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UNIVERSITÉ SIDI MOHAMMED BEN ABDELLAH

FACULTE DES SCIENCES DHAR E L MAHRAZ-FES


DÉPARTEMENT DE MATHEMATIQUES

Analyse 3

S CIENCES DE LA M ATIÈRE P HYSIQUE


Semestre 3

P R . S AMIH L AZAIZ
Mail : samih.lazaiz@usmba.ac.ma
Table des matières

Avant-propos 3

1 Séries numériques 4
I. Définitions et propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
II. Série à termes positifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
III. Séries à termes réels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
IV. Séries à termes complexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15

2 Séries entières 16

3 Séries de Fourier 22

4 Fonctions holomophes et théorème des résidus 26


I. Définitions et conditions de Cauchy-Riemann . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
II. Intégrale des fonctions complexes le long d’une courbe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
III. Théorème des Résidus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
IV. Calcul d’intégrales par la méthode des résidus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34

2
Avant-propos

Ce polycopié est un support du cours du module d’Analyse 3 destiné principalement aux étudiants en deuxième année
de licence sciences physiques.

Ce polycopié comporte quatre chapitres principaux, où sont exposées les notions de séries numériques, séries entières,
séries de Fourier et fonctions holomophes et théorème des résidus.

Ce cours sera complété par des démonstrations, des exemples, et des explications qui seront développés pendant la
séance du cours. Enfin, des erreurs peuvent être relevées, prière de les signaler á l’auteur.

Je remercie le professeur Driss Zhani pour ses suggestions et remarques, qui ma permis d’améliorer ce document.

Samih Lazaiz
Fes 2019.

3
Chapitre 1

Séries numériques

I. Définitions et propriétés
Soit (un )n∈N une suite réelle. On pose :
n
X
Sn = u0 + u1 + . . . + un = uk
k=0

la somme des premiers termes jusqu’à l’ordre n.


Définition 1.1

On appelle série attachée à la suite (un )n , la suite (Sn )n définie par


n
X
Sn = uk .
k=0

un est appelé le terme général de la série ; Sn est appelé la somme partielle de rang n.

Remarque 1.1
X
La série attachée à la suite (un )n est notée par u0 + u1 + . . . + un + . . . ou bien un .

Définition 1.2
X
1. La série un est dite convergente si la suite (Sn )n a une limite finie quand n → +∞. Dans ce cas,

S = lim Sn
+∞
X X
est appelée la somme de la série, on la note par S = un . On dit que la série un converge vers S.
n=0
X
2. La série un est dite divergente si la suite (Sn ) n’a pas de limite finie (c’est-à-dire (Sn ) n’a pas de limite,
ou bien admet une limite infinie).

Remarque 1.2 (Nature ou caractère)

Toute série numérique est soit convergente, soit divergente. Déterminer la nature ou le caractère de la série, c’est
déterminer si elle convergente ou divergente.

Proposition 1.1
On ne change pas la nature d’une série numérique en supprimant un nombre fini de termes.

4
Séries numériques Cours

Définition 1.3
X n
X ∞
X
Soit un une série numérique convergente de somme S. On pose Rn = S − Sn où uk et on le note par uk ,
k=0 k=n+1
X
Rn est appelé le reste d’ordre n de la série un , on a lim Rn = 0.
n→∞

Proposition 1.2
X
Si la série un converge alors lim un = 0. La réciproque est fausse en générale.
n→+∞

Preuve. On a un = Sn − Sn−1 et lim Sn = S, donc


n→+∞

lim un = lim Sn − lim Sn−1 = S − S = 0.


n→+∞ n→+∞ n→+∞

X1 n
X 1
Réciproquement, considérons la série harmonique . Posons Hn = pour tout n de N∗ . Alors
n k
k=1

2n 2n
X 1 X 1 1 1
H2n − Hn = ≥ =n× =
k 2n 2n 2
k=n+1 k=n+1

Si la suite (Hn )n ∈ N∗ converge vers un certain réel l, alors H2n − Hn tend vers l − l = 0, ce qui contredit le fait que, pour
1
tout n > 1, H2n − Hn ≥ . Donc,
2
lim Hn = +∞.
n→+∞

Exercice 1. Donner la nature de chacune des séries suivantes :

X X
1. 3. 1
.

cos(n). n ln 1 + n
X X
2. (−1)n . 4. en .

Solution:
X
1. On a lim cos(n) 6= 0. Donc la série cos(n) diverge.
n→∞
X
2. On a lim (−1)n 6= 0. Donc la série (−1)n diverge.
n→∞
X
3. On a lim n ln 1 + n1 = 1. Donc la série n ln 1 + n1 diverge.
 
n→∞
X
4. On a lim en = ∞. Donc la série en diverge.
n→∞

Proposition 1.3
X X
Si les séries un et vn convergent respectivement vers S et S 0 , alors on a :
X
1. la série (un + vn ) converge vers S + S 0 .
X
2. La série λun converge vers λS.

5
Séries numériques Cours

Remarque 1.3
X X X X
Pour tout λ ∈ R∗ , les séries un et
λun sont de même nature. En effet, si un converge alors λun converge
X X X
aussi (la Proposition 1.3). Réciproquement, si λun converge alors la série −1
λ (λun ) = un converge aussi.

1. Deux cas particuliers


1er cas
Méthode 1.1
X
Soit un une série telle que
un = an − an+1 ∀n ∈ N.
X
Alors, la série un converge si et seulement si la suite (an ) converge. Dans ce cas on a :

+∞
X
uk = a0 − lim an .
n→+∞
k=0

n
X
En effet, Sn = uk = a0 − a1 + a1 − a2 + . . . + an−1 − an + an − an+1 donc
k=0

Sn = a0 − an+1

d’où X
la série converge ⇔ la suite (Sn ) admet une limite finie
n
⇔ la suite (an ) admet une limite finie.

1 1 1 1
Exemple. Posons un = . On a un = − pour tout n ∈ N∗ . Soit an = , alors
n(n + 1) n n+1 n

un = an − an+1 et lim an = 0
n→+∞

+∞
X X 1
donc la série un converge et on a uk = a1 − lim = a1 = 1.
n→+∞ n +1
k=1

Exercice 2. Montrer que la série est convergente et trouver sa somme.


X 2
(n − 1)n(n + 1)

2 1 2 1
Solution: On a un = = − + . Alors,
(n − 1)n(n + 1) n−1 n n+1
n n
X X 1 2 1
Sn = uk = − +
k−1 k k+1
k=2 k=2

n−1 n n+1
X 1 X1 X1
= −2 +
k k k
k=1 k=2 k=3

1 1 1
= − + .
2 n n+1

6
Séries numériques Cours

1
Ainsi, la somme est S = lim Sn = .
n→∞ 2

Série géométrique
Définition 1.4
X
Soient a ∈ R∗ et q ∈ R. On appelle série géométrique de premier terme a et de raison q, la série aq n c’est-à-dire
la série
a + aq + aq 2 + . . . + qan + . . .

Proposition 1.4
X
La série aq n converge si et seulement si |q| < 1. Dans ce cas on a

n
X a
aq n = .
1−q
k=0

Preuve. Soit Sn = a + aq + aq 2 + . . . + aq n = a(1 + q + . . . + q n ).


• Si q = 1, on a Sn = (n + 1)a donc la série diverge.
1 − q n+1
• Si q 6= 1. On a Sn = a .
1−q
a
(i) Si |q| < 1 alors lim q n = 0 donc lim Sn = .
n→+∞ n→+∞ 1−q
X
(ii) Si q > 1 alors lim q n = +∞ donc aq n diverge.
n→+∞
(iii) Si q ≤ −1 alors (Sn ) n’a pas de limite, donc la série diverge.

Exercice 3. Donner la nature de chacune des séries suivantes et donner la somme dans le cas de la convergence.

X1 X X en+1
1. . 2. 2n . 3. .
3n 3n

Solution:
1 1
1. On pose un = n
. Et comme −1 < < 1 alors la série converge et sa somme est :
3 3
1
S= = 3/2
1 − 1/3

2. un = 2n et 2 > 1 donc la série diverge.


en+1  e n e
3. un = n = e . Or, < 1 alors la série converge est sa somme est :
3 3 3
e 3e
S= = .
1 − e/3 3−e

II. Série à termes positifs


Définition 1.5
X
Une série un est dite à termes positifs si pour tout n ∈ N on a un ≥ 0.

7
Séries numériques Cours

Proposition 1.5
X
Pour qu’une série un à terme positive converge il faut et il suffit que sa somme partielle Sn soit majorée.

Téorème 1.1 (Critère de comparaison des séries)


X X
Soient un et vn deux séries à termes positifs tels que :

un ≤ vn ∀n ∈ N

alors on a :
X X
(i) Si vn converge alors un converge.
X X
(ii) Si un diverge alors vn diverge.

Remarque 1.4

Le théorème reste vrai si l’inégalité un ≤ vn est vérifiée seulement à partir d’un certain rang.

Corollaire 1.1
X X un+1 vn+1
Soient un et vn deux séries à termes positifs, tels que ≤ à partir d’un certain rang. Alors, on a
un vn
X X
(i) Si vn converge alors un converge.
X X
(ii) Si un diverge alors vn diverge.

Corollaire 1.2
X X
Soient un et vn deux séries à termes positifs vérifiant les propriétés suivantes :
un
(a) ∃a > 0 et ∃b > 0 tels que a ≤ ≤ b à partir d’un certain rang.
vn
un
(b) lim = l > 0.
n→+∞ vn

(c) un ∼ vn quand n → +∞.


X X
Alors, si l’une des conditions (a) ou (b) ou (c) est satisfaite, les deux séries un et vn sont de même nature.

λn X
Exemple. Soit λ ∈ R+ et soit un = . Étudions la nature de la série un .
λ2n
n
+λ +1
(i) Si λ = 0 alors un = 0, donc la série de terme général un est convergente.
(ii) Supposons que λ 6= 0, d’où pour tout n ≥ 1
un 1
= 2n
λn λ + λn + 1
• Si 0 < λ < 1 alors
un
lim =1>0
n→+∞ λn
X X X
donc, les séries un et λn sont de même nature ; et puisque 0 < λ < 1, la série un converge.
X
• Si λ = 1 alors un = 1
3 ∀n ∈ N, d’où la série un diverge (car lim un 6= 0).
n→+∞

8
Séries numériques Cours

• Si λ > 1 alors 1
λ < 1. Donc
un 1
1 n =
(λ) 1 + ( λ ) + ( λ1 )2n
1 n

un X X 1 X 1
d’où lim 1 n = 1 > 0, donc les séries un et sont de même nature. Or, la série
n→+∞ ( )
λ
λn λn
1 X
converge, car c’est une série géométrique de raison , donc la série un converge.
λ
X
Conclusion : la série un converge pour tout λ ≥ 0 avec λ 6= 1.

Méthode 1.2 (Critère de Cauchy)


X √
Soit un une série à terme positifs telle que lim n un = l, alors :
n→+∞
X
1. Si l < 1 la série un converge.
X
2. Si l > 1 la série un diverge.
En effet,
√ √
lim n
un = l ⇔ (∀ε > 0)(∃N ∈ N) (∀n ≥ N ) | n un − l| < ε.
n→+∞

1−l
1. Soit l < 1 et posons ε = . On a
2
l−1 √ 1−l 3l − 1 √ 1+l
< n un − l < ⇒ < n un <
2 2 2 2
l+1 √
à partir d’un certain rang. On pose k = , on obtient n un < k < 1, donc d’après le théorème de Cauchy
X 2
la série un converge.

2. Si l > 1, on pose ε = l − 1 > 0 alors 1 − l < n un − l < l − 1 à partir d’un certain rang, ce qui implique que
√ X
n > 1. D’après le théorème de Cauchy un diverge.
n u

Remarque 1.5
√ X
Si l = 1 on ne peut pas conclure. Mais si n un −→ 1+ , alors la série un diverge. En effet,

(∀ε > 0)(∃N ∈ N), (∀n ≥ N ) 1 ≤ n un ≤ 1 + ε
X √
donc un ≥ 1 pour tout n ≥ N d’où la série un diverge. Par contre, si n un −→ 1− , on ne peut pas conclure par
ce critère.

n X
Exemple. Pour a > 0 et n ∈ N∗ on pose un = a + n1 . Déterminons la nature de la série un .

On a n un = a + n , donc lim un = a.
1
n→+∞
X
• Si a > 1 la série un diverge.
X
• Si a < 1 la série un converge.
√ X
• Si a = 1 alors n un = 1 + n1 > 1, donc la série un diverge.
X
Conclusion : La série un converge ⇔ a < 1.

Exercice 4. Donner la nature des séries suivantes :

9
Séries numériques Cours

1.
X
(ln(n))−n . X  2n + 1 n
2. .
3n + 4
Solution:
1
1. On a −→ 0 < 1. D’après le critère de Cauchy la série converge.
p
n
(ln(n))−n =
ln(n)
s n
2n + 1 2n + 1 2
2. On a n
= −→ < 1. D’après le critère de Cauchy la série converge.
3n + 4 3n + 4 3

Méthode 1.3 (Critère de d’Alembert)


X un+1
Soit un une série à terme positifs telle que lim = l, alors :
n→+∞ un
X
1. Si l < 1 la série un converge.
X
2. Si l > 1 la série un diverge.
En effet,
un+1 un+1
lim = l ⇔ (∀ε > 0)(∃N ∈ N) (∀n ≥ N ) − l < ε.
n→+∞ un un
1−l
1. Si l < 1, posons ε = , ∃N tel que pour tout n ≥ N on a
2
l−1 un+1 1−l 3l − 1 un+1 l+1
< −l < ⇒ < <
2 un 2 2 un 2
un+1 l+1 X
donc < < 1 ∀n ≥ N ce qui implique par le théorème de d’Alembert que la série un converge.
un 2
2. Si l > 1, posons ε = l − 1, ∃N ∈ N tel que si n ≥ N alors
un+1 un+1
1−l < −l <l−1⇒ > 1 ∀n ≥ N
un un
X
donc la série un diverge.

Remarque 1.6
un+1 X
Si l = 1 on ne peut pas conclure. Si −→ 1+ , alors la série un diverge. En effet,
un
un+1
(∀ε > 0)(∃N ∈ N), (∀n ≥ N ) 1≤ ≤1+ε
un
un+1 X un+1
donc ≥ 1 pour tout n ≥ N d’où la série un diverge. Par contre, si −→ 1− , on ne peut pas conclure
un un
par ce critère.

nn X
Exemple. 1. Soit un = . Étudions la nature de la série un . On a
n!
un+1 (n + 1)(n+1) n!
= × n
un (n + 1)! n
(n + 1)n
=
 nn n
n+1
=
 n n
1
= 1+
n
1
= en ln(1+ n )

10
Séries numériques Cours

un+1 X
or, n ln(1 + n1 ) ∼ n. n1 = 1, donc lim = e > 1. D’où la série un diverge.
n→+∞ un
bn X
2. Soit vn = où b > 0. Étudions la nature de vn . On a
n!
vn+1 bn+1 n! b
= . = −→ 0 < 1
vn (n + 1)! bn n+1
X
donc vn converge.

Exercice 5. Donner la nature des séries suivantes :

X n2 X an
1. . 2. où a > 0.
n! (1 + a)(1 + a)2 . . . (1 + a)n

Solution:
un+1 (n + 1)2 n2 1 1
1. On a = . = (1 + ). −→ 0 < 1. D’après le critère de d’Alembert la série converge.
un (n + 1)! n! n n+1
un+1 a
2. On a = −→ 0 < 1. D’après le critère de d’Alembert la série converge.
un (1 + a)n+1

Remarque 1.7
X
Soit un une série à terme positifs.
un+1 √ un+1 √
• Si lim existe alors lim n un existe aussi et on a lim = lim n un .
n→+∞ un n→+∞ n→+∞ un n→+∞
√ un+1
• La réciproque n’est pas toujours vraie. Il se peut que un admet une limite l et que
n n’admet pas de
X un
limite. En effet considérons la série un de terme général un définie par :
(
1
3n si n est pair
un = 4
3n si n est impair

√ 1 √ n
4 √
Pour tout entier n ≥ 1, n un = si n est pair et n un = si n est impair. Comme lim n 4 = 1, la suite
3 3 n→+∞
√ X
( n un )n converge vers 1/3 < 1, ce qui permet d’affirmer par la règle de Cauchy que la série un converge.
Pour tout n ≥ 1, soit (
un+1 4
3 si n est pair
vn = =
un 1
12 si n est impair
Par conséquent, la sous-suite (v2n ) de (vn ) admet pour limite 4/3 > 1 dans R et la sous-suite (v2n+1 ) de (vn )
admet pour limite 1/12 < 1. En particulier la suite quotient (vn ) n’admet pas de limite dans R : on ne peut
pas conclure à l’aide de la règle de d’Alembert.

Téorème 1.2 (Comparaison série-intégrale)

Soit f : [1, +∞[→ [0, +∞[ une fonction positive, décroissante et continue. Alors, la série
X
f (n) = f (1) + f (2) + . . . + f (n) + . . .
R +∞
et l’intégrale 0
f (x) dx sont de même nature.

11
Séries numériques Cours

X 1 1
Exemple. Considérons la série numérique . Posons un = f (n) avec f (x) = . On a :
n ln n x ln x
• ∀x ≥ 2, f (x) ≥ 0 ;
• f est décroissante sur [2, ∞[ ;
• f est continue.
R +∞
Remarquons aussi que lim f (x) = 0. Alors la série et l’intégrale 0
f (x) dx sont de même nature.
x→+∞
Par ailleurs,
A A
Z Z
dx 1/x A
= dx = [ln (ln x)]2 = ln (ln A) − ln (ln 2)
x ln x ln x
2 2
R +∞ dx RA dx
et comme = lim = +∞. Alors la série est divergente.
2 x ln x A→+∞ 2 x ln x

Série de Riemann
X 1
On appelle série de Riemann, la série où α est un nombre réel donné.

Proposition 1.6
La série de Riemann converge si α > 1 et diverge si α ≤ 1.

Méthode 1.4 (Équivalents usuels)

• Trigonométrie circulaire en 0. On a :

x2
sin x ∼ x, tan x ∼ x, arctan x ∼ x, arcsin x ∼ x, 1 − cos x ∼ .
x→0 x→0 x→0 x→0 x→0 2
• Trigonométrie hyperbolique en 0. On a :

x2
shx ∼ x, thx ∼ x, chx − 1 ∼ , argshx ∼ x, argthx ∼ x
x→0 x→0 x→0 2 x→0 x→0

• Exponentielle en 0. On a :
exp x − 1 ∼ x.
x→0

• Logarithme népérien en 0. On a :
ln(1 + x) ∼ x.
x→0

• Arc cosinus en 1. On a : p
arccos x ∼ 2(1 − x).
x→1

• Fonctions puissances en 0. On a
(1 + x)α − 1 ∼ αx.
x→0

• Trigonométrie hyperbolique en +∞. On a :


ex
shx ∼ chx ∼
x→+∞ x→+∞ 2

2 + np
  X
Exemple. Soit un = ln où p ∈ N∗ . Étudions la nature de la série un . On a
1 + np

2 + np
≥ 1 ⇒ un ≥ 0
1 + np

12
Séries numériques Cours

2 + np 1 1
de plus, =1+ et lim = 0.
1 +np 1 + n p n→+∞ 1 + np
2 + np
  
1 1
Donc, ln = ln 1 + ∼ au voisinage de +∞.
1 + np 1 + np 1 + np
1 1 1 X
Ce qui implique que un ∼ p
∼ p alors un ∼ p . Donc la série un converge si et seulement si p > 1.
1+n n n

X
Exercice 6. Donner la nature de la série un dans les cas suivants :

n+2 cos(n)
1. un = 3. un = √ .
n3 + 1 n n
1
2. un = p .
n(n + 1)(n + 2 4. un = 1 − cos( n1 ).

Solution:
n 1
1. On a un ∼ = 2 . Par comparaison à une série de Riemann convergente, la série est convergente.
n3 n
1 1
2. p ∼ 3/2 . Par comparaison à une série de Riemann convergente, la série est convergente.
n(n + 1)(n + 2 n
1
3. 1 − cos( n1 ) ∼ . Par comparaison à une série de Riemann convergente, la série est convergente.
2n2

III. Séries à termes réels


Définition 1.6 (Absolument convergente)
X X
Une série un est dite absolument convergente si la série |un | est convergente.

L’intérêt de la notion de série absolument convergente provient de la simplicité des critères de convergence des séries
à termes positifs et au fait suivant :
Téorème 1.3
Une série absolument convergente est convergente.

Remarque 1.8

(−1)n+1
La réciproque du Théorème 1.3 est fausse. En effet, considérons la série de terme un = pour tout n ≥ 1.
X n
On a |un | est la série harmonique qui est divergente. Nous notons (Sn )n la suite des sommes partielles de la
X
série un de terme général :
n n
X X (−1)n+1
Sn = uk = .
n
k=1 k=1

Nous introduisons les sous-suites (xn )n et (yn )n de la suite (Sn )n≥1 , de termes généraux xn = S2n et yn = T2n+1 .
On a, pour tout entier n ≥ 1 :
(−1)2n+1 1
yn − xn = =
2n + 1 2n + 1
1 1
xn+1 − xn = S2n+2 − S2n = − >0
2n + 1 2n − 2
1 1
yn+1 − yn = S2n+3 − S2n+1 = − + <0
2n + 2 2n + 3

13
Séries numériques Cours

Par conséquent (xn )n est croissante et (yn )n décroissante et la suite (yn − xn )n converge vers 0, ce qui montre que
les suites (xn ) et (yn ) sont adjacentes. Ainsi les sous-suites (S2n )n et (S
X 2n+1 )n de (Sn ) convergent dans R vers la
même limite, donc la suite (Sn ) converge, d’où l’on déduit que la série un converge (Sa somme est égale à ln 2).

(−1)n 1 X 1
Exemple. Soit un = p
avec p > 1. On a |un | = p . La série converge (série de Riemann), donc la
X n n np
série un est absolument convergente, donc convergente.

Définition 1.7
X
La série vn est dite alternée si vn = (−1)n un avec un ≥ 0 ∀n ∈ N ou bien, si on a vn = (−1)n+1 un avec un ≥ 0
∀n ∈ N.

Téorème 1.4 (Leibniz)


X
Soit (−1)n un une série alternée. Si la suite (un ) est décroissante et si lim un = 0 alors la série alternée
n→+∞
X +∞
X
(−1)n un est convergente et on a |Rn | ≤ un+1 pour tout n ∈ N où Rn = uk .
k=n+1

X (−1)n (−1)n 1
Exemple. Étudions la nature de la série où α ∈ R. On pose vn = et un = α .
nα nα n
• Si α ≤ 0, alors |vn | = n−α −→
6 0 donc un −→
6 0 d’où la série diverge.
X
• Si α > 0. La suite (un ) est décroissante et un −→ 0. D’après le théorème de Leibniz, la série vn est
convergente.
X (−1)n
Conclusion : la série converge si et seulement si α > 0. Elle est absolument convergente si α > 1.

X
Exercice 7. Donner la nature de la série un dans les cas suivants :


(−1)n cos n
1. un = √ . 3. un = √ .
n n n

(−1)n 1 + (−1)n n
2. un = . 4. un = .
ln n n

Solution:
1
1. On pose vn = √ . On a lim vn = 0 et (vn ) est décroissante. Alors la série alternée est convergente.
n
1
2. On pose vn = . On a lim vn = 0 et (vn ) est décroissante. Alors la série alternée est convergente.
ln n
1 1
3. On a |un | ≤ 3/2 . Or la série de terme général vn = 3/2 est convergente. Donc la série converge.
n n
4. Le terme général est donc la somme du terme général d’une série divergente (la série harmonique) et d’une série
convergente. On déduit alors que la série est divergente.
Définition 1.8
X X
Une série un est dite semi-convergente si elle converge alors que la série |un | diverge.

14
Séries numériques Cours

X (−1)n X (−1)n
Exemple. La série est semi-convergente si 0 < α ≤ 1, en particulier est semi-convergente.
nα n

IV. Séries à termes complexes


Définition 1.9
X
Soit (un ) une suite dans C. On pose Sn = u0 + u1 + . . . + un . La série un est dite convergente si (Sn ) admet
une limite dans C.

Proposition 1.7

Soit un = an + ibn le terme général de la suite (un ) dans C avec an , bn ∈ R.


X X X
1. La série un converge si et seulement si les séries an et bn sont convergentes. Dans ce cas on a

+∞ +∞ +∞
X X X
un = an + i bn .
n=0 n=0 n=0

X
2. Si la série un converge alors lim un = 0.
n→+∞

Définition 1.10
X X X
Soit un une série à termes complexes. La série un est dite absolument convergente si la série |un | converge
où |.| désigne le module d’une nombre complexe.

Proposition 1.8
X X
Soit un une série à termes complexes. La série un est absolument convergente si et seulement si les séries
X X
an et bn sont absolument convergentes.

Proposition 1.9
X
Si la série un est absolument convergente alors elle est convergente.

X
Exemple. Soit z ∈ C et posons un = z n . Étudier la nature de la série un .
X
En effet, on a |un | = |z| , or la série
n
|z| converge si et seulement si |z| < 1. Donc si :
n

• si |z| < 1 alors la série est absolument convergente donc convergente.


• si |z| ≥ 1 alors |un | ≥ 1 donc série diverge car lim un 6= 0.
n→+∞

15
Chapitre 2

Séries entières

Définition 2.1
X
On appelle série entière, toute série de la forme an z n où an ∈ C et z ∈ C. Dans le cas particulier où an ∈ R et
X
x ∈ R la série an xn est appelée série entière réelle.

Proposition 2.1 (Rayon de convergence)


X
Soit an z n une série entière. Il existe R ∈ [0, +∞] unique tel que :
X
(i) Si |z| < R, la série an z n est absolument convergente.
X
(ii) Si |z| > R, la série an z n diverge.
R est appelé rayon de convergence de la série entière. Le disque ouvert D(0, R) = {z ∈ C : |z| < R} est appelé le
disque de convergence de la série entière.

X X
Exemple. Soit z ∈ C. La série géométrique z n converge si |z| < 1 et diverge si |z| > 1. La série entière zn
a donc pour domaine de convergence D := D(0, 1) et pour rayon de convergence R := 1. Nous connaissons aussi la
somme de cette série :
+∞
X 1
zn =
1−z
n=0
X
dès que |z| < 1. Noter que z n diverge lorsque |z| = 1.

Remarque 2.1
X
• Le domaine de convergence de la série entière an z n est l’ensemble D des z ∈ C tels que la série numérique
X
an z n converge. D est presque déterminé par la proposition précédente. Il y a deux cas évidents : R := 0,
auquel cas D := {0}, et R := +∞, auquel cas D := C.
X X
• Les séries entières an z n et |an |z n ont même rayon de convergence.

zn
X X
Exemple. Considérons la série entière n .
Pour z := 1, on obtient la série harmonique n , qui diverge ; ainsi
1
X (−1)n
/ D. Pour z := −1, on obtient la série harmonique alternée
1 ∈ n , qui converge ; ainsi −1 ∈ D. Ces deux
renseignements suffisent pour voir que R := 1. En effet, R ≥ 1 parce que −1 ∈ D et R ≤ 1 car 1 ∈ / D. En fait
D = D(0, 1) \ {1}.

16
Séries séries entières Cours

Corollaire 2.1
X X
Soit an z n une série entière. S’il existe λ ∈ [0, +∞] tel que la série |an z n | converge si |z| < λ et diverge si
X
|z| > λ, alors λ est le rayon de convergence de la série an z n .

Démonstration. D’après l’unicité du rayon de convergence qui, lui même d’après l’unicité de la borne supérieure.

X zn
Exemple. Déterminons le rayon de convergence de la série . On a
3 + sin 2n
1 zn 1
−1 ≤ sin 2n ≤ 1 ⇔ ≤ ≤ .
4 3 + sin 2n 2
1 n 1
Par suite, |z| ≤ |un | ≤ |z|n . Ainsi,
4 2
1 X
• Si |z| < 1, alors |un | ≤ |z|n nous donne la convergence absolue de un .
2
1
• Si |z| > 1, l’inégalité un ≥ |z|n entraîne que lim |un | =
6 0, d’où la série est divergente.
4 n→+∞
Alors, R = 1.

Proposition 2.2
X
Soit an z n une série entière et R son rayon de convergence. Alors :

1. Si lim |an | = l ∈ [0, +∞] alors on a : |an+1 |


p
n
n→+∞ 2. Si lim = l ∈ [0, +∞] alors on a :
n→+∞ |an |
1 1
• R= si l ∈]0, +∞[ • R = si l ∈]0, +∞[
l l
• R = 0 si l = +∞ • R = 0 si l = +∞
• R = +∞ si l = 0. • R = +∞ si l = 0.

Exemple. Trouver le rayon de convergence de chacune des séries entières suivantes :

n2 X zn X
3.
X
1. z n e− 2
2. où a > 0. n!z n
nan

Solution :
Faite en classe.

Exercice 8. Calculer le rayon de convergence des séries de terme général :

1. un = sh(n)z n . 2. un = nn z n .

Solution :
Faite en classe.
Proposition 2.3
X X
Soient an z n et bn z n deux séries entière de rayon de convergence respectivement R1 et R2 . Alors la série
X
somme (an + bn )z n a un rayon de convergence R qui est tel que :
(i) Si R1 6= R2 alors R = min{R1 , R2 }.

17
Séries entières Cours

(ii) Si R1 = R2 alors R ≥ R1 .
De plus, on a pour tout z tel que |z| < min{R1 , R2 } :
+∞ +∞ +∞
X X X
n n
(an + bn )z = an z + bn z n .
n=0 n=0 n=0

X X X
Exemple. Soient les séries an z n , bn z n et (an + bn )z n avec an = 1 − 2n et b = 2n . Trouvons leurs rayons
de convergences.
On a :
1
an+1 1 − 2n+1 2n − 2
= = 1
an 1 − 2n 2n − 1
an+1 X
alors lim = 2. Donc le rayon de convergence de an z n est R1 = 21 . Par ailleurs,
n→+∞ an

bn+1 2n+1
= =2
bn 2n
X
Donc le rayon de convergence de bn z n est R2 = 21 .
X X
La série (an + bn )z n = z n car an + bn = 1, son rayon de convergence est R = 1. Dans ce cas on a
R1 = R2 < R.

Définition 2.2 (Série dérivée)


X X
On appelle série dérivée d’une série entière an z n la série entière nan z n−1 .

Proposition 2.4
Une série entière et sa dérivée ont même rayon de convergence.

Téorème 2.1
X
En tout point z0 de disque de convergence, la fonction somme S de la série entière an z n est dérivable, et
+∞
X
S 0 (z) = nan z n−1 .
n=1

X
Exercice 9. En étudiant la série xn , déterminer la somme de la série
X
n(n − 1)xn−2

∞ ∞
X 1 X n2
en déduire la somme de n(n + 1) n
et celle de
n=1
2 n=0
2n

Solution : Faite en classe.


Corollaire 2.2
Sur le disque de convergence, la fonction somme d’une série entière est indéfiniment dérivable et ses dérivées
successives sont les fonctions sommes des séries entières dérivées successives.

18
Séries séries entières Cours

Définition 2.3 (Développement d’une fonction en série entière)

Soit f une fonction définie X dans un voisinage de z0 ∈ C. On dit que f est développable en série entière au point z0
s’il existe une série entière an z n , de rayon de convergence R 6= 0 et un voisinage V de z0 dans C tels que, pour
tout z ∈ V :

X
f (z) = an (z − z0 )n .
n=0

Nous nous restreignons maintenant sur le cas réel.


Définition 2.4
Soit f une fonction de classe C ∞ sur un intervalle ouvert I, et soit x0 ∈ I.
On dit que f est développable en série entière au point x0 s’il existe une suite (an )n et il existe α > 0 tel que :

X
f (x) = an (x − x0 )n , ∀x ∈ ]x0 − α, x0 + α[⊂ I.
n=0

f (n) (x0 )
Dans ce cas on nécessairement an = .
n!

Le changement de variable t = x − x0 permet de revenir au voisinage de 0.


Proposition 2.5

Soit f une fonction de classe C ∞ sur ] − R, R[ qui satisfait la condition suivante :

∃M > 0, |f (n) (x)| ≤ M ∀x ∈] − R, R[ et ∀n ∈ N

alors, f est développable en série entière autour de l’origine donnée par :

x2 00 xn (n)
f (x) = f (0) + xf 0 (0) + f (0) + . . . + f (0) + . . .
2! n!
dont le rayon de convergence est supérieur ou égal à R.

Méthode 2.1 (Méthode pratique d’obtention du développement autour de zéro)

(i) Utiliser la proposition précédente (c-à-d la Proposition 2.5).


(ii) Par dérivation ou intégration dans le cas où on sait développer une fonction primitive, respectivement une
fonction dérivée.
(iii) On peut utiliser la formule suivante :
+∞
X α(α − 1) . . . (α − n + 1)
α
(1 + x) = xn , ∀x ∈] − 1, 1[, ∀α ∈ R. (2.1)
n!
n=0

1
Application. Soient g(x) = ln(1 − x) et h(x) = . Développer en série entière ces deux fonctions autour de
(1 − x)2
l’origine.

Solution : Faite en classe.


Téorème 2.2
Soit f une fonction définie dans un voisinage de 0 et admettant un développement en série entière à l’origine.
(i) Il existe un voisinage de 0 sur lequel f est indéfiniment dérivable.

19
Séries entières Cours

(ii) Le développement en série entière de f à l’origine est son développement de Mac-Laurin

Remarque 2.2

(i) S’il existe, le développement en série entière à l’origine d’une fonction est unique.
(ii) Si f est développable en série entière à l’origine, ses dérivées successives le sont aussi, et leurs développements
sont les séries entières dérivées successives du développement de f .
(iii) Soient f , g développables en série entière à l’origine et λ ∈ C. Alors f + g, λf , f g sont développables en série
entière à l’origine.

Exercice 10 (DL en série entière d’une fraction rationnelle). Développer en série entière sur un intervalle que l’on
déterminera la fonction f définie par :
x+2
f (x) = .
(x − 1)(x − 2)

Solution :
Faite en classe.

Exercice 11. Développer en série entière les fonctions suivantes.

3. f (x) = arctan x.

1 + 2x

1
R x cht − 1
1. f (x) = ln . 2. f (x) = . 4. f (x) = dt
5−x 1 + x2 0 t

Solution :
Faite en classe.

20
Séries séries entières Cours

Développements en série entière usuels (en 0)

1) Exponentielle, fonctions cosinus et sinus (rayon de convergence : +∞)

+∞
xn x2 xn
ex = =1+x+ + ··· + + ···
n! 2! n!
n=0

+∞
x2n x2 x4 x2n
ch x = =1+ + + ··· + + ···
n=0
(2n)! 2! 4! (2n)!

+∞
x2n+1 x3 x5 x2n+1
sh x = =x+ + + ··· + + ···
n=0
(2n + 1)! 3! 5! (2n + 1)!

+∞
x2n x2 x4 x2n
cos x = (−1)n =1− + + · · · + (−1)n + ···
(2n)! 2! 4! (2n)!
n=0

+∞
x2n+1 x3 x5 x2n+1
sin x = (−1)n =x− + + · · · + (−1)n + ···
(2n + 1)! 3! 5! (2n + 1)!
n=0

2) Fonctions puissances et applications (rayon de convergence : 1)

+∞
α (α − 1) . . . (α − n + 1) n
(1 + x)α = 1 + ·x
n=1
n!
α (α − 1) 2 α (α − 1) . . . (α − n + 1) n
=1+α·x+ · x + ··· + · x + ···
2! n!
+∞
1
= xn = 1 + x + x2 + · · · + xn + · · ·
1 − x n=0

+∞
1
= (−1)n xn = 1 − x + x2 + · · · + (−1)n xn + · · ·
1 + x n=0

+∞
xn x2 x3 xn
ln (1 + x) = (−1)n−1 =x− + − · · · + (−1)n−1 + ···
n 2 3 n
n=1

+∞
xn x2 x3 xn
ln (1 − x) = − = −x − − − ··· − − ···
n=1
n 2 3 n

+∞
x2n+1 x3 x5 x2n+1
arctan x = (−1)n =x− + − · · · + (−1)n + ···
n=0
2n + 1 3 5 2n + 1

NB : dans les cas α = ±1/2, penser à écrire, notamment pour profiter de la formule de S :
1.3.5. · · · .(2n − 1) 1.2.3.4.5. · · · .(2n − 1). (2n) (2n)! 1 2n 1
= = = 2n ∼ √
2n .n! 2.4. · · · . (2n) .2n .n! 22n (n!)2 2 n n→∞ πn

21
Chapitre 3

Séries de Fourier

On rappelle que :

Définition 3.1
Une fonction f est dite périodique s’il existe une constante T > 0 telle que :

f (x + T ) = f (x), ∀x ∈ Df .

Le plus petit réel T est appelé la période de la fonction f . De plus,

f (x + nT ) = f (x), ∀n ∈ Z.

Exemple. • Les fonctions x 7→ cos nx et x 7→ sin nx sont périodiques de période T = 2π


n avec n = 1, 2, . . ..
• x 7→ tan nx est de période T = π
n avec n = 1, 2, . . .. En effet, tan(n(x + π
n )) = tan(nx + π) = tan nx.

Définition 3.2
On appelle série de Fourier toute série de la forme :

a0 + a1 cos x + b1 sin x + . . . + an cos nx + bn sin nx + . . . (3.1)

où an ∈ R et bn ∈ R, pour tout n ∈ N.

Remarque 3.1

Si la série de Fourier converge et sa somme est f (x) alors f est périodique de période 2π.
+∞
En effet, f (x) = a0 + an cos nx + bn sin nx. Alors
P
n=1

+∞
P
f (x + 2π) = a0 + an cos n(x + 2π) + bn sin n(x + 2π)
n=1
+∞
P
= a0 + an cos(nx + 2nπ) + bn sin(nx + 2n)π
n=1
+∞
P
= a0 + an cos nx + bn sin nx
n=1
= f (x)

Définition 3.3
Soit f une fonction 2π-périodique et intégrable. On appelle coefficients de Fourier de f les nombres a0 , an et bn

22
Séries de Fourier Cours

avec n décrit N∗ donnés par les formules suivantes :


Z π
1
a0 (f ) = f (x) dx
2π −π

et pour tout n ≥ 1 Z π Z π
1 1
an (f ) = f (x) cos nx dx, et bn (f ) = f (x) sin nx dx.
π −π π −π

La série de Fourier ainsi obtenue :

a0 + a1 cos x + b1 sin x + . . . + an cos nx + bn sin nx + . . .

est appelée la série de Fourier associée à f . Si cette série converge en un point x de R on note sa somme par S(f )(x).
Si on a S(f )(x) = f (x) pour tout x ∈ R, alors on dit que f est développable en série de Fourier.

Exercice 12. Déterminer la série de Fourier de la fonction périodique de période 2π définie par :
(
1 si − π < x < 0
f (x) =
−1 si 0 < x < π

Solution :
Faite en classe.
Remarque 3.2

1 Rπ
(i) Si f est paire alors bn = 0 pour tout n ≥ 1 et a0 = f (x) dx et pour tout n ∈ N∗ on a
π 0
Z π
2
an = f (x) cos nx dx
π 0

(ii) Si f est impaire alors an = 0 pour tout n ≥ 0 et pour tout n ∈ N∗ on a

2 π
Z
bn = f (x) sin nx dx
π 0

Exemple. Soit f la fonction 2π-périodique, impaire, définie sur [0, π] par f (x) = x2 . Calculons les coefficients de
Fourier.
• Puisque f est impaire alors an = 0 pour tout n ∈ N.
• Pour tout n ∈ N on a : Z π Z π
2 2
bn = f (x) sin nx dx = x2 sin nx dx
π 0 π 0
par deux intégrations par parties on obtient :
2π 4
bn = − (−1)n + (−1)n − 1)
n πn3

Soit f une fonction 2π-périodique, on cherche à répondre aux deux questions suivantes :
1. Pour quelles valeurs de x la série de Fourier de f converge ?
2. Dans le cas où cette série converge au point x, est ce que sa somme est égale à f (x) ?
On note lim+ f (t) par f (x + 0) et lim− f (t) par f (x − 0).
t→x t→x

23
Séries de Fourier Cours

Téorème 3.1 (Jordan)

Soit f une fonction 2π-périodique, et bornée sur [−π, π]. On suppose qu’on peut partager l’intervalle [−π, π] en un
nombre fini d’intervalles [αi , αi+1 ] avec α1 = −π < α2 < . . . < αn = π telle que f soit monotone et continue sur
chaque intervalle ouvert ]αi , αi+1 [, ∀i = 1, 2, . . . , n − 1.
Alors,
1. la série de Fourier S(f ) associée à f converge en tout point x.
f (x + 0) + f (x − 0)
2. Sa somme est : S(f )(x) = pour tout x ∈ R.
2

Remarque 3.3

• Aux points x = −π et x = π. Comme f est 2π-périodique, on a f (−π − 0) = f (π − 0) et f (π + 0) = f (π + 0),


alors :
f (−π + 0) + f (π − 0)
S(f )(π) = S(f )(−π) = .
2
• Si f est continue en x, on retrouve S(f )(x) = f (x).

|x|
Exercice 13. Soit f la fonction 2π-périodique définie sur [−π, π] par f (x) = .
2
1. Déterminer la série de Fourier associée à f .
2. Montrer que f est développable en série de Fourier et trouver sa somme S(f ) dans son domaine de convergence.
+∞ 1
3. En déduire la valeur de .
P
n=0 (2n + 1)2

Solution : Faite en classe.

Définition 3.4
Soit f une fonction 2T -périodique et intégrable. On appelle coefficients de Fourier de f les nombres a0 , an et bn
avec n ∈ N∗ donnés par les formules suivantes :
Z T
1
a0 (f ) = f (x) dx
2T −T

et pour tout n ≥ 1
Z T Z T
1  nπx  1  nπx 
an (f ) = f (x) cos dx, et bn (f ) = f (x) sin dx.
T −T T T −T T

La série de Fourier ainsi obtenue est appelée la série de Fourier associée à f :


+∞
X  nπx   nπx 
a0 + an cos + bn sin
n=1
T T

Remarque 3.4

Les résultats cités ci-dessus reste valables, il suffit de remplacer [−π, π] par [−T, T ]. En effet, si g est une fonction
2T -périodique alors la fonction f définie par f (x) = g Tπ x est 2π-périodique.


24
Séries de Fourier Cours

Téorème 3.2 (Égalité de Parseval)

Pour toute fonction f réelle continue sur [−π, π], on a :


π ∞
Z
1 X 1
f 2 (x) dx = a20 + (a2n + b2n )
2π 2
−π n=1

où a0 , an et bn sont les coefficients de Fourier de f .

Exercice 14. Soit f la fonction 2π-périodique, définie par :

f (x) = |x|, ∀x ∈ [−π, π[.

1. Trouver la série de Fourier associée à f .


2. Est ce que f est développable en série de Fourier ?

X 1
3. Calculer .
n=0
(1 + 2n)2

X 1
4. En appliquant l’égalité de Parseval, donner la valeur de .
n=0
(1 + 2n)4

Solution :
Faite en classe.

25
Chapitre 4

Fonctions holomophes et théorème des résidus

I. Définitions et conditions de Cauchy-Riemann

Définition 4.1
Soient z0 ∈ C et r > 0.
1. On appelle disque ouvert de centre z0 et de rayon r, l’ensemble

D(z0 , r) = {z ∈ C : |z − z0 | < r}

2. On appelle disque fermé de centre z0 et de rayon r, l’ensemble

D(z0 , r) = {z ∈ C : |z − z0 | ≤ r}

3. On appelle cercle de centre z0 et de rayon r, l’ensemble

C(z0 , r) = {z ∈ C : |z − z0 | = r}

4. On appelle voisinage du point z0 tout ensemble qui contient un disque ouvert de centre z0 .
5. Soit Ω ⊂ C, Ω est dit un ouvert si Ω et voisinage de chacun de ses points.

Exemple. Soient z0 = i et r = 1, alors D(i, 1) = {z = a + ib ∈ C : a2 + b2 < 2b}. En effet,

a + ib ∈ D(i, 1) ⇔ p
|a + ib − i| < 1
⇔ a2 + (b − 1)2 < 1 (module d’un nombre complexe)
⇔ a + b2 < 2b
2

Remarque 4.1

f : Ω → C, on pose z = x + iy, z0 = x0 + iy0 et f (z) = P (x, y) + iQ(x, y). Alors on a :


1. 
 lim P (x, y) =α
(x,y)→(x0 ,y0 )
lim f (z) = α + iβ ⇔
z→z0  lim Q(x, y) =β
(x,y)→(x0 ,y0 )

2. f est continue au point z0 si lim f (z) = f (z0 ). f est continue au point z0 si et seulement si les fonctions P
z→z0
et Q sont continues en (x0 , y0 ).

26
Fonctions holomophes et théorème des résidus Cours

Définition 4.2 (Fonction holomorphe)

Soit f : Ω → C où Ω est un ouvert de C.


f (z) − f (z0 )
1. Soit z0 ∈ Ω, on dit que f est holomorphe au point z0 si lim existe dans C. Dans ce cas on note
z→z0 z − z0
cette limite f 0 (z0 ).
2. On dit que f est holomorphe sur Ω si elle est holomorphe en tout point de Ω.

Exemple. • Soit a ∈ C. On pose f (z) = a pour tout z ∈ C. Alors f est holomorphe sur C, et ∀z ∈ C on a
f 0 (z) = 0.
• f (z) = z n avec n ∈ N∗ . Alors, pour tout z0 ∈ C on a
n−1
f (z) − f (z0 ) = (z − z0 )(z n−1 + z n−2 z0 + . . . + zO )

f (z) − f (z0 )
d’où lim = lim z n−1 + z n−2 z0 + . . . + z0n−1 = nz0n−1 . Ainsi, f 0 (z) = nz n−1 .
z→z0 z − z0 z→z0

• f (z) = z. Alors f n’est holomorphe en aucun point de C. En effet,

f (z) − f (z0 ) z − z0
lim = lim
z→z0 z − z0 z→z 0 z − z0

z − z0
Or, z → z0 ⇔ (z − z0 ) → 0, donc si z − z0 est un réel alors = 1 et si z − z0 est un imaginaire pur alors
z − z0
z − z0
= −1. Ainsi, il n’a donc pas de limite lorsque (z − z0 ) → 0. D’où le résultat.
z − z0

Proposition 4.1
Si f est holomorphe au point z0 alors elle est continue en ce point.

Proposition 4.2 (Opérations sur les fonctions holomorphes)

1. Soient f et g deux fonctions holomorphes au point z0 , alors :


(a) les fonctions f + g et f g dont holomorphes au point z0 et on a :
• (f + g)0 (z0 ) = f 0 (z0 ) + g 0 (z0 ).
• (f g)0 (z0 ) = f 0 (z0 )g(z0 ) + f (z0 )g 0 (z0 ).
f
(b) Si en plus g(z0 ) 6= 0, alors la fonction est holomorphe au point z0 , et on a :
g
 0
f f 0 (z0 )g(z0 ) − f (z0 )g 0 (z0 )
(z0 ) = .
g g 2 (z0 )

2. Soient Ω et Ω0 deux ouverts de C. Soient z0 ∈ Ω, f : Ω → Ω0 holomorphe au point z0 et g : V → C holomorphe


au point f (z0 ), alors g ◦ f est holomorphe au point z0 , et on a

(g ◦ f )0 (z0 ) = g 0 (f (z0 )).f 0 (z0 )

Proposition 4.3 (Conditions de Cauchy-Riemann)

Soient Ω un ouvert de C, z0 = x0 + iy0 ∈ C, et f (z) = P (x, y) + iQ(x, y) une fonction définie sur Ω. Les deux
conditions suivantes sont équivalentes :
1. f est holomorphe au point z0 .
2. Les fonctions P et Q sont différentiables au point (x0 , y0 ) et elles vérifies les conditions de Cauchy-Riemann

27
Fonctions holomophes et théorème des résidus Cours

(C.C.R en abrégé) : 
∂P ∂Q

 (x0 , y0 ) = (x0 , y0 )
 ∂x ∂y

∂P ∂Q


(x0 , y0 ) =− (x0 , y0 ).



∂y ∂x
∂P ∂Q
Dans ce cas on a f 0 (z0 ) = (x0 , y0 ) + i (x0 , y0 ).
∂x ∂x

Exercice 15. En aérodynamique et en mécanique des fluides, les fonctions φ et ψ dans f (z) = φ + iψ, où f (z) est
holomorphe, s’appellent respectivement potentiel des vitesses et fonction courant. Si φ = x2 + 4x − y 2 + 2y
1. Déterminer ψ
2. En déduire f (z).

Solution: Faite en classe.

Exercice 16. Trouver toutes les fonctions holomorphes sur C dont la partie réelle est donnée par :

P (x, y) = x2 − y 2 + 2xy.

Solution: Faite en classe.

Fonctions holomorphes élémentaires


• Fonctions polynômes sont holomorphes dans C.
P (z)
• Fonctions rationnelles sont holomorphes en dehors des zéros de Q où P (z) et Q(z) sont des polynômes en
Q(z)
z ∈ C.
• f (z) est une somme d’une série entière complexe, f est holomorphe sur son disque de convergence, de plus
ses dérivées sont aussi holomorphes sur le même disque de convergence.

Proposition 4.4
+∞
Soit an z n une série entière de rayon de convergence R. Alors, sa somme f (z) = an z n est une fonction
P P
n=0
holomorphe sur D(0, R) et on a :
+∞
X
0
f (z) = nan z n−1 ∀z ∈ D(0, R).
n=1

Proposition 4.5 (Développement en série entière)

Soit a ∈ C. Soit f une fonction holomorphe sur D(a, R) alors f est développable en série entière autour du point a
sur D(a, R) et on a :
+∞
X f (n) (a)
f (z) = an (z − a)n , ∀z ∈ D(a, R) avec an = .
n=0
n!

Remarque 4.2

D’après les deux propositions précédentes (Propositions 4.4 et 4.5), on a : si f est holomorphe sur un ouvert Ω
alors pour tout n ∈ N∗ , f (n) existe sur Ω et c’est une fonction holomorphe sur Ω.

28
Fonctions holomophes et théorème des résidus Cours

II. Intégrale des fonctions complexes le long d’une courbe


Définition 4.3 (Chemins et courbes)

1. Un chemin est définie comme étant une fonction continue d’un intervalle réel [a, b] ; a < b, vers le plan
complexe.
[a, b] −→ C
t 7−→ z(t) = x(t) + iy(t)
Ses points initial et final sont z0 = z(a) et z1 = z(b). La fonction t 7→ z(t) est souvent notée t 7→ γ(t).
2. L’image C = {z(t) ∈ C : t ∈ [a; b]} s’appelle courbe dans le plan complexe paramétrée par la fonction
t 7→ z(t).

Exemple. 1. Le cercle unité définie par z(t) = eit avec t ∈ [0, 2π] centré à l’origine est une courbe simple fermée
orientée dans le sens contraire des aiguilles d’une montre.
2. Le segment d’extrémités z0 et z1 noté [z0 , z1 ] est une courbe paramétrée par la fonction

z(t) = tz0 + (1 − t)z1 , où t ∈ [0, 1].

29
Fonctions holomophes et théorème des résidus Cours

Définition 4.4
1. Si les points initial et final d’un chemin coïncident, il est appelé chemin fermé ou lacet.
2. On dit qu’un chemin est simple si ne se recoupe pas lui-même i.e. il n’a pas de points doubles.
3. Toute courbe fermée et simple, est appelée courbe de Jordan.

Soit f : Ω ⊂ C → C une fonction continue sur un ouvert Ω. On pose :

f (z) = P (x, y) + iQ(x, y).

Dans la suite, on suppose que C est une courbe dans Ω, orientée de A vers B paramétrée par z = ϕ(t) + iψ(t) avec
t ∈ [tA , tB ]. On pose dz = dx + idy, alors,

f (z) dz = (P + iQ)(dx + idy)


= P dx − Q dy + i(P dy + Q dx).

Définition 4.5 (Intégrale curviligne)

On appelle intégrale de f le long de la courbe (C), l’intégrale :


Z Z Z
f (z) dz = P dx − Q dy + i P dy + Q dx (4.1)
(C) (C) (C)

on a :
Z Z tB Z tB
f (z) dz = [P (ϕ(t), ψ(t))ϕ0 (t) − Q(ϕ(t), ψ(t))ψ 0 (t)] dt + i [P (ϕ(t), ψ(t))ψ 0 (t) + Q(ϕ(t), ψ(t))ϕ0 (t)] dt
(C) tA tA

soit encore : Z Z tB
f (z) dz = f (z(t))z 0 (t) dt.
(C) tA

Exemple. Soit (C) le cercle de centre 0 et de rayon R > 0. Calculons I = z 2 dz et J = 1


R R
(C) (C) z
dz.

R
Exercice 17. Calculer C+
f (z) dz dans chacun des cas suivants :
1. f (z) = z − 1 où C est le chemin défini sur [0, 1] par z(t) = (1 − i)t.
2

1
2. f (z) = où C représente la circonférence d’équation x2 + y 2 − 6y + 8 = 0.
(z − 3i)2
3. f (z) = z où C est la parabole d’équation y = x2 joignant A(1, 1) et B(2, 4).

Solution : Faite en classe.

30
Fonctions holomophes et théorème des résidus Cours

Téorème 4.1 (Théorème de Cauchy)

Soit f une fonction holomorphe dans un ouvert Ω et Γ une courbe fermée simple incluse dans Ω ainsi que son
intérieur, alors on a : Z
f (z) dz = 0.
Γ

Remarque 4.3

Si f est holomorphe sur Ω, alors on a Γ1 f (z) dz = 0. Mais, on ne peut pas appliquer le théorème pour calculer
R

f (z) dz car l’intérieur de Γ1 n’est pas inclus dans Ω.


R
Γ2

Proposition 4.6 (Formule intégrale de Cauchy)

Soit f une fonction holomorphe dans un ouvert Ω et Γ une courbe fermée simple incluse dans Ω ainsi que son
intérieur, alors on a : Z
n! f (z)
f (n) (a) = dz, ∀a ∈ int(Γ).
2iπ Γ (z − a)n+1
En particulier quand n = 0, cette formule devient :
Z
1 f (z)
f (a) = dz, ∀a ∈ int(Γ).
2iπ Γ z − a

Exercice 18. En utilisant la formule intégrale de Cauchy, calculer les intégrales :


R sinh z
1. C + 2 dz
R 4zsin−πz1
2. C + dz où C = {z ∈ C : |z + 1| = 1} (Ind. sin(n) πz = π n sin(πz + n π2 )).
(z + 1)6

Solution :
Faite en classe.

III. Théorème des Résidus


Soit f : Ω ⊂ C → C une fonction holomorphe, soit a ∈ Ω et soit r > 0 tels que D(a, r) ⊂ Ω. Alors, il existe une suite
(an )n telle que :
+∞
X
f (z) = an (z n − a), ∀z ∈ D(a, R).
n=0

31
Fonctions holomophes et théorème des résidus Cours

Supposons qu’on a : a0 = a1 = . . . = ap−1 = 0 et ap 6= 0, alors

f (z) = a0 + a1 (z − a) + . . . + ap−1 (z − a)p−1 + ap (z − a)p + . . .


= ap (z − a)p + ap+1 (z − a)p+1 + . . .
= (z − a)p (ap + ap+1 (z − a)) + . . .)

donc f (z) = (a − z)p g(z) avec g(z) = ap + ap+1 (z − a) + . . .. On a g(a) = ap 6= 0 et g est holomorphe sur D(a, r).
Définition 4.6 (Zéro)

Le point a est dit un zéro d’ordre p de f si ∃r > 0 tel que ∀z ∈ D(a, r) on a

f (z) = (z − a)p g(z)

avec g(a) 6= 0 et g holomorphe sur D(a, r).

Définition 4.7 (Pôle)

Soit f une fonction holomorphe sur D(a, r) \ {a}. On dit que a est un pôle d’ordre p de f si f s’écrit :

h(z)
f (z) = ∀z ∈ D(a, r) \ {a} (4.2)
(z − a)p

où h est holomorphe sur D(a, r) et h(a) 6= 0.


Si p = 1, on dit que a est un pôle simple de f .

Remarque 4.4

Si a est un pôle de f , alors f n’est pas bornée au voisinage de a et la fonction |f | tend vers l’infini lorsque z
tend vers a.

Soit maintenant a un pôle d’ordre p de f , on a alors :

h(z)
f (z) = avec h(a) 6= 0
(z − a)p

et h une fonction holomorphe sur D(a, r), donc :

h(z) = α0 + α1 (z − a) + . . . + αp−1 (z − a)p−1 + αp (z − a)p + . . .

alors
α0 α1 αp−1
f (z) = + + ... + + αp + αp+1 (z − a) + . . .
(z − a)p (z − a)p−1 z−a

Définition 4.8 (Résidu)

1
Le coefficient αp−1 de dans la formule précédente est appelé le résidu de f au point a. On le note par
z−a
Res(f, a) = αp−1 .

2z 2 + 1 1
Exemple. 1. Soit f (z) = = 2z + . f est holomorphe sur C \ {0}, le point a = 0 est un pôle simple de
z z
f et on a Res(f, 0) = 1.
13z 11 − z 8 + 11 1 11
2. Posons f (z) = . Alors, f (z) = 13z 2 − + 9 , f est holomorphe sur C \ {0}, le point a = 0 est
z9 z z
un pôle d’ordre 9 de f et on a Res(f, 0) = −1.

32
Fonctions holomophes et théorème des résidus Cours

Proposition 4.7 (Méthode pratique pour calculer des résidus)

Soit f une fonction holomorphe sur D(a, R) \ {a} avec a un pôle d’ordre p de f .
(i) Si p = 1 alors Res(f, a) = lim (z − a)f (z).
z→a
1
(ii) Si p ≥ 2 alors Res(f, a) = h(p−1) (a) où h(z) = (z − a)p f (z).
(p − 1)!

Proposition 4.8 (Fraction rationnelle)

g(z)
Si f (z) = pour tout z ∈ D(a, R) \ {a} avec g et h holomorphes sur D(a, R), g(a) 6= 0, h(a) = 0 et h0 (a) 6= 0
h(z)
g(a)
alors a est un pôle simple de f et Res(f, a) = 0 .
h (a)

3z + 5 1
Exemple. Soit f (z) = et g(z) = . Pour f et g le point 2 est un pôle simple. Pour calculer
z3
− 2z − 4 (z − 2)(z 2 + 1)
Res(f, 2) c’est plus simple d’utiliser la dernière proposition Proposition 4.8, par contre pour calculer Res(g, 2) il vaut
mieux utiliser la Proposition 4.7. Alors,
3z + 5 11
Res(f, 2) = lim =
z→2 3z 2 −2 10
et
1 1
Res(g, 2) = lim (z − 2)g(z) = lim = 4
z→2 z→2 z 2 +1 5

Exercice 19. Déterminer les pôles et les résidus correspondants des fonctions suivantes :
1
1. f (z) = 4
z +1
z
2. f (z) = .
sin z

Solution :
Faite en classe.
Téorème 4.2 (Forme intégrale du résidu)

Soit f une fonction holomorphe sur D(a, R) \ {a} avec a un pôle d’ordre p de f . On a
Z
1
Res(f, a) = f (z) dz (4.3)
2πi C +

où C est un cercle de centre a et de rayon r < R.

Téorème 4.3 (Théorème des résidus)

Soit Ω un ouvert, soient a1 , a2 , . . . , an ∈ Ω et f une fonction holomorphe sur Ω \ {a1 , a2 , . . . , an } avec a1 , a2 , . . . , an


des pôles de f .
Soit C une courbe fermée simple, incluse dans Ω ainsi que son intérieur et entourait les points ak , k = 1, 2, . . . , n,
alors on a : Z n
X
f (z) dz = 2πi Res(f, ak ).
C+ k=1

33
Fonctions holomophes et théorème des résidus Cours

z4 + 2
Exercice 20. Soit f (z) = . Calculer
(z − 2)(z − 3)2
Z Z Z
f (z) dz, f (z) dz et f (z) dz
C1+ C+
5 C4+
2

où Cr est le cercle de centre 0 et de rayon r, r = 1, 25 , 4.

Solution :
Faite en classe.

IV. Calcul d’intégrales par la méthode des résidus


R α+2π
1. Intégrales trigonométriques de la forme α
R(cos t, sin t) dt
P (x, y)
Soient α ∈ R et R(x, y) = avec P et Q deux polynômes à deux variables à coefficients réels et R(x, y) est
Q(x, y)
définie pour tout (x, y) ∈ R avec x + y 2 = 1, c’est-à-dire R(x, y) n’admet pas de pôles sur le cercle trigonométrique.
2 2

Méthode 4.1

Pour tout t ∈ [α, α + 2π] on pose z = eit alors z ∈ C = C(0, 1) le cercle de centre 0 et de rayon 1.

eit − e−it eit + e−it


   
1 1 1 1
sin t = = z− et cos t = = z+
2i 2i z 2 2 z
dz
avec dz = ieit dt = izdt alors dt = .
iz
Z α+2π Z     
1 1 1 1 1
I= R (cos t, sin t) dt = R z+ , z− dt
α C+ iz 2 z 2i z
    
1 1 1 1 1
on pose f (z) = R . On a alors I = C + f (z) dz et on applique le théorème des résidus,
R
z+ , z−
iz 2 z 2i z
c’est-à-dire :
Z p
X
I= f (z) dz = 2iπ Res(f, zk )
C+
k=1

où zk sont les pôles de f situés à l’intérieur du cercle trigonométrique C.

34
Fonctions holomophes et théorème des résidus Cours

R 2π 1
Exercice 21. Calculer I = 0
dt.
3 + cos t

Solution :
Faite en classe.

R 2π cos t
Exercice 22. Calculer I = 0
dt.
5 + 4 cos t

Solution : Faite en classe.


R∞ P (x)
2. Intégrale de type −∞ Q(x)
dx.
où P et Q sont des polynômes tels que deg Q − deg P ≥ 2, Q n’ayant pas de zéros réels alors :

Z p
P (x) X
dx = 2iπ Res(f, zk )
Q(x)
−∞ k=1

P (z)
où zk pôles de f (z) = tels que Im(zk ) > 0, autrement dit on prend seulement les pôles qui se trouvent dans le
Q(z)
demi-plan supérieur ouvert.

R∞ x(x + 1)
Exercice 23. Calculer l’intégrale I = dx.
−∞ (x2 + 2)2

Solution :
Faite en classe.

R +∞ 1
Exercice 24. Calculer I = dx.
0 (x2 + 1)3

Solution : Faite en classe.


P (x) iαx
dx, α ∈ R∗+
R
3. Intégrales de la forme Q(x)
e
P (x)
Soient P et Q deux polynômes à coefficients réels tels que deg Q − deg P ≥ 2, Q(x) n’a pas de racines réelles et Q(x)
est irréductible. Alors on a : Z +∞
Xn
f (x) dx = 2iπ Res(f, zk ).
−∞ k=1
R +∞ P (x)
où z1 , z2 , . . . , zn les zéros de Q(z) situés dans le demi-plan supérieur. Pour calculer I1 = −∞
cos αx dx ou bien
Q(x)
R +∞ P (x)
I2 = −∞
sin αx dx on calcule :
Q(x) Z +∞
P (x) iαx
I = I1 + iI2 = e dx
−∞
Q(x)
et ensuite on peut déduire I1 et I2 comme :
n
!
X
I1 = Re 2iπ Res(f, zk )
k=1

et !
n
X
I2 = Im 2iπ Res(f, zk ) .
k=1

35
Fonctions holomophes et théorème des résidus Cours

R∞ xeix R∞ x cos x
Exercice 25. Calculer l’intégrale I = dx, puis en déduire les valeurs des intégrales dx et
−∞ x2 + 1 −∞ x2 + 1
R∞ x sin x
dx.
−∞ x2 + 1

Solution :
Faite en classe.

R∞ cos 2x
Exercice 26. Calculer l’intégrale I = dx
−∞ x2 + 1

Solution : Faite en classe.


Remarque 4.5

Supposons α < 0.
• Il suffit d’appliquer ce qui précède, mais en travaillant sur le demi-plan inférieur. Soient a1 , a2 , . . . , an les
zéros de Q(z) situés dans le demi-plan inférieur.
Par le théorème des résidus, on obtient :
+∞
Z n
X
f (x) dx = −2iπ Res(f, ak ).
−∞ k=1

• Ou encore, remarquer que eiαx = e−iαx et donc :


+∞ +∞
Z Z n
P (x) iαx P (x) −iαx X
e dx = e dx = −2iπ Res(f, ak ).
Q(x) Q(x)
−∞ −∞ k=1

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Bibliographie

[1] M. Chajia. Étapes vers l’analyse : EXERCICE ET PROBLEMES RESOLUS AVEC RAPPELS DE COURS SUJETS
D’EXAMENS PC2. Soc. d’Edit. et de Diffus. Al Madariss, 1996.
[2] S. El Kahlaoui, O. et Benkaddour. Exercices corrigés d’analyse 3. Najah el Jadida, 2019.
[3] D. Zhani. Polycopié du cours d’analyse PC2. 1986.

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