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L E S C A R N E T S
C O N S E R VAT O I R E N AT I O N A L D E S A R T S E T M É T I E R S
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2 Histoire
Des images à reproduire : la photogravure
Au Moyen Age, les informations sont surtout transmises par le Les premières gravures sur bois sont datées de la moitié du VIe
biais des images, que ce soit l’iconographie d’une cathédrale ou siècle en Extrême-Orient. Le motif est gravé en relief, c’est une
une planche d’images. Seule l’élite qui a étudié peut lire les gravure en taille d’épargne (ou une xylographie). Ces premières
textes existants. Avec Gutenberg, le livre produit en plus grand impressions se font à l'aide d'un simple « frotton » (la force
nombre devient abordable et l’on croit un instant que le texte va manuelle suffit, celle de la presse n'est pas encore nécessaire).
supplanter l’image. Mais au contraire, il a contribué à sa plus Cette technique est introduite en Occident, dès le XVe siècle, par
large diffusion. Plusieurs techniques d’impression, de la gravure deux corps de métiers.
sur bois à la photogravure, se succèdent de façon à reproduire D’une part, les moines copistes qui ne parviennent plus à produire
des illustrations le plus fidèlement et le plus rapidement possible. suffisamment de livres pour répondre à la demande croissante.
Seules ces techniques sont présentées dans l’historique suivant. Ainsi paraît, dans les années 1460, la Bible des pauvres imprimée
par xylographie simultanément en Allemagne, en France et aux
1. De l’Antiquité au XVIe siècle Pays-Bas dans la langue du pays. Elle n’est plus ni unique ni aussi
bien décorée (ou enluminée), comme pouvaient l’être les livres
Le premier moyen pour imprimer une image est la gravure.
Des gravures sur pierre (ou glyptiques) apparaissent dès la fin Ce n’est qu’au cours du XVIe siècle que la gravure sur bois cède
du IIIe millénaire av. J.-C. au sud de la Mésopotamie (actuellement le terrain à la gravure sur métal, le métal permettant d’obtenir
l’Iraq). Elles développent l’usage de l’estampe administrative des traits gravés plus fins. Mais ce n’est que partie remise. Au
(sceau ou cachet) et apparaissent sur les briques de fondation XVIIIe siècle, on reprend le bois pour le graver non plus dans le
des sanctuaires ou les monuments, en tant que signature. Dans sens des fibres, comme on le faisait dans l’Antiquité, mais per-
ce cas, les motifs sont gravés en creux. Pour les reproduire, on pendiculairement à leur sens (c’est la technique du bois de bout)
applique un papier humidifié, on le martèle, puis on l’encre. permettant d’obtenir des gravures aussi fines que sur le métal.
Le motif apparaît alors en négatif.
Tête de Gutenberg gravée en xylographie sur poirier de fil et son épreuve, Illustration d’une planche gravée à l’eau forte, inv. 9530-2-1
inv. 17342 et de son épreuve, inv. 9530-2-2
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3 Histoire
Des images à reproduire : la photogravure
La gravure sur cuivre apparaît au milieu du XVe siècle, mais elle Lithographie (XVIIIe siècle)
attend la fin du XVIe pour triompher comme moyen d’illustration
des ouvrages. Elle résiste mieux sous les presses et permet d’aug-
menter le tirage. D’autant plus que le métal utilisé n’est pas plus
difficile à travailler que le bois.
Cette gravure est d'abord réalisée avec le motif à imprimer en
relief : on dessine une image sur la plaque puis on martèle le
fond avec des poinçons. Mais on lui préfère rapidement la gravure
dite « en taille douce » où le motif est gravé en creux à l'aide
d'un burin. S’il est besoin de détails plus fins, on utilise une pointe
sèche. Pour imprimer, on presse une feuille de papier sur la
plaque encrée. Dès lors que l’on grave sur du métal, la pression
du frotton devient insuffisante et la presse devient indispensable.
Le métal devient un support de gravure bien utilisé, mais deux
Musée des arts et métiers
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4 Histoire
Des images à reproduire : la photogravure
Photogravure (XIXe siècle) Pour imprimer au mieux une photographie, il faut tenir compte
des ombres, des nuances, des demi-teintes. Dans un premier
temps, on fait appel aux graveurs sur bois ou métal, qui réalisent
des copies et ajoutent des hachures plus ou moins fines pour les
parties ombrées ou grises. Ces interprétations étaient par la suite
reportées sur la plaque à imprimer. Dans les années 1880 apparaît
une solution technique : la « trame » inventée par l'Américain
F.E. Ives, une sorte de grille très fine gravée dans du verre, dont
les traits sont opaques. Elle intervient lors de la première opéra-
tion de la photogravure, entre l’image à photographier et la
plaque ou la pellicule à impressionner. Ainsi certains points se
retrouvent soumis plus ou moins à la lumière et l'on obtient des
teintes différentes. C'est le début de la similigravure et de l'image
tramée (ceci nous rappelle les pixels de nos images numérisées
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5 Histoire
Des images à reproduire : la photogravure
3. Et aujourd'hui …
Encore aujourd’hui, chacun de nous feuillette chaque jour des
imprimés illustrés. Diverses techniques sont utilisées aujourd’hui,
selon les objectifs de l’impression. Pour ce qui est des journaux,
on demande de la rapidité, de la fidélité de reproduction d’images,
des techniques bon marché. Il en est de même pour les best-sellers, La photogravure au XXe siècle
qui sont de gros tirages. Pour l’ensemble de ces imprimés, on
Analyse de l'image
préférera la photogravure. Par contre, pour ce qui est du livre d’art
Aujourd’hui, on utilise la photogravure numérique. Elle offre une
ou du livre à tirage limité, on privilégie encore l’usage de la litho-
multitude de possibilités pour reproduire le plus fidèlement une
graphie.
image lors de son impression. Qu’est-ce qu’une image ? Dès le
XIXe siècle, l’image est quadrillée par une gaze pour devenir un
Autant les méthodes de lithographie ont peu évolué entre le XIXe
ensemble d’informations. Aujourd’hui, on a gardé ce principe et
et aujourd’hui, autant celles de la photogravure ont changé. Tout
le quadrillage est constitués de pixels. Agrandissons une image
le travail préliminaire est dorénavant effectué par un maquettiste,
sur un ordinateur et on les voit apparaître. Chaque pixel détient
qui prépare les images et indique leur taille et les couleurs (en noir
le codage sur la couleur et ses nuances, sachant que ce nombre
et blanc ou en couleurs) qu'elles devront avoir dans le livre.
va de 0 (pour la couleur noire) à 255 (pour la couleur blanche).
Le photograveur, quant à lui, analyse l'image à l'aide d'un scanner,
On dit alors que les nuances sont codées sur 8 bits (soit 28=256).
qui évalue les quantités de couleurs primaires la composant :
Les couleurs, quant à elles, sont codées sur 24 bits, permettant
jaune, cyan, magenta et noir. Toutes ces informations sont mémo-
16,7 millions de combinaisons. Ces quelques nombres nous
risées sur un ordinateur et inscrites sur quatre films d'impression
montrent l’immense possibilité actuelle de prendre en compte les
qu’on utilisera pour l’impression offset : un par couleur. Enfin, elles
moindres détails.
sont envoyées à l'imprimeur, pour une première épreuve sur papier
et une première critique : l’impression doit être la plus fidèle
possible de l’image originale.
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6 Histoire
Des images à reproduire : la photogravure
L'image numérique
Ainsi, une image numérique n’est rien d’autre qu’une suite de Flashage
nombres mis côte à côte. Pour l’imprimer, il suffit de lire cette Toutes les informations obtenues précédemment vont être
codification. Ce sont un scanner, un logiciel de traitement retranscrites sur un support imprimable par une « flasheuse ».
d’image et la PAO (Publication Assistée par Ordinateur) qui s’en C’est une machine qui récupère les données auprès de l’ordina-
chargent. teur et insole un film photosensible en utilisant une source
lumineuse : un tube laser, une diode laser …Toute cette partie
de manipulation utilise la technique de la photogravure du XIXe
siècle. Ensuite, elle allie celle de la lithographie où les films sont
utilisés par les presses offset pour réaliser un premier tirage sur
papier.
Tramage de l'image
Après lecture du codage, l'image décomposée en pixels sortirait
discontinue lors de l’impression. Pour relier les différents points,
l'opérateur a recours à l’utilisation d’une trame. Son choix se fait
selon la fidélité exigée par rapport à l'image originale, la qualité
du papier utilisé ou la presse utilisée.
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7 Collections
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Collections
Les collections du Musée des arts et Métiers Presse typographique à bras, inv. 12124.
sont aussi consultables sur Internet.
Adresse électronique :
http://www.arts-et-metiers.net
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8 En classe
Des images à reproduire : la photogravure
Colorions Pascal
ISBN : 2-908207-87-7
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