis, les Français
avaient construit des postes militaires sur le fleuve à Richard Toll, Dagana, Podor, Matam et
Bakel. EN 1854 la bataille de Dialmat dans le Dimat marqua le début des expéditions militaires
françaises dans le Fuuta Tooro resté depuis là indépendant.
Les départs de notabilités dans le ferogo d'El Haj Oumar ont été l'occasion pour Abdul Bokar
Kan, dit de Kobilo dans les sources orales, d'accroître son influence. Ce dernier, né en 1831 à
Dabiya Odedji, est le petit fils d'Ali Doundou Kan dont on a vu au deuxème chapitre qu'il avait
changé de nom. Ali Doundou était le conseiller d'Abdul Kader et dirigeait les affaires du
Booseya. Son petit fils a cherché tout au long de sa carrière à fédérer le Fuuta Tooro. Sa
73
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké TROISIEME CHAPITRE
détermination s'était forgée sur l'incapacité des Almaami à centraliser le Fuuta. Il eut a l'égard
des Français une stratégie pragmatique.
Chez les Soninké Abdul Bokar eut comme fidèles des Diawara, des Koulibali et des Konaté. A
ces derniers il fit don de la plupart des terres à Bokiladji, certainement quand en décembre
1885, il mobilisa les villages Soninké du Hayire contre le recrutement de fidèles par Mamadu
Lamine Daramé de Goundiourou (Gajaaga)3 . Dans les récits enregistrés à Boki-Diawé, les
Soninké s'opposèrent aux troupes françaises et à leurs alliés qu'ils trouvèrent surtout dans la
famille Wan du village de Mboumba dans le Laaw. C'est ce qui transparaît de l'entretien avec
Hakrou Tirera4. A plusieurs reprises Abdul Bokar saccagea Mboumba. C'est vers 1883 que le
nouveau gouverneur de Saint-Louis envoya une colonne dirigée par le colonel Voyron
composée d'auxiliaires "indigènes" provenant du Dimar, du Tooro et de Mboumba. Les Français
dotés de la nouvelle mitraillette Hotchkiss forcèrent les troupes d'Abdul Bokar à la retraite et
détruisirent Dabiya Odedji le 20 novembre. Les villageois, note Voyron, se réfugièrent dans le
marais5. Son village de résidence brûlé, Abdul Bokar se replia avec ses troupes dans le Ferlo, la
région aride au sud du jeeri, puis retourna au Fuuta Tooro pour s'établir à Boki-Diawé6.
74
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké TROISIEME CHAPITRE
2.3 - Abdul Bokar à Boki-Diawé et ses liens avec les familles du village
Cependant tous les villageois n'ont pas voulu soutenir Abdul Bokar. Maoudo Diop m'a dit que
"certains fuirent Boki-Diawé pour Ogo, Bokiladji quand Abdul Bokar est venu s'y installer. Ils
craignaient la capture d'esclaves et la répression des Français"3.
Son rapport avec les Seßße Ndiay de Boki-Diawé s'est trouvé renforcé quand Abdul reçut le
Burba Albury Ndiaye en exil.
Le Burba du Jolof Albury Ndiaye et sa suite vinrent rejoindre leur allié Abdul Bokar à Boki-Diawé
début juin 1890 après qu'en mai sa capitale Yang Yang fut détruite par les troupes menées par
le colonel Dodds. Il avait combattu Mboumba en 1876, rejoignant le camp d'Abdul Bokar. Un
télégramme datant du 19 décembre 1888 signale déjà la présence d'Albury à Boki-Diawé4. Il y
rencontre Moktar, frère d'Amadou Shekou, le fils d'El Hadj Oumar. Leur rencontre a pour objet
l'émigration de 4 000 hommes, selon les estimations du Commandant Supérieur du Haut
Fleuve, vers le Rip puis le Kaarta pour aider Amadou Shekou contre les Bambara. Leur lien se
tissait de nombreux gestes d'alliance que D. Robinson détaille. En 1883, il lui avait fait parvenir
75
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké TROISIEME CHAPITRE
400 cavaliers à Boki-Diawé. En juin 1884, suite à une famine dans le Jolof, Abdul lui envoya du
mil. Au printemps 1885, le Bourba s'opposa aux Français et fit appel à la cavalerie d'Abdul. C'est
à cette époque que la soeur d'Albury se maria avec Mamadou Abdul, le fils d'Abdul Bokar.
Quand en janvier 1886 Albury se confronta au roi du Salum, Abdul organisa une expédition
pour le soutenir1.
Néanmoins, la France décida au début de l'année 1890 de mettre un frein aux résistances
militaires à sa pénétration et d'établir un gouvernement colonial parmi les chefs qui
collaboraient avec elle. C'est ainsi que le colonel Dodds est envoyé dans le Fuuta Tooro.
Amédée Dodds (1842-1922), petit fils d'un officier anglais de la garnison se trouvant à Saint-
Louis en 1817, était un métis de cette ville qui fit carrière dans l'armée coloniale française. Sorti
de Saint-Cyr en 1865, il fut lieutenant à la Réunion et dut faire face à une révolte. Après avoir
été dans l'armée de Versailles en 1871, il part au Sénégal en 1881-83, en Indochine, puis
retourne au Sénégal entre 1888 et 1891 où il occupe le poste de Colonel Commandant
supérieur des troupes2. Son expédition victorieuse et saluée par tous à Yang Yang contre Albury
Ndiaye, avait été décidée sans l'accord du Ministère des Colonies. Le gouverneur Clément
Thomas en poste jusqu'au 15 septembre 1890, l'avait couvert en justifiant qu'elle n'était
qu'une simple opération de police. Cependant, cet événement montre que Dodds avait une
marge de manoeuvre et un poids singulier dans la colonie du Sénégal. En juin 1891, il devint
même gouverneur intérimaire pendant le voyage dans les rivières du Sud du gouverneur
Lamothe. Il est présent dans la mémoire collective des habitants de Boki-Diawé.
Ses adversaires, Abdul Bokar Kan et Alboury Ndiaye avec leurs partisans se réfugièrent fin juin
1890 sur la rive Nord du Fleuve vers Kaëdi dans un camp des maures Awlad Ely et Idawaich3.
Le 13 août Dodds partit de Saint-Louis pour établir un poste à Kaëdi afin de les repousser plus
dans l'arrière pays mauritanien. Le 29 août, le pavillon français y est arboré. De janvier à mars
1891, avec 1000 soldats des troupes coloniales et 2000 hommes fournis par Ibra Almamy Wan,
principal opposant à Abdul et ses alliés, Dodds mène l'expédition qui doit mettre un point final
76
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké TROISIEME CHAPITRE
Les deux résistants étaient aux abois. Albury décida de rejoindre l'armée d'Amadou Shekou
vers le Niger. Il y fut tué en 1902. Quant à Abdul il fut assassiné le 5 août 1891 par ses hôtes
Idawaish. Le colonel Dodds, parallèlement aux opérations militaires, organisa par des traités le
découpage du Fuuta Tooro. Il choisit pour diriger le Ngeenar, Ibra Abdul Wan de Kanel revenu
de son exil à Mboumba.
Dés le début, les rapports de l’administration coloniale désignent le village par l’appellation
"Boki-Diawé saracolet - Boki-Diawé toucouleur". Cette appellation fait référence à l’existence
d’une double chefferie, situation crée par la colonisation elle-même.
Le 25 février 1891, le colonel Dodds définit dans un traité avec Ceerno Moole Bubakar de
Thilogne, son principal allié dans le Booseya, et l'Elfeki Atumane chef du Ngeenar, les limites de
leurs canton2. "La frontière ouest du Ngeenar passe entre Sintiou Diomdior et Gaol, Dabia,
Douganabé et Boki-Diawé pour se prolonger vers le sud-ouest en laissant le village de Kiriré dans
le Damga"3. Vers 1908, Amady Alfa Ba devenait le chef du canton du Ngeenar4. Aboubacry Kan
présente son action : "Les européens ont nommé Amady Alfa comme chef du canton du Ngeenar.
C'était un peul de Goudoude. Il a élu Souleyman Oumar [Kan] comme chef de village à Boki-
77
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké TROISIEME CHAPITRE
Diawé." Le nouveau chef de la région se comportait comme Abdul Bokar, il confirmait le chef de
village, titre qui remplaçait celui d'Elimaan, dans sa fonction.
Les Salsaße ont cherché a obtenir en vain la direction du village durant cette période. Bathily
Fadiga mentionne que "le premier chef du village vivait dans le quartier de Boyinaji, c'était un
Salsaße. Après il s'est battu avec les Soninké. Puis, ce fut Samba Ifra, un Neeganabe"1.
La mise en place des rôles d'impôts, listes nécessaires à l'administration coloniale pour pouvoir
recenser les personnes imposables, première forme de concrétisation de la domination
française, a suscité à Boki-Diawé un conflit ouvert. Le chef du village, Samba Ifra Kan, successeur
de Souleyman Umar, selon Hakrou Tirera, "a fait deux listes d'impôts : une pour les Français, une
pour lui. Les Soninké ont refusé. Ils ont choisi Banta Wagué comme chef de village". Cette
pratique était courante. On retrouve mentionné que le chef du canton du Worgo fut révoqué en
1907 pour "détournements d'impôts"2.
Aux yeux des Français, pour qui ce conflit était favorable, apparaissaient deux chefs de village et
donc deux villages : le Boki-Diawé des Kan, qui avait été en rébellion avec leur autorité et le Boki-
Diawé des Wagué, dont la famille avait dès le début collaboré avec eux. Cette distinction
apparaissait aussi dans la morphologie du village, composée de deux parties.
Le colonel Dodds dut choisir des alliés à Boki-Diawé. Il les trouva parmi les Soninké. Ils firent
certainement comme à Kaëdi le 29 juillet 1890 lorsque la ville fut bombardé et que les Soninké
de la ville sortirent avec un drapeau blanc3. Maoudo Diop affirme que "quand les Français sont
venus, ils [les Wagué] ont tout de suite reconnu leur autorité et ont bénéficié des terres des
partisans d'Abdul qui l'avaient suivi dans sa fuite"4. Ainsi, Alfa Isa Wagué, selon Hakrou Tirera
78
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké TROISIEME CHAPITRE
"est le premier à recevoir les Français"1. Dougo Alakha Diaw avance qu'il "a accueilli le colonel
Dodds. Celui-ci lui a donné des terres : Jarde do et less, Ma fillo, Kolangal Boki et Toke. Ces terres
étaient à Satigi Ndiaye. A l'arrivée de Dodds, Satigi Ndiaye avait prit la fuite. [...] Il est parti à
Oréfondé"2, certainement afin rejoindre sa parentèle, les Bummoy Ndiaye de cette ville. "Les
Ndiaye avaient refusé la pénétration des Blancs" pour Samba Diop3. Ils étaient intimement liés,
comme nous l'avons vu dans les paragraphes précédents, avec Abdul Bokar. A. Kane écrit que les
Ndiaye de Boki-Diawé furent victimes d'une mesure de dépossession qui n'a été prise à sa
connaissance que contre-eux, parce qu'ils s'étaient opposés à la pénétration française4.
Cela s'était fait avec l'assentiment d'Ibra Abdul Siré, premier chef de canton de la province du
Ngeenar. O. Ba ajoute que "de ce fait, sans raison aucune, ces Sarakhollés [les Wagué] devinrent-
ils des propriétaires fonciers"5. Alfa Isa fut même considéré par l'administrateur du cercle de
Matam en 19176 comme le chef de village de Boki-Diawé alors qu'il n'avait pas ce titre au sein
du village.
L'ordre colonial venait bouleverser la gestion des terres. Les locations de terres cultivables se se
sont développées au XXème siècle par le biais de l’émancipation des captifs, qui devirent des
cultivateurs à leur compte et non plus pour celui de leur maître. Ba Samba Diop perçoit l'ordre
colonial comme une incitation à la revendication de terres : "les européens ont dit que la terre
n'était pour personne, alors elles ont déménagé [...] Si on voulait déménager on disait que le
terrain était à soi"7. L'administrateur du cercle de Matam rappelait, le 30 janvier 1909 dans son
rapport annuel d'ensemble, l'historique de la tenure des terres et la politique coloniale en cette
matière8 : Le premier octobre 1899 le Commandant du cercle de Kaëdi, qui remplaça entre 1895
et 1904 le cercle de Matam, passait une convention avec les chefs de provinces du cercle qui
79
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké TROISIEME CHAPITRE
Ainsi, plusieurs conflits importants de revendications de terres eurent lieu. Ils concernaient à
chaque fois des descendants d'anciens propriétaires partis vivre dans d'autres villages et revenus
réclamer leur droit à mettre en valeur la terre de leur ancêtre. Selon Mamy Ndianor Souleyman
Oumar Kan avait été opposé à Thierno Samba de Ndiot, descendant d'Elimaan Bokar, venu
revendiquer des terres. Les Ndianor avaient même été convoqués à Matam auprès de
l'administrateur en vue de témoigner pour ce conflit2. Après la seconde guerre mondiale un
conflit eu lieu entre une branche des Wagué parti à Oréfondé et Alfa Issa Wagué, sous le chef de
province Abdul Salam Kane. En 1947, l'administrateur indique, dans le chapitre sur la situation
politique, "un seul point trouble [dans le Ngenaar], les deux villages saracollés de Bokiavé sur les
limites septentrionales du canton. Des litiges de terrains avaient été réglés par mon
prédécesseur, d'autres ont surgi entre les saracollés et les Wagué d'Oréfondé. L'affaire étant
entre les mains de la justice, le pays paraît calme dans l'attente de la décision judiciaire à
intervenir."3 On retrouve la mention de ce litige durant toute l'année 1947 sous la forme de
"palabres de terrains, pourtant réglées, qui menacent de reprendre"4. Il doit s'agir de
revendications de terrains de descendants directs d'Alfa Issa Wagué qui résidaient à Oréfondé.
80
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké CONCLUSION
CONCLUSION
Boki-Diawé a toujours été associé directement au pouvoir. Même si son rôle est de second
ordre et que la renommée du village n'atteint pas celle de Mboumba, Kaédi, Matam et d’autres
villages de plus grande dimension, il n’en reste pas moins que les sources écrites les plus
importantes pour la région en font mention.
Dans les premiers temps connus, il semble que Boki-Diawé ait été un centre important. Il a
retenu l’attention des auteurs car ils le citent fréquemment. Mais ceci peut être l’effet d’un miroir
grossissant. Les terrains avoisinant le village étant de bonne qualité que ce soit Farba Jowol ou
l’Almaami Abdul Kader, tous les deux ont mis en valeur ceux-ci. Néanmoins, la constante au Fuuta
est qu’il n’y a pas eu de capitale fixe. Chaque village a pu être la résidence des Satigi1 ou celle des
Almaami2qui choisissaient leur lieu de résidence en fonction de leur lieu de naissance.
C’est ainsi que de nombreux auteurs ont mis en parallèle les villages du Fuuta Tooro avec les
cités de la Grèce antique. Ils ont basé leur comparaison sur des thématiques récurrentes. Celles
du pouvoir d’assemblée, des confédérations de cités et de la concurrence perpétuelle entre elles.
Ainsi, Mboumba, dans le Laaw tout le long du XIXème siècle, a tenté de prendre la tête des cités et
par conséquent s'est opposé dans leur volonté de fédérer le Fuuta à El Hadj Oumar et à Abdul
Bokar, dont l'influence se faisait plutôt sentir dans le Fuuta central.
Boki-Diawé était un village où les populations haal-pulaar dirigeantes se définissaient par le fait
d'être d'origine autre que Peul ou par l'Islam, thème fédérateur. Parfois les deux à la fois pour ce
qui est des Ndianor considérés comme Seßße et comme les gens de la mosquée (Jamannaaße).
Ces derniers gardaient le passé d'un territoire, le Nammandiru, qui comprenait une population
issue de mélanges, les Fadduße, ainsi que la culture forgeronne qui possède des caractères trans-
1Titre des rois de la dynastie des Deeniyankooße. Vient du terme mandé de saltigi, le guide.
2Titre des chefs élus du Fuuta, provient de l'arabe Imam, le guide de la prière.
81
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké CONCLUSION
ethniques. Les Kan de Boki-Diawé, sous la forme du lignage des Neeganaaße, se rattachent aux
Kan d'autres villages comme appartenant au même clan. Le fait que leur clan ait eu en son sein
des personnages prestigieux (Abdul Kader et Abdul Bokar) leur confère un rôle important.
Les départs massifs des soninké pour le Fuuta, n'étaient possibles que par l'existence de
réseaux dans le lieu de destination et de la garantie qu'une fois sur place il y ait les moyens de
production nécessaires. Le fait qu'il y ait toujours dans les régions ouest africaines des villages
ou des quartiers composés de minorités linguistiques ou culturelles a joué dans ce sens et dans
celui d'une forte mobilité des populations.
Les migrations antérieures étaient individuelles, celles de la fin du XVIIIème siècle et du début
du XIXème siècle ont eu la particularité d'être collectives. L'intégration était nécessaire car les
populations soninké avaient vocation de s'établir. Cependant, elle se fit par complémentarité.
Les tissus teints, par exemple, production spécifique des femmes nobles soninkés sont achetés,
selon A. Diop, par les Haal-pulaar'en à l'occasion de leurs principales cérémonies et par les
commerçants fuutankooße1.
82
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké CONCLUSION
Même si la coexistence n'a jamais été idyllique entre les deux communautés, il n'y a jamais eu
réaction de rejet de la part des deux parties. Les Soninké parlent couramment le pulaar et font
preuve d'une bonne connaissance, notamment en histoire et en topographie, du milieu dans
lequel ils sont immergés. Tandis que les Haalpulaar'en voient dans la communauté soninké son
dynamisme économique et sa facilité à partir à l'étranger1.
En outre, il n'a pas été fait mention dans les entretiens de la présence ancienne dans le village
de Jaawame, catégorie liée à l'Etat2. On possède peu de renseignements sur leur apparition et
leur fonction exacte auprès des nobles chargés de gouverner. Par ailleurs, la situation et les
modalités d'acquisition des serfs n'ont pas été fouillées. On pourra se reporter aux entretiens
avec Ba Samba Diop et Ségui Fall sur ces sujets. Enfin, toute la question des migrations au
XXème siècle n'a pas été abordée alors que de nombreux ressortissants du village, Haal-pulaar'en
et Soninké confondus, sont partis à l'étranger ou dans le reste du Sénégal, surtout dans la
capitale. Cette question est liée au développement du village, ses ressortissants ayant participé
au financement de la plupart des équipements collectifs.
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE I : CARTES
CARTES
Carte de l'Afrique de l'Ouest
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE I : CARTES
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE I : CARTES
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE I : CARTES
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE I : CARTES
Carte de Boki-Diawé
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE II : REPARTITION DES FOYERS
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE II : REPARTITION DES FOYERS
1 - Familles haalpulaar1
Les Sebbe : Ndianor, Pam, Ndiaye, Sow, Mangane, Dieng, Diop, Sett, Sall, Diaw, Gueye
(d'origine wolof), Ndaw, Ndom, Kédikou, Pambé.
Les Jawambe (conseillers) : Bocoum, Sam, Njim, Ndyade, Niane, Mamadou Sam.
Les Toorobe (religieux ): War, Kane, Bayla, Aliou Seynou Sall, Bocar Bane, Saada Bass, Boudy.
Les Fulbe (éleveurs) : Cheickou Diallo, Adama Diallo, uniquement la famille Diallo.
Les Subalbe (les pêcheurs) : n'habitent pas le village mais Mbakhna (do et less [haut et bas du
marigot de Diammel]). C'est la famille Mangane. Elle est en relation étroite avec les Ndianor.
Les Laobe-Gajaaga ( boiseliers spécialistes dans la fabrication des mortiers et pilons) : Hamady
Gajaaga.
les Garanke (cordonniers, mais le terme ici est emprunté au soninké. Se dit sakke en pulaar) :
Faty Dia.
Les Maccube (captifs) : Sy, Konté, Keita, Bobel Ba, Waly Diallo, Djindé Ba, Seydou, Kamara,
Doulo Biram Barry.
1 - Familles Soninké
90
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE II : REPARTITION DES FOYERS
Les Jonkurunko (esclaves émancipés de rang élévé parmi les autres esclaves2) : Diawara et Ba.
Komo des Tirera : Diop, Fall, Sira Niamé ;
Komo des Wagué : Koulibaly, Traoré, Konté, Sidibé ;
Kome des Kamara : Konté ;
Komo des Sylla : Koulibaly, Diallo ;
Kome des Fofana : Cissokho ;
Kome des Mangassouba : Diakhité ;
Kome des Fadé : Kanté (sont haalpulaar) ;
Komo des garanke : Sanbakhé et Cissokho.
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE III : PHOTOS
PHOTOS
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE III : PHOTOS
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE III : PHOTOS
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE III : PHOTOS
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE III : PHOTOS
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE III : PHOTOS
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE IV : GENEALOGIES
GENEALOGIES
Manuscrit de sept feuillets rédigé par Sulaqata Tirera
Traduction par Feriel Saadi-Barrère. S. Tirera est l'arrière-grand-père de Kisima Demba
Tirera qui me l'a présenté. Voir les photos au-dessus. Le texte, caligraphié selon l'écriture
maghrab (répandue au Maghreb et en Afrique) comporte des verbes en arabe classique et
une voyellisation particulière (en rouge). Il emploie un vocabulaire de la parenté soninke.
Il reproduit une généalogie. Elle m'a été présentée comme le Tarixu Tirera kunda, c'est à
dire l'histoire de la famille Tirera de Boki-Diawé. Elle débute par le premier Tirera arrivé
à Boki-diawé.
Premier feuillet
Priez sur notre Prophète Mahomet, sa descendance et son salut. Sachez. Salutation aux Tirera.
La famille1de Yuri et de Dalante2Tima. Dalante Tima a engendré l'Imam Bubu. A nous. Cet
Imam a donné naissance à Fode Yusufi, Manxule Juma, Yusuf Juma. De Yusuf Juma sont nés
Fode Salum, Fode Mustafa, Almaami Manxule, Fode Al Masimina3 et Fode Maadi Baba. A
nous. Fode Salum a eu Aruna et Yusuf. Tima est à nous4. [Yusuf] a eu Jime5 Tima, Sulaxata
Tima, Ma Sule Tima, Maadi Baba, Gundo Tima et Mancita Tima. Ils sont à nous. Aruna Tirera
et son frère vivaient au moment de Sheku dans le village de Masamalu Tuba. Fode Mustafa a
donné naissance à Fode Salum, Fode Maadi Baba qui a donné naissance à Bakari Tima qui lui-
même a donné naissance à Salum Tima, Gey Tima, Manxule Tima, Yeli Tima, Soxona, Mariam
Juma, Ma Arusata. Juma. Arusata a donné naissance à Awa Drame qui a donné naissance à
Yarafa Masimina. La descendance mâle des Dukure est Kaba et Bakari. Bakari a engendré Jaka
qui est à nous. Fode Sulaxata nous l'a appris.
Deuxième feuillet
Fode Sulaxata a engendré à son tour Aruna, Amadi Sule, Sule Maro, Xalil Maro. Leur mère
s'appelle Maro Bija de la famille des Marega. Ses frères et soeurs Yarafa Sirandu, Kumba et
Asamia Kumba. Leur mère est Kumba Sirandu la Maure. L'ancêtre des Zahujati s'est mariée à
la bataille de Fasaba. L'ancêtre Zahujati est de la famille Marega. Aruna Maro a engendré Maro
Danko6, Fakru Danko, Baba Danko, Jime Danko, Nene Danko, Bija Danko, Kama Danko. Leur
mère est de la famille des Marega de Nabaji. Et aussi, Ayisa, Usman, Kumba Asa, Ali Asa, qui
sont les enfants de Asa Kudeji de [la famille des] Fade. Puis Ayisata Njou, Xadija Njou et
Baba Njou. Leur mère est Njou Jeneba de [la famille des] Silla de Tigere. Puis, Maro Danko
n'a pas eu de fils. Nani Danko est entrée dans la famille des Diawara à Golera. Après, Bija est
entrée dans la famille des Koyita. Puis, Kama Danko est entrée dans la famille des Wagué. Puis,
Baba Danko n'a pas laissé de fils. Puis, Fakru a engendré Babu Fatuma et Samba Fatuma. Ils
sont morts quand ils étaient enfants. Ils n'ont rien laissé. Jime Danko a engendré Mariamu Jime,
1Ecrite "kunda".
2L'ancien en soninké.
3Le musulman en arabe.
4C'est à dire qu'elle est entrée dans notre famille.
5L'aveugle en soninké.
6Le pieux en soninké.
98
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE IV : GENEALOGIES
Xalilu, Kumba Fatuma, Maro Jime, Jahara Jime, Juxi Jime, Danko Jime. Ce sont les enfants de
Fatimata Bire de la famille des Marega à Kaëdi. Puis, Baba Jou n'a pas laissé de fils ainsi
qu'Ayisata et Xadija Jou.
Troisième feuillet
Ils n'ont pas laissé de garçons. Puis, Jakali Ayisa n'a rien laissé. Elle est à nous. Usman Asa. Il a
engendré Ayisa Usman, Buri1 Ali, Fakuru Usman Asa, Sarakere Usman, Xalilu Usman, Mama
Jukure Usman, Mina Usman, Kama Usman. Ils sont les enfants de Jonkunda Jitamahali de la
famille des Simera. Puis, Fati Bulihali Aminata, Aruna Aminata, Hafsatu Aminata, qui signifie
Nani, Binta Aminata, Maro Aminata, Denba Aminata, Mohamadu Aminata, Mariamu Aminata.
Tous ces enfants sont d'Aminata Fade. Puis, la parole de Dieu. Musa Asa a engendré Asa Musa,
Ramata Musa, Kile Musa. Ils sont les enfants de Mayimu Jara Wage. Puis, Kumba Ayisa est
entrée chez les Fade. Puis, Ali Asa Fade a engendré Binta Ali, Babu Ali, Ayisa, Ayisa Ali. Ils
sont les enfants de Mayimuna de la famille Diara. Puis, Musa Ali. Sa mère Mama Kabi Jirami
de la famille des Fade. Puis, Maadi Sula Ali, Mama Ayisa Ali. Leur mère est Ayisata Diawara
de Hamadi Unare.. Ils sont à nous à Hamadi Unare. Sirandu Kumba, Sanunku Hamadu,Tula
Sirandu, Jime Sirandu, Musa Sirandu, Kumba. Ils sont les enfants de Sirandu Sulaxata. Elle est
à nous. Toka Sirandu a engendré Manxule Bija, Yusuf Bija, Aruna Bija, Sulaxata Bija. Ils sont
les enfants de Bija Tirera de Kaëdi. Puis, Bakari Toka, Kuni Sayadana. Leur mère est Asa de la
famille Soxuna. Puis, Bali Urkiti. Sa mère est des Keïta. Puis, Ayama Baba Toka, Malafa Toka.
Leur mère Jime Tima est de la famille des Tirera. Elle est à nous. Juma Sirandu a engendré Yusuf
Juma, Basiru Juma, Kumba Juma, Yari Kumba, Hata, Banta Juma, Yaxane Banta, Kalirajuta
Juma père de Wahidu. Cependant, ils sont à nous. Yusuf Binta. Sa mère est de la famille des
Sago. Elle est à nous. Bakari Ata, Fahaba Ata, Banta Ata. Leur mère est de la famille Bathily.
Puis, Jufi Bahi Wakada Sarayaka, Seku Bahi. Leur mère est Bahi de la famille de Mohamadu
Sukuna. Elle est à nous. Et Kumba Sirandu. Elle a engendré Yusuf Jabu, Sahaba Jabu, Ayisa
Jabu, Binta Jabu. Leur mère.
Quatrième feuillet
Waseletu Jabu, Jafar Jabu. Ils sont les enfants de Jabu Ibran de la famille Sukuna. Puis, il a
enfanté Tula Sirandu et Sindu Tula. Sa mère était Ayisata Tanjan de la famille Tanjan. Kumba
Sirandu Sulaxata a enfanté Yakuba Kumba, Salatu Kumba, Sarimati Kumba, Yusuf Kumba. Ils
sont les enfants de Kumba Sirandu de la famille Sukuna. Puis, Seyidna Tula. Il nous a laissé
Amarama. Ayisa Mina Sulaxata a engendré Shabaku Denba, Judi Denba, Baku Denba. Ils sont
les enfants d'Ayisa Mina. Elle est à nous. Sheyimana Tuka. Il a engendré seulement Kuni
Sayadini. Elle est à nous. Bashku Denba a engendré Fatimata [effacé] Barane. Jaka cela signifie
Fade Jaka de la famille Marega. Puis, Judi a engendré Fatimata Biri, Madiri qui est à nous.
Madiri, Baku, Denba n'ont pas laissé d'enfants. Nous avons Maadi Sule Maro qui a engendré
Shila Mariamu, Usman Mariamu, Jibala Mariamu, Sulaxata Penda, Mohamadu Jani, Maro Jani,
Kibili Jani, Idris Nana, Babu Nana, Juti Nana, Tijani Nana. Ils sont les enfants de Judi Madsuli.
Il est revenu à Xalil. Maro Ana Judi, Xalil qui a engendré Judi Sulaxata Xalil, Kasure Xalil,
Kumba Xalil, Maro Xalil, Jura Xalil, Kunda Xalil, Mohamed Xalil, Mohale Xalil, Aruna Xalil.
Ils sont les enfants de Fode Xalil [effacé] Madibake [à la place] Maro. A nous. Sa femme Sila
Mariam est de la famille Tanbadu. Moi. Usman Mariam n'a pas laissé d'enfants. Elle est à nous.
Jibila Mariamu. Il a engendré Mohamed Sira, Aruna Sira. Leur mère à eux deux est Sira Mama
Yusuf de la famille Kamara. Puis, Sulaxata Penda sa mère Fabida est de la famille Marega Juli.
99
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE IV : GENEALOGIES
[Nom effacé]. Elle est à nous. Sulaxata Penda a engendré Penda Maamu, Samaba Maamu,
Denba Maamu. Leur mère est Kumba Maamu Tandia. Elle n'a pas laissé d'enfants1. Sa mère est
de la famille Tandian. Moi. Jamadana2 a engendré Mohamed Hamadi, Samba Hamadi, Bani,
Judi Jeneba, Fatimata Hamadi, Shexuna Tijani, Amadu Nana Hamadi et Ñame Hamadi. Ils sont
les enfants de Maamu Judi de la famille Jara.
Cinquième feuillet
Puis, Yuba Tirera. Sa mère est Mariamu Sarire de la famille des Bathily. Il a engendré Amadi
Jani et Demba. Puis, Idrisa Nana, Kile Nana et Tijani Nana. Eux, ils n'ont pas laissé de fils. Rien.
Baba Nana a engendré Mohamed Babu, Kile Babu et Jani. Ils sont les enfants de Fatima Mariafe
de la famille Mare. Jani est à nous. Jani Mohamed Tirera s'est marié à Jani de la famille des
Diagana de Kaëdi. Les frères et soeurs. Babu Nana, Maro Jani qui a épousé un membre de la
famille Touré. Ba Shexna Hire. Fode Xalil Maro a engendré Sherif Xalilu qui a engendré
Sulaxata, Awa, Sira Kumba, Sirandu, Jahara Kumba, Tamarata Kumba, Seku Kumba, Kama
Kumba et Masi Kumba. Ils sont les enfants de Tukabe Juti de la famille des Marega de Soringo.
Puis, Binta, Sherif, Mancita, Sulaxata et Fode Sulaxata. A nous. Binta et Sulaxata. Leur mère
est Bahi Kande de la famille. Voilà les enfants de Fode Sulaxata. Les frères et soeurs de Sulaxata.
Kumba Xalilu sa femme étant de la famille des Marega de Golera.
1Cela signifie peut-être qu'elle a adopté par le biais d'une captive ceux qui portent son prénom.
2Lire Hamadi Jani.
100
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE IV : GENEALOGIES
Légende
femme
homme
= lien matrimonial
lien colatéral
lien de filiation
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE IV : GENEALOGIES
102
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE IV : GENEALOGIES
103
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE IV : GENEALOGIES
104
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE IV : GENEALOGIES
105
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE IV : GENEALOGIES
106
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE IV : GENEALOGIES
107
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE IV : GENEALOGIES
108
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE IV : GENEALOGIES
109
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE IV : GENEALOGIES
GENERATIONS
1 2 3 4 5 6 7 8 Toxo Lieu de résidence et
(prénom) mentions particulières
Hode Banta 5ème debi-gume
= Kama Danko Voir généalogie des Tirera
Tirera
Maadi Kama Cadi à Matamii.
Umar Kama 6ème debi-gume
? "
Binta Boki-Diawé. Informatrice. Se
dit née vers 1903.
ème
Amadu 7 debi-gume et assesseur
Bambi de tribunal à Diorbivol3
Banta Bintu 8ème debi-gume
Sirandu Banta "
= Jeneba
Jara Jeneba "
Baba Fusenu "
Mayimuna "
Jara
= Musa Asa Voir généalogie des Tirera
TIRERA
Sira Ñame Jara "
Ma Gunayi "
Jara
Mam Jeneba "
Bahalima "
Mama
Bakari Jeneba "
? "
Bakari Ñuma "
Hode Jeneba "
Baba Ñame Né en 1889, domicilié à
Boki-Diawé cultivateur de
profession4
Xalilu Jeneba Boki-Diawé
Légende
Les noms en gras sont ceux des xirise (doyens) devenus à partir de Hode Isa les Bokijawe
soninke debi-gume (chefs soninkés du village de Boki-Diawé). L'ordre de sucession se fait de
haut en bas.
Sources : entretiens avec Binta Wagué le 06.08.95 et Bathily Fadiga le 10.08.95 à Boki-Diawé.
BA, O., 1972, p. 995.
2Arch.Sénégal, 11 D 1 - 756, Recensement des villages du Nguénar pendant la tournée du commis des affaires indigènes Lienard
du 6 au 25 décembre 1917.
3Entretien avec Binta Wagué le 06.08.95.
110
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE IV : GENEALOGIES
4Figure dans la 13ème et dernière catégorie des électeurs sur une liste de 3280 inscrits toutes catégories. Arch. Sénégal, 11D1-
789, Elections. Listes électorales du cercle de Matam. 31.03.49.
Hamme
Juuldo
Aali
Makam Ndiot Convertit les
et Njanor et
Boki- construit la
Diawé première
mosquée de
Boki-Diawé.
= Mariam
Deede
NJANOR
Muusa
Hamadi
Maka
Ibrahim
Umar
Hamme
Buubu Ndiot
111
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE IV : GENEALOGIES
Sources principales : entretien avec Aboubacry Kan le 13.08.95 et Kiburtz, O., 1994, p. 155.
112
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE IV : GENEALOGIES
113
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE IV : GENEALOGIES
Génératio
ns
1 2 3 4 Toxo Mentions particulières
(prénom)
?
Brahim Vit actuellement.
Sources : entretiens Kantara Diawara le 02.08.95 et Balla Woppa Konaté le 31.07.95.
114
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE IV : GENEALOGIES
115
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE IV : GENEALOGIES
Aminata Balla
Awa Balla
Aruna Balla
Amadu Afsa
An
116
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE IV : GENEALOGIES
117
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE IV : GENEALOGIES
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE IV : GENEALOGIES
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE IV : GENEALOGIES
Birahim
Jafara
Malamin
Xunba
Kebe
Fatumat
a Kebe
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE IV : GENEALOGIES
GENERATIONS
1 2 3 4 5 6 7 Prénom et Mentions
Nom de particulières
famille (en
majuscules)
Samba
FADO
= Ayise
NJANOOR
Waali
NJANOOR
Biige
Yaara
Namba
Nyaga
Alhamdu
Kayido
Gore
Seketi ou
Segedu
Sawa
Jaarde ou
Jaargi
Samba
Mamadu Informateur. Né
vers 1940.
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE IV : GENEALOGIES
Sources : à partir des entretiens avec Oulèye Bokar Ndianor le 16.08.95, Mamy Ndianor le 05.08.95 et du manuscrit
rédigé par Samba Ndianor, une ébauche de généalogie a pû être dressée. Cependant, comme ils me l’ont répété, seuls les
awlue sont capables d’en donner de plus complètes.
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE IV : GENEALOGIES
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
ENTRETIENS
dans l'ordre alphabétique
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
La cotisation à l’ADMVB et à la grande caisse (un compte en banque en fait) est mensuelle. La
cotisation à la grande caisse est majorée annuellement. Tout le village est concerné. Quand
l’ADMVB ne peut pas, la grande caisse couvre les frais de rapatriment des corps, d’avocats.
Hamadi Diawara est le doyen des immigrés du village et le responsable de la grande caisse. Il
habite en France. Au village le chef est le doyen.
A. F. : Quels sont vos projets ?
K. B. : Nous voulons assurer la continuité de l’aménagement de l’école. Le bureau de Dakar a
obtenu une valeur de deux millions de CFA pour des tables, chaises et la construction d’un
collège dont les travaux ont débuté en 1993. Il faut améliorer le fonctionnement de ces
établissements, moderniser le dispensaire et la maternité. Nous pensons créer avec l’appui du
Groupe de Recherche et de Développement Rural un champ de rizière avec une formation
d’emploi dans un but d’éviter l’émigration.
Nous voulons que Bokidiawé devienne le chef lieu d’arrondissement. Nous désirons développer
l’économie du village en implantant des commerces et favoriser des projets d’entreprise tels
qu’un décortiqueur de riz. De Madina à Bakel il n’y en a pas. Le seul décortiqueur est à Podor.
Il faudrait pouvoir aider l’association des femmes avec la teinture, c’est un artisanat réputé à
Bokidiawé.
A. F. : Pour finir à quoi correspond le titre de jonkuru que l’on donne a votre famille ?
K. B. : Jonkuru est le contraire de hoore. Cela concerne les Soninké. Ce sont tous les captifs
du département. Les captifs des Soninké. On les appelle chez les toucouleurs les N’dam bilali.
Les griots connaissent ces distinctions. Le nom Ba est Diakité chez les Soninké. Notre famille
est originaire du Wassoulou au Mali. Du côté de ma mère en Guinée, ils sont les petits fils de
Samory Touré.
Lambourou Sakhoné : Bobo Jany est le fondateur de Bokiladji. Il est né à Ounou Baba. Il s'est
rendu à Boki-Diawé. Il voulait retourner dans son village natal et s'est arrêté en route à Fadiar.
Ses esclaves, Sambou Yara Traoré et Banjourou Yara Traoré l'ont accompagné. Arrivé à Fadiar,
le chef de village, Gije Diawara, leur a souhaité la bienvenue. La question du choix du chef du
village de Fadiar selon la règle de succession par l'ancienneté vint se poser entre-eux. Issa Siga,
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
le petit frère de Bobo Jani, voulu se battre avec Gije Diawara parce qu'il avait revendiqué la part
du boeuf revenant aux Diawara.
Les esclaves de Bobo Jani choisirent quelques personnes : Geye Hawa Doucouré, marabout, et
Sylla Hara Traoré. Ils se réunirent au marigot Jabaan xaare [le marigot de la biche qui use de
sortilèges contre les chasseurs] près de Fadiar. Ils conclurent qu'il n'était pas souhaitable de se
battre et que Bobo devait chercher une femme à Ganda Waly Fadiara.
Issa, le frère, continua de faire monter la tension. Gueye Hawa Traoré vit l'emplacement de
Bokiladji, village fondé par un peul nommé Ladji, qui comportait un baobab [boki] et qui avait
été abandonné depuis [M. Sylla rajoute que la zone était infectée alors par le vers de Guinée].
En ce temps de Dabia à Kata Ndordi le chef était Abdul Bokar. Bobo Jany vint trouver Abdul
Bokar pour lui dire qu'il voulait fonder un village. Bobo était un ami d'Abdul. Bobo refusa
d'abord le don de terres d'Abdul Bokar, il acheta le territoire du village contre trois eclaves dont
un fournit par les Doucouré.
On peut situer cet événement sept ans après l'installation française à Saint-Louis.
Pour dater, on sait qu'après sa défaite contre les Français Albury Ndiaye est parti en exil et a
rejoind à Fadiar Abdul Bokar et Bobo Jany. En ce temps le village était déjà fondé.
Bobo a été confirmé par la colonisation. Le fils aîné de son frère Diara Hawa était dans l'armée
française.
Bobo Jany
Diara Hawa, cousin de Bobo (leurs pères sont frères) : 2ème famille Konaté du village.
Massaoudou
Mamadou Bobo
Daba Daly : 2ème famille Konaté
Bilaly
Ba Tougouné : 2ème famille Konaté
Taboulé (dit Bouboyé)
Hamady Saadi Konaté
Kardigué Sanba
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
Hamady Cissokho : Je ne pourais pas vous renseigner sur l'histoire, j'en sais très peu. Mais les
Soninké sont venus à trois reprises. La troisième fois ils sont restés. Ils sont venus avant les
Toucouleurs.
Alain Fride : D'où viennent les Cissokho ?
Hamady Cissokho : Nous les Cissokho nous nous sommes d'abord installés sur la rive droite.
Mes grands mères paternelles et maternelles sont nés à Kaëdi. Elles ont trouvé d'autres Cissokho
ici mais pas de la même famille.
Un moodi, Baba Wagué, a trouvé une fillette et un garçon qui lui ont dit que Dieu leur avait dit
de transporter ses bagages. Les Cissokho n'ont pas été des komo, ni vendus, ni prisonniers. Notre
famille se divise en trois branche : Diba Kandia qui est resté ici. Douze ou treize générations se
sont succédés jusqu'ici ; Yaxare Kandia est allé à Kaëdi ; Kandiourou Kandia est allé au Gabon.
F. : Avez-vous des griots ?
C. : Les griots de la famille sont dispercés au Mali et à Soringo. ce sont des Jabaxate du nom
Traoré. Ils jouent du gambare.
La maison de Kibili Coulibaly est la maison des Komo des Wagué. Cissokho était le chef des
komo. Il n'a pas de descendants.
L'enregistrement ayant été défectueux, les notes prises pendant l'entretien sont entre crochets.
Les parties impossibles à retranscrire sont figurées par des points de suspension entre crochets.
Dougo Alakha Diaw : [I giri Manga] I ri taaaxu Jaara. I giri Jaara. I ri taaxo Fatara. I giri
Fatara, i ri taaxo Wagadu. I ri Wagadu saasa, ferogo. Wagadu sanqi siino ñeri. Siino ñeri. Fullu
kun ku tee ti Senegal. Fullu baane ken yan ri taaxo Gidimaxa. Sun baane.
[Ils viennent de Manga.] Ils se sont installés à Jaara. Ils ont quitté Jaara. Il sont partis s'installer
à Fatara. Ils ont quitté Fatara, ils sont allés s'installer au Wagadu. Ils sont partis du Wagadu
maintenant, par une migration . La dispersion du Wagadu a duré sept ans. Sept ans. Les Peul
eux sont partis en avant au Sénégal. Un Peul est allé s'installer au Gidimaxa. Un seul.
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
Au bout d'un an il est parti. Connais-tu cela ? Nous sommes là depuis des années. [...] Nous
sommes partis nous installer ici. Nous même sommes venus nous installer à Bokiladji. Nous
nous sommes arrêté en premier à Bokiladji.
E. H. D. : Bokolaji, a xirise ?
Bokiladji est plus ancien ?
D. A. D. : Bokolaji Yeli [walla Hilli]. Abdul Bokar ni jamaane. Eli Jamali, Tooro. Soninko beeni
ga jona rini debe ke. Jawunu wa debe ke. Wage kundanko wa debe ke. Kereketunko wa debe
ke. Mali wa debe ke. Mande.
Le Bokolaji de Yeli [ou le deuxième Bokolaji]. C'était le pays d'Abdul Bokar. Eli Jamali au
Tooro. Les Soninké étaient les premier à venir dans le village. Les Jawune étaient dans le village.
Les Wage étaient dans le village. Les gens de Kerekete étaient dans le village. Les Maliens
étaient dans le village. Les Mande.
D. A. D. : Wage ni ya ni.
Ce sont les Wage.
E. H. D. : Wage ku ga ri yere.
Les Wage qui sont venus ici.
D. A. D. : Baba kisima Wage a da Maadi Wage saara. Maadi kisima Wage da i siine baane ya
ña. Xa debe ke i ga ri taga, ken ni Colonel Dodds ya. Sere be ga ri taga, ken ni Colonel Dodds
ya, na "dispensaire " le yi. [...]A ri a tan. A ga ñi yere. A giri Kimbakan ya.
Le grand-père Baba Wage a enfanté Maadi Wage. Le grand-père Maadi Wage était la depuis un
an. La personne qui est venue construire le dispensaire ici c'était le Colonel Dodds. [...]Il est
venu. Il était ici. Il venait de l'Est.
E. H. D. : Xa xa giri ti minne ?
Mais il venait d'où ?
D. A. D. : O ku ba, o giri Kimbaka. [...] Bubu Wage. A ken giri Kimbaka. A giri Poto Xolo. A
Mali bane. Mali Kimbaka.
Nous même venons de l'Est. [...] Bubu Wage. Il vient de l'Est. Il vient de Poto Xolo, vers le
Mali. A l'Est du Mali.
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
E. H. D. : Yari Diwasi était dans la famille des Drame. De Jani, de Sédiba. Ken xa a fina yan ri
debe ke walla ?
Mais est-il venu en premier au village ou bien ?
A. F. : Fadiga ?
Un Fadiga ?
E. H. D. : Maadi Wage ?
Et Maadi Wage ?
D. A. D. : Maadi Wage a giri debe ke a di. A giri debe ke. A daga [...] Ken diima, Tubabun ma
ri fina. Colonel Dodds ke kuna, a sire. Maadi Wage ke a do Colonel Dodds ñi doome.
Maadi Wage vient du village. Il vient du village. Il est parti [...]. A cette époque, les Blancs
n'étaient pas venus en premier. Ainsi le Colonel Dodds était bon. Maadi Wage et le Colonel
Dodds étaient ensemble.
E. H. D. : A yan ri ti yere ?
L'a-t-il fait venir ?
D. A. D. : A da kini ya : Jarde do, Jarde les, Kolangal Boki, Ma fillo, Toke. I ga ri teeni beni kini
kun wa, i fun kame siine.
Il a donné : Jarde do, Jarde les, Kolangal Boki, Ma fillo, Toke. Il y a cent ans qu'il est venu
donner ces champs.
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
D. A. D. : Colonel Dodds te baane baane. Jarde do a do Jarde les a do Kolangal [...] Kolangal
be kine a, a gaben ya ni. Bate fana. Katta Colonel Dodds bucca kine soron wa, dunde ke Satigi
Njay ya fone. Colonel Dodds ga i rini Stigi ma ñi non wa. A bogu. A Anasara1 gajane no.
Le Colonel Dodds donnait les champs un par un. Jarde do, Jarde les et Kolangal [...]. Les champs
de kolangal qu'il a donné étaient nombreux. Le premier secret. Avant que le Colonel Dodds
puisse donner aux gens, c'était le remblais sur le fleuve qui appartenait à Satigi Njay. A l'arrivée
du Colonel Dodds le Satigi n'était plus là. Il était parti. Il s'était battu contre les Blancs.
E. H. D. : A wuru ya a ko gajane ?
Il s'est sauvé parce qu'il s'est battu contre lui ?
E. H. D. : A ti gelli Abdul Bolar a do Satigi Njay i gaja ? Gelli Abdul Bokar a ga ni almaamaru
debe ke di ?
Il demande depuis quand Abdul Bokar et Satigi Njay se sont battus ? Depuis quand Abdul Bokar
avait l'Almamiat du village ?
E. H. D. : A ñi soxono ya ?
Cultivait-il ?
D. A. D. : He !
Hé !2
D. A. D. : I ñiiñe be ga koyi tanpille siine. I ran nta Kimbaka i maxa. I bara, i nta kini i ya.
Soron beni be ga fanqe ke waxati, i da ñiiñe kini ya.
1Emprunt à l'Hassaniya.
2Expression affirmative.
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
Ils ont gardé le champ vingt ans. Ils ne pouvaient pas les posséder alors qu'ils étaient à l'Est. Ils
ont refusé et ne l'ont pas donné. Les gens se sont querellé à cette époque, ils bénéficiaient du
champ.
D. A. D. : I kun da i ñiiñe yogo kitta. A ri, a da yogo kitta. A yogo fankan ti i da a wutu. I tagande
i. I da yogo ña saasa. Colonel Dodds a ya ni ke saaxa taga.
Ils ont reçu une partie de leur champ. Il est venu, il a reçu une partie. Le gouvernement dit qu'il
lui avait donné, qu'ils avaient construit. Ils avaient une partie du marché. Le Colonel Dodds a
construit le marché.
D. A. D. : A ga nta ni. I gan nta digame kono. Hari baane i nta kono. Yillen da kare i ga ti yanpa
fofo maxa. Yanpa.
Il n'était pas. Ils n'ont pas prononcé cette phrase. Dieu il ne la pas prononcé.
D. A. D. : Farba Jowol xalle. Lellen wa an da ri, a taaxo ri yere ya. Ku Tubabu ni menja u ni
ya. Farba Jowol da tan naxate siine xaaxo sigi ña debe ke. Tan naxate do xaaxo sigi i kolangal
ya ni Mbaraji do. Maxan Malle ni i kaara.
La part de Farba Jowol. Il venait le soir et venait s'asseoir ici. Les Blancs sont ses amis. Farba
Jowol était dans le village quarante ans et huit hivernages. Son kolangal était Mbaraji do pendant
quarante huit hivernages. Ses terres sont près de Maxan Malle.
E. H. D. : Maxan Malle ?
Maxan Malle ?
D. A. D. : Iyo. I taaxura kun faaga daga dooke. Sere fana be ga bono i maxa a tooxo ya ni
Amara. I da deeni Dundu jeeri. Xasu filli sikki sere ma daga gunen di.
Oui. L'endroit où il s'est installé est là bas. Leur ancêtre qui est décédé s'appelait Amara. Il a
envoyé au jeeri de Dundu. Pendant deux à trois mois personne n'est allé cultivé.
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
La bande s'arrête là. La suite est la retranscription des notes prises sur le moment.
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
Monsieur Diawara nous a reçu un après-midi entre la prière de deux heures et celle de quatre
heures. Il nous raconta tout d'abord qu'il fut sergent dans l'armée française de 1944 jusqu'en
1955 puis qu'il se rendit à Dakar, Thiès, Louga, et enfin à bord du croiseur Galiéni sur le
Koulikoro, à Mopti, Gao et Bamako.
Kantara Jawara : Jawara kunda. N kisima, Moktar Ayisa a do Bukari Ayisa a do Moodi Ayisa,
Mpale Ayisa, kisima naxati. I ya ni saqe haabe. Moodi Ayisa, ken ya ni n haaba.
La famille Jawara. Mes grands-pères, Moktar Ayisa, Bukari Ayisa, Moodi Ayisa et Mpale Ayisa,
quatre grands-pères. Ils étaient de même père et de même mère. Moodi Ayisa est mon père.
A. F. : Sagone i do Dabo ?
Des Sagone et des Dabo ?
K. D. : Ku ñi Dabo.
C'étaient des Dabo.
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
E. H. D. : An kisima toxo ?
Comment s'appelait votre grand-père ?
E. H. D. : A ga kure a yere ?
Il était soldat ici ?
K. D. : Maadimo Jam.
Maadimo Jam.
K. D. : Moodi Ayisa ken ya ni n kisima. Moodi Ayisa yan da Maadimo Jam saara. Moodi Ayisa
ken ya ni Fatumata Mohamadu yeexi. Fatumata Mohamadu ken ya ni ken haaba saara.
Moodi Ayisa était mon grand-père. Moodi Ayisa a enfanté Maadimo Jam. Moodi Ayisa s'est
marié avec Fatumata Mohamadu. Fatumata Mohamadu a enfanté mon père.
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
K. D. : Maadimo Jam a do Badara a do Alhadi do Sira Pole do yugo sikki jombo naxati.
Maadimo Jam, Badara, Alhadi et Sira Pole : trois garçons et quatre filles.
E. H. D. : An ti a ma a tirindi manne ?
Vous avez dis qu'est-ce qu'il ne vous a pas demandé.
E. H. D. : A giri ke be ko an da faamu ?
La question qu'il a posé l'a-t-il compris ?
K. D. : Iyo bo.
Oui.
K. D. : I su a ni doome. Fullu ku kuna i finna ri, Soninkon da i battu. I su ri ferogon ya. Fofo ga
ri yere a su giri Kimbakan ya.
Ils étaient tous ensemble. Les Peul sont venus en premier, les Soninké les ont suivis. Ils sont
tous venus par migration. Tout ce qui est venu ici vient de l'Est.
K. D. : I menjaun ya ni me. I yan ri doome. O xaaran moxo ya ni Baba Wage. A ri yere. Baba
yinme me ri a soron yan ri. Xo soro be ni bogu Baba Wage ya. Baba Wage ken texene taaxo
Jaara.
Ils étaient leurs amis. Ils sont venus ensemble. Baba Wage était notre professeur. Il est venu ici.
Ce n'est pas Baba Wage qui est venu ici mais ses descendants. Baba lui-même n'est pas venu
s'installer à Jaara.
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
K. D. : N nta kun tooxon tu. Wage kundan Banta Wage. Wage kundanko i su ga ri tere, i su bogu
Baba Wage ya. A renmu do a kisimaru do a xooxonu. Banta kun su saare yere ya.
Je ne connais pas leurs noms. Banta Wage a donné la famille Wage. Tous les Wage qui sont
venus ici sont issus de Baba Wage. Ses enfants, ses petits-enfants et ses arrière petits-enfants.
Banta et ses enfants sont nés ici.
K. D. : I da ceddon ya ni yere.
C'étaient les ceddo ici.
E. H. D. : Njanor ?
Les Njanor ?
K. D. : Gelli i ga bogu Jaara, Jawara kundanko ya ni. Wage ku, Sillan kundanko ya ni. A su tan
soninkan xabila ke su.
Ceux qui sont sortis de Jaara : les Jawara, les Wage et les Silla. Ils appartenaient tous au peuple
soninké.
[Le muezzin appelle à cet instant à la prière. Monsieur Kantara Diawara nous quitte un moment
afin de prier. L'entretient reprend avec cette question : ]
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
E. H. D. : A ti xo an da ra wa nta wutu Daman Gille ko ku gilli gilli nan katta yinme ma wurodo
Amadu Kae ?
Il demande quels sont les premiers hommes depuis Daman Gille jusqu'à Amadu Kae ?
K. D. : Jarun ya ni konin da. O do i jaru i be ga ri doome no. I xa susu kara. Lemunu yan
tooxono saasa. I su su kara.
Les griots en ont parlé. Nous sommes venus avec nos griots. Ils sont tous morts. Leurs enfants
sont là. Ils sont tous morts.
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
Ken falle, fankama wa deben ri kun wa. Siraqu ri. I da naani daga. Maxanbaano daga da batte,
i konte i. Xarama kunwa an wutu ñaxamala ya ni. A xusi giri, a daga fankama wori. A ti : "An
mukke i n kan di. A da sere wutu. A da xayi mukke ke. Ti an daa. An na ri." Sere ke ga daga, a
ti : "Xa mukken xa ?" I ti : "A faayi taaxunu." A ti : "He ken seren ya ?" A ti : "Fankama tana
ri." Garanke ke da a moxon Jawara ke da. A ti : "Fankama ti an na ri." Jawara ke rusa a raga.
A da filin filin. A wara yanqana na a kari. A ti "Fankama ni manne ?" Garanke giri a daga
fankama wori. A ti : "Ha ha ! A ga na sere be xayi mukke. Daman Gille a da kari." Fankama ti
: "A ti manne ? A da kari." Fankama a da sere tana xayi xadi. A da a xa kari. Ken diima Jawando
wano. A ti : "Sere tana xayini." A ti : "Maxa sere xayini, an yinmen daga. Ke su sere, a yinmen
daga kon a da." A xusi giri kun wa. A ri. A da ñi taaxonu. A ti Xarama daa ni : "Ri da mukke
ke a. Debe ke naani, Siraqu da i daga. I wa mulla a ni deema." Daman ti : "He !". A ti : "An ke
ni fankama ya." A ti : "Iyo bo, n ke a ni fankama." A ti : "Baasi nta i. Yillenkere, ken da i ñi i da
naani wutu bitto sikki, i da i daga." Jawara ke giri. A da i sagata. Ken diima, Siraqu ku a telle
kame a do fo. I ri xaare xooren wa. I da gunbun filli kari. I dibi. Daman xusa ri ya. A ti : "Daa
i ni ku tiiye." I da falle taani filli kiine yi. A da i kanbu a sigente. Sumalen faka ji. A da i yanqa
da i na minni. Siraqu ku wa me faayini. A ti : "I ga ri fi be naanu ku xa ga ri wutu noxu be, xa
ni sagandi noku saasa." Siraqu ku xa ti : "Comment sere baane ga i rawa o gajaaa." Siraqu
ku giri, i ti i wa xene i. I ga na marafa taaxe i. Marafa ke na ya meenen wa. In da jaasin wutu ti
wa sopini, jaasi ke ña na gare ma. A duro fe. An na ri a na soro filli raga. A ni taani raga. A ni
fila me. A ni wara yitten wa. Xo an wa fete katta moxon be. A toxo kun du ña dabarini. Siraqun
xu suri i kanu ke i ta. A da soron tanmi raga i di. A ti i na naanu noku xatta. I do naanu ku daga.
I da Siraqu kuttu taaxono. A da i ña taxende su kari. Ken falle, i ga ri, i da naanu ku riiti. A
daga fankama, a ti : "Naanu i faayi." Jawara ke tooxono, ken falle a ti Xarama daa i wa mulla
i ga yillene ke i ta. A ti : "An na ko fankama ke dda, naanu ku taxandu sikki. Taxande baane an
ya fo ni, taxandu ku filli i na sembe ti ya." Garanke ke a daga ko fankama ke da. Fankama ke ti
baasi nte i. Ke ga ri fofo su ko, in ti balla. Jawara a ti : "Bo. Ke ga telle." Xarama ti : "He, an
faay telle. An ga ri fofo ko i na gurujaana ya." A ti : "Iyo, in da guruja, an na ri sagata. A na ra
ko ni da." Iyo, a ga ri ko moxo be saasa. A ma dai bitto tanmi. Fankama da garanke ke naani
boose. Garanke ke daga Jawara ke sagata. Ma ga riine i. A ti a dai i da i naani boosi ya.
Jawara ti : "An ti manne wutu ? An da naani wutu." I giri, i daga. I ga ri yanqa, Jawara ke ti
garanke ke da : "Daga an na ti fankama ke da, Jawara an ti : "an ri saasa."" A ga ri. A da juwa
ti tan wa. A da filo filo. A ti a wa karini. Garanke ke ti a daa : "Maxa kari, duro xoto, a wara
i da." A ti : "I ga da fi be ko jaxa an da gujaana." A ti : "Saasa ke n nta xa an gujaana." A ti :
"Tafaana ke, i ti taxane sikki ya, taxandu filli a ya fo ni. Xa saasa taxandu filli ya ni. Taxandu
baane ke fa ya foone. Taxandu baane ke garanke ya foone." Xarama ken ya ni garanko ku su
bogu ken ya. Daman a ti : "I kama ya ni." A ti : "Ayi, ke ran nta na an kama." "Ayi, yinme a du
kiinan wa." Xarama ke ta fofo ga ni garanke ke ta. I ñaxa xalisi o ya ni fofo a su. Tan misen da
kara, o ya na xexene. I ñaxa xalisi ben da bogu o ya fo ni.
Les Jawune sont nos cordonniers. Les cordonniers et les griots sont venus avec Daman Gille. Il
est parti avec Xarama le cordonnier. Les cordonniers descendent de Xarama.. Xarama le
cordonnier travaillait pour Daman. Daman était un chasseur. Il mesurait trente coudées1. C'était
un fils d'Adam. Il avait des pouvoirs. Il était en brousse. Il chassait. Il tuait l'éléphant et le buffle.
Daman alla chasser et entra dans un village. Xarama sorti du village. Il allait en brousse chercher
des gonakiers2. Il rencontra Daman Gille ? Il prit alors la fuite en courant. Daman Gille le
poursuivit. Il demanda ce qu'il venait chercher ici. Il dit qu'il cherchait le gonakier. Il lui dit qu'il
était un fils d'Adam. Il répondu par l'affirmative. Daman secoua le gonakier. Daman Gille rempli
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
son sac. Il l'a porté. Il proposa de l'accompagner à son village. Quand il arriva, les gens de la
maison le virent et prirent peur. Ils s'écrièrent : "Est-ce un enfant d'Adam ?" Le cordonnier alla
prendre les gonakiers. Quand il pilla les fruits et arracha les poils des peaux, le Jawara se leva
encore. Il prit le pillon. Il pilla. Il dit : "Donne le moi. Je suis une personne sérieuse qui ne fait
pas de mal. Tu es un cordonnier. Je suis venu vers ton village pour t'aider." Le cordonnier se
leva pour travailler les peaux. Daman se leva pour l'aider. Il demanda l'accord de sa mère. Il
s'assit. Il fit la même chose sans cesse.
Peu après, le souverain vint au village. Les Maures virent et emportèrent des bovidés. Les jeunes
hommes furent recrutés. Ils les suivirent, mais ne purent les rattrapper. Xarama qui était un
artisant appris la chose. Il se leva et alla voir le souverain. Il dit : "J'ai un étranger dans ma
maison. Il peut rattrapper les voleurs. " Le souverain délégua un homme pour aller voir l'étranger
et lui dire de venir. Quand l'homme arriva il demanda où était l'étranger. On lui dit qu'il était là
assis. Il s'exclama et demanda si c'était vraiment un homme. Il lui dit que le souverain voulait le
voir. Le cordonnier transmis le message au Jawara. Il dit que le souverain voulait qu'il vienne.
Jawara prit l'homme et le fit tournoyer jusqu'à le tuer. Il demanda qui était le souverain. Le
cordonnier se leva et alla voir le souverain. Il dit : "Ha ha, l'homme que tu as fais venir pour
chercher l'étranger a été tué par Daman Gille." Le souverain dit : "Qu'as-tu dit ? Il l'a tué ?" Le
souverain envoya encore une autre personne. Elle fut aussi tuée. A cet instant le Jawando 1 était
présent. Le souverain dit qu'il fallait envoyer un autre homme. Le Jawando lui conseilla ceci :"
N'envoie pas quelqu'un mais vas-y de son propre chef. De tous les gens, tu es celui qui pourra
lui parler." Il se leva donc. Il y alla. Il s'assit. Il dit à Xarama : "Vient avec ton étranger. Les
bovidés du village sont partis avec les Maures. Je veux que tu m'aides." Daman répondit : "Hé
! Tu es le souverain." Il lui affirma qu'il était bien le souverain. Daman dit : "Il n'y a pas
d'inconvénient. Demain cela fera trois jours qu'ils sont partis prendre les bovidés."
Le Jawara se leva pour aller les retrouver. A ce moment, les Maures étaient plus de cents. Ils
venaient d'arriver au bord d'une mare. Ils avaient tués deux boeufs et les faisaient cuire. Daman
arriva à ce moment. Il leur demanda de lui donner un morceau. Ils lui donnèrent les deux pattes
arrières. Il les croqua debout. Il but entièrement une gourde remplie d'eau. Les Maures se
regardèrent. Il leur dit qu'il venait dans un but précis ; récupérer les bovidés et qu'il fallait qu'ils
les ramènent de suite. Les Maures dirent : "Comment est-ce possible qu'un seul homme veuille
nous attaquer ?" Les Maures se levèrent pour le combattre. Quand ils prirent leurs fusils, ils se
transformèrent en tiges de mil. Quand ils prirent leurs sabres pour le trancher, les sabres se
transformèrent en fils de coton. Daman Gille était un génie. Il prit deux hommes par les pieds et
les fit tournoyer. Il les frappa contre un arbre. Comme si tu prends une peau et que tu tappes
dessus. Il continua à le faire. Les Maures prirent peur. Il prit alors dix hommes pour qu'ils
ramènent les bovidés dans leur lieu. Ils partirent avec les bovidés. Il transperça les Maures qui
restaient. Il les mit en morceaux. Puis après, ils revinrent en emmenant les bovidés. Il parti chez
le souverain et lui dit : "Regarde, voilà les bovidés." Le Jawara s'installa et dit peu après à
Xarama qu'il voulait retourner de là d'où il venait. Il dit à Xarama : "Va dire au souverain de
partager les bovidés en trois parties. Une partie pour toi et deux autres pour les puissants. Le
cordonnier parti pour le dire au souverain. Le souverain dit qu'il n'y avait pas d'inconvénient et
qu'il était d'accord avec tout ce qu'il disait. Le Jawara dit : "Bon, je vais partir." Xarama dit :
"Hé, tu ne vas qu'en même pas t'en aller. Le souverain va revenir sur tout ce que t'a promit." Il
répondit : "Oui, s'il ne tient pas ses promesses, tu viendras me chercher pour que l'on puisse en
parler." Il le quitta à ce moment. Moins de dix jours s'écoulèrent que le souverain récupéra les
bovidés du cordonnier. Le cordonnier partit jusqu'à retrouver le Jawara. Il lui dit qu'il voulait
récupérer les bovidés. Le Jawara lui dit :"Qu'as-tu dis qu'il a prit ? Il a prit les bovidés." Il se
leva et partit. Quand il vint au village, le Jawara dit au cordonnier : "Pars chez le souverain et
1Groupe statutaire chez les haalpulaaren qui désigne les conseillers politiques des dirigeants.
139
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
dit lui que le Jawara lui demande de venir de suite." Quand le souverain vint, il l'attrappa par les
pieds et le fit tournoyer. Il dit qu'il allait le tuer. Mais le cordonnier lui dit : "Ne le tue pas, s'il te
plait, laisse-le moi." Il dit que quand il fera donc la chose, il allait sur le tapis1. Il dit : "Désormais,
je ne le laisserai pas le dédire de ses paroles." Il dit : "Attache-le et au lieu de partager en trois,
une pour nous, une pour lui et une pour le village, partageons en deux, une pour le village et une
pour toi." Tous les cordonniers sont les descendants de Xarama. Daman lui dit qu'il était son
maître. Xarama lui répondit qu'il ne pouvait pas être son maître. Daman lui dit que non puisqu'il
s'était offert à lui. Désormais tout ce que possède Xarama appartient au cordonnier. A leurs
cérémonies de mariage nous y participons pécunièrement. S'ils égorgent une bête, nous la
dépeçons. A leurs cérémonies de mariage nous donnons de l'argent.
K. D. : Waalo ke an a.
C'est au waalo.
E. H. D. : Ken wa ya fo ni. Ku ni tubabun ya. Yogo te boosan a. I wa kiini kati ya. Alla nta fo
bakke.
Les blancs possèdent tout. Si un homme avait un champ, ils la prenaient par force et il ne pouvait
rien dire.
K. D. : Iyo bo. Njay kundanko a do Njanor. Ceddo noku ya foni. I faana taaxo ri yere.
1Expression qui signifie prendre le pouvoir.
140
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
Oui, bien sûr. Les Njay et les Njanor. Ce sont des ceddo. Ils sont venu en premier s'installer ici.
E. H. D. : Alfa Isa ?
Alfa Isa.
K. D. : Alfa Isa i da kiini ken ya. Colonel Dodds ya ni kiine i. Kolangal ke be i ga tiini Jarde.
Le colonel Dodds a donné ces champs à Alfa Isa. Le kolangal est un jardin pour le maraîchage.
E. H. D. : Almaami Abdul Kader ken da i ñiiñe kiine ya Wage kundanko walla Jawara kundanko
ken faxati.
L'Almaami Abdul Kader en son temps a-t-il donné des champs aux Wage ou aux Jawara ?
K. D. : Jawara kundanko i ma ñiiñe kiini kun wa. O ku soxo na ta. Ceddo ku ya ni ñiiñe kiine.
O ku ta, o ga soxono. Ken diima Hode Isa a ya fon debe ke a debegume a ya ni debe ke
komandeni. Hode Isa a ya ni debe ke xirisen a. A ya ni i "chefu" a.
Il n'a pas donné de champs aux Jawara. Nous cultivons seulement. Les ceddo donnent les
champs. Nous mêmes, nous cultivions. En ce moment Hode Isa était le chef de village, il le
commandait. Hode Isa était le doyen du village. Il était le chef.
E. H. D. : Fullu ku ra debegume ko ni ?
Qui est le chef de village des Peuls ?
K. D. : Sere be geeni i debegume faana faana faana, Almaami Samba Ifra, toorodo. A ya ni
debegume faana. A ga kara, a renme ya ni yan da wutu. A renme gelli Baba Diko.
Le tout premier chef de village était Samba Ifra, un toorodo. Il était le premier chef de village.
Quand il est décédé, son fils l'a remplacé. Son dernier fils est Baba Diko.
A. F. : Yettode ?1
Son patronyme ?
K. D. : Kan.
Kan.
A. F. : Neeganabe ?
Des Neeganabe ?
1En pulaar.
141
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
K. D. : Iyo.
Oui.
K. D. : Sogona xirise a sage kati i kuuren a. In da fofo kitta. Daboranko da foni.
Le doyen des Sogona a ?
Il a tout reçu. Les Daboranko ont tout eu.1
K. D. : N ti o janmu jona Kamaran ya. Yugu siraxo ña ni o ña Jawara ya. O janmu fana
Kamara.
J'ai dit que notre patronyme a commencé par Kamara. Nous étions des hommes valeureux ce
qui nous a valu d'être Jawara. Notre premier patronyme était Kamara.
K. D. : Iyo bo. Janbaro2 ya na i do sere sun do xabila sun da gaja. I ya na "gagné". Bambara,
Fulle, Suraqe i ya na gaja. Yugo sun nta sagiya.
Oui, bien sûr. Ils sont des hommes preux qui se sont battus avec tous les gens et tous les groupes
statutaires. Ils ont vaincu. Ils se sont battus contre les Bambara, les Peuls, les Maures. Aucun
homme n'est plus courageux qu'eux.
K. D. : "Histoires" tana. N nta fofo tu ken naxa saasa. O ku soron faana, Jawara ma ñi, i ga
toori. Tubabun ya ni o ku toorindi. Tubabu ya ni toorindi. I ti o ku do fankan ran nta gajaana.
Baawo ni o toonin dabarini. I ra wa marafa dabarini. I wa "auto" dabarini. I wa "avion"
dabarini. I wa fofo dabarini. A ti o ran nta gemme kun wa. I da gamu yinme.
D'autres histoires. Je ne m'en souvient plus maintenant. Nos premiers gens, quand ils n'étaient
pas Jawara, ils gouvernaient. Quand les Blancs sont arrivés, nous gouvernions. Les Blancs ont
gouverné. Nous ne pouvions pas nous battre contre eux, parce que nous fabriquions [?]. Ils
pouvaient fabriquer des fusils, des automobiles, des avions, tout. Nous ne pouvions pas nous
opposer à cette force. Nous nous sommes mis d'accord.
142
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
K. D. : I gaja.
Ils se sont battus.
E. H. D. : A su ña mulla i toori ya ba ?
Voulaient-ils tous régner ?
K. D. : Iyo. I gaja do tooren ya. Sagone a Dabo i su Daman Gille renmu ya. I su yan saaxe
faabe. Daman Gille a ni su saara. Daman yinme ya ni renmu ku taxandi. A ti ku ni Sagono, ku
ni Dabo. A renmu na kame a do tan karage. Yugun baane. Tan karage faay, tan karage faay, tan
karage faay. A ti i nan gaja. I na kuude a ni faay i da gajana. I gaja kun wa. Dabon "gagné". A
da Sagona ñi. Dabo fiina yan toori. I ga gaja kun wa. Dabo a da Sagona gaja, gajae ga danbu
i sage karini. Daboranke ke ri, a ti : "Ri katana o ga ma duro xotto, o Jawara duuru, o ni me
ñaamana ya. Saasa, n ke wa duene an da. N ke fankama ro n kiine i." Dabo ke xirisen a ti i
fankama ron kiine i ku do gajae ke, a ma jere i ga me karini. In da daga kuure, in da fofo kitta
i ya foni." An ti an due. A ti : "N due". A ti : "Buuna, i ya na taxandi." Fofo katta i kuure i ya
foni. In da fofo kitta, i na taxandi. A ti : "An due." A ti gella ga due ken wa, i na kafi. Sogona
ti i due. Sogona xirisen ti i due. I saage katta kuuren kutten a. I da i kuure wutu. In da fofo
kitta. I na kiini xirise.
Oui. Ils se sont battu pour le pouvoir. Les Sagone et les Dabo étaient tous les enfants de Daman
Gille. Ils étaient de même mère et. de même père. Daman Gille les a tous enfantés. Daman a lui
même distingué ses enfants. Il a fait les Sagono et les Dabo. Il avait cent cinquante enfants. Il
les a divisé par trois. Il leur a demandé de se battre entre-eux. Il s'est tu et les a regardé se battre.
Ils se firent la guerre. Les Dabo gagnèrent. Ils vainquirent les Sagona. La partie des Dabo
gouverna. Ils firent la guerre. Les Dabo firent la guerre aux Sagona. La guerre s'étendit. Ils
s'entre-tuèrent. Les Dabo virent voir les Sagona et dirent :"Si nous ne nous mettons pas d'accord,
nous allons finir par tous disparaître. Maintenant, nous ne voulons plus le pouvoir nous préférons
vous le donner." Le doyen des Dabo dit qu'il allait rendre le pouvoir à cause de l'état de guerre
et que ce n'était pas la peine de s'entre-tuer. Il alla voir les guerriers et leur donna tout ce qu'il
avait. Ils dirent qu'ils obéissaient. Il répondit qu'il acceptait. Il dit que s'ils allaient en guerre, la
143
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
poudre à fusil serait partagée et que le butin serait partagé. Il demanda s'ils acceptaient. Il dit
que s'ils acceptaient ils seraient réunis. Les Sagona répondirent qu'ils acceptaient. Le doyen des
Sagona dit qu'il acceptait. Ils allèrent voir les guerriers pour leur expliquer. Ils prirent les
guerriers. Ils leur donnèrent tout. Ils s'en remirent au doyen.
K. D. : O toore ni gajan toore ni. Kuure. O ya ni debegume fana. I ben da ñi ñaana debegume
Jawara ya ni. A wa xo Bambarun ya, Samori Tuure. N ti tubabun ya ni Samori Tuure raga. Ken
diima, o xa ñi kundun ya. O da i su a ni toorini. O do hari Samori Tuure xabilan gaja. Jawara
ku da i gaja.
Notre pouvoir était de gagner la guerre1. Des guerriers. Nous étions les premiers chefs de village.
Les Jawara nommaient le chef de village. Ils faisaient pareil que les Bambara et Samori Tuure.
J'ai dit que les Blancs avaient attrappé Samori Tuure. A cette époque, ils étaient comme cela.
Nous gouvernions tous. Nous avons même combattus les gens de Samori Tuure. Les Jawara se
sont battus contre eux.
A. F. : Jaara a ?
A Jaara ?
K. D. : Jawara ni su giri Jaara ya. I soro su giri non ya, i saare no ya.
Les Jawara viennent tous de Jaara. Leurs personnes viennent de là, ils y sont nés.
E. H. D. : Iyo, non ya ni xa do Samori Tuure kuure ke ga i gaja minne ? Samori Tuure kuure ke
xa da i gaja ñiiñen ya "ou" manne fo ?
Oui, mais pourquoi vous vous êtes battus avec les guerriers de Samori Tuure ? Vous vous êtes
battus avec les guerriers de Samori Tuure pour la terre ou pour quoi d'autre ?
K. D. : I yan giri i na xeeno o ya. O xa na giri o na daga xeeni ya. I debegumu Bambara ni ya.
Siraqu i gilli a ta, i na o "comme" i ga fon muurini. In da ri debe be, i na xeeni ya. I na muurunu.
I na ri katti debu, debu, debu, debu ya ni.
Ils ont cherché à se battre contre-nous. A notre tour nous les avons attaqué. Leur chef de village
était Bambara. Comme les Maures, ils allaient dans un endroit et ils le pillaient.Quand ils allaient
dans un village, ils l'attaquaient et le pillaient. Et ils allaient ainsi de suite de village en village.
K. D. : Mmh ?
Mmh ?
K. D. : In da mugu a.
On me l'a apprise.
144
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
E. H. D. : A ti sellanda xaara ?
Il demande si vous l'avez appris par écrit ?
E. H. D. : An tanpi ?
Vous êtes fatigué ?
K. D. : Iyo.
Oui.
A. F. : Gacce ma n ga ri.
La honte n'est pas venue sur moi.
"Les Diawara sont les fils de Daman Gille. Ils sont venus en même temps avec les Wague.
Ils ont d'abord habité à Sadel.
Daahu est un village au bord du fleuve.
Les Diawara sont allé habiter à Fadiar, Amadi Ounaré et Soringo.
La mère du père de Ndiobo a le même père et la même mère que le père de Kantara.
Les trois scarifications verticales au front que je porte sont un signe de reconnaissance des
Diawara même au Mali."
Monsieur Ba Samba Diop vit chez son fils Maoudo Diop, mon hôte à Bokidiawé depuis mon
premier séjour en 1993. C'est un ancien maçon qui est réputé dans tous les villages
environnants. Auparavant, sa maison se situait aux abords du marché, dans le quartier de Ndar.
Ses enfants, ont tous eu des parcours exeptionnels qui en font une famille originale : Maoudo
Diop, commerçant au Congo et à Hong Kong est revenu au village cultiver avec des méthodes
modernes (ensemencement, tracteur), Aïssata Doucouré est assistante sociale à Paris, Amsatou
Diop est militante du PS à Dakar et Mbaye Ndiaye présidente du syndicat des teinturières
artisanales du Fouta et mariée à un ancien Maire de Matam. La venue de leur arrière-grand
père est certainement dûe à sa capture et à sa vente aux Tirera. Cependant, il aurait pour origine
la famille royale Trawore de Sikasso, Diop étant l'équivalent wolof de Trawore. Ils
appartiennent donc à l'ancien groupe statutaire des komo dans le monde soninké, c'est à dire
des captifs, sans pour autant l'être dans leur propres références.
Alain Fride : Comment sont venus ici les Jop car ce n'est pas un nom soninké ?
145
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
Ba Samba Diop : Ce qui a amené le nom Jop c'est Trawore. Ils étaient du Mali. Lorsqu'ils ont
quitté le Mali, ils sont repartis au Jolof. C'est pour cela qu'ils ont laissé Trawore à la place de
Jop. Le vrai nom est Trawore.
B. S. D. : A Sikasso, il y a tout le village là-bas. Seulement ceux qui ont quitté sont devenus des
Jop. Ceux qui sont resté s'appellent Trawore. Dans Sikaso, il y avait un Trawore, il s'appellait
Masa Dauda. Il a eu un fils qui s'appelait Beeme. Beeme a enfanté Ceba. Ceba a eu comme fils
Ngolo. Tout cela dans Sikasso. Même lorsque les blancs ont déclaré la libération des esclaves
c'est Ngolo qui avait insisté pour que cela se fasse.
Au départ, on attrapait les gens par la force, c'est Ngolo qui avait insisté pour mettre fin à cela.
Ngolo habitait Sikaso. La venue des Jop date de longtemps, de ces années même.
B. S. D. : Le Jolof est vaste. Lorsqu'ils ont quitté le Mali ils se sont battus en cours de route.
Lorsqu'ils sont venus au Jolof, à ceux qui sont retourné [au Mali] on leur a demandé où sont les
autres [membres de la famille]. Ils leurs ont répondu qu'ils sont restés là bas. En Bambara "jolon
ta" c'est à dire "ils sont restés". Et encore "jolon ta fu", c'est à dire "ils sont restés pour rien".
C'est pour cela qu'on appelle ainsi le Jolof. Mais avant ce nom n'existait pas. Les wolofu c'est
un mot Bambara qui veut dire "enfanté pour rien". Cela veut dire que leurs enfants qui sont
restés au Jolof n'enfantaient pour rien "A ya wolofu".
B. S. D. : Quand vous entendez Jop il n'y a rien entre-eux. C'est parce qu'ils ont quitté le pays
qu'on les a appelé Diop. Ceux qui se nommaient Konte, au Jolof on disait Njay. Ceux qui étaient
Sisoxo sont devenus Gey. Les Kulibali sont devenus Fall.
B. S. D. : Lorsqu'ils sont partis au Jolof ils ne parlaient pas le wolof. C'est petit à petit qu'ils l'ont
appris. Tous les Jop du Jolof venaient du Mali.
B. S. D. : Le soninké est une vieille langue qui venait de la Mecque quand ils étaient avec les
arabes parce que la langue arabe et la langue soninké ont des mots communs. Comme kitaabe,
le livre, xarane, les études, sume, le jeûne, salle, la prière, jakat, l'aûmone. Le pulaar est une
langue à part.
Les Jop, ce n'est que lorsqu'ils sont venus au pays qu'ils ont parlé le soninké. Au départ les
Soninke vennaient de la Mecque, mais ils n'étaient pas nombreux, plus de la moitié était des
Bambara [au village de Bokijawe]. Les Soninké cohabitaient avec les Arabes de la Mecque.
Walaxa, l'ardoise de bois c'est du soninké et de l'arabe. C'est comme les Congolais. Ils étaient
dans la forêt, ils ne connaissaient rien. Ils ne se sont réveillé qu'avec l'arrivée des blancs. parce
146
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
que même dans la langue des congolais il y a du français. C'est comme le rapport entre le soninké
et l'arabe.
A. F. : Quand est-ce qu'ils sont venus au Fuuta ? Depuis longtemps ? Après la venue au Jolof ?
B. S. D. : Lorsqu'ils sont restés au Jolof, ils venaient au Fuuta en petits groupes. Ils cultivaient
au jeeri et au waalo, c'est pour cela qu'ils sont venus. Ils ne sont pas venus tous ensembles.
B. S. D. : Je ne suis jamais sorti. Mais lorsque j'étais ici avant que les blancs n'arrivent, les gens
attrappaient les gens pour en faire des esclaves. Les gens qu'ils ont attrappé au Mali pour les
faire esclaves ici n'entendaient pas bien le soninké. Avec ces gens là j'ai parlé le bambara. En ce
temps là on attrappait les vieux, les femmes, les enfants. Ils ne parlaient pas le soninké
uniquement le bambara. C'est ici que j'ai appris le bambara.
B. S. D. : Oui.
B. S. D. : Le rapport est lointain. Je ne le connais pas. Je n'ai pas eu les enseignements de mon
père qui est venu à Bokijawe à l'âge de sept ans. Et quand je suis né mon père était déjà vieux.
B. S. D. : Mon grand-père n'a pas rencontré Ngolo. Ngolo était un Trawore. Ngolo était avec
l'armée des blancs. Il est allé jusqu'au grade de colonel. Grâce à son grade, le blanc lui a demandé
ce qu'il voulait. Il lui a répondu que tout ce qui est de l'eclavage doit prendre fin. C'est ainsi que
Ngolo a mis fin à l'eclavage.
Ngolo a une relation de parenté mais je ne la connaît pas.
Voilà tout ce que je sais sur Ngolo. Il a demandé la fin de la traite et la libération des gens.
Mon père venait du Mali, pas du Jolof mais de Sikasso. Il est venu au Fuuta très jeune. Les
blancs ont tué mon grand-père parce qu'il avait refusé l'esclavage au Mali. Quand mon grand-
père est mort on l'a amené ici. C'est moi qui suis né ici. Mon père ne m'a pas eu comme premier
fils. Mes grands frères étaient plus âgés. Mon père était très vieux. Je suis né à Bokijawe.
B. S. D. : Non, ils venaient du Jolof, tels que Samba Uleyi Jop. Le père de Samba Uleyi s'appelait
Suleman. Son fils s'appelait Seyidu Uleyi. Ces gens là sont d'ici. Ils ont duré ici. Suleman Jop a
147
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
précédé ma famille. Suleman ne vit plus. Seyidu Uleyi a eu un fils qu'il a appelé Suleman qui
vit aujourd'hui au village.
B. S. D. : Les Trawore qui vivent ici s'appellent Jop. Quand tu as le nom Jop et que tu vas au
Mali on t'appelle Trawore. C'est comme ça.
B. S. D. : Oui et même moi. Ils ont attrappé mon père quand il était petit. Nos hooro sont les
Tirera.
B. S. D. : Il travaillait au jeeri sur son champ et partait chercher du bois pour son maître.
Sa famille était les komo des hoore.
Ngolo leur a donné la liberté.
L'arrêt de l'esclavage c'est avant 1906. Moi je suis né en 1916. Senghor est plus âgé de dix ans.
B. S. D. : C'était au temps d'Abdul Bokar, qui était à Dabia. Il y avait Alfa Yaya de Xaso Madina
en Guinée. C'était un personnage historique. Samori Ture, Musa Molo en Gambie c'est à la
même époque qu'Abdul Bokar.
Les blancs l'ont détruit [Alfa Yaya].
B. S. D. : Ceux qui le voulaient sont restés, les autres sont partis. Nous, nous sommes restés.
Nous avons cherché une autre maison. Celle du marché qui a été construite par mon père. A
l'Ouest de la mosquée se trouve la maison des Tirera.
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
B. S. D. : Il commandait à Sikaso. C'est tout ce que je sais de lui. C'est sous le règne de Ngolo
que les blancs sont venus.
B. S. D. : Il commandait Sikaso. Le Mali est vaste. Une seule personne ne peut pas connaître.
La capture des esclaves se faisait par des batailles ou par des raids. On batttait les enfants et ont
les prennait. Ngolo n'a pas été esclave. Il était soldat.
B. S. D. : Par la force. Les Tirera ont eu les Jop comme esclaves de premier nom Jop.
Avec Suleman Jop nous n'avons pas les mêmes ancêtres.
Mon père ne m'a pas dit le nom de son village.
Ses parents ont été tués par les blancs.
Son père avait refusé d'être esclave. Ils ont pris son fils.
Interruption
B. S. D. : Les Jawune viennent de Segu au Mali. C'était deux hommes. L'un Laji, l'autre Maadi.
Ils sont venus ensembles. Maadi a eu Baaro. Baaro a eu Maxa. Maxa a eu Bambo. Bambo a eu
Bahawa. Bahawa a eu Beli, le père de Mohamadu Beli Jaw son fils unique.
Laji s'est effacé, il n'a eu que des filles.
Si je voulais tout dire nous aurions pû y passer toute la journée. Ici, j'ai pris la ligne directe;
Interruption
B. S. D. : Lorsque nous sommes venus nous n'étions pas propriétaires. Comme la terre est vaste
on nous a donné un champ.
Le matin nous cultivions le champ de nos maîtres, le soir, les champs collectifs. Je n'ai jamais
eu mon champ. Les premiers installés avaient la terre. C'est une affaire de partage. Le dixième
est pour le propriétaire. on ne se battait pas pour un champ. Il y avait le champ des Njanor à qui
j'ai payé le dixième.
Les Sall aussi. Les Kan aussi.
La jakat est pour le waalo. Au jeeri il n'y en a pas. Le champ du jeeri était pour les Almaami.
Avant de cultiver il faut connaître le propriétaire. Au jeeri le partage se fait avec les Almaami.
Eliman Neega reçoit la jakat.
B. S. D. : Non, ils n'ont rien au jeeri. Les Wage et les Jawune se sont retrouvé ensembles au
village. Cela débuta avec Maadi Wage.
149
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
B. S. D. : Ils ont trouvé ici Eliman Neega. Eliman Neega a trouvé les Jamanabe. En ce temps là
les Jamanabe ne connaîssaient pas la prière. Il leur a montré. Eliman Neega a construit lui même
la mosquée.
Eliman Neega était marié à une Njanor. Les Njanor ont fait deux cents ans sans que personne ne
les trouve ici. Lorsqu'Eliman Neega est venu il a vu les Njanor pêcher. Chacun prenait le
poisson. Tous se battaient pour le poisson. Quand Neega est venu, il a mis chaque part de côté.
Les Njanor l'ont trouvé intelligent, ils l'ont pris comme chef.
B. S. D. : Alfa Isa n'a pas acheté les terrains des Njay Njay. Il les a eu ainsi. Quand les blancs
sont venus les Njay Njay ent refusé leur pénétration. Après ils sont partis et ont laissé leurs
champs. C'est le Colonel Dodds qui a donné les champs à Alfa Isa.
B. S. D. : Oui, ils se sont battus depuis la naissance d'Amadi Henda. Il y a plus de cent ans. Ce
qui a causé cela ce sont les propriétaires de terres qui ont refusé les déménagements. Les
premiers propriétaires demandaient de ne pas pousser. Si on voulait déménager on disait que le
terrain était à soi. A l'arrivée des blancs les gens ont déménagé. Avant on ne pouvait pas partir.
C'est cela qui a fait agrandir le village. Les blancs ont dit que la terre n'était pour personne, alors
ils ont déménagé. Les gens d'Eliman ont causé cela.
150
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
J'ai construit sept mosquées. A Cuti Yalalbe, Kawel, Kobilo, Dabia, Mbolo. J'ai construit des
mosquées à Cerno Moodi, Jolol, Moodi Bula. J'ai construit en trois jours la maison de Dugo
Denba Jaw. Je n'ai jamais voyagé, sauf quand je vendait les bêtes.
Entretien en soninké avec Ségui FALL (69 ans), Papa Samba DIOP (79 ans), Ami FALL
(23 ans) et Mohamadou Bely DIAW (22 ans) le 25.07.95
Réalisé chez Maoudo DIOP. Traduction Mohamadou Bely DIAW.
Enregistré sur support audio. Cassette perdue.
Ségui Fall : Les Tirera disent qu'ils les [les Kulibali] ont eu avec El Hadj Oumar. Ils mentent.
Nous étions cinq frères du même père et de la même mère. L'un était du même père et pas de la
même mère. C'était le sixième. Ses frères l'ont trompé, ils l'ont amené pour dire de cultiver avec
eux. Les Maures sont arrivés et les frères l'ont vendu. Le voyage pour venir chez les Soninkés
m'est inconnu. C'est pour cela que les Tirera disent qu'il est venu avec Cheick Oumar. Mais ce
n'est pas vrai.
Ami Fall : Les Maures ont ils eu le frère au Sénégal ou au Mali ?
S. F. : Je ne sais pas. Ils ont donné leur frère aux Maures car il était le plus intelligent et le plus
fort. Ils apréhendaient son pouvoir. C'est pour cela qu'ils l'ont trahit.
Alain Fride : Connaissez-vous le nom des cinq frères ?
S. F. : Je ne sais pas car on ne m'a pas donné les noms.
Ami Fall : Quel était le nom du jeune que l'on a donné aux Maures ?
S. F. : Il s'appelait Mbare Kulibali. Il a enfanté Kande, Mamadi et Aruna. Je suis le fils d'Aruna.
Alain Fride : Mbare a eu Aruna a quel âge ?
S. F. : Je ne sais pas. Il faut demander à Diop.
Ami F. : Lorsque les Maures ont pris Mbare, comment les Tirera ont obtenu Mbare ?
Papa Samba Diop : Les Maures ont vendu Mbare aux Tirera.
Alain F. : A quel âge Mbare a eu Aruna ?
P. S. D. : Nous on ne connaît pas.
Ami F. : Ce n'est pas possible que tu ne saches pas.
P. S. D. : Mbare avait l'âge de cinquante ans quand il a eu Aruna.
Ami F. : Quand Aruna a eu Ségui ?
P. S. D. : A 37 ans.
Alain F. : Ségui a quel âge ?
S. F. : Je suis né en 1926.
Ami F. : Dans la famille Tirera quels sont ceux qui connaissent l'histoire : Bajar ou Jahara ?
P. S. D. : Hakourou Tirera connaît quelque chose.
151
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
Lorsque les Tirera sont venu ici l'un s'appelait Jiime, l'autre Sulaqata. Jiime a enfanté Amara,
Ansumana et Kisima. Amara Jiime est le grand-père de Jibril. Après, Jibril est le seul garçon.
Le reste était des filles.
Sulaqata a eu Massire. Massire a eu Babu, Guda Dabel et Gida do Mamur. tous sont des fils de
Masire Maro. De même Samba Sira. Tous sont sorti de Masire.
Xalilu est un étranger. Il a eu comme enfant Mohamadu Lamin Tirera. Bamale, Aruna Tirera,
Aruna Masire et Kahuru sont des fils de Mohamadu Lamin.
Ami F. : Qui était le maître des Kulibali ?
P. S. D. : Mbare c'est Xalilu Maro qui l'a acheté.
Ami F. : Connaîssez-vous à quel moment cela s'est passé ou s'il y avait un événement important
ou un signe ? Si c'est avec la guerre de Samory.
P. S. D. : Non, ce n'était pas à ce moment là mais avant. En ce temps là seulement les Maliens
se battaient. En ce moment Samory ne se battait pas, ni les Français. Les Maliens se battaient
entre-eux. Lorsqu'on a pris Samory c'était à la naissance de Baba Niame. Cela correspond a
1900. Entre me naissance et la mort de Samory cela fait 16 ans.
Xalilu est le dernier fils. Arune est venu après Jiime. Après Jiime, c'est Ansumana. Xalilu a eu
Amadu Kande et Ba Male. Massire est plus âgé qu'Aruna de dix ans. Xalilu est plus âgé
qu'Aruna de dix ans. Ils sont de même père et de même mère. Leur père s'appelle Jahara. Le
premier Jahara est mort. Il y a eu un autre Jahara. Jiime a donné le nom à Jahara. Sinon il ne
serait pas né comme Jahara. Sinon il devait s'appeler Aruna. Aruna a eu un enfant, Jahara, qui
est mort. C'est pour cela qu'il a donné le nom Jahara. C'est comme Fodie Bakare, son grand-
frère qui s'appelait Jiime. Quand il est mort, son premier fils a eu le nom de son grand-frère.
Alain Fride : Et Xalilu Ba.
P. S. D. : Son père s'appelait Jonke. Son nom de famille est Ba. Son grand-père s'appelle Tumani.
Je ne connais pas le père. Tumani est venu ici. Il venait du Mali.
Alain F. : De quel village ?
P. S. D. : On ne sait pas. Nous sommes âgés de plus de 30 ans. Il a la cinquantaine. Son père est
né en 1913. Il est mort à 80 ans.
Alain F. : Quand est-ce qu'est né Samba Suleyman Diop ?
P. S. D. : Je ne sait pas. Samba Ouleye a 58 ans. Suleyman Diop n'est pas Soninké mais
Haalpulaar.
Alain F. : Les Kulibali sont les captifs des Tirera ?
P. S. D. : L'origine des Kulibali est hoore. C'est lorsqu'il a été vendu qu'il est devenu komo. Il
venait du Kimbaka, du Mali. C'était un hooro Bambara. La "xabila kome" n'existait pas, c'est
l'esclavage qui a amené cela. On prenait les genspar la force. Au départ tout le monde était
hoore. Les blancs ont mis fin à l'esclavage.
Alain F. : La famille Sira Niame vient d'où ?
P. S. D. : Ils viennent du Mali. Leur nom était Sow. Sa mère est Sangaré. Sira Niame c'est Sidibe.
Ils viennent du Wasulu. C'est la même famille que Xalilu Ba. Jaxite c'est Ba. Sidibe c'est Sow.
Il faut dire qu'il n'y a pas de kome. C'était avant. Kulibali, Xonte, Sow, Ba, Konate, Sidibe,
Keita, Kamara, Sanqare, c'est l'esclavage qui les a amené ici. Il y a aussi Jaxite et Niamele.
Alain F. : Ils sont venus au 19ème siècle.
P. S. D. : Cela date de plus de cent ans. Il y a des komo dont l'arrivée est inférieure à cent ans.
Les premiers komo venus ont dépassé les cent ans. Ma mère a fait ici 107 ans.
Les premiers à venir ici sont venus avec leur maîtres. Le mère de Tako Kuruba est la première
à venir ici avec ses maîtres les Tirera.
Il y a deux familles Wage kunda et Tirera. jara Wage est le premier à avoir des esclaves ici. Les
anciens captifs ne sont pas restés. Ils sont partis. C'est à la capture de Samory qu'ils sont aprtis,
en 1900.
Ami F. : Comment sont-ils partis. Ont-ils fui ?
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
des Fado à Kawel. Ils ont les nom Kamara. C'est eux qui ont appris le Coran pour devenir moodi.
Ce sont des Jonkuru.
Jawara ne devrait pas avoir comme titre hoore parce que ce sont les garanke qui l'ont trouvé. Il
n'est esclave de personne, il se trouvait seul dans la forêt. Le garanke qui l'a ramassé avait le
nom de Jawara.
Alain F. : Avant les Denyanké ?
P. S. D. : C'était avant. Les Denyanké ont commencé avec Koli Tengella.
Sunjata Konate commandait sa propre armée. Un Peul est venu le rejoindre. Konate a dit au Peul
tout ce qu'il voulait il lui donnait. Le Peul a dit qu'il voulait l'épouse de Konate qui était enceinte.
Konate était un Bambara qui ne renonçait pas à ses paroles. Il lui donna son épouse. C'est cette
femme qui a enfanté Koli Tengella. Lorsque le Peul a emmené la femme, elle lui a donné un
fils, Koli, qui appris le pulaar. Le père voulu qu'il devienne quelqu'un d'important. Il lui donna
tout son héritage aux frère de Koli. Koli lui ne reçu rien. Alors l'enfant retourna voir sa mère
pour lui demander pourquoi. Elle dit "parce que ce n'est pas lui qui t'a enfanté". Koli lui a
demandé qu'elle lui montre son père. Ton père, lui répondit-elle, c'est Konate qui est au Mali.
Va le rejoindre. Son père le reconnu quand il le vit. Il dit aux gens qu'il était son fils. Comme
c'était un chef, on n'osa pas dire à Konate qu'il mentait. "Si vous n'êtes pas sûr, nous allons
prendre notre sang et les comparer" dit Konate. Ils virent que c'était le même sang.
Ami F. : C'est Sunjata Keïta ?
P. S. D. : Oui. Après Konate lui dit de rejoindre son père. Koli répondit qu'il voulait qu'il rejoigne
son père mais c'était lui. Konate dit qu'il rejoigne celui qui l'avait éduqué. Konate lui donna une
troupe. Puis il est parti avec des membres de chaque clan. Les Koliabés, les esclaves de Koli,
viennent de son père.
C'est cela qui a amené Koli. Koli était puissant car dans chaque clan il avait des gens grace à
Sunjata. Les Peuls ont eu quelque chose à cause de Koli qui n'était pas Peul.
Alain F. : Connaissez-vous les Kokoren Faren qui venaient de Jaara et que Koli a soumis ?
P. S. D. et S. F. : Ca a pû exister mais je ne le connais pas. Les Bambara sont les plus puissants,
les soninkés ne font que voler les esclaves. Ils les ont eu à Dabia, Cuti, Sarakoro, Diolol et
Yalalbé. Ce sont des voleurs mais ils ne sont pas courageux.
Ami F. : Que reste-il des Naxamala ?
P. S. D et S. F. : Les tage ce sont les Thiam (Diabi) en pulaar, les Sanbaqe sont leurs esclaves et
les Sisoxo. Les garanke ce sont les Juwara, Jawune et Yafe. Il n'y a pas de geseru ici.
Mohamadou Diaw : Les tagadimu du nom de Sumunu viennent se marier ici.
Alain F. : Alfa Issa est de quelle famille ?
P. S. D. : Wage.
Les Jawara que les garanke ont trouvé dans la forêt. Les Maures avaient attaqué les garanke
pour leur voler leur troupeau. Les garanke n'ont pas pu trouver le troupeau. Jawara lui a retrouvé
le troupeau, ils l'ont donc nommé debegume. Le Jawara garanke a donné son nom à celui-là.
Aujourd'hui il n'est plus chef. Après qu'il soit devenu chef, de Jawara sont venus le rejoindre
pour lui dire que maintenant ils étaient ses esclaves. Ce sont les Jawara-Jonkuru.
Les Jawara viennent du Kingi. Quand ils ont quitté le Kingi ils sont venus à Bokidiawé et se
sont battus avec Abdul Bokar. Il les a chassé pour qu'ils partent à Fadiar.
Daaru Salam veut dire le village qui sauve les gens. Bokidiawé c'est le baobab et les pileuses.
Ami : Connaissez-vous le titre Kokoren Faren des Jawara ?
P. S. D. : Faren Jawara. Ce sont les Jawara hoore. Faren veut dire chef.
Entretien effectué au mois de septembre 1995 par Ami FALL avec son père, Ségui FALL,
et Ba Samba DIOP.
Le sujet était la définition et l’explication de l’origine des noms de quartier.
Ami FALL m’a ensuite envoyé une cassette et une lettre.
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
B. S. D. : "Tiwel" ni ku i ga ñi taaxonu "Boki"1 bane ke. I giri i daga xobe ti tuweto. Ken ya ni
"Tiwel" ke.
"Tiwel" c'est quand ils se sont installés près du baobab. Ils sont partis acheter du foin. C'est cela
"Tiwel".
B. S. D. : Iyo bo. I soken ya ni non wa, i ga ti Tiwel". Ken ya ni "Tiwel". Jaaje ke kun wa. I wa
"Tiwel" ke di. Ayiwa, jaaje xulle ke be ga "Tiwel" ke di. Kamene ke, ke da non faaga boyini 2
duuro. A boyini nan gaba. Ke ña ni ga ti "Boyinabe".
Oui. Il y avait de l'herbe jaaje3 et ils ont dit "Tiwel". C'est cela "Tiwel". De l'herbe jaaje était là.
C'est dans "Tiwel". Donc, de l'herbe sauvage blanche était à "Tiwel". Dieu a rempli uniquement
l'endroit des chacals. Il y avait beaucoup de chacals. C'est ainsi que l'on a dénommé "Boyinabe".
A. F. : Boyini ya ni non wa ?
Il y avait des chacals ?
A. F. : "Tiwel". Soninkan xanne "tiibe" tini. Boyinaji xa, boyini gaben ni no.
"Tiwel". En langue soninké on dit "tiibe". Mais pour Boyinaji, c'est qu'il y avait beaucoup de
chacals.
B. S. D. : Iyo.
Oui.
A. F. : "Sincan" xa ?
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
B. S. D. : "Sincan" ke ni soron ga gabo me kama Tiweli ke tan. Ayiwa, soron beni ga girindi. I
daga taaxo Sincan. Sincan ke a ni sincan ya tan.
"Sincan" c'est parce qu'il y avait beaucoup de gens à Tiwel même. Donc, ces gens ont quitté le
lieu. Ils sont partis s'installer à Sincan. Sincan c'est un nouvel endroit où habiter [en pulaar].
B. S. D. : Ayiwa. Dolo ken ke i ya ni ke leyi. Manni ken leyi. Yogo a ni Bakel, a toxo Golomi
bane. Ayiwa, a wa a komen nan gaba. Komo ya ni yanqane i. I xa ga i taaxono. I rusa a xeeri
: "He ! Golomi, Golomi, Golomi !" Golomi xa xusi sigi. Golomi a Bakel bane. Ke a Golomi.
An ga na giri Bakel bane tan, an faayi dagana Golomi ya. Golomi faayi ken kaare, jaaje faayi
kiteren kaara. I ga i dana Golomi ke. Ayiwa, a komo ya gabo ni. Ayiwa, a komo ga Sincan di
ni. Yogoni na ti komo debe Golomi. Xa Golomi ken ke ni dooren ya.
Oui. Ils l'ont appelés eux-même bière de mil. Le nom leur appartient. Un homme était resté à
Bakel. Il resta à Golomi. Oui, il avait beaucoup de captifs. Les captifs se sont arrêtés là. Ils s'y
sont installés. Ils ont appelé : "Hé ! Golomi, Golomi, Golomi !" Golomi s'est élévé aussitôt.
Golomi est vers Bakel. Golomi. Tu quittes vers Bakel, voilà tu te diriges à Golomi. Voilà,
Golomi est un pays où se trouvent des herbes jaaje. Elles traversaient Golomi. Oui, il y avait
beaucoup de ses captifs. Oui, ses captifs étaient dans Sincan. On a appelé ce village de captifs
Golomi. Mais Golomi c'est du banco.
B. S. D. : Ndar ke i ya ni ken kaara tana. Lemunu ken diima Ndara sape wa i ta. Ken ya ni
xusa ti a dana Ndara.
Ndar se trouve en allant vers le pays. Les jeunes à ce moment allaient à Ndar qui était signe de
succès. C'est alors qu'on la appelé Ndar.
B. S. D. : He ! Hari baane nta ken falle sapen Ndara. Ken bire Njay bane ke. A wa kagumu
baken su Ndaran ta, Ndaran ta. Ken ya ni i kun taaxura ke. I xusa a xeerin Ndara. Ken ya ni o
ku xusi taaxo ri yere. An faabeeni o ga soro ku tu Ndara ken ya ni. Xa, an dana noku faayi
xolle ke falle ya. Xo i no o kappa Ndara ya. A da ñi i da jin yan ro, xolle ke xuna. O ke ti o na
kareye ya tan.
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
Oui ! Après Ndar la bienheureuse il n'y a que Dieu seul. Les Njay habitent vers là. Les chefs de
famille qui s'en vont de chez eux, vont à Ndar. Ils s'installent là bas. Ils l'ont alors appelé Ndar.
Nous nous sommes installés là. Les gens nous comptent parmis ceux de Ndar. Mais, nous
habitions derrière le marigot1. Nous étions sur le flanc de Ndar. Avant l'eau remplissait le marigot
et nous avons déménagé.
A. F. : Jamel ?
Jamel ?
A. F. : Xo, fane su wuren nta i de ! Xo toxono ku, Foyinta xa, a wure ni manne ?
Mais, tous les villages ne sont pas au-dessous du fleuve ! Mais parmi ces noms, en dessous d'où
se trouve Foyinta ?
B. S. D. : "Foyini" ke fullan xanne yan ta. A wuren ni xo, a ga na giri. Xa ga na daga fi kuruba
joppa noxo be.
"Foyini" est de la langue peul. Il est comme en-dessous, s'il le quitte. Comme s'il va commencer
un nouveau lieu.
A. F. : "Yarini" xa ?
C'est quoi "Yarini" ?
A. F. : "Orndolde" ?
Et "Ornolde" ?
1Se référer dans la carte du village à l'ancienne maison de Ba Samba Diop avant le marché et devant le marigot Biibe Godoro.
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
B. S. D. : O jota ken ke. Ken ke de n wa tu a. Jaba Tunde ke. A xillen tuwaxun ken ya. A toxon
ga ni Demba, a janmu ga ni Tuure.
Notre pair. Je le connais. Le Jaba Tunde. On fait appel à son savoir. Son prénom est Demba et
son patronyme Tuure.
B. S. D. : Xolle ceddo noku ga tangeni noxo be. I ti Cangol Honi faayi fane. A do Wendu Honi.
L'endroit de la rivière où les ceddo pêchent. Ils l'appellent Cangol Honi près du fleuve. Et aussi
Wendu Honi.
A. F. : Kan ni ke ?
Est-ce de la maison ?
B. S. D. : Ke !
Cela !
B. S. D. : Ke manne ni ?
Qu'est-ce que c'est ?
158
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
B. S. D. : Neeganabe. Gelli yogo ni ga ma giri daga taaxo noxo tana. Yogo ni xa daga taaxo
Njot. Debe ke toxo ni Njot, yogo ni taaxono.
Les Neeganabe. Un des leur n'est pas parti dans un autre endroit depuis lors. Un des leurs est
parti s'installer à Njot. Le village où il est parti s'installer s'appelle Njot.
A. F. : Njot xa ni manne ?
Mais où est-ce Njot ?
A. F. : Sénégal oriental ?
Au Sénégal oriental ?
A. F. : Bundu ?
Le Bundu ?
B. S. D. : Bundu kille a. An ga na giri debe Njot be toxoni Jallube. An ga na giri Jallube kata
gune Neeganabe noku taaxono.
Sur la route du Bundu. Si tu quittes Njot, le village s'appelle Jallube. Si tu quitte Jallube, les
Neeganabe se sont installés dans la brousse.
A. F. : I ku na Senegal baane ke a ni ?
Ils se trouvent seulement au Sénégal ?
B. S. D. : Neeganabe no ku feti sero gobu. Sere baane ya fe. Neeganabe no ku ri. Jamanabe no
ku ni ya ta i ga tangini. A ken yugo baane xusa a ri. A wa moodin ya ni. Ken diima, i kun nta
fofo tu : ma tangiye a do gajane falle. A xusa taaxo di a. Ayiwa, i ga na daga tangi. I ni me
katta ya. A xuse feran ya, a da i fata bakka me. Fofon da ñexe be raga, a na a kama ñexe
sembedi kaara. I ti : "He ! Ke yugo a fon tu. Xoron na a maara du maxa." A bana. I rusa a mara
du maxa. I da i ren yaxare kina i. A daga. Ken ya ni Neeganabe no ku saara. Jaogonabe ni ya
ni Neeganabe no ku saara.
Les Neeganbe n'avaient pas beaucoup de personnes. Il n'y en avait qu'une seule. Voilà comment
les Neeganabe sont arrivés ici. Les Jamanabe d'ici pêchaient. Soudain un homme seul est venu.
Il était un marabout. A cette époque, ils ne connaissaient rien : ils pêchaient et faisaient la guerre.
Il s'est alors installé parmi eux. Donc, ils allaient à la pêche et se battaient entre-eux. Il a utilisé
tous les moyens pour les séparer. Le poisson qu'ils attrappaient, il le mit côte à côte. Ils dirent :
"Hé ! Cet homme connaît les choses. Allons l'éléver parmi nous." Il était riche. Ils l'élevèrent
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
alors parmi eux. Ils lui donnèrent une fille. Elle parti. Elle engendra les Neeganabe. Les Ja Ogo
engendrèrent les Neeganabe.
B. S. D. : He ! A bana. Moodin feti. A ga ri gune kundu. Tan komo filli siine i do seren nta
duwana ma da. I duuru ya ni. I nta Hari salli noxo tu. A yan da i salle moxo ke koyi ya. I da me
gomundi. I da yaxare kine. A taaxo di ya. A da gotondi. Fo gabe wacca ken diima ma i duna ya.
Fo xottin ke. Jaje wa ri yere, n ken ra nta fo da.
Hé ! Il était riche. Il n'y avait pas de marabout. Il est venu ainsi de la brousse. Pendant deux
cents ans personne n'invoquait la bénédiction divine. Ils étaient nus. Ils ne connaissaient pas
l'endroit où l'on prie Dieu. Il leur a montré comment prier. Ils se sont rassemblés. Ils lui ont
donné une femme. Il s'est installé parmi eux. Il les a rendu intelligents. Beaucoup de choses
qu'aujourd'hui il n'y a pas dans ce monde. Des choses difficiles. Jaje vient ici, je ne peux plus
rien.
[L'entretien avec Ba Samba Diop se termine ici. La cassette reprend par un entretien entre Ami
Fall et son père Ségui Fall.]
S. F. : Ngalu. Tirangal noku filli me a wori. Maxa duuro. Baane da i jonko i. Tirangalle "Juddel"
ke. A ga daga Tirangal "Juddel", a kille dagana "Salini" bakke. Salini noxo ke be i ga tini a da
"Jarde". "Mayi Jarde". "Mayi Jarde" ken xuna, ken ya boxe. Gelli jonko i, gelli de. O ku na ti
"Salde". Baane jonko i "Bundi". "Bundi" daga "Leya" kun wa. A da golliñano. Ayiwa, ken ña
ni ke ta, ma ga rono kolangal noxo.
Les arbres ngalu. A cet endroit les deux marigots sont parallèles. C'est vide. Un seul les rejoind.
C'est le marigot "Juddel. Le marigot "Juddel" continue son tracé jusqu'à se jeter dans celui de
"Salini". L'endroit où se trouve "Salini" on l'appelle "Jarde", "Mayi Jarde". "Mayi Jarde" tombe
dedans, le traverse. L'endroit où il les rejoind, nous l'appelons Salde. Un seul rejoind le "Bundi".
Le "Bundi" se jette dans le "Leya". Il sert au travaux des champs. Donc, c'est ainsi jusqu'à ce
qu'ils arrivent aux champs de décrûe.
S. F. : A ya no ken su boxe a ya di. Ke ga ri ma debu yere. Ken jon i kundu. Ken daga kundu.
Ken tenge ti "Tuleli" yere. Ken yere kun wa, ken daga nan ya xollen wa. A daga fanen wa. Ma
ga kiñene borogo. Kobilo borogo soxono noxo be. Ke xa kuntine kundu. Yere kun wa mino faaga
"Fodi" yere. Mino taaxonte ya yere. Ke be ga dani yere kun wa. Mino ke a taaxo noxo be. A
da i jonko i tirangal "Juddel". I ga ti kolangal "Juddel". O ñi ken tangeni. A daga "Balde".
"Balde" xalle ke ñan daga "Bundu Tiire". "Bundu Tiire" xalle ke, ke ñan daga "Jeliyana". Ayiwa,
ken xa i na ti "Nayeli Jarde". A xa ña kundu, a na yillen rini. Ken ya ni ga tini "Jarde". Ke xa
yan daga ma ga kiñene ...
Ce sont tous ces endroits qu'il traverse. Il ne va pas dans les villages d'ici. Il commence ainsi. Il
va ainsi. Il va sur "Tuleli" ici. De là, il va dans la vallée alluviale. Il va au fleuve. Jusqu'à atteindre
les pâturages. Les pâturages de Kobilo qui sont dans les endroits où on cultive. C'est comme s'il
160
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
gagnait ainsi. Ici même, l'eau s'écoule dans le "Fodi". L'eau rentre ici. Elle passe par là. L'eau
rentre dans ce lieu. Elle gagne le marigot "Juddel". On dit le champ de décrûe "Juddel". Nous y
pêchions. Elle va à "Balde". Une part du "Balde" va dans le "Bundu Tiire". Une part du "Bundu
Tiire" va dans le "Jeliyana". Donc, cela ils l'appellent "Nayeli Jarde". Elle était ainsi, elle se
promène. C'est cela qu'on appelle "Jarde". Il va jusqu'à joindre ...
A. F. : "Ngalde" ?
Et "Ngalde" ?
A. F. : Minne ?
Où ?
S. F. : "Denmuge". Ken ya telle ma "Denmuge". "Denmuge" xalle ken ke, ken giri "Jarde" xalle
ma Kaedi bane.
Le "Denmuge". Il va jusqu"au "Denmuge". Une partie du "Denmuge" provient de "Jarde" jusque
vers Kaedi.
A. F. : An ti i wure tu.
Tu dis que tu connais la signification.
S. F. : Ah ?
Quoi ?
S. F. : I wure ?
Leur signification ?
A. F. : He !
Hé !
S. F. : Ayi. I ga ri fofo konin dana gelli yere. I ga ti : "Ke fane ke dooke a, ke fane kiye a."
N nta fofo tu.
Non. Depuis que je suis ici, on est venu en parler. On disait : "Cette rivière est là-bas, cette
rivière est de ce temps." Je ne connais rien.
A. F. : Ah ! I yan da. Baane su fon ga ni noxo be, an na toxo ya. Xabila be fon ga ni.
Ah ! Ils l'ont fait. Quand l'un d'eux était dans un endroit, il le nommait. Il était au peuple.
161
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
A. F. : Jamanabe ya foni. Fane ke i ya fankan ni. I fina ya ni. Ayiwa, i wa tini salliye ke xadi.
Jamanabe a sallien ke koyi. An wa tu soron be i ga sallien kono ? I ga tini ke fullane ya foni ri
yere. O da i ke fo fullane wutu ri yere. Ke fullane ya fofo ti yere. Ayiwa, xa ya foni xa ñiñe. Na
wutu a dana ni Modi Yahi [?]wure. Modi Yahi [?] ga taaxunu noxo ke be. Ma o gan daga wara
Modi Yahi [?]. Fullu be ni ga ñi ken kefini ... Wacca, ya no digamen kono. Jaldi Gode Sumare
do taaxunu be ga o ñi.
Les Jamanabe l'ont fait. Ils ont de nombreuses rivières. Ils sont les premiers. Donc, on leur a
encore appris la prière. On a montré le prière aux Jamanabe. Sais-tu que des gens leur ont parlé
de la prière ? Certains ici leur ont appris. Nous avons pris des choses de certains qui sont venus
ici. Ceux-là ont dit des choses ici. Donc, ils partagent les terres et les malentendus. Pour prendre
il est passé à côté de Modi Yahi [?]. Modi Yahi [?] s'était installé dans le lieu. Jusqu'à ce que
nous ayons abandonné Modi Yahi [?]. Les Peul étaitent réunis avec ... Mais on vient d'en parler
tout à l'heure. Jaldi Gode Sumare et nous, sont installés.
S. F. : Lowuru faayi Damga noxo ke di yere ya. Lowuru faayi Damga raxe ke ya. Gajaaga do
faayi naxa.
Lowuru se trouve dans le Damga. Lowuru se trouve au bord du Damga. Il se trouve entre le
Gajaaga.
S. F. : N ma mugu.
Je ne connais pas.
Retranscription de la lettre :
Boyenadyi : il y avait beaucoup de chacals et les gens par abus de langage ont dit « ici c’est le
lieu des chacals » et quand bien même ils s’y sont installés ils ont continué à l’appeller ainsi.
Sinthiane : c’est un mot haalpulaar qui veut dire quartier neuf. En soninke on dit ka kurumbo.
Ndar : vient de nda en wolof qui veut dire le canari. Mais ici c’est le Ndar de Saint-Louis du
Sénégal. Avant la colonisation Ndar était la ville la plus connue, la plus célèbre, où on trouvait
162
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
tous les types de personnes. Le nom est venu à Bokidiawé par comparaison, car le quartier
contient tous les bons du village.
Les Neeganabe se trouvent dans une seule région au Sénégal, celle de Saint-Louis. Par contre
on les trouve dans plusieurs villages : Djote dans le Nguénar et Louwouré entre le Damga et le
Gadjaga. Tous les Neega viennent de Louwouré.
Bokidiawé est traversé par un seul marigot mais baptisé à chaque endroit par les Ceddo, Woni,
Jamel, Yarde, Pulum, Kardo Dogi, Kine Tinegu, Ordode, Demba Ture.
Pulum : le gouffre.
"La dotation en terres des Wague par Abdul Bokar est une affirmation fausse.
En fait les Wague ont récupéré des terres, appelées Jaarde, de partisans d'Abdul qui l'avaient
suivit dans sa fuite. Quand les français sont venus, ils ont tout de suite reconnu leur autorité et
ont bénéficié de ces terres (des titres de propriété existent).
Abdul Bokar et son fils donnaient tous les ans des bêtes à l'arrière grand-mère de Maoudo Diop.
En fait elle avait été capturée par Albury Ndiaye puis libérée à Bokidiawé où elle s'est mariée.
Albury après l'avoir capturée avait reconnu en elle une parente. Il l'a ensuite confiée à Abdul
Bokar de Dabia.
Abdul Bokar avait fui son village détruit par les français. Il est allé à Bokidiawé. Il passait la
nuit derrière Kayel Gamby.
Certains villageois ont fuit Bokidiawé pour Ogo, Bokiladji quand Abdul Bokar est venu s'y
installer. Ils craignaient la capture d'esclaves et la répression des français."
163
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
Les Mangassouba viennent du Mali puis sont passés à Soringo. Ils n'en sont qu'à la deuxième
génération à Boki-Diawé.
Il y a un mariage préférentiel entre les Wagué et les Tirera.
Les Jonke (équivalent de Jaxite) habitaient chez Aliyu Sow. La mère de Jonke est la première
venue. les Jonke ont acheté des terrains après l'indépendance (ils appartenaient au domaine
national).
Le père de Ségui Fall avait des terres au waalo. La mère de Ségui Fall a allaité Fodié Bacary
Tirera. Ils ont donc des liens de sang entre-eux.
Les Jaw sont les garanke des Tirera.
Fofana habite une ancienne maison des Kamisoxo (famille aujourd'hui disparue) qui viennent
du Maxana au Mali.
"Les Tirera sont des Jare au Xaniaga. Il y a une chanson soninké où l'on parle de Goundiourou,
village au 12 tombes de marabouts, près de Kayes."
Informations données en soninké par Ségui Fall sur la compositions de la maison Tirera.
Le 22.08.95.
Non-enregistré. Notes.
Première membre de la famille des Fade, qui signifie littéralement en soninké, l'ancêtre, a être
interrogée, c'est avec bonne volonté et attention qu'Aminata Demba Fadé s'est prêtée à nos
questions. Elle tient ses connaissances de son écoute attentive des garanke[groupe statutaire
des artisants du cuir et griots] attachés à sa famille, mais qui ont quitté le village depuis
longtemps, ainsi que des récits des anciens quand elle était plus jeune. Elle habite avec son mari
dans la grande concession de Fakrou Tiréra, qui réunit de nombreuses familles de janmu
[patronymes] différents.
164
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
A. F. : Guccube ni minne ?
Où se trouve Guccube ?
A. F. : A ni Senegal ya ?
C'est au Sénégal ?
A. D. F. : Yinbe ke a da bogu jin ya di. A da yinbe ke bogu jin ya di. A do komo ku deben su da
taxundi. Gajaaga su taaxo da i ya. An da faamu ? Biine Fade noku giri dono ya. Biine Fade giri
165
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
Guccube. Biine Fade a noku o ku kisima ni saara. Biine Fade sooma ni Musa ya. Musa yan da
Demba Asa saara. Demba Asa da inke saara. Musa a ni Asa Xujeji saara, a da Ansumana Musa
saara, a da Ayida saara. A da Hode Ansumana saara. Hode Ansumana da in Ma saara.
Le feu est sorti de l'eau. Elle a fait sortir le feu de l'eau et les captifs qui se trouvaient dans le
fleuve. Tout le Gaajaga s'est établit là. Tu comprends ? Biine Fade et eux viennent de là. Biine
Fade vient de Guccube. Biine Fade a enfanté nos grands-pères. L'aîné de Biine Fade est Musa.
Musa a enfanté Demba Asa. Demba Asa m'a enfanté. Musa a enfanté Asa Xujeji, Ansumana
Musa et Ayida. Il a enfanté Hode Ansumana. Hode Ansumana a enfanté ma mère.
A. F. : Xoyi an wa tu, Wage ni janmu ya. Wage wure o wa o tu. Fade xa wure ni manne ?
Cependant, vous savez, Wage est un patronyme. Nous connaissons la signification de Wage.
Mais que signifie Fade ?
166
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
1Voyager en pulaar.
2Il y a 1071 ans.
3Il y a 474 ans.
4Sans doute Biine Fade.
5C'est à dire qu'ils n'ont pas d'honneur.
167
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
A. D. F. : Koli ?
Koli ?
A. D. F. : Koliabe ni Ngidiloñ.
Les Koliabe étaient à Ngidiloñ.
A. D. F. : He !
Hé !
168
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
A. D. F. : Fajara o soron wo no. Jawara o soron wo no. Kungani o soron wo no. Guccube, o
dai Guccube ya. Yaxare ke giri fanen di, a da i worojexe ke su giri fane ke, a ri taaxo. A da
debe ke taxundi. Wujune siine a do tan ñere a do xaaxo filli.
Nos gens sont à Fajara, Jawara et Kungani. Nous avons duré à Guccube. La femme qui est sortie
du fleuve et dont toute la fortune en est sortie aussi est venue s'y installer. Elle a fondé le village
il y a mille soixante-dix ans et deux hivernages.
A. D. F. : Xo o ku ma toori deben ke di. O ku kisima wolin ya ni. A ti faju nta duuna di fi maxa.
Toore, a da taaxo Wage kundanko ku ya maxa. A ke ma due toorindi, a ti i soxola nta toore. O
ku soro ku ti i soxola nta i toore.
Nous ne gouvernions pas le village. Notre grand-père a dit qu'il n'aspirait pas au monde d'ici
bas. Le pouvoir, il appartient aux Wage. Il ne voulait pas gouverner, il n'avait pas besoin du
pouvoir. Nos gens n'ont pas besoin du pouvoir.
A. F. : Xa ma i toori debe ke di ?
Mais vous n'avez pas gouverné le village ?
A. D. F. : O ma toori debe ke di. I da tooren kinni o ya, xo o nta i ya. Samba toorodo Boki da
tooren kinni o ya. Xo ti o soxola nta i. Neeganabe ku ti on wa tooren wutu. Xo ti o soxola nta i.
Wage kundanko ku ti i na toore sembe da i. A ti soxola nta i. I ke i xalle i na Allah ya muurunu.
I ma toore muurunu. An da faamu ? Ayiwa1 o ku. Daaru duuna gillen girinde, Guccubenko ku
da seren ya girindi. Guccubenko ku da seren muuma ya girindi. I ti : "An na ri toori, tooren
kinne i. An na ri taaxo Guccube. An na ri." A ti i ra nta. O kun ku toore, o faama tan, gelli o sere
faana ku tan, yaxare ga ni marafa kattini.
Ils n'ont pas dirigé le village. Ils nous ont donné le pouvoir, mais nous n'en avons pas voulu.
Samba le toorodo de Boki nous donna le pouvoir. Mais nous répondîmes que nous n'en voulions
pas. Les Neeganabe nous dirent qu'ils allaient nous donner le pouvoir. Mais nous répondîmes
que nous n'en voulions pas. Les Wage nous dirent qu'il allaient nous donner à tour de rôle le
pouvoir. Mais nous répondîmes que nous n'en voulions pas. Ils cherchaient la voie d'Allah. Ils
ne cherchaient pas le pouvoir. Est-ce que tu comprends ? Eh oui, nous sommes ainsi. Depuis
que le monde d'hier a disparu, les habitants de Guccube ont délégué une personne. Les habitants
de Guccube ont délégué une personne pour chercher [un Fade de Bokijawe]. Il dit : "Tu vas
venir pour régner, nous te donnons le pouvoir. Tu vas venir t'installer à Guccube. Tu vas venir."
Il a refusé. Nous, nous n'avons pas régné. Il y a longtemps, depuis notre ancêtre, la femme qui
portait le fusil.
A. F. : I ga ñi Jaara ?
Etaient-ils à Jaara ?
A. D. F. : Marafa a katti. Jaara xa, Jaara ke be i ga Jaarana. Jaara ke xa, a ken Biine Fade ke,
a ren yaxare sooma. A tooxo Ngañi Koyita. Ken yan yexi Jaara ya. Ken ya ni Kebelanko ku. Ku
ni Kebe ni ya. A ken ren yaxare ya ni kun saara. I taaxo Jaara. An da faamu ? A da Jagili,
Jafara, saara no. A da Birahim Jafara saara no. A da Malamin saara no. A da Xunba Kebe
saara no. A da Fatumata Kebe saara no. Ren yaxaru sikki a do ren yugo sikki. A da kun saara,
ku faayi Jaara. O ku wa Bokijawe noxo ken ta.
1Expression hassanya qui signifie "oui".
169
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
Elle portait le fusil. Ceux de Jaara, les Jaara qui soignent. Ce Jaara est la fille aînée de Biine
Fade. Elle s'appelait Ngañi Koyita. Elle s'est mariée à Jaara. Ils sont devenus les Kebelanko. Ils
étaient les Kebe. Les enfants de cette fille sont restés à Jaara. Comprends-tu ? Elle a enfanté là
bas Jagili et Jafara. Elle a enfanté là-bas Birahim Jafara, Malamin, Xunba Kebe et Fatumata
Kebe. Trois filles et trois garçons. Elle a enfanté ceux qui sont de Jaara. Nous mêmes sommes
là à Bokijawe.
A. D. F. : Ah ! Almaami Abdul. Almaami Abdul ni Kobilonken ya. Abdul Bokar Dabiyanken ya.
Abdul Bokar, Dabiya, tooren ya ña maxa. A ya ni a ga toori, a na wutu Gede an na daga wara
ma Ñoroma do i Dembankane. A do Jawara naxa xoole woono, a tooxo ge ni Ngeredi. Abdul
Bokar toore daga xenpe ken ya. A jeerin da walen safa, a ña barakente fo. An da mugu ?
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
Ah ! L'Almaami Abdul. L'Amaami Abdul était un ressortissant de Kobilo. Abdul Bokar était un
ressortissant de Dabiya. Abdul Bokar de Dabiya avait le pouvoir. Son pouvoir s'étendait de Gede
à Ñoroma et Dembankane. Et vers Jawara près d'un marigot appelé Ngeredi. Le pouvoir d'Abdul
Bokar allait s'achever là. Le jeeri qu'il a gagné est devenu pour lui une source de succès.
Connaissais-tu cela ?
A. F. : Abdul Kader an wa tu, ken ña joa riini, Abdul Bokar ri. Abdul Kader ya ma joa toore
Abdul Bokar Kan. A ti Abdul Kader xalle ya mulla.
L'Abdul Kader que vous connaissez, était déja venu, quand Abdul Bokar est venu. Abdul Kader
n'a pas commencé à gouverner avec Abdul Bokar Kan. Il demande quelle part voulait Abdul
Kader.
A. D. F. : Abdul Bokar xalle, ke ni Dabiyanken ya. Kobilonke ken kun wa, a ga na daga Kobilo,
a ga ñi tirindi a leseri ko na a da.
La part d'Abdul Bokar qui était un ressortissant de Dabiya. Les habitants de Kobilo qui sont là,
s'l va à Kobilo, ils pourront lui expliquer là-bas leurs origines.
A. D. F. : Wage kundanko ku kunde sere su me i saama debe ke di. Hi ! Wage kundanko ku, ku
toorodoni be ni ga debe ke di. Neeganabe no ku. An da faamu ?
Personne n'est venu dans le village avant les Wage. Hi ! Les Wage et les toorodo étaient dans le
village. Ce sont les Neeganabe. Comprends-tu ?
A. F. : Siyanu gobo.
Beaucoup de baptêmes.
A. F. : Neeganabe no ko ni di ?
Les Neeganabe d'ici l'ont fait ?
A. D. F. : Neeganabe noku ni, Ceddo ni. Neeganabe non giri toorodonu i Kan ya.
Les Neeganabe d'ici l'ont fait, les Ceddo l'ont fait. Les Neeganabe qui viennent des toorodo sont
des Kan.
A. F. : Ah ! Kan kanu.
Ah ! Les maisons des Kan.
A. D. F. : He ! Kanunko.
Hé ! Les Kan.
171
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
A. D. F. : Ken diima a ma xalla. Wage kundanko, Soninken renme a su giri Kimbakan yan di.
Soninken renme a su giri Kimbakan yan di. A su giri Jafunu. An da faamu ? Ku giri Gidimaxa.
Ku giri Kerekete.
Cela ne fait pas partie de cette époque. Les Wage et tous les enfants soninké viennent de l'Est.
Tous les enfants soninké viennent de l'Est. Ils viennent tous du Jafunu. Comprends-tu ? Ils
viennent du Gidimaxa. Ils viennent de Kerekete.
A. F. : Kerekete ni minne ?
Qu'est-ce que Kerekete ?
A. F. : Gajaaga Moritani ?
Le Gajaaga Mauritanien ?
A. F. : Senegali ?
Au Sénégal ?
172
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
rien, prient Allah de faire partir les gens de cette terre. Ils sortent tous. Ils sortent tous en courant
de cette terre. Abdul Bokar était aidé d'Allah dans ses guerres.
A. D. F. : Abdul Kader, n nta ken fi tu. N ni Almaami Abdul wa tu. Almaami Abdul n wa ken fi
tu. An da faamu ? Abdul Kader n nta fe tu. N da fofo ko, n wa gare ña kono. Xa Abdul Bokar
xallen wa a do Almaami Abdul xalle.
Je ne connais pas Abdul Kader. Je connais l'Almaami Abdul. Je connais ce qu'à fais l'Almaami
Abdul. Comprends-tu ? Je ne connais pas Abdul Kader. Si je dis uelque chose, je dirais des
mensonges. Mais il y a la part d'Abdul Bokar et celle de l'Almaami Abdul.
A. F. : Ken ya ni kun wa ?
Y était-il ?
A. D. F. : A ya ni Koli saama jamane ke di. Koli ma dalla, a ga ri jamane ke di. Koli ga ri jamane
ke di, ke ti Soninkon renmu maxata ya. A maañi Koli ga ti wa Soninkon renmu taaxo jamane ke
a di. Soninko da Fullanu wutu ken golle killen da. Almaami Abdul Kader tu, i na Abdul Bokar
173
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
ya tu. Ken ni Dabiyanke ya. Ken kisimaru faayi, Bellay ya na kisima. An wa mugu ? A da
Almaami Abdul no saara. A da Abdul Bokar saara. Bellay ya ni a kisimaru ya ni, a kun faayi
taaxono Dabiya. An na daga katte kun wa, i na an xille kona da. An da dai katta Kobilo xaadi,
Almaami Abdul xaadi, a soron faayi non wa xaadi. Ma a ga ri a giri xollen tu. An da daga
Mbumba xaadi. I soron faaga non wa xaadi. Me i ga ri a a xibaaren. An ga rawa fo tu ken wa,
an nan daga debe ke, an na bottu tu.
Il a précédé Koli dans le pays. Koli qui est venu dans le pays n'a pas duré. Les Soninké ont
chassé Koli qui est venu dans le pays. Il ne voulait pas que Koli dise aux Soninké qu'il allait
s'installer dans le pays. Les Soninké ont choisi des Peuls dans un but précis. L'Almaami Abdul
Kader le savait, Abdul Bokar les connaissait. Il était un ressortissant de Dabiya. Il reste ses petit-
enfants, Bellay en est un. Le connais-tu ? Il est un enfant de l'Almaami Abdul et d'Abdul Bokar.
Bellay est de leur descendance qui est restée à Dabiya. Tu n'as qu'à partir là-bas et ils vont te
parler de cette histoire. Tu passes aussi à Kobilo, l'Almaami Abdul aussi, ses gens sont là aussi.
Il n'a qu'a y aller, il connaîtra ses origines. Là bas c'est rempli de ses gens aussi. S'il y va ils lui
donneront des informations. Si tu peut connaître des choses là, tu pars au village et tu les
interroges.
A. D. F. : Fi ?
Action ?
A. F. : Gollo siru beeni xa ga ri debe ke di. Soron ga taaxono i ga i kono walla jamaane ke di,
yugu sirun gollu ? Ken ya ni.
Les bonnes actions quand vous êtes venus dans le village. Quand les gens sont venus s'installer
ont-ils dit quelque chose ou dans le pays les hommes ont-ils bien agit ? C'est cela.
1Abdul Kader.
2
Lors de la construction d'une maison, un marabout vient enterrer un fétiche dans les fondations. Seul le chef de famille connaît
son emplacement.
3Le grand-père.
174
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
faisait que le travail d'Allah. Il ne faisait que commenter le Coran. Il ne faisait qu'enseigner le
Coran. Il a dit qu'il ne voulait pas gouverner.
A. D. F. : Ken yugo ni Fodiye Ansumana Fade ya. Fodiye Ansumana Fade ken ya ni nke ma
saara. An da mugu ? Kun ti soxolo nta duuna. I soxola ni lahara. Hari Tubabi ga ron jamaane
ke di siine be di. I da Allah ñaaga. Ti Allah ti yaaxen do Tubabu yaaxen ko yinme. Tubabu ga
rono ñiiñe ke di, a da i ñi i su kara. I ga da fofo ñaaga Allah ya, Allah ni dana. A da ñi i
moxon soron. I ku Allah baana ya batta, Allah batte baane a ni, i ga batta.
Cet homme est Fodiye Ansumana Fade. Fodiye Ansumana Fade a enfanté ma mère. Le savais-
tu ? On dit que le monde d'ici bas ne les intéresse pas. Il ne s'intéressent qu'à l'au-delà. Il y a des
année quand les Blancs sont venus dans le pays, ils ont demandé à Allah qu'ils ne se retrouvent
pas face à face avec eux. Quand les Blancs sont venus au pays, ils étaient déjà morts. Tout ce
qu'ils demandaient à Allah, Allah l'exaussait. Ils étaient des bons croyants. Ils ne croyaient qu'en
Allah. Ils croyaient en lui, parce qu'il ne faut croire qu'en un seul Dieu.
A. F. : Kattan a minne ?
La guerre où ?
175
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
do xaaxo filli. O ku kisima xxoxo yugo ke gille Guccube, a ri taaxo, a na ri debe ke komo naxati
siine a do tan ñere a do xaaxo segi yirigi. An da faamu ? I ma gollo byre su ña yere, i da golle
sirun baana ya yere, waxanti jara no. I ni waxanto ña jarana bitto sikki noxo. Fadelanko i giri
jin noxon ya. Sere fana i giri fane ya di. O ku bogu jiineni a di. O ku bogu ji di foni ya. Sere
fono ku kun wa, ken waxati kattan wa kattini Hadama renmu wa kattan katta i wa ña na kuuren
a.
Ils se battaient avec ce qui vit dans l'eau. Quand tu arrives à Guccube et que tu ne vas pas
demander la permission aux Fade, si tu descends dans l'eau, tu y perd ta vie. Allah leur à donné
cela. Ils viennent de l'eau. Ils étaient tous des gens de l'eau. Comprends-tu ? Fais-lui comprendre
qu'ils étaient des gens de l'eau. Guccube s'est fondé il y a mille soixante dix ans et deux
hivernages. Notre arrière grand-père a quitté Guccube et est venu s'installer au village il y a
quatre cent soixante dix ans et huit hivernages cette année. Comprends-tu ? Ils n'ont pas été
méchants, ils ont été seulement gentils ici. Ils soignaient les fous. Ils ont soigné sept fous en
trois jours. Les Fade viennent de l'eau. Notre première personne est sortie du fleuve. Nous
venons des djinn. Nous venons de la "djinna"1. Les premiers gens en ce temps de guerre se
battaient avec les hommes et s'organisaient en armées.
A. F. : Koni noku a, Lat Jor taake ya ni, walla El Haj Umar ? Walla kan waxati ?
Qui était-ce, à l'époque de Lat Jor ou d'El Haj Umar ? A qu'elle époque ?
A. D. F. : A waxati diiman di ?
A quelle époque exactement ?
A. D. F. : Ken waxati, ken biire, soro ku su me ri. Kuure ke ga gilli Senegal, a ga ri jamaane ke
di, a ga soron deeni. Ken waxati. Jamaane ke, o ku ma dalla taaxu, o ku mani saare jamaane ke
a. Kuure ke ga rini waxati ke be, i ga deeni Matam ga taaxo waxati ke be. Matam i ga kuunu,
fun be ga kuuru tanmi bakka. A na ñi Soninkan renmu ga ya. A na ñi Toorodo ga ya. I na ti i na
bante. I wa "souffler" kottu. I na ti i na bante xunbane dagaye. Wande renmu wa i maxa. Ti a
da. An da faamu ?
A cette époque, en ce moment, le gens étaient bien tous venus. Un guerrier qui a quitté le
Sénégal, est venu dans le pays et a envoyé des gens. A cette époque. Il n'y a pas longtemps que
nous nous sommes installés dans le pays car nos mères y sont nées. Les guerriers qui sont venus
à cette époque, ils ont été envoyés à Matam où il s'y sont installés. Ils ont prêté serment à Matam
et ont fait sortir dix guerriers. Il y avait des Soninké et des Toorodo. Leurs hôtes leur dirent de
rester. Ils soufflèrent en disant de rester et de ne partir à la guerre que le lendemain. C'étaient
des enfants d'autrui. Dis-lui cela. Comprends-tu ?
176
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
A.D. F. : Fadelanko, ti an dana, Fadelanko ni Guccube ya. Guccube debe ya. I kun ku ni
Guccube a ta.
Les Fadelanko, je te l'ai déjà dit, les Fadelanko sont de Guccube. Guccube est un village. Ils
sont effectivement de Guccube.
A. D. F. : Soninkan renme su giri Kerekete. Soninkan renme su giri Kimbakan ya. Fofo ga ri
jamaane ke di, a su giri Kimbaka di. An da faamu ? Fadelanko kun giri Guccube a ta. Malinko,
ke saasa i ga na ri Guccube ni fanen xannen ya, i ga na a ti i wa karene. I ga ma saara
Fadelanko ku, i nta karene.
Tous les Soninké viennent de Kerekete. Tous les Soninké viennent de l'Est. Tous ceux qui sont
venus dans le pays viennent de l'Est. Comprends-tu ?Les Fade viennent bien de Guccube. Les
Maliens doivent leur dire qu'ils vont traverser si désormais ils viennent à Guccube sur les rives
du fleuve. S'il ne demandent pas la permission aux Fade, ils ne le traversent pas.
A. F. : Ayi, i me ti Wagadu, Wagadun renmu. Wagen do Fade i wa kono fo danbe yogo di. N nta
tu kun wa, man wa fo tu ken di. Wagadu Biida, ke xa xaadi. Sira Maxan Sire, Sia ta.
Non, j'ai dis le Wagadu, les enfants du Wagadu. Les Wage et les Fade, on parle de leur histoire.
Je ne connaîs pas la raison dans cette chose de savoir. Le Python du Wagadu, et encore d'autres1.
Sira Maxan Sire, Sia ta2 .
A. F. : Iyo, an ti a tooxo Maamu Fade ya. Yimbe ma i kittene. A da i yimben yan ri.
Oui, vous avez dit qu'elle s'appellait Maamu Fade. Il n'y avait pas de feu. Elle a amené le feu.
1Biida était le jumeau de Diabe Sise, premier empereur du Wagadu. Ce djinn objet d'un culte recevait le sacrifice d'une jeune
fille vierge en échange de la prospérité de l'Empire.
2Déformation de Kaya Magan Sise, titre de l'empereur du Wagadu et de Siyan Yatabere, fiancé de Mamadi Kamara le taciturne
qui la sauva du sacrifice et qui poussa ainsi à la chute de l'Empire.
177
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
A. D. F. : Iyo, yimbe ma i kittene Gajaaga. A ga bange duuna ya i di, a ga giri fane, yimben ga
i saage kittene Gajaaga. I ñi telle yimbe wutu i Xayi ya. A da i yimben ri, a do duuna fofo ri.
Oui, le feu ne se trouvait pas au Gajaaga. Elle est apparue sur terre, elle est sortie de l'eau, pour
que le Gajaaga ait du feu. Ils devaient le prendre avant à Kayes. Elle a fait venir le feu et le reste
du monde.
A. F. : A giri jin ya ?
Elle venait de l'eau.
A. D. F. : A giri ji ya di. O ku bogu ken ya di. Debe ke taaxen do saasa, Guccube taaxe wujune
siine a do tan ñere siine a do xaaxo filli, yirigi. Wage kundanko ku kun i ga giri rexe be n nta
ken tu. Sere na fon kono an ga tu.
Elle vient de l'eau. Nous sortons tous de là. De la fondation du village de Guccube jusqu'à
aujourd'hui, cela fait mille soixante dix ans et deux hivernages cette année. Je ne sais pas
exactement d'où viennent les Wage. On ne parle pas de quelque chose qu'on ne connaît pas.
A. F. : Marafa ?
Des fusils ?
A. D. F. : Marafa. Ken waxati marafa ya ni yaxaru maxa. I ga daga kuuren a. Ku ni Guccube
yaxarun ya . Guccube Fadeni ya noku a. Hari ken lenki, tooren ni ya maxa. Hari ke xunbane,
toore ni ya maxa. An ga na ri Guccube fane ke di, an na barake muri i maxxa, an nta karene
fane ke. I na ti an dana i nan taaxo. I na yanqa fane ke. I kiñe fane, i ro Guccuben ke nta
duene ken wa.
Des fusils. A cette époque les femmes avaient des fusils. Elles partaient à la guerre. Ce n'étaient
que les femmes de Guccube. Les Fade de Guccube sont de là. Aujourd'hui et demain ils auront
le pouvoir. Quand tu veux aller au fleuve à Guccube, si tu ne leur demande pas la pemission, tu
ne le traversera pas. Ils disent que ce la fait longtemps qu'ils sont installés. Il ne faut pas arriver
et rentrer directement dans le fleuve sans la permission des habitants de Guccube.
A. F. : Tirera kundanko ku xa leseri, an ran nta fone ? Kono o dana ken di.
Connaissez-vous un peu de l'histoire des Tirera ? Parlez nous en.
A. F. : Debe ke ra kuten wa ?
Pouvez-vous parler d'autres hstoires du village ?
178
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
A. D. F. : Debe ke kuten wa, n nta fofo ken tu leseri. Ni ni yinme ke a xallen tu. An da mugu ?
Xa kiiñe deben a, an na Wage kundanko muuru.
Je ne connais pas l'histoire du village. Je ne connais que la miennne. Entends-tu cela ? Si tu veut
arriver au village, vas chercher les Wage.
A. F. : O kini wa o.
Nous sommes allés les voir.
A. D. F. : Bokijawe Ceddo ni, i do xoqqu yan ro debe ke di. Xoqqu yan ri ya. I ñi kuume ya di.
Bokijawe Ceddo noku bogu kun ya di. An da faamu ? I do Toorodini. Toorodo noku ya ni saama
debe ke di. Bokijawe Ceddo noku xoqqun ya ni ya. Jamaanabe xoqqun ya ni i ya. I da xoqqu
kuttu ya. An da mugu ? I kun ni tangini ya ta. Xa na Ceddo noku ya tirindini i leseri ga noku be.
Xa ga na Ceddo noku tirindini baane, ma xa ga ri tu.
Les Ceddo de Bokijawe, sont venus dans le village avec des queues. Leur queues sont reparties.
Ils vivaient dans des trous. Les Ceddo de Bokijawe viennent d'eux. Comprends-tu ? Ils étaient
avec les Toorodo. Les Toorodo les ont précédé dans le village. Les Ceddo de Bokijawe avaient
des queues. Les Jamaanabe avaient des queues. Ils les ont coupé. Entends-tu cela ? Ils
pratiquaient la pêche au filet. Il faut leur demander leur histoire. Si vous aller demander une fois
au Ceddo, vous aller le savoir.
A. F. : Koli Teella ?
Koli Teella ?
A. D. F. : Tirera, Tirerun kunda. Ken kun wa i yan tu, i ga giri rexe be. I renme faayi yere, i
kisima faayi yere. In da kini i ya, ma i ga ri kono i da.
Tirera, les Tirera. Ils savent d'où ils viennent exactement. Leurs enfants sont là, leurs grands-
parents sont là. Si vous y allez, ils vous en parleront.
A. F. : Umar Bulayi.
Chez Umar Bulayi.
Femme : Umar Bulayi. Xa daga noku yan wori. Jafara Hadu xa dagana kun ya wori. Tarixu ku
ña maxa.
Umar Bulayi. Va le voir. Va voir Jafara Hadu. Il possède une généalogie.
A. D. F. : A xa ga na ...
Il va ...
Femme : Tarixu ya ni maxa. A da i safa. A da i xaara. Gelli i kisima Sulaxata. Fofo ga i xabila,
ma fofo ga me saare, i da sun safa. I su a tarixu. A da safa, su tarixu ke faayi.
179
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
Il possède une généalogie. Il l'a écrite. Il l'a apprise, depuis son grand-père Sulaxata. Tout ce qui
est de la famille, tout ce qui est né, il a tout écrit. Tout est sur la généalogie. Il a écrit tout ce que
l'on voit dans la généalogie.
A. F. : Samba Halima. Iyo, a ti i yinmen kaari. Suleyiman Hawa xa ti, Bari a ga ti, i yinmen
kaare. I xa nta fo tu.
Samba Halima. Oui, il a dit qu'il avait tout oublié. Suleyiman Hawa et Bari ont dit qu'ils avaient
tout oublié. Ils ne connaissent plus rien.
Bakary Numa, chef de la communauté rurale, ayant travaillé en France et enseignant désormais
le Coran a refusé par deux reprises de répondre à nos questions. La raison qu'il invoquait était
que l'Afrique ne possédait pas d'histoire. Derrière cette fausse explication se cachait l'animosité
que certains Tiréra entretiennent avec les Fall, leurs anciens captifs. Rancoeurs exacerbés par
les oppositions en tendances au sein de la section du Parti Socialiste de Bokijawe.
Entretien effectué le 22.08 95. avec Monsieur Souleyman FADE, 38 ans, cultivateur.
Fait en présence de membres de la famille dans la concession de Mamadou Fadé, religieux
réputé séjournant en France.
Non enregistré.
M'étant présenté le matin dans cette concession soninké en plein milieu du quartier haalpulaar
où à l'intérieur est disposée la tombe d'Alfa Ousman Fadé qui est l'objet d'un pélerinage et de
recueillements, je fut présenté à Numa Marega et Adja Wague, toutes deux mariée dans la
famille Fadé. Elles me rappelèrent en soninké que les Fadé étaient des hommes libres [hoore],
qu'ils venaient du Xañaga et que Biine Fadé, le premier à s'établir à Bokidiawé était né à
Gouthioubé. L'après-midi je m'entretenais en français avec Souleyman Fadé.
Souleyman Fadé : Les Fadé sont les princes [tunka lemme] de Gouthioubé au Gajaaga. Biine
Fadé, moodi de son état, est venu au Fuuta il y a 372 ans environ à la suite d'un litige avec sa
famille à Gouthioubé. Les raisons du litige seraient que les Fadé Gouthioubé étaient animistes
et qu'ils entrèrent en conflit avec Biine Fadé, lui étant fervent musulman. Biine Fadé est né à
Gouthioubé. Une partie de sa famille est donc restée. Avec ses gens et ses komo sa migration au
Fuuta comptait trois cents personnes. Il a d'abord habité à Ndoulo Madji (vers Ouro Alpha à dix
kilomètres à l'est de Bokidiawé), puis il s'est ensuite déplacé à Douga. Tous les vendredi il venait
prier à la mosquée de Juma de Bokidiawé. Il existait déjà à l'époque un quartier soninké. Les
familles soninké de Bokidiawé sont allées lui rendre visite à Douga pour qu'il vienne les
rejoindre. Il a refusé en répondant que les soninkés étaient surnois.
Les thiedo de yettode Ndiaye, grands propriétaires terriens, étaient païens. Ils avaient sept
garçons malades. Biine les a soigné et a reçu en récompense sept champs : _ au jeeri, un au lieu-
dit Mambada, deux à Mbaraji, un à Brahim, parfois cultivé en contre-saison et un à Tienel, qui
est une dune près du cimetière de Boki ;
_ au waalo, un à Sumani, un
derrière le marigot à l'est de Ranoa que l'on appelle "hanen halle" ["après le fleuve" en soninké].
180
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
Ces terrains appartiennent désormais à la famille Fadé de père en fils jusqu'au moment où la
famille Fadé quittera Bokidiawé. Dans ce cas les terrains reviendront aux Ndiaye.
Les Ndiaye ont demandé à Biine Fadé de venir islamiser leurs enfants. Il est donc venu habiter
cette maison qui est sur un terrain des Ndiaye et il y a enseigné le Coran.
La famille Fadé est divisée en trois parties : une en Gambie, une à Kaédi et une à Bokidiawé.
[arbre généalogique fait sur place]
Ouseynou et Mikaelou sont allés en Gambie. Buna Doulo est allée à Kaédi. Aminata Demba est
l'informatrice précédente. Momodou Alfa est décédé en Sierra Leone. Il a laissé Alfa et Samba
à Bokidiawé à l'âge de quatre et cinq ans. Momodou Alfa est parti avec le tarikh de la famille et
Buna avant d'aller à Kaédi a brûlé le reste. c'est pourquoi il est très difficile aujourd'hui de
retracer l'histoire de notre famille;
Les anciens griots de la famille sont des Diawara, de statut garanke, mais ils ont immigré à
Kaédi et Dakar. Ils habitaient derrière chez-nous et parlaient soninké. Il y avait aussi les Jimera
(de statut garanke) mais ils ont disparus faute de descendance.
Biine Fadé a fait marier ses filles vers Gouthioubé et Diawara car il comptait retourner là-bas.
Notre ancêtre s'appelle Mamou Fadé. il est le fondateur de Gouthioubé. Il est né d'un Jigume
[littéralement "maître de l'eau"] et d'un humain. il a grandi dans l'eau et y est sorti avec ses
richesses. Avec celles-ci, il a acquis ses komo et ses garanko.
Si aujourd'hui nous avons gardé notre identité c'est par la langue et l'activité teinturière mais non
plus par les cérémonies traditionnelles.
Monsieur Fadiga, m'a été recommandé comme connaissant l'histoire des Soninké de Bokijawe.
La famille Fadiga a été à plusieures reprises mentionnée dans les entretiens précédents comme
la première venue au village.
181
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
B. F. : Sumpu ku o yi [...]. Kaset ke in da wutu Hayira kunda ya da1. Mais kun i giiri Gunjuru.
Kun Gunjurunko ña. Waage kundanko giiri Jaara. Xo i sun ni baane ya. Xille wa di. Binta
Diwasi a do Yari, ku ni saaxe haaba. Binta da Wage kunda. Yari, i tooxo kun wa Darame kunda.
A yi xadi Maxan Sire haaba soron ni Ma Suraqe Wage. Ma Suraqe Wage a ñi Ma Jeneba Saare.
Ma Jeneba a da i Maadi Wage, Maxan Sire. Maxan Sire a ni debe gume.
Les liens sont [...]. J'ai déjà fait une cassette pour une famille du Hayre1. Mais tous viennent de
Gunjuru. Tous sont des habitants de Gunjuru. La famille Waage vient de Jaara. Comme ils le
sont tous. Une autre branche [de la famille] existe. Binta Diwasi et Yari sont de même mère et
de même père. Binta a donné la famille des Waage. Yari, son nom appartient à la famille Darame.
Ma Suraqe est le père de Maxan Sire. Ma Suraqe a encore enfanté Ma Jeneba. Ma Jeneba a eu
Maadi Waage, Maxan Sire. Maxan était le chef de village.
E. H. D. : Ko debe gume ?
Quel chef de village ?
B. F. : Tahana ken ya ferogo ya ni. I daga fae Senegal. I da i rini, i na hullun wa. Sikande i ga
ri, kun be ga ri yere. Ku ti in taxa wuya, rondini baawa ni fullu xabila ya ni.
Le groupe, c'est une migration. Ils sont allés au fleuve Sénégal. A leur retour ils étaient Peuls.
La troisième fois, ils sont partis ici. On leur a refusé de revenir s'installer chez eux, car ils étaient
devenus des lignages peuls.
1La retranscription de cette phrase est imparfaite. La bande est déficiente à ce moment.
182
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
B. F. : Hari i gemu giri noxo baane, i su di me ri yere, i taaxo. Kun giri Mali, ku be Jaara, ku
giri Gunjuru. O faamu ? Ku giri Bamako bae, Ñoro. Bundu bae. O faamu ? Silanko ku, i giiri
Jaara bae. Jaara kundanko ya ni. Kama tunko Jaara, Silanko.
Même s'ils ne sont pas originaires du même endroit, ils se sont retrouvé ici et se sont installés.
Certains venaient du Mali, d'autres de Jaara et d'autres de Gunjuru. Tu comprends ? Certains
venaient de Bamako, de Ñoro, du Bundu. Tu comprends ? Les Sila, ils viennent de Jaara. Ils
sont des habitants de Jaara. Les Silla sont les maîtres des rois de Jaara.
E. H. D. : Cam tage ?
Et les forgerons Thiam ?
E. H. D. : Ken ya su minna ?
Où est-ce ?
E. H. D. : A ti i su a ri doome.
Il dit qu'ils sont tous venus ensembles.
B. F. : Bamboxunko segeta.
Les gens du Sud les ont rejoints.
183
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
B. F. : Xaran suge. Soninkon ga ri yaxadi, a su kade. O faamu ? O giri Mande. Sunjata Konate.
Sunjata Keita. A giri Mande. Soninkon faseyen ri yere. I ra a jamaan ken kuna. I ga ri ferogo
nan ye ti.
Une chanson d'élève. Les Soninké imitent. On continue. Vous comprenez ? Nous venons du
Mande. Sunjata Konate. Sunjata Keita. Il venait du Mande. Les Soninké ont voyagé jusqu'ici.
Ils ont trouvé un autre groupe [descendant de Sunjata Keita]. Ils sont venus par une migration.
B. F. : I ga ri ferogo nan ye ti. Gejae. I ga ri sanqi. Sanqi baane. I ri kuna. I ri kefi me ri yere.
Bokilaji, Maadi Unare, Soringo, Wango, Sanko, Tide, Bamba, Nabaji. Soninken ga noxo su. Nan
daga ma Jumu. Jaara. Maadi Njay, Kahedi, Judi. Kun su ni yere ya. Sanqe i ga i ña kuna. Yogu
i ni bogu. Tirera [?] kundanko i giiri Golia. Goli a do Tanbaxara. Jafunu. I ga ri yere kun wa
Bundu. I giirindi Bundu. I kare, i daga fanxaane. Jowol Xasu. Xa mukke debe ke su, i ri yere ya.
I karene Senegal. Soninkon ken su baane. Fo fono sanqi. Fillande ya no fullu. Sikandi ya noku
saasa.
Ils sont venus par une migration. La guerre. Ils se sont dispersés. Une même dispersion. Il sont
venus s'installer. Ils sont venus ici pour rester ensemble. A Bokilaji, Maadi Unare, Soringo,
Sanko, Tide, Bamba, Nabaji. Tous ces lieux sont soninké. Jusqu'à Njum. Jaara. Maadi Njay,
Kahedi, Judi. Tous sont là bas. Ils se sont dispercés pour s'installer. Une postérité d'hommes en
est sortie. La famille Tirera [?] viennent de Golia. Goli et Tanbaxara. Au Jafunu. Ils sont venus
par ici en passant par le Bundu. Ils ont quitté le Bundu. Ils ont traversé le fleuve pour aller sur
l'autre rive. A Jowol Xasu. Tous les étrangers du village sont venus ici. Ils ont traversé le
Sénégal. Tous les Soninké sont les mêmes. Il y en a un peu qui se sont dispercés. La deuxième
vague est devenus peule. Nous sommes aujourd'hui les troisièmes.
B. F. : I su baane. Bokilaji, Bokijawe ka baane ya ni. Gelli a ga taaxo Bokilaji. C'est la même
chose.
Ils sont tous pareils. Bokilaji et Bokijawe sont les mêmes maisons. Depuis qu'ils se sont installés
à Bokilaji. C'est la même chose.
E. H. D. : An da daaxa me tooxo a Soninke, Fadiga xa su ku. Xa kun soro fono, i fo fono, Fadiga.
Ils étaient tous Fadiga, les Soninké qui ont campé. Ils étaient peu d'hommes, ils avaient peu de
choses les Fadiga.
B. F. : O sere faana, i tooxo ni Yare. Jaara. Yari Darame yugon ya ni. Yaxane ya ni Binta. Yari
Dibasi a renmen gabe. Tan ñexe. Duganabe, i ga ri yere. I ga Duganabe. I ga ri yere. Yari Dibasi
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
renme haay : tan naxate. I ga ri baana, i ti Yari renmu haay i. I ga sanqi debu. I yexi, yexi, yexi.
I su sanqi. Tan naxate renme yaxaru ya ni. I daga yi sanqi debu.
Notre premier homme s'appelait Yare. De Jaara. Yari Darame était un homme, Binta était une
femme. Yari Dibasi a eu beaucoup d'enfants. Soixante dix. Ils sont partis à Duganabe. Ils sont
restés à Duganabe. Ils sont venus par ici. Regarde les enfants de Yari Dibasi : quarante. Ils sont
devenus riches, ils dirent de voir les enfants de Yari. Ils se sont installés dans le village. Ils se
marièrent, marièrent, marièrent. Ils se sont tous dispersés. Il avait quarante filles. Elles se sont
dispersées dans d'autres villages.
E. H. D. : Xa giri Xañaga ?
Vous venez du Xañaga ?
B. F. : I giri Xañaga, debu ñeeri. I su karen yinme noxo be. Xañaga debu ñeri yere haay. Yari
kun wa ri. Binta kun wa. A do Waage kundanko. A yexi Wage kundanko. Wage kundanko renmu
saare. A ri xadi. Ma Jeneba a Mariam Jeneba saare. A Ma Jeneba Mariam renmu haaben
haaben saare. I ku Ma ni Waage kundan ke. I faabe ni Darame. I su tinko tinko ya ni. A ra debu
ya ni. Sun baane, xabila ku sun baane. Waage renmu su ga i yexi me, i su xabila baane.
Ils viennent du Xañaga, de sept villages. Ils sont tous proches entre eux. Le septième village du
Xañaga est ici. Yari est venu s'installer. Binta s'est installée. Avec les membres de la famille
Waage. Elle s'est mariée avec les membres de la famille Waage. Elle leurs a donné des enfants.
Il en est encore venus. Ma Jeneba a enfanté Mariam Jeneba. Il a enfanté le père du père de Ma
Jeneba Mariam. Leur mère est de la famille Waage. Leur père est un Darame. Ils sont tous très
liés. Les villages sont à lui. Ils sont tous égaux, tous les groupes statutaires sont égaux. Les
enfants Waage se snt tous mariés entre-eux, ils sont tous du même lignage.
Femme : An jare yaxare ya, yugo da kara an nta xa yexini. Yaxare ya ga kara, a nta yugo kiita.
Quand une femme meurt, son veuf ne se remarie pas. Quand un homme meurt, sa veuve ne se
remarie pas.
E. H. D. : Njanor ?
Njanor ?
185
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
E. H. D. : Ko ni su ?
Qui ça ?
B. F. : Iyo.
Oui.
B. F. : Ha ha. A pas. Hullun ni kaara, Soninko ni kaara. I ya ni debe gume baane i. I gaaja kun
wa. Soninkon da waxati wutu. Hari baane meeni i naxa.
Ha ha. Ils n'ont pas. Les Peul étaient dans leur territoire, les Soninké dans leur territoire. Il y
avait un seul chef de village. Ils se sont battus. Les Soninké ont fait leur temps. Il n'y avait plus
rien entre-eux.
B. F. : Baba Cangol. Elimaan Neega biira gajanu. Boyinaji a ni. Elimaan Njay Salsabenu dunke
ken ya ni debe gume ya. I gaaja. Soninko bagi ya. Debe gume ya ni. A da Soninkon gaaja.
Soninkon bagaji. I senbe kaara.
Baba Cangol. Elimaan Neega a vécu pendant les guerres. C'était à Boyinaji. Elimaan Njay
appartenant aux Salsabe était le chef de village. Ils se sont battus. Les Soninké se sont retirés.
Le chef de village était là. Il a combattu les Soninké. Les Soninké l'ont égalé. Ils ont vaincu le
territoire.
Femme en même temps : I yaaxa ri saasa i. I Salsa ba i Kunba. Maxa ta ri tariqa san taaxa
yara fasa ma saha. Jawara fasa kaban saha. A da i no gan ri. A da i taara. A da koyin soron sa
Neega. A da i jammaana. A da hanu kuren faga. A da yi kande i. A yiru ka hu me. Neega ri ku
na marié. Ji kiino riye. An wa xaara yi ma niime. Seren ye ti an wa ...
186
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
Ils ont imité à ce moment. Kunba était des Salsabe. N'écrivez pas sur le livre que ils ont eu de
l'aide. Le Jawara a écrit qu'aider était interdit, s'ils venait ici. Il a épousé une captive. Il a montré
les gens de Neega. Il les a regroupé. Il a entouré et nourrit les soldats. Il les a commandé. Il a
soufflé sur les tissus des maisons. Le Neega et venu et s'est marié. L'époux est venu de l'eau. Tu
apprends qu'il n'y a pas ? Une personne dit tu vas ...
B. F. : A haaba. Yo, Boyinaji a hiinanu debu gumaru a haaba Sanba kuna. A tooxo Sanba Musa.
Son père. Oui, le père de Sanba a débuté dans la chefferie à Boyinaji. Il s'appellait Sanba Musa.
B. F. : Neeganaben do Kan, a haana dire kille baane. I sun toorodo ñaaxa. Juuma ke bae.
Le Neeganabe et les Kan, ils ont lutté les premiers dans la même voie. Ils célèbrent tous les
torodo. Ils habitent à la Grande Mosquée.
E. H. D. : Kutu ku i ña ya toroodo ya ?
Se sont-ils séparés des toroodo ?
B. F. : I su ya ni baane. I saga me yexi ni. Neega dulo xoto. Soron xa saga me yexi, xa na xabila
baane.
Ils sont tous pareils. Ils se sont mariés. Les Neega ont duré. Ceux qui se marient sont du même
groupe statutaire.
Femme : A ma haaba ?
Qui est né ici ?
E. H. D. : An da mugu Bumoy ?
Connaissez-vous Bumoy ?
187
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
Je sais des choses sur cette histoire. Le peu que je sais, tu vas en parler. Ce que je sais je ne vais
pas vous l'apprendre.
B. F. : I ñiine ma taxandi. Hullu ña fo ni ye ke. Soninko ri yere. Gelli ri yere Medina saaxa
Kunba. Tubabun ga ri katte kane. Soron ga ri yere. I digan gebe ko a da. Ñiine ke taxandi halle
ya.
Ils n'avaient pas partagé les champs. La terre est pour les Peul. Les Soninké sont venus ici.
Depuis qu'est venu Medina le père de Kunba. Le blanc est venu peu après. Des gens sont venus
ici. Ils lui ont beaucoup parlé. Après le partage des terres.
B. F. : Alla. Hulle ña ñi kiine ya. Soninka sun nta i maxa yi Hulle te.
Ils n'en ont pas. Les Peul ont donné la terre. Tous les Soninké n'ont pas de champs, c'est pour
les Peul.
E. H. D. : A ti an da Wage ña ñi maxa ?
Il demande si les Wage ont un champ.
B. F. : I da in ñi kiini ya.
On leur a donné.
E. H. D. : Ko da in kiini ya ?
Qui les lui a donné ?
B. F. : Hullu.
Les Peul.
E. H. D. : Kan faxati ?
Quand ?
B. F. : A da su. Colonel Dodds a da ya ni kiini ya. Colonel Dodds in da i Xalilu Waage a wutu,
Soninke. Xalilu Waage a xa da i Isa Xante wutu. Isa Xante a giida.
Il a tout. Le Colonel Dodds les en a dotés. Il les a donnés à Xalilu Waage, le Soninke. Xalilu
Waage les a légués à Isa Xante, son frère aîné.
B. F. : Hullu.
188
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
Les Peul.
B. F. : He. A toxon xa di ? Konate ya ni Soninko xirise. Tirera kundanko xirise. Dahara. Sulaqata
Tirera. Hullu na ti Sira, xa i tooxoni Sulaqata.
He. A quelle époque déjà ? Les Konate sont les doyens des Soninké. La famille Tirera est
doyenne. Il y a longtemps. Sulaqata Tirera. Les Peul l'appellent Sira, mais il s'appelle Sulaqata.
B. F. : Sulaqata Tirera kundanko. Ken no fullo noxo ña na ou Almaami juma. Hamadi saara ni
ka ke haay. Ma an Ayisata ke gajinda in da. Ke be ga no. Ken ma Bija. Janmu Marega. Sulaqata
a da Honi saara. I soron ya ni. Kare regere ya ni. A tooxo ni Maaro. Maaro Juba. In faayi Jinme.
Sanba haaba.
La famille de Sulaqata Tirera. Il était toujours chez les Peul ou dans la grande mosquée de
l'Almaami. Il était toujours dans la maison des enfants d'Hamadi. Jusqu'à avoir un enfant avec
Ayisata. C'est la mère de Bija de patronyme Marega. Sulaqata a eu Honi. C'était un garçon. La
benjamine de la maison. Elle s'appellait Maaro Juba. Elle a eu Jinme. Le père de Sanba.
B. F. : A da i ceddo baane, ceddo baane. Hamedi xa da i renmu saara. Kun du Soninko nta
baane. I nta baana. Hullun kaara, Soninko kaara. Soninko seren nta ga i be. An nta komo i da
hoore. I sun baane. I su an kefini i na debe gume. Xabila ke su an kefini. Garanke, tage a su
baane. O su ña na, o na kiini sere ta.
Les ceddo sont les mêmes. Hamedi et ses enfants. Ils n'étaient pas avec les Soninké. Ils ne sont
pas pareils. Les Peul sont dans leur territoire, les Soninké sont dans leur territoire. Les Soninké
font confiance à tous les gens, qu'ils soient captifs ou nobles. Ils sont tous pareils. Ils se
réunissent tous pour nommer le chef de village. Toutes les familles se réunissent. Les
189
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
cordonniers, les forgerons peuvent-être chefs de village. L'essentiel est de donner la chefferie à
une personne.
E. H. D. : I da me yi da.
Ils ont été entre-eux.
E. H. D. : Janmu ni i be ni fiini ga ri. Waage kunda a ri après Wage kunda après Silandini.
Les patronymes qui sont les plus anciens sont arrivés. La famille Wage est venue. Après elle, ce
sont les Silla.
B. F. : Ferogo ya ni. A su da meeni ya. I ri sorobo ya. A su sagati, sagati, sagati ya. I da me
sagata ya. I ga ri kun wa, i su sun taaxo ri yere. I da yexi kun wa. Ken wa, i su ña baane. I yexi
sun baane. I wa yaxare kiini, a su baane ba.
C'est une migration. Ils sont venus par groupes. Ils étaient tous ensembles. Ils sont venus en
masse. Ils se sont tous succédés. Quand ils sont venus, ils se sont installés ici. Ils se sont mariés.
Ils sont tous pareils. Ils se marièrent entre-eux. Ils donnent leurs femmes, ils sont tous pareils.
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
"Les Awlubés du nom de Sambou, à Bokidiawé, ont été des satidibés avec Abdul Bokar.
Les Wague ont lié avec Abdul Bokar un pacte "satidibé" ayant pour conséquence une dotation
de terres de Waalo.
Abdul Bokar est allé à Bokidiawé car il se déplaçait. Les gens qu'il gouvernait ne le respectait
plus. Son pouvoir était aux abois."
"Tarikh de Boki-Diawé"
Abou Diop me présenta le 26.07.95, un texte qu'il avait retranscrit des paroles de M. Konaté et
qui était intitulé Tarikh de Bokidiawé.
"Bakhadia Diagana de Kaëdi était le premier habitant soninké de Bokidiawé. Il était chef du
village.
Ibra Almamy a pris le premier Wagué qui avait pour femme une Touré.
Les Souba étaient d'ici, apès ils sont allés s'installer à Bokiladji.
Binta Sirandou Wagué a payé Abdou Lassanou pour être chef de village."
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Il me fit part dans un premier temps de ses démarches infructueuses auprès de la Direction des
Anciens Combattants pour percevoir sa rente d'invalidité. Il me fit le récit de son parcours dans
l'armée : après s'être engagé en 1939 dans le 17ème Régiment des Tirailleurs Sénégalais et avoir
participé à des combats, puis être blessé à deux reprises il fut enfin rapatrié au Sénégal en août
1949. Je me proposais de tenter de l'aider. Ensuite il parla de sa famille.
Balla Woppa Konaté : Les Konate sont des "Suba". Ils viennent du Mande. Tous les Konate sont
des descendants de Sunjata Konate. Il a fait quinze batailles. Il s'est battu contre Sumangru
Kante. Puis la bataille finie il est parti à Makka (La Mecque). Il s'est converti à l'islam. Pendant
ce temps d'autres ont fuit au Fuuta, qui va de Matam à Podor, dans le pays des Toucouleurs. Il a
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
continué. Bobo a fondé Bokilaji. Il était le premier arrivant et est devenu le chef de ce village.
Il a quitté Bokijawe.
B. W. K. : Les enfants des Konate. Jateru, Kama avec son frère Bobo Kama sont allés à Soringo.
Eux aussi ont fondé ce village. Ils ont eu beaucoup d'enfants. Fohuru s'est déplacé à Nabadji
Siwol avec son grand-frère Mamadou Jou. Il est devenu le chef de village. Bubu Awa, son
neveu, est allé à Fora. Il a eu beaucoup d'enfants. Il est devenu le chef de ce village. Son janmu
est Fofana. "Fo-fana" [première chose en soninké]. Je suis le seul Konate resté ici. Pourquoi ?
C'est à cause des terres de ma mère. Ma mère est une "pullo", Afsa Ali Sow. Son père possédait
des terres alors ma mère a dit qu'elle prenait les terres. Moi je suis né ici isolé chez les Peuls. La
question des Wage. Quand ils sont partis [réfléchit]. Ba Xaja Jagana a été ici. Après que les
"Suba" soient partis, Ba Xaja Jagana les a remplacé. Il s'est ensuite installé à Kaëdi. Alfa Isa
était un grand marabout, il a remplacé Ba Xaja. Il venait de Ñoro.
B. W. K. : Oui.
B. W. K. : Oui. Wage a eu douze fils qui ont tous appris le Coran. Tous sont des "Moodi". Tous
les Wage viennent d'Alfa Isa. Il a rencontré à Ñoro les Jawara. Ils sont venus ensemble ici en
même temps. Alfa Isa a dit aux Jawara de s'installer ici et de ne pas passer leur chemin. Après
Jaara au Kingi. Bukar Jawara, le père de Madimo Jam, est venu en même temps que les Wage.
Tous les Jawara ici sont de la même lignée. Le premier fils de Bukari ici est Madimo Jam Jawara.
Les fils de Bukari. Kisima Jawara c'est son fils. Balla c'est son fils. Banjugu c'est son fils. Bay
c'est sont fils. Umar c'est son fils. Tous viennent de Bukar. Umar a pour fils Bukar Jawara avec
petit Umar Jawara, avec Amadu Jawara, avec Soxona Jawara. Eux, ils sont ici. Alxadi Jawara
qui a 91 ans aujourd'hui est le plus vieux descendant. Madimo Jam a eu Kisima, Balla, Banjugu,
Mama, Bay et Umar. Kisima, sa mère s'appelle Sira. Kisima ? [demande a une femme] Kisima
a eu Jibe, Tijani, Shexna, Banji, Baba Gey, Demba Kumba et Ablay. Jibe vit en France
actuellement.
Après les Njanoor c'est les Konate après c'est Baxaja Jagana qui est allé à Kaëdi après Alfa Isa.
Il a vu Bukari Jawara. Cela s'est passé en 1920, j'étais dans la même classe que Kisima.
Ali Kumba Sow est le père de ma mère. Elle est Peule. Elle est née à Bokijawe. Il a eu Afsa Ali
[sa mère], Malalo Ali, Ayisata Ali, Mamadu Ali et Bokar Ali. Mariam Kumba est la soeur d'Ali
Kumba. Mariam Kumba s'est mariée à Sarakuru. Elle a eu Alar Ba Ali qui a eu Jaje Umar, Yero
Umar, Penda Umar et Kumba Umar.
Mes enfants ce sont Mamadu Balla, Abdulay Balla, Yaya Balla, Fatumata Balla, Jeneba Balla,
Bambi Balla, Kumba Balla, Kumba Leldo parce que sa mère l'a attendu trois ans, Alasan Balla,
Aminata Balla, Awa Balla et Aruna Balla. Mon père c'est Woppa Soxona. Son père c'est
Mamadu Jou. Amadu Afsa est mon frère de même père, mais pas de même mère. C'est un
policier à la retraite. An a la même mère mais pas le même père que moi. Fatumata Balla son
fils est Amadu Fofana puis Alxaji Fofana.
199
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
B. W. K. : Mohamadu Jou est le frère de Siba, Bobo, Ganda et Jaturu. Bobo Kama est allé
fonder Bokilaji. C'était le frère de mon grand-père.
B. W. K. : Il s'appelle Silla Maxa Hare. Son premier fils est Jou Silla Maxa puis Mamadi Silla
Maxa. Silla Maxa Hare a eu Mohamadu Jou. Son fils est Siba Kama. Il est allé à Soringo. Jou
Silla Maxa a eu Balla Silla Maxa. Mohamadu Silla Maxa son premier fils c'est Joxe Suro avec
Bubu Suro, Bilali Konate. Balla a eu Mukke Suro. Son premier fils est Jou Tagati. Mamadu
Jou Silla Maxa a eu Balla et Woppa Soxona. Silla Maxa venait du Mandé, au sud de Bamako.
Il est ensuite allé à Nabadji.
B. W. K. : Samori Tuure c'était en Guinée. Non. Depuis Samori tuure cela faisait longtemps.
Pourquoi est-il venu ? C'était un étranger. Il s'est marié sur place. Les Konate sont des guerriers.
Ils se sont battus avec Sunjata. Sumangru Konate. Voilà on a finit cette chose.
Abdoul Bokar s'est battu avec Almaami Abdul. Almaami Abdul est allé à Hayire Law. Il a
traversé la Mauritanie en 1904. Almaami Abdul a été tué. Après Almaami Abdul est un
marabout, il est allé à Kobilo. Abdul Bokar l'a suivit dans le temps. Je peus te parler de son père.
A. F. : C'était un Jallo ?
B. W. K. : Kan c'est "tooroodo". Jallo c'est "pullo". Le père d'Abdul Bokar s'appelle Dundu
Segele. Abdul Bokar a fait la guerre contre le colonel Dodds.
Le capitaine Ma Demba, un tooroodo, c'est un Kan aussi. Il a prit la route avec le colonel Dodds
jusqu'à Ñoro. Le colonel Dodds a vaincu le Kingi. Un autre jour nous parlerons des marabouts
du Fuuta. Il y a le Tooro, le Law, les Yirlabe, le Ngeenar, le Boseya. Bokijawe est dans le
Ngeenar.
Le Damga commence au petit fleuve à Ngigiloñe jusqu'à Kanel et Awure.
Le Boseya c'est Tiloñ, Dabia. Après c'est [le territoire] des Yirlabe. Puis Mbumba dans le Law
jusqu'à Podor. Le Tooro commence à quatre kilomètres de Hayre Law, Bode, Tialaga jusqu'à
Njum où il y a un dispensaire.
Les premiers au Fuuta tu peux le comprendre. Tu ne sais pas comment le blanc est venu à Dakar.
B. W. K. : Jawe. Les peuls. Les anciens. Le bracelet. La mère d'Ali Kumba. En ce moment c'était
des femmes peules. Elles avaient beaucoup de bracelets, avec les têtes. Un grand baobab dans
la ville. Si un homme passait et demandait le nom du village on lui répondait "Boki Jawe". C'est
à dire ...
Les ancêtres de ma mère paternelle, Ali Kumba Ba Waali, ont donné ce nom. Demba Sandru est
la mère d'Ali Kumba. Les Frères de Demba sont Abdul Sandru et Maladu. Leur père est Sandru
et son frère Abdul.
Après les Njanoor les peuls de Mauritanie sont venus. Abdul et Afsa Ali sont morts ci.
200
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
Je vais te dire, si tu veux, comment sont venus les wolofs. Il y a quatre nations ici. Après les
Njanor c'est nous. Saxo sont des captifs. Sise, Silla, Wage, Fofana. Ils sont venus chacun de leur
côté. Ils ont trouvé les Konate.
Les Wage sont devenu chefs du village "hier".
La montagne [montre l'Est]. Les Njanor étaient sur la crête. Ils ont quitté là bas pour ici.
Maa Suba : en bambara cela veut dire le fils aîné du lion. C'est un titre de guerre. Les
Mangassouba étaient thaumaturges et des princes. Ils sont devenus des marabouts.
A Bokidiawé, les Mangassouba sont des Dafe (l'étalon blanc en soninké, un cheval pour les
batailles). Il existe les Mangassouba Dabo, les Mangassouba Mare (en soninké champs en
jachère) et les Mangassouba Gelu (en soninké arbre fruitier dans les concessions).
Il fallu chercher un chef à Douga. Yari était le plus âgé. Il a refusé car il était un moodi lemne.
Une de ses soeurs, Binta Dibassi, était mariée chez les Wague. Yari a concédé le pouvoir à ses
neveux, donc aux Wague.
Wague. Le nom renvoie à ses valeurs : intègre, valeureux et courageux. Un Touré par exemple
est quelqu'un grand de taille.
L'arrivée de la plupart des komo à Bokidiawé date de la génération des arrières grands-parents.
Le Khaniaga au Fuuta est composé de dix-neuf villages. On appelle cette région le Khaniaga en
souvenir de celle du Mali.
L'autonomie des soninkés date de longtemps.
Le colonel Dodds n'a parlé qu'avec les soninkés. Bobo Diawara était un lieutenant d'Abdul
Bokar. Ila des descendants à Bokidiawé et Bokiladji.
Daaru signifie hier en soninké. Daaru El Salam signifie la cité de la paix.
Les soninkés de Bokidiawé ne sont que le 3ème ou le 4ème fergo soninké. Près de Kaédi, les
Sillanabés sont très anciens. On les appelle les Thiedo Alambé.
201
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
Mon hypothèse est que le Fuuta à l'époque de l'arrivée des soninkés était un Etat fort, tranquille.
La migration était plutôt une recherche de paix que de terres.
Dans aucun récit de Bokidiawé on a des soninkés devenus haalpulaar. Le mariage inter-ethnique
est rare.
Elimaan Neega est un nom soninké. Il signifie l'oncle imam. Un Kan fréquentait un Wagué. Les
enfants l'appelaient Neega, notre oncle.
Les neeganabés sont originaires de Bokidiawé.
Les kawelnabés disent qu'ils étaient les fondateurs de Bokidiawé. Tous sont partis. Il n'y a pas
de trace de Kawel à Bokidiawé. Le village de Kawel se trouve à une vingtaine de kilomètres de
Bokidiawé.
Le colonel Dodds a attribué des terres aux soninkés par le biais des Wagué.
les Mangassouba ont reçus un ou deux champs au jeri et un champ au waalo, mais je ne suis pas
compétent dans ce domaine.
Fodié Yusuf a enterré trente de ses fils au cimetière de Douga. Après une partie de ses enfants
est allée habiter dans la plaine.
La teinture. C'est une constante chez les soninkés. A Bokidiawé il y avait des cultures de coton.
Les femmes hoore faisaient le fillage. Les komo faisaient les bandes d'étoffes. Les femmes hoore
faisaient ensuite la teinture.
Hilla-haara est le nom des pagnes teints que les femmes prêtaient à leur mari. Leur vente
permettait de se faire un fond de commerce. Il y a bien un lien entre teinture et immigration.
Comme autres facteurs d'immigration il y a les impôts, les famines. Le commerce était un facteur
d'immigration depuis longtemps. On n'allait pas émigrer en France pour le commerce mais en
Afrique au Ghana, Congo, Côte-d'Ivoire.
La fin de l'esclavage ne fut pas un facteur d'immigration.
Les migrations se déroulaient par étapes : Dakar, puis le Soudan français, la Côte-d'Ivoire, le
Liberia, la Sierra Leone, le Congo (les premiers ont commencé à s'y rendre vers 1920), la France
(a débuté dans les années 1960).
Les Caisses de Solidarité ont débuté avant 1970. La première association significative a été
"Jeunesse", créee en 1968 par Samba Sow. Ses membres ont pû réaliser dix puits. Avant il
n'existait au village que deux ou trois puits. Les parents immigrés ont apporté leur contribution.
Le gros oeuvre a été la construction du dispensaire qui est devenu une maternité. Le tout a été
fait avec le fond des immigrés.
Les membres de l'ADMVB (Association pour le Développement et la mise en Valeur de
Bokidiawé) sont issus de Jeunesse.
La première vague d'immigration en France était très unie entre haalpulaaren et soninkés. Elle
était composées uniquement d'adultes. L'idée était d'aider le village.
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
Aujourd'hui ceux qui ont vingt ans n'ont pas les mêmes conceptions. Ils privilégient des
dicsussions qui n'ont rien à voir avec le dévelloppement. Il y a une paralysie."
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
Bely Sock me présenta Mamadou Samba Ndianor comme détenteur d'un écrit sur l'histoire de
la famille Ndianor. J'obtenais une photocopie de ce texte dactylographié [cf. annexe]. Il serait
la traduction exacte d'un texte en arabe écrit par son père, Samba Ndianor, lettré musulman
appartenant à la Confrérie de la Tijania et professant dans sa maison le Coran à ses disciples
[talibés]. A sa mort le texte original fut perdu. Cependant il reste des tables mystiques qui
servent toujours pour les consultations que fait M. Ndianor. Je m'entretenait ensuite avec lui sur
l'histoire de sa famille et sur leurs fonctions. J'eu un autre rendez-vous pour visiter le site
d'anciens fourneaux. Il me renseigna, par ailleurs, sur le nombre des familles haalpulaaren du
village en fonction de leurs groupes statutaires. Un autre jour, la pluie nous empêcha de nous
rendre dans un lieu tabou, à la croisée de trois marigots. Nous causâmes donc de ses voyages
en Afrique de l'ouest dès l'âge de 18 ans et de ses séjours au Congo, Angola et Zaïre avec leurs
difficultés mais aussi avec la solidarité des ressortissants de Bokidiawé à l'étranger qui
accueillent leurs compatriotes et les aident à démarrer leurs "affaires". Aujourd'hui il se penche
de plus en plus vers un projet agricole qui lui permettrait de gagner sa vie à partir de la terre.
Mamadou Samba Ndianor : Avant la maison Ndianor était une même parcelle. Il y avait deux
types de Ndianor : les Jamanabe Woddebe (blancs) et les Jamanabe Balebe (noirs). Les noirs
ramaissaient le fer et les blancs le travaillaient. Cette distinction existe toujours aujourd'hui.
Depuis, notre famille parce qu'elle connaît le fer est prémunisée contre le tétanos.
Alain Fride : Quelles sont vos terres ?
M. S. N. : Nos terres de waalo se composent de Bere (la plus proche du village), Furodu, Honni,
Berri sur des terres de fonde. Les terres du jeri se composent de Sarawuro, Burudde, Yolijambe
mangol [grand] et Yolijambe tokosol [petit]. Nous possédons les plus grandes terres en
superficie. Nous avons beaucoup distribué nos terres aux habitants du village, il ne nous en reste
que très peu. Nous leur prenons la dîme [zakat]. La SAED [Société d'Aménagement et
d'Exploitation des terres du Delta du fleuve Sénégal et des vallées du du fleuve Sénégal et de la
Falémé] dans le cadre des parcelles irriguées de riz a consulté les Ndianor qui leur ont offert des
terres.
A. F. : Vous semblez recevoir des gens ?
M. S. N. : Oui, on me consulte pour des maladies et des départs en voyage depuis 1989. Je tiens
ma science de mon père.
A. F. : Parlez-moi de la fondation du village. connaissez-vous le nom de Daaru ?
M. S. N. : Le premier village se situait au cimetière même. "Daro" est une expression par
laquelle les Ndianor, quand ils étaient animistes, arrêtaient les gens. Puis les Neeganabe sont
venus. Les Ndianor se battaient entre-eux pour avoir le fruit de leur pêche. En effet, ils jettaient
par-dessus eux les poissons sur la berge du fleuve. Les poissons se mélangeaient, on n'arrivait
plus à savoir lesquels avaient été pêchés par qui. Neega a apporté le partage en leur
recommandant que chacun fixe les poissons qu'il avait pêché sur un baton de bois pointu. Les
Ndianor ensuite habitèrent le terrain de Tiwel et y pêchèrent pour les toroodo (les Neega).
Les Woddebe travaient l'or mais ils eurent peur. Ils jetèrent leur or dans le fleuve. A cet endroit
même pendant la sécheresse, l'eau ne manque pas. Personne n'y plonge car on risque de s'y
noyer. Ce lieu est à la croiséede trois marigots.
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
Baba Wagué est enterré à Gunjuru. Gunjuru est un lieu de pélerinage à deux kilomètres de
Kayes, en bas d'une colline. De nombreux waliu y sont enterrés dont Baba Wage. On dit souvent
"si ton voeux ne s'exausera pas tu ne pourras pas aller à Goundiourou". Les Diagana ont une
kifa à Waunde et Serenati au Guidimaxa malien; Ils viennent de Kombo Kombo Fule, près de
Neema. Puis ils sont allés à Waunde et à Kahaydi.
Quand les Jagana ont quitté Kombo Kombo ils sont allés à Balu au Gajaaga puis sont retourné
à Kombo Kombo et ensuite sont allés à Bokijawe, Fajara et Bokilaji. Après leur famille s'est
éclatée : une partie à Kahaydi, une à Waunde. Ils ont dans les deux villes des Messa. Bakari
Jagana avec Fode Jagana de Waunde sont allés à Serenati où il y a des Gandega chefs de village.
Les Wage ont suivit les enseignements des Jagana à Kaédi.
Les Wage étaient des Jalali Kamara. Une chanson "Maki Wage" les vante comme des gens
impartials et savant régler les conflits.
Les Jagana étaient les maîtres coraniques des Wage car lors du mariage ils font appel à eux pour
le célébrer.
Les Jaglali Kamara ont une parenté avec les Soxona au Guidimaxa du Mali. Les Gandega (en
soninké une graminé que l'on mange lors des disettes) viennent des Soxona.
Il a 65 ans, né en 1930. Entretien réalisé chez lui à Boki-Diawé avec Ami Fall..
Partie non enregistrée.
Retranscription des notes.
Hakrou Tirera : L'ancêtre des Tirera est Dalante Tima, guerrier du roi Kanka Musa. Les Tirera
viennent de Kamantie. Ils ont duré 120 ans là bas.
Puis ils sont allés à Yerere vers Nioro. Puis une partie s'est dispersée vers Kiban et ensuite Tuba
Sila.
Aruna Tirera est allé au Gidimaxa Muline. Il y a là bas Mohamadu Tirera.
D'autres sont allés à Dramane au Gajaaga et un d'eux est allé ensuite s'installer à Bokijawe.
Sulaqata Tirera, le grand-père de nos grands pères a suivit El Hadj Umar.
Yusuf, père de Sulaqata est arrivé à Bokijawe. Il y a trouvé Yari Drame Fadiga, le premier
Soninke à venir et les Wage.
A ce moment Eliman Neega était le chef du village. Sanba Ifra lui a succédé. Il a fait deux listes
d'impôts : une pour les Français, une pour lui.
Les Soninke ont refusé. Ils ont choisit Banta Wage comme chef de village.
Partie enregistrée.
H. T. : Son père qui est premier chef de village. Banta est décédé, Baba Kaja l'a remplacé. Il n'a
pas duré là dedans. Il a refusé. Tu sais que c'est le moment très difficile. Il a laissé. On l'a
remplacé par Mamadi Wage. Moi, je ne connais pas tout. Je ne suis pas instruit. Quand l'homme
n'a pas fait l'école, il n'a pas tout gardé. Ce que j'ai appris c'est cela.
Alain Fride : C'est interessant, je ne connaissais pas le problème de Sanba Ifra.
228
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
H. T. : Sanba Ifra était le chef des villages des Soninke et des Fulbe. C'était lui le chef de village.
Les Neega ont refusé Sanba Ifra, les Soninke ont pris leur chef de village spécialement.
A. F. : Le chef de village date du temps de la colonisation.
H. T. : Oui du temps de la colonisation.
A. F. : Avant les Soninke avaient pour chef ...
H. T. : De village, les Neega. Nous avons duré longtemps avec lesNeega aussi. Comme les
Neega même qui ont refusé Sanba c'étaient les chefs de village. Là, les Soninke ont dit qu'ils
n'ont pas besoin des chefs de village pulaar. Les Soninke ont crée leur chef de village.
A. F. : Oui, le chef de village avait fait quelque chose de ...
H. T. : Voilà, il n'est pas normal. Et c'est pourquoi on a ...
A. F. : Yerere était-ce dans le royaume de Jaara ?
H. T. : Yerere c'est le royaume de Jaara. Tu sais il y a des Jaara, il y a des Mande, il y a Kumbi,
l'Empire de Ghana.
A. F. : Kumbi Saleh, oui.
H. T. : Oui. Presque, il y a beaucoup de Soninke qui viennent du village de Kumbi Saleh.
A. F. : On dit que des Soninke ont quitté Jaara à cause d'une dispute entre les Sagone et les
Daboranke.
H. T. : Et Dabo. Ça c'est la guerre des Sagone et des Dabo. Ça c'est une guerre entre les deux
Jawara. Et normalement ce sont les deux Jawara qui se battent encore. Ils ont fait la guerre. Là,
la guerre ils ont tellement gaspillé de personnes. Il y a beaucoup de personnes qui sont mortes.
Il y a beaucoup de personnes qui s'en vont.
A. F. : Mais vous n'êtes pas partis à cause de cette guerre ?
H. T. : Non, non. Nous aussi nous avons fait la guerre avec le Kaarta. La guerre avec Musa
Hatuma. Dalante Tirera a fait la guerre avec Musa Fatuma. Nous ne sommes pas partis des...
Même maintenant nous n'habitons pas avec eux. Ça ne dure pas longtemps que nous avons pris
le chemin des musulmans. Nous connaissons seulement depuis ici. On fait la guerre. Mais
heureusement la vie a changé. Les Européens nous ont colonisé. On a tout laissé. Si vous [venez]
à la maison là vous pouviez trouver vingt fusils ou vingt cinq fusils. On est pas des travail forcé
jusqu'à ici.
A. F.: Vous étiez une famille de guerriers. Comment on dit en soninke la fonction de votre famille
?
H. T. : Gajaanano.
A. F. : Musa Fatuma était le roi du Kaarta ?
H. T. : Oui, on a fait la guerre avec lui pendant sept ans.
A. F. : C'est vers 1780.
H. T. : Voilà vers 1780.
A. F. : C'est au moment où les Jawara commencent à ...
H. T. : Voilà. Entre les Jawara, le moment il y a des rois du Kaarta avec les rois de Jaara. C'est
particulier. Les Jawara étaient là, à Jaara.
Partie enregistrée.
229
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
peut pas raconter cela. Même ça comme elle [Ami Fall] connaît mon neveu elle m'a demandé
de l'aider. Mais je ne connais pas.
A. F. : Mais c'est déja bien. Cela me permet de mieux comprendre.
Avez-vous déjà entendu que Bokijawe s'appelait avant Daru ?
Ami Fall : Daru Salam.
Alain Fride : Et qu'il y avait un roi de Jaara qui était ici.
H. T. : Le roi de Jaara n'était pas ici.
A. F. : Il y a très longtemps, avant Koli Teela, avant les Deñankobe.
H. T. : Ici ? Je ne connais pas.
A. F. : Savez-vous qui peut m'en parler ici ?
H. T. : Personne. Peut-être le vieux Papa, son père, peut vous dire ça.
A. F. : L'époque où votre famille est arrivée c'est aussi l'époque où la plupart des Soninke sont
venus. Ils sont presque tous venus en même temps.
H. T. : Ils ne sont pas venus ensembles. Il y en a certains qui sont venus les premiers. D'autres
les ont suivis. Nous sommes arrivés comme cela.
A. F. : Vous connaissez l'ordre d'arrivée des Soninke ? Ou bien non, c'est difficile.
H. T. : Ce que je vous dit, ce que je connais c'est ça.
Même cela ce n'est pas ma connaissance. Comme c'est mon neveux, il m'a dit tu fais ça. Il n'a
qu'à! Son grand-père est là-bas, il ne veut pas. Son oncle est là, il ne veut pas. Moi aussi peut-
être, ça ne leur plait pas. Comme c'est mon neveux, il me l'a demandé, je veux lui rendre service.
Ce n'est pas ma connaissance. Peut-être il y a quelques paroles qui vont être fausses.
A. F. : Je n'ai pas trouvé mieux que ce que vous avez dit.
Ami Fall en soninke :
H. T. en soninké :
A. F. : A Bokidiawé y'a-t-il eu des événements exeptionnels à partir des Wage ?
H. T. : Il y a eu des événements parce que du temps où nous sommes arrivés ici, il y avait Abdul
Bokar qui était roi. A Dabia. Ses guerriers étaient les Soninke. Il y avait des Kamara, des Konate
des Jawara. C'étaient des guerriers d'Abdul Bokar. Mais cet Abdul a fait la guerre avec des
familles toucouleurs.
A. F. : Il y avait des Jawara et ?
H. T. : Des Jawara, des Konate, des Kulibali.
A. F. : Ils ont donc décidé de le suivre et ils se sont battus contre des toucouleurs, contre des
français ?
H. T. : Non ce n'est pas contre les Français. C'est contre Mbumba. Les rois de Mbumba. Le
moment où les Français sont arrivés ici, il n'ont pas fait la guerre avec Bokijawe. Bokijawe est
le premier village africain qui reçoit les Français ici. Alfa Isa Wage est le premier à recevoir les
Fançais ici. Quand les Français quittèrent Saint Louis, Abdul Bokar traversa le fleuve. Isa a reçu
les Français. La famille des Wage. C'est leur grand-père.
A. F. : Mais il n'était pas encore chef du village.
H. T. : Il n'était pas chef du village. C'était un grand marabout.
A. F. : On a quand même dit que les Français ont brûlé Bokijawe.
H. T. : Oui les Français ils peuvent brûler Bokijawe contre Abdul Bokar.
A. F. : Est-ce que cela c'est passé quand il y avait des guerriers Soninke chez Abdul Bokar. ?
H. T. : Non. Les guerriers Soninke c'est quand Abdul fait la guerre avec Mbumba.
A. F. : Vers 1870 ?
H. T. : Oui 1870. La guerre avec Mbumba. Là les guerriers les plus fort dans sa guerre sont les
Soninke, les Kulibali, les Kamara, Wage, non il n'y avait pas de Wage. Wage c'est un marabout.
A. F. : Et donc, après ils sont revenus au village.
230
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
H. T. : Après ils sont revenus au village. Alors là les Konate se sont déplacés. Certains sont
restés à Nabaji. D'autres qui sont restés à Soringo. Et d'autres qui sont à Bokilaji. Ils ne sont pas
ici maintenant.
A. F. : A Bokilaji ce sont les Konate qui sont les chefs de village.
H. T. : Voilà. Les Konate y ont été. La maison où nous sommes c'est la maison des Konate. Ce
sont eux qui étaient ici avant.
A. F. : C'est au moment où ils ont quitté Abdul Bokar qu'ils sont allés fonder Bokilaji.
H. T. : Oui, Bokilaji avec Nabaji avec Soringo. Ce sont des Konate qui sont chefs là bas.
A. F. : Ah, ils ont fondé les trois villages.
H. T. : Trois villages.
A. F. : Ils étaient puissants s'ils ont réussit à fonder des villages. Ils étaient nombreux ?
H. T. : Ils étaient très nombreux. Ils sont beaucoup avec les Jawara aussi. Jawara ils sont
beaucoup, ils sont plus forts aussi.
A. F. : Par contre les Jawara quand ils ont quitté Abdul Bokar ils sont rentrés ici.
H. T. : Une moitié des Jawara est restée ici. Il y a des moitiés qui sont parti à Nabaji, il y a des
moitiés qui sont partis à ... je ne sais plus comment cela s'appelle... Unare.
A. F. : Amadi Unare.
H. T. : Voilà.
Monsieur Hakrou TIRERA. Entretien réalisé au mois d'octobre 1995 par Ami Fall.
Reportant de jour en jour nos rendez-vous pour des motifs aussi divers que la fatigue, les travaux
agricoles ou le fait qu'on lui ai dit que les enregistrements que je ferais seraient une fois en
France dénigrés et ridiculisé, M. Tirera a enfin consenti après mon départ à s'entretenir avec
Ami Fall.
Hakrou Tirera : "Wagadu. I ni siine su yaxanneen na. Ken ni Sooninkon baane fe, i do
Bambaranin do Fulu. I su yan ni Kumbi, Wagadu ya.
Sooninko ñi Misira ya. I giri Misira nan daga taaxu Eccopi. I ñan on wa siine gabo. I giri Etiopi,
i daga Wagadu. I ga taaxu Wagadu. Kumbi. I ga rini Wagadu kon da musilman ya ni i ya.
Sooninke sere ma tu. Sooninke musulman gelli ga bane.
Misiden baga boxini o ya sasa. I ña Wagadu. I da musilmaaxun ke wara, i saage yaxannen
maxayete. I n'a kini Biidan na. Biida ke na yaxanne ke toni, kanmen wa kanen texi i dan na.
Arabun wa ri kane ke xobo i maxa. Arabun wa giri Misira nan ri kanne ke xobo i maxa. I ga ri
yaxannen baane. Ken kina xuso, ken ni Wagane Saxo ya, a ti ke Biida nt'i ken yaqqen yigana.
Tunka yugo ke ti Biidan yigeyen ga kine a yaqqen na, a n'a ya yigana. I da yaxanne ke
maxanyetu. I d'a setundi sin na, i daga a kini Biidan na. Soxon ga sanqini a yi, i da yaxannen do
sin baane toxu no.
Biida ke bakka futuron ya, a ga yaxanne ke yigana. A kina xosi marahan do kaahan wutu. A
daga taaxu a wa Biida dukku. Biidan ga d'a i yinmen bagandi, a ga tini i wa yaxanen ke yigana,
a katundi a yi. A d'a kaari.
Yillen kere, tunkan yugo d'i soron ri a faayi, gelli Biida ga ma dune yaxannen ke, i na yaxanne
tana riti. I da ni foofo ma yaxanne do sin kita. I ti on daga yaxanne tana muuru, Biidan baara o
yaxanen na.
Yaxannen ti maxa daga. Biida a karinten ya ni. Ke be ga i mulla yoxu na, ken yan da Biida kari.
Siino ñeeri, kanmen ma texe.
Wagadu kandu kareyen na ke ya. Wagadu kare, i sanqi me yi. Bambaranu, i daga taaxu Mande.
I do sooninkon yogo. Sooninko kuttun do hullun i d'i jonkoyi Gidimaxa, i daga ti Mooritani.
Sooninko yogo giri baaka Mooritani, i I daga taaxu Hayre Lao, li yere. Kun naani Hayranko.
231
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
Ken falle Manden kare. Soron sanqi me yi. Sooninko giri nan taaxu Bundu; Senegali ya. Kun
sooninko beeni ga ri taaxu Bundu.
Kun yan i giri Fuuta. I giri taaxu Fajara. Kun sooninko i ri taaxu Dumga, Hore Honde. Koccin
misiden na. Ken bire Almaami, a toore. Almaami, a ni Kobiilo.
Ami Fall : Dumga ?
Hakrou Tirera : Dumga Wuuro Alfa.
Koccin miside. Hullun giri i daga ke Almaami da nanti. Hullun ya ni. I nanti laxa foobenin ri.
Almaami ti i da, i na kanmoxo. I yogoni kiren doroko xullun ya ni i ga. Kitaabun w'i maxa.
Kuturun na, wolon doroken ya n'i ya, xalisin dogen w'i kitten na, kannen w'i toron na. Marafon
do kaafan w'i maxa. A ti xaron daga taaxu Kahindi ya. Kun ni soro ya i nta me janbana. Sere su
ga n'i gaja, i n'an xosono ya baawo i nta me janbana. Xa ga na taaxu kafini i ya. Xa na xa ren
yaxarun kini i ya, i n'i xayi. O katuni i da ken ya. O d'i na na baane. O na toxo li yere."
Hakrou Tirera : "Wagadou, tout était pur. Les soninkés n'ont pas vécu seuls, ils étaient avec les
bambara, les peuls. Ils étaient tous à Koumbi, au Wagadou.
Les soninkés étaient en Egypte. Ils quittèrent l'Egypte pour se rendre en Ethiopie. Ils y restèrent
beaucoup d'années. Ils quittèrent l'Ethiopie et partirent dans le Wagadou. Quand ils partirent
dans le Wagadou, ils étaient musulmans. Les soninkés ne le savent pas. Depuis ce temps, les
soninkés étaient musulmans.
Nous nous sommes séparé de la mosquée à ce moment là. Ils étaient dans le Wagadou. Ils ont
abandonné l'islam, et il,s ont commencé à apprêter une jeune fille. Afin de la donner au Biida.
Le Biida avalait la jeune fille, le ciel faisait tomber la pluie pour eux. Les arabes venaient acheter
de l'or chez eux. les arabes quittaient l'Egypte pour venir acheter l'or. C'était le tour d'une jeune
fille. Le futur époux de cette fille, Wakane Sakho, dit que le Biida ne mangerait pas sa femme.
Le roi dit que le tour était arrivé que sa femme soit obligatoirement mangée. Ils apprétèrent la
jeune fille. Ils la firent monter sur un cheval, pour la donner au Biida. Les gens se dispercèrent,
pour laisser seul la femme et le cheval.
Dès que le soleil se couchait avait l'habitude de sortir afin de manger la jeune fille. Son mari prit
un fusil et un sabre. Il parti attendre le Biida.. Quand le Biida sortit la tête pour dévorer la jeune
fille, il tira sur lui. Il fut tué.
A l'aube, le roi et ses courtisans vinrent voir si le Biida avait accepté la jeune fille. S'il n'acceptait
pas cette jeune fille, ils devaient en ramener une autre.. Ils virent que rien n'était arrivé à la fille
et au cheval. Ils dirent qu'ils allaient chercher une autre jeune fille car le Biida avait refusé celle-
ci.
La jeune fille dit ne partez pas, le Biida a été tué.. Celui qui voulait me marier, c'est lui qui a tué
le Biida. Pedant sept ans la pluie ne tomba pas.
Ce qui s'est passé est la cause de la destruction du Wagadou. Le Wagadou s'effondra, ils se
dispercèrent. Les Bambara allèrent s'installer au Mandé avec d'autres soninkés. les soninkés
restants et les peuls se dirigèrent vers le Gidimakha, ils partirent en Mauritanie. D'autres
soninkés quittèrent la Mauritanie pour aller s'installer à Hayré Lao ici. Ceux-ci devirent les
hayranko.
Après cela le Mandé fut détruit. Les gens se dispercèrent. Les soninkés partirent s'installer au
Boundou, au Sénégal. Les soninkés qui vinrent s'installer au Boundou, le quittèrent pour le
Fuuta. Ils allèrent s'installer à Fadiar. D'autres allèrent à Doumga et Hore Honde. En un lieu où
il y avait une ancienne mosquée en pierres. En ce temps l'Almami régnait. L'Almami était de
Kobilo.
Ami Fall : Doumga ?
232
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
L'entretien consiste dans la lecture en soninké par Demba Tirera d'un manuscrit de six pages
écrit en caractères arabes. On peut le titrer comme le Tarikh des Tirera, généalogie concernant
cette famille et ses alliés. Des clichés en ont été pris. Demba Tirera informé de mes recherches
sur le passé du village a proposé à Ami Fall de me faire partager un document qu'il détenait,
selon lui de son arrière grand-père Sulaqata Tirera, compagnon d'El Hadj Oumar. Ses fils,
Aruna et Badra ont continué à le rédiger ainsi que lui même, rajoutant des feuillets (non
communiqués) à l'occasion de rencontre avec des membres de sa famille éloignés. Cependant,
on peut déjà dire que le document, tel qu'il est présenté, a été rédigé par une seule et même
personne et que son état de conservation montre qu'il ne peut dater de plus d'un siècle.
Nous avons trouvé les Fadiga. Tous les soninkés étaient à Duga. C'étaient des pêcheurs, des
cultivateurs. C'est pour cela que les soninkés habitent près des flleuves. Jaara du Sénégal
dominait tout.
A. F. : Et les Kokoren Faren ?
D. T. : Une personne m'en a parlé mais je ne l'ai pas crû. Les Jawara d'ici. Les peuls venaient
chercher le bétail des soninkés. Ils se sont réunis pour écrire aux soninkés du Kingi. Ils ont
envoyé les Jawara. Ils ont installé les gens à Golléré, à Bokidiawé, Nabaji, Soringo, Bokoladji.
Tous ceux qui ont quitté le fleuve et le Jeri pour des raisons guerrières. Les Jawara s'occupaient
de tout. Mais il n'y a pas longtemps qu'ils sont venus.
Les Sako et les Dabo étaient très forts. Shexna Ñuma est de ces familles.
Les Fofana. les Dabo ont leur maison là bas. Ce sont des preux. Ils allaient aider Abdul Kader.
Les Fofana ce sont leurs neveux qui sont venus du Mali pour les rejoindre ici. Les Fofana sont
les neveux des Dabo. Les Dabo ont disparus. Il ne reste qu'une femme des Dabo qui est à Ounaré.
A. F. : Son nom ?
233
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
La famille Waage, du groupe statutaire des moodinu (les marabouts en soninké), est à la tête du
quartier soninké de Bokijawe. M'étant rendu chez son chef pour présenter l'objet de mes
recherches et pour lui demander un entretien sur l'histoire du village, il me répondit qu'il n'avait
pas la connaissance requise et m'indiqua une de ses parentes. Celle-ci nous reçu de suite sans
trop de difficultés malgré sa réticence tout d'abord à se faire enregistrer mais qui fut vite
dissipée. Si bien qu'à la fin de l'entretien elle me demandait de lui faire une copie pour ses
enfants qui habitent en France.
Binta Waage : Baba Waage renme ya ni Amadu Mam Baba. Amadu Mam Baba da i Ma Suraqe
Waage saara. Ma Suraqe Waage xa da i Ma Jeneba saara. A da i Maxan Sire saara. A da i
Maadi Waage saara. Maxan Sire a ya i bottu. Ma Suraqe Waage ken ya fi xoten no. On wa kona.
Ma Jeneba a da Xalilu saara. Xalilu a bonce na no. Hone xa kebe. O ku Baba Waage. Baba ga
Amadu Baba saara. Mam Baba xa da Ma Suraqe saara. Ma Suraqe xa da Ma Jeneba saara. A
da Maxan Sire saara, a da Maadi Waage saara.
Le fils de Baba Waage s'appellait Amadu Mam Baba. Amadu Mam Baba a enfanté Ma Suraqe
Waage. Ma Suraqe Waage a enfanté Ma Jeneba, Maxan Sire et Maadi Waage. Maxan Sire l'a
succédé. Ma Suraqe Waage est un sujet difficile. Nous allons en parler. Ma Jeneba a enfanté
Xalilu. Xalilu est la racine de la famille. C'est peu de choses. Nous venons tous de Baba Waage.
Baba avait enfanté Amadu Baba. Mam Baba a enfanté Ma Suraqe. Ma Suraqe a enfanté Ma
Jeneba, Maxan Sire et Maadi Waage.
B. W. : Ho a da saara. Maxan Sire Waage haay bottu. Maxan Sire a da Ma Jeneba saara. A da
Maxan Sire saara. I ga da [...]. Maxan Sire a Suraqe Waage saara. Suraqe Waage ken ya na
xoten yanki i ya xote na no. Suraqe Waage ken yan da Ma Jeneba saara. A da Maxan Sire saara.
234
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
A da Maadi Waage saara. Maxan Sire ga da [...]. Ma Jeneba a da Xalilu saara. Xalilu a bonce
ni no. Mam Ba kuru su kaabe ni. Sanba Jare, Kanba Jare. Ku ña bogu Ma Jeneba.
Il est notre ancêtre. Maxan Sire Waage lui a succédé. Maxan Sire a enfanté Ma Jeneba et Maxan
Sire. Il avait [...] . Maxan Sire a enfanté Suraqe Waage. Suraqe Waage, c'est dur de s'arrêter car
c'est difficile là. Suraqe Waage a enfanté Ma Jeneba, Maxan Sire et Maadi Waage. Maxan Sire
avait [...]. Ma Jeneba a enfanté Xalilu. Xalilu est la racine de notre famille. Mam Ba interdit
toute guerre. Samba Jare et Kanba Jare, tous sont issus de Ma Jeneba.
B. W. : Hawa Ma Jeneba saara. Hawa da Mamadu Hawa saara. Ken da Buna Bintu saara.
Maxan Sire a xa, a xa lemnu ya ni : Jeedi Suare saara. Maxan Sire a da Maadi Binta saara. A
da Hode Isa saara, o ka. A da Hode Banta saara, Waagen hoore kunda, Maadi Kama haaba. A
na haaba saara. Maxan Sire a da Maadi Bintu saara. A da Banta Bintu saara. Banta Bintu a da
Hode Isa saara. A da Hode Banta saara. Hode Banta a da Baba Xunba saara a do Mamadu
Suare a do Umar Kama.
Hawa a enfanté Ma Jeneba. Hawa a aussi enfanté Mamadu Hawa. Il a engendré Buna Bintu.
Maxan Sire a aussi eu des enfants : il a eu Jeedi Suare, Maadi Binta, Hode Isa qui est de notre
maison et Hode Banta qui est de la grande famille des Waage, il est le père de Maadi Kama. Ce
dernier a engendré mon père. Maxan Sire a eu Maadi Bintu et Banta Bintu. Banta Bintu a enfanté
Hode Isa et Hode Banta. Hode Banta a engendré Baba Xunba, Mamadu Suare et Umar Kama.
B. W. : Hode Isa Banta. I da daa Banta Xanco. A da Baba Xunba saara. A na tunkan yugo.
Ken ya ni n haaba saara. A ni Colonel Dodds taxundu. Colonel Dodds i ga giri Faransa, a
yanqa Hode Isa ya. Waren baane ke. Hode Isa a sooma ni Baba Sirandu ya. Amadu Bamba a
da bottu. Sira Hamadi haaba. Banta Sirandu an da bottu. Banta Sirandu Xadija faaba.
Fatumata Xunbare i ga taaxo jeeri. A da debugumaru sorondi, Hode a da wutu. Amadu Bambi
da battu. Banta da wutu. I layidu fofo su ga debe ke. A sefene ni yan maxa, baawo ken kille ni n
haaba ya Matam maxu ña. Umar Kama haaba n ken kille Matam. Hode Banta ken silamaxu ña
maxa. A ti fofo ga kati, silamaxu a kiitiye na maxa. Hode Banta. Hode Isa ga dai. A ga da
Hode Banta dai, Banta Bintu ri, a Sirandu Banta saara. A Jara Waage saara. Mayimuna Jara
ni haaba. A ya ni Jara no ku saara. A da Mam Jeneba saara. Bahalima Mama saara. A da
Bakari Jeneba saara. Bakari Ñuuma kisima. A da Hode Jeneba saara, Baba Ñame haaba. A da
Xalilu Jeneba saara.
Hode Isa Banta. On l'appellait aussi Banta Xanco. Il a engendré Baba Xunba. Il était le
souverain. Il a mit mon père au monde. Il a accueilli le Colonel Dodds. Le Colonel Dodds venait
de la France, il est descendu chez Hode Isa. Il est le premier à débuter la chefferie. L'aîné de
Hode Isa était Baba Sirandu. Amadu Bamba lui a succédé. Il est le père de Sire Hamadi. Banta
Sirandu lui a succédé. Banta Sirandu est le père de Xadija. Fatumata Xunbare est allé s'installer
au jeeri. Quand il a laissé la chefferie, Hode l'a remplacé. Amadu Bambi lui a succédé. Banta l'a
remplacé. Ils s'occupaient de tout ce qui se passait dans le village. Ils résolvaient tous les
problèmes du village, parce qu'ils avaient suivi l'enseignement de leur père à Matam. Le père
d'Umar Kama a étudié à Matam. Hode Banta était cadi à Matam. Tout ce qui dépendait de la
religion, il le jugeait. Hode Banta. Hode Isa est décédé. Quand Hode Banta est décédé, Banta
Bintu est venu, il a engendré Sirandu Banta. Il a enfanté Jara Waage. Il est le père de Mayimuna
Jara. Il a enfanté ces Jara d'ici. Il a enfanté Mam Jeneba, Bahalima Mama, Bakari Jeneba, le
235
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
grand-père de Bakari Ñuuma. Il aussi engendré Hode Jeneba, le père de Baba Ñame et enfin
Xalilu Jeneba.
B. W. : Baba Ñame haaba tooxo Hode Jeneba. Jara ya ni sooma. Jara Jeneba. Jara renme ya
ni Baba Fusenu. Kun be ni ga ri yere. Sira Ñame Jara, a do Ma Gunayi Jara.
Le prénom du père de Baba Ñame est Hode Jeneba. Jara est l'aîné. Jara Jeneba. Le fils de Jara
est Baba Fusenu. Tous sont venus ici. Sira Ñame Jara et Ma Gunayi Jara.
B. W. : O ku giri Jaara. O ku a ga ferogo. O daga taaxo Duganabe. Tan naxate kure Duganabe.
Ken biire, Almaami Abdul ya. Almaami Abdul ya biiireni. Xa kumu ken tu ? A ga Kobilo. Sanba
Daado kisima ken tu.
Nous venons tous de Jaara. Nous sommes issus d'une migration. Nous sommes allés nous
installer à Duganabe. Il y avait quarante guerriers à Duganabe. C'était à l'époque de l'Almaami
Abdul. l'Almaami Abdul vivait à ce moment là. Vous ne le connaissez pas ? Il était à Kobilo. Le
grand-père de Sanba Daado le sait1.
A. F. : A janmu ?
Son patronyme ?
Ami Fall : Xa Waage kunda ko ku, kan ni seren faana a giri Jara ?
Qui sont les premiers des Waage à venir de Jaara ?
A. F. : Iyo.
Oui.
B. W. : I ña ni Ma Suraqe Waage.
C'était Ma Suraqe.
236
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
B. W. : Iyo.
Oui.
A. F. : A da i koore ga riini wa ?
Il est venu avec ses troupes ?
B. W. : Alla, n nta ken tu. A ga gilli ke, a ri, a da i koore taaxo Duganabe. I ga ri Duga siiri,
Duganabe. I ka keye Almaami Abdul. Almaami Abdul a giri. Alammami Abdul Kader ga na ri
taaxo. A koota a wa yillene. Fuuta ga ri, i da i taaxunu. Ku a walaxa ni maxa in xara aana.
Kitaabe wa kun maxa i na xaraaana. Maraha ku maxa. Jaara kundanko i ga i geesin. Ku be
ni El Haji kaawo no ku. Ken i xa do rage
Non, je ne sais pas. Lorsqu'il est parti, il s'est installé à Duganabe avec ses troupes. Lorsqu'il est
arrivé au beau village de Duga, Duganabe. Ils se sont levés pour saluer l'Almaami Abdul qui
arrivait. Ce jour là il se promenait. Le Fuuta est venu et l'a trouvé là bas. Certains avaient des
tablettes pour apprendre. Certains avaient des livres pour apprendre. Certains avaient des fusils.
Les familles de Jaara les guidaient. Certains sont les oncles d'El Haji. Ils faisaient la fête.
A. F. : Kun ña ni Waage kundanko komo. El Haji Kaw. Mais xa da Mama ri, walla ?
C'étaient les captifs des Waage. El Haji Kaw. Mais il est venu avec sa grand-mère, ou bien ?
A. F. : Xa xusan ta ri ti yere.
Vous êtes venus par ici.
237
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
B. W. : Almaami dunbe da i ñiiñe taxandi. A dalla doore kono. A ra ga doore kono. O ri o taaxo.
O safari o ri taaxo.
L'Almaami au teint clair a partagé les terres. Il a duré là bas. Il pouvait durer là bas. Nous
sommes venus nous installer. Nous commercions et sommes venus nous installer.
B. W. : Ken diima, o fatan biine no ku, i taaxonu Boki ya. Boki ya, boki1tie ya ni no. Ka leggere
ku. Ñexe gumu ku be go kaara ke yere. Bokijawe ña ni. An da mugu ? Kun ya kan ri yere.
A cette époque, nous les Noirs habitions Boki. l'origine de Boki, c'est l'arbre du baobab. C'était
vers le cimetière. C'était dans le territoire des pêcheurs. Voilà Bokijawe. Comprends-tu ? Leur
maison était à cet endroit.
A. F. : Ceddonu ?
Les ceddo ?
A. F. : Ko haana ku ña ni debe ke te ?
Qui a habité le village en premier ?
A. F. : A fillando naxa ku ?
Vous êtes les deuxième ?
B. W. : I kun ga ri, i debe ña haacandini Boki. Ceddo Hamedi Jeyi a do Ndongo Lo. An wa wutu
? I ti non da Boki. Njanornu. On ri sali no ku jaman.
Quand ils sont venus, leur village était éloigné de Boki. Les ceddo Hamedi Jeyi et Ndongo Lo.
Tu saisis ? Ils l'ont appelé Boki. Les Njanor. Nous sommes allés prier tous à la Grande Mosquée.
A. F. : I yan jingini.
Ils étaient en vis-à-vis.
238
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
A. F. : Jawara tugaranko ya ni ?
Les Jawara étaient les locataires ?
A. F. : Komo ya ni sopi ?
Les captifs ont-ils défriché ?
B. W. : O kome a ga ñi i maarendi. Ken biire renmen gaben maxa. Ken biire hanka o maxa, ken
ma sanqi. O hoho wa Gabu. Kayel1 Gabu bae ga Bundu. A wa na dai Bakeli ya. O sooma ga
Gabu. Ken ya ni o sooma, Jedi Suare.
Nous étions les maîtres de nos captifs. A cette époque nous avions beaucoup d'enfants. A cette
époque nous étions puissants, nous n'étions pas dispersés. Nous étions quelques uns à Gabu. La
montagne de Gabu dans le Bundu. C'est près de Bakel. Notre aîné était à Gabu. Notre aîné était
Jedi Suare.
B. W. : Maasubani i faabe ni bogu ken ya. Jedi Suare a ga talla. O riini to ku, i kun saare
Gabu. I taaxunu doono a ta. O ga saare ya saare Binta ri doome.
Les pères des Maasuba viennent de lui. Jedi Suare a voyagé. [De Jaara] nous sommes allés à
Gabu, où il est né. Ils sont restés à Gabu. Nous avons enfanté et les enfants de Binta sont venus
ensemble.
A. F. : I ku kan Gabu.
Ils habitaient à Gabu.
B. W. : I ku kan Gabu. Xo o ga taaxu yere ke. O riiye, o ma renmu taana ni, o sunpun do xatin
ni. O ga ri ke soninkaara. Allan yan tu o ga ri yaqe be. A gille yinme ke, o xirise wa Ma Suraqe
Waage.
Ils habitaient à Gabu. Jusqu'à ce que l'on s'établisse ici. Nous sommes venus, nous n'avons pas
eu d'autres enfants, nous sommes tous du même lignage et du même lait maternel. Allah sait que
nous sommes venus avec nos femmes. Quand nous avons quitté [Gabu], notre doyen était Ma
Suraqe Waage.
1Terme pulaar.
239
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
B. W. : Silamaxaxun o kun kille. Kelere su ya. Moodinu maxa Ma Suraqe Waage. Sere sun wa i
xabila nta.
La foi est notre voie. De tout ce côté. Ma Suraqe était un marabout. Chacun se situe dans son
groupe statutaire.
A. F. : Debe gume ma nemme ? Waage kundanko na debe gume ma nemme kitta ? Gelli kan
xoxonno ?
Combien y'a-t-il eu de chefs de village ? Les Waage ont donné combien de chefs de village ? A
partir de quel frère ?
B. W. : Gelli o giri Sedo. Saxo a nan ti taaxo moodi ya. O na jaman Mamadi a geemu Ma Suraqe
ya. Ma Suraqe Waage ke ya ni xirise, a ga giri Waage kunda ko su. Ma Suraqe ga giri no. A da
i Ma Jeneba Waage saara batten a.
Depuis que nous avons quitté Sedo. Saxo dit au marabout de s'installer. Mamadi de la mosquée
a accueilli Ma Suraqe . Ma Suraqe Waage était le doyen, il vient des Waage. Ma Suraqe a quitté
l'endroit. Il a enfanté Ma Jeneba son fils préféré.
240
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
Ma Jeneba vient des Waage. Ma Jeneba est mort. Maxan Sire lui a succédé. Maxan Sire est mort.
Maadi Waage lui a succédé. Maadi Waage est le dernier.
A. F. : A kan a haay ?
Sa maison est à portée de vue ?
B. W. : Ka haay.
Sa maison est en vue.
B. W. : Maadi Waage n ke taaxa tu. Maadi Waage ga da wara, a da debu gumaru. Ku be ni kara
[woli kari] i ya ni debe ke wutu. Ku be ni kacce sorondi taaxundu. I sooma ya ni. A ken Maadi
Waage ke. A renme ya ni i xeeri se i na Seta, o kisima. Maxan Sire ke hoore. Maxan Sire sooma
ni Jedi Suare. Jedi Suare, Sila Maxan Suare, Mamadu Suare, Suare soro ni ya. Ku na Gabu a.
I su me tu a. Xaniye keke. Soron gabion wa ri ga saaxa Boke. Ma Suraqe, Ma Jeneba.
Je ne sais pas qui a succédé à Maadi Waage. Quand Maadi Waage est mort, il avait la chefferie
du village. Ceux qui l'ont tué [ou qui sont à côté] ce sont eux qui ont pris le pouvoir. Ils ont
limité les personnes. Ils sont leurs aînés. C'est Maadi Waage. Son fils s'appellait Seta, notre
grand-père. Maxan Sire était un homme noble. L'aîné de Maxan Sire était Jedi Suare. Jedi Suare,
Sila Maxan Suare, Mamadu Suare, ce sont eux les Suare. Ils étaient à Gabu. Ils étaient tous
égaux. Beaucoup de personnes sont allées s'installer à Boke. Ma Suraqe, Ma Jeneba.
B. W. : I sanqi to ya ni.
Ils se sont dispersés à partir de là.
B. W. : Jaara o ga bae ke be Kimbaka. ken tooxo Waage no. Xaadiya an ka gume daga no. Ke
Baba Halima daga no. I ga tiie Waage kunda ka fone a ri no. Ma Suraqe Waage a di xabila a
na ri. Duganabe an ti tan naxate kuure wa saqa non wa.
A Jaara nous étions à l'est. Ñan geri, ah ! Celle des Waage restée là-bas s'appelait Ñangiri. La
femme de Xadiya est partie là-bas. Baba Halima est parti là-bas. La petite souche de la maison
des Waage est partie là-bas. Ma Suraqe Waage avec sa famille est parti. A Duganabe quarante
soldats se sont installés là-bas.
241
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
B. W. : A ga yinme be tan naxate ke kuure be dai Gabu. O dalla non wa. O taaxendi. O dalla
no taaxendi. Ma Allah ña o debe ña xoxonte. Ken ñiiñe ken ya. An gana i taaxonu. O taaxu ke
ta a ña debe xoxonten wa. Duganabe soninkara su a no. An da mugu, soninkara su a no ? O
baane no. Soninkara su ga no. Yari Batili ka ken ñi no ña.
Les quarante soldats ont traversé Gabu. Nous sommes restés longtemps là-bas. Nous nous
sommes installés. Grâce à Dieu le village s'est agrandi. Il y avait les champs. Nous nous sommes
installés. Nous nous sommes installés et c'est devenu un gros village. A Duganabe, il y avait
tous les Soninké. Comprends-tu que tous les Soninké étaient là. Nous étions seuls là. Tous les
Soninké étaient là. La maison de Yari Batili est là-bas.
B. W. : I ga ho hoora.
Cela vient de leur bonté.
B. W. : O janmu hora o ña ni Waage ke ri ti. Hooraru. O da xaara lenmu be kefi. Xaran lenmu
be, a ga i xaara mundini.
Notre patronyme vient de notre noblesse. La noblesse. Lorsqu'ils se sont réunis avec les élèves
[de l'école coranique]. Les élèves à qui il enseignait.
A. F. : Ko i ga xaara mundini ?
Qui donnait les enseignements ?
A. F. : Ko ñi ni Baba ya ni kundu a ?
Qui faisait cela à Baba ?
B. W. : A xaara lemna. Kimbaka. Jaara. Kun be ni Jaara. Jaara nta i saasa. Jaara o xa i maxa
bambaxun halle.
Les talibe. A l'est. Jaara. Quand il était à Jaara. Jaara n'est plus aujourd'hui. Notre Jaara qui a été
aux Bambara après.
242
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
A. F. : Jaara, n wa tu.
Jaara, je connais.
B. W. : I ya ken ya Baba i kun wa. Xan yaxenga ke be saasa. Lemunu ku be ke ñaana Dauda
Saaxo.
Les choses qu'il faisaient subir à Baba. Dauda Saaxo a les mêmes problèmes aujourd'hui avec
ses talibe.
B. W. : Iyo, a ga yaxe be taalibu ku. Baba da i ni kundu ya. Baba diga kundu ya. Koota baane.
I da fofo ko, Baba na dabari. I da fofo ña Baba na ho dabari. Baba xa da masalla. "Baba". A ti
"naamu". A ti : "Baba an ke meene a ni waage ña. An hoore na, an ke ni Waage ña." Yara ni
Waage.
Oui, il faisait la même chose aux talibe. Baba faisait la même chose. Ils faisaient toujours la
même chose. Mais un jour. Tout ce qu'ils disaient, Baba le faisait. De tout ce qu'ils lui faisaient
de mauvais, Baba s'en sortait. Baba bavardait. "Baba". Il répondit à l'appel de son nom. Il lui dit
: "Par toi même tu es devenu un homme et généreux. Tu es noble, tu es un Waage." C'est
l'attribution de Waage.
A. F. : Xo a ga wa se yigene ?
Parce qu'il se nourrissait ?
B. W. : I da hoho ya na i, Baba nta kono i da. I da hoho ña i, Baba nta kono. Baba kamane, ke
ra xadi. A raga tuwaxu be yaqan da i. An da mugu ? Allah ku ye ke be kiinan. Xaraanmoxo ken
koota baane, i ga taaxono a do taalibenu i ga xaraaa. Ma, xaranmoxon da xiiri ti tooxonwa a
ñiimi. A ti : "Baba". A ti : "Naamu". A ti : "Baba, an ke yinman Waage". A ta ke ni Waage. A
waagaxu ke ri ñon wa.
Tout ce qu'ils lui faisait subir, Baba ne répondait pas. Ils lui faisaient tout subir, Baba ne
répondait pas. Allah veillait sur Baba. Il lui donnait la connaissance. Tu comprends ? Le don
d'Allah. Un jour, le professeur et les talibés étaient assis et apprenaient. Mais, le professeur l'a
appelé de son nom. Il dit : "Baba". Il répondit à l'appel de son nom. Il dit : "Baba, c'est toi le
Waage." Il est devenu Waage. C'est à ce moment que la famille Waage est apparue.
1C'est à dire de bonne naissance, libre de toute servitude. Cf Bathily A.et Meillassoux C. , 1972, p. 183.
243
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
A. F. : Iyo, sinxu-keebi-laxa-baane ?
Oui, et la barbe-neuf-bouche-un ?
B. W. : Laxa baane. Iyo, ken sanqi o maxa. Baba ga ken ya giiri. Baba xaramoxen ga ta a daa
Waage. A ga taalibon kanma. A jari lemne ga taaxono, a xosu garabesi. A sigi. A ti: kon ni Baba
: "An ya ni Waage".
La bouche-un. Oui, cela n'existe plus. Baba vient de là. Le professeur de Baba l'appelait Waage.
Il était le maître des talibés. Son petit griot était assis, il a alors sursauté. Il s'est mit debout. Il
dit à Baba : "Tu es un Waage".
A. F. : Jari yugo.
Son griot.
A. F. : I su yugu.
Ils sont tous des hommes.
B. W. : O ku Waage kunda ran Jaaran Kobilo ro. Xa maxa marre. O ya ni i tuubindi. I da Jawara
kunda toori to ña ta.
Notre famille Waage est partie de Jaara pour aller à Kobilo. Ils avaient des terres cultivées. Nous
les avons convertis. La famille Jawara gouvernait à ce moment là.
E. H. D. : I toore "reek"1 ?
Ils gouvernaient seulement ?
1Expression en wolof.
244
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
B. W. : Baba giiden ya da i. A da i haaba ga giiden i ga tiini sinxu keebi laxa baane. A ni haaba
ga giiden ga, a ni sinxu keebi laxa baane do yin di giide haayin da i giide. A i giide ke a haay i.
A ga ken giide be i kua.
Baba était sur la montagne. Son père lui a dit sur la montagne qu'il y avait neuf barbes et une
bouche. Son père était sur la montagne, il y avait neuf barbes et une bouche et il regardaient la
montagne en elle-même. Il regardait la montagne. Il s'est assis sur la montagne.
E. H. D. : A yiganden yin ño ya ?
Il mangeait là bas ?
B. W. : I da i kitta Baba i.
Ils l'ont pris avec Baba.
1Le muude est une unité de mesure équivalente à 2, 2 litres. Cf Bathily A. et Meillassoux C. , 1972, p. 108.
245
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
B. W. : O ku, janmu, be i ge ña a kono ya, ke ni gisin ya. Xo Baba faabe be a da taaxo a kaara,
a giiri giide ke, a ga i yanqa ka be. Kun janmu ya ni Kamara. A talibe ma ke ru. I rusa ken taaxe
i. A xaaranmoxo xusa a xeeri, me lemunu na naxa. A ti daa : "Baba ken feti Kamara. Baba ken
ni Waage ya".
Nous, le patronyme que l'on disait, c'était celui d'autrui. Mais, le père de Baba qui s'est installé
dans le pays, il venait de la montagne et il est descendu dans une maison. Ses hôtes portaient le
patronyme de Kamara. Il avait presque fini ses études coraniques. Il s'établit là bas. Son
professeur l'a convoqué devant tous les élèves. Il lui dit : "Baba, Kamara n'est plus, Baba tu es
un Waage."
B. W. : Ken kutten kun wa, fun be ni bogu Baba ya, i gan katta Baba xibaaren kono. I tooxo tiini
Baba ke on ran nta a kitaaben wa saana.
Enfin, ceux qui sortent de Baba, ils peuvent parler de lui. On ne peut pas décrire toute la carrière
de Baba.
A. F. : Iyo. Gelli ken wa, manne sigi Waage kundanko wa, i ga taaxo Bokijawe ?
Oui. A cette époque, pourquoi les Waage sont restés à Bokijawe ?
A. F. : Ke ya na a ni kafaana ?
246
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
B. W. : Iyo.
Oui.
E. H. D. : Ma ?
Quoi ?
B. W. : Iyo ...
Oui ...
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
B. W. : Fullu kun gabon to ya. Hari xunbane yan gabon to ya. O xoxono saage fullon kono. I
rusa saage.
Les Peuls étaient les plus nombreux. Cependant, demain ils seront plus nombreux. Nos frères
parlaient le pulaar. Ils s'en sont retournés.
B. W. : Iyo, nagaana ke ga ri. Ma Suraqe Waage ga ri kun wa. A daga laaxasara ga ri. A daga
sigi i kaane a. A ti i ke da i nta Hulle muku moxo siri ya. O kiini Almaami Abdul a. A daga
Almaami Abdul sagata. An da mugu ? A ti "Njay. A ni a do Abdul, xa finan taaxo, xa da i yere
taaxandi ñiiñe kitene." I da i ñiiñe taaxandi, ken koota, fofo ga tiini ya Fuuta a wa fo. Ken biire
Serif a ka Almaami.
Oui, le berger est parti. Ma Suraqe est parti avec eux. Il est parti au moment de la prière de
laaxasara1. Il se s'est mis en route devant. Il dit qu'il ne connaissait pas bien le Peul. Il s'en est
remis à l'Almaami Abdul. Il est parti rejoindre l'Almaami Abdul. Tu comprends ? Il a dit "Njay.
Toi et l'Almaami, vous étiez les premiers à vous installer, vous avez partagé et jugé la terre." Le
jour où ils ont partagé la terre, celui qui disait être du Fuuta, il a eu sa part. A ce moment Serif
était dans la maison de l'Almaami.
A. F. : Mmh.
Mmh.
E. H. D. : Mariama.
Mariama.
B. W. : Mariama, Sayan Diige, Siige Kiineni i ga bogu i be. Ken tooxoni Serif Jambere.
Mariama, Sayan Diige, Siige Kiineni viennent de lui. Il s'appellait Serif Jambere.
B. W. : Iyo, i xooro. Ken koota, a ña Almaami Abdul ya. A giiri Dabia; a daga sagata. A ti o ga
noxo be mulla o na ko.
Oui, son arrière grand-père. Ce jour là, il était avec l'Almaami Abdul. Il venait de Dabia, il est
parti le rejoindre. Il lui a demandé où il voulait s'installer.
248
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
E. H. D. : A ko ?
A qui ?
A. F. : I ya banden da i ya wutu.
Vous leur donnez .
E. H. D. : I giiri Yari.
Ils viennent de Yari.
B. W. : Yari.
De Yari.
A. F. : Ke ni Darame kundanku ku ya ?
Est-ce la famille Darame ?
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
A. F. : I ka ?
Leur maison ?
A. F. : I yan jarinto.
C'étaient des lions.
250
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké ANNEXE V : ENTRETIENS
B. W. : Colonel Dodds ya. I daga Kahedi. I ya do colonel Dodds nan giiri Ali Barka ya. I da ga
ri Bokijawe.
C'était le colonel Dodds. Ils sont partis à Kahedi. Ils étaient avec le colonel Dodds et ont quitté
Ali Barka. Ils étaient partis à Bokijawe.
E. H. D. : A ken wuru.
Il a fui.
B. W. : A ken wuru, a daga Siraqu bae. A ti i nta debe ro ri yere. Baawo ni soron woono i ga
telle a deema. Deemandan on ga i tanpi. I ga maxa yille. A ga fuure su wori, a na bonondini ya.
A geeri Tubabu fuure su wori Abdul Bokar ni karana ya. Fofon da ri, Abdul Bokar na karana.
Ma fin ga ña na ketta Hadama su bogu a maxa. I da bogu a maxa. I da ke yugon baane waara,
a rusa i daga, a saage Moritani.
Il a fui chez les Maures. Il leur a dit qu'il ne voulait pas installer un village là. Parce qu'il a trouvé
des gens pour l'aider. Ceux qui l'aidaient se sont fatigués. Ils sont retournés chez eux. Toutes les
pirogues qui passaient, il les détruisait. Abdul Bokar détruisait les bateaux des blancs qu'il
voyait. Tout ce qui passait, Abdul Bokar le tuait. Au fur et à mesure les gens se sont découragés.
Ils sont partis à côté. Il est resté seul, il est parti et s'est rendu en Mauritanie.
A. F. : A daga Moritani.
Il est parti en Mauritanie.
B. W. : Colonel Dodds.
Le Colonel Dodds.
1Jawarankoku.
2Les Jawara.
251
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE
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2 - Cartes
3 - Sources orales
En français
255
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE
En soninké
En pulaar
KAN Aboubacry, 68 ans, le 13.08.95 à Boki-Diawé. Généalogie des Kan. L'arrivé des
Kan (Neeganaabe) et l'islamisation. Les différents imams du village.
NDIANOR Mamy, 95 ans, le 05.08.95 à Boki-Diawé. La fonte du fer par les Ndianor.
Généalogie des Ndianor. Le conflit de succession de Thierno Samba de Ndiot.
NDIANOR Ouleye Bocar, 68 ans, le 16.08.95 à Boki-Diawé. La fonte du fer par les
Jamannaabe. Généalogie des Ndianor. "Bokki jaawe", le "baobab aux bracelets".
L'islamisation des Jamannaabe par Makam des Neeganaabe.
NDIANOR Thierno Mbaye, septuagénaire, en août 1993 à Boki-Diawé. Les différentes
populations du village. Jamannaabe et Neeganaabe. Les différentes dynasties du Fuuta.
NDIAYE Amadi, 84 ans en août 1993 à Boki-Diawé. Jamannaabe et Neeganaabe.
En français
Témoignages
Commentaires
256
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE
En soninké
Récits
En pulaar
Récit
KAN Bella, chef de village de Dabiya le 30 juillet 1995 à Dabiya. Le séjour d'Abdul
Bokar à Boki-Diawé
4 - Sources iconographiques
Photos prises en 1995 : diverses vues du village (la mosquée, les bâtiments publics, rues et
maisons), vues du site minier de Douga, vues du reste des fours des Ndianor, vues
d'anciens sites d'habitation (tessons de poteries, trous, restes de murs).
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké TABLE DES MATIERES
262
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké TABLE DES MATIERES
263
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké TABLE DES MATIERES
Informations recueillies auprès de Madame Aïssata DIOP épouse Doucouré à Paris en octobre 1995. .... 195
Informations données par Yousouf DOUCOURE à Paris le 26.09.95. ..................................................... 195
Informations données en soninké par Ségui Fall sur la compositions de la maison Tirera. Le 22.08.95. ... 196
Entretien effectué le 09.08.95 avec Madame Aminata Demba FADE. ......................................................... 196
Entretien effectué le 22.08 95. avec Monsieur Souleyman FADE, 38 ans, cultivateur. ................................ 216
Entretien réalisé le 10.08.95 avec Monsieur Bathily FADIGA, 66 ans. ....................................................... 218
Entretien avec Aboubacry KAN, le 13.08.95. .............................................................................................. 230
Informations recueillies en pulaar le 30.07.95 auprès de Bellay KAN. ....................................................... 237
Monsieur Balla Woppa KONATE, 76 ans. .................................................................................................. 237
"Tarikh de Boki-Diawé" ............................................................................................................................... 237
Le 31.07.95, entretien en français. .............................................................................................................. 237
Le 27 août 1995Commentaires par Thioundy MANGASSOUBA. ............................................................... 241
Entretien avec Mamy NDIANOR le 05.08.95 .............................................................................................. 244
Entretien effectué en français le 03.08.95 avec Mamadou Samba NDIANOR. ........................................... 250
Entretien avec Ouleye Bocar NDIANOR le 16.08.95. ................................................................................. 253
Entretien avec Thierno Baye NDIANOR en août 1993. ............................................................................... 263
Entretien avec Amadi NDIAYE en août 1993. ............................................................................................. 265
Informations recueillies aupès de Madama Bintou SYLLA, de Monsieur GANDEGA et de Monsieur
Diagana (au téléphone) à l'Association Pour la Promotion du Soninké à Saint-Denis le 27.09.95. ........... 269
Monsieur Hakrou TIRERA, entretien réalisé en français le 11.08.95. ......................................................... 269
Monsieur Hakrou TIRERA. Entretien réalisé au mois d'octobre 1995 par Ami Fall. .................................. 273
Entretien le 14.08.95 avec Monsieur Kisima Demba TIRERA. ................................................................... 275
Entretien le 06.08.95 avec Madame Binta WAGUE dit Njabu, 92 ans. ....................................................... 277
SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................... 300
1 - Sources écrites ........................................................................................................................................ 300
1.1. - Sources externes ..............................................................................................................................................300
1.1.1. - Auteurs arabes .........................................................................................................................................300
1.1.2. - Cartes françaises du XIXème siècle ........................................................................................................300
1.1.3 - Archives de l'A.O.F. .................................................................................................................................300
Série G. Politique et administration générale du Gouvernement du Sénégal (1762-1920).............................300
Série D ...........................................................................................................................................................301
1.2 - Sources internes ................................................................................................................................................302
1.2.1 - Manuscrits ................................................................................................................................................302
1.2.2 -Textes publiés ............................................................................................................................................302
Auteurs "soudanais" .......................................................................................................................................302
Sur le Fuuta Tooro ..........................................................................................................................................303
Sur le royaume de Jaara .................................................................................................................................303
Sur les Jaaxanko .............................................................................................................................................303
Sur le Bundu...................................................................................................................................................303
Sur le Jolof .....................................................................................................................................................304
Sur le Maasina ................................................................................................................................................304
2 - Cartes ..................................................................................................................................................... 304
3 - Sources orales ........................................................................................................................................ 304
3.1 - Entretiens enregistrés .......................................................................................................................................304
En français ...........................................................................................................................................................304
En soninké ...........................................................................................................................................................305
En pulaar .............................................................................................................................................................305
3.2 - Entretiens non-enregistrés ................................................................................................................................306
En français ...........................................................................................................................................................306
Témoignages ..................................................................................................................................................306
Commentaires ................................................................................................................................................306
En soninké ...........................................................................................................................................................306
Récits..............................................................................................................................................................306
En pulaar .............................................................................................................................................................306
Récit ...............................................................................................................................................................307
4 - Sources iconographiques ........................................................................................................................ 307
5 - BIBLIOGRAPHIE .................................................................................................................................. 307
TABLE DES MATIERES ................................................................................................................................. 313
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Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké TABLE DES MATIERES
265
Boki-Diawé haal-pulaar, Boki-Diawé soninké TABLE DES MATIERES
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