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BURKINA FASO

Unité –Progrès – Justice

COURS DE BETON ARME II


A L’INTENTION DES ETUDIANTS DE PREMIERE ET DEUXIEME ANNEE DE LICENCE

Patrice BATIANA
Ingénieur de conception Mai 2014
en génie civil et infrastructures
DEUXIEME PARTIE

DIMENSIONNEMENT
(Suite)
1

CHAP I - LES HYPOTHESES DE CALCUL DU BETON ARMÉ

Le règlement BAEL repose sur des hypothèses sur la base desquelles toute la théorie est bâtie.
Ces hypothèses sont propres à chaque état limite et au type de sollicitation à laquelle
l’élément de structure est soumis. Cependant certaines hypothèses sont communes à tous les
états limites. Ce sont les suivantes :

1. Les sections droites planes restent planes après déformation.


2. Il n’y a pas de glissement relatif entre l’acier et le béton
3. La résistance du béton tendu est négligée.

I.1 : HYPOTHESES GENERALES COMMUNES A TOUS LES ETATS LIMITES

I.1.1 Hypothèse de Navier-Bernouilli

Les sections droites planes restent planes après déformation

a0

Si nous considérons une fibre d’ordonnée y de longueur L0 avant déformation, elle aura après
déformation une longueur L1. Nous rappelons déformation unitaire la grandeur :
2

Ainsi pour le béton on aura :

Pour l’acier on aura,

Représentation de la section après déformation :

Les déformations unitaires du béton sont proportionnelles à l’éloignement de la fibre


considérée à l’axe neutre d’où εbc = ky.
3

I.1.2 Hypothèse 2: Pas de glissement relatif entre le béton et l’acier

Cette hypothèse se traduit autrement en disant que εst, la déformation unitaire de l’acier, est
la même que la déformation unitaire du béton de même ordonnée d’où εst = k(d-y).
Les relations dans les triangles semblables permettent d’écrire que :

Cette relation peut se réécrire :

𝛼
εbc = εst
1−𝛼

et

1−𝛼
εst = εbc
𝛼

Le paramètre α est appelé "paramètre caractéristique de l’état de déformation de la


section".

I.1.3 Hypothèse 3: La résistance du béton tendu est négligée

On considère le béton comme un matériau fissuré dès lors qu’il est soumis à des contraintes
de traction. Ainsi la zone tendue ne participe pas à la résistance, elle est négligée dans le calcul.

I.2 : HYPOTHESES SUPPLEMENTAIRES POUR LES E.L.S.

En plus des hypothèses communes aux états limites étudiées ci-dessus, les ELS en ajoutent
d’autres qui tiennent compte de l’exigence de durabilité de la structure:
- Les contraintes sont proportionnelles aux déformations :
- Le coefficient d’équivalence η a pour valeur 15.

I.2.1 Contraintes proportionnelles aux déformations

Les limites imposées pour les contraintes sont telles que les matériaux ne se déforment pas
de manière irrémédiable. Ils se comportent dans un domaine dit élastique, c’est-à-dire qu’ils
reprennent leur longueur initiale dès que cesse l’action qui avait engendré une déformation.
Cette hypothèse nous autorise à appliquer la loi de Hooke au BA.

σbc = Eb.εbc
σst = Es.εst

Les coefficients Eb et Es sont appelés MODULES D’YOUNG, respectivement du béton et de


l’acier.
4

I.2.2 Coefficient d’équivalence η

Le coefficient d’équivalence est le rapport du module d’élasticité longitudinal de l’acier à celui


du béton. Il est conventionnellement fixé à 15.

Le module module d’Young de l’acier est Es = 2.105 MPa.


𝐸𝑠
Le module d’Young du béton va de 104 MPa à 3.104 MPa. Le rapport η = varie donc de 7
𝐸𝑏
à 20.

Le règlement BAEL prend conventionnellement η égal à 15 pour considérer à la fois les


charges de courtes durées et les charges de longues durées d’application.

I.3 : HYPOTHESES SUPPLEMENTAIRES POUR LES E.L.U.

3.1 Définition de la notion de contrainte


On appelle contrainte, la densité de répartition d'une force sur une surface. C’est le quotient de
l’intensité de la force s’appliquant sur une surface donnée par la valeur de cette surface. La contrainte
se mesure en pascals.
F
S

𝑭
σ=
𝑺

3.2 Essai de compression sur béton


Pour déterminer la résistance d’un béton à la compression, on effectue en laboratoire un essai de
compression. Cet essai se fait sur une éprouvette normalisée appelée 16x32. Elle a une forme
cylindrique de hauteur 32 cm et de diamètre 16 cm.
L’essai consiste à appliquer sur l’éprouvette des forces d’intensité croissante et à mesurer à chaque
application, la déformation qui en résulte sur l’éprouvette. Pour chaque intensité de force on calcule
∆𝐿 𝐹
la déformation unitaire εbc = . Ensuite on trace le graphe σ= = f(εbc).
𝐿 𝑆
En général ce graphe a l’allure suivante.
σbc (Mpa)

εbc (0/00)
La courbe ainsi obtenue est appelée " diagramme déformations-contraintes".
5

3.3 Le diagramme parabole-rectangle

Le diagramme déformations-contraintes réel obtenu par les essais de compression est


considéré pour les vérifications aux E.L.U comme un diagramme parabole-rectangle.

σbc : contrainte de compression du béton


fcj : résistance caractéristique du béton en compression à j jours
εbc : déformation du béton en compression
Pour des raisons évidentes de sécurité, le règlement impose que la contrainte maximale fcj ne
soit pas prise en compte pour les vérifications aux E.L.U. On considère en ses lieu et place une
valeur inférieure appelée résistance conventionnelle ultime à la compression et notée fbu.
Cette valeur correspond à la contrainte qui engendre une déformation du béton comprise
entre 2 et 3%0. La valeur de fbu est donnée par la relation suivante :
𝟎,𝟖𝟓 𝒇𝒄𝒋
fbu =
𝜣𝜸𝒃

𝜸𝒃 est le coefficient de sécurité du béton.

1,5 dans le cas général


𝜸𝒃 = {
1,15 dans les combinaisions accidentelles

𝜣 est un coefficient qui dépend de la durée d’application des charges

0,85 si la durée d′ applicationdes charges est inférieure à 1 h


𝜣 ={0,9 si la durée d’application des charges est comprise entre 1 h et 24 h
1 si la durée d’application des charges est supérieure à 24 h
0,85∗25
Exemple : si fc28 = 25 Mpa, on aura fbu = = 14,17 Mpa.
1,5
Ceci est une hypothèse supplémentaire propre aux E.L.U.
6

3.2 Essai de traction sur l’acier

On soumet une éprouvette d’acier de section constante à des essais successifs de traction,
tout en mesurant l’intensité de la force appliquée et les allongements obtenus. Ensuite on
trace le graphe donnant les déformations en fonction des contraintes.

∆𝐿
Pour chaque intensité de force on calcule la déformation unitaire εbc = . Ensuite on trace le
𝐿
𝐹
graphe σ= 𝑆 = f(εbc).
En général ce graphe a l’allure suivante.
σbc (Mpa)

fe
fsu

2 10
εbc (0/00)

La courbe ainsi obtenue est appelée " diagramme déformations-contraintes".

Pour des raisons évidentes de sécurité, le règlement impose que la contrainte maximale f e ne
soit pas prise en compte pour les vérifications aux E.L.U. On considère en ses lieu et place une
valeur inférieure appelée résistance conventionnelle ultime à la traction et notée fsu. Cette
valeur correspond à la contrainte qui engendre une déformation de l’acier égale à 2% 0. La
valeur de fsu est donnée par la relation suivante :
𝒇𝒆
fsu =
𝜸𝒔

𝜸𝒔 est le coefficient de sécurité de l’acier. Il est pris égal à 1,15.


6

CHAPITRE II : LA FLEXION SIMPLE A L’E.L.U.


I. DEFINITION

Une poutre est soumise à la flexion simple, si en toute section droite, les forces extérieures,
situées à sa gauche se réduisent au centre de gravité G, à un moment de flexion M f et à un
effort tranchant V.

II. ETUDE D’UNE SECTION FLECHIE

1) Le diagramme rectangulaire

Lorsque la section est partiellement comprimée (cas de la flexion simple), nous pouvons
remplacer le diagramme parabole-rectangle par un diagramme rectangulaire simplifié.

2) Equilibre d’une section

Soit une section sollicitée par un moment de flexion Mu.

Les efforts normaux internes sont dans ce cas :


- Nbc, la résultante des efforts de compression dans le béton
- Nst, la résultante des efforts de traction dans les aciers tendus
7

yu

Les résultantes des efforts normaux sont :


Effort de compression du béton : Nbc = fbu.b.yu
Effort de traction de l’acier : Nst = Ast.fsu

L’équilibre de la section se traduit par :


Equilibre des forces : Nbc = Nst
Equilibre des moments : Mu = Nbc.Z = Nst.Z

Nous appelons z le bras de levier du couple interne, c’est-à-dire la distance entre les deux
résultantes.

Z = d – 0,4yu
𝑦𝑢
Or α = , donc yu = α.d.
𝑑

Donc
z = d(1 – 0,4 α)
8

En utilisant le diagramme rectangulaire simplifié, on a Nbc = 0,8yu.b.fbu

Nbc = Nst 0,8yu.b.fbu = Ast.fsu

Mu = Nbc.Z = Nst.Z Mu = 0,8yu.b.fbu.d(1 – 0,4 α) = 0,8 α.b.d2 fbu.(1 – 0,4 α)

D’où l’on peut écrire :

𝐌𝐮
= 0,8α(1 – 0,4α)
𝐛𝐝𝟐 𝐟𝐛𝐮

III. DEFINITION DU MOMENT REDUIT

On appelle "moment réduit", la quantité

Le moment réduit augmente avec la sollicitation et lorsque les dimensions de la section


diminuent.

mu s’exprime par une équation du second degré en ∝ qui, une fois résolue donne:

IV. LA REGLE DES TROIS PIVOTS

Cette règle se fixe pour objectif d’utiliser au mieux les matériaux acier-béton d’une poutre BA
fléchie.
En fonction des sollicitations normales, la rupture d’une section en BA peut intervenir :
- par écrasement du béton comprimé
- par épuisement de la résistance de l’armature tendue.

3.1. Diagramme des déformations limites

Les positions limites que peut prendre le diagramme des déformations sont déterminées à
partir des déformations limites du béton et de l’acier.
Nous rappelons que ces dé
formations limites sont :
- pour le raccourcissement du béton εbc = 3,5 %o
- pour l’allongement de l’acier εst = 10 %o
9

Ce diagramme est celui pour lequel les déformations limites sont atteintes, c’est-à-dire
εbc = 3,5 %o et εst = 10 %o donc ∝AB est égal à :

donc le moment réduit correspondant est :

μAB = 0,8. ∝AB. (1-0, 4. ∝AB) = 0,186


à μAB correspond MAB = μAB .b.d².fbu.

Lorsque le moment fléchissant Mu est différent de MAB le diagramme des déformations est
différent.
Le diagramme des déformations satisfait alors à la règle des pivots.
La déformation est représentée par une droite passant par l’un des points A ou B, appelés
pivots.

3.2. Le pivot A : Utilisation maximum de l’acier

Si μu < μAB = 0,186

Dans ce cas, la déformation de la section est représentée par une droite passant par le pivot
A.
10

Les déformations sont représentées par des droites comprises entre les deux droites limites
AO et AB.
Dans ce cas yu = ∝.d diminue. Donc εbc diminue car εst ne peut pas augmenter. Ceci se
traduit par un mouvement de rotation du diagramme des déformations autour du Point A.

Nous sommes dans le domaine 1 d’utilisation maximale de l’acier.

Tous les diagrammes de déformation de sections soumises à un moment fléchissant tel que
Mu < MAB vont décrire le domaine 1.
Alors :

3.3. Le pivot B : Utilisation maximum du béton

Si Mu > MAB, alors μu > μAB et α > αAB


Dans ce cas la déformation de la section est représentée par une droite passant par le pivot
B.

𝜺𝟏 0
10
11

Les déformations sont représentées par des droites comprises entre les deux droites limites
BA et BD.
Dans ce cas, yu = α.d augmente. Donc εst diminue car εbc ne peut pas augmenter. Ceci se
traduit par un mouvement de rotation du diagramme des déformations autour du point B.
Nous sommes dans le domaine 2 d’utilisation maximale du béton.

Tous les diagrammes de déformation de sections soumises à un moment fléchissant tel que
Mu > MAB vont décrire le domaine 2.

Dans le pivot B, il faut distinguer deux zones:

▪ zone BCD : 0 ≤εs <εe


▪ zone BAC : εs ≤ ε1 ≤ 10 %o.

ε1 = fe/γs (acier bien utilisé).


La lecture des diagrammes déformations-contraintes des aciers, nous montre qu’à partir de
ε1 et jusqu’à une déformation nulle, la contrainte dans les aciers chute rapidement. Les aciers
ne sont alors pas bien utilisés.
On choisira ε1 comme limite pour l’utilisation des armatures simples.
La déformation ε1 est une limite qu’il faut éviter de dépasser.

Le pivot B est donc caractérisé par :

0 ≤ 𝜺𝒔𝒕 ≤ 𝜺𝟏
𝜺𝒃𝒄 = 3,5%0
0,259 ≤α ≤ 𝜶𝟏 = f(𝜺𝟏 )
0,186 ≤ 𝝁𝒖 ≤ 𝝁𝟏 = f(𝜺𝟏 )

μ1 dépend du type d’acier selon le tableau suivant :


Nuance de l’acier μ1
FeE215 0,432
FeE235 0,427
FeE400 0,392
FeE500 0,372

3.4. Le pivot C : La contrainte limite du béton est dépassée

Le pivot C est un sous-ensemble du pivot B. Il correspond à la zone BAC.


Il est caractérisé par :

𝜺𝒔𝒕 > 𝜺𝟏
𝜺𝒃𝒄 = 3,5%0
α > 𝜶𝟏 = f(𝜺𝟏 )
𝝁𝒖 > 𝝁𝟏 = f(𝜺𝟏 )
12

3.4. Récapitulatif

𝑷𝒊𝒗𝒐𝒕 𝑨 𝑷𝒊𝒗𝒐𝒕 𝑩 𝑷𝒊𝒗𝒐𝒕 𝑪


µ𝒖
0 0,186 µ𝟏
𝑨𝒓𝒎𝒂𝒕𝒖𝒓𝒆𝒔 𝒔𝒊𝒎𝒑𝒍𝒆𝒔 𝑨𝒓𝒎𝒂𝒕𝒖𝒓𝒆𝒔 𝒅𝒐𝒖𝒃𝒍𝒆𝒔

V. CALCUL PRATIQUE D’UNE SECTION D’ACIERS

4.1 Principe

Données

- Les dimensions de la poutre : bxh


- La distance utile : d
- La nature des matériaux employés
- Le moment ultime sollicitant : Mu

On commence par calculer le moment réduit μu.


Ce moment réduit est comparé au moment μAB = 0,186.

▪ Si μu < 0,186 ⇒ Pivot A Armatures simples


Si μu ≤ μ1 ⇒ Armatures simples
▪ Si μu > 0,186 ⇒ Pivot B
Si μu > μ1 ⇒ Armatures doubles

4.2 Déroulement du calcul sous Pivot A

Calcul du paramètre de déformation

Calcul du bras de levier

Calcul de la section d’acier


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4.3 Déroulement du calcul sous Pivot B

Calcul des contraintes limites

Calcul des moments réduits

μ1 se lit dans le tableau donné ci-avant. Par exemple μ1 = 0,392 pour les aciers Fe E 400.

Comparaison des moments réduits μu et μ1

➢ Si μu ≤ μ1 ⇒ Armatures simples.

Calcul du paramètre de déformation

Calcul du bras de levier

Calcul de la section d’acier

4.4 Déroulement du calcul sous Pivot C

➢ Si μ1 ≤ μu ⇒ Armatures doubles.

Calcul du paramètre de déformation

Calcul du bras de levier

Calcul du moment résistant du béton

Calcul du moment résiduel


14

Calcul des sections d’aciers

Section d’aciers tendus

Section d’aciers comprimés

EXERCICE D’APPLICATION

Déterminer les sections d’armatures à mettre dans la poutre de section rectangulaire ci-
dessous, construite avec un béton de résistance caractéristique fc28 = 25 MPa, armée avec des
aciers HA, de nuance feE500, dans les trois cas de moments ultimes suivants :

q0 = 98,77 KN
q0 = 145,35 KN
q0 = 271,24 KN
L = 4,75 m

La durée d’application des charges est supérieure à 90 jours.

5 cm
60 cm

5 cm

30 cm
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CHAPITRE III : ETAT LIMITE VIS-A-VIS DE L’EFFORT TRANCHANT


I. GENERALITES

I.1 Sollicitation de calcul

Les poutres à section rectangulaire sont toujours justifiées à l’état limite ultime vis-à-vis des
sollicitations tangentes.

Donc la combinaison de base à considérer est : 1,35 G + 1,5 Q

I.2 Définition de la contrainte tangente conventionnelle

La contrainte de cisaillement ou contrainte tangente est définie par :

𝑉.𝐴
τ=
𝑏.𝐼
V = effort tranchant dans la section
A : moment statique de la surface comprimée par rapport à l’axe neutre.
I : moment quadratique de toute la section par rapport à l’axe neutre.
b : largeur de la poutre
τ : contrainte tangentielle au niveau de la fibre neutre.

La résistance des matériaux précise que la contrainte tangentielle maximale est atteinte au
niveau de la fibre neutre.

𝐼
Dans le cas du béton armé, nous pouvons poser =z
𝐴

𝑉
Nous obtenons τ =
𝑏.𝑧
Le BAEL admet par simplification le principe d’une contrainte tangentielle conventionnelle
ultime :

𝑽𝒖
τu =
𝒃.𝒅

I.3 État de contrainte provoqué par l’effort tranchant

Prenons le cas d’une poutre sur deux appuis simples. Au niveau des appuis le moment
fléchissant est nul et l’effort tranchant est maximum.
16

Isolons un prisme OAB (OA = OB = dx) situé près d’un appui.


Les deux facettes OA et OB sont soumises à un cisaillement simple. L’équilibre de ce prisme
impose l’existence d’un effort normal à la facette AB.

Cet effort produit sur la facette une contrainte de compression égale à :

Lorsque cette contrainte de traction est supérieure à la résistance en traction du béton, c’est-
à-dire lorsque τ > ft, la poutre se fissure le long d’une ligne parallèle à AB. La fissure apparaît
donc sur une ligne inclinée à 45° sur l’axe de la poutre et dirigée vers le milieu de la poutre.

I.3 Nécessité de placer des armatures transversales

Le béton par sa faible résistance en traction ne peut équilibrer les contraintes de traction
engendrées par l’effort tranchant. Il faut donc placer des armatures transversales qui vont
coudre les fissures.
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st : écartement entre deux cours successifs d’armatures transversales.


At : section d’un cours d’armature.

Les armatures à 45° sont les plus efficaces mais ce sont les armatures à 90° qui sont le plus
employées.

I.4 Détermination des armatures transversales

𝑑−𝑑′
Pour coudre une fissure, le nombre n d’armatures transversales sera : n =
𝑠𝑡
18

Le BAEL impose que les aciers doivent donc satisfaire l’inéquation :

γs est le coefficient de sécurité de l’acier pris égal à 1,15


ftj = 0,6 + 0,06fcj
k = 0 si la poutre est coulée avec une reprise de bétonnage ou si la fissuration est très
préjudiciable.
k = 1 dans les autres cas de flexion simple sans reprise de bétonnage.

Remarques :
- Si nous augmentons la section d’une nappe transversale, l’écartement entre deux nappes
augmente également.
- Si l’effort tranchant diminue, le rapport At/st diminue; ce qui se traduit par un écartement st
qui augmente lorsque Vu diminue.

II. JUSTIFICATION DES POUTRES A L’EFFORT TRANCHANT

II.1 Justification du béton

La contrainte tangentielle conventionnelle doit satisfaire aux états limites ultimes suivantes:

Si cette condition n’est pas vérifiée, il faut augmenter la largeur de la poutre.

II.2 Justification des armatures

Elle se limite à la vérification de l’expression :


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II.3 Conditions complémentaires

II.3.1 Dimension des armatures transversales

t ≤ min[𝒉/𝟑𝟓 ; l ; b/10]
t : diamètre des armatures transversales
l : diamètre des armatures longitudinales
h : hauteur totale de la poutre
b : largeur de la poutre

II.3.2 Section minimale d’armatures

II.3.3 Espacement st des cours d’armatures

St ≤ min[0,9d ; 40cm]
En résumé, lorsque At et fe sont choisis, l’espacement St s’obtient par :

𝑨𝒕 ∗𝒇𝒆 𝟎,𝟗𝑨𝒕 ∗𝒇𝒆


St ≤ Min[min[0,9d ; 40cm] ; ; ]
𝟎,𝟒𝒃 𝒃𝜸𝒔 (𝝉𝒖 −𝟎,𝟑𝒌𝒇𝒕𝒋 )

III . CALCUL PRATIQUE D’UNE POUTRE VIS-A-VIS DE L’EFFORT TRANCHANT

Le calcul est mené à partir de l’appui, où se situent les efforts tranchants maximaux.

Données :
- Les dimensions de la poutre : h, b.
- L’effort tranchant Vu

Première étape : Calcul de τu


𝑽𝒖
τu =
𝒃.𝒅

Nous vérifions si τu ≤ τu limite défini en II.1 ci-dessus. Si cette condition n’est pas vérifiée, il
faut augmenter la largeur de la poutre.

Deuxième étape : Choix d’une section transversale AT

Le choix de la section transversale est intimement lié à l’écartement st :


20

Troisième étape : Vérification des conditions complémentaires

Voir paragraphe II.3.


Quatrième étape : Position du premier cadre

Le premier cours d’armatures transversales est disposé à St/2 du nu de l’appui.

Cinquième étape : Répartition des cadres

Théoriquement il s’agit de calculer l’effort tranchant le long de la poutre, donc la contrainte


tangentielle conventionnelle τu et calculer l’espacement correspondant par la formule
donnant st.

Mais la méthode la plus fréquemment employée si la poutre est de hauteur constante et les
charges uniformément réparties est la méthode forfaitaire de CAQUOT.

Méthode de CAQUOT :

Après le calcul de l’espacement St à l’appui, le premier cadre est disposé à St/2 du nu de


l’appui, nous choisissons les espacements suivants dans la série de CAQUOT :

7 – 8 – 9 – 10 – 11 – 13 – 16 – 20 – 25 – 35 - 40 (en cm)

Chaque valeur est répétée successivement autant de fois qu’il y a de mètres dans la demi-
portée de la poutre (ou dans la portée d’une console).

Les cadres sont disposés symétriquement par rapport au milieu de la poutre.

IV- PREDIMENSIONNEMENT DES POUTRES

Lorsque l’on ne dispose d’aucune donnée sur les dimensions d’une poutre que l’on doit
calculer, on commence par procéder à un prédimensionnement à partir de méthodes
approchées plus ou moins précises. Ces méthodes fournissent des dimensions qu’il faudra par
la suite vérifier et valider.

a) Portée à prendre en compte

La portée à prendre en compte dans les calculs est mesurée entre points d’application des
résultantes des réactions d’appui dans les cas suivants :

- Poutres munies d’appareils d’appuis

Les appareils d’appuis se rencontrent surtout dans les ponts. Un appareil d'appui de pont est
un élément de l’ouvrage placé entre le tablier et les appuis, dont le rôle est de transmettre les
21

actions verticales dues à la charge permanente et aux charges d'exploitation, routières ou


ferroviaires, et de permettre des mouvements de rotation ou de translation.

𝟏
L = Lintérieur +2x𝟐b

- Poutres reposant sur des massifs de maçonnerie


22

𝟏
L = Lintérieur +2x𝟑b
Dans le cas plus fréquent des poutres reposant sur des appuis en béton armé, la portée est
comptée entre nus intérieurs des appuis.

L = Lintérieur

b) Méthodes de prédimensionnement

1. Méthode approchée

Elle donne une relation d’une part entre la hauteur h et la portée de la poutre et d’autre part,
entre la base b de la poutre et sa hauteur h.

𝐋 𝐋
≤h≤
𝟏𝟓 𝟏𝟎

𝐡
b≈
𝟑
2. Méthode précise

Elle prend en compte l’existence d’un éventuel moment de flexion sur la poutre.

𝐌𝐦𝐚𝐱
h = 1,8√( )
𝐛
avec
Mmax = moment fléchissant maximal exprimé en daN.m
b = largeur de la poutre en cm
h = hauteur de la poutre en cm.
23

CHAPITRE IV : L’ADHERENCE
I : LE PHENOMENE D’ADHERENCE

Les conditions de résistance d’un élément en béton armé supposent que les armatures ne
glissent pas à l’intérieur du béton. C’est le phénomène d’adhérence qui empêche ou limite ces
glissements.

Cette propriété permet la transmission des efforts et un fonctionnement rationnel : le béton


suit alors les armatures dans leurs déformations.

Les justifications que nous effectuerons en ELU porteront :


- sur la limitation de l’entraînement des armatures de façon à ne pas endommager le
béton les entourant
- les ancrages des extrémités de barres
- les jonctions et les recouvrements des barres.

La transmission des efforts du béton aux armatures s’effectue par le phénomène d’adhérence
mais aussi par la courbure que l’on pourra donner aux armatures.

I.1 : Facteurs influençant l’adhérence

L’adhérence est favorisée ou défavorisée par :

- l’état de surface des aciers ; l’adhérence est améliorée lorsque la barre possède des
nervures en saillies ou lorsque sa surface est rugueuse.
- la qualité du béton d’enrobage ; en particulier le dosage et les conditions de vibration
qui influent sur la compacité
- les soins apportés à la mise en œuvre ; il faut veiller à une bonne plasticité et une
bonne vibration.

I.2: Essai d’arrachage d’une barre scellée

Il s’agit d’éprouver en traction une barre d’acier scellée dans une éprouvette de béton.
La liaison entre le béton et l’acier est caractérisée par la résistance à l’arrachement de la barre
sous l’effet de l’effort F.

L’étude expérimentale conduit à supposer qu’il se forme dans le béton, sous l’effet de l’action
de F, une série de cônes emboîtés les uns dans les autres et sensiblement inclinés à 45° sur
l’axe de la barre. Ces cônes tendent à coincer la barre. L’égalisation des déformations du béton
et de l’acier est rendue possible par ce phénomène. L’adhérence est assimilable à un
phénomène de frottement.
24

Pour qu’il y ait formation de ces cônes, il faut que les barres soient suffisamment enrobées
par le béton.
Deux cas peuvent se produire :

- Les efforts inclinés à 45° sont insuffisants : il y a rupture d’adhérence car l’effort F dans
la barre ne peut pas être équilibré et la barre glisse dans le béton qui ne peut s’y
opposer.
- L’effort F génère dans la barre des contraintes qu’elle ne peut supporter, il y a rupture
de l’acier car la résistance en traction de la barre est épuisée.

I.3 : Contrainte d’adhérence

La liaison entre une armature et le béton est mesurée par la contrainte d’adhérence τs.
Soit une barre rectiligne scellée dans un bloc de béton. Appliquons à cette barre un effort de
traction F et étudions l’équilibre statique.

Sur un élément de surface latérale ds, le béton exerce sur l’acier une force élémentaire dF, qui
se décompose en deux composantes :

- suivant xx’, la contrainte tangentielle τs


- suivant yy’, la contrainte normale σ

L’équilibre s’écrit : ∑ 𝐹𝑒𝑥𝑡 = 0

Projection sur xx’ : F - ∑ 𝜏𝑠 𝑑𝑠 = 0

Nous prendrons comme hypothèse que τs est constante sur la surface latérale de la barre.
25

F = ∑ 𝜏 𝑠 𝑑𝑠

𝑑𝑠 = π𝒅𝒙

d’où F = 𝜏𝑠 πl

et d’où
𝐅
𝝉𝒔 =
𝛑𝐥

Une valeur limite pour la contrainte d’adhérence est fixée par le règlement BAEL.

Cette formule se simplifie pour les aciers HA de la façon suivante :

𝝉𝒔𝒖 = 1,35ftj

II. ANCRAGES

II.1 Ancrage droit

Une barre est dite ancrée lorsque l’effort de traction exercé sur cette barre est entièrement
équilibré par l’adhérence entre le béton et l’acier dans la zone d’ancrage.
Par définition, nous désignerons par ls la longueur de scellement droit ; c’est-à-dire la longueur
d’une barre de diamètre  capable d’équilibrer avec une contrainte d’adhérence τsu, l’effort
provoquant dans cette barre une contrainte de traction égale à la limite élastique de l’acier f e.

Nous aurons donc

𝑓𝑒 𝜋2
F=
4

Et F = 𝜏𝑠 πls

Cela nous donne :


26

A défaut de calcul précis, le BAEL permet d’adopter les valeurs forfaitaires suivantes :

- Aciers HA Fe 400, ls = 40


- Aciers HA Fe 500, ls = 50
- Acier ronds lisses ls = 50
- Fe E 215 et Fe E 235, ls = 50

REMARQUE

Lorsque la section réelle d’une barre Ar est plus grande que la section calculée Acal, la longueur
d’ancrage ls peut être réduite dans le rapport Acal/Ar sans pouvoir être inférieure à 10 fois le
diamètre de la barre.

Exercice

Une poutre armée avec 2 HA12 comme aciers tendus a pour appui de rive, un poteau de 20x20.
Le béton utilisé pour la poutre et le poteau a pour résistance fc28 = 25 MPa. Les aciers sont
des HA500.

Calculer la longueur de scellement des barres d’aciers.


Un scellement droit est-il possible sur cet appui ?

Réponse : Ls = 53 cm. Un scellement droit est impossible.

II.2 Ancrage par courbure des barres tendues

L’effort de frottement sur le béton d’une barre courbe est nettement supérieur à celui d’une
barre droite : à la liaison d’adhérence s’ajoute un effet de frottement dû à la courbure.
Quand les dimensions de la pièce ne sont pas suffisantes pour permettre un ancrage droit de
longueur ls, nous aurons recours à un ancrage courbe (appui extrême des poutres).

Rayons de courbure minimaux

Nous prendrons pour les rayons de courbure r les valeurs minimales suivantes :

Ronds lisses :

- r = 2,5 pour l’ancrage des armatures

Barres HA :
- r = 5

Ancrage par crochet normal

Par définition, le crochet normal comporte une partie en demi-cercle suivie d’un retour
rectiligne défini par le schéma ci-dessous :
27

À défaut de calcul plus précis, nous pouvons admettre que l’ancrage d’une barre rectiligne
terminée par un crochet normal est assuré lorsque la longueur de la partie ancrée, mesurée
hors crochet est au moins égale à :
- 0,6 ls pour une barre lisse de classe Fe E 215 ou Fe E 235.
- 0,4 ls pour une barre à haute adhérence de classe Fe E 400 ou Fe E 500.

Ainsi, la longueur d’ancrage mesurée hors crochet pour une barre HA Fe E 400 est :

la = 0,4 ls = 0,4x40 = 16

II.3 Jonction des barres, recouvrement

3.1 Objectifs et principe

Les armatures du commerce ont une longueur limitée, il est parfois nécessaire d’utiliser
plusieurs barres pour les éléments de grande longueur. Pour établir la continuité des barres,
nous effectuons un recouvrement. Cette longueur sera donc la longueur nécessaire pour
assurer la transmission des efforts qui sollicitent l’armature. Il faut assurer la continuité
mécanique au niveau du recouvrement en mobilisant l’adhérence et le frottement du béton
sur l’armature.

3.2 Jonction des barres tendues rectilignes

Simple recouvrement des extrémités de barres


28

c est la distance entre axes des deux barres.

Si c ≤ 5 ∅ ⇒ lr = ls
Si c > 5 ∅ ⇒ lr = ls + c

Recouvrement par couvre-joint

Les 2 barres sont dans le même alignement et la transmission est assurée par une troisième
barre de même diamètre.

3.3 Jonction des barres tendues avec crochets normaux aux extrémités

Si c ≤ 5 ∅ ⇒ lr = la
Si c > 5 ∅ ⇒ lr = la + c

3.4 Jonction des barres comprimées

Les jonctions de barres susceptibles d’être comprimées sont obligatoirement rectilignes. Si la


barre est toujours comprimée, si elle ne fait pas partie d’un paquet de 3 barres et si les entre-
axes des barres en jonction sont au plus égaux à 5 fois leur diamètre, nous pourrons considérer
que :
lr = 0,6 ls
29

II.4 Calcul des longueurs développées


30

CHAPITRE V : LA FLEXION COMPOSEE


V.1 DEFINITION

Une section est soumise à la flexion composée lorsqu’elle reprend :

• soit un effort normal Nu et un moment fléchissant Mu appliqués au centre de gravité


du béton seul G0.
𝑀𝑢
• soit un effort normal Nu excentré de e0 = par rapport au centre de gravité du béton
𝑁𝑢
seul G0. Le point d’application de Nu est appelé centre de pression.

𝐿
On a e0 > Max{1 𝑐𝑚| }
500
Lorsque l’excentricité e0 de l’effort normal Nu est selon les deux directions, on parle de flexion
déviée composée.

V.2 NOTATIONS USUELLES EN FLEXION COMPOSEE

La figure ci-dessous définit les notations complémentaires nécessaires pour les calculs en
flexion composée, avec :
- G0 est le centre de gravité de la section de béton seul,
- A est la section des aciers inférieurs,
- A ’est la section des aciers supérieurs
- va définit la position des aciers inférieurs par rapport à G0.
- d’ définit la position des aciers supérieurs (les moins tendus) par rapport à la fibre
supérieure,
- lf : longueur de flambement de l'élément;
- l : longueur libre de la pièce ;
- h : hauteur de la section droite dans le plan de flambement;

va
31

V.3 ETAPES DES VERIFICATIONS


𝐿𝑓
Calculer

𝑀𝑢
Calculer e0 =
𝑁𝑢
𝐿
Calculer l’excentricité additionnelle : ea = Max {2cm ; }
250
Calculer l’excentricité de premier ordre à l’ELU : e1 = e0 + ea
𝐿𝑓 𝑒1
Vérifier que ≤ max {15 ; 20 }
ℎ ℎ

➢ Si non, vérification préalable à l’état limite ultime de stabilité de forme (ELUSF de


flambement)
➢ Si oui, vérification uniquement à la flexion composée avec prise en compte des effets
du second ordre.

On tient compte des effets du second ordre de façon forfaitaire en ajoutant à l'excentricité
dite du premier ordre une excentricité dite du second ordre e 2 calculée forfaitairement et
égale à l'expression suivante :

α est un coefficient égal au rapport du moment fléchissant non pondéré dû aux charges
permanentes, et de la somme des moments non pondérés dus à toutes les charges. Le
coefficient α est compris entre 0 et 1 et a pour expression :

𝑀𝑢
ou encore α = 10*(1 - )
1,5𝑀𝑠𝑒𝑟
Φ est un coefficient égal au rapport de la déformation finale due au fluage et de la
déformation instantanée sous la charge considérée. Ce coefficient est généralement égal à 2.

À partir de ce moment et dans toute la suite, on travaille avec l’excentricité totale :

e = e 1 + e2
V.4 VERIFICATIONS EN FLEXION COMPOSEE

Il y a deux cas principaux en flexion composée :

Cas 1 : e ≤ d – d’

On dit que le centre de pression est situé entre les armatures. Dans ce cas, et selon la valeur
de l’effort normal, on distingue deux sous-cas :

Nu ≤ 0 : Section entièrement comprimée


Nu ≥ 0 : Section entièrement tendue
32

Cas 2 : e > d – d’

Le centre de pression est hors du noyau central. Dans ce cas aussi, et selon la valeur de l’effort
normal, on distingue deux sous-cas :

Nu ≤ 0 : Section partiellement comprimée


Nu ≥ 0 : Section partiellement tendue

V.5 DETERMINATION DES SECTIONS D’ARMATURES

5.1 Premier cas : section entièrement tendue à l’ELU

5.1.1 A L’ELU

Armatures tendues

𝐍𝐮 (𝐝−𝐝′ −𝐕𝐚 −𝐞𝟎 ) 𝐁𝐟𝐭𝟐𝟖


A = Max{ 𝐟 ; }
(𝐝−𝐝′ )𝛄𝐞 𝐟𝐞
𝐬

Armatures comprimées

𝐍𝐮 (𝐕𝐚 +𝐞𝟎 ) 𝐁𝐟𝐭𝟐𝟖


A’ = Max{ 𝐟 ; }
(𝐝−𝐝′ )𝛄𝐞 𝐟𝐞
𝐬

On peut aussi adopter une solution dite "solution avec armatures symétriques" dans laquelle

𝐍𝐮 𝐁𝐟𝐭𝟐𝟖
A = A’= Max{ 𝐟 ; }
𝟐𝛄𝐞 𝐟𝐞
𝐬

5.1.2 A L’ELS

Les formules ci-dessus sont reprises en remplaçant Nu par Nser et fsu par 𝝈𝒔𝒕

Armatures tendues

𝐍𝒔𝒆𝒓 (𝐝−𝐝′ −𝐕𝐚 −𝐞𝟎 ) 𝐁𝐟𝐭𝟐𝟖


A = Max{ ; }
(𝐝−𝐝′ )𝝈𝒔𝒕 𝐟𝐞
33

Armatures comprimées

𝐍𝐬𝐞𝐫 (𝐕𝐚 +𝐞𝟎 ) 𝐁𝐟𝐭𝟐𝟖


A’ = Max{ ; }
(𝐝−𝐝′ )𝝈 𝒔𝒕 𝐟𝐞

On peut aussi adopter une solution dite "solution avec armatures symétriques" dans laquelle

𝐍𝒔𝒆𝒓 𝐁𝐟𝐭𝟐𝟖
A = A’= Max{ ; }
𝟐𝝈𝒔𝒕 𝐟𝐞

5.2 Deuxième cas : section entièrement comprimée

Démarche à suivre

1) On calcule l’effort de compression centré maximal supportable par le béton, donné


par :

Nbmax = bhfbc

On calcule le coefficient de remplissage ѱ1 égal au rapport entre l’effort normal réel et la


valeur ci-dessus :

𝑵𝒖 𝑵𝒖
ѱ1 = =
𝑵𝒃𝒎𝒂𝒙 𝒃𝒉𝒇𝒃𝒄

2) On compare ѱ1 à 0,81

▪ Si ѱ1 ≤ 0,81, on détermine l’excentricité critique relative ξ

2 1+√9−12ѱ1
Si ѱ1 ≤ ,ξ=
3 4(3+√9 − 12ѱ1)

2 (3ѱ1−1)(1− ѱ1)
Si ѱ1 > ,ξ=
3 4ѱ1

L’excentricité critique est donnée dans des tableaux à lecture directe qu’on peut également
consulter au lieu de faire les calculs. (Voir tableaux en fin de chapitre).

Après que ξ a été obtenu, on calcule eNC = ξh


34

Comparer e à eNC.

Si e ≤ eNC, on dit que la section est entièrement comprimée et l’ELU est non atteint.
Alors on place un pourcentage minimal d’armatures identique à celui des poteaux.

𝐁
A = Max{𝟒𝐔 ; 𝟎, 𝟐 }
𝟏𝟎𝟎

avec A en cm² et U = périmètre de la section en mètres, B = aire de la section en cm²

e > eNC la section est partiellement comprimée et fera l’objet d’une autre étude. (Voir
paragraphe 5.3).

▪ Si ѱ1 > 0,81

𝒅′ 𝒅′ 𝒆
𝟎,𝟓 − − 𝒀𝟏 (𝟎,𝟓 − − )
𝒉 𝒉 𝒉
On calcule χ = 𝟔 𝒅′

𝟕 𝒉

h e
Ou en plus simple, en faisant l’approximation d’ = , χ = 1,32(0,4 – (0,4 - ) Y1
10 h

On compare χ à 0,19.

Si χ > 0,19, la section est partiellement comprimée et fera l’objet d’une autre étude. (Voir
paragraphe 5.3).

Si 0 ≤ χ < 0,19, la section est entièrement comprimée et il n’y a pas besoin d’aciers inférieurs,
mais seulement d’aciers supérieurs A’. (A = 0 et A’≠ 0). (Voir paragraphe 5.4.a)

Si χ < 0, alors la section est entièrement comprimée et il y a besoin d’aciers inférieurs A et


d’aciers supérieurs A’. (A ≠ 0 et A’≠ 0). (Voir paragraphe 5.4.b)

5.3 Troisième cas : section partiellement comprimée

On calcule un moment de flexion fictif donné par :

𝒉 𝒉
Mu fictif = Mu + Nu(d - ) = Nu(e0 + d - )
𝟐 𝟐

On calcule les armatures de la section étudiée en la considérant soumise à une flexion simple
de moment Mu fictif. On obtient :
• une section d’aciers tendus Afictif.
• éventuellement une section d’aciers comprimés A’fictif
35

La section réelle d’aciers comprimés est celle trouvée ci-dessus :


A’ = A’fictif
La section réelle d’aciers tendus vaut :
𝑵𝒖
A = Afictif - 𝒇𝒆
𝜸𝒔

Cette dernière quantité peut être négative. Dans ce cas on prend comme section A, la section
minimale imposée par la règle du millième et par la règle de non-fragilité.
𝐛𝐡 𝒇𝒕𝟐𝟖
A = Max{ ; 𝟎, 𝟐𝟑𝐛𝐝 }
𝟏𝟎𝟎𝟎 𝒇𝒆

5.4 Quatrième cas : section entièrement comprimée

a) Cas où 0 ≤ χ < 0,19


La section est entièrement comprimée et il n’y a pas besoin d’aciers inférieurs, mais seulement
d’aciers supérieurs A’. (A = 0 et A’≠ 0).
Les aciers supérieurs A’ se calculent de la façon suivante :
On calcule la contrainte de calcul des aciers 𝝈′ .
𝒇𝒆
Pour des HA400, 𝝈′ = = 348 MPa
𝜸𝒔
Pour des HA500,
𝒇𝒆
si χ ≥ 0,004, 𝝈′ = = 435 MPa
𝜸𝒔
si χ < 0,004, 𝝈′ = 400 + 526√𝛘 MPa
Et alors,
𝑵𝒖 − (𝟏− 𝛘 )𝒃𝒉𝒇𝒃𝒄
A’ =
𝝈′

b) Cas où χ < 0

La section est entièrement comprimée et il y a besoin d’aciers inférieurs A et d’aciers


supérieurs A’. (A ≠ 0 et A’≠ 0).
On appelle 𝝈′2, la contrainte de compression des aciers calculée comme suit :
𝒇𝒆
Pour des HA400, 𝝈′2 = = 348 MPa
𝜸𝒔
Pour des HA500, 𝝈′2 = Es𝜀′s = 2.105x2%0 = 400 MPa
Les sections d’armatures valent alors :

𝐡 𝐡
𝑵𝒖 (𝒅 − +𝒆)−𝒃𝒉𝒇𝒃𝒄 (𝒅 − )
𝟐 𝟐
A’ =
(𝒅−𝒅′ )𝝈′𝟐

𝐡
𝑵𝒖 −𝒃𝒉𝒇𝒃𝒄 (𝒅 − )
𝟐
A= − 𝑨′
𝝈′𝟐
36

EXCENTRICITÉ CRITIQUE RELATIVE (ξ)

2 1+√9−12𝐘1 2 (3𝐘1−1)(1− 𝐘1)


Si ѱ1 ≤ ,ξ= Si ѱ1 > ,ξ=
3 4(3+√9 − 12𝑌1 ) 3 4𝐘1

ѱ1 ξ ѱ1 ξ ѱ1 ξ ѱ1 ξ ѱ1 ξ
0.000 0.1667 0.160 0.1617 0.325 0.1549 0.490 0.1451 0.655 0.1271
0.005 0.1665 0.165 0.1615 0.330 0.1547 0.495 0.1447 0.660 0.1262
0.010 0.1664 0.170 0.1613 0.335 0.1544 0.500 0.1443 0.665 0.1253
0.015 0.1662 0.175 0.1611 0.340 0.1542 0.505 0.1439 0.670 0.1244
0.020 0.1661 0.180 0.1610 0.345 0.1539 0.510 0.1436 0.675 0.1234
0.025 0.1660 0.185 0.1608 0.350 0.1537 0.515 0.1431 0.680 0.1224
0.030 0.1658 0.190 0.1606 0.355 0.1534 0.520 0.1427 0.685 0.1213
0.035 0.1657 0.195 0.1604 0.360 0.1532 0.525 0.1423 0.690 0.1202
0.040 0.1655 0.200 0.1602 0.365 0.1529 0.530 0.1419 0.695 0.1190
0.045 0.1654 0.205 0.1600 0.370 0.1526 0.535 0.1415 0.700 0.1179
0.050 0.1652 0.210 0.1598 0.375 0.1524 0.540 0.1410 0.705 0.1166
0.055 0.1651 0.215 0.1596 0.380 0.1521 0.545 0.1406 0.710 0.1154
0.060 0.1649 0.220 0.1595 0.385 0.1518 0.550 0.1401 0.715 0.1141
0.065 0.1648 0.225 0.1593 0.390 0.1515 0.555 0.1396 0.720 0.1128
0.070 0.1646 0.230 0.1591 0.395 0.1513 0.560 0.1391 0.725 0.1114
0.075 0.1645 0.235 0.1589 0.400 0.1510 0.565 0.1386 0.730 0.1100
0.080 0.1643 0.240 0.1587 0.405 0.1507 0.570 0.1381 0.735 0.1086
0.085 0.1642 0.245 0.1585 0.410 0.1504 0.575 0.1376 0.740 0.1072
0.090 0.1640 0.250 0.1582 0.415 0.1501 0.580 0.1371 0.745 0.1057
0.095 0.1638 0.255 0.1580 0.420 0.1498 0.585 0.1365 0.750 0.1042
0.100 0.1637 0.260 0.1578 0.425 0.1495 0.590 0.1360 0.755 0.1026
0.105 0.1635 0.265 0.1576 0.430 0.1492 0.595 0.1354 0.760 0.1011
0.110 0.1634 0.270 0.1574 0.435 0.1489 0.600 0.1348 0.765 0.0995
0.115 0.1632 0.275 0.1572 0.440 0.1486 0.605 0.1342 0.770 0.0978
0.120 0.1630 0.280 0.1570 0.445 0.1482 0.610 0.1336 0.775 0.0962
0.125 0.1629 0.285 0.1568 0.450 0.1479 0.615 0.1330 0.780 0.0945
0.130 0.1627 0.290 0.1565 0.455 0.1476 0.620 0.1323 0.785 0.0928
0.135 0.1625 0.295 0.1563 0.460 0.1472 0.625 0.1316 0.790 0.0910
0.140 0.1624 0.300 0.1561 0.465 0.1469 0.630 0.1310 0.795 0.0893
0.145 0.1622 0.305 0.1559 0.470 0.1465 0.635 0.1302 0.800 0.0875
0.150 0.1620 0.310 0.1556 0.475 0.1462 0.640 0.1295 0.805 0.0857
0.155 0.1618 0.315 0.1554 0.480 0.1458 0.645 0.1287 0.810 0.0839
0.320 0.1552 0.485 0.1455 0.650 0.1279
37

ALGORITHME DE CALCUL DES SECTIONS EN FLEXION COMPOSEE A L’E.L.U

b ,h,fc28, fe Mu, Nu, eo

𝐿
e1 = e0+max{2cm ; 250

oui
𝑙𝑓 𝑒1
≤ 𝑀𝑎𝑥{15; 20 }
Non h ℎ

MG 𝑀
λ ≤ 70 α =MG+MQ [ou α =10*(1 - 1,5𝑀𝑢 )]
oui 𝑠𝑒𝑟

Non
3𝑙 2
e2 =10𝑓4 h [2 + 2α]
Augmenter b et/ou h

e = e1+ e2

oui non
e ≤ 𝑑 −d’

non oui
Nu ≤ 0 Nu ≤ 0

Oui SECTION PARTIELLEMENT Non


TENDUE
Nu(d − d′ − v0 − eo) Bft28
A = 𝑀𝑎𝑥{ ; }
𝑓𝑒 fe Go To
(d − d′ )
ϒ𝑠 SECTION PARTIELLEMENT
Nbmax=bhfbu
COMPRIMÉE

Nu(v0 + e0) Bft28 𝑁𝑢


A′ = 𝑀𝑎𝑥{ ; }
𝑓𝑒 fe Ѱ1=
(d − d′ ) Nbmax
ϒ𝑠

𝐸𝑁𝐷 oui non


Ѱ1 ≤ 0.81

oui 2 Non
Ѱ1 ≤
3
𝑑′ 𝑑′ 𝑒
0.5 − − Ѱ1(0.5 − − )
𝜒= ℎ ℎ ℎ
6 𝑑′
1+√9−12ѱ1 −
ξ= (3ѱ1−1)(1− ѱ1) 7 ℎ
4(3+√9 − 12ѱ1) ξ=
4ѱ1
38

eNC= ξ h

non non oui


e ≤ eNC 𝜒 ≤ 0.19

Oui
oui non
02𝐵 0 ≤ 𝜒 ≤ 0,19
A=Max{4U ; 100 } SECTION PARTIELLEMENT
COMPRIMÉE

ℎ ℎ
𝐸𝑁𝐷 ℎ A=0 𝑁𝑢 (d − + e) − bhbhfbu (d − )
Muf = Mu+Nu(d − ) A′ = 2 2
2 (d − d′ )σ′2

FLEXION SIMPLE 𝑁𝑢 − (1 − 𝜒)bhfbu ℎ


A′ = 𝑁𝑢 − bhfbu (d − 2)
σ′ A=
σ′ 2
− 𝐴′
A’fictif = A’
𝐸𝑁𝐷

𝑁𝑢
A = ASstfictif - 𝑓𝑒
𝛾𝑠

non oui
A>0

A =Astfictif
𝑏ℎ 𝑓𝑡28
A= Max{1000 ; 0,23bd }
𝑓𝑒

𝐸𝑁𝐷

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