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Benchetrit Maurice. Les sols d'Algérie. In: Revue de géographie alpine, tome 44, n°4, 1956. pp. 749-761;
doi : https://doi.org/10.3406/rga.1956.1790
https://www.persee.fr/doc/rga_0035-1121_1956_num_44_4_1790
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un plan géographique. Mais seul le chapitre sur les sols des formations
quaternaires constitue une véritable étude des sols, distinguant les sols
alluvionnaires (du Tell et des hautes plaines, de l'Atlas pré-saharien et
des régions sahariennes), les sols des bassins fermés (dépôts des dayas,
des sebkhas et des chotts), les sols des terrains à croûte ou carapace, les
sols des dunes et des plages quaternaires (dunes littorales et dépôts de
plage, dunes continentales et sable des plateaux) et enfin les sols d'éboulis
et dépôts de pente.
Mais en fait, comme le montrent très nettement les cartes des sols
établies depuis, la liaison évidente entre sols et roches-mères n'entraîne
cependant pas identité entre carte géologique et carte des sols (cf.
lig. 3 et 4). De plus, aucun compte n'était tenu des processus de pédo-
génèse.
La classification des sols de l'Afrique du Nord de Del Villar est
fondée sur la définition d'un certain nombre de «types», selon la
méthode classique. Mais, adaptée aux sols méditerranéens, au lieu de
se fonder sur la structure ou le degré de lessivage, elle est fondée sur
la distinction du métabolisme propre de chaque type de sol,
métabolisme variant d'après sa composition et le milieu. Ainsi, trois grands
types de sols sont distingués en Afrique du Nord : types sodiques (sols
salins ou alcalins), types calcaires (les plus répandus) et types sialfer-
riques (correspondant aux pédalfers de la classification de Robinson),
Classification plus systématique que la précédente et sans doute plus
rationnelle, mais orientée plutôt vers une nomenclature d'échantillons
typiques que vers l'étude des combinaisons, des rapports du sol et du
milieu, et de l'extension spatiale des différents sols en Afrique du Nord.
D'où la difficulté pour le géographe d'utiliser les travaux de Del Villar.
Le sol, élément du milieu où il exprime l'équilibre entre le jeu de
plusieurs facteurs antagonistes de pedogenese, actifs (climat, végétation)
et passifs (roche-mère, modelé), doit être défini comme tel et non comme
une entité analysée comme un simple corps chimique.
Ce qui fait le grand intérêt de l'ouvrage de M. Durand pour les
géographes, c'est que c'est précisément une optique essentiellement
géographique qui a guidé son étude. En effet la classification des sols
d'Algérie qu'il présente est d'abord fondée sur le facteur climatique
qui a joué le rôle essentiel dans la formation du sol (vent, pluie,
température), ensuite sur le degré d'évolution du sol (nombre d'horizons
différenciés), enfin, accessoirement, sur le degré de lessivage. Les sols d'Algérie
peuvent ainsi être regroupés, en fonction du facteur climatique dominant
dans leur formation, en trois grands groupes de sols zonaux ayant chacun
leurs caractères propres déterminés par les conditions du milieu
commandant les processus de pedogenese :
— Sols sahariens où le facteur dominant de formation des sols est
le vent (mais peut-on considérer comme négligeable, comme le dit
l'auteur, la température et la sécheresse qui permettent justement l'action
du vent et dont l'action propre fournit le matériel meuble ?);
— Sols des régions semi-arides où le sol zonal serait dû à l'équilibre
climatique vent-piuie (ou plus exactement à l'équilibre : action du vent-
résistance de la végétation);
— Sols des régions telliennes humides où humidité et végétation
deviennent les principaux facteurs de formation des sols zonaux.
A côté de ces bols zonaux, toute une série ô!e sols azonaux font l'objet
d'une classification à part. Il serait d'ailleurs peut-être plus juste de les
il
752 Maurice benchetrit.
n'est pas assez forte pour modifier le complexe absorbant qui reste dans
son état primitif. D'où la stabilité du profil de ces sols. Les roches
mères sont en général calcifères : alluvions éoliennes déposées sur des
calcaires pulvérulents. Elles constituent cependant un facteur de
différenciation donnant, suivant leur nature : des sols contenant du calcaire
ou du gypse (sols calciques), et des sols qui n'en contiennent pas (sols
«en équilibre»), mais ces derniers sont rares.
Les sols calciques ne présentent qu'un seul horizon différencié peu
épais. Ils sont plus ou moins riches en calcaire, leur complexe
absorbant est saturé par l'ion Ca et leur pH est toujours compris entre 7 et 8.
Ils contiennent des doses appréciables de matières organiques (entre
0,3 et 1 %), mais pas de sels solubles, l'ensemble donnant à leur horizon
meuble une structure motteuse. Dans ces sols, le calcaire est surtout
754 MAURICE BENCHETRIT.
\
4. Les sols «azonaux» (sols locaux).
A peu près toutes les variétés de sols « azonaux » se retrouvent en
Algérie : sols de marais, sols dunaires, sols d'éboulis, sols alluviaux
divers, etc. Nous ne reprendrons ici que les plus caractéristiques,
laissant de côté ceux qui ne présentent pas de caractères particuliers en
Algérie (par exemple les sols dunaires, les sols d'éboulis ou les sols
alluviaux), ou ceux qui n'ont qu'une extension très limitée (sols tourbeux,
sols de marais), pour nous en tenir à deux séries de sols locaux
particulièrement importants en Algérie : les sols salins et les sols à encroû
tement 12,
Les sols salins, qui contiennent ou ont contenu aux premiers stades
de leur évolution un excès de sels solubles, sont très répandus dans
le Tell algérien (plaines de la Mleta et de l'Habra en Oranie,
notamment, où la salinité des sols est le principal problème de la mise en
valeur) et dans les Hautes Plaines où ils forment de vastes placages
aux alentours des chotts. Ce sont surtout des solontchak où les chlorures
de sodium sont en quantités telles (plus de 0,2 %) que la végétation
naturelle de la région laisse place à une végétation halophile qui
disparaît elle-même lorsque la proportion de sels augmente trop.
L'origine des sels peut être variée. Ils proviennent souvent de la
décomposition de roches salifères sous l'influence des agents climatiques
et des facteurs biologiques. Très nombreux sont les affleurements de
roches salifères en Algérie : gypse triasique; grès du Crétacé moyen;
marnes sénoniennes dans le Sud-Constantinois; poudingues, grès et
limons rougeâtres de l'Oligocène continental (Aquitanien) ; poudingues
et grès carténiens; argiles, grès et poudingues helvétiens; gypse, marnes
et calcaires du Sahélien; grès du Pliocène continental (bassins fermés
des Hautes Plaines); formations quaternaires des plaines littorales, des
basses plaines oranaises et des dépressions fermées... pour ne citer que
les principaux.
Mais de toutes façons, les solontchak ne peuvent pas se former sur
place car il n'y a jamais assez de sels solubles dans les roches mères,
même dans les gypses triasiques affleurant en diapirs. Ils ne peuvent
se former que par accumulation des sels en surface dans des bassins
fermés, la pluviométrie étant insuffisante pour entraîner en profondeur
les sels accumulés. Les solontchak se forment donc par remontée
capillaire d'eaux de nappes souterraines et evaporation in situ. Du fait de
l'excès de sels, les colloïdes sont floculés, le sol garde une bonne
structure, est perméable à l'air et à l'eau, mais les cultures comme le
développement de toute végétation y sont impossibles sans drainage.
Les sols à encroûtement sont particulièrement nombreux en Algérie.
Ils ne constituent pas un type de sol original, mais se caractérisent par
la formation d'une croûte, plus ou moins épaisse et souvent très dure,
au sommet du profil, formant un encroûtement calcaire, gypseux ou
salin (dans ce dernier cas, il s'agit simplement de solontchak encroûtés)
Ces encroûtements résultent d'une remontée capillaire de substances
dissoutes dans l'eau. Dans tous les profils à encroûtement calcaire, le
matériau encroûté n'est pas en surface mais à une certaine profondeur.
vrent d'immenses espaces dans les Hautes Plaines (schéma fig. 2). Gomme
Га montré J.-H. Durand dans sa thèse 13, ces confusions résultaient
de l'imprécision des définitions des différentes formations croûtales en
Algérie et de l'absence d'une étude morphologique de l'ensemble du
phénomène en rapport avec les conditions du milieu.
La croûte calcaire proprement dite, ou croûte zonaire, constitue une
véritable carapace continue. Ce n'est pas un sol, mais un dépôt de
nappe. Elle résulte en effet du ruissellement en nappe sur des surfaces
en faible pente d'eau chargée de bicarbonate de chaux, soumise ensuite
Elle montre que c'est surtout dans cette dernière zone que les
liaisons entre sols et roches mères sont remarquables.. Toutefois, deux
croquis calqués sur la carte géologique et sur la carte pédologique,
indiquant d'une part les affleurements de roches mères dans la région de'
Nemours (fig. 3), d'autre part la répartition des sols dans cette même
région (fig. 4) suífisent à montrer, sans autre commentaire,
l'enrichissement que la carte des sols apporte à la connaissance de ce pays.
Les types de sols sont représentés par des teintes plates, des indices
et parfois des signes conventionnels pour les variétés. Les teintes ont
été choisies d'après la couleur qu'évoque le sol considéré, compte tenu
de son aspect, de son mode de formation et de ses propriétés. Les sols
éoliens d'ablation par exemple sont formés de roches noires ou grises
et ont été représentés en gris; les sols éoliens d'accumulation et les sols
dunaires sont généralement roux, ils sont représentés en orangé, etc..
L'auteur avertit que cette première édition ne peut être tenue que
760 MAURICE BENCHETRIT.
Conclusion
cartographie des sols sont d'un intérêt fondamental pour les recherches
géographiques. Les travaux que M. Durand vient de publier apportent
ainsi une contribution extrêmement importante à ce chapitre de la
géographie algérienne.
L'étude génétique approfondie des sols n'est possible qu'en liaison
avec celle du milieu qui l'explique et qu'elle éclaire à son tour. Mais
dans la formation du sol, chacun des éléments du milieu agit en grande
partie indépendamment : il y a plutôt convergence d'effets que
combinaison. En Algérie, cette convergence se solde par une érosion des sols
très active et généralisée. Elle traduit donc un déséquilibre fondamental
entre les éléments du milieu.
Comme le note J.-H. Durand, si l'érosion peut changer l'état d'un sol,
elle ne donne pas naissance à un nouveau type génétique de sol. Les
solonetz formés sur les marnes miocènes par exemple sont
particulièrement sensibles à l'attaque de l'érosion; mais il ne résulte rien d'autre
de cette érosion qu'un solonetz dégradé, tronqué ou entièrement détruit.
L'érosion n'intervient donc dans la formation des sols d'Algérie que
comme facteur d'évolution régressive en quelque sorte.
Les diverses manifestations de l'érosion (ravinements, glissements
de terrain, etc.) sont partout présentes dans le Tell algérien. On connaît
l'importance du phénomène et la gravité du danger qu'il représente.
Mais l'étude des formes et des processus Je l'érosion des sols en Algérie
reste encore à faire. La question essentielle est celle-ci : quelles sont les
conditions exactes du déclenchement du phénomène en Algérie, comment
expliquer ce déséquilibre dont l'érosion accélérée est la résultante 15 ?
Maurice Benchetrit.
** J.-H. Durand consacre à cette question, qui sort du cadre de son sujet,
quelques pages seulement. Voir : J. Pouquet, Les monts du Tessala (SEDES,
Paris, 1952, p. 263-298), et M. Benchetrit, L'érosion accélérée dans les chaînes
telliennes d'Oranie (Rev. Géom. dyn., 1954, n° 5) et Le problème de l'érosion
des sols en montagne (R.G.A., 1965, n° 3).