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Charpy Jacques. Les archivistes de l'AOF face à leur temps.. In: Outre-mers, tome 97, n°368-369, 2e semestre 2010.
Cinquante ans d'indépendances africaines. pp. 293-309.
doi : 10.3406/outre.2010.4507
http://www.persee.fr/doc/outre_1631-0438_2010_num_97_368_4507
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d'études où l'on peut aussi trouver les courriers d'autres pays qui, envoyés au
Sénégal, n'étaient pas conservés sur place et des chercheurs de divers horizons. Il
reste précieux de connaître les acteurs et les étapes de leur agencement.
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ses liasses. On va lui bâtir quelque chose ; il dresse des plans conçus
suivant les formules les plus modernes, mais les fonds qu'on lui
réserve passent à des dépenses plus urgentes, et l'on n'imagine pas
combien de choses et quelles choses, dans une colonie, paraissent
plus argentés que l'installation d'un dépôt d'archives. On le relègue
en attendant dans quelque coin inoccupé, dans une dépendance
d'autres services ; il insère une petite table et deux chaises entre deux
rayons ; il emprunte de l'encre au service de l'Enseignement, du papier
à la direction des Finances, de la ficelle au chef de cabinet. C'est une
espèce de moine mendiant que les autres ordres ne prennent guère au
sérieux.
« Si dépourvu qu'il soit, il se met au travail. On ne sait pas en général
ce qu'une tête de chartiste contient d'obstination. Personne, Dieu
merci ! ne le surveille ; la nomination d'un archiviste s'imposait ; c'est
fait, l'honneur est sauf et l'heureux titulaire peut bien écrire des romans
exotiques, si cela lui chante. Mais le plus curieux est qu'il n'y songe
guère. Le voilà qu'il classe, ficèle et numérote, accumule des fiches
admirables et lutte farouchement contre les ennemis que l'École des
Chartes n'avait pas prévus, l'humidité tropicale qui vous transforme un
dossier en éponge, les termites qui en font des confetti. Bien mieux, son
ambition se développe. Les registres ou les liasses qu'il est en train de
cataloguer ne représentent qu'une toute petite partie des archives
Il voudrait obtenir des services administratifs l'abandon de leurs
archives anciennes et un versement périodique ; il voudrait surtout faire
rentrer au chef-lieu les richesses qui dorment dans les postes de
et qui peu à peu passent du sommeil au néant. Il rêve de récole-
ment gigantesque. Il sollicite des missions dans les régions les plus
reculées de la colonie. Il projette une organisation d'ensemble dont il
sera le centre et qui permettra de mettre à l'abri l'essence même de
l'histoire du pays. En un mot, il devient gênant. On le lui fait bien voir.
Les plus polis lui cèdent quelques vieux annuaires et des collections
dépareillées du Bulletin officiel. D'autres se retranchent derrière les
nécessités de la politique indigène ou le secret diplomatique et ne
cèdent rien du tout. Personne avant lui ne pensait à s'occuper
Chacun, dès qu'il paraît, se prend d'une ardente passion pour ce
trésor convoité, déclare ne pouvoir s'en passer. Et les sources, après son
passage continuent de se tarir ; elles disparaissent dans le sable des
négligences et des ignorances... » 6.
Mobilisé en septembre 1914, Claude Faure combat comme
de réserve au Cameroun, sur la Somme et en Macédoine. Une
grave blessure le contraint à quitter le front et, à la demande expresse
du gouverneur général, il est de retour à Dakar en juin 191 8 et se marie
en novembre 191 9. Déçu par l'insuffisance des locaux et l'impossibilité
d'y recevoir des versements, il quitte définitivement Dakar à la fin de
12. Carlo Laroche, « Les Archives d'outre-mer et l'histoire coloniale française », dans
Revue historique, octobre-décembre 1951, p. 213-223.
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15. Damien d'Almeida, Premier répertoire des Archives nationales de Guinée, Berlin, 1962,
224 p.
16. Jacques Charpy, La Fondation de Dakar (1845-1857-1869), Documents recueillis et
publiés par..., Paris, Larose, 1958, 596 p., 39 pi. h.t. -Voir aussi : Jacques Charpy, « Le
contre-amiral Léopold Protêt (1 808-1 862) et l'expansion coloniale de la France », dans
Société d'histoire et d'archéologie de Saint-Malo, Annales, 2004, p. 79-104 ; et Jacques
Charpy, Dakar, naissance d'une métropole, Rennes, éditions Les Portes du Large, 2007,
120 p.
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France, par mer pour se remettre des deux ans et donc des deux
hivernages de séjour. Depuis, j'ai exercé en Bretagne les fonctions de
directeur des Archives départementales de 1959 à 1973 dans le Finistère
à Quimper, de 1973 à 1991 en Ille-et-Vilaine à Rennes *7. Ici et là, et en
Afrique, j'ai toujours eu plaisir à accueillir des archivistes et former des
stagiaires africains et à poursuivre des recherches sur l'histoire de
l'Afrique l8.
17. Cf. la bibliographie de Jacques Charpy, dans : Charpiana. Mélanges offerts par ses
amis à Jacques Charpy, Fédération des sociétés savantes de Bretagne, 1991, 844 p.
18. Jacques Charpy, Casamance et Sénégal au temps de la colonisation française.
historique sur la Casamance, Dakar, ministère de la Communication, 1993, 47 p.
19. Jean-François Maurel, « Les archives de l'A.O.F. avant, pendant et après l'A.O.F. »,
dans A. O.F. : réalités et héritages. Sociétés ouest-africaines et ordres colonial, 1895-1960, Dakar,
1997, tome 1, p. 189-195.
20. Sources de l'histoire de l'Afrique au Sud du Sahara dans les archives et bibliothèques
françaises. I. Archives, Unesco, Conseil international des Archives, 1971, p. 590-597. Il
existe en France deux exemplaires des microfilms, l'un conservé aux Archives nationales
à Paris, l'autre au dépôt des archives d'outre-mer à Aix-en-Provence.
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