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Tome 1

4e édition

LA VOIX

Anatomie et physiologie
des organes de la voix
et de la parole
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

I
La voix Tome 1

CHEZ LE MÊME ÉDITEUR

Des mêmes auteurs


LA VOIX, par F. LE HUCHE, A. ALLALI
TOME 2. PATHOLOGIE VOCALE D’ORIGINE FONCTIONNELLE, 2010, 3e édition, 160 pages.
TOME 3. PATHOLOGIE VOCALE D’ORIGINE ORGANIQUE, 2010, 2e édition, 182 pages.
TOME 4. THÉRAPEUTIQUE DES TROUBLES VOCAUX, 2002, 3e édition, 224 pages.
RÉHABILITATION VOCALE APRÈS LARYNGECTOMIE TOTALE. 1993, 150 pages.

Autres ouvrages
LES BILANS DE LANGAGE ET DE VOIX, par F. ESTIENNE, B. PIÉRART. Collection Orthophonie, 2006, 312 pages.
LA RÉEDUCATION DU LANGAGE DE L’ENFANT, par F. ESTIENNE. 2002, 192 pages.
TROUBLES DYSPHASIQUES, par G. DE WECK, M.C. ROSAT. 2003, 240 pages.
EXERCICES DE MANIPULATION DU LANGAGE ORAL ET ÉCRIT, par F. ESTIENNE. Collection Orthophonie, 2001, 256 pages.
LES DYSLEXIES, par A. VAN HOUT, F. ESTIENNE. 2001, 3e édition, 336 pages.
MÉMOIRE ET LANGAGE. SURDITÉ, DYSPHASIE, DYSLEXIE, par A. DUMONT. Collection Orthophonie, 2001, 2e édition, 136 pages.
DYSPHASIES, TROUBLES MNÉSIQUES ET SYNDROME FRONTAL. DU TROUBLE À LA RÉÉDUCATION, par M. MAZEAU. Collection Ortho-
phonie, 1999, 256 pages.
LES BÉGAIEMENTS, par A. VAN HOUT, F. ESTIENNE, 1996, 288 pages.

II
Collection phoniatrie
Tome 1
4e édition

LA VOIX

Anatomie et physiologie
des organes de la voix
et de la parole

François Le Huche
André Allali
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

III
La voix Tome 1

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© 2010, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés


ISBN 978-2-294-71349-1

Elsevier Masson S.A.S. – 62, rue Camille-Desmoulins – 92442 Issy-les-Moulineaux Cedex

IV
I ntroduction

La voix, instrument d’expression et de communication, se présente sous des


aspects infiniment variés. Avant d’aborder l’étude des organes vocaux et de leur
fonctionnement, il nous a paru nécessaire d’examiner d’abord, dans un court
premier chapitre, cette multiplicité des aspects vocaux, en replaçant la voix dans
son contexte naturel, c’est-à-dire celui de son usage dans la vie courante. Dans cette
optique, les distinctions « Voix implicatrice dite projetée/Voix d’expression simple/
Voix de détresse » apparaissent comme fondamentales tant sur le plan de la physio-
logie que sur celui de la pathologie.
Dans un deuxième chapitre, on trouvera une vue d’ensemble des organes de la
voix et de la parole, et de leur fonctionnement ce qui facilitera grandement l’étude
des trois chapitres suivants qui abordent successivement les trois étages de l’appa-
reil vocal : soufflerie, vibrateur, résonateurs.
Pour chacun d’eux l’étude anatomique est immédiatement suivie de l’étude
physiologique.
On verra que les descriptions anatomiques n’hésitent pas à se faire précises, donnant
le détail des insertions musculaires ou des reliefs osseux. On pourra se demander s’il
s’agit bien de connaissances utiles. Il est évident d’ailleurs que beaucoup de ces détails
s’oublieront assez vite une fois leur étude achevée. C’est cependant en tâchant de les
mémoriser au mieux que l’on a le plus de chances de se forger une image correcte des
organes étudiés : l’effort pour retenir des notions anatomiques précises a pour principal
intérêt d’obliger l’esprit à imaginer correctement – et d’une manière durable – la dispo-
sition générale et l’agencement des organes. C’est en cela qu’il s’agit d’un effort utile et,
semble-t-il, difficilement remplaçable, du moins pour celui qui s’intéresse en profes-
sionnel à la pédagogie ou à la rééducation de la voix et de la parole.
L’étude physiologique pour sa part est envisagée avec une arrière-pensée pratique,
donnant délibérément plus d’importance aux notions susceptibles d’apporter une
aide à la rééducation vocale ou une amélioration dans le maniement de la voix.
Le chapitre 6 aborde la régulation de la parole et le chapitre 7 la dynamique de
la voix implicatrice (dite projetée), dans une optique résolument pragmatique.
En annexe, nous avons fait figurer en caractères italiques dans les légendes des
figures et dans les titres chaque fois qu’elles différaient de la nomenclature tradi-
tionnelle, les dénominations de la Nomenclature anatomique française officielle 1.
On trouvera d’ailleurs en fin d’ouvrage (p. 187) une table de correspondance entre
les deux nomenclatures.

1. R. Barone, Nomenclature anatomique française. In : J. Sobotta. Atlas d’Anatomie Humaine. tome 4.


Paris : Maloine, 1977.

1
Chapitre 1

L a voix et le comportement
vocal

Diversité des manifestations vocales


L’émission de la voix est un phénomène d’une grande variabilité. Outre des
différences considérables d’une personne à l’autre, la voix se présente chez un
même individu sous de multiples aspects. Une façon de mettre un peu de clarté
dans ce foisonnement sera de classer les manifestations vocales selon quatre points
de vue centrés successivement sur l’instrument vocal, sur l’expressivité de la voix,
sur les circonstances de son utilisation et enfin sur l’intentionnalité du sujet et le
type d’action entreprise plus ou moins consciemment par lui vocalement. Ce
quatrième et dernier point de vue qui relève de la pragmatique 1 paraîtra vite essen-
tiel pour la compréhension de la mécanique vocale et de sa pathologie.
Ces quatre points de vue, notons-le, ne sont nullement exclusifs les uns des
autres, si bien qu’une production vocale donnée pourra être analysée successive-
ment selon chacun d’eux.

Selon l’instrument
Les modalités de fonctionnement de l’instrument vocal, ainsi que les caracté-
ristiques individuelles de celui-ci, permettent de distinguer parmi d’autres, les
catégories d’émissions vocales suivantes :
– voix parlée, voix chantée, voix criée, voix inspiratoire (dite « à l’envers ») ;
– voix haute (comme on dit « à voix haute ») et voix basse (ou voix chuchotée) ;
– voix féminine, masculine, enfantine ;
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

– voix du registre aigu et voix du registre grave ;


– voix de soprane, de basse, de ténor, de haute-contre…
– voix forte, voix faible, forcée, retenue, blanche, criarde…
– voix claire, voilée, sourde, bien timbrée, rauque, graillonnante…
Ces premières catégories « d’espèces vocales » correspondent au point de vue
du physiologiste de la voix, qui cherche à classer les manifestations vocales en
s’appuyant sur des données acoustiques (qu’est-ce qui permet de distinguer audi-

1. Pragmatique : selon le Petit Robert, relatif à l’action. Qui accorde la première place à l’action, à la
pratique. En linguistique, la pragmatique constitue un domaine où les faits langagiers sont envisagés
selon le type d’actes réalisés par l’énonciation (que fait-on quand on parle ?) et plus généralement selon
les interactions qui se produisent entre les interlocuteurs.

Chapitre 1

3
La voix Tome 1

tivement tel ou tel type de voix ?), tout en se référant à des données mécaniques (à
« quel fonctionnement de quels organes » correspond telle émission vocale ?).

Selon l’expressivité de la voix


L’aspect expressif de la voix permet de distinguer d’autres « espèces vocales »
(se recoupant avec les précédentes) en se référant aux divers états d’âmes suscep-
tibles de conférer à la voix une tonalité affective particulière. À titre d’exemple,
nous citerons :
– voix décidée, ferme, cassante, sèche ;
– voix suppliante, humble, timide, étranglée, tremblante ;
– voix emphatique, fausse, conventionnelle, apprêtée ;
– voix insinuante, sarcastique, mielleuse ;
– voix chaude, prenante, émouvante, envoûtante, sexy…

Selon les circonstances de l’utilisation de la voix


Les circonstances dans lesquelles se produit la voix et le rôle tenu par le sujet,
permettent d’envisager une troisième catégorie de réalisations vocales dont nous
donnerons les exemples suivants :
– voix de la parole en public et, par opposition, voix conversationnelle et voix
confidentielle ;
– voix de la parole spontanée et, par opposition, voix de la récitation, voix psalmo-
diée, voix de la lecture à haute voix ;
– voix en plein air, voix au micro, voix dans la rue, voix dans un salon ;
– voix du professeur, voix de l’orateur, voix du camelot, voix du représentant, voix
du comédien, voix du chanteur.
Cette classification intéresse particulièrement le pédagogue de la voix. Pour
chaque cas, celui-ci proposera des procédés à employer, des précautions à prendre,
un entraînement à pratiquer pour la meilleure réalisation et la meilleure adaptation
possible.

Selon la pragmatique
L’intentionnalité du sujet et le type d’action qu’en s’exprimant vocalement il
réalise permettent de distinguer trois comportements vocaux bien particuliers
correspondant respectivement à la voix implicatrice dite projetée, la voix d’expres-
sion simple et la voix d’insistance ou de détresse qui est aussi, comme nous le
verrons, celle du mécontentement, de l’étonnement, et paradoxalement celle aussi
de l’émerveillement. Là encore, s’ils peuvent se trouver plus ou moins intriqués
dans la vie courante en se succédant plus ou moins rapidement ou en s’entremêlant,
ces comportements peuvent néanmoins et très fréquemment se présenter de façon
isolée, à l’état pur en quelque sorte. Ils constituent des entités psychophysio-
logiques nettement individualisées, caractérisées, comme nous le verrons, par une
remarquable correspondance entre une attitude psychologique particulière, d’une
part, et certains faits spécifiques concernant l’attitude physique et la mécanique du
souffle phonatoire, d’autre part.

◗ Deux remarques
– Nous préférons désigner ce que l’on appelle habituellement la voix projetée par le terme
voix implicatrice. Le terme de voix projetée a en effet l’inconvénient d’évoquer une voix forte
émise pour porter au loin. Or le comportement vocal implicateur dit de projection vocale se
trouve mis en œuvre dès que l’intention manifeste d’impliquer autrui – en s’impliquant soi-
même de ce fait – occupe le devant de la scène. Bien que cette voix implicatrice soit généra-

Chapitre 1

4
La voix et le comportement vocal

lement reconnaissable à l’oreille du fait de certains caractères acoustiques qui lui sont
propres, l’intensité n’est pas nécessairement au programme. Cette voix implicatrice peut
même n’être que chuchotée sans rien perdre pour autant de son pouvoir implicateur.
– Bien qu’évident pour le non spécialiste, le caractère multiforme des manifestations vocales
n’est pas souvent pris en considération dans les études concernant la physiologie vocale où
la voix est abordée généralement à partir d’émissions de voyelles chantées ou de la lecture à
haute voix, dans des conditions très éloignées de son contexte naturel. C’est pourquoi il nous
a paru important d’y insister dès le début de cet ouvrage.
Nous espérons vivement qu’une recherche respectant la spontanéité du sujet puisse enfin
confirmer (ou infirmer) tout ou partie de ce que nous croyons savoir concernant la physio-
logie du comportement global d’un individu lors des actes phonatoires les plus courants.
Trop de notions ne reposent actuellement que sur l’expérience clinique. Une telle recherche
devra prendre en compte non seulement le comportement laryngé et ses relations avec les
caractères acoustiques de l’émission vocale, mais également le comportement respiratoire,
l’attitude générale du corps et le vécu psychologique du sujet (en particulier ses intentions).
Cela n’est pas sans poser des problèmes ardus : il n’est pas facile d’étudier le comportement
vocal d’un sujet en préservant l’authenticité de son vécu psychologique.

Comportement vocal implicateur


correspondant à la voix dite projetée
La voix implicatrice dite projetée correspond à un comportement vocal par lequel
le sujet entreprend manifestement d’agir sur autrui. Son interlocuteur ou son audi-
toire est à l’évidence au premier plan de ses préoccupations. Son intention d’être
entendu – dans tous les sens de ce terme – est indéniable.
Ainsi, la voix est avant tout manifestement et délibérément instrument d’action
sur autrui dans les actes suivants : appeler quelqu’un, donner un ordre, affirmer,
interroger. Il en va de même, le plus souvent, lorsque l’on informe et lorsque l’on
se produit vocalement en public.
Appeler quelqu’un, c’est produire un changement de comportement chez autrui.
Au minimum, c’est provoquer l’orientation du regard et de l’attention de celui qui
est appelé vers celui qui appelle. Éventuellement, c’est obtenir qu’il se déplace.
Donner un ordre est un acte tellement caractéristique de l’intention d’agir sur
autrui que cela se passe de commentaire.
Affirmer, c’est en fin de compte tenter de faire pénétrer dans la conscience d’autrui
sa propre conviction. L’affirmation met l’interlocuteur dans l’obligation de réagir. On
attend de lui un signe d’approbation, de désapprobation ou d’indifférence mais on
attend quelque chose : signe de tête, sourire, silence attentif ou froncement de sour-
cils… De toute manière si cette réaction se fait attendre, elle finira par être sollicitée
par un « N’est-ce pas ? » ou un « Qu’en penses-tu ? » ou un « Pas d’accord ? ».
Interroger relève évidemment d’une intention d’agir sur l’autre. Il s’agit
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

d’obtenir de lui une réponse.


Informer ne s’inscrit pas toujours dans le cadre de la voix implicatrice. Celle-ci
intervient cependant dès que le locuteur se préoccupe, un tant soit peu, de la bonne
réception du message.
Se produire vocalement en public en donnant une conférence, en faisant un exposé,
en racontant des histoires, ou en faisant une annonce, exige du moins par moment la
mise en œuvre du comportement vocal implicateur, sous peine de donner au public
l’impression qu’on l’oublie, ce qui risque de compromettre le succès de l’entreprise.
En ce qui concerne le chant ou le jeu théâtral, il n’en va pas toujours de même.
L’implication du public peut en effet fort bien être obtenue ou tout au moins entre-
tenue par la seule force de l’expressivité qui prend alors le devant de la scène en
captivant « comme par magie » les spectateurs.

Chapitre 1

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La voix Tome 1

Les quatre éléments caractéristiques


du comportement de la voix implicatrice
dite de projection vocale
Le comportement de la voix implicatrice dite de projection vocale qui se met
normalement en place automatiquement à l’occasion de chacun des actes précé-
dents résulte de la conjonction de quatre éléments.
Le premier élément est d’ordre mental. Il est constitué par l'intention (la certi-
tude) d’agir efficacement sur autrui au moyen de la voix en l’impliquant dans ce
qui est dit. Lorsque j’appelle quelqu’un, je suis sûr – sauf exception – qu’il va
m’entendre. Même si après coup je m’aperçois qu’il ne m’a pas entendu.
Cette certitude, même erronée, d’être efficace est évidemment l’élément le plus
important. C’est lui qui appelle les trois autres. Nous sommes, peut-on dire, géné-
tiquement programmés de telle façon que la détermination à agir vocalement sur
autrui déclenche automatiquement – si les conditions sont favorables – la mise en
place des trois éléments suivants.
Le deuxième élément est le regard qui s’oriente vers le lieu, proche ou lointain de
l’action vocale entreprise. Ce regard vers l’interlocuteur ou l’auditoire ne consiste pas à
fixer celui-ci de façon continue mais à revenir à lui aussi souvent que nécessaire afin
d’assurer une double fonction : d’une part, manifester l’intention d’agir et, d’autre part,
repérer, à la manière d’un radar les réactions de cet « autrui ».
Notons que parfois, et en particulier dans le chant, l’attitude de la voix impli-
catrice est maintenue bien que le regard ne soit pas orienté vers « autrui ». On note
cependant qu’il y a dans ce cas mobilisation de ce qu’on peut appeler le regard
pectoral résultant de l’élément suivant, le redressement du corps.
Le troisième élément est en effet le redressement du corps qui – même lorsque
l’on se trouve en position assise – se verticalise plus ou moins. Ce redressement du
corps est particulièrement net dans la voix d’appel. La conscience populaire l’a bien
repéré en outre, dans l’acte d’affirmer. D’où des expressions telles que : « Alors il
s’est redressé et il lui a dit, comme ça, bien en face… »
Le quatrième élément est la mise en route du souffle abdominal. Comme nous
le verrons le souffle phonatoire ne relève pas d’un mécanisme unique. Dans les
actes relevant de la voix implicatrice dite projetée, c’est normalement le souffle
abdominal qui intervient automatiquement, ce qui permet au sujet de bénéficier
en cette occasion, de l’action régulatrice du diaphragme. Nous y reviendrons.

Remarques
Notons que le mécanisme psychophysiologique de l’acte vocal implicateur est en
général méconnu bien qu’il soit cependant journellement pratiqué par tout le monde.
C’est un acte réflexe dont l’excitant est l’intention d’impliquer l’autre. Il n’est pas
évident de le reproduire sur commande sans le dénaturer. Si vous demandez au contre-
maître qui vient d’appeler un ouvrier qui se trouve à l’autre bout du chantier de refaire
pour vous son appel, il vous répondra sans doute qu’il ne peut pas faire ça comme ça
et qu’il lui faut l’occasion. Le comportement automatique et le comportement volontaire
ne sont pas à la même échelle. Nous y reviendrons.
Insistons encore sur le fait que cette voix implicatrice dite projetée ne veut pas dire
voix forte. La définition de la voix implicatrice dite projetée ne repose pas sur l’analyse
des caractères acoustiques de l’émission vocale mais sur l’intentionnalité du sujet
vocalisant 2. On peut donner des ordres ou émettre des affirmations avec une autorité

2. Cela n’empêche pas l’interlocuteur de pouvoir décoder cette intentionnalité à partir des seuls indices
acoustiques : l’oreille humaine (y compris l’ordinateur cérébral qui s’y rattache) « entend » d’emblée les
comportements psychologiques à partir des productions vocales.

Chapitre 1

6
La voix et le comportement vocal

maximum sans élever la voix le moins du monde. Dans certaines conditions, la voix
d’appel elle-même peut n’être que chuchotée. Regard, verticalisation, souffle abdo-
minal n’en seront pas moins au programme.
Ce qui caractérise le mieux cette voix implicatrice dite projetée, c’est qu’elle met
l’interlocuteur dans l’obligation de réagir. Elle prend son écoute. Son attention est
ici expressément requise. L’éventuelle absence de réaction signifierait soit que
l’interlocuteur n’a pas entendu, soit qu’il s’oppose manifestement à l’action que
cette émission vocale prétend produire sur lui.

Voix d’expression simple


Ici, l’interlocuteur n’est pas au premier plan des préoccupations de celui qui parle.
Si on l’écoute, tant mieux, mais si on ne l’écoute pas, tant pis. À la façon dont le locuteur
se comporte, les interlocuteurs comprennent sans hésitation qu’ils ne sont absolument
pas tenus d’être attentifs. C’est ce qui arrive très souvent dans les exemples suivants :
raconter ce qui vient d’arriver, évoquer un souvenir, faire part de ses impressions,
diffuser des informations, parler de la pluie et du beau temps, parler tout seul.
Raconter ce qui vient d’arriver, c’est mettre des mots sur ce que l’on vient de
vivre en tant que spectateur ou en tant qu’acteur et l’on est souvent dans ce cas
plus préoccupé par ce que l’on a vécu et que l’on revit, en le disant en fait plus à
soi-même qu’aux autres.
Évoquer un souvenir correspond à une situation pratiquement identique.
L’esprit, plus ou moins complètement occupé par le rappel du souvenir, la parole
du sujet est dominée par les images et les sentiments éprouvés à cette occasion.
L’intention d’obtenir un effet sur l’interlocuteur peut être, ici comme dans le cas
précédent, totalement absente. Rien n’est absolu cependant et si l’on peut évoquer
tranquillement des souvenirs sans intention particulière, on peut aussi les
« envoyer à la tête » de l’interlocuteur pour le convaincre de ce que l’on pense être
ses erreurs ou lui faire comprendre ce que l’on pense être son devoir. On est alors
dans un acte vocal implicateur.
Faire part de ses impressions. Lorsque vous faites tout haut un bref commentaire
sur l’émission que vous regardez à la télévision, vous espérez peut-être vaguement
que les autres spectateurs prêteront attention à votre réflexion et que l’un d’eux,
peut-être, donnera son avis à son tour (à moins que l’on vous prie plutôt de vous
taire). Mais il n’y a de votre part aucune prétention à obtenir obligatoirement un
écho. S’il en est bien ainsi, vous restez tout à fait dans le domaine de l’expression
simple.
Parler de la pluie et du beau temps est un cas particulier car il correspond bien
à une intention d’agir sur autrui en lui fournissant « de la conversation » pour lui
faire plaisir, l’éblouir ou le retenir. Cette intention cependant n’est pas manifeste
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

et la parole garde ici le masque de l’expression simple.


Parler tout seul constitue un exemple extrême, puisque dans ce cas, non seule-
ment on ne souhaite pas être entendu, mais on redoute de l’être : on craint de passer
pour mentalement anormal lorsqu’on parle tout seul. Tout le monde cependant ou
presque, parle tout seul de temps à autre, lorsque par exemple un oubli revient
subitement en mémoire : « Ah Zut ! J’avais dit que je téléphonerais à untel », ce qui
est anormal disons-le entre parenthèses, c’est de parler tout seul… en présence,
d’autrui, sans prêter attention aux réactions que l’on provoque. Quoi qu’il en soit,
parler tout seul se fait le plus souvent en voix d’expression simple : pensée qui
diffuse dans l’air environnant sans aucune destination, simplement parce que, du
fait de l’isolement, aucune entrave à cette diffusion naturelle et spontanée n’a
besoin d’être mise en œuvre.

Chapitre 1

7
La voix Tome 1

Dans tous les actes que nous venons de citer et de décrire brièvement, l’attitude
physique reste des plus variables. La voix d’expression simple ne s’accompagne pas
en effet de la mise en œuvre d’un comportement réellement spécifique, comme c’est
le cas pour la voix implicatrice et pour la voix d’insistance que nous allons aborder
maintenant. Sur le plan de la mécanique du souffle phonatoire en revanche, c’est
le type thoracique supérieur qui est normalement mis en jeu, tandis que la muscu-
lature abdominale peut rester dans ce cas totalement inactive.
Contrairement à qui est souvent affirmé, l’usage de la respiration thoracique
supérieure n’a rien d’obligatoirement pathologique lors de l’émission vocale. Il suffit
de regarder parler les gens autour de soi pour s’en convaincre aisément.

Voix d’insistance
(ou voix de détresse, de mécontentement,
d’étonnement ou d’émerveillement)

La voix d’insistance ou de détresse correspond à un comportement qui inter-


vient lorsque le locuteur a le sentiment que l’action vocale qu’il entreprend a un
caractère d’urgence, lorsqu’il sent qu’il risque de manquer son but ou lorsqu’il
exprime son mécontentement ou son étonnement.
L’exemple le plus frappant concerne l’échec de la voix d’appel. Vous appelez un ami
à quelque distance : « Ho ! », mais cet ami, occupé à autre chose, n’entend pas. Vous le
rappelez alors mais d’une façon légèrement différente en laissant un peu traîner la voix.
Cette voix n’est pas forcément plus intense mais elle exprime un effort de votre part. En
somme, le message (l’énonciation) change. Il dit : « Non seulement je t’appelle mais je
te montre que je me tue à t’appeler, alors cette fois tu vas m’entendre. » Cette seconde
façon d’appeler est certainement plus efficace. Quand vous entendez appeler ainsi, cela
vous tire l’oreille bien davantage. Vous vous dites : « Tiens quelqu’un appelle quelqu’un
qui n’entend pas. C’est peut-être moi ! De toute façon, il y a un problème quelque part.
C’est toujours intéressant de savoir ce qui se passe. »
Sur le plan physique, la voix d’insistance ou de détresse met en œuvre la flexion
de la partie haute de la colonne vertébrale thoracique. L’action respiratoire des
mouvements vertébraux est généralement oubliée dans les traités classiques de
physiologie respiratoire. Or, c’est bien la flexion de la partie supérieure de la colonne
vertébrale thoracique qui est ici le moteur du souffle phonatoire. La conséquence est
que, contrairement à ce qui a lieu dans la voix implicatrice dite projetée, le
diaphragme, comme nous le redirons, ne peut pas intervenir ici pour contrôler la
pression expiratrice. C’est le larynx exclusivement qui fait les frais du réglage du
débit, ce dont il peut souffrir. C’est un mécanisme qui est efficace mais coûteux et qui
peut devenir dangereux si son usage se prolonge 3.
Utilisée à bon escient cependant, la voix d’insistance ou de détresse correspond
à un comportement tout à fait normal. Lorsqu’un enfant risque de se faire renverser
par une voiture en s’élançant imprudemment sur la chaussée, vous l’arrêterez beau-
coup plus sûrement avec la voix de détresse qu’en lui donnant l’ordre de s’arrêter
qu’il va peut-être transgresser. La voix de détresse ne se transgresse pas. Peu
importe alors du moment que l’enfant a la vie sauve, que cette voix ait irrité votre
larynx et vous ait même rendu aphone quelque temps !
C’est encore la voix de détresse que vous utilisez en général, pour déclarer qu’on
vous ennuie et que « ça suffit comme ça ! ». Quelqu’un vient par exemple vous
demander quelque chose, alors que vous lui avez expliqué plusieurs fois que vous

3. L’usage abusif du mécanisme de la voix de détresse entre dans la constitution du cercle vicieux du
forçage vocal (cf. La voix, tome 2).

Chapitre 1

8
La voix et le comportement vocal

n’étiez pas d’accord, et il revient à la charge ! Énervé, vous lui tenez sur le ton de
l’exaspération un discours du genre : « Écoutez ! Je vous ai déjà dit plusieurs fois que
ça n’est pas possible et que d’ailleurs ça ne m’intéresse pas. C’est agaçant à la fin ! Et
je ne comprends pas pourquoi vous venez encore m’embêter avec cette histoire ! »
Remarquons que, dans le cas présent, vous aviez bien l’intention et même la
certitude d’agir sur votre fâcheux interlocuteur. Mais c’est l’expression de votre
mécontentement qui dominait et qui vous a orienté non pas vers le comportement
de la voix implicatrice, mais vers celui de la voix d’insistance (ou de détresse).
Bougonner, râler comme on dit familièrement, pour exprimer son mécontente-
ment offre également l’occasion d’observer le comportement de la voix d’insistance
tel qu’il est décrit plus haut.
Notons cependant que la mécanique de la voix d’insistance ne se produit pas
seulement dans les situations désagréables ou dramatiques, mais également dans
des situations où le sujet s’étonne, fait part de son incrédulité… ou s’émerveille !
Toutes situations en somme où le sujet exprime qu’il n’est ou n’était pas « en
phase » avec ce qui arrive et qu’il se sent dépassé par l’évènement. Que le compor-
tement de détresse et celui d’émerveillement se rejoignent ainsi peut paraître
singulier. Mais n’est-ce pas une singularité analogue qui rapproche le comporte-
ment du rire et celui des pleurs ?

Deux cas particuliers :


le cri et le chant

Le cri
Cris d’épouvante et de terreur, de désespoir ou de douleur, mais aussi, parado-
xalement cris d’enthousiasme et de joie sont des exemples où le mécanisme de la
voix d’insistance ou de détresse est prédominant, voire exclusif.
Cris de triomphe, cris d’approbation (les bravos), cris de rage et de fureur corres-
pondent au contraire à des comportements d’action mettant en jeu le comportement
de la voix implicatrice.
Dans la pratique, bien sûr, les oppositions ne sont pas absolument tranchées
car l’ambiguïté est fréquente en matière de sentiments. La distinction restera
cependant particulièrement nette entre le « cri du vainqueur » et le « cri du vaincu »
qui constituent des exemples très significatifs de l’opposition entre le comporte-
ment de la voix implicatrice dite de projection vocale et celui de la voix de détresse.
Il est frappant en effet de constater que le comportement du sujet s’oppose point
par point dans l’un et l’autre cas.
Le vaincu dans son cri :
– exprime sa terreur ;
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– se recroqueville et se protège de ses bras ;


– utilise le mécanisme de l’abaissement costal et la flexion du tronc pour produire
le souffle phonatoire.
Le vainqueur dans son cri :
– cherche à créer l’effroi ;
– se redresse : ses bras sont disponibles pour frapper ;
– utilise l’action de ses muscles abdominaux pour produire le souffle phonatoire.

Le chant
Chantonner en s’occupant à quelque besogne domestique, chanter une complainte
ou une chansonnette en se promenant dans la campagne relève de comportements

Chapitre 1

9
La voix Tome 1

purement expressifs. On peut de la même façon chanter sous la douche ou assis dans
le fond d’un fauteuil.
En revanche, chanter une chanson à boire ou un chant de marche manifeste une
intention d’agir, de stimuler, d’entraîner qui relève d’un comportement vocal
implicateur ; l’attitude physique n’est pas la même.
Quant au chant sur scène, et cela vaut aussi pour le théâtre parlé, il est toujours
donné avec l’intention d’atteindre le public et nous sommes donc dans le domaine
de l’implication vocale, même si l’expressivité occupe apparemment le devant de
la scène.
Notons en outre que, dans le chant, la mécanique du souffle se complique
parfois, comme nous le verrons, de ce curieux phénomène d’abduction paradoxale
des côtes dont nous aurons à reparler.

Autres actes vocaux


Si nous voulions être complets, nous devrions encore envisager un certain
nombre d’actes utilisant la voix comme support.
L’étude de ces actes n’étant pas très avancée tant sur le plan physiologique que
sur le plan de leur signification psychologique et comportementale, nous ne ferons
que les citer : le rire, les pleurs, le soupir, le gémissement, le raclement de gorge,
la toux, l’éternuement, le bâillement et le hoquet.

Chapitre 1

10
Chapitre 2

V ue d’ensemble des organes


de la voix et de la parole

Connaître le fonctionnement
des organes de la voix et de la parole
Beaucoup de notions circulent et se transmettent en ce qui concerne l’art de la voix
et de la parole. Ces notions reposent pour la plupart d’entre elles sur l’observation des
« sensations éprouvées » pendant l’acte vocal, observation faite sur eux-mêmes par des
chanteurs, des comédiens, des pédagogues de la voix parlée et chantée. Il s’est constitué
ainsi au cours des temps une sorte d’anatomie et de physiologie « imaginaire » qui entre
souvent en désaccord apparent avec l’anatomie et la physiologie objectives.
Il n’est pas question pour autant de rejeter, sans essayer d’abord de les
comprendre, toutes ces notions qui découlent de l’expérience vécue. Nous verrons
d’ailleurs qu’il est le plus souvent possible – et enrichissant – de concilier les points
de vue subjectif et objectif.

Anatomie fantasmée
Certains comédiens pensaient jadis qu’il y avait deux sortes de voix : la voix
ordinaire qui vient des poumons, la voix noble (propre au théâtre) qui vient du
ventre. Il n’est pas question bien sûr d’adopter telle quelle cette conception, dans
la mesure où l’air nécessaire à la production vocale vient dans tous les cas des
poumons. On peut remarquer cependant que cette idée de deux sortes de voix
correspond très exactement à deux modalités essentielles du souffle phonatoire, le
souffle thoracique supérieur utilisé lors de l’expression simple, le souffle abdominal
utilisé lors de la voix implicatrice dite projetée.
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Grotowski 1 a prétendu que la voix pouvait être produite à partir de toutes les parties
du corps humain, du fait des vibrations émises en toutes sortes d’endroits : épaule,
nuque, reins… Sans doute faut-il se garder d’accepter ces affirmations du point de vue
de la physique acoustique. Cependant, même s’il s’agit seulement de sensations
perçues lors d’émissions vocales particulières, cela reste fort intéressant à étudier.
L’exposé de notions objectives et scientifiques en matière de physiologie vocale
rencontre parfois méfiance ou même se heurte à un refus formel de la part de
certains professionnels de la voix – artistes surtout – désireux sans doute

1. Metteur en scène polonais contemporain, fondateur du célèbre théâtre-laboratoire de Wroclaw qui


s’est beaucoup intéressé à la formation vocale de l’acteur.

Chapitre 2

11
La voix Tome 1

d’entourer la voix (et surtout leur voix) d’un halo de mystère : « Le dieu ne risque-
t-il pas de prendre la fuite s’il est incommodé par trop de curiosité ? » ou encore
« La froide conscience ne risque-t-elle pas de gâcher le naturel ? Et d’ailleurs à quoi
bon savoir ? C’est sentir qu’il faut ! et vibrer ! L’Art n’a pas besoin de la Science ! »
Ces craintes ne sont pas vaines. On voit des artistes desséchés par la technique.
On sait que la conscience peut avoir un effet désorganisateur : se regarder marcher
dénature tout d’abord l’acte de marcher.
Pour se garder de ces dangers, à l’innocence volontaire, nous préférons le
respect des données suivantes.
Connaître la mécanique vocale ne nuit pas, si l’on entend « connaître » au sens
de « faire connaissance ». Si l’on sait attendre que cette connaissance s’intègre au
savoir précédent… et au « perçu » précédent. Si l’on sait attendre que cette connais-
sance s’éprouve et s’expérimente avant de passer peu à peu dans la pratique, comme
une chose que l’on a « à soi ». Si l’on se garde de réduire le phénomène vocal à son
seul aspect mécanique, oubliant son aspect expressif et humain. À ce prix, la
connaissance de l’organe vocal ne nuit pas.

Quelques erreurs plus gênantes


Certaines erreurs communes sont particulièrement nocives et risquent d’engendrer
des troubles du comportement vocal. En voici quelques exemples.
Les plis vocaux, dans la mesure où ils sont encore appelés « cordes vocales », sont
souvent imaginés, et cela est bien regrettable, comme les cordes d’une lyre disposées
verticalement dans le fond de la gorge alors que comme nous le verrons, il s’agit de
lèvres disposées dans un plan horizontal. Cette conception doit être rectifiée, non par
simple désir de respecter la vérité, mais parce qu’il est malsain de se représenter les plis
vocaux de cette façon. L’idée d’une corde vocale ressemblant à un fil donne une idée de
fragilité. Cette idée de fragilité engendre parfois un « comportement de retenue » entraî-
nant paradoxalement une dépense d’énergie excessive (à la manière d’un frein
permanent) d’où une fatigue vocale : le comportement vocal dépend en grande partie
de la sensation subconsciente que l’on a de son organe vocal. Par ailleurs, l’ablation
d’un nodule du pli vocal devient, selon cette conception, une opération périlleuse et
angoissante, alors que c’est actuellement une intervention très simple.
Le diaphragme est parfois vu comme un disque plat se creusant en cuvette lors de
l’inspiration et se bombant en dôme lors de l’expiration. Parfois encore, il est compris
comme étant la portion de la paroi abdominale placée devant l’estomac.
Or, le diaphragme est toujours en forme de dôme (plus ou moins concave selon
qu’il s’agit de la phase expiratoire ou inspiratoire). Faute d’une représentation
correcte, les indications techniques concernant le diaphragme, fréquemment
données au comédien et au chanteur, sont une source importante de malentendus
et de comportements aberrants.
La notion de « place de la voix » est l’une de celles qui prête le plus à discussion. Il n’est
pas très logique de dire que la voix doit être placée dans le masque ou derrière les incisives
ou au-dessus du voile du palais. La voix n’est pas un objet à placer ici ou là dans le corps !
S’il faut donner à la question : « où doit-on placer la voix ? » une réponse logique, la seule qui
convienne vraiment est la suivante : « Dans l’oreille de celui qui doit l’entendre. » Cette
réponse n’est pas seulement une boutade. Il est en effet très important de gouverner sa voix
comme quelque chose qui est destiné à l’espace extérieur. Bien sûr, la voix bien faite (c’est-
à-dire juste adaptée) donne des sensations vibratoires caractéristiques au niveau de la face
et de la bouche. Mais trop se concentrer sur ces sensations risque précisément de faire perdre
le « naturel ». L’archer pense avant tout à la cible. S’il pense trop à son arc ou à sa flèche, celle-
ci risque de manquer son but. Voilà à coup sûr une notion capitale en matière de physiologie
vocale et dont la connaissance ne peut être que bénéfique.

Chapitre 2

12
Vue d’ensemble des organes de la voix et de la parole

Citons encore quelques questions fréquemment (mal) posées, et dont la vertu


principale est d’embrouiller le problème (nous ne les laisserons pas de côté pour
autant) : la voix doit-elle se faire avec le diaphragme ou avec les poumons ? Avec
les plis vocaux ou avec les cavités de résonance ? Avec la tête ou avec la gorge ? Avec
« naturel » ou dans la « concentration consciente » ?…
En guise de réponse provisoire, disons que c’est comme si l’on se demandait si
une automobile doit marcher avec ses roues ou avec son moteur ? Grâce à son
essence ou grâce à l’étincelle de ses bougies ? En comptant sur les réflexes ou en
comptant sur l’attention ?…
Nous dirons encore que la voix et la parole résultant d’une mécanique complexe
où chaque élément joue un rôle, il n’est pas très logique de concentrer son attention
et ses soins sur l’un ou l’autre de ces éléments en négligeant l’ensemble.

Les trois étages de l’appareil vocal


L’appareil vocal s’étudie classiquement en trois parties :
– la soufflerie ;
– le vibrateur ;
– les résonateurs (le pavillon pharyngo-buccal et les « cavités annexes »).
La figure 2-1 donne une vue d’ensemble de ces trois parties.

➤ Fig. 2-1

Vue d’ensemble des organes


de la voix et de la parole.
Palais osseux
Voile du palais en La ligne en trait discontinu AB
position de fermeture correspond au plan de coupe
Voile du palais en de la figure 2-3. La flèche C indique
Fosses nasales position d’ouverture
(Cavités nasales) A la direction selon laquelle
Rhinopharynx

}
(Naso-pharynx) est vue cette coupe.
Bouche Oropharynx
Langue
(Oro-pharynx) Pharynx Rappelons que les dénominations
Épiglotte figurant en italique dans les légendes

{
Hypopharynx
Larynx Partie haute (Laryngo-pharynx) des figures correspondent à celles
de la trachée C proposées par la Commission
et plis vocaux B Œsophage de francisation des nomenclatures
Trachée anatomiques internationales.

Bronches
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

Poumons

Diaphragme
Estomac

Chapitre 2

13
La voix Tome 1

La soufflerie
La voix peut être considérée comme une expiration sonorisée. Dans la respira-
tion calme, les poumons sont remplis (plus ou moins) par l’action des muscles
inspirateurs et se vident (relativement) par simple retour au repos de ces muscles.
Dans la phonation, au contraire, l’expiration est active : l’air est chassé des
poumons par l’action des muscles expirateurs. L’expiration active nécessaire à la
production de la voix s’appelle « souffle phonatoire ».
Lorsque la voix est « bien timbrée », on n’a pas l’impression d’une émission de
souffle mais d’une émission de vibrations : « L’expiration perd sa qualité de vent
pour prendre sa qualité de son » (Talma 2). Bien que rendu inaudible et contrôlé
par une bonne technique, le courant d’air existe cependant.
Le souffle phonatoire n’est pas produit toujours de la même façon.
Parfois, il est produit par l’abaissement de la cage thoracique (souffle thoracique
supérieur). C’est ce qui a lieu lors de l’expression simple.
Parfois, il est produit par l’action des muscles abdominaux (souffle abdominal).
C’est ce qui a lieu lors de la voix implicatrice dite projetée.
Parfois, il utilise la flexion thoracique (souffle vertébral). Le dos s’arrondit dans
un contexte éventuel d’effort plus ou moins important. C’est ce qui a lieu dans la
voix d’insistance ou de détresse et dans le comportement de forçage vocal.
L’émission du souffle phonatoire est précédée – en principe – d’une inspiration,
d’un élan respiratoire : il est nécessaire d’emmagasiner de l’air dans les poumons
puisque c’est la matière première de la voix. Un élan respiratoire bien adapté est
un élément important pour la bonne santé de l’acte vocal.
Le diaphragme, muscle inspirateur principal, est une lame musculaire en forme
de dôme. Il sépare le thorax de l’abdomen. Au-dessus de lui, le cœur et les poumons.
Au-dessous de lui, les viscères de l’abdomen : estomac, foie, rate, intestin…
Le diaphragme joue un rôle important lors de la voix implicatrice : rôle inspi-
rateur au moment de « l’élan vocal » ; rôle de régulateur du souffle phonatoire au
moment de la production vocale proprement dite.
Lors de l’élan respiratoire, l’air pénètre dans les poumons par la bouche ou par le
nez pour atteindre les alvéoles pulmonaires en passant par le pharynx, la trachée, les
bronches souches, qui se divisent en bronches secondaires, puis en bronchioles de plus
en plus petites, chaque bronchiole terminale débouchant dans une alvéole pulmonaire.
Pendant la phonation, l’air parcourt le chemin inverse sous l’action des muscles
expirateurs pour aborder le larynx avec une pression et une vitesse réglées en fonc-
tion de la voix à produire.

Le « vibrateur » (le larynx)


Le larynx est l’extrémité supérieure du tube trachéal, au moment où celui-ci débouche
dans l’arrière-gorge (pharynx). C’est l’organe principal de la voix. Mais ce n’est pour lui
qu’une fonction « secondaire » : sa fonction première est celle d’un sphincter permettant
l’obturation de la trachée. Il est constitué de cartilages reliés entre eux par des ligaments
et des lames aponévrotiques 3 et par des muscles recouverts par une muqueuse 4. Les plis
vocaux (plus souvent appelés encore « cordes vocales ») font partie du larynx et sont cons-
titués par deux de ces muscles et par la muqueuse qui les recouvre.
Les plis vocaux se présentent comme deux lèvres horizontales placées à l’extré-
mité supérieure de la trachée, faisant saillie dans la paroi intérieure du larynx, l’un
à droite, l’autre à gauche. Se rejoignant en avant, ils peuvent s’écarter et se rappro-
cher l’un de l’autre en arrière. En se rapprochant, ils peuvent vibrer (comme les
lèvres) grâce à l’action du souffle pulmonaire (fig. 2-5 et 2-6).

2. Talma, célèbre comédien du début du XIXe siècle.


3. Les aponévroses sont des lames tendineuses reliant ou enveloppant les organes internes.
4. Une muqueuse est le revêtement qui tapisse un organe creux : estomac, trachée, pharynx, bouche…
(le revêtement intérieur des lèvres est une muqueuse).

Chapitre 2

14
Vue d’ensemble des organes de la voix et de la parole

Bien se représenter le larynx


Pour bien nous représenter le larynx et comment de la voix chuchotée) ; si nous serrons les doigts plus
il fonctionne, imaginons un tuyau de caoutchouc forts, l’air ne passe plus du tout.
souple de la grosseur du pouce (fig. 2-2). Pinçons une Le tuyau de caoutchouc représente la trachée et le
extrémité de ce tuyau entre la première phalange de larynx ; l’index et le majeur représentent les muscles
l’index et celle du majeur comme si nous faisions le qui forment les plis vocaux ; la partie du tuyau
geste de couper un petit morceau de ce tuyau avec une déformée par les doigts représente la muqueuse de
paire de ciseaux. Pour plus de ressemblance encore, ces plis et cela se passe avec le larynx – à peu de
maintenons la main dans le plan horizontal, la paume choses près – comme avec le tuyau de caoutchouc.
vers le bas. Soufflons maintenant dans le tuyau par Les plis vocaux peuvent en effet rester écartés l’un de
l’autre extrémité. Si nous serrons modérément les l’autre (du moins en arrière) ou s’affronter sur toute
deux doigts l’un contre l’autre, il se produit un son leur longueur.
(plus ou moins harmonieux) analogue à celui que Dans le premier cas, l’air passe librement (respira-
nous pouvons faire avec nos lèvres « Prrr ». Si nous tion) ; dans le second cas, l’air passe avec bruit (voix)
écartons les doigts, l’air passe sans bruit (sinon celui ou ne passe pas du tout (blocage du larynx).

La glotte est l’espace compris entre les plis vocaux lorsqu’ils sont éloignés l’un
de l’autre.
Au-dessus des plis vocaux, existent deux replis un peu semblables, les plis vesti-
bulaires (ou bandes ventriculaires, ou fausses cordes vocales) qui ne jouent aucun
rôle dans la production de la voix normale.
L’épiglotte surmonte le tout. C’est un clapet qui, en se rabattant en arrière au
moment de la déglutition, forme un couvercle pour le larynx, de telle sorte que les
aliments passent dans l’œsophage vers l’estomac (et non pas dans la trachée vers
les poumons). Plus exactement, l’ensemble du larynx monte pendant que l’épiglotte
se rabat sur lui. Une fausse route des aliments ou de la salive est possible si
l’épiglotte ne s’est pas rabattue assez vite, mais cette fausse route provoque aussitôt
un accès de toux, ce qui a pour effet d’expulser de la trachée et du larynx ces
aliments ou cette salive introduits par accident.
L’épiglotte fait partie du larynx, bien que, lorsqu’elle est relevée, elle soit tout
➤ Fig. 2-2
entière située dans la cavité du pharynx dont nous allons parler bientôt.
Le larynx est en fin de compte l’ensemble composé par les plis vocaux, l’épiglotte Bien se représenter le larynx.
et les cartilages qui leur servent de support et les protègent. Le plus important de
ces cartilages correspond à la pomme d’Adam.
La description du larynx et des plis vocaux que nous venons de faire nous
permet de comprendre le schéma de la figure 2-3 et surtout ceux des figures 2-5 et
2-6, schémas très classiques du larynx, mais souvent difficiles à situer et à inter-
préter correctement.
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

◗ L’appareil suspenseur du larynx (fig. 2-4, 4-20 et 4-21)


Comme on peut facilement le remarquer lors de la parole, la pomme d’Adam
est animée de mouvements verticaux constants, nécessaires à l’articulation des
voyelles (pour « i », le larynx monte, pour « ou », il descend…). Ces mouvements
rapides et constants sont assurés par trois groupes de muscles constituant les
« bretelles de suspension » du larynx.
Les bretelles antérieures relient le larynx au maxillaire inférieur (muscles sus-
hyoïdiens).
Les bretelles inférieures relient le larynx au bord supérieur du sternum, c’est-à-
dire au thorax (muscles sous-hyoïdiens).

Chapitre 2

15
La voix Tome 1

Les bretelles supérieures relient le larynx à la base du crâne juste au-dessous du


conduit auditif (muscles stylo-hyoïdien et digastrique).
Comme on le voit, chacun de ces trois groupes de muscles a une insertion
Face postérieure « hyoïdienne ».
de l’épiglotte L’os hyoïde (fig. 4-19) est un demi-anneau osseux concave vers l’arrière que l’on
peut sentir avec les doigts (entre le pouce et l’index) en attrapant le cou par en
Pli vestibulaire
(ou bande avant, juste au-dessus de la pomme d’Adam.
ventriculaire
ou fausse
corde vocale) Les « résonateurs » (le pavillon pharyngo-buccal
et les cavités annexes)
Pli vocal
(ou corde vocale)
◗ Le pharynx
Glotte
Le larynx débouche en haut dans le pharynx. Le pharynx, ou « carrefour aéro-
Trachée
digestif », n’est rien d’autre que la cavité de l’arrière-bouche (ou arrière-gorge).
C’est la cavité qui fait suite à la bouche en arrière de la langue.
➤ Fig. 2-3 C’est une cavité musculaire capable de se rétrécir latéralement et d’arrière en
Coupe frontale du larynx avant (action des muscles constricteurs du pharynx). Le volume du pharynx est
(vue par en arrière). également susceptible de varier verticalement. Ces variations sont sous la dépen-
Coupe effectuée selon la ligne pointillée dance des mouvements d’élévation et d’abaissement du larynx, due à l’action des
AB de la figure 2-1. muscles de l’appareil suspenseur du larynx. Ces mouvements interviennent de
Cette coupe est vue par l’arrière comme façon très importante dans l’articulation des voyelles.
l’indique la flèche C de cette même Cette cavité se divise en trois étages superposés (fig. 2-1). Ce sont de bas en
figure. haut :
Au-dessus (et en avant du plan de coupe)
est figurée la face postérieure
– l’hypopharynx ;
de l’épiglotte. Au-dessus de celle-ci, – l’oropharynx ;
on aurait pu faire figurer encore la partie – le rhinopharynx.

L’HYPOPHARYNX (laryngo-pharynx)
Pour bien comprendre ce qu’est l’hypopharynx, il faut se représenter clairement
les rapports du pharynx et du larynx. Pour cela, nous nous représenterons d’abord
le pharynx sous forme d’une sorte d’entonnoir. L’extrémité supérieure du tube
trachéal, c’est-à-dire le larynx, perfore verticalement la paroi antérieure de l’enton-
noir pharyngé. Le bord antérieur plus haut de ce tube représente l’épiglotte (fig. 2-7).
L’hypopharynx est toute la partie du pharynx située au-dessous de la partie libre de
l’épiglotte. Lors de la déglutition, comme nous l’avons dit, l’épiglotte se rabat pour
fermer le tube laryngé. Mais, en réalité, le bol alimentaire ne passe pas seulement sur
Maxillaire l’épiglotte rabattue, mais de l’un et l’autre côté du tube ou des deux côtés à la fois dans
inférieur ce qu’on appelle les gouttières pharyngo-laryngées ou sinus piriformes.
Deux conduits débouchent ainsi dans l’hypopharynx : le larynx en avant,
Os hyoïde
l’œsophage en arrière.
L’œsophage est un tuyau aplati, large de 2 centimètres environ, qui va du
Larynx pharynx à l’estomac. Sa paroi (musculaire) est élastique.
L’orifice d’abouchement de l’œsophage dans l’hypopharynx s’appelle la bouche
œsophagienne. Celle-ci peut rester fermée grâce à l’action d’un anneau musculaire
(muscle crico-pharyngien). Dans la déglutition, ce muscle doit se relâcher pour
Sternum permettre aux aliments de passer dans l’œsophage, en même temps que l’épiglotte
s’abaisse pour recouvrir le larynx et fermer la trachée.

L’OROPHARYNX
➤ Fig. 2-4 (voir fig. 4-20)
Lorsqu’on ouvre très grand la bouche (fig. 2-8), on aperçoit dans le fond, de
chaque côté, les « piliers » antérieurs et postérieurs du voile du palais. Ce sont des
Appareil suspenseur du larynx. replis de la muqueuse disposés verticalement. Séparés en bas par la base de la

Chapitre 2

16
Vue d’ensemble des organes de la voix et de la parole

➤ Fig. 2-5
Langue
tirée ➤ Fig. 2-5 Larynx vu d’en haut
vers l’avant pendant la respiration.
Sur cette figure, on observe en avant
Papille caliciforme (c’est-à-dire vers le haut de la page)
la face supérieure de la langue. La langue
d’ailleurs est sur ce schéma tirée vers
l’avant, ce qui entraîne la bascule vers
Épiglotte (face postérieure vue l’avant de l’épiglotte dont on aperçoit
en fuite, du fait de la traction la face postérieure « en fuite ».
de la langue)
En arrière de l’épiglotte – et en contre-bas
Pli vestibulaire (ou bande ventriculaire – on aperçoit les deux replis supérieurs que
ou fausse corde vocale) constituent les plis vestibulaires
Pli vocal (ou corde vocale) (bandes ventriculaires), puis les plis
Gouttière pharyngo-laryngée (ou sinus piriforme) vocaux, eux-mêmes placés sur un plan
Glotte
inférieur par rapport aux précédents. Entre
Aryténoïde les plis vocaux, un espace triangulaire à
Margelle laryngée pointe antérieure : la glotte. Notons encore
Bouche œsophagienne
en arrière, les aryténoïdes – pyramides
cartilagineuses – sur lesquels s’insère
l’extrémité postérieure de chaque pli vocal.
Les aryténoïdes peuvent glisser l’un vers
langue, ils se rejoignent en haut pour former comme une ogive. Du sommet de cette l’autre sur la « margelle » de l’orifice
ogive pend la luette (à ne pas confondre avec la glotte qui, rappelons-le, est l’espace glottique entraînant la fermeture du larynx.
Cette fermeture correspond soit
compris entre les deux plis vocaux lorsqu’ils ne sont pas en contact). au blocage de la glotte (fermeture
Les piliers antérieurs du voile du palais, derrière lesquels on aperçoit les amyg- complète), soit à la phonation (fermeture
dales, forment, avec la base de la langue, une sorte de rétrécissement appelé relative).
« isthme du gosier ». En avant de l’isthme du gosier, c’est la bouche ; en arrière, c’est
le pharynx.
➤ Fig. 2-6

LE RHINOPHARYNX (naso-pharynx) Larynx vu d’en haut


Lorsque le voile du palais reste abaissé, l’oropharynx communique avec pendant la phonation.
l’arrière-nez ou rhinopharynx. L’alternance rapide de ces deux positions
Le voile du palais peut s’imaginer comme une soupape qui, en s’élevant, sous l’action du souffle pulmonaire
réalise la vibration des plis vocaux. Sous
empêche l’air de passer par le nez. l’action de la pression de l’air venant des
poumons, le bord des plis vocaux passe
alternativement par la position fermée
(trait plein) et ouverte (trait pointillé).
Voile
Palais du palais
osseux ➤ Fig. 2-6
Luette (Uvule palatine)

Rhinopharynx
(Nasopharynx)
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

Bord du pli vocal


en position d’ouverture
Oropharynx Bords des plis vocaux
en position de fermeture

Épiglotte
(très schématique) Hypopharynx
(Laryngo-pharynx)
Larynx

➤ Fig. 2-7

Trachée Représentation schématique des trois étages du pharynx


et des rapports de l’hypopharynx avec le larynx.
(Pour plus de clarté, la langue n’y figure pas).

Chapitre 2

17
La voix Tome 1

➤ Fig. 2-8
Lèvre supérieure
Vue antérieure de l’oropharynx.

Voile du palais

Luette (Uvule palatine)


Pilier antérieur
du voile du palais (Arc palato-glosse)
Pilier postérieur
du voile du palais (Arc palato-pharyngien)
Amygdale palatine
Isthme du gosier
et paroi postérieure
de l’oropharynx
Lèvre inférieure

Dans la parole, le voile du palais reste abaissé pour les voyelles et les consonnes
nasales [ã, ~e, õ, ~ø, m, n] ; il s’élève pour les autres sons.

◗ La bouche
Résonateur principal, au même titre que le pharynx, et articulateur principal, il
nous paraît inutile d’en donner ici une quelconque description : c’est un organe
familier et bien connu de chacun. Nous verrons plus loin de quelle manière les
organes qui composent la bouche (langue, mâchoires, lèvres…) interviennent dans
la fabrication des bruits à partir desquels se sont individualisés les sons du langage.

◗ Les fosses nasales. Les sinus


Comme nous l’avons dit, la cavité nasale communique avec le pharynx par le
rhinopharynx. Cette communication est interrompue lorsque l’élévation du voile
vient empêcher le passage de l’air.
Les sinus sont des cavités annexes des fosses nasales avec lesquelles elles commu-
niquent par de petits orifices appelés ostium. Ces cavités sont remplies d’air.
Les sinus sont au nombre de quatre (fig. 2-9 et 5-37 à 5-43) :
– sinus frontal, au-dessus de l’orbite ;
– sinus maxillaire, entre la cavité orbitaire et l’os maxillaire supérieur (c’est-à-dire
juste au-dessous de l’œil) ;
– sinus ethmoïdal, constituant la paroi creuse qui sépare l’œil de la fosse nasale ;
– sinus sphénoïdal correspondant au plafond du rhinopharynx (fig. 5-37 et 5-38).
Si nous citons les sinus, c’est seulement à cause de leur importance en patho-
logie oto-rhino-laryngologique : les sinusites sont des affections fréquentes. En
effet, les sinus ne jouent apparemment aucun rôle dans la phonation.

Remarques
Nous avons jusqu’ici respecté dans notre description de l’appareil vocal la divi-
sion classique en trois parties : soufflerie, vibrateur, résonateurs. Si l’on envisage
non plus la voix mais aussi la parole, en parlant non plus d’appareil vocal mais

Chapitre 2

18
Vue d’ensemble des organes de la voix et de la parole

d’appareil phonatoire, il faut ajouter que vibrateur et résonateurs sont également ➤ Fig. 2-9

articulateurs de la parole. Les sinus.


Le larynx en effet ne joue pas seulement un rôle de vibrateur. Par ses déplace-
ments verticaux (mouvements de la pomme d’Adam), il joue un rôle important
dans l’articulation des voyelles. Nous verrons qu’il est plus logique en fait de consi-
dérer le larynx comme un organe articulateur parmi d’autres. Cela d’autant plus
que, s’il est bien organe vibrateur, il partage dans une certaine mesure cette parti- Sinus frontal
cularité avec d’autres organes, notamment la pointe de la langue et le voile du
Sinus ethmoïdal
palais. Cette façon, certes moins familière, d’envisager le rôle du larynx simplifiera
beaucoup la présentation et la compréhension des faits phonétiques comme nous
le verrons dans la deuxième partie du chapitre 5.
Remarquons encore – notion classique importante – qu’aucun des organes qui Sinus maxillaire
composent cette « machine à faire la voix et la parole » n’est exclusif de cette
« machine ». Chacun d’eux est utilisé d’abord en vue d’une autre fonction.
Les poumons servent en premier lieu à assurer l’oxygénation du sang (l’héma-
tose) ; en second lieu seulement, de réservoir d’air pour la phonation.
Le larynx est en premier lieu un « robinet » (un sphincter) destiné à fermer les
« voies respiratoires inférieures » (trachée, bronches), en second lieu seulement, un
organe à faire du bruit.
Le pavillon pharyngo-buccal, dont les parois mobiles (mâchoires, langue, joues,
voile du palais) sont les principaux organes de l’articulation de la parole, sert
d’abord à la mastication et à la respiration.
En somme, la voix et la parole constituent une fonction secondaire qui emprunte
les organes de fonctions pré-existantes (respiration, mastication).

Production phonique – Production


phonétique
Les organes de la parole sont susceptibles de produire une grande quantité de
sons (production phonique). Un certain nombre de ces sons sont utilisés dans la
parole (production phonétique).
D’une façon un peu simplifiée, on peut considérer que les phénomènes sonores
prennent naissance en six points déterminés que nous appellerons les « robinets
de la parole » dont on trouvera la liste page 156. Les mouvements de la langue, des
lèvres, des mâchoires, du voile du palais et du larynx, sont capables en effet de créer
en chacun de ces points des obstacles susceptibles de s’opposer au courant d’air,
soit en le freinant, soit en l’arrêtant complètement, soit en vibrant sous son action.

➤ Fig. 2-10
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

Les six robinets de la parole.


Au cours de son trajet depuis les
poumons jusqu’à l’extérieur, l’air
expiratoire
peut produire des bruits en six endroits :
les six « robinets de la parole ».
5 1) Les deux lèvres
6 Voile du palais 1 bis) Lèvre inférieure – incisives supérieures
2) Pointe de la langue – gencives supérieures
3
2 3) Base de la langue – voile du palais
1 4) Plis vocaux
1 bis Épiglotte 5) Voile du palais – plafond du pharynx
6) Narines
4
Œsophage

Chapitre 2

19
La voix Tome 1

Nous renvoyons le lecteur pour plus de détails au chapitre 5 où sont étudiés


systématiquement la plupart des bruits facilement réalisables par un sujet de
langue française, bruits rassemblés dans le tableau 5-I (p. 156).

Nous donnerons cependant dès maintenant trois exemples.


La langue, prenant contact sur les côtés avec les dents, contraint le souffle pulmonaire
à circuler dans un fin canal « médian » (c’est-à-dire cheminant à la face supérieure de
la langue d’avant en arrière, au milieu de celle-ci). Il s’ensuit un bruit comparable à
celui produit par un pneu de bicyclette que l’on dégonfle, c’est un « s ».
Les plis vocaux se rapprochant alors se mettent à vibrer sous l’action du même souffle
pulmonaire, le bruit de « s » (« sss ») se transforme en bruit de « z » (« zzz »).
La pointe de la langue prenant contact derrière les incisives supérieures contre les
gencives s’oppose à la sortie de l’air provenant des poumons puis, brusquement, la
langue se décolle et laisse s’échapper l’air. Un petit bruit d’explosion se produit : c’est
un « t ».
Pour les voyelles qui figurent dans le triangle de Hellwag du tableau 5-I, c’est le volume
respectif des cavités de résonance qui intervient. Celui-ci est en effet susceptible de
varier grâce aux déplacements de la langue, des mâchoires, du voile du palais, ainsi que
sous l’action – souvent oubliée par les phonéticiens – des mouvements d’élévation et
d’abaissement du larynx.
Ce tableau comporte aussi des bruits qui ne font pas partie des sons du langage (du
moins dans notre langue) : bruits de « vélo-moteur », de « fourneau à gaz », de « rabo-
teuse »… Cette juxtaposition des sons du langage (phonèmes) et des bruits « extra-
linguistiques », qui sont leurs proches parents, a l’intérêt de ramener l’attention sur
l’aspect matériel et concret des sons du langage, aspect particulièrement important pour
qui veut améliorer sa parole ou la parole d’autrui.

Chapitre 2

20
Chapitre 3

L es organes du souffle
phonatoire

Anatomie de la charpente osseuse


et cartilagineuse des organes
du souffle phonatoire
Les vertèbres dorsales (vertèbres thoraciques)
L’anatomie de la colonne vertébrale doit être connue pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, le problème de l’attitude corporelle – la posture – joue un rôle
important, comme nous le verrons dans la pathologie de la phonation (problème
de la verticalité).
Par ailleurs, les mouvements de la colonne vertébrale dorsale jouent un rôle
dans un comportement phonatoire particulier, celui de la voix d’insistance ou de
détresse dont l’aboutissement pathologique est le comportement de forçage vocal.
Enfin, l’étude de la physiologie costale nécessite la connaissance des articula-
tions costo-vertébrales.
On compte douze vertèbres dorsales qui présentent à étudier deux parties
distinctes : le corps vertébral et l’arc neural.
◗ Le corps vertébral (fig. 3-1 et 3-2)
Le corps vertébral est un segment de cylindre qui présente :
– une face supérieure et une face inférieure excavées, bordées par un bourrelet
périphérique de tissus osseux plus dense. Ces deux faces sont en rapport avec les
disques inter-vertébraux ;
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

– une circonférence creusée en avant et sur les côtés en forme de gouttière hori-
zontale. En arrière, cette circonférence est en rapport avec le trou vertébral et forme
une gouttière verticale ;
– quatre demi-facettes articulaires costales taillées en biseau latéralement et en
arrière. Elles sont destinées à s’articuler avec la tête des côtes (articulation costo-
vertébrale). Chaque côte au niveau de la tête costale s’articule avec les deux facettes
supérieure et inférieure de deux vertèbres voisines.
◗ L’arc neural (fig. 3-1)
Il circonscrit, avec la face postérieure du corps vertébral, un orifice : le trou
vertébral. La superposition des trous vertébraux constitue le canal rachidien qui
contient la mœlle épinière.

Chapitre 3

21
La voix Tome 1

➤ Fig. 3-1

Vertèbre dorsale (thoracique).


Vue supérieure (crâniale).
Corps vertébral (Spondyle)
et articulation costo-vertébrale.
1/2 facette articulaire
La côte a été déplacée vers la droite costale supérieure
de façon à dégager les surfaces (Fossette costale crâniale)
articulaires vertébrales. Facette articulaire de la tête costale
(Surface articulaire de la tête costale)
Pédicule
Trou vertébral
(Foramen vertébral)
Apophyse articulaire supérieure
(Processus articulaire crânial)
Apophyse transverse
Arc neural (Processus transverse)
Col de la côte
Tubérosité costale
(Tubercule de la côte)
Facette costale
de l’apophyse transverse
Lame (Fossette costale transversaire)
Apophyse épineuse
(Processus épineux)

➤ Fig. 3-2 Facette costale


de l’apophyse transverse
Vertèbre dorsale (thoracique). (Fossette costale transversaire)
Vue latérale droite. Apophyse transverse
(Processus transverse)
Apophyse articulaire supérieure (Processus articulaire crânial)
Échancrure supérieure du pédicule (Incisure vertébrale crâniale)
1/2 facette articulaire
costale supérieure
(Fossette costale crâniale)
Corps vertébral

1/2 facette articulaire costale inférieure


(Fossette costale caudale)
Échancrure inférieure du pédicule
(Incisure vertébrale caudale)
Apophyse articulaire inférieure
(Processus articulaire caudal)
Apophyse épineuse
(Processus épineux)

L’arc neural est formé par les pédicules, les lames vertébrales, l’apophyse
épineuse, l’apophyse transverse et les apophyses articulaires.

LES PÉDICULES
Les pédicules sont des pièces osseuses aplaties transversalement, reliant le
corps vertébral dans sa moitié supérieure aux apophyses transverses et aux lames.
Le bord supérieur et le bord inférieur du pédicule présentent une échancrure pour
les nerfs rachidiens. Ceux-ci passent en effet par le trou de conjugaison formé par
l’échancrure supérieure d’un pédicule et l’échancrure inférieure – plus marquée –
du pédicule de la vertèbre sus-jacente (fig. 3-3).

Chapitre 3

22
Les organes du souffle phonatoire

➤ Fig. 3-3

Mise en place de deux vertèbres


dorsales (thoraciques).
Vue latérale droite. Noter les points de
Trou de conjugaison contact de ces deux vertèbres au niveau
(Foramen intervertébral) des apophyses articulaires, noter encore
le disque intervertébral et le trou de
Disque intervertébral conjugaison par où passe le nerf
rachidien.

LES LAMES VERTÉBRALES


Les lames vertébrales unissent le pédicule à l’apophyse épineuse en circonscri-
vant par en arrière le trou vertébral.
Elles sont situées dans un plan oblique de haut en bas, d’avant en arrière et de
dedans en dehors 1 ; cela veut dire que si l’on suit ce plan du haut vers le bas, on
sera amené à prendre une direction vers l’arrière et vers le dehors.
Cette obliquité peut encore s’exprimer de la façon suivante : il s’agit d’un plan
qui « regarde » en haut, en arrière et en dehors. Ce « regard » correspond à la direc-
tion de la perpendiculaire à ce plan.
C’est à dessein que nous insistons sur cette description de l’obliquité d’un plan
anatomique à titre d’exemple.

L’APOPHYSE ÉPINEUSE
L’apophyse épineuse naît de l’union des deux lames, se dirige en bas et en
arrière et se termine par un tubercule.

L’APOPHYSE TRANSVERSE
L’apophyse transverse se détache à la jonction du pédicule et de la lame.
Elle se dirige en dehors et en arrière.
Elle présente sur sa face antérieure une surface articulaire, la facette costale qui
regarde en avant, en haut et en dehors pour s’articuler à la surface articulaire
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

correspondante de la tubérosité du col de la côte (articulation costo-transversaire).

LES APOPHYSES ARTICULAIRES


Les apophyses articulaires font saillie au-dessus et au-dessous de la base
d’implantation des apophyses transverses.
Les apophyses articulaires supérieures présentent une surface articulaire qui
regarde en arrière, en dehors et un peu en haut.

1. Vers le dedans signifie : en se rapprochant du plan sagittal médian. Vers le dehors signifie à
l’inverse : en s’écartant du plan sagittal médian. Le plan sagittal médian est le plan vertical qui sépare
le corps en ses moitiés droite et gauche.

Chapitre 3

23
La voix Tome 1

Les apophyses articulaires inférieures présentent une surface articulaire


orientée de façon inverse, c’est-à-dire en avant, en dedans et un peu en bas.
Les surfaces articulaires supérieures s’articulent avec les surfaces articulaires
inférieures de la vertèbre sus-jacente.

Les vertèbres cervicales (fig. 3-4)


Sur ces vertèbres s’insèrent les importants muscles inspirateurs que sont les
scalènes, muscles élévateurs du thorax. Les vertèbres cervicales se différencient de
leurs homologues dorsales par les cinq particularités suivantes :
– l’apophyse épineuse a un sommet bi-tuberculeux ;
– le trou vertébral est plus ou moins triangulaire ;
– l’apophyse transverse est plus antérieure par rapport au corps vertébral ;
– cette apophyse transverse est bilobée et sa face supérieure est creusée d’une gout-
tière, la gouttière transversaire ;
– près de sa base enfin, cette apophyse transverse présente un orifice : le trou trans-
versaire où passe l’artère vertébrale.

➤ Fig. 3-4 Corps

Vertèbre cervicale.
Vue supérieure. Tubercule antérieur
(Tubercule ventral)
Gouttière transversale
Tubercule postérieur
(Tubercule dorsal)
} Apophyse transverse
(Processus transverse)

Trou transversaire (Foramen transversaire)


Apophyse articulaire supérieure
(Processus articulaire crânial)
Trou vertébral
(Foramen vertébral)

Apophyse épineuse
(Processus épineux)

Les côtes
Au nombre de douze de chaque côté, on les classe en trois catégories :
– les sept premières sont dites côtes vraies. Elles sont prolongées en avant par un
cartilage qui se dirige en dedans et s’insère individuellement sur le sternum ;
– les trois suivantes sont dites fausses côtes parce qu’elles sont prolongées en avant
par un cartilage qui se réunit au cartilage sus-jacent avant de s’insérer sur le
sternum ;
– les deux dernières sont dites côtes flottantes parce qu’elles sont prolongées en
avant par un cartilage qui reste libre.
La côte est un os plat en forme d’arc concave en-dedans (fig. 3-5).
Si l’on suit la côte d’arrière en avant, on observe deux changements de direction.
Initialement, elle est oblique en bas, en dehors et un peu en arrière. Un premier
changement de direction la rend oblique en bas et en avant. Un deuxième change-
ment de direction la rend oblique en bas, en avant et en dedans.
Les deux changements de direction constituent l’angle postérieur et l’angle anté-
rieur de la côte.

Chapitre 3

24
Les organes du souffle phonatoire

➤ Fig. 3-5
Col
Surfaces articulaires Côte, vue postérieure.
vertébrales Angle postérieur
(Surfaces articulaires (Angle de la côte)
de la tête costale)

Tubérosité costale (Tubercule costal)


et facette articulaire transversaire
(Surface articulaire du tubercule costal)

Bord inférieur

Bord supérieur

Angle antérieur

Extrémité antérieure

La côte est dans son ensemble inclinée de haut en bas, d’arrière en avant et de
dedans en dehors ; cette inclinaison est d’autant plus marquée que la côte est plus
basse.
La côte présente à étudier :
– une extrémité postérieure ;
– un corps ;
– une extrémité antérieure.

◗ L’extrémité postérieure
Elle comporte trois parties.

LA TÊTE COSTALE
La tête costale présente un angle dièdre saillant en dedans. L’arête de cet angle
dièdre est dirigée d’avant en arrière et s’articule avec le disque intervertébral qui
lui correspond.
La tête costale comporte deux facettes articulaires, l’une supérieure et l’autre
inférieure délimitées par l’arête précédente.
La facette supérieure s’articule avec la facette costale inférieure du corps de la
vertèbre sus-jacente. La facette inférieure s’articule avec la facette costale supé-
rieure du corps de la vertèbre sous-jacente.

LE COL
Compris entre la tête et la tubérosité, le col de la côte est aplati d’avant en
arrière.
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

LA TUBÉROSITÉ COSTALE
La tubérosité costale est une saillie présentant une surface articulaire qui
regarde en bas, en arrière et en dedans, pour s’articuler avec la facette costale de
la face antérieure de l’apophyse transverse de la vertèbre sous-jacente.

◗ Le corps
Le corps de la côte présente une face interne concave et une face externe
convexe ; un bord supérieur et un bord inférieur. Ce dernier est creusé d’une gout-
tière : la gouttière costale près de laquelle circule le paquet vasculo-nerveux
intercostal.

Chapitre 3

25
La voix Tome 1

◗ L’extrémité antérieure
L’extrémité antérieure de la côte est creusée d’une excavation pour l’extrémité
du cartilage costal.

LA PREMIÈRE CÔTE
La première côte présente quatre caractères particuliers :
– elle est plus large et plus courte que toutes les autres ;
– elle est aplatie de haut en bas (et non pas de dehors en dedans comme les autres
côtes) ;
– sa tête costale ne présente qu’une seule facette articulaire s’articulant avec la
vertèbre sous-jacente, la première vertèbre dorsale (D1) ;
– sa face supérieure, enfin, présente, près de son bord interne, une saillie, le tuber-
cule de Lisfranc sur lequel vient s’insérer le muscle scalène antérieur.

Les cartilages costaux (fig. 3-6)


Au nombre de douze de chaque côté, ils prolongent chaque côte en avant, s’insé-
rant en dehors dans l’excavation de l’extrémité antérieur de chacune d’elles.
Chacun des sept premiers s’insère en dedans sur une échancrure du sternum.
Les 8e, 9e et 10e s’unissent au bord inférieur du cartilage sus-jacent. Les 11e et 12e
restent libres.
La direction et la longueur des cartilages costaux varient :
– le 1er est oblique en bas et en dedans ;
– les 2e et 3e sont horizontaux ;
– le 4e est oblique en haut et en dedans ;
– du 5e au 10e, le cartilage suit d’abord la direction de la côte, puis se dirige en haut
et en dedans ;
– les 11e et 12e sont courts et suivent la direction de la côte.

Le sternum (fig. 3-6)


C’est un os allongé de haut en bas, aplati d’avant en arrière. Situé à la partie
antérieure et médiane du thorax, on le compare classiquement à un glaive.
Le sternum présente trois parties :
– le manubrium sternal (la poignée du glaive) ;
➤ Fig. 3-6 Fourchette sternale
(Incisure jugulaire)
Thorax. Vue antérieure. Échancrure claviculaire
(Incisure claviculaire)
On notera particulièrement sur ce
Tubercule de Lisfranc
schéma l’orifice supérieur (ouverture (Tubercule du muscle scalène ventral)
crâniale)
et l’orifice inférieur du thorax (ouverture Manubrium sternal
caudale). 3e
Cartilages costaux 5e
Corps du sternum
7e

Appendice xiphoïde
(Processus xiphoïde)

Fausses côtes
(Côtes asternales)

Côtes flottantes

Chapitre 3

26
Les organes du souffle phonatoire

– le corps (la lame) ;


– l’appendice xiphoïde (la pointe).
Par souci de simplification, nous étudierons conjointement manubrium et corps.

◗ Le manubrium sternal et le corps

LA FACE ANTÉRIEURE
Sur cette face, on observe des crêtes horizontales qui sont les vestiges des « ster-
nèbres » primitives.
Le sternum est en effet primitivement formé de plusieurs pièces indépendantes,
les sternèbres, dont certaines se soudent au cours du développement.
La ligne horizontale séparant le manubrium, du corps du sternum forme l’arête
d’un angle ouvert en arrière : l’angle de Louis (cet angle peut varier au cours des
mouvements respiratoires).

LES BORDS LATÉRAUX


Ils présentent les sept échancrures articulaires pour les sept premiers cartilages
costaux. La première échancrure est à la partie supérieure du bord latéral du manu-
brium sternal.
La deuxième est en regard de l’angle de Louis.
Les sept échancrures articulaires sont séparées par les six échancrures intercostales.

L’EXTRÉMITÉ SUPÉRIEURE
Elle présente trois échancrures :
– une échancrure médiane concave en haut, la fourchette sternale ;
– deux échancrures latérales, les facettes claviculaires, qui regardent en haut et en
dehors et présentent une surface articulaire pour l’extrémité interne de la clavicule.

◗ L’appendice xiphoïde
Pointe triangulaire faisant saillie à l’extrémité inférieure du sternum dans
l’angle xiphoïdien de Charpy (ouvert en bas) formé par les cartilages des fausses
côtes (angle infra-sternal).
L’appendice xiphoïde est inconstant. Il manque le plus souvent chez la femme.
Plus mince que le corps du sternum, il est parfois déjeté en arrière.

Le thorax dans son ensemble (fig. 3-6)


Le thorax peut être comparé à une pyramide tronquée à quatre faces.
Il présente quatre arêtes formées par l’alignement des angles costaux antérieurs et posté-
rieurs. Le sommet et la base sont occupés par les orifices supérieur et inférieur du thorax.
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

◗ L’orifice supérieur (ouverture crâniale du thorax)


C’est un anneau elliptique indéformable à grand axe transversal. Il est limité
d’avant en arrière par :
– la fourchette sternale ;
– l’échancrure claviculaire ;
– le premier cartilage costal ;
– le corps puis le col de la première côte ;
– la première vertèbre dorsale.
Il est oblique et regarde en haut et en avant.
La fourchette sternale correspond en arrière au niveau des vertèbres dorsales
D2 et D3.

Chapitre 3

27
La voix Tome 1

v Comme nous le verrons dans le sous-chapitre suivant, cet anneau peut s’élever
s’ et s’abaisser selon le mouvement « en poignée de pompe » (fig. 3-9).
s ◗ L’orifice inférieur (ouverture caudale du thorax)
Imaginons une ligne grossièrement antéro-postérieure et déplaçons cette ligne
v latéralement de façon à ce que cette ligne reste en contact en avant et en arrière
s’ avec le pourtour de cet orifice. Cette ligne engendre une surface comparable à celle
s
d’un toit dont le pignon antérieur est plus élevé que le postérieur.
L’arête de ce toit est en effet inclinée vers l’arrière. Elle correspond en avant à
l’angle xiphoïdien, en arrière à la vertèbre D12.
v Le bord antérieur, curviligne, est formé par les 7e, 8e, 9e et 10e cartilages costaux.
s’ Les bords latéraux sont formés par les sommets des 10e, 11e et 12e cartilages costaux.
s Le bord postérieur est formé par la 12e côte.
Sur le pourtour de cet orifice prend insertion le muscle diaphragme.
➤ Fig. 3-7
Comme nous le verrons ci-dessous, cet orifice est surtout le siège du mouvement
Schéma de Borelli. costal en « anse de seau » (fig. 3-10), mais le mouvement en « poignée de pompe »
Les points « V » représentent les attaches y est également possible.
vertébrales des côtes. Les points « S »
représentent les attaches sternales
de ces mêmes côtes. *
L’élévation de S en S’ détermine
une augmentation de surface telle que : Cinématique de la charpente
surface V S’ S’ V > surface V S S V.
Cette augmentation de surface symbolise des organes du souffle phonatoire
l’augmentation inspiratoire du volume
pulmonaire.
Mécanique costale

◗ Schématisation de Borelli (1743)


v Pour rendre compte de l’action respiratoire du mouvement costal, Borelli repré-
o sente schématiquement le thorax comme une échelle à barreaux obliques (fig. 3-7).
s L’élévation d’un des montants horizontalise les barreaux, produisant l’écartement
des montants, ce qui symbolise l’augmentation de volume de la cage thoracique. Mais
v c dans le thorax, sternum et colonne vertébrale ne sont pas parallèles, d’où impossibi-
o lité théorique de tout mouvement, démontrée mathématiquement par Chabry.
Cependant, le mouvement redevient possible si l’on fait intervenir des articula-
s tions au niveau du sternum (sternèbres), comme chez les carnivores, ou une
articulation au milieu de chaque côte, comme cela existe chez les oiseaux (fig. 3-8).
c Notons que chez l’homme, l’angle de Louis permet une certaine mobilité du sternum
v
et que les cartilages costaux permettent une certaine souplesse de l’arc costal. De ce
o point de vue, l’homme se situe ainsi à mi-chemin entre les carnivores et les oiseaux.
Malgré ces modifications, le schéma de Borelli ne rend pas compte correctement du
s
mouvement costal puisque, selon l’axiome classique du même Borelli, toute côte qui
s’élève (sauf la première) se porte en dehors, s’échappant ainsi du plan sagittal.
Notons au passage que cet axiome de Borelli n’est pas rigoureusement exact. Nous
➤ Fig. 3-8 verrons en effet qu’il est possible d’élever les côtes en évitant l’abduction de celles-ci.
Schéma de Borelli modifié. L’explication classique de cette abduction costale réputée obligatoire, si l’on en croit cet
axiome de Borelli, était tirée de l’obliquité de l’axe du col de la côte (oblique en bas, en
Ce schéma apporte par rapport
au schéma de Borelli trois modifications :
dehors et un peu en arrière). Cette explication ne peut être retenue dans la mesure où,
comme nous allons le voir, le mouvement costal est, pour chaque côte, variable et peut
1 – Inclinaison de la ligne SS être réalisé selon plusieurs modalités.
figurant l’inclinaison du sternum.
2 – Ajout des articulations sternébrales
comme il en existe chez les carnivores (C). ◗ Les trois axes du mouvement costal
3 – Ajout des articulations médiocostales Attirons d’abord l’attention sur cette notion d’axe d’un mouvement qui donne
comme chez les oiseaux (O). lieu à des confusions.

Chapitre 3

28
Les organes du souffle phonatoire

L’axe du mouvement est une droite imaginaire autour de laquelle s’effectue le


c d
mouvement. Il doit être distingué soigneusement de la direction selon laquelle
s’effectue le mouvement. Ainsi, une porte effectue des mouvements dont la direc-
tion est horizontale, alors que l’axe autour duquel s’effectue ce mouvement est
vertical : c’est l’axe qui passe par ses charnières (ses gonds).
Le mouvement costal peut s’effectuer de façon variable par rapport à trois axes.

AXE HORIZONTAL TRANSVERSAL (fig. 3-9) a

Cet axe passe par les articulations costo-vertébrale et costo-transversaire. Il est b


approximativement horizontal et correspond grossièrement à l’axe du col de la
➤ Fig. 3-9
côte.
Le mouvement correspondant de la côte est dit en poignée de pompe. Il est carac- Déplacement des côtes et du sternum
térisé par les mouvements d’élévation → abaissement de l’extrémité antérieure de
→ selon le mode, dit en poignée de pompe.
la côte. a : En trait plein. Position inspiratoire.
Sauf cas particulier 2, l’élévation costale en poignée de pompe correspond à b : En trait pointillé fin. Position
l’inspiration et l’abaissement costal en poignée de pompe, à l’expiration. expiratoire.
c – d : Axe transversal (postérieur)
selon lequel s’effectue le mouvement
AXE HORIZONTAL ANTÉRO-POSTÉRIEUR (fig. 3-10) sterno-costal.
Cet axe horizontal qui, en réalité, est plus ou moins oblique en avant et en bas,
passe par les deux extrémités (antérieure et postérieure) de l’arc costal. Le mouve-
ment correspondant de la côte est dit en anse de seau ; il est caractérisé par un
mouvement d’élévation → abaissement de la partie externe de l’arc costal, les

deux extrémités de cet arc restant fixes.
d
Ce mouvement est produit par glissement de bas en haut et de haut en bas de
la surface articulaire de la tubérosité costale par rapport à la surface articulaire
correspondante de l’apophyse transverse (articulation costo-transversaire).
Sauf cas particulier 3, l’élévation costale en anse de seau correspond à l’inspira-
tion et l’abaissement costal en anse de seau, à l’expiration.

AXE VERTICAL
Cet axe passe approximativement par la tête costale. Le mouvement correspon-
dant de la côte est dit de rétropulsion → rétraction.
→ a

Ce mouvement est minime chez l’homme (beaucoup plus marqué chez le b

gorille). Il est produit par glissement des facettes articulaires de la tête costale par c
rapport aux demi-facettes articulaires correspondantes des corps vertébraux.
➤ Fig. 3-10
Ce glissement de la tête costale (angle dièdre) se produit vers l’avant dans le
mouvement de rétropulsion et vers l’arrière dans le mouvement de rétraction. Déplacement des côtes
L’arête de cet angle dièdre exécute son déplacement antérieur ou postérieur en selon le mode, dit en anse de seau.
regard du disque intervertébral. Le sternum reste fixe.
La rétropulsion costale correspond à l’inspiration et la rétraction costale, à a : En trait plein. Position inspiratoire.
b : En trait pointillé fin. Position
l’expiration.
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

expiratoire.
Il est probable que ce mouvement selon l’axe vertical est indissociable du c – d : Axe antéro-postérieur selon lequel
mouvement selon l’axe horizontal antéro-postérieur (anse de seau). s’effectue le mouvement costal.

◗ Variabilité du mouvement de chaque côte


La première côte ne peut fonctionner que par rapport à l’axe transversal posté-
rieur, c’est-à-dire en poignée de pompe.
Toutes les autres côtes sont susceptibles de fonctionner de manière variable
selon chacun des axes précédents, c’est-à-dire en pratique (si l’on néglige le mouve-

2. L’expiration abdominale massive et violente peut s’accompagner d’une élévation costale paradoxale.
3. Une abduction expiratoire paradoxale des côtes se produit parfois dans la voix chantée.

Chapitre 3

29
La voix Tome 1

ment selon l’axe vertical) soit en poignée de pompe, soit en anse de seau, soit selon
une combinaison des deux types, en proportion variable selon les circonstances.
Cela contredit la notion implicitement admise mais inexacte selon laquelle la
« trajectoire » d’une côte serait invariable, associant en proportion variable selon
la côte le mouvement en poignée de pompe (prédominant pour les côtes supé-
rieures) et le mouvement en anse de seau (prédominant pour les côtes inférieures).
En réalité, les côtes inférieures fonctionnent dans certains cas précis selon le mode
poignée de pompe tout comme les supérieures.

Mécanique thoracique

◗ Les deux modalités du mouvement thoracique


Dans son ensemble, le thorax est soumis à deux modalités de mouvements qui
peuvent être exécutés isolément ou conjointement en proportion variable selon les cas.
On distingue ainsi :
– le mouvement d’élévation → abaissement : caractéristique du mouvement de

l’orifice supérieur du thorax, il correspond au mouvement élémentaire de la côte,
en poignée de pompe ;
– le mouvement d’élargissement → resserrement : plus nettement observé à la

partie basse du thorax, il correspond au mouvement élémentaire de la côte, en anse
de seau.
Ces deux mouvements peuvent être exécutés isolément, comme nous l’avons dit.
On observe ainsi que le soupir s’effectue très habituellement selon le mode :
« élévation inspiratoire → abaissement expiratoire ».

On observe à l’opposé que le souffle dit « abdominal » qui a lieu lors de la voix
implicatrice (dite de projection vocale) s’effectue selon le mode « élargissement
inspiratoire → resserrement expiratoire ». L’élargissement inspiratoire corres-

pond ici à l’élan qui précède le souffle phonatoire, le resserrement expiratoire
correspond au souffle phonatoire proprement dit.
Dans la respiration courante, on observe le plus fréquemment une association
de ces deux modalités, ce qui donne le mouvement suivant : élévation + élargisse-
ment inspiratoires → abaissement + resserrement expiratoires.

Il arrive dans certains cas que ces deux mouvements, au lieu d’être en concor-
dance, soient en opposition, ce qui résulte du caractère très marqué de l’un d’eux
entraînant une mobilisation passive compensatoire de l’autre qui est alors dit
paradoxal.
On peut avoir ainsi une élévation inspiratoire tellement marquée qu’elle va
s’accompagner d’un resserrement inspiratoire paradoxal, c’est ce qui a lieu dans le
réflexe d’inspiration vive, consécutif à la surprise intense (ce resserrement thoracique
inférieur s’accompagne, notons-le, d’un retrait de la paroi abdominale : nous verrons
que la cinétique de la base du thorax et celle de la paroi abdominale sont liées).
À l’inverse, on peut avoir un élargissement thoracique inspiratoire tellement
énergique qu’il va s’accompagner d’un abaissement inspiratoire paradoxal bien
visible à la partie haute du thorax. C’est ce qui a lieu dans certains cas d’asphyxie.
Notons que cet affaissement thoracique paradoxal peut entraîner une flexion de la
colonne vertébrale arrondissant le dos : nous verrons que la cinétique de la colonne
vertébrale et celle du mouvement costal sont liées.

◗ Mouvement de bascule et centre de bascule


du sternum (Gerdy, 1835)
Dans le cas où le mouvement respiratoire du thorax s’effectue selon une combi-
naison également répartie et concordante des deux mouvements élémentaires,

Chapitre 3

30
Les organes du souffle phonatoire

selon la formule : « élévation + élargissement inspiratoires → abaissement →


+ resserrement expiratoires », on observe que le sternum se déplace parallèlement
à lui-même en un mouvement qui le porte plus haut et plus en avant à l’inspiration,
plus bas et plus en arrière à l’expiration.
Dans le cas où le mouvement n’est pas réparti également, on observe lors des Angle de Louis
deux temps respiratoires des mouvements de bascule du sternum, dits mouvements (Angle sternal)
de Gerdy. Face postérieure
Ces mouvements correspondent à des changements d’inclinaison du corps du (Dorsale)
sternum par rapport à la direction verticale (le corps du sternum se verticalisant Position inspiratoire
ou devenant au contraire plus oblique). Position expiratoire
Le centre de bascule est le point par lequel passe l’axe horizontal autour duquel
Face antérieure
s’effectue, lors de la respiration, l’oscillation du sternum lorsque celui-ci est soumis (Ventrale)
à un mouvement de bascule.
Le centre de bascule est dit supérieur lorsqu’il est situé au-dessus du milieu du
sternum, inférieur dans le cas contraire.
On observe alors que :
– lorsque le thorax est soumis à un mouvement d’élévation → abaissement prédo-

minant ou exclusif (c’est-à-dire lorsque le mouvement prédomine au niveau de
l’orifice supérieur du thorax), le centre de bascule est inférieur et la bascule est dite
négative (fig. 3-11) ; Centre de bascule inférieur
– lorsque le thorax est en revanche soumis à un mouvement d’élargissement → →
resserrement prédominant ou exclusif (c’est-à-dire lorsque le mouvement prédo-
mine au niveau de l’orifice inférieur du thorax), le centre de bascule est supérieur
et la bascule est dite positive (fig. 3-12). ➤ Fig. 3-11

C’est cette bascule positive qui a lieu lors de l’exécution du souffle abdominal. Au cours Mouvement de bascule négative
de la rééducation vocale 4, le rééducateur juge de l’exécution correcte d’un souffle abdo- du sternum (coupe sagittale
minal en vérifiant que la bascule du sternum est positive. Si le mouvement du sternum, la face antérieure
d’élargissement inspiratoire ou de resserrement expiratoire est exécuté avec une de celui-ci regardant vers la gauche).
certaine brusquerie, on note même lors de la bascule positive un léger déplacement La bascule négative s’observe lors
paradoxal du manubrium sternal vers le bas et l’arrière à l’inspiration, vers le haut et du mouvement d’élévation
l’avant à l’expiration. → abaissement (en poignée de pompe)

exclusif ou prédominant.
◗ Rôle respiratoire du mouvement vertébral (fig. 3-13) Elle résulte d’une action plus marquée
Bien qu’il en soit rarement fait mention dans les traités classiques, les mouve- au niveau de l’orifice supérieur du thorax.
ments de la colonne vertébrale ont une fonction respiratoire importante. En effet, Dans ce cas le centre de bascule est
lors de son mouvement d’extension, les côtes se trouvent écartées en éventail tandis inférieur.
que sa flexion antérieure entraîne un resserrement costal. Il s’ensuit que l’extension
vertébrale est susceptible d’amplifier considérablement l’inspiration tandis que la
flexion va dans le sens de l’expiration forcée.
Dans la gymnastique expiratoire pratiquée dans les établissements scolaires, on
propose souvent aux élèves des mouvements respiratoires de grande amplitude où
l’on doit porter les bras vers le haut en creusant le dos, avec rejet de la tête en arrière
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

à l’inspiration puis fléchir le tronc en avant, les mains venant toucher le sol à l’expi-
ration. De tels mouvements constituent en fait un exercice de respiration
vertébrale.
Il existe, d’autre part, un mode respiratoire purement vertébral utilisé dans
l’essoufflement après la course pour récupérer rapidement. Il se trouve, en effet,
que c’est le mode respiratoire qui a le meilleur rendement (ventilation maximum
pour un travail musculaire minimum). Il s’exécute le torse fléchi en avant, les mains
reposant éventuellement sur les genoux, au moyen d’un léger redressement à
l’inspiration suivi d’un léger affaissement à l’expiration.

4. Cf. La voix, tome 3.

Chapitre 3

31
La voix Tome 1

Centre La mise en jeu du mouvement d’extension-flexion de la colonne vertébrale


de bascule supérieur
correspond en fait à un comportement respiratoire de secours qui s’instaure dès
que le besoin respiratoire devient important et vient occuper le devant de la scène.
Angle de Louis Lors de la phonation, le mouvement de flexion vertébrale correspond, comme
(Angle sternal)
nous l’avons vu, à un type particulier d’émission vocale. Il caractérise en effet la
voix d’insistance (ou de détresse). De plus, pathologiquement, il entre en jeu dans
Face postérieure la constitution du cercle vicieux de forçage vocal.
(Dorsale)
Face antérieure
(Ventrale)

Position inspiratoire
Position expiratoire

➤ Fig. 3-12

Mouvement de bascule positive L’extension vertébrale provoque un La flexion provoque un resserrement vertical
du sternum. écartement des côtes en éventail (effet de l’extrémité antérieure des côtes
La bascule positive s’observe lors inspiratoire). (effet expiratoire).
du mouvement d’élargissement
→ resserrement (en anse de seau)
→ ➤ Fig. 3-13 Fonction respiratoire du mouvement vertébral. Vue latérale gauche.
exclusif ou prédominant.
Elle résulte d’une action plus marquée *
au niveau de l’orifice inférieur du thorax.
Dans ce cas le centre de bascule est
supérieur. Forces s’exerçant sur le thorax
(dynamique respiratoire)
Les forces s’exerçant sur le thorax sont au nombre de quatre. La plus importante
est celle des muscles respiratoires auxquels nous consacrerons un sous-chapitre
spécial.
Plus brièvement, nous étudierons d’abord les trois autres : l’élasticité pulmo-
naire, l’élasticité thoracique et la pesanteur, ce qui nous permettra d’aborder la
notion délicate de dépression endo-thoracique.

Élasticité pulmonaire

◗ Rappel de la mécanique pleuro-pulmonaire


La plèvre comporte deux feuillets en continuité l’un avec l’autre : la plèvre viscé-
rale, qui enveloppe les poumons, et la plèvre pariétale (ou costale), qui se moule
sur la face interne du thorax à laquelle elle adhère fortement. Cette plèvre pariétale
tapisse également la face supérieure de la coupole diaphragmatique (fig. 3-14).
Les deux feuillets pleuraux sont, normalement, en contact et peuvent glisser l’un
sur l’autre. De leur côté, les poumons grâce à leur élasticité, suivent les mouvements
inspiratoires et expiratoires de la paroi thoracique.
Le glissement des feuillets pleuraux l’un sur l’autre permet aux poumons de se
déplacer de telle façon qu’à l’inspiration, ils viennent occuper les sinus costo-
diaphragmatiques (récessus pleuraux) dont ils sont chassés à l’expiration.
À chaque inspiration, la dilatation thoracique entraîne la dilatation pulmonaire.
De l’air pénètre alors dans les alvéoles pulmonaires pour équilibrer la dépression
intra-alvéolaire produite par cette dilatation.

Chapitre 3

32
Les organes du souffle phonatoire

Si l’on insuffle de l’air entre les deux feuillets pariétal et viscéral de la plèvre, les
deux feuillets se décollent l’un de l’autre et le poumon se rétracte autour des bronches Trachée
(c’est le principe de la création d’un pneumothorax pratiqué avant l’ère des antibio- Plèvre pariétale
tiques dans le traitement des cavernes pulmonaires tuberculeuses) (fig. 3-15). Plèvre viscérale
Espace
Cela prouve qu’il existe au niveau du poumon une force élastique qui tend à interpleural
s’opposer à son extension. Au repos respiratoire, cette force équivaut à une dépres- (virtuel)
sion de 8 cm d’eau.

◗ Variation de la force d’élasticité pulmonaire


lors de la respiration Cul de sac pleural
La force de l’élasticité pulmonaire travaille dans le sens de l’expiration. Le (Récessus pleural)
Diaphragme
mouvement inspiratoire provoque une certaine extension des fibres élastiques du
poumon qui accroît cette force à la manière d’un élastique sur lequel on tire. Le
mouvement expiratoire produit à l’inverse un relâchement relatif des fibres élasti- ➤ Fig. 3-14
ques pulmonaires, ce qui diminue leur force.
Schéma de la plèvre.
Élasticité thoracique
La cage thoracique présente également une élasticité et, lors de la création du
pneumothorax, elle se dilate légèrement en même temps que le poumon se rétracte
autour des bronches.
À l’équilibre respiratoire, cette force travaille dans le sens de l’inspiration. Elle
augmente pendant l’expiration. Elle diminue, et même, peut s’inverser pendant
l’inspiration.

Pesanteur
L’action de la pesanteur s’exerce sur tous les éléments qui composent le thorax,
même si cette action ne se manifeste pas d’une manière frappante.
Cependant, en position couchée sur le flanc, l’action de la pesanteur sur le
contenu abdominal provoque une certaine remontée dans le thorax de la coupole
diaphragmatique inférieure comme l’a montré Paillard en 1911.
➤ Fig. 3-15

Notion de dépression endothoracique Principe du pneumothorax.

En position verticale et à l’équilibre respiratoire, c’est-à-dire en pratique lors


de la respiration calme, il existe dans les espaces celluleux du thorax une pression
négative que l’on appelle dépression endo-thoracique. Cette dépression explique
que dans la position verticale et en l’absence d’effort respiratoire quelconque, les
viscères contenus dans l’abdomen sont soumis à une force d’attraction vers le
thorax, amenant la paroi abdominale à sa place normale malgré l’absence de
contraction de la sangle abdominale (Madeuf, 1934).
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

Au début du siècle dernier, on estimait que l’attitude verticale correcte nécessitait une
paroi abdominale suffisamment musclée de façon à contenir les viscères de l’abdomen
bien en place à la manière d’une sangle.
Depuis les travaux de Madeuf, on a compris que les viscères sont en fait maintenus en
place grâce à la dépression endo-thoracique. Madeuf explique cela en faisant une
analogie avec ce qui a lieu lorsqu’on dispose une bouteille à moitié pleine, goulot en
bas, immergée dans une cuvette remplie d’eau. La dépression qui s’installe alors dans
la partie supérieure de cette bouteille renversée maintient dans celle-ci l’eau à un niveau
supérieur à celui de l’eau de la cuvette.
L’existence de la dépression endo-thoracique explique également qu’au repos dans
l’attitude verticale, on rencontre une pression négative dans la partie haute de la cavité
abdominale jusqu’à 4 cm au-dessous du sommet de la coupole diaphragmatique droite
(la plus haute).

Chapitre 3

33
La voix Tome 1

Les muscles respiratoires


◗ Division classique (et périmée)
des muscles respiratoires en trois groupes
Classiquement, on divise encore les muscles respiratoires en trois groupes.
– Groupe des muscles inspirateurs principaux qui seraient :
– le diaphragme ;
– les scalènes ;
– les intercostaux externes et moyens.
Parfois, c’est seulement le diaphragme qui est considéré comme muscle inspi-
rateur principal. Les scalènes sont alors relégués dans le second groupe. Quant aux
intercostaux, on les classe également parfois comme muscles inspirateurs acces-
soires. Parfois encore, on leur refuse tout rôle respiratoire en les considérant
seulement comme des muscles destinés à solidariser les côtes entre elles et à donner
à la paroi thoracique la fermeté nécessaire pour permettre l’installation dans le
thorax d’une pression s’écartant de la pression atmosphérique.
– Groupe des muscles inspirateurs secondaires constituent la catégorie la plus
contestable, ils comprendraient :
– les sterno-cléido-mastoïdiens ;
– les grands et petits dentelés ;
– les grands et petits pectoraux ;
– les sous-claviers ;
– les sur-costaux.
Et pour certains :
– les scalènes ;
– les intercostaux externes et moyens.
– Groupe des muscles expirateurs, qui comprendraient :
– les abdominaux ;
– les intercostaux internes, sauf pour les auteurs qui ne considèrent pas les muscles
intercostaux comme des muscles respiratoires.

◗ Travaux de Moran–Campbell
Bien que figurant encore actuellement – avec quelques variantes – dans prati-
quement tous les traités, cette conception classique doit absolument être
abandonnée. Elle repose, en effet, non pas sur l’expérimentation physiologique,
mais sur des déductions logiques résultant de la considération des insertions de
ces divers muscles et de la direction de leurs fibres.
En 1958, Moran-Campbell a publié, une étude expérimentale complète du rôle des divers
muscles supposés avoir une action respiratoire dans diverses conditions susceptibles
de modifier la respiration (effort, essoufflement…). Moran-Campbell a utilisé pour
cette étude l’électromyographie qui donne une preuve irréfutable de l’activité ou de la
non-activité d’un muscle. Il s’est ingénié, d’autre part, à éviter d’attirer l’attention des
sujets en expérience sur l’acte respiratoire, ce qui aurait eu immanquablement un effet
modificateur fâcheux. Il a prouvé ainsi notamment les points suivants :
– dans la respiration calme, on observe une action inspiratoire au niveau du
diaphragme, des intercostaux externes et moyens et parfois des scalènes ;
– dans la respiration modérément accrue, on observe en outre la mise en jeu inspiratoire
des scalènes et des sterno-cléido-mastoïdiens. De plus, en fin d’inspiration intervien-
nent les muscles spinaux, extenseurs de la colonne vertébrale, tandis qu’en fin
d’expiration interviennent également les abdominaux et les intercostaux intimes ;

Chapitre 3

34
Les organes du souffle phonatoire

– dans la respiration fortement accrue, les extenseurs de la colonne vertébrale entrent


en jeu dès le début de l’inspiration, les abdominaux et les intercostaux entrent en jeu
dès le début de l’expiration ;
– dans l’inspiration maximum, on note en outre l’action des muscles des lombes (masse
sacro-lombaire) ;
– à la suite de cette expérimentation, aucun rôle inspiratoire ne peut être attribué au
grand pectoral, au petit pectoral, au grand dentelé ni au petit dentelé.

◗ Cinq catégories de muscles respiratoires


Pour tenir compte des données expérimentales précédentes, nous classerons les
muscles respiratoires selon les cinq catégories suivantes :
– muscles élévateurs du thorax : scalènes et sterno-cléido-mastoïdiens, qui sont
des muscles inspirateurs ;
– muscles spinaux ou muscles des gouttières vertébrales, qui sont des muscles
inspirateurs accessoires ;
– muscles intercostaux dont les uns sont inspirateurs et les autres expirateurs ;
– diaphragme qui est le muscle inspirateur principal ;
– muscles abdominaux et muscle thoracique transverse qui sont des muscles
expirateurs.

Les muscles élévateurs du thorax

LES SCALÈNES (fig. 3-16)


Ce sont des muscles obliques tendus entre les vertèbres cervicales et les
premières et les deuxièmes côtes. Le premier et le deuxième arc costal constituent
avec le manubrium sternal, le « thorax scalénique » de Charpy.

■ Le scalène antérieur
Il s’insère sur le tubercule antérieur de l’apophyse transverse des 3e, 4e, 5e et 6e
vertèbres cervicales. Il se dirige obliquement en bas, en avant et un peu en dehors.
Il se termine par un tendon à la face supérieure de la première côte sur le tuber-
cule de Lisfranc.

■ Le scalène moyen
Il s’insère sur le bord externe de la gouttière transversaire des 2e, 3e, 4e, 5e, 6e et
e
7 vertèbres cervicales.
Il se dirige parallèlement au précédent.
Il se termine sur la face supérieure de la première côte en arrière et en dehors
du tubercule de Lisfranc.
L’artère sous-clavière croise la face supérieure de la première côte entre les
insertions du scalène antérieur et du scalène moyen, marquant l’os d’une gouttière.
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

■ Le scalène postérieur
Il s’insère sur le tubercule postérieur de l’apophyse transverse des 4e, 5e et
e
6 vertèbres cervicales.
Il se dirige en bas et en dehors.
Il s’insère plus bas que les précédents, au bord supérieur et à la face externe de
la deuxième côte.

■ Innervation
Les muscles scalènes sont innervés par les branches motrices issues du plexus
cervical, lui-même formé à partir des quatre premiers nerfs rachidiens cervicaux.

Chapitre 3

35
La voix Tome 1

➤ Fig. 3-16
C1 (atlas)
Muscles scalènes
(vue schématique de 3/4 antérieurs).
C2 (axis)

C3

C4

C5

Scalène antérieur (Ventral)


C6 (C3-C6)
Scalène moyen
(C2-C7)
C7
Scalène postérieur (Dorsal)
(C4-C6)
D1

Tubercule de Lisfranc
(Tubercule du muscle scalène ventral)

Action
Ce sont des muscles inspirateurs. Ils élèvent le thorax, mobilisant les côtes en
poignée de pompe. Ils sont également fléchisseurs de la tête.

LE STERNO-CLÉIDO-MASTOÏDIEN (fig. 3-17)


Muscle de la région antéro-latérale du cou ; tendu de l’apophyse mastoïde et de
l’os occipital au sternum et à la clavicule.
On lui décrit trois « chefs » disposés en deux plans (superficiel et profond).
■ Plan superficiel
Il comprend le chef sternal et le chef cléido-occipital.
Chef sternal (sterno-mastoïdien) : il naît en bas par un tendon de la face anté-
rieure du manubrium sternal (près de l’échancrure claviculaire).
Il se dirige en s’épaississant, oblique en haut et en dehors.
Il se termine :
– au bord antérieur et à la face externe de l’apophyse mastoïde ;
– sur l’occipital (ligne courbe occipitale supérieure). Cette insertion fait suite à la
précédente. Parfois, cette insertion occipitale est considérée comme un chef indé-
pendant : le chef sterno-occipital.
Chef cléido-occipital : il naît à la face supérieure de la clavicule dans son quart
interne.
Il se dirige obliquement en haut et en dehors, contigu au précédent.
Il se termine sur les deux tiers externes de la ligne courbe occipitale supérieure
en dehors du précédent.

Chapitre 3

36
Les organes du souffle phonatoire

➤ Fig. 3-17

Partie supérieure du chef


sterno-occipital (sectionné) Muscle sterno-cléido-mastoïdien.
Partie supérieure du chef
sterno-mastoïdien (sectionné)

Ligne courbe occipitale supérieure Conduit auditif externe


(Ligne nuchale supérieure)
Apophyse styloïde
(Processus styloïde)
Apophyse mastoïde
(Processus mastoïde)

Partie supérieure du chef Maxillaire inférieur


cléido-occipital sectionné (Mandibule)

Tendon du chef cléido-mastoïdien

Chef cléido-mastoïdien
(constitue le plan profond)
Chef sterno-mastoïdien
(sectionné)
Chef sterno-occipital
(sectionné)

Clavicule droite

Portion inférieure rebattue vers


le bas du chef cléido-occipital sectionné Manubrium
sternal

■ Plan profond
Chef cléido-mastoïdien : plus profond et plus vertical que les précédents.
Il naît sur la face supérieure et le bord postérieur de la clavicule dans son quart
interne en arrière du cléido-occipital.
Il se dirige presque verticalement, recouvert en avant par le cléido-occipital,
puis s’insinue sous le chef sternal auquel il s’unit en haut.
Il se termine sur la pointe, le bord antérieur et la face externe de l’apophyse
mastoïde.
■ Innervation
Le muscle sterno-cléido-mastoïdien est innervé par la branche antérieure du
nerf spinal (XIe nerf crânien).
Action
Les chefs du plan superficiel sont :
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

– principalement rotateurs de la tête : ils portent la face vers le côté opposé ;


– fléchisseurs de la tête lorsqu’ils fonctionnent conjointement à droite et à gauche ;
– élévateurs du thorax lorsque le cou est fixé.
Ils interviennent dans la respiration fortement accrue.
Le chef du plan profond (cléido-mastoïdien) est élévateur du thorax.
Il intervient dans la respiration modérément accrue.
Secondairement, il est fléchisseur de la tête.

Les muscles spinaux (fig. 3-18)


Les muscles spinaux ou muscles des gouttières vertébrales sont formés de fais-
ceaux longitudinaux comportant quatre muscles : le transversaire épineux, le long
dorsal, le sacro-lombaire et l’épi-épineux.

Chapitre 3

37
La voix Tome 1

➤ Fig. 3-18

Muscles spinaux
(d’après Grégoire et Oberlin)

Muscle épi-épineux

Muscle transversaire épineux

Muscle long dorsal

Muscle sacro-lombaire

Masse commune

Ces quatre muscles se réunissent dans leur partie inférieure en une masse
commune qui s’insère sur la partie postérieure du bassin.
Se dirigeant en haut jusqu’à la 3e vertèbre cervicale pour le muscle sacro-
lombaire, ces muscles s’insèrent sur les apophyses tranverses, les lames verté-
brales, les apophyses épineuses et les angles postérieurs des côtes occupant ainsi
les gouttières formées par l’alignement des apophyses épineuses et des apophyses
transverses, des vertèbres lombaires et dorsales.
■ Innervation
Ces muscles sont innervés par les branches postérieures des nerfs rachidiens.
Intercostal externe
Action
Intercostal moyen Ces muscles sont des extenseurs de la colonne vertébrale. Ils interviennent dans
(Intercostal interne) la respiration fortement accrue.
Intercostal interne
(Intercostal intime) Les muscles intercostaux (fig. 3-19 et 3-20)
Ces muscles, dont le rôle dans la respiration est important (bien que parfois
discuté), occupent les espaces intercostaux en trois plans superposés correspon-
dant, selon l’ancienne nomenclature encore en usage, aux muscles intercostaux
externes, moyens et internes.
Gouttière costale Selon la nomenclature officielle, les intercostaux moyens prennent le nom
(Sillon costal)
d’internes et les intercostaux internes celui d’intimes.
➤ Fig. 3-19
■ L’intercostal externe
Coupe frontale d’un espace intercostal Ses fibres sont obliques en bas et en avant.
droit. Vue de face. Il étend ses insertions dans l’espace intercostal depuis l’articulation costo-transver-
Cette coupe passe par la ligne axillaire. saire en arrière jusqu’au voisinage de l’articulation chondro-costale en avant.

Chapitre 3

38
Les organes du souffle phonatoire

➤ Fig 3-20

Schéma de l’orientation des fibres


musculaires des intercostaux.
7
L’espace intercostal (8e espace
intercostal droit) est vu par sa face
latérale droite.

Intercostal moyen (Interne)


Intercostal interne (Intime)
Intercostal externe

Ses fibres s’insèrent en haut sur la lèvre externe de la gouttière costale ; en bas, sur
le bord supérieur de la côte sous-jacente.

■ L’intercostal moyen (interne, selon la nomenclature officielle) ➤ Fig. 3-21

Ses fibres sont obliques en bas et en arrière. Schéma de Hamberger appliqué


Il étend ses insertions à la moitié antérieure de l’espace intercostal depuis en à l’intercostal externe.
arrière, la ligne axillaire (ligne verticale passant dans le creux de l’aisselle), jusqu’au Effet d’élévation costale produit par le
bord du sternum en avant. raccourcissement des fibres musculaires
Ses fibres s’insèrent en haut sur le versant externe de la gouttière costale ; en (AB) obliques en bas et en avant
bas, sur le bord supérieur de la côte sous-jacente. de l’intercostal externe.

➤ Fig. 3-22
■ L’intercostal interne (intime, selon la nomenclature officielle)
Schéma de Hamberger complété.
Ses fibres sont obliques en bas et en arrière.
Il étend ses insertions depuis l’angle postérieur des côtes en arrière jusqu’à 5 à L’élévation costale en anse de seau est
produite par le raccourcissement
6 cm du bord du sternum en avant. de l’ensemble des fibres de l’intercostal
Ses fibres s’insèrent en haut sur la lèvre interne de la gouttière costale ; en bas, externe et de l’intercostal moyen
sur le bord supérieur de la côte sous-jacente. constituant le deltoïde costal.
Les points X (ligne axillaire) doivent être
Action des muscles intercostaux compris comme étant dans un plan
externe par rapport au plan des points V
Le schéma de Hamberger (fig. 3-21) permet de comprendre l’action des inter- (colonne vertébrale) et des points S
costaux et comment cette action varie en fonction de l’obliquité de leurs fibres (sternum). Les points X’ ont une position
musculaires. encore plus externe après l’élévation en
anse de seau ce qui correspond à
l’élargissement du thorax.
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

V
A’
V S
A A’ C’
S’
A X’ C
S
X

V
V S
B’
B’ D’
Colonne vertébrale B S’ X’
B D
Colonne vertébrale Sternum
S X
Sternum

➤ Fig. 3-21 ➤ Fig. 3-22

Chapitre 3

39
La voix Tome 1

Action des intercostaux externe et moyen (deltoïde costal)


On peut démontrer mathématiquement que du fait de l’obliquité en bas et en avant
des fibres de l’intercostal externe, la contraction de ce muscle tend à provoquer l’éléva-
tion de l’extrémité antérieure de la côte.
Cependant, le schéma de Hamberger peut être complété pour tenir compte de l’exis-
tence de l’intercostal moyen.
Sur ce schéma complété (fig. 3-22), les points X représentent la partie la plus externe
de la côte. Ils sont situés sur la ligne axillaire.
On voit alors que l’obliquité des fibres de l’intercostal moyen qui occupe la partie anté-
rieure de l’espace intercostal, tout en étant inverse de celle de l’intercostal externe, se
traduit par une action symétrique en provoquant l’élévation du point X à la position X’.
L’ensemble de l’intercostal externe et de l’intercostal moyen forme ce que nous
avons proposé d’appeler le deltoïde costal par analogie avec le muscle deltoïde : muscle
de l’épaule dont l’action est de produire l’élévation du bras en dehors.
On peut remarquer que les fibres de ce deltoïde costal ont exactement la même direc-
tion que les fibres du deltoïde de l’épaule dont les antérieures sont obliques en bas et
en arrière (comme celles de l’intercostal moyen) et les postérieures obliques en bas et
en avant (comme celles de l’intercostal externe).
Tout comme le deltoïde de l’épaule porte le bras en haut et en dehors, le deltoïde
costal élève en haut et en dehors la partie externe de l’arc costal.
Le deltoïde costal provoque l’élévation de l’arc costal en anse de seau. Il est élargis-
seur du thorax.
V
E Action de l’intercostal interne (intime)
S On démontre de la même façon que du fait de l’obliquité en bas et en arrière de
E’ ses fibres, la contraction de ce muscle provoque l’abaissement en bas et en arrière
S’
de l’extrémité antérieure de la côte (fig. 3-23).
V F
Le muscle intercostal interne (intime) provoque ainsi l’abaissement costal en
CD
poignée de pompe. Cette action est d’ailleurs confirmée par l’expérimentation électro-
F’ CG
S myographique qui montre que ce muscle est responsable du souffle thoracique supé-
Colonne vertébrale
rieur, employé en particulier dans la phonation lors de l’expression simple. Son action
S’ est antagoniste de celle des scalènes qui élèvent les arcs costaux en poignée de pompe.
Sternum
■ Innervation
➤ Fig. 3-23
Les muscles intercostaux sont innervés par les nerfs intercostaux, branches
Schéma de Hamberger appliqué antérieures des nerfs rachidiens dorsaux.
à l’intercostal interne (intime).
Effet d’abaissement costal produit Le diaphragme
par le raccourcissement des fibres
musculaires (EF) obliques en bas Le diaphragme est une épaisse cloison musculo-tendineuse qui sépare le thorax de
et en arrière de l’intercostal interne. l’abdomen.
Il est en forme de voûte allongée transversalement.
Cette voûte n’est pas régulière mais présente deux coupoles (coupoles diaphrag-
matiques droite et gauche) (fig. 3-24).
La coupole diaphragmatique droite est plus haute que la gauche : elle atteint au repos
le quatrième espace intercostal, tandis que la gauche est en regard du cinquième
cartilage costal.
Le diaphragme présente une partie centrale aponévrotique, le centre phrénique,
et une partie périphérique musculaire (fig. 3-25).
Le centre phrénique a grossièrement la forme d’une feuille de trèfle avec une
foliole antérieure et deux folioles latérales. Il est traversé par la veine cave inférieure
dont l’orifice se situe à l’union de la foliole antérieure et de la foliole droite.
La partie périphérique, musculaire, est formée de faisceaux juxtaposés qui
s’insèrent sur le pourtour du centre phrénique à partir duquel ils rayonnent pour
se terminer sur le pourtour de l’orifice inférieur du thorax.

Chapitre 3

40
Les organes du souffle phonatoire

➤ Fig. 3-24

Diaphragme. Projection sur le gril costal


des coupoles diaphragmatiques.
CD : Coupole diaphragmatique droite.
CG : Coupole diaphragmatique gauche.

CD

CG

L.III

Vue antérieure Vue latérale (profil droit)

INSERTIONS PÉRIPHÉRIQUES
Les insertions périphériques du diaphragme sur l’orifice inférieur du thorax
comportent trois portions.
■ Portion vertébrale (fig. 3-26)
La portion vertébrale constitue ce que l’on appelle les piliers du diaphragme :
pilier interne (ou principal) et pilier externe (ou accessoire).
Le pilier interne s’insère par des fibres tendineuses sur la face antérieure des
vertèbres lombaires différemment à droite et à gauche :
– le pilier interne droit : plus long, s’insère sur les 2e et 3e lombaires ainsi que sur
le disque intervertébral séparant les 3e et 4e vertèbres lombaires ;
– le pilier interne gauche : s’insère sur la 2e vertèbre lombaire et sur le disque sépa-
rant la 2e vertèbre lombaire de la 3e.
De ces insertions, les fibres tendineuses se dirigent d’abord verticalement. Elles
contournent ensuite par en avant l’artère aorte pour s’unir à celles du côté opposé,
constituant ainsi une arcade. Cette arcade forme avec la face antérieure de la
colonne vertébrale l’orifice aortique.
Sur cette arcade s’insèrent des fibres charnues qui s’entrecroisent de la même
façon en avant de l’œsophage pour former l’orifice œsophagien avant de rejoindre
le centre phrénique.
Le pilier externe naît de l’arcade du psoas (faisceau de fibres tendineuses qui
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

unit le corps de la deuxième vertèbre lombaire à l’apophyse transverse de la


première vertèbre lombaire).
Il se termine comme tous les autres faisceaux charnus du diaphragme sur le
centre phrénique.
■ Portion costale (fig. 3-26 et 3-27)
Elle comprend les faisceaux musculaires qui naissent :
– du ligament cintré, faisceau de fibres tendineuses unissant l’apophyse transverse
de la première lombaire à la 12e côte ;
– des deux arcades de Sénac, faisceaux de fibres tendineuses qui unissent : l’une, les
sommets de la 12e et de la 11e côte ; l’autre, les sommets de la 11e et de la 10e côte ;

Chapitre 3

41
La voix Tome 1

➤ Fig. 3-25 Centre phrénique (foliole antérieure)


(Centre tendineux)
Diaphragme. Vue supérieure. Coupe du sternum
CG : Coupole diaphragmatique gauche. 6e cartilage costal
Orifice œsophagien (musculaire)
CD : Coupole diaphragmatique droite. (Hiatus œsophagien)
5e côte

Partie musculaire périphérique

4e côte

Orifice aortique (fibreux) CG CD


(Hiatus aortique)

4e côte
Centre phrénique (foliole gauche) 5e côte
6e vertèbre dorsale Orifice de la veine cave inférieure
(Centre tendineux) (6e vertèbre thoracique) (Foramen de la veine cave)

➤ Fig. 3-26 Surface de section


Coupole droite de la coupe frontale du diaphragme
Diaphragme.
Insertions périphériques : Coupole gauche
partie vertébrale (partie lombaire) Orifice de la veine cave inf.
et partie costale postérieure. (Foramen de la veine cave)

Centre phrénique
(Centre tendineux)
Orifice œsophagien
(musculaire)
(Hiatus œsophagien)

Faisceaux musculaires
périphériques

12e côte Orifice aortique (fibreux)


(Hiatus aortique)
11e côte
10e côte

Arcades de Sénac Arcade du psoas


Ligament cintré (Ligament arqué médial)
(Ligament arqué latéral) Pilier externe gauche
Pilier externe droit
Pilier interne gauche
Pilier interne droit (Ligament arqué médian)
(Ligament arqué médian)

Chapitre 3

42
Les organes du souffle phonatoire

➤ Fig. 3-27

Face postérieure 4 Diaphragme.


du sternum Insertions périphériques :
partie costale antérieure et sternale.
5 Vue de l’intérieur du thorax.
Faisceau sternal
6

Digitations costales 8
(sectionnées)

10

– sur les six derniers arcs costaux, c’est-à-dire :


• sur la face interne des 12e, 11e et 10e côtes,
• sur la face interne de la 9e côte et du 9e cartilage costal,
• sur la face interne du 7e et du 8e cartilage costal.
Les digitations qui s’attachent aux 10e, 11e et 12e côtes sont étroitement unies
aux insertions homologues du muscle abdominal transverse.

■ Portion sternale
Elle s’insère sur la face postérieure de l’appendice xyphoïde.
Les fibres charnues de cette portion sont courtes et plus horizontales que les
autres.

INNERVATION
Le diaphragme est innervé par le nerf phrénique qui naît lui-même du 4e nerf
cervical. Ce nerf chemine au niveau du cou dans la gaine du scalène antérieur en
arrière du sterno-cléido-mastoïdien, avant de pénétrer dans le thorax pour aborder
le diaphragme par sa face supérieure au niveau de chaque coupole diaphragmatique.

PHYSIOLOGIE (muscle inspirateur principal)


La contraction du diaphragme détermine une augmentation du volume du
thorax dans ses trois dimensions :
– verticale (du fait de son propre abaissement) ;
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

– horizontale d’avant en arrière (par déplacement vers l’avant de la paroi


abdominale) ;
– horizontale de droite à gauche (avec élargissement du thorax).
Cette contraction se traduit par ailleurs au niveau des côtes inférieures par :
– une élévation ;
– et une abduction, c’est-à-dire un déplacement vers le dehors.
Cela se traduit pour l’arc costal (côte + cartilage) par un mouvement d’élévation
et d’écartement « en anse de seau ». Précisons cependant que si l’action du
diaphragme porte bien l’extrémité antérieure de la côte en haut et en dehors, ce
mouvement ne concerne pas l’extrémité antérieure de l’arc costal (cartilage) qui ne
peut évidemment pas se déplacer vers le dehors puisqu’il est attaché au sternum.

Chapitre 3

43
La voix Tome 1

Problème de l’action d’abduction costale du diaphragme


L’action d’abduction du diaphragme est assez difficile à expliquer à première vue. En
effet, si l’on considère la direction des fibres musculaires du diaphragme s’insérant sur
la côte, on voit qu’elles sont obliques en bas et en dehors. Si l’on se rappelle qu’un muscle
travaille en raccourcissant ses fibres (notion capitale de physiologie musculaire), on
pourrait déduire que l’action du diaphragme devrait être d’attirer la côte en haut et en
dedans. L’expérience prouve qu’il n’en est pas ainsi : le diaphragme provoque bien
l’élévation et l’abduction costale. Cette abduction costale se produit, cependant, à condi-
tion que le contenu abdominal soit en place.
C’est Duchene de Boulogne (1853) qui a mis en évidence cette dernière notion par une
expérience célèbre sur le cheval. Après abattage, l’excitation du nerf phrénique du cheval
produit l’élévation et l’abduction costale si le contenu abdominal est en place. Mais si
l’on procède à l’éventration et à l’évacuation des viscères abdominaux, on observe au
contraire une élévation et une adduction costale.
Classiquement, pour rendre compte de cette action d’abduction costale du diaphragme,
I
on a été amené – de façon bien discutable – à décrire l’action de ce muscle en deux temps
A A (parfois trois).
Pendant un premier temps, la contraction des fibres musculaires produirait l’abaisse-
A’ II ment du centre phrénique jusqu’à ce que celui-ci soit arrêté par l’augmentation de
A’
pression intra-abdominale consécutive.
C’
Dans un second temps, prenant appui sur ce centre phrénique abaissé, le pourtour
C’ musculaire du diaphragme se contracterait, mobilisant les côtes en haut et en dehors.
C
C La masse viscérale jouerait ici le rôle d’une poulie de réflexion.
c
Cette description discutable est assez typique de la tendance à ramener toute la méca-
c
nique musculaire à celle des leviers et des points d’appui à laquelle il faut préférer ici
la mécanique des fluides (le contenu abdominal se comporte comme un fluide).
b b

B B ■ Le diaphragme comme sphérificateur de la cavité abdominale (fig. 3-28)


Pour bien comprendre les conséquences mécaniques de la contraction des fibres
musculaires du diaphragme et en particulier l’abduction costale qu’elle produit, il
PA

R
E

OI BL convient de considérer les données suivantes :


S INEXTENSI
– le diaphragme constitue une partie de la paroi de la cavité abdominale, cavité
➤ Fig. 3-28 ovoïde dont il coiffe le sommet. Il fait partie des muscles qui enveloppent cette
Évolution vers la forme sphérique cavité, au même titre que les abdominaux, et en continuité avec eux ;
de la cavité abdominale, produite – la contraction des fibres musculaires du diaphragme se traduit par une diminu-
par la contraction diaphragmatique. tion de surface de la paroi de la cavité abdominale ;
Noter le mouvement d’élévation – du fait de la disposition « rayonnée » des fibres musculaires du diaphragme, et
et d’abduction des côtes inférieures du fait de la situation de celui-ci à un pôle de la cavité abdominale, la conséquence
qui en découle.
de cette diminution de surface de l’enveloppe du contenu abdominal est une évolu-
I – Avec le diaphragme en position de
repos
tion vers la sphérification de cette cavité.
AA : centre phrénique
CC : section de la dixième côte Les conséquences de cette sphérification sont :
AC : fibres charnues du diaphragme
CB : paroi abdominale (partie latérale)
• l’abaissement du centre phrénique, pôle supérieur de la cavité abdominale,
• le mouvement vers le dehors de la partie latérale de la paroi abdominale et
II – Après action du diaphragme
A’A’ : centre phrénique abaissé donc des côtes qui sont solidaires de cette paroi.
A’C’ : fibres charnues raccourcies L’abduction costale apparaît ainsi comme une conséquence indirecte du raccour-
C’c : valeur du raccourcissement cissement des fibres du diaphragme du fait du changement opéré dans la répartition
BC’ : paroi abdominale allongée
Bb : valeur de l’allongement pariétal du contenu abdominal.
L’élévation costale peut en revanche être considérée comme une conséquence
directe du raccourcissement de la portion costale des fibres musculaires du
diaphragme, ainsi que de l’allongement (par distension) de la partie latérale de la
paroi abdominale.

Chapitre 3

44
Les organes du souffle phonatoire

■ La « synergie antagoniste » des abdominaux et du diaphragme


Le diaphragme a une action opposée à celle des muscles de la sangle abdominale
que nous étudions plus bas et dont le rôle est de provoquer le rétrécissement en
ceinture de la paroi abdominale et le refoulement vers le haut des coupoles
diaphragmatiques. On dit de ce fait que le diaphragme et les abdominaux sont des
muscles antagonistes.
Mais – en particulier lors de la production de la voix implicatrice dite de projec-
tion vocale – leurs actions s’exercent de façon synergique : en s’opposant de façon
mesurée à l’action des abdominaux qu’il contrôle, le diaphragme fonctionne en
effet comme un régulateur du souffle abdominal.

Les muscles abdominaux


et le muscle thoracique transverse (fig. 3-29 et 3-30)
Superposés de la profondeur à la surface, les muscles abdominaux transverse,
petit oblique et grand oblique, dont les faisceaux juxtaposés forment de larges
lames musculaires, constituent la sangle de la paroi abdominale. Ce sont des
muscles expirateurs, mais cette fonction n’est pas exclusive comme nous le verrons.
Un quatrième muscle abdominal, le grand droit, se distingue des précédents par
la direction verticale de ses fibres et sa localisation à la partie antérieure de la paroi
abdominale. Bien qu’également expirateur, sa signification fonctionnelle est différente.

LE TRANSVERSE (fig. 3-31)


Comme l’indique son nom, les fibres de ce muscle sont horizontales.
Le transverse forme une ceinture. Il est en effet tendu depuis en arrière la colonne
vertébrale lombaire pour rejoindre en avant le muscle opposé sur la ligne médiane de
l’abdomen en participant à la constitution de la ligne blanche de l’abdomen. Charnu à
sa partie moyenne, il se termine à ses deux extrémités postérieure et antérieure par une
lame aponévrotique (aponévroses postérieure et antérieure du tranverse).
Il naît en arrière de haut en bas :
– de la face interne des six derniers arcs costaux par des digitations charnues, dont
les trois dernières s’engrènent avec les insertions costales du diaphragme ;
– du sommet des apophyses transverses des quatre premières vertèbres lombaires
par l’aponévrose postérieure du transverse ;
– des deux tiers antérieurs de la lèvre interne de la crête iliaque et du tiers externe
de l’arcade fémorale ou crurale qui est une corde fibreuse oblique en bas et en
dedans, tendue de l’extrémité antérieure de la crête iliaque à l’épine du pubis.
Grand droit Ligne blanche ➤ Fig. 3-29
Grand oblique (Droit de l’abdomen) de l’abdomen
(Oblique externe de l’abdomen) Coupe horizontale
Petit oblique de la paroi abdominale
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

(Oblique interne de l’abdomen) e


passant par la 3 vertèbre lombaire.
Transverse
(Transverse de l’abdomen)

Aponévrose
du transverse

Chapitre 3

45
La voix Tome 1

Les fibres se dirigent horizontalement en avant en une vaste lame musculaire


s’insérant sur l’aponévrose antérieure du transverse qui s’unit sur la ligne
médiane à celle du transverse opposé.
L’aponévrose antérieure du transverse s’insère, d’autre part, en haut sur
l’appendice xyphoïde et en bas sur l’épine du pubis.
Cette aponévrose forme, sur la ligne médiane, la ligne blanche de l’abdomen
conjointement avec celles des muscles obliques.
LE PETIT OBLIQUE (oblique interne de l’abdomen)
Plus superficiel que le transverse, le petit oblique le recouvre presque entière-
ment. Ses fibres sont obliques de bas en haut et d’arrière en avant (fig. 3-32).
Il naît en bas et en arrière (en dehors du précédent) : du tiers externe et supérieur
de l’arcade fémorale ; de la crête iliaque ; de l’apophyse épineuse de la 5e lombaire.
Ses fibres postérieures se dirigent vers le haut et vers l’avant pour se terminer
sur le sommet et le bord inférieur des trois ou quatre derniers cartilages costaux.
Ses fibres antérieures s’insèrent sur l’aponévrose du petit oblique qui rejoint
l’aponévrose antérieure du transverse sur la ligne blanche de l’abdomen, après
s’être dédoublée en deux feuillets passant l’un en avant, l’autre en arrière du muscle
grand droit (fig. 3-29).
LE GRAND OBLIQUE (oblique externe de l’abdomen)
Plus superficiel que le petit oblique qu’il recouvre presque entièrement, ses fibres
ont une obliquité inverse et se dirigent de haut en bas et d’arrière en avant (fig. 3-33).
Il naît en haut et en arrière par des digitations charnues sur le bord inférieur et
la face externe des 6e, 7e, 8e, 9e, 10e, 11e et 12e côtes près du cartilage costal.
Ses fibres se dirigent, comme nous l’avons dit, en bas et en avant.
Elles se terminent :
– les fibres supérieures, sur l’aponévrose du grand oblique qui rejoint l’aponé-
vrose antérieure du transverse sur la ligne blanche de l’abdomen ;
– les fibres inférieures, sur l’arcade fémorale et la moitié antérieure de la crête iliaque.
LE GRAND DROIT (droit de l’abdomen)
C’est un muscle vertical (fig. 3-34).
Il s’insère en bas sur le bord supérieur et la face antérieure du pubis.
Il se dirige en haut en s’élargissant.
Il présente des intersections tendineuses horizontales qui le fragmentent en
plusieurs segments.
Il se termine en haut par trois digitations charnues qui s’insèrent respectivement :
– la première (externe), sur la face externe et le bord inférieur du 5e cartilage costal
et de la partie voisine de la 5e côte ;
– la deuxième (moyenne), sur la face et le bord inférieur du 6e cartilage costal ;
– la troisième (interne), sur la face externe et le bord inférieur du 7e cartilage et, si
elle existe, à la face antérieure de l’appendice xiphoïde.
INNERVATION
Les muscles abdominaux sont innervés par les branches antérieures des cinq
derniers nerfs intercostaux et par la branche abdominale du nerf grand abdomino-
génital issu du plexus lombaire.
Action expiratrice des muscles abdominaux
Les transverses, les grands et petits obliques produisent un resserrement en
ceinture de la paroi abdominale.
Ils mobilisent, d’autre part, les arcs costaux inférieurs qu’ils abaissent en « anse
de seau ». Le grand oblique intervient ici tout particulièrement.

Chapitre 3

46
Les organes du souffle phonatoire

➤ Fig. 3-30

Paroi latérale de l’abdomen :


7
schéma de la sangle musculaire.
8
Sur ce schéma, sont représentées
9 les fibres centrales de chacun
11 10 des trois muscles de la sangle
12 abdominale de façon à montrer
clairement leur superposition
Transverse Fibres
musculaires et la direction de leurs fibres.
Grand oblique
(Oblique externe) Aponévrose Aponévrose
Petit oblique postérieure antérieure ➤ Fig. 3-31
(Oblique interne)
Crête iliaque Muscle transverse
Fosse iliaque
Crête iliaque de l’abdomen.
(insertion des
muscles fessiers)
Arcade fémorale
(Ligament inguinal)
Cavité cotyloïde Arcade fémorale
(Acétabulum) (Ligament inguinal)
(articulaire avec le fémur)
Épine du pubis Épine du pubis
(Tubercule pubien) (Tubercule pubien)

➤ Fig. 3-30 ➤ Fig. 3-31

➤ Fig. 3-32

6 Muscle petit oblique


7 (Muscle oblique interne).
8
➤ Fig. 3-33
9
10 Muscle grand oblique
11 Fibres musculaires (Muscle oblique externe
12
Aponévrose
de l’abdomen).

Fibres musculaires Aponévrose

Apophyse épineuse
(Processus épineux)
de la 5e vertèbre lombaire Crête iliaque Crête iliaque

Arcade fémorale Arcade fémorale


(Ligament inguinal) (Ligament inguinal)

Épine du pubis
Épine du pubis
(Tubercule pubien)
(Tubercule pubien)
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

➤ Fig. 3-32 ➤ Fig. 3-33

Cette double action se traduit par une compression de la masse viscérale qui
refoule le diaphragme vers le haut.
C’est en produisant ce resserrement de la base du thorax et cette remontée diaphrag-
matique que ces muscles sont expirateurs. Ils sont responsables de la mise en œuvre du
souffle abdominal lors de l’émission de la voix implicatrice (dite projetée).
Ils sont antagonistes du diaphragme.

Chapitre 3

47
La voix Tome 1

Le grand droit est abaisseur du thorax (abaissement costal en poignée de


4
pompe) et fléchisseur du tronc. Il intervient dans le mécanisme de la voix d’insis-
tance ou de détresse et, par conséquent, dans le forçage vocal.
5

6
Autres actions des muscles abdominaux
7 Le petit oblique, contracté isolément d’un seul côté, produit la rotation du tronc
8
du côté du muscle en action.
9
Le grand oblique, contracté isolément d’un seul côté, produit la rotation du
10
tronc du côté opposé.
Fibres
musculaires Le grand droit est fléchisseur du tronc et élévateur de la partie antérieure du
Intersection bassin.
tendineuse

MUSCLE THORACIQUE TRANSVERSE (OU TRIANGULAIRE DU STERNUM)


Le muscle thoracique transverse s’insère par une lame tendineuse sur la partie
inférieure de la face postérieure du sternum. Quatre digitations charnues rayonnent
à partir de cette lame pour s’insérer de chaque côté sur les troisièmes, quatrièmes,
cinquièmes et sixièmes cartilages costaux (fig. 3-35).
Action
Il abaisse les arcs costaux selon le mouvement en anse de seau.
INNERVATION
➤ Fig. 3-34
Le muscle thoracique transverse est innervé par les branches antérieures des
Muscles grands droits de l’abdomen troisièmes à sixièmes nerfs intercostaux.
(Muscles droits de l’abdomen).

➤ Fig. 3-35

Muscle thoracique transverse


(vue postérieure).

Chapitre 3

48
Les organes du souffle phonatoire

Physiologie du souffle phonatoire


Après avoir étudié l’anatomie des organes qui entrent en jeu dans la production
du souffle phonatoire, nous aborderons le souffle phonatoire lui-même dans ses
diverses modalités et dans ses rapports avec la respiration vitale.

Souffle phonatoire et respiration vitale


La première fonction de l’appareil respiratoire est d’assurer l’hématose, c’est-
à-dire la transformation du sang veineux en sang artériel. L’incessante alternance
du mouvement inspiratoire, pendant lequel de l’air pénètre dans les poumons, et
du mouvement expiratoire, pendant lequel de l’air s’échappe des poumons vers
l’extérieur, produit un renouvellement constant de l’air contenu dans les alvéoles
pulmonaires. Ce renouvellement partiel constamment répété permet l’oxygénation
du sang et le rejet du gaz carbonique nécessaires à la respiration des cellules de
l’organisme.
Secondairement, l’appareil respiratoire sert à produire le souffle nécessaire à
l’exécution d’un certain nombre d’actes tels que souffler, cracher, tousser, siffler,
ainsi que parler, chanter, crier.
Lors de l’exécution de tous ces actes dont le souffle est le moteur, la fonction
première de l’appareil respiratoire – l’hématose – doit continuer à être assurée
mais elle n’est plus la seule à conditionner le geste respiratoire, celui-ci devant
s’adapter d’abord aux nécessités de la production du souffle.
Ainsi dans la phonation, l’appareil respiratoire doit assumer en même temps
une double fonction :
– continuer à assurer l’hématose ;
– fournir un souffle ajusté aux nécessités (variables) de la production vocale.

La phonation et les deux temps de la respiration

◗ La voix et le rythme de la respiration


La phonation entraîne l’adoption d’un rythme respiratoire particulier, fonda-
mentalement différent de celui de la respiration calme.
Dans la respiration calme, en effet, le rythme respiratoire est relativement régu-
lier, la durée de chaque cycle variant peu d’un cycle à l’autre. Les deux temps
respiratoires sont d’une durée comparable, l’expiration étant seulement sensible-
ment plus longue que l’inspiration.
Dans la phonation, le rythme de la respiration perd cette régularité.
Sauf cas très particulier, l’inspiration se raccourcit considérablement et prend
la signification d’un élan du geste phonatoire.
L’expiration, devenue souffle phonatoire, est prolongée de façon variable entre-
coupée de pauses avec éventuellement blocages laryngés correspondant aux
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

hésitations naturelles marquant le débit de la parole spontanée.


Ce bouleversement rythmique manifeste bien que la fonction phonatoire
devient le facteur déterminant du comportement respiratoire, les nécessités de
l’hématose passant au second plan. Il arrive d’ailleurs qu’à force d’être reléguée à
ce second plan, l’hématose insuffisamment assurée entraîne un essoufflement
venant en retour gêner la parole.

◗ La voix et le courant d’air


Sauf exception, c’est le temps expiratoire qui est phonatoire. La voix peut être
ainsi conçue comme une expiration sonorisée. Il convient cependant de bien
distinguer la voix, du courant d’air qui la produit. L’air qui sort de votre bouche

Chapitre 3

49
La voix Tome 1

quand vous parlez est un sous-produit qui a donné son énergie dans votre larynx
(c’est un déchet !). Ainsi, ce n’est pas l’air de vos poumons qui va dans les oreilles
de votre interlocuteur pour lui raconter ce que vous avez à lui dire, mais la vibration
de l’air qui vous sépare de lui. La voix ne navigue pas non plus sur le souffle que
vous émettez. Et l’on rejoint ainsi (plus ou moins) cette phrase de Talma (acteur
célèbre du début du XIX e siècle) que nous citons de mémoire : « Dans la voix, le
souffle perd sa qualité de vent pour ne garder que sa qualité de son. »
Il est cependant possible d’émettre des sons laryngés en utilisant le temps inspi-
ratoire. On peut même articuler des mots, voire des phrases entières de cette façon.
On dit alors « qu’on parle à l’envers ». Parler à l’envers ne constitue guère norma-
lement qu’une sorte de jeu (agaçant pour l’auditeur). Il arrive néanmoins qu’un
son exclamatif soit prononcé ainsi, de façon tout à fait spontanée dans certaines
circonstances (surprise, émoi). Dans certains cas pathologiques (dysphonies spas-
modiques), la « parole à l’envers » constitue parfois la seule parole possible.

◗ L’élan du geste phonatoire (l’inspir)


En règle générale, le temps inspiratoire n’est pas sonorisé et il a, comme nous
l’avons dit plus haut, le caractère de l’élan du geste phonatoire.
Les modalités de cet élan varient selon le type d’acte phonatoire et même selon
la manière dont est vécu cet acte phonatoire par le sujet qui parle. Remarquons,
qu’en français, le mot inspiration a deux sens. Un sens propre (entrée de l’air dans
les poumons) et un sens figuré (affleurement ou irruption des idées dans la cons-
cience), et ce n’est certainement pas un hasard. L’inspiration au sens propre est
calquée sur l’inspiration au sens figuré.
Dans la parole vive, l’inspiration est très généralement buccale, la bouche
s’entrouvrant pour permettre une inspiration plus rapide, ou à la fois nasale et
buccale. Or, on trouve des pédagogues de la voix pour exiger lors de la phonation
une respiration strictement nasale sous prétexte que la respiration doit se faire par
le nez pour des raisons d’hygiène générale (réchauffement et dépoussiérage de l’air
inspiré). Quelle que soit la valeur de ces raisons, on ne peut maintenir cette obli-
gation – très excessive – de respiration nasale exclusive sans perturber gravement
l’acte de parole. S’obliger à une inspiration nasale exclusive, c’est conférer à cette
inspiration un caractère de lourdeur insoutenable.
Il existe, il est vrai, un comportement qui consiste à ouvrir plus ou moins large-
ment la bouche au moment de l’inspiration, celle-ci rendue bruyante par un serrage
compensatoire au niveau du pharynx. Ce geste ressemble à une sorte de happement.
On peut penser que ce mode d’élan inspiratoire correspond à un certain désordre
du geste phonatoire et qu’il mérite, lui, d’être rectifié.

Respiration vitale et activité musculaire

◗ Temps inspiratoire
Dans la respiration calme, seul le temps inspiratoire nécessite la mise en jeu
d’une activité musculaire, ce que l’on exprime en disant que seul le temps inspira-
toire est actif.
Rappelons que cette activité musculaire fait appel, de façon variable selon les
circonstances et les individus, à trois systèmes musculaires distincts :
– les élévateurs du thorax (muscles scalènes) ;
– les élargisseurs du thorax (muscles intercostaux externes et moyens) ;
– le « sphérificateur » de la cavité abdominale (muscle diaphragme).
Dans la respiration « modérément accrue », entre en jeu le sterno-cléido-mastoï-
dien (chef cléido-mastoïdien). Dans la respiration « fortement accrue », une action

Chapitre 3

50
Les organes du souffle phonatoire

musculaire inspiratrice est observée au niveau d’un quatrième système musculaire,


constitué par les muscles spinaux, extenseurs de la colonne vertébrale dorsale et
lombaire. Ce système correspond à ce que l’on peut appeler respiration de secours.

◗ Temps expiratoire
Le temps expiratoire est, dans la respiration calme, le résultat du retour à la
position de repos sous l’influence des forces d’élasticité thoracique et pulmonaire,
lorsque les muscles inspirateurs cessent leur action. Le temps expiratoire est dit
pour cette raison « passif ».
Dans la respiration « modérément accrue », on note au début du temps expira-
toire une persistance de l’activité des muscles inspirateurs. On note également une
certaine activité des muscles expirateurs (abdominaux, intercostaux intimes) qui
apparaît plus ou moins précocement : parfois en fin d’expiration seulement, parfois
dès le début de celle-ci.

Les trois ou quatre modalités de la respiration


vitale
Classiquement, on distingue trois modalités respiratoires : la respiration thora-
cique supérieure, la respiration thoracique inférieure et la respiration abdominale.
On observe en effet que la respiration peut être exécutée par un mouvement d’éléva-
tion → abaissement du thorax ou par un mouvement d’élargissement →
→ →
resserrement de la base du thorax ou par un mouvement d’avancée → retrait de→
la paroi abdominale.
Ces trois mouvements correspondent approximativement aux trois systèmes
musculaires distincts décrits plus haut. Un individu entraîné peut d’ailleurs
respirer volontairement selon chacune de ces modalités.
Notons cependant que la modalité thoracique supérieure est plus nettement
individualisée que les deux autres, le plus souvent associées en un geste thoraco-
abdominal.

Les types respiratoires


L’usage, dans la respiration calme, de l’un ou l’autre du moment. Si l’esprit est occupé à des rêveries vagues
type de mouvement – ou des deux – par un individu et tranquilles, la respiration est de type thoraco-abdo-
donné, a fait depuis longtemps l’objet de multiples minal. Si l’esprit est occupé à des pensées excitantes ou
observations. On a constaté surtout que la respiration émouvantes, la respiration évolue vers le type thora-
haute était plus habituelle chez la femme. On a pensé cique supérieur. « Toute émotion élève le thorax. » La
longtemps que cela était dû à l’usage du corset. Cette surprise se traduit par une inspiration vive avec éléva-
hypothèse est sûrement fausse puisque cette prédisposi- tion thoracique. Dans la panique, le thorax se bloque
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

tion à la respiration haute a persisté après la disparition en élévation.


du corset. On a pensé que cette respiration haute était On peut penser que si la femme respire plus volon-
liée à la possibilité de grossesse : la femme respirerait tiers que l’homme avec le haut du thorax, c’est peut-
avec le haut de son thorax parce que, chez elle, la être parce qu’elle laisse plus volontiers que l’homme
respiration abdominale risquerait de déranger le déve- transparaître l’expression de ses émotions.
loppement de l’enfant qu’elle pourrait porter. Au début Par ailleurs, le travail de force avec les bras interdit la
du siècle dernier, il s’est trouvé des auteurs pour respiration haute. Le terrassier pendant son travail a
affirmer que la respiration abdominale serait, chez la forcément une respiration basse. L’homme préfère
femme, criminelle ! Que ne dit-on pas à propos de la sans doute donner de lui l’image de la force ; or, une
respiration ! habituelle respiration haute ne convient pas à cette
En fait, l’acte respiratoire se fait de façon variable image.
selon le tempérament du sujet et selon ses dispositions

Chapitre 3

51
La voix Tome 1

À ces trois modalités respiratoires classiques il convient d’ajouter une


quatrième, mise en évidence par les travaux de Moran-Campbell, modalité utilisant
le mouvement d’extension → flexion de la colonne vertébrale dorso-lombaire

correspondant à la respiration de secours lorsque le besoin respiratoire est à son
maximum comme quand il s’agit par exemple de « reprendre son souffle » après
avoir couru dans l’urgence le plus vite possible pendant un certain temps.

Souffle phonatoire et activité musculaire


Dans la phonation, sauf cas très particulier, comme par exemple lors d’un soupir
sonore, l’expiration nécessite la mise en jeu d’une activité musculaire dès le début
de celle-ci. C’est ce que l’on exprime en disant que dans la phonation l’expiration
est active.
Cette activité expiratrice fait appel, selon le mode phonatoire considéré, à deux
groupes musculaires constitués par :
– les intercostaux internes (intimes) ;
– les muscles abdominaux et le muscle thoracique transverse (ou triangulaire du
sternum).
On note de plus une persistance au cours de cette expiration d’une activité inspi-
ratrice qui modère et contrôle l’expiration, devenue souffle phonatoire.
Cette activité concerne en particulier le diaphragme qui, comme nous l’avons
vu, contrôle, au cours du souffle abdominal, l’action expiratrice des muscles
abdominaux.

Trimodalité du souffle phonatoire

◗ Souffle thoracique supérieur


Ce souffle est dû à l’abaissement costal « en poignée de pompe », sous l’action
de l’intercostal interne (intime), abaissement qui se traduit par un affaissement
thoracique avec bascule négative du sternum.
Ce mouvement produit une compression de la partie supérieure du poumon.
L’exécution d’un souffle thoracique supérieur est le plus souvent précédée par
un élan inspiratoire thoracique supérieur.
Le souffle thoracique supérieur correspond à la voix d’expression simple. Son
usage entraîne un fonctionnement particulier du larynx qui doit jouer dans ce cas,
comme nous le verrons, le double rôle d’un obturateur (robinet) et d’un vibrateur
avec attaque éventuelle du son en « coup de glotte ».
Cela n’empêche pas ce souffle d’être parfaitement normal lors de l’émission de
la voix dite d’expression simple en dépit de certaines affirmations abusives qui
prétendent en condamner l’usage d’une façon absolue.

◗ Souffle abdominal
Dans ce souffle, l’action des muscles oblique et transverse de l’abdomen produit
conjointement :
– une rétraction de la paroi abdominale qui produit un refoulement du diaphragme
vers le haut ;
– un abaissement costal « en anse de seau » auquel participe également le muscle
thoracique transverse amenant le resserrement latéral de la cage thoracique.
Ces deux mouvements combinés produisent une compression de la partie infé-
rieure du poumon.
Dans ce mouvement, le diaphragme, antagoniste des abdominaux, contient et
contrôle l’action de ces muscles, permettant un dosage précis du souffle selon les

Chapitre 3

52
Les organes du souffle phonatoire

nécessités de la voix. Les abdominaux poussent, le diaphragme retient, à la manière


de la deuxième main d’un ouvrier qui manœuvre une machine à polir ou une
perceuse : poussant la machine d’une main, il la retient de l’autre, ce qui lui permet
d’effectuer à la demande un travail à la fois puissant et précis.
Cela permet au larynx de se libérer de son rôle de sphincter et de fonctionner
uniquement comme vibrateur de façon beaucoup plus souple.
On observe que, lors du souffle abdominal, le thorax ne s’affaisse pas au moment
de l’émission vocale. Au contraire, le manubrium sternal semble légèrement projeté
en haut et en avant avec bascule positive du sternum.
L’exécution du souffle abdominal est sauf exception précédée d’un élan inspi-
ratoire thoraco-abdominal.

DISSOCIATION ABDOMINO-COSTALE, ÉCARTEMENT PARADOXAL DES CÔTES


On observe parfois une dissociation du mouvement de la paroi abdominale et
du mouvement de resserrement de la base du thorax aboutissant à ce que l’on peut
appeler le souffle abdominal strict. Dans celui-ci, la paroi abdominale exécute un
mouvement de retrait important, alors que le thorax reste bloqué latéralement ou
parfois même s’élargit paradoxalement.
Cet écartement paradoxal des côtes s’observe souvent lors de la voix chantée où
il est sous la dépendance de l’expressivité. Le comportement thoracique est parti-
culièrement sensible à l’action des émotions qui s’expriment entre autres par son
intermédiaire au niveau de la voix. Le problème de rentabilité acoustique passe
alors au second plan au profit de l’expressivité.
En matière de pédagogie cependant, il n’est pas sans inconvénient de faire de l’écarte-
ment paradoxal des côtes une technique de base au risque d’entraîner une importante
fatigabilité vocale. Cet écartement paradoxal des côtes correspond à une dépense
d’énergie importante qui n’a sa justification que dans une situation émotionnelle
intense. Le rendement vocal optimum passe à coup sûr par un mouvement coordonné
et modéré de resserrement abdomino-costal inférieur. Mais la question du rendement
optimum (se fatiguer le moins possible) n’est pas la seule à prendre en compte en
matière de voix chantée.

NOTION DE MISE EN TENSION PRÉPHONATOIRE (BAKEN)


L’action des muscles abdominaux intervient de façon plus nette et plus visible
au tout début de l’émission et même juste avant celle-ci, réalisant une brève mise
en tension pré-phonatoire (Baken, 1981), après quoi la paroi abdominale semble
se contenter, sauf au moment des accents d’intensité, de maintenir son tonus sans
montrer de déplacement perceptible. Un déplacement artificiellement soutenu de
la paroi abdominale pendant toute la durée de l’émission vocale ne peut
qu’entraîner une fatigue inutile.
Le souffle abdominal (ou plus exactement le souffle abdomino-thoracique inférieur)
caractérise l’acte vocal implicateur correspondant à l’émission de la voix implicatrice
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

dite projetée produite rappelons-le, dans l’intention déclarée d’agir sur autrui.

◗ Souffle vertébral
Comme nous l’avons vu, et bien que cette notion ne soit pas classique en matière
de physiologie respiratoire, les mouvements d’extension et de flexion de la colonne
vertébrale thoracique ont une importante fonction respiratoire qui se manifeste en
particulier lors de l’essoufflement (respiration de secours).
Dans la phonation, la flexion vertébrale intervient dans la voix d’insistance ou
de détresse. Celle-ci rappelons-le, se produit lorsque le sujet ressent que son action
vocale n’atteint pas son but comme dans un second appel lorsque la personne
appelée n’a pas entendu ou dans une seconde explication lorsque l’interlocuteur

Chapitre 3

53
La voix Tome 1

semble ne pas vouloir comprendre. C’est aussi celle de l’étonnement ou de l’émer-


veillement (cf. p. 8).
La flexion vertébrale nécessite la mise en jeu de toute la musculature antérieure
et latérale du tronc, et en particulier celle des intercostaux moyens (internes) et
des grands droits de l’abdomen. Elle entraîne une perte de verticalité avec accen-
tuation des courbures dorsales supérieures et cervicales (arrondissement du dos et
projection de la face vers l’avant).
Le mécanisme de la voix d’insistance ou de détresse est parfaitement physiolo-
gique et efficace dans certaines circonstances mais son usage excessif ou prolongé
au-delà de deux ou trois dizaines de minutes risque d’entraîner une fatigue vocale
avec irritation laryngée et l’entrée dans le cercle vicieux du forçage vocal aboutis-
sant à la dysphonie dysfonctionnelle 5.

◗ Souffle mixte
Ces trois mécanismes du souffle thoracique supérieur, du souffle abdominal et
du souffle vertébral peuvent fonctionner de façon parfaitement isolée dans
certaines circonstances bien déterminées.
Ils peuvent cependant se succéder au cours d’une même phrase lorsque l’émis-
sion vocale passe d’une simple constatation à une affirmation puis à une sur-
affirmation insistante.
Ces trois mécanismes peuvent encore s’associer lorsque le caractère de l’émis-
sion vocale est moins nettement déterminé et relève plus ou moins de chacun de
ces trois styles d’émission à la fois, dans le contexte d’une démarche complexe,
flottante ou ambiguë.

Variabilité du geste respiratoire.


Conséquences pédagogiques
Pour conclure ce chapitre, nous ferons remarquer combien l’acte respiratoire
est naturellement varié selon la signification qu’il revêt. Il faut admettre en consé-
quence qu’il n’y a pas une bonne façon de respirer et une seule, mais un grand
nombre, selon ce que l’on fait avec cette respiration à tel moment donné.
La pédagogie de la respiration et du souffle 6 doit, en conséquence, prendre garde
à conserver à l’acte respiratoire cet aspect varié et cette adaptation naturelle aux
besoins du moment. Elle doit abandonner par exemple l’idée (fréquente) que la respi-
ration abdominale est, quoi qu’on fasse, la seule qui convienne et que la respiration
thoracique supérieure serait tout simplement à proscrire. Si l’on veut bien noter que
la respiration haute est activée par le sentiment à la mesure de l’émotion ressentie,
on comprend à quelle mutilation psychosomatique, à quel carcan correspond une
telle proscription !
Cette pédagogie doit distinguer surtout, et nous en reparlerons, la gymnastique
respiratoire qui concerne la respiration vitale et est orientée vers le développement de
la capacité thoracique, de la gymnastique du souffle phonatoire qui n’a aucun intérêt à
s’orienter de la même façon comme l’enseignait déjà J. Tarneaud dans les années 30.

5. Cf. La voix, tome 2.


6. Cf. La voix, tome 4.

Chapitre 3

54
Les organes du souffle phonatoire

Conseils bibliographiques

BAKEN RJ, CAVALLOS SA. Prephonatory chest wall posturing. Folia Phonat 1981 ; 33 : 193-
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TARNEAUD J. Traité pratique de Phonologie et de Phoniatrie. Paris : Maloine, 1939.
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

Chapitre 3

55
Chapitre 4

A natomie et physiologie
du larynx

Le larynx n’est pas seulement


l’organe principal de la phonation.
C’est un poste frontière. Il est la démarcation
entre les voies aériennes supérieures
et les voies aériennes inférieures.
Il participe à la fonction respiratoire
et participe aussi à la fonction
de déglutition. (P. Narcy)

Comme nous l’avons déjà dit en présentant au chapitre 2 une vue


d’ensemble des organes de la voix et de la parole, le larynx est l’extrémité
supérieure de la trachée.
Repérable sous la peau à la face antérieure du cou au niveau de la pomme
d’Adam, cet organe est composé de nombreux éléments anatomiques que nous
allons étudier systématiquement. Il comprend cinq cartilages principaux, onze
muscles « intrinsèques », trois lames aponévrotiques… Il est irrigué par trois
artères et trois veines et innervé par deux nerfs… Il est en outre relié aux organes
voisins par seize muscles « extrinsèques » et trois ligaments.
Cet organe dont la structure apparaît ainsi assez complexe n’a en fait pour
fonction que d’obturer les voies aériennes inférieures dans certains actes
comme la déglutition, la défécation et l’effort inhabituel et de produire des
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

sons sous l’action du courant d’air expiratoire.


Le croisement des voies aériennes et digestives se présente à la réflexion
comme une bizarrerie de la nature. N’aurait-il pas été plus logique de prévoir
l’œsophage en avant de la trachée, ce qui aurait permis une séparation
complète des deux conduits ? Au lieu de cela s’est constitué autour du larynx
un système compliqué permettant l’occlusion réflexe des voies respiratoires
inférieures au moment du passage du bol alimentaire vers l’estomac. Mais la
nature ne se refait pas, elle se corrige. On peut dire cependant qu’en se corri-
geant ainsi, elle a permis l’apparition d’une troisième fonction, la phonation
greffée sur les deux premières que sont la respiration et la déglutition.

Chapitre 4

57
La voix Tome 1

Anatomie comparée et phylogénèse


du larynx humain
La première ébauche de larynx apparaît, il y a environ 3 millions et demi de
siècles ou plus précisément 370 millions d’années au Dévonien, chez certains pois-
sons placodermes. Ces poissons possédaient déjà une mâchoire développée à partir
du premier arc branchial, un embryon de langue et un orifice narinaire rostral sans
communication avec la bouche, orifice connecté aux cellules cérébrales olfactives.
Ils respiraient grâce à des branchies absolument analogues à celles des poissons
actuels mais possédaient également une petite fente au niveau du plancher de la
bouche, donnant accès à un sac pulmonaire rudimentaire sans alvéole. Ces animaux
pouvaient ainsi survivre en période sèche hors de l’eau.
Il existe encore actuellement des poissons à poumons. L’un d’eux, le latiméria,
véritable fossile vivant qui vit uniquement en eau profonde, présente un poumon
atrophié, devenu non fonctionnel. Un autre, le polypterus, présente deux poumons.
Le droit plus important en relation avec la fente laryngée du plancher de la bouche,
le gauche en relation avec le droit. Chez un autre, le protopterus, on observe des
fibres musculaires dilatatrices au niveau de la fente laryngée qui présente en outre
un cartilage dont la fonction n’est pas évidente. Les sacs pulmonaires sont chez lui
plus importants, divisés en alvéoles comme chez les amphibiens.
Chez le protoptérus, la respiration se fait au rythme d’un à vingt cycles par
heure. L’inspiration résulte de l’injection du bol d’air sous l’effet de la pression
intrabuccale combinée à l’abaissement du plancher de la bouche. La sortie de l’air
pulmonaire donne bien lieu à un léger sifflement mais on ne peut pas encore parler
d’organe vocal, ce bruit n’ayant sans doute aucune fonction de communication.
Chez les amphibiens urodèles comme la salamandre, apparaissent des cartilages
latéraux qui préfigurent les aryténoïdes et un cartilage crico-trachéal. Par ailleurs,
les muscles dilatateurs et constricteurs sont plus développés que chez les poissons
à poumons.
Chez les amphibiens anoures comme la grenouille, les branchies, présentes chez
le têtard, disparaissent chez l’adulte, la respiration devenant uniquement pulmo-
naire et cutanée. Leur larynx présente une paire d’aryténoïdes bien différenciés, un
système musculaire constricteur et dilatateur plus développé, un anneau cricoïdien
circulaire, mais la trachée est encore quasi inexistante.
Par ailleurs, les narines communiquent avec la cavité buccale et deviennent des
organes respiratoires. Une longue distance existe cependant entre l’orifice posté-
rieur du conduit nasal (les choanes) et l’entrée du larynx.
Comme chez les poissons à poumon, la respiration se fait par injection du bol
d’air dans les sacs pulmonaires. Chez les amphibiens, cependant, le rythme respi-
ratoire est beaucoup plus élevé et surtout le larynx est susceptible de produire des
sons utilisables pour la communication interindividuelle. Parallèlement, l’organe
auditif s’est développé à partir du premier arc branchial. La présence d’un tympan
peut être observée chez les amphibiens fossiles.
Chez les reptiles, on observe la même configuration que chez les amphibiens si
ce n’est l’apparition de l’os hyoïde.
Cependant, la respiration cutanée disparaît au profit de la seule respiration
pulmonaire et la cage thoracique devient le moteur de cette respiration. Le mouve-
ment costal est susceptible en effet de créer une dépression endothoracique
produisant un appel d’air vers les poumons. Parallèlement, la trachée se développe
et s’arme de cartilages, ce qui évite son aplatissement expiratoire.
Chez le crocodile apparaît une cloison musculaire entre le thorax et l’abdomen,
ébauche de diaphragme permettant une dépression intra-thoracique plus marquée.

Chapitre 4

58
Anatomie et physiologie du larynx

Contrairement à ce qui a lieu chez les amphibiens, le renouvellement de l’air


pulmonaire se fait de façon incomplète, d’où un mélange de l’air inspiré avec l’air
déjà contenu dans les poumons.
Autre différence avec les amphibiens, les reptiles produisent peu de sons, sinon
un sifflement produit par passage en force de l’air à travers un larynx presque
fermé. Certains crocodiles cependant sont capables de produire des sortes de
grondements.
Les thérapsides, reptiles fossiles, dont il n’existe plus d’espèce vivante actuelle-
ment, sont considérés comme les ancêtres des mammifères. Ils présentaient la
particularité d’avoir un palais, les choanes étant ainsi amenées au contact de
l’entrée du larynx. L’indépendance relative réalisée de ce fait entre les voies
aériennes et les voies digestives permettait probablement à ces reptiles de masti-
quer tout en continuant de respirer. Il s’agissait probablement d’animaux à sang
chaud, d’où des besoins respiratoires accrus expliquant cette particularité.
Les oiseaux restent bien sûr en dehors de la filiation qui mènent des reptiles aux
mammifères. Leur larynx est semblable à celui des reptiles mais n’a aucune fonc-
tion vocale. Ils possèdent en revanche un organe vocal, le syrinx, situé à l’extrémité
caudale de la trachée, c’est-à-dire au niveau de la bifurcation trachéale.
Les mammifères apparaissent, il y a 70 millions d’années (c’est-à-dire sept cent
mille siècles !) au Crétacé, sous la forme de petits insectivores.
Deux nouveaux cartilages caractérisent le larynx des mammifères : le cartilage
thyroïde, formé à partir des quatrième et cinquième arcs branchiaux, et l’épiglotte,
provenant du sixième arc branchial.
L’apparition du cartilage thyroïde va de pair avec le développement des plis
vocaux et des plis vestibulaires (ces derniers n’existent pas chez les mammifères
primitifs). Outre leur fonction vocale, qui s’amplifie considérablement parallèle-
ment au développement de l’appareil auditif, les plis vocaux acquièrent une
fonction sphinctérienne plus efficace.
L’épiglotte permet la séparation complète cette fois entre les voies aériennes et
les voies digestives, surtout chez certaines espèces, en particulier herbivores, chez
lesquelles le tube laryngé monte relativement haut dans le rhino-pharynx.
L’épiglotte placée derrière le voile du palais permet la réalisation simultanée de la
respiration et de la déglutition, la nourriture transitant vers l’œsophage dans les
gouttières latérales pharyngo-laryngées.
Chez les primates, on note peu de particularités par rapport aux autres mammi-
fères. Signalons cependant un développement plus important des plis vocaux et des
plis vestibulaires, en rapport sans doute avec la brachiation, c’est-à-dire avec la
nécessité d’exercer des tractions avec les bras, propre aux espèces arboricoles.
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

Chez l’homme, on note une seule réelle différence mais capitale, qui concerne la
situation du larynx. Par rapport à celui du chimpanzé en effet, le larynx de l’homme
adulte est situé plus bas (plus caudalement). De ce fait, l’épiglotte n’atteint plus le
voile du palais ce qui rend impossible la réalisation simultanée de la déglutition et
de la respiration et rend possible en revanche les phénomènes de fausse route
alimentaire. Comme nous le verrons, cela ne concerne pas le nourrisson où la
disposition est similaire à celle du chimpanzé.
La situation plus basse du larynx détermine par ailleurs un accroissement de
volume de la cavité pharyngée, ce qui facilite grandement les possibilités d’articu-
lation de la parole. En somme, pourrait-on conclure sans trop d’exagération que
l’homme a acquis la possibilité de parler au prix de celle d’avaler de travers !

Chapitre 4

59
La voix Tome 1

Développement et évolution du larynx


Dès la troisième semaine après la fécondation, apparaît à la face antérieure du
tube digestif primitif un sillon longitudinal, le sillon laryngotrachéal. Celui-ci se
creuse rapidement pour former une gouttière qui est la première ébauche du tractus
respiratoire.
À la cinquième semaine, on observe déjà l’ébauche de l’orifice laryngé.
À la sixième semaine, les cartilages et les muscles commencent à se différencier.
Vers le troisième mois, les cavités sus et sous-glottiques se réunissent au niveau
glottique, donnant déjà au larynx un aspect relativement achevé.
Durant cette évolution, l’ébauche laryngée modifie sa situation. Beaucoup plus
crânienne au début, elle se déplace progressivement dans le sens caudal. Cette
évolution caudale va comme nous l’avons dit se poursuivre après la naissance
pendant les premières années de la vie. Chez le nourrisson, en effet, la position du
larynx est telle que l’épiglotte atteint le rhinopharynx en se plaçant derrière la face
supérieure du voile du palais. Notons que l’on observe exactement la même dispo-
sition chez les primates adultes et, en particulier, chez le chimpanzé. Cela permet
au nourrisson de déglutir tout en respirant.
Progressivement, se produit un allongement vertical de la cavité pharyngée avec
pour conséquences la possibilité de fausses routes alimentaires et l’accroissement
des possibilités articulatoires de la parole.
À la naissance, les plis vocaux ont une longueur de 5 mm environ. On note
l’importance relative des cartilages par rapport aux muscles et aux ligaments.
L’épiglotte en particulier est volumineuse.
Comme nous l’avons dit ci-dessus, le larynx chez le nourrisson est haut situé.
Son bord inférieur (cartilage cricoïde) est en regard du disque séparant les 3e et
4e vertèbres cervicales.
Dans l’enfance, le larynx s’agrandit progressivement en même temps que sa
situation s’abaisse. Les plis vocaux mesurent 6 mm à 1 an, 8 mm à 6 ans. Le liga-
ment vocal apparaît entre 1 et 4 ans.
À la puberté. Chez le garçon, les plis vocaux s’allongent rapidement pour
atteindre en quelques mois leur dimension adulte (16 à 23 mm). Parallèlement,
l’angle antérieur du cartilage thyroïde se ferme jusqu’à 90°.
Chez la fille, la croissance des plis vocaux ne se fait que progressivement pour
atteindre la taille adulte vers 17 ou 18 ans (12 à 17 mm). Chez elle, l’angle du
cartilage thyroïde reste obtus (environ 120°).
Parallèlement, la situation du larynx continue dans l’un et l’autre sexe, d’évoluer
dans le sens caudal (c’est-à-dire vers le bas) son bord inférieur atteignant C7 vers
15/20 ans.
Chez l’adulte, la partie cartilagineuse du pli vocal se trouve relativement réduite,
la portion ligamenteuse et musculaire s’étendant aux deux tiers antérieurs de la
glotte.
À partir de 20 ans environ, commence un processus d’ossification des cartilages
laryngés à l’exception de l’épiglotte. Ce processus est achevé vers 50/60 ans chez
l’homme. Il reste moins complet chez la femme.

Conseils bibliographiques

NARCY P, ANDRIEUX-GUITTRANCOURT J et al. Le larynx de l’enfant. Rapport Société fran-


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Chapitre 4

60
Anatomie et physiologie du larynx

SCHLUMBERGER et al. Étude d’histologie et de biologie comparée du larynx des primates.


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*
Éléments anatomiques constitutifs
du larynx

Les cartilages
Le larynx comprend cinq cartilages principaux :
– trois cartilages impairs et médians : les cartilages thyroïde, cricoïde et
épiglottique ;
– deux cartilages pairs et latéraux : les cartilages aryténoïdes.
Il comporte également quelques cartilages accessoires et peu importants, les
cartilages de Santorini et de Morgagni, les sésamoïdes, les cartilages corniculés.

◗ Le cartilage thyroïde (fig. 4-1)


C’est le bouclier du larynx. Il est formé par deux lames quadrilatères (encore
appelées ailes thyroïdiennes ou plaques thyroïdiennes). Verticales, unies en avant
par leur bord antérieur, les lames thyroïdiennes forment un angle dièdre ouvert en
arrière de 90° environ chez l’homme et de 120° environ chez la femme.
L’arête de cet angle forme en avant la pomme d’Adam, surmontée par l’échan-
crure thyroïdienne.
Chaque lame thyroïdienne présente sur sa face externe deux tubercules, l’un
supérieur et l’autre inférieur reliés par une crête oblique dirigée en bas et en avant.
Sur cette crête et sur les deux tubercules qu’elle relie s’insèrent, le muscle sterno-
thyroïdien venant d’en bas et le muscle thyro-hyoïdien venant d’en haut.
Le bord postérieur (vertical) de la lame thyroïdienne se prolonge vers le haut
par une apophyse, la grande corne du cartilage thyroïde, et vers le bas par une autre
apophyse, la petite corne du cartilage thyroïde. Cette dernière est incurvée vers
l’intérieur et va s’articuler avec la facette articulaire thyroïdienne du cartilage
cricoïde.
➤ Fig. 4-1

Vue de face. Vue de profil. Cartilage thyroïde.


© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

Grande corne Grande corne


(Corne rostrale) (Corne rostrale)

Échancrure thyroïdienne
(Incisure thyroïdienne rostrale)
Lame thyroïdienne
Saillie de la pomme d’Adam
(Lame du cartilage thyroïde) Tubercule supérieur
(Proéminence laryngée)
Crête oblique
(Ligne oblique) Crête oblique
Petite corne (Ligne oblique)
(Corne caudale) Lame thyroïdienne
Tubercule inférieur (Lame du cartilage thyroïde)
Petite corne
a (Corne caudale) b

Chapitre 4

61
La voix Tome 1

Vue antérieure Chaton cricoïdien


(Lame du cartilage cricoïde)

Crête médiane postérieure


Arc cricoïdien

Facette (surface)
articulaire aryténoïdienne Tubercule cricoïdien

Facette (surface)
articulaire thyroïdienne

Vue latérale droite


Vue postérieure
Arc cricoïdien

➤ Fig. 4-2

Cartilage cricoïde.

◗ Le cartilage cricoïde (fig. 4-2)


C’est le chapiteau de la trachée.
Placé au-dessous du cartilage thyroïde avec lequel il s’articule, il a la forme
d’une chevalière ou d’une bague dont la pierre serait tournée vers l’arrière.
Cette partie postérieure constitue ce que l’on appelle le chaton cricoïdien, la
partie antérieure constituant l’arc cricoïdien.
L’arc cricoïdien présente à sa partie antérieure une petite saillie, le tubercule
cricoïdien.
Les muscles crico-thyroïdiens s’insèrent, de chaque côté de ce tubercule sur la
face externe de l’arc cricoïdien (fig. 4-9).
Le bord supérieur de l’arc donne insertion aux muscles crico-aryténoïdiens laté-
raux (fig. 4-11). Il est uni au bord inférieur des lames thyroïdiennes par la
membrane crico-thyroïdienne. Sur lui s’insère également la membrane élastique
du larynx ou conus elasticus.
Près du chaton cricoïdien, chaque face externe de l’arc présente une petite
surface articulaire pour la petite corne du cartilage thyroïde (articulation crico-
thyroïdienne) (fig. 4-4).
Le chaton cricoïdien présente à étudier :
– une face postérieure qui comporte une crête médiane et de chaque côté une
dépression où s’insèrent les muscles crico-aryténoïdiens postérieurs (cf. p. 68) ;
– un bord supérieur qui se continue avec les bords correspondants de l’arc.
Ce bord supérieur présente de chaque côté, aux points de jonction avec le bord
supérieur de l’arc, une surface articulaire pour les cartilages aryténoïdes (fig. 4-4).

◗ Les deux cartilages aryténoïdes (fig. 4-3)


Ces cartilages ont un rôle physiologique capital. Pairs et symétriques, ils ont la
forme d’une pyramide à base triangulaire.
Chacune de ces pyramides présente :
– une face interne ;
– une face postérieure qui donne insertion au muscle inter-aryténoïdien (fig. 4-10) ;
– une face antéro-externe qui présente à sa partie inférieure une dépression : la
fossette hémisphérique où s’insère le pli vocal ;

Chapitre 4

62
Anatomie et physiologie du larynx

Cartilage corniculé Vue postérieure


et interne
Vue externe

Fossette hémisphérique
(Fossette oblongue)

Apophyse vocale
(Processus vocal)
Apophyse musculaire
Apophyse musculaire (Processus musculaire)
(Processus musculaire)
Fossette hémisphérique
(Fossette oblongue) Angle postéro-interne

Cartilage corniculé
Apophyse musculaire
(Processus musculaire)
Vue supérieure ➤ Fig. 4-3

Cartilage aryténoïde droit.

– une base qui repose sur le bord supérieur du chaton du cartilage cricoïde avec
lequel elle s’articule (articulation crico-aryténoïdienne) (fig. 4-4) :
• l’angle antérieur de cette base se prolonge pour former l’apophyse vocale sur
laquelle viendra s’insérer le muscle thyro-aryténoïdien inférieur (cf. p. 71),
c’est-à-dire le pli vocal qui s’insère également, comme nous l’avons vu, dans
la fossette hémisphérique qui est contiguë,
• l’angle externe de cette base se prolonge pour former l’apophyse musculaire.
Sur celle-ci viendront s’insérer les deux muscles responsables des mouvements
de rotation du cartilage aryténoïde :
– le muscle crico-aryténoïdien latéral (cf. p. 69) qui tire cette apophyse musculaire
vers l’avant (ce qui porte l’apophyse vocale vers l’intérieur),
– le muscle crico-aryténoïdien postérieur (cf. p. 68) qui tire l’apophyse musculaire
vers l’arrière (ce qui porte l’apophyse vocale vers l’extérieur) ;
– un sommet surmonté du petit cartilage corniculé (inconstant).
➤ Fig. 4-4

Mise en place des cartilages thyroïde,


cricoïde et aryténoïde.
Vue postérieure.
Cartilage corniculé
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

Ligament jugal

Articulation crico-aryténoïdienne

Articulation crico-thyroïdienne

◗ Le cartilage épiglottique (fig. 4-5)


Mince et souple, le cartilage épiglottique se présente sous la forme d’un pétale.
Ovalaire à grosse extrémité supérieure, sa pointe inférieure s’attache dans l’angle

Chapitre 4

63
La voix Tome 1

rentrant du cartilage thyroïde grâce au ligament thyro-épiglottique. Le cartilage


épiglottique déborde en haut et en avant le bord supérieur du cartilage thyroïde.
Sa face postérieure est convexe en haut et concave dans sa partie inférieure. Cette
face est directement recouverte par la muqueuse du larynx.
L’épiglotte se rabat sur l’orifice laryngé au cours du deuxième temps de la déglu-
tition en même temps que s’élève l’ensemble du larynx.

➤ Fig. 4-5

Cartilage épiglottique.

A B

Coupe selon AB

Vue postérieure Vue latérale droite


(et légèrement postérieure)

Les membranes aponévrotiques


du larynx et les ligaments qui les renforcent (fig. 4-6)

◗ Membrane thyro-hyoïdienne
La membrane thyro-hyoïdienne est tendue entre :
L’os hyoïde
– en bas : le bord supérieur du cartilage thyroïde ;
L’os hyoïde est, comme nous l’avons – en haut : le bord postérieur et supérieur du corps de l’os hyoïde et le bord interne
dit, (p.16) ce demi-anneau osseux,
concave en arrière que l’on peut sentir des grandes cornes de ce même os hyoïde.
entre le pouce et l’index à la partie toute La membrane thyro-hyoïdienne est renforcée en son centre pour former le liga-
supérieure du cou. Sa partie médiane est
appelée corps de l’os hyoïde. Ses parties
ment thyro-hyoïdien médian.
latérales constituent les grandes cornes de Elle est également renforcée sur les bords latéraux pour former les deux liga-
l’os hyoïde. Nous retrouverons cet os en ments thyro-hyoïdiens latéraux qui vont de la grande corne du cartilage thyroïde à
étudiant l’appareil suspenseur du larynx l’extrémité de la grande corne de l’os hyoïde.
(cf. p. 79).

◗ Membrane crico-thyroïdienne
La membrane crico-thyroïdienne est tendue du bord inférieur du cartilage
thyroïde au bord supérieur de l’arc cricoïdien. Elle est renforcée en avant pour
former le ligament crico-thyroïdien médian.

◗ Membrane crico-trachéale
La membrane crico-trachéale unit le bord inférieur du cartilage cricoïde au
premier anneau de la trachée.

◗ Membrane élastique du larynx


La membrane élastique du larynx double en profondeur la muqueuse de cet
organe. Le plus souvent d’ailleurs, elle est décrite comme faisant partie de cette
muqueuse et constituant le chorion ou la sous-muqueuse.
La membrane élastique du larynx présente de chaque côté trois renforcements :
(fig. 4-7).

Chapitre 4

64
Anatomie et physiologie du larynx

Sommet de l’épiglotte

Os hyoïde

Membrane thyro-hyoïdienne

Ligament thyro-hyoïdien latéral

Ligament thyro-hyoïdien médian

Membrane crico-thyroïdienne

Ligament crico-thyroïdien médian

Membrane crico-trachéale

a b
➤b
➤a

Vue antérieure. Vue latérale droite.

Les premiers renforcements constituent les ligaments aryténo-épiglottiques qui


➤ Fig. 4-6
s’insèrent :
– en avant, sur les bords latéraux de l’épiglotte ; Ligaments et membranes du larynx.
– en arrière, sur le bord antérieur des aryténoïdes.
Les deuxièmes constituent les ligaments thyro-aryténoïdiens supérieurs qui
s’insèrent :
– en avant dans l’angle rentrant du cartilage thyroïde ;
– en arrière, dans la fossette hémisphérique des aryténoïdes.
Ces ligaments cheminent dans les plis vestibulaires (fausses cordes vocales).
Les troisièmes forment les ligaments thyro-aryténoïdiens inférieurs plus connus
sous le nom de ligaments vocaux. Ils s’insèrent :
– en avant, dans l’angle rentrant du cartilage thyroïde, en dessous des précédents ;
– en arrière, sur l’apophyse vocale des aryténoïdes.
Ces renforcements forment chacun un angle dièdre ouvert en dehors.
La partie inférieure (sous-glottique) de la membrane élastique du larynx forme
le conus elasticus qui s’insère sur le bord supérieur du cartilage cricoïde.

◗ Trois autres paires de ligaments


© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

Les bords latéraux de l’épiglotte sont reliés à la muqueuse du pharynx par les
ligaments pharyngo-épiglottiques (fig. 4-17) qui forment les replis pharyngo-
épiglottiques.
L’épiglotte est reliée à la muqueuse linguale par trois ligaments, les ligaments
glosso-épiglottiques qui forment les replis glosso-épiglottiques (fig. 5-28) médian et
latéraux.
Le bord supérieur du châton cricoïdien enfin est relié aux cartilages corniculés
qui surmontent les sommets des cartilages aryténoïdes par le ligament jugal ou
crico-corniculé. Ce ligament monte verticalement entre les deux aryténoïdes avant
de se diviser en deux branches horizontales, rejoignant leurs insertions corniculées
(fig. 4-4).

Chapitre 4

65
La voix Tome 1

Face postérieure de l’épiglotte

Grande corne de l’os hyoïde

Gouttière pharyngo-laryngée
(Récessus piriforme)
Ligament aryténo-épiglottique
(Ligament ary-épiglottique)
Bande ventriculaire
Muscle thyro-aryténoïdien supérieur
(Pli vestibulaire)

Ventricule de Morgagni Ligament thyro-aryténoïdien supérieur


(Ventricule du larynx) (Ligament vestibulaire)

Muscle thyro-aryténoïdien supérieur


Lame thyroïdienne (couche externe)

}
Ligament thyro-aryténoïdien inférieur
(Ligament vocal)
Pli
Espace de Reinke Muscle thyro-aryténoïdien inférieur vocal
(couche interne)

Muscle crico-aryténoïdien latéral

Cartilage cricoïde Membrane élastique du larynx


(Membrane fibro-élastique du larynx)

Muqueuse laryngée

➤ Fig. 4-7
1er anneau trachéal
Larynx – Coupe frontale. (1er cartilage trachéal)

Les articulations

◗ Articulations crico-thyroïdiennes
Paires et symétriques, les articulations crico-thyroïdiennes unissent l’extrémité
inférieure des petites cornes du cartilage thyroïde aux faces externes de l’arc
cricoïdien.
Elles permettent la bascule du thyroïde par rapport au cricoïde autour d’un axe
l transversal passant par les deux articulations. Cette bascule a pour effet d’éloigner
les points d’attache des plis vocaux qui sont alors soumis à une plus grande tension
l'
a (fig. 4-8).

b ◗ Articulations crico-aryténoïdiennes
Paires et symétriques, les articulations crico-aryténoïdiennes unissent la base
➤ Fig. 4-8
des aryténoïdes au bord supérieur du chaton cricoïdien (fig. 4-2 et 4-4).
Schéma de la bascule du cartilage Ces articulations permettent :
thyroïde sur le cartilage cricoïde sous – des mouvements de glissement de l’aryténoïde de dedans en dehors et de dehors
l’action du muscle crico-thyroïdien.
en dedans (réalisant l’abduction et l’adduction des plis vocaux) ;
Noter l’allongement du pli vocal
qui en résulte (l’ > I). – des mouvements de rotation de l’aryténoïde par rapport à l’axe vertical, entraî-
nant comme nous l’avons vu, le déplacement de l’apophyse vocale vers le dedans
➤a ou vers le dehors.
Fibres du muscle crico-thyroïdien au
repos. Les muscles intrinsèques du larynx
➤b Nous étudierons successivement :
Fibres du même muscle en action – les muscles tenseurs des plis vocaux qui sont les deux crico-thyroïdiens (les seuls
(raccourcissement). innervés par le nerf laryngé supérieur) ;

Chapitre 4

66
Anatomie et physiologie du larynx

– les muscles dilatateurs de la glotte qui sont, selon la conception classique, les
deux crico-arytéroïdiens postérieurs ;
– les sept muscles constricteurs de la glotte qui sont :
• les deux crico-aryténoïdiens latéraux (selon la conception classique),
• l’inter-aryténoïdien (ou ary-aryténoïdien),
• les deux thyro-aryténoïdiens supérieurs,
• les deux thyro-aryténoïdiens inférieurs (dont la couche interne entre dans la
constitution des plis vocaux).

■ Remarque
Ces muscles constituent les muscles intrinsèques du larynx. Ce qui signifie qu’ils
appartiennent en totalité au larynx.
Les muscles extrinsèques quant à eux relient le larynx aux organes voisins et
constituent l’appareil suspenseur du larynx (sus-hyoïdiens et sous-hyoïdiens). Ils
seront étudiés dans le sous-chapitre suivant.

◗ Le crico-thyroïdien (fig. 4-9)


Ce muscle s’insère en bas sur la face antéro-externe de l’arc cricoïdien (en
dehors du tubercule cricoïdien).
Il se dirige en haut et en arrière, en un ou deux faisceaux.
Il se termine en haut, au bord inférieur et sur la partie voisine de la face interne
du cartilage thyroïde jusqu’au bord antérieur de la petite corne du cartilage
thyroïde.
➤ Fig. 4-9

Muscle crico-thyroïdien.

Petite corne du cartilage thyroïde


(Corne caudale)

Arc cricoïdien
Muscle crico-thyroïdien
Tubercule cricoïdien
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

Premier anneau trachéal


(Premier cartilage trachéal)

Action
Le muscle crico-thyroïdien est tenseur des plis vocaux.
La contraction des fibres de ce muscle provoque le rapprochement de l’arc
cricoïdien et du bord inférieur du cartilage thyroïde, ainsi que le décalage vers
l’arrière de cet arc.
La première de ces deux actions entraîne le mouvement de bascule du cartilage
thyroïde sur le cartilage cricoïde grâce à l’articulation crico-thyroïdienne (fig. 4-8).

Chapitre 4

67
La voix Tome 1

Innervation
Le muscle crico-thyroïdien est innervé par le nerf laryngé externe, branche du
nerf laryngé supérieur dont il est la seule branche motrice (fig. 4-15). Il ne
comporte pas de fuseaux neuro-musculaires et apparaît de ce fait comme un muscle
plus volontaire que les autres muscles du larynx (Gould).

◗ Le crico-aryténoïdien postérieur (fig. 4-10)


Le muscle crico-aryténoïdien postérieur s’insère dans la dépression de la face
postérieure du chaton cricoïdien (en dehors de la ligne médiane).
Les fibres se dirigent en haut et en dehors.
Elles se terminent en convergeant sur la face postéro-interne de l’apophyse
musculaire de l’aryténoïde.
Action
C’est classiquement l’unique muscle dilatateur de la glotte. Attirant l’apophyse
musculaire en arrière, son action – s’il agit seul – est certainement de faire pivoter
l’aryténoïde par rapport à l’axe vertical, ce qui a pour conséquence de porter en
dehors l’apophyse vocale, d’où logiquement, ouverture de la glotte. L’observation
laryngoscopique montre cependant que la glotte ne s’ouvre pas normalement de
cette manière. Lors du mouvement d’abduction de la corde vocale, qui se produit
au moment du passage de la position phonatoire à la position respiratoire, on
observe que l’aryténoïde se déplace vers l’extérieur par glissement latéral sur le
bord supérieur du chaton cricoïdien. Dans ce mouvement, le bord interne de
l’apophyse vocale reste en général constamment dans le prolongement du bord
libre de la corde vocale elle-même.
Nous verrons plus bas comment cela peut s’expliquer (conception de Ganz).
Innervation
Ce muscle est innervé par la branche antérieure du nerf récurrent (fig. 4-13).
➤ Fig. 4-10

Membrane thyro-hyoïdienne
Larynx. Vue postérieure.
Muscles crico-aryténoïdiens
postérieurs (dorsaux) Muscle aryténo-épiglottique
et inter-aryténoïdiens. (Muscle ary-épiglottique)

Muscle inter-aryténoïdien oblique


(Muscle aryténoïdien oblique)

Muscle inter-aryténoïdien transverse


(Muscle aryténoïdien transverse)

Muscle crico-aryténoïdien postérieur


(Muscle crico-aryténoïdien dorsal)

Châton cricoïdien
(Lame du cartilage cricoïde)

Muscle trachéal

1er anneau trachéal


(1er cartilage trachéal)

Chapitre 4

68
Anatomie et physiologie du larynx

◗ Le crico-aryténoïdien latéral (fig. 4-11)


Le muscle crico-aryténoïdien latéral s’insère en bas sur la partie latérale du bord
supérieur de l’arc cricoïdien.
Il se dirige en arrière et en haut.
Il se termine sur la face antéro-externe de l’apophyse musculaire de
l’aryténoïde.
Action
Classiquement, l’action de ce muscle est l’inverse de celle du muscle crico-aryté-
noïdien postérieur (muscle antagoniste).
Attirant l’apophyse musculaire vers l’avant, ce muscle est sensé imprimer au
cartilage un mouvement de rotation par rapport à l’axe vertical qui a pour consé-
quence de porter en dedans l’apophyse vocale, d’où fermeture de la glotte. Ce
muscle est ainsi classé dans les constricteurs de la glotte. Il ne s’agit là cependant
que d’une notion théorique déduite de la situation anatomique de ce muscle.
Innervation
Ce muscle est innervé par la branche antérieure du nerf récurrent (fig. 4-13).

Épiglotte

Grande corne gauche du cartilage thyroïde


(Corne rostrale)

Os hyoïde sectionné

Aryténoïde gauche
Apophyse vocale
(Processus vocal)
Aryténoïde droit
Apophyse musculaire
(Processus musculaire)

Muscle thyro-aryténoïdien inférieur droit


© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

couche interne (Muscle du pli vocal)


Partie tout antérieure de la lame
thyroïdienne droite sectionnée
Muscle crico-aryténoïdien postérieur
(Muscle crico-aryténoïdien dorsal)

Muscle crico-aryténoïdien latéral


Arc cricoïdien

➤ Fig. 4-11
1er anneau de la trachée
(1er cartilage trachéal)
Larynx. Muscles intrinsèques.
Vue latérale droite et légèrement postéro-inférieure.
Le cartilage thyroïde a été sectionné, la petite et la grande corne droites, ainsi que la partie attenante de la lame thyroïdienne ont été ôtées pour découvrir
les muslces : thyro-aryténoïdien inférieur, couche interne (pli vocal) ; crico-aryténoïdien latéral ; crico-aryténoïdien postérieur.

Chapitre 4

69
La voix Tome 1

CONCEPTION DE GANZ (1971)


Les travaux de H. Ganz permettent de penser que, contrairement à la conception
classique, le muscle crico-aryténoïdien latéral est abducteur de l’aryténoïde, atti-
rant celui-ci vers l’extérieur (mouvement de glissement), son action de rotation sur
ce cartilage étant équilibrée par l’action antagoniste du muscle crico-aryténoïdien
postérieur donnant, lors de l’inspiration rapide, une image glottique pentagonale
comme cela apparaît dans le schéma C de la figure 4-12.
Sommet de l’angle rentrant
du cartilage thyroïde
A) Position de fermeture :
les plis vocaux sont accolés

Corde vocale
A (Pli vocal)

Apophyse vocale
(Processus vocal)
Axe de pivotement
du cartilage aryténoïde

B Apophyse musculaire
(Processus musculaire)
B) Position d’ouverture normale :
le muscle crico-aryténoïdien latéral (CL)
tire l’aryténoïde en dehors sans faire pivoter
CL celui-ci sur son axe grâce à l’action
compensatrice du muscle crico-
aryténoïdien postérieur (CP).

CP
C

C) Position d’ouverture forcée :


l’action du muscle crico-aryténoïdien postérieur est ici
plus forte, d’où pivotement de l’aryténoïde portant
l’apophyse vocale en dehors. Noter l’ouverture
pentagonale de la glotte.

D) Position d’ouverture incomplète :


ici l’action du muscle crico-aryténoïdien postérieur
n’a pas lieu, d’où pivotement de l’aryténoïde, portant
l’apophyse vocale vers le dedans position fréquemment observée
dans les phonations pathologiques mais présente également chez les
sujets indemnes de toute pathologie vocale.
➤ Fig. 4-12

Action combinée des muscles crico-aryténoïdiens latéraux et postérieurs selon H. Ganz.

◗ L’inter-aryténoïdien (ou ary-aryténoïdien)


et aryténo-épiglottique (fig. 4-10)
Seul muscle impair, le muscle inter-aryténoïdien se compose, comme on le voit
sur la figure 4-10, de trois faisceaux musculaires, l’un transversal (inter-aryténoï-
dien transverse), les deux autres obliques (inter-aryténoïdiens obliques).

Chapitre 4

70
Anatomie et physiologie du larynx

Membrane
Muscle aryténo-épiglottique thyro-
(Muscle ary-épiglottique) hyoïdienne

Muscle thyro-
aryténoïdien
Muscle thyro-aryténoïdien inf. supérieur
(couche externe)

Lame
Muscles inter-aryténoïdiens thyroïdienne
(Muscles aryténoïdiens) droite (sectionnée)

Nerf récurrent
(branche postérieure) Muscle thyro-aryténoïdien inférieur
couche interne (corde vocale)
Muscle crico-aryténoïdien latéral
Muscle crico-aryténoïdien
postérieur Membrane crico-thyroïdienne

Muscle crico-thyroïdien (sectionné)


Nerf récurrent
(branche antérieure)
(Nerf laryngé caudal)
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

➤ Fig. 4-13

Muscles intrinsèques du larynx et nerf récurrent (nerf laryngé récurrent).


Le cartilage thyroïde a été sectionné : la petite et la grande corne droites, ainsi que la partie attenante de la lame thyroïdienne ont été ôtées
pour découvrir les branches terminales du nerf récurrent et tous les muscles intrinsèques du côté droit du larynx.

Chapitre 4

71
La voix Tome 1

Les fibres de l’inter-aryténoïdien transverse unissent l’une à l’autre les faces


postérieures des cartilages aryténoïdes.
Chaque inter-aryténoïdien oblique s’insère à la face postéro-interne de
l’apophyse musculaire d’un aryténoïde. Ses fibres se dirigent obliquement en
dedans et en haut en passant en arrière de l’inter-aryténoïdien transverse pour se
fixer à l’extrémité supérieure de l’autre aryténoïde.
Certaines de ces fibres se continuent dans le repli aryténo-épiglottique pour
former le muscle aryténo-épiglottique.
Action
Muscle constricteur de la glotte, le muscle inter-aryténoïdien rapproche l’un de
l’autre les cartilages aryténoïdes. Quant à l’aryténo-épiglottique, il est abaisseur de
l’épiglotte.
Innervation
Ce muscle est innervé par la branche antérieure du nerf récurrent (fig. 4-13).

◗ Le thyro-aryténoïdien supérieur (fig. 4-7 et 4-13)


Le muscle thyro-aryténoïdien supérieur s’insère à la partie supérieure de l’angle
rentrant du cartilage thyroïde.
Il se dirige en bas et en arrière en croisant par en dehors le muscle thyro-aryté-
noïdien inférieur.
Il se termine sur la face antéro-externe de l’apophyse musculaire de l’aryténoïde
où son insertion se confond avec celle du muscle crico-aryténoïdien latéral.
Ce muscle entre dans la constitution du pli vestibulaire (bande ventriculaire).
Action
Le muscle thyro-aryténoïdien supérieur est constricteur de la glotte.
Innervation
Ce muscle est innervé par la branche antérieure du nerf récurrent.

◗ Le thyro-aryténoïdien inférieur (fig. 4-7 et 4-11)


Le muscle thyro-aryténoïdien inférieur s’insère en avant dans l’angle rentrant
du cartilage thyroïde.
Il se dirige en arrière et se divise alors en deux couches : l’une externe, l’autre
interne.
Les fibres de la couche externe de ce muscle divergent en éventail pour se
terminer de bas en haut :
– sur le bord externe du cartilage aryténoïde ;
– dans le repli aryténo-épiglottique ;
– sur le bord latéral de l’épiglotte.
Les fibres de la couche interne constituent le muscle du pli vocal.
Elles s’attachent en arrière sur le sommet et sur le versant externe de l’apophyse
vocale ainsi que sur la face antéro-externe de l’aryténoïde dans la fossette
hémisphérique.
Action
Le muscle thyro-aryténoïdien inférieur a premièrement une fonction sphincté-
rienne, il est constricteur de la glotte, et deuxièmement une fonction phonatoire :
c’est le muscle le plus directement impliqué dans la production vocale.

Chapitre 4

72
Anatomie et physiologie du larynx

Innervation
Ce muscle est innervé par la branche antérieure du nerf récurrent (fig. 4-13)
avec la particularité que cette innervation est largement multifocale, ce qui signifie
que comme pour les muscles oculomoteurs qui sont des muscles rapides, 50 à 70 %
de leurs fibres comportent plusieurs plaques motrices.

LE MUSCLE DE LA CORDE VOCALE SELON GŒRTTLER (fig. 4-14)


L’anatomie de la couche interne du thyro-aryténoïdien inférieur a été décrite d’une
a
façon particulière par Gœrttler (1950).
Selon cette conception qui sert de base à la théorie neuro-chronaxique de la phonation,
cette couche interne serait constituée de deux muscles.
Le muscle ary-vocal s’insèrerait sur l’apophyse vocale de l’aryténoïde.
Ses fibres se dirigeraient obliquement en avant et en dedans. b
Elles se termineraient sur la face externe (angle dièdre) du ligament vocal (ligament
thyro-aryténoïdien inférieur).
Le muscle thyro-vocal s’insèrerait sur l’angle rentrant du cartilage thyroïde et la partie
voisine des faces internes des lames thyroïdiennes. (d’après Husson)
Il se dirigerait en arrière et en dedans.
Il se terminerait en s’entrecroisant avec les fibres de l’ary-vocal sur la face externe (angle ➤ Fig. 4-14
dièdre) du ligament vocal.
Le muscle thyro-aryténoïdien
Dans cette conception, qui n’a pas été confirmée par d’autres études, l’action de ces selon Gœrttler.
deux muscles serait de provoquer l’ouverture rythmique de la glotte lors de la phonation
par l’action de traction vers l’extérieur sur le ligament vocal. ➤a

Muscle thyro-vocal.
Les vaisseaux du larynx (fig. 4-16)
➤b

◗ Les artères Muscle ary-vocal.


Les artères du larynx sont au nombre de trois :
– l’artère laryngée supérieure (la plus importante) ;
– l’artère laryngée moyenne ou antéro-inférieure.
Ces deux artères naissent de l’artère thyroïdienne supérieure, elle-même branche
de la carotide externe ;
– l’artère laryngée postéro-inférieure, branche de la thyroïdienne inférieure, elle-
même branche de la sous-clavière. Cette artère accompagne le nerf récurrent.

◗ Les veines
Les veines du larynx sont au nombre de trois. Le système veineux est exactement
calqué sur le système artériel.

◗ Les lymphatiques
Il existe un réseau lymphatique sus-glottique ainsi qu’un réseau sous-glottique
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

bien séparés l’un de l’autre.


Les troncs collecteurs sont satellites des artères et se jettent dans des ganglions
situés le long de la veine jugulaire et de l’artère carotide.

Les nerfs du larynx


Le larynx est innervé par deux nerfs de chaque côté : les nerfs laryngés supé-
rieurs et les nerfs récurrents.

◗ Le nerf laryngé supérieur (fig. 4-15 et 4-16)


Ce nerf naît du pneumogastrique (X) près de la base du crâne à l’extrémité infé-
rieure du ganglion plexiforme. Il descend obliquement en bas et en avant, croise la

Chapitre 4

73
La voix Tome 1

➤ Fig. 4-15

Larynx. Nerf laryngé supérieur (crânial).

face interne de la carotide interne, puis continue son trajet oblique appliqué sur la
paroi latérale du pharynx pour croiser la face interne de la carotide externe au
niveau de la grande corne de l’os hyoïde.
Il se divise alors en deux branches :
– une branche supérieure constituant le nerf laryngé interne qui pénètre dans le
larynx en traversant la membrane thyro-hyoïdienne ;
– une branche inférieure qui constitue le nerf laryngé externe, nerf moteur qui
continue son trajet oblique en bas et en avant, pour innerver le muscle crico-
thyroïdien.
Après sa pénétration dans le larynx, le nerf laryngé interne se divise lui-même
en trois branches :

Chapitre 4

74
Anatomie et physiologie du larynx

– la première qui constitue l’anse de Galien descend verticalement pour s’anasto-


moser avec le nerf récurrent ;
– la deuxième, sensitive, se distribue à toute la muqueuse du larynx ;
– la troisième, motrice, se dirige en arrière pour innerver les fibres musculaires de
la margelle laryngée et les faisceaux supérieurs du muscle inter-aryténoïdien, ce
qui explique la conservation de la mobilité des aryténoïdes fréquemment observée
dans les paralysies récurrentielles.

◗ Le nerf récurrent (ou nerf laryngé inférieur) (fig. 4-16)


Les deux nerfs récurrents naissent également du pneumogastrique (X) mais le
trajet de chacun d’eux est différent 1.
À droite, il se détache du X à la base du cou au niveau de l’artère sous-clavière.
Contournant celle-ci, il remonte ensuite vers le larynx en suivant le bord droit de
la trachée et de l’œsophage.
Le trajet du nerf récurrent gauche est plus long. En effet, il se détache du X dans
le thorax au niveau de la crosse de l’aorte. Contournant celle-ci, il remonte ensuite
vers le larynx en suivant le bord gauche de la trachée. Cette différence de longueur
ne compromet pas cependant la simultanéité de la mobilité des deux hémi-larynx.
Ceci peut s’expliquer par une différence de diamètres plus importante pour le
récurrent gauche permettant une vitesse de conduction accrue de l’influx nerveux.
L’existence par ailleurs de branches anastomotiques passant de l’un à l’autre nerf,
entre la trachée et l’œsophage, intervient sans doute également dans ce fonction-
nement synchrone.
À droite comme à gauche, juste avant d’atteindre le larynx, chaque nerf récur-
rent chemine à la face postérieure du pôle inférieur du lobe latéral de la glande
thyroïde 2 pour se terminer en deux branches, une branche antérieure, une branche
postérieure.
La branche antérieure innerve tous les muscles intrinsèques du larynx sauf le
muscle crico-thyroïdien.
La branche postérieure innerve le muscle constricteur inférieur du pharynx. Elle
forme en outre une anastomose, l’anse de Galien, avec la branche supérieure du
nerf laryngé supérieur (nerf laryngé crânial).
Il est à noter que dans les récurrents, et en particulier dans cette branche anté-
rieure, circulent conjointement des fibres commandant la fermeture du larynx et
des fibres nerveuses commandant son ouverture, sans qu’il soit possible de les
distinguer les unes des autres. Il en résulte que la suture d’un récurrent acciden-
tellement sectionné aboutit régulièrement à une réinnervation anarchique.
Classiquement, les nerfs récurrents sont décrits comme des nerfs moteurs. En
fait, on peut dire qu’au moins vers la fin de leur parcours il s’agit de nerfs mixtes.
Il existe en effet à ce niveau des collatérales sensitives en rapport avec la sensibilité
proprioceptive et baroréceptrice de la sous-muqueuse de la région sous-glottique
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

et trachéale cervicale. Ces branches « trachéofuges » forment d’ailleurs le contin-


gent principal de l’anse de Galien. L’influx nerveux peut ainsi gagner le nerf laryngé
supérieur pour former un arc réflexe intervenant dans la fermeture glottique et sans
doute aussi dans la coordination pneumo-phonique (L. Traissac).

◗ Origine réelle des nerfs laryngés


L’origine réelle du nerf récurrent se situe dans le noyau bulbaire du nerf spinal
(XI) qui, en sortant de la boîte crânienne par le trou déchiré postérieur, se divise

1. Cela explique l’étiologie différente des paralysies récurrentielles droite et gauche.


2. Cela explique la possibilité de paralysies récurrentielles en rapport avec une affection thyroïdienne ou
un acte chirurgical portant sur cette glande.

Chapitre 4

75
La voix Tome 1

Ganglion plexiforme (X)

Nerf laryngé supérieur


(Nerf laryngé crânial)
Artère laryngée supérieure Nerf pneumogastrique droit
(Artère laryngée crâniale) (Nerf vague droit)
Artère thyroïdienne supérieure
(Artère thyroïdienne crâniale)
Carotide interne

Carotide externe

Bord postérieur
du cartilage thyroïde

Anse de Galien
Artère laryngée moyenne (Rameau communicant
avec le nerf laryngé caudal)

Carotide primitive droite


(Carotide commune droite)
Corps thyroïde
Artère carotide primitive gauche (Glande thyroïde)
(Artère carotide commune gauche)
Artère laryngée inférieure
(Artère laryngée caudale)

Portion ascendante du nerf


Artère thyroïdienne inférieure récurrent droit (Nerf laryngé caudal)
(Artère thyroïdienne caudale)

Artère sous-clavière droite

Nerf récurrent droit


Artère sous-clavière gauche (Nerf laryngé récurrent droit)
Trachée (face postérieure)

Nerf pneumogastrique gauche


(Nerf vague gauche)

Œsophage
Crosse de l’aorte
(Arc de l’aorte)

Nerf récurrent gauche


(Nerf laryngé récurrent gauche)

➤ Fig. 4-16

Vaisseaux et nerfs du larynx. Vue postérieure.

en deux branches : une branche postérieure qui va innerver les muscles trapèze et
sterno-cléido-mastoïdien, et une branche antérieure qui pénètre dans le ganglion
plexiforme placé sur le trajet du nerf pneumogastrique (X). De ce ganglion sortent
d’une part le nerf laryngé supérieur constitué de fibres nerveuses provenant du XI
et du X, et le nerf pneumogastrique (X) contenant à la fois ses fibres propres et
celles qui donneront plus bas le récurrent.

Chapitre 4

76
Anatomie et physiologie du larynx

Configuration interne du larynx


Le larynx peut être divisé en trois étages : les étages sus-glottique, glottique et
sous-glottique.

◗ Étage sus-glottique
Cet étage constitue le vestibule laryngé qui s’ouvre en haut par l’orifice supé-
rieur du larynx (fig. 4-17).
Ovalaire, orienté vers le haut et l’arrière, l’orifice supérieur du larynx, encore
appelé margelle du larynx (ou couronne laryngée), est formé d’avant en arrière par :
– la face postérieure de l’épiglotte ;
– le ligament ary-épiglottique ;
– l’échancrure inter-aryténoïdienne.
Le vestibule est une structure en forme d’entonnoir.
Sa face antérieure correspond à la face postérieure de l’épiglotte.
Ses parois latérales correspondent en bas aux plis vestibulaires, puis aux ventri-
cules de Morgagni.
En arrière, on retrouve l’échancrure inter-aryténoïdienne.

➤ Fig. 4-17
Face postérieure de l‘épiglotte
(Face dorsale de l’épiglotte) Vue postérieure du larynx
Base de langue
(Racine de la langue) dans le pharynx.
La paroi postérieure du pharynx
a été ouverte.
Amygdale palatine
(Tonsille palatine)

Repli glosso-épiglottique
(Pli glosso-épiglottique)

Repli pharyngo-épiglottique

Saillie du nerf
laryngé supérieur

Saillie du bord postérieur


du cartilage thyroïde
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

Gouttière pharyngo-laryngée
(ou sinus piriforme)
(Récessus piriforme)

Bouche œsophagienne

Chapitre 4

77
La voix Tome 1

◗ Étage glottique (fig. 2-5)


La glotte, lorsqu’elle est ouverte, forme un espace triangulaire à pointe anté-
rieure (commissure antérieure).
Latéralement, cet espace est limité par les plis vocaux.
Les deux tiers antérieurs de cet espace constituent la glotte ligamenteuse ou
membraneuse.
Le tiers postérieur correspond à la glotte cartilagineuse (ou inter-aryténoï-
dienne) puisque bordé par les apophyses vocales.
La commissure postérieure, inter-aryténoïdienne, correspond au chaton cricoï-
dien (commissure inter-aryténoïdienne).

◗ Étage sous-glottique (fig. 4-7)


À ce niveau, le larynx s’élargit progressivement de haut en bas pour s’unir à la
trachée.

Anatomie microscopique (histologie)


de la muqueuse laryngée
Avant d’aborder l’étude de la muqueuse laryngée, rappelons quelques notions
essentielles concernant l’histologie du tissu épithélial.

Histologie du tissu épithélial


Le tissu épithélial (constituant les épithéliums) est Suivant la forme des cellules, on distingue l’épithé-
présent dans de nombreux organes. Les cellules de ce lium cylindrique (essentiellement constitué de cellules
tissu peuvent prendre différents aspects correspondant hautes et minces), l’épithélium cubique (cellules en
aux diverses fonctions qu’elles remplissent. L’épithé- forme de petits dés) et l’épithélium pavimenteux
lium est d’abord un tissu de revêtement : il forme la (cellules aplaties à la manière des dalles d’un pavement)
peau et les muqueuses. Grâce à la présence de glandes, (fig. 4-18).
il se charge de la sécrétion de nombreuses substances Il existe une forme particulière d’épithélium cylindrique
nécessaires à l’organisme. Enfin, le tissu épithélial entre simple dont les cellules présentent une forme irrégulière, leur
dans la constitution des organes des sens qui recueille noyau pouvant se situer à des hauteurs différentes. De ce fait,
les informations du monde extérieur pour les trans- cet épithélium donne l’impression (fausse) de comprendre
mettre aux terminaisons nerveuses. plusieurs couches de cellules. On parle alors d’épithélium
Le tissu épithélial est généralement formé de la cylindrique pseudo-stratifié. Dans ce cas, toutes les
juxtaposition de cellules parfaitement imbriquées les cellules épithéliales reposent sur une fine membrane de tissu
unes dans les autres. Sous sa forme la plus simple, conjonctif appelé membrane basale. Certaines cellules de
l’épithélium est constitué d’une seule couche de cellules l’épithélium cylindrique pseudo-stratifié sont recouvertes de
identiques. Cependant, il est souvent pluri-stratifié, cils vibratiles, c’est le cas notamment de l’épithélium cylin-
c’est-à-dire composé de plusieurs couches de cellules drique des voies respiratoires.
dans lesquelles apparaissent généralement deux ou Un épithélium pavimenteux stratifié se rencontre générale-
plusieurs types différents de cellules. De plus, les ment aux endroits du corps soumis à des tensions et à des
cellules du tissu épithélial peuvent comporter certaines frottements constants. Dans ce cas, seules les cellules des
particularités, celles par exemple de pouvoir se kérati- couches superficielles sont aplaties, les cellules des couches
niser ou de présenter des cils vibratiles. profondes ayant la forme de cube ou de cylindre.

La muqueuse du larynx est constituée par deux types d’épithélium.


Le premier est un épithélium cylindrique cilié pseudo-stratifié, épithélium
typique des voies respiratoires. Les cellules cylindriques de cet épithélium présen-
tent des cils animés de mouvements périodiques destinés à ramener les poussières
inhalées vers le pharynx.

Chapitre 4

78
Anatomie et physiologie du larynx

Ces cellules sont accompagnées, d’une part, de cellules muco-secrétantes


(humidification de la muqueuse) et, d’autre part, de cellules de réserve remplaçant
les cellules cylindriques lors de leur élimination normale.
Ces cellules reposent sur une très mince lame de tissu conjonctif, appelée lame
basale, qui les sépare du tissu sous-jacent appelé chorion.
Le chorion contient des vaisseaux, des nerfs, des lymphatiques et des glandes
répartis dans le tissu conjonctif. Il est particulièrement riche en fibres élastiques et a
constitue la membrane élastique du larynx (fig. 4-7).
Les glandes situées dans le chorion sont de type mixte, composées par des Épithélium cylindrique simple.
glandes muqueuses à sécrétion épaisse et riches en mucus et des glandes séreuses
à sécrétion fluide riche en eau et en protéine. Ces sécrétions qui sont déversées en
surface par l’intermédiaire de canaux excréteurs, tapissent complètement l’épithé-
lium de surface et forment un véritable film mobile. Celui-ci entraîne avec lui toutes
les poussières et débris présents dans l’air inspiré dont, par ailleurs, il augmente
l’humidité.
Le deuxième type d’épithélium est l’épithélium malpighien pavimenteux stratifié
b
qui recouvre les zones soumises à des contraintes physiques importantes. On le
trouve au niveau du bord libre et des parties avoisinantes des faces supérieure et Épithélium cylindrique pseudo-stratifié.
inférieure du pli vocal, au niveau de l’épiglotte (face linguale, bord supérieur, partie
inférieure de sa face laryngée) et au niveau des replis ary-épiglottiques.
L’épithélium malpighien est formé par des cellules subissant une différenciation
progressive des couches profondes aux couches superficielles. Ces cellules sont
cubiques en profondeur et aplaties en surface. Elles sont liées entre elles par des
jonctions très solides (les desmosomes) donnant à cet épithélium, malgré sa grande
finesse, une très remarquable résistance mécanique. À l’état normal, cet épithélium
n’est pas « kératinisé » (non corné).
Contrairement à ce qui a lieu au niveau de l’épithélium cylindrique, l’épithélium
malpighien du pli vocal est séparé du chorion sous-jacent (le ligament vocal) par
un espace décollable : l’espace de Reinke (fig. 4-7). Dans cet espace on trouve une c
matière visqueuse riche en acide hyaluronique contenue dans une structure
fibreuse très lâche. L’intégrité de cet espace de Reinke est essentielle en ce qui Épithélium pavimenteux simple
concerne la qualité de la vibration de la muqueuse du pli vocal, et par conséquent, (une seule couche).
la qualité du timbre vocal.

Principaux rapports du larynx (fig. 4-17)


En avant, le larynx entre en rapport avec le corps thyroïde. Les lobes latéraux
de cette glande recouvrent le cartilage cricoïde et la partie postérieure du cartilage
thyroïde.
Latéralement et à distance, le rapport principal est constitué par l’artère carotide
et la veine jugulaire interne.
En arrière, le larynx répond en bas à la bouche œsophagienne, plus haut à
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

l’hypopharynx. Plus latéralement, on trouve les sinus piriformes.


d

Épithélium pavimenteux stratifié


* non kératinisant.

➤ Fig. 4-18

Divers types d’épithélium.

Chapitre 4

79
La voix Tome 1

Appareil suspenseur du larynx


Avant d’aborder l’étude des muscles de l’appareil suspenseur du larynx, nous
donnerons une brève description de l’os hyoïde sur lequel la plupart de ces muscles
prennent une insertion.

L’os hyoïde
L’os hyoïde est un demi anneau osseux concave vers l’arrière, situé juste au-
dessus du cartilage thyroïde auquel il est relié par des ligaments (fig. 4-6). Cet os
a la particularité d’être le seul à n’être articulé directement à aucun autre.
Il présente à étudier une pièce centrale, le corps prolongé en arrière par les
grandes cornes, surmonté en haut par les petites cornes (fig. 4-19).
Le corps est une lame osseuse quadrilatère aplatie d’avant en arrière.
Sa face antérieure est divisée en deux parties par une crête transverse :
– la partie supérieure plus petite regarde en haut et en avant ;
– la partie inférieure regarde directement en avant.
Sa face postérieure est régulièrement concave.
Les grandes cornes prolongent le corps de chaque côté. Elles se dirigent en
arrière en dehors et en haut. Elles se terminent par un renflement : le tubercule de
la grande corne.
Les petites cornes sont de petites saillies osseuses qui prennent naissance à
l’union des bords supérieurs du corps et de la grande corne.

Grande corne

Petite corne

Crête transverse

Corps

Vue de face et d’en haut

Petite corne

Crête transverse
Grande corne
➤ Fig. 4-19
Corps
Os hyoïde.

Les muscles de l’appareil suspenseur du larynx


ou muscles laryngés extrinsèques (fig. 4-20)
Comme nous l’avons dit au chapitre 2 (vue d’ensemble), ces muscles constituent
des bretelles à trois branches permettant au larynx d’effectuer les mouvements de
déplacements verticaux incessants qui ont lieu au cours de l’émission de la parole.

Chapitre 4

80
Anatomie et physiologie du larynx

Muscle digastrique
(Ventre postérieur)

Muscle stylo-hyoïdien
Muscle digastrique (Ventre antérieur)

Tendon intermédiaire du muscle digastrique

Muscle omo-hyoïdien

Muscle thyro-hyoïdien

Muscle sterno-cléido-hyoïdien
(Sterno-hyoïdien) attiré vers l’avant

Muscle sterno-thyroïdien

➤ Fig. 4-20

Appareil suspenseur du larynx (bretelle inférieure et bretelles supérieures).


© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

Ces muscles se divisent en deux groupes : les muscles sous-hyoïdiens, d’une part,
qui constituent les bretelles inférieures rattachant le larynx à la partie supérieure du
thorax ; les muscles sus-hyoïdiens, d’autre part, qui constituent les bretelles supérieures
et antérieures du larynx reliant celui-ci à la base du crâne et à la mâchoire inférieure.

◗ Muscles sous-hyoïdiens (fig. 4-20 et 4-21)


Quatre muscles relient l’os hyoïde et le cartilage thyroïde, en haut, à la clavicule
et au sternum, en bas. Ils forment un plan profond (sterno-thyroïdien et thyro-
hyoïdien) et un plan superficiel (sterno-cléido-hyoïdien et omo-hyoïdien).

Chapitre 4

81
La voix Tome 1

Muscle mylo-hyoïdien
Raphé médian
Muscle hyo-glosse Ventre postérieur du muscle digastrique
Muscle génio-hyoïdien Ventre antérieur du muscle digastrique
(visible grâce à une boutonnière
Muscle stylo-hyoïdien
pratiquée dans le muscle mylo-hyoïdien)

{
muscle sterno-cléido-hyoïdien
Plan superficiel (Sterno-hyoïdien)
muscle omo-hyoïdien
(sectionnés)

{
muscle thyro-hyoïdien
Muscle omo-hyoïdien (Ventre antérieur)
Plan profond
muscle sterno-thyroïdien
Muscle sterno-cléido-hyoïdien
(Sterno-hyoïdien)

Muscle cléido-mastoïdien
(sectionné)
Muscle sterno-thyroïdien Muscle omo-hyoïdien
(Ventre postérieur)

Muscle cléido-occipital Clavicule


(sectionné) Fourchette sternale
(Incisure jugulaire)

➤ Fig. 4-21

Muscles sus et sous-hyoïdiens.

Chapitre 4

82
Anatomie et physiologie du larynx

PLAN PROFOND
■ Le sterno-thyroïdien
Ce muscle naît en bas de la face postérieure du manubrium sternal et sur la
partie interne du premier cartilage costal.
Il se dirige verticalement vers le haut, un peu oblique en dehors : il monte en
s’écartant du sterno-thyroïdien opposé (formant un V avec lui).
Il croise le corps thyroïde et s’insère sur les deux tubercules de la face externe
de la lame thyroïdienne et sur la ligne oblique (oblique en bas et en dedans) qui les
unit.

■ Le thyro-hyoïdien
Ce muscle continue le précédant au-dessus du cartilage thyroïde. Comme lui, il
s’insère sur les tubercules de la face externe de la lame thyroïdienne et la ligne
oblique qui les relie.
Il se dirige verticalement un peu oblique en dedans, cheminant au contact de la
membrane thyro-hyoïdienne.
Il se termine au bord inférieur du corps de l’os hyoïde dans son tiers externe et
sur la face inférieure de la grande corne.

PLAN SUPERFICIEL
■ Le sterno-cléido-hyoïdien
En bas, ce muscle s’insère sur la clavicule sur le bord de son extrémité interne,
sur le ligament sterno-claviculaire et sur la partie voisine du manubrium sternal.
Il se dirige en montant verticalement, un peu oblique en dedans.
Il s’insère en haut sur le bord inférieur de l’os hyoïde, en croisant superficielle-
ment le cartilage thyroïde.

■ L’omo-hyoïdien
L’omo-hyoïdien est un muscle digastrique (il est composé de deux « ventres »).
Il naît au bord supérieur de l’omoplate.
Se dirigeant obliquement en avant, en dedans et en haut, il croise les scalènes
et passe en arrière du sterno-cléido-hyoïdien.
En haut, il s’insère sur le bord inférieur de l’os hyoïde, juste en arrière du
précédent.

◗ Muscles sus-hyoïdiens (fig. 4-22)


Ces muscles, au nombre de quatre, constituent également, comme nous l’avons
dit, la bretelle supérieure de l’appareil suspenseur du larynx (stylo-hyoïdien et ventre
postérieur du digastrique) et la bretelle antérieure (mylo-hyoïdien, génio-hyoïdien
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

et ventre antérieur du digastrique) de ce même appareil suspenseur.


Avant d’aborder l’étude de ces muscles, il sera bon de jeter un coup d’œil sur la
description de la face interne de l’os maxillaire : inférieur, ainsi que sur le schéma
correspondant (fig. 5-3).

■ Le génio-hyoïdien (fig. 4-21 et 4-23)


C’est le muscle le plus profond. Il s’insère en avant sur l’apophyse géni-inférieure
(située sur la face interne du corps du maxillaire inférieur en sa partie médiane
près du bord inférieur).
Il s’élargit en allant vers l’arrière et vers le bas.
Il s’insère en bas sur la face antérieure du corps de l’os hyoïde.

Chapitre 4

83
La voix Tome 1

Apophyse styloïde
(Processus styloïde)

Apophyse mastoïde Mylo-hyoïdien


(Processus mastoïde)

Ventre antérieur du digastrique

Ventre postérieur du digastrique Hyo-glosse

Tendon intermédiaire
Muscle stylo-hyoïdien
Expansion tendineuse du digastrique

➤ Fig. 4-22

Muscles sus-hyoïdiens.

Apophyse coronoïde
(Processus coronoïde)

Génio-glosse sectionné

Condyle
(Processus condylaire)
Génio-hyoïdien

Mylo-hyoïdien

Angle de la mâchoire (face interne)


(Angle de la mandibule, face médiale)

Grande corne de l’os hyoïde (bord supérieur)

➤ Fig. 4-23

Muscles mylo-hyoïdien et génio-hyoïdien (vue supérieure).

Chapitre 4

84
Anatomie et physiologie du larynx

■ Le mylo-hyoïdien (fig. 4-21, 4-22 et 4-23)


Large et mince, ce muscle s’insère sur la ligne mylo-hyoïdienne à la face posté-
rieure du corps du maxillaire inférieur. Ses fibres se dirigent en dedans et en bas
et vont s’insérer :
– les antérieures, en s’unissant à celles du côté opposé sur le raphé médian ;
– les postérieures sur la face antérieure et le bord inférieur du corps de l’os hyoïde.
Il constitue un plancher sur lequel reposent le muscle génio-hyoïdien en dedans
et la glande sub-linguale en dehors.
■ Le digastrique (fig. 4-20 et 4-22)
Le muscle digastrique comprend un ventre postérieur et un ventre antérieur
unis par un tendon intermédiaire.
Le ventre postérieur s’insère en arrière dans une gouttière située à la face interne
de l’apophyse mastoïde : la rainure du digastrique.
Ce ventre descend obliquement en avant et en bas en direction de la petite corne
de l’os hyoïde pour former le tendon intermédiaire. Celui-ci passe à travers le
tendon du stylo-hyoïdien (qui s’insère sur l’os hyoïde) en émettant des fibres en
direction de l’os hyoïde et du tendon intermédiaire opposé.
Le ventre antérieur naît de la fossette du digastrique (à la face postérieure du
maxillaire inférieur). Il se dirige obliquement en bas et en arrière pour s’insérer
sur le tendon intermédiaire qui le relie au ventre postérieur du digastrique.
■ Le stylo-hyoïdien (fig. 4-20 et 4-21)
Ce muscle est situé en avant et en dedans du ventre postérieur du digastrique
parallèlement à lui.
Il s’insère en haut sur la partie postéro-externe de l’apophyse styloïde.
Il se termine en bas sur la face antérieure du corps et sur la partie voisine de la
grande corne de l’os hyoïde.
Action et innervation des muscles sus- et sous-hyoïdiens
Les muscles extrinsèques sus- et sous-hyoïdiens sont responsables des mouve-
ments verticaux du larynx.
Pour les muscles sous hyoïdiens qui sont abaisseurs du larynx, et indirectement
abaisseurs de la mâchoire, ils sont innervés par la branche descendante du XII (nerf
grand hypoglosse) anastomosée avec le plexus cervical profond et en particulier
avec le deuxième nerf cervical.
Pour les muscles sus-hyoïdiens qui sont élévateurs du larynx, le muscle génio-
hyoïdien est innervé par la branche descendante du XII, le muscle mylo-hyoïdien
et le ventre antérieur du digastrique sont innervés par le nerf mylo-hyoïdien issu
de la branche motrice du V (nerf trijumeau). Le ventre postérieur du digastrique
et le stylo-hyoïdien quant à eux sont innervés par le VII (nerf facial).
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

Chapitre 4

85
La voix Tome 1

Physiologie phonatoire du larynx


Le larynx est d’abord un organe destiné à fermer la trachée. Dans l’effort violent
et inhabituel par exemple, le sujet inspire puis bloque sa respiration en fermant la
glotte, ce qui permet un appui meilleur de la musculature du thorax.
Dans la déglutition, la glotte se ferme également pour s’opposer au passage
d’aliments dans la trachée, conjointement avec l’abaissement de l’épiglotte.
C’est secondairement que le larynx au cours de l’évolution animale a acquis un
rôle vocal. C’est seulement ce dernier rôle que nous envisagerons dans ce sous-
chapitre.
Théories de la mécanique phonatoire du larynx
◗ Historique
Dès l’Antiquité, on s’est efforcé d’expliquer le fonctionnement des organes vocaux au moyen
de comparaisons avec les instruments de musique.
Au IIe siècle après J.-C., Galien compare l’organe vocal à une flûte dont le corps serait cons-
titué par la trachée.
À la Renaissance, Fabrice d’Aquapendente rectifie cette opinion en affirmant que si le larynx
joue bien le rôle de l’embouchure de la flûte, c’est le canal pharyngo-buccal qui en constitue
le corps et non la trachée.
En 1741, Ferrein expérimente sur le cadavre et conclut que dans le larynx existent des forma-
tions comparables à des cordes de violon vibrant sous l’action du courant d’air pulmonaire
qui joue le rôle de l’archet. Il montre qu’en agissant sur la tension de ces « cordes vocales »,
on obtient des sons plus ou moins aigus. On sait la fortune qu’a rencontré, malgré son carac-
tère inapproprié, le terme de corde vocale proposé par Ferrein !
En 1814, Liskovius démontre que le mouvement vibratoire de la « corde vocale » est surtout
horizontal : sa démonstration repose sur le fait que lorsqu’on attouche une corde vocale avec
un stylet, on ne modifie pas notablement le son produit.
En 1825, Savart et Lootens s’intéressent au ventricule qui joue pour eux un rôle prédomi-
nant. La voix serait engendrée par des phénomènes tourbillonnaires au niveau du ventricule.
Ils comparent le larynx à l’appeau des oiseleurs (petit instrument utilisé par les chasseurs
qui sert à contrefaire des chants d’oiseaux).
En 1831, Muller attribue à la « corde vocale inférieure » la signification d’une anche vibrante.
Cette affirmation provoque de nombreuses discussions, le problème étant de décider si c’est
la corde ou l’air qui vibre dans le larynx, et si l’on doit comparer le larynx à une clarinette
ou à un tuyau d’orgue.
En 1898, Ewald décrit la théorie myo-élastique.
En 1950, Husson critiquant la théorie d’Ewald décrit la théorie neuro-chronaxique.
À partir de 1953, cette dernière théorie est fortement combattue par de nombreux auteurs
(Perellò, Vallancien, Smith et Van den Berg, Cornut et Lafon…) et l’on aboutit ainsi à un
renouvellement de la théorie myo-élastique, sous les noms de théorie muco-ondulatoire
(Perelló, 1962) ou de théorie myo-élastique complétée (Vallancien, Van den Berg 1963) ou
de théorie impulsionnelle (Cornut et Lafon,1960).
En 1968, Mac Leod et Sylvestre s’inspirant de la physiologie du muscle des ailes d’insectes
décrivent la théorie neuro-oscillatoire.
En 1974, Hirano analyse l’incidence de la structure du pli vocal sur la production phonatoire
en distinguant les rôles du corps du pli vocal (body) constitué par le muscle vocal et celui de
son revêtement (cover) constitué par sa muqueuse..
En 1981, enfin, Dejonckère, tenant compte des conceptions de Hirano, décrit la théorie
oscillo-impédancielle de la vibration des plis vocaux.
Nous étudierons les plus récentes de ces théories c’est-à-dire celles qui se succèdent où se
complètent mutuellement depuis la fin du XIX e siècle.
◗ Théorie myo-élastique (Ewald, 1898)

PRINCIPES
Cette théorie est caractérisée par deux notions importantes :
– la vibration des plis vocaux y est considérée comme passive ;
– les caractéristiques du son émis dépendent exclusivement de la pression sous-
glottique et de la tension des plis vocaux.

Chapitre 4

86
Anatomie et physiologie du larynx

Le dessin de la figure 4-24 (dû à Grémy en 1968) permet plus facilement de se


faire une idée de la mécanique phonatoire selon la théorie myo-élastique.
La trachée y est représentée par un tube (1). Les plis vocaux par des pièces
métalliques (2) maintenues dans des gorges horizontales (3) dans lesquelles elles
peuvent coulisser. Un ressort placé entre le fond de la gorge et la pièce métallique
repousse celle-ci vers l’autre pièce. Ce ressort représente la force élastique des plis
3
vocaux qui tend à provoquer leur accolement. 2
Au départ, le tuyau est ainsi obturé, (la glotte est fermée) et l’on suppose que
cette obturation est hermétique.
Détail important : comme on le voit sur le schéma, l’arête inférieure et interne
de chaque pièce métallique est taillée en biseau (ce qui correspond à l’aspect en 1
ogive de la sous-glotte).
Si l’on augmente la pression aérienne dans le tuyau au moyen d’une soufflerie
(jouant le rôle des poumons), cette pression (représentant la pression sous-
glottique) va exercer sur le biseau des pièces métalliques une force telle qu’elle va ➤ Fig. 4-24
tendre à écarter les pièces métalliques (c’est-à-dire les plis vocaux). Cependant, cet
écartement aura une durée limitée (une très petite fraction de seconde seulement). Représentation de la mécanique
En effet, cet écartement permet à une petite quantité d’air de s’échapper, ce qui laryngée selon la théorie myo-élastique,
d’après Grémy.
détermine immédiatement une diminution de la pression qui règne sous les pièces
métalliques (diminution de pression sous-glottique). Les ressorts (figurant l’élasticité 1) Tube représentant la trachée.
2) Pièce métallique représentant le pli
des plis vocaux) jouent alors leur rôle de force de rappel et provoquent un nouvel acco- vocal.
lement des pièces métalliques (fermeture de la glotte). Comme la soufflerie est toujours 3) Ressort figurant la force de rappel
en action, la pression sous-glottique augmente à nouveau provoquant l’enchaînement résultant de l’élasticité du pli vocal.
des mêmes phénomènes c’est-à-dire : ouverture de la glotte → échappement d’un 4) À droite, en trait pointillé, coupe
« puff » d’air → diminution de pression sous-glottique → entrée en action de la force frontale de l’hémilarynx correspondant.
de rappel → fermeture de la glotte → augmentation des pressions sous-glottiques…
et ainsi de suite, le cycle se produisant un plus ou moins grand nombre de fois par
seconde. Chaque « puff » d’air créant ainsi une onde de pression qui se propage dans la
cavité pharyngo-buccale. La fréquence de ces « puffs » détermine la fréquence du son
émis (hauteur tonale), 250 fois par seconde pour un DO 3 par exemple.
CRITIQUES
Husson, auteur de la théorie neuro-chronaxique de la phonation, fait remarquer
que selon la théorie myo-élastique, il est impossible d’expliquer comment on peut
faire varier l’intensité d’un son sans modifier en même temps sa hauteur.
Si, en effet, dans le larynx selon Ewald, on augmente la tension des plis vocaux,
on doit, pour que la vibration continue de se produire, augmenter parallèlement la
pression sous-glottique. On obtient alors un son qui est à la fois plus intense et plus
aigu. Il serait physiquement impossible dans ces conditions d’exécuter un son
« filé », c’est-à-dire un son prolongé sur une note donnée dont l’intensité décroît
jusqu’à s’éteindre, ce qui fait partie des possibilités normales du larynx humain.
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

Notons que cet asservissement obligatoire de l’intensité et de la hauteur est assez


caractéristique de la voix des bovins dont on entend le beuglement monter en même
temps qu’il devient plus fort, puis descendre en même temps qu’il s’éteint.
◗ Théorie neuro-chronaxique (Husson)

PRINCIPES
Pour Husson, le larynx est une sirène à démasquage périodique. Les plis vocaux
y jouent un rôle actif. La fréquence de leur vibration (donc la hauteur du son) est
imposée par la fréquence des influx moteurs leur parvenant par le récurrent.
Ainsi, le mécanisme qui règle la hauteur des sons (fréquence des influx récurrentiels)
serait indépendant du mécanisme qui règle l’intensité des sons (pression sous-glottique).

Chapitre 4

87
La voix Tome 1

LA CORDE VOCALE SELON GŒRTTLER (voir p. 71)


La théorie de Husson repose sur une conception particulière de l’anatomie
microscopique du muscle du pli vocal, d’après les travaux histologiques de Gœrttler
(1950). Pour Gœrttler, comme nous l’avons dit, la couche interne du muscle thyro-
aryténoïdien est composée de deux muscles : thyro-vocal et ary-vocal, qui s’insè-
rent, respectivement, le premier sur la face postérieure du cartilage thyroïde en
avant, sur le bord du pli vocal en arrière (angle rentrant du ligament vocal), le
second sur l’apophyse vocale en arrière et sur le bord libre du pli vocal en avant,
où ses fibres s’entrecroisent en dent de peigne avec celles du premier (fig. 4-14).

LE « COUP POUR COUP » RÉCURRENTIEL


Pour Husson, lorsqu’un « potentiel d’action » (influx nerveux) parvient aux plis
vocaux en provenance du nerf récurrent, les fibrilles des muscles ary-vocaux et
thyro-vocaux se contractent (et donc se raccourcissent). Le bord libre de chaque
pli s’incurve alors vers l’extérieur, les deux plis vocaux se trouvant ainsi, pour un
très court instant, décollés l’un de l’autre. Une petite quantité d’air sous-glottique
s’insinue alors entre eux, s’échappant vers le pavillon pharyngo-buccal sous l’effet
de la pression sous-glottique, avant que la décontraction des fibres musculaires
ary-vocales et thyro-vocales ne vienne, une fraction de seconde plus tard, provo-
quer la fermeture de la glotte par accolement des plis vocaux. Cet accolement ne
cessera qu’une fraction de seconde plus tard lorsqu’un nouveau potentiel d’action
récurrentiel atteindra les fibres musculaires des plis vocaux.
Autrement dit, chaque fois que les plis vocaux s’écarteront sous l’influence d’un
potentiel d’action récurrentiel, un peu d’air fusera à travers la glotte et produira une
élévation de pression au sein de la cavité pharyngo-buccale. La fréquence des varia-
tions de pression, c’est-à-dire la fréquence du son émis qui correspond à la fréquence
des ouvertures glottiques, se calque ainsi, pour Husson, sur la fréquence des poten-
tiels d’action récurrentiels. C’est le principe du coup pour coup récurrentiel.

UNE CONSÉQUENCE THÉORIQUE DES CONCEPTIONS DE HUSSON :


L’EXPLICATION DES REGISTRES VOCAUX
En principe, un nerf ne peut pas transporter plus de 300 potentiels d’action par
seconde, du fait de l’existence d’une phase réfractaire pendant laquelle il est
inexcitable.
Husson admet cependant que le nerf récurrent par exception peut transporter
jusqu’à 500 potentiels d’action par seconde. Cela permet d’expliquer la production
du registre grave ; 500 Hz est approximativement en effet la fréquence du contre-
ut du ténor qui constitue la limite supérieure de ce registre grave (dit de poitrine).
Restait à expliquer le registre aigu (dit de tête), qui peut atteindre 1500 Hz. Husson
suppose alors que le registre grave correspond à un fonctionnement en registre
monophasé, toutes les fibres des muscles ary- et thyro-vocal fonctionnant dans ce
cas simultanément. Pour le registre aigu, Husson suppose qu’il se produit dans le
nerf récurrent un phénomène de bi-phasage : les fibres du nerf récurrent ainsi que
les fibrilles du muscle vocal seraient alors divisées en deux groupes susceptibles de
travailler en alternance.
Le passage du registre de poitrine au registre de tête (ou de fausset) résulte ainsi
pour Husson du passage du régime monophasé au régime biphasé (permettant
d’atteindre la fréquence de 1 000 par seconde ce qui correspond approximativement au
Do5). Un régime triphasé permettrait d’atteindre la fréquence de 1 000 à 1 500 (Sol5) et
exceptionnellement un régime quadriphasé permettrait d’atteindre 2 000 (Do6).

Chapitre 4

88
Anatomie et physiologie du larynx

Cette notion de polyphasage possible dans la conduction nerveuse a été inspirée


à Husson par une conception analogue (et non confirmée) concernant le nerf acous-
tique : la « Volley theory » de Wever.

CONSÉQUENCES PRATIQUES DES CONCEPTIONS DE HUSSON


La théorie neuro-chronaxique entraîne, sur le plan pratique, les conséquences
suivantes :
– pour le classement vocal, Husson a proposé l’examen de la chronaxie 3 du nerf spinal
supposé identique à celle du nerf récurrent. Pour lui, en effet, les possibilités vocales
d’un chanteur dépendent uniquement de l’excitabilité du nerf récurrent ;
– pour la technique vocale, une importance considérable est donnée à la concentra-
tion mentale sur le son à émettre, le problème de la technique du souffle étant jugé
très secondaire. La concentration mentale est la seule chose intéressante à cultiver :
d’elle dépend la qualité des influx récurrentiels produits par le cerveau (« genèse
encéphalique ») ;
– la thérapeutique des maladies vocales sera essentiellement neurologique.

CRITIQUES
La théorie neuro-chronaxique de Husson est séduisante pour trois raisons. Premiè-
rement, elle donne la première place au système nerveux, ce qui lui confère une aura
scientifique certaine. Deuxièmement, elle fournit une explication ingénieuse du phéno-
mène des registres vocaux. Troisièmement enfin, elle propose une solution simple et
élégante au problème du classement des voix. Cela explique que, même si actuellement
elle ne peut pas être retenue comme valable, cette théorie continue à avoir la faveur de
certains professionnels de la voix chantée. À ce titre, autant que pour son intérêt histo-
rique, elle mérite d’être connue par tous ceux qui s’intéressent à la voix.
L’électromyographie des plis vocaux ne met cepedant en évidence que des
potentiels d’action de fréquence relativement peu élevée. L’homorythmie entre ces
potentiels d’action et le son émis n’est pas retrouvée.
Par ailleurs, l’étude de la dynamique des ouvertures et des fermetures laryngées
observées en cinématographie ultra-rapide ne donne pas l’impression d’une ouver-
ture active (Timcke).
Quant à la principale critique concernant la dépendance hauteur/intensité, certains
auteurs comme Vallancien et Van den Berg… ont répondu à cette critique en indiquant
que l’indépendance hauteur/intensité pouvait être obtenue en jouant sur l’épaisseur et
donc sur la masse du pli vocal en vibration, grâce à un ajustement automatique dû à
l’existence, dans la muqueuse de la sous-glotte, d’organes sensoriels sensibles à la pres-
sion sous-glottique, les baro-récepteurs, organes susceptibles d’engendrer, par
rapport à cette pression, les réflexes régulateurs adéquats.
On peut, d’autre part, comparer le travail des plis vocaux au travail des lèvres
d’un trompettiste ou d’un tromboniste dans son embouchure. Damste a montré
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

qu’il s’agissait d’une analogie très valable en filmant les lèvres d’un tromboniste à
travers une embouchure transparente. Trompettistes et trombonistes réalisent des
sons filés par une telle variation d’épaisseur de leurs lèvres.
On remarquera enfin que la théorie de Husson n’accorde aucun rôle à la
muqueuse des plis vocaux. Le larynx de Husson est un larynx écorché. Lorsqu’on
connaît l’incidence de l’altération de la muqueuse dans la pathologie vocale, on ne
peut que mettre fortement en doute la validité de cette théorie.

3. La chronaxie d’un nerf est le temps en milli-secondes nécessaire pour qu’un courant, dont l’intensité
est le double de la rhéobase, entraîne une activité musculaire. La rhéobase est, quant à elle, l’intensité
minimum nécessaire au déclenchement de cette activité lorsque le temps de passage du courant n’est
pas limité. La mesure de la chronaxie d’un nerf renseigne sur le degré d’excitabilité de celui-ci.

Chapitre 4

89
La voix Tome 1

◗ Théorie muco-ondulatoire (Perellò) et théorie


myo-élastique complétée (Van den Berg, Vallancien)

POINT DE DÉPART DES RECHERCHES


Ces théories sont nées en réaction à la théorie neuro-chronaxique dont l’avènement,
au début des années 1950, a relancé la recherche en matière de physiologie laryngée.
D’une part, les expériences sur lesquelles cette théorie se fondait sont reprises et leurs
résultats critiqués et ramenés à des erreurs d’expérimentation ou à des « artefacts ».
D’autre part, de nouvelles expériences sont entreprises en vue de pallier les
insuffisances de la théorie myo-élastique. Certains auteurs font appel à la cinéma-
tographie ultra-rapide (Vallancien) ou à l’électromyographie laryngée (Faaborg-
Andersen). D’autres construisent des modèles artificiels de larynx (Smith), d’autres
encore proposent des analogies avec des systèmes mécaniques fonctionnant
comme des oscillateurs à relaxation (Cornut-Lafon).
Perellò, lui, part de constatations cliniques qui cadrent mal avec la théorie neuro-
chronaxique. Certains faits qu’il rapporte témoignent en effet de l’importance dans la
phonation de la muqueuse du larynx que la théorie de Husson néglige totalement.
Ces faits cliniques sont les suivants :
– la muqueuse du larynx est douée d’une grande laxité qui explique la fréquence
des œdèmes laryngés en pathologie (œdème sous-glottique de l’enfance, œdème de
Reinke…) ;
– la sècheresse de la muqueuse des plis vocaux due à un changement climatique,
au chauffage intense, à l’air climatisé… est susceptible de produire une dysphonie ;
– dans la laryngite sèche, qui produit un vernis sur les plis vocaux, la voix
s’améliore instantanément par application d’un produit détruisant ce vernis
(alpha-chymotrypsine) ;

➤ Fig. 4-25

Schéma représentant
les mouvements des plis vocaux
et l’ondulation muqueuse durant
chaque cycle vibratoire,
selon Schönhärl.
• En 1 la glotte est ouverte.
• Au milieu on voit : l’image
laryngoscopique de l’ouverture
glottique.
• À gauche, au même moment on voit :
la coupe frontale du larynx.
• À droite on voit : le point
correspondant sur le tracé
électroglottographique.
• En 5 on a les mêmes images en phase
de fermeture glottique.

Chapitre 4

90
Anatomie et physiologie du larynx

– une discrète inflammation des plis vocaux produit une altération vocale
importante ;
– la dysphonie pré-menstruelle est produite par un épaississement de la couche
superficielle de la muqueuse du bord du pli vocal ;
– l’examen stroboscopique montre parfois une vibration normale d’un pli vocal
paralysé par section du nerf récurrent.
Perellò fait remarquer, d’autre part, que ce que l’on appelle vibration des plis
vocaux se présente en fait à l’observation stroboscopique et en cinématographie
ultra-rapide comme une ondulation de leur muqueuse.
Cette ondulation se dirige, pendant la phonation, de la sous-glotte à l’entrée du
ventricule. Sous l’influence du courant d’air, la muqueuse des plis vocaux semble
être agitée et onduler à la manière d’un tapis secoué.
On a montré qu’effectivement la fermeture glottique commence à la partie infé-
rieure de la glotte avant de se propager à la partie supérieure, tandis que le
décollement s’amorce à la partie inférieure (fig. 4-25).

LA LOI DE BERNOUILLI
La théorie muco-ondulatoire et la théorie myo-élastique complétée expliquent
ce qui se passe dans le larynx en se référant au phénomène de Bernouilli.
Rappelons ici ce phénomène classique de la physique des fluides. Lorsqu’on fait
circuler un fluide, par exemple de l’eau, dans un tube dont le diamètre varie, on observe,
d’une part, une diminution de la vitesse d’écoulement dans les parties du tube dont le
diamètre est plus grand, ce qui se comprend fort bien, et d’autre part, ce qui est moins
évident, une diminution de la pression dans les parties du tube dont le diamètre est
plus petit et où la vitesse est, par conséquent, plus grande (fig. 4-26 et 4-27).

Le schéma ci-contre représente un tube à ➤ Fig. 4-26


section variable. Dans la partie horizontale de
ce tube sont branchées des dérivations Schéma de l’effet Bernouilli.
verticales où le liquide va pouvoir monter
proportionnellement à sa pression. La pression d’un fluide circulant
On observe que le liquide monte d’autant moins dans la canalisation est d’autant
haut que la section du tube est plus étroite. plus basse que le diamètre
Si l’on élève la vitesse de circulation du liquide,
on pourra même obtenir pour les sections plus de la canalisation est plus réduit.
étroites une pression négative entraînant une
aspiration d’air dans la tubulure.

➤ Fig. 4-27

Schéma de la trompe à eau.


© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

La pression négative qui conformément


au principe de Bernouilli règne au niveau
du rétrécissement de la canalisation
constituant la trompe à eau permet
d’aspirer l’eau contenue dans un
récipient placé en contre-bas.
Il devient ainsi possible de vider une
baignoire dépourvue de système de
vidange, en utilisant une prise d’eau.

Chapitre 4

91
La voix Tome 1

APPLICATION À LA CINÉTIQUE LARYNGÉE


Si l’on observe une coupe frontale du larynx, on constate que la glotte constitue
un rétrécissement du conduit aérien tout à fait comparable au rétrécissement qui
existe au niveau du branchement de la trompe à eau.
Lorsqu’un courant d’air suffisamment rapide circule à travers la glotte entrou-
verte, il se produit obligatoirement une baisse de la pression de l’air à ce niveau.
Cette dépression est susceptible d’entraîner l’accolement de la muqueuse des
plis vocaux (ce phénomène est appelé parfois rétro-aspiration de la muqueuse).
Mais lorsque cet accolement est réalisé, la glotte se trouve fermée, d’où disparition
de la dépression qui résultait du courant d’air.
Cette pression sous-glottique, en augmentant, provoque l’ouverture de la glotte,
d’où nouveau courant d’air (durant une fraction de seconde), d’où dépression au
niveau de la glotte et nouvelle rétro-aspiration de la muqueuse, et ainsi de suite.
On voit de plus que l’écartement des plis vocaux qui commence, comme nous
l’avons dit, à la partie inférieure de la glotte s’effectue d’une façon assez douce alors
que le rapprochement qui suit s’effectue de manière plus brusque. Cela est évidem-
ment dû au fait que la dépression intra-glottique croît parallèlement au
rétrécissement progressif de la fente glottique et à la vitesse du flux d’air qui en
résulte.

◗ Théorie impulsionnelle (Cornut, Lafon)


Cornut et Lafon notent tout d’abord que le fonctionnement laryngé s’explique
parfaitement à partir des trois éléments que sont la force de fermeture glottique,
la pression sous-glottique et la force de rappel due à l’effet Bernouilli, sans qu’il y
ait lieu de faire appel à un mécanisme asservissant la fréquence vocale à celle des
influx moteurs récurrentiels. Ils font en outre remarquer que le fonctionnement
laryngé doit être essentiellement envisagé non pas comme fréquentiel mais comme
impulsionnel. Les plis vocaux en effet ne vibrent pas comme peuvent le faire une
corde de violon ou une branche de diapason. Le larynx, dont le fonctionnement se
manifeste (du moins dans le registre de poitrine) par une alternance de fermetures
et d’ouvertures, peut être assimilé à un oscillateur à relaxation produisant rythmi-
quement des impulsions.
Lorsqu’on ralentit progressivement la vitesse d’une bande magnétique où l’on
a enregistré un son vocal émis dans le registre de poitrine, on observe d’abord un
abaissement de la hauteur de ce son puis ce son est remplacé par une succession
de coups séparés dont l’écart augmente avec le ralentissement. Chacun de ces
coups, dont le bruit est « comparable à celui d’une bulle qui éclate à la surface d’un
liquide pateux », correspond à une impulsion laryngée.
La notion d’impulsion laryngée est importante en ce qui concerne la physiologie
de la parole. En effet, les impulsions laryngées déterminent une succession de brus-
ques variations de pression, susceptibles d’exciter les cavités sus-glottiques (les
résonateurs). Les phénomènes acoustiques correspondant à la parole sont mieux
expliqués si l’on tient compte de cet aspect impulsionnel du fonctionnement laryngé.
Par ailleurs, il a été récemment démontré (Giovanni A. et coll.) que la stabilité
de la vibration glottique dépend directement de la force de synchronisation des plis
vocaux. Cette donnée expérimentale s’inscrit tout à fait dans une conception du
fonctionnement glottique en tant qu’oscillateur à relaxation.

◗ Théorie neuro-oscillatoire (Mac-Léod et Sylvestre)


Cette théorie, décrite en 1968, affirme, comme celle de Husson, que la vibration
du pli vocal est un phénomène résultant directement de l’activité du muscle vocal.

Chapitre 4

92
Anatomie et physiologie du larynx

Ce muscle vocal est comparé par Mac-Léod au muscle des ailes d’insectes,
muscle dit « asynchrone ».
Le muscle asynchrone est caractérisé par la possibilité d’entrer en vibration,
pourvu que la charge qui lui est opposée soit « réactive » (et non simplement
« résistive », comme c’est le cas le plus habituel pour un muscle). Cette réactivité
résulte, dans le cas de l’insecte, de l’élasticité des structures thoraciques de celui-
ci (fig. 4-28).
➤ Fig. 4-28

Coupe schématique
d’un thorax d’insecte.
Par déformation rythmique du thorax,
Aile
le muscle entraîne un mouvement
vibratoire de l’aile de l’insecte. Le rythme
Muscle asynchrone de vibration du muscle est indépendant
du rythme des potentiels d’action
qui l’excitent (muscle asynchrone).

La fréquence des vibrations d’un muscle asynchrone dépend exclusivement de


la masse et de l’élasticité des structures en mouvement. Elle est indépendante de
la fréquence des influx nerveux qui parviennent à ce muscle.
Mac-Léod, par une série d’expériences, a montré qu’un tel fonctionnement était
envisageable au niveau du larynx.
Des arguments histologiques plaident en faveur de cette analogie entre les
muscles des ailes d’insectes et le larynx.
Il existe, d’une part, une analogie au niveau des membranes intra-fibrillaires.
L’innervation est, d’autre part, un peu semblable. Dans le muscle vocal comme dans
le muscle des ailes d’insecte en effet, chaque fibre nerveuse est terminée par
plusieurs synapses, ce qui semble justement nécessaire à l’activité rythmique.
L’intérêt de cette théorie est de répondre de façon plus satisfaisante aux criti-
ques faites à la théorie myo-élastique concernant l’énergie nécessaire à l’activité
phonatoire et de rendre inutile l’appel au phénomène de bi ou triphasage pour
expliquer les registres.
Il faut noter cependant qu’elle s’appuie sur la conception « gœrttlerienne » de
l’architecture du muscle vocal et garde de la théorie de Husson l’idée que le larynx
est une sirène à démasquage périodique où la muqueuse laryngée ne joue aucun
rôle important. Les remarques de Perellò s’appliquent donc à cette théorie comme
à celle de Husson.

◗ Théorie oscillo-impédancielle (Dejonckère)


Cette théorie apporte quelques compléments par rapport aux théories de Ewald
et de Cornut-Lafon en partant de l’idée que le larynx est en fait un oscillateur à
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

faible amortissement.
Reprenant en outre les conceptions de Hirano distinguant dans la structure du
pli vocal le corps (le muscle) et le revêtement (la muqueuse), Dejonckère ajoute
qu’il s’agit d’un oscillateur complexe. Ces deux structures anatomiques n’ayant pas
les mêmes caractéristiques mécaniques, on peut en effet parler ici d’oscillateur à
plusieurs composantes.
Dejonckère note par ailleurs un décalage de phase au cours du cycle vibratoire
entre l’élongation du pli vocal et l’onde de pression sous-glottique, ce décalage
entretenant l’oscillation en apportant à chaque cycle l’énergie nécessaire.
Dejonckère propose en outre l’équation suivante :
(pression sous-glottique)–(pression sus-glottique)=(débit transglottique)×(impédance glottique)

Chapitre 4

93
La voix Tome 1

Il ajoute que l’impédance glottique dépend :


– de la fréquence et de l’amplitude d’oscillation des bords libres des deux plis vocaux ;
– de la longueur de la partie vibrante de la glotte ;
– de l’orientation de l’axe d’oscillation du bord libre de chacun des plis vocaux ;
– de la durée de la phase d’accolement des plis vocaux.
Cette conception rend compte du fait que le rendement vocal diminue lorsque le tissu
du pli vocal perd sa souplesse pour des raisons pathologiques. Il rend compte également
du fait que des remaniements morphologiques tels que polypes ou nodules perturbent le
fonctionnement vocal en créant des sous-oscillateurs asymétriques surajoutés.
Dejonckère donne par ailleurs une explication au fait que les plis vocaux peuvent
vibrer sans s’accoler complètement. Il indique que lorsque l’ouverture glottique se
réduit lors de leur rapprochement, l’accroissement de la vitesse d’écoulement de l’air
crée dans certaines conditions des turbulences dans l’espace sus-glottique qui relancent
la vibration des plis vocaux avant que leur accolement n’ait pu se produire.

◗ Remarque
On voit que, progressivement, la compréhension de la mécanique laryngée s’est
affiné et a pris en considération des facteurs plus nombreux et plus complexes.
Il manque sans doute une synthèse générale tenant davantage compte des varia-
tions du timbre vocal. Les théories actuelles ne prennent guère en compte que
l’intensité et la tonalité.
Par ailleurs, on peut penser que l’importance relative de la pression sous-glot-
tique responsable de l’ouverture de la glotte et la dépression intraglottique
responsable de sa fermeture varient suivant le type de phonation émise. Une voix
fortement timbrée, voire hypertimbrée, s’explique assez bien selon la théorie myo-
élastique d’Ewald alors que, pour produire une voix de timbre plus doux, le phéno-
mène dit de rétro-aspiration de la muqueuse devient probablement prépondérant.

*
Incidence du fonctionnement laryngé
sur les qualités de la voix

◗ Facteurs résultant du comportement


des plis vocaux eux-mêmes (facteurs intrinsèques)
La voix est sous la dépendance de modifications physiques intéressant les plis
vocaux et concernant les points suivants.

TONUS
La contraction plus ou moins grande des muscles thyro-aryténoïdiens intervient
de façon majeure sur la qualité de la voix, en particulier en ce qui concerne le timbre
et l’intensité, comme nous le verrons plus loin.

ÉLONGATION (ou TENSION)


Il s’agit ici de l’étirement passif du pli vocal. Cet étirement résulte de l’action
du muscle crico-thyroïdien qui détermine, comme nous l’avons vu, la bascule du
cartilage thyroïde sur le cricoïde. Cette bascule entraîne l’éloignement des points
d’attache du pli vocal, qui est ainsi tendu passivement, s’allongeant de quelques
millimètres. Ce mécanisme d’élongation peut naturellement se superposer au
mécanisme de contraction précédent. Il intervient particulièrement dans la voix
chantée et permet d’exécuter ce que l’on appelle parfois la couverture des sons,
facilitant l’émission de la partie aiguë du registre dit de poitrine.

Chapitre 4

94
Anatomie et physiologie du larynx

Pour certains auteurs, l’étirement du pli vocal intervient principalement dans le


réglage de la hauteur tonale de la voix. Il intervient également dans le passage du
mécanisme 1 (registre dit de poitrine) au mécanisme 2 (registre dit de tête).

ÉPAISSEUR
Les plis vocaux sont susceptibles de s’amincir instantanément et peuvent ainsi
s’affronter tantôt comme d’épais bourrelets, tantôt comme des lames minces.
Conjointement avec l’élongation, ce changement d’épaisseur du pli détermine
comme nous le verrons le passage d’un mécanisme à l’autre.

MASSE MUSCULAIRE VIBRANTE


Le muscle du pli vocal (le corps selon Hirano) peut participer de façon variable au
mouvement vibratoire. Il peut être pratiquement bloqué, laissant vibrer la seule
muqueuse (le revêtement). Parfois, c’est seulement la frange du bord libre du pli vocal
qui vibre. La production du registre, dit « fry » ou « voix du conseiller », dont nous
parlons plus bas, s’explique probablement de cette façon. À moins que ce ne soit plutôt
l’augmentation de la masse vibrante par décontraction de celle-ci qui ne soit respon-
sable de l’important abaissement de la fréquence qui caractérise ce registre.

PRESSION D’ACCOLEMENT
Les plis vocaux peuvent être plus ou moins fortement pressés l’un contre l’autre.
Il est probable que l’action antagoniste des muscles crico-aryténoïdien postérieur
et crico-aryténoïdien latéral permet de doser cette pression d’accolement en agis-
sant de part et d’autre sur l’apophyse musculaire, provoquant ainsi par pivotement
de l’aryténoïde serrage ou desserrage au niveau de la pointe des apophyses vocales.
Notons que comme l’explique Dejonckère, les plis vocaux peuvent vibrer sans
entrer en contact, les bords de chaque pli s’éloignant et se rapprochant rythmique-
ment sans jamais se toucher, dans une sorte de mouvement de flottement. Il peut
encore exister un décollement incomplet des plis vocaux, celui-ci n’intéressant que
la partie antérieure et médiane de la glotte. Cela correspond à la vibration réduite
de Tarneaud ou au phénomène de damping de Pressmann.
Ces modalités particulières entraînent, comme nous le verrons, des modifica-
tions du timbre de la voix.

DURÉE DE LA PHASE D’ACCOLEMENT


La phase d’accolement correspond pour chaque cycle vibratoire, au moment
pendant lequel les plis vocaux sont complètement accolés, déterminant ainsi une
fermeture complète de la glotte (éventualité non obligatoire comme on l’a vu au
paragraphe précédent).
La durée de la phase d’accolement augmente avec le tonus, l’épaisseur et la pres-
sion d’accolement des plis vocaux. Elle entraîne un enrichissement du timbre de la
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

voix. On dit que ce timbre devient plus mordant.

◗ Facteurs extrinsèques
Il s’agit de facteurs qui concernent l’environnement immédiat du larynx et la
position de celui-ci. Ce sont :
– la pression sous-glottique ;
– la pression sus-glottique ;
– le débit d’air à travers la glotte ;
– le volume des cavités de résonance en notant qu’il est modifié entre autre chose
par les mouvements d’abaissement/élévation du larynx ;
– la pression atmosphérique ;

Chapitre 4

95
La voix Tome 1

– la densité des gaz contenus dans les poumons. Lorsque l’azote est remplacé par
de l’hélium comme cela se pratique en vue de la plongée à grande profondeur, la
voix émise est curieusement aiguë.
◗ Les trois qualités acoustiques de la voix
Comme on le voit, une multitude de phénomènes entrent en jeu et interagissent
au niveau du larynx pour donner à la voix humaine une variabilité très remarquable
lui permettant de s’adapter avec précision aux multiples circonstances où elle a à
se manifester. Toutes les variations de la voix se ramènent cependant à des modi-
fications des trois qualités acoustiques du « son vocal » : intensité, hauteur, timbre,
modifications isolées ou, plus fréquemment, associées entre elles.

INTENSITÉ
L’intensité d’un son et donc celle de la voix, traduit l’amplitude de la variation de
pression correspondant à ce son. On sait qu’un son résulte de la transmission dans le
milieu ambiant d’une variation périodique de pression, dans la mesure où la période se
situe dans le spectre audible (entre 30 cycles et 16 000 cycles par seconde).
L’intensité d’un son se traduit à l’enregistrement oscillographique par l’ampli-
tude des ondes du tracé (fig. 4-29).
L’intensité vocale varie en principe avec la pression sous-glottique et cela se
vérifie lorsque la voix est réalisée avec un rendement optimum (fig. 4-29). Il est
vrai également que l’on ne peut pas produire de sons puissants sans une pression
sous-glottique importante. Cependant, une pression sous-glottique importante
peut être contrebalancée par des contractions laryngées et sus-laryngées telles que
l’intensité vocale reste faible malgré cette importante pression sous-glottique.
D’après Husson, cette pression est égale à :
– 10 cm d’eau dans la conversation calme (30 dB) ;
– 60 cm d’eau dans le « chant de salon » (60 dB) ;
– 100 cm d’eau dans le cri d’appel (70 dB) ;
– 160 cm d’eau dans les pointes d’intensité chez un orateur dans un meeting (80 dB) ;
– 360 cm d’eau chez un premier ténor au maximum de sa puissance (120 dB).
HAUTEUR (ou HAUTEUR TONALE, ou FRÉQUENCE)
La « hauteur » d’un son exprime la fréquence de la variation de pression corres-
pondant à ce son. Elle se traduit sur l’enregistrement oscillographique par le
caractère plus ou moins serré des ondes du tracé (fig. 4-30).
La hauteur de la voix ou fréquence du son fondamental dépend directement de
la périodicité du mouvement des lèvres glottiques, c’est-à-dire, en pratique, du
nombre d’ouvertures glottiques par seconde, mais en notant bien, rappelons-le,
que la fermeture complète de la glotte n’est pas indispensable à la production du
son : si la fermeture glottique est incomplète, on aura simplement un son moins
timbré, comme nous le verrons plus bas.
La hauteur tonale utilisée par un sujet donné dépend – pour une part – de la taille
de son larynx. Plus les plis vocaux sont longs, plus la voix est, en principe, susceptible
d’être grave. Ainsi la voix d’un enfant dont les plis vocaux mesurent de 5 à 12 mm est
plus aiguë que celle d’une femme dont les plis mesurent de 14 à 18 mm, elle-même plus
aiguë que la voix d’un homme dont les plis vocaux mesurent de 18 à 25 mm.

L’ensemble des fréquences utilisables par un sujet est appelé étendue de la


voix. L’ensemble des fréquences utilisables en voix chantée est appelé tessiture.
Chez un chanteur bien entraîné, la tessiture peut finir par coïncider avec l’étendue.
Le tableau 4-I représente l’étendue de la voix chez l’homme et chez la femme, en tenant
compte des registres dont nous parlerons plus loin. Nous avons fait figurer en trait plein

Chapitre 4

96
Anatomie et physiologie du larynx

➤ Fig. 4-29

Son tenu sur un/a/ d’intensité croissante puis


décroissante mais de hauteur et voyelle
constantes. Sujet masculin.
A : Signal acoustique,
l’amplitude croît avec l’intensité.
B : Sonagramme, le timbre s’enrichit
parallèlement à l’augmentation de l’intensité,
ce qui caractérise un système non linéaire tel
que la source vibratoire laryngée. L’intensité et
le timbre sont liés.
Le sonagramme est une représentation
de l’évolution spectrale d’un son dans le temps.
Le temps est en abscisse tandis
que la fréquence des composantes spectrales
est en ordonnée. L’intensité des composantes
spectrales est représentée par l’aspect
plus ou moins sombre du tracé.

➤ Fig. 4-30

Son dont la hauteur augmente. Le signal


acoustique montre le rapprochement des pics
de chaque oscillation, ce qui traduit le
raccourcissement de la période et donc
l’augmentation de la fréquence (la fréquence est
le nombre d’oscillations par seconde et
s’exprime en hertz).

➤ Fig. 4-31

Changement de note sur un/a/ tenu.


Sujet masculin.
A : Signal acoustique.
B : Sonagramme. L’écartement
des harmoniques traduit l’élévation de la
fréquence. En effet la fréquence propre
à chaque harmonique est un multiple entier de
la fréquence fondamentale (fréquence
du premier harmonique). Le timbre
de la voyelle est maintenu constant,
on observe en effet que les formants
vocaliques (bandes sombres) sont peu
modifiés lors du changement de hauteur.
B. Roubeau
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

les possibilités communes à tous les types vocaux ; en trait discontinu, les possibilités
particulières selon le type vocal ; en pointillés, les possibilités exceptionnelles.
Chez l’homme, quel que soit son type vocal (ténor, baryton, basse), la voix en
mécanisme 1 (voix de poitrine) monte normalement jusqu’au Mi 3 et descend
normalement au La1. Cela est vrai même si le ténor n’utilise pas habituellement,
dans le chant, la partie de son registre située dans l’octave n° 1 (La1 – Si1) où la voix
ne peut avoir chez lui les qualités de timbre suffisantes.
Par ailleurs, la limite maximum vers l’aigu en mécanisme 1 est le Do4 (contre-ut des
ténors) et la limite extrême possible vers les graves est le Do1 (Do grave des basses).
Ces possibilités vocales non obligatoires figurent sur le tableau en pointillés.

Chapitre 4

97
98
Chapitre 4
La voix

Tableau 4-I Étendue vocale et principaux registres selon le sexe et le type vocal

oct. 1 oct. 2 oct. 3 oct. 4 oct. 5 oct. 6


Tome 1

C D E F G A B c d e f g a b c1 d1 e1 f 1 g1 a1 b1 c2 d2 e2 f 2 g2 a2 b2 c3 d3 e3 f 3 g3 a3 b3 c4 d4 e4 f 4 g4 a4 b4

do 1 (64) la 1 do 2 (128) do 3 (256) do 4 (512) do 5 (1 024)

do grave la 1 Mécanisme 1 (voix « de poitrine ») mi 3 do 4 : contre ut des ténors Homme


des basses

mi 2 Mécanisme 2 la 4
(voix « de tête »)

mi 2 sol 2 sol 4 do 5

Mécanisme 1
(voix « de poitrine «)

Femme

Contre-sol

Mécanisme 2 do 5 : contre-ut des sopranes


(voix « de tête »)
limite inférieure extrême

— étendue obligatoire quel que soit le type de voix


--- possibilités particulières selon le type de voix
.... possibilités exceptionnelles
Anatomie et physiologie du larynx

La voix en mécanisme 2 (voix de tête) figure également en pointillés car son


usage chez l’homme, lors de la voix chantée, reste minoritaire en occident, bien que
la voix de tête soit tout aussi physiologique que la voix de poitrine.
On voit que cette voix dite de tête s’étend chez l’homme de Mi 2 à La 3. Excep-
tionnellement elle peut atteindre le do 5 et descendre au do 2.
Notons que ce mécanisme est parfois utilisé de façon exclusive par les garçons
avant l’âge de la mue, ce qui pose parfois quelques problèmes par la suite.
Chez la femme on note qu’en mécanisme 2 elle monte au moins jusqu’au sol 4
et qu’en mécanisme 1, elle descend normalement jusqu’au sol 2.
On notera le Mi 2 des contraltos qui est considéré comme la limite inférieure
possible pour les voix féminines les plus graves.
Cependant, certaines femmes peuvent descendre encore plus bas (mais avec une
voix de qualité discutable) jusqu’au Do2.
La possibilité pour une femme de chanter au-dessous de ce Do2 (donc dans
l’octave n° 1) relève, sauf exception, de la pathologie (voix aggravée par détériora-
tion de la muqueuse des plis vocaux ou par virilisation laryngée).
Notons encore le Do5 (le contre-ut des sopranos), limite fréquemment rencon-
trée pour les voix de tête féminines les plus aiguës.
Certaines voix de femmes peuvent s’étendre plus ou moins dans l’octave 5,
jusqu’au contre-Mi, jusqu’au contre-Fa et même, exceptionnellement, jusqu’au
contre-Sol (sopranos légers, registre de sifflet).
Outre les différences individuelles dépendant des conditions anatomiques, la
hauteur tonale de la voix varie encore selon le type d’émission vocale et les circons-
tances : la voix monte d’autant plus que l’on veut la faire porter loin ; elle est la plus
grave possible, en général, dans le cas d’un échange verbal « confidentiel ».
La hauteur tonale varie selon le contexte et l’état d’esprit de celui qui parle : large-
ment modulée, courant sur deux octaves, lorsque le ton est enjoué ; émise sur presqu’un
seul ton parfois, dans la tristesse ou, paradoxalement, dans l’injonction autoritaire.
La hauteur de la voix constitue le fondamental de la voix, ou la fréquence fonda-
mentale (variable) de la voix, par opposition à la fréquence des harmoniques dont
nous reparlerons plus bas et qui concerne non plus la hauteur mais le timbre.
Le tableau 4-II représente les normes approximatives des hauteurs tonales
employées lors de divers comportements phonatoires usuels.

Tableau 4-II. Normes approximatives de la hauteur tonale en voix parlée.

Mode phonatoire Femme Homme


Voix conversationnelle « tranquille » Sol 2 à Sol 3 Dans l’octave 1
Lecture simple Sol 2 à Sol 3 Entre Sol 1 et Sol 2
(minimum La 1 –Mi 2)
Lecture projetée à voix forte Do 3 : insuffisant Ré 2 : insuffisant
(maximum atteint) Fa 3 : médiocre Sol 2 : médiocre
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

Sol 3 et plus : satisfaisant La 2 et plus : satisfaisant


Appel Voix de tête (Hou ! Hou !) Mi 3 : appel normal (20-30 m.)
Au-dessous de Do 4 : insuffisant Do 3 : médiocre (appel à 10-15 m.)
Do 4 à Ré 4 : médiocre La 2 : insuffisant
Mi 4 à Fa 4 : satisfaisant Fa 3 et même Sol 3 : appel insistant
Fa 4 à La 4 : extrême
Voix de poitrine (Ho !)
Autour de Sol 3 (moins employée)

Chapitre 4

99
La voix Tome 1

On définit classiquement ce que l’on appelle le fondamental usuel comme la


tonalité la plus couramment employée par tel sujet, ou comme la tonalité dont il
aurait intérêt à ne pas trop s’écarter sous peine de fatigue vocale. Ainsi conçue,
cette notion nous semble trop rigide dans la mesure où la tonalité vocale, pour être
optimale, doit varier selon tous les facteurs que nous venons de citer.
La bonne hygiène vocale ne doit pas aboutir à la réduction du champ des fréquences
utilisées, mais au contraire à son élargissement. La facilité à varier de hauteur selon les
besoins et les circonstances constitue, pour une voix, une preuve d’adaptabilité : à
chaque moment, pour chaque acte vocal, convient une tonalité différente.

Dans la voix chantée, on observe parfois lors de l’émission de notes tenues, l’exis-
tence d’un vibrato. Il s’agit d’une variation régulière de la hauteur tonale ne dépassant
pas un demi-ton, variation dont la fréquence est de 5 à 7 cycles par seconde.
L’existence du vibrato correspond à un équilibre entre tous les muscles antago-
nistes intervenant dans l’émission de la voix chantée. Lorsqu’il est stable et
régulier, il manifeste à la fois la souplesse et la force expressive de la voix.
Le vibrato en réalité n’intéresse pas seulement la hauteur tonale mais, à un
moindre degré, l’intensité et le timbre. Il permet à la voix du chanteur d’être perçue
en tant que voix, au milieu des instruments de l’orchestre.
Le vibrato est un témoin extrêmement fidèle de la qualité d’émission de la voix
(G. Cornut).
L’élévation de la hauteur tonale dans la parole est, sans être absolu, un bon signe de
l’élévation du niveau de tension psychologique du sujet. On dit alors de celui-ci qu’il
hausse le ton. Dans le même ordre d’idée, lors des manifestations publiques, l’état de
tension collective peut être très exactement apprécié d’après la hauteur tonale des voix
masculines qui scandent les slogans. Si cette hauteur ne dépasse par le Mi 3, il s’agit à
coup sûr d’une manifestation froide, où les participants ne paraissent pas vraiment
convaincus du bien fondé de leur action. Si l’on arrive à Sol3, cela devient bien animé,
tout en restant cependant « bon enfant ». Le passage au La3 indique que cela commence
à chauffer réellement, qu’il pourrait y avoir des dégâts matériels. Si l’on entend le Do4,
qui est le contre-ut des ténors, c’est la sécurité des personnes qui à l’oreille apparaît à
l’évidence menacée. « Ça dégénère, pense chacun, il pourrait bien nous arriver quelque
chose. » On peut penser que ce contre-ut est le cri de mort de notre espèce. C’est sans
doute pour cela que quand il est chanté, il nous fait tant d’effet.

TIMBRE
C’est une caractéristique très importante du « son vocal ». En effet, c’est essentielle-
ment d’après le timbre que l’on peut identifier une personne à l’écoute de sa voix. Par
ailleurs, sur le plan esthétique, la qualité d’une voix repose surtout sur les qualités de
son timbre.
Du point de vue de la physique, le timbre d’un son à caractère musical, comme
par exemple celui de la voix chantée, est sous la dépendance du nombre et de
l’intensité relative des harmoniques contenus dans ce son.
Les harmoniques correspondent à des fréquences multiples du son fondamental qui
se superposent à celui-ci selon une répartition particulière dans l’échelle des fréquences
qui constitue le spectre sonore. Sur le tracé sonagraphique, les harmoniques sont mis
en évidence sous forme de plages grisées, d’autant plus hautes sur la figure que l’harmo-
nique en question est aigu et d’autant plus foncées qu’il est intense.
Le timbre de la voix dépend, d’une part, des modalités d’accolement des plis
vocaux et, d’autre part, des caractéristiques anatomiques des cavités de résonance
(pharynx, bouche et à moindre degré cavité nasale) et de l’arrangement de celles-ci.
L’accolement des plis vocaux peut être plus ou moins ferme. Lorsque cette
fermeté d’accolement augmente, le timbre vocal s’enrichit et l’on dit que la voix

Chapitre 4

100
Anatomie et physiologie du larynx

acquiert du mordant. Sur le plan physique, les ouvertures glottiques sont plus brus-
ques et plus brèves (l’onde sonore est à front plus raide). Cela se traduit sur le plan
acoustique par un « enrichissement en aigus » du spectre sonore (fig. 4-32).
Lorsqu’au contraire, l’accolement des plis vocaux est relaché, ou incomplet, on
a une voix de timbre pauvre. Parfois, ce timbre vocal s’accompagne d’un bruit de
souffle et l’on dit que ce timbre est voilé.
➤ Fig. 4-32

Sonagramme d’un son tenu sur la voyelle/a/


avec changement de timbre.
A : Production soufflée non voisée (absence
d’harmoniques et présence d’un brouillard
grisé caractérisant le bruit du souffle).
B : Production soufflée voisée (apparition des
bandes sombres parallèles représentant les
harmoniques).
C : Production « timbrée » (renforcement des
harmoniques et disparition du bruit de souffle).
D : Production serrée (voix des bandes).
La fréquence fondamentale est beaucoup plus
basse, chaque impulsion laryngée devient
visible sur le tracé, ce qui se traduit par des
bandes verticales.
Le timbre est très riche.

L’épaisseur des plis vocaux lors de leur accolement joue également un rôle
important dans le timbre vocal (fig. 4-33).
Sujet masculin. Passage du mécanisme
2 au mécanisme 1 et retour au
mécanisme 2.
Les passages s’accompagnent d’une
courte modification de la hauteur tonale.
Le phénomène mécanique qui
caractérise le passage du mécanisme 2
au mécanisme 1
est dû au couplage des couches
constituant les plis vocaux et qui entrent
en vibration. Ce couplage entraîne une
augmentation brutale de la masse
vibrante lors du passage du mécanisme
2 au mécanisme 1, ce qui produit
une chute rapide de la hauteur tonale.
Dans le sens contraire, on observe
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

➤ Fig. 4-33 une augmentation rapide de la hauteur


tonale liée au découplage des couches
Sonagramme d’un son tenu avec changement de mécanisme sur/a/. tissulaires, c’est le « couac ».
B. Roubeau

Les caractéristiques anatomiques individuelles (fixes) des cavités de résonance


et plus encore de la façon dont le sujet les mobilise entraînent certaines particula-
rités reconnaissables du timbre vocal d’un individu donné. En somme, on reconnaît
à l’oreille telle personne, du fait surtout des caractères particuliers de ses cavités
de résonance et de leur dynamique spécifique, de même qu’on la reconnaît à la vue
aux caractères particuliers de son visage.

Chapitre 4

101
La voix Tome 1

L’arrangement des cavités de résonance, dont le volume respectif varie cons-


tamment au cours de l’articulation de la parole, se traduit essentiellement sur le
plan acoustique par des variations de timbre.
Nous verrons au chapitre suivant que c’est en modifiant le volume relatif de ces
cavités de résonance que l’on articule les diverses voyelles. En d’autres termes, les
voyelles ne se différencient les unes des autres que par leur timbre (fig. 4-34).
➤ Fig. 4-34

Sonagramme d’un son tenu Fréq. KHz


avec changement de voyelle.
La hauteur est maintenue constante 4
tandis que les formants vocaliques
(bandes sombres) sont modifiés 3
lors du changement de voyelle.
B. Roubeau
2
1
0
0 1 2 4 Tps Sec.
a ou i o é u

C’est à la fois de la disposition des cavités de résonance et de la modalité d’acco-


lement des plis vocaux que dépend ce que l’on appelle la couleur de la voix. Selon
les cas, le timbre pourra être sombre ou brillant, clair ou obscur…
Dans le chant, on observe parfois une particularité du timbre constituée par le
renforcement d’une zone de fréquence autour de 2 800 Hz. Ce renforcement est appelé
parfois formant du chanteur (singing formant). Le formant du chanteur est retrouvé
dans toutes les belles voix. Le mécanisme de sa production n’est pas actuellement
éclairci. Comme le vibrato, il permet à la voix du chanteur de se détacher et d’être
entendue au-dessus de l’orchestre malgré le volume sonore important de ce dernier.

MÉCANISMES LARYNGÉS…
Lorsque l’on émet par demi-tons successifs ou en glissando ascendant une suite de
sons en partant du plus grave possible pour arriver au plus aigu possible, on observe
que le timbre de la voix tend à changer brusquement une ou plusieurs fois au cours de
cette montée tonale. Ces brusques modifications témoignent de l’existence de plusieurs
modes de fonctionnement des plis vocaux mis ainsi successivement en œuvre.
On distingue ainsi d’abord ce qu’il est convenu désormais d’appeler les mécanismes
1 et 2 les plus couramment utilisés, et auxquels nous avons fait plusieurs fois allusion,
qui correspondent le premier à la voix dite de poitrine et le second plus aigu à la voix
dite de tête. On distingue encore le mécanisme zéro dit fry ou de strohbass qui siège
dans l’extrême grave de la voix et le mécanisme 3 dit de sifflet qui occupe l’extrême aigu.
Le mécanisme 1 correspond comme nous l’avons déjà signalé à un fonctionnement
laryngé où les plis vocaux se présentent sous forme de bourrelets épais (fig. 4-35 a) Pour
le mécanisme 2, les plis vocaux se présentent sous forme de lames minces (fig. 4-35 b).
Ces deux aspects des plis vocaux correspondant aux mécanismes 1 et 2 sont bien visibles
sur les clichés tomographiques du larynx (cf. La voix, tome 2).
Comme on peut le constater sur le tableau 4-I, ces deux mécanismes cœxistent large-
ment sur certaines fréquences. On peut ainsi passer de l’un à l’autre en maintenant la voix
à la même hauteur, ce qui revient à dire qu’on peut chanter certaines notes aussi bien
en voix de poitrine qu’en voix de tête. Si l’on passe de l’une à l’autre sans interrompre
l’émission vocale, on entend une sorte de ressaut. Dans la pratique du chant, ce ressaut

Chapitre 4

102
Anatomie et physiologie du larynx

correspond à ce que l’on appelle un couac lorsqu’il survient par accident, ou « yodel »
lorsqu’il est voulu (comme dans le chant tyrolien) ou les chants de chasse des pygmées.
Le mécanisme fry – mot qui en anglais signifie friture – existe, aussi bien chez
l’homme que chez la femme. À l’oreille on a l’impression que le fry fonctionne réel-
lement à l’étage au-dessous par rapport au mécanisme 1. La fréquence du son
produit ne dépasse pas quelques dizaines de hertz et se situe donc au-dessous du
do1. La phase d’accolement des plis vocaux y est particulièrement importante,
autrement dit, à chaque période, la phase d’ouverture glottique est très courte par
rapport à la phase de fermeture, avec un débit du souffle très réduit. Ceci est dû à
une compression latérale importante des plis vocaux décontractés, ce qui augmente
la masse vibrante. Selon B. Roubeau, le passage au mécanisme 1 se ferait obliga-
toirement avec un saut de fréquence. Il n’y aurait donc pas de recouvrement de ces
deux mécanismes. Par ailleurs, il semble qu’il soit plus facile de mettre en œuvre
ce fry si l’on est un peu enrhumé et si la muqueuse des plis vocaux présente un
certain degré d’inflammation. Il n’est pas couramment utilisé dans la musique occi-
dentale. On le connaît surtout grâce aux chants religieux des moines tibétains. ➤a
Le mécanisme de sifflet quant à lui se situe à l’autre extrémité de l’étendue vocale, Registre grave, dit « de poitrine ».
c’est-à-dire dans l’extrême aigu. Il se caractérise par une disparition presque complète (Mécanismes laryngés)
de l’amplitude vibratoire et une réduction de longueur de la partie vibrante des plis
vocaux par serrage latéral, sous l’action du muscle crico-thyroïdien latéral qui porte en
dedans l’apophyse vocale du cartilage aryténoïde. Ce mécanisme existe aussi bien chez
l’homme que chez la femme, mais on l’entend surtout chez le jeune enfant lorsqu’il
pousse des cris perçants, et sauf erreur c’est lui qui est à l’œuvre dans les youyous.
Comme le fait remarquer B. Roubeau, à chaque fois que lors de l’ascension
tonale on passe d’un mécanisme au mécanisme suivant, cela correspond à une
diminution de la masse vibrante.

…ET REGISTRES VOCAUX


L’appartenance à tel ou tel registre vocal groupe les émissions qui sur une étendue
tonale donnée présentent une certaine parenté de timbre en rapport aussi bien avec le
mécanisme laryngé de leur production qu’avec l’arrangement des cavités de résonance et
les sensations cénesthésiques et vibratoires du chanteur ou de la chanteuse. Il en résulte
qu’il n’existe pas de correspondance obligée entre les registres vocaux et les mécanismes
laryngés. Ainsi, si le registre dit de poitrine est toujours produit en mécanisme 1 et le
registre dit de tête toujours en mécanisme 2, le registre dit mixte peut fort bien tant chez
l’homme que chez la femme être produit à partir de l’un ou l’autre de ces deux méca-
➤b
nismes, et non pas comme on a pu le croire, à partir d’un mécanisme intermédiaire.
Registre aigu, dit « de tête » (ou léger)
ATTAQUE EN COUP DE GLOTTE (Mécanismes laryngés)

L’émission vocale démarre parfois par un déblocage glottique qui se signale à l’oreille .
par un coup de glotte plus ou moins marqué. C’est ce qui se produit assez souvent dans
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

➤ Fig. 4-35
la voix d’expression simple, surtout quand la parole présente quelques hésitations.
Coupe frontale du larynx
Le blocage de la glotte, qui s’est habituellement mis en place après un élan inspi- lors de l’émission
ratoire de type thoracique supérieur, cède en général rapidement, la glotte passant des deux registres principaux.
ainsi brusquement de l’état fermé à l’état vibrant. Le larynx dans ce cas joue le
double rôle d’un robinet libérant le souffle, et d’un instrument de musique sono-
risant la parole.
Dans certains cas, le blocage glottique se prolonge pendant plusieurs secondes
d’hésitation, des bruits de grésillement témoignant parfois d’une fermeture non
hermétique de la glotte.
L’arrêt de l’émission vocale se produit le plus souvent du fait de l’arrêt du souffle
phonatoire par baisse de la pression pulmonaire. Il peut cependant être produit par

Chapitre 4

103
La voix Tome 1

un nouveau blocage glottique suivi éventuellement d’une reprise directe de l’émis-


sion vocale sans reprise d’air, ceci pouvant se renouveler plusieurs fois de suite.
Ces démarrages en coup de glotte, ainsi que ces reprises vocales sans reprises d’air,
n’ont rien de pathologique en soi. Ils relèvent simplement des aléas qui affectent toute
parole naturelle, de même que des pas irréguliers et des mains qui s’accrochent aux
obstacles affectent tout déplacement normal en terrain accidenté. La pathologie
commence seulement à partir du moment où ces fonctionnements particuliers abou-
tissent à un comportement d’effort excessif ou trop prolongé. C’est ce qui arrive souvent
dans le cas de la voix d’insistance ou de détresse.

ATTAQUE SOUFFLÉE
Parfois aucun blocage glottique ne se produit, mais le souffle phonatoire
précède légèrement la mise en vibration des plis vocaux. On dit alors qu’il s’agit
d’une attaque soufflée, réalisant une certaine déperdition du souffle. Celle-ci peut
d’ailleurs se poursuivre tout au long de l’émission vocale. Là encore, il ne s’agit pas
forcément d’un comportement pathologique. Cette fuite d’air peut ne correspondre
qu’à une intention de modérer l’intensité vocale ou d’en adoucir le timbre.

ACCORD PNEUMO-PHONIQUE PARFAIT


Dans le cas idéal, après une prise d’air ajustée à la rhèse à venir, les plis vocaux se
rapprochent l’un de l’autre au moment précis où le souffle phonatoire est mis en route,
ce qui déclenche en souplesse leur mise en vibration. La glotte passe ainsi de l’état
ouvert à l’état vibrant. C’est ce qui se produit normalement dans la voix implicatrice où
le réglage du souffle est assuré avec précision, comme nous l’avons dit, par l’action anta-
goniste et synergique des muscles de la sangle abdominale et du diaphragme.

Conseils bibliographiques

BULLETIN D’AUDIOPHONOLOGIE. L’impulsion acoustique dans la phonation et l’audition.


Besançon, 1976 ; 6, 1.
CASTELLENGO M. Les deux principaux mécanismes de la voix humaine. Journal de l’AFPC
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Chapitre 4

104
Anatomie et physiologie du larynx

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© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

Chapitre 4

105
Chapitre 5

L e pavillon pharyngo-buccal
et les cavités annexes
(résonateurs et organes
articulateurs)

Ce chapitre commencera par l’étude de la mâchoire dont les mouvements


interviennent de façon importante dans l’articulation de la parole et le réglage
du volume des cavités buccale et pharyngée au cours de la phonation. L’étude
de l’anatomie du maxillaire inférieur aura sans doute été déjà abordée par le
lecteur, comme nous le lui avons conseillé au début du sous-chapitre consacré
aux muscles sus-hyoïdiens. Elle lui permettra maintenant d’aborder plus faci-
lement les muscles masticateurs, responsables des mouvements de cet os,
ainsi que les muscles de la langue.
Seront étudiées ensuite l’anatomie du pharynx et celle de la bouche. Au cours
de cette étude, une place privilégiée sera faite aux deux importants organes de la
parole que sont le voile du palais et la langue. Les fosses nasales et les sinus
de la face seront abordés ensuite, davantage pour leur importance dans la patho-
logie de la voix et de la parole que pour leur rôle physiologique qui reste modeste.
Cette étude se terminera par celle des muscles peauciers de la face dont
l’importance est grande dans la parole (muscles des lèvres) et dans la
mimique qui l’accompagne.
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

Chapitre 5

107
La voix Tome 1

Éléments anatomiques constitutifs


des résonateurs et organes
articulateurs de la parole

La mâchoire

◗ L’os maxillaire inférieur (la mandibule)


Le maxillaire inférieur (fig. 5-1) présente à étudier une partie moyenne, le
corps, et deux parties latérales et postérieures, les branches montantes.

➤ Fig. 5-1

Apophyse
Maxillaire inférieur (mandibule). coronoïde
Vue antérieure.
Condyle

Branche montante
(Processus frontal
de la mandibule)

Ligne oblique
externe

Corps

Trou mentonnier

Symphyse mentonnière
Éminence mentonnière (Protubérance mentonnière)

LE CORPS
Incurvé en fer à cheval, le corps du maxillaire inférieur présente une face externe
convexe, une face interne concave, un bord supérieur, un bord inférieur.

■ Face externe (fig. 5-2)


Sur la ligne médiane de cette face, se trouve une crête verticale, la symphyse
mentonnière, se terminant en bas par une saillie triangulaire à base inférieure
appelée éminence mentonnière.
De chaque côté, la face externe présente une crête, la ligne oblique externe
dirigée en arrière et en haut.
Cette ligne oblique externe se continue en arrière sur la lèvre externe du bord
antérieur de la branche montante.
Au-dessus de la ligne oblique externe et à l’aplomb des prémolaires se trouve le
trou mentonnier.

■ Face interne (fig. 5-3)


Cette face présente à sa partie médiane, tout près du bord inférieur, quatre
petites saillies osseuses : les apophyses géni (fig. 5-14).
Sur les deux apophyses géni supérieures s’insèrent les muscles génio-glosses
(muscles de la langue).
Sur les deux apophyses géni inférieures s’insèrent les muscles génio-hyoïdiens
(muscles sus-hyoïdiens).
De chaque côté des apophyses géni prend naissance la ligne oblique interne ou
ligne mylo-hyoïdienne dirigée en arrière et en haut.

Chapitre 5

108
L e pavillon
Le pavillon pharyngo-buccal et les cavités annexes

➤ Fig. 5-2

Maxillaire inférieur (mandibule).


Face externe.

➤ Fig. 5-3

Maxillaire inférieur (mandibule).


Face interne.
Cette ligne mylo-hyoïdienne se continue en arrière sur le bord antérieur de la
branche montante (lèvre interne de ce bord).
Sur cette ligne s’insère le muscle mylo-hyoïdien (muscle sus-hyoïdien).
Au-dessus de la ligne oblique, la face interne du maxillaire est excavée en une
dépression : la fossette sublinguale (en rapport avec la glande salivaire sublinguale).
Au-dessous de la ligne oblique, elle est également excavée en une dépression :
la fossette sous-maxillaire (en rapport avec la glande salivaire sous-maxillaire).

■ Bord supérieur ou bord alvéolaire


Ce bord est creusé de cavités : les alvéoles dentaires en rapport avec les racines
des dents.

■ Bord inférieur
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

Ce bord présente près de la ligne médiane une légère dépression : la fossette


digastrique dans laquelle s’insère le ventre antérieur du muscle digastrique
(muscle sus-hyoïdien).

LES BRANCHES MONTANTES


Chaque branche montante présente à étudier une face externe, une face
interne, un bord antérieur, un bord supérieur et un angle postéro-inférieur.

■ Face externe
La face externe de chaque branche montante présente dans sa partie inférieure
des crêtes obliques en bas et en arrière pour l’insertion du muscle masséter.

Chapitre 5

109
La voix Tome 1

■ Face interne
La face interne présente dans sa partie inférieure des crêtes obliques en bas et
en arrière pour l’insertion du muscle ptérygoïdien interne.
À la partie moyenne de la face interne s’ouvre le canal dentaire inférieur dans
lequel pénètrent les vaisseaux et le nerf dentaires inférieurs. Cet orifice est limité
en avant par une saillie triangulaire, l’épine de Spix.

■ Bord antérieur
Le bord antérieur est dédoublé en deux lèvres (interne et externe). Entre les
deux lèvres de ce bord, dans sa partie inférieure, s’insère le muscle buccinateur.
Sur les deux lèvres de ce bord antérieur, dans sa partie supérieure, s’insère le
muscle temporal.

■ Bord supérieur
Le bord supérieur présente une saillie antérieure, l’apophyse coronoïde (ou
coroné) et une saillie postérieure (le condyle) séparées par une échancrure,
l’échancrure sigmoïde.
L’apophyse coronoïde est triangulaire. Sur elle s’insère le muscle temporal.
Le condyle est une formation osseuse grossièrement cylindrique dont l’axe est
dirigé transversalement. Il s’articule avec la cavité glénoïde et le condyle de l’os
temporal pour former l’articulation temporo-maxillaire étudiée plus bas.
Le condyle du maxillaire inférieur est relié à la branche montante par un pédi-
cule osseux : le col du condyle.

■ L’angle de la mâchoire (le gonion)


Le bord inférieur de la branche montante, en continuité avec le bord inférieur
du maxillaire inférieur, forme en arrière, en s’unissant au bord postérieur, l’angle
de la mâchoire encore appelé gonion.

L’ARTICULATION TEMPORO-MAXILLAIRE (fig. 5-4)


L’articulation temporo-maxillaire met en présence le condyle du maxillaire infé-
rieur en bas avec le condyle du temporal et la cavité glénoïde en haut. À noter la

Ménisque
(Disque articulaire) Condyle du temporal
Cavité glénoïde
(Fosse mandibulaire)

Conduit auditif externe


(Méat acoustique externe)
Arcade zygomatique
de l’os malaire

Condyle du maxillaire
(Processus condylaire de la mandibule) Ptérygoïdien externe
(Ptérygoïdien latéral)

Col du condyle

➤ Fig. 5-4

Articulation temporo-maxillaire. Coupe sagittale.

Chapitre 5

110
Le pavillon pharyngo-buccal et les cavités annexes

présence d’un ménisque fibro-cartilagineux s’interposant entre les surfaces arti-


culaires en présence.
L’articulation temporo-maxillaire donne lieu à trois types de mouvements
orientés chacun dans une direction différente.

■ Mouvement d’abaissement/élévation (fig. 5-5)


Ce mouvement, qui est le plus important, s’effectue dans une direction verticale.
En position d’élévation, ce qui correspond à la fermeture de la bouche, le condyle
du maxillaire est en rapport, par l’intermédiaire du ménisque, avec la cavité
glénoïde du temporal. Lors du mouvement d’abaissement, le condyle ainsi que le
ménisque, glissent vers l’avant pour entrer en rapport avec le condyle de l’os
temporal en même temps que se produit un mouvement de rotation autour d’un
axe transversal passant par le col du condyle, ce qui détermine l’ouverture de la
➤ Fig. 5-5
bouche.
Mouvement d’abaissement/élévation.
■ Mouvement de propulsion/rétropulsion (fig. 5-6)
Dans le mouvement de propulsion/rétropulsion qui s’effectue dans une direc-
tion antéro-postérieure, seul a lieu le déplacement des condyles vers l’avant ou vers
l’arrière, déplacement par lequel la mâchoire est amenée en avant (propulsion) ou
ramenée en arrière (rétropulsion).

■ Mouvement de latéralité (ou de diduction) (fig. 5-7)


Dans le mouvement de latéralité qui s’effectue dans une direction transversale,
la propulsion a lieu alternativement d’un côté et de l’autre, ce qui détermine des
déplacements latéraux du menton.

➤ Fig. 5-6

Mouvement de propulsion/rétropulsion.

➤ Fig. 5-7

Mouvement de latéralité (diduction).


Vue supérieure de la mandibule.

*
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

Les muscles masticateurs


Les muscles masticateurs sont au nombre de quatre de chaque côté : le
temporal, le masséter, le ptérygoïdien interne et le ptérygoïdien externe.

LE TEMPORAL
Le muscle temporal s’insère en haut (fig. 5-8, 5-9 et 5-16) :
– d’une part, dans la fosse temporale. Les fibres prennent naissance sur la ligne
courbe temporale inférieure et sur toute la surface qui va de cette ligne courbe
temporale inférieure en haut à la limite inférieure de la fosse temporale en bas
(crête sphéno-temporale). En avant, la gouttière rétro-malaire reste libre ;

Chapitre 5

111
La voix Tome 1

➤ Fig. 5-8

Insertions osseuses
du muscle temporal.
Ligne courbe temporale supérieure
(Ligne temporale supérieure)

Frontal Aponévrose temporale


Pariétal

Temporal Sphénoïde Ligne courbe temporale inférieure


(Ligne temporale inférieure)

Malaire
(Os zygomatique)
Gouttière rétro-malaire

Apophyse zygomatique
(Processus zygomatique)

– d’autre part, sur la moitié supérieure de la face profonde de l’aponévrose tempo-


rale. Cette dernière, comme on peut le voir sur la coupe de la figure 5-16, s’insère
en bas sur le bord supérieur de l’arcade zygomatique et en haut entre les lignes
courbes temporales supérieure et inférieure.
De ces insertions, les fibres antérieures descendent verticalement, tandis que
les fibres postérieures sont horizontales et se réfléchissent sur l’apophyse zygoma-
tique du temporal de façon à s’infléchir vers le bas.
Le muscle se termine en bas par un épais tendon qui s’insère sur le sommet, sur
le bord antérieur et sur la face externe de l’apophyse coronoïde du maxillaire infé-
rieur (fig. 5-9 et 5-16).

■ Action
Le muscle temporal est élévateur du maxillaire inférieur (serrage des dents) et
ramène le condyle vers l’arrière.
➤ Fig. 5-9

Muscle temporal.

Muscle temporal

Chapitre 5

112
Le pavillon pharyngo-buccal et les cavités annexes

LE MASSÉTER (fig. 5-10, 5-11 et 5-16)


Le muscle masséter se divise en deux faisceaux, un faisceau superficiel et un
faisceau profond.
➤ Fig. 5-10

Insertions du muscle masséter.

Faisceau superficiel sectionné et relevé


(Partie superficielle)

Faisceau profond (ou moyen)


(Partie profonde)

Faisceau superficiel sectionné


et rabattu vers le bas

Le faisceau superficiel s’insère en haut sur les trois quarts antérieurs du bord
inférieur de l’apophyse zygomatique de l’os malaire.
De là, il se dirige obliquement en bas et en arrière.
Il se termine en bas sur l’angle, le bord inférieur et la face externe de la branche
montante du maxillaire inférieur dans sa partie inférieure (crêtes obliques).
Le faisceau profond (ou moyen) naît en haut, au bord inférieur de l’arcade zygo-
matique en arrière du précédent.
Il se dirige verticalement, recouvert par le précédent.
Il se termine en bas, à la face externe de la branche montante, au-dessus du
faisceau précédent.

■ Action
Comme le temporal, le muscle masséter est élévateur du maxillaire inférieur.
➤ Fig. 5-11

Muscle masséter.

Pariétal

Frontal
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

Temporal Sphénoïde

Faisceau profond (ou moyen)


(Partie profonde)

Faisceau superficiel
(Partie superficielle)

Chapitre 5

113
La voix Tome 1

➤ Fig. 5-12

Mise en évidence de la face externe


de l’apophyse ptérygoïde du sphénoïde
(voir aussi fig. 5-35).
La section de l’arcade zygomatique
et de l’apophyse coronoïde permet
d’apercevoir la face externe de
l’apophyse ptérygoïde sur laquelle
s’insère le muscle ptérygoïdien externe. Sphénoïde
Temporal

Aile externe de l’apophyse ptérygoïde


(Lame latérale du processus
ptérygoïde)

Condyle
(Processus condylaire)

LE PTÉRYGOÏDIEN EXTERNE (ptérygoïdien latéral)


Le muscle ptérygoïdien externe (fig. 5-13, 5-14 et 5-16) s’insère en avant, en
deux faisceaux, un faisceau supérieur et un faisceau inférieur.
Le faisceau supérieur, horizontal, s’insère sur la base du crâne, sous la grande
aile du sphénoïde et sur la face externe de l’aile externe de l’apophyse ptérygoïde
dans sa partie supérieure (fig. 5-35).
Le faisceau inférieur, oblique en haut, en arrière et en dehors, s’insère essentiellement
sur la partie inférieure de la face externe de l’aile externe de l’apophyse ptérygoïde.
De ces insertions, les fibres se dirigent en arrière et se rejoignent pour se
terminer par un tendon allant s’insérer sur la face antérieure du col du condyle du
maxillaire inférieur (fig. 5-13, 5-14 et 5-15).
■ Action
Le muscle ptérygoïdien externe tire le menton en avant, réalisant le mouvement
de propulsion de la mâchoire.
➤ Fig. 5-13

Muscle ptérygoïdien externe


(ptérygoïdien latéral).

Faisceau supérieur

Faisceau inférieur

Chapitre 5

114
Le pavillon pharyngo-buccal et les cavités annexes

Lorsqu’un seul des deux ptérygoïdiens externes fonctionne, il se produit un


mouvement de déplacement latéral du menton appelé mouvement de diduction
(fig. 5-7).

LE PTÉRYGOÏDIEN INTERNE (ptérygoïdien médial)


(fig. 5-14, 5-15, 5-16 et 5-35)
Symétrique du muscle masséter, le muscle ptérygoïdien interne s’insère en
avant dans la fosse ptérygoïde, c’est-à-dire dans l’angle en « livre ouvert en arrière »
formé par les ailes interne et externe de l’apophyse ptérygoïde.
Ses fibres se dirigent en bas, en arrière et en dehors.
Elles se terminent à la face interne de l’angle de la mâchoire (crêtes obliques).
Action
Le muscle ptérygoïdien interne est élévateur du maxillaire intérieur.

➤ Fig. 5-14

Muscles ptérygoïdiens interne


(médial) et externe (latéral).
Vue postérieure et inférieure.

Muscle ptérygoïdien externe


(Ptérygoïdien latéral)

Muscle ptérygoïdien interne


(Ptérygoïdien médial)

Apophyses geni

➤ Fig. 5-15

Muscles ptérygoïdiens
externe et interne.
Vue par en dedans.
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

Muscle ptérygoïdien externe


(Ptérygoïdien latéral)

Muscle ptérygoïdien interne


(Ptérygoïdien médial)

Ligament stylo-maxillaire
(Stylo-mandibulaire)

Ligament ptérygo-maxillaire
(Raphé pharyngo-mandibulaire)
Apophyses geni

Chapitre 5

115
La voix Tome 1

➤ Fig. 5-16
Ligne courbe
Muscles masticateurs. temporale supérieure
Ligne courbe
Coupe frontale droite. temporale inférieure
Vue postérieure. Os temporal

Aponévrose temporale
Crête sphéno-temporale

Apophyse zygomatique
(Processus zygomatique)
Muscle temporal
Muscle ptérygoïdien
externe

Muscle masséter

Muscle ptérygoïdien
interne

Branche montante
(Branche de la mandibule)

■ Innervation
Les muscles masticateurs sont innervés par la branche motrice du nerf
trijumeau (V).

*
Le pharynx

◗ Configuration générale
Le pharynx est un conduit musculo-membraneux qui s’étend verticalement en
avant de la colonne vertébrale cervicale, en arrière des fosses nasales, de la cavité
buccale et du larynx.
Il se continue en bas par l’œsophage.
Sa forme est celle d’un entonnoir irrégulier.
Il correspond à la cavité de l’arrière bouche. Comme nous l’avons vu au
chapitre 2, il se divise en trois étages superposés qui sont de bas en haut : l’hypo-
pharynx, l’oro-pharynx, le rhino-pharynx.
Nous renvoyons à la figure 2-7 pour ce qui concerne les rapports entre le larynx
et l’hypo-pharynx.
Nous décrirons successivement la face postérieure, les faces latérales et la face
antérieure de l’entonnoir pharyngé, puis les extrémités supérieure et inférieure.

LA FACE POSTÉRIEURE
Verticale, la face postérieure est large de 4 cm environ dans sa partie haute et
de 2 cm environ dans sa partie basse.
Sa longueur, variable selon l’état de tension des muscles pharyngés, est de 15 cm
environ.
Elle se continue de chaque côté avec les faces latérales en formant les angles du
pharynx.

Chapitre 5

116
Le pavillon pharyngo-buccal et les cavités annexes

LES FACES LATÉRALES (fig. 5-17)


Le bord postérieur des faces latérales constitue les angles du pharynx.
Le bord antérieur de chacune d’elles correspond à huit éléments anatomiques
dont l’énumération permettra de se faire une idée précise de la topographie du
pharynx.
Ces huit éléments sont, de haut en bas :
– bord postérieur de l’aile interne de l’apophyse ptérygoïde (appartenant à l’os
sphénoïde (fig. 5-35)) ;
– ligament ptérygo-maxillaire (unissant le crochet de l’aile interne de l’apophyse
ptérygoïde et le bord alvéolaire du maxillaire inférieur, en arrière de la dernière
molaire (fig. 5-15)) ;
– extrémité postérieure de la ligne mylo-hyoïdienne (à la face interne du maxillaire
inférieur) ;
– face latérale de la base de la langue ;
– grande corne de l’os hyoïde ;
– ligament thyro-hyoïdien latéral (unissant la grande corne de l’os hyoïde à la
grande corne du cartilage thyroïde) ;
– bord postérieur des lames latérales du cartilage thyroïde ;
– partie latérale du châton cricoïdien.
Chaque face latérale présente dans sa partie supérieure l’orifice pharyngien de la
trompe d’Eustache. Cet orifice triangulaire à base inférieure présente deux lèvres : l’une
antérieure et l’autre postérieure beaucoup plus proéminente, formant le bourrelet tubaire.

➤ Fig. 5-17

Sinus sphénoïdal Pharynx, larynx et bouche.


Coupe sagittale.
Amygdale pharyngée
(Tonsille pharyngienne)
Bourrelet tubaire
(Torus tubaire)
Orifice tubaire
(Ostium pharyngien
de la trompe auditive)
Pli du péristaphylin interne
(Pli salpingo-palatin)

Pilier antérieur
(Arc palato-glosse)

Amygdale palatine
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

(Tonsille palatine)

Pilier postérieur
(Arc palato-pharyngien)

Os hyoïde
Muscle inter-aryténoïdien
(Aryténoïdien transverse)
Épiglotte Châton cricoïdien
(Lame du cartilage cricoïde)
Membrane
thyro-hyoïdienne Pli vocal
Ventricule de Morgagni
(Ventricule du larynx)
Cartilage thyroïde

Chapitre 5

117
La voix Tome 1

LA FACE ANTÉRIEURE (fig. 5-18)


Nous décrirons la face antérieure du pharynx de haut en bas.
Au niveau du rhino-pharynx, cette face antérieure est constituée par les orifices
postérieurs des fosses nasales ou choanes. Plus bas, elle correspond à la face supé-
rieure du voile du palais, organe qui fait partie à la fois de la cavité buccale et de
la cavité pharyngée, et que pour cette raison, nous décrirons à part. Notons cepen-
dant le pli du releveur qui correspond au muscle péristaphylin interne.
➤ Fig. 5-18

Face antérieure du pharynx.

RHINOPHARYNX
(Naso-pharynx)

Choane droite
Saillie du bord interne de l’orifice de la trompe
d’Eustache (Trompe auditive)
Pli du releveur
(Pli salpingo-palatin)

Face supérieure du voile du palais


OROPHARYNX
(Oro-pharynx)

Base (Racine) de la langue


Amygdale (Tonsille) palatine
Repli pharyngo-épiglottique
Face postérieure (Dorsale) de l’épiglotte
(Laryngo-pharynx)
HYPOPHARYNX

Repli (Pli) ary-épiglottique


Gouttière pharyngo-laryngée (sinus piriforme)
(Récessus piriforme)

Tube laryngé

Au niveau de l’oro-pharynx, le pharynx communique avec la cavité buccale par


l’isthme du gosier. Plus bas, la face antérieure du pharynx correspond à la partie
pharyngienne de la face dorsale de la langue.
Au niveau de l’hypo-pharynx, la face antérieure correspond à l’abouchement du
larynx : bord de l’épiglotte et ligaments ary-épiglottiques formant la couronne
laryngée. Plus bas, elle présente une saillie correspondant aux cartilages aryté-
noïdes et cricoïde.
De chaque côté de cette saillie, sont situées les gouttières pharyngo-laryngées
ou sinus piriformes.

L’EXTRÉMITÉ SUPÉRIEURE (fig. 5-17)


Paroi supérieure du rhino-pharynx, l’extrémité supérieure du pharynx est
inclinée en bas et en arrière en continuité avec la paroi postérieure selon une courbe
concave plus ou moins cintrée selon les individus.
L’amygdale pharyngée située sur cette paroi supérieure peut se prolonger sur la
paroi postérieure, constituant les végétations adénoïdes.

Chapitre 5

118
Le pavillon pharyngo-buccal et les cavités annexes

L’EXTRÉMITÉ INFÉRIEURE
L’extrémité inférieure du pharynx correspond en avant au bord inférieur du
cartilage cricoïde et en arrière à la 6e vertèbre cervicale, C6.
Le pharynx communique à ce niveau avec l’œsophage par l’intermédiaire de la
bouche œsophagienne.

◗ Éléments anatomiques constitutifs du pharynx


La paroi du pharynx comporte quatre couches (fig. 5-19) qui sont, en allant de
la cavité pharyngienne à la surface externe du pharynx :
– la muqueuse ;
– l’aponévrose intrapharyngienne ;
– la couche musculaire ;
– l’aponévrose péripharyngienne.

➤ Fig. 5-19

Cavité pharyngienne Structure du pharynx.


Coupe horizontale.
Muqueuse Vue d’en haut.
Aponévrose intrapharyngienne
(Fascia pharyngo-basilaire)

Couche musculaire
Aponévrose péripharyngienne
Expansions postérieures
(vers l’aponévrose pré-vertébrale)

LA MUQUEUSE
Elle est en continuité avec la muqueuse des cavités buccale, nasale, laryngée et
œsophagienne.

L’APONÉVROSE INTRAPHARYNGIENNE
Fibreuse et résistante, l’aponévrose intrapharyngienne n’occupe que les parois
postérieure et latérale du pharynx. Elles se présentent ainsi sous forme d’une gout-
tière ouverte en avant.
Elle se fixe en haut à la base du crâne.

LA COUCHE MUSCULAIRE
Les muscles du pharynx que nous étudions ci-dessous se divisent en deux
groupes : les muscles constricteurs du pharynx et les muscles élévateurs du pharynx
et du larynx.
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

L’APONÉVROSE PÉRIPHARYNGIENNE
Membrane fibreuse et résistante, l’aponévrose pharyngienne se confond avec le
revêtement externe des muscles constricteurs.
Elle est reliée par des expansions aux aponévroses gainant les divers organes du
cou (vertèbres, muscles, vaisseaux).

◗ Les muscles du pharynx

MUSCLES CONSTRICTEURS (fig. 5-20 et 5-21)


Les muscles constricteurs du pharynx sont des muscles plats, incurvés en avant,
formant, comme l’aponévrose intrapharyngienne, une gouttière ouverte en avant.

Chapitre 5

119
La voix Tome 1

Constricteur supérieur : Ligament


ptérygo-
Faisceau ptérygoïdien maxillaire
(Partie ptérygo-pharyngienne)
Buccinateur
Faisceau ptérygo-maxillaire
(Sectionné)
(Partie bucco-pharyngienne)
Faisceau mylo-hyoïdien
(Partie mylo-pharyngienne)
Pharyngo-glosse Stylo-glosse
(Partie glosso-pharyngienne)

Constricteur moyen :

Faisceau chondro-pharyngien Stylo-pharyngien


(Partie chondro-pharyngienne)
Faisceau cérato-pharyngien Mylo-hyoïdien
(Partie cérato-pharyngienne)

Os hyoïde

Pharyngo-staphylin
(Palato-pharyngien)
Constricteur inférieur :

Faisceau thyroïdien
(Partie thyro-pharyngienne)

Faisceau crico-thyroïdien

Faisceau cricoïdien
(Partie crico-pharyngienne)

➤ Fig. 5-20

Muscles constricteurs et élévateurs du pharynx et du larynx.

Chapitre 5

120
Le pavillon pharyngo-buccal et les cavités annexes

➤ Fig. 5-21

Muscles constricteurs du pharynx.


Vue postérieure.

Base du crâne

Apophyse styloïde
(Processus styloïde)

Tunique fibreuse du pharynx


Constricteur supérieur
Muscle ptérygoïdien interne
(Ptérygoïdien médial)
Constricteur moyen Ligament stylo-maxillaire
(Stylo-mandibulaire)
Maxillaire inférieur
(Mandibule)

Muscle stylo-pharyngien

Grande corne de l’os hyoïde


Constricteur inférieur

Trachée
Œsophage

Ils sont au nombre de trois : le constricteur supérieur, le constricteur moyen,


le constricteur inférieur.
■ Le constricteur supérieur du pharynx
Le muscle constricteur supérieur du pharynx s’insère de haut en bas :
– par son faisceau ptérygoïdien sur le bord postérieur et le crochet de l’aile interne
de l’apophyse ptérygoïde ;
– par son faisceau ptérygo-maxillaire sur le bord postérieur du ligament
ptérygo-maxillaire (le muscle buccinateur que nous étudierons plus loin s’insère
sur le bord antérieur de ce même ligament) ;
– par son faisceau mylo-hyoïdien sur l’extrémité postérieure de la ligne mylo-
hyoïdienne.
Les fibres les plus inférieures du constricteur supérieur constituent le muscle
pharyngo-glosse qui se prolonge en avant sur le bord latéral de la langue.
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

De ces insertions, les fibres musculaires se dirigent en arrière puis en dedans


(trajet curviligne) pour s’unir aux fibres du côté opposé avec lesquelles elles
s’entrecroisent pour former le raphé médian postérieur du pharynx.

Chapitre 5

121
La voix Tome 1

■ Le constricteur moyen
Le muscle constricteur moyen du pharynx s’insère :
– par un faisceau supérieur sur le bord postérieur de la petite corne de l’os hyoïde.
C’est le faisceau chondro-pharyngien ;
– par un faisceau inférieur à la face supérieure de la grande corne de l’os hyoïde.
C’est le faisceau cérato-pharyngien.
De ces insertions, les fibres se portent en arrière et en dedans par un trajet curvi-
ligne en s’épanouissant en éventail, les unes vers le haut, les autres vers le bas. Elles
se terminent, comme celles du constricteur supérieur qu’elles recouvrent partiel-
lement, sur le raphé médian postérieur du pharynx.

■ Le constricteur inférieur
Le muscle constricteur inférieur s’insère :
– par un faisceau thyroïdien sur la face externe du cartilage thyroïde et, plus préci-
sément, sur la ligne oblique en bas et en avant que présente cette face externe, et
en arrière de celle-ci ;
– par son faisceau crico-thyroïdien sur l’arcade concave en avant qui unit le bord
inférieur du cartilage thyroïde au bord inférieur du cartilage cricoïde ;
– par son faisceau cricoïdien sur le bord inférieur du cartilage cricoïde.
De ces insertions, les fibres musculaires se portent en arrière et en dedans, comme
celles du constricteur moyen qu’elles recouvrent partiellement. Elles s’épanouissent
en éventail, les unes vers le haut, les autres vers le bas, pour se terminer sur le raphé
médian postérieur du pharynx où elles s’entrecroisent avec celles du côté opposé.
Action des muscles constricteurs
Les trois muscles constricteurs du pharynx rétrécissent les diamètres antéro-
postérieur et transversal du pharynx.

MUSCLES ÉLÉVATEURS (du pharynx et du larynx) (fig. 5-20 et 5-22)


Les muscles élévateurs du pharynx et du larynx sont de chaque côté au nombre
de deux.

■ Le stylo-pharyngien
Le muscle stylo-pharyngien s’insère en haut sur l’apophyse styloïde.
De cette insertion, les fibres musculaires descendent en s’élargissant oblique-
ment en bas et en dedans pour se diviser en plusieurs faisceaux qui passent en
dedans du constricteur moyen et se terminent :
– par son faisceau pharyngien sur l’aponévrose intra-pharyngienne ;
– par son faisceau épiglottique sur le bord latéral et la face antérieure de l’épiglotte ;
– par son faisceau thyroïdien sur la corne supérieure du cartilage thyroïde ;
– par son faisceau cricoïdien sur le bord supérieur du cartilage cricoïde.
Action
Le muscle stylo-pharyngien est élévateur du pharynx et du larynx.

■ Le pharyngo-staphylin (palato-pharyngien)
Le muscle pharyngo-staphylin sera étudié avec le groupe des muscles du voile
du palais dont il fait partie et qui font l’objet du sous-chapitre suivant.

*
Chapitre 5

122
Le pavillon pharyngo-buccal et les cavités annexes

Le voile du palais

◗ Configuration générale (cf. fig. 2-7 et 2-8)


Le voile du palais est une cloison musculo-membraneuse mobile qui prolonge
en arrière et en bas la voûte palatine.
De forme quadrilatère, sa longueur est en moyenne de 4 cm, sa largeur de 5 cm
et son épaisseur de 1 cm.
Sa face antéro-inférieure (buccale) est concave.
Sa face postéro-supérieure est en continuité avec le plancher des fosses nasales.
Son bord postérieur présente au milieu un prolongement cylindro-conique de
10 à 15 mm : la luette.
De chaque côté de la luette, le bord postérieur présente deux replis curvilignes :
les piliers antérieur et postérieur du voile du palais.

Péristaphylin externe
(Muscle tenseur du voile du palais)
Apophyse styloïde
(Processus styloïde)
Péristaphylin interne
(Muscle élévateur du voile du palais)
Crochet de l’aile interne
Ptérygoïdien externe de l’apophyse ptérygoïde
(Ptérygoïdien latéral) (Hamulus ptérygoïdien)

Bord inférieur
du cartilage tubaire Stylo-pharyngien
(de la trompe auditive)
Ptérygoïdien interne
(Ptérygoïdien médial)
Azygos de la luette
(Muscle uvulaire)
Angle de la machoire
(Angle de la mandibule)
Constricteur
supérieur du pharynx Pharyngo-staphylin (sectionné)
(récliné) (Palato-pharyngien)

Base de la langue Constricteur moyen (récliné)


(Racine de la langue)
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

Sinus piriforme Bord postérieur du cartilage thyroïde


(Récessus piriforme)

➤ Fig. 5-22

Muscles élévateurs du pharynx et du larynx et muscles du voile du palais (vue postérieure).

Chapitre 5

123
La voix Tome 1

Entre les piliers antérieur et postérieur se trouvent de chaque côté une dépres-
sion : la fosse amygdalienne dans laquelle se trouve l’amygdale palatine.
Les piliers antérieurs du voile du palais limitent avec la base de la langue un
orifice : l’isthme du gosier qui constitue la limite entre le pharynx et la bouche.

◗ Éléments anatomiques constitutifs du voile du palais


(fig. 5-23)
Le voile du palais est constitué par une lame fibreuse : l’aponévrose palatine,
sur laquelle s’insèrent des muscles, eux-mêmes recouverts d’une muqueuse.
Notons que le tiers antérieur du voile du palais ou « palais mou » est fibreux,
tandis que les deux tiers postérieurs seulement sont musculaires.
➤ Fig. 5-23 Palais osseux

Coupe sagittale du voile du palais. Péristaphylin interne


(Muscle élévateur du voile du palais)
Notez que le tiers antérieur du voile
est membraneux, compte-tenu
du fait que l’azygos de la luette Pérystaphylin externe
n’existe que sur la ligne médiane. (Muscle tenseur
du voile du palais)
Aponévrose du voile et Pharyngo-staphylin
(Muscle palato-pharyngien)
Glosso-staphylin
(Palato-glosse) Azygos de la luette
(Muscle uvulaire)

L’APONÉVROSE PALATINE
L’aponévrose palatine est une lame fibreuse qui constitue la charpente du voile
du palais dont elle occupe la moitié antérieure. En avant, elle s’attache au bord posté-
rieur de la voûte palatine et latéralement au bord inférieur et au crochet de l’aile
interne de l’apophyse ptérygoïde. En arrière, elle se perd dans l’épaisseur du voile.

LES MUSCLES (fig 5-22)


Les muscles du voile du palais sont au nombre de cinq de chaque côté.
■ Le péristaphylin externe (muscle tenseur du voile du palais)
Le muscle péristaphylin externe s’insère en haut sur la base du crâne (sur le
sphénoïde, cf. fig. 5-35) en dehors de la partie cartilagineuse de la trompe
d’Eustache sur laquelle il s’insère également.
De ces origines, ses fibres charnues descendent verticalement en convergeant
vers le crochet de l’aile interne de l’apophyse ptérygoïde.
Ces fibres se continuent par un tendon qui se réfléchit à angle droit sur ce
crochet pour se diriger en dedans et s’épanouir en éventail à la face supérieure de
l’aponévrose palatine avec laquelle il se confond.
Ce muscle présente des fuseaux neuro-musculaires lui conférant une sensibilité
proprioceptive à sa propre tension.
Action
Le muscle péristaphylin externe est tenseur de l’aponévrose palatine et dila-
tateur de la trompe d’Eustache.
Ce muscle est plus actif dans la déglutition que dans la phonation où son
intervention est peu nette d’après l’expérimentation électromyographique. Son
équipement en fuseaux neuro-musculaires proprioceptifs en fait un muscle « baro-
sensible », jouant un rôle dans la perception subconsciente de la tension vélaire.

Chapitre 5

124
Le pavillon pharyngo-buccal et les cavités annexes

■ Le péristaphylin interne (muscle élévateur du voile du palais)


Le muscle péristaphylin interne naît également du sphénoïde en dedans de la
partie cartilagineuse de la trompe d’Eustache sur laquelle il s’insère également.
De ces origines, ses fibres se portent en bas et en dedans sous la face inférieure
de la trompe d’Eustache.
Arrivées à l’orifice pharyngien de la trompe, ses fibres s’inclinent en bas et en
dedans pour se terminer en éventail à la face supérieure de l’aponévrose palatine
où elles s’entrecroisent avec les fibres du côté opposé pour former le raphé médian
du voile.
Action
Le muscle péristaphylin interne est élévateur du voile du palais et dilatateur de
la trompe d’Eustache. Ce muscle est très actif pendant la parole.

Nerfs palatins
(Ptérygo-palatins)

Nerf palatin postérieur Péristaphylin externe


(Muscle tenseur du voile du palais)
Crochet de l’aile interne
de l’apophyse ptérygoïde Pharyngo-staphylin (Palato-pharyngien)
(Hamulus ptérygoïdien) (constitue le pilier post. du voile :
Arc palato-pharyngien)

Azygos de la luette
Constricteur supérieur du pharynx
(Muscle uvulaire)

Glosso-pharyngien (IX)

Stylo-glosse
Glosso-staphylin (Palato-glosse)
(constitue le pilier ant. du voile :
Arc palato-glosse)
Pharyngo-glosse :
Faisceau lingual (Partie glosso-
pharyngienne) du constricteur supérieur
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

➤ Fig. 5-24

Muscles du voile du palais et innervation.


Vue antérieure. Bouche en ouverture forcée (d’après Monod).

Chapitre 5

125
La voix Tome 1

■ Le pharyngo-staphylin (muscle palato-pharyngien)


Le muscle pharyngo-staphylin, qui peut être également classé avec les élévateurs
du pharynx, s’insère en haut par trois faisceaux :
– le faisceau principal, faisceau palatin, s’insère à la face supérieure de l’aponé-
vrose palatine, au-dessous du péristaphylin interne avec lequel ses fibres
s’entremêlent ;
– un faisceau accessoire, faisceau ptérygoïdien, s’attache au bord inférieur du
crochet de l’aile interne de l’apophyse ptérygoïde ;
– un deuxième faisceau accessoire, faisceau tubaire, s’insère sur l’extrémité
interne du bord inférieur du cartilage de la trompe d’Eustache.
Ces trois faisceaux convergent pour descendre verticalement et constituer le
pilier postérieur du voile du palais.
En bas, les fibres du muscle pharyngo-staphylin s’insèrent sur les bords supé-
rieur et postérieur du cartilage thyroïde et sur la muqueuse pharyngienne.
Action
Le muscle pharyngo-staphylin est constricteur de l’isthme du gosier, abaisseur
du voile du palais et élévateur du larynx et du pharynx. Ce muscle a une action
assez discrète pendant la parole.
■ Le palato-staphylin ou azygos de la luette (muscle uvulaire)
Les muscles palato-staphylins sont de petits muscles cylindriques juxtaposés,
allongés d’avant en arrière à la face supérieure du voile.
Ils s’insèrent en avant sur l’épine nasale postérieure de l’os palatin, petit relief
osseux médian situé à la partie toute postérieure du plancher osseux des fosses
nasales. Ils s’insèrent également sur l’aponévrose palatine.
Les fibres des muscles palato-staphylins se terminent dans le tissu sous-
muqueux de la luette.
Action
Le muscle palato-staphylin est rétracteur de la luette. L’action de ce muscle
pendant la parole est incertaine.
■ Le glosso-staphylin (muscle palato-glosse)
Petit et aplati, le muscle glosso-staphylin, qui peut également être classé avec les
muscles de la langue, s’insère en haut à la face inférieure de l’aponévrose palatine.
Ses fibres descendent verticalement pour constituer le pilier antérieur du voile
du palais (cf. fig. 5-24) et se terminer dans la langue en s’unissant aux fibres du
stylo-glosse (cf. muscles de la langue).
Action
Le muscle glosso-staphylin est constricteur de l’isthme du gosier, abaisseur du
voile du palais et élévateur de la base de la langue.
Ce muscle intervient activement pendant l’articulation des nasales.

Chapitre 5

126
Le pavillon pharyngo-buccal et les cavités annexes

Vaisseaux et nerfs du pharynx et du voile


du palais (fig. 5-24)

◗ Artères
Le pharynx et le voile du palais sont irrigués par trois artères principales.
L’artère pharyngienne ascendante, branche de la carotide externe, irrigue les
parois latérale et postérieure de la partie supérieure du pharynx.
L’artère palatine ascendante, branche de l’artère faciale, irrigue l’amygdale
(artère tonsillaire), la paroi latérale du pharynx et la partie externe du voile.
L’artère palatine descendante, branche de l’artère maxillaire interne, irrigue
le voile du palais.

◗ Veines
Les veines forment un plexus sous-muqueux, d’une part, et un plexus périphé-
rique, d’autre part, qui se jettent dans les veines jugulaires internes.

◗ Lymphatiques
Les réseaux lymphatiques de cette région aboutissent dans les ganglions de la
chaîne jugulaire interne, sauf ceux du rhino-pharynx et ceux de la face supérieure
du voile du palais, qui se rendent aux ganglions rétropharyngiens.

◗ Nerfs sensitifs
Les nerfs palatins antérieur, moyen et supérieur, branches du nerf maxillaire
supérieur, lui-même branche du nerf trijumeau (V), innervent le voile du palais.
Le plexus tonsillaire constitué par des rameaux du glosso-pharyngien (IX)
innerve les piliers du voile du palais et les amygdales.
Le plexus pharyngien formé d’anastomoses entre des rameaux du glosso-
pharyngien (IX), du pneumogastrique (X) et du grand sympathique innerve les
parois latérales et postérieure du pharynx.

◗ Nerfs moteurs
Le péristaphylin externe (muscle tenseur du voile) est innervé par un rameau du
nerf maxillaire inférieur (V).
Tous les autres muscles du voile du palais et du pharynx sont innervés par le
pneumogastrique et le plexus pharyngien.

*
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

Chapitre 5

127
La voix Tome 1

La bouche
La cavité buccale joue un rôle dans plusieurs fonctions distinctes : mastication,
déglutition, articulation de la parole, mimique.
Notons que ces diverses fonctions sont liées les unes aux autres, d’où la coexis-
tence fréquente des troubles de l’articulation et de la déglutition.
Notons encore, dès maintenant, que la forme des arcades dentaires et la façon
dont elles entrent en rapport l’une avec l’autre, dépendent, pour une grande part,
des modalités de fonctionnement des organes buccaux.
On distingue dans la bouche une partie périphérique ou vestibule, s’ouvrant à
l’extérieur par l’orifice buccal, et une partie centrale ou cavité buccale proprement
dite. Les deux parties sont séparées l’une de l’autre par les arcades gingivo-dentaires.

◗ Orifice buccal
L’orifice buccal est constitué par les lèvres supérieure et inférieure, dont la jonc-
tion en dehors forme les commissures labiales.
Les lèvres sont deux replis musculo-membraneux. Elles présentent chacune une
face antérieure cutanée, une face postérieure muqueuse, un bord libre.
Souples, élastiques, mobiles, elles ont un rôle de premier plan dans la succion,
la mimique expressive et l’articulation de la parole (phonèmes labiaux). Leur
musculature sera étudiée avec les muscles peauciers.
Au repos, la fente labiale est à 2 mm au-dessus du bord inférieur (bord occlusal)
des incisives supérieures.

◗ Vestibule
Le vestibule est l’espace en forme de fer à cheval compris entre les arcades
gingivo-dentaires, d’une part, les lèvres et les joues, d’autre part.
En avant, on trouve dans le vestibule : le frein de la lèvre supérieure en haut, le
frein de la lèvre inférieure en bas. Les freins sont de petits replis unissant la
muqueuse de la face interne de la lèvre à la gencive correspondante.
La paroi externe de la cavité vestibulaire qui constitue la face interne de la joue
présente, au niveau des molaires supérieures, l’abouchement du canal de Sténon,
canal excréteur de la glande salivaire parotide.

◗ Arcades gingivo-dentaires
Correspondant au bord supérieur du maxillaire inférieur et au bord inférieur
du maxillaire supérieur, elles sont revêtues d’une muqueuse très épaisse et très
adhérente : la gencive. Cette dernière s’arrête au pourtour des orifices alvéolaires
où sont implantées les dents.

LES DENTS (fig. 5-25 et 5-26)


La dent se compose de trois parties : la couronne, la racine incluse dans l’alvéole
et le collet qui sépare la couronne de la racine.
Les dents se présentent selon quatre catégories qui sont, d’avant en arrière, les
incisives, les canines, les prémolaires et les molaires.

■ Les incisives
Les incisives supérieures sont au nombre de quatre, deux médianes et deux laté-
rales. Leur couronne est aplatie d’avant en arrière et mince dans leur moitié
inférieure. Leur fonction est de couper (d’où leur nom). La racine des incisives
supérieures est conique et forte.

Chapitre 5

128
Le pavillon pharyngo-buccal et les cavités annexes

➤ Fig. 5-25

Coupe schématique d’une dent


Couronne
Émail dans son alvéole.
Ivoire (Dentine)
Collet
Pulpe

Ligament alvéolo-dentaire (Périodonte)

Cément
Racine

) ➤ Fig. 5-26
se re re re re
ai ai ai ai
ges ol ol ol ol
m m ém ém
sa e
2
re
1 pr pr
Arcades dentaires (profil droit).
e e re
ntd 2 1
(de Canine
aire
ol
e m
3
Incisive latérale

Incisive médiane

Les incisives inférieures, au nombre de quatre également, sont beaucoup moins


larges que les supérieures. Leur racine est mince et aplatie transversalement.

■ Les canines
Elles sont au nombre de deux pour chaque mâchoire.
La canine supérieure est conique, très forte ; sa fonction est de déchirer (comme
fait le chien). Sa racine est longue et forte.
La canine inférieure a grossièrement la forme d’une pyramide triangulaire. Sa
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

racine est également longue et forte.


Les canines sont très robustes et jouent un rôle important dans l’équilibre de la
mâchoire.

■ Les prémolaires
Elles sont au nombre de quatre pour chaque mâchoire.
Leur couronne porte deux « cuspides 1 », une cuspide interne et une cuspide
externe. Leur racine est unique, sauf celle de la première prémolaire supérieure,
souvent bifide.

1. Cuspide : du latin cuspis, la pointe.

Chapitre 5

129
La voix Tome 1

■ Les molaires
Elles sont au nombre de six par mâchoire.
Leur couronne, dont la face triturante est beaucoup plus large que celle des prémo-
laires, possède en général quatre cuspides. Leur fonction est de broyer (comme la meule 2).
La première molaire est plus forte. Elle constitue le pilier principal de la denture.
LES PROCÈS ALVÉOLAIRES
Les procès alvéolaires sont des gaines osseuses entourant les racines des dents.
Ils se forment et disparaissent avec les dents. Leur croissance obéit aux mêmes lois
que celles du squelette.
Les procès alvéolaires se développent à partir du 6e mois au niveau du bord
supérieur de la mandibule et sur le pourtour de la voûte palatine. Ce développement
se poursuit jusqu’à la 21e année, date à laquelle les arcades dentaires possèdent
généralement toutes leurs dents.
LES LIGAMENTS ALVÉOLO-DENTAIRES
Les ligaments alvéolo-dentaires unissent les racines dentaires aux alvéoles et
édifient les procès alvéolaires. D’un point de vue anatomique, l’os alvéolaire et son
support de base forment un seul bloc osseux, mais du point de vue embryologique, ces
deux corps osseux sont indépendants. En effet, les procès alvéolaires appartiennent au
système dentaire. On observe ainsi des interactions complexes entre les processus de
croissance des dents et l’évolution de leur support osseux. Le système dentaire subit les
éventuelles anomalies de formes et de rapports de ces supports.

◗ Les arcades dentaires et leurs divers modes


d’articulé
Les arcades dentaires dessinent deux courbes paraboliques. L’arcade supérieure
est de rayon plus grand que l’inférieure, de sorte qu’en occlusion pour un articulé
normal, l’arcade supérieure est excentrée par rapport à l’inférieure.
On appelle articulé dentaire les rapports des deux arcades en position d’engrè-
nement habituel.
■ Articulé dentaire normal
L’articulé dentaire normal se traduit par une occlusion amenant toutes les dents
inférieures en contact intime avec les supérieures pour la position la plus reculée
du condyle de l’articulation du maxillaire inférieur. De plus, pour cette position,
les incisives et les canines supérieures débordent en avant les inférieures d’environ
1 à 2 millimètres, tandis que les prémolaires et les molaires supérieures débordent
en dehors vers le vestibule.
■ Autres modes d’articulé dentaire
Il existe d’autres modes d’articulés dentaires différents du type dit normal et
que l’on ne peut cependant pas considérer obligatoirement comme pathologiques.
Dans un premier cas (articulé croisé), les incisives et les canines supérieures débor-
dent en avant les inférieures au point de les masquer. Dans ce cas, les canines
supérieures bloquent les mouvements latéraux de la mâchoire lors de la mastication qui
s’effectue alors dans un simple mouvement de charnière, comme chez les carnivores.
Dans un deuxième cas, qui s’oppose au précédent, les incisives supérieures viennent
en contact avec les inférieures seulement par leur bord libre. Dans ce cas, les canines supé-
rieures ne gênent pas les mouvements latéraux de la mâchoire lors de la mastication.

2. Meule : en latin mola.

Chapitre 5

130
Le pavillon pharyngo-buccal et les cavités annexes

Dans un troisième cas, plus nettement pathologique, c’est l’arcade dentaire infé-
rieure qui déborde plus ou moins largement en avant la supérieure.
Le cas inverse où l’arcade dentaire supérieure déborde plus ou moins largement
l’inférieure est fréquent chez les Africains et les Asiatiques.
■ Position de repos
En dehors de la mastication, les deux arcades dentaires sont rarement en
contact. En position de repos, en effet, les arcades dentaires restent normalement
distantes de 2 millimètres environ, les lèvres étant jointes, non contractées.
◗ Dentitions

■ Première dentition (dentition temporaire)


Entre 3 et 6 ans, l’enfant possède 20 dents : 8 incisives, 4 canines et 8 molaires.
■ Deuxième dentition
Les dents temporaires tombent de 6 à 12 ans et sont remplacées par 20 dents
permanentes auxquelles s’ajoutent 12 molaires. L’adulte possède ainsi : 8 incisives,
4 canines, 8 prémolaires et 12 molaires.
La première molaire apparaît à 6 ans derrière les molaires temporaires qui ne
tombent qu’après 10 ou 12 ans. Cette première molaire, qui sera la plus forte de la
mâchoire, est souvent prise à 7 ou 8 ans pour une dent « de lait » et mal surveillée.
Elle est, de ce fait, souvent atteinte par la carie et sa disparition constitue un très
grand dommage pour l’avenir de la mâchoire.
La troisième molaire, qu’on appelle dent « de sagesse », apparaît vers 18 ans.
Lorsqu’elle reste incluse, elle peut donner lieu à des accidents très sérieux. Il est
parfois indiqué de l’extraire précocement (avant 18 ans).
◗ Cavité buccale proprement dite
La cavité buccale proprement dite comprend la voûte palatine et le plancher buccal.
VOÛTE PALATINE
La voûte palatine est de forme variable. Elle peut en effet être plate ou, au
contraire, profonde, en ogive. Cette variabilité n’a pas d’incidence très notable sur
le caractère de la phonation.

PLANCHER BUCCAL (fig. 5-27)


Le plancher buccal présente à étudier deux parties : le sillon gingivo-lingual et la langue.
Veine ranine ➤ Fig. 5-27
(Veine profonde de la langue)
Face inférieure de la langue.
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

Frein

Saillie du muscle génio-glosse

Éminence sublinguale

Caroncule

Chapitre 5

131
La voix Tome 1

■ Sillon gingivo-lingual
Le sillon gingivo-lingual est compris entre l’arcade gingivo-dentaire inférieure
et la racine de la langue. À la partie médiane de ce sillon, à la naissance du frein de
la langue, on note une saillie divisée en deux tubercules latéraux : les caroncules
linguales. Au sommet de chacun de ces tubercules s’ouvre l’orifice du canal de
Wharton (canal excréteur de la glande salivaire sous-maxillaire).
En dehors des caroncules, se trouve de chaque côté l’éminence sub-linguale,
saillie oblongue à grand axe, orientée en arrière et en dehors. Elle correspond à la
glande salivaire sub-linguale.
■ Langue
Au repos, la langue occupe la majeure partie de la cavité buccale. Son étude
détaillée fait l’objet du sous-chapitre suivant.

*
La langue
◗ Configuration générale
La langue occupe la partie moyenne du plancher de la bouche. Sa face dorsale
reste à distance de la voûte palatine. Sa pointe et ses bords ne s’interposent pas
entre les arcades dentaires.
Par sa partie libre, la langue fait saillie dans la cavité buccale. Cette partie libre
comporte une face dorsale, une face ventrale, deux bords et une pointe.
Par sa base, la langue est reliée par de nombreux muscles à l’os hyoïde, au maxil-
laire inférieur, à l’apophyse styloïde et à la voûte palatine.

FACE SUPÉRIEURE OU DORSALE (fig. 5-28)


La face supérieure de la langue présente un sillon en forme de V ouvert en avant,
le sillon terminal (ou V lingual), divisant cette face en une partie antérieure
buccale et en une partie postérieure pharyngienne. Au sommet de l’angle dessiné
par ce sillon, existe une petite dépression : le foramen cæcum.
La partie buccale de la face supérieure de la langue, parcourue par un sillon
longitudinal, le sillon médian supérieur, est recouverte sur toute son étendue de

➤ Fig. 5-28
Gouttière pharyngo-laryngée (sinus piriforme)
(Récessus piriforme)
Langue. Face dorsale. Fossette
glosso-épiglottique

Repli pharyngo-épiglottique latéral

Repli (pli) glosso-


épiglottique médian Repli (pli) glosso-épiglottique latéral

Pilier postérieur Amygdale palatine


(Arc palato-pharyngien) (Tonsille palatine)

Foramen cæcum

Pilier antérieur
(Arc palato-glosse)
Papille caliciforme
(Papille circumvalée)
Sillon terminal

Sillon médian de la langue

Chapitre 5

132
Le pavillon pharyngo-buccal et les cavités annexes

petites saillies qui constituent les papilles linguales. Les plus volumineuses d’entre
elles, les papilles caliciformes, sont alignées juste en avant du sillon terminal selon
la même disposition en V.
La partie pharyngienne de la face supérieure de la langue, grossièrement verti-
cale, est recouverte de saillies irrégulières obliques en bas et en dedans dont
l’ensemble constitue l’amygdale linguale.
L’extrémité inférieure de cette face pharyngienne de la langue se prolonge
jusqu’à l’épiglotte, unie à elle par les trois replis glosso-épiglottiques : un médian,
deux latéraux. Ces replis déterminent de chaque côté de la ligne médiane les deux
fossettes glosso-épiglottiques.
La traction de la langue vers l’avant entraîne le relèvement de l’épiglotte, ce qui
permet la laryngoscopie au miroir ou à l’endoscope buccal.

FACE INFÉRIEURE OU VENTRALE (fig. 5-27)


À la face inférieure de la langue, on remarque sur la ligne médiane un repli de
la muqueuse, le frein de la langue, naissant en bas au niveau des caroncules dans
le sillon gingivo-lingual.
Latéralement, on observe deux saillies longitudinales correspondant aux
muscles génio-glosses.

BORDS LATÉRAUX
Les bords latéraux de la langue présentent à leur extrémité postérieure des replis
verticaux parallèles correspondant aux papilles foliées.

◗ Éléments anatomiques constitutifs de la langue


La langue présente un squelette ostéo-fibreux constitué par l’os hyoïde
(cf. p. 80), la membrane hyo-glossienne et le septum lingual (fig. 5-29), une muscu-
lature complexe (fig. 5-30) comportant 17 muscles, des vaisseaux et des nerfs
propres.

➤ Fig. 5-29

Septum lingual Squelette fibreux de la langue.

Membrane hyo-glossienne
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

Corps de l’os hyoïde (face antérieure)

MEMBRANE HYO-GLOSSIENNE
La membrane hyo-glossienne est disposée dans un plan frontal et s’attache en
bas, au bord supérieur du corps de l’os hyoïde d’une petite corne à l’autre. De là,
elle monte obliquement vers l’arrière pour se perdre dans l’épaisseur de la langue
après un trajet de 1 cm environ.

Chapitre 5

133
La voix Tome 1

SEPTUM LINGUAL
Le septum lingual est une lame fibreuse en forme de faux disposée dans un plan
sagittal. Elle se détache perpendiculairement de la membrane hyo-glossienne sur
la ligne médiane. De là, elle se dirige en haut et en avant vers la pointe de la langue.

LES MUSCLES DE LA LANGUE (fig 5-30)


Ces muscles sont au nombre de 17 (8 pairs et 1 impair).

■ Le génio-glosse (fig. 5-27, 5-30, 5-31 et 5-32)


Le muscle génio-glosse s’insère en avant à la face postérieure (interne) du
maxillaire inférieur près de son bord inférieur, sur les apophyses geni supérieures.
De cette insertion, les fibres de ce muscle rayonnent vers la face dorsale de la
langue : les fibres supérieures s’incurvant en haut et en avant vont vers la pointe

Pharyngo-glosse
(faisceau lingual du constricteur sup. du pharynx)
(Partie glosso-pharyngienne du constricteur sup. du pharynx) Palato-glosse

Stylo-glosse
Stylo-hyoïdien

Lingual inférieur

Génio-glosse

Ventre postérieur du digastrique

Génio-hyoïdien

Ventre antérieur du digastrique


(sectionné)

Mylo-hyoïdien (sectionné)
Hyo-glosse (faisceau postérieur)

➤ Fig. 5-30 Hyo-glosse (faisceau antérieur)

Muscles de la langue.
Vue latérale droite.

Lingual supérieur
Septum lingual Génio-glosse
Palato-glosse

Stylo-glosse

Hyo-glosse Lingual inférieur

Pharyngo-glosse
Loge sous maxillaire
(sous-mandibulaire) Tissus celluleux

Génio-hyoïdien
Mylo-hyoïdien
Ventre antérieur du digastrique
➤ Fig. 5-31

Muscles de la langue.
Coupe frontale.

Chapitre 5

134
Le pavillon pharyngo-buccal et les cavités annexes

de la langue, les fibres inférieures se terminent sur le bord supérieur du corps de


l’os hyoïde.
Dans sa partie supérieure, le génio-glosse est séparé de celui du côté opposé par
le septum lingual.
Action
Lorsque les fibres supérieures du génio-glosse se contractent, elles propulsent
en avant la pointe de la langue. Lorsque le muscle se contracte dans sa totalité, il
applique la langue sur le plancher de la bouche.

■ L’hyo-glosse (fig. 4-22, 5-30, 5-31 et 5-32)


Le muscle hyo-glosse est placé sur la partie latérale de la langue.
Ses fibres s’insèrent en bas sur le corps de l’os hyoïde près de la petite corne et
sur la face supérieure de la grande corne. De là, elles montent en deux faisceaux
verticalement en dehors du génio-glosse et s’épanouissent en éventail en s’inclinant
en dedans pour se terminer sur le septum lingual.
Action
Le muscle hyo-glosse abaisse et rétracte la langue.

■ Le lingual inférieur (fig. 5-30, 5-31 et 5-32)


Petit muscle aplati transversalement, le lingual inférieur s’insère en bas sur la
petite corne de l’os hyoïde. De là, il monte en parcourant la langue jusqu’à sa pointe
en se glissant entre le génio-glosse et l’hyo-glosse.
Action
Le muscle lingual inférieur abaisse et surtout rétracte la pointe de la langue.

■ Le pharyngo-glosse (fig. 5-20, 5-24, 5-30 et 5-31)


Le pharyngo-glosse constitue le faisceau lingual du constricteur supérieur du
pharynx. Il s’insère en arrière sur le raphé postérieur du pharynx, confondu avec
les autres faisceaux du constricteur supérieur. De là, ses fibres se dirigent en avant
vers le bord latéral de la langue où elles se confondent avec les fibres du stylo-
glosse, du lingual inférieur et du génio-glosse.
Action
Le muscle pharyngo-glosse attire la langue en arrière et en haut.

■ Le palato-glosse ou glosso-staphylin (fig. 5-24, 5-30 et 5-31)


Le muscle palato-glosse s’insère en haut dans le voile du palais, à la face inférieure
de l’aponévrose palatine. Ses fibres forment en descendant le pilier antérieur du
voile du palais. Elles se terminent sur le bord latéral et dans l’épaisseur de la langue.
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

Action
Le muscle palato-glosse attire la langue en haut et en arrière et rétrécit l’isthme
du gosier.

■ L’amygdalo-glosse
Le muscle amygdalo-glosse, inconstant, plus ou moins confondu avec le palato-
glosse, naît de la face externe de la capsule amygdalienne. Ses fibres se portent en
bas et se terminent dans l’épaisseur de la langue en dedans du pharyngo-glosse.
Action
Le muscle amygdalo-glosse élève la base de la langue.

Chapitre 5

135
La voix Tome 1

■ Le stylo-glosse (fig. 5-20, 5-30, 5-31 et 5-32)


Le stylo-glosse est un long muscle qui se détache en arrière de l’apophyse styloïde
et du ligament stylo-maxillaire. Ses fibres se dirigent d’abord en bas, en avant et en
dehors et se terminent ensuite en un large éventail à la face dorsale de la langue.
Les fibres les plus postérieures s’inclinent en dedans, presque transversales,
pour se terminer sur le septum lingual. Les fibres les plus antérieures, moins obli-
ques, atteignent la pointe de la langue. Les fibres les plus inférieures rejoignent le
septum lingual en traversant l’hyo-glosse et le lingual inférieur.
Action
Le muscle stylo-glosse élargit la langue en portant la base de la langue en haut
et en arrière.

■ Le transverse
Le muscle transverse est formé de fibres transversales qui vont de la face
profonde de la muqueuse du bord de la langue au septum lingual.
Action
Le muscle transverse rapproche du plan médian les bords de la langue. Il
provoque ainsi le rétrécissement en largeur et l’allongement de celle-ci.

■ Le lingual supérieur (fig. 5-30)


Le muscle lingual supérieur, seul muscle impair et médian, est une lame muscu-
laire située en superficie sous la muqueuse de la face dorsale de la langue dans toute
son étendue.
Ses fibres naissent en arrière latéralement des petites cornes de l’os hyoïde et
sur la ligne médiane de l’épiglotte où elles forment le repli glosso-épiglottique
médian. En avant, ses fibres s’insèrent à la face profonde de la muqueuse linguale.
Action
Le muscle lingual supérieur rétracte la langue, en particulier la pointe.

Nerf glosso-pharyngien (IX)

Muscle stylo-glosse Muscle hyo-glosse (récliné)

Nerf lingual
Muscle génio-glosse
Constricteur moyen du pharynx

Nerf grand hypoglosse (XII)


(Nerf hypoglosse)

Artère ranine (Profonde de la langue)


Artère sublinguale

Artère carotide externe Artère dorsale de la langue

Artère linguale Muscle génio-hyoïdien


Muscle lingual inférieur

➤ Fig. 5-32

Artères et nerfs de la langue.

Chapitre 5

136
Le pavillon pharyngo-buccal et les cavités annexes

◗ Vaisseaux et nerfs de la langue

ARTÈRES (fig. 5-32)


Les artères de la langue proviennent de l’artère linguale, branche de la carotide
externe qui se divise en artère dorsale de la langue pour la base, artère ranine
pour la pointe et artère sublinguale pour la glande salivaire du même nom.

VEINES
Les veines de la langue comportent les veines linguales profondes, les veines
dorsales et les veines ranines accompagnant les artères correspondantes.

LYMPHATIQUES
Les lymphatiques de la pointe de la langue vont aux ganglions sous-
mentonniers.
Les lymphatiques du corps de la langue, divisés en lymphatiques marginaux,
basaux et centraux, se rendent aux ganglions sous-maxillaires et aux ganglions
antérieurs de la chaîne jugulaire interne.

NERFS
Les nerfs moteurs de la langue viennent essentiellement du nerf grand hypo-
glosse (XII). Seul le muscle stylo-glosse est innervé par le nerf glosso-pharyngien
(IX).
L’innervation sensitive de la langue est complexe.
En avant du V lingual, la muqueuse est innervée par le nerf lingual, branche du
maxillaire inférieur, lui-même branche du trijumeau (V). En arrière du V lingual,
la muqueuse est innervée par le glosso-pharyngien (IX).
Tout en arrière, les replis et les fossettes glosso-épiglottiques sont innervés par
des rameaux du nerf laryngé supérieur, branche du pneumogastrique (X).

*
Les fosses nasales
Les fosses nasales sont deux cavités séparées l’une de l’autre par une cloison
mince. Leur partie toute supérieure, étroite, est le siège de l’organe de l’olfaction.
La partie inférieure constitue la partie la plus élevée des voies respiratoires.
Les fosses nasales sont situées au-dessus de la cavité buccale, au-dessous de la
cavité crânienne et en dedans des cavités orbitaires. Elles se prolongent en avant
par les cavités du nez (appareil narinaire). Elles s’ouvrent en arrière dans la rhino-
pharynx par des orifices appelés choanes.
Les fosses nasales sont constituées d’une charpente osseuse complexe recouverte
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

d’une muqueuse. Elles sont en communication grâce à de petits orifices appelés ostium
avec un grand nombre de cavités pneumatiques qui constituent les sinus de la face.

◗ Étude anatomique succincte des os entrant


dans la constitution des fosses nasales
Avant d’aborder la description de chacune des faces ou orifices des fosses
nasales, il nous paraît indispensable de présenter rapidement quelques données
essentielles concernant l’anatomie des os entrant dans la constitution de celles-ci.
Ces notions ostéologiques ne seront peut-être pas inutiles pour mieux comprendre,
en une seconde lecture, les insertions crâniennes des muscles du pharynx, des
muscles masticateurs, ainsi que l’anatomie du voile du palais.
Huit os seront ainsi étudiés.

Chapitre 5

137
La voix Tome 1

Branche montante
(Processus frontal)

Face orbitaire
Bord orbitaire

Canal sous-orbitaire
(Canal infra-orbitaire)

Orifice du canal sous-orbitaire


Échancrure nasale
(Foramen infra-orbitaire)
(Incisure nasale)

Apophyse malaire Épine nasale antérieure


(Processus zygomatique)

Bord alvéolaire
(Processus alvéolaire)
Fossette myrtiforme
(Fosse canine)

➤ Fig. 5-33

Os maxillaire supérieur droit (Maxillaire).


Vue externe.

L’OS MAXILLAIRE SUPÉRIEUR (fig. 5-33)


Une vue externe de l’os maxillaire supérieur (fig 5-33) nous permet d’observer
les éléments suivants :
– en bas, le bord alvéolaire et les dents ;
– en haut, la face orbitaire qui constitue le plancher de l’orbite et le plafond du
sinus maxillaire ;
– en avant et en haut, la branche montante qui constitue le bord interne de l’orbite
et qui s’articule en dedans avec les os propres du nez ;
– en avant et à la partie médiane, la partie incurvée du bord antérieur de l’os qui
forme l’échancrure nasale délimitant l’orifice antérieur des fosses nasales ;
– en avant et à la partie inférieure, l’épine nasale antérieure unie à celle du côté
opposé.
Sur la face externe de l’os, on notera l’orifice du canal sous-orbitaire, d’une part,
l’apophyse malaire, d’autre part, qui s’engrène avec l’os malaire (os de la
pommette).
L’os maxillaire présente également, l’apophyse palatine, qui est une lame hori-
zontale implantée à la face interne de l’os (fig. 5-38). Quant à sa face postérieure,
elle correspond à la fosse ptérygo-maxillaire.

L’ETHMOÏDE (fig. 5-34)


La figure 5-34 représente de façon très schématisée l’ethmoïde qui comporte :
– une lame centrale verticale (la lame perpendiculaire) qui correspond à la partie
haute de la cloison nasale ;
– les deux masses latérales creusées de cellules pneumatiques qui entrent dans la
constitution de la partie haute de la face externe des fosses nasales ;
– une lame horizontale (la lame criblée) qui constitue une partie du plafond des
fosses nasales ;
– l’apophyse crista-galli en haut, dans le prolongement de la lame verticale.

Chapitre 5

138
Le pavillon pharyngo-buccal et les cavités annexes

➤ Fig. 5-34
Apophyse crista-galli
(Crista-galli)
Ethmoïde (très schématisé).

Lame criblée

1/2 cellule pneumatique


(Cellule ethmoïdale)

Masse latérale
(Labyrinthe ethmoïdal)

Lame perpendiculaire

Gouttière optique
➤ Fig. 5-35
(Sillon chiasmatique)
Bord postérieur de la selle turcique
Os sphénoïde. Vue postérieure.

Petite aile

Grande aile

Corps

Gouttière carotidienne
(Sillon carotidien)

Aile externe (face interne)

}
(Lame latérale)

Aile interne Apophyse ptérygoïde


(Lame médiale) (Processus ptérygoïde)

Crochet de l’aile interne


(Hamulus ptérygoïdien)
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

LE SPHÉNOÏDE (fig. 5-35 et 5-38)


Cet os qui ressemble un peu à un papillon est situé à la partie moyenne du crâne.
Il présente une partie centrale, le corps, duquel se détachent de chaque côté trois
apophyses : les petites ailes, les grandes ailes et les apophyses ptérygoïdes.
■ Le corps
Grossièrement cubique, le corps du sphénoïde est creusé d’une cavité pneuma-
tique, le sinus sphénoïdal.
Sa face supérieure est déprimée en arrière par la fosse pituitaire ou selle
turcique qui contient la glande pituitaire ou hypophyse. En avant de celle-ci, on

Chapitre 5

139
La voix Tome 1

trouve une gouttière horizontale, la gouttière optique correspondant au « chiasma


optique », c’est-à-dire à l’entrecroisement des nerfs optiques.
Les faces latérales du corps du sphénoïde sont marquées d’une gouttière
sinueuse : la gouttière carotidienne ou gouttière du sinus caverneux.
Les faces antérieure et inférieure du corps du sphénoïde entrent dans la cons-
titution du plafond des fosses nasales (fig. 5-40).

■ Les petites ailes


Les petites ailes sont des lames horizontales triangulaires à sommet externe
détachées de la partie supérieure et antérieure du corps du sphénoïde. Elles s’arti-
culent en avant avec la partie horizontale (orbito-nasale) de l’os frontal. Leur face
supérieure est en rapport avec le segment orbitaire du lobe frontal du cerveau.

■ Les grandes ailes


Détachées de la partie postéro-supérieure du corps, les grandes ailes du sphénoïde
s’étalent d’abord horizontalement puis s’incurvent progressivement vers le haut.
Leur face endocrânienne est en effet concave et correspond à la partie antérieure
du lobe temporal du cerveau.
La face exocrânienne est divisée en deux par une crête verticale, la crête malaire
articulaire avec l’os malaire (os de la pommette). Elle correspond en dedans à la
paroi externe de l’orbite.
En dehors de la crête malaire, la face exocrânienne des grandes ailes
correspond :
– en haut (partie verticale), à la fosse temporale où s’insère le muscle temporal ;
– en bas (partie horizontale), au plafond de la fosse zygomatique.

■ Les apophyses ptérygoïdes


Les apophyses ptérygoïdes se détachent de la face inférieure du corps du sphé-
noïde (racine interne) et de la partie interne de la face inférieure de la grande aile
(racine externe). Unies l’une à l’autre, ces deux racines se prolongent vers le bas
par deux lames osseuses sagittales (aplaties de dehors en dedans) : les « ailes »
interne et externe.
Ces deux ailes interne et externe de l’apophyse ptérygoïde sont unies par leur
bord antérieur sur leur moitié supérieure et forment ainsi en arrière un angle dièdre,
constituant la partie haute de la fosse ptérygoïde qui donne insertion aux muscles
ptérygoïdiens internes. Plus bas, ces deux ailes sont séparées, formant l’échancrure
ptérygoïdienne où vient s’encastrer l’apophyse pyramidale du palatin.
L’aile interne est terminée par un crochet sur lequel se réfléchit le tendon du
muscle péristaphylin externe et sur lequel s’insère le ligament ptérygo-maxillaire.
L’apophyse ptérygoïde entre dans la constitution des fosses nasales par la face
interne de son aile interne, dont la partie antérieure est recouverte par la lame verti-
cale de l’os palatin.

LE PALATIN (fig. 5-36)


Cet os présente une partie verticale (la lame verticale) et une partie horizontale
(la lame horizontale) unies l’une à l’autre à angle droit.

■ La lame horizontale
Rectangulaire, la lame horizontale présente :
– une face supérieure, lisse, constituant la partie postérieure du plancher des fosses
nasales ;
– une face inférieure rugueuse, constituant la partie postérieure de la voûte palatine ;

Chapitre 5

140
Le pavillon pharyngo-buccal et les cavités annexes

Échancrure sphéno-palatine ➤ Fig. 5-36

Os palatin droit. Vue interne


Apophyse orbitaire
(Processus orbitaire) et légèrement postérieure.

Crête d’insertion du cornet moyen Apophyse sphénoïdale


(Crête ethmoïdale) (Processus sphénoïdal)

Lame verticale (face interne)


(Lame perpendiculaire)
Crête d’insertion du cornet inférieur
(Crête conchale)

Apophyse pyramidale
Apophyse maxillaire (Processus pyramidal)
(Processus maxillaire)
Lame horizontale

– un bord antérieur, articulaire avec l’apophyse palatine du maxillaire supérieur ;


– un bord interne épais, articulaire avec la lame horizontale du palatin opposé.
Relevé en une crête, ce bord interne s’articule également en haut avec le bord infé-
rieur du vomer appartenant à la cloison nasale.

■ La lame verticale
Sur la face interne de la lame verticale, on remarque les crêtes horizontales
d’insertion des cornets moyen et inférieur.
Son bord supérieur présente deux apophyses séparées par une échancrure,
l’échancrure sphéno-palatine, qui forme en partie le trou sphéno-palatin.
L’apophyse antérieure, orbitaire, s’articule avec l’ethmoïde, le maxillaire supérieur
et le sphénoïde. L’apophyse postérieure, sphénoïdale, est une lamelle osseuse qui
se recourbe en dedans pour s’appliquer à la face inférieure du corps du sphénoïde.
Sa face externe s’applique en avant sur le corps du maxillaire supérieur, obtu-
rant partiellement l’orifice du sinus maxillaire. Plus en arrière, elle ferme l’arrière-
fond de la fosse ptérygo-maxillaire. Plus en arrière encore, elle s’applique sur la
face interne de l’aile interne de l’apophyse ptérygoïde. De la partie inférieure et
postérieure de cette face, se détache l’apophyse pyramidale qui vient s’encastrer
dans l’échancrure ptérygoïdienne en complétant la fosse ptérygo-maxillaire.

L’UNGUIS (fig. 5-39)


L’unguis est une lame osseuse située sur la paroi interne de l’orbite juste en
arrière de la branche montante du maxillaire supérieur.
Sa face externe s’applique par sa partie inférieure à la face interne du maxillaire
supérieur. Elle présente en avant une gouttière verticale qui forme en bas, avec la
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

gouttière lacrymale du maxillaire supérieur, le canal lacrymal.


Son bord inférieur s’articule avec l’apophyse lacrymale du cornet inférieur.

LE CORNET INFÉRIEUR (fig. 5-40)


Le cornet inférieur est une lamelle osseuse à concavité externe allongée d’avant
en arrière. Son bord supérieur se fixe à la paroi externe des fosses nasales ; son
bord interne est libre dans la cavité nasale.

LES OS PROPRES DU NEZ (fig. 5-41)


Les os propres du nez sont deux lames quadrilatères s’articulant en dehors avec
les branches montantes du maxillaire supérieur et en haut avec l’os frontal.

Chapitre 5

141
La voix Tome 1

LE VOMER (fig. 5-37)


Le vomer est une lame verticale constituant la partie postérieure de la cloison
nasale.
Son bord supérieur se divise en deux lamelles, les ailes vomériennes qui s’appli-
quent à la face inférieure du corps du sphénoïde.
Son bord antérieur (oblique en bas et en avant) s’articule en haut avec la lame
perpendiculaire de l’ethmoïde, en bas avec le cartilage de la cloison.

◗ Description des faces et des orifices


des fosses nasales
Chaque fosse nasale présente une paroi inférieure ou plancher, une paroi
interne ou cloison, une paroi externe, une paroi supérieure ou plafond, un orifice
antérieur et un orifice postérieur ou choane.

PAROI INFÉRIEURE OU PLANCHER


Le plancher de chaque fosse nasale a l’aspect d’une gouttière allongée d’avant
en arrière. Il est constitué par la face supérieure de l’apophyse palatine du maxil-
laire supérieur en avant et par la face supérieure de la lame horizontale du palatin
en arrière.

PAROI INTERNE OU CLOISON (fig. 5-37)


La cloison qui sépare les deux fosses nasales est osseuse dans sa partie posté-
rieure qui correspond au vomer et dans sa partie supérieure qui correspond à la
lame perpendiculaire de l’ethmoïde. Cette paroi est cartilagineuse dans sa partie
antéro-inférieure.

➤ Fig. 5-37 Lame criblée de l’ethmoïde Os frontal


Apophyse crista-galli
Fosse nasale droite. (Crista-galli)
Paroi interne ou cloison Corps du sphénoïde Sinus frontal
(septum).
Os propre du nez
(Os nasal)
Sinus sphénoïdal
Lame perpendiculaire de l’ethmoïde

Cartilage de la cloison
Vomer
(Cartilage septal du nez)
Lame horizontale du palatin
Canal palatin antérieur
(Canal incisif)
Apophyse palatine du maxillaire supérieur
(Processus palatin de la mandibule)

PAROI EXTERNE
Six os disposés en trois plans prennent part à la constitution de la paroi externe
des fosses nasales (Rouvière).

■ Le plan profond (fig. 5-38)


Le plan profond est constitué par la face interne de l’os maxillaire supérieur en
avant et la face interne de l’aile interne de l’apophyse ptérygoïde du sphénoïde en
arrière. On remarque en avant l’orifice du sinus maxillaire.

■ Le plan moyen (fig. 5-39)


Le plan moyen est constitué par l’unguis en avant et la lame verticale de l’os
palatin en arrière. Ces deux os apparaissent en hachuré sur la figure 5-39.

Chapitre 5

142
Le pavillon pharyngo-buccal et les cavités annexes

Cellule ethmoïdo-maxillaire
Branche montante du maxillaire supérieur Sinus sphénoïdal
(Processus frontal de la mandibule)
Selle turcique

Corps du sphénoïde
Crête lacrymale
Fosse ptérygo-maxilaire (ptérygo-palatine)

Sinus maxillaire
Gouttière palatine postérieure
(Sillon grand palatin)
Apophyse ptérygoïde (aile interne)
(Processus ptérygoïde) (lame médiale)

Apophyse palatine du maxillaire supérieur


(Processus palatin de la mandibule)

➤ Fig. 5-38

Fosse nasale droite. Paroi externe (plan profond).

L’unguis vient recouvrir par en dedans la gouttière lacrymale du maxillaire


supérieur pour former le canal lacrymal. La lame verticale de l’os palatin vient
fermer en dedans l’arrière-fond de la fosse ptérygo-maxillaire. Cet arrière-fond
communique avec les fosses nasales par le trou sphéno-palatin. On note sur la face
interne de la lame verticale du palatin les crêtes horizontales où viendront s’insérer
les cornets inférieur et moyen.

■ Le plan superficiel (fig. 5-40)


Le plan superficiel est constitué en haut par les masses latérales de l’ethmoïde,
en bas par le cornet inférieur. Sur la figure 5-40, ces deux os apparaissent en
hachuré ainsi que l’épine nasale du frontal et la face interne de l’os propre du nez
qui font partie du plafond de la fosse nasale.
En haut, les masses latérales de l’ethmoïde séparent la partie supérieure des
fosses nasales, de l’orbite. La face interne des masses latérales présente deux lames
osseuses enroulées sur elles-mêmes, à concavité externe : le cornet supérieur et le
cornet moyen. L’insertion du cornet moyen se poursuit en arrière sur la lame verti-
cale du palatin. La face interne des masses latérales donne également naissance à
l’apophyse unciforme qui, se dirigeant vers le bas et vers l’arrière, vient barrer
l’hiatus maxillaire avant de rejoindre le bord supérieur du cornet inférieur.
En bas, le cornet inférieur est fixé en avant à la face interne de la branche
montante du maxillaire supérieur. Il est articulé en haut avec l’unguis, de telle sorte
que le canal lacrymal débouche à sa face externe. En arrière, le cornet inférieur se
fixe à la lame verticale du palatin.
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

En regard de sa concavité, chaque cornet délimite sur la paroi externe de la fosse


nasale une zone appelée méat.
Les orifices des cellules ethmoïdales débouchent au niveau des méats supérieur
et moyen. L’ostium du sinus maxillaire débouche au niveau du méat moyen.
L’orifice du canal lacrymal débouche au niveau du méat inférieur.

PAROI SUPÉRIEURE OU PLAFOND


Peu épais, le plafond de chaque fosse nasale est en rapport par sa face supérieure
avec les méninges. Il est formé d’avant en arrière par :
– la face postérieure des os propres du nez ;
– la face inférieure de l’épine nasale du frontal ;

Chapitre 5

143
La voix Tome 1

➤ Fig. 5-39

Fosse nasale droite. Paroi externe


(plan moyen). Trou sphéno-palatin
Unguis (Foramen sphéno-palatin)
(Os lacrymal)

Orifice inférieur
du canal lacrymal
Lame verticale du palatin
(Lame perpendiculaire)

Lame horizontale du palatin

Apophyse pyramidale du palatin


(Processus pyramidal du palatin)

➤ Fig. 5-40

}
Lame criblée

Fosse nasale droite. Paroi externe Frontal


Cornet supérieur
Ethmoïde
(plan superficiel). Cornet moyen

Apophyse unciforme

Os propre du nez
(Os nasal)

Cornet inférieur

– la lame criblée de l’ethmoïde qui présente de nombreux orifices par lesquels


passent les rameaux du nerf olfactif ;
– la face antérieure du corps du sphénoïde qui, presque verticale, présente l’orifice
du sinus sphénoïdal ;
– la face inférieure du corps du sphénoïde sur laquelle s’appliquent l’apophyse
sphénoïdale du palatin en dehors, l’aile vomérienne en dedans.
L’ORIFICE ANTÉRIEUR (fig. 5-41)
Piriforme, commun aux deux fosses nasales, l’orifice antérieur est constitué en
haut par le bord antérieur des os propres du nez, en dehors et en bas par le bord
antérieur du maxillaire supérieur.
L’ORIFICE POSTÉRIEUR (fig. 5-42)
Cet orifice, ou choane, fait communiquer chaque fosse nasale avec le rhino-
pharynx ou cavum. Il est constitué :
– en haut, par le corps du sphénoïde sur lequel s’applique l’aile vomérienne ;
– en dedans, par le bord postérieur de l’os vomer ;
– en dehors, par l’aile interne de l’apophyse ptérygoïde ;
– en bas, par la lame horizontale du palatin.

Chapitre 5

144
Le pavillon pharyngo-buccal et les cavités annexes

➤ Fig. 5-41
Frontal
Unguis Éléments osseux constituant l’orifice
(Os lacrymal) Os propre du nez antérieur des fosses nasales (ouverture
(Os nasal)
Branche montante du piriforme).
maxillaire supérieur Rebord orbitaire
(Processus frontal
de la mandibule)
Cornet moyen

Cloison nasale
(lame perpendiculaire de l’ethmoïde)
(Septum nasal)
Cornet inférieur

Cloison nasale (vomer)


(Septum nasal)

Épine nasale antérieure

➤ Fig. 5-42

Cornet supérieur Orifice postérieur des fosses nasales


Bord postérieur de la cloison (choane).
Saillie du bord interne de l’orifice
antérieur de la trompe d’Eustache Queue du cornet moyen
(Trompe auditive)
Queue du cornet inférieur

Pli du releveur (péristaphylin interne)


(Releveur du voile)
Face supérieure du voile du palais

*
Les sinus (fig. 5-43)
Les sinus de la face sont des cavités pneumatiques prolongeant les fosses nasales
avec lesquelles elles communiquent.
On distingue quatre paires de sinus de la face : les sinus maxillaires, éthmoï-
daux, frontaux, sphénoïdaux.

◗ Sinus maxillaire (fig. 5-43)


Le sinus maxillaire est une cavité creusée dans le corps du maxillaire supérieur.
Il a la forme d’une pyramide triangulaire.
La base interne de cette pyramide correspond à la partie inférieure des fosses
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

nasales (fig. 5-38).


Le sommet externe correspond à l’apophyse malaire (fig. 5-33).
La face supérieure correspond au plancher de l’orbite.
La face antérieure (jugale) correspond à la fosse canine.
La face postérieure (ptérygo-maxillaire) correspond à la fosse ptérygo-
maxillaire.
Le plancher constituant une rigole dirigée d’avant en arrière correspond à
l’arcade dentaire supérieure en regard des deux molaires et de la deuxième prémo-
laire. Ce plancher est situé plus bas que le plancher des fosses nasales (environ
15 mm de dénivellation).
La cavité sinusienne communique avec la cavité nasale par un orifice, l’ostium
du sinus maxillaire, qui débouche au-dessus du cornet moyen dans le méat moyen

Chapitre 5

145
La voix Tome 1

➤ Fig. 5-43

Sinus de la face.
Des ouvertures pratiquées dans l’os
frontal, la fosse canine et la paroi interne
de l’orbite permettent d’apercevoir
les cavités des sinus frontal gauche,
maxillaire et ethmoïdal droits. Le sinus
sphénoïdal n’est pas visible. Sinus frontal

Sinus ethmoïdal

Sinus maxillaire

(fig. 5-40). Cet orifice n’occupe qu’une petite partie de l’orifice osseux, partielle-
ment comblé par de la muqueuse.
Nettement individualisé dès l’âge de 3 ans, la croissance de ce sinus continue
jusqu’à l’âge de 15 ans.

◗ Sinus ethmoïdal (fig. 5-34 et 5-43)


Le sinus ethmoïdal ou labyrinthe ethmoïdal est constitué de sept à neuf cellules
pneumatiques creusées dans les masses latérales de l’ethmoïde et empiétant plus
ou moins sur les os voisins, le frontal, le sphénoïde et le maxillaire supérieur. Le
volume de ces cellules est de 2 à 3 cm3. Elles débouchent au niveau des méats par
un orifice situé à leur partie inférieure. Les orifices des cellules de l’ethmoïde anté-
rieur débouchent dans le méat moyen. Ceux des cellules de l’ethmoïde postérieur
débouchent dans le méat supérieur.
Très réduites jusqu’à 4 ans, les cellules ethmoïdales atteignent leur développe-
ment complet vers l’âge de 13 ans.

◗ Sinus frontal (fig. 5-43)


Le sinus frontal est situé au-dessus de la partie antérieure de la fosse nasale et
de l’orbite, il est creusé dans l’épaisseur de l’os frontal. Ses dimensions sont très
variables, parfois réduit à la dimension d’un pois, parfois s’étendant en haut vers
les bosses frontales ou en dehors pour dédoubler la partie interne du plafond de
l’orbite.
Le sinus frontal communique avec la fosse nasale par le canal naso-frontal qui
traverse la masse latérale de l’ethmoïde pour déboucher dans le méat moyen. Il
n’est en fait que le prolongement frontal d’une cellule ethmoïdale.
Le sinus frontal n’est visible radiologiquement qu’à partir de 6 à 8 ans.

◗ Sinus sphénoïdal (fig. 5-37 à 5-40)


Creusés dans le corps du sphénoïde, séparés l’un de l’autre par une cloison,
souvent asymétriques, les sinus sphénoïdaux s’ouvrent dans la partie postérieure
du plafond des fosses nasales par un « ostium » de 2 à 3 mm de diamètre. Leur
dimension est très variable. Ils peuvent pousser des prolongements dans les

Chapitre 5

146
Le pavillon pharyngo-buccal et les cavités annexes

grandes et les petites ailes du sphénoïde, dans les racines des apophyses ptérygo-
ïdes, ainsi que dans les os voisins.
Le développement des sinus sphénoïdaux commence vers 3 ou 4 ans et s’achève
vers 15 ans.

◗ Fonctions des sinus


Un certain nombre d’hypothèses ont été émises concernant le rôle des sinus,
rôle esthétique, rôle d’allègement de l’ossature du crâne, rôle de protection de la
base du crâne contre les chocs, rôle d’isolateur thermique, rôle respiratoire, rôle
de régulateur de la pression nasale, rôle olfactif, rôle phonatoire. En fait, aucune
de ces fonctions n’est prouvée ni même, à vrai dire, probable. Le développement
des sinus semble être une simple conséquence de la croissance faciale. Ce dévelop-
pement a pour effet de faciliter le réajustement de l’ossature faciale à l’ossature du
crâne dont les dimensions définitives sont acquises plus tôt.
Dans la phonation, ils ne peuvent pas être considérés comme des cavités de
résonance comme on l’a prétendu longtemps. Tout au plus peuvent-ils être le siège
de sensations vibratoires entrant dans le complexe sensori-moteur de la voix
chantée comme points de départ de réflexes d’adaptation de la mécanique vocale.
Peut-être également les sinus peuvent-ils jouer un rôle d’isolation phonique vis-
à-vis de la cochlée en freinant la transmission des vibrations osseuses vers celle-ci.

*
Les muscles peauciers de la face (fig. 5-44)
Les muscles peauciers de la face présentent en commun trois caractères :
– ils présentent tous une insertion mobile à la face profonde de la peau ;
– ils sont tous innervés par le nerf facial (VII) ;
– ils se groupent autour des orifices de la face dont ils sont dilatateurs ou constricteurs.
On distingue essentiellement trois groupes de muscles peauciers de la face : les
muscles des paupières et des sourcils, les muscles du nez et les muscles des lèvres.
Aux peauciers de la face, on adjoint parfois un quatrième groupe de muscles
très restreints et atrophiques, les muscles du pavillon de l’oreille.

◗ Muscles des paupières et des sourcils

L’OCCIPITO-FRONTAL (ÉPICRÂNIEN)
Plat, mince et digastrique, le muscle occipito-frontal est appliqué sur la voûte
crânienne depuis la ligne courbe occipitale supérieure en arrière, jusqu’à la région
sourcilière en avant. Il est constitué par deux muscles, l’occipital en arrière, le
frontal en avant, séparés par une large aponévrose : l’aponévrose épicrânienne.
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

Le muscle occipital naît par des fibres charnues sur la ligne courbe occipitale
supérieure et sur la partie voisine de la région mastoïdienne de l’os temporal. Il est
séparé de son homologue du côté opposé par un prolongement postérieur de
l’aponévrose épicrânienne. Il se termine en avant sur le bord postérieur de l’aponé-
vrose épicrânienne.
Le muscle frontal naît en arrière, du bord antérieur de l’aponévrose épicrâ-
nienne. Ses fibres se dirigent en bas et en avant pour s’insérer à la face profonde
de la peau de la région sourcilière et inter-sourcilière. Il est contigu à son homo-
logue du côté opposé.
Action : ce muscle plisse le front en provoquant la formation de rides horizon-
tales, relève les sourcils et tend l’aponévrose épicrânienne.

Chapitre 5

147
La voix Tome 1

Aponévrose épicrânienne
(Galéa aponévrotique)
Frontal
(Ventre frontal de l’épicrânien) Orbiculaire des paupières
(Orbiculaire de l’œil)
(partie orbitaire)
Orbiculaire des paupières
(Orbiculaire de l’œil)
(partie palpébrale)

Sourcilier
(Corrugateur du sourcil)
Occipital
(Ventre occipital
Pyramidal de l’épicrânien)
(Procerus)

Transverse du nez
(Nasal : partie transverse) Muscles du pavillon
de l’oreille
(Auriculaires)
Releveur superficiel
(Releveur naso-labial)
Petit zygomatique

Dilatateur des narines Grand zygomatique


(Nasal : partie alaire)
Canin
(Releveur de l’angle de la bouche)
Releveur profond
(Releveur de la Risorius
lèvre supérieure)
Myrtiforme Masseter
(Abaisseur du septum nasal)
Buccinateur
Orbiculaire des lèvres
(Orbiculaire de la bouche)
Triangulaire des lèvres
(Abaisseur de l’angle de la bouche)
Muscle de la houppe du menton
(Mentonnier)
Carré du menton
(Abaisseur de la lèvre inférieure) Peaucier du cou
(Cutané du cou)

➤ Fig. 5-44

Muscles peauciers de la face.

Chapitre 5

148
Le pavillon pharyngo-buccal et les cavités annexes

LE PYRAMIDAL (PROCERUS)
Les fibres du muscle pyramidal s’insèrent en bas à la partie inféro-interne de
l’os propre du nez et sur le cartilage avoisinant. De là, elles se dirigent vers le haut
en s’entrecroisant avec les fibres du frontal pour se terminer à la face profonde de
la peau de la région inter-sourcilière.
Action : ce muscle est antagoniste de l’occipito-frontal, attirant en bas la peau
de l’espace inter-sourcilier. Il participe à la mimique du dégoût.

L’ORBICULAIRE DES PAUPIÈRES (ORBICULAIRE DE L’ŒIL)


Nous ne décrirons pas les insertions du muscle orbiculaire des paupières qui
sont assez complexes. Nous retiendrons simplement qu’il se divise en deux parties :
l’une palpébrale située au niveau de la paupière, l’autre orbitaire qui forme un
anneau musculaire plat entourant les paupières et la base de l’orbite.
Action : ce muscle rapproche les bords libres des paupières. Il est antagoniste
du releveur de la paupière supérieure qui malgré son insertion partielle à la face
interne de la peau de la paupière supérieure n’est pas classé avec les muscles peau-
ciers mais avec les muscles de l’orbite.

LE SOURCILIER (CORRUGATEUR DU SOURCIL)


Petit, horizontal, le muscle sourcilier s’insère en dedans à l’extrémité interne de
l’arcade sourcilière. De là, il se dirige en dehors pour se terminer à la face profonde
de la moitié interne de la peau du sourcil.
Action : ce muscle rapproche les sourcils en élevant leur partie interne et en atti-
rant en bas et en dedans ses deux tiers externes. Il participe à la mimique de la
sévérité en provoquant la formation de rides verticales entre les sourcils.

◗ Muscles du nez

LE TRANSVERSE DU NEZ (NASAL, PARTIE TRANSVERSE)


Le muscle transverse du nez s’insère par une lame aponévrotique sur le dos du
nez. De là, ses fibres se dirigent en dehors pour s’insérer à la face profonde de la
peau du sillon naso-labial.
Action : attirant l’aile du nez en haut et en avant, ce muscle est dilatateur des
narines.

LE DILATATEUR DES NARINES (NASAL, PARTIE ALAIRE)


Petit, situé dans l’épaisseur de l’aile du nez, le muscle dilatateur des narines
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

s’insère en arrière à la peau du sillon naso-labial. De là, ses fibres se dirigent en


avant et se fixent au bord inférieur de l’aile du nez.
Action : ce muscle dilate la narine en portant l’aile du nez en dehors.

LE MYRTIFORME (ABAISSEUR DU SEPTUM NASAL)


Le muscle myrtiforme naît à la partie antérieure de la face externe du maxillaire
supérieur dans la fossette myrtiforme ou fosse canine, au-dessus du rebord alvéo-
laire correspondant aux incisives. De là, ses fibres se dirigent vers le haut pour
s’insérer à la face profonde de la peau de la sous-cloison entre les deux narines et
au bord postérieur des narines.
Action : ce muscle abaisse l’aile du nez et rétrécit la narine.

Chapitre 5

149
La voix Tome 1

◗ Muscles des lèvres


Les 13 paires de muscles des lèvres comportent 11 paires de muscles dilatateurs
disposés en un plan profond (4 paires) et un plan superficiel (7 paires) et 2 paires
de muscles constricteurs.

LES MUSCLES DILATATEURS


■ Plan profond
Le canin (releveur de l’angle de la bouche)
Le muscle canin s’insère en haut à la face externe du maxillaire supérieur dans
la fosse canine. De là, ses fibres descendent en bas et en dehors pour s’attacher à
la face profonde de la peau de la commissure des lèvres, c’est-à-dire de la jonction
des lèvres supérieure et inférieure.
Action : ce muscle élève les commissures labiales. Découvrant la canine, il
creuse le sillon naso-génien (qui relie la commissure labiale à la partie supérieure
de l’aile du nez). C’est le muscle de la mimique de Dracula.
Le buccinateur
Le muscle buccinateur est situé à la face profonde de la joue.
La ligne de ses insertions forme un U couché ouvert en avant. Ses fibres naissent
en effet en arrière sur le ligament ptérygo-maxillaire 3. Elles naissent d’autre part
en haut et en bas sur les bords alvéolaires des maxillaires supérieur et inférieur.
Ainsi sont constituées trois lignes d’insertions qui se trouvent en continuité.
De ses insertions, les fibres se dirigent en avant en s’entrecroisant : c’est-à-dire que
celles qui naissent d’en haut se dirigent obliquement en bas et vice-versa. Elles se termi-
nent à la face profonde de la peau de la commissure des lèvres supérieure et inférieure.
Action : ce muscle tire vers l’extérieur la commissure des lèvres et resserre les
joues lorsque celles-ci sont dilatées. C’est le muscle du joueur de clarinette. Il inter-
vient dans la déglutition (aplatissant la joue contre les dents, il refoule les aliments
vers la langue).
Le carré du menton (abaisseur de la lèvre inférieure)
Le muscle carré du menton naît du tiers antérieur de la ligne oblique externe
du maxillaire inférieur (fig. 5-2). De là, ses fibres montent obliquement en haut et
en dedans pour s’insérer à la face profonde de la peau de la lèvre inférieure en
s’unissant à celui du côté opposé.
Action : ce muscle attire la lèvre inférieure en bas et en dehors.
Le muscle de la houppe du menton (mentonnier)
Le muscle de la houppe du menton naît à la partie antérieure de la face anté-
rieure du maxillaire inférieur, au-dessous des rebords alvéolaires des incisives et
des canines. De ces insertions, ses fibres se dirigent en bas pour s’attacher à la face
profonde de la peau du menton.
Action : ce muscle est élévateur du menton et de la lèvre inférieure.

■ Plan superficiel
Le releveur superficiel de l’aile du nez et de la lèvre supérieure
(releveur naso-labial)
Le muscle releveur superficiel de l’aile du nez et de la lèvre supérieure s’insère
en haut sur la branche montante du maxillaire supérieur. De là, ses fibres descen-

3. Le ligament ptérygo-maxillaire unit le crochet de l’aile interne de l’apophyse plérygoïde à la partie posté-
rieure du bord alvéolaire du maxillaire inférieur, juste en arrière de la dernière molaire (cf. figure 5-20).

Chapitre 5

150
Le pavillon pharyngo-buccal et les cavités annexes

dent obliquement en bas et en dehors et s’attachent à la face profonde de la peau


du bord postérieur de l’aile du nez et de la lèvre supérieure.
Action : ce muscle attire en haut l’aile du nez et la lèvre supérieure.
Le releveur profond de l’aile du nez et de la lèvre supérieure
(releveur de la lèvre supérieure)
Le muscle releveur profond de l’aile du nez et de la lèvre supérieure naît du
rebord inférieur de l’orbite au-dessus de l’orifice du canal sous-orbitaire (fig. 5-
33). De là, ses fibres se dirigent obliquement en bas et en dedans pour se terminer
à la face profonde de la peau du bord postérieur de l’aile du nez et de la lèvre
supérieure.
Action : comme le précédent, ce muscle attire en haut l’aile du nez et la lèvre
supérieure.
Le petit zygomatique
Étroit, le muscle petit zygomatique s’insère sur la face externe de l’os malaire
(os de la pommette). De là, ses fibres se portent obliquement en bas et en dedans
pour se terminer à la face profonde de la peau de la lèvre supérieure.
Action : ce muscle attire en haut et en dehors la lèvre supérieure. Il accentue le
sillon naso-génien et les rides autour de l’œil.
Le grand zygomatique
Situé en dehors du précédent, le muscle grand zygomatique s’insère comme lui
à la face externe de l’os malaire. De là, ses fibres se dirigent en bas et en dedans
pour s’insérer à la face profonde de la peau et de la muqueuse de la commissure
des lèvres.
Action : ce muscle attire en haut et en dehors la commissure des lèvres. C’est
le muscle principal de la mimique du sourire (mimique du « cheese »).
Le risorius
Le muscle risorius s’attache en arrière à l’aponévrose du masséter. Ses fibres se
dirigent vers l’avant pour se terminer à la face profonde de la peau de la commis-
sure labiale.
Action : ce muscle attire en arrière et en dehors la commissure des lèvres. C’est
le muscle du sourire de la Joconde.
Le triangulaire des lèvres (abaisseur de l’angle de la bouche)
Le muscle triangulaire des lèvres s’insère en bas sur la partie antérieure de la
ligne oblique externe de la face antérieure du maxillaire inférieur au-dessous de
l’insertion du carré du menton. De là, ses fibres montent en convergeant pour
s’insérer à la face profonde de la peau de la commissure labiale et à celle de la lèvre
supérieure. Ses fibres s’entrecroisent avec celles des zygomatiques, des releveurs
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

et du buccinateur.
Action : ce muscle attire la commissure labiale en bas et en dehors, allonge le
sillon naso-génien et éverse légèrement la lèvre inférieure. C’est le muscle des
pleurs.
Le peaucier du cou (cutané du cou)
Le muscle peaucier du cou s’étend à la partie antéro-latérale du cou, jusqu’au
thorax. Il s’insère en haut à la face profonde de la peau de l’éminence mentonnière
et au bord inférieur du maxillaire inférieur, ainsi que sur la ligne oblique externe
de la face externe de cet os. De là, ses fibres se portent en bas et en dehors pour
s’insérer à la face profonde de la peau du thorax au-dessous de la clavicule et à la
partie antérieure de l’épaule.

Chapitre 5

151
La voix Tome 1

Action : ce muscle attire en bas la peau du menton et en haut la peau du cou en


créant des plis obliques.

LES MUSCLES CONSTRICTEURS


■ L’orbiculaire des lèvres (orbiculaire de la bouche)
Le muscle orbiculaire des lèvres comporte une partie périphérique constituant
l’orbiculaire externe et une partie centrale constituant l’orbiculaire interne.
• Le muscle orbiculaire externe comporte, d’une part, des fibres intrinsèques
qui forment les muscles incisifs. Ceux-ci sont au nombre de quatre : les deux
muscles incisifs supérieurs et les deux muscles incisifs inférieurs. Les quatre
muscles incisifs forment un losange autour de la bouche.
– Les muscles incisifs supérieurs naissent de la fossette myrtiforme (ou fosse
canine) à la partie tout antérieure de la face externe du maxillaire supérieur,
sous la narine. Leurs fibres se dirigent en bas et en dehors pour s’attacher à
la commissure labiale.
– Les muscles incisifs inférieurs s’insèrent sur la face antérieure du maxillaire
inférieur près du bord alvéolaire au niveau de la canine. Leurs fibres se diri-
gent en haut et en dehors vers la commissure labiale.
L’orbiculaire externe comporte, d’autre part, des fibres extrinsèques qui sont en
fait le prolongement des fibres d’un certain nombre de muscles dilatateurs des lèvres.
• Le muscle orbiculaire interne court le long du bord libre des lèvres supé-
rieure et inférieure. Il s’étend en hauteur à la moitié environ de chaque lèvre. Ses
fibres s’entrecroisent, les inférieures avec les supérieures, avant de se fixer à la face
profonde de la peau et de la muqueuse des commissures labiales.
Action : les muscles orbiculaires des lèvres sont constricteurs de la bouche.
L’action de l’orbiculaire externe seul détermine la propulsion des lèvres en avant.
C’est le muscle de la moue.

■ Le compresseur des lèvres


Le muscle compresseur des lèvres est constitué par de petites fibres dirigées
d’avant en arrière. Celles-ci s’insèrent en avant à la face profonde de la peau de la
lèvre et en arrière à la face profonde de la muqueuse de la lèvre.
Action : ce muscle comprime les lèvres d’avant en arrière.

◗ Innervation
Tous les muscles peauciers sont innervés par le nerf facial (VII).
Ce nerf prend naissance dans le sillon bulbo-protubéranciel pour gagner le conduit
auditif interne, pénétrant ainsi dans le rocher (os temporal). Il s’engage ensuite dans
l’acqueduc de Fallope à la face interne de la caisse du tympan par un trajet d’abord hori-
zontal puis vertical et sort du rocher par le trou stylo-mastoïdien, en arrière de
l’apophyse styloïde, en avant et en dedans de l’apophyse mastoïde. Il pénètre ensuite
dans la glande salivaire parotide, située au bord postérieur de la branche montante du
maxillaire inférieur pour se diviser en ses deux branches terminales :
– la branche supérieure, branche temporo-faciale, se dirige en avant et innerve tous
les muscles peauciers situés au-dessus de l’orifice buccal ;
– la branche inférieure, branche cervico-faciale, se dirige vers le bas et, en attei-
gnant l’angle de la mâchoire, se divise en rameaux terminaux pour tous les autres
muscles peauciers, y compris le peaucier du cou.
Le trajet complexe du nerf facial est important à connaître du fait de la fréquence
des paralysies faciales qui se traduisent par des difficultés dans l’articulation de la
parole.

Chapitre 5

152
Le pavillon pharyngo-buccal et les cavités annexes

Conseils bibliographiques

CUYER E. La mimique. Paris : Doin Éditeur, 1902.


ERMIANE D. Visages et contacts humains. Paris : ESF, 1969.

*
Physiologie de l’articulation
de la parole
Mouvements élémentaires des organes
composant le pavillon pharyngo-buccal
Le pavillon pharyngo-buccal est le siège de mouvements d’une grande
complexité. On s’en persuadera aisément en passant en revue les possibilités de
déplacement de chacun des organes mobiles qui le composent.
◗ Les lèvres
Les lèvres à l’état de repos sont, en principe, en simple contact l’une avec l’autre.
Ce contact peut devenir serré par augmentation du tonus de leur musculature.
Elles peuvent s’écarter l’une de l’autre, mettant la cavité buccale en communi-
cation avec l’extérieur, cet écartement peut être produit par l’abaissement de la
mâchoire inférieure, mais il peut avoir lieu, en l’absence de cet abaissement, décou-
vrant alors plus ou moins les dents.
En s’allongeant, les lèvres peuvent s’opposer à l’ouverture de la bouche malgré
l’abaissement de la mâchoire inférieure.
Les commissures labiales peuvent s’éloigner l’une de l’autre, étirant les lèvres,
ou se rapprocher au contraire, entraînant le geste de la « moue ».
Les lèvres sont encore susceptibles de s’éverser, d’entrer en contact par leur
bord avec les incisives, de « se rentrer », d’être mordillées.
◗ Le maxillaire inférieur
La mâchoire en s’abaissant augmente le volume de la cavité buccale. Ses mouve-
ments retentissent d’autre part sur la position de la lèvre inférieure et surtout de
la langue. Elle est également susceptible, comme nous l’avons vu, d’exécuter des
mouvements de protraction, de rétropulsion et de diduction.
◗ La langue
La langue peut s’étaler ou se resserrer latéralement. Sa face supérieure peut se
creuser plus ou moins jusqu’à former une gouttière par enroulement latéral de ses
bords.
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

Ses bords peuvent prendre contact avec les gencives ou les arcades dentaires
supérieures pour obturer plus ou moins complètement le passage entre la cavité
buccale proprement dite et le vestibule.
Sa pointe peut être portée en avant pour sortir de la bouche ou s’appliquer
contre les gencives (ou les dents). Elle peut se recourber vers le haut et vers le bas
ou effectuer des mouvements latéraux.
Sa base peut se porter en arrière vers la paroi postérieure du pharynx.
Son dos peut se porter en haut et entrer en contact avec le palais et le voile du
palais pour obturer la communication entre le pharynx et la bouche.
La position de repos de la langue est classiquement décrite avec la pointe au
contact de la région rétro-alvéolaire supérieure. Il semble bien que la position basse

Chapitre 5

153
La voix Tome 1

en dessous de l’interligne dentaire soit tout aussi naturelle, surtout lorsque les
arcades dentaires ne sont pas en contact.
◗ Les joues
Les joues peuvent se laisser distendre par la pression de l’air buccal (joues
gonflées) ou se laisser aspirer par la dépression intra-buccale (joues creuses). Elles
peuvent exercer une pression vers l’intérieur par contraction de leur musculature.
◗ Le voile du palais
Le voile du palais peut s’élever pour obturer la communication entre le rhino-
pharynx et la cavité nasale 4, agrandissant du même coup le passage entre le
pharynx et la cavité buccale. Il peut s’abaisser à l’inverse et interrompre, conjoin-
tement avec l’élévation du dos de la langue, la communication entre le pharynx et
la cavité buccale.

◗ Le pharynx
Le pharynx est susceptible de se rétrécir latéralement et d’avant en arrière grâce
à l’action des muscles constricteurs du pharynx et à la rétropulsion de la base de
la langue. Les mouvements d’inclinaison antérieure et de recul de la tête réduisent
également le diamètre antéro-postérieur du pharynx.
La dimension verticale du pharynx varie quant à elle avec les mouvements
d’élévation et d’abaissement du larynx. Ce volume peut augmenter également avec
l’écartement des mâchoires et la tension des muscles sus et sous-hyoïdiens comme
dans le bâillement.

◗ Les narines
Les narines enfin sont susceptibles de se dilater et de se resserrer plus ou moins.
Si elle est marquée et plus ou moins constante pendant la parole, l’existence de
mouvements narinaires relève de la pathologie.

*
Tableau des productions phoniques
et phonétiques
Dans le tableau 5-I (cf. p. 156) figurent la plupart des bruits susceptibles d’être
produits par un sujet de langue française (production phonique), un certain
nombre de ces bruits ayant acquis une signification phonétique (production phoné-
tique) du fait qu’ils sont utilisés dans la parole.
Ainsi, une partie seulement des bruits figurant dans le tableau correspond à des
sons du langage. Le reste correspond à des bruits expressifs (comme les clics) ou
à des bruits plus ou moins familiers.
Tous ces « bruits » sont classés selon six points d’articulation (colonne verti-
cale) et selon diverses modalités de fonctionnement à chaque point d’articulation
(colonne horizontale).
Gageons que le lecteur qui voudra bien consacrer un peu d’attention à chacune
des cases de ce tableau se forgera une représentation plus objective de cette
machine à parler qu’il possède, et que ce sera pour lui l’occasion de redécouvrir et
d’apprécier toute la richesse des possibilités phonatoires de celle-ci.
En orthophonie, ce tableau permet au patient présentant des troubles d’articu-
lation de faire des découvertes particulièrement fructueuses. Il est utilisable chez

4. Notons que ce n’est pas le bord postérieur du voile qui entre en contact avec le plafond du rhino-
pharynx mais la partie moyenne de sa face supérieure : le bord postérieur reste constamment libre.

Chapitre 5

154
Le pavillon pharyngo-buccal et les cavités annexes

l’enfant même assez jeune et incontournable à notre avis lorsqu’il s’agit d’un
bégaiement, chez l’adulte comme chez l’enfant.

◗ Les six points d’articulation (les six « robinets de la parole »)


En pratique, on peut considérer que les bruits produits par les organes phonateurs
d’un individu de langue française prennent naissance en six points, plus ou moins
précis, que l’on peut appeler « robinets de la parole » (fig. 5-45) et dont voici la liste. 6
5
Voile du palais
Le point d’articulation n° 1 est constitué par les deux lèvres. Sa variante n° 1 bis 2
3
1
est constituée par la lèvre inférieure, d’une part, le bord inférieur des incisives 1 bis Épiglotte

supérieures, d’autre part. 4


Œsophage
Le point d’articulation n° 2 est constitué par la partie tout antérieure du dos de
la langue (apex) d’une part, la face postérieure des incisives ou des gencives supé- ➤ Fig. 5-45
rieures, d’autre part.
Le point d’articulation n° 3 est constitué par le dos de la langue, d’une part, le Les six « robinets » de la parole.
palais (plus ou moins en avant ou en arrière selon les cas), d’autre part.
Le point d’articulation n° 4 est constitué par les plis vocaux (c’est le « robinet »
glottique).
Le point d’articulation n° 5 est constitué par le voile du palais, d’une part, le
« plafond » du rhino-pharynx, d’autre part.
Le point d’articulation n° 6 est constitué par les orifices narinaires ou par la
filière nasale au niveau des cornets inférieurs du nez. Ce sixième « robinet » n’inter-
vient pas dans la parole normale.

◗ Les trois modalités de fonctionnement


des « robinets de la parole »
Au niveau de chacun de ces « robinets », des bruits peuvent être produits selon
trois modalités : écoulement, explosion, vibration.
Comme nous l’avons vu en effet, les organes du pavillon pharyngo-buccal et le
larynx (organes articulateurs de la parole) sont susceptibles de créer des obstacles
à l’écoulement de l’air pulmonaire qui peut, soit être freiné (bruit d’écoulement),
soit être arrêté complètement puis débloqué (bruit d’explosion), soit provoquer la
vibration de l’un ou l’autre de ces organes.

◗ Description systématique du tableau 5-I


Les six colonnes verticales correspondent aux six « robinets » de la parole. Les
divisions horizontales correspondent aux diverses modalités de la production
phonique. Les trois premières (A, B et C) correspondent aux trois modalités de base
(explosion-écoulement-vibration) ; les divisions suivantes (D, E et F) correspon-
dent à des modalités plus complexes ou plus particulières. Ce tableau comporte
ainsi un certain nombre de cases dont chacune est caractérisée par une lettre
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

indiquant le mécanisme de la production phonique et un chiffre indiquant le lieu


de cette production.
Nous décrirons d’abord les trois premières divisions horizontales, mais en nous
occupant seulement des bruits ne mettant en jeu qu’un seul « robinet » à la fois.
Nous reprendrons ensuite chaque division pour décrire les bruits résultant de la
combinaison de deux mécanismes. Ce n’est qu’ensuite que nous aborderons l’étude
des trois dernières divisions.

DIVISION HORIZONTALE A (bruits d’explosion)


Les bruits de cette première catégorie correspondent au mécanisme d’explo-
sion. Ils nécessitent la réalisation d’une compression, en amont d’un obstacle qui
est soudain levé.

Chapitre 5

155
La voix Tome 1

Tableau 5-I. Tableau des productions phoniques des organes de la voix et de la parole.

NUMÉROS DES POINTS D’ARTICULATION (« les six robinets »)

1 1bis 2 3 4 5 6
p t k coup coup pompe à vélo
de glotte de voile
A - Explosion
b d g toux canard mandoline

souffle f s ʃ (ch) voix chuintement souffle


chuchotée narinaire
MODALITÉS DE RÉALISATION

B - Écoulement  j
Bolide v z gémissement ponçeuse sirène
de navire

ébrouement r « roulé » r ronflement mouchage


C - Vibration du cheval reniflement trompette
camion r « roulé » r VOIX

l i u
D - Mécanique
plus complexe
m n l a
FERMÉES VOYELLES
 (ue) y (ye) ω (we) but
E - Semi-voyelles fil i ü u bout
huile ( j il) pied (pjé) oiseau (wazo)
bruit baiser attention ! hue õ
F - Clics du « mimi » fameux ! cocotte ! pont
blé é ∅ peu ó pot
baiser au trot
ANT POST
Un grand nombre de bruits ou de sons peuvent être produits par notre « machine à mer è ò botte
parole » suivant le ou les points d’articulation intéressés (les six « robinets » de la e peur ã
parole) et les modalités de fonctionnement A, B, C, D, E et F de ces « robinets ». pan
En bas et à droite du tableau, figure l’agrandissement de la case D4 correspondant aux ~
e
voyelles. patte
á à pas
pin
Les éléments cerclés correspondent à des sons voisés.
Nous avons adopté pour certains phonèmes la notation phonétique de S. Borel- D4 OUVERTES
Maisonny mieux adaptée aux locuteurs de langue française. Nous donnons ci-
dessous entre crochets leur traduction selon l’Alphabet Phonétique International : Triangle de Hellwag (agrandissement de la case D4)
j ➞ [] ; y ➞ [j] ; ü ➞ [y] ; o ➞ [o] ; ò ➞ [ɔ] ; á ➞ [a] ; à ➞ [ɑ] ; é ➞ [e] ; è ➞ [ε] ; e ➞ [∂].

A1 : Le bruit d’explosion produit en ce point correspond au phonème [p],


(prononcez « pe »).
A2 : Le bruit d’explosion produit en ce point correspond au phonème [t],
(prononcez « te »).
A3 : Le bruit d’explosion produit en ce point correspond au phonème [k],
(prononcez « que »).
A4 : Le bruit d’explosion produit en ce point est le coup de glotte noté [ʔ] dans
l’alphabet phonétique international.
A5 : Le bruit d’explosion produit en ce point est le coup de voile. Ce bruit
correspond à un « tic » assez fréquent. Il évoque le bruit d’un canard parlant « tout
bas » bouche fermée.
Il est à noter que lorsqu’on exécute ce coup de voile, on a l’impression qu’il est
produit non pas au niveau du rhino-pharynx, mais au milieu des fosses nasales. La
sensation, on le sait, ne correspond pas toujours à la réalité physique.
A6 : Ici, la réalisation de l’explosion nécessite le concours de deux doigts pinçant
les narines : le bruit obtenu est dit bruit de pompe à vélo.

Chapitre 5

156
Le pavillon pharyngo-buccal et les cavités annexes

DIVISION HORIZONTALE B (bruits d’écoulement)


Les bruits de cette catégorie correspondent à un mécanisme d’écoulement d’air
rendu bruyant par un rétrécissement du conduit.
B1 : Le bruit d’écoulement produit en ce point est simplement un bruit de
souffle (on l’entend par exemple lors de l’acte de souffler sur une bougie ou
d’actionner un soufflet).
B1 bis : Le bruit d’écoulement produit en ce point correspond au phonème [f],
(prononcez « fe »).
B2 : Le bruit d’écoulement produit en ce point correspond au phonème [s],
(prononcez « se »).
B3 : Le bruit d’écoulement produit en ce point correspond au phonème « ch »
représenté par le signe [ʃ], (prononcez « che »).
B4 : Le bruit d’écoulement produit en ce point correspond au bruit, dit de four-
neau à gaz ou de chalumeau (intensité plus forte pour ce dernier). Il correspond
à la voix chuchotée.
B5 : Le bruit d’écoulement produit en ce point correspond au chuintement ou
souffle rauque que l’on observe dans certains cas pathologiques (division palatine)
en remplacement d’autres consonnes difficiles ou impossible à prononcer.
B6 : Le bruit d’écoulement produit en ce point s’appelle souffle narinaire
observé dans les mêmes circonstances que le précédent.

DIVISION HORIZONTALE C (bruits de vibrations)


Les bruits de cette troisième catégorie correspondent à une mise en vibration
des organes soumis à l’action du courant d’air.
C1 : Le bruit de vibration en ce point peut correspondre à l’ébrouement du
cheval si les lèvres restent assez distendues, ou au bruit du vélomoteur si elles sont
plus serrées.
C2 : le bruit de vibration en ce point correspond au phonème [r] roulé.
C3 : Le bruit de vibration en ce point correspond au phonème [R] habituel (post-
dorso-postvélaire).
C4 : Le bruit de vibration produit en ce point n’est autre que la voix elle-même.
La voix apparaît ainsi comme résultant d’un phénomène vibratoire en ce point
n° 4, tout à fait analogue à la vibration qui a lieu au robinet n° 1, 2 ou 3. La voix
perd ainsi ce caractère à part qu’on lui prête souvent en phonétique : son méca-
nisme est plus facile à comprendre ainsi. Il s’agit cependant d’un bruit vibratoire
particulièrement important puisque, comme nous le verrons plus bas, il se combine
à presque tous les autres bruits pour former la catégorie des sons dits voisés.
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

C5 : Le bruit de vibration produit en ce point correspond au ronflement et au


reniflement.
Notons que ce dernier bruit est réalisé à l’inspiration et signalons à ce propos
que tous les bruits précédents (et la plupart des suivants) qui sont normalement
réalisés à l’aide d’un courant d’air expiratoire peuvent, par jeu, être réalisé à l’aide
d’un courant d’air inspiratoire. Cela est valable même pour la voix : la voix à
l’envers.
C6 : Certaines personnes peuvent réaliser, au niveau du cornet inférieur, un
bruit vibratoire au moment du mouchage : bruit dit de mouchage trompette dont
la production nécessite un certain degré de laxité de la muqueuse des cornets
inférieurs.

Chapitre 5

157
La voix Tome 1

SONS VOISÉS (résultant de la combinaison de chacun des bruits précédents


et de la vibration des plis vocaux)
Tous les bruits que nous avons étudiés jusqu’ici résultent de la mise en action
d’un seul robinet. Or, comme nous l’avons dit, il est possible d’additionner presque
la totalité de ces bruits avec l’un d’eux, celui de la vibration au n° 4 qui n’est autre
que la voix.
Lorsque le bruit en question est une consonne (une consonne dite sourde), la
combinaison avec cette vibration au n° 4 est la consonne sonore correspondante
(dite encore consonne voisée).
Voyons à quelles combinaisons nous aboutissons ainsi :
A1 : Explosion au n° 1 précédée de vibration au n° 4 donne [b], (prononcez
« be »).
A2 : Explosion au n° 2 précédée de vibration au n° 4 donne [d], (prononcez
« de »).
A3 : Explosion au n° 3 précédée de vibration au n° 4 donne [g], (prononcez
« gue »).
A4 : Explosion au n° 4 immédiatement suivie de vibration au n° 4 donne le bruit
de la toux.
A5 : Explosion au n° 5 immédiatement suivie de vibration au n° 4 donne le bruit
du canard qui parle en fermant la bouche. Ce bruit est particulièrement utile
dans la rééducation des insuffisances vélaires.
A6 : Explosion au n° 6 précédée et suivie de vibration au n° 4 donne le son du
banjo. Comme le bruit de pompe à vélo, il réclame le concours des doigts.
B1 : Écoulement au n° 1 accompagné de vibration au n° 4 donne le bruit d’un
puissant ventilateur industriel.
B1 bis : Écoulement au n° 1 bis accompagné de vibration au n° 4 donne [v],
(prononcez « ve »).
B2 : Écoulement au n° 2 accompagné de vibration au n° 4 donne [z], (prononcez
« ze »).
B3 : Écoulement au n° 3 accompagné de vibration au n° 4 donne [], (prononcez « je »).
B4 : Écoulement au n° 4 accompagné de vibration au n° 4 donne le gémissement
(inspiratoire aussi bien qu’expiratoire) ou le soupir sonore.
B5 : Écoulement au n° 5 accompagné de vibration au n° 4 donne le bruit de la
ponceuse.
B6 : Écoulement au n° 6 accompagné de vibration au n° 4 donne le bruit de la
sirène de navire.
C1 : Vibration au n° 1 accompagnée de vibration au n° 4 donne le bruit de
camion, bien connu des jeunes enfants.
C2 : Vibration au n° 2 accompagnée de vibration au n° 4 donne [r] roulé sonorisé.
Le premier [r] du mot « prêtre » est sonorisé, le deuxième ne l’est en général pas.
C3 : Même résultat qu’en C2, mais il s’agit du [R] habituel.
C4 : L’idée d’une combinaison n’a pas de sens ici.
C5 : La vibration vocale accompagnant le ronflement est assez difficile à
produire. Elle se traduit par un « gros bruit » comparable à celui d’une raboteuse
à parquet.
C6 : Quant au « mouchage trompette », sa sonorisation semble plutôt problématique.

DIVISION HORIZONTALE D (mécanismes complexes)


D1 : Vibration au n° 4 tandis que le voile du palais (n° 5) est abaissé, suivi
d’explosion au n° 1 donne [m].
D2 : Vibration au n° 4 tandis que le voile du palais est abaissé suivi d’explosion
au n° 2 donne [n].

Chapitre 5

158
Le pavillon pharyngo-buccal et les cavités annexes

Vibration au n° 4 accompagnée d’un écoulement de chaque côté de la langue,


suivie d’explosion (atténuée) donne [l] sonore.
Le même mécanisme en l’absence de vibration au n° 4 donne [l] sourd. Le [l]
de peuplier est toujours sonore ; le [l] de peuple est généralement sourd.

LA CASE D4 ET SON AGRANDISSEMENT


La vibration au n° 4 couplée à un arrangement des cavités de résonance spéci-
fique à chacune d’elles, donne les diverses voyelles.
La bouche et le pharynx constituent en effet pour la voix des cavités de réso-
nance qui changent constamment de forme et de volume pendant que nous parlons.
C’est précisément en les faisant changer de forme et de volume qu’à partir du son
laryngé nous articulons les diverses voyelles, et cela grâce aux mouvements de la
langue, des lèvres et aussi du pharynx qui peut se gonfler, s’allonger, s’aplatir.
Ainsi, pour passer de [i] à [y] (prononcez « u »), nous augmentons le volume de la
cavité de résonance antérieure (bouche) en avançant les lèvres. Pour passer de [y]
à [u] (prononcez « ou »), nous agrandissons encore cette cavité en reculant la
langue dans le fond de la bouche, tandis que la cavité postérieure (pharynx) garde
un volume identique du fait de la descente du larynx.
Nous représentons dans cette case D4 les voyelles françaises selon le triangle
de Hellwag réduit aux trois voyelles élémentaires existant dans toutes les
langues : [i] fermée antérieure, [u] fermée postérieure (prononcez ou), [a]
voyelle ouverte.
La figure en bas et à droite du tableau correspond à un agrandissement de cette
case D4 où sont représentées toutes les voyelles françaises disposées selon le
triangle de Hellwag.
Sur le côté gauche du triangle, nous trouvons de haut en bas, les voyelles dites
antérieures [i], [e] (= é de blé), [ε] (= è de mer), [a] (de patte) classées selon le
degré d’aperture, ce qui veut dire qu’en principe la bouche s’ouvre progressive-
ment en passant d’une voyelle à l’autre depuis [i] jusqu’à [a].
Sur le côté droit de ce même triangle, nous trouvons de haut en bas les voyelles
postérieures [u] (= ou de bout), [o] (de pot), [ɔ] (= o de botte), [A] (de pas) égale-
ment classées selon le degré d’aperture croissante vers le bas.
Sur la ligne médiane figurent les voyelles intermédiaires obtenues (en principe)
à partir des voyelles antérieures par labialisation, c’est-à-dire par avancée des
lèvres. Nous trouvons de haut en bas les voyelles [y] (= u de but), [ o ] (= eu de
peu) [ ] (= e de peur).
e
On remarque en outre les trois voyelles nasales [õ] (= on), [ Ã ] (= an), [ε∼]
(= in) produites à partir des voyelles [o], [ ], [ε], par abaissement du voile du palais
(ouverture du « robinet » n° 5). On notera bien que c’est la voyelle [ε] (= è de mer)
qui donne par vocalisation le son « in » de pin. La voyelle [i] nasalisée n’existe pas
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

en français.

DIVISION HORIZONTALE E (semi-voyelles)


Les semi-voyelles sont plus difficiles à classer.
E1 : Nous mettrons dans cette case le phonème [ ] 5 (comme dans huile : [ il]).
E2 : Dans cette case figurera le phonème [j] 6 (comme dans pied [pje]).
E3 : Dans cette troisième case, le phonème [w] 7 (comme dans oiseau : [wazo]).

5. Prononcez « ue ».
6. Prononcez « ye ».
7. Prononcez « we ».

Chapitre 5

159
La voix Tome 1

DIVISION HORIZONTALE F (clics)


Les clics sont des bruits aspiratoires réalisés par une action de succion de la
bouche, amenant une petite quantité d’air à pénétrer brusquement dans la cavité
buccale.
F1 : Le clic réalisé en ce point est le bruit produit pour appeler le petit chat.
C’est aussi le bruit du baiser.
F1 bis : Variante du précédent, il a pour nom bruit du baiser mimi. Le bruit
aspiratoire est ici réalisé non pas entre les deux lèvres, mais entre la lèvre inférieure
et les incisives supérieures.
F2 : Trois clics sont réalisés en ce point :
– le bruit de réprimande qui signifie « attention !… attention !… » par petits
décollements successifs de la pointe de la langue ;
– le bruit de décollement plus important qui signifie « fameux ! » ;
– le bruit de claquements répétés qui reproduit le bruit du trot de cheval.
F3 : En ce point est réalisé par décollement latéral répété de la langue un bruit
servant à faire démarrer un cheval « hue cocotte ! ». Dans certains pays (Afrique du
Nord), ce même bruit – non répété – signifie « d’accord ». Un autre clic, plus posté-
rieur, peut être réalisé à bouche fermée. L’air qui s’introduit brusquement dans la
cavité buccale provient dans ce cas du pharynx. Le bruit produit correspond au
décollement du dos de la langue et du voile du palais, la case correspondante serait
F4. Il signifie réprobation ou mise en doute.

Phonèmes et bruits familiers


Nous avons vu que dans le tableau 5-I (cf. p. 156) figurent côte à côte des sons
qui ont valeur de phonèmes et d’autres qui, n’ayant pas valeur de phonème (du
moins en français), sont désignés par le ou les bruits familiers qu’ils évoquent.
Cependant, les phonèmes eux-mêmes peuvent également évoquer des bruits fami-
liers dont nous donnons la liste ci-dessous. Le rapprochement d’un phonème et du
bruit familier qu’il peut évoquer permet de mieux cerner les caractères acoustiques
de ce phonème. On pourra d’ailleurs avec profit tenter de découvrir pour chaque
phonème un bruit plus proche que celui que nous proposons. La rééducation des
troubles de l’articulation tire beaucoup de profit de ces rapprochements.
Nous donnerons ces bruits en suivant les divisions horizontales du tableau.
A1 [p] : Bruit d’une balle de tennis sur une raquette.
A2 [t] : Bruit d’une balle de caoutchouc rebondissant sur l’asphalte.
A3 [k] : Bruit de deux gros coquillages entrechoqués.
A4 [ʔ] : Bruit d’un coup de hache au loin.
A5 (coup de voile) : Bruit de la binette du jardinier désherbant les allées.
B3 [f] : Bruit du vent dans les roseaux.
B2 [s] : Bruit du pneu de bicyclette que l’on dégonfle.
B3 [ʃ] : Bruit de la douche ou du tuyau d’arrosage (préférable au bruit de la
locomotive à vapeur qui a disparu).
B5 : Bruit du passage de l’eau dans les tuyaux ou de fin de remplissage de la
chasse d’eau.
B6 : Bruit du vent dans l’herbe haute.
C2 [r] : Bruit d’un avion jouet dont l’hélice est actionnée par un élastique ou de
l’oiseau mécanique.
C3 [R] : Bruit de crécelle.
Nous arrêtons là cette liste, laissant à chacun le soin de la continuer à sa façon.

Chapitre 5

160
Le pavillon pharyngo-buccal et les cavités annexes

Point de vue mécanique. Point de vue acoustique


On notera des différences entre notre tableau des productions phoniques et
phonétiques et les tableaux présentant la classification des phonèmes du point de
vue de la phonétique classique. Cela tient à ce que notre tableau se réfère exclusi-
vement aux modalités de la production phonique et prend appui sur l’étude de
« l’instrument à parler » alors que la phonétique s’intéresse d’abord aux bruits
produits et est principalement préoccupée des caractères distinctifs des phonèmes,
c’est-à-dire des caractères acoustiquement perceptibles qui permettent de distin-
guer ces phonèmes les uns des autres.
On n’aura guère de difficultés cependant à établir les correspondances entre ces
deux approches des faits phonétiques. Les consonnes « aspirantes » ou constric-
tives correspondent à un bruit d’écoulement ; les occlusives à un bruit d’explosion ;
les sonores à l’adjonction de la vibration laryngée ; les nasales et latérales à un
« mécanisme complexe », etc. Quant aux lieux ou points d’articulation, on voit
qu’ils correspondent aux « robinets de la parole » : bilabial = n° 1 ; labio-dental
= n° 1 bis ; apico-dental = n° 2 ; pré-dorso-pré-palatal, dorso-palatal ou post-
dorso-vélaire = n° 3 ; laryngal = n° 4. Les autres correspondances sont plus diffi-
ciles à établir, dans la mesure où les références de base restent malgré tout un peu
différentes.
Le remplacement de la désignation précise des points d’articulation par des
numéros de « robinets » tient seulement à un souci de simplification, à une volonté
de ne pas entrer dans des détails trop rigoureux risquant de gêner lorsqu’il s’agit
par exemple de donner des notions de phonétique à un patient présentant des trou-
bles d’articulation ou un bégaiement. L’expérience clinique montre que la
présentation au patient du tableau des productions phoniques et phonétiques tel
qu’il figure plus haut a un impact thérapeutique de premier ordre. Dans le bégaie-
ment, il est, pour nous, à la base d’une importante séquence du traitement
intitulée : « Entreprise de réincarnation de la parole ».

*
P hysiologie de la déglutition
La déglutition sort du cadre de la physiologie de la voix et de la parole. Nous
devons cependant aborder quelques notions capitales à son sujet, étant donné, d’une
part, qu’elle utilise les mêmes organes que la phonation et que, d’autre part, la patho-
logie de l’articulation de la parole est souvent associée à la pathologie de la
déglutition et réclame un traitement conjoint.
La déglutition est l’ensemble des actes qui assurent le transfert des aliments solides
ou liquides de la bouche à l’estomac en passant par le pharynx et l’œsophage. La
déglutition concerne non seulement les aliments mais aussi la déglutition de la salive
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

qui est un acte fréquent, aussi bien diurne que nocturne.


Le mécanisme de la déglutition diffère selon qu’il s’agit de solides, de liquides ou
de la salive, mais, par souci de simplification, nous n’envisagerons ici que la déglu-
tition des solides.
Globalement, la progression du bol alimentaire se fait grâce à la création de pres-
sions différentielles. Une onde de contraction musculaire se produit en arrière du bol
alimentaire 8. La pression à ce niveau est positive et pousse le bol. Simultanément,
une onde d’inhibition, c’est-à-dire de relâchement musculaire, se produit en avant
du bol alimentaire. La pression à ce niveau est négative.

8. L’arrière et l’avant doivent être ici compris par rapport au sens de progression du bol alimentaire.

Chapitre 5

161
La voix Tome 1

Moyens d’étude de la physiologie


de la déglutition
La simple inspection et l’observation sur soi-même permettent d’analyser
certains mouvements de la déglutition : rapprochement des mâchoires, mouve-
ments de la langue et des lèvres, ascension du larynx…
L’utilisation de méthodes plus ou moins complexes permet d’explorer ces
phénomènes de façon très précise :
– l’activité électrique de la musculature est étudiée grâce à l’électromyographie ;
– l’exploration des variations de pression dans les régions intracavitaires (bouche,
larynx, œsophage…) est possible à partir d’enregistrements électro-manométri-
ques, réalisés au moyen d’appareils tels que les jauges d’extensiométrie. Celles-ci
permettent d’apprécier par exemple l’équilibre musculaire qui s’établit entre la
pression linguale et la pression labio-jugale ;
– la radio-cinématographie enfin, grâce aux amplificateurs de brillance, permet
d’enregistrer (après ingestion de baryte, opaque aux rayons X) les mouvements de
la déglutition. Elle permet également de filmer les phénomènes à vitesse accélérée
et de les reproduire au ralenti ;
– la vidéofluoroscopie permet de visualiser la dynamique de la déglutition dans ses
trois phases buccales pharyngée et œsophagienne, grâce à l’absorption d’un produit
de contraste (baryte) de densité variable. L’incidence de profil permet de détecter
aisément toute fausse route et d’apprécier les mouvements d’ascension du larynx.
L’incidence de face permet de noter un éventuel défaut de symétrie d’écoulement
alimentaire dans les sinus piriformes.

Description des trois temps


de la déglutition
L’acte de déglutition est classiquement divisé en trois temps : le temps buccal,
le temps pharyngien et le temps œsophagien.

◗ Le temps buccal
Après avoir été mastiqués et insalivés, les aliments sont réunis sur le dos de la
langue. La pointe, puis la partie moyenne et enfin le tiers postérieur de la langue
s’appliquent contre la voûte palatine, le bol alimentaire étant ainsi poussé vers
l’oro-pharynx. Pendant ce temps, le relèvement du voile empêche le reflux vers la
cavité nasale.
Le temps buccal est parfois appelé temps lingual. Durant ce premier temps, en
effet, la langue joue un rôle essentiel ; c’est le temps qui nous intéresse le plus, car
ses perturbations sont assez souvent liées aux perturbations de l’articulation des
phonèmes.

◗ Le temps pharyngien
Le temps pharyngien commence dès que les aliments arrivent dans l’oro-
pharynx. La déglutition devient dès lors un acte automatique sous la dépendance
des zones réflexogènes de l’oro-pharynx.
Ce temps se caractérise par un mouvement d’ascension pharyngo-laryngé
accompagné d’une bascule de l’épiglotte vers l’arrière. Cela permet au bol alimen-
taire de progresser dans le pharynx et l’hypo-pharynx, emplissant les gouttières
pharyngo-laryngées (sinus piriformes) – ou seulement l’une d’elles – avant d’être
poussé vers l’œsophage par la contraction du constricteur moyen. Cette contraction
constitue le départ de l’onde péristaltique qui sera responsable de la progression
du bol alimentaire vers la cavité gastrique.

Chapitre 5

162
Le pavillon pharyngo-buccal et les cavités annexes

La bascule vers l’arrière, de l’épiglotte réalise une couverture des voies aériennes
inférieures. Conjointement, se produit un accolement des plis vocaux et des plis
vestibulaires, ce qui réalise un deuxième système de protection de la trachée.
Notons que la toux constitue un système supplémentaire de sécurité, susceptible
d’expulser hors des voies respiratoires inférieures toute particule alimentaire qui
y serait parvenue malgré les deux premiers dispositifs de protection.
Par ailleurs, le voile du palais qui reste relevé pendant ce temps pharyngien
continue d’empêcher le reflux alimentaire vers la cavité nasale.

◗ Le temps œsophagien
Le temps œsophagien commence au moment où l’onde péristaltique atteignant
l’orifice œsophagien (bouche œsophagienne) provoque son ouverture puis sa
fermeture.
Le pharynx, le larynx (et en particulier l’épiglotte) reprennent leur position
normale ; l’air pénètre à nouveau dans les voies aériennes inférieures. La progres-
sion du bol continue à s’effectuer dans l’œsophage sous l’influence de l’onde
péristaltique. Cette progression peut d’ailleurs s’effectuer en position inverse (la
tête en bas) grâce à la coordination précise du système d’inhibition en avant du bol
alimentaire et de contraction en arrière de celui-ci.

La déglutition selon l’âge

◗ Déglutition primaire
La déglutition telle que nous l’avons décrite plus haut correspond à ce qui a lieu
à l’âge adulte. Dans la première enfance, celle-ci présente certaines particularités
en raison desquelles on donne à la déglutition du nourrisson et du jeune enfant le
nom de déglutition primaire.
La déglutition du nourrisson est à comprendre dans le cadre de l’acte de tétée
ou de succion. Dans cet acte, on observe que la langue passe entre les arcades gingi-
vales qui ne sont pas en contact. Le mamelon maternel est pris par les lèvres, d’une
part, et entre la face supérieure de la langue et la partie antérieure de la voûte pala-
tine, d’autre part.
Rythmiquement, grâce à l’écartement des mâchoires, est réalisée une aspiration
amenant le lait dans la cavité buccale, suivie d’une compression réalisée par les
lèvres et la langue.
L’interposition de la langue et l’écartement des mâchoires au cours du deuxième
temps de la déglutition persistent plus ou moins longtemps dans l’enfance et carac-
térise cette déglutition, dite primaire ou infantile. Cela n’est pas sans avoir un
certain retentissement sur la morphogénèse des arcades dentaires.
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

On sait en effet que la direction dans laquelle s’effectue la croissance des dents
est influencée par les pressions exercées de part et d’autre de celles-ci par la muscu-
lature labiale, jugale et linguale (Cauhépé).
Notons que cette action néfaste de l’interposition linguale pendant la dégluti-
tion, ou de la pression de celle-ci sur la face postérieure des incisives, est accentuée
par un trouble fréquemment associé, la malposition linguale au cours de l’articu-
lation de certains phonèmes (ce trouble articulatoire pouvant être parfaitement
inaudible).
La succion du pouce au-delà de l’âge de 4 ans, le mordillement de la face interne
des joues et autres tics similaires peuvent également influencer défavorablement la
morphologie des arcades dentaires.

Chapitre 5

163
La voix Tome 1

◗ Déglutition secondaire
La déglutition secondaire se définit comme la déglutition « adulte » par oppo-
sition à celle du nourrisson et du jeune enfant. La déglutition de type adulte, dite
secondaire, répond aux trois caractéristiques suivantes :
– il n’existe pas de mouvement d’écartement des mâchoires au moment du temps
pharyngien : les molaires restent en contact ;
– la pointe de la langue se place au temps buccal à la partie tout antérieure de la
voûte palatine. En particulier, elle ne s’interpose pas entre les arcades dentaires et
elle n’exerce pas de pression contre la face postérieure des incisives ;
– il n’y a pas de contractions des muscles faciaux accompagnant le deuxième temps
de la déglutition, se traduisant par exemple par une dépression au niveau des
commissures labiales, une aspiration des joues, une crispation du menton.
Le passage d’un mode de déglutition à l’autre ne s’effectue pas de manière
brutale. On observe en effet, des positions transitoires de la langue au cours de
l’évolution.
Lors de la rééducation d’un trouble articulatoire, l’orthophoniste pourra provo-
quer l’évolution progressive vers le mode secondaire de déglutition grâce à la
pratique d’exercices appropriés.

Conseils bibliographiques

CHAUVOIS A, FOURNIER M, GIRARDIN F. Rééducation des fonctions dans la thérapeutique


orthodontique. Collection La bibliothèque orthodontique. Ed. SID ; 1991.
CHOCHOLLE R. Les temps de réaction. In : Fraisse P et Piaget J. Traité de Physiologie expé-
rimentale II Sensation et Motricité. Paris PUF, 1969 : 70-103.
FOURNIER M. Rééducation cranio-mandibulaire. Ortho Magazine déc. 1997-janv. 1998 ; 23 :
17-18.
PERIE S, LACAU ST-GUILLY J. La fibroscopie de la déglutition. In : Les troubles de la dégluti-
tion de l’adulte. Les cahiers d’ORL 2000 ; XXV, n˚ 4.
WOISARD V, ROBERT D. Les explorations fonctionnelles de la déglutition In : Les troubles de
la déglutition de l’adulte. Les cahiers d?ORL 2000 ; XXV, n˚ 4.
Site internet : IAOM, international association of orofacial myology.

Chapitre 5

164
Chapitre 6

V oix nerveuse
de la phonation
et régulation de la parole

Le terme de voies nerveuses de la phonation bien que consacré par l’usage est
assez impropre puisque l’on décrit sous ce terme non pas les seuls axones condui-
sant l’influx nerveux mais plus généralement l’ensemble des structures nerveuses
autant grises que blanches qui interviennent dans les actes phonatoires. Ce terme
de voies nerveuses a de plus l’inconvénient d’évoquer l’image d’une phonation
naissant dans le cerveau puis circulant dans les axones tout au long des nerfs avant
de s’épancher à l’extérieur, de la même façon que dans un fleuve les eaux s’écoulent
depuis la source jusqu’à la mer. Cette représentation fantasmatique s’accorderait
assez bien, remarquons-le, avec la théorie neuro-chronaxique de Husson – qui n’est
plus défendue par personne – selon laquelle les caractères acoustiques des sons et
en particulier leur fréquence seraient déterminés dès leur origine encéphalique par
leur seule évocation mentale, pour circuler ensuite dans les nerfs récurrents sous
forme de potentiels d’action homorythmiques avant de s’exprimer à l’extérieur en
abordant le larynx.
Il existe il est vrai dans chaque hémisphère cérébral au niveau de la partie basse
de la circonvolution frontale ascendante une zone corticale dont la simulation élec-
trique unilatérale provoque régulièrement une émission vocale avec mobilisation
bilatérale des plis vocaux, témoignant de l’existence de faisceaux directs et de fais-
ceaux croisés.
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

Mais la neurologie dépasse largement celui de la mobilisation des plis vocaux.


En fait, on parle et on chante avec tout son corps. L’attitude corporelle et la gestua-
lité font partie de l’acte vocal tout autant que le comportement laryngé.
La pathologie nous apprend que de multiples régions cérébrales participent à la
phonation. Anarthrie, dysprosodie, amusie, palilalies, dysarthrie répondent ainsi
respectivement à des lésions de l’aire de Broca, du lobe temporal droit, des noyaux
gris centraux, du cervelet ou du bulbe rachidien.
La neurologie de la phonation est évidemment un domaine encore trop peu
étudié et fort complexe, d’autant plus que l’acte phonatoire met en jeu de façon
secondaire des organes assurant par ailleurs les fonctions primaires que sont la
respiration, la mastication, la succion, la déglutition, l’occlusion labiale pharyngo-
buccale et trachéale, etc.

Chapitre 6

165
La voix Tome 1

La coordination motrice de la musculature de chacun de ces organes s’effectue


à plusieurs niveaux de fonctionnement automatique et/ou volontaire à partir d’affé-
rences multiples provenant de récepteurs sensitifs situés principalement dans les
muqueuses, les articulations et les muscles laryngés, bucco-pharyngés thoraciques
abdominaux et sans doute aussi pulmonaires. À ces afférences répondent des inci-
tations motrices provenant des noyaux gris centraux du cervelet et du cortex
cérébral. Les circuits en boucles réflexes de ce premier niveau ne constituent cepen-
dant que ce que Lanne et Tranel appellent le circuit privé. La régulation de la
phonation fait en outre appel en effet comme nous le verrons à deux autres
systèmes appelés par les mêmes auteurs : circuit court et circuit public.

Influence de l’audition sur la voix


et la parole

Phénomène de Lombard
En 1909, à l’hôpital Lariboisière (Paris), Lombard, utilisant sur un patient un
appareil à assourdir une oreille par un bruit intense afin d’examiner l’acuité de
l’autre, remarqua que la voix du patient, avec lequel il conversait, augmentait
d’intensité de façon involontaire et inconsciente dès que le bruit commençait et
reprenait son niveau antérieur dès que le son cessait.
Lombard proposa l’utilisation de ce phénomène pour le dépistage des simula-
teurs de surdité en procédant de la manière suivante.
On envoie un son dans l’oreille prétendue sourde, en même temps que l’on
demande au sujet de lire. Lorsque la surdité est simulée, on obtient une augmen-
tation de volume de la voix du sujet, parallèle à l’augmentation d’intensité du son
qu’il reçoit. C’est le signe de Lombard.
Cette découverte et cette première utilisation donnèrent lieu de par le monde à
quantité de travaux concernant l’évaluation de la surdité et le dépistage de sa simu-
lation, la communication verbale dans le bruit, les relations de l’audition et de la
parole, l’auto-régulation de la parole.
Parmi les résultats de ces travaux nous relèverons les constatations suivantes :
– l’absence du signe de Lombard n’est pas un indice infaillible de perte de l’ouïe.
Autrement dit, il peut manquer, malgré une audition normale ;
– le phénomène de Lombard n’intéresse pas seulement l’intensité vocale, mais
également la hauteur tonale, ainsi que le débit et l’articulation de la parole, de façon
variable selon les circonstances de l’expérience ;
– l’effet est renforcé si le son est présenté aux deux oreilles à la fois ;
– la variation du niveau vocal est plus importante si l’on est dans la zone des inten-
sités moyennes : les variations d’un son très faible ou d’un son très fort n’ont pas
beaucoup d’effet sur le volume vocal du sujet ;
– le phénomène de Lombard est renforcé si la tâche verbale s’inscrit dans une situa-
tion de communication plus authentique. Ainsi l’élévation vocale reste faible
lorsqu’il s’agit de lire des syllabes. Elle est plus forte s’il s’agit de transmettre des
informations, c’est-à-dire lorsque le sujet se doit d’être compris. Cela a une grande
importance théorique ;
– si l’on établit enfin les relations quantitatives existant entre la variation d’inten-
sité du son imposé au sujet et de la variation d’intensité vocale, on observe que,
dans les meilleures conditions, l’augmentation du volume vocal du locuteur est au
mieux égale à la moitié de l’augmentation de l’intensité du son imposé. Autrement
dit : « Quand la pression sonore du bruit quadruple, la pression sonore de la voix
double » (Lane et Tranel).

Chapitre 6

166
Voix nerveuse de la phonation et régulation de la parole

Phénomènes de Flétcher
(réaction aux modifications de l’auto-écoute)
L’étude du phénomène de Lombard a, dès l’origine, été complétée par l’obser-
vation de l’influence sur le volume de la voix, de l’audition par le sujet, de sa propre
voix (side-tone).
En 1918, en effet, Flétcher constate que lorsqu’on répercute sur le sujet sa propre
voix au moyen d’écouteurs ou de haut-parleurs, si l’on amplifie artificiellement le
volume de cette répercussion (side-tone), on obtient une diminution du volume de
la voix émise par le sujet.
Plus tard, en établissant les relations quantitatives existant entre cette amplifi-
cation de l’auto-écoute et la diminution correspondante du volume vocal, on note
que cette diminution s’effectue dans le même rapport que l’augmentation observée
dans le phénomène de Lombard. Ainsi, cette diminution est au mieux de 5 dB
quand l’augmentation du side-tone est de 10 dB.

Rapprochements avec des expériences


d’appariement
Il s’agit d’expériences où l’on demande au sujet de reproduire vocalement en
égalisant (c’est-à-dire d’apparier) certains sons qu’on lui présente.
Dans une telle expérience, lorsqu’on demande à un sujet de reproduire vocale-
ment les changements d’intensité d’un son, on constate encore le même rapport.
Ainsi, lorsqu’on augmente de quatre fois l’intensité du son qui est présenté au sujet,
celui-ci n’augmente que deux fois celle du son qu’il produit. Tout se passe en
somme comme s’il appréciait les variations de son propre niveau sonore (niveau
autophonique) à une valeur double par rapport aux variations d’intensité d’un son
extérieur à lui.
Cela amène Lane et Tranel à conclure à l’équivalence fonctionnelle dans la
communication, du signe de Lombard, de la compensation du side-tone et de l’appa-
riement. Le phénomène de Lombard comme le phénomène de Flétcher ne sont pour
Lane et Tranel rien d’autre que les effets d’un mécanisme subconscient d’adaptation
destiné à maintenir constant le rapport signal/bruit afin de préserver l’efficacité de
la communication : le sujet en somme tente de compenser au mieux les modifica-
tions de ce rapport, compte tenu du fait qu’il apprécie les variations de son niveau
autophonique au double des variations des sons dont la source est extérieure à lui.
Ainsi, le phénomène de Lombard est à envisager, non pas comme le résultat
d’une action directe de l’audition sur la voix, mais comme résultant de l’apprécia-
tion subconsciente par le sujet de l’effet de sa voix sur l’auditeur. On comprend
mieux dans ces conditions pourquoi le signe de Lombard est plus marqué quand
il s’agit de transmettre des informations que quand il s’agit de lire des syllabes.
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

Réflexe cochléo-récurrentiel (Husson-Garde)


Cette façon de voir contredit les conceptions de certains auteurs pour lesquels
l’action de l’audition sur la voix est comprise d’une façon en quelque sorte méca-
nique dans le cadre de la théorie neuro-chronaxique de la phonation 1. Pour Garde,
par exemple, le phénomène de Lombard résulte de l’action directe des stimulations
auditives (cochlée) sur les noyaux bulbaires produisant un effet dynamogénique
sur le pli vocal par l’intermédiaire de son nerf, le récurrent, d’où le nom de réflexe
cochléo-récurrentiel.

1. Voir p. 87.

Chapitre 6

167
La voix Tome 1

Dans cette conception, on comprend mal en effet pourquoi la répercussion dans


les oreilles du sujet de sa propre voix produit un effet inverse à celui d’un son
quelconque.

Les trois circuits régulateurs


de la parole
À la lumière de ces expérimentations, il est impossible de considérer la parole
comme asservie directement à l’audition en un système feed-back où le side-tone
jouerait le rôle principal.
Lane et Tranel considèrent qu’en fait, il existe trois circuits régulateurs de la
parole : le circuit privé, le circuit public et le circuit court.
Le circuit privé prend sa source dans les perceptions tactiles et proprioceptives
concernant la sphère buccale et l’appareil respiratoire (larynx compris). Ces
perceptions jouent dans le maintien d’une parole normale un rôle beaucoup plus
important que l’audition. C’est ce qui explique que l’on peut continuer à parler
malgré un bruit intense.
Le circuit public résulte de l’appréciation subconsciente des effets de la parole
sur l’interlocuteur. Il correspond à l’action de cette activité radar dont nous avons
parlé au chapitre 1.
Le circuit court résulte de l’influence directe de l’audition par le sujet de sa
propre voix. Ce circuit court existe assurément mais son rôle a été surestimé par
certains auteurs (en particulier Tomatis) négligeant l’importance du circuit public.
La surestimation de l’importance du circuit court prend sa source pour une
grande part dans l’observation des perturbations provoquées dans la parole d’un
sujet en agissant artificiellement au niveau de l’auto-écoute par la création d’une
auto-écoute retardée. Ces perturbations constituent ce que l’on appelle l’effet Lee.
Elles résultent de la répercussion dans les oreilles du sujet, de sa propre parole avec
un décalage d’une fraction de seconde à quelques secondes. Dans ces conditions,
le sujet qui entend sa parole avec un certain retard se met dans la plupart des cas
à ralentir son débit, puis à présenter des accidents articulatoires (achopement,
répétition de syllabes…), rappelant ceux que l’on trouve dans le bégaiement.
Il s’agit là certes d’un phénomène tout à fait frappant et spectaculaire, surtout
si l’on observe qu’en cas de bégaiement, l’effet est fréquemment inverse : l’écoute
retardée de sa propre parole appliquée à une personne qui souffre de bégaiement,
atténue souvent, voire supprime complètement celui-ci, de façon malheureusement
transitoire.
Ces faits, si intéressants soient-ils, ne prouvent pas cependant que le circuit
court est le plus important à l’état naturel. Le circuit court constitue en effet, semble-
t-il, un circuit de contrôle n’intervenant qu’en cas d’anomalie de fonctionnement ;
d’où l’amélioration apportée chez certaines personnes bègues par la mise en relief
des anomalies résultant du décalage temporel et la gêne apportée au contraire
quand la parole est normale.
Quoiqu’il en soit, l’étude clinique nous apprend que dans le bégaiement le
circuit public est très généralement détérioré (d’où l’absence de bégaiement dans
la parole solitaire où ce circuit n’intervient pas). Le circuit court, notons-le, est
parfois altéré chez la personne bègue, où l’on observe parfois une perte plus ou
moins importante de l’auto-écoute. Cette perte est cependant moins constante que
celle du circuit public dont la restauration constitue une étape essentielle pour le
retour d’une parole normale.

Chapitre 6

168
Voix nerveuse de la phonation et régulation de la parole

Notion d’Objet Référentiel


de l’Échange Verbal (OREV)
S. Le Huche
L’OREV (objet référentiel de l’échange verbal) est un objet immatériel et symbo-
lique, qui se construit entre les interlocuteurs (qu’il y en ait seulement deux ou un
plus grand nombre) au cours d’un échange verbal concernant tel ou tel sujet qui
les intéresse et où ils se trouvent personnellement impliqués.
Il n’est pas l’objet mental de l’un ou l’autre des participants à l’échange mais un
objet tiers qui est le lieu de leur interaction.
Il est constitué de tout ce qui a été dit depuis le début de l’échange, et il continue
de s’élaborer et d’évoluer à partir des ajustements de pensée et des projections affec-
tives qui s’expriment à travers la parole de chacun.
Il s’installe dans l’espace qui sépare les participants à l’échange, en les rassem-
blant autour de cet espace où il se construit. Il est coloré par le climat affectif qui
règne entre les participants : sympathique ou hostile, amical ou solennel, intime ou
distant, etc. Commun à tous, il est différent pour chacun ; chacun ayant sur lui un
point de vue particulier. Il présente un certain caractère de permanence : à partir
de cet OREV se construit le souvenir de l’échange.
Enfin et surtout, lorsque de sa place et de son point de vue, l’un des participants
prend ou reprend la parole, il le fait en référence à cet OREV tout en continuant à
le construire. Si ce n’est pas le cas, ce qu’il dit paraît hors de propos et risque
d’entraîner une réplique telle que : « Je ne vois pas le rapport ! ». Le rapport à quoi,
au fait ? Le rapport à l’OREV justement !
Le concept d’objet référentiel de l’échange verbal permet de considérer cet
échange non plus comme un lancer de balles que l’on se renverrait à tour de rôle,
mais comme une construction partenariale, « discours à plusieurs » où chacun
s’implique conjointement. La question de savoir qui a tort ou qui a raison n’occupe
plus dès lors le devant de la scène.
La dynamique de la parole normale implicatrice est en fait centrée sur la cons-
truction de l’OREV dans le désir illusoire que cet objet soit, à la fin de l’échange,
identique pour tous les interlocuteurs. C’est l’insatisfaction de ce désir qui relance
plus ou moins longtemps la discussion.
La recentration de la parole implicatrice sur l’OREV est, pour nous, dans le
bégaiement l’un des objectifs principaux de la rééducation.

Conseils bibliographiques
CARON J. Les régulations du discours. Paris : PUF, 1983.
GARDE E. La voix. Paris : PUF, 1954.
HUSSON R. Physiologie de la phonation. Paris : Masson, 1962.
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

LE HUCHE F. Bégaiement. Option guérison ? Paris : Albin Michel, 1999.


LE HUCHE S. Dix conditions de l’OREV. Bégaiement. Paris : ADVR, 1991.

Chapitre 6

169
Chapitre 7

D ynamique de la parole

Diversité des manifestations


de la parole
Voix et parole
Dans le premier chapitre de cet ouvrage, nous avons insisté sur la diversité des
manifestations vocales. Or, comme on a pu le constater, notre étude ne s’est pas
limitée aux organes de la voix et s’est étendue aux organes de la parole. Qui s’inté-
resse à la voix ne peut guère se désintéresser de la parole. La rééducation vocale en
particulier ne saurait être efficace en négligeant de se préoccuper des interactions
qui existent entre la production de la voix et les phénomènes concernant la parole.

Inventaire des facteurs qui conditionnent


la parole
Si l’on veut faire l’inventaire des facteurs qui conditionnent la parole d’un sujet
donné à tel moment donné, on voit que cette parole dépend d’abord des caracté-
ristiques individuelles de ce sujet, c’est-à-dire, d’une part, de ses particularités
anatomo-physiologiques et, d’autre part de ses caractéristiques psychosociologiques
(type psychologique, statut social, langue(s) utilisée(s)…).
On voit ensuite que cette parole dépend des conditions dans lesquelles elle se
produit : – de quoi parle-t-on ? – dans quel contexte affectif ? – à qui ? – dans quel
but ? La pragmatique, qui constitue une branche de la linguistique et dont le déve-
loppement depuis quelques décennies est très remarquable, a précisément pour
objet d’étudier la langue en relation avec l’usage qu’en fait le sujet parlant. Mais
déjà ce point de vue de l’usage est pris en compte par Troubetzkoy reprenant Bühler
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

lorsqu’il nous propose la notion des trois faces de la manifestation parlée.

Les trois faces de la manifestation parlée


selon Troubetzkoy
Troubetzkoy dans son Traité de Phonologie, dit, reprenant Bühler, que toute
manifestation parlée a trois faces : la face représentative qui dépend de ce dont le
sujet parle, la face expressive qui dépend de la façon dont le sujet ressent ce qu’il
dit, la face appellative qui dépend de l’interlocuteur ou de l’auditoire, ou plutôt de
la façon dont le sujet « vit » cet interlocuteur ou cet auditoire.
La face représentative est celle qui s’impose en premier. On parle d’abord (et
surtout, croit-on) conformément à ce que l’on a à dire ou plutôt à ce dont il est
question. Ce dont il est question, c’est ce que Jakobson appelle le contexte ou le

Chapitre 7

171
La voix Tome 1

référent 1, comme nous le verrons plus bas. La linguistique classique s’occupe


presque uniquement du rapport entre le discours du sujet et ce contexte.
La face expressive préoccupe moins le linguistique. Il est cependant évident que
le discours du sujet dépend pour une part importante de la façon dont le sujet vit
ce qu’il dit : nous ne disons pas les choses de la même manière si elles nous émeu-
vent ou si elles nous sont indifférentes. Lorsque quelqu’un parle, on est renseigné,
peu ou beaucoup, vaguement ou précisément, mais bien souvent dès le début de la
phrase, sur le type de sentiments qu’éprouve le sujet par rapport à ce qu’il dit, sans
que ces sentiments n’aient besoin d’être formulés. Cette information résulte
d’abord de nombreux signes considérés classiquement comme « extra-linguisti-
ques » (mais qui n’en font pas moins partie intégrante de la « manifestation
parlée »). Il s’agit de l’intonation expressive (prosodie), des variations du débit
verbal et de l’intensité vocale, de la mimique et des gestes. Cette information résulte
en outre – et il est nécessaire d’y insister – du choix des mots et du style du
discours, c’est-à-dire cette fois de faits indiscutablement linguistiques.
La face appellative est encore moins appréhendée par la linguistique classique et
pourtant on ne parle généralement pas de la même façon ni avec le même langage
selon la personne à qui l’on s’adresse. La manifestation parlée varie considérablement
selon le type de relation qui s’est établi avec l’interlocuteur ou l’auditoire et selon le
but qu’éventuellement l’on poursuit en lui adressant la parole. Le développement
actuel de la pragmatique tend à combler cette lacune de la linguistique classique.

Face « appellative » ou face « circonstancielle »


En réalité, cette face appellative n’est qu’une partie de ce qu’on pourrait appeler
face circonstancielle. La manifestation parlée dépend, en effet, également des
circonstances de temps et de lieu lors de la parole et des relations qui unissent le
parleur à ces circonstances : on ne parle pas de la même façon en plein air, dans un
bureau, dans l’intimité, en période de travail ou en période de loisirs, etc. On doit
admettre que l’interlocuteur ou l’auditoire, sur quoi se fonde la notion de face appel-
lative n’est, en fait, qu’une partie – certes privilégiée – de cet environnement.

Importance relative des trois faces


de la manifestation parlée
Pour résumer ce qui précède, on peut dire que la parole dépend :
– de ce dont on parle ou plus exactement de l’idée qu’on s’en fait, ce qui corres-
pond à la face représentative ou référentielle ;
– de la façon dont le sujet vit ce dont il parle, ce qui correspond à la face
expressive ;
– de la façon dont le sujet vit l’environnement – interlocuteur compris – au
moment où il parle, ce qui correspond à la face appellative ou mieux circonstantielle.
Mais si la forme que prend la parole résulte bien de l’empreinte exercée sur elle
par chacun de ces trois domaines, l’importance de chacun d’eux peut varier consi-
dérablement selon les cas 2. On peut ainsi imaginer une parole complètement
réduite à son aspect référentiel. Les informations météorologiques à usage profes-
sionnel semblent un bon exemple de cette possibilité. On peut imaginer également
une parole quasi réduite à son aspect expressif. C’est le cas, par exemple, d’une

1. Notons que le référent ne se confond pas avec la réalité dont on parle. Il correspond à l’idée qu’on se
fait de cette réalité. Cette précision est importante.
2. Il est classique de dire que les faces appellative (circonstancielle) et expressive restent subconscientes
ou inconscientes, alors que la face référentielle requiert la focalisation de l’attention. Cela paraît tout à
fait contestable comme nous le verrons plus loin.

Chapitre 7

172
Dynamique de la parole

série de jurons proférés par une personne aux prises avec des difficultés quelcon-
ques ou qui vient de se taper pour la troisième fois sur le même doigt avec un
marteau. On peut imaginer enfin une parole sous la dépendance quasi exclusive de
sa face circonstancielle. C’est ce qui a lieu dans la voix d’appel lorsqu’il n’y a ni
problème ni urgence ou dans l’exemple d’un ordre simple tel que celui de fermer
la porte.
On doit observer cependant que ces trois faces de la manifestation parlée, ne
s’excluent pas toutes les trois de la même façon. En effet, si la réduction à la seule
face référentielle est parfaitement possible, la réduction à la face expressive est plus
difficile. Fatalement, un peu d’information sur « ce dont il s’agit » va passer. Une
forte expressivité cependant n’exige aucunement la marque du domaine circons-
tanciel. Quand cette marque circonstancielle existe, au contraire, on ne peut pas
exclure la marque des deux autres.
En somme, si la face circonstancielle existe, il est difficile d’exclure complète-
ment les faces expressive et référentielle. Si la face expressive existe, la face
circonstancielle peut être complètement exclue, mais non la face référentielle. Cette
dernière, en revanche, peut exister isolément.

Analyse critique des six fonctions du langage


selon Jakobson
L’adoption de ce point de vue Troubetzkoy-Bühler modifié (ou plutôt élargi en
ce qui concerne la face circonstancielle) nous amène à examiner maintenant les
conceptions de Jakobson.
Jakobson part de la constatation qu’il existe six éléments nécessaires à l’établis-
sement d’une communication. Celle-ci suppose un destinateur (celui qui parle), un
destinataire (interlocuteur ou auditoire) et un message adressé de l’un à l’autre. Elle
suppose encore un contexte ou « référent » (ce dont parle le message), un code
(grâce auquel est transmis le message) et enfin un contact entre le destinateur et
le destinataire (connexion physique et psychologique qui leur permet d’établir et
de maintenir la communication). Jakobson décrit six fonctions « du langage »
correspondant à ces six éléments nécessaires à l’établissement de la communica-
tion parlée, fonctions qu’il organise selon le schéma suivant :

RÉFÉRENTIELLE

{ }
(contexte)
POÉTIQUE
(message)
EXPRESSIVE
(destinateur) ➔ ➔ CONATIVE
(destinataire)
PHATIQUE
(contact)
MÉTALINGUISTIQUE
(code)
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

Bien que Jakobson les rapporte au langage et non à la manifestation parlée, on


voit que les fonctions expressive, référentielle et conative correspondent aux faces
expressive, représentative et appellative de Troubetzkoy et Bühler. Quant aux trois
autres fonctions, elles sont définies ainsi :
– la fonction phatique correspond aux messages chargés d’établir et de maintenir
la communication, le contact comme dans les locutions : « Allo !… Vous
m’entendez », « Écoutez-moi ! »…
– la fonction métalinguistique caractérise pour Jakobson les messages où le
discours est centré sur le code, ce qui se produit chaque fois que le destinateur juge
opportun de vérifier s’il utilise le même code que l’interlocuteur, ce qui donne lieu

Chapitre 7

173
La voix Tome 1

par exemple aux expressions suivantes : « Si je peux m’exprimer ainsi », « À tel sens
de ce mot », « Vous me suivez ? » ;
– la fonction poétique caractérise, dit Jakobson, le message en tant que tel :
« L’accent mis sur le message pour son propre compte ».

« Fonction(s) de » : un terme ambigu


Nous nous arrêterons un peu sur ces trois dernières « fonctions » de Jakobson.
On a coutume en effet de les mettre sur le même plan que les trois premières. Cela
est à notre avis bien regrettable et nous croyons voir là le fâcheux résultat d’une
confusion introduite par le mot fonction.

Fonctions phatique, métalinguistique et poétique


La manifestation parlée dépend d’une part, d’un point de vue correspond en fait à celui de la pragma-
certain nombre de facteurs dont elle est fonction. Ainsi tique dont relève à l’évidence la fonction phatique.
les trois premières « fonctions du langage » de La fonction métalinguistique, quant à elle, caracté-
Jakobson se rapportent en fait aux trois ensembles de rise des messages dont le référent est très particulier
facteurs conditionnant la manifestation parlée, c’est- puisqu’il concerne le code linguistique. Mais il n’y a
à-dire aux trois faces de Troubetzkoy-Bühler. aucune raison de penser qu’on parle du code linguis-
D’autre part, certains messages qui peuvent tique selon les modalités particulières. On fait les
d’ailleurs être gestuels remplissent une certaine fonc- ajustements nécessaires à propos du code linguistique
tion en rapport avec la communication : établissement exactement de la même façon que pour n’importe quel
du contact (fonction phatique), mise au point du code autre code ou ensemble de règles auxquels on peut
(fonction métalinguistique), mise en forme du message avoir affaire. C’est seulement pour le linguiste que le
(fonction poétique). code linguistique paraît mériter un traitement si parti-
L’existence d’un code commun et d’un contact culier. Il ne s’agit pas bien sûr d’ignorer l’importance
nécessaire à la communication relève, notons le, du ni l’intérêt du discours métalinguiste, mais simplement
domaine circonstanciel. Mon discours dépend de d’admettre que c’est un discours comme un autre, sans
l’accord entre ma langue et celle de mon interlocuteur oublier cependant que sa perte signe une défaillance
et de la manière dont nous nous écoutons mutuelle- importante dans la maîtrise de la langue.
ment, de la même façon qu’il dépend par exemple du La fonction poétique enfin ne nous paraît définir
lieu où nous nous trouvons et du rôle que nous jouons également qu’un aspect – bien particulier il est vrai –
l’un par rapport à l’autre. Cela n’empêche pas que du message qui reste sous la dépendance prédominante
l’établissement du contact relève également, comme des faces expressive et/ou circonstancielle de la mani-
nous le disons plus loin, de la pragmatique. festation parlée. L’univers des signifiants (phonèmes,
La fonction phatique caractérise le cas particulier lettres, mots, ponctuation, tournures syntaxiques) et
des messages centrés sur l’interlocuteur et destinés à l’univers du signifié, y compris les représentations
obtenir de lui une attitude particulière, celle d’entrer mentales (idées, images, etc.) et les ressentis affectifs
ou de rester en contact. Mais quelle différence essen- qu’ils suscitent constituent un ensemble d’objets que
tielle y a-t-il – linguistiquement parlant – entre le fait l’on peut choisir et organiser en vue d’une force expres-
de dire « Écoutez-moi » et le fait de dire « Approchez- sive plus grande ou d’un impact plus agissant :
vous ». Cela se traduit par des réactions pratiquement Exprimer – Agir.
identiques de la part de l’interlocuteur et l’acte de Cela ne nous empêche nullement de reconnaître
parole au moyen duquel ces actions sont obtenues est cependant que, contrairement au discours phatique et
exactement du même type. Or, c’est cela seul qui au discours métalinguistique, le discours poétique
compte du point de vue où nous nous trouvons. Ce n’est pas un discours comme un autre.

L’intérêt de distinguer les trois faces de la manifestation parlée, en évitant de


les mettre sur le même plan que les trois dernières « fonctions » de Jakobson appa-
raît nettement lorsqu’on aborde la pathologie de la parole et en particulier le
bégaiement.

Chapitre 7

174
Dynamique de la parole

Les trois faces de la manifestation parlée


et le classement des manifestations vocales
Existe-t-il des correspondances entre les trois faces de la manifestation parlée
et les quatre modes de classement des manifestations vocales tels que nous les
avons exposés au chapitre 1 ? La réponse est oui pour la face expressive qui corres-
pond à la deuxième classification et oui également pour la face circonstancielle qui
correspond à la troisième et à la quatrième.
On voit ensuite que la première classification, celle des physiologistes, ne
correspond pas plus à une face de la manifestation parlée qu’à une autre. Cela veut
simplement dire que chaque espèce de manifestation parlée dispose de l’ensemble
des possibilités de la physiologie vocale pour se réaliser.
On voit encore que la face référentielle n’a pas de correspondance dans la classifi-
cation des manifestations vocales. Cela nous semble tout à fait normal également : une
parole réduite à sa face référentielle fonctionne avec un bas niveau d’énergie dont la
traduction ne peut être qu’une voix neutre. Les problèmes de la dynamique vocale ne
commencent qu’avec le développement des faces expressive et circonstancielle : autre-
ment dit, le référent n’a d’incidence sur la dynamique vocale qu’indirectement, par le
biais des aspects expressifs et circonstanciels qui s’y rattachent.

Type de parole et conscience


Une autre question mérite d’être posée qui s’exprime ainsi : le type de manifes-
tation parlée dépend-il de l’orientation préférentielle de la conscience vers l’une ou
l’autre des trois faces décrites par Troubetzkoy ? Autrement dit, est-ce parce que le
sujet est plus conscient de son environnement que la face circonstancielle prédo-
mine, ou parce qu’il est plus conscient de ses émotions que la face expressive
prédomine ? La réponse est non : le comportement de parole peut s’orienter dans
un sens ou dans l’autre tout autant sous l’effet de mécanismes inconscients ou
subconscients et automatiques que par une attitude consciente et volontaire.

Manifestation parlée et niveau d’énergie


Comme nous l’avons dit plus haut, une parole réduite à sa face référentielle se
manifeste fatalement avec un bas niveau d’énergie : voix neutre, attitude physique
de repos, activité articulatoire juste suffisante. Mais lorsque les faces expressive ou
circonstancielle se développent, le niveau d’énergie s’élève et il apparaît que, dans
ce cas, on peut obtenir des degrés d’élévation assez bien différenciés.
Parmi les manifestations parlées à prédominance expressive, on pourra dire qu’il
s’agit, selon le cas, d’une expressivité chaude ou froide, l’expressivité chaude pouvant
être définie comme celle qui entraîne de la part du sujet un engagement de sa
personne, alors que, dans l’expressivité froide, le sujet reste dans un certain détache-
ment par rapport à ce qu’il dit.
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

Pour les manifestations parlées où prédomine la face circonstancielle, le haut


niveau d’énergie correspond, à la voix implicatrice dite de projection vocale, caracté-
risée, rappelons-le, par l’intention déclarée d’agir sur autrui (ou mieux, dans l’espace
extérieur), ce qui se traduit également par un certain engagement de la personne. Le
bas niveau d’énergie correspond en revanche à ce que, faute d’un meilleur terme,
nous appellerons parole neutre (non implicatrice). La face circonstancielle y prédo-
mine toujours, mais elle n’implique que peu ou pas d’engagement personnel de la
part du sujet. Cette différence apparaît nettement si l’on considère des actes de parole
tels que constater, rendre compte, exposer, par opposition avec d’autres actes de
parole tels qu’affirmer, informer, convaincre. Cela nous amène à préciser que si la
voix implicatrice dite projetée s’oppose à la voix d’expression simple et à la voix de

Chapitre 7

175
La voix Tome 1

détresse, elle s’oppose tout autant à la voix neutre dans les manifestations parlées où
la face circonstancielle prédomine.
Des modifications du comportement physique et mental interviennent
lorsqu’on passe d’une manifestation parlée à bas niveau d’énergie (qui n’engage
pas la personne) à une manifestation à haut niveau d’énergie. Bien entendu, ces
modifications diffèrent selon le type d’acte de parole considéré. Laissant de côté le
cas des actes de parole où la face expressive prédomine, nous étudierons dans le
chapitre suivant ces modifications dans le cas des actes de parole où cette prédo-
minance concerne la face circonstancielle. Cela correspond en fait au passage de la
voix d’expression simple à la voix implicatrice.
Il en résultera un éclairage de première importance en ce qui concerne la patho-
logie de la voix et de la parole et des bases solides quant à leur pédagogie.

*
Dynamique de la voix implicatrice
L’énergie de détermination
à la mise en œuvre du comportement vocal
implicateur dit de projection vocale
L’acte vocal implicateur nécessite, comme nous l’avons vu, une certaine énergie et
comporte des risques. Ces risques découlent des réactions d’autrui, en partie imprévisi-
bles, et qu’il faudra affronter obligatoirement. C’est pourquoi d’ailleurs on ne se lance pas
dans un acte vocal implicateur sans s’y sentir autorisé, ou sans s’en juger capable. Des
mécanismes d’inhibition psychologique (parfaitement normaux) sont d’ailleurs là pour
nous éviter les conséquences désagréables d’une activité implicatrice intempestive de
notre part. Comme nous le verrons, ces mécanismes inhibiteurs peuvent devenir excessifs
et embarrassants si bien qu’un important chapitre de la pathologie vocale pourrait avoir
pour titre « Troubles vocaux par excès d’inhibition de l’activité vocale implicatrice ».
L’existence de cette énergie de conviction et de détermination de l’acte vocal impli-
cateur est évidente et son importance est à la mesure de notre conviction et de notre
désir d’agir sur autrui. Nous sentons monter en nous cette énergie lorsque dans une
discussion nous sommes pris du désir d’insister sur un point qui nous paraît important
ou de féliciter chaleureusement quelqu’un dont nous approuvons les propos ou le
comportement ; lorsque nous nous apprêtons à décocher à l’adversaire un propos bien
senti ; lorsque nous nous cabrons devant une affirmation d’autrui qui nous paraît
erronée ou scandaleuse. Dans tous ces cas et bien d’autres, nous percevons en nous-
mêmes cette sorte d’augmentation de tension psychique – ou plutôt psycho-motrice –
qui nous donnera des chances d’accroître l’efficacité de notre action verbale.
Lorsque, d’autre part, nous sommes soumis à l’action verbale d’autrui, nous
nous faisons à chaque moment une idée de la profondeur de sa conviction ou de la
force de sa détermination. À travers maints détails de son comportement, nous
évaluons instinctivement la quantité d’énergie dont cet individu qui parle semble
disposer pour la défense de son idée ou pour la réalisation de son dessein. De cette
évaluation dépendra en grande partie notre réaction.
Remarquons que cette montée de l’énergie nous est tout aussi évidente dans le
cas des manifestations parlées à prédominance expressive lorsque soudain
l’émotion déferle en nous et fait irruption à l’extérieur.
Laissons de côté la question de savoir de quoi est faite cette énergie et comment
elle prend naissance. C’est là un problème de psychologie générale sur lequel la
lumière semble loin de pouvoir être faite. Contentons-nous simplement d’observer
les effets produits par cette montée d’énergie sur le comportement de celui qui se
manifeste vocalement, effets qui sont représentés sur la figure 8-1.

Chapitre 7

176
Dynamique de la parole

Schéma des modifications engendrées


par l’augmentation de l’énergie de détermination
à l’implication vocale
Sur ce schéma, « l’énergie de conviction » ou de « détermination à l’implication
vocale » est supposée arriver de la profondeur par un canal vertical. Ce canal est vu en
bout, d’en haut. Il est donc représenté par un cercle. De ce cercle partent des canalisa-
tions secondaires, se dirigeant dans toutes les directions vers les différents domaines
où cette énergie peut agir. Les « canalisations » de la moitié supérieure du schéma
correspondent à des modifications produites dans le domaine de l’élocution propre-
ment dite. Celles de la moitié inférieure correspondent à toutes les autres modifications
possibles rassemblées sous le titre de « modification du comportement général ».
◗ Modifications survenant dans le domaine
de l’élocution
C’est le domaine qui retient en général le plus l’attention. C’est celui qui préoccupe
en premier lieu quand la parole est perturbée, quelle que soit la cause de cette pertur-
bation. On a tendance à négliger en revanche les désordres qui se produisent en même
temps dans le domaine du comportement général, dont l’importance échappe
souvent. Or, l’ordre d’un côté ne peut aller bien longtemps avec le désordre de l’autre.
AUGMENTATION DE L’INTENSITÉ VOCALE
L’augmentation de l’intensité de la voix est une première manifestation possible
de la poussée de l’énergie de conviction. Pour « marquer le coup », pour appuyer
un propos, pour faire preuve de fermeté, « on donne de la voix »... sans même s’en
rendre compte !
Si l’énergie est mal dominée 3, il arrive que la voix s’élève trop : « on gueule ! ».
Sur le schéma, cet excès est indiqué à l’extérieur du cercle périphérique ainsi que
tous les autres excès. L’intensité vocale devenue excessive compromet le résultat
cherché. C’est-à-dire qu’au lieu de mieux convaincre, on va incommoder l’auditeur,
lui donner envie de se boucher les oreilles, de se révolter. Les cris dit-on souvent
sont l’argument des faibles. On ne saurait cependant généraliser et chacun sait
qu’un bon « coup de gueule » à propos est parfois efficace.
Un autre excès possible est le forçage vocal, pouvant aboutir progressivement
à l’altération des qualités de la voix et à l’installation du cercle vicieux de l’effort
vocal dont nous aurons à reparler.
ÉLÉVATION DE LA HAUTEUR TONALE
Une deuxième façon d’utiliser l’énergie de conviction est d’augmenter la
hauteur tonale de la voix. Autrement dit, la voix devient plus aiguë, plus pointue.
C’est ce que l’on appelle « hausser le ton ».
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

Là encore, des excès sont possibles, que la conscience populaire a repérés et dési-
gnés par les mots : « piailler », « s’égosiller 4 ». Selon le tempérament ou les
circonstances, l’énergie de conviction peut prendre l’une ou l’autre des deux direc-
tions précédentes et être utilisée soit à « donner de la voix », soit à « hausser le ton ».
Mais le plus souvent, les deux choses vont de pair. On dit alors que « l’on élève la

3. Cela peut être dû à un défaut d’adaptation par manque de perception correcte du milieu ambiant. Cela
peut résulter encore de l’irruption d’une force émotionnelle imprévue ou réprimée par le sujet que celle-
ci soit consécutive à un événement du monde extérieur à lui ou à un mouvement de sa vie intérieure.
4. Les vocables populaires souvent irremplaçables sont intéressants à relever ici : ils authentifient les
notions qu’ils désignent. La conscience populaire ne se trompe pas dans ce domaine. Lorsqu’elle invente
un mot ou une locution, on peut être certain que cela correspond réellement à quelque chose.

Chapitre 7

177
La voix Tome 1

précipitation
piailler, s’égosiller s’emballer

casser les oreilles des gens

– pa
plus rler
x vite
voi ton appuyer sur les mots
rl
a r le
e u sse
– gueuler ev – ha
– forçage vocal él

déb
it
ur
h aute

av
– d éner
ec
mar-te-ler
la er

ire gie
ix
de donn
vo

art
icu

lat
sit

ion
en
int

ÉLOCUTION

ÉNÉRGIE
DE
SOURCE D’ÉMOTIONS
DÉTERMINATION « RÉTRO-ACTION »
IMPRÉVUES
À l’IMPLICATION VOCALE
– radar – peur
COMPORTEMENT – construct.
GÉNÉRAL du jugement
OREV – panique

ue s
hiq on
ma neu
– a card

s
yc ati
nif r. v

– activation
cc iaq

– agressivité
ps ifest
élé ue

es eg

psychique – insolence
tat .
rat

n
–S

– emportement
ma
ion
ion
’éc

– contrôle
h au

technique – défaut
ffe

relaxation général de spontanéité


r

ma ns
tio
– c visa

nif sta
du

ton estat ife ices


ha ge

n
iqu ion ma motr
leu

– syncope es s
r

– palpitations es
est
–o –g
ou rienta rou
te
visage cramoisi – v du re tion en fle
erti
cali gard i s e u f
sat
ion – m du so inal
om
abd
– sueurs
– sécheresse
de la bouche
– coliques – gesticulation
– agitation
– crispation du visage
ou des poings usage du souffle vertébral
– flexion du tronc
– comportement de la voix de détresse

➤ Fig. 8-1

Schéma de répartition de l’énergie de conviction ou de détermination à l’implication vocale.


Le cercle central représente une canalisation amenant l’énergie de la profondeur. Les flèches qui partent de ce cercle représentent
les directions multiples où cette énergie peut s’investir. Les flèches périphériques correspondent à un afflux excessif d’énergie,
avec toutes les conséquences fâcheuses qui peuvent en résulter au-delà d’une certaine limite.

Chapitre 7

178
Dynamique de la parole

voix ». Le terme élever la voix s’applique aussi bien à une voix qui devient plus aiguë
qu’à une voix qui devient à la fois plus forte et plus aiguë. Il y a d’ailleurs souvent
confusion de terme à ce propos : « parler haut », cela veut surtout dire « parler fort ! ».
Un excès existe également pour cette augmentation combinée de hauteur et
d’intensité, dont le nom est « brailler » ou « casser les oreilles » : « Il commence à
nous casser les oreilles à brailler comme ça », dit-on parfois.

ACCROISSEMENT DU DÉBIT VERBAL


La montée de l’énergie de conviction peut se traduire encore par une accéléra-
tion du débit verbal. Autrement dit, on se met à « parler vite ».
Un premier excès possible aboutit à une parole qui s’emballe. L’accélération du
débit se mettant à dépasser les possibilités de l’agilité articulatoire, l’articulation
s’émousse. À la limite, la parole devient ce que l’on appelle « de la bouillie pour
chats ». On pourrait encore dire que « l’embrayage patine ».
Un second excès possible peut s’intituler « précipitation verbale ». Ici, la préci-
sion de l’articulation est maintenue, mais c’est aux dépens de la souplesse de cette
articulation qui devient dure, tendue, serrée, crispée, ou du rythme de celle-ci, le
débit verbal devenant alors haché, irrégulier, saccadé. À un degré de plus, il se
produit des distorsions, des contractions ou des élisions de syllabes : « le moteur
grippe ou s’emballe ». Le bredouillement (qu’on pourrait nommer taraxoladie) se
manifeste par un trouble de cet ordre. On y trouve un excès d’énergie venant désor-
ganiser le débit verbal.

ACCROISSEMENT DE LA PRÉCISION DE L’ARTICULATION


Cette quatrième direction que peut emprunter l’énergie de conviction ou de
détermination à la projection vocale n’est pas aussi familière que les trois précé-
dentes. On ne trouve pas de locution populaire qui lui corresponde de façon
vraiment adéquate. On peut lire cependant, dans une certaine littérature, des
formules telles que « dire en détachant chaque syllabe » ou simplement : « arti-
culer »... « articula-t-il sans faiblir ». « Dire entre les dents » désigne probablement
quelque chose du même ordre, mais avec une idée de crispation surajoutée. « Dire
avec énergie » est peut-être l’expression qui convient le mieux. Quoiqu’il en soit, le
seul fait de renforcer la netteté de l’articulation, de la rendre plus soignée, plus
vigoureuse, mieux ciselée traduit souvent l’accroissement de la détermination de
celui qui parle.
Des excès sont là aussi possibles. Un premier excès observable se traduit par
des accents d’insistance abusifs. C’est ce que l’on appelle appuyer sur les mots. Un
deuxième consiste à marteler chaque syllabe.
Les accents d’insistance sont normalement utilisés dans des cas bien précis :
donner du relief à l’information, donner de la force à une affirmation. Dans l’élocu-
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

tion pédagogique, ils permettent de signaler à l’élève le mot à bien noter, le mot
jalon. En dehors de ces circonstances particulières, les accents d’insistance risquent
de donner l’impression que l’on fait la leçon, ce qui n’est généralement pas trouvé
agréable. Appuyer sur les mots hors de propos n’est pas d’ailleurs un défaut bien
naturel. C’est plutôt un défaut appris ou le résultat d’une déformation
professionnelle.
Marteler représente un excès beaucoup plus spontané qui consiste à appuyer et
détacher chaque syllabe. « Mar-te-ler », c’est l’expression typique de l’exaspération
qui se produit au moment où il est manifeste que « l’entretien tourne mal ». Souvent
dans certains textes, on trouve la réplique d’un personnage dans cette situation,
transcrite avec un tiret entre les syllabes.

Chapitre 7

179
La voix Tome 1

◗ Équivalences, style personnel, transferts


La direction que prend l’énergie n’est pas ce qui importe le plus pour le succès
de l’action vocale entreprise. Ce qui compte, en effet, comme nous l’avons dit, c’est
le niveau d’énergie mis en jeu et la maîtrise avec laquelle cette énergie est utilisée.
C’est ce niveau et cette maîtrise que nous apprécions à chaque instant chez notre
interlocuteur, à travers les manifestations extérieures selon le style personnel de
chacun. Certains élèveront la voix là où d’autres renforceront la précision de leur
articulation, tandis que d’autres augmenteront la vitesse de leur débit.
Dans le cas d’une parole perturbée, il y aura toujours à faire une redistribution
de l’énergie afin de soulager telle direction encombrée au profit de telle autre sous-
exploitée. On réalise ainsi des « transferts d’énergie » permettant d’améliorer le
rendement, ou de rectifier un fonctionnement défectueux. La pratique de ces
« transferts » ne correspond à rien moins qu’à la maîtrise de l’élocution. Cette
maîtrise pourra s’acquérir progressivement grâce à une longue pratique. Mais un
résultat plus rapide pourra être obtenu par un apprentissage méthodique. Sponta-
nément, en effet, on est tenté, en cas de difficulté, d’agir sur le niveau global de
l’énergie en cherchant selon les cas à donner plus de force ou à se calmer. Sponta-
nément, on a tendance également à porter ses efforts dans l’une ou l’autre des
directions représentées par chacun des canaux, sans s’occuper de leur interaction.
On cherche ainsi à mieux articuler ou à parler moins vite ou à parler moins fort...
Or, il se trouve que le réglage du niveau global de l’énergie est difficile à réaliser
dans un temps suffisamment court : il faut au moins quelques secondes pour
s’échauffer et se mettre en état de mener une action verbale efficace. Lorsque cette
énergie est devenue excessive, c’est une ou plusieurs dizaines de secondes qui
seront nécessaires pour retrouver un niveau convenable, c’est-à-dire pour se
calmer.
Une bonne technique, qu’elle soit le fruit d’une pratique prolongée, d’un don
naturel ou de l’entraînement systématique, permet de réaliser presque instantané-
ment un salutaire transfert d’énergie d’une direction vers l’autre. On peut ainsi
éviter de forcer la voix en prenant instantanément une voix un peu plus haute, ou
parler moins vite en se mettant à articuler mieux. Il est curieux de constater que la
réalisation de ces « transferts » aboutit à une amélioration stable de la parole.
Les efforts d’amélioration concentrés sur un seul canal sont difficiles à main-
tenir. Celui qui par exemple a pris l’habitude de forcer sa voix par utilisation
excessive du canal « intensité » aura beaucoup de mal à se corriger s’il s’occupe
seulement de ce forçage à éviter. Il pourra certes se contrôler un certain temps en
plaçant une sorte de barrage derrière lequel l’énergie sera retenue, après quoi le
forçage reprendra de façon peut-être plus importante encore sous l’action de cette
énergie ainsi accumulée. De même, on peut faire des efforts pour parler moins
vite... pendant 10 à 20 secondes, pas davantage, ou pour articuler mieux... pendant
2 ou 3 minutes seulement, alors que si l’on s’entraîne à faire les deux à la fois, on
obtient une modification stable. L’apprentissage de la diction sera grandement faci-
lité s’il s’intéresse à ces transferts d’énergie et s’il se présente, entre autre chose,
comme un entraînement à manipuler les quatre « robinets » placés sur les quatre
premiers canaux de notre schéma.
Cependant, comme nous l’avons dit plus haut, rien de bien solide ne peut être
acquis si l’on s’en tient à ce domaine de l’élocution : on devra en outre obtenir une
certaine maîtrise des canaux inférieurs dont nous allons parler maintenant
(domaine du comportement général). Faute de cela, on risquera de se trouver impi-
toyablement débordé dès que les conditions extérieures ou intérieures ne seront
pas tout à fait favorables.

Chapitre 7

180
Dynamique de la parole

◗ Modifications survenant dans le domaine


du comportement général
Impossible disions-nous de maîtriser l’élocution, phénomène de surface, sans
s’assurer de la solidité du terrain sur lequel elle se construit. Cette solidité du
terrain pourra s’apprécier d’après les réactions du sujet parlant, réactions se tradui-
sant par des manifestations psychomotrices que nous classerons en quatre
catégories : manifestations neuro-végétatives, toniques, motrices, psychiques.

MANIFESTATIONS NEURO-VÉGÉTATIVES
Une conviction un peu intense provoque une certaine accélération cardiaque et
une certaine rougeur du visage. C’est l’échauffement qui caractérise la discussion
vive.
Ces manifestations réactionnelles peuvent devenir excessives et gênantes. Le
visage devient écarlate quand la colère surgit. La bouche devient soudain sèche si
l’on se trouve dans l’impossibilité de s’exprimer comme on le voudrait. La sueur
perle au front lorsque, pressé de questions, il ne nous est pas possible de répondre.
À un degré de plus peuvent apparaître des coliques. Dans une discussion publique,
il suffit parfois de décider de demander la parole pour qu’en 30 secondes, si cette
parole n’est pas accordée, le pouls passe à 120 ou 140. Cela risque de se traduire
par quelques difficultés. Dans certaines circonstances, l’accélération cardiaque
aboutira à des troubles plus importants : palpitations, malaise, voire, dans un
contexte d’émotion intense, syncope. Mourir de conviction est certainement une
chose exceptionnelle, mais non pas une chose impensable.

MANIFESTATIONS TONIQUES – ATTITUDE


Le passage au comportement vocal implicateur dit de projection vocale se carac-
térise en premier lieu par l’orientation particulière du regard. Ce regard prend une
intensité qui le rend significatif du désir d’atteindre. On sait que le regard ne sert
pas seulement à voir, mais également à signifier et à agir sur autrui. Soutenir le
regard est une activité dynamique qui demande souvent le secours d’une énergie
importante. Parfois s’engage entre deux individus une lutte, où seul le regard entre
en jeu. La victoire est à celui qui fait vaciller le regard de l’autre.
La deuxième caractéristique du passage au comportement vocal implicateur est,
rappelons-le, la tendance au redressement du corps, la verticalisation. Le change-
ment d’attitude qui résulte de la réaction combinée d’orientation particulière du
regard et de verticalisation est facile à observer dans la fréquente scène suivante.
Deux personnes parlent tranquillement de choses et d’autres, assises à la terrase
d’un café, accoudées à la table ou le dos mollement appuyé au dossier de la chaise.
Soudain, quelque chose, entre eux, ne va plus et un différend s’installe. Le premier
signe indiquant le changement d’atmosphère est dans le regard : chacun se met à
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

fixer l’autre, et l’affrontement est à son maximum lorsque les deux adversaires se
regardent mutuellement en face, c’est-à-dire lorsque l’orientation des visages coïn-
cide avec l’orientation des regards. Le deuxième signe est, malgré la position assise,
le redressement du corps (verticalisation partielle) : l’appui sur la table ou contre
le dossier de la chaise a disparu, les deux adversaires se dressant face à face, avant
peut-être de se lever et de s’injurier... Autre exemple. Quelqu’un attend l’autobus
debout, mais dans une attitude détendue de déhanchement, passant de temps en
temps d’un pied sur l’autre ou encore le dos appuyé contre un poteau... Soudain,
il aperçoit sur le trottoir d’en face une personne qu’il doit absolument appeler.
Avant de lancer son appel, son attitude change : il oriente intensément son regard
et se redresse abandonnant tout appui accessoire pour se camper sur ses deux
pieds.

Chapitre 7

181
La voix Tome 1

Ces deux réactions (regard-verticalisation), réactions toniques caractéristiques


de l’attitude d’implication vocale (ou plutôt de l’attitude plus générale, de prépa-
ration à l’action), sont des réactions adéquates, des facteurs d’efficacité. Mais il
arrive que l’augmentation du tonus musculaire aboutisse à des crispations et à des
attitudes inopportunes, correspondant à une pression expressive réprimée. Ces
crispations peuvent intéresser le visage qui devient grimaçant : bouche tordue,
yeux exhorbités... La crispation des maxillaires et du cou peut gêner considérable-
ment le bon déroulement de la parole. On peut observer aussi la crispation des
mains, poings serrés. L’altération de la verticalité résultera d’une crispation plus
étendue, intéressant le cou et le tronc (menton en avant, dos rond) attitude carac-
téristique de la voix de détresse et du forçage vocal.
Plus importante à connaître, parce que moins évidente, est la réaction d’éléva-
tion thoracique qui se produit fréquemment dans le cas de l’irruption imprévue
d’un sentiment ou d’une pensée intense et subite. Cette irruption peut se traduire
par une soudaine impossibilité de s’exprimer. Témoin les expressions suivantes :
« Quand j’ai entendu ça, ça m’a coupé le souffle », « C’est suffocant d’entendre dire
une chose pareille ». L’élévation thoracique qui correspond à une « soudaine inspi-
ration haute » est le premier stade de la réaction de panique. Elle répond sans doute
au besoin de faire provision d’air comme si celui-ci risquait de manquer. On peut
penser qu’il s’agit d’un réflexe de sauvegarde très archaïque.

RELAXATION
Il s’agit d’une « canalisation » fermée pendant le fonctionnement de la
« machine à voix implicatrice ». Il en est ainsi du moins si l’on entend par relaxation
l’attitude de détente complète et profonde obtenue, de préférence en position
allongée, soit par un repos suffisamment long, soit par une technique spéciale de
relaxation, celle par exemple de Schultz ou l’une des nombreuses pratiques qui en
dérivent. Ces pratiques peuvent être comparées à une sorte de « vidange » salutaire
de toute l’énergie accumulée dans toutes les directions précédentes au cours de
l’action verbale. Notons qu’il existe des possibilités de relaxation partielle (loca-
lisée), instantanée, qui sont utilisables pendant l’action verbale elle-même. On dit
parfois qu’il s’agit alors de « relaxation dynamique » par opposition à la « relaxation
statique » précédente (Ch. Antonetti).

MANIFESTATIONS MOTRICES
Caractéristique de l’implication vocale est – comme nous l’avons vu dans les
chapitres précédents – l’utilisation du souffle abdominal mobilisant à l’expiration
les côtes par abaissement en anse de seau et provoquant la remontée du
diaphragme grâce à la réduction des diamètres horizontaux de l’abdomen. Cette
mise en route du souffle abdominal au moment du passage à la voix implicatrice
va de pair avec la verticalisation : l’action des muscles abdominaux n’est vraiment
aisée que si le sujet est redressé. De plus, l’usage du souffle abdominal permet,
grâce au contrôle diaphragmatique (antagonisme abdominaux-diaphragme), de
régler avec beaucoup plus de précision la pression sous-glottique. Il évite ainsi au
larynx d’avoir à supporter des pressions inutiles et dangereuses pour lui, en parti-
culier au début de l’émission vocale (coup de glotte).
Rappelons que quand le sujet se sent débordé par l’événement, le mécanisme
du souffle abdominal est remplacé par celui du souffle vertébral dans le contexte
du comportement de la voix de détresse. L’appel à ce mécanisme parfaitement
justifié dans certains cas, en particulier dans l’urgence, signe la faillite du compor-
tement de la voix implicatrice, surtout lorsque, cessant d’être employé de façon
limitée, ce mécanisme devient habituel, réalisant alors une dysfonction vocale
chronique.

Chapitre 7

182
Dynamique de la parole

Autre manifestation motrice, le geste vient naturellement appuyer l’action


verbale entreprise. Gestes de la tête, animée de petits mouvements de flexion ou
d’inclinaison rythmant le discours. Gestes de la main ou du doigt. Geste pour
montrer, geste pour frapper. Poing frappant dans le vide ou poing frappé sur la
table. Tous ces gestes sont un bon témoin du niveau atteint par l’énergie de déter-
mination à l’implication vocale et de l’aisance du sujet à manipuler cette énergie.
Les excès dans ce domaine se nomment agitation, gesticulation, signes d’un
divorce entre l’état de tension intérieure et le déroulement de l’action verbale. Le
sujet agite ses doigts, frotte ses mains l’une contre l’autre, tourne les boutons de
sa veste, met du désordre dans les papiers qui sont sur son bureau ou se met à
marcher fébrilement de long en large. Dans la Bible, on va jusqu’à déchirer ses vête-
ments et s’arracher la barbe et les cheveux.

MANIFESTATIONS PSYCHIQUES (composantes psychologiques de l’acte vocal


implicateur)
Trois faits psychologiques sont particulièrement représentatifs de l’implication
vocale.

■ Activité « radar »
Le fait qui caractérise le mieux l’acte vocal implicateur est l’orientation délibérée de
la majeure partie de l’attention du sujet vers son interlocuteur. Cette attention à autrui
peut être comparée à une activité de « radar », permettant au sujet de se faire une idée
de ce qui se passe dans la conscience de son interlocuteur, de cerner ses intentions, ses
raisons, ses mobiles et surtout d’évaluer la quantité d’énergie que cet interlocuteur
semble susceptible de mobiliser pour la défense de son point de vue ou l’approbation
de ce qu’on lui dit. De cette analyse plus ou moins consciente, découle de façon très
automatique chez le sujet, une adaptation de son propre niveau de tension au plaisir de
se trouver d’accord, ou la mise en place d’une riposte adéquate ou d’un évitement
incontournable (circuit rétroactif). Sur le schéma, ce circuit rétroactif est figuré à droite
au moyen d’une flèche en grisé représentant un canal centripète, apportant de l’énergie
vers la canalisation centrale. Il correspond au troisième circuit régulateur de la parole,
le circuit public dont nous avons parlé au chapitre 6. On peut dire que les possibilités
d’investissement de l’énergie dans cette « activité radar » sont illimitées : on a toujours
avantage à comprendre mieux comment réagit et fonctionne l’interlocuteur ou l’audi-
toire. Le parleur efficace est avant tout celui qui sait comprendre rapidement à qui il a
affaire, celui qui sait écouter, celui qui sait prendre le temps nécessaire ou faire les
détours nécessaires pour jauger l’interlocuteur.
Lorsque l’action vocale entreprise devient défaillante, la suppression de cette « acti-
vité radar » signe la faillite complète de l’implication. C’est ce qui a lieu par exemple
dans le cas du conférencier qui perd le contact avec l’auditoire et se réfugie dans ses
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

notes avec l’idée d’en finir le plus vite possible. Dans plusieurs troubles de la parole, en
particulier dans le bégaiement et le bredouillement, cette « activité radar » est fréquem-
ment perturbée. La personne bègue redoute de lire dans la conscience d’autrui que son
bégaiement incommode, d’où suppression de « l’activité radar » normale. La parole ne
peut plus dès lors être ajustée : la cible est perdue de vue.

■ Activation psychique
On sait que, dans le feu de la discussion, les idées se font souvent plus précises :
la pensée s’active. C’est dans l’action verbale intense que surgissent les meilleures
trouvailles oratoires, les traits les plus originaux, que la parole devient la plus
savoureuse et que se développent les plus belles envolées lyriques.

Chapitre 7

183
La voix Tome 1

Dans ce domaine, l’excès peut se nommer emportement. S’emporter, c’est ne


plus parvenir à tenir compte du point de vue de l’autre. C’est en venir à des propos
blessants ou déplacés. C’est encore en venir aux mains. Tout cela évidemment
compromet l’efficacité du discours : même si le contradicteur blessé ne trouve rien
à répondre, son adhésion est, à tout le moins, improbable. Dans le même ordre
d’idée, on peut considérer l’agressivité et l’insolence comme des excès en ce
domaine.

■ Contrôle technique général


Ce contrôle est, pour l’essentiel, l’aptitude à réaliser les transferts dont nous avons
parlé plus haut, aptitude le plus souvent acquise par l’entraînement ou la longue
pratique. Il est en effet impossible de réaliser une surveillance constante (pourtant
souvent demandée par maints professeurs de diction !) de chaque détail d’exécution de
l’acte de parole. L’attention du sujet, du moins quand il s’implique, est normalement
captée en premier lieu par « l’activité radar » dont nous venons de parler, en second lieu
par l’objet de la discussion. Normalement, l’attention du sujet se porte alternativement
de l’un à l’autre de ces deux pôles. Il n’est pas possible, sous peine de dénaturation
complète, de porter cette attention sur l’acte de parole lui-même de façon continue.
Mais il reste possible de distraire les quelques secondes ou fractions de secondes
d’attention nécessaires pour faire un « réglage » lorsque des signes de souffrance appa-
raissent ou se font craindre. Une seconde suffit à un individu entraîné pour se dire :
« Attention, je suis en train de forcer ma voix : je fais une pause et je reprends sur un
ton plus haut » ou bien « Attention, je me crispe et ma respiration devient vertébrale :
je vais faire un soupir, me redresser et remettre en route mon souffle abdominal »... et
ainsi de suite. Cela se trouve facilité par le fait que les désordres se produisent toujours
de la même façon pour chaque sujet.
Quant à l’excès de contrôle technique, il se manifeste tout simplement par la
perte du naturel et correspond à un défaut de spontanéité, à une rupture d’avec
l’énergie pulsionnelle de l’être.

AFFÉRENCES
Une dernière indication figure sur le schéma. Il s’agit de cette flèche « centri-
pète », venant de la gauche et qui représente les apports d’énergie imprévus ou
réprimés. On peut, d’une part, être surpris par un événement inattendu, que cet
événement se rapporte à l’environnement extérieur ou au monde intérieur du sujet.
On peut encore refuser de vivre une partie gênante de la réalité extérieure ou inté-
rieure. C’est ce qui a lieu par exemple lorsqu’on veut ne pas tenir compte de telle
réaction de l’interlocuteur (réalité extérieure) ou lorsqu’on veut dissimuler son
émotion (réalité intérieure). Dans tous ces cas, faute d’être intégrée à l’action entre-
prise, l’énergie mobilisée pour réprimer tend à perturber le bon déroulement de
cette action. Ces apports auraient pu être bénéfiques et donner au discours ou à
l’action verbale entreprise plus de force expressive mais, faute de cette intégration,
faute d’une adaptation rapide, on va vers « la perte de ses moyens » vers la
désorganisation.

Conclusion
On voit que ce schéma permet de représenter un grand nombre de phénomènes
susceptibles de se produire lors de la prise de parole dans le contexte du compor-
tement général du sujet. Ce schéma permet de rendre compte de l’aspect
dynamique de cet acte dont la charge énergétique est si variable et s’exprime de
manières si diverses. Il nous indique que si l’on veut progresser sur le plan de
l’élocution, il faut apprendre à gérer au mieux les mouvements de l’énergie psycho-

Chapitre 7

184
Dynamique de la parole

motrice, apprendre à s’adapter à ceux-ci, ce qui suppose de vivre correctement le


rapport entre le monde intérieur (introversion) et l’environnement (extraversion).
On comprend dans ces conditions que l’entraînement ou la rééducation de la
voix et de la parole ne peut se limiter à des exercices de voix ou de parole. L’un et
l’autre réclament que soit envisagé le comportement de l’individu tout entier. C’est
ce qui apparaît nettement dans l’étude de la pathologie vocale et de son traitement
qui font l’objet des deuxième, troisième et quatrième tomes de cet ouvrage.

Conseils bibliographiques
FRANÇOIS F. Le langage et ses fonctions. In : Le langage. Encyclopédie de la pléiade. Paris :
Gallimard, 1968.
LE HUCHE F. Bégaiement. Option guérison. Paris : Albin Michel, 1999.
TROUBETZKOY NS. Principes de Phonologie. Klincksieck, 1970 : 16.
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

Chapitre 7

185
T able de correspondance
des termes anatomiques

Selon l’ancienne et la nouvelle nomenclature.


Les termes de la Nouvelle Nomenclature anatomique française, officielle depuis 1976 apparaissent en caractères
italiques.

A
Abaisseur de l’angle de la bouche (Muscle) Triangulaire des lèvres (Muscle)
Abaisseur de la lèvre inférieure (Muscle) Carré du menton (Muscle)
Abaisseur du septum nasal (Muscle) Myrtiforme (Muscle)
Acétabulum Cavité cotyloïde
Aile externe de l’apophyse ptérygoïde Lame latérale de l’apophyse ptérygoïde
Aile interne de l’apophyse ptérygoïde Lame médiale de l’apophyse ptérygoïde
Aile thyroïdienne Lame thyroïdienne
Amygdale linguale Tonsille linguale
Amygdale palatine Tonsille palatine
Amygdale pharyngée Tonsille pharyngienne
Angle de la côte Angle postérieur de la côte
Angle de la mâchoire Angle de la mandibule
Angle de la mandibule Angle de la mâchoire – Gonion
Angle de Louis Angle sternal
Angle postérieur de la côte Angle de la côte
Angle sternal Angle de Louis
Anneau trachéal Cartilage trachéal
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

Anse de Galien Rameau communiquant avec le nerf laryngé caudal


Aponévrose épicrânienne Galéa aponévrotique
Aponévrose intrapharyngienne Fascia pharyngo-basilaire
Aponévrose péripharyngienne Fascia bucco-pharyngien
Apophyse articulaire inférieure de la vertèbre Processus articulaire caudal de la vertèbre
Apophyse articulaire supérieure de la vertèbre Processus articulaire crânial de la vertèbre
Apophyse coronoïde Processus coronoïde
Apophyse crista-galli Crista-galli
Apophyse épineuse de la vertèbre Processus épineux de la vertèbre
Apophyse géni Épine mentonnière
Apophyse mastoïde Processus mastoïde
Apophyse orbitaire externe Processus zygomatique du frontal
Apophyse palatine du maxillaire supérieur Processus palatin de la mandibule
Apophyse ptérygoïde Processus ptérygoïde

187
La voix Tome 1

Apophyse pyramidale du palatin Processus pyramidal du palatin


Apophyse sphénoïdale Processus sphénoïdal
Apophyse styloïde Processus styloïde
Apophyse transverse de la vertèbre Processus transverse de la vertèbre
Apophyse vocale Processus vocal
Apophyse zygomatique Processus zygomatique
Appendice xiphoïde Processus xyphoïde
Arcade fémorale Ligament inguinal
Arcade du psoas Ligament arqué médial
Arc de l’aorte Crosse de l’aorte
Arc palato-pharyngien Pilier postérieur du voile du palais
Arc palato-glosse Pilier antérieur du voile du palais
Artère carotide commune gauche Artère carotide primitive gauche
Artère carotide primitive gauche Artère carotide commune gauche
Artère laryngée caudale Artère laryngée inférieure
Artère laryngée crâniale Artère laryngée supérieure
Artère laryngée inférieure Artère laryngée caudale
Artère laryngée supérieure Artère laryngée crâniale
Artère thyroïdienne caudale Artère thyroïdienne inférieure
Artère thyroïdienne crâniale Artère thyroïdienne supérieure
Artère thyroïdienne inférieure Artère thyroïdienne caudale
Artère thyroïdienne supérieure Artère thyroïdienne crâniale
Ary-épiglottique (Muscle) Aryténo-épiglottique (Muscle)
Aryténo-épiglottique (Muscle) Ary-épiglottique (Muscle)
Aryténoïdien oblique (Muscle) Inter-aryténoïdien oblique (Muscle)
Aryténoïdien transverse (Muscle) Inter-aryténoïdien transverse (Muscle)
Auriculaires (Muscle) Pavillon de l’oreille (Muscle du)
Azygos de la luette (Muscle) Uvulaire (Muscle)

B
Bande ventriculaire Pli vestibulaire
Base de la langue Racine de la langue
Bord alvéolaire du maxillaire Processus alvéolaire de la mandibule
Bourrelet tubaire Torus tubaire
Branche montante du maxillaire supérieur Processus frontal de la mandibule

C
Canal incisif Canal palatin antérieur
Canal infra-orbitaire Canal sous-orbitaire
Canal palatin antérieur Canal incisif
Canal sous-orbitaire Canal infra-orbitaire
Canin (Muscle) Releveur de l’angle de la bouche (Muscle)
Carotide commune droite Carotide primitive droite
Carotide primitive droite Carotide commune droite
Carré du menton (Muscle) Abaisseur de la lèvre inférieure (Muscle)
Cartilage de la cloison Cartilage septal du nez
Cartilage septal du nez Cartilage de la cloison
Cartilage trachéal Anneau trachéal
Cavité cotyloïde Acétabulum
Cavité glénoïde du temporal Fosse mandibulaire
Cavités nasales Fosses nasales
Cavum Naso-pharynx
Centre phrénique Centre tendineux
Centre tendineux Centre phrénique
Chaton cricoïdien Lame du cartilage cricoïde
Cloison nasale Septum nasal
Conduit auditif Méat acoustique
Condyle du maxillaire Processus condylaire de la mandibule
Corde vocale Pli vocal
Corne caudale du cartilage thyroïde Petite corne du cartilage thyroïde
Corne rostrale du cartilage thyroïde Grande corne du cartilage thyroïde

188
Table de correspondance des termes anatomiques

Corps thyroïde Glande thyroïde


Corps vertébral Spondyle
Corrugateur du sourcil (Muscle) Sourcilier (Muscle)
Côtes asternales Fausses côtes
Crête conchale Crête d’insertion du cornet inférieur
Crête d’insertion du cornet inférieur Crête conchale
Crête d’insertion du cornet moyen Crête ethmoïdale
Crête ethmoïdale Crête d’insertion du cornet moyen
Crête oblique du cartilage thyroïde Ligne oblique du cartilage thyroïde
Crico-aryténoïdien dorsal (Muscle) Crico-aryténoïdien postérieur (Muscle)
Crico-aryténoïdien postérieur (Muscle) Crico-aryténoïdien dorsal (Muscle)
Crista-galli Apophyse crista-galli
Crochet de l’aile interne de l’apophyse ptérygoïde Hamulus ptérygoïdien
Crosse de l’aorte Arc de l’aorte
Cul-de-sac pleural Récessus pleural
Cutané du cou (Muscle) Peaucier du cou (Muscle)

D
Dentine Ivoire
Disque articulaire Ménisque
Droit de l’abdomen (Muscle) Grand droit (Muscle)

E
Échancrure claviculaire Incisure claviculaire
Échancrure inférieure du pédicule de la vertèbre Incisure vertébrale caudale
Échancrure nasale Incisure nasale
Échancrure sigmoïde Incisure mandibulaire
Échancrure supérieure du pédicule de la vertèbre Incisure vertébrale crâniale
Échancrure thyroïdienne Incisure thyroïdienne rostrale
Élévateur du voile du palais (Muscle) Péristaphylin interne (Muscle)
Épine du pubis Tubercule pubien
Épine mentonnière Apophyse géni

F
Facette articulaire costale inférieure Fossette costale caudale
Facette articulaire costale supérieure Fossette costale crâniale
Facette articulaire transversaire Surface articulaire du tubercule costal
Facette articulaire vertébral Surface articulaire de la tête costale
Facette costale de l’apophyse transverse Fossette costale transversaire
Faisceau cérato-pharyngien du constricteur moyen du pharynx Partie cérato-pharyngienne du constricteur moyen du pharynx
(Muscle) (Muscle)
Faisceau chondro-pharyngien du constricteur moyen Partie chondro-pharyngienne du constricteur moyen du pharynx
du pharynx (Muscle) (Muscle)
Faisceau cricoïdien du constricteur inférieur du pharynx Partie crico-pharyngienne du constricteur inférieur du pharynx
(Muscle) (Muscle)
Faisceau lingual du constricteur supérieur du pharynx (Muscle) Pharyngo-glosse
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

Faisceau mylo-hyoïdien du constricteur supérieur du pharynx Partie mylo-pharyngienne du constricteur supérieur du pharynx
(Muscle) (Muscle)
Faisceau profond du masséter (Muscle) Partie profonde du masséter (Muscle)
Faisceau ptérygoïdien du constricteur supérieur du pharynx Partie ptérygo-pharyngienne du constricteur supérieur
(Muscle) du pharynx (Muscle)
Faisceau ptérygo-maxillaire du constricteur supérieur Partie bucco-pharyngienne du constricteur supérieur du pharynx
du pharynx (Muscle) (Muscle)
Faisceau superficiel du masséter (Muscle) Partie superficielle du masséter (Muscle)
Faisceau thyroïdien du constricteur inférieur du pharynx Partie thyro-pharyngienne
(Muscle) du constricteur inférieur du pharynx (Muscle)
Fascia bucco-pharyngien Aponévrose péripharyngienne
Fascia pharyngo-basilaire Aponévrose intrapharyngienne
Fausse côtes Côtes asternales
Foramen de la veine cave Orifice de la veine cave inférieure

189
La voix Tome 1

Foramen infra-orbitaire Orifice du canal sous-orbitaire


Foramen intervertébral Trou de conjugaison
Foramen mandibulaire Orifice du canal dentaire
Foramen mentonnier Trou mentonnier
Foramen sphéno-palatin Trou sphéno-palatin
Foramen transversaire Trou transversaire
Foramen vertébral Trou vertébral
Fosse canine Fossette myrtiforme
Fosse digastrique Fossette du digastrique
Fosse mandibulaire Cavité glénoïde du temporal
Fosse tonsillaire Loge amygdalienne
Fosses nasales Cavités nasales
Fossette costale caudale Facette articulaire costale inférieure
Fossette costale crâniale Facette articulaire costale supérieure
Fossette costale transversaire Facette costale de l’apophyse transverse
Fossette du digastrique Fosse digastrique
Fossette hémisphérique Fossette oblongue
Fossette myrtiforme Fosse canine
Fossette oblongue Fossette hémisphérique
Fourchette sternale Incisure jugulaire
Frontal (Muscle) Ventre frontal de l’épicranien (Muscle)

G
Galéa aponévrotique Aponévrose épicranienne
Glande sous-maxillaire Glande submandibulaire
Glande submandibulaire Glande sous-maxillaire
Glande thyroïde Corps thyroïde
Glosso staphylin (Muscle) Palato-glosse (Muscle)
Gonion Angle de la mandibule
Gouttière carotidienne Sillon carotidien
Gouttière costale Sillon costal
Gouttière optique Sillon chiasmatique
Gouttière palatine postérieure Sillon grand palatin
Gouttière pharyngo-laryngée Récessus piriforme
Grand droit (Muscle) Droit de l’abdomen (Muscle)
Grand oblique (Muscle) Oblique externe de l’abdomen (Muscle)
Grande corne du cartilage thyroïde Corne rostrale du cartilage thyroïde

H
Hamulus ptérygoïdien Crochet de l’aile interne de l’apophyse ptérygoïde
Hiatus aortique Orifice aortique
Hiatus œsophagien Orifice œsophagien
Houpe du menton (Muscle de la) Mentonnier (Muscle)
Hypopharynx Laryngo-pharynx

I
Incisure claviculaire Échancrure claviculaire
Incisure jugulaire Fourchette sternale
Incisure mandibulaire Échancrure sigmoïde
Incisure nasale Échancrure nasale
Incisure thyroïdienne rostrale Échancrure thyroïdienne
Incisure vertébrale caudale Échancrure inférieure du pédicule
de la vertèbre
Incisure vertébrale crâniale Échancrure supérieure du pédicule
de la vertèbre
Inter-aryténoïdien (Muscle) Aryténoïdien transverse (Muscle)
Inter-aryténoïdien oblique (Muscle) Aryténoïdien oblique (Muscle)
Inter-aryténoïdien transverse (Muscle) Aryténoïdien transverse (Muscle)
Intercostal interne (Muscle) Intercostal intime (Muscle)
Intercostal intime (Muscle) Intercostal interne (Muscle)

190
Table de correspondance des termes anatomiques

Intercostal moyen (Muscle) Intercostal interne (Muscle)


Isthme bucco-pharyngé Isthme du gosier
Isthme du gosier Isthme bucco-pharyngé
Ivoire Dentine

L
Labyrinthe ethmoïdal Masse latérale de l’ethmoïde
Lame du cartilage cricoïde Chaton cricoïdien – Plaque cricoïdienne
Lame du cartilage thyroïde Lame quadrilatère
Lame latérale de l’apophyse ptérygoïde Aile externe de l’apophyse ptérygoïde
Lame médiale de l’apophyse ptérygoïde Aile interne de l’apophyse ptérygoïde
Lame perpendiculaire du palatin Lame verticale du palatin
Lame thyroïdienne Aile thyroïdienne
Lame verticale du palatin Lame perpendiculaire du palatin
Laryngo-pharynx Hypopharynx
Ligament alvéolo-dentaire Périodonte
Ligament arqué latéral Ligament cintré
Ligament arqué médial Arcade du psoas
Ligament arqué médian Pilier interne
Ligament ary-épiglottique Ligament aryténo-épiglottique
Ligament aryténo-épiglottique Ligament ary-épiglottique
Ligament cintré Ligament arqué latéral
Ligament inguinal Arcade fémorale
Ligament ptérygo-maxillaire Raphé pharyngo-mandibulaire
Ligament stylo-mandibulaire Ligament stylo-maxillaire
Ligament stylo-maxillaire Ligament stylo-mandibulaire
Ligament thyro-aryténoïdien inférieur Ligament vocal
Ligament thyro-aryténoïdien supérieur Ligament vestibulaire
Ligament vestibulaire Ligament thyro-aryténoïdien supérieur
Ligament vocal Ligament thyro-aryténoïdien inférieur
Ligne courbe occipitale supérieure Ligne nuchale supérieure
Ligne courbe temporale inférieure Ligne temporale inférieure
Ligne courbe temporale supérieure Ligne temporale supérieure
Ligne nuchale supérieure Ligne courbe occipitale supérieure
Ligne oblique du cartilage thyroïde Crête oblique du cartilage thyroïde
Ligne temporale inférieure Ligne courbe temporale inférieure
Ligne temporale supérieure Ligne courbe temporale supérieure
Loge amygdalienne Fosse tonsillaire
Loge sous-mandibulaire Loge sous-maxillaire
Loge sous-maxillaire Loge sous-mandibulaire
Luette Uvule palatine

M
Malaire Os zygomatique
Mandibule Maxillaire inférieur
Masse latérale de l’ethmoïde Labyrinthe ethmoïdal
Maxillaire Maxillaire supérieur
Maxillaire inférieur Mandibule
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

Maxillaire supérieur Maxillaire


Méat acoustique Conduit auditif
Membrane élastique du larynx Membrane fibro-élastique du larynx
Membrane fibro-élastique du larynx Membrane élastique du larynx
Ménisque Disque articulaire
Mentonnier (Muscle) Houppe du menton (Muscle de la)
Myrtiforme (Muscle) Abaisseur du septum nasal (Muscle)

N
Naso-pharynx Rhinopharynx – Cavum
Nerf grand hypoglosse Nerf hypoglosse
Nerf hypoglosse Nerf grand hypoglosse
Nerf laryngé caudal Nerf récurrent

191
La voix Tome 1

Nerf laryngé crânial Nerf laryngé supérieur


Nerf laryngé externe Rameau externe du nerf laryngé crânial
Nerf laryngé interne Rameau interne du nerf laryngé crânial
Nerf laryngé supérieur Nerf laryngé crânial
Nerf palatin Nerf ptérygo-palatin
Nerf pneumogastrique Nerf vague
Nerf ptérygo-palatin nerf palatin
Nerf récurrent Nerf laryngé caudal
Nerf vague Nerf pneumogastrique

O
Oblique externe de l’abdomen (Muscle) Grand oblique (Muscle)
Oblique interne de l’abdomen (Muscle) Petit oblique (Muscle)
Occipital (Muscle) Ventre occipital de l’épicrânien
Orbiculaire de la bouche (Muscle) Orbiculaire des lèvres (Muscle)
Orbiculaire de l’œil (Muscle) Orbiculaire des paupières (Muscle)
Orbiculaire des lèvres (Muscle) Orbiculaire de la bouche (Muscle)
Orbiculaire des paupières (Muscle) Orbiculaire de l’œil (Muscle)
Orifice aortique Hiatus aortique
Orifice de la veine cave inférieure Foramen de la veine cave
Orifice du canal dentaire Foramen mandibulaire
Orifice du canal sous-arbitaire Foramen infra-orbitaire
Orifice œsophagien Hiatus œsophagien
Orifice tubaire Ostium pharyngien de la trompe auditive
Os lacrymal Unguis
Os nasal Os propre du nez
Os propre du nez Os nasal
Ostium pharyngien de la trompe auditive Orifice tubaire
Os zygomatique Malaire

P
Palato-glosse (Muscle) Glosso staphylin (Muscle)
Palato-pharyngien (Muscle) Pharyngo-staphylin (Muscle)
Palato-staphylin (Muscle) Uvulaire (Muscle)
Papille caliciforme Papille circumvalée
Papille circumvalée Papille caliciforme
Paroi externe des fosses nasales Paroi latérale des cavités nasales
Paroi latérale des cavités nasales Paroi externe des fosses nasales
Partie bucco-pharyngienne du constricteur supérieur du pharynx Faisceau ptérygo-maxillaire du constricteur supérieur
(muscle) du pharynx (Muscle)
Partie cérato-pharyngienne du constricteur moyen du pharynx Faisceau cérato-pharyngien du constricteur moyen du pharynx
(Muscle) (Muscle)
Partie chondro-pharyngienne du constricteur moyen du pharynx Faisceau chondro-pharyngien du constricteur moyen
(Muscle) du pharynx (Muscle)
Partie crico-pharyngienne du constricteur inférieur du pharynx Faisceau cricoïdien du constricteur inférieur du pharynx
(Muscle) (Muscle)
Partie mylo-pharyngienne du constricteur supérieur du pharynx Faisceau mylo-hyoïdien du constricteur supérieur du pharynx
(Muscle) (Muscle)
Partie profonde du masséter (Muscle) Faisceau profond du masséter (Muscle)
Partie ptérygo-pharyngienne du constricteur supérieur Faisceau ptérygoïdien du constricteur supérieur du pharynx
du pharynx (Muscle) (Muscle)
Partie superficielle du masséter (Muscle) Faisceau superficiel du masséter (Muscle)
Partie thyro-pharyngienne du constricteur inférieur du pharynx Faisceau thyroïdien du constricteur inférieur du pharynx
(Muscle) (Muscle)
Pavillon de l’oreille (Muscle) Auriculaire (Muscle)
Peaucier du cou (Muscle) Cutané du cou (Muscle)
Périodonte Ligament alvéolo-dentaire
Péristaphylin externe (Muscle) Tenseur du voile du palais (Muscle)
Péristaphylin interne (Muscle) Élévateur du voile du palais (Muscle)
Petite corne du cartilage thyroïde Corne caudale du cartilage thyroïde
Petit oblique (Muscle) Oblique interne de l’abdomen (Muscle)

192
Table de correspondance des termes anatomiques

Pharyngo-glosse Faisceau lingual du constricteur supérieur du pharynx (Muscle)


Pharyngo-staphylin (Muscle) Palato-pharyngien (Muscle)
Pilier antérieur du voile du palais Arc palato-glosse
Pilier interne Ligament arqué médian
Pilier postérieur du voile du palais Arc palato-pharyngien
Plaque cricoïdienne Lame du cartilage cricoïde
Pli du péristaphylin interne Pli salpingo-palatin
Pli du releveur Releveur du voile
Pli glosso-épiglottique Repli glosso-épiglottique
Pli salpingo-palatin Pli du péristaphylin interne
Pli vestibulaire Bande ventriculaire
Pli vocal Corde vocale
Pli vocal (Muscle du) Thyro-aryténoïdien inférieur (Muscle)
Procerus (Muscle) Pyramidal (Muscle)
Processus alvéolaire de la mandibule Bord alvéolaire du maxillaire
Processus articulaire caudal de la vertèbre Apophyse articulaire inférieur de la vertèbre
Processus articulaire crânial de la vertèbre Apophyse articulaire supérieure de la vertèbre
Processus condylaire de la mandibule Condyle du maxillaire
Processus coronoïde Apophyse coronoïde
Processus de la mandibule Apophyse maxillaire
Processus épineux de la vertèbre Apophyse épineuse de la vertèbre
Processus frontal de la mandibule Branche montante du maxillaire supérieur
Processus mastoïde Apophyse mastoïde
Processus palatin de la mandibule Apophyse palatine du maxillaire supérieur
Processus ptérygoïde Apophyse ptérygoïde
Processus pyramidal du palatin Apophyse pyramidale du palatin
Processus sphénoïdal Apophyse sphénoïdale
Processus styloïde Apophyse styloïde
Processus transverse de la vertèbre Apophyse transverse de la vertèbre
Processus vocal Apophyse vocale
Processus xyphoïde Appendice xiphoïde
Processus zygomatique Apophyse zygomatique
Proéminence laryngée Saillie de la pomme d’Adam
Protubérance mentonnière Symphyse mentonnière
Ptérygoïdien externe (Muscle) Ptérygoïdien latéral (Muscle)
Ptérygoïdien interne (Muscle) Ptérygoïdien médial (Muscle)
Ptérygoïdien latéral (Muscle) Ptérygoïdien externe (Muscle)
Ptérygoïdien médial (Muscle) Ptérygoïdien interne (Muscle)
Pyramidal (Muscle) Procerus (Muscle)

R
Racine de la langue Base de la langue
Rameau externe du nerf laryngé crânial Nerf laryngé externe
Rameau interne du nerf laryngé crânial Nerf laryngé interne
Raphé pharyngo-mandibulaire Ligament ptérygo-maxillaire
Releveur de la lèvre supérieure (Muscle) Releveur profond (Muscle)
Releveur de l’angle de la bouche (Muscle) Canin (Muscle)
Releveur du voile Pli du releveur
Releveur naso-labial Releveur superficiel
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

Releveur profond Releveur de la lèvre supérieure


Releveur superficiel Releveur naso-labial
Récessus piriforme Gouttière pharyngo-laryngée – Sinus piriforme
Récessus pleural Cul de sac pleural
Repli glosso-épiglottique Pli glosso-épiglottique
Rhinopharynx Naso-pharynx

S
Saillie de la pomme d’Adam Proéminence laryngée
Septum nasal Cloison nasale
Sillon carotidien Gouttière carotidienne
Sillon chiasmatique Gouttière optique
Sillon costal Gouttière costale

193
La voix Tome 1

Sillon grand palatin Gouttière palatine postérieure


Sinus piriforme Récessus piriforme
Sourcilier (Muscle) Corrugateur du sourcil (Muscle)
Spondyle Corps vertébral
Sterno-cléido-hyoïdien (Muscle) Sterno-hyoïdien (Muscle)
Sterno-hyoïdien (Muscle) Sterno-cléido-hyoïdien (Muscle)
Surface articulaire de la tête costale Facette articulaire costale ou vertébral
Surface articulaire du tubercule costal Facette articulaire transversaire
Symphyse mentonnière Protubérance mentonnière

T
Tenseur du voile du palais (Muscle) Péristaphylin externe (Muscle)
Thyro-aryténoïdien inférieur (Muscle) Pli vocal (Muscle du)
Tonsille linguale Amygdale linguale
Tonsille palatine Amygdale palatine
Tonsille pharyngienne Amygdale pharyngée
Torus tubaire Bourrelet tubaire
Transverse (Muscle) Transverse de l’abdomen (Muscle)
Transverse de l’abdomen (Muscle) Transverse (Muscle)
Triangulaire des lèvres (Muscle) Abaisseur de l’angle de la bouche (Muscle)
Trompe auditive Trompe d’Eustache
Trompe d’Eustache Trompe auditive
Trou de conjugaison Foramen intervertébral
Trou mentonnier Foramen mentonnier
Trou sphéno-palatin Foramen sphéno-palatin
Trou transversaire Foramen transversaire
Trou vertébral Foramen vertébral
Tubercule antérieur Tubercule ventral
Tubercule de la côte Tubérosité costale
Tubercule de Lisfranc Tubercule du muscle scalène ventral
Tubercule dorsal Tubercule postérieur
Tubercule du muscle scalène ventral Tubercule de Lisfranc
Tubercule postérieur Tubercule dorsal
Tubercule pubien Épine du pubis
Tubercule ventral Tubercule antérieur
Tubérosité costale Tubercule costal

U
Unguis Os lacrymal
Uvulaire (Muscle) Azygos de la luette – Palato-staphylin (Muscle)
Uvule palatine Luette

V
Veine profonde de la langue Veine ranine
Veine ranine Veine profonde de la langue
Ventre frontal de l’épicrânien (Muscle) Frontal (Muscle)
Ventre occipital de l’épicrânien (Muscle) Occipital (Muscle)
Ventricule du larynx Ventricule de Morgagni
Ventricule de Morgagni Ventricule du larynx
Vertèbre dorsale Vertèbre thoracique
Vertèbre thoracique Vertèbre dorsale

194
I ndex Les chiffres en caractères gras indiquent les pages où l’on trouvera l’essentiel en ce qui concerne le sujet.

A Arcade
– de Sénac, 41
Abaissement costal, 52 – dentaire, 128, 130, 163
Abaissement/élévation du larynx, 95 – du psoas, 41
Acqueduc de Fallope, 152 – fémorale, 45
Activation psychique, 183 – gingivo-dentaire, 128
Agitation, 183 – zygomatique, 112-113
Ailes vomériennes, 142 Artère, 73
Air climatisé, 90 – carotide, 79
Alvéole
– dorsale de la langue, 137
– dentaire, 109
– laryngée
– pulmonaire, 14
– moyenne, 73
Amygdale – postéro-inférieure, 73
– linguale, 133 – supérieure, 73
– pharyngée, 118 – palatine
Anatomie comparée, 58 – ascendante, 127
Angle – descendante, 127
– de la mâchoire, 115 – pharyngienne ascendante, 126
– de Louis, 27-28 – ranine, 137
– du pharynx, 116 – sous-clavière, 75
– xiphoïdien de Charpy, 27 – sublinguale, 137
Anse Articulation
– de seau, 28-29, 52, 182 – crico-aryténoïdienne, 66
Antonetti, 182 – crico-thyroïdienne, 66-67
Aperture, 159 – de la parole, 153, 179
Aponévrose, 14
– temporo-maxillaire, 110-111
– épicrânienne, 147
Articulé dentaire, 130
– intrapharyngienne, 119
Audition, 166
– palatine, 124, 135
Avaler de travers, 59
– péripharyngienne, 119
– temporale, 112 Axes du mouvement costal, 28
Apophyse Azygos de la luette, 126
– articulaire, 23
– coronoïde, 110 B
– épineuse, 23 Baro-récepteurs, 89
– géni, 108 Bascule
– malaire, 138, 145 – du cartilage thyroïde, 67, 94
– mastoïde, 85 – du sternum, 30
– musculaire, 63, 68-69 – du thyroïde, 66
– orbitaire, 141 Bégaiement, 161, 168, 183
– palatine, 138 Bernouilli, 92
– du maxillaire supérieur, 141-142 Borelli, 28
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

– ptérygoïde, 114, 117, 121, 124, 139-142, 144 Bouche, 18, 128
– pyramidale du palatin, 140-141 – œsophagienne, 16, 79, 119
– sphénoïdale, 141 Branche montante, 109
– styloïde, 85, 132 Bredouillement, 183
– transverse, 23 Bretelle, 83
– unciforme, 143 Bronche, 33
– vocale, 63, 65, 78 Bruit de souffle, 101
– zygomatique, 112-113 Bruits familiers, 160
Appareil suspenseur du larynx, 80-81 Bulbo-protubéranciel, 152
Appendice xiphoïde, 27
Aquapendente, 86
Arc C
– costal, 43 Canal
– cricoïdien, 62, 66, 69 – de Sténon, 128
– neural, 21 – dentaire, 110

195
La voix Tome 1

– lacrymal, 141, 143 Déglutition, 57, 59, 64, 86, 124, 150, 162
– sous-orbitaire, 138 – primaire, 163
Canine, 129 – secondaire, 164
Capsule amygdalienne, 135 Dejonckère, 86
Caroncule, 133 Demi-facettes articulaires costales, 21
Carotide Densité des gaz, 96
– externe, 74, 126 Dent, 128
– interne, 74 Dentition, 131
Cartilage Dépression endothoracique, 33, 58
– aryténoïde, 58, 61-62 Diaphragme, 12, 14, 34, 40, 44, 52, 58
– costal, 26 Diduction, 111
– cricoïde, 61-62, 66, 79 Duchene de Boulogne, 44
– épiglottique, 61, 63 Dynamique respiratoire, 32
– thyroïde, 59, 61, 79, 81 Dysphonie
Casser les oreilles, 179 – dysfonctionnelle, 54
Cavité – pré-menstruelle, 91
– buccale, 128, 131
– de résonance, 95, 100-101, 147 E
– glénoïde, 110 Écartement paradoxal des côtes, 53
– sus-glottique, 92 Échancrure
Cavum, 144 – inter-aryténoïdienne, 77
Centre phrénique, 40-41 – nasale, 138
Cercle vicieux de l'effort vocal, 177 – ptérygoïdienne, 140-141
Chabry, 28 – sigmoïde, 110
Chiasma optique, 140 – sphéno-palatine, 141
Choane, 58, 137, 142, 144 Effet Lee, 168
Chorion, 64, 79 Élan
Chronaxie, 89 – du geste phonatoire, 49
Cinétique laryngée, 92 – inspiratoire, 53
Circuit – respiratoire, 14
– court, 168 Élasticité
– privé, 168 – pulmonaire, 32-33
– public, 168, 183 – thoracique, 32-33
Classement vocal, 89 Électromyographie, 162
Cloison nasale, 141-142 Élever la voix, 179
Col du condyle, 110 Élocution, 177, 180
Collet de la dent, 128 Éminence mentonnière, 108
Commissure labiale, 150, 152 Émotion, 51, 53, 184
Concentration mentale, 89 Énergie
Condyle, 110 – de conviction, 177-178
Contractions laryngées, 96 – psychomotrice, 184
Contrôle technique général, 184 Enrichissement du timbre, 95
Conus elasticus, 62, 65 Épaisseur des plis vocaux, 95, 101
Cornet, 143 Épiglotte, 15, 59, 77, 86, 133, 136
Cornet inférieur, 141, 143 Épine
Cornut, 86, 92-93, 100 – de Spix, 110
Côte, 24, 26 – nasale, 138
Couleur de la voix, 102 Épithélium, 78
Coup de glotte, 52, 182 Essoufflement, 53
Coup pour coup récurrentiel, 88 Étendue de la voix, 96, 98
Couronne Étendue vocale, 98
– de la dent, 128 Ethmoïde, 138-139, 141, 146
– laryngée, 77, 118 Ewald, 86-87, 93-94
Couverture des sons, 94 Expression simple, 11
Crête Expressivité, 53
– malaire, 140 – chaude, 175
– oblique, 61 – froide, 175
Cri de mort, 9, 100 Extraversion, 185
Crosse de l'aorte, 75
Cuspide, 129 F
Face
D – référentielle, 175
Damste, 89 Facette claviculaire, 27
Débit Fausse route, 15, 59-60
– d'air, 95 Fente labiale, 128
– verbal, 179 Fermeture glottique, 96

196
Index

Ferrein, 86 Hématose, 49
Filé (son), 87 Hirano, 86, 93, 95
Flexion vertébrale, 53 Husson, 86-87, 89-90, 93, 96, 167
Fonction Hygiène vocale, 100
– métalinguistique, 173-174 Hypo-pharynx, 16, 79, 116
– phatique, 173-174 Hypophyse, 139
– poétique, 174
Fondamental usuel, 100 I
Foramen cæcum, 132
Impulsion laryngée, 92
Forçage vocal, 54, 177, 180
Incisive, 128
Formant du chanteur, 102
Inflammation des plis vocaux, 91
Fosse
Inhibition, 176
– amygdalienne, 124
Intensité, 96, 100, 166, 177, 180
– canine, 145-146, 152
Intention d’agir, 6, 53
– nasale, 18, 123, 137, 140, 143-145
Introversion, 185
– pituitaire, 139
Irritation laryngée, 54
– ptérygoïde, 115, 140-141
Isthme du gosier, 118, 124, 126, 135
– ptérygo-maxillaire, 138, 141, 145
– temporale, 111, 140
– zygomatique, 140 J
Fossette Joue, 154
– digastrique, 85, 109
– glosso-épiglottique, 137 L
– hémisphérique, 62, 72
– myrtiforme, 152 Lafon, 92
– sous-maxillaire, 109 Lafon, 86, 92
– sublinguale, 109 Lame
Fourchette sternale, 27 – basale, 79
Frein de la lèvre, 128 – criblée, 144
– vertébrale, 23
– verticale de l'os palatin, 140-141
G Lane et Tranel, 166
Galien, 86 Langue, 126, 131-132, 153
Ganglion Laryngite sèche, 90
– plexiforme, 73 Laryngo-pharynx, 16
– rétropharyngien, 127 Laryngoscopie, 133
– sous-maxillaire, 137 Lèvre, 128, 153
– sous-mentonnier, 137 Ligament, 65
Ganz, 68 – alvéolo-dentaire, 130
Garde, 167 – ary-épiglottique, 65, 77
Gencive, 128 – cintré, 41
Geste respiratoire, 54, 183 – jugal ou crico-corniculé, 65
Glande – pharyngo-épiglottique, 65
– muqueuse, 79 – ptérygo-maxillaire, 117, 121, 140, 150
– pituitaire, 139 – thyro-aryténoïdien, 65
– séreuse, 79 – thyro-hyoïdien, 64, 117
– sub-linguale, 85 – vocal, 65, 73, 79
– thyroïde, 75 Ligne
Glosso-pharyngien, 127 – courbe temporale, 111
Glosso-staphylin, 135 – mylo-hyoïdienne, 85, 108, 117, 121
Glotte, 15, 68, 78, 86 – oblique externe, 108, 150
Goerttler, 73, 88 Liskovius, 86
Gonion, 110 Loi de Bernouilli, 91
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

Gouttière Lombard, 167


– costale, 25 Lootens, 86
– lacrymale, 141 Luette, 123
– pharyngo-laryngée, 16, 59
– rétro-malaire, 111 M
– transversaire, 24
Grémy, 87 Mac-Léod, 86, 93
Grotowski, 11 Malposition linguale, 163
Gymnastique respiratoire, 54 Mandibule, 108
Manifestation
– neuro-végétative, 181
H – publique, 100
Hamberger, 39 Manubrium sternal, 26, 53
Harmonique, 100 Margelle du larynx, 77
Hauteur tonale, 95-96, 99-100, 177 Masque, 12

197
La voix Tome 1

Masséter, 151 – oblique, 52


Maxillaire – occipital, 147
– inférieur, 83, 132, 153 – occipito-frontal, 147
– supérieur, 141 – orbiculaire
Membrane – des lèvres, 152
– aponévrotique, 64 – des paupières, 149
– crico-thyroïdienne, 62, 64 – palato-glosse, 135
– crico-trachéale, 64 – palato-staphylin, 126
– élastique du larynx, 62, 64, 79 – peauciers, 147-148, 151
– hyo-glossienne, 133 – péristaphylin
– thyro-hyoïdienne, 64, 83 – externe, 124, 140
Ménisque, 111 – interne, 125
Mise en tension pré-phonatoire, 53 – petit zygomatique, 151
Modes d'articulés, 130 – pharyngo-glosse, 121, 135
Molaire, 130 – pharyngo-staphylin, 122, 126
Moran-Campbell, 34, 52 – ptérygoïdien
Mouvement vertébral, 31 – externe, 114-115
Muller, 86 – interne, 115, 140
Muqueuse, 14, 90-91 – pyramidal, 149
Muscle – releveur
– abdominal, 45, 52 – profond de l'aile du nez et de la lèvre supérieure, 151
– amygdalo-glosse, 135 – superficiel de l'aile du nez et de la lèvre supérieure, 150
– ary-vocal, 73, 88 – risorius, 151
– asynchrone, 93 – scalène, 34, 40
– buccinateur, 121, 150 – sourcilier, 149
– canin, 150 – sous-claviers, 34
– carré du menton, 150 – sous-hyoïdien, 15, 81
– compresseur des lèvres, 152 – spinal, 37
– constricteur – sterno-cléido-mastoïdien, 34, 50
– de la glotte, 67, 69 – sterno-thyroïdien, 61
– du pharynx, 121 – stylo-glosse, 126, 136-137
– inférieur du pharynx, 75, 122 – stylo-hyoïdien, 16
– moyen du pharynx, 122 – stylo-pharyngien, 122
– supérieur du pharynx, 121 – sur-costaux, 34
– crico-aryténoïdien – sus-hyoïdien, 15, 83
– latéral, 62-63, 69-70, 72, 95 – temporal, 111-112, 140
– postérieur, 62-63, 68-70, 95 – thyro-aryténoïdien
– crico-thyroïdien, 62, 67, 74-75, 94 – inférieur, 63, 72
– de la houppe du menton, 150 – supérieur, 72
– des lèvres, 150 – thyro-hyoïdien, 61
– des paupières et des sourcils, 147 – thyro-vocal, 73, 88
– digastrique, 85 – transverse du nez, 52, 136, 149
– dilatateur – triangulaire des lèvres, 151
– de la glotte, 67
– des narines, 149
– du nez, 149 N
– frontal, 147 Narcy, 57
– génio-glosse, 133-134 Narine, 154
– génio-hyoïdien, 85 Naso-pharynx, 17
– glosso-staphylin, 126 Nerf
– grand – du larynx, 73, 76
– droit, 46, 48, 54 – facial, 147, 152
– oblique, 47 – glosso-pharyngien, 137
– zygomatique, 151 – grand hypoglosse, 137
– grand et petit – laryngé
– dentelés, 34 – externe, 68, 74
– pectoraux, 34 – supérieur, 68, 73
– hyo-glosse, 135 – olfactif, 144
– incisif, 152 – optique, 140
– inter-aryténoïdien, 70 – palatin, 127
– intercostal, 34, 38, 52, 54 – phrénique, 43
– lingual – récurrent, 68-69, 71-73, 75, 167
– inférieur, 135 Nodule, 94
– supérieur, 136 Nourrisson, 59-60
– masséter, 113
– masticateur, 111, 116
– mylo-hyoïdien, 84, 109 O
– myrtiforme, 149 Occipito-frontal, 147

198
Index

Œdème Pragmatique, 174


– de Reinke, 90 Précipitation verbale, 179
Olfaction, 137 Prémolaire, 129
Onde péristaltique, 163 Pression, 95
Ondulation muqueuse, 90 – atmosphérique, 95
Orbitaire, 141 – d'accolement, 95
Orifice – sous-glottique, 95-96
– alvéolaire, 128 – sus-glottique, 95
– aortique, 41 Pressmann, 95
– inférieur du thorax, 28 Procès alvéolaires, 130
– supérieur du thorax, 27 Production
Oro-pharynx, 16, 116 – vocale, 72
Os Production phonique et phonétique, 154
– hyoïde, 58, 80-81, 132-133, 135-136 Projection vocale, 175-176
– malaire, 113, 140, 151 Propulsion/rétropulsion, 111
– maxillaire Prosodie, 172
– inférieur, 108
– supérieur, 138 R
– propres du nez, 141, 144
Racine de la dent, 128
– sphénoïde, 139 Rainure du digastrique, 85
Ossification, 60 Raphé
Ostium, 137, 145-146 – médian
– du voile, 125
P – postérieur du pharynx, 121
Palatin, 140, 144 – postérieur du pharynx, 135
Panique, 51 Redressement du corps, 6
Papilles Référent, 172
– caliciformes, 133 Réflexe cochléo-récurrentiel, 167
– foliées, 133 Regard, 6, 181
Paralysie faciale, 152 Registre, 88, 98, 102
Paroi abdominale, 45 – de poitrine, 92
Parole à l'envers, 50 – fry, 95
Passage d'un registre à l'autre, 95 Relaxation dynamique, 182
Pédicule, 22 Repli glosso-épiglottique, 65, 133, 136-137
Perellò, 90, 93 Respiration
Pesanteur, 32-33 – accrue, 50
Petit oblique, 45 – calme, 49
Pharynx, 16, 116, 118-119, 154 – de secours, 51
Phase d'accolement, 94 – vitale, 49-51, 54
Phénomène Rétro-aspiration de la muqueuse, 92, 94
– de damping, 95 Rhino-pharynx, 16-17, 59, 116, 144
– de Flétcher, 167 Robinets de la parole, 19, 155
– de Lombard, 166
Phonèmes, 20 S
– et bruit familiers, 160 Sangle abdominale, 47
Phylogénèse, 58 Savart, 86
Piailler, 177 Schönhärl, 90
Pilier Semi-voyelles, 159
– antérieur du voile du palais, 126 Septum lingual, 133, 135-136
– du diaphragme, 41 Side-tone, 167
– du voile du palais, 123 Sillon
– postérieur du voile du palais, 126
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

– gingivo-lingual, 132-133
Plancher buccal, 131, 135 – naso-génien, 150
Plancher nasal, 142 – terminal, 132
Plèvre, 32-33 Sinus, 18, 145
Plexus tonsillaire, 127 – costo-diaphragmatiques, 32
Pli – de la face, 137
– vestibulaire, 15, 72, 77 – ethmoïdal, 146
– vocal, 12, 14, 72 – frontal, 146
Pneumogastrique, 73, 75, 137 – maxillaire, 145
Pneumothorax, 33 – piriformes, 16, 79, 118, 162
Poignée de pompe, 28-29, 40, 52 – sphénoïdal, 146
Points d'articulation, 155 Smith, 86
Polype, 94 Son fondamental, 96
Pomme d'Adam, 15, 19, 57, 61 Souffle
Poumon, 32 – abdominal, 6, 14, 52, 54, 182

199
La voix Tome 1

– mixte, 54 Trouble articulatoire, 161, 164


– phonatoire, 14, 49 Tubercule de Lisfranc, 26
– thoracique supérieur, 14, 52, 54 Tubérosité costale, 25
– vertébral, 14, 53-54, 182
Spectre sonore, 101 U-V-W-Y
Sphénoïde, 114, 139-141
Sternum, 26 Unguis, 141-142
Sylvestre, 86, 92
Symphyse mentonnière, 108 Vaisseaux du larynx, 73, 76
Syrinx, 59 Vallancien, 86, 89-90
Van den Berg, 86, 89
T Végétations adénoïdes, 118
Veine, 73
Taille, 96 – dorsale, 137
Tarneaud, 95 – jugulaire interne, 79
Tension psycho-motrice, 176 – linguale profonde, 137
Tessiture, 96 – ranine, 137
Tête costale, 25 Ventricules de Morgagni, 77
Théorie Vertèbre
– impulsionnelle, 86, 92 – cervicale, 24
– muco-ondulatoire, 86, 90-91 – dorsale, 21
– myo-élastique, 86, 90, 94
Verticalisation, 181
– neuro-chronaxique, 73, 86-87, 90
Vestibule, 77, 128
– neuro-oscillatoire, 86, 92
Vibration réduite, 95
– oscillo-impédancielle, 86, 93
Thoracique supérieur (respiration), 51 Vibrato, 100, 102
Thoraco-abdominal (respiration), 51 Virilisation laryngée, 99
Timbre, 96, 100, 102 Voile du palais, 17, 59, 123, 135, 154, 163
Tissu Voix
– conjonctif, 79 – chantée, 53
– épithélial, 78 – d'expression simple, 4, 7, 52, 175
Tonus, 94-95 – de détresse, 4, 14, 32, 53, 175, 182
Toux, 15 – de tête, 99
Transferts d'énergie, 180 – hypertimbrée, 94
Triangle de Hellwag, 20 – non projetée, 7
Trompe d'Eustache, 117 – parlée, 99
Trou – projetée, 4, 11, 175
– de conjugaison, 22 Volley theory, 89
– mentonnier, 108 Vomer, 141-142, 144
– sphéno-palatin, 141, 143 Voûte palatine, 123, 131-132, 140
– stylo-mastoïdien, 152
– transversaire, 24 Wever, 89
– vertébral, 21
Troubetzkoy, 171 Yodel, 103

200
P lan des 4 ouvrages

Tome 1

Anatomie et physiologie des organes de la voix et de la parole

1. La voix et le comportement vocal Développement et évolution du larynx


Diversité des manifestations vocales Éléments anatomiques constitutifs du larynx
Voix projetée ou voix directive – Comportement de Appareil suspenseur du larynx
projection vocale Physiologie phonatoire du larynx
Voix d’expression simple
Voix de détresse (ou voix de mécontentement ou 5. Le pavillon pharyngo-buccal et les cavités annexes
d’insistance ou d’étonnement ou d’émerveillement) (résonateurs et organes articulateurs)
Deux cas particuliers : le cri et le chant Éléments anatomiques constitutifs des résonateurs et
organes articulateurs de la parole
Autres actes vocaux
Physiologie de l’articulation de la parole
2. Vue d’ensemble des organes de la voix et de la parole
6. Physiologie de la déglutition
Connaître le fonctionnement des organes de la voix et de
la parole Moyens d’étude de la physiologie de la déglutition
Les trois étages de l’appareil vocal Description des trois temps de la déglutition
Production phonique – Production phonétique La déglutition selon l’âge

3. Organes du souffle phonatoire 7. Régulation de la parole


Anatomie de la charpente osseuse et cartilagineuse des Influence de l’audition sur la voix et la parole
organes du souffle phonatoire Les trois circuits régulateurs de la parole
Cinématique de la charpente des organes du souffle Notion d’objet référentiel de l’échange verbal (OREV)
phonatoire S. et F. Le Huche
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

Forces s’exerçant sur le thorax (dynamique respiratoire)


Muscles respiratoires 8. Dynamique de la parole
Physiologie du souffle phonatoire Diversité des manifestations de la parole
Dynamique de la projection vocale
4. Anatomie et physiologie du larynx
Anatomie comparée et phylogénèse du larynx humain Table de correspondance des termes anatomiques

201
La voix Tome 1

Tome 2

Pathologies vocales d’origine fonctionnelle

I II
Sémiologie Dysphonies dysfonctionnelles
1. Examen de la voix et du comportement phonatoire 4. Dysphonie dysfonctionnelle simple
Trois remarques préliminaires fondamentales (sans complication laryngée)
Interrogatoire Théories pathogéniques
Examen physique Clinique
Examen du comportement vocal 5. Dysphonies dysfonctionnelles compliquées
Signification pratique de l’examen de la voix (avec laryngopathies dysfonctionnelles)
Nodule du pli vocal
2. Modes d’examen du larynx et de son fonctionnement
Pseudo-kyste séreux
Laryngoscopie
Œdème en fuseau ou épaississement muqueux fusiforme
Laryngostroboscopie
Œdème chronique des plis vocaux ou œdème de Reinke
Laryngoscopie en décubitus (dite laryngoscopie directe)
ou pseudo-myxome
Glottographie
Polype du larynx
Électromyographie laryngée
Kyste muqueux par rétention
Examens radiologiques
Hémorragie sous-muqueuse du pli vocal – Coup de fouet
Tomodensitométrie laryngien
Résonance magnétique nucléaire Ulcère de l’aryténoïde
Endoscopie virtuelle
6. Formes particulières des dysphonies dysfonctionnelles
Cinématographie ultra-rapide
Raucité vocale infantile
3. Évaluation objective de la fonction vocale Troubles de la mue
Phonétogramme Problème vocal des transsexuels
Quotient phonatoire Dysphonie chez les chanteurs ou dysodie
Test S/Z Glotte ovalaire
Renseignements apportés par l’analyse du signal vocal Monocordite vasomotrice
Évaluation multiparamétrique et profil vocal Voix et Serrage des plis vestibulaires
Aphonies et dysphonies par inhibition vocale dites
psychogènes
Troubles vocaux dans la pathologie psychiatrique

Planches iconographiques

202
Plan des 4 ouvrages

Tome 3

Pathologies vocales d’origine organique

Remarques préliminaires 6. Dysphonie consécutive à une altération organique


Intrications de l’organique et du fonctionnel extralaryngée
Dysphonie, dysarthrie, dysphagie La voix dans la pathologie vélo-pharyngée
La voix et l’infection amygdalienne
1. Dysphonie en rapport avec une laryngite
La voix et la surdité
Laryngite aiguë
Laryngites chroniques 7. Dysphonie d’origine hormonale
Laryngites spécifiques Endocrinophoniatrie ?
Virilisation laryngée
2. Dysphonie consécutive à un traumatisme laryngé
Myxœdème
Traumatismes externes
Maladie d’Addison
Traumatismes internes
Acromégalie
3. Dysphonie en rapport avec un défaut de mobilité
des plis vocaux Eunuchisme
Défaut de mobilité unilatéral 8. Phonation et syndrome systémique
Défaut de mobilité bilatéral des plis vocaux 9. Dysarthries
4. La voix après laryngectomie Définitions
Laryngectomies partielles Dysarthries paralytiques
Laryngectomie totale Dysarthrie akinétique (ou hypokinétique)
5. Dysphonie en rapport avec une anomalie laryngée Dysarthrie dyskinétique
congénitale Dysarthrie ataxique (ou dysmétrique)
Anomalies congénitales de la structure laryngée Dysarthrie apraxique
Anomalies congénitales de la commande laryngée Dysarthries dystoniques
Pseudo-tumeurs bénignes congénitales et lésions Évaluation de la dysarthrie
apparentées Quel rééducateur pour le dysarthrique ?
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.

203
La voix Tome 1

Tome 4

Thérapeutique des troubles vocaux

1. Traitements médicaux 3. Rééducation vocale


Traitements médicamenteux Remarques préliminaires
Cures thermales Les quatre attitudes psychologiques indispensables
Physiothérapie Déroulement de la rééducation
Kinésithérapie Information
Repos vocal Techniques de relaxation
Hygiène vocale Pédagogie du souffle phonatoire
2. Traitements chirurgicaux (phonochirurgie) Pédagogie de la verticalité
Interventions sur les plis vocaux sous laryngoscopie Pédagogie vocale
au miroir (dite indirecte) Pédagogie de la hauteur tonale
Microchirurgie laryngée classique (dite instrumentale) Inhibition de la projection vocale et notion d’espace vocal
Injections de substances diverses D’autres conceptions de la rééducation vocale
Microchirurgie par agents physiques Tentatives de correction directe des diverses qualités
Phonochirurgie abordant le larynx ou son innervation acoustiques de la voix parlée
par voie externe De la pratique à l’usage
Phonochirurgie complémentaire à la chirurgie laryngée 4. Traitements psychologiques
Techniques de contention et de mobilisation intralaryngée Deux attitudes fréquentes vis-à-vis des problèmes
Places respectives de la phonochirurgie psychologiques
et de la rééducation vocale dans le traitement des troubles Aide psychologique réalisée par la rééducation
vocaux
Psychothérapies

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