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Résumé
Plus de 5000 tirailleurs sénégalais et et malgaches, déserteurs ou évadés des camps de prisonniers après l'armistice de 1940,
ont choisi de rejoindre les rangs delà Résistance. Le récit, en particulier dans les Vosges et le Vercors, de quelques-unes de
leurs actions trop souvent oubliées.
Rives Maurice. Les tirailleurs malgaches et sénégalais dans la Résistance. In: Hommes et Migrations, n°1158, octobre 1992.
Mémoire multiple. pp. 17-22;
doi : https://doi.org/10.3406/homig.1992.1893
https://www.persee.fr/doc/homig_1142-852x_1992_num_1158_1_1893
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Illustration non autorisée à la diffusion des francs-tireurs.
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travail obligatoire et possède
(Haute-
domaniale de Romains-aux-
groupe comporte aussi 18
tous déserteurs de la Wehr¬
Vierge à Epinal. Leurs noms, celui du Guinéen étant officier français désigné pour les encadrer, le sergent
Vilcheze.
Herbouilly. En dépit de leurs efforts, les Africains ne En définitive, le 16 août, le groupe Jouneau
peuvent atteindre ce lieu car les gebirgsjäger6 leur arrive
le Dioisà tromper
où il retrouve
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de l'ennemi
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et gagne
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barrent le passage. Ils se scindent alors en deux déta¬
chements. Le premier avec le lieutenant Moine et lors les Africains constituent deux sections qui, le
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38 tirailleurs,
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longtempsen se
errénourrissant
sous des 22 août, vont participer efficacement à la prise de
Romans-sur-Isère, défendue avec opiniâtreté par
d'herbes, retrouvera le 25 juillet le 11e régiment de une forte garnison de la Wehrmacht. Les Africains
cuirassiers. Une fois la jonction effectuée, le groupe se distinguent lors de l'attaque au cours de laquelle
gagne avec les cavaliers la forêt de Lente. Les ils récupèrent entre autres armes, deux mitrailleuses
tirailleurs seront par la suite surtout employés pour qu'ils retournent sur le champ contre l'ennemi.
assurer la sécurité du poste de commandement du Durant le combat, le tirailleur Samba M'Bour est si
régiment et effectuer des patrouilles. A plusieurs grièvement blessé qu'il décédera le lendemain. Peu
reprises, ils détectent l'ennemi qui les recherche après, il sera enterré devant une foule nombreuse et
pour les anéantir. Une nuit ils le localisent à moins au cours d'une cérémonie empreinte d'émotion.
de cent mètres mais comme ils ont reçu l'ordre de ne Romans étant tombée aux mains des FFI, les
pas se dévoiler, ils ne tirent pas. Couchés sur le sol, tirailleurs, décrits comme " portant leurs cartou¬
ils écoutent le cœur battant, les lourdes bottes de chières comme des fétiches et bardés de bandes de
l'adversaire écraser, tout près, les brindilles du sous- foule.
mitrailleuses" , sont follement acclamés par la I
bois.
Le 30 juillet, le caporal Sa Traore est blessé au
cours d'un violent engagement, le FFT qui l'accom¬
pagne, le sergent Haess, grièvement atteint, étant
achevé d'une balle dans la nuque par les assaillants. "Aux champs de la défaite, si j'ai
Finalement, l'ennemi est repoussé mais les rescapés replanté ma fidélité, c'est que
africains doivent se dissimuler et passer toute une
nuit à proximité des Allemands sur une pente si Dieu de sa main de plomb avait
abrupte que, pour sommeiller, ils s'attachent avec
leur ceinturon aux arbres qui parsèment la déclivité. frappé la France" Léopold Sédar Senghor
Jusqu'à la mi-août, les hommes du lieutenant Moine,
sans ravitaillement, se déplacent sans cesse afin de
ne pas se faire repérer par les gebirgsjäger qui les
poursuivent. Enfin, le 10 août, ils réussissent à
rompre l'encerclement et arrivent dans la région de
la Baume d'Hostun.
La deuxième petite troupe qui comprend 14
tirailleurs a été mise à la disposition du comman¬
dant Jouneau, dit Georges. Le 23 juillet, les Afri¬
cains participent à une contre-attaque en direction
des Allemands solidement installés dans la région
de la Tête des Chattons (1 873 mètres) d'où ils
effectuent des tirs de mortiers sur les positions
françaises.
de briser l'étreinte
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ments qui culminent parfois à plus de 2 000
mètres,
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Le com¬
des
mandant Jouneau réussira cependant à acheter
quelques moutons qui suivront la troupe et maigri¬
ront d'autant au cours de cette longue marche, à tel
point qu'ils seront baptisés par les FFI "moutons
aux jambes de bois". Le plus souvent les Africains
sont en tête de la colonne qui se déplace la nuit
pour échapper aux recherches aériennes. A plu¬
sieurs reprises, ils éviteront ainsi à leurs cama¬
rades de venir se heurter à de petits postes alle¬
mands.
fort justement perpétué, il ne semble pas que le beaucoup des vieux habitants de cette ville surent
sacrifice de leurs autres compatriotes tombés lors trouver des accents émouvants pour faire revivre la
des combats de la Libération ait fait l'objet de la part jeunesse de ce résistant guinéen. Plus qu'une recon¬
naissance officielle, souvent sans lendemain, l'hom¬
des autorités
l'honorer et à officielles
le faire connaître
d'une campagne
de la nation.destinée
L'actionà
mage des humbles combattants qui ont côtoyé,
volontaire de ces hommes courageux n'a pas laissé apprécié et conservé
volontairement lutter leavec
souvenir
eux estdes
à retenir.
Africains venus
dans la mémoire collective de notre pays plus de
trace que celle d'un pas vite effacé par le vent dans Dans des circonstances tragiques où l'existence
le sable du désert. Pourtant, à l'époque, leur partici¬ même de la nation était en péril, les tirailleurs, combat¬
pationsouhaitée.
ment à la délivrance de la France avait été ardem¬ tants malheureux de 1940, ont pris une part non négli¬
geable à la libération de notre pays. Ainsi, ils avaient
Trois causes essentielles peuvent expliquer un pleinement illustré le vers de leur célèbre compatriote
silence qui ne saurait en aucune façon être assimilé à Léopold Sédar Senghor qui écrivit plus tard : "Aux
de l'ingratitude. champs de la défaite, si j'ai replanté ma fidélité, c'est
• En 1944-1945, les FFI africains ont rejoint que Dieu de sa main de plomb avaitfrappé la France" .
leurs villages
camaradesd'où
de très
combat.
peu ont
Ils correspondu
n'ont sollicitéavec
ni Après leur rapatriement, beaucoup de ces hommes
mettant en pratique les idéaux qui leur avaient été
décorations ni pensions, et lentement, au fil des inculqués dans la Résistance combattront pour obtenir
ans, leur souvenir s'est effacé, hormis dans la l'indépendance de leur territoire natal et s'opposeront
mémoire de quelques-uns de leurs anciens frères parfois violemment à la France. Mais ceci, comme dit
d'armes. Rudyard Kipling, "est une autre histoire" .