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Quels sont les principes et techniques du génie génétique et

quelles sont ses applications ?


A- Introduction :
Le génie génétique est un ensemble de techniques de biologie moléculaire
permettant d'identifier, d'isoler, de modifier et de transférer de façon contrôlée le matériel
génétique. Il permet en particulier d'intervenir sur le patrimoine génétique des êtres
vivants.
Aujourd'hui, le génie génétique a un très large champ d'application, de la
recherche fondamentale à la recherche médicale et pharmaceutique, en passant par les
sciences de l'environnement ou l'agriculture.

B- Les étapes de la transformation génétique :


I- Etude du transfert naturel de gènes d’Agrobacterium tumefaciens aux
végétaux :
1- Définition :
La transgénèse ou transformation génétique est l’addition d’un ou de plusieurs
gènes étrangers dans une cellule. Le nouveau gène introduit (appelé transgène) peut, s’il
est exprimé, conférer de nouvelles caractéristiques héréditaires à la cellule.
2- Observation :
A. tumefaciens (bactérie qui vit dans le sol) provoque chez la majorité des
plantes des tumeurs au niveau du collet (partie de la plante comprise entre la tige et les
racines). Cette maladie est appelée galle du collet.

Agrobacterium. Tumefaciens (au microscope électronique)


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A. tumefaciens fixées sur
une cellule végétale
(microscope électronique
à balayage)

Galle du collet

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1- tige
2- tumeur (galle du collet)
3- racine
4- collet

3- Comment A. tumefaciens provoque-elle la galle du collet chez les végétaux ?


Les bactéries possèdent, en plus de l’ADN contenu dans le chromosome
bactrien (de grande taille), de petites molécules d’ADN de forme circulaire. Ces éléments
sont appelés plasmides. Ils se répliquent indépendamment et en général plus rapidement
que le chromosome bactérien. Comme ce dernier, les plasmides portent des gènes qui
confèrent aux bactéries des caractères héréditaires.

Schéma montrant le chromosome bacterien et les Plasmide au microscope


plasmides électronique
A. tumefaciens possède un plasmide appelé Ti (Tumour inducing = inducteur
de tumeur). A la faveur d'une blessure au niveau du collet d’une plante, la bactérie entre
en contact avec une cellule de la plante et injecte dans le cytoplasme de cette dernière un
morceau du plasmide Ti (ADN-T). Cet ADN-T fusionne avec l’ADN de la cellule de la
plante, ce qui provoque une multiplication anarchique de la cellule végétale produisant
la tumeur et la synthèse (par les cellules de la tumeur) de substances nécessaires à la
croissance de A. tumefaciens : les opines.

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OPS : gène codant l’enzyme Opine synthétase (qui catalyse la synthèse des opines).
ONC (Oncogène) : gène codant les facteurs de croissance (responsables de la
multiplication anarchique des cellules végétales)
ADN-T = OPS+ ONC
OPC (Opine catabolism) : gène codant les enzymes nécessaires à l’utilisation des
opines par la bactérie.
Vir (Virulence) : gène responsable du transfert de l’ADN-T au génome des cellules
végétales.
Structure du plasmide Ti d’A. tumefaciens

II- Transfert d’un gène d’un être vivant à un autre :


Après l’étude du transfert naturel des gènes d’Agrobacterium tumefaciens aux
végétaux, les scientifiques ont essayé d’appliquer ces connaissances pour modifier le

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génome d’un être vivant en lui introduisant des gènes étrangers. Cette transgénèse
nécessite l’utilisation de deux types d’enzymes : les enzymes de restriction et les ligases.
1- Les enzymes de restriction :
Une enzyme de restriction est capable de reconnaitre et de couper un fragment
d'ADN au niveau d'une séquence de nucléotides caractéristique (de quatre à une dizaine
de paires de bases) appelée site de restriction. Plusieurs centaines d'enzymes de
restriction sont actuellement connues
Ces enzymes sont naturellement présentes chez un grand nombre d'espèces de
bactéries (elles sont un moyen de se défendre contre les infections par des virus en
découpant en petit morceaux l'ADN de ces derniers).
Exemples d’enzymes de restriction :
Nom de
Source Séquence reconnue et coupure
l’enzyme
coupure

5' . . . G A A T T C . . . 3'
EcoRI Escherichia coli

3' . . . C T T A A G . . . 5'

coupure

5' . . . G G A T C C . . . 3'
BamHI Bacillus amyloliquefaciens

3' . . . C C T A G G . . . 5'

coupure

5' . . . A A G C T T . . . 3'
HindIII Haemophilus influenzae

3' . . . T T C G A A . . . 5'

EcoRI est une enzyme de restriction qui coupe la double hélice d’ADN entre
l’adénine et la guanine chaque fois qu’elle rencontre la séquence des bases azotées
suivantes :

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coupure

5' . . . G A A T T C . . . 3'

3' . . . C T T A A G . . . 5'

Après la coupure on obtient :


extrémité cohésive

A A T T C . . . 3'
5' . . . G

3' . . . C T T A A G . . . 5'

extrémité cohésive
2- Les ligases :
Ce sont des enzymes capables de recoller les fragments d’ADN grâce aux
extrémité cohésives.
3- Les étapes du transfert d’un gène d’un être vivant à un autre :
La transgénèse se fait en trois étapes :
a- obtention du gène qu’on veut transférer :
On peut obtenir un gène grâce à trois techniques différentes :
- Couper (en utilisant des enzymes de restriction) directement le gène à partir
du génome d’un être vivant.
- Extraire l'ARNm de la protéine qu’on veut coder et synthétiser le gène
(l’ADN) grâce à la transcriptase inverse (enzyme utilisée par les rétrovirus pour
transcrire le génome de ces virus à ARN en ADN).
- Synthèse totale du gène. Cette technique nécessite la connaissance de la
séquence d’acides aminés de la protéine qu’on veut coder.
b- Introduction du gène dans un vecteur :
Le gène obtenu est introduit dans un vecteur : plasmide de bactérie, virus…
c- Clonage du vecteur :
On réplique le vecteur pour en avoir un grand nombre.
d- Transfert du gène du vecteur à l’être qu’on veut modifier génétiquement :
C- Les applications du génie génétique :
I- En médecine :
Grace au génie génétique, on produit des hormones pour traiter certaines
maladies. Ainsi on produit l’insuline pour traiter le diabète ou l’hormone de croissance
pour traiter les retards de croissance.
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Une autre application du génie génétique dans le domaine de la santé humaine
est la thérapie génique, qui consiste à introduire des gènes dans les cellules d'un individu
pour traiter une maladie. La thérapie génique vise à remplacer un allèle défectueux par
un allèle fonctionnel. Cette technique est encore en phase d’essais cliniques.
II- Dans le domaine agricole :
Depuis des millénaires, pour se nourrir, l'Homme cultive des plantes et élève
des animaux. Des parasites et des ravageurs de toutes sortes l'ont régulièrement privé des
fruits de son travail. L'Homme a donc dû recourir de plus en plus à des pesticides et à
des produits chimiques, ce qui peut être nuisible à sa santé et à l’environnement
Le génie génétique permet de cultiver des plantes résistantes aux maladies et
aux parasites. Ils contribuent ainsi grandement à assurer les récoltes dans le respect de
l'environnement.
1- Obtention de plantes résistantes aux insectes :
La bactérie Bacillus thuringiensis constitue un véritable réservoir de gènes de
résistance aux insectes. En effet, les différentes souches de cette bactérie du sol recèlent
plusieurs protéines insecticides ayant différents modes d'action, et affectant uniquement
certains insectes. Chacune de ces protéines est codée par un seul gène, c'est donc un
caractère facilement transférable par génie génétique. Plusieurs équipes ont obtenu des
tabacs, des pommes de terre, des cotons, des tomates et des maïs résistants à des insectes
grâce à cette source de gènes
Dans le cas du maïs, la résistance à la pyrale est conférée par le gène Cry A,
appelé communément Bt. Ce gène permet aux cellules du maïs de produire une protéine
qui se transforme en toxine dans le tube digestif de la pyrale. Chez les autres animaux et
chez l'Homme, cette protéine est simplement digérée sans aucun effet toxique.

Plants de tabac sauvage (à gauche)


et résistant aux insectes (à droite)

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Etapes pour l’obtention d’une plante résistante aux insectes
2- Obtention de plantes résistantes aux herbicides :
Les mauvaises herbes qui poussent dans les champs de culture réduisent
considérablement les rendements car elles entrent en compétition pour les nutriments,
l’eau et l’ensoleillement. Les agriculteurs éliminent les mauvaises herbes en vaporisant
directement des herbicides sur les cultures. Ces herbicides n’éliminant habituellement
qu’une gamme étroite de plantes (sinon, elles détruiraient aussi les cultures), les
agriculteurs utilisent des mélanges d’herbicides pour lutter contre les mauvaises herbes
une fois que la croissance des cultures est commencée
Grâce au génie génétique, on a pu simplifier la lutte contre les mauvaises herbes
en rendant des plantes (maïs, soja, coton, canola…) résistantes aux herbicides non
sélectifs.
3- Amélioration du rendement des animaux d'élevage :
Chez la vache par exemple, plusieurs modifications ont été effectuées afin de
changer la composition de son lait et d’en augmenter la production. Ainsi, on a diminué
la teneur du lait en lactose (qui provoque de l’intolérance chez certains consommateurs)
et augmenté la teneur en caséine (afin de faciliter la fabrication du fromage).

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