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Chapitre 21

Séries numériques

Sommaire
I Généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 196
1) Définitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 196
2) Premières propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 197
3) Séries géométriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 198
II Séries à termes positifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 198
1) Critère de convergence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 199
2) Théorèmes de comparaison . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 199
3) Comparaison avec une intégrale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 200
III Séries à termes quelconques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 200
1) Séries absolument convergentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 200
2) Séries alternées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 201
3) Séries obtenues par une formule de Taylor . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 202
4) Développement décimal d’un réel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 203
IV Solution des exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 203

I GÉNÉRALITÉS

Dans tout le chapitre K désigne R ou C. On cherche à généraliser la notion de somme d’éléments de K à


un nombre infini de termes.

1) Définitions

Définition 21.1
Soit (u n )n∈N une suite d’éléments de K. On appelle série de terme général u n la suite (S n )n∈N définie
n
P
par S n = u k . Le nombre S n est appelé somme partielle de rang n (d’ordre n) de la série. La série
k=0 P
de terme général u n est notée un .
n∈N

ZExemples :
q n : série géométrique de raison q.
P

n >0
zn
avec z ∈ K : série exponentielle.
P
– n!
n∈N
1
où α ∈ R : séries de Riemann.
P
– nα
n >1

Définition 21.2 (convergence d’une série)


• On dit que la série de terme général u n est convergente lorsque la suite des sommes partielles
(S n )n∈N est convergente. Si c’est le cas, la limite de la suite des sommes partielles est appelée somme
+∞
P +∞
P n
P
de la série et notée u n . On a donc u n = lim S n = lim u k . La différence entre la somme
n=0 n=0 n→+∞ n→+∞ k=0

MPSI3 (2018-19) LYCÉE M ONTAIGNE – 196 – ©Fradin Patrick –


Généralités Chapitre 21 : Séries numériques
+∞
P n
P +∞
P
de la série et la somme partielle S n est appelée reste de rang n, noté Rn = un − uk = uk .
n=0 k=0 k=n+1
• Une série qui n’est pas convergente, est dite divergente.
• Déterminer la nature d’une série, c’est déterminer si elle est convergente ou divergente.

Attention !
P
On prendra garde à ne pas confondre la notation u n qui désigne la série (c’est à dire la suite des sommes
n∈N
+∞
P
partielles), avec la notation u n qui désigne la somme de la série, si celle-ci converge (c’est la limite des sommes
n=0
partielles lorsque celle-ci existe dans K).

ZExemples :
n
P n(n+1) P
– La série de terme général u n = n : S n = k= 2 donc lim S n = +∞ et la série n∈N n est divergente.
k=0
n 1−( 13 )n+1
– La série de terme général u n = (− 13 )n : S n = (− 13 )k = , or | − 13 | < 1 donc lim S n = 34 . La série
P
1+ 13
k=0
+∞
1 n
(− 13 )n = 34 .
P P
n∈N (− 3 ) est convergente et sa somme est
n=0

FExercice 21.1 Étudier la nature de la série de terme général un = (−1)n .

2) Premières propriétés

Théorème 21.1 (lien suite-série)


n
Soit (s n )n∈K une suite, il existe une suite (u n )n∈N telle que ∀n ∈ N, s n =
P
u k . Autrement dit, il existe
k=0
une suite (u n )n∈N telle que (s n )n∈N est la série de terme général u n .

n
P
Preuve : Posons u 0 = s 0 et pour n > 0, u n = s n − s n−1 , on a alors u k = s 0 + (s 1 − s 0 ) + · · · + (s n − s n−1 ) = s n . 
k=0

Remarque 21.1 – L’ensemble des séries de K n’est donc autre que F (N, K). Pour les opérations usuelles sur les
suites, on sait que c’est un K-e.v. Soient v n deux séries, λ ∈ K. Il est facile de voir que la somme
P P
u n et
n∈N n∈N
v n est la série de terme général u n + v n , et que la série λ
P P P
des deux séries un + u n est la série de terme
n∈N n∈N n∈N
général λu n .

FExercice 21.2 Montrer ¶ l’application de F (N, K) dans lui-même qui a chaque suite (u n )n∈N associe la suite des
que
n
µ
P
sommes partielles uk est un automorphisme.
k=0 n∈N

Théorème 21.2
L’ensemble des séries convergentes de K est un K-espace vectoriel. De plus l’application qui à chaque
P P
série convergente associe sa somme, est (une forme) linéaire. Plus précisément, si u n et vn
n∈N n∈N
sont deux séries convergentes, alors ∀α, β ∈ K, la série αu n + βv n est convergente et :
P
n∈N
+∞ +∞ +∞
αu n + βv n = α un + β
P P P
vn .
n=0 n=0 n=0

P
Preuve : Soit (Un ) la suite des sommes partielles de la série u n et (Vn ) la suite des sommes partielles de la série
n∈N
v n . Alors (αUn + βVn ) est la suite des sommes partielles de la série αu n + βv n . Le reste découle des propriétés
P P
n∈N n∈N
des suites convergentes. 

Attention !
• La somme de deux séries divergentes peut très bien donner une série convergente (prendre deux séries divergentes
opposées par exemple).
• La somme d’une série divergente et d’une série convergente est forcément une série divergente (raisonner par
l’absurde).

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Séries à termes positifs Chapitre 21 : Séries numériques

Théorème 21.3 (convergence d’une série complexe)


P
Soit u n une série à terme complexe, celle-ci est convergente si et seulement si les deux séries réelles
n∈N
P P +∞
P +∞
P +∞
P
Re(u n ) et Im(v n ) sont convergentes, et auquel cas on a : un = Re(u n ) + i Im(u n ).
n∈N n∈N n=0 n=0 n=0

P
Preuve : Soit (An ) la suite des sommes partielles de la série Re(u n ) et (Bn ) la suite des sommes partielles de la série
P n∈N P
Im(v n ). Alors (Un + i Vn ) est la suite des sommes partielles de la série u n . Le reste découle des propriétés des
n∈N n∈N
suites complexes convergentes. 

Théorème 21.4 (condition nécessaire de convergence)


P
Si la série u n converge alors on a nécessairement lim u n = 0, mais la réciproque est fausse.
n∈N

Preuve : Soit (S n ) la suite des sommes partielles, alors la suite (S n ) converge vers S ∞ la somme de la série, d’où
lim Un − Un−1 = S ∞ − S ∞ = 0, c’est à dire lim u n = 0.
n p
Pour la réciproque prenons u n = p1n , alors S n = p1 > n p1 = n, on en déduit que S n → +∞. La série est
P
n k
k=1
divergente bien que le terme général u n tende vers 0. 

Définition 21.3
P
On dit que la série u n diverge grossièrement lorsque le terme général ne tend pas vers 0.
n∈N

ZExemples :
(−1)n est grossièrement divergente.
P
– La série
n∈N
2n
P 1 P 1
– La série n (série harmonique) est divergente (mais pas grossièrement), en effet S 2n −S n = k >
n∈N k=n+1
n
2n = 12 . Si la série était convergente alors la suite (S n ) convergerait vers la somme S ∞ , mais alors
S 2n − S n → S ∞ − S ∞ = 0, on aurait donc 0 > 12 ce qui est absurde. La série harmonique est donc
divergente.
n
P 1
Rappel : dans le TD sur les suites, nous avons établi que k ∼ ln(n).
k=1

3) Séries géométriques

Théorème 21.5 (nature des séries géométriques)


z n avec z ∈ C, est convergente si et seulement si |z| < 1, auquel cas sa somme
P
La série géométrique
n∈N
+∞
1
zn =
P
est 1−z .
n=0

Preuve : Si |z| > 1 alors |z n | > 1 et donc la suite (z n ) ne peut pas tendre vers 0, la série est donc grossièrement divergente
dans ce cas.
n n+1
z k = 1−z n+1 1
P
Si |z| < 1, alors S n = 1−z , or z → 0 car |z| < 1, il en découle que S n → 1−z . 
k=0
ZExemples :
+∞
(− 13 )n est convergente et (− 13 )n = 1
= 34 .
P P
– La série 1+ 13
n∈N n=0
(−1)n est grossièrement divergente.
P
– La série
n∈N

Attention !
Pour les séries géométriques convergentes on prendra garde à l’indice du premier terme avant d’appliquer la
formule !

II SÉRIES À TERMES POSITIFS

Dans ce paragraphe toutes les séries sont à termes réels positifs. Pour ces séries, il faut remarquer que
les sommes partielles forment une suite croissante. La définition peut s’étendre aux séries dont le terme
général est réel positif à partir d’un certain rang seulement.

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Séries à termes positifs Chapitre 21 : Séries numériques

1) Critère de convergence

Théorème 21.6
Une série à termes positifs est convergente si et seulement si la suite des sommes partielles est majorée
dans R.

Preuve : La série converge si et seulement si la suite (S n ) converge, or cette suite est croissante, on sait donc qu’elle
converge si et seulement si elle est majorée. La résultat en découle. 
Remarque 21.2 –
• Lorsque la suite (S n ) des sommes partielles n’est pas majorée, on a S n → +∞ puisque cette suite est croissante.
• Le critère s’applique aux séries à termes positifs à partir d’un certain rang.
P 1
ZExemple : La série n2
est convergente. En effet, pour n > 2 on a k12 6 k(k−1)
1 1
= k−1 − k1 , on en déduit que
n∈N
n
1 1
= 2 − n1 , et par conséquent S n 6 2.
P
Sn 6 1 + k−1 − k
k=2

Attention !
(−1)n est divergente alors
P
Le critère est en défaut lorsque la série n’est pas à termes positifs. Par exemple la série
n∈N
que ses sommes partielles sont bornées.

2) Théorèmes de comparaison

Théorème 21.7
P P
Soient u n et v n deux séries telles qu’à partir d’un certain rang N on ait 0 6 u n 6 v n , alors on a :
n∈N n∈N
P P +∞
P +∞
P
• Si la v n converge alors la série u n converge et on a un 6 vn .
n∈N P n∈N P n=N n=N
• Si la série u n diverge alors la série v n diverge.
n∈N n∈N

n
P n
P
Preuve : D’après les hypothèses, on a uk 6 vk .
k=N k=N
P n
P n
P
• Si la série v n converge, alors ( vk ) converge et donc ( v k ) converge, cette suite est donc majorée par un
n∈N k=0 k=N
P
certain réel M, on en déduit que la somme partielle de la série u n est majorée, comme elle est à termes positifs à
n∈N
partir d’un certain rang, elle converge et l’inégalité sur les sommes en découle.
P n
P n
P
• Si la série u n diverge, alors ( u k ) est croissante divergente, donc de limite +∞, on en déduit que ( v k ) tend
n∈N k=N P k=0
vers +∞, cette suite n’est donc pas majorée, donc la série v n est divergente puisqu’elle est à terme positif à partir
n∈N
d’un certain rang. 
ZExemples :
– La série de terme général n13 est convergente car n13 6 n12 et celle-ci est une série est convergente.
– Si α < 1, alors la série de terme général n1α est divergente car n1 6 n1α et on sait que la série harmonique
est divergente.

Théorème 21.8 (utilisation des relations de comparaison)


Soient (u n ) et (v n ) deux suites à termes positifs (à partir d’un certain rang).
P P
• Si u n = O(v n ) et si v n converge, alors la série u n converge.
n∈N
P Pn∈N
• Si u n = O(v n ) et si u n diverge, alors la série v n diverge.
n∈N P P n∈N
• Si u n ∼ v n alors les deux séries u n et v n sont de même nature.
n∈N n∈N

Preuve : Si u n = O(v n ), alors il existe un réel M > 0 tel qu’à partir d’un certain rang on ait u n 6 Mv n , les deux premiers
points en découlent compte tenu du théorème précédent.
Si u n ∼ v n alors on a à la fois u n = O(v n ) et v n = O(u n ). Le résultat en découle. 

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Séries à termes quelconques Chapitre 21 : Séries numériques

Remarque 21.3 – Les deux premiers points du théorème s’appliquent aussi lorsque u n = o(v n ).

ZExemples :
– Soit u n = sin( n1 ) alors u n ∼ n1 , on en déduit que la série de terme général u n est à termes positifs pour n
assez grand et qu’elle est divergente, car la série harmonique diverge.
– Soit u n = 1 − cos( n1 ), alors u n ∼ 2n1 2 , on en déduit que la série de terme général u n est à termes positifs
pour n assez grand et qu’elle est convergente, car la série de terme général n12 converge.

3) Comparaison avec une intégrale


Cette comparaison peut se faire pour les séries dont le terme général est de la forme u n = f (n) où f est
une fonction continue monotone et à valeurs positives sur un intervalle I = [A; +∞[.

Théorème 21.9
Soit f : [0; +∞[→ R une fonction continue, monotone et à valeurs positives.
Rn n R n+1
• Si f est croissante alors ∀n ∈ N, f (0) + 0 f (t ) d t 6
P
f (k) 6 0 f (t ) d t .
k=0
R n+1 n Rn
• Si f est décroissante alors ∀n ∈ N,
P
0 f (t ) d t 6 f (k) 6 f (0) + 0 f (t ) d t .
k=0

Preuve : Supposons f croissante, alors sur l’intervalle [k; k + 1] on a f (k) 6 f (t ) 6 f (k + 1), on en déduit en intégrant
R k+1
sur cet intervalle que f (k) 6 k f (t ) d t 6 f (k + 1), on somme alors ces inégalités pour k allant de 0 à n, ce qui donne
n
P R n+1 n+1
P
f (k) 6 0 f (t ) d t 6 f (k), ce qui donne le premier encadrement. L’autre cas se traite de la même façon. 
k=0 k=1
1 1
ZExemple : On considère la série de terme général u n = n ln(n) pour n > 2. Soit f (t ) = t ln(t ) sur [2; +∞[, cette
R n+1 n Rn
P 1
fonction est continue, positive et décroissante, on en déduit que 2 f (t ) d t 6 k ln(k) ) 6 f (2) + 2 f (t ) d t ,
Rn k=2
or 2 f (t ) d t = [ln(ln(t ))]n2 = ln(ln(n)) − ln(ln(2) → +∞, la série est donc divergente.

Théorème 21.10 (convergence des séries de Riemann)


1
Soit α ∈ R, la série de terme général nα est convergente si et seulement si α > 1.

Preuve : Si α 6 0 alors le terme général ne tend pas vers 0, la série est donc grossièrement divergente.
Supposons α > 0 et soit f (t ) = t1α , c’est une fonction continue, positive et décroissante sur [1; +∞[, on en déduit que
(
R n+1 n
1
Rn R n dt ln(n) si α = 1 Rn
. Si α 6 1 alors 1 f (t ) d t → +∞ et
P
que 1 f (t ) d t 6 kα 6 f (1) + 1 f (t ) d t . On sait que 1 tα = n 1−α −1
k=1 1−α R sinon
n
donc les sommes partielles tendent vers +∞. Par contre, si α > 1 alors ( 1 f (t )d t ) est convergente, donc majorée, et
donc la série (qui est à termes positifs) converge. 
ZExemples : p ³ p ´
– Soit u n = e − , on sait que n 2 = o e n , on en déduit que n 2 u n = o(1) et donc u n = o n12 , or la série
n
¡ ¢
P −pn
de Riemann de terme général n12 converge, donc la série e est convergente.
n∈N
n α−1/2
– Soit u n =p 1
n ln(n)
, n α un 1
= ln(n) → +∞ si on prend α > 2 (théorème des croissances comparées), donc
pour n assez grand, on a n1α 6 u n , en prenant α ∈] 12 ; 1[ on peut en déduire que série de terme général
u n est divergente.
2
– Soit u n = lnn 3/2
(n)
, n α u n = n α−3/2 ln(n)2 → 0 si on prend α < 32 (théorème des croissances comparées),
donc pour n assez grand, on a u n 6 n1α , en prenant α ∈]1; 32 [ on peut en déduire que série de terme
général u n est convergente.

III SÉRIES À TERMES QUELCONQUES

Les séries considérées sont à termes complexes.

1) Séries absolument convergentes

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Séries à termes quelconques Chapitre 21 : Séries numériques

Définition 21.4
P P
La série u n est dite absolument convergente lorsque la série |u n | est convergente.
n∈N n∈N

P
Remarque 21.4 – La série |u n | est évidemment à termes positifs.
n∈N
in
ZExemple : La série de terme général u n = en 3 est absolument convergente car |u n | = n13 : série de Riemann
convergente.

Théorème 21.11
¯ ¯
P ¯ +∞
P ¯ +∞P
Si la série u n est absolument convergente, alors est elle convergente et on a ¯
¯ u n ¯¯ 6 |u n |. La
n∈N n=0 n=0
réciproque est fausse.

Preuve : Posons u n = a n + i b n avec a n et b n réels. Posons a n+ = max(0, a n ) et a n− = max(0, −a n ) (idem pour b n ), alors
on a 0 6 a n+ , 0 6 a n− , a n+ + a n− = |a n | et a n+ − a n− = a n . On en déduit que 0 6 a n+ 6 |a n | 6 |u n | et 0 6 a n− 6 |a n | 6 |u n |.
On en déduit que les séries à termes positifs a n+ et a n− sont convergentes, et par conséquent la série de terme général
a n+ − a n− = a n est convergente. De même on montre que la série de terme général b n converge et donc la série de terme
général a n + i b n = u n est convergente. ¯ ¯
¯P n ¯ Pn
L’inégalité triangulaire donne ¯ ¯ u k ¯¯ 6 |u k |, par passage à la limite, on obtient l’inégalité annoncée car on sait
k=0 k=0
que les deux sommes ont une limite. 

Attention !
n
La réciproque du théorème ci-dessus est fausse, par exemple on montrera que la série de terme général u n = (−1) n
est convergente, mais on sait que la série de terme général |u n | = n1 est divergente. Une telle série est dite semi-
convergente.

2) Séries alternées

Définition 21.5
Une série alternée est une série dont le terme général est de la forme (−1)n a n où (a n ) est une suite
réelle positive.

Théorème 21.12 (critère spécial à certaines séries alternées)


(−1)n a n telle que la suite (a n ) est décroissante de limite nulle, est convergente.
P
Une série alternée
n∈N
De plus on a la majoration du reste d’ordre n : |Rn | 6 a n+1 .
n
(−1)k a k les sommes partielles, posons u n = S 2n et v n = S 2n+1 , alors u n+1 − u n = S 2n+2 − S 2n =
P
Preuve : Soit S n =
k=0
a 2n+2 − a 2n+1 6 0 car la suite (a k ) est décroissante, on en déduit que la suite u est décroissante. De même, v n+1 − v n =
S 2n+3 − S 2n+1 = a 2n+2 − a 2n+3 > 0, la suite v est donc croissante. Or u n − v n = a 2n+1 → 0, les deux suites sont donc
adjacentes, elles convergent vers une même limite `, on a donc S 2n → ` et S 2n+1 → `, on en déduit que S n → `, la série
est donc bien convergente de somme `.
De plus on a l’encadrement v n 6 ` 6 u n , ce qui veut dire que ` est compris entre S n et S n+1 pour tout n, par
conséquent : |Rn | = |` − S n | 6 |S n+1 − S n | = a n+1 . 
Remarque 21.5 – Lorsque le critère s’applique, la majoration du reste donne un renseignement sur la vitesse
de convergence. Cette majoration est également utile lorsqu’on veut faire un calcul approché de la somme `
avec une précision donnée.
n n
(−1)k
ZExemple : La série de terme général (−1) 1
P
n est convergente, soit S sa somme, on a |S − k | 6 n+1 , à
k=1
priori la convergence est lente. Nous verrons en exercice que S = − ln(2). Cette série n’est pas absolument
convergente, mais seulement semi-convergente.

FExercice 21.3 (utilisation d’un développement asymptotique)


n
1/ Nature de la série de terme général u n = sin( (−1)
p ).
n
n
2/ Même chose avec u n = ln(1 + (−1)
p ).
n

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Séries à termes quelconques Chapitre 21 : Séries numériques

Attention !
n n
Sur le deuxième exemple on a ln(1 + (−1)
p ) ∼ (−1)
n
p , la série de gauche est divergente alors que la série de droite
n
est convergente. Le théorème de comparaison est donc en défaut lorsque les séries ne sont pas à termes de signe
constant.

3) Séries obtenues par une formule de Taylor

Théorème 21.13 (formule de Taylor avec reste intégrale)


Soit f : I → C une fonction de classe C n+1 sur l’intervalle I, alors on a la formule suivante :
n f (k) (a) R x (x−t )n (n+1)
P k
∀ a, x ∈ I, f (x) = k! (x − a) + a n! f (t ) d t .
k=0

Preuve : Celle-ci est laissée en exercice, il s’agit d’une simple récurrence sur n. On en déduit le théorème suivant. 

Théorème 21.14 (inégalité de Taylor-Lagrange 1 )


Si f : I → C est de classe C n+1 sur I et si | f (n+1) | est majorée par un réel Mn+1 , alors :
n+1
∀ x, a ∈ I, ¯ f (x) − Tn, f ,a (x)¯ 6 Mn+1 |x−a|
¯ ¯
(n+1)! .

Applications :
– La série exponentielle : soit z ∈ C, pour t ∈ [0; 1] on pose f (t ) = e t z , cette fonction est de classe C ∞ sur [0; 1],
pour n ∈ N, on a f (n+1) (t ) = z n+1 e t z , en posant z = a + i b, on a | f (n+1) (t )| 6 |z|n+1 e t a 6 |z|n+1 M où M désigne le
maximum de la fonction e t a sur [0; 1], appliquons l’inégalité de Taylor-Lagrange entre 0 et 1 à l’ordre n :
¯ ¯

n
¯ z X z ¯
¯ |z|n+1
¯e − ¯6M .
k=0 k! (n + 1)!
¯ ¯

On voit que le majorant tend vers 0 lorsque n → +∞, car |z|n = o(n!), par conséquent :

n zk X zn
+∞
∀ z ∈ C, e z = lim ou encore ∀z ∈ C, e z =
X
.
k=0 k! n=0 n!
n→+∞

– Développement de sin en série : avec la fonction sin, toutes ses dérivées sont majorées par 1, on a donc pour
x ∈ R et n ∈ N, en appliquant l’inégalité de Taylor-Lagrange entre 0 et x à l’ordre 2n + 1 :
¯ ¯
2k+1 ¯
¯ Xn
k x |x|2n+2
¯sin(x) − (−1) ¯6 .
¯ ¯
¯ k=0 (2k + 1)! ¯ (2n + 2)!

Là encore, on voit que le majorant tend vers 0 lorsque n → +∞ on en déduit donc que :

n x 2k+1 +∞ x 2n+1
∀ x ∈ R, sin(x) = lim (−1)k ou encore ∀x ∈ R, sin(x) = (−1)n
X X
.
n→+∞
k=0 (2k + 1)! n=0 (2n + 1)!

– Développement de cos en série : de la même façon on montre que

n x 2k +∞ x 2n
∀ x ∈ R, cos(x) = lim (−1)k ou encore ∀x ∈ R, cos(x) = (−1)n
X X
.
n→+∞
k=0 (2k)! n=0 (2n)!

Remarque 21.6 –
– On peut aussi déduire le développement en série de sin et cos en prenant les parties imaginaire et réelle
du développement en série de e i x .
– Ceci se généralise au cas où f est C ∞ et que ses dérivées en module sont toutes majorées par une même
constante, car on sait que |x − a|n = o(n!).

1. LAGRANGE Joseph Louis (1736 – 1813) : mathématicien qui fut un précurseur dans de nombreux domaines scientifiques.

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Solution des exercices Chapitre 21 : Séries numériques

4) Développement décimal d’un réel


Rappels
Soit x ∈ R :
n
xc
• Soit a n = b10
10n , la suite (a n ) est la suite de approximations décimales de x par défaut à 10
−n
près, car
−n
a n 6 x < a n + 10 .
• Pour n > 1, on pose d n = 10n [a n − a n−1 ], alors d n est un entier de l’intervalle J0 ; 9K (appelé ne décimale de
x).
n n
P dk P
On remarque alors qu’en posant d 0 = a 0 = bxc, on a 10k
= a0 + a k − a k−1 = a n → x, ce qui signifie
k=0 k=0
dn
que la série de terme général 10n est convergente et de somme x :

+∞
X dn
x= n
, c’est le développement décimal de x
n=0 10

+∞ +∞
ZExemple : 13 = 3 7 1 6
P P
10n , 6 = 1 + 10 + 10n ···
n=1 n=2

Théorème 21.15 (Compléments)


• La suite (d n ) définie ci-dessus ne peut jamais être constante égale à 9 à partir d’un certain rang, c’est
ce que l’on appelle le développement décimal propre de x.
• Tout réel x admet un unique développement décimal propre.
• La suite (d n )n >1 des décimales est périodique à partir d’un certain rang si et seulement si x est
rationnel.

Remarque 21.7 –
P dn
• Pour toute suite d’entiers (d n ) telle que ∀n > 1, d n ∈ J0 ; 9K, la série 10n est convergente car positive à partir
n∈N
du rang 1, et majorée par une série géométrique convergente.
• Si on n’impose pas la condition « (d n ) ne doit pas être constante égale à 9 à partir d’un certain rang », alors il
+∞
P 9
n’y a plus unicité du développement décimal, car par exemple 10n = 1.
n=1

Théorème 21.16 (Une application)


Il n’existe pas de bijection entre N et R (on dit que R est non dénombrable).

Preuve : Soit φ : N → R une application, alors pour tout n ∈ N, φ(n) a un unique développement décimal propre
+∞
P dn,k +∞
P bk
φ(n) = 10k
. On définit une suite (b k )k >0 en posant b k = 0 si d k,k 6= 0 et b k = 1 si d k,k = 0, soit x = 10k
, s’il existait
k=0 k=0
m ∈ N tel que φ(m) = x alors on devrait avoir (par unicité) b m = d m,m , ce qui absurde car ∀k ∈ N, b k 6= d k,k , x n’a donc
pas d’antécédent par φ, et donc φ ne peut pas être surjective. 
Remarque 21.8 – La méthode utilisée dans la preuve est connue sous le nom de « procédé diagonal de Cantor ».

IV SOLUTION DES EXERCICES

Solution 21.1 On vérifie par récurrence que S 2n = 1 et S 2n+1 = 0, la suite (S n ) est donc divergente et par conséquent la
série de terme général u n aussi.

Solution 21.2
n n n
³ ´
1/ On a sin( (−1)
p )=
n
(−1)
p
n
− (−1)
6n 3/2
+o 1
n 3/2
, on reconnaît trois séries convergentes : la première par le critère spécial des
séries alternées, la deuxième est absolument convergente car en valeur absolue c’est une série de Riemann, et la
P
troisième par comparaison avec une série de Riemann également. On en déduit que la série u n converge.
n∈N
n n n
³ ´
2/ On a pour n > 1, ln(1 + (−1)
p ) = (−1)
n
p
n
1
− 2n − (−1)
3n 3/2
1
+ o n 3/2 , on reconnaît trois séries convergentes : la première par le
critère spécial des séries alternées, la troisième est absolument convergente car en valeur absolue c’est une série de
Riemann, la quatrième par comparaison avec une série de Riemann également, mais la deuxième est une série de
P
Riemann divergente. On en déduit que la série u n diverge.
n∈N

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