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Mainet Guy. L'élevage dans la région de Maradi (République du Niger). In: Cahiers d'outre-mer. N° 69 - 18e année, Janvier-
mars 1965. pp. 32-72;
doi : https://doi.org/10.3406/caoum.1965.2371
https://www.persee.fr/doc/caoum_0373-5834_1965_num_18_69_2371
(République du Niger)
s'étend
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Les Cahiers d'Outre-Mer Tome XVIII, Pl. III
A. - La vallée du
ovins,
Goulbi
de Peul
de Maradi,
retournant
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en fin
Un d'hivernage.
troupeau mixte, bovins et
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Sokoto
50 lOOkrri.
>
b) Le climat.
Il est facile d'observer des différences de climat dans le cadre
de la circonscription d'Elevage de Maradi. Au Sud, le climat est de
type nord-soudanien ou soudano-sahélien (Maradi-Tessaoua) avec
près de 600 millimètres de précipitations et, au Nord, de type sahé-
lien (Dakoro-Mayahi) avec environ 300 millimètres (fig. 2).
Du point de vue de l'éleveur s'opposent nettement deux saisons,
la saison sèche et la saison des pluies, séparées par deux périodes
de transition. La saison des pluies, ou hivernage, voit tomber au
sol, à Maradi, en quatre mois, tout le total annuel des pluies, 620
millimètres de moyenne; elle s'étale de la fin de mai au début
d'octobre. Les températures maximales sont de l'ordre de 35 degrés ;
les températures minimales de l'ordre de 20 degrés (fig. 3). Une
période de fin d'hivernage vient ensuite, d'octobre au début de
novembre.
La saison
La sèche
température
dure deoscille
la fin entre
de novembre
20 et 40 àdegrés.
mars. C'est la
période fraîche, celle pendant laquelle souffle l'harmattan qui
dessèche tout. Les températures s'inscrivent entre 6 et 38 degrés.
Puis, peu à peu, durant avril et mai, l'humidité de l'air va en
augmentant. C'est la période chaude qui annonce l'hivernage. Les
températures extrêmes varient entre 25 et 45 degrés.
Dans la zone de Dakoro, au Nord, le climat se rapproche de
celui du Sahara. Les caractéristiques en sont une plus grande séche¬
resse (350 millimètres de précipitations en moyenne), des tempéra¬
tures minimales plus basses et maximales plus élevées. Nous avons
dressé un tableau des précipitations de plusieurs années pour les
trois secteurs de Maradi, Dakoro et Tessaoua (fig. 4). Nous consta¬
tons en particulier la grande variation des pluies d'une année à
l'autre. Les précipitations extrêmes pour une même station varient
de 1 à 3, ce qui a une grande influence sur la végétation, et par là
même sur la conduite d'un élevage soumis aux aléas de la nature.
36 LES CAHIERS D'OUTRE-MER
200 400 km
Bilma
Iferouane
In Gall Agadès
Tonout
Filingue Konni, Zinder iGouré Nguigmi
■Maradi ■Lac Tchad
,Dosso
Soi [Katsena
iGaya •Kano
Carte établie avec les chiffres de l'année 1960, fournis par le Service de l'Elevage
de la République du Niger.
c) La végétation.
Presque toutes les vallées sont à sec toute l'année, mais elles
sont pourvues d'une végétation arbustive relativement abondante,
riche et variée. Les bords en sont fréquemment cultivés. L'eau est
proche et facile à atteindre. L'on observe de véritables galeries
forestières (Gabi, Takude, Gidan Roumji). Le palmier doum a donné
son nom au Goulbi n'Kaba; cette plante est caractéristique du
Sahel, ainsi qu'une petite graminée aux graines piquantes, le
« cram-cram » (Cenchrus catharticus). Sur les plateaux, la brousse
devient épineuse, les acacias dominent. Mais on trouve de nom¬
breuses Combrétacées, le baobab, et, dans les sols profonds et
humides, le précieux palmier rônier (Borassus flabellifer). De
maigres cultures de mil sont possibles.
Dans le Sud, à la latitude de Maradi, la savane apparaît éclaircie.
Les grands arbres sont le baobab, quelques acacias, les tamariniers.
La savane arborée est souvent supplantée par la savane arbustive.
Les Graminées dominent avec les Légumineuses ; le tapis herbeux est
l'élevage dans la région de maradi 37
moins haut que plus au Sud et les forêts moins fournies que dans
le Nigeria du Nord. La province de Maradi est à proprement parler
fournie
le domaine
sur les
de coteaux
la savane-parc,
et surtout
trèsdans
rabougrie
les bas-fonds
sur les aux
plateaux,
abordsbien
des
mares. De plus, c'est le domaine des mils et des arachides.
Cet aperçu rapide de 1' « aspect » de la végétation pourrait paraî¬
tre somme toute assez favorable à l'élevage, mais ce serait oublier
la situation en latitude de la région, d'où découle l'existence d'une
saison sèche de plus de huit mois (fig. 5). Toute verdure disparaî¬
trait des paysages sans la présence de quelques arbres qui mettent
leurs feuilles en saison sèche, tel l'étonnant Faidherbia albida, le
gao des Haoussa, Yatheus des Touareg. La végétation herbacée
devient ligneuse, rapidement impropre à être consommée par le
bétail. La transhumance ou le déplacement des groupes tout entiers
devient une nécessité ; les pasteurs du Nord descendent vers le Sud,
dans la zone des sédentaires, là où les animaux peuvent encore
pâturer
en contact.
après les cultures et là où pasteurs et cultivateurs entrent
- -, 250mm
200
degrés
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300 .327
200 215
1945 1950 1955 I960 1962
à poils courts, serrés, à reflets acajou, souvent avec une raie noire
sur le dos.
Elle est la propriété des sédentaires ; elle n'est pas destinée aux
longs déplacements saisonniers ; elle cherche sa pâture aux abords
des villages. Son berceau original est la région comprise entre
Maradi, Kano et Sokoto en Nigeria. Il semble qu'elle ait trouvé là
son « climax » pour se développer. Son implantation n'a pas pu
s'étendre beaucoup en dehors de cette zone, malgré des efforts
tentés par les services de l'Elevage du Niger (fig. 6). La chèvre
rousse de Maradi est un véritable « pactole » animal. Race bien
exploitée, avec un degré de sélection satisfaisant, sa productivité est
élevée à tous les points de vue. Elle met bas deux fois l'an. Ces
naissances gémellaires sont fréquentes et même les portées de trois
ou quatre chevreaux ne sont pas rares. Elle produit environ 0,5 litre
de lait par jour pendant six mois. Elle est intéressante encore pour
la boucherie. Sa viande est de bonne qualité; le rendement en est
de 44 à 55 % de son poids vif.
Enfin, ce qui n'est pas une des moindres de ses caractéristiques,
la chèvre rousse possède une peau souple, fine, à grain très fin.
Cette peau trouve des utilisations dans la ganterie, la maroquinerie
et la confection des chaussures de luxe. La peau de la chèvre rousse
l'élevage dans la région de maradi 41
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— 3
les siècles passés des montagnes de l'Aïr. Ils étaient en relation avec
les sultans
au début dude xixe
Stambul.
siècle.Ils occupaient
Le Haoussajusqu'à
est unla cultivateur
région de Sokoto
et un
commerçant réputé. Il est intelligent, actif, rusé et ergoteur.
Les Peut sont des éleveurs. Les Haoussa les appellent les
Fulani. Pour une part, ils sont venus du Sud, de Nigeria. Partis
de Sokoto, sous la conduite de Osman Dan Fodio après 1800, les
Peul ont lancé la guerre sainte contre les « mauvais musulmans »
du Gober. Les régions de Maradi et de Tessaoua ont alors servi de
zone de refuge aux dynasties haoussa dépossédées. Mais par la
suite, pacifiquement, des Peul Farfaru ont suivi ces dernières et se
sont répandus dans les espaces de « brousse » laissés libres par
les cultures jusqu'à Dakoro. A demi-sédentarisés parfois, ils pro¬
duisent eux-mêmes leur nourriture; mais l'élevage des bovins
demeure leur occupation essentielle.
Mais s'ajoutent aux Fulani, des Peul d'origine différente, puis¬
qu'ils viennent de l'Est, du Nord-Cameroun semble-t-il. Ils sont
établis au Nord de Dakoro surtout. Ce sont de purs éleveurs
nomades, pour la plupart encore « païens ». Ils ont été peu touchés
parbrousse
la la colonisation.
». On les appelle les Bororo, les « hommes de
Les autres éleveurs sont les Bouzou et les Touareg. Ils sont
surtout répandus dans la zone de genre de vie nomade, autour de
Dakoro.
Mer, t.(4)XV,Nicolas
1962, n°(Guy).
58, pp.Un138-165.
village bouzou du Niger. Etude d'un terroir. Les Cahiers d'Outre-
44 LES CAHIERS D'OUTRE-MER
Tahoua
,
Dakoro ibon Kafi
.Filingué
(Birni
Kornaka Ourofan,
,
Birni rfkonni Tessaoua .Zinder'
Dogondoutchi [Tibiri
MARADI .Matameye
Madarounfa
Dosso .SOKOTO ,Magaria
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'Birnin Argungu Kaura Namoda
Kebbi,
,Jega
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II. - Les différents élevages et les modes de vie qui s'y rattachent
Des purs nomades aux sédentaires, tous les modes de vie sont
conditionnés par l'existence de ce bétail qui, nous le savons, est
nombreux. La zone de vie nomade est limitée au Sud par une
« ligne de démarcation », tracée par l'Administration du Niger. Il
s'agissait de séparer nettement, par une frontière administrative,
le domaine des cultures et celui des parcours du bétail pendant
l'hivernage. Cette ligne passe au Nord de Dakoro (fig. 1).
La zone de vie nomade (l'on dit couramment la nomade, au
Niger), a été grignotée à plusieurs reprises par le Sud, au profit
des sédentaires poussés par le désir d'avoir davantage de terres
pour leurs cultures de mil. Le fait a toujours été entériné, jusqu'à
présent, par l'Administration. La limite des cultures joue le rôle
d'un front pionnier dans une région où l'essor démographique
s'accompagne d'une extension de l'agriculture. De plus, la présence
saisonnière des éleveurs transhumants (en saison sèche), et la pré¬
sence permanente des éleveurs sédentaires, en pleine zone agricole,
multiplient les occasions de friction avec les cultivateurs. Nous le
montrerons par quelques exemples.
l'élevage dans la région de maradi 45
Saison sèche
Pâturages Petits
// \\ pauvres
rares et déplacements / x.
fréquents /
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/ Abreuvement
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transhumance abondants
Hivernage
Fig. Marguerite
:VT'C 7. — L'opposition
Dupire. des
Les deux
facteurs
grandes
humains
saisons
de l'économie
chez les Bororo
pastorale,
nomades
ouvrage
(d'après
cité).
i
Marendet
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[Adarnatsson
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V. Chadawanka
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Birni rfKonni GO Tessaàùaoa
\Sabon Birni liïibiri
MARADI Gan'gara.
Madarounfo
Katsena
Fig. 8. — Les mouvements pastoraux dans le Niger Central (carte établie d'après
M. Dupire, in Peuls nomades et complétée par l'auteur pour les autres ethnies).
A. • Terres de parcours en saison sèche. 1. Bouzou et Touareg. — 2. Peul et Bororo.
B. - Parcours d'hivernage. I. Les aires de nomadisme. — 3. Peul et Bororo. —
4. Bouzou et Touareg.
II. Les déplacements de transhumance, a) vers les terres salées et les oasis. — 5.
Peul et Bororo. — 6. Bouzou et Touareg, b) à partir de points fixes. — 7. Mares.
1
Paris,(6)
Etudes
Dupire
nigériennes,
(Marguerite).
n° 6, 1963,
Les facteurs
55 p. humains de l'économie pastorale. I.F.A.N.-C.N.R.S.,
l'élevage dans la région de maradi 51
pas d'ailleurs que leur revenu moyen soit supérieur. Les nobles
touareg tirent leurs ressources de la culture, de l'élevage camelin,
du transport et du commerce, les Bouzou de la culture, de l'élevage
du petit cheptel, du petit commerce (kola, tabac), de l'artisanat
et de divers travaux manuels (creusement des céanes pour les Peul,
pilage chez les sédentaires). Leurs habitudes alimentaires ne diffè¬
rent que peu de celles des sédentaires. Ils ne peuvent se passer de
mil, même pendant la cure salée; pour s'en procurer ils usent des
techniques les plus diverses, allant même jusqu'à vendre des
génisses, action sacrilège aux yeux des Bororo. Sur les marchés,
où ils vendent du bétail par l'intermédiaire de leurs dillalai (cour¬
tiers), on constate que leur comportement économique se distingue
de celui des Peul. Ils n'hésitent pas à se dessaisir d'un bœuf gras,
d'une génisse ou d'une vache avec son veau pour se procurer du
mil. Ils ont la réputation de faire monter les prix du mil sur les
marchés nomades qu'ils fréquentent en grand nombre.
Leur descente vers le Sud s'accentue, ce qui n'empêche pas
les Touareg de défendre énergiquement leurs droits de propriété
sur les ressources en eau et en pâturages de la zone de vie nomade.
Tandis qu'ils s'installent en zone de vie sédentaire, sur des puits
« administratifs », les chefs font creuser « chez eux », en zone de
vie nomade, des puits qu'ils vendent aux Bororo avec droits d'usage
sur les pâturages attenants. Les conflits fonciers, vifs, qui opposent
les Touareg sédentaires aux Peul occupant « leur » zone de vie
nomade,
de l'effondrement
se doublent
de la
d'une
structure
prise de
féodale
conscience,
de leur chez
société
les et
premiers,
de leur
pouvoir sur les serfs libérés.
a) L'élevage transhumant.
Il concerne principalement les bovins, les ovins et les chameaux.
Il estnomades.
Peul traditionnellement monopolisé par les Bouzou et par les
52 LES CAHIERS D'OUTRE-MER
occupant
lisé etde(7)d'arachide,
mil l'Est
les
La fonds
fadama,
nigérien.
estdel'autre
mot
vallée
Le plateau
haoussa,
constituant
ou lesdunaire,
cuvettes
désigne
du terroir
oudu
les
jigawa,
réseau
haoussa.
sols aux
lourds,
hydrographique
sols argilo-sableux
légers, portant
en grande
et leshydromorphes
partie
culturesfossi¬
de
54 LES CAHIERS d'OUTRE-MER
b) L'élevage sédentaire.
L'élevage local ne se limite pas à celui des groupements noma¬
des, les agriculteurs sédentaires étant aussi des éleveurs : ils pos¬
sèdent un cheptel important dont ils s'occupent eux-mêmes en
permanence. Les animaux ne transhument généralement pas, hormis
les bovins, et ils sont élevés à proximité des villages, voire à l'inté¬
rieur des « enclos ». Depuis la pacification de la région, les culti¬
vateurs n'ayant plus à redouter les rezzou des pilleurs nomades, à
s'enfermer entre les murs de leurs villages fortifiés, à subir la
rapacité des anciens chefs, se sont aventurés en zone de brousse
où ils disposent d'espaces plus étendus : ce sont les garin gona, ou
« villages de cultures ». L'élévation parallèle de leur niveau de vie
leur a permis d'accroître leur cheptel et surtout d'accéder à la
possession d'un coûteux capital bovin, et à celle, prestigieuse, d'un
cheval (Pl. VIII B). En outre, les grandes épidémies qui décimaient
périodiquement le bétail sont en régression, grâce aux activités du
Service de l'Elevage. De plus, la conversion à l'Islam de nombreux
paysans a sans doute favorisé l'augmentation du petit bétail, les
chèvres surtout, que les multiples sacrifices de jeunes animaux
requis par la religion traditionnelle maintenaient à un taux plus
faible.
des
(Guy).
La
I.F.A.N.-C.N.R.S.,
vallée
Etudes
(8)Notes
On
du
nigériennes
ethnographiques
peut
GulbiParis,
consulter
de, n°Maradi.
Etudes
16, en1964
suroutre
,Enquête
nigériennes,
le
315 terroir,
pages.
sur socio-économique.
l'élevage
l'agriculture
n° 8,dans
1963.laet —vallée
I.F.A.N.-C.N.R.S.,
l'élevage
Mainet
du dans
Goulbi
(Guy)la de
etvallée
Paris.
Maradi
Nicolas
de
Documents
Maradi.
Nicolas
(Guy).
l'élevage dans la région de maradi 55
Les Touareg qui transhument avec les Bouzou sur les mêmes
terrains que les Bororo ont cédé à ceux-ci une partie de l'eau et
des pâturages excédant les besoins de leurs propres troupeaux de
chameaux et de bovins. Mais, en retour, ils voulurent tirer des
avantages de cette cession : les Bororo étaient autorisés à abreuver
leurs bêtes à condition d'entretenir les puisards. Le Bororo avait
main-d'œuvre.
de l'eau; le Targui
Mais —bientôt
qui n'a
lesplus
Bororo
de serviteurs
refusèrent—d'entretenir
trouvait de les
la
aux L'exploitation
communicationsdes faciles
produits
et ouvertes
de l'élevage
au commerce.
se fait dansLes
uneéleveurs
région
ont la possibilité de présenter leurs bêtes sur une multitude de
marchés. La présence aussi, à peu de distance, d'un pays comme
le Nigeria, ou simplement l'existence d'une région à densité et à
pouvoir d'achat relativement élevés sont des stimulants réels de la
production. La consommation en viande est forte; le commerce
des cuirs et des peaux est important, car il peut s'appuyer sur un
troupeau très nombreux de chèvres rousses de Maradi.
a) Les marchés de la circonscription de Maradi.
La circonscription de Maradi possède un nombre respectable de
marchés, points de vente où les éleveurs peuvent échanger leurs
bêtes contre des denrées de toutes sortes. En 1962, on a dénombré
88 marchés. Différents aménagements — abattoirs et séchoirs notam¬
ment — , sont édifiés en grand ou en petit modèle selon le trafic
du centre intéressé. Ils sont financés par les taxes du cercle ou
avec l'aide des S.M.D.R. (Sociétés Mutuelles pour le Développement
Rural). Ces aménagements, que l'on trouve à 62 exemplaires, consis¬
tent, le plus souvent, en une aire cimentée accompagnée d'un hangar
muni de crochets métalliques pour suspendre les peaux mises à
sécher. Pour décider de la construction d'un tel ensemble, il faut
qu'un millier de bêtes aient été présentées dans l'année à l'endroit
choisi. Les moniteurs de l'Elevage surveillent la bonne marche
des transactions sur le marché. Ils inspectent et conditionnent les
(12) D'après les rapports du Service de l'Elevage, Niamey.
l'élevage dans la région de maradi 63
b) La
laitiers.
consommation des produits de l'élevage : viande et produits
Année Nombre
de bovins
de cuirs Nombre
de moutons
de peaux Nombre
de chèvres
de peaux
Pour les exportations, l'année 1962 fut une année record par
rapport aux années antérieures. Mais il fallait noter la forte diffé¬
rence entre le total de peaux de chèvres exportées et le total des
peaux ramassées (338 287 peaux de chèvres), ce qui tenait aux stocks
importants
C.F.A.O., l'U.C.N.
que les
et lamaisons
C.N.F.) de
n'avaient
commerce
pu écouler
(essentiellement
en 1961. Pru-
la
Les Cahiers d'Outre-Mer Tome XVIÏI, Pl. VII
B. - marché,
Les Rouzou
ou bien
transportent
s'apprêtent les
à partir
récoltes
à Bilma,
d'arachides
sur la route
des sédentaires
du
Clichés
sel (azalaï).
G. Mainet.
jusqu'au
Les Cahiers d'Outre-Mer Tome XVIII, Pl. VIII
dentes, en 1962, elles ont préféré liquider ces stocks que faire de
nouveaux achats. La majorité des peaux viennent de la circons¬
cription elle-même. A l'exportation, le classement des peaux se fait
au choix. La moyenne générale de l'année fait ressortir les propor¬
tions suivantes : 45 % en premier choix, 35 % en deuxième choix
et 20 % en troisième choix.
Pour la préparation des peaux, il n'y a pas d'usine : simplement
une tannerie artisanale locale florissante. Le chef tanneur travaille
rarement. Il achète les peaux brutes, les revend tannées. Auprès
de lui, un membre de sa famille sert de chef de fabrication avec un
plus ou moins grand nombre d'aides. La tannerie est une cour
carrée en terre battue, avec quinze ou vingt canaris en poterie, des
chevalets pour l'écharnage, des couteaux à double poignée, des
cordes pour le séchage, des sacs de fruits de bagarua (gousses
d'Acacia arabica ) qui sont pilés sur le mortier. Le tannage est
inconstant, irrégulier aussi dans ses résultats. L'acidité, le dosage,
l'influence de la température, l'hygrométrie sont des facteurs
inconnus et négligés.
Le revenu pour le tanneur est de l'ordre de 100 francs pour une
peau de mouton, 70 francs pour une peau de chèvre, 300 francs
pour un cuir. Un tanneur traite dix peaux par semaine et par
ouvrier. La bourre est revendue pour faire le « banco » (l'argile
séchée des demeures) et les matelas.
Pour l'exportation, les peaux de la chèvre rousse de Maradi
sont belles, souples, régulières, mais de faible rendement (en
moyenne cinq pieds carrés par peau). Une bonne peau se vend
aisément 10 francs métropolitains, soit 500 francs CFA le kilo¬
gramme tanné contre 270 francs CFA à l'achat brut.
Les exportations vers le Nigeria ont été interdites depuis 1953.
Auparavant, il y avait là un courant traditionnel. Depuis des siècles,
les peaux de chèvres de la région de Maradi étaient vendues aux
populations sensiblement plus riches de la côte et les Anglais, lors¬
qu'ils fondèrent le Nigeria, entérinèrent cet état de choses en
apportant tous leurs soins à conditionner un produit qu'ils firent
connaître, dans une grande partie de l'Europe et jusqu'aux U.S.A.,
sous le nom de peaux de « Kano » et de « Sokoto », alors que l'admi¬
nistration coloniale du Niger était dans l'impossibilité d'en faire
autant faute de crédits et faute aussi de s'être intéressée, en temps
voulu, à une production qui ne paraissait que très accessoire.
En 1953, des mesures appropriées furent bien prises. Une
compagnie aérienne offrit de transporter des peaux de chèvres, en
sacs de cinquante pièces entre Maradi et Orly. La Tannerie française
disposait ainsi d'une peau d'une exceptionnelle fraîcheur et d'une
exploitation beaucoup plus avantageuse que le même article d'im¬
portation étrangère, d'un prix de revient sensiblement égal, mais
a) L'alimentation du bétail.
Les pâturages sont d'autant plus pauvres que la saison sèche
est avancée. En saison des pluies on trouve de l'herbe partout;
mais la nécessité d'écarter les bêtes des champs cultivés, la prati¬
que des cultures et l'instauration de périmètres interdits ont réduit
les espaces libres de la zone sédentaire. Dans les vallées, il existe
des passages à bétail, burtali, permettant de mener les bêtes dans
les espaces incultes généralement situés en zone dunaire, puis de
ceux-ci aux points d'eau. Après les pluies, le bétail dispose des
chaumes (Pl. V A), des fanes d'arachides (Pl. VII A), des herbes
respectées par les agriculteurs, ainsi que du feuillage et des gousses
des arbres comme le gao ( Faidherbia albida), ce qui permet à une
partie du cheptel de survivre pendant quelques mois. On ne constate
aucune mise en réserve de fourrage pendant la saison des pluies,
même parmi les sédentaires.
l'élevage dans la région de maradi 67
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Fig. 9. — Evolution des prix de l'élevage depuis 1939.
1. Bœuf de 6 ans. — 2. Génisse. — 3. Vache stérile. — 4. Mouton de boucherie. —
5. Chèvre de 3 ans. — 6. Ane. —7. Cheval. — 8. Chameau de bât.
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Bororos
(13)nomades
Dupiredu(Marguerite).
Niger, ouvrageLacité.
place du commerce et des marchés dans l'économie des
l'élevage dans la région de maradi 71
Conclusion.
L'élevage est une activité relativement importante de la région
de Maradi. Malgré tout, il demeure routinier. Peu d'efforts ont été
accomplis pour tenter d'en faire un élevage moderne (15). Des puits
ou des forages ont été exécutés, mais en nombre très nettement
insuffisant. La plupart des marchés ont été équipés d'installations
en dur, mais abattoirs et séchoirs sont insuffisamment utilisés ; par
suite la présentation des peaux est défectueuse, constituant un
manque à gagner important. Les producteurs ne sont pas suffi¬
samment informés et les moniteurs de l'Elevage se montrent peu
exigeants.
Pourtant Maradi possédait de nombreux atouts en sa faveur.
D'abord sa situation. Située au centre du Niger utile, la ville aurait
très bien pu devenir la capitale du pays. Elle a autour d'elle un
arrière-pays fortement peuplé d'individus travailleurs, réceptifs, les
Haoussa. Ceux-ci se trouvent chez eux, d'un côté comme de l'autre
de la frontière avec le Nigeria. Les communications sont aisées entre
Maradi et Kano, la grande métropole économique du Nigeria du
Nord, une route goudronnée continue sur plus de deux cent cin¬
quante kilomètres relie les deux villes; plus loin une voie ferrée
conduit à Lagos, le grand port du Nigeria.
Maradi avait aussi pour elle une infrastructure intéressante. Sur
son aérodrome de classe B, des D.C. 6 atterrissent encore deux fois
par semaine. Elle possède une école des contrôleurs ou moniteurs
de l'Elevage ; cette école était d'ailleurs l'école fédérale à l'époque
de l'A.O.F. Des abattoirs modernes bien outillés ont été également
édifiés. Un frigorifique fut même projeté; il aurait pu y être adjoint
très facilement, car la ville possède une usine d'électricité. En
outre, deuxième centre arachidier du Niger, après Magaria, Maradi
avait à sa disposition un important réseau commercial constitué
par les grosses maisons du commerce de la traite. Avec l'huilerie
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72 LES CAHIERS D'OUTRE-MER
Guy MAINET.