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Bouillier Victor. Traduction de six chapitres du "Discreto". In: Bulletin Hispanique, tome 28, n°4, 1926. pp. 356-374;
doi : https://doi.org/10.3406/hispa.1926.2255
https://www.persee.fr/doc/hispa_0007-4640_1926_num_28_4_2255
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i. Doti Francisco Fernández de Caslro, y" comte «le Lemas, duc de Taurisano
í i6i3-iGGa), vice-roi d'Aragon. Mentionné dans le Criticón, I. 6. — Neveu du «grand
comte de Lemos », le protecteur de Cervantes.
3. Comparer avec ce chapitre les mai ¡mes a5 et 210 de V Oráculo. — Juan
Francisco Andrés de Uslarro/ (iCo6-iG53), Cronista del Ileino, auteur de nombreux
ouvrages, pour la plupart relatifs à l'histoire d'Aragon. Sa Zaragoza antigua, dont il
est question à la fin du chapitre, est restée à l'état de manuscrit. Voir sa notice dans
Latassa (Bibliot. escritores aragoneses).
3. Antonio Pérez, secrétaire de Philippe II, qui trouva asile et protection en
France auprès d'Henri IV, et en Angleterre auprès d'Elisabeth. — II y a ici une
agudeza: ... Anfión aragonés... los coronados Delfines extraños.
36O BULLETIN HISPANIQUE
Auteur. — Telle est la puissance de l'harmonie, et plus encore,
celle du style par lequel ce prodigieux esprit charmait les oreilles.
Docteur. — Aujourd'hui, dire la vérité, cela se qualifie de sottise.
Auteur. — Aussi, pour ne pas avoir l'air d'un enfant ou d'un sot,
personne ne veut la dire à ceux qui n'y sont pas accoutumés. Au
monde, il n'est demeuré d'elle que quelques restes, et encore on ne
les fait voir qu'avec mystère, cérémonie et précaution.
Docteur. — Avec les princes, on se borne toujours à la laisser
entrevoir peu à peu.
Auteur. — Mais c'est à eux d'y bien réfléchir, car il y va de la
perte ou du salut.
Docteur. — La vérité est une demoiselle pudique autant que belle ;
aussi va-t-elle toujours voilée.
Auteur. — C'est aux princes à la découvrir galamment, car ils
devraient être des devins pour la vérité et des zahoris pour la
tromperie1. Plus on dit la vérité entre les dents, et plus on la leur donne
toute mâchée, afin que mieux ils la digèrent et en profitent.
Aujourd'hui le désabusement ne procède qu'avec politique. Il va, d'ordinaire,
dans le demi-jour, soit pour se retirer dans les ténèbres de la flatterie
s'il se heurte à la sottise, soit pour apparaître dans la pleine lumière
de la vérité, s'il rencontre la sagesse.
Docteur. — Quel plaisir de voir une savante compétition entre la
précaution du prudent donneur de conseils et l'attention de
l'écouteur avisé2! L'un insinue, et l'autre réfléchit, surtout quand c'est
matière à désabusement.
Auteur. — Oui, il faut ajuster son esprit selon l'occurrence : serrer
toujours la bride à sa crédulité si l'on entend des choses favorables,
la lui lâcher et même lui donner de l'éperon, si l'on entend des choses
déplaisantes. Lorsque, chez celui qui parle, la flatterie s'avance trop
loin, celui qui écoute doit avoir la sagacité de rectifier cette avance.
Car la réalité n'est jamais que la moitié de ce que l'imagination nous
a représenté.
Docteur. — Pour les choses déplaisantes, je dirais, au contraire,
que l'imagination dépasse la réalité, car le moindre geste hostile, le
plus léger froncement de sourcils révèle à l'homme avisé l'étendue de
ce qui lui reste à parcourir.
Auteur. — Et tout ce dont il aura parfois à rougir*. Donc, en
écoutant, qu'il n'oublie pas qu'on lui tait bien davantage. L'homme
prudent lui dira peu, ne s'aventurera qu'avec précaution sur les points
Satire.
Satire.
Ce fut pour les sages un sujet de réflexion, tandis que c'en était un
de risée pour les sots, de voir Diogène courir avec une torche allumée,
en plein midi, se frayant passage dans une rue encombrée de monde.
Puis, il y eut un étonnement général lorsque Diogène répondit aux
questionneurs: «Je vais cherchant des hommes, avec le désir d'en
rencontrer un, et je ne le trouve pas. » — «Quoi! lui dit-on, et tous
ces gens-là, ne sont-ce pas des hommes? » — « Non, répondit le
philosophe, ce sont des figures d'hommes, mais non de véritables hommes. »
De même qu'il y a des qualités particulièrement prisées, il est aussi
des défauts particulièrement saillants ; celles-là nous attirent la
sympathie des gens d'élite, ceux-ci le mépris universel. Or, le défaut dont
nous voulons parler est un des plus notables, et justement fameux,
soit par lui-même, soit par les personnages chez qui on le rencontre.
Il présente autant de variétés que d'analogies, et ses adeptes sont si
nombreux qu'il faut renoncer à les spécifier.
Satire.
t. ... por haber muerto un jabalí, que no er<\ triunfo, sino porquería.
372 . ■ BULLETIN HISPANIQUE
Fable.
i. Entraron en la quinta de la Hermosura, que está muy cerca del sexto, para pagarlo
ptr las setenas. Il y a là un triple jeu de mol* : la quinta est ainsi nommée parce que
primitivement le colon d'une maison de campagne devait payer au propriétaire le
cinquième des fruits; el sexto est le sixième commandement de Dieu : «no fornicarás»;
telenas signifiait anciennement la condamnation au septuple du dommage causé.
374 BULLETIX HISPANIQUE
des plaintes des hommes, mais aujourd'hui celles de cet animal, si
infortuné à tous égards, né manquent pas d'une certaine apparence. »
La Fortune jeta un regard sur l'âne, et commença de sourire; mais,
se rappelant où elle était, elle se contint, et dit, en affectant le plus
tfrand sérieux :'u Souverain Jupiter, il me suffira d'un mot pour me
justifier, et ce mot, le voici : puisque c'est unâne,dequoi se plaint-il?»
Tout l'auditoire rit à celle réponse, et Jupiter lui-même y applaudit ;
pour la confirmer, et pour donner au sot accusateur une leçon plutôt
qu'une consolation, il dit à l'âne :
« Pauvre animal, tu n'aurais jamais été aussi misérable, si tu avais
été plus avisé! Va-t'en, et efforce-toi, à partir de ce jour, d'être alerte
comme le lion, prudent comme l'éléphant, rusé comme le renard, et
méfiant comme le loup. Sache choisir les bons moyens, cl lu arriveras
à tes fins. » Puis, élevant la voix, Jupiter ajouta: «Mortels, tous tant
que vous êtes, désabusez-vous, et apprenez qu'il n'y a ni fortune, ni
infortune, mais prudence et imprudence *. »
Victor BOUILLIER.
1. C'est là un thème favori de Gracián; cp. Oráculo 21, 3i. Ci. i<)3, 380. Thème
très ancien; citons seulement Juvénal. bien qu'il t>oit loin d'en avoir la priorité : • ."Sul-
lum numen abest si mí prudenlia. » (Sat II.)