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République Démocratique du Congo

ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET UNIVERSITAIRE


UNIVERSITÉ OFFICIELLE DE BUKAVU
U.O.B.

B.P. 570 BUKAVU/RDC

ÉCOLE DES MINES

RAPPORT TECHNIQUE DES IMPACTS


ENVIRONNEMENTAUX DUS A
L’EXPLOITATION AURIFERE : CAS DE LA
MINE DE TWANGIZA
Par :

 MULINDILWA MPALA Landry


 MUSHAGALUSA ILUNGA Armand
 SAMI BAHATI
 ZAWADI MAKIWA Paul

Directeur : PhD Muma

Promotion : Grade I, Exploitation des minerais

Année Académique : 2022-2023

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TABLE DES MATIERES

I. INTRODUCTION............................................................................................................. 2
II. PRESENTATION DE L’ENTREPRISE .................................................................... 3
II.1. Aperçu géographique ................................................................................................ 3
II.2. Aperçu géologique ..................................................................................................... 4
II.3. Aperçu Historique ..................................................................................................... 4
III. OPERATIONS .............................................................................................................. 5
III.1. Méthode d’exploitation : forage et dynamitage .................................................. 5
III.2. Méthode de traitement : l’usine ............................................................................ 6
III.3. Le stockage ............................................................................................................. 6
IV. REVUE DES PROBLEMES ENVIRONNEMENTAUX DUS AUX ACTIVITES
MINIERES ................................................................................................................................ 7
IV.1. Introduction ............................................................................................................ 7
IV.2. Principes de l’EIE .................................................................................................. 8
IV.3. Type d’impact ......................................................................................................... 9
V. IDENTIFICATION DES IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX .............................. 11
V.1. Aspect socio-économique ........................................................................................ 11
V.1.1. Contexte avant la mine de Twangiza .............................................................. 11
V.1.2. Impact de la mine de Twangiza ...................................................................... 11
V.2. Aspect environnemental .......................................................................................... 15
V.2.1. Contexte avant la mine de Twangiza .............................................................. 15
V.2.2. Impact de la mine de Twangiza ...................................................................... 16
VI. MOYENS DE SURVEILLANCE ET ATTENUATION DES IMPACTS ............. 18
VI.1. Aspect socio-économique ..................................................................................... 18
VI.2. Aspect environnemental ...................................................................................... 19
VII. PRINCIPAUX INTERVENANTS DANS L’EVALAUATION DES IMPACTS
ENVIRONNEMENTAUX ..................................................................................................... 21
VIII. RESPONSABILITE SOCIETALE DE L’ENTREPRISE ................................... 22
IX. CONCLUSION ............................................................................................................ 24
Bibliographie.................................................................................. Erreur ! Signet non défini.

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I. INTRODUCTION

À l'aube de ce XXIème siècle, l'industrie minière devient de plus en plus exigeante en termes
de la qualité du personnel afin d'assurer une bonne productivité et une bonne gestion sécuritaire
des matériels et des personnels. En effet, elle est frappée en plein fouée par un mouvement
socio-écologique qui s’est concrétisé en une notion sans laquelle il est difficile, voire
impossible, d’envisager l’exploitation minière, c’est la notion de « développement durable ».

En effet, avec l’industrialisation accélérée de ces dernières décennies, l’industrie minière s’est
vu dotée d’une technologie qui lui a permis d’exploiter et de traiter de plus en plus une grande
quantité de minerais dont le rejet ne finit que dans l’innocent environnement. Ceci contribue à
un développement économique croissant, au bonheur de l’entrepreneur, mais au détriment de
la population locale et à l’environnement qui se trouve à la fois polluer et à dégrader (Rudahya,
2020).

Il est alors nécessaire de trouver un équilibre socio-économique tout en étant conciliant avec
son environnement. La tâche qui incombe alors à l’ingénieur est de pouvoir identifier
correctement, de quantifier objectivement et de proposer des méthodes d’atténuation
significative de ces impacts dus à l’exploitation minière.

Ainsi, le rôle primordial de l'Université revient à produire une main-d'œuvre compétente et


capable de relever les défis et les exigences de l'industrie minière moderne, et qui peut être
considérée comme un capital humain à la fois pour la société et les entreprises. L'atteinte de cet
objectif noble favorise automatiquement une formation qui doit passer essentiellement par des
travaux s’inspirant des cas réels afin de discerner la complexité de problème afin de proposer
des solutions à des problèmes environnementaux courants.

C’est dans cette optique que ce travail a vu le jour. En effet, son objectif primordial consiste à
cerner les différents aspects environnementaux en rapport avec l’exploitation industrielle des
minerais aurifères par la société Banro Corporation dans sa filiale de la mine aurifère de
Twangiza. Quoique la mine n'est toujours pas en activité après une longue période d'interruption
causée par des problèmes techniques, les dangers environnementaux restent toujours présents.

Le présent travail, outre cette brève introduction et la conclusion, comporte plusieurs parties
qui vont de la présentation à la responsabilité sociétale de l’entreprise en passant en revue les
exigences du développement durable en termes des impacts environnementaux, leurs
conséquences, et leurs méthodes d’atténuation.

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II. PRESENTATION DE L’ENTREPRISE
II.1. Aperçu géographique

La mine aurifère de Twangiza est située dans la province du Sud-Kivu, à l'Est de la République
Démocratique du Congo (R.D.C.) dans la ceinture aurifère dite « Gold-Belt » détenue jadis en
totalité par la firme canadienne Banro Corporation et qui s'étendait de Twangiza à Namoya tel
qu’illustrée par la figure 1 ci-dessous. Elle se trouve à 45Km à vol d'oiseau au Sud-Ouest de la
ville de Bukavu (Pittuck, et autres, 2008).

Fig.1. La localisation géographique de la mine de Twangiza.

Elle est située sur la chaîne montagneuse de Mitumba, une région caractérisée par des vallées
faillées profondes de pentes de plus de 30° où l’altitude s’élève de 1500 à 2400m au-dessus du
niveau de la mer. Le climat varie de tropical au subtropical avec deux saisons dont la pluvieuse
(Septembre-Avril) et la sèche (Mai-Août). En plus, La mine de Twangiza est entourée par deux
rivières à savoir la rivière Mwana au Sud-Ouest et la rivière Lulimbohwe à l’Est (Luhinzo,
2016).

Enfin, elle se situe sur deux zones végétales différentes dont la première est située sur la surface
occupée par la fosse principale de la mine qui est caractérisée par une mosaïque transformée,
une plantation agricole, un boisement de cyprès et d’eucalyptus, et les herbes de montagne. La
deuxième zone est une petite zone caractérisée par une forêt indigène de 2,18 ha appelée « forêt
sacrée de Lusirwe» (Pittuck, et autres, 2008).

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II.2. Aperçu géologique

Régionalement, la ceinture aurifère détenue par Banro repose sur la chaine Kibarienne, une
chaine protérozoïque mobile intracontinentale située entre le craton Congolais à l’Ouest et le
craton Tanzanien à l’Est. Le Kibarien plonge dans la direction NNE-SSW sur une longueur de
2000km depuis la province du Katanga jusqu’au lac Victoria.

Localement, la mine de Twangiza est située en plein centre du synclinorium d’Itombwe et est
caractérisée par des roches sédimentaires Kibariennes peu ou pas métamorphisées contenant
des intrusions des albitites et des amphibolites. Ces roches sont : les argilites noires, des schistes
sericiteux, schistes graphiteux, les grès et les conglomérats.

La minéralisation aurifère du gisement de Twangiza est liée aux pyrites et aux arsénopyrites, et
est finement disséminée le long de l’axe de l’anticlinal qui plonge de 38° SE. Il existe aussi une
minéralisation liée aux veines et aux veinules de quartz qui plongent de 15° à 30° SE et celle
liée au stockwerk du gisement tel que vu sur la figure 2 (Pittuck, et autres, 2009).

Fig.2. La localisation minéralogique du gisement de Twangiza.

II.3. Aperçu Historique

L'actuel gisement de Twangiza a été découvert par les travaux d'exploration de la Minière de
Grands Lacs (M.G.L.), futur SOMINKI (Société Minière de Kivu), mais elle ne se concentra
qu'à l'exploitation alluvionnaire de l'or. La concession de Twangiza fût achetée des mains de la
SOMINKI par Banro Corporation en 1996 qui s'y installa définitivement en 2004 après la
clarification juridique avec l'état Congolais en 2003 (Zihalirwa, 2021).

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Les premiers travaux d'exploration de Banro ont eu lieu en Novembre 2005 et se sont basés sur
les travaux géologiques pour découvrir et délimiter le gisement. L'exploration de 2010 conduisit
à l'étude de faisabilité qui permis de débuter l'exploitation vers la fin de l'an 2011. Dès la fin de
l'an 2019 jusqu'à ce jour, il y a eu réduction progressive des activités de la mine à cause des
problèmes techniques jusqu'à l'arrêt complet (Makiwa, 2022).

III. OPERATIONS

Au stade actuel, les activités de forage, de dynamitage, et de minéralurgie ne se font pas, la


mine est en arrêt complet. La seule activité encore en vue est la gestion du parc à résidu minier
(Makiwa, 2023). Toutefois, voici les opérations principales de la mine :

III.1. Méthode d’exploitation : forage et dynamitage

Le gisement de Twangiza est subdivisé en trois zones notamment Twangiza Main, Twangiza
North et Twangiza South, seule cette première zone est exploitée jusqu'à présent par la méthode
de mine à ciel ouvert (M.C.O.) parce que la topographie le permet. L'exploitation de Twangiza
North pose encore problème à cause de la présence des artisanaux (Mthembu-Salter, 2014).

La partie oxydée était exploitée par creusement libre par des excavatrices hydrauliques qui
travaillaient sur des bancs de 2.5m de haut pour charger les bennes tel que vu sur la figure 3.
L'épuisement des roches oxydées conduisit à l'exploitation de la zone intermédiaire par
l'abattage à l'explosif sur des bancs de 7m de haut en moyenne (Zihalirwa, 2021).

Fig.3. L’exploitation mécanique dans la mine de Twangiza

Il s'observe alors deux problèmes majeurs qui ont causé l'arrêt momentané de la mine, il s'agit
de (Makiwa, 2022) :

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 Différentes propriétés des minerais demandent différentes méthodes de traitement. En
effet, la zone oxydée était composée par les schistes non graphiteux, ce qui est facile à
traiter car la roche est oxydée et que le carbone s'est volatilisé. Tandis que la zone
intermédiaire contient des schistes graphiteux, ce qui pose des problèmes au niveau de
la récupération. Selon les analyses faites par la mine, il s'avère que la solution présente
permet une récupération de 70%. Ainsi l'usine doit être remaniée en partie ou en totalité.
 Le changement du propriétaire de la mine, de la firme Canadienne à la firme Chinoise,
pose aussi problème. Il implique alors de s'adapter parce que le nouveau propriétaire,
pour exploiter, doit investir une somme importante d'argent afin de renouveler l'usine.

III.2. Méthode de traitement : l’usine

Comme la mine est en arrêt, l'usine l'est aussi. Il n'est permis à personne d'y accéder à cause des
mesures de sécurité. En termes de capacité, elle peut traiter 6000 tonnes des minerais de 2.5g/t
par jour. À son sein, il existe un hangar de stockage de produit chimique et le ROMPAD. Ce
dernier est une zone de stockage des minerais déjà broyés et qui sont prêts pour être traités.

Dans le ROMPAD, il se fait une sélectivité en fonction de sa teneur de coupure selon laquelle
l'usine est alimentée et qui peut varier selon la conjoncture économique. En effet, quand le prix
augmente, le traitement des minerais à faible teneur peut se faire et vice-versa, comme le dit la
loi de l'offre et de la demande (Makiwa, 2023).

Fig.4. L’usine de traitement de minerais de la mine de Twangiza.

III.3. Le stockage

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Apart le ROMPAD, la mine comporte aussi le stockpile, le halde à stérile et le parc à résidu
minier comme la figure 5 le montre. Le stockpile peut être appelé aussi haldes à minerais c'est-
à-dire une zone aménagée et pouvant contenir les minerais qui proviennent directement de la
mine. On y installe les concasseurs et les broyeurs afin de faire le prétraitement des minerais.
Le rejet minier liquide est stocké dans une fosse aménagée appelée « parc à résidu ». Le halde
à stérile est une zone aménagée comme une fosse avec des gradins afin d'assurer la stabilité
pour stocker les stériles.

La définition du stérile est un peu compliquée. En effet, lors de l'exploration, la teneur qui
différenciait le minerai et le stérile était de 0.5g/t mais lors de l'étude de faisabilité, elle a été
fixée à 0.75g/t. Avec une conjoncture économique favorable et une nouvelle technique de
traitement permettant dans l'avenir de traiter les minerais se trouvant dans le halde à stérile à
bas prix, l'exploitation du halde à stérile actuel reste une option sérieuse.

Fig.5. Le stockpile à gauche et le halde à stérile, à droite au loin.

IV. REVUE DES PROBLEMES ENVIRONNEMENTAUX DUS AUX


ACTIVITES MINIERES
IV.1. Introduction

Depuis les années 90, la notion de « développement durable » devient de plus en plus présente
dans chaque projet. En effet, il est estimé que l’activité humaine consomme 40% de la
productivité nette des terres, 60% de la population mondiale vit près du seuil de pauvreté ou en
dessous, et il est prévu que la population mondiale double d’ici à 2050. En plus, les ressources

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naturelles sont une ressource non renouvelable, par conséquent, la société future se trouvera
laisser à son compte (Poulard, et autres, 2017).

Des institutions internationales (PNUE) ont calculé que, s’il n’y a pas de changements
politiques et technologiques majeurs, ces tendances menaceraient la stabilité du monde et
l’environnement global. Pour produire un développement durable, il faut réduire la charge des
impacts sur l’environnement d’un projet minier, d’où « l’étude d’impact environnemental ».

Le but immédiat de l’ÉIE est d’éclairer le processus de décision en identifiant les effets et
risques significatifs du point de vue de l’environnement. Le but final (à long terme) de l’ÉIE est
de promouvoir le développement durable en faisant en sorte que les projets de développement
ne compromettent pas les ressources essentielles et l’écosystème ou le bien-être, le mode de vie
et les moyens de subsistance des communautés et des personnes qui en dépendent (Sadler &
McCabe, 2002).

Il est important de souligner aussi que ces impacts restent complexes à définir malgré les EIE
menées, il en résulte que ce concept se trouve défini et redéfini au cours du temps. Il demeure
néanmoins compris que l’ÉIE est un processus systématique destiné à identifier, à prévoir et à
évaluer les effets sur l’environnement d’activités d’un projet. On l’applique avant de prendre
des décisions et des engagements importants (Yonkeu, 2015).

IV.2. Principes de l’EIE

Dans la pratique de l’ÉIE, l’accent est mis sur la prévention, la réduction ou la compensation
des effets néfastes du projet. Elle est basée sur trois principes majeurs : principe d’intégrité (elle
doit être conforme aux normes et à la bonne pratique internationale), principe d’utilité (elle
fournir des informations suffisantes et pertinentes pour la prise de décision) et le principe de
durabilité (elle doit aboutir à la mise en place de dispositifs de protection de l’environnement
suffisants pour atténuer les effets néfastes et éviter la disparition irréversible de ressources et
de fonctions de l’écosystème) (Sadler & McCabe, 2002).

La mise en place d’une EIE se fait en suivant l’approche de prévention et de transparence. C’est
une approche propre à la protection de l’environnement. C’est l’opposé de l’approche de
polluer-payeur. En effet, que ce soit du point de vue écologique ou économique, il est toujours
préférable de prévenir l’apparition des pollutions et des nuisances que de devoir y remédier
ultérieurement ce qui se révèle rarement efficace et, économiquement, hors de prix.

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Prévenir, c’est anticiper, prendre des mesures pour éviter, empêcher ou au moins limiter la
réalisation d’un risque, la production d’un dommage, l’accomplissement d’actes nuisibles en
s’efforçant d’en supprimer les causes et les moyens. Dans l’exploitation minière, le principe de
prévention s’appuie sur des procédures d’autorisation préalable qui, inscrites en droit interne et
complétées par l’imposition de normes règlementaires, permettent à l’Etat d’intervenir en
amont de la réalisation d’un projet (Malchai, 2016).

Les systèmes d’ÉIE possède trois composantes : Le cadre juridique et institutionnel constitués
par les règlements, lignes directrices et procédures ; les étapes et les activités du processus
d’ÉIE, communes aux différents types de projets ; et la pratique et les résultats de l’ÉIE, qui se
reflètent dans la qualité des rapports, les décisions prises et les bénéfices pour l’environnement
(Sadler & McCabe, 2002).

IV.3. Type d’impact

Lors d’une ÉIE, il est important d’adopter une approche globale des liens et prendre en compte
l’interaction entre les problèmes examinés. Elle doit aussi identifier, à la fois, les avantages et
les coûts du projet minier. Dans la pratique, l’ÉIE doit se concentrer sur les effets négatifs du
projet pour l’environnement, en se basant sur un certain nombre d’aspects essentiels qui
permettent d’identifier les effets potentiels importants.

Les impacts du projet minier, examiné dans le cadre de l’ÉIE peuvent être directs, tel l’effet des
rejets toxiques sur la qualité de l’air ou de l’eau, ou indirects, tel l’effet sur la santé humaine de
l’exposition à des produits toxiques introduits dans la chaîne alimentaire. Il existe d’autres effets
environnementaux ou sociaux induits, comme la construction d’une nouvelle route qui ouvrira
la voie à la colonisation d’une zone inhabitée ou le déplacement forcé de personnes en raison
de la construction d’un barrage (Sadler & McCabe, 2002).

Ainsi, l’importance n’est pas forcément liée à l’amplitude de l’impact mais de prendre en
considération tous les facteurs suivants : le type (biophysique, social, sur la santé ou
économique), la nature (directe ou indirecte, cumulative, etc.), l’amplitude ou la gravité
(élevée, modérée ou faible), l’étendue (locale, régionale, transfrontière ou globale), le temps
(immédiat ou à long terme), la durée (temporaire ou permanente), la probabilité (faible ou
élevée), la réversibilité (réversible ou irréversible) et l’importance (faible ou élevée) (Sadler &
McCabe, 2002).

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En plus, il est difficile de définir le type d’impact parce que chaque pays est confronté à un type
particulier de défis à relever, d’où la complexité de l’EIE. Pour un continent pauvre et celui
dont la population est la plus dépendante des ressources naturelles comme l’Afrique, les
problèmes environnementaux sont les plus graves. Ces problèmes comprennent la
désertification et la dégradation des sols, l’insécurité alimentaire croissante, ou la raréfaction
des ressources en eau potable.

Pour l’Amérique latine et les Caraïbes, on sait qu’environ les trois quarts de la population vit
dans les zones urbaines, de nombreuses villes sont pauvres, surpeuplées, polluées et dépourvues
d’infrastructures de base. Le principal problème environnemental dû à l’exploitation minière
est la destruction des forêts tropicales et la perte de biodiversité qui en résulte, particulièrement
graves en Amazonie, parce que les mines occupent des grandes étendues. (Sadler & McCabe,
2002).

Avec des activités minières, il peut y avoir la pollution des eaux de surface et du sol par les
mines à ciel ouvert et les usines de traitements et transformation des minerais. Le rejet des eaux
polluées et des déchets souvent entreposés dans des lieux inadéquats, proches des rivières qui
les répandent. Les métaux lourds et les produits chimiques utilisés pour la concentration des
minerais (mercure, Cyanure, etc.) menacent l’eau de surface et le sol. Cependant, ces métaux
et produits chimiques peuvent aussi entrainer la pollution des nappes phréatiques, les terres de
cultures et d’élevages, induisant ainsi la contamination de la chaine alimentaire de l’homme,
dans l’ensemble on parle de drainage minier acide (DMA) (Mulondani & Boon, 2015).

Les activités minières sont intrinsèquement non durables, car elle implique l'exploitation d'une
ressource non renouvelable par des moyens destructeurs ou pollueurs, tels que le concassage,
le broyage, le lavage et le classement des minéraux, le raffinage et la fusion. L’extension des
activités minières peut donc avoir des conséquences destructives à grande échelle sur les
écosystèmes, la santé du sol et la qualité des eaux souterraines et des eaux de surface.

En outre, la pollution de l’air par des particules de poussières contaminées, peut se produire.
Un nombre de ces problèmes environnementaux, ont lieu dans les principales zones minières
du Sud Kivu. Cependant, les impacts des industries Cependant, les impacts des industries
extractives sur l'environnement varient et le degré de pollution dépend du type de Minéral, la
dimension de la mine et les technologies utilisées.

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V. IDENTIFICATION DES IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX

Aux débuts de l’ÉIE, on ne prenait en considération que les impacts biophysiques des projets
(tels les effets sur la qualité de l’air et de l’eau, la flore et la faune, le niveau de bruit, les climats
et les systèmes hydrologiques). Aujourd’hui, on analyse plusieurs impacts en même temps tels
que les aspects sociaux, économiques et sanitaires.

V.1. Aspect socio-économique


V.1.1. Contexte avant la mine de Twangiza

Depuis trop longtemps, les minerais de la RDC ont été une source de financement des guerres
ethniques et même des guerres régionales, d’où l’appellation des « minerais de sang ». Avant
l’arrivée de la société minière Banro corporation, l’exploitation minière était la principale
activité de la population de Luhwindja (la zone où s’est installée cette mine) ce qui permettait
d’avoir une situation économique individuellement et familialement stable mais pas
socialement.

En effet, trois fléaux sévissent toute la société. Premièrement, comme toute les couches sociales
s’intéressent à l’exploitation minière au détriment de l’éducation, le niveau d’instruction est
faible et le taux d’analphabétisastion est élevé. On remarque alors un nombre croissant des
mineurs dans les mines. Deuxièmement, la prostitution fait rage, ce qui a pour conséquence, la
transmission des maladies sexuellement transmissibles. Afin, le troisième problème est le
manque des infrastructures routières (Mulondani & Boon, 2015).

L’arrivée de cette société a eu plus des points négatifs que positifs. Afin d’éviter des conflits
futurs, un cahier de charge a été signé entre la communauté locale et la société Banro. Ce cahier
consistait en neuf clauses notamment la clause en rapport avec l’emploi, la clause
d’indemnisation, la clause en rapport avec développement de la communauté de Luhwindja, la
clause relative aux salaire, la clause sur les infrastructures publiques, la clause autour de la
desserte en électricité, la clause par rapport à la revitalisation de l’économie locale, la clause de
création d’un fonds social, et la clause de création d’un fonds pour la réhabilitation de
l’environnement (Carisch, 2016).

V.1.2. Impact de la mine de Twangiza

Il est intéressant de constater l’accomplissement déficient de ce cahier des charges, ce qui peut
avoir un impact socio-économique majeur dans le futur (Mulondani & Boon, 2015).

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i. Clause en rapport avec l’emploi : Selon le cahier des charges, Banro devrait privilégier
les travailleurs locaux en cas de recrutement, si les natifs avaient les compétences
demandées. Durant la phase d’exploration, elle a employé environ 850 anciens
exploitants qui ont été renvoyés 18 mois après, parce qu’il y avait une diminution dans
la demande de main-d'œuvre non qualifiée et une augmentation de demande de
personnel formé. Pendant la phase d’exploitation, l’entreprise n’a recruté la population
locale qu’à des postes de seconde classe (chauffeur de voitures, la cuisine, etc.) en
lassant tous les postes décents à des expatriés. En 2014, le chef de Luhwindja estime à
250 autochtones qui travaillent à la mine de Twangiza et qui sont toujours traités comme
des journaliers après trois ans de service au détriment d’au moins 10000 autochtones
qui vivaient de l’exploitation artisanale. En plus de ces 250, plusieurs personnes
travaillent pour des compagnies sous-traitantes de Banro, souvent dans la sécurité ou
l'entretien des routes. Par conséquent, il y a une élévation du taux de chômage.

ii. Clause d’indemnisation : il est connu que toute la Chefferie (183km2) de Luhwindja
(183km2) se trouve alors dans la concession de Banro (180 Km2). Lors de l’octroi du
permis d’exploitation, la société a été autorisée de délocaliser 800 familles afin de
construire l’usine et la mine. Pour construire juste la route et l’usine, elle a déjà
délocalisé 232 familles sur les 800 prévues. Les familles délocalisées ont été
indemnisées sur base de la dimension de leur champ, de la culture s’y trouvant, de
nombre des maisons et de type de matières la constituant. La société a construit aussi
un village du nom de « Cinjira » sur un endroit choisi par les représentants de
Luhwindja. Toutefois, il se pose plusieurs problèmes autour de ce village : les maisons
sont petites pour chaque famille (20m2 pour deux chambres et un salon) et elles ne sont
pas faites en bon matériaux parce que les briques ne sont pas résistances à la pluie et au
froid, le sol de ce village est infertile, le village n’a qu’une seule route gardée par Banro
et se trouve éloigné du reste de la chefferie, l’eau potable est rare parce que les mêmes
sources d’eau que la population devraient consommées sont utilisées par l’usine de
Twangiza.

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Fig.6. Le village de Cinjira

iii. Clause en rapport avec développement de la communauté de Luhwindja : ce


développement a porté sur l’éducation, la santé, l’infrastructure, l’approvisionnement
en eau potable et la construction du marché. En termes d’éducation, la compagnie a
construit ou réhabilité un total de sept écoles de bonne qualité, dans la Chefferie de
Luhwindja et la Chefferie voisine de Burhinyi en Territoire de Mwenga quoique leur
capacité d’accueil reste désirable. En plus, elle a financé aussi les centres
d’alphabétisation pour 5000 personnes adultes de la Chefferie de Burhinyi. En termes
de santé, elle a offert une ambulance à l’hôpital général de Luhwindja et a construit un
centre de santé géré par l’état. Même si la société ne regardait que ses propres intérêts,
elle a construit une route entre la chefferie de Luhwindja et la ville de Bukavu. La route
n’est pas asphaltée, elle est en terre battue, ce qui la rend difficilement praticable en
saison pluvieuse. Elle a aussi construit un marché tel qu’illustré à la figure 7 et des
sources d’eau potable quoiqu’elles ne fonctionnent pas.

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Fig.7. Les infrastructures construites par la société Banro (marché).

iv. Clause relative aux salaires : Dans le cahier des charges, il est mentionné que la mine
de Twangiza devrait payer les salaires d’une partie des enseignants et des employés de
la Chefferie, pour empêcher une « fuite de cerveaux » vers la société. La société a
effectivement payé un nombre d’enseignants à Luhwindja, mais a arrêté ces payements.
Pour cela plusieurs raisons ont été données. Le chef de la chefferie reconnait que la
Chefferie reçoit 1000 dollars américains par mois comme frais de fonctionnement.

v. Clause par rapport à la revitalisation de l’économie locale : il n’y a presque pas de


commerce concernant des produits locaux, vers la société. En effet, que la Compagnie
minière importe tout produit soit de Bukavu, soit même de l’extérieur du pays. Bien
qu’il existe des rumeurs sur des nouveaux contrats conclus avec des fournisseurs locaux
de viande et de poulet, rien peut être confirmé.

vi. Clause de la déserte d’électricité : selon le cahier des charges, la société doit construire
un barrage pour se fournir de l'électricité et l’énergie excédentaire desservirait les
habitants de Luhwindja. La construction devrait être mise en route après 2012, mais n’a
pas encore commencé. Après le coucher du soleil, à Luhwindja, c’est l’obscurité totale
et la seule lumière vient de la lune, des bougies et des petits générateurs. L'hôpital
dépend de générateurs électriques et la Compagnie minière génère également de
l'électricité par moyen de grands générateurs.

Au regard de ces réalisations, l’impact de la société Banro n’est pas négligeable mais
insuffisant. En effet, comme dit précédemment, la société de Luhwindja avait un progrès

14
individuel et familial lié à l’activité minière artisanale. Cette dernière ne favorisait guère le
développement de la communauté entière, par conséquent, la prostitution et la déscolarisation
des enfants se trouvent avantagés. L’arrivée de la société Banro Corporation a permis de
développer la communauté en s’attelant sur le trio santé-éducation-infrastructure. Par
conséquent, le confort individuel se trouve menacé à cause du manque d’emploi de plusieurs.

Cette situation calamiteuse provoque des tensions entre la population locale et la mine de
Twangiza. Les causes de ces tensions peuvent être groupés en deux : d’une part il y a le manque
d’emploi et d’autres part, le processus et le résultat d’indemnisation. Le manque d’emploi est
une situation qui s’est accentuée par des multiples renvois du personnel local qui n’avait pas de
compétences requises lors de l’exploitation, le nombre faible des engagés locaux qui ont été
formés par Banro et la faible rémunération de la mine Twangiza.

Le processus de délocalisation a été un échec total. En effet, la population était intimidée,


emprisonnée et même subie des traitements inhumains afin de le pousser à accepter la
délocalisation dans les conditions fixées par l’entreprise qui avait le soutien total de l’état. En
plus, le montant de l’indemnité était inférieur aux attentes de la population locale. Cette
situation est une bombe à retardement à laquelle il faut trouver une solution avant la reprise des
activités (Mulondani & Boon, 2015).

V.2. Aspect environnemental


V.2.1. Contexte avant la mine de Twangiza

Les impacts négatifs de l’exploitation minière sont aggravés par le fait que l’exploitation
minière artisanale a lieu illégalement et que les sites miniers artisanaux sont souvent
abandonnés sans être réhabilités. En outre, le lavage du gravier extrait par les exploitants
artisanaux augmente la turbidité de l’eau de la rivière, diminue la photo synthèse et perturbe
ainsi les écosystèmes aquatiques.

Le contexte environnemental avant l’arrivée de Banro était déjà calamiteux. En effet, l’histoire
de la société minière de Kivu (SOMINKI) de qui Banro a hérité le site de Twangiza montre que
l’exploitation semi industrielle faite depuis 1929 n’était pas en règle avec les normes actuelles
de préservation de l’environnemental. A cela s’ajoute l’actuelle activité artisanale qui était
presque très nocive que la première à cause de l’utilisation du mercure pour traiter de l’or.

Le mercure est un métal, liquide à température et à pression ambiantes pouvant être vaporisé,
et qui est naturellement présent dans l'environnement sous diverses formes organiques et

15
inorganiques. Le mercure inorganique est une association du mercure avec des éléments tels
que le chlore, le souffre ou l'oxygène. Ce composé peut se retrouver sous forme de vapeur à
travers les minerais issus de l'exploitation minière. Tandis que le mercure organique est un
complexe formé à partir du mercure et des composés carbonés. Le méthyl mercure est le
constituant mercurique le plus dangereux sur la santé humaine et sur l'environnement.

Dans l’artisanat, la voie d'exposition à explorer est l'inhalation des vapeurs mercuriques qui
peuvent se retrouver dans l'air grâce à certains processus d'extraction de l'or tel que
l’amalgamation. Il existe deux autres voies majeures d’exposition : la première peut être
qualifiée d'exposition directe car elle se traduit par une consommation des eaux par les hommes
(souvent même comme eau potable) et leur bétail ; et la deuxième, qualifiée d'exposition
indirecte traduit la consommation de la viande contaminée à la suite de la bioaccumulation.
Cette dernière exposition est justifiée par le fait que les chèvres, les moutons et les bœufs
s'abreuvent principalement dans ces surfaces d'eau (Mulondani & Boon, 2015).

Actuellement, il n’existe aucune étude qui a été faite sur le site de Twangiza afin d’étudier
l’impact cumulé de l’activité minière semi industrielle belge et celle artisanale actuelle. Vu
l’ampleur des exploitations actuelles, il est judicieux de croire que son impact environnemental
n’est pas négligeable. En plus, il est logique de croire aussi que l’arrivée de la mine de Twangiza
est venue accentuée ce problème.

V.2.2. Impact de la mine de Twangiza

Les principaux effets négatifs de l’activité minière industrielle de la mine de Twangiza sur
l’environnement comprennent essentiellement (Mulondani & Boon, 2015):

i. La déforestation et la perte de la biodiversité : les activités minières à l’échelle


industrielle et ses activités connexes sont aujourd’hui une de principales causes de
déforestation et de perte de la biodiversité dans les provinces minières de la RDC. Comme
nous l’avons dit précédemment, le permis d’exploitation que détient la société Banro
couvre toute l’étendue de la chefferie de Luhwindja. Si l’exploitation continue dans les
planifications de départ (100 000 onces d’or par an), les dégâts peuvent être énormes.
Selon le communiqué du 14 novembre 2014 entre le Directeur Général de la mine de
Twangiza et quelques représentants de la Communauté de Luhwindja, l’entreprise avait
payé une somme de 36 millions de dollars au gouvernement congolais comme dommage
à la déforestation causée lors de la phase d’exploration. La question qui se pose alors est
celle de la gestion de cette somme d’argent.

16
ii. La dégradation des sols et du paysage : le potentiel de dégradation des sols par les activités
minières industrielles en RDC est significatif, surtout quand il s’agit de la perte de terres
agricoles dans un contexte déjà marqué par l’insécurité alimentaire et la pauvreté comme
celui de Luhwindja. A la mine de Twangiza il existe trois zones d’érosion notamment le
long de la route construite par la Société où l'eau coule sur la route et à cause de systèmes
de drainage insuffisants, ces eaux descendent de la montagne par les champs et provoquent
une forte érosion. L’érosion est visible aussi autour de l'usine. La troisième zone est le
halde à stérile où, en cas de pluie, ces dépôts coulent et les terres des résidents locaux en
sont envahies. Cela endommage les cultures et rend la terre infertile. Pour pallier à ce
problème, la mine a créé un programme pour planter les arbres. Toutefois, ce programme

iii. La pollution des eaux superficielles et souterraines : la majorité des rejets liquides
proviennent de la concentration et du traitement hydro-métallurgique des minerais, qui
produisent un volume important d’effluents qui sont, en général, déchargés dans les rivières
sans traitement préalable. Outre que la société a dévié la rivière pour se fournir de l'eau et
pour accéder au gisement d'or, elle a construit un lac artificiel dit « parc à résidu minier »
comme vu à la figure 8. Dans ce lac, les eaux polluées, venant de l'usine, sont stockées
pour empêcher la contamination de la rivière. Un des produits chimiques utilisé pour
extraire l'or des roches, est le cyanure. C’est aussi une des substances qui peut être trouvée
dans le lac. A présent, il est connu que l'eau du lac est empoisonnée et avait causé la mort
d’un nombre de vaches, qui en avait bu. Une autre préoccupation concerne la
contamination des eaux souterraines par l’infiltration des eaux toxiques. Le fait que les
réservoirs d'eaux souterraines sont utilisés comme source d'eau potable, il est à craindre
qu’au fil du temps, elles seront contaminées par des produits chimiques.

17
Fig.8. Le parc à résidu construit à la mine de Twangiza (situation en 2014).

iv. La pollution de l’air : l’activité minière à l’échelle industrielle engendre des impacts
significatifs sur la qualité de l’air et le changement climatique, notamment durant la phase
d’exploitation. Ces impacts sont dus au processus de forage et de dynamitage. Certains
métaux comme le mercure gazeux peuvent se volatiliser lors de l’extraction. Ce qui aura
pour conséquence de perturber le développement de l'embryon pour une femme enceinte,
entraînant soit une fausse couche, soit l'apparition, chez le futur bébé, de malformations
(absence de membres...), de causer des lésions du cerveau, des maladies auto-immunes,
des maladies cardiovasculaires, Alzheimer, etc. A ce jour, les études de pollution de l’air
n’ont pas encore été faites.

VI. MOYENS DE SURVEILLANCE ET ATTENUATION DES IMPACTS


VI.1. Aspect socio-économique

Outre l’amélioration de l’aspect juridique du code minier en matières de relation entre la société
minière et la communauté locale, voici quelques axes de surveillance et d’atténuation des
impacts socio-économiques évoqués ci-dessus :

i. La mine de Twangiza doit faire plus en termes de responsabilité sociale vis-à-vis de la


communauté de Luhwindja : la route doit être asphaltée, faire le transfert des

18
connaissances en créant des écoles techniques afin de produire une main d’œuvre locale
et moins chère qu’elle pourra utiliser au lieu de consommer l’expertise extérieure qui
est toujours chère, création des centres agropastoraux qui lui serviront à la fois d’élever
le niveau de l’économie locale et de donner plus d’emplois, création d’un autre village
aux délocalisés qui sera loin de l’usine mais relié à d’autres localités de la chefferie, etc.
ii. En plus, la mine de Twangiza doit respecter son cahier des charges en termes de création
des fonds sociaux et de réhabilitation de l’environnement.
iii. Le gouvernement congolais doit jouer le rôle de médiateur entre la population locale et
l’entreprise afin de faciliter l’intégration de la société minière. En plus, il doit créer une
zone d’exploitation artisanale (ZEA) afin de soulager la pression économique et
populaire qui pèse sur la mine de Twangiza.

VI.2. Aspect environnemental

Afin de lutter contre la pollution de l’air, on doit se fier aux paramètres de dynamitage. A ce
fait, un bon plan de tir doit être étudié par les ingénieurs mineurs dans ladite entreprise. En plus,
le programme de plantation d’arbre initié par cette mine doit être accéléré afin de palier au
problème d’érosion sur la route et à côté de l’usine. Pour les érosions du halde à stérile, le
géotechnicien doit s’assurer de la stabilité à long terme de ces dépôts en jouant sur l’angle du
talus et le degré de compactage. Seule la gestion des rejets liquides reste un problème (Kabambi,
2022).

En effet, l’important est de les stocker afin qu’ils ne puissent pas polluer l’environnement si
une fois ils y sont déversés parce qu’ils sont composés en grande partie par des métaux lourds.
Ces derniers sont des composés qui à faible dose n'ont pas d'impact immédiat sur
l'environnement et la santé de la plupart des animaux et sur celle des humains. Les normes de
rejet des émissions dues aux installations fixes ou de déversement des eaux usées dans les eaux
de surface stipule que les teneurs doivent être gardées inférieures à : 0,1 mg/L pour le cyanure
; 0,17mg/L pour le mercure dissous ; 5mg/L pour le zinc et 0,14mg/L pour l'arsenic dissous
(Mulondani & Boon, 2015).

Comme nous l’avons déjà dit ci-haut, la mine a créé un parc à résidu (TMF en anglais ou PAR
en français). Comme l'angle de la surface topographique n'est pas horizontal, la méthode de
construction du P.A.R. est « en aval » quoiqu'elle soit coûteuse. À un certain niveau, cette
méthode a été changée en la construction « en amont », ce qui fait qu'il s'agit de la méthode

19
mixte. Avant tout, la mine a pris soin d'utiliser une géomembrane càd une couche synthétique
qui empêche les infiltrations souterraines de ces eaux.

La digue du P.A.R. a une profondeur de plus de 95m et peut supporter 14m de haut de plus. En
termes de normes environnementales, le pH doit être maintenu supérieur ou égal à 6 et la teneur
du cyanure à 0.1mg/L. En analysant la situation actuelle du PAR de la figure 9 à celle de 2014
(figure 8), on remarque qu’il est rempli, il existe alors un risque de déversement qui peut être
du aux fortes pluies qui sont présentes dans la zone (Makiwa, 2023).

Fig.9. Le parc à résidu rempli (situation en 2023).

Quant à ces problèmes environnementaux, ce n’est pas la société minière seule qui les cause.
Des produits chimiques sont aussi utilisés dans les sites artisanaux et le secteur artisanal cause
aussi de l’érosion et de la sédimentation correspondante. Pour aborder ces problèmes, il faudra
accorder une attention à la fois à l'exploitation industrielle et à l’exploitation artisanale. Enfin,
il faut que la mine établisse un autre parc à résidu tel que cela a été planifié lors de l’étude de
faisabilité tel que le montre la figure 10.

20
Fig.10. Le PAR à construire est le TMF1, le TMF1A est celui qui est déjà rempli.

VII. PRINCIPAUX INTERVENANTS DANS L’EVALAUATION DES


IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX

Le texte législatif spécifique aux Etudes d'Impact Environnemental dans le domaine


d'exploitation est la loi N° 007/2002 portant Code minier en République Démocratique du
Congo. A son article 1 alinéas 19, la loi 007/2002 définit l’EIE dans le domaine d'exploitation
minière, comme : « l'analyse scientifique préalable des impacts potentiels prévisibles d'une
activité donnée sur l'environnement ainsi que l'examen de l'acceptabilité de leur niveau et des
mesures d'atténuation permettant d'assurer l'intégrité de l'environnement dans les limites des
meilleures technologies disponibles à un coût économiquement viable » (Mulondani & Boon,
2015).

Ainsi, le processus administratif de l’évaluation environnementale se déroule en trois étapes


continues notamment les étapes avant l’étude d’impact ; les étapes pendant la réalisation de

21
l’étude d’impact, mais avant la prise de décision ; et les étapes post-décision et post-projet
(Yonkeu, 2015).

Cette première étape consiste en la catégorisation du projet et le cadrage de l’étude d’impact.


Le processus de catégorisation permet à l’autorité compétente de déterminer si une EIE et social
est nécessaire pour évaluer les impacts du projet et, en cas de réponse affirmative, de préciser
si cette EIES doit être exhaustive ou simplifiée selon ses impacts environnementaux probables.
Le cadrage s’effectue une fois qu’il est établi qu’une EIES doit être entreprise pour un projet
donné. Son objectif est de circonscrire et de déterminer avec plus de précision la nature des
renseignements que devra contenir l’étude d’impact (Sadler & McCabe, 2002).

Cette deuxième étape de la procédure administrative comprend deux éléments : la réalisation et


l’analyse de la recevabilité du rapport d’EIES. La réalisation de l’EIES est de la responsabilité
du promoteur qui doit la faire conformément aux méthodes scientifiques reconnues, et
s’appuyer sur des données fiables et validées ou, du moins, vérifiables. En RDC, l’approbation
du projet fait l’objet de l’émission d’un certificat de conformité environnementale qui aboutit à
la délivrance du permis d’exploitation environnemental (PEE) (Yonkeu, 2015).

La troisième étape consiste à un contrôle continu de l’application des mesures approuvées par
l’autorité dans l’EIES. Par conséquent, l’approbation du projet implique pour le pétitionnaire
l’obligation de respecter et d’exécuter les mesures énoncées dans l’étude d’impact et, en
particulier, dans son plan de gestion environnementale et sociale, elle constitue alors un cahier
de charges qui engage légalement le promoteur du projet. Pendant la mise en œuvre des phases
d’installation, de construction et d’exploitation, l’ensemble du projet demeure sous surveillance
afin que soit assuré le respect de la décision prise par l’autorité responsable de l’Environnement.

VIII. RESPONSABILITE SOCIETALE DE L’ENTREPRISE

Les réformes politiques et réglementaires que de nombreux pays ont adoptées ces deux
dernières décennies, notamment en Afrique, en Amérique latine et en Asie, ont facilité une
expansion significative des activités d’exploration minière jusque dans des zones négligées
jadis. Ces réformes ont été entreprises dans l’objectif d’attirer les investissements étrangers et
de promouvoir la croissance économique des pays (ibid, 2011).

Cette « mondialisation » accrue de l’activité minière s’accompagne de deux tendances


parallèles : d’une part il y a une prise de conscience nouvelle et croissante, dans l’industrie elle-
même, des risques et des possibilités que l’augmentation de sa présence et de ses activités crée

22
pour les collectivités locales et les États; d’autres part des attentes de plus en plus pressantes de
la part de la société civile et des institutions nationales et internationales pour une amélioration
continue du rendement social et environnemental du commerce international.

Les entreprises minières établies ayant des objectifs à long terme ont reconnu l’importance de
prendre au sérieux les risques et les possibilités dans les domaines social, environnemental et
géopolitique. En effet, ce ne sont pas les difficultés techniques propres à la construction d’une
mine, à l’extraction et à la transformation du minerai qui posent problème, mais plutôt celles
auxquelles les entreprises sont confrontées concernant la gestion responsable des
préoccupations et des aspirations des collectivités et des gouvernements hôtes touchés par les
projets (Creamer, 2010). Ceci conduit à la responsabilité sociétale de l’entreprise (RSE).

La RSE consiste à évaluer le rôle et la capacité des acteurs du secteur privé présents dans
d’autres pays à contribuer de façon positive et utile à un développement socioéconomique
d’envergure tout en maintenant l’intégrité environnementale des lieux dans lesquels ils
travaillent et en protégeant les populations et les collectivités dont la vie, les moyens de
subsistance et les modes de vie sont invariablement touchés par de telles activités. Il faut
comprendre que la structure organisationnelle de l’industrie minière n’est pas homogène. Elle
est plutôt complexe et diversifiée.

Le secteur minier comporte de grandes et moyennes entreprises privatisées et étatisées


transnationales, des entreprises récentes plus petites souvent spécialisées dans l’exploration,
mais présentes au niveau international, etc. La manière dont ces entreprises reconnaissent et
expriment leurs responsabilités sociales et environnementales, en théorie et en pratique sur le
terrain, dans leur pays ou à l’étranger varie considérablement. En plus, les processus du RSE
favorisent l’émergence de nouvelles formes de déséquilibres de pouvoir entre les sociétés
privées, les gouvernements nationaux et les collectivités ; et redéfinissent en brouillant les rôles
et les responsabilités des secteurs public et privé concernant la prestation de services de base
aux citoyens du pays, surtout dans les régions rurales où sont généralement situées les mines
comme c’est le cas de Twangiza (Davidson, 2016).

Ainsi, pour les entreprises minières, les questions et les défis d’exploitation deviennent alors :
quelles « pratiques et approches » permettront à l’entreprise de s’acquitter au mieux de ses
responsabilités en matière de gestion sociale et environnementale, de ses engagements
socioéconomiques, qu’ils soient volontaires ou obligatoires, à l’égard des gouvernements et des
collectivités , mais de manière à renforcer les collectivités locales, les économies locales et

23
régionales ainsi que les institutions gouvernementales, conformément aux priorités de
développement établies par le pays et les collectivités. Une entreprise aura peut-être besoin de
corriger les problèmes importants hérités de développeurs antérieurs, surtout ceux auxquels elle
a continué de contribuer ou qu’elle perpétue. La solution la plus pratique en Afrique est la
signature du cahier des charges communautaires.

IX. CONCLUSION

La transmission de la connaissance doit veiller à ce que les apprenants disposent des


compétences appropriées à la bonne exécution des tâches qui leur sont confiées et à ce qu’ils
reçoivent et maintiennent un niveau de formation approprié. Ainsi, dans l’optique de vouloir
exprimer la théorie apprise à l'auditoire par la pratique, cette étude des impacts
environnementaux de l’exploitation industrielle des minerais aurifères par la mine de Twangiza
située dans la chefferie de Luhwindja, territoire de Mwenga, au Sud-Kivu, à l’est de la RDC, a
été menée.

A cause des problèmes technicoéconomiques tel que le changement de la minéralisation et celui


du propriétaire de la mine, la mine de Twangiza se trouve à l'arrêt depuis l'an 2019. Toutefois,
les impacts socioéconomiques et environnementaux ne restent pas à l’arrêt et sont visibles tout
autour de la mine. Alors, l’objectif principal de cette étude était de recenser et d’étudier les
impacts majeurs de cette exploitation sur la chefferie de Luhwindja et ses environs sur le plan
social, économique et environnemental. La méthodologie utilisée dans ce travail a consisté à
analyser la situation d’avant l’implantation de ladite mine et de la comparer à la situation
d’après, douze ans après la production de son premier lingot d’or survenue en 2011.

À l'issue de cette étude, nous avons constaté que l’impact de la mine de Twangiza a plus des
points négatifs que positifs. La gestion au plan environnemental est presqu’acceptable mais il
des gros efforts à fournir au niveau socio-économique. Ce dernier présente des problèmes qui,
dans le futur, peuvent constituer des points de tension intense entre la société minière et la
population locale. Le non-respect en grande partie du cahier de charge et la non implication de
l’état congolais restent les causes principales de cette situation.

Espérant que la solution aux problèmes technicoéconomiques qu’affrontent actuellement la


mine de Twangiza sera trouvée et que les activités minières reprendront, nous croyons
fermement que nos suggestions pourront amener un bon climat entre la société Banro et la
communauté locale afin de produire un développement durable de la chefferie de Luhwindja.

24
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