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Fayein Louis-Arthur/de Biasi Pierre-Alexandre

"La guerre du Vietnam est la guerre la plus paradoxale de notre histoire." disait

Robert McNamara, ancien Secrétaire de la Défense des États-Unis pendant la

Guerre du Vietnam. Cette citation tirée de son ouvrage Avec le recul : la tragédie du

Vietnam et ses leçons paru en 1995 dépeint avec exactitude l’extrême complexité

dont fait preuve la guerre du Vietnam, qui s’étend de 1964 à 1973, mais dont les

bornes plus chronologiques sont en réalité plus complexes du fait d’un contexte bien

particulier. En effet, La Guerre du Vietnam est une conséquence directe des

bouleversements géopolitiques de l'après Seconde Guerre mondiale et de la Guerre

d'Indochine. En 1954, la Conférence de Genève met fin à huit années de conflit entre

les forces coloniales françaises et le Viêt Minh, mouvement nationaliste et

communiste dirigé par Hô Chi Minh. Le Vietnam est alors temporairement divisé en

deux entités distinctes au 17ème parallèle : le Nord Vietnam communiste, gouverné

par Hô Chi Minh, et le Sud Vietnam non-communiste, sous la présidence de Ngô

Dinh Diem. L'accord de Genève prévoit des élections pour 1956 afin de déterminer le

futur gouvernement d'un Vietnam unifié. Cependant, Diem refuse d'organiser ces

élections, craignant une victoire écrasante des communistes. Dans ce contexte, le

Nord Vietnam, soutenu par l'Union Soviétique et la Chine, entreprend une campagne

pour réunifier le pays sous le communisme. Le Sud Vietnam, appuyé par les États-

Unis et d'autres alliés occidentaux, résiste à cette aspiration. Les tensions montent

alors rapidement, menant à une guerre civile. Les États-Unis, engagés dans une

politique de containment du communisme, se retrouvent impliqués de plus en plus

profondément dans le conflit. Leur aide militaire massive au Sud Vietnam transforme

ce qui était à l'origine une guerre civile en une guerre internationale. La Guerre du

Vietnam est donc le résultat de l'interaction complexe entre les mouvements de

décolonisation, les tensions de la Guerre Froide et les aspirations nationales du

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peuple vietnamien. Elle met en lumière la complexité et les dangers de l'engagement

militaire étranger dans les conflits civils et les luttes idéologiques. Ainsi, on pourra se

demander :

En quoi le Vietnam est un enjeu de la guerre froide et de la décolonisation ?

Nous verrons d’abord les causes de la guerre du Vietnam, puis son déroulé effectif.

Enfin, nous détaillerons les conséquences que cette guerre a eu sur le monde.

I. Les causes de la guerre du Vietnam :

A. Un pays troublé à la suite de la guerre d’Indochine :

1. L’émergence d’une république impopulaire au Sud-Vietnam :

Les accords de Genève, signés le 20 juillet 1954, marquent la fin de la guerre

d’Indochine. Ils stipulent l'indépendance du Laos, du Cambodge et le partage

temporaire du Vietnam, sur le même modèle départageant la Corée et l’Allemagne,

en deux zones de regroupement politique et militaire. Au nord, ce sont les

communistes de l’Armée populaire vietnamienne (APVN) qui sont au pouvoir, avec le

révolutionnaire Ho Chi Minh au pouvoir. De l’autre côté du 17 e parallèle, les

Vietnamiens non-communistes sont à la tête du gouvernement. Parallèlement à la

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conférence de Genève en juin 1954, l’empereur Bao Dai, chef de l’État vietnamien,

dont la capitale administrative est désormais Saïgon, puisque Hanoï devient celle de

la partie communiste du Vietnam, entend rapatrier du pays d’Oncle Sam Ngô Dinh

Diêm, ancien opposant du révolutionnaire Ho Chi Minh, pour en faire le Premier

Ministre du pays. Pour Diêm, le Vietnam du Sud n'est pas concerné par les accords

de Genève entre la France et les communistes, car, selon lui, l'État vietnamien n'en

était pas partie prenante. Il se dispense donc d'organiser des élections en vue de la

réunification du Vietnam, qui, d’après les accords de Genève, pourtant signés par

son pays, étaient prévues pour le deuxième trimestre de l’année 1956. Après un

coup d'Etat, le 26 octobre 1955, Diêm prend le pouvoir et force Bao Dai à abdiquer :

un référendum est organisé par Diem afin de donner un côté démocratique à ce qui

semble être une prise de pouvoir autoritaire. Plus de 90% de la population sud-

vietnamienne vote en faveur de l’abdication de Bao Dai, les scores de ce référendum

étant bien évidemment faussés. Dès lors, Diêm a les mains libres pour installer son

pouvoir : il impose un régime autoritaire anticommuniste et méfiant à l'égard du

bouddhisme, religion pratiquée par plus de 55% de la population du Sud-Vietnam.

L'économie de marché, la dénonciation, la persécution des communistes et la lutte

contre la corruption, avec certains privilèges pour la minorité catholique au détriment

de la majorité bouddhiste, sont principaux aspects de la politique de Diem. Le régime

de Diem dure huit ans, de 1955 à 1963, constituant la « première phase » de la

république du Vietnam. Bien que de nombreux Vietnamiens lui soient reconnaissants

de les avoir protégés contre la terreur et les réquisitions communistes, Ngô Dinh

Diem est détesté par d'autres en raison de son régime autoritaire et « familial ».

Ainsi, si plus de 95% des Sud-Vietnamiens étaient anti-communistes et en faveur

d’un régime démocratique à l’arrivée de Diem en 1955, c’est plus de 15% de cette

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même population qui s’opposera à ce dernier ; une majorité des opposants qui

rejoignent un mouvement de rébellion communiste soutenu par le Nord-Vietnam de

Ho Chi Minh.

2. Entraîne la naissance d’un mouvement de rébellion communiste :

Le 20 décembre 1960 naît le Front national pour la libération du Sud-Vietnam (FNL),

mouvement de rébellion communiste rassemblant entre 1960 et 1975 les adversaires

du régime Sud-Vietnamien du président Diem. En effet, l’impopularité de Diem au

Sud-Vietnam ouvre la voie à la création de groupes d’opposition communistes, dont

le plus célèbre n’est autre que le FLN. Les opposants au régime sont appelés Viêt-

Cong, contraction de l’expression vietnamienne « Việt Nam Cộng-sản », littéralement

communiste vietnamien. Jusqu’à environ 1960, les Viêt-Cong emploient des petites

unités afin d’exécuter des missions de terreur : assassinats, kidnappings,

destruction ; les premières unités sont équipées dans la région de Tay Ninh,

permettant la formation des premières unités. Leur effectif total atteint environ 80 000

hommes en 1975. En 1960 la première attaque d’une force de la taille d’un bataillon

est conduite. En 1961 le nombre d'attaques de ce type augmente en fréquence et

ces dernières sont coordonnées à un niveau presque militaire. Afin de contrer

l’insurrection grandissante, le gouvernement du Sud-Vietnam augmente ses effectifs


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militaires, ses forces paramilitaires et son programme de pacification. Beaucoup de

hameaux stratégiques initialement aux mains des gouvernementaux passent à

l’ennemi avec des disparitions subites d’armes et mêmes l’évanouissement pur et

dur dans la nature, au profit de l’ennemi, de certaines unités locales paramilitaires.

En mai 1961, la République démocratique du Vietnam, autrement appelé Nord-

Vietnam, décide de soutenir l'insurrection avec des armes, des munitions et des

renforts qu'elle fait parvenir aux insurgés par des pistes secrètes à travers les

montagnes. Ces pistes secrètes sont appelées « piste Ho Chi Minh » en référence

au président du Nord-Vietnam, décidant de livrer plusieurs dizaines de milliers

d’armes par semaine à destination des Viêt-Cong ; selon le Pentagone, ce serait plus

de 2 millions d’armes qui auraient transité du Nord au Sud du pays entre 1960 et

1975 par la piste Ho Chi Minh. Les armes transitent en secret à travers les pays

frontaliers au Vietnam que sont le Laos et le Cambodge. Présidé par Nguyen Huu

Tho, le FLN a pour but le renversement du régime de Diem, la libération du pays du

joug impérialiste et, ultimement, la réunification du Vietnam. Dès 1964, les bataillons

Viêt-Cong se transformèrent en régiments et les régiments en divisions. En

décembre 1964, le 271ème et le 272ème régiments Viêt-Cong fusionnent et sont

équipés de nouvelles armes chinoises et soviétiques pour former la 9ème division

Viêt-Cong Lors de la bataille de Binh Gia qui se déroule du 28 décembre 1964 au 1 er

janvier 1965 dans un petit village catholique sur la route interprovinciale n°2 à 65 km

au sud-ouest de Saigon, la puissance de ce qu’était autrefois un simple mouvement

de rébellion, se fait observer : le 33ème bataillon de Rangers et le 4ème bataillon de

Marine américaine tombent en seulement quelques jours face aux forces du FLN.

Ainsi, ce mouvement de rébellion ronge littéralement de l’intérieur le régime de Diem,

au point même de le faire tomber en novembre 1963.

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3. Le reversement de Diem traduit d’une instabilité encore plus forte au Sud-

Vietnam :

L'impopularité de Diệm éclate au grand jour avec la révolte bouddhiste et

l’immolation publique par le feu de Thích Quảng Đức, un moine bouddhiste

protestant contre les persécutions à l’égard de sa communauté, le 11 juin 1963. Le

scandale est fatal pour toute la famille Diem et cet évènement est certainement un

des facteurs du renversement du dictateur quelques mois plus tard. Sur les ordres du

président Kennedy, l’ambassadeur à Saïgon Henry Cabot Lodge refuse de

rencontrer Diệm, omettant ainsi de l'avertir d’un coup d’État préparé par ses

généraux sous la conduite du général Dương Văn Minh, surnommé « Big Minh ».

L'arrestation et l'assassinat de Ngô Đình Diệm, alors président de la république du

Vietnam, marque l'apogée d'un coup d'État facilité par la CIA et mené par le général

Dương Văn Minh en novembre 1963. Le 2 novembre 1963 au matin, Diem et son

jeune frère et conseiller, Ngô Đình Nhu, sont arrêtés par l'armée de la République du

Sud-Vietnam (ARVN) après la prise du palais présidentiel à Saigon. Le coup d'État

marque la fin de neuf ans du régime. Quand les forces rebelles entrent dans le

palais, les frères Diem l'avaient quitté la nuit précédente pour se retrancher dans leur

maison de vacances. Découverts, ils acceptent de se rendre contre la promesse d'un

exil sains et saufs. Alors qu'ils sortent de la messe à l'église Saint-François-Xavier de

Cholon, ils sont sommairement assassinés par des officiers de l'ARVN à l'arrière d'un

véhicule blindé qui les transporte dans une base aérienne. Un gouvernement

provisoire, formé de militaires et de civils, suspend la Constitution et dissous

l'Assemblée nationale. Ce coup d'État ne suffit pas à stabiliser la situation politique

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du pays qui est secoué par deux autres renversements menant à l'arrivée au pouvoir

de Nguyên Van Thieu, en juin 1965. Ces bouleversements surviennent alors que

l'action des communistes du Front national de libération du Vietnam du Sud (Viêt-

Cong) a entraîné la présence de dizaines de milliers de conseillers et de militaires

américains dans le pays, présence qui va s'intensifier pour atteindre en quelques

années le demi-million d'hommes. L’instabilité politique du Sud-Vietnam ainsi la

montée en puissance du communisme dans cet état anciennement démocratique, a

pour conséquence une escalade de l’implication des Etats-Unis dans le pays.

B. L'escalade de l'implication américaine :

1. La doctrine du "containment" et la théorie des dominos :

Succédant à Harry Truman en tant que président des Etats-Unis d’Amérique en

1953, Dwight D. Eisenhower est farouchement opposé au communisme et à son

expansion à l’international, si bien que celui-ci accentue la politique du

« containment » développée par la présidence Truman. Signifiant littéralement

« endiguement », cette stratégie de politique étrangère vise à stopper l'extension de

la zone d'influence soviétique au-delà de ses limites atteintes en mars 1947 et à

contrer les États susceptibles d'adopter le communisme. C’est donc pour cela que la

situation vietnamienne sera au centre de ses deux mandats, de 1953 à 1961, et que

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l’engagement militaire américain au Vietnam est décrété. Bien qu'Eisenhower soit

opposé à une intervention américaine directe au Vietnam et croit que le Laos est

dans une situation plus sensible face au communisme, le président a tout de même

commencé à préparer et à justifier à la population américaine qu’une intervention en

Asie du Sud-Est serait possible et souhaitable dans un avenir plus ou moins lointain.

En avril 1954, il est le premier à faire référence publiquement à la théorie des

dominos. Cette théorie géopolitique soutient l’idée que le basculement idéologique

d'un pays en faveur du communisme serait suivi du même changement dans les

pays voisins selon un effet domino. Cette théorie sera invoquée par la suite par

différentes administrations américaines pour justifier leur intervention dans le monde

(Moyen-Orient, Amérique du Sud). À cette époque, cette théorie est mise à l’avant-

plan afin de demander le soutien de la France et du Royaume-Uni afin de prévenir le

développement du communisme en Asie du Sud-Est. Cette théorie est, par la suite,

utilisée par toutes les administrations américaines afin de justifier les interventions

armées au Vietnam. Selon cette idée politique, si l'Indochine tombe sous le joug

communiste, il se créerait une réaction en chaîne où les pays de la région

deviendraient, eux aussi, communistes. Cette théorie a du succès et est mise de

l’avant pendant une longue période de temps, car permet d’expliquer simplement

une situation complexe, et de justifier une quelconque intervention en Asie du Sud-

Est et d’accroître, pour la population américaine, un sentiment de peur sur le

développement du communisme. Il est en fait plus simple et justifié de persuader

l’opinion publique qu’il fallait défendre la Nation américaine plutôt que de justifier une

intervention dans une autre guerre civile, ici la « guerre civile » se déroulant au Sud-

Vietnam. La théorie des dominos est purement défensive, contrairement à d’autres

doctrines énoncées par le passé par d’autres dirigeants américains, comme la big

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stick policy, visant à faire assumer aux Etats-Unis de Théodore Roosevelt une place

de véritable police internationale. Ici, il s’agit non pas de conquérir des pays devenus

communistes, mais bien d’éviter un enchaînement potentiellement dangereux pour

l’avenir du capitalisme. Ainsi, Eisenhower puis Kennedy soutiennent le Vietnam du

Sud, ce qui légitimera par la suite la présence de soldats américains dans cette

région jusqu’en 1975.

2. Le soutien croissant des États-Unis à la République du Vietnam :

Le premier vrai soutien des Etats-Unis envers le Sud-Vietnam se fait par

l’intermédiaire du président John F. Kennedy. Si 57 bases militaires américaines ainsi

que quelques centaines d’officiers américains étaient présents sur le sol Vietnamien

avant l’arrivée au pouvoir de JFK, celui-ci confirme l’interventionnisme des Etats-Unis

dans la région. Le 20 janvier 1961, Kennedy, tout juste investi président des États-

Unis, confirme la présence américaine en portant à 15 000 hommes l'effectif des

conseillers militaires, qui sont en réalité des soldats agissant pour la défense du

président Diem. Cette même armée passe dans le même temps de 170 000 à 270

000 hommes. Deux escadrilles de B-26 et deux compagnies d'hélicoptères Bell UH-1

Iroquois sont envoyées au Sud. En novembre, Kennedy signe le National Security

Action Memorandum, qui autorise l'utilisation de défoliant, produit chimique

extrêmement toxique qui sera à l’origine de lourdes destructions environnementales ;

il autorise également, selon Richard Reeves, journaliste américain spécialiste de la

guerre au Vietnam, le recours au napalm pour détruire les récoltes et le couvert

végétal. Il lança également des programmes de transfert de populations dans des «

hameaux stratégiques », à savoir des camps de concentration ou des bidonvilles. Le


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4 janvier 1962 sont signés entre les États-Unis et le gouvernement de Ngô Đình

Diệm, des accords dont les principaux points portaient sur la pacification, la

démocratisation et la libéralisation, dans le but de protéger le régime controversé de

Diem d’un coup d’état communiste, pouvant faire bascule toute l’Asie du Sud-Est

sous influence soviétique. Kennedy, désirant inaugurer la détente avec Moscou,

ordonne le retrait de 1 000 conseillers américains avant Noël 1963, mais il n'y eut

jamais de volonté de retirer tous les soldats américains du Sud-Vietnam. L'historien

John Prados souligne que Kennedy affirme, dans deux émissions télévisées de

septembre 1963, une sur CBS, l'autre sur NBC, que ce serait une erreur d’ordonner

le retrait de ses troupes du Vietnam. De même c'est bien sous la présidence de

Kennedy que les forces américaines au sud Viêt Nam sont passées de 1 200

soldats, au début de 1962, à 15 400, au milieu de l'année 1963. Si Kennedy

augmente de manière significative le soutien des Américains au Sud-Vietnam, son

successeur, Lyndon B. Johnson va engager le pays d’Oncle Sam dans la guerre

au Nord-Vietnam. Le 30 janvier 1964, un nouveau coup d'État a lieu au sud. Minh

reste le chef officiel, mais le pouvoir réel passe aux mains du général Nguyên Khanh.

Durant le reste de l'année 1964, cinq autres coups d'État, ou tentatives, se déroulent

au Sud, et sept gouvernements s'y succèdent. En mai commencent les raids

américains sur le Laos pour tenter de couper la Piste Hô Chi Minh. Mais ce n’est

seulement qu’en aout 1964 que l’implication américaine dans le conflit Vietnamien va

prendre une autre tournure, suite à l’incident du Golfe de Tonkin.

3. L'incident du Golfe du Tonkin, élément déclencheur de cette guerre :

En 1931, l'armée japonaise simule une attaque de voie ferrée à Mukden pour envahir

la totalité de la Mandchourie. En 1939, les nazis prétextent un faux coup de main


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contre leur poste-frontière de Gleiwitz pour entrer en Pologne. L'incident du Golfe du

Tonkin semble obéir à la même logique : le 4 aout 1964, une attaque imaginaire

contre un bâtiment de guerre américain permettra au président Lyndon Johnson

d'ordonner des bombardements massifs sur le Nord-Viêt-Nam et donc de déclencher

réellement la guerre du Vietnam. Le 4 août, deux destroyers américains USS-

Maddox et C. Turner Joy entament une patrouille en direction de la côte nord-

vietnamienne. Lors de la patrouille, le C. Turner Joy reçoit des signaux sonar et radio

qui sont interprétés comme une autre attaque de torpilleurs nord-vietnamiens.

Pendant près de deux heures, les navires américains font feu sur des cibles

détectées au radar. Il est très improbable que des forces nord-vietnamiennes soient

présente dans ce secteur pendant le combat. Le capitaine John J. Herrick a même

admis en 1976 que ce n'était rien de plus qu'un opérateur sonar « excessivement

zélé » qui « entendait battre sa propre hélice ». Toutefois à ce moment, une grande

partie de l'équipage pense vraiment être sous le feu ennemi. Bien que l’information

obtenue bien après le soir du 4 août indique qu’il n’y a pas eu concrètement

d’attaque nord-vietnamienne, les autorités américaines et tout l’équipage affirment à

l’époque qu’une attaque a eu lieu. Par conséquent, des chasseurs des porte-avions

Ticonderoga et Constellation sont envoyés pour frapper des bases de torpilleurs et

des installations de carburant. Cet « incident » fournit de ce fait au président

Johnson, successeur de Kennedy à la mort de ce dernier, le prétexte pour faire voter

le texte de la résolution par le Congrès américain, qui donne au président le pouvoir

de déclarer la guerre sans avoir à demander au préalable, comme l'exige la

constitution, la permission du Congrès. La Cour suprême, gardienne du respect de

cette constitution, refus de décréter l'anticonstitutionnalité de la guerre malgré les

pétitions qui lui sont adressées. Le président Johnson lance dès le 4 août les

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premiers raids américains sur les positions du Front national de libération du Sud

Viêt Nam au Sud-Vietnam et, le 7 août, il obtient du Congrès les pleins pouvoirs

militaires pour attaquer la République démocratique du Vietnam, territoire sous

influence communiste. Cet incident signe donc le début de l’intervention américaine

au Vietnam et, par conséquence, le véritable début de la guerre.

II. La guerre du Vietnam :1964-1973 :

A. L’implication américaine dans la guerre :

1. L'envoi massif de troupes américaines au Vietnam :

La politique d'escalade militaire des États-Unis au Vietnam commence véritablement

en 1965 sous la présidence de Lyndon B. Johnson. À la fin de 1964, environ 23 000

soldats américains sont déjà présents au Vietnam, principalement dans des rôles de

conseillers et de soutien. Cependant, le 8 mars 1965, un changement significatif se

produit : 3 500 Marines américains débarquent à Da Nang, marquant l'entrée

officielle des forces de combat américaines dans le conflit. Leur mission est

initialement de protéger la base aérienne de Da Nang, mais leur rôle s'élargit

rapidement à des opérations de combat actives. Au cours de l'année 1965,

l'engagement américain s'intensifie rapidement. En juillet, le président Johnson

autorise le commandant des forces américaines au Vietnam, le général William

Westmoreland, à mener des opérations offensives. À la fin de l'année, le nombre de

soldats américains au Vietnam atteint 184 300, un chiffre qui continue de grimper au

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fil des mois. En 1966, le nombre de troupes américaines au Vietnam atteint 385 300,

en 1967 il grimpe à 485 600 et en 1968, année où la présence militaire américaine

atteint son apogée, plus de 536 100 soldats américains sont déployés au Vietnam.

Cet envoi massif de troupes américaines est un engagement colossal. Il représente

un investissement financier énorme, avec des coûts estimés à environ 168 milliards

de dollars pour la durée du conflit. C'est également un engagement humain lourd.

Plus de 2,7 millions de soldats américains servent au Vietnam pendant la durée du

conflit. Pourtant, cet envoi massif de troupes ne parvient pas à apporter la victoire

rapide que les dirigeants américains espèrent. Au contraire, il plonge les États-Unis

plus profondément dans un conflit de plus en plus impopulaire à la maison et difficile

à gagner sur le terrain.

2. Les bombardements aériens et les campagnes terrestres : des résultats

contrastés :

a) Les bombardements aériens :

Le président Lyndon B. Johnson franchit une nouvelle étape le 13 février 1965 en

ordonnant des raids aériens plus étendus sur le Nord, à la suite d’une attaque par le

FNL de la ville portuaire de Quy Nho’n, causant 21 morts du côté américain. En

raison de mauvaises conditions météorologiques, les raids aériens ne commencent

que le 2 mars. Cette opération dure 38 mois et déverse un demi-million de tonnes de

bombes, un nombre équivalent à celles envoyées sur l’Allemagne nazie durant toute

la seconde Guerre Mondiale. Cette opération, nommée « Rolling Thunder »,

littéralement « tonnerre roulant », est effectuée entre le 2 mars 1965 et le 1er

novembre 1968. L’objectif principal de cette opération est de convaincre le Nord-


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Vietnam à cesser son soutien à l'insurrection communiste du Viêt-Cong et de détruire

les systèmes de transports, la base industrielle et les défenses aériennes du Nord-

Vietnam. Toutefois, la réalisation de ces objectifs est rendue difficile par les

contraintes imposées aux États-Unis et leurs alliés par des exigences de la guerre

froide ainsi que par l'aide multiforme reçue du Nord-Vietnam par ses alliés

communistes que sont l'URSS et la République populaire de Chine. Cette opération

est vue comme un échec par les stratèges américains dans la mesure où plus de

500 avions de l’US Air Force sont détruits tout comme 397 bombardiers de l’US

Navy. En outre, les objectifs recherchés ne sont pas atteints, l’effet inverse se produit

même : la résistance des Nord-Vietnamiens et des Viêt-Cong n’a jamais été aussi

farouche qu’à la suite de cette opération. Enfin, les dégâts causés par ces

campagnes de bombardements sont à la base d’un changement d’opinion de la

population américaine. En effet, plus de 30 000 civils Vietnamiens perdent la vie lors

de cette opération, et des images choc sont publiées, comme la photographie de

l’américain Nick Ut, montrant une petite fille brûlée au napalm. D’autres raids aériens

suivent l’opération « Rolling Thunder » tel l’opération « Linebacker » mais seront

toutes des échecs à différents degrés.

b) Les campagnes terrestres américaines :

Le 7 mars 1965, Johnson ordonne le déploiement terrestre d'une brigade de 3 500

Marines en vue de protéger la base de Da Nang ; celle-ci débarque le lendemain. Le

9 mars, Johnson autorise l'usage du napalm, essence gélifiée dont l’objectif principal

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est de brûler les objets et les personnes en se collant à celles-ci. En avril 1965, la

RDVN décrète la mobilisation générale et décide de faire intervenir des unités

régulières de l'armée populaire vietnamienne au Sud. Simultanément, le Pentagone

et le président Johnson prennent la décision d'engager les États-Unis dans la bataille

terrestre au Sud avec pour ordre une mission offensive de « recherche et destruction

» afin d'écraser la rébellion communiste de plus en plus populaire. De vastes régions

du Sud-Vietnam sont déclarées « Free fire zone », c'est-à-dire que tous ceux qui y

demeurent sont considérés comme des ennemis. Les villages soupçonnés

d'accueillir des insurgés du FNL sont la cible de l'opération « recherche et destruction

». Selon Howard Zinn, tout homme en âge de porter une arme est abattu sur le

champ par les armées américaines. En octobre 1965, se déroule le premier combat

terrestre entre Américains et soldats réguliers du Nord à Pleime sur les plateaux du

Centre-Annam, culminant au cours de la bataille de la vallée de la Drang, qui se

déroule du 14 au 18 novembre 1965, et lors de laquelle les deux belligérants

subissent de lourdes pertes : l'armée américaine perd 234 soldats et 242 soldats

nord-vietnamiens sont abattus. La victoire américaine lors de cette bataille est

certaine, permettant aux troupes de Westmorland une avancée significative au nord

du pays. Pendant les années 1966 et 1967, les bombardements se poursuivent sur

le Vietnam du Nord. Malgré l’aide de 48 000 Sud-Coréens, 10 000 Thaïlandais et 4

000 Australiens, les positions semblent se figer et la défaite américaine apparaît

comme certaine. En effet, la logique de cette guerre échappe aux troupes

américaines : celles-ci, qui excellaient lors de conflits réguliers tel les deux Guerres

Mondiales, se retrouvent ici confrontées à un tout autre type de guerre : la guérilla.

3. L’aide russe et chinoise permet aux communistes vietnamiens de résister :

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Réputée comme la plus puissante du monde, l’armée américaine a du mal à faire

plier les forces nord-vietnamiennes ainsi que le Viêt-Cong. Cela s’explique

premièrement par le fait que la Chine et la Russie, toutes deux communistes, aident

massivement les troupes vietnamiennes communistes. La Chine envoie entre août

1965 et août 1973 environ 320 000 soldats de l'Armée populaire de libération pour

aider la République du Vietnam du Nord dans les tâches de défense aérienne et de

logistique. Les premières unités chinoises présentes sur le sol vietnamien sont

composées de deux divisions d’artillerie anti-aérienne et d'un régiment indépendant,

dans le but de parer les nombreux bombardements aériens prévus par les forces de

l’US Air Army. La marine chinoise est également présente. En outre, la Chine fournit

20 milliards de $ d'aide militaire et financière au gouvernement de la RDVN. Le 25

novembre 1965, un traité secret sino-cambodgien est signé : la Chine populaire fait

transiter par le Cambodge les armes pour le FNL, un nouveau moyen d’alimenter la

piste Ho Chi Minh, permettant de faire gonfler le mouvement d’opposition au Sud-

Vietnam. Début octobre 1966, l'URSS annonce une augmentation de son aide à la

RDVN dans la formation du personnel et l'équipement militaire soviétique. Selon des

dossiers partiellement déclassifiés, 6 359 officiers de l'Armée soviétique, envoyés

comme conseillers militaires, prennent part aux opérations de combats,

principalement dans la défense anti-aérienne. Pourtant l'URSS maintient une

politique de « coexistence pacifique » avec les États-Unis et l'Europe occidentale,

L'aide considérable multiforme des pays du Pacte de Varsovie au Vietnam-Nord n’est

toutefois pas gratuit. De nombreux prêts lui sont accordés, mais en 1973 après la

signature des accords de Paris, ils annulent tous la dette. Ainsi, malgré de lourdes

défaites subies lors de batailles « classiques », le Viêt-Cong se replie et privilégie

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des méthodes de combat indirectes. Attaques surprises, souterrains piégés,

cadavres remplis d’explosifs ou encore enfants suicide sont monnaie courante.

Conscients de leur infériorité militaire, les communistes appliquent des tactiques de

guérilla : ils rationnent leurs ressources autant que possible, évitent les combats au

corps à corps contre l'ennemi le mieux préparé et se sont plutôt camouflés dans la

population locale pour lancer des attaques éclairs, généralement de nuit. Choqués

par ces méthodes, les américains commettent d’erreur de surenchérir : le Vietnam

n’est plus une guerre, c’est un charnier. Malgré des pertes importantes du côté Viêt-

Cong, environ 60 000 par an selon une étude du Pentagone, celui-ci parvient à

recruter plus de soldats qu’il n’en perd. L’armée américaine s’embourbe dans sa

guerre ; la résistance Viêt-Cong n’était pas attendue. Ainsi, ce conflit tourne au fur et

à mesure à l’avantage des communistes.

B. Les tournants du conflit :

1. L'offensive du Têt :

Les forces américaines, certaines qu’ils verraient d’ici peu la « lumière au bout du

tunnel » ravalent rapidement leurs espoirs. Le 30 janvier 1968, alors que l’ennemi

communiste semblait être sur le point de s’effondrer, ce dernier lance l’offensive du

Têt. Vainqueur de la bataille de Dien Bien Phu contre les français en 1954, le général

Giap se charge de commander les opérations, préparées minutieusement depuis

plusieurs mois. En janvier 1968, 81 000 tonnes de matériel et 200 000 soldats ont

déjà fait le voyage vers le Sud-Vietnam en empruntant la piste Hô Chi Minh. Pour

parfaire son opération, Hanoï déclenche une offensive diplomatique à la fin de 1967,
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Fayein Louis-Arthur/de Biasi Pierre-Alexandre

appelant à l'arrêt unilatéral des bombardements sur le Nord-Vietnam, l'opération

« Rolling Thunder ». Les renseignements sud-vietnamiens et américains estiment les

forces communistes au Sud-Viêt Nam en janvier 1969 à 323 000 hommes, dont 160

000 du FNL, 130 000 réguliers de l'armée du nord et 33 000 personnes affectées à la

logistique. L'offensive du Tết a été lancée par les forces vietnamiennes le 30 janvier

1968, jour du Nouvel An lunaire. Les combats commencent dans les villes de

Saïgon, Huế et Da Nang, ainsi que dans plusieurs autres villes et villages du Sud-

Vietnam. En tout, c’est plus de 30 villes du Sud-Vietnam qui sont attaquées par les

forces du Viêt-Cong. L'attaque prend les forces américaines et sud-vietnamiennes

par surprise, car elles ne s’attendant pas à une telle attaque pendant les célébrations

du Nouvel An lunaire. Le 31 janvier 1968, c’est plus de 80 000 Viêt-Cong qui

émergent des caves, des souterrains et de tunnels consciencieusement creusés

pendant des mois. L’ambassade américaine de Saigon est elle aussi attaquée.

Toutefois, les Américains parviennent à défendre, non sans difficulté, et réussissent à

repousser les Viêt-Cong. Si cette bataille s’agit en théorie d’une victoire pour les

Américains, l’offensive du Têt choque l’opinion américaine, tenue dans la croyance

que les Nord-Vietnamiens étaient incapables d’un tel assaut, et affecte profondément

l’administration de Lyndon B. Johnson dont de nombreuses personnalités se

positionnent contre cette guerre, ce qui en altère décisivement le cours. 14 000 tués

et 24 000 blessés parmi les civils ; 10 000 pertes parmi les soldats du Sud-Vietnam

et plus de 2 000 parmi les militaires américains sont à déplorer lors de cette

offensive. Après cet évènement, les Américains prennent conscience qu’ils ne

pourront pas gagner la guerre du Vietnam. A la suite de l’offensive du Têt, le

président Johnson propose de négocier avec Ho Chi Minh, qui accepte à condition

que le général de guerre Westmorland soit démis de ses fonctions. La Maison

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Fayein Louis-Arthur/de Biasi Pierre-Alexandre

Blanche accepte et des pourparlers s’ouvrent à Paris le 13 mai 1968. Le 9 juin, le

président Johnson remplace Westmorland comme commandant des opérations

militaires par le général Creighton W. Abrams. Bien que cette décision ait été prise

en décembre 1967 et que Westmorland fut nommé Army Chief of Staff, nombreux

sont ceux qui voient son limogeage comme une punition pour la débâcle du Têt.

2. Un conflit fortement médiatisé à l’origine de contestations :

La guerre du Vietnam est une des premières guerres à être aussi médiatisée. Les

images des conflits et des morts s'insèrent dans les foyers américains. C’est

également l’un des conflits les plus sanguinaire après la Seconde Guerre mondiale

pour les civils qui sont devenus les cibles majeures des guerres irrégulières : en

effet, plus de 2 millions de civils périssent lors de ce conflit. En outre, la propagande

communiste est relayée par les différentes composantes du mouvement anti-guerre

à l’étranger. Les journalistes dénoncent les nombreuses pertes civiles ainsi que les

destructions récurrentes des bâtiments et des hôpitaux dès 1965 et l’implication

américaine dans le conflit. Au début de cette guerre, les médias américains subissent

la censure de Washington et de l’armée américaine. Cependant, après le massacre

de Mỹ Lai en novembre 1969, lors duquel 504 civils vietnamiens sont tués pour

aucune raison, les journalistes prennent conscience de la réalité sur le terrain et

changent la tonalité de leurs articles. Plusieurs titres de presse émergent aux États-

Unis afin de contester et d’organiser les mouvements contestataires contre ces

atrocités. Les premières altercations contre la guerre du Vietnam émanent des

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Fayein Louis-Arthur/de Biasi Pierre-Alexandre

milieux universitaires et notamment de l’université du Michigan. Celle-ci fonde en

1964 l'association « Students for a Democratic Society ». Dans un premier temps, les

médias dominants servent d’instrument de propagande au service du gouvernement

américain dépendamment des moments du conflit. Dans un second temps, cette

critique souligne à l’inverse le rôle secondaire des médias dans l’apparition des

nombreuses protestations et la fin de la guerre. La défaite militaire des Américains

est une conséquence d’une stratégie militaire erronée ainsi qu’une couverture

médiatique importante. Celles-ci entraînent la perte du soutien populaire de la

population américaine lors de la guerre du Vietnam. Durant ces années de guerre,

plusieurs manifestations se déroulent dans les rues des États-Unis. Les villes

universitaires telles que San Francisco, New York et Boston sont particulièrement

actives dans les protestations. Au début de la guerre vietnamienne, les manifestants

sont surtout des étudiants des classes moyennes. Cependant, avec le temps, le

mouvement d’opposition mobilise des gens de tous âges et de toutes les catégories

sociales. La première manifestation se déroula à Washington le 17 avril 1965

totalisant 20 000 personnes qui se rassemblèrent devant le monument de

Washington. À partir de 1966, le nombre de militants diminue drastiquement, mais la

mobilisation se renforça l’année suivante. Le 15 avril 1967, environ 200 000

personnes défilent à New York contre la guerre. De surcroit, plusieurs personnalités

américaines s'engagent contre la guerre du Viêt Nam. En 1966, le boxeur Mohamed

Ali refuse de servir dans l'armée américaine et devient objecteur de conscience. Le

28 avril 1967, il refuse symboliquement l'incorporation dans un centre de

recrutement. Ainsi, ces nombreuses contestations sont à la base du désengagement

des Etats-Unis sous la présidence de Richard Nixon.

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Fayein Louis-Arthur/de Biasi Pierre-Alexandre

3. La création d’un plan de désengagement progressif par Nixon :

Richard Nixon est élu président en novembre 1968 et démarre son mandat en janvier

1969, lançant sa politique de lent désengagement de la guerre. Il promet, lors de son

discours d’investiture le 20 janvier 1969, de « régler la question vietnamienne dans

les plus brefs délais ». Le but est d'aider le Sud-Vietnam à mettre progressivement

en place sa propre armée afin qu'elle puisse se défendre par ses propres moyens.

Cette politique devient la clé de voûte de la « doctrine Nixon », voulant que chaque

pays se charge de sa propre sécurité. Appliquée au Vietnam, la doctrine devient la «

vietnamisation » déjà effectuée par les Français suite au retrait des troupes

d’Indochine, qui l'appelaient « le jaunissement de la guerre ». Le but de la

« vietnamisation » est de permettre à l'armée de la RVN de tenir de mieux en mieux

contre le FNL et l'armée du Nord-Vietnam, et surtout de ne plus faire subir autant de

pertes à l'armée américaine. Cela doit aussi donner, selon le mot de Henry Kissinger,

conseiller de Richard Nixon, « l'intervalle nécessaire » au désengagement des

troupes américaines. Les soldats du Sud-Vietnam continuent d’être formés par les

Américains. Entre 1968 et 1975, 200 000 membres du FNL et soldats de la RDVN

ont fait défection. En 1968, l'armée de la RVN compte 900 000 hommes. Toutefois,

Nixon approuve en mars 1969 une campagne secrète de bombardement des

positions du Nord-Vietnam au Cambodge afin de détruire ce qui était considéré

comme les quartiers-généraux du Viêt-Cong : c’est l’opération « Menu ». Cette

tactique était déjà appliquée sous l'administration Johnson et on estime que les

Américains ont largué plus de bombes sur le Cambodge pendant la guerre du

Vietnam que n'en ont utilisé les Alliés durant la Seconde Guerre mondiale. Au milieu
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Fayein Louis-Arthur/de Biasi Pierre-Alexandre

de l'année 1969, Nixon entame des négociations de paix avec les Nord-Vietnamiens

et des pourparlers commencent à Paris. En juillet 1969, Nixon visite le Sud-Vietnam

où il rencontre les commandants américains et le président Nguyễn Văn Thiệu. Face

aux nombreuses contestations de l’opinion publique américaine et vietnamienne, il

organise rapidement un retrait progressif des troupes américaines mais autorise

cependant des incursions au Laos en partie pour fermer la piste Hô Chi Minh qui

ravitaille le Viêt-Cong à travers le Laos et le Cambodge.

4. Le retrait des troupes américaines entraîne la signature des accords de

Paris :

A ces nouveaux bombardements s’ajoute la mort de Ho Chi Minh le 2 septembre

1969, à qui succède des partisans de la guerre totale, refusant tout traité de paix

avec leurs ennemis. Les derniers espoirs de négociations ayant volé en éclat, Nixon

souhaite en finir ; alors, il organise le retrait progressif des troupes américaines à

partir de 1969, qui se n’achève qu’en 1973. En 1971, il n’y a plus que 150 000

soldats américains sur les 450 000 déployés à l’apogée de la guerre. Les derniers

conseillers militaires et soldats américains se retirent le 29 mars 1973 du Sud-

Vietnam. Le 27 janvier 1973, les accords de paix de Paris sont signés dans les

bureaux du ministère des Affaire étrangères françaises, avenue Kleber, à Paris. Les

signataires de ces accords de paix sont les Etats-Unis, le Nord-Vietnam, la

République du Vietnam ainsi que les représentants du FLN. Les négociations,

menées par le conseiller à la sécurité nationale américaine, Henry Kissinger, et le

Duc Tho, membre du Politburo du Nord-Vietnam, avalisent le désengagement

militaire américain. Ils prévoient également la libération des prisonniers de guerre, la


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Fayein Louis-Arthur/de Biasi Pierre-Alexandre

mise en place d’une commission de surveillance pour superviser l’application des

accords, mais surtout la mise en place d’une ligne de cessez-le-feu qui dans toute la

région. Le Vietnam est désormais divisé en deux zones : le Nord-Vietnam contrôlé

par le gouvernement de la République démocratique du Vietnam et le Sud-Vietnam

contrôlé par le gouvernement de la République du Vietnam. Une zone tampon est

créé le long de la ligne de cessez-le-feu pour séparer les deux zones. Chaque état

est indépendant et doit reconnaître les frontières de son voisin. Toutefois, ceux-ci ne

sont pas respectés, le Nord-Vietnam souhaitant réunifier le pays sous l’égide du

communisme.

C. Les offensives Nord-Vietnamiennes au Sud et la fin des combats :

1. L’avancée rapide des communistes vers le Sud :

Ainsi, le Nord-Vietnam avance ses pions. L’armée du Sud, gangrénée par des

officiers incompétents et des soldats démoralisés, recule province après province.

Après la signature des accords de paix de Paris, entre 10 et 12 divisions du Nord-

Vietnam stationnent au Sud-Vietnam ainsi qu'environ 300 000 combattants du FNL.

À la fin de l’année 1974, en violation des accords de Paris, 100 000 soldats

communistes s'infiltrent au Laos et au Cambodge dans des camps frontaliers puis

dans les zones « libérées » au sud. En décembre 1974, les troupes de la RDVN font

une nouvelle tentative en envahissant la province de Phuoc Long depuis le

Cambodge. Le 17 janvier 1975, elles occupent la capitale régionale de Phuoc Binh, à

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Fayein Louis-Arthur/de Biasi Pierre-Alexandre

160 km de Saïgon, capitale administrative du Sud-Vietnam. L’armée sud-

vietnamienne perd 3 000 soldats. Le président de la République du Vietnam, Nguyễn

Văn Thiệu, décide de répartir ses forces armées afin de couvrir tout le territoire, qui,

contrairement à la RDVN, s'étale tout en longueur. Son but est de prévenir les

incursions des unités communistes qui s’infiltrent au sud via la Piste Hô Chi Minh au

Cambodge. Toutefois, en dispersant ses forces, il commet une erreur stratégique

tandis que le Nord-Vietnam se préparait à frapper en force à l'endroit de son choix.

En mars 1975, le général nord-vietnamien Văn Tiến Dũng lance une offensive très

bien planifiée. Le nord lance de multiples petites attaques de diversion sur les

provinces du centre afin disperser les troupes du Sud-Vietnam. Mais le gros de ses

forces est engagé afin d'envahir la province de Đắk Lắk au centre, se plaçant ainsi

en position de couper en deux le Sud-Vietnam. Au total, ce sont 17 divisions

d’infanterie de l'armée populaire vietnamienne organisées en 4 corps d’armée

conventionnels appuyés par 700 blindés, des milliers de pièces d’artillerie et des

centaines de batteries de missiles sol-air qui sont engagées, alors que l'armée de la

République Vietnamienne n’ont plus le soutien logistique des États-Unis. Croyant à

une simple opération de diversion, les forces du sud n’envoient aucun renfort pour

stopper les différentes attaques. Rapidement, l'offensive sur les villes du centre

tourne à la catastrophe pour les troupes républicaines qui sont submergées par le

nombre de soldats communistes et par leurs tactiques. Paniqué, le président du Sud-

Vietnam ordonne la retraite dans la ville de Đà Nẵng de la 1re division d'infanterie,

alors sa meilleure unité, stationnée autour de la ville d’Hué. Gênées par le flot de

réfugiés, les meilleures troupes sudistes se font battre en pleine campagne. Thiệu

ordonne ensuite un retrait général dans la cité de Pleiku qui est le siège de l'état-

major du général Pham Van Phu. Il organise une retraite car la défaite est certaine : il

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Fayein Louis-Arthur/de Biasi Pierre-Alexandre

évacue sa famille et ses principaux officiers à Saïgon. Des grandes villes, tel qu’Hué

ou Da Nang tombent successivement les 25 mars et 2 avril 1975. La chute de la

capitale Saïgon semble certaine.

2. La chute de Saïgon et la cessation des combats :

Début avril 1975, la région de Saïgon est encerclée. Après une quinzaine de jours de

combats acharnés à partir du 9 avril à Xuân Lộc, dernier verrou avant Saïgon, où la

18e division de l'armée sud-vietnamienne tente d'enrayer la progression des forces

communistes, le président Nguyễn Văn Thiệu démissionne le 21 avril et est remplacé

par le vice-président Trần Văn Hương, lui-même remplacé le 28 avril par Dương Văn

Minh, surnommé « le Président de 3 jours ». Les troupes nord-vietnamiennes sont

alors aux portes de Saïgon. Dans les premières heures du 30 avril 1975, la 324e

division nord-vietnamienne est la première unité constituée à entrer dans la ville.

Après que les communistes aient refusé toutes négociations, le président de la

République du Vietnam, Dương Văn Minh ordonne la reddition des troupes de

l’armée sud-vietnamienne, reddition qui est acceptée par les autorités du Vietnam du

Nord, tandis que des hélicoptères américains surchargés évacuent la ville. À 7 h 53,

le 30 avril, le dernier hélicoptère décolle du toit de l'ambassade des États-Unis à

Saïgon : des milliers de Sud-Vietnamiens, candidats à l'exil, se pressent encore dans

les jardins. À 10 h 24, le président du Sud-Vietnam annonce la capitulation du pays.

À 11 h 30, des chars nord-vietnamiens détruisent les portes du palais présidentiel. Le

drapeau du Viêt-Cong est hissé sur le toit du palais. Le colonel nord-vietnamien Bui

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Fayein Louis-Arthur/de Biasi Pierre-Alexandre

Tin, alors l'officier du rang le plus élevé à pénétrer dans le palais présidentiel de

Saïgon, reçoit la reddition du Président Dương Văn Minh. À 15 h 30, le dernier

président de la République du Vietnam annonce à la radio : « Je déclare que le

gouvernement de Saïgon est complètement dissous à tous les niveaux ». La guerre

du Vietnam est perdue par les partisans de la démocratie, au profit des

communistes.

III. Les conséquences de la guerre du Vietnam :

A. Bilans humains et territoriaux :

1. Des pertes humaines énormes des deux côtés :

Des millions de Vietnamiens sont morts pendant ou après la guerre, du fait des

défoliants ou autres armes chimiques utilisées par les forces américaines. Les

registres officiels sont difficilement consultables, quand ils existent, et nombreux

parmi les tués sont littéralement déchiquetés par les bombardements. Il est ainsi très

difficile de s'accorder exactement sur ce qui doit compter comme « victime de guerre

du Vietnam » ; des gens sont encore aujourd'hui tués par des mines non explosées.

Par ailleurs, la contamination d'une partie des sols entraîne aujourd'hui encore de

graves problèmes de santé, tel que malformations à la naissance ou bien le

développement de cancers des poumons et de la prostate. Les estimations de pertes

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Fayein Louis-Arthur/de Biasi Pierre-Alexandre

les plus basses, basées sur les déclarations du Nord-Vietnam sont autour de 1,5

million de Vietnamiens tués. Le Vietnam a annoncé le 3 avril 1995 qu'un total d'un

million de combattants et deux millions de civils avaient été tués durant la guerre.

Les pertes du Sud-Vietnam sont estimées à 255 000 militaires et 430 000 civils tués,

dont 80 000 en 1974, soit plus que toute autre année de guerre, un an après

l'évacuation des dernières forces américaines. Dans les années 1980, des

estimations américaines situent le nombre de victimes causées par la répression à

l'exode après 1975 au-dessus du demi-million, dont 65 000 à 100 000 exécutions par

le régime communiste, 150 000 à 175 000 prisonniers disparus, le reste étant des

« boat-people ». Concernant les forces US, environ 3% des forces engagées furent

tuées. Du côté américain, les pertes sont aussi assez lourdes. L'US Army subit la

plupart des pertes, soit 38 179 soldats ou environ 65% de l'ensemble. Toutefois, les

Marins perdent le plus grand pourcentage de leurs soldats engagés, soit 5%,

représentant un total de plus de 25% de toutes les pertes. En outre, seulement 8

américaines sont tuées au Vietnam : 5 Lieutenant de l'armée, 1 Capitaine, 1

Lieutenant-Colonel et 1 capitaine de l'US Air Force. Au total il y eut presque 212 000

tués ou blessés gravement soit 10% des troupes américaines ayant servi au

Vietnam. L'US Army totalise 134 982 tués ou blessés graves et les Marins 66 227

soit presque 25% de l'ensemble des marines qui servirent au Vietnam.

2. La destruction du Vietnam :

Ainsi, ce n’est pas seulement la population vietnamienne qui a été touchée ;

l’environnement et les infrastructures étant des victimes non-négligeables de ce

conflit. Les herbicides utilisés lors de ce conflit servant à bombarder les villages

vietnamiens sont à la base d’un gigantesque dérèglement des écosystèmes. En


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Fayein Louis-Arthur/de Biasi Pierre-Alexandre

1962, le programme de défoliation par l’armée américaine pendant la guerre du

Vietnam constitue le volet majeur, où il visait à détruire la végétation et les récoltes.

Les agents chimiques, tel que les célèbres « napalm » et « agent orange »

provoquent de la sécheresse sur les feuilles et la tige, causant ainsi la mort brutale

des plantes. L’opération Ranch Hand, menée de 1962 à 1971 au Nord-Vietnam par

l’armée américaine, pour sa part, avait comme cible les forêts et allait jusqu’à la

destruction des cultures grâce à l’utilisation des agents bleu, blanc, vert ou encore

orange. À la fin de cette opération, 70 000 000L de produits chimiques, notamment

des agents Orange et Blanc, pour la végétation et forêt et Bleu, pour les cultures ont

été pulvérisés sur une superficie d’un total de 20% de la forêt vietnamienne. L’Agent

Bleu, pour sa part, a eu un effet dévastateur particulièrement sur la récolte de riz,

déclenchant, ainsi, un exode de la population rurale. Cette opération en particulier

avait comme objectif pousser les paysans vers des camps de réfugiés ou bien dans

des villes où il était plus facile de les surveiller. La guerre du Vietnam est tout aussi

dévastatrice sur le plan matériel. Elle entraîne la destruction de presque toutes les

infrastructures de transport. Les autres types d’infrastructures ne sont quant à eux

pas épargnés. 10 hôpitaux sont ainsi détruits, 15 universités et plus de 3000 écoles.

B. Les conséquences pour les populations locales :

1. L’unification de l’état Vietnamien :

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Fayein Louis-Arthur/de Biasi Pierre-Alexandre

Divisé depuis 1954, le Vietnam est réunifié de la frontière de Chine à la pointe de

« Ca Mau », située dans l’extrême sud du pays, le 2 juillet 1976 pour créer la

république socialiste du Vietnam. Saïgon est renommée Hô Chi Minh-Ville en

l'honneur du précédent président de la RDVN et symbole de l’indépendance

vietnamienne. A la suite de la réunification du pays, une crise sociale éclate dans le

pays : il y’a une véritable « catastrophe sociologique » sans précédent pour une

population rurale agglutinée dans des villes et vivant d’une « économie des

poubelles ». Durant les premières années suivant la réunification, trafic de drogue et

prostitution permettent à plus de 15% de la population, majoritairement sud-

vietnamienne, de subsister. En outre, de 1975 à 1982, 65 000 personnes sont

exécutées au Vietnam et plus d'un million sont envoyées en « camps de rééducation

» ; en effet, le nouveau gouvernement socialiste craint un coup d’état organisé par

les partisans de la démocratie et soutenu par les Américains. Leurs biens

personnels sont confisqués pour une période plus ou moins longue. La plus grande

conséquence sur le développement sud-est asiatique est le fait que les plus grands «

cerveaux » du Viêt Nam fuient aux États-Unis avec les Américains (on parle de

« brain drain », littéralement fuite des cerveaux), soient décimés par la guerre ou

aient disparu dans les camps de rééducation communistes. Du peu d'intellectuels qui

ont survécu à la catastrophe, très peu trouvent un travail, car une bonne partie

d'entre eux sont opposés au gouvernement communiste qui privent de travail.

Déchiré par le conflit et par une crise sociale, le pays, qui compte environ 50 millions

d'habitants, doit faire l'objet d'un effort de reconstruction colossal. Pour planifier ce

redressement, une Assemblée nationale de 492 membres est élue le 25 avril 1976.

Les Nord-Vietnamiens exercent une influence dominante au sein du cabinet. L'un

d'entre eux, Pham Van Dong, conserve le poste de premier ministre qu'il occupait

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Fayein Louis-Arthur/de Biasi Pierre-Alexandre

depuis 1955 au Nord-Vietnam. Comme l'indique le nom qui est adopté le 2 juillet

1976, la République socialiste du Vietnam mise sur un modèle socialiste pour

favoriser son développement, toutefois fortement piloté par l’URSS dans les années

qui suivent la réunification. Le nouveau drapeau, à la couleur rouge et à l’étoile

jaune, rappelle les inspirations marxistes de l’URSS.

2. La victoire du communisme en Asie du Sud-Est :

Après la fin de la guerre et la victoire du Nord-Vietnam en 1975, plusieurs pays

d'Asie du Sud-Est voient l'arrivée au pouvoir de gouvernements communistes,

souvent soutenus par le Vietnam. Cette période est marquée par une série de

conflits et de troubles politiques qui ont des répercussions sur l'ensemble de la

région. Au Laos, le Front patriotique lao, soutenu par le Vietnam, renverse le

gouvernement royaliste soutenu par les États-Unis en 1975, établissant un

gouvernement communiste dirigé par le Parti révolutionnaire populaire lao. Le pays

est isolé sur le plan international, mais maintient des relations étroites avec le

Vietnam et la Chine. Au Cambodge, les Khmers rouges renversent le gouvernement

de Lon Nol soutenu par les États-Unis en 1975, instaurant un régime communiste

dirigé par Pol Pot. Cette période est marquée par des atrocités massives, notamment

le génocide cambodgien, qui a coûté la vie à environ 1,7 million de personnes. En

1979, le Vietnam envahit le Cambodge, renversé les Khmers rouges et installé un

gouvernement pro-vietnamien. En Birmanie, la guerre civile continue après la fin de

la guerre du Vietnam. Le Parti communiste de Birmanie combat le gouvernement

soutenu par les États-Unis pendant plusieurs années, mais est finalement vaincu en

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Fayein Louis-Arthur/de Biasi Pierre-Alexandre

1989. Depuis lors, le pays est dirigé par une junte militaire qui a souvent des

relations tendues avec le Vietnam et la Chine. En Indonésie, le Parti communiste

indonésien est écrasé en 1965 lors d'un coup d'État militaire soutenu par les États-

Unis. Cependant, la gauche indonésienne reste active dans les années qui suivent,

et le pays est marqué par des conflits politiques et sociaux importants.

3. Le sort des « boat people » :

L'effondrement de la République du Sud Vietnam en avril 1975 entraîne une

première vague de personnes à quitter précipitamment le pays, fuyant devant le

régime communiste. Rapidement d'autres vagues de réfugiés leur succèdent sur des

embarcations de fortune : ces personnes, ayant fui les régimes communistes en Asie

du Sud-Est et particulièrement au Vietnam, sont surnommées les « boat people ».

Après la réunification du Vietnam en 1976, avec la radicalisation progressive du

pays, des réseaux clandestins d'émigration se mettent en place. À partir de 1978, le

Vietnam communiste soutenu par l'Union soviétique envahit le Kampuchéa

démocratique en vue de chasser les Khmers Rouges, soutenus par la Chine. La

Chine riposte à partir de 1979 en attaquant à son tour le Vietnam. Les tensions

idéologico-économiques comme les affrontements armés consécutifs inquiètent

énormément les populations du sud du pays, notamment celles ayant évolué dans

un contexte pro occidental, parmi lesquelles la minorité ethnique sino-vietnamienne,

exerçant principalement des activités commerciales. Au fil de ces tensions

idéologiques mais fratricides, et ceci jusqu'à la fin des années 1980, une forme

particulière de départ maritime voit le jour, qualifiée de départ semi-officiel.

Moyennant le versement d'une somme d'argent aux autorités locales et aux

organisateurs, les candidats à l'exil volontaire ne sont pas radicalement empêchés


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Fayein Louis-Arthur/de Biasi Pierre-Alexandre

d'embarquer, fréquemment en surnombre, sur des embarcations souvent

inadéquates au périple. Une fois en mer, les nefs sont victimes des exactions non

seulement de pirates mais également de garde-côtes, outre les avaries et les

naufrages. La quantité des faits et des victimes est telle que les régimes

communistes impliqués ne parviennent pas à les minimiser ou dissimuler. Le Haut-

Commissariat des Nations unies pour les réfugiés estime qu'entre 200 000 et 250

000 personnes ont péri à bord de ces bateaux. Au total, ce sont plus de trois millions

de personnes qui quittent la péninsule indochinoise entre 1975 et 1997, selon le

Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés et plus d'un million de Sud-

Vietnamiens fuient le pays à bord d'embarcations de fortune.

Ainsi, la Guerre du Vietnam illustre la manière dont les tensions de la Guerre Froide

et les processus de décolonisation se sont entrelacés pour créer un conflit complexe

et dévastateur. L'analyse de ses causes, de son déroulement et de ses

conséquences met en lumière l'importance du Vietnam comme champ de bataille

des idéologies et des ambitions géopolitiques. En examinant les causes de la guerre,

on voit que la division du Vietnam en 1954 en deux entités politiques distinctes - le

Nord communiste et le Sud non-communiste - a été le résultat à la fois de la fin de la

colonisation française et des rivalités de la Guerre Froide. Le refus de Ngô Dinh

Diem, soutenu par les États-Unis, de tenir des élections prévues pour unifier le pays,

a déclenché une guerre civile qui s'est transformée en guerre internationale, en

raison de l'intervention américaine massive. La guerre a été marquée par une

intensité et une violence extrêmes, avec des tactiques de guérilla, une mobilisation

massive de la population civile et l'utilisation extensive de la force aérienne par les


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Fayein Louis-Arthur/de Biasi Pierre-Alexandre

États-Unis. Le fait que la guerre était en grande partie une guerre d'idéologies - le

communisme contre le capitalisme - a contribué à sa prolongation et à son

amertume. Quant aux conséquences de la guerre, elles ont été profondes et

durables, à la fois pour le Vietnam et pour le monde. La victoire communiste en 1975

a non seulement transformé le Vietnam, mais a également influencé les relations

internationales et la politique étrangère américaine, alimentant les débats sur

l'interventionnisme militaire et les droits de l'homme. Enfin, si l'on regarde au-delà de

la Guerre du Vietnam, on peut voir comment les leçons de ce conflit ont influencé la

manière dont les États-Unis et d'autres pays ont abordé des conflits ultérieurs,

comme la Guerre en Afghanistan. Ce conflit, qui a débuté en 2001, présente des

parallèles frappants avec le Vietnam, notamment en ce qui concerne les défis posés

par la guérilla et l'intervention militaire étrangère dans un conflit civil complexe. Cela

suggère que, malgré la fin de la Guerre Froide, les enjeux soulevés par la Guerre du

Vietnam n’en sont pas moins actuels.

Bibliographie :

 Ouvrages :

Par le sang versé, Paul Bonnecarrère, 1968, Bayard

Retour à Matterhorn, Karl Marlantes, 2009, Calmann-Lévy

Les tunnels de Cu Chi, Tom Mangold, 1985, Albin Michel

33
Fayein Louis-Arthur/de Biasi Pierre-Alexandre

Sympathy for the devil, Kent Anderson, 1971, Gallimard

Le nom des morts, Stewart O’Nan, 1999, Points

La guerre du Viêt Nam : Un conflit meurtrier, 2017, 50Minutes

 Manuels scolaires :

Histoire Terminale, Nathan, 2020, Sébastien Cote, pages 166-167

Histoire Terminale, Hachette Edition, 2020, Michaël Navarro, Henri Simmoneau

Histoire Terminale, Belin Education, 2020, David Colon

 Sitographie :

 https://www.demopolis.fr/ Demopolis : Guerre du Vietnam : explications et

dates importantes

 http://www.universalis-edu.com/ : Encyclopédie : Guerre du Vietnam

 https://www.youtube.com/ : « Pourquoi les Etats-Unis ont-ils perdu la guerre

du Vietnam ? », La Folle Histoire, 28 mars 2023

 https://youtube.com/ : « Pourquoi la "fille au Napalm" n’a PAS mis fin à la

guerre du Vietnam », Le Monde, 12 juin 2022

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Fayein Louis-Arthur/de Biasi Pierre-Alexandre

 https://enseignants.lumni.fr/ : 1955-1975 : Vietnam, l'impossible guerre des

États-Unis

 https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/ : 1964, l’incident du golfe du

Tonkin

 https://www.lepoint.fr/editos-du-point/ : Le jour où Saïgon est tombée

 https://www.persee.fr/ : Une guerre chimique sans fin : l’Agent orange au

Vietnam

 https://www.geo.fr/histoire/ : Pourquoi la bataille de Dien Bien Phu est-elle

célèbre ?

 https://www.francetvinfo.fr/sports/ : Ça s'est passé un 28 avril 1967 :

Mohamed Ali refuse son incorporation pour la guerre au Vietnam

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