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Présence du R. P. Lebret
In: Tiers-Monde. 1966, tome 7 n°27. pp. 457-460.
Perroux François. Présence du R. P. Lebret. In: Tiers-Monde. 1966, tome 7 n°27. pp. 457-460.
doi : 10.3406/tiers.1966.2247
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1966_num_7_27_2247
Présence du R. P. Lebret
(1897-1966)
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FRANÇOIS PERROUX
il a compris, dès ce moment, que l'esprit, les projets, les motifs des agents
humains, que l'image de l'homme et la réalité de l'ensemble charnel et
spirituel qu'est la personne, sont au fondement de toute structure et de
toute politique économique. De là la création d'un foyer de recherche
et d'une revue, Économie et Humanisme (1942), dont le rayonnement n'a
pas tardé à devenir mondial.
Chaque extension de la sphère d'enquête et d'influence de son œuvre
a été préparée par des enquêtes minutieuses et a abouti à des réalisations
inscrites dans les réalités vivantes. Louis-Joseph Lebret est une sorte
de Le Play du xxe siècle et l'on peut mettre à son actif d'innombrables
« monographies » d'activités, de pays, de groupements d'hommes en
Europe et dans tous les continents. Le grand public, lui-même, si distrait
et si incapable de s'intéresser aux œuvres profondes et aux hommes,
méprisant les succès de vogue, sait que le Père et ses équipes ont contribué
à l'élaboration des plans de développement en Afrique noire, au Moyen-
Orient, en Amérique latine. « Mes laboratoires », disait en souriant,
non sans une pointe de fierté, le marin, l'homme des horizons qui
reculent, le penseur qui acceptait les contradictions de la vie pour les
surmonter et croyait à l'éternité et à l'infini présents, dans les espaces
limités et les temps exigus que transcendent l'intelligence qui forge les
signes efficaces et l'âme qui accueille les symboles exaltants. « Je vous
dirai un jour ce qu'est la messe... », me chuchotait-il entre deux exposés;
comme Teilhard de Chardin, le P. Lebret a dit ses messes « sur le monde »,
a dit sa messe sur le monde.
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elle-même. N'est pas homme de science celui qui, glissant à la surface des
réalités, refuse d'analyser, de calculer et d'introduire dans des programmes
applicables et opératoires les coûts et les rendements de la ressource
humaine.
Les idées et les concepts libérateurs de pouvoirs économiques,
d'effets de domination et d'entraînement, de pôles de croissance et de
développement, de croissance et de développement harmonisés, le
fondateur de PL R. F. E. D. les a étudiés, enrichis et employés sur le
terrain, en termes statistiques autant qu'il a été possible, en vue d'élaborer
des programmes et des plans propres à « conserver », à « garder » et à
« promouvoir » les hommes. C'est pourquoi le P. Lebret, religieux, écono
miste de pensée et d'action, est aussi une grande figure politique. C'est
cette inspiration qui éclate dans les derniers ouvrages (195 8-1965) :
Manifeste pour une civilisation solidaire ; Suicide ou survie de l'Occident ;
Dynamique concrete ou développement.
Le P. Lebret a contribué à une œuvre plus grandiose que toutes
celles que je viens d'essayer de signaler dans la hâte et le chagrin.
Il a favorisé cette admirable prise de conscience par le catholicisme
des nouvelles dimensions de la catholicité. Les chrétiens et les humanistes
de la Déclaration des Droits sont en train de découvrir les conditions
sous lesquelles leurs initiatives les plus sincères pourraient converger
et fructifier. Tout cela est lent, hésitant, lesté de prudences légitimes et
même de méfiances intempestives. C'est un point d'aube au fond d'une
nuit d'absurdités violentes. Vers ce point d'aube se tournent les regards
de tous ceux qui ont compris qu'il n'y a pas de progrès économique
séparé, ni sans doute de charité pleinement respectable, sans quelque
attention accordée au progrès humain.
François Perroux.
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