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PROBLÈMES ÉCONOMIQUES

CONTEMPORAINS Accompagnement du
Cours (2023-2024)
L1 – Droit
Université de PARIS II
Professeur C. PONDAVEN
Ce cours est destiné à un public d’étudiants très nombreux qui débutent
leur première année de droit.
A dessein, le présent texte est rédigé en un style simple et direct.
Il requiert de nombreuses précisions que l’enseignement en amphithéâtre
s’efforcera de fournir, notamment au fil de réponses aux questions de son
auditorat.
Il se veut très synthétique, entendant se présenter comme un éclairage de
quelques grands problèmes économiques actuels, au travers d’un jeu de
notions choisies, en nombre limité.

L’analyse économique n’est pas un champ de réflexion des plus abstraits ;


elle se doit de répondre aux interrogations émergeant dans les débats
publics d’une société, débattues au parlement, dans des commissions, des
entreprises, des syndicats, présentes en droit public et privé, émergeant
souvent dans le cadre de tribunaux … relatives à de grands choix sociaux
qui vont affecter les comportements individuels. Elle ne peut se détourner
des formulations données dans les champs venant d’être mentionnés.
Dans cette perspective, vous ne serez pas désorientés par le vocabulaire et
les raisonnements dispensés ici … du moins le responsable de ce cours
l’espère.

Ce texte est aussi destiné à vous donner des méthodes de travail.

Elles sont requises d’emblée dans la prise de notes, qu’il vous faut
apprendre : un chapitre de cours ne traite jamais, s’il est bien pensé par
l’enseignant, qu’un très petit nombre de questions-clés, avec un usage
restreint de concepts et de raisonnements adéquats, choisis pour leur
portée. Écouter ou lire un cours signifie d’abord s’efforcer d’identifier ces
questions, concepts et raisonnements, les recenser, les analyser en
profondeur, puis s’attacher à les mémoriser pour en user le plus
aisément1. Pas plus que le présent document ne se donnerait en ouvrage,

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il ne se substitue au cours. Des développement oraux d’amphithéâtre, il
extrait, met en exergue et explicite des noyaux conceptuels et des
schémas causaux structurants. Il entend vous aider à les relever, à
percevoir leur importance, à les activer : démarche indispensable à la
compréhension analytique du cours, l’élément premier et moteur de la
synthèse des idées exposées par l’enseignant – il souhaite ainsi illustrer
une méthode de travail.

L’intelligence d’un cours ne consiste qu’en cette synthèse active sur des
bases conceptuelles, sans cesse reconduite et ses mémorisations.

Ne jamais manquer de remettre en question - au fil de dialogues en soi-


même, toujours repris - les synthèses que vous construirez, les
interrogations auxquelles vous les livrerez ; le travail de mémoire en sera
facilité.
Faites régulièrement le bilan de tels acquis, on ne progresse qu’ainsi !

La pratique fera très vite monter le niveau d’un étudiant. De la sorte, vous
disposerez d’un authentique savoir, personnalisé … original à terme, qui
sait.

Vous découvrirez sans doute assez vite, si vous procédez comme il vient
d’être recommandé, que ces travaux de synthèses réitérées amélioreront
sensiblement vos capacités de rédaction et d’expression orale : elles
vous formeront à aller à l’essentiel dans le traitement d’une question, d’où
devront procéder les développements demandés - l’art d’écrire et de
parler.
Cette expertise sera déterminante pour vos réussites universitaires,
professionnelles et au delà.

1 La typographie de ce cours souhaite vous aider : concepts essentiels mis en évidence, relations
fondamentales dégagées, séquences des raisonnements mises en exergue.
N’oubliez jamais que vous êtes venus à l’université pour acquérir des
savoirs2, les discuter, les personnaliser, puis dominer leur
présentation. Elle vous donnera, vous vous formerez !

La perspective d’un examen génère toujours un stress .


Il faut surmonter ses paralysies – le plus grand danger, la source des
échecs.
Dans chaque cours, pour s’en affranchir, il n’est qu’un moyen : pour

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reprendre confiance, faites le point régulièrement et honnêtement sur
vos acquis, évaluez-les – redoublez d’efforts au besoin.

2 En termes insistants on pourrait dire qu’il ne suffit pas de comprendre un cours, une conviction
toujours fugace ; il faut savoir – et pour cela savoir analyser et mémoriser.

INTRODUCTION
Ce cours s’attachera à la CONJONCTURE, c’est-à-dire la situation,
présente et anticipée dans la mesure du possible, d’un espace
économique.

Les économistes ont pour charge de penser des causalités


conjoncturelles, c’est-à-dire en offrir (1) la compréhension,
(2) l’élucidation de leurs implications pour les ménages et les entreprises,
(3) la prévision de leurs évolutions,
(4) l’éclairage des débats de société qu’elles sous-tendent,
(5) l’explicitation des rationalités sous-jacentes aux comportements des
agents qui en sont affectés.

Leurs travaux analytiques ne sont jamais d’extrême complexité3.


Néanmoins, leurs conclusions - si rationnels et honnêtes qu’en soient les
auteurs - sont toujours, à des degrés divers, problématiques, souvent
ambivalentes, comme en témoignent les discussions et affrontements qui
les prolongent dans la sphère publique.

Cet enseignement devra d’abord vous familiariser avec le cadre de


raisonnement des économistes et les données statistiques exposant les
grands aspects d’une conjoncture, c’est-à-dire les cadres de la
COMPTABILITÉ NATIONALE conçue et tenue par l’INSEE et
quelques autres organismes. Ceci posé, vous serez mieux à même de
comprendre les informations économiques diffusées dans les médias,
débattues dans la sphère politique, notamment lors des confrontations
électorales.

Une perspective majeure émerge concernant la stabilité


macroéconomique (globale) de nos économies. Les crises financières et
économiques, épidémiologiques, politiques et diplomatiques … que l’on
voit se succéder convainquent de l’acuité de cette interrogation.
Les interventions étatiques et celles des banques centrales, massives de

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longue date, sont-elles des réponses appropriées ?
Les tenants du libéralisme le contestent, supposant des régulations
spontanées stabilisantes du système économique, dénonçant la récurrence
des déficits publics et le niveau inquiétant des dettes publiques. Tout
économiste a pour charge de clarifier ces débats. La tache est difficile, si
l’on veut rester objectif, et les conclusions relatives aux grands
équilibres économiques requièrent d’être incessamment repensées.

A cette fin, le cours portera largement sur les comportements des agents
économiques et leurs rationalités de circonstance, ceux des ménages,
des entreprises, des administrations, des institutions financières, sans
oublier l’étranger que la comptabilité nationale désigne comme le reste
du monde dans la mesure où il noue avec notre pays des relations
d’échanges de biens et services, de productions internationalisées, de
négociations de titres, de transactions sur devises …

L’analyse économique fait naturellement référence à des concepts, des


principes, des mécanismes … mais ceux-ci sont en prise directe sur des
réalités familières à tous, leur compréhension demeurant largement ancrée
dans nos intuitions quotidiennes.

3 Les textes économiques sont beaucoup plus accessibles que les écrits des physiciens quantiques,
des spécialistes de topologie algébrique, des biologistes moléculaires ...

Chapitre I – HISTOIRE ET ACTUALITÉ DE


LA PENSÉE ÉCONOMIQUE
L’histoire de l’analyse économique peut s’exposer, certes à de seules fins
didactiques, en deux temps :
- de la Renaissance au 19ème siècle, deux courants de pensée furent
dominants : le MERCANTILISME puis l’ École CLASSIQUE (d’Adam
Smith à Karl Marx, en passant par Malthus, Ricardo ...)

- depuis les années 1870 : l’ÉCOLE NÉO-CLASSIQUE (L. Walras, S.


Jevons, C. Menger, A. Marshall, I. Fisher) demeure aujourd’hui encore
prépondérante, en dépit d’une contestation KEYNÉSIENNE neutralisée
au travers d’une SYNTHÈSE NÉO-CLASSIQUE (l’intégration des idées
de Keynes au système néo-classique, conçue dans les années 1960 - en
réconciliation ou distorsion ?).

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On ajoutera qu’une pluralité d’auteurs s’individualisent depuis dans ces
contextes ...

I.1 – La pensée économique du 16ème au 19ème siècles

Dans l’Antiquité, puis au Moyen-Age les valeurs sociales ne


correspondaient aucunement aux catégories économiques nous étant à
présent familières.

- Par exemple, à Rome un patricien, un consul … se devait d’organiser


pour la cité des jeux du cirque, qui le conduisaient à des dépenses
considérables que l’on verraient aujourd’hui comme improductives ; il se
souciait de relations étendues de clientèle menant à dispenser des faveurs
et des ressources pécuniaires à un groupe social lui étant lié et témoignant
de son importance civique (clientélisme).

- Dans la société médiévale, l’organisation urbaine du travail relevait de


corporations fixant les salaires, les subordinations envers le maître-
employeur ... L’univers rural était structuré dans un cadre féodal, avec un
système particulier de propriété, de servitudes et taxes. En simplifiant
beaucoup, sans nourrir vraiment d’analyses, on signalerait un univers de
tutelles, de dominations (féodales et cléricales), de relations d’obligations
strictes, et sans doute un faible individualisme tenant à la prégnance de
hiérarchies sociétales …

L’analyse économique émergera à la Renaissance, le début des « Temps


Modernes ». Les développements de la philosophie cartésienne, libérant
des antiques traditions de pensée et savoirs en plaçant sa confiance dans
les capacités rationnelles de l’homme, promotrice de sciences
systématisées, rénovera les mathématiques, la physique … et
ultérieurement l’économie politique4.

A partir du 16ème siècle, progressivement, avec l’extension de


l’humanisme, la diffusion de la culture, la valorisation de la raison … on
admet plus aisément un individualisme, on reconnaît et on poursuit plus
4 F. Quesnay, fondateur en France de l’analyse économique sous Louis XV, sera discipline d’un
cartésien, Malebranche.

assidûment un intérêt personnel ; les décisions se fonderont sur des


principes d’utilité que la théorie économique ne cessera d’affiner, dans un

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souci de cohérences rationnelles, avec recherche d’un intérêt général
devenant quête de sens et souci majeur.

Cette évolution se perçoit aussi dans la pensée politique et la pensée


juridique d’alors, comme vos études vous y sensibiliseront.
Du 16ème au 19ème siècle deux courants de pensée vont entrer en conflit
: le mercantilisme et l’École Classique.

I.1.1 – La théorie économique MERCANTILISTE

Les MERCANTILISTES vont développer, aux 16ème et 17ème siècles,


une réflexion sur les intérêts d’une nation5, tels que son État doit les
servir : la puissance politique et militaire d’un pays était perçue
dépendante des quantités de métaux précieux que l’on a pu y attirer ;
ceux-ci dispensent la richesse, assurent la suprématie diplomatique, la
force militaire, le prestige du souverain …

La croissance économique est au service de la puissance du monarque ; le


commerce international qui la promeut, focalise désormais l’attention.

Concrètement, pour notre pays, il s’agissait d’attirer l’or prélevé par les
pays ibériques au NouveauMonde, qui s’était ensuite diffusé dans
l’Europe entière, en favorisant les ventes de marchandises françaises,
donc par le développement de nos EXPORTATIONS.

Ces ambitions se retrouvaient dans les grands pays européens.

L’objectif de la politique économique s’identifiait ainsi à un excédent de


la BALANCE COMMERCIALE : plus d’exportations que
d’importations, c’est-à-dire plus de sorties que d’entrées de marchandises,
donc plus d’entrées que de sorties d’or en paiements.

Ces politiques furent à ce point efficaces que l’or ramené des Amériques
se retrouva très vite hors des pays ibériques.

La réussite de ces ambitions de commerce international supposait


- de freiner les importations en TAXANT les produits étrangers pouvant
entrer sur notre sol,

- de stimuler les ventes à l’étranger en produisant en abondance des


denrées commercialisables à l’extérieur : on engageait à cette fin des

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POLITIQUES MANUFACTURIÈRES6 qu’illustrèrent la création
étatique de firmes publiques (la Tapisserie des Gobelins, par exemple), de
chantiers navals ... en bref ce que l’on dénomma le COLBERTISME (du
nom du grand ministre de Louis XIV). Une large part de l’économie était
gouvernée et structurée par la puissance publique.
5 L’idée de « nation » ne cessera d’évoluer - s’affinant particulièrement au 19ème siècle - jusqu’à
nos jours.
6 On parlerait aujourd’hui de POLITIQUES INDUSTRIELLES : une impulsion engagée par
l’État en faveur des entreprises impliquées dans le commerce international, correspondant à une
ambition nationale.
Toutefois, les règles libérales de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) perçoivent
aujourd’hui ces interventions publiques comme des initiatives perturbant le jeu des concurrences,
sources de leurs distorsions et impliquant des rétorsions finissant par contrarier l’expansion des
échanges entre pays : subventionner ses entreprises, leur réserver les commandes publiques est
prohibé par l’OMC. Les idées-maîtresses : le développement du commerce international est
indispensable à la croissance mondiale ; les pays puissants ne devraient pas abuser de leur
position dominante.

Néanmoins, ces politiques se révélèrent moins efficaces et plus


problématiques qu’il n’était attendu. On s’en tiendra à trois
observations :

a/ Colbert en cherchant à favoriser le commerce textile français


(l’exportation de nos toiles) décida de taxer les draps que l’Angleterre et
les Pays-Bas s’efforçaient de commercialiser en France. Il adopta une
telle décision en dépit de l’opposition du Parlement de Bretagne – en
charge d’une région rendue extrêmement prospère par ses exportations
textiles, comme en témoigne la superbe architecture de la province
bretonne du Léon7 au 17ème siècle8 qui redoutait des mesures de
rétorsion.

Naturellement, comme il n’était que trop prévisible, les toiles bretonnes


furent taxées en retour en Angleterre et aux Pays-Bas et elles perdirent
leurs débouchés dans ces deux pays : cette province s’appauvrit très vite
et sombra dans un dénuement dont elle n’émergea que dans les années
1960.

b/ Les années climatiquement rudes précédant la Révolution française,


voyaient un moindre rendement des récoltes agricoles, notamment des
productions de blé ; des famines9 s’ensuivaient accompagnées alors de
fortes augmentation de la mortalité. Fallait-il favoriser les importations
de blé étranger ? Cette proposition allait à l’encontre des préceptes
mercantilistes10.

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c/ Des entrées massives d’or dans un pays ne sont pas sans conséquence :
dans la péninsule ibérique, l’abondance monétaire liée à la prédation des
Amériques fut l’origine d’une montée des prix faisant perdre aux
produits espagnols et portugais toute compétitivité.

Par suite, ces économies furent envahies par les biens venus du reste de
l’Europe (moins chers) et se montrèrent inaptes à y exporter, ce qui les
conduisit à freiner leurs productions (trop chères). L’or ibérique gagna les
autres pays européens où il se répandit très vite.
L’Espagne et le Portugal après s’être fabuleusement enrichis par la
prédation des Amériques, se trouvèrent en marasme économique, pour de
longs siècles.
La question devait être soulevée, relative aux inconvénients d’un
excédent commercial.
7 L’extrême nord-ouest de cette région.
8 Les enclos religieux bretons, dans la province du Léon, témoignent par leur architecture et leurs
ornements de l’enrichissement de cette province avant l’erreur fiscale de Colbert.
9 Des négociants amassaient alors les grains pour en faire monter les cours, des spéculations
éhontées accentuant les difficultés d’alimentation : le « problème des farines », d’une acuité
considérable avant 1789.
10 Elle menait à réduire ou supprimer les taxes sur les importations et à admettre les sorties d’or
accompagnant ces entrées de blés étrangers.

On retiendra une relation majeure, perçue dès le 16ème siècle : une


AUGMENTATION DE LA QUANTITÉ DE MONNAIE EN
CIRCULATION (à l’époque, les pièces d’or11 et d’argent) aura comme
conséquence, toutes choses égales par ailleurs12, une montée de
l’INFLATION.

Nous sommes en présence de la THÉORIE QUANTITATIVE DE LA


MONNAIE : elle s’exprime par l’équation M×V=P×Y
formule très simple, n’impliquant aucun calcul :
+ Y étant le PIB et P le niveau général des prix, l’expression P×Y
correspondra au PIB en valeur ,c’est-à-dire les productions nationales
pondérées par leurs prix ;

+ M étant la MASSE MONÉTAIRE (la quantité de monnaie,


essentiellement en pièces d’or et d’argent, disponible pour les achats et
les ventes) et V la vitesse de circulation d’une unité de monnaie (le
nombre de fois où une même unité de monnaie intervient en moyenne
dans les transactions, compte tenu des habitudes de paiements), M×V
représentera une dynamique monétaire.

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La partie gauche de l’équation P×Y est liée au montant des transactions
sur biens et services ; le membre de droite M×V présente, en contrepartie,
un amas monétaire circulant.
On saisit arithmétiquement et intuitivement qu’une augmentation de M
aura comme effet une montée de P puisque la production Y comme la
vitesse V sont bien moins réactives.
Par suite, on déduit de l’équation M×V=P×Y que si M double, toutes
choses égales par ailleurs, c’est-à-dire V et Y étant des données
demeurant inchangées13, alors P doublera.

Cette relation est au principe des politiques monétaires contemporaine :


depuis les années 1970, chaque banque centrale veille à limiter la
progression de la masse monétaire puisque celle-ci est ainsi un facteur
permissif d’inflation.

Concrètement, une banque centrale pour y parvenir relève ses taux


directeurs. On l’examinera bientôt. La mise en cause rationalisée du
mercantilisme fut constitutive de la théorie CLASSIQUE.
11 Naguère, la Masse Monétaire correspondait aux pièces d’or, d’argent, ou d’alliages de peu de
valeur, circulant dans une économie.
Aujourd’hui la Masse Monétaire (au sens de l’Agrégat M1 tel que défini par les banques
centrales) regroupe nos divers instruments de paiements : les billets et les pièces en circulation
dans une économie, ainsi que les dépôts détenus en comptes à vue auprès des banques pour servir
aux divers règlements par l’intermédiaire des chèques et des cartes bancaires. Il s’agit simplement
de l’ensemble des moyens de paiement utilisés dans les transactions entre agents. Une banque
centrale connaît évidemment la quantité de pièces et de billets ayant été mis en circulation ; elle
collecte les situations comptables hebdomadaires (et les bilans annuels) des diverses banques,
sachant ainsi le montant des dépôts à vue de chacune d’elles ; elle n’a plus qu’à additionner ces
divers montants pour mesurer la Masse Monétaire.

12 Cette expression correspond au latin ceteris paribus qui évoque un « contexte par ailleurs
inchangé ».
13 La vitesse de circulation de la monnaie est assez invariante (on peut comprendre,
intuitivement, qu’il s’agit du rythme auquel une pièce passe de mains en mains ou de la fréquence
d’usage des cartes bancaires et des chèques) ; on peut supposer que Y est une donnée exogène
(non influencée par des variations de M, P ou V) : on est dans le cadre « toutes choses égales
(c’est-à-dire inchangées) par ailleurs »,

I.1.2 – La théorie économique CLASSIQUE

(a) En France, la PHYSIOCRATIE, menée par F. QUESNAY et A.


TURGOT (ministre de Louis XVI), s’est efforcée de présenter le système
économique comme un circuit débutant par des investissements (appelés
alors avances) mettant des terres en état de produire et se prolongeant par
des retours financiers permettant de reconduire ceux-ci.

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Cette analyse - privilégiant le secteur agricole14 - se revendiquait d’un
LIBÉRALISME qu’elle s’efforçait de définir au mieux, s’affirmant
adverse aux thèses mercantilistes en prônant la liberté du commerce
international, le freinage des dépenses de l’État15, la limitation
concomitante de l’impôt, la réduction des interventions de l’État.

(b) En Angleterre, Adam SMITH allait poser les premières bases solides
de la théorie économique avec son ouvrage majeur Recherches sur la
nature et les causes de la Richesse des Nations (1776). Ses apports
peuvent être sommairement recensés ainsi :

+ Une approche de la VALEUR D’UN BIEN rapportée au temps de


travail nécessaire pour le produire, donc exclusivement aux coûts de
production, aux conditions de son offre. Comme la demande des biens
n’est pas prise en compte, les valeurs des biens ne correspondront pas à
leurs prix.

+ La prise en compte de la DIVISION DU TRAVAIL au sein d’une


entreprise productive : décomposer les taches en attribuant chacune aux
personnels qualifiés permet des gains de productivité, une amélioration
des rendements.

+ Une vue de la RÉPARTITION DU REVENU NATIONAL entre


revenus du travail (salaires), revenus du capital (profits) et revenus des
terres (rentes foncières)

+ Des CONVICTIONS LIBÉRALES : l’État devrait limiter ses


interventions économiques ; chaque entreprise recherchant les actions lui
étant les plus avantageuses, qu’elle est plus apte que tout autre à
identifier, l’intérêt général sera servi au mieux : thèse fameuse de la «
MAIN INVISIBLE » d’Adam Smith, parallèle ou substituée à l’idée de «
PROVIDENCE DIVINE », prônant le « LAISSER-FAIRE », une
intervention minimale de la puissance publique dans son système
économique.

Si l’intérêt général est compris comme la prospérité, peut-être cette thèse


serait-elle recevable, bien qu’on voie mal comment la légitimer par un
raisonnement.
Si l’intérêt général intègre aussi le bien-être de tous et de chacun,
l’aisance partagée ... alors les inégalités constatées, au 18ème siècle
comme de nos jours, iraient sans doute à son encontre.

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Il est intéressant pour un juriste de relever que le libéralisme n’exclut
pas néanmoins des régulations donnant un cadre légal à divers
secteurs : notamment,
14 Le secteur agricole était encore prédominant en France au 18ème siècle.
L’Angleterre avait réalisé sa révolution agricole, un regroupement des parcelles cultivées pour
améliorer les rendements, ce qui permettait une réduction du prix des farines ; par suite s’y opérait
un transfert de la main d’œuvre vers les villes et leurs manufactures, où les salaires pouvaient être
modestes au regard du prix des pains : un avantage décisif pour le système industriel britannique
qui sur-performait à l’exportation.

15 Turgot avait vivement prôné la réduction drastique des dépenses de la cour, qu’il estimait
improductives.
- les législations financières souhaitées par les banques16 et les marchés
financiers, donnant un cadre juridique à leurs activités,
- le droit du travail,
- le droit de la concurrence qui régit – au niveau des instances
européennes - la concentration des entreprises,

- la loi sur les régulations économiques - propre à notre pays, votée en


2001 - se présente comme (1) une régulation financière, (2) une
régulation de la concurrence, (3) une régulation de l’entreprise.

De nos jours l’État agit aussi massivement par des transferts de revenus,
des allocations, des subventions ... dont le principe et la nécessité ne sont
contestés par personne.
+ Une LIBERTÉ DES ÉCHANGES INTERNATIONAUX : il s’agit
pour les économistes classiques ne pas les freiner par des taxes diverses.

Chaque économie aura intérêt à se SPÉCIALISER dans les productions


qui lui vaudraient un avantage comparativement à d’autres économies :
ainsi, pour reprendre une référence d’A. Smith, le Portugal se
spécialiserait dans la production de vins et l’Angleterre dans celles des
toiles, leurs échanges étant favorables aux deux pays et devenant facteurs
de leurs croissances – l’idée d’un PROGRÈS mondialement partagé par
l’expansion du commerce international.

(c) Les analyses de Smith allaient être reprises par de multiples auteurs
jusqu’au terme du 19ème siècle, tels Malthus, Ricardo …

Karl Marx allait s’en inspirer en centrant ses raisonnements sur la


domination du TRAVAIL par le CAPITAL et en ajoutant l’idée
d’EXPLOITATION. Les concurrences entre entreprises seraient appelées

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à s’aviver17 du fait d’une baisse tendancielle des rendements et des profits
; il s’ensuivrait une forte mortalité des firmes les moins compétitives ; par
suite, l’exploitation des salariés pour le maintien des profits –
concrètement, les payer le moins possible, le paupérisme se renforcerait
jusqu’à en devenir insupportable : le système capitaliste serait promis à
l’extinction.

La pensée économique dite « CLASSIQUE » est certes datée, relative aux


18ème et 19 siècles, le monde ayant beaucoup changé depuis. Pourtant,
dans sa diversité, elle a posé des assises de réflexion demeurant d’une
grande importance.
16 Les règles dites « Bâle III » qui encadrent légalement les activités bancaires, sur des bases
internationalisées, ont été édictées par la Banque des Règlements Internationaux (siégeant en
Suisse) en coopérations étroites avec les établissements bancaires.

17 Émile Zola dans son roman Au Bonheur des Dames (1883), traitant de l’essor d’un grand
magasin, destructeur des petits commerces de son environnement, témoigne des connaissances que
l’on pouvait avoir des concurrences dans les années 1880, époque de rédaction par K. Marx de son
plus grand ouvrage, Le Capital. Peut-être a-t-il été plus attentif et précis que K. Marx ?

I.2 – La pensée économique NÉO-CLASSIQUE

Vers 1870, trois auteurs de nationalités différentes et travaillant sans


concertation, le français Léon WALRAS, l’anglais William S. JEVONS et
l’autrichien Carl MENGER, allaient rénover les thèses classiques : l’école
qui émergea de leurs recherches se désigne comme NÉO-CLASSIQUE18.

Ses contributions peuvent être présentées de la façon suivante:

+ Une analyse de la VALEUR D’UN BIEN rapportée à son UTILITÉ,


déterminant l’intensité de sa demande, et à sa RARETÉ, donc au volume
de son offre.
Demande et offre des biens étant prises en compte, les valeurs
correspondront aux prix de marché.

+ La structure économique sera à l’ ÉQUILIBRE lorsque chaque


marché est à l’équilibre : le prix ajuste les offres et les demandes sur un
marché, situation d’ÉQUILIBRE PARTIEL ; l’équilibre sur tous les
marchés correspond à l’ÉQUILIBRE GÉNÉRAL.

+ Au sein de chaque entreprise, la production d’un bien fait appel à divers


FACTEURS DE PRODUCTION, notamment le facteur TRAVAIL, le

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facteur CAPITAL (les équipements) et le PROGRÈS
TECHNOLOGIQUE.

Elle peut se réaliser

- en CONCURRENCE PURE ET PARFAITE (CPP) : de multiples


entreprises rivalisent par leurs prix ; elles sont supposées ne pas pouvoir
influencer le prix qui en sera ultimement la résultante (chacune d’elles est
price-taker) ; un contexte favorable aux consommateurs.

- en MONOPOLE : une seule entreprise produit pour servir la demande


du bien ; elle est libre de fixer le PRIX lui convenant (elle est price-
maker) et elle optera pour celui maximisant ses profits selon la demande
correspondant aux prix et selon ses coûts de production ;

- en OLIGOPOLE : plusieurs entreprises produisent un bien ; elles


peuvent rivaliser, coopérer voire former un cartel collusif.

+ L’offre et la demande de TRAVAIL s’équilibrent sur un marché


spécifique par un prix de ce facteur de production, qui est le salaire.
En CPP le prix de chaque facteur de production (dont le salaire) sera
déterminé par la contribution de chacun d’entre-eux à la production de
son entreprise.

+ La RÉTRIBUTION de chaque facteur de production est censée


dépendre de sa contribution productive (sa productivité marginale)
+ Des CONVICTIONS LIBÉRALES : l’État devrait limiter ses
interventions économiques ; l’idée smithienne de la « MAIN
INVISIBLE » est reprise.
+ Une LIBERTÉ DES ÉCHANGES INTERNATIONAUX : ne pas les
freiner par des taxes diverses et encourager le commerce mondial est
perçu comme une nécessité.
18 Dans notre pays on la présente souvent en rupture prononcée avec les analyses classiques ; dans
les pays anglo-saxons elle est vue comme leur prolongement et renouvellement.

I.3 - La pensée économique KEYNÉSIENNE

John M. Keynes dans les années 1930 avait tiré les leçons de la grande
DÉFLATION (chute de l’activité économique et recul des prix) qui partie
d’une crise boursière aux États-Unis, occasionnant un effondrement de la
demande, s’était diffusée planétairement : constatant qu’elle perdurait,

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s’appuyant sur l’expérience américaine du New Deal19, il avait mis en
cause les thèses libérales contraires à l’intervention de l’État.

La déflation tenant à une INSUFFISANCE DE DEMANDE il avait


prôné dans son grand ouvrage La Théorie Générale de l’Emploi, de
l’Intérêt et de la Monnaie (1936) une relance par augmentation des
dépenses publiques, correspondant à des distributions de revenus dans la
nation pour renforcer les ventes des entreprises, la programmation de
grands travaux, avec acceptation d’un déficit du budget de l’État
(dépenses supérieures aux recettes fiscales).
Une justification théorique de l’usage de la POLITIQUE
BUDGÉTAIRE.

Keynes avait insisté sur les crises récurrentes et persistantes et avait


opposé aux régulations spontanées du système économique - credo des
néo-classiques, qui requérait la longue période - les tensions persistantes
de court terme.

Toutefois, Keynes avait donné à penser que les effets de la politique


budgétaire étaient aisément prévisibles, son efficacité garantie … Cet
optimisme allait se trouver démenti par les faits.

Ainsi, en dépit de cette réaction vigoureuse remontant à 1933 le chômage


ne cessa d’être un problème aux États-Unis que dans les années 1940, lors
de l’entrée en guerre qui nécessita des recrutements massifs dans les
services de défense.

De son côté, notre pays est en déficit budgétaire depuis le milieu des
années 1970 ; l’État relance chaque année sans que notre croissance soit
garantie et que le chômage cesse d’être une grande préoccupation.
L’endettement désormais abyssal de l’État français20 est une source
d’inquiétudes considérables, à ce point préoccupant que notre politique
budgétaire cède ses marges de manœuvre.
Le keynésianisme a beaucoup perdu en crédibilité.

I.4 - Les préoccupations contemporaines

Au début des années 1930 un économiste néo-classique de premier rang,


Irving Fisher, allait développer une autre analyse de la crise de 1930, dans
un article intitulé La Déflation par l’Endettement. Son raisonnement
insistait plutôt sur les tensions subies par l’offre au long des années de

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crise, à l’encontre de l’approche keynésienne attribuant leurs
développements exclusivement à une insuffisance de demande.
19 Le New deal, politique de relance mise en œuvre par l’Administration de F.D. Roosevelt, avait
été conçu en 1933 par des économistes américains du Baromètre de Harvard (aujourd’hui le
National Board for Economic Research, NBER). Il s’agissait de travaux d’infrastructures, d’un
soutien des revenus, de réglementations financières très strictes. Donc une action à la fois sur
l’offre et la demande.
Telle fut la source d’inspiration de J.M. Keynes qui s’en tint néanmoins aux seuls aspects
concernant la demande.

20 A côté de la dette de l’État (111.6 % de notre PIB à la fin 2022), il ne faut pas oublier la dette
privée, celle des entreprises (162 % de notre PIB si l’on tient compte des dettes inter-entreprises -
les délais de paiements - la moyenne européenne étant de 105%).

Selon Fisher les entreprises confrontées à la crise, en pénuries de


demandes21, s’étaient concurrencées par des baisses de prix ; la chute de
leurs chiffres d’affaires qui en résultait, les avait obligées à s’endetter ; or
le recul des prix accroît le poids des charges d’une dette, comme un
prochain chapitre l’explicitera ; la situation financière des firmes
s’aggravait, ce qui les menait à se concurrencer davantage et à accroître
leur endettement …

En bref, une spirale déflationniste, sans mécanisme auto-correcteur.


I. Fisher était un néo-classique n’occultant pas les incidences violentes
des tensions, donc le court terme, et mettant en doute le rééquilibrage
automatique d’une économie.

Les contraintes pesant sur les entreprises, leurs politiques concurrentielles


et d’endettement, donc des PROBLÈMES D’OFFRE, étaient au cœur
de l’examen conjoncturel de Fisher.
Aucun mécanisme régulateur n’apparaissait. Une intervention de l’État
n’était plus à exclure.

Un soutien de la demande, de type New Deal, permettant de regonfler les


chiffres d’affaires des entreprises, ne heurtait plus cet auteur libéral ; mais
il souhaitait aussi que l’on veille aux excès possibles de l’endettement des
entreprises.

La pensée d’I. Fisher est resurgie, puissamment, depuis la crise de 2008.


Bien d’autres considérations se retrouvent dans les travaux des
économistes contemporains, qu’il n’est pas envisageable de détailler dans
ce cours.
A la suite de ces perspectives historiques, nous allons aborder le grand

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problème de l’heure, les craintes de STAGFLATION, ce concept devant
être soigneusement explicité.
21 Concrètement, leurs carnets de commandes étaient vides.

Chapitre II – LA CRAINTE
CONTEMPORAINE DE STAGFLATION
Commençons par évoquer l’aspect majeur de la conjoncture actuelle, qui
peut se présenter en trois facettes22.

- Depuis la crise du COVID la conjoncture économique est caractérisée


par une montée des prix, qui correspond à un RETOUR DE
L’INFLATION, inattendu, ayant surpris – de leurs propres aveux – les
gouvernements, les banques centrales, les organismes internationaux
(Union Européenne, OCDE, FMI …), qui ont dû confesser des erreurs de
prévisions de prix.

- Les BANQUES CENTRALES ont pris en charge la lutte contre la


montée des prix.
- On peut s’interroger sur leur capacité en ce domaine, voire craindre que
leurs interventions ne soient sources à terme d’un RECUL DE
L’ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE.

II.1 – L’analyse conceptuelle

L’analyse devra se focaliser sur un triplet de concepts-clés :


l’INFLATION, la DÉFLATION et la STAGFLATION.
La déflation a été la grande crainte de notre pays entre la crise
financière de 2008 et la pandémie de covid en 2020.
L’inflation est l’élément essentiel de la conjoncture post-covid.
On redoute aujourd’hui une stagflation.

● L’INFLATION désigne la montée des prix des biens produits pour


être proposés aux acquéreurs, donc aux ménages, aux entreprises, à
l’État et aux administrations, au reste-dumonde.

Vous faites chaque jour l’expérience pénible de la hausse des prix de


presque tous les biens que vous souhaiteriez acquérir. Ce phénomène
vous est, malheureusement, des plus familiers. Chacun s’interroge
d’ailleurs quotidiennement : est-il plus raisonnable d’acheter au plus tôt

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tel bien23 ou de différer son acquisition, dans un contexte d’élévation des
prix ?

De leur côté, les entreprises subissent l’envol des coûts de tous les biens
qu’elles doivent acquérir pour produire24 … et elles sont obligées, comme
vous le savez, de relever leurs prix de vente, mais aussi, en contrepartie,
les rémunérations de leurs salariés - afin qu’ils ne perdent pas trop en
POUVOIR D’ACHAT - ce qui alourdit encore leurs coûts de production,
les contraignant à des hausses de prix … Cette inflation s’auto-
entretient, en s’approfondissant dans la durée !
22 On vous suggère de mémoriser ceci pour structurer les connaissances proposées au fil des
premiers chapitres de ce cours.
23 Qu’il s’agisse d’un ordinateur, d’une voiture - des biens dits « durables » - ou d’un logement -
un bien « immobilier » ...
24 Des matières premières, des biens intermédiaires, de l’énergie, des machines-outils …

● La DÉFLATION correspond
(1) à une baisse des prix,

(2) mais aussi à un recul de la production de biens puisque LES PRIX


DIMINUENT QUAND LA DEMANDE S’ÉTIOLE ce dont les entreprises
tiennent compte en amenuisant leurs plans de production, donc

- en réduisant leurs investissements (dépenses en bâtiments d’usines et


d’agences, équipements en machines-outils, logiciels, matériels de
bureaux, véhicules de transport et logistique ...),
- en limitant leurs acquisitions de matières premières ...
- et en recrutant moins de salariés.
Une économie entre en RÉCESSION quand le rythme de progression
de la production fléchit sensiblement, avec crainte d’une extension du
chômage.
Une situation conjuguant récession (recul de l’activité économique des
entreprises) et baisse des prix correspond donc à une DÉFLATION.
● La STAGFLATION désigne une conjoncture marquée par une
stagnation de l’activité (son maintien à un faible niveau) et par une
montée des prix (inflation).

Aujourd’hui on craint que notre pays entre en stagflation, comme


l’énonçait à la mi-septembre 2023 le quotidien économique le plus diffusé
en France, en première page pour bien signifier l’importance de ce
problème

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Pour évoquer un risque de stagflation il faut anticiper une activité
économique déprimée et une montée des prix.
Leurs « coûts de production » intègrent aussi la masse des salaires versés au personnel, les impôts
...
De telles projections sont le souci des salariés, des entreprises, des
gouvernements, de l’État. Les économistes prennent en charge ce travail.
TOUTES LES DÉCISIONS D’UNE ENTREPRISE SONT
ÉLABORÉES SUR LA BASE DE PRÉVISIONS DE PRIX :

- comment évolueront les coûts de production (prix des matières


premières, de l’énergie, des investissements et salaires) sur la période
future (qui, selon le cas, s’envisagera à horizon de quelques mois ou de
plusieurs années) ?

- A quel prix pourra-t-on commercialiser les productions futures, au


regard de la plus ou moins grande intensité de leurs demandes ?
- Quelles augmentations de salaires (le prix du travail) faudra-t-il
accorder ?
- L’évolution des prix affectant les taux d’intérêt, détermine aussi
l’importance du recours des firmes aux crédits bancaires.
Dans les chapitres suivants on examinera successivement l’INFLATION
et l’ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE (mesurée par le taux de croissance du
PIB) envisagées en ce moment dans notre pays.

II.2 – La dynamique de DÉFLATION

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Une déflation procède d’une interprétation par les entreprises d’un
mouvement de baisse des prix.

Rapportons-nous, par simple commodité, au fonctionnement d’un marché


d’enchères (une salle des ventes).
Le coteur propose un prix et enregistre les offres et les demandes des
participants : si les demandes excèdent les offres, il proposera un prix plus
élevé afin de réduire les premières et de stimuler les secondes. Il
poursuivra jusqu’à l’identification d’un PRIX assurant l’égalité des
offres et des demandes : l’ÉQUILIBRE DU MARCHÉ ; les
transactions sont passées à ce prix.

Ainsi sur un marché le rôle du PRIX est d’ajuster les offres et les
demandes.

Un mouvement de prix correspondra ensuite à un nouvel ajustement des


offres et demandes : on dira en simplifiant qu’une baisse de prix traduira
- une baisse de la demande si l’offre n’a pas varié,
- une hausse de l’offre si la demande ne s’est pas infléchie,
- de manière plus générale, une progression de la demande moindre que
celle de l’offre.

Une baisse du niveau général des prix fournit ainsi aux entreprises un
SIGNAL de demande déprimée, les incitant à ne pas accroître ou même à
réduire leurs capacités productives.
Il en résulte la définition logique de la DÉFLATION : baisse des prix et
du niveau de production (du taux de croissance).

II.3 - Les informations du Tableau Économique d’Ensemble


établi par l’INSEE

L’INSEE publie chaque année un TABLEAU ÉCONOMIQUE


D’ENSEMBLE précisant les grands postes représentatifs de l’état de
l’économie française.
Un prochain cours l’explicitera.

Le Tableau Économique d’Ensemble des Comptes de la Nation -


INSEE

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Un premier commentaire de ces informations sera donné :

➢ Effet de la fermeture des entreprises, des commerces et des


administrations liée à la pandémie, en 2020, le PIB (mesure des
productions de nos entreprises) a régressé de 7.5 % ; un rattrapage
s’est opéré en 2021 avec sa progression de 6.4 %.

➢ Sa croissance en 2022 n’a pas excédé 2.5 % ; cette progression


s’explique majoritairement (à hauteur de 1.7 %) par la reprise de la
consommation des ménages, ce qu’enseigne la colonne de droite du
tableau, faisant état des contributions à la croissance du PIB.

➢ Cette même année 2022 nos importations se sont accrues de 8.6 %,


nos exportations de 7.1 %. Ces chiffres révèlent la dynamique de
l’intégration de notre économie à l’échange international.

➢ On apprend sur ce tableau que notre PIB en valeur atteignait 2639.1


milliards d’euros en 2022, pour 1017.7 milliards € d’importations
(achats de biens étrangers) et 915.4 milliards d’euros d’exportations (les
ventes de nos produits à l’étranger) : l’importance de nos négoces avec le
reste-du-monde est flagrante.

➢ On sera attentif au fait que l’inflation, la montée des prix des biens
produits chez nous, correspond à une PERTE DE COMPÉTITIVITÉ
de nos productions : une inflation plus forte chez nous que chez nos
partenaires commerciaux étrangers induira un recul de nos exportations
(nos entreprises perdront des parts de marché dans les pays où elles
s’efforcent de vendre) et une progression de nos importations (nos
entreprises perdront des parts de marché sur notre territoire national).

➢ Le très fort recul de ces deux agrégats en 2020 (respectivement -12.3


% et -16.9 %) signale bien l’impact dépressif sur le commerce
international de la crise du covid.
L’inflation étant l’origine des soucis de stagflation, notre attention va s’y
porter au fil des prochains chapitres.

Chapitre III - L’INFLATION


La conjoncture mondiale présente est caractérisée par une forte montée
des prix, subie douloureusement par les populations sur l’ensemble de la

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planète.

Il faut examiner successivement l’inflation constatée à ce jour et celle


anticipée (avec plus ou moins de plausibilité) par les économistes des
organismes25 en charge du suivi de la conjoncture, souvent appelée à être
révisée, au regard de la difficulté de l’exercice.

III.1 – La mesure du NIVEAU GÉNÉRAL DES PRIX

Nous sommes tous confrontés aux prix des biens alimentaires, des
services (nos recours aux coiffeurs, aux garagistes, aux transports, aux
abonnements téléphoniques, aux divertissements …), des téléphones ou
des ordinateurs, des automobiles, des loyers, de l’immobilier … Nous
avons tous constatés qu’ils ont sensiblement augmenté au cours des
derniers mois : ce phénomène bien concret car vécu, si aisé à percevoir,
est appelé INFLATION.

Mais il importe d’en donner une mesure pour cerner son ampleur et
disposer de son suivi !
Illustration : l’évolution mesurée du prix d’un unique bien

Supposons qu’un bien coûte 100 € ; s’il s’achète 112 € un an après (il est
12 € plus cher) on dira que son prix a augmenté de 12 % : le calcul est le
suivant112−100= 12 =12 %=0.12(12100 100 pourcents, 12 pour 100).

Supposons qu’un bien coûte 10 € ; s’il s’achète 11 € un an après (il est 1


€ plus cher) on dira que son prix a augmenté de 10 % : le calcul est le
suivant11−10= 1 =10 %=0.1(10 pourcents,10 10
10 pour 100).
Supposons qu’un bien coûte 100 € ; si son prix augmente de 12 %= 12
=0.12en une année il100

atteindra donc 112 € : le calcul est le suivant 100×1.12=112.


Supposons qu’un bien coûte 10 € ; si son prix augmente de 12 % en une
année il atteindra donc 11.2 € : le calcul est le suivant 10×1.12=11.2.
25 Il pourra s’agir de l’Institut de la Statistique et des Études Économiques (INSEE), de la
Banque Centrale Européenne (BCE), de l’Observatoire Français des Conjonctures
Économiques (OFCE), du Ministère de l’Économie et des Finances, du Fonds Monétaire
International (FMI), de l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques
(OCDE) …
Leurs prévisions serviront aussi de base à l’élaboration de la LOI DE FINANCE (le budget de

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l’État, ses recettes et dépenses, donc son solde), documents transmis aux parlementaires lors de
son examen et de son vote à l’Assemblée Nationale et au Sénat, comme on vous le précisera
ultérieurement dans vos cours de Finances Publiques. Les économistes et juristes spécialistes de
cette discipline, les députés et sénateurs, les politiques, les citoyens avertis … doivent être aptes à
questionner ces prévisions pour apprécier la « sincérité » de la Loi de Finance requise par notre
CONSTITUTION. Ainsi, des prévisions trop optimistes de croissance de l’activité économique
induiront une sur-estimation des rentrées fiscales, donc une prévision de solde budgétaire (de très
longue date en déficit dans notre pays) fallacieuse.

Au niveau national, il faut raisonner sur le mouvement des prix d’un


ensemble de biens (on parlera d’un « panier » de biens).
Selon les besoins de l’analyse, il pourra correspondre

☐ à l’ensemble de tous les biens produits par les entreprises de notre pays
: le montant de cette production est donné par le PRODUIT
INTÉRIEUR BRUT français (PIB), noté usuellement Y dans les
modèles des économistes ;

☐ à l’ensemble de tous les biens produits pour la seule consommation des


ménages dans notre pays : le montant de cette production correspond à la
CONSOMMATION française, notée C ;

☐ à l’ensemble de tous les biens produits pour le seul investissement des


entreprises dans notre pays (bâtiments d’usines, équipements en
machines, logiciels ...) : le montant de cette production correspond à
l’INVESTISSEMENT français, noté I ;

☐ à l’ensemble de tous les biens produits pour les investissements et le


fonctionnement des administrations dans notre pays : le montant de cette
production correspond aux DÉPENSES PUBLIQUES françaises, celles
de l’État26, notées G ;

☐ à l’ensemble de tous les biens produits en France pour satisfaire la


demande des pays étrangers : le montant de cette production
commercialisable à l’extérieur correspond aux EXPORTATIONS
françaises, notées X ;

☐ à l’ensemble de tous les biens produits à l’étranger pour satisfaire la


demande des français : le montant de cette production correspond aux
IMPORTATIONS françaises (des voitures, de l’électro-ménager, des
téléphones, des ordinateurs, des logiciels, des disques, de l’habillement
...), notées M.

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☐ Toutefois, des centaines de milliers de biens différents sont produits et
disponibles dans notre pays, un ménage (une famille, voire une personne
seule27) ne consommant qu’un nombre limité d’entre-eux.
L’INSEE28 a établi une liste de quelques centaines d’articles29 considérés
comme le panier de consommation courante d’un ménage français de
la « classe moyenne », actualisé et retouché chaque année pour coller aux
évolutions sociologiques, et l’évolution de son prix est suivi de mois en
mois : il s’agit de l’INDICE DES PRIX À LA CONSOMMATION (IPC).
On réserve à cette statistique de prix l’expression « indice du coût de la
vie » et son taux de croissance est présenté comme exprimant le
mouvement du POUVOIR D’ACHAT d’un ménage30 français, plus
spécifiquement désigné comme « taux d’inflation » puisqu’il est celui
concernant l’ensemble de nos concitoyens, largement diffusé dans les
médias.
26 Vous l’étudierez en cours de Finances Publiques.
27 On appelle MÉNAGE en Comptabilité Nationale toute « unité de consommation » : une famille
constituée d’un ou de plusieurs membres.
28 Des syndicats ont élaborés d’autres paniers représentatifs des consommations d’un ménage
moyen. L’écart entre ces taux et celui de l’INSEE n’est guère marqué.
29 Ce panier inclut des produits alimentaires, des produits manufacturés, des services, l’énergie,
mais il exclut notamment la consommation de tabac afin que l’État puisse moduler les taxes
frappant et renchérissant donc cette denrée, sans s’inquiéter des incidences sur la mesure du coût
de la vie.
30 Le taux d’inflation publié chaque mois par l’INSEE se rapporte à cet indice restreint plutôt
qu’au prix PC de l’ensemble complet des biens destinés à la consommation des ménages.

A tous les ensembles de biens évoqués ci-dessus, désignés comme les


grands AGRÉGATS de la COMPTABILITÉ NATIONALE française,
associés chacun à une catégorie précise d’agents31, on associera leur prix
moyen :

Ensembles de biens Y (agents concernés)


Prix associés PY

M C I G X (étranger) (ménages) (entreprises) (État) (étranger)


PM PC PI PG PX Biens OFFERTS en France Biens DEMANDÉS en
France

Une relation évidente lie ces six grandeurs :


- les biens disponibles (proposés, offerts) sur notre sol correspondent à
ceux qui y ont été produits (le PIB, Y) ou qui sont venus de l’étranger (les
importations, M)

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- ils font l’objet d’une demande par les ménages (la consommation, C),
par les entreprises (l’investissement, I), les administrations (les dépenses
publiques, G) et par l’étranger (les exportations françaises, X).

On peut donc écrire (équation fondamentale supportant toute notre


COMPTABILITÉ NATIONALE32, dite du « partage de l’offre » entre les
quatre grandes composantes de la demande) la relation liant ces six
AGRÉGATS33

OFFRE Y + M = C + I + G + X DEMANDE
A chaque agrégat correspond le niveau moyen des prix des biens qui en
relèvent.
Sur chaque agrégat on peut alors raisonner « en volume » ou en «
valeur » : ainsi, par exemple,
+ Y désignera le VOLUME des biens produits dans notre pays : notre
PIB en volume,
+ Y ☐ PPIB désignera, par la prise en compte des prix de tous les biens
nationalement produits, la VALEUR des biens créés dans notre pays :
notre PIB en valeur.
+ C ☐ PC désignera, par la prise en compte des seuls prix des biens de
consommation, notre CONSOMMATION en valeur.
+ I ☐ PI désignera, par la prise en compte des seuls prix des biens
d’investissement, notre INVESTISSEMENT en valeur.
31 Ainsi les MÉNAGES consomment, les ENTREPRISES investissent, les ADMINISTRATIONS
dépensent … les agents économiques sont donc identifiés par leur fonctions économiques.
L’idée de CLASSES SOCIALES est étrangère à la comptabilité nationale.

32 Elle est tenue par l’INSEE. Les Comptes de la Nation sont publiés chaque année (portant sur
l’année précédente) vers les mois de mai-juin. Les médias en font largement état.
33 Il faudrait ajouter, pour être complet, la VARIATION DES STOCKS DE BIENS, prenant en
compte les produits non encore vendus.

Mais comment peut-on mesurer34 un agrégat en VOLUME ?


Méthodologiquement, on construit un indice « en volume » par un
raisonnement à « prix constants ». Concrètement, on calcule sur la base
des prix de l’année précédente.

Cette distinction des volumes et des valeurs est essentielle : selon


l’analyse, on peut raisonner sur un agrégat en faisant abstraction du
mouvement des prix (on raisonne à prix constants au fil du temps, donc
sur les seules quantités) ou bien en le prenant en considération.

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Illustration :

Supposons qu’en 2020, les pommes soient commercialisés au prix de 3 €


le kg et les poires à 4 € le k.
Une ferme ayant produit alors 100 kilogrammes de pommes et 200
kilogrammes de poires aura une production (en valeur) de (3×100 €)+
(4×200)=300+800=1100 € .

Supposons qu’en 2021, les pommes soient commercialisés au prix de 5 €


le kg et les poires à 6 € le k.
Une ferme ayant produit alors 150 kilogrammes de pommes et 220
kilogrammes de poires aura une production (en valeur) de (5 €×150)+(6
€×220)=750+1320=2070€ .

Sa production a connu un taux de croissance en valeur de


2070−1100=0.882=88.2 %.
1100
Quelle sera son taux de croissance en volume (aux prix de 2020) ?
Il suffit de raisonner aux prix de 2020 : (3 €×150)+(4 €×220)=450+880=1330€
donc de poser 1330−1100=0.209=20.9 % .1100
La production en volume de la ferme a augmenté de 20.9 %.
On traite ainsi les productions constitutives du PIB d’un pays.
Quand on dit que la croissance française a été de 2.5 % en 2022 on se
rapporte à la progression annuelle du PIB en volume (le PIB RÉEL).
On a fait abstraction du mouvement des prix.
34 On peut additionner des valeurs : 10 kilogrammes de pommes à 3 € le kg et 20 kilogrammes de
poires à 4 € le kg correspondent à une dépense de 30 € + 80 € = 120 €.
Mais on apprend à l’école l’interdiction d’additionner 10 kg de pommes et 20 kg de poires : à
quelle unité correspondrait un tel cumul ?

III.2 – L’évolution du POUVOIR D’ACHAT

Quel impact aura l’évolution d’un (des) prix sur le POUVOIR


D’ACHAT d’un acheteur (un ménage, une entreprise, une administration,
l’étranger) ?
Illustration (intuitive) de la notion de pouvoir d’achat :
Si un bien coûte 1 €, avec 100 € on peut acquérir 100 unités de ce bien.
Tel est le pouvoir d’achat de ces 100 €.
Si le prix de ce bien passe à 2 €, avec la même somme on ne pourra
disposer que de 50 unités de ce bien. La hausse du prix a réduit de moitié
le pouvoir d’achat de ces 100 €.

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Si le prix de ce bien passe à 0.5 €, avec la même somme on pourra
disposer de 200 unités de ce bien. Cette baisse de prix a accru de 100 %
(multiplié par 2) le pouvoir d’achat de ces 100 €.
On percevra de même l’effet d’une hausse du prix moyen d’un panier de
biens.
On retiendra l’idée essentielle : la hausse des prix (l’inflation) amenuise
le POUVOIR D’ACHAT des membres d’une collectivité.

L’impact d’une hausse des prix sur les exportations d’un pays est une
grandeur déterminante : si notre pays propose des produits dont le prix
est en augmentation, la demande étrangère en diminuera, c’est-à-dire nos
exportations. Par ailleurs, sur notre sol les produits étrangers seront plus
compétitifs, nos entreprises y perdront des parts de marché, donc nos
importations augmenteront. Au total le solde de notre commerce
extérieur se dégradera

solde de la BALANCE COMMERCIALE : Exportations -


Importations
L’inflation est un élément déterminant de ce solde.
Mais elle affecte directement l’activité économique :
Si l’on vend moins à l’étranger et sur notre territoire, nos entreprises
produiront moins. La croissance de notre pays se ralentira.

III.3 – L’inflation et le RYTHME DES ACHATS

Après avoir évoqué (trop brièvement) l’impact de l’inflation sur le solde


commercial et l’activité, envisageons ses incidences sur la consommation
nationale.

Une question concerne directement chacun d’entre-nous : en situation


d’inflation faut-il précipiter ses achats, les effectuer au plus tôt, avant que
les prix n’aient davantage monté ?☐

☐ différer ses achats, soit en espérant un recul futur des prix, soit afin
d’accroître son épargne (le revenu non-consommé35) de sorte qu’il y ait
préservation de son pouvoir d’achat ? On raisonnera en sachant que
l’épargne actuelle ouvre la possibilité d’une consommation accrue
demain, le financement d’études, l’acquisition d’un logement …

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Illustration :
Supposons qu’un agent ait un revenu Y de 2000 €.

Supposons qu’il partage ce revenu entre ses consommations, C, et une


épargne, S (l’initiale du mot anglais « savings »), qui correspond donc à
la part non consommée du revenu.

Admettons que ses dépenses de consommations atteignent 80 % de son


revenu : l’agent envisagerait donc de consommer à hauteur de C= 80
×2000=1600 €; par suite son épargne100
serait de S = 2000 – 1600 = 400 € (pouvant servir à des consommations
futures).

Supposons que l’inflation anticipée atteigne 5 % 5 =0.05. =100

A cet égard, le pouvoir d’achat d’une somme future de 1600 €


correspondrait à celui d’une somme présente de
1600×(1−0.05)=1600×0.95=1520 € et celui d’une somme de 400 €
n’excèderait pas 400×(1−0.05)=400×0.95=380 € actuels.

L’agent peut
(1) précipiter ses dépenses de consommation pour ne pas voir se réduire
le pouvoir d’achat des 1600 € qu’il y consacre.
Dans ce cas, sa consommation immédiate sera 1600 €, son épargne
atteindra 400 € et la valeur future de celle-ci serait 380 €.
(2) ou bien différer ses consommations pour accroître son épargne afin
de maintenir le pouvoir d’achat de celle-ci.

Dans ce second cas, son épargne atteindra 400×(1+0.05)=400×1.05=420


€ et sa consommation
2000 – 420 = 1580 €, dépense dont le pouvoir d’achat futur n’excédera
pas
1580×(1−0.05)=1580×0.95=1501 €. Il accepterait alors de sacrifier sa
consommation présente au profit de sa consommation future.

Un agent doit ainsi ARBITRER entre deux comportements possibles .


Chaque agent fera intervenir sa préférence entre consommation présente
et consommation future. Les comportements seront individualisés.

Quel sera le résultat au niveau des comportements agrégés ? La réponse


variera selon les circonstances.

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35 L’épargne prend forme au travers d’une constitution de dépôts bancaires (comptes sur livrets,
plans d’épargne-logement, dépôts à terme …) et d’acquisitions de titres financiers (actions,
obligations …).

III.4 – L’inflation et la RÉPARTITION DES REVENUS

Mais L’INFLATION AFFECTE LES REVENUS DES AGENTS EN


MODIFIANT LEUR RÉPARTITION : elle avantage les emprunteurs
et est défavorable aux prêteurs.
Illustration (intuitive) de l’impact répartitionnel de l’inflation :
Supposons qu’un bien coûte 1 € ; supposons qu’un agent emprunte 100 €
pour acquérir 100 unités de ce bien.
Il devra rembourser 100 € à l’échéance du prêt au prêteur (on ignorera
d’abord, pour simplifier, les intérêts à verser en contrepartie de cette
opération de crédit).
Si le prix de ce bien passe à 2 € avant l’échéance de l’emprunt, avec la
somme remboursée de 100 € le prêteur ne pourra disposer que de 50
unités de ce bien.
De façon générale,
l’inflation est défavorable aux prêteurs, avantageuse aux emprunteurs.
en revanche, la baisse des prix profite aux prêteurs et elle nuit aux
emprunteurs.
On retiendra qu’en TEMPS D’INFLATION, ON A AVANTAGE À
EMPRUNTER – ce que font les entreprises et les particuliers (ménages).
Mais il faut faire intervenir le taux d’intérêt d’un prêt ; le raisonnement va
s’affiner.

III.5 – L’inflation et les TAUX D’INTÉRÊT

Un prêteur exigera le versement d’un intérêt par l’emprunteur : lorsque


vous emprunt(er)ez à votre banque ou à un organisme de crédit pour
l’achat d’un bien de consommation, d’un téléphone ou d’un ordinateur,
d’une automobile, d’un logement … vous devrez chaque mois

(1) rembourser une fraction de la somme prêtée (le PRINCIPAL ou le


CAPITAL) ; on parle de l’amortissement de la dette ;
(2) effectuer le paiement d’un intérêt.
Illustration :

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Un emprunt de 1000 € sur un an, à un taux de 1 % l’an, vous conduirait à
verser en intérêts
1000 €×1 %=1000 €× 1 =1000 €×0.01=10 € en fin d’année, donc à
rembourser alors100
1000 €+10 €=1010 €

Selon les simulateurs de crédit disponibles sur le net

- un emprunt de consommation de 10.000 € sur 5 ans, à un TAEG36fixe


de 3.8 % (le niveau des taux aujourd’hui), vous conduirait à rembourser
chaque mois 182.97 € , à la fois au titre des intérêts et du remboursement
du capital (soit 182.97×12×5=10978.2€ sur les 5 ans, le crédit ayant
donc coûté 978.2 €).

- un emprunt immobilier de 100.000 € sur 10 ans, se ferait à un taux fixe


fixe de 3.6 % (le niveau des taux aujourd’hui, hors assurance) et vous
conduirait à rembourser chaque mois 994 € , soit un versement total
d’intérêt de 19.226 €37.

- un emprunt immobilier de 100.000 € sur 20 ans (240 mois), subirait un


taux fixe de 4.3 % (le niveau des taux aujourd’hui, hors assurance, frais
de dossier, coût de la garantie38), vous conduirait à rembourser chaque
mois 622 € , soit un versement total d’intérêt de 49.257 €.

Dans ce cas, la mensualité invariante de 622 € correspondrait

+ pour le premier des 240 mois à 358 € d’intérêts et 264 € de


remboursement du capital (amortissement)
...
+ pour le 60ème des 240 mois à 296 € d’intérêts et 326 € de
remboursement du capital (amortissement)
...
+ pour le 200ème des 240 mois à 84 € d’intérêts et 538 € de
remboursement du capital (amortissement)
...
+ pour le dernier des 240 mois à 2 € d’intérêts et 620 € de
remboursement du capital (amortissement)

On voit qu’ un prêt immobilier sur 20 ans aura un taux d’intérêt plus
élevé qu’un prêt immobilier sur 10 ans : d’une part, le prêteur considère
qu’un horizon plus éloigné est plus risqué pour lui (que se passera-t-il

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dans un futur lointain ?) ; d’autre part, il ne récupérera la somme prêtée
que tardivement et progressivement ; il exige une compensation en
termes de taux d’intérêt.

Nous sommes en présence des deux facteurs déterminants du taux


d’intérêt d’une opération d’emprunt.
36 Le TAEG, Taux Annuel Effectif Global devant être annoncé légalement dans toute offre de
prêt, est le taux d’intérêt prenant en compte la totalité des frais occasionnés par un prêt. Chaque
institution de crédit annonce un TAEG qui permet aux emprunteurs de choisir auprès de quel
organisme emprunter.

37 De multiples simulateurs de crédits sont disponibles sur internet. Les données ci-dessus en
proviennent.
38 Dans un emprunt effectif leur prise en compte est indispensable ; ces données toutefois peuvent
quelque peu se négocier avec l’organisme prêteur (nous avons préféré ne pas les introduire dans la
simulation).

Le taux d’intérêt39 dont il vient d’être question, celui formellement inscrit


dans les contrats de crédits bancaires par exemple, est désigné comme le
TAUX D’INTÉRÊT NOMINAL.
On peut ainsi lui attribuer deux composantes :
(1) d’abord une compensation requise par le prêteur

(a) pour se départir momentanément du pouvoir d’achat de la somme


qu’utilisera l’emprunteur , différer la consommation qu’elle lui
permettrait, se priver des satisfactions immédiates qu’elle procurerait ;
elle dépendra de la PRÉFÉRENCE POUR LE PRÉSENT du prêteur,
liée à ses arbitrages entre satisfaction d’une consommation présente et
satisfaction d’une consommation ultérieure ;

(b) pour assumer des risques de non-remboursement du crédit ou de


non-paiement des intérêts (les questionnaires de SCORING ont pour
charge de les estimer40), dénommés RISQUE DE DÉFAUT de
l’emprunteur ; cette composante correspondant à une PRIME DE
RISQUE

(2) ensuite une compensation associée au préjudice éventuel


qu’occasionnerait l’inflation, liée donc aux anticipations d’inflation.

Si on raisonne sur le marché du crédit, l’ensemble des prêts - donc au


niveau global de la sphère macroéconomique - la première composante
qui confronte consommation présente et consommation future, en
envisageant que les prêts aient financé des projets d’investissements, en

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s’intéressant donc à leur productivité - correspondant à un retour
financier - sera rapporté à un taux d’intérêt RÉEL.

Les économistes décomposent donc le taux d’intérêt nominal en


taux d’intérêt NOMINAL = taux d’intérêt RÉEL + taux
d’INFLATION ANTICIPÉE
39 Rappelons que les trois grandes religions monothéistes (le Judaïsme, le Christianisme et
l’Islam) ont prononcé une même condamnation du prêt à intérêt, sur des bases spirituelles assez
similaires, la PROHIBITION DE L’USURE (c’est-à-dire du prêt à intérêt). Il était donc interdit à
un juif, comme à un chrétien ou à un musulman, de prêter avec intérêt à un coreligionnaire ; le prêt
était admis à une personne d’une autre religion.
En Europe, il fut ainsi imposé aux juifs d’exercer les métiers de banque, puisqu’ils étaient interdits
aux chrétiens. Cette interdiction sera progressivement levée en Europe et disparaîtra au 19ème
siècle.
La finance islamique maintient aujourd’hui cette préconisation …
Le terme « usure » a signifié ici une opération de « prêt à intérêt ». Mais il possède un second
sens, bien distinct, quand il qualifie un taux d’intérêt : un « taux d’intérêt usuraire » est un taux
d’intérêt excessif, prohibé par la loi. Chaque trimestre est publié officiellement dans notre pays un
« TAUX D’USURE », plafonnant légalement les taux d’intérêt des opérations de crédit, de sorte
que tout contrat à taux supérieur sera tenu pour illicite (votre banque ne pourrait vous prêter à un
taux plus élevé). La raison d’être de cette législation est claire : éviter de brutales hausses des taux
d’intérêt qui seraient susceptibles de constituer un choc financier dangereusement préjudiciable
aux économies.

40 Tout demandeur de crédit doit remplir de longs questionnaires livrant le montant de ses revenus
au regard de sa situation familiale, leur plus ou moins grande stabilité (emploi en CDI ou en
CDD), l’ampleur des emprunts déjà souscrits, l’importance du patrimoine … Un SCORING
(notation) de l’emprunteur est établi, déterminant son degré de risque.

Aujourd’hui les banques rejettent un pourcentage très élevé de demandes de crédits pour achats
immobiliers :
- le comportement des organismes de crédits est rationnel : il serait malsain que le secteur
bancaire se retrouve en difficultés du fait de défauts massifs des emprunteurs ; la consommation et
l’investissement (financés à crédit) seraient impactés par une situation fragile des établissements
de crédits.
- néanmoins, le marché de l’immobilier et l’activité de construction se retrouvent atones, ce qui
pèse sur la vigueur et la croissance de notre économie.
Nous sommes en présence d’un DILEMME !

Si le taux d’intérêt nominal est de 6 % l’an et si on ANTICIPE une


inflation annuelle de 2 % alors le taux d’intérêt réel serait de 4 %.

Si le taux d’intérêt réel est de 3 % l’an et si on ANTICIPE une inflation


annuelle de 2 % alors le taux d’intérêt nominal atteindra 5 %.
Dans ce dernier cas, si l’inflation a été sous-estimée, s’établissant de fait
sur l’année à 3 %, alors les prêteurs à un taux de 5 % auront été perdants
: la compensation correcte de l’inflation anticipée aurait dû impliquer un
taux de 6 % l’an.

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III.6 - L’inflation effective dans les grands espaces
économiques

On va comparer l’inflation en zone euro, États-Unis et Chine.


Les tendances inflationnistes aux États-Unis, en zone euro et en Chine
( %)

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Ici on s’est attaché plutôt à un indice d’inflation ne prenant pas en compte
- les prix de l’énergie : subis, car déterminés par les pays producteurs, et
très volatiles (comme on le constate en suivant l’évolution du prix de
l’essence à la pompe, du fuel …)

- les prix de l’alimentation qui correspondent à des dépenses


incompressibles des ménages. On parle d’un indice d’INFLATION
SOUS-JACENTE, c’est-à-dire corrigé des mesures fiscales, assez
représentatif des tensions exercées par des variations de prix sur le
pouvoir d’achat des ménages et les choix économiques des entreprises,
permettant donc des comparaisons internationales.

On peut formuler, sur la base de cet indicateur, les observations suivantes


:

- les taux d’inflation étaient sensiblement du même ordre jusqu’au milieu


de 2020 en zone euro, ÉtatsUnis et Chine : une remarque importante qui
solliciterait des analyses plus poussées au regard de la très grande
hétérogénéité structurelle de ces trois espaces économiques ;

- l’inflation chinoise est sur une pente décroissante depuis 2017,


phénomène dont l’explication n’est pas si aisée (il faut suivre en détail la
consommation en Chine, pays dont la production est surtout destinée à
être exportée) ;

- l’évolution de l’inflation mondiale après 2021 est toujours marquée par


une forte divergence de la Chine ;
- la montée des prix a été plus rapide aux États-Unis qu’en zone euro lors
de la pandémie ; la décrue y a aussi été plus précoce (dès 2022, alors
qu’elle s’amorce seulement en 2023 en Europe).

III.7 – Les origines possibles de l’inflation

On considérera d’abord le principe de fonctionnement d’un marché, puis


on discutera différentes sources possibles d’une inflation.

III.7.1 – Le fonctionnement d’un marché

Illustration :
Dans une salle de vente proposant l’acquisition d’un objet, le
commissaire-priseur annonce un prix.

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Si aucun acheteur n’est intéressé (à ce prix la demande serait
inexistante), il proposera un prix plus faible.

Pour ce nouveau prix, si plusieurs acheteurs se manifestent (entrant en


compétition) il relèvera le prix … Il procédera ainsi jusqu’à n’avoir
qu’un unique acquéreur.
La transaction s’opère au prix auquel on a abouti.
Les mouvements du prix ont été déterminés par l’ampleur de la
demande.

I llustration :
Sur un marché à la criée (par exemple, le négoce d’une pêche) le coteur
doit placer une production. Il propose un prix et recense le volume des
demandes intéressées ; il sert cette demande à ce prix. Pour les produits
qui restent il propose un prix plus faible ...
Sur une place boursière à la criée41, le coteur doit « pricer » un titre.

Il propose un prix et recense le volume des demandes et celui des offres


intéressées ; pour ce prix si l’offre de titres est supérieure à la demande
(toute l’offre ne trouvera pas preneur) il propose un prix plus faible pour
encourager la demande. Il confronte à nouveau les offres et demandes …

Le prix permettant la satisfaction de toutes les offres et de toutes les


demandes sera le prix coté et les transactions se réaliseront à ce cours.
La fonction d’un marché est de déterminer le PRIX d’un bien par
confrontation des offres et demandes pour l’ensemble des prix
envisageables.

La DEMANDE Qd décroît quand le prix augmente : P ☐ => Qd ☐


L’OFFRE (le volume de production) Qo augmente quand le prix
augmente : P ☐ => Qo ☐ Schématiquement l’offre et la demande se
présentent ainsi

Le MARCHÉ D’UN BIEN vu par les économistes


Qo , Qd Qd Qo
niveau des transactions effectives Qo = Qd
Qo Qd P P*
prix d’équilibre
Sur ce graphique où les fonctions d’offre et de demande sont représentées
par de simples droites, l’intersection détermine un PRIX D’ÉQUILIBRE

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P* pour lequel Qo = Qd .
Si le prix est inférieur au PRIX d'ÉQUILIBRE, P < P*, il y aura excès
de demande.
Si le prix est supérieur au PRIX d'ÉQUILIBRE, P < P*, il y aura excès
d’offre. Des situations instables. 41 Dans les années 1970 la place boursière de Paris
fonctionnait encore à la criée pour la cotation des actions. Les program trading actuels procèdent
selon une logique assez semblable, mais plus complexe.

III.7.2 – Les sources diverses de l’inflation

Si la demande augmente structurellement (les goûts ont changé et les


consommateurs désirent davantage le bien pour un même prix de vente,
présentant ainsi une demande plus forte) alors la droite de demande sera
translatée vers la droite.

Illustration :
Supposons qu’un chanteur gagne en notoriété :
- auparavant, au prix de 20 €, 1000 places de concert étaient vendues et
100 étaient placées à 50 € ;

- désormais, au prix de 20 €, 10 000 places de concert pourront être


vendues et au prix de 50 €, 1000 places de concert pourront être vendues.
Il correspondra à ce mouvement de la demande une translation de la
fonction de demande.

Une augmentation de la demande : translation vers la droite de la


courbe de demande
Qd
Q’d(20) = 10000 Qd Q’d
Une augmentation de la demande Q’d(50) = Qd(20) = 1000
=========>
Qd(50) = 100 Qd Q’d P P = 20 P’ = 50
Quel sera l’effet d’une augmentation structurelle de la demande sur le
prix ?
Une augmentation de la demande : translation de la courbe de demande
vers la droite : le prix P* monte
Qo , Qd Q’d
Qd Q’o
transactions effectives initiales Q’o = Q’d
transactions effectives Qo = Qd

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=========>
Qo Qd Q’d P P* P’*
nouveau prix d’équilibre plus haut Quel sera l’effet d’une
augmentation structurelle de l’offre sur le prix ?

Si l’offre augmente (les coûts de production auraient baissé et les


entreprises produisent davantage le bien pour un même prix de vente)
alors la droite d’offre sera translatée vers la gauche et le nouveau prix
d’équilibre P’* sera moins élevé.

Une augmentation de l’offre : translation de la courbe d’offre vers la


gauche : le prix P* baisse
Q’o Qo , Qd
Qd Qo
<==== Q’o = Q’dtransactions effectives
transactions effectives initiales Qo = Qd Q’o
Qo Qd P P’* P*
nouveau prix d’équilibre plus faible
- les prix augmentent quand l’offre diminue ou quand la demande
augmente,
- les prix baissent quand l’offre augmente ou quand la demande
diminue
L’inflation peut donc tenir à une évolution de l’offre ou une évolution
de la demande.
- Entre 2008 et 2020 la très faible inflation avait tenu à une demande
modérée, due à la crise.
- Depuis 2020 la très forte inflation s’explique par des pénuries
d’offre renchérissant les coûts des matières premières, de l’énergie …
que les entreprises doivent répercuter dans leurs prix de vente.
En effet, que constate-t-on aujourd’hui ?
- les prix de l’énergie sont en hausse,
- les prix des matières premières augmentent ;

- plus essentiellement, on constate des pénuries de certains composants


essentiels, qui occasionnent des ruptures des CHAÎNES D’OFFRE : la
production de consoles de jeux, d’ordinateurs … est freinée, leurs
livraisons sont différées.

Concrètement, prenons l’exemple des métaux42 qui affichent des prix en


très fortes hausses, en raison de manques de disponibilité de ces

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ressources : quelles particularités présentent leurs marchés ?
+ les métaux jouent un rôle déterminant dans la transition écologique très
souhaitée de nos jours, ce qui rend compte de la montée de leur demande,

+ les pays sont très inégalitairement dotés en métaux : le sous-sol de


l’Australie est l’un des plus riches de la planète, le Vietnam est aussi fort
bien pourvu, … en revanche l’Europe est en déficience,

+ certains pays, notamment la Chine, ont su se spécialiser dans le


raffinage de ces métaux,
+ des compétitions commerciales et géo-politiques intenses s’ouvrent
aujourd’hui pour la disposition de ces ressources rares.

De nos jours la demande industrielle mondiale se présente en fortes


privations de ces matières premières et produits intermédiaires ; ces
pénuries contribuent à expliquer les raréfactions de l’offre de
produits finis43, donc la montée de leurs prix.

L’inflation contemporaine s’explique par des ruptures des chaînes de


production, donc des TENSIONS DU CÔTÉ DE L’OFFRE.
Antérieurement, l’inflation procédait plutôt de TENSIONS
PRENANT LA FORME D’EXCÈS DE DEMANDE.

III.7.3 - Que furent les taux d’inflation sur la période récente


?

Avec le covid on a vu émerger des tensions sur les prix de l’énergie


(pétrole, gaz ...) et des matières premières (métaux, …). Ces hausses de
prix correspondent à une montée des coûts de production des entreprises
qui est ensuite répercutée dans les prix de vente des produits finis.

Un graphique sur données de l’INSEE (septembre 2023) permet de


constater que l’inflation française n’excéda pas 1 % jusqu’en 2018 où elle
marqua une légère progression.
L’inflation était alors sous la barre des 2 %, signe de déflation c’est-à-dire
de demande insuffisante au regard de l’activité des entreprises, quand les
autorités monétaires l’auraient souhaitée à 2 %.
42 Il s’agit du nickel (utiles aux alliages des aciers inoxydables et aux technologies bas-carbone),
de l’aluminium (servant dans la transition énergétique et les alliages électriques), du cuivre
(permettant une production d’énergie et une décarbonation des transports), du cobalt (requis pour
les batteries lithium-ion), du lithium (destiné aux batteries des véhicules électriques), du

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manganèse et du zinc (très employés pour les voitures à moteur thermique), … sans oublier les
terres rares (le disprosium, le terbium, le praséodyme, le néodyme … impliqués dans les
technologies bas-carbone).

43 Par exemple, les métaux sont des matières premières, les batteries qu’ils permettent de
fabriquer sont des produits intermédiaires et les voitures qui les intègrent sont des produits finis.
La montée de l’inflation (sur données diffusées par l’INSEE)

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Inflation sous les 2 % Impact du confinement

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En 2019 et 2020 elle amorça une régression la portant temporairement
jusqu’à 0 %, du fait de la fermeture des lieux de commerce en période de
covid, antinomique à des mouvements de prix. La forte remontée des prix
en 2021 et 2022 doit être expliquée : nous allons observer qu’elle se
rapporte à des tensions issues des conditions de l’offre, la rupture de
chaînes d’approvisionnement, plutôt qu’à des tensions de la demande.

III.7.4 - Quelles PRÉVISIONS d’inflation sont présentées


pour 2023 et 2024 ?

En 2022, la COMMISSION EUROPÉENNE avait formulé ses prévisions


de croissance pour l’année 2023 :
Zone euroPrévisions de la Commission Européenne (septembre 2023)

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Croissance attendue du PIB (%)

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Source : Commission Européenne
Son jeu de prévisions portant à la fois sur l’inflation et la croissance,
présenté le 11 septembre 2023 pour l’ensemble de l’année 2023 et l’année
2024 est marqué par de très fortes révisions : l’inflation avait été sous-
estimée, ainsi que son impact.

➢ Sur l’année 2023 la Commission Européenne envisage une montée des


prix en ZONE EURO (l’espace géographique des pays s’étant donné
l’euro comme monnaie commune) de 5.6 %. Sur cette même période elle
prévoit une hausse des prix en FRANCE de 5.6 %, en ALLEMAGNE de
6.4 %, en ESPAGNE de 3.6 %, aux PAYS-BAS de 4.7 %, en POLOGNE
de 11.4 %.

Zone euro France


Allemagne Espagne
Pays-Bas Pologne

2023
Croissance Inflation

0.8 % 5.6 % 1 % 5.6 %


-0.4 % 6.4 %
2.2 % 3.6 %
0.5 % 4.7 %
0.5 % 11.4

2024

Croissance Inflation 1.3 % 2.9 % 1.2 % 2.7 % 1.1 % 2.8 % 1.9 % 2.9 %

1 % 3 % 2.7 6.1 % (Données diffusées par le Commission Européenne) ➢ On constate


donc de fortes divergences d’inflation dans les divers pays européens.

➢ Sur l’année 2024 cette institution de l’U.E. prévoit une montée des
prix en ZONE EURO de 2.9 %, escomptant ainsi une réduction sensible
de l’inflation.
Pour l’ensemble de l’UNION ÉCONOMIQUE (certains des pays de l’UE
n’ayant pas rejoint la zone euro) il est attendu une inflation de 3.2 %.

Sur cette même période elle anticipe une hausse des prix en FRANCE de
2.7 %, en ALLEMAGNE de 2.8 %, en ESPAGNE de 2.9 %, aux PAYS-

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BAS de 3 %, en POLOGNE de 6.1 %. On voit donc qu’est pronostiquée
une forte convergence des taux d’inflation des pays européens (la Pologne
se démarquant encore quelque peu).

Ces prévisions seront-elles correctes ? L’avenir prochain le révélera !

III.8 – Les difficultés des ANTICIPATIONS D’INFLATION

Est-il délicat d’élaborer des prévisions d’inflation ?


Nous avons signalé en ce domaine d’importantes erreurs de projection
post-covid de grands organismes internationaux pourtant experts en ces
domaines. Où résidait la complexité ?
On avait coutume d’envisager deux sources d’inflation.
(1) L’inflation par la demande : une forte demande de biens, surpassant
l’offre de ceux-ci, portera leurs prix à la hausse, ceci va de soi.
D’où proviendrait ce sursaut de demande ?

- d’une réduction du chômage : plus de salariés, donc une montée du


revenu national (celui de l’ensemble des agents), en conséquence plus de
demandes de biens et élévation des prix
- des hausses salariales : donc une montée du revenu national …

- d’une augmentation des recrutements dans la fonction publique : donc


une montée du revenu national …
- d’une augmentation des dépenses publiques, la demande de l’État
- d’une baisse des taux de crédits : donc une progression des achats à
crédit
(2) L’inflation par les coûts de production : une forte hausse des coûts
des entreprises obligera celles-ci à porter leurs prix à la hausse, afin de
reconstituer leurs marges bénéficiaires.

D’où proviendrait une montée des coûts ?


- d’un relèvement des prix de l’énergie consommée par les firmes pour
produire,
- d’une montée des cours des matières premières nécessaires,
- d’une hausse du prix des équipements productifs (immobilier
d’entreprises, machines, logiciels ...)
- des hausses de salaires accordées aux personnels,
- d’une hausse des taux des emprunts bancaires auxquels les firmes ont
recours.

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En temps d’inflation, les entreprises devront alors accorder des
HAUSSES DE SALAIRES pour compenser les pertes de pouvoir d’achat
dues à l’a montée des prix.
Constatant que la pandémie de covid avait mené à la fermeture des
entreprises et des commerces, à l’extension du chômage partiel … on en
concluait que l’inflation n’était guère à craindre.

Là résida l’erreur !
On n’avait pas pris en compte divers facteurs acquérant une importance
inusitée :

- la hausse des cours de l’énergie (politiques de prix des producteurs de


pétrole et de gaz) et des matières premières que se disputent désormais
très âprement les grandes économies,

- des tensions sur les chaînes de production par raréfaction de ressources


rares : on a tous constaté au long des derniers mois des problèmes de
disponibilité de diverses puces informatiques, de téléphones,
d’ordinateurs, de matériels pour automobiles, de consoles de jeux … les
prix de ces matériels réagissant à la hausse,

- l’indispensable lutte contre le changement climatique renchérit les


prix de produits essentiels : denrées alimentaires, électro-ménager à
recycler, recours aux véhicules électriques ou à l’hydrogène … Ces
considérations vous étant très familières.

III.9 – La « boucle prix-salaire »

Les salaires dans les années 1970 étaient indexés sur l’inflation : les
négociations entre patronat et syndicats obéissaient au principe d’un
rattrapage salarial de toute hausse des prix : l’inflation devait être à tout le
moins compensée par des hausses de salaires. La séquence irréfragable
inflation → hausse de salaire → hausse de l’inflation → hausse des
salaires → … condamnait notre pays à une inflation toujours plus
prononcée44.

Après l’explosion des prix au début des années 1980, ayant fini par
atteindre 14 % l’an, le Ministre de l’économie, Jacques Delors, suspendit
cette règle pesant sur les négociations salariales ; en très peu de temps,
l’inflation revint dans des zones plus supportables. Naturellement,
l’activité en souffrit.

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On voit sur le graphique ci-dessous, relatif à la zone euro, que les hausses
de salaires ne compensent plus intégralement celles des prix. Une
nécessité pour enrayer l’inflation ! Encore faut-il que ce décalage ne
devienne pas intolérable aux salariés les plus modestes, une autre
nécessité !

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Evolution des prix et des salaires en zone euro

Il convient d’examiner à présent les moteurs de la croissance d’une


économie et l’impact qu’elle peut avoir sur le chômage.

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44 Les entreprises admettaient aisément ces hausses de salaires : d’une part, elles boostaient la
demande ; d’autre part, la montée des prix allégeaient leurs charges d’endettement comme on
l’avait vu dans un précédent chapitre.

Chapitre IV – LA CROISSANCE
Après cette première approche de l’inflation, venons-en à la croissance.
La crise financière de 2008, partie des États-Unis puis mondialisée, avait
sensiblement altéré l’activité économique. Le risque de déflation s’était
généralisé à l’échelle planétaire.

Progressivement, les économies étaient sorties du marasme,


complètement pour l’Allemagne et les PaysBas, partiellement pour la
France et le sud de l’Europe frappés par la montée des déficits publics
trop aisément admise à titre de lutte contre l’envolée du chômage.

La pandémie allait paralyser en 2020 l’économie mondiale, suivie d’une


montée inopinée de l’inflation. On craint à présent la stagflation.
Il convient de s’interroger sur les ressorts de la croissance et ce qui peut
l’handicaper. On portera d’abord l’attention sur la trajectoire de
croissance de notre pays et des grandes économies.

IV.1 – Le taux de croissance depuis 2008

Le TAUX DE CROISSANCE d’une économie mesure la progression


de son PIB réel sur une année.
Illustration :
La croissance du PIB français à prix constants en 2022,
2021 2022 PIB PIB2022 sur la base des prix de 2021 Taux de croissance
en 2022 PIB2022−PIB2021=0.025=2.5 %sur la base des prix de 2021 PIB2021

IV.1.1 – Le taux de croissance et le PIB

Il faut revenir sur la définition du PIB.


Que désigne le PIB ? Comment le mesurer sur un mode comptable ?

Une précision de méthode s’impose. On peut voir le PIB de trois façons :


(1) Comme la « SOMME DES VALEURS AJOUTÉES » , une mesure
de la production de notre pays sur l’année.

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La valeur ajoutée correspond à la contribution productive d’une
entreprise, c’est-à-dire à l’écart entre sa production et les consommations
intermédiaires nécessitées par cette dernière45.
Elle donne lieu à une déclaration fiscale précise (de rythme mensuel).
En collectant et cumulant les valeurs ajoutées de toutes les entreprises -
par recours aux fichiers fiscaux l’INSEE mesure le PIB français.
(2) Comme la « SOMME AGRÉGÉE DES DEMANDES » : l’offre
globale de biens disponibles sur le territoire national correspondant à la
demande globale.
Nous avions rencontré l’équation fondamentale de la Comptabilité
Nationale : OFFRE Y + M = C + I + G + X DEMANDE on en déduira
que
PIB Y = C + I + G + X - M
En d’autres termes, le PIB est égal au cumul des demandes :
PIB = Consommation + Investissement + Dépenses publiques +
Exportations - Importations

(3) Comme le total du « REVENU NATIONAL » : dans le cadre de


leurs activités productives, les entreprises distribuent des revenus …
rémunérant le travail et le capital qu’elles ont sollicités, sur la base
desquels leurs produits pourront trouver acquéreurs.

Chiffrer le PIB et chiffrer le REVENU NATIONAL donne une même


grandeur.

Dans notre pays, les revenus du travail (salaires) représentent les trois-
quart du revenu national, les revenus du capital (dividendes servis par
les actions, coupons servis par les obligations, revenus immobiliers …) en
constituent donc le dernier quart.
Ce partage est assez stable sur longue période.
45 Une entreprise produit en ayant recours aux productions d’autres entreprises qu’elle leur achète
- des matières premières, des machines, des logiciels … - et qui constitue ses consommations
intermédiaires. L’écart entre sa production commercialisée (le chiffre d’affaire) et ses
consommations intermédiaires constitue la valeur ajoutée de l’entreprise ; l’impôt acquitté par
l’entreprise sur sa production porte sur cette valeur ajoutée qui est donc la grandeur requise par les
services fiscaux.
Pour mesurer la production nationale, celle de l’ensemble des entreprises, en excluant
naturellement exclure les doublesemplois, il ne faut agréger que les valeurs ajoutées.
Précisons que le PIB intègre la production (marchande) des entreprises et la production (non-
marchande le plus souvent) de services par les administrations. La production d’une administration
est évaluée sur la base de ses coûts de fonctionnement (rémunérations de ses personnels,
acquisitions …).

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Dans un pays il est fortement affecté par la fiscalité sur les revenus du
travail et ceux du capital.

IV.1.2 – Les évolutions du taux de croissance du PIB en


France

(a) Les chiffres de croissance de la crise financière de 2008 à la


pandémie de covid en 2020
Les données suivantes sur longue période, de 2000 à 2023, établies par
l’INSEE, font apparaître une croissance assez irrégulière de la production
française.
Deux phénomènes marquants doivent être relevés.

L’année 2009 s’était caractérisée par un recul sensible de l’activité


économique, avec une baisse du PIB (en volume) de -2.9 %, l’impact de
la crise financière partie en 2008 des États-Unis pour se diffuser
mondialement en DÉFLATION (recul de l’activité, absence d’inflation).
L’économie française a été très affectée durablement par cette crise. Les
taux de croissance le signalent. L’année 2020 a présenté un recul encore
plus prononcé de l’activité, avec une baisse du PIB (en volume) de -8.2
%, l’impact de la pandémie du Covid suivi d’une crainte de
STAGFLATION (recul de l’activité, forte inflation).

Evolution du taux de croissance de la France (%)


(2000-2023)

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Impact de la crise financière de 2008
Incidences persistantes de la crise financière
Impact du confinement Impact de l’inflation
(Données diffusées par l’INSEE)
(b) Les réponses ambivalentes de la POLITIQUE ÉCONOMIQUE
aux reculs de l’activité
On considérera successivement la politique budgétaire et le politique
monétaire.
+ LA RÉPONSE DE LA POLITIQUE BUDGÉTAIRE

L’État a fortement augmenté en 2010 et en 2020 les dépenses


publiques pour combattre la récession, dans le cadre de la
POLITIQUE BUDGÉTAIRE.
Une marque de son interventionnisme.

L’équation fondamentale PIB Y = C + I + G + X – M montre bien


qu’une augmentation des dépenses de l’État. G accroîtra le PIB Y.
En fait, la réaction de Y sera bien plus forte que la relation ci-dessus ne le
donne à penser : la théorie économique de Keynes l’a présentée comme
une démultiplication. Ceci sera le sujet d’un prochain cours.

On a vu qu’ un recul du PIB correspond à un recul du revenu national,


donc une réduction des recettes fiscales puisque celles-ci portent sur les
revenus des agents (ménages et entreprises). La crise réduisant les
recettes fiscales, par ses effets sur l’assiette des impôts (les revenus des
ménages et les chiffres d’affaires des entreprises), l’augmentation des
dépenses publiques a significativement accru le DÉFICIT PUBLIC :

Solde du budget de l’état = Recettes (fiscales) – Dépenses


Déficit public <=> Recettes < Dépenses
En conséquence, l’ENDETTEMENT de l’État s’est considérablement
accru.
En 2009 et 2019, lors de la crise financière et de celle du Covid, ces
données étaient les suivantes :

2009 2009 2019 2019 Normes % Mds € % Mds € imposées par l’Union
Européenne Déficit public en % du PIB 7.5 % 143.8 3 % 73 3 %
Endettement public en % du PIB 77.6 % 1489 98.1 % 2380 60 %

On voit que notre pays est éloigné des NORMES BUDGÉTAIRES


édictées par les instances européennes, s’attirant remontrances et rappels

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à l’ordre de celles-ci.
En dépit d’une reprise non négligeable de l’activité économique depuis
lors, le déficit et l’endettement publics se trouvent à présent dans des
zones plutôt inquiétantes.
2022 2022 Mars Mars Normes % Mds € 2023 2023 imposées par l’Union
Européenne

% Mds €
Déficit public en % du PIB 4.7 % 125 - - 3 % Endettement public en %
du PIB 111.6 % 2950 112.5 % 3013.4 60 %

Selon l’INSEE le DÉFICIT public ne reviendrait dans la norme des 3 %


du PIB qu’en 2027 ; à cette date la DETTE publique représenterait encore
108 % du PIB (bien loin de la norme de l’UE). France : Rapport Dette des
Administrations Publiques/PIB (%)

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(données diffusées par l’INSEE et la Banque de France)

Le Pacte de Stabilité et de Croissance (adopté au Conseil Européen


d’Amsterdam1997), révisé en 2005, renforcé par un « sic-pack » en 2011
après la crise financière, approfondi en Traité sur la Stabilité, la
coordination et la Gouvernance de l’UEM (TSCG) en 2013 avaient sans
cesse réaffirmé la nécessité d’un déficit public inférieur à 3 % du PIB et
un endettement public moindre que 60 % du PIB ; des règles fixant le
rythme de retour à l’équilibre en cas de dépassement de ces normes
étaient posées. La pandémie allait compliquer leur respect.

+ LA RÉPONSE DE LA POLITIQUE MONÉTAIRE

Mais le soutien de la croissance après 2008 a été pris en charge par la


Banque Centrale Européenne , dans le cadre de la POLITIQUE
MONÉTAIRE, qui a maintenu des taux d’intérêt très bas, proches de
zéro, les craintes de déflation ayant alors été constantes.

Depuis 2021 les anticipations d’inflation ont conduit la BCE (et les autres
banques centrales) à relever vivement les taux d’intérêt pour casser les
tendances inflationnistes.
Les incidences de cette politique monétaire sont plurielles :
- la consommation à crédit en souffre,
- les emprunts pour des travaux et des achats immobiliers, plus coûteux,
s’effondrent en entraînant un fort recul de l’activité du bâtiment
(essentielle à la croissance),
- pour la même raison l’investissement des entreprises, très largement
financé par des emprunts, est en difficulté.
L’activité économique dans notre pays est susceptible de s’étioler.
On voit que le relèvement des taux d’intérêt a pour but de casser la
demande, donc freiner l’inflation.
Néanmoins, deux observations essentielles doivent être formulées :
(1) L’inflation contemporaine ne s’expliquant nullement par un excès
de demande mais par une raréfaction de l’offre, cette politique
monétaire peut-elle être efficace ?

(2) Du fait de la hausse des taux, les emprunts lancés par l’État pour
couvrir les déficits budgétaires deviennent nettement plus coûteux,
tandis que leurs charges d’intérêt étaient insignifiantes auparavant. Or, la
charge d’intérêts des emprunts publics est intégrée aux DÉPENSES

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du budget de l’État : la montée des taux d’intérêt alourdit le déficit
public (l’écart entre les recettes et les dépenses).

Cette situation des comptes publics vaut à notre pays d’être évalué moins
favorablement par les AGENCES DE NOTATION (Standard&Poor’s,
Moody’s, Fitch) : l’État français est considéré comme un emprunteur
désormais non exempt de RISQUES DE DÉFAUT (il n’est plus
totalement exclu qu’il ne puisse faire face aux paiements des intérêts de
ses emprunts) ; sa note est en voie d’être dégradée.

Or ces NOTES (rating) déterminent les taux d’intérêt s’appliquant


aux emprunts de notre État :
Taux d’intérêt d’un emprunt : Taux réservé aux emprunteurs les plus
sûrs + PRIME DE RISQUE
Plus un emprunteur est estimé risqué, plus s’élève la prime exigée pour
compenser le risque pris par le prêteur.
Une note plus faible conduit à des taux d’intérêt plus élevés.
Cette dégradation de notre pays va peser ainsi sur nos charges
d’emprunts, donc hausser nos dépenses budgétaires, approfondir le
déficit public.

IV.2 – Les prévisions de croissance de la Commission


Européenne

Revenons sur les prévisions de cette institution, déjà rapportées


antérieurement :

Zone euro France


Allemagne Espagne
Pays-Bas Pologne

2023
Croissance Inflation

0.8 % 5.6 % 1 % 5.6 %


-0.4 % 6.4 %
2.2 % 3.6 %
0.5 % 4.7 %
0.5 % 11.4

2024

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Croissance Inflation 1.3 % 2.9 % 1.2 % 2.7 % 1.1 % 2.8 % 1.9 % 2.9 %

1 % 3 % 2.7 6.1 %

➢ Pour l’année 2023, la Commission Européenne envisage (en


septembre 2023) une croissance de l’activité économique (la production
de biens et services) en ZONE EURO de 0.8 % ; pour 2024, elle porte ce
taux à 1.3 %, donnant sa conviction d’une reprise.
La France serait sur une même tendance, avec des chiffres respectifs de 1
% et 1.2 %.

➢ Sur l’année 2023 elle prévoit un recul du PIB en ALLEMAGNE de 0.4


% (qu’on désignera comme une RÉCESSION46), des progressions en
ESPAGNE de 2.2 %, aux PAYS-BAS de 0.5 %, en POLOGNE de 0.5 %.
Elle anticipe ainsi pour 2023 de fortes divergences de croissance dans les
divers pays européens.

➢ Pour l’année 2024 cette institution envisage un essor de l’activité


économique en ZONE EURO de 1.3 %, une reprise sensible.

Sur cette même période elle prévoit une renforcement de l’activité en


FRANCE de 1.2 %, en ALLEMAGNE de 1.1 %, en ESPAGNE de 1.9 %,
aux PAYS-BAS de 1 %, en POLOGNE de 2.7 %.
On voit ainsi qu’elle pronostique une convergence des taux de croissance
des pays européens (la Pologne faisant cavalier seul).

IV.3 – Le lien entre croissance et chômage

Le lien entre CROISSANCE et CHÔMAGE est un sujet de


préoccupation permanent.
Une faible croissance du PIB, donc une faible progression du
REVENU NATIONAL et de la demande, conduit les entreprises à de
moindres recrutements de personnels.
La croissance est recherchée pour ses effets sur l’emploi.
Deux précisions s’imposent :

+ La croissance implique un recours plus important aux ressources


énergétiques (pétrole, gaz) et aux ressources non renouvelables (telles que
les métaux) ; d’autre part, elle accroît des pollutions diverses. Elle
soulève donc des problèmes écologiques

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+ Chaque année la PRODUCTIVITÉ DU TRAVAIL augmente en
moyenne de 2 % : en d’autres termes, avec le même nombre de salariés la
production augmentera de 2 %.
Par suite, la croissance ne commence à résorber le chômage que si elle
est supérieure à ces 2 %.

Néanmoins, il ne faut pas oublier que la croissance peut avoir des effets
regrettables sur l’environnement et qu’elle correspond à un prélèvement
sur les ressources non-renouvelables.

On signalera, au vu de données de l’INSEE, qu’en dépit d’une croissance


assez faible en Union Européenne le TAUX DE CHÔMAGE (au premier
trimestre 2023) est à un niveau historiquement faible de 7.1%.

46 Au printemps 2023 la Commission Européenne envisageait une croissance allemande de 0.2 %


; cette prévision a donc été révisée à la baisse en septembre dernier.
France : Taux de chômage
Taux de chômage français sur les cinq dernières années Impact du
confinement

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Impact de l’inflation
(données diffusées par l’INSEE)
Les disparités régionales du chômage sont fortes : sur des données de
l’INSEE,
Taux de chômage régionaux (données diffusées par l’INSEE)

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Taux de chômage de l’ensemble français 9.1 %

IV.4 – Les déterminants de la croissance

De quels facteurs dépend le taux de croissance d’une économie ? Sur


quelles bases en construire des prévisions ?
Le taux de croissance d’une économie dépend

- du volume de sa POPULATION ACTIVE disponible : toutes choses


égales par ailleurs, un pays grandement peuplé pourra avoir une
production abondante,
- de la quantité de CAPITAL (équipements) dont elle dispose : même
conclusion pour un pays très doté en équipements,
- de ses avancées TECHNOLOGIQUES et de ses capacités en
RECHERCHE,
- de l’efficacité des TECHNIQUES D’ORGANISATION des
productions,
- de ses CAPACITÉS DE COMMERCIALISATION et de son
INTÉGRATION À L’ÉCHANGE INTERNATIONAL,

- de ses SPÉCIALISATIONS PRODUCTIVES : certains pays sont


essentiellement agricoles, d’autres développent des productions de masse
telles que des textiles, d’autres proposent des biens à hautes technologies,
d’autres encore diffusent des produits de luxe ; certains pays travaillent
largement pour l’exportation47. Ces orientations jouent un rôle
prééminent dans le succès à l’exportation.

La réussite sur les marchés internationaux correspond à un


développement de secteurs productifs aux rendements performants donc
prix compétitifs, ce dont le PIB enregistrera les effets ;
- de données STRUCTURELLES : ses infrastructures (routières,
urbaines ...), son système éducatif, son système bancaire et financier,
- des mentalités et du DYNAMISME ENTREPRENEURIAL.
Tout ceci détermine sa PRODUCTIVITÉ.

Rapportons les tendances de la croissance de grands ensembles


économiques depuis 2021 (selon des données du Fonds Monétaire
International) en distinguant pays avancés de longue date et pays
émergents : l’impact très prononcé de l’inflation apparaît nettement,
(%)

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47 Tel est le cas de la Chine qui produit largement en vue d’exporter, en sacrifiant le secteur des
biens destinés à la consommation interne.
Elle se découvre très dépendante de la demande mondiale.
En conséquence, elle ré-oriente à présent ses productions vers les biens de consommation destinés
à ses nationaux.

Prévisions d’octobre 2022 ---


Prévisions de janvier 2023
pour l’économie mondiale

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P é

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Pays émergentsPays émergents
Économie mondiale Economie mondiale
Pays avancés de longue date La stabilité politique n’est pas à ignorer.

Il faut revenir sur les relations entre inflation et chômage : nous les
avons approchées dans leurs couplages ; il faut en déduire les incidences
sur l’efficacité des politiques économiques (politique budgétaire et
politique monétaire). Les débats théoriques et politiques ont été très vifs
en ces matières.

Chapitre V – LES INTERDÉPENDANCES


ENTRE INFLATION ET CHÔMAGE
La liaison inflation-chômage est un thème majeur en analyse
économique.
Elle conduit à s’interroger sur l’efficacité de l’intervention de l’État dans
l’économie.

V.1 – L’approche théorique du lien entre inflation et chômage


: la relation de Phillips

Dans les années 1950, un économiste, PHILLIPS, avait relevé sur des
graphiques de longue durée (relatifs à l’Angleterre entre 1867 et 1957)
une corrélation négative entre le chômage et la hausse des salaires : la
montée de l’une de ces grandeurs paraissait correspondre à la baisse de
l’autre.

Au début des années 1960, LIPSEY avait formulé un semblable constat


entre le chômage et l’inflation.
Taux de croissance des salaires

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Taux de chômage COURBE DE
PHLLIPS

V.1.1 – Un dilemme inflation-chômage ?

Deux économistes, SAMUELSON et SOLOW, considérant le couple taux


de chômage-taux d’inflation (graphique page suivante), allaient
interpréter cette relation comme un DILEMME de politique
économique : un gouvernement ne pourrait réduire le chômage qu’en
acceptant une montée de l’inflation, et inversement.

La politique économique paraissait alors condamnée à se mener en STOP


AND GO :
- agir contre le chômage, par exemple en augmentant les dépenses
publiques (pour stimuler la demande) ou en accroissant la masse
monétaire (pour créer du pouvoir d’achat), en acceptant une montée de
l’inflation ;

- sitôt celle-ci devenant problématique, lutter à son encontre, en réduisant


les dépenses publiques,
- reprendre inlassablement ce processus.
L’État devait se montrer très actif, mais inconstant dans ses visées.

La courbe représentative de ce DILEMME CHÔMAGE-INFLATION


se présente ainsi : COURBE DE PHILLIPS-SAMUELSON-SOLOW
Taux Taux d’inflation élevé et taux de chômage faible d’inflation
Taux d’inflation faible et taux de chômage fort

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Taux de chômage
Une politique de relance paraissait donc exposée à un ARBITRAGE
ENTRE INFLATION ET CHÔMAGE.

V.1.2 – La critique monétariste

Cette interprétation et cette préconisation de politiques de « stop and go »


ont été contestées par les AUTEURS LIBÉRAUX, notamment Milton
FRIEDMAN chef de file de l’ÉCOLE MONÉTARISTE de Chicago48.
Plus profondément, l’intervention économique de l’État allait être
contestée, présentée comme inefficace, inutile, sources de distorsions.

Les économistes libéraux raisonnent en longue période plutôt qu’à court


terme.

Leur réflexion se ramène toujours à la conviction que le système


économique est apte à s’auto-réguler à terme, retrouver sa stabilité
après un choc ; toute intervention publique de politique économique
prendrait alors un caractère perturbateur, disruptif.

Dans ce cadre de pensée, M. Friedman soutient qu’une économie se


maintient sur la longue durée - audelà des tensions conjoncturelles - au
PLEIN-EMPLOI DES FACTEURS DE PRODUCTION : pleinemploi
de la main d’œuvre et plein-emploi des équipements.

Cette ligne de raisonnement procède d’une idée : le système économique


sait retrouver son équilibre ; il est stable en longue période ; il est
pérenne.
Elle est au-delà du démontrable.
48 Ses disciples et successeurs sont désignés comme les Chicago's boys.

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Les non-libéraux voient là une croyance démentie par la succession des
crises, une idéologie ! Que signifie pour M. Friedman le PLEIN-
EMPLOI du facteur travail ?

Le taux de chômage dans une économie graviterait autour d’un TAUX


DE CHÔMAGE NATUREL que l’on va définir : aucune politique
publique ne pourrait ramener le taux de chômage en dessous de ce
niveau qui prévaut sur la durée.

Le taux de chômage naturel qui correspond au plein-emploi du


facteur travail n’est pas nul.

Il recouvre une spécificité STRUCTURELLE d’une économie, il est donc


au-delà du CONJONCTUREL, c’est-à-dire des tensions du moment - à
horizon de court terme - entre offres et demandes49 : à tout instant il
existe un sous-emploi ne tenant pas à une insuffisance de demande, à
l’encontre duquel la politique économique ne peut donc rien : notamment,

- des entreprises peuvent rechercher des personnels nantis de


qualifications spécifiques : des postes restent donc vacants tant qu’ils ne
peuvent être pourvus adéquatement ; parfois, il faudra que les centres de
formation mettent en place des programmes éducatifs focalisés sur de tels
besoins ;

- des emplois peuvent exister mais éloignés de la main d’œuvre


susceptible de candidater : le sous-emploi tient alors aux délais de la
mobilité professionnelle inter-régionale ;
- une personne en quête d’emploi ne se précipite pas sur la première
offre venue : elle se trouve au chômage le temps de faire son choix (JOB
SEARCH).
Dans une économie au taux de chômage naturel le sous-emploi n’est
pas conjoncturel mais structurel !

Dans un tel cas, la politique économique n’a pas à intervenir pour faire
baisser le sous-emploi. L’analyse keynésienne ne s’applique pas.

Le TAUX DE CHÔMAGE NATUREL apparaît sur le graphique - très


théorique - ci-dessous à l’intersection de l’axe horizontal et de la courbe
rouge. On voit qu’il correspond à un taux d’inflation nul et un taux de
chômage incompressible.

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Taux d’inflation
Taux d’inflation nul

Taux de chômage naturel


Taux de chômage
Le TAUX DE CHÔMAGE NATUREL de M. FRIEDMAN
49 Pour les monétaristes, qui sont des (ultra-libéraux) néo-classiques, tout se ramène aux
MARCHÉS, aux relations offre/demande.
Pour divers auteurs libéraux, comme il est impossible de s’éloigner
durablement du taux de chômage naturel (perspective de long terme de
leur raisonnement), la courbe de PHILLIPS n’est qu’une illusion !

V.2 – Le lien contemporain entre croissance, inflation et


chômage en France

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Raisonnons à horizon rapproché (un petit nombre d’années). Des
interdépendances entre activitéinflation-chômage-emploi sont flagrantes
sur des projections de la BANQUE DE FRANCE présentées ci-après sur
la base des chiffres de 2019 à 2022 - pour l’économie française à horizon
202550

Projections de la Banque de France (horizon 2025)

(source : diffusion Banque de France)


On relève notamment que
➢ le recul de l’activité dû à la pandémie a occasionné un tassement des
créations d’emplois et une montée du taux de chômage.

Le chiffre négatif de croissance française en 2020, -7.7 %, atteste la


violence de l’impact du covid sur notre économie, suivi d’un rebond en
2021, 6.4 % (ne compensant donc pas le recul de l’année précédente). On
peut estimer qu’en 2022 nous étions revenu dans la norme, avec une
croissance de 2.2 %.

➢ pour les années 2023, 2024 et 2025, les faibles prévisions de


croissance - respectivement 0.7 %, 1 % et 1.5 % - correspondent au
fort impact négatif de l’inflation attendue.
+ D’une part, l’inflation amenuise le pouvoir d’achat des agents, donc la
demande de biens et par suite l’activité économique du pays.
50 La seconde ligne accompagnant chaque item témoigne de l’importance des révisions des
projections antérieures de cet organisme.

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+ D’autre part, la montée des prix des biens exportables compromet leurs
ventes à l’étranger ; le secteur travaillant pour l’exportation - une part
importante de la production des pays développés – sous-performe.

L’activité mesurée par le PIB s’en ressent.


On perçoit nettement au fil de tels raisonnements l’influence des
ANTICIPATIONS sur la conjoncture économique.
En météorologie, croire que demain il pleuvra n’a évidemment aucun
impact sur le temps du lendemain.

En finance, si les traders anticipent massivement la montée du prix d’un


titre, ils s’en porteront acquéreurs, ce qui en fera monter le prix.
En économie, si les managers des firmes anticipent majoritairement une
chute de la demande, ils limiteront leurs investissements et leurs
recrutements, l’activité et la demande baisseront.

Les anticipations ne sont pas neutres en finance et en économie. Telle


est la spécificité et la complexité de ces disciplines.

Selon la Banque de France, l’ inflation française passerait entre 2022 et


2025 de 5.9 % l’an à 1.9 %. Les créations d’emploi nettes (des
suppressions de postes) seront en baisse sensible : passant entre 2021 et
2025 de 802.000 l’an à -44.000 (destructions d’emploi).

Le taux de chômage, en recul de 2019 à 2023, devrait ainsi repartir à la


hausse.
Au vu de ces chiffres, les mouvements sur le court terme du chômage et
de l’inflation paraissent plutôt contraires : à une baisse (montée) du
chômage correspond une montée (baisse) de l’inflation.

Certes, l’inflation contemporaine qui compromet l’activité et les chiffres


d’affaires des entreprises, se montre défavorable au recul du chômage ;
néanmoins, des graphiques sur moyenne période font état d’une liaison
peu étroite entre chômage et inflation, comme on va le voir, ce qui met en
question l’existence même de la courbe de Phillips (une réalité factuelle
ou un artefact ?).

Ici transparaît la difficulté des appréciations conjoncturelles.

V.3 – Le lien ténu à moyen terme entre inflation et chômage


aux États-Unis

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Considérons ainsi sur un horizon d’analyse plus long le lien inflation-
chômage aux États-Unis : les évolutions de ces deux grandeurs ne
paraissent pas systématiquement en opposition, ce qui contrevient à la
relation de Phillips.
États-Unis : chômage et inflation entre 1997 et 2017

Un constat semblable peut être formulé pour la France, correspondant


encore à une mise en doute de la relation de Phillips
France : chômage et inflation depuis 1980

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On perçoit les difficultés de
l’analyse économique : les travaux statistiques ne permettent pas
toujours de trancher entre deux hypothèses théoriques contraires.

Chapitre VI – LE MARCHÉ DU TRAVAIL,


L’ACTIVITÉ ET L’EMPLOI
Les économistes raisonnent sur un MARCHÉ DU TRAVAIL.
Un juriste intéressé par le droit social doit être informé de ce mode de
raisonnement.
La lecture de la presse – qui vous est très fortement recommandée,
régulièrement, pour vos études et votre information de citoyen - vous a
familiarisé avec
- des « offres d’emplois », présentées par des entreprises ayant des postes
à pourvoir,
- des « demandes d’emplois », émanant des personnes en recherche de
travail salarié.
Les économistes usent d’un vocabulaire assez différent en se rapportant à
un facteur de production, le TRAVAIL, offert et demande sur un marché,
le MARCHÉ DU TRAVAIL :
- l’OFFRE DU FACTEUR TRAVAIL est le fait des candidats à un poste
salarié, prêts à mettre leur force de travail à la disposition d’une entreprise
en contrepartie d’une rémunération, le salaire ;

- la DEMANDE DU FACTEUR TRAVAIL est formulée par les


entreprises ayant des besoins de personnels, disposées à recruter, en
fonction du niveau de salaire et de la productivité estimée d’un solliciteur
d’emploi.

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Il faut être très attentif à cette ambivalence lexicale.
Dans ce cours destiné à vous familiariser avec l’analyse économique on
se rapportera naturellement au vocabulaire des économistes.
En résumé, dans ce texte, les salariés offrent leur force de travail, les
entreprises en font la demande.

Le niveau du SALAIRE se détermine à l’équilibre des offres et


demandes.

VI.1 - Le SALAIRE D’ÉQUILIBRE

Par souci de simplicité, selon le cas, on envisagera une offre et une


demande du facteur travail relatives
- à un unique métier (vue microéconomique de salariés potentiels et
d’une entreprise en souhaits de recrutement)
- ou au marché du travail (vue macroéconomique, se rapportant à
l’ensemble des métiers, donc des salariés et des entreprises).
Une entreprise (ou l’ensemble des entreprises) ARBITRERA entre
recrutements de salariés ou recours à des équipements :
- plus le salaire est élevé, plus l’entreprise préférera utiliser les machines,
de sorte que sa demande du facteur travail dépend négativement du taux
de salaire ;
- plus le salaire est élevé plus les candidats à l’emploi seront nombreux,
ainsi leur offre du facteur travail dépend positivement du taux de salaire.
On raisonnera sur un simple schéma, avec comme notations :
- la lettre L initiale du terme anglais Labor désignant le travail,
- la lettre w initiale du terme anglais wage désigne le salaire ; w*
désignera le salaire d’équilibre.
- Lo se rapporte à l’OFFRE du facteur travail : plus le salaire est élevé,
plus l’offre de leur force de travail par les salariés sera forte : Lo est une
fonction croissante du salaire,

- Ld se rapporte à la DEMANDE du facteur travail : plus le salaire est


élevé, moins le recours au facteur travail par les entreprises sera fort (elles
préféreront plutôt utiliser des équipements – machines-outils, robots,
informatique … ) : Ld est une fonction décroissante du salaire

Le MARCHÉ DU TRAVAIL vu par les économistes


Lo , Ld Ld Lo
niveau de l’emploi effectif Lo = Ld

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Lo Ld w
*
salaire d’équilibre
L’ajustement de l’offre et de la demande de travail se fait par le salaire.
L’équilibre offre = demande détermine le SALAIRE D’ÉQUILIBRE,
noté wo.
L’idée est la suivante : toute personne désireuse de travailler disposerait
d’un emploi en acceptant le salaire d’équilibre. A CE TAUX DE
RÉMUNÉRATION, AUCUN CHÔMAGE.
Une personne refusant cette rétribution en l’estimant insuffisante sera
considérée comme s’étant volontairement écartée du marché du travail :
elle ne peut être recensée parmi les chômeurs. Cette vue est trop agrégée.
Le marché du travail est segmenté.
D’une part, le secteur des cadres n’est pas celui des employés ou des
ouvriers spécialisés ; ces espaces sont mutuellement hiérarchiquement
structurés ; chacun d’eux possède ses propres pyramides.
D’autre part, il faudrait envisager un tel schéma offre-demande pour
chaque métier donnant lieu à une offre et une demande de travail.
De surcroît, les salaires obéissent à des grilles déterminant les prix du
travail au-delà des offres et demandes.
Enfin, des relations contractuelles – sur lesquelles les libéraux insistent
très fortement, leur souhaitant une extension maximale et un caractère ad
libitum – peuvent lier employeurs et salariés.
LE CONTRAT DE TRAVAIL SE VEUT INCITATIF
(1) encourager l’effort : un problème de SÉLECTION ADVERSE

Avant le recrutement éventuel d’un salarié, le DRH ignore plus ou moins


son goût à l’effort, son implication, sa culture d’entreprise, ses
compétences : cette asymétrie d’informations au préjudice de
l’employeur, antérieure à la signature d’un contrat de travail, est
nommée « SÉLECTION ADVERSE » en analyse économique.

La résolution de ce problème peut prendre la forme d’un SALAIRE


D’EFFICIENCE : une rémunération supérieure à celle du marché est
proposée pour inciter au travail la personne recruté, afin de ne perdre des
conditions conçues pour apparaître privilégiées. En principe, la
rémunération doit être proportionnelle à la contribution du salarié ; le
salaire d’efficience renverse cette causalité : un salaire élevé doit
encourager à l’effort de productivité.

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Le licenciement, qui doit être aisé dans cette logique, sanctionnerait tout
manquement aux espérances de l’employeur.

(2) Le contrôle des managers par les actionnaires : un problème de


RISQUE MORAL

Les actionnaires, propriétaires de l’entreprise, ne gèrent pas eux-mêmes :


ils sont des investisseurs d’épargne non des spécialistes de la conduite des
entreprises. Ils délèguent à des managers leurs pouvoirs de gestion.
Mais ils ignorent ce que seront les comportements des managers recrutés :
cette asymétrie d’informations au détriment des actionnaires,
postérieure à la signature de leur contrat d’engagement, est appelée «
ALÉA DE MORALITÉ » ou « RISQUE MORAL ».
Mais ceux-ci pourraient imposer des décisions allant à l’encontre des
souhaits des actionnaires : tandis que ces derniers désirent percevoir des
dividendes annuels élevés, favorables à la montée de leurs actions en
Bourse, les managers peuvent limiter la part des profits dévolue aux
dividendes pour privilégier le financement des investissements sur
ressources internes (autofinancement).
Les actionnaires remettront donc un lot d’actions aux managers, à titre de
rémunération complémentaire, les fameux stock-options : l’intérêt des
actionnaires coïncidant avec l’appréciation de ce portefeuille, ils
veilleront désormais aux dividendes !

Plus avant quelle serait la « juste » rémunération des grands patrons ?

VI.2 – Une législation de SALAIRE MINIMUM

Envisageons que le droit social d’un pays pose un salaire minimum, un


plancher de rémunération. En France, il s’agit naturellement du SMIC :
Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance.

VI.2.1 – L’idée de salaire minimum

Plus précisément, il est stipulé en droit social que le salaire versé51 doit
être au moins égal au SMIC52.

Le 1ermai 2023 le SMIC était de 11.52 € de l’heure, soit une


rémunération mensuelle minimale de 1747.20 € brut, environ 1383 €
nets (c’est-à-dire après déduction des charges fiscales et sociales pesant

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sur le salaire brut) sur la base de la durée légale du travail de 35 heures
par semaine.

Cette rémunération avait augmenté de 2.2 % par rapport au mois de


janvier 2023. Cette réévaluation du SMIC avait tenu à l’inflation plus
forte que prévue, nécessitant une hausse du revenu du travail pour limiter
le recul du pouvoir d’achat des salariés.

Comment évolue ce salaire minimum ?


- chaque année, au 1er janvier, le gouvernement revalorise le SMIC, en
respect du code du travail ;

- le gouvernement peut aussi augmenter le SMIC en cours d’année


lorsque l’indice IPC a progressé d’au moins 2 % sur un an (nous avons
légèrement simplifié cette référence) ;
- en novembre de chaque année un groupe d’experts rend ses
préconisations d’ajustement du SMIC au gouvernement (lequel n’est pas
tenu de les suivre).
Les économistes libéraux voient cette législation comme une RIGIDITÉ
DU MARCHÉ DU TRAVAIL, lui attribuant la responsabilité des
difficultés de réduction du chômage.
Le raisonnement s’explicite sur le graphique suivant
+ le salaire d’équilibre égalise l’offre et la demande du facteur travail,
étant noté w* , soit Lo(w*)=Ld(w*),

+ si la législation impose un salaire minimum plus élevé, w > w*, l’offre


de travail (émanant de salariés) deviendrait Lo(w), d’un niveau supérieur
à celui de la demande de travail (émanant des entreprises qui vont estimer
trop cher le travail) Ld(w) : soit Lo(w) > Ld(w),
+ le niveau d’emploi ne pourra correspondre qu’à Ld(w), inférieur à
Ld(w*),
51 Plus précisément, ce salaire correspond au salaire de base + avantages en nature + primes de
productivité + pourboires. On exclut les majorations pour heures supplémentaires, les primes de
participation, les primes d’ancienneté, les primes de vacances et de fin d’année.

52 Antérieurement, il s’agissait d’un SMIG, salaire minimum inter-professionnel garanti, c’est-à-


dire une rémunération minimale (toutes professions confondues) progressant régulièrement quelle
que soit la conjoncture. Puis, on a jugé préférable d’indexer cette rémunération minimale (toutes
professions confondues) sur la croissance et l’inflation : on a tenu compte de l’activité, de la
situation économique et financière des entreprises, du pouvoir d’achat des salariés.

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+ il s’ensuit l’existence d’un chômage de niveau Lo(w) – Ld(w).
L’impact d’une législation de SALAIRE MINIMUM w selon les
économistes :
Lo , Ld Ld Lo offre du facteur-travail
Lo(w) Lo(w) – Ld(w)

Lo = Ld ampleur du CHÔMAGE

emploi EFFECTIF Ld(w)


Lo Ld demande du facteur-travail w
*w
salaire d’équilibre salaire minimum
Implicitement ce raisonnement libéral tend à attribuer à la législation,
aux salariés et à leurs syndicats la « responsabilité » du chômage.
Comme on le voit le débat économique se reporte sur le droit social.

VI.2.2 – Le salaire minimum dans le monde

Pourtant un très grand nombre de pays du monde ont adopté le


PRINCIPE D’UN SALAIRE MINIMUM.
Les pays d’économie libérale53 n’ont pas manqué de recourir à ce
dispositif qui préserve la paix sociale et freine les disparités de revenus.

Sur le tableau page suivante, on voit que le salaire minimum est du même
ordre en Allemagne et en France, légèrement supérieur à celui du
Royaume-Uni une économie ayant opté pour un libéralisme assez strict.

Les thèses libérales se heurtent aux nécessités sociales.


De trop faibles revenus familiaux ne permettent guère d’être en phase
avec les modes de vie commun, l’accès à l’instruction et aux études,
l’épanouissement social …
Les inégalités ont des incidences dommageables et bien regrettables.

53 En fait tous les pays européens et l’UE s’affirment d’économie libérale.


Le libéralisme français ou européen est néanmoins très différent de celui anglo-saxon (Royaume-
Les pays à faible salaire minimum se caractérisent
Uni, États-Unis ...)
généralement par de fortes disparités sociales ... sans que leur soient
épargnées de grandes difficultés économiques.
Salaires en termes de pouvoir d’achat
(Parités des Pouvoirs d’Achat)

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Données établies et diffusées par l’OCDE

Cette comparaison internationale est menée en termes de pouvoir


d’achat : avec un même salaire nominal (un montant en euros) un
ménage n’aura pas le même pouvoir d’achat en France et dans un pays où

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les prix seraient nettement plus faibles ; une statistique de revenu en
termes de pouvoir d’achat corrige ce biais.

VI.3 – Le niveau des rémunérations dans divers grands pays

On peut s’intéresser aussi au niveau des salaires en Europe.


La répartition des salaires est un phénomène complexe à présenter. On
peut s’attacher, entre-autres,
- au salaire médian : c’est-à-dire que 50 % de la population gagne moins
et 50 % gagne davantage,
- au salaire moyen : la moyenne des salaires perçus dans notre pays.

Le tableau suivant évoque le SALAIRE HORAIRE BRUT MÉDIAN.


On voit qu’il est à peu près du même ordre en France et au Royaume-Uni,
nettement inférieur à celui de la Suisse.

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Salaires horaires médians en Europe (pour un célibataire sans enfant)

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Salaire médian : 50 % de la population bénéficie d’un salaire supérieur et
50 % de la population bénéficie
d’un salaire inférieur

Le salaire médian dans diverses économie européennes


(données diffusées par l’OCDE)
Le SALAIRE MOYEN doit aussi être pris en compte : le tableau suivant
se rapporte aux économies de l’OCDE (les économies développées). Nos
concitoyens n’apparaissent pas les plus fortunés.

Salaires moyens en Europe


(bruts et nets)
pour un célibataire sans enfant

Données diffusées par l’OCDE

VI.4 – L’évolution du chômage

Comment a évolué le chômage dans notre pays ?


Notre pays a subi en 2008 la CRISE FINANCIÈRE MONDIALISÉE :

elle est partie d’un problème de non-remboursements massifs de crédits


immobiliers hypothécaires (les fameux subprimes) aux États-Unis.
- Les banques concernées par ces défauts de leur clientèle d’emprunteurs
se sont retrouvées en difficulté, leurs résultats financiers se sont dégradés
;

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- cotées en Bourse, elles ont vu le cours de leurs actions chuter ;
- les indices boursiers américains (par exemple , le DOW JONES) ont
suivi ce mouvement ;

Partie de la sphère du crédit bancaire, la crise avait donc atteint les


marchés d’actions américains.
- les indices boursiers des grandes places financières (en France le
CAC40, au Japon le NIKKEI, en Allemagne le DAX …) ont suivi un
même mouvement ;
La crise financière se mondialisait.
- ces problèmes ont pesé sur les financements économiques, avec
compromission des productions, recul de l’activité économique des
entreprises, baisse des revenus donc de la demande.

La crise devenait macroéconomique .


Les taux de chômage nationaux s’en ressentaient.
Pour notre pays, l’évolution du chômage, de 2000 à 2023, fut la suivante :

Le taux de chômage français de 2000 à 2022

Le plus bas niveau depuis


2008 Crise financière
de 2008

Données diffusées par l’INSEEpandémie Le chômage en début 2023 ne


progressait plus (la situation est aujourd’hui légèrement moins

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satisfaisante)

Taux de chômage français en proportion de la population active

Données diffusées par l’INSEE


Taux de chômage par classes d’âges :
Taux de chômage des moins de 25 ans
(à lire sur l’échelle de droite)

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Données diffusées par l’INSEE Premier choc pétrolier Crise financière de
2008pandémie

VI.4 – La répartition des rémunérations dans notre pays

Regardons la DISTRIBUTION des salaires dans notre pays : on voit ci-


dessous que 53 % des français ont un SALAIRE MENSUEL NET
inférieur à 2000 € (une somme donc légèrement au-dessus du salaire
mensuel net médian qui concernerait 50 % de la population) et 91 %
gagnent moins de 4000€. Environ 3 % de la population gagne plus de
6000 €

Salaires nets en France


(équivalents temps plein du privé ou du public)

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Données diffusées par l’INSEE
50 % en dessous
Salaire médian
50 % au dessus Après les salaires, on considérera l’emploi et le chômage.

VI.5 – La définition du chômage

Selon la théorie économique, pour être reconnu au chômage il ne suffit


pas d’être sans emploi, il faut pourvoir témoigner d’une recherche active
d’emploi.
Dans cette perspective :

- selon l’ ORGANISATION INTERNATIONALE DU TRAVAIL


(OIT) sera considérée comme chômeur une personne appartenant à la
population active, sans emploi, mais qui en cherche activement.

- selon l’ INSEE : une personne pourra être déclarée au chômage si elle


est en âge de travailler (15 ans au moins, mais les étudiants ne seront pas
comptabilisés, ainsi que les personnes retraitées), sans emploi (n’ayant
aucunement travaillé pendant une semaine de référence), en recherche
active d’emploi, disponible dans les quinze jours.

- selon PÔLE-EMPLOI : une personne sera déclarée demandeur


d’emploi si elle est sans emploi et inscrite à Pôle-Emploi (susceptible
donc d’être guidée dans la recherche d’emploi et de recevoir des offres
d’emplois).

Ainsi des personnes au chômage non-inscrites à Pôle-Emploi pourront


être recensées comme chômeurs par l’OIT ; à rebours, des demandeurs
d’emploi exerçant une activité inférieure à 78 heures par mois, s’ils
remplissent les autres critères, peuvent être comptabilisées au chômage
par Pôle-Emploi.

Pôle-Emploi distingue 5 CATÉGORIES de chômeurs :


+ catégorie A : les demandeurs d’emploi tenus d’apporter des preuves de
recherches d’un emploi, n’ayant exercé aucune activité ;
+ catégorie B : les demandeurs d’emploi tenus d’apporter des preuves de
recherches d’un emploi, ayant exercé une activité réduite (moins de 78
heures au cours du mois) ;
+ catégorie C : les demandeurs d’emploi tenus d’apporter des preuves de
recherches d’un emploi, ayant exercé une activité réduite (de plus de 78

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heures au cours du mois) ;
+ catégorie D : les demandeurs d’emploi non tenus d’apporter des
preuves de recherches d’un emploi (du fait d’une maladie, d’une
formation, d’un stage ...) ;
+ catégorie E : les demandeurs d’emploi non tenus d’apporter des
preuves de recherches d’un emploi, néanmoins en emploi (dans le cadre
d’un contrat aidé par exemple).

Le montant minimum de l’allocation chômage en France, l’Allocation


de Retour à l’Emploi (ARE), est de 31.59 € par jour, depuis le 1er juillet
2023 ; son montant maximal est de 274.80 € brut par jour. Ce montant est
calculé à partir des derniers salaires (sur 24 mois) du demandeur d’emploi
; il ne peut pas dépasser 75 % du SALAIRE JOURNALIER DE
RÉFÉRENCE (SJR).

Illustration : calcul du SJR


par exemple, un salarié ayant reçu 50.000 € de rémunération brute sur
les deux dernières années (soit 731 jours calendaires), aura comme SJR
50.000 68.40 €.
731 =

Une revalorisation annuelle de l’ARE intervient chaque 1er juillet.


Une revalorisation exceptionnelle peut intervenir en cours d’année (ce fut
le cas au 1er avril 2023) compte tenu de l’inflation constatée.

Un salarié disposera, au regard de son SJR, d’une allocation de chômage


journalière brute correspondant au montant le plus élevé de ces deux
formules :
(a) 57 % de son SJR,
(b) 40.4 % de son SJR +12.95 €

Illustration :
Par exemple, un salarié ayant reçu 50.000 € de rémunération brute sur
les deux dernières années (soit 731 jours calendaires), aura comme SJR
50.000=68.40 € le maximum de
731
(a) 57 % de 68.40, soit 0.57×68.40 €=38.99 €
(b) 40.4 % de 68.40 + 12.95 , soit 0.404×68.40 €+12.95 €=40.58 €
L’Allocation Journalière Brute sera donc 40.58 €.
Une dégressivité de l’allocation chômage est entrée en vigueur au 1er
juillet 2021 : elle concerne les demandeurs d’emploi de moins de 57 ans
et de SJR supérieur à 159.68 € par jour.

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Le niveau du chômage dans notre pays est-il dépendant des
législations sociales (salaire minimum et indemnisation du chômage)
?

VI.6 – Le chômage en temps de CRISE

Comment a évolué le chômage dans notre pays ?

Notre pays a subi en 2008 la CRISE FINANCIÈRE MONDIALISÉE


partie d’un problème de nonremboursements massifs de crédits
immobiliers hypothécaires (les fameux subprimes) aux États-Unis. Les
banques concernées par ces défauts de leurs clientèle d’emprunteurs se
sont retrouvées en difficulté, leurs résultats financiers se sont dégradés ;
cotées en Bourse, elles ont vu le cours de leurs actions chuter : les indices
boursiers américains (par exemple , le DOW JONES) se sont effondrés :
partie de la sphère du crédit bancaire, la crise avait donc atteint les
marchés d’actions américains.

Les indices boursiers des grandes places financières (en France le


CAC40, au Japon le NIKKEI, en Allemagne le DAX …) ont suivi un
même mouvement : la crise financière se mondialisait.

Évolutions de la croissance et de l’emploi en zone euro : l’emploi et


l’activité sont naturellement fortement corrélés ; néanmoins, durant le
confinement, si le PIB a fortement chuté, les mesures d’accompagnement
(prise en charge du chômage partiel, aides aux artisans et entreprises … )
ont permis de préserver en partie l’emploi

PIB en volume et Emploi dans la zone euro


(base 100 fin 2019)

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Données diffusées par Eurostat
Les taux de chômage européens actuels : l’opposition entre les pays du
nord et du sud de l’Europe est flagrante.

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Il i à é d ’i é à l’ f i ld

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Il convient à présent de s’intéresser à l’autre facteur essentiel de
production, le capital.

Chapitre VII - LE CAPITAL PRODUCTIF


Après avoir considéré le TRAVAIL, on s’intéresse à un autre facteur de
production, le CAPITAL.
Une distinction est cruciale : ENCOURS (ou stock) et FLUX.
Un STOCK ou ENCOURS est une grandeur économique dont la mesure
n’a de sens qu’à une date donnée : par exemple, le capital productif en
relève.
Un FLUX est une grandeur économique dont la mesure n’a de sens que
sur une période donnée : par exemple, l’investissement est de cette sorte.
Illustration :
Considérons une usine textile (d’aujourd’hui ou d’hier).

Supposons que l’on y recense 50 métiers à tisser à une date donnée, par
exemple le 1erjanvier : tel est son STOCK D’ÉQUIPEMENTS, dont on
pourra encore parler comme de son ENCOURS DE CAPITAL.

Supposons que 10 d’entre-eux doivent être mis hors service pour quelque
défaut de fonctionnement, quelque vétusté ou une technique périmée. On
en parlera comme d’un AMORTISSEMENT du capital : la perte de
valeur des biens d’équipement.

Le stock de capital après amortissement est réduit désormais à 40 métiers


à tisser.
Cette entreprise peut investir, c’est-à-dire vouloir accroître son stock de
capital :

- il pourra s’agir d’un INVESTISSEMENT DE REMPLACEMENT si


on acquiert de nouveaux métiers à tisser pour remplacer ceux mis au
rebut et maintenir le niveau de production ; ce remplacement pourra
s’opérer par l’achat de métiers identiques à ceux déclassés ou de métiers
plus modernes, technologiquement plus avancés ;

- il pourra s’agir d’un INVESTISSEMENT DE CAPACITÉ si on


acquiert de nouveaux métiers à tisser pour augmenter le stock de capital
et produire davantage.

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Supposons que l’investissement de remplacement durant l’année soit de
10 métiers à tisser et l’investissement de capacité de 20 métiers, alors le
stock de capital atteindra 40 + 10 + 20 : 70 équipements au 31 décembre.

L’investissement sur l’ensemble de l’année aura été de 30 métiers à tisser.


Cette grandeur est un FLUX : elle n’a de sens que sur une durée donnée.
La VARIATION DU STOCK DE CAPITAL au long de la période, qui
correspond ici à 70 – 50 = 20 métiers, s’apparente à un flux.

Ainsi le PIB est un flux : il s’agit de la production de notre pays entre le


1er janvier et le 31 décembre. On comprend bien que parler de la
production française, par exemple le 15 mars 2018 à 13 heures, n’aurait
aucune signification.

Toutes les grandeurs de la comptabilité nationale – consommation,


investissement, exportations, importations, dépenses publiques … - par
nécessité de cohérence au regard de leurs liens au PIB, seront des flux.

En revanche, parler du prix du baril de pétrole, de l’or ou du dollar n’a de


sens qu’à un instant donné, par exemple le 15 mars 2018 à 13 heures.
La quantité de monnaie en circulation (comprenez pour l’instant les
billets dans les poches des français) n’a de sens que mesurée à un instant
donné. Elle est aussi un encours.
Il en va de même du montant des stocks d’une entreprise : on les mesure,
par exemple, le jour de l’inventaire.

VII.1 - Les dynamiques de l’investissement

Grâce à leur CAPITAL, leurs équipements productifs divers, les


entreprises peuvent
- fabriquer sur des modes efficaces, à rendements plus élevés,
- affronter leurs rivalités mutuelles avec des technologies performantes,
- produire des biens à moindres coûts, donc moins onéreux pour les
consommateurs,
- faire travailler les entreprises livrant ces matériels,
- économiser au mieux les ressources de la collectivité,
- créer et maintenir des emplois, distribuer des revenus à leurs salariés.
L’investissement paraît ainsi représenter la MODERNITÉ et le
PROGRÈS, depuis l’époque des Lumières (18ème siècle), puis au 19ème
siècle qui fut si industrieux …
Divers problèmes émergent néanmoins, suscitant des craintes et des

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interrogations.
- Un univers mené par la technique, dont les destinées seraient peut-être à
confier aux seuls scientifiques ?
- Une industrialisation à outrance, pouvant mener à une négligence de
l’environnement ?
- Des critères de sélection des processus productifs essentiellement
financiers, s’en tenant à des comparaison de rendements, excluant la part
humaine ?

- Des soucis liés à la substitution du CAPITAL au TRAVAIL se font


jour depuis le 18ème siècle, particulièrement aigus en nos temps de
robotisation : les entreprises préféreraient recourir aux machines
plutôt qu’au salariat, efficaces, automatisant les chaînes de production,
économes de coûts salariaux.

On pourrait redouter une ambition : celle de robots pour produire des


robots qui produiraient des robots qui … : idéal ou effroi ?
Le remplacement de l’homme par la machine productive ?
D’où proviendraient alors nos revenus ?
L’Intelligence Artificielle prenant le pas sur les décisions humaines ?
Des craintes prenant de l’ampleur aujourd’hui !

D’aucuns y répondent en faisant valoir que la robotisation est aussi


créatrice d’emplois. Mais, il faut regarder cet argument au cas par cas.
Un thème d’études essentiel aujourd’hui !

VII.2 - Les déterminants de l’investissement

Pourquoi investir ? Comment investir ?


On prête divers MOBILES à l’investissement :
- résister aux concurrences, par des dispositifs capitalistiques54 à hauts
rendements, faibles coûts unitaires55, donc prix de vente des unités
produites aussi minime que possible,
- nécessité d’automatiser la production pour qu’elle soit à grande échelle,
permettant d’inonder les marchés,
- exigence de machines sophistiquées pour l’élaboration de biens
complexes, de hautes technologies, collant au plus près aux désirs des
consommateurs56,
- développement inéluctable des technologies par la recherche-
développement interne : un excellent moyen de s’individualiser pour une

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entreprise.
- investissements en études de marché et chaînes de commercialisation
sont requis pour la conquête de marchés, surtout à l’exportation quand des
délocalisations de production sont requises
On attribue de multiples DÉTERMINANTS à l’investissement :
(1) L’intensité de la demande : une forte demande pressentie pour les
produits d’une entreprise légitime des investissements de capacité élevés ;
On sera attentif au fait qu’il s’agit d’une demande anticipée.
(2) Le coût du capital, relativement à celui du travail, fixe l’ampleur de
l’appel aux machines.
(3) Les taux d’intérêt constituent un frein quand les dépenses
d’investissement sont couvertes par des emprunts : plus ils sont modérés,
plus l’investissement pourra être ample.
54 Il s’agit de processus productifs à forte teneur en équipements.
55 Le coût unitaire est celui de la production d’une unité de bien.
56 La configuration complexifiée des téléphones portables en fournit une illustration.

VII.3 - Les financements de l’investissement

L’investissement est financé sur capitaux internes ou sur capitaux


externes :
- quand l’entreprise a fait des profits, elle dispose de ressources (internes)
pour engager les investissements requis par les plans de productions
futures ; on parle d’AUTO-FINANCEMENT ;
- le coût des investissements dépasse généralement ces ressources propres
et il faut faire appel à des capitaux extérieurs : en schématisant on
évoquera trois sources de fonds
(a) des CRÉDITS BANCAIRES peuvent être sollicités : ils dépendent
des taux d’intérêt exigés par les banques et de l’accord de crédit de celles-
ci57 ;

(b) des OBLIGATIONS peuvent être émises par une entreprise de taille
et renommée assez grandes pour lui ouvrir un accès aux marchés
obligataires : une obligation est un TITRE DE CRÉANCES, c’est-à-dire
une DETTE impliquant des paiements d’intérêt sous forme de distribution
(annuelle ou semestrielle) de coupons et un remboursement à l’échéance
inscrite sur le titre.
L’obligataire en tant que simple créancier ne détient aucun pouvoir de
gestion sur l’entreprise. Il peut revendre ses titres sur leur marché
financier, avant leur échéance, pour récupérer sa mise de fonds ; il est

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tributaire du niveau des taux d’intérêt à ce moment (risque néanmoins
gérable sur des marchés de couverture58).

Illustration :

Supposons qu’ un épargnant ayant acquis pour 100€ une obligation


servant un intérêt de 5 % (donc un coupon de 5€ chaque année) veuille la
revendre quand les taux d’émission des obligations sont passés à 7 %
(pour 100 € on peut désormais acheter une obligation servant un intérêt
de 7 %, donc un coupon annuel de 7 €) : personne ne lui achètera 100 €
son obligation à 5 % ; il ne pourra la céder qu’à un prix plus faible : il
enregistrera une perte en capital à la revente de son titre. Ici réside le
grand risque accompagnant les obligations (souligné par Keynes).

On retiendra que les obligations anciennement émises perdent de la


valeur quand les taux d’intérêt montent.

(c) des ACTIONS peuvent être émises par une entreprise de taille et
renommée assez grandes pour lui ouvrir un accès aux marchés d’actions :
une action est un TITRE DE PROPRIÉTÉ représentatif d’une part du
capital d’une entreprise ; elle sert des dividendes à son possesseur pris
sur les profits réalisés59.
L’actionnaire en tant que propriétaire détient un pouvoir de gestion sur
l’entreprise, qu’il exerce en votant en Assemblée Générale des
actionnaires60.
57 De nos jours, en temps de difficultés économiques des entreprises, exposant à un risque de non-
remboursement des prêts et de non-paiements des intérêts, les banques se montrent réticentes à
répondre favorablement aux demandes de crédits. Elles agissent rationnellement pour éviter leur
propre mise en difficulté (qui ne seraient nullement à l’avantage de leur clientèle de déposants).
Mais l’impact économique de ces rationnements de crédits est redoutable.

58 Il s’agira de contrats à terme sur obligations ou d’options sur obligations : des titres ainsi
relatifs à d’autres titres, dénommés « dérivés ». Des produits pouvant atteindre un très haut niveau
de sophistication et de complexité d’emploi, issus de l’ingénierie financière.

59 Pas de profits, pas de dividendes !


Il peut revendre ses titres sur leur marché financier pour récupérer sa mise
de fonds ; il est tributaire du cours de l’action coté à ce moment (risque
néanmoins gérable sur des marchés de couverture).
Illustration :

Supposons qu’ un épargnant ayant acquis pour 100€ une action veuille
ultérieurement la revendre quand son cours en bourse est tombé à 95€ : il

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enregistrera une perte en capital de 5€. On retiendra que la valeur d’une
action peut évoluer fortement sur son marché de cotation.

Les taux d’intérêt impactent l’investissement quand celui-ci est financé


sur crédits bancaires ou par émissions d’obligations.
Dans le cadre d’une étude de faisabilité d’un projet d’investissement, un
manager confronte le taux de rendement anticipé de l’investissement au
taux d’intérêt des crédits bancaires ou des émissions obligataires : un
rendement inférieur au taux d’un emprunt condamne un projet
d’investissement.

Illustration :
Supposons qu’un investissement destiné à accroître des capacités de
production, avec un rendement annuel de 5 %, soit envisagé.

Supposons que l’entreprise n’ait accès qu’au crédit bancaire (elle serait
de trop faible dimension pour émettre sur un marché obligations ou un
marché d’actions) et qu’on ne lui propose qu’un taux d’intérêt de 6 %.
L’investissement devra être déprogrammé : il conduirait à des pertes.

(4) Un investissement en équipements d’une entreprise cotée en Bourse,


s’il est judicieux, peut être accueilli favorablement par les médias
spécialisés au point de faire monter le cours des actions émises par cette
firme : mieux vaut alors qu’il soit engagé !
Faire monter le cours boursier de l’entreprise est un des déterminants
de l’investissement61.

VII.4 – L’investissement en temps de crise

Le tableau suivant, établi par l’INSEE, fait apparaître l’investissement


sous la rubrique Formation Brute de Capital Fixe62 (FBCF).

➢ L’investissement des entreprises63 représente 14 % de notre PIB : ➢ Il


est la composante la plus volatile de nos comptes nationaux, la plus
sensible aux à-coups conjoncturels.

(Investissement des entreprises)2022 2639.1=0.1409=14.09 %PIB = 371.9

60 Par exemple, il peut voter contre l’équipe managériale, s’il estime insuffisants les dividendes
versés, dans l’espoir de la faire remplacer.
61 Cette relation entre investissement et cours boursier de l’entreprise a été mise en exergue par J.
TOBIN.

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62 Formation « brute » signifie « hors amortissement » (hors remplacement du capital périmé,
déficient, obsolète).
63 On isole dans le FBCF la composante « ménages », c’est-à-dire les acquisitions de logement de
ces agents, et la composante « administrations publiques » dont les dépenses n’ont pas pour
vocation première de créer des biens.

L’investissement apparaît ainsi hautement sensible à la conjoncture :


réagissant fortement aux hausses et aux baisses de l’activité économique.
➢ On peut constater encore que la réaction de ses prix est très vive.

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On constate toutefois, sur la dernière colonne, que le poste ayant le plus
contribué à la progression de 2.5 % du PIB français en 2022 a été les
EXPORTATIONS.
L’activité économique de notre pays est ainsi particulièrement tributaire
des succès de nos entreprises sur les marchés étrangers.
Plus du tiers de notre production est destiné à l’exportation :
(Exportations)2022 2639.1=0.3468=34.68 %PIB = 915.4
Nos entreprises travaillent largement pour la demande étrangère.
Il faut aborder la question-clé des stimulations possibles de la demande
interne par la politique budgétaire, surtout s’enquérir de son efficacité.

Chapitre VIII - LA POLITIQUE


BUDGÉTAIRE
J.M. Keynes fut son grand initiateur en 1936, prenant pour fondement les
enseignements tirés du New Deal de F.D. Roosevelt, engagé en 1933 pour
contrer la déflation sévère que connaissaient les États-Unis.
Il s’agissait de relancer pour sortir l’activité du marasme.

La POLITIQUE MONÉTAIRE avait comme arme traditionnelle la baisse


des taux d’intérêt, favorable aux consommations à crédit, aux
investissements, au marché immobilier …
Mais les taux étaient déjà au plus bas.
Cette politique économique était paralysée, sans plus aucune marge de
manœuvre.

Keynes soutint l’idée de relance par l’augmentation des dépenses de


l’État, la POLITIQUE BUDGÉTAIRE.
Elle avait déjà été pratiquée en 1933 par l’administration Roosevelt.
Keynes en a surtout théorisé l’efficacité.
L’analyse économique, depuis lors, n’a cessé d’interroger son
raisonnement.

Il est essentiel de relever que Keynes écrivit en un temps de déflation,


un extraordinaire recul des prix accompagnait celui de l’activité.
L’inflation n’était pas son problème !

L’analyse keynésienne n’est donc pas axée sur les prix64.


Le premier chapitre de ce cours avait évoqué l’examen de la crise des
années 1930 proposé par I. Fisher, mettant les mouvements de prix au

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cœur des causalités du marasme.
A bien des égards, il nous concerne davantage que l’approche de J.M.
Keynes.

Le développement des dépenses publiques impliquait la montée de la


fiscalité65. Un mécanisme qui ne s’est jamais enrayé depuis.

VIII.1 – La nécessité de relancer en temps de récession

Reprenons le TABLEAU ÉCONOMIQUE D’ENSEMBLE de l’INSEE


pour l’année 2022, présenté aux chapitres II et VII du cours.
On y voit que pour un PIB de 2639.1 milliards d’euros en 2022, les
comptes donnent

- consommation des ménages : 1352.4 milliards d’euros,


- les dépenses publiques des administrations : 416 + 217.6 = 633.6
milliards d’euros (financés par l’impôt et l’endettement public), soit 24 %
du PIB,
- le déficit public atteint donc 9.2 % du PIB ; la dette publique est de
l’ordre de 115.7 % du PIB,
- l’investissement des entreprises (Formation Brute de Capital Fixe) : 665
milliards d’euros,
- les exportations : 915.4 milliards d’euros,
- les importations : 1017.7 milliards d’euros,
- le solde commercial est donc de 915.4 – 1017.7 = -102.3 milliards
d’euros, un déficit extérieur
- la variation des stocks : 33.7 milliards d’euros.
64 Les modèles dits « keynésiens » de nos économies, conçus après la seconde guerre mondiale,
raisonnent à PRIX FIXES.
65 Tant que l’impôt sur le revenu des ménages et sur la production des entreprises demeura faible,
la politique budgétaire fut sans moyens ni ampleur.

En fait, tous les postes sont interdépendants : par exemple,


☐ la consommation et les exportations - demandes de nos produits par
nos ménages et l’étranger déterminent l’activité de nos entreprises donc le
PIB et les investissements, mais aussi les importations (machines,
matières premières, énergie) requises pour produire.

☐ Le PIB s’égalise au Revenu National, réglant ainsi la consommation …


Les dynamiques économiques opèrent au travers d’effets de retours (feed-

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back) qui font comprendre les difficultés et complexités de la théorie
économique.

On sera attentif au fait que l’inflation - la montée des prix des biens
produits chez nous - correspond à une PERTE DE COMPÉTITIVITÉ
de nos productions confrontées à celles de l’étranger : une inflation plus
forte chez nous que chez nos partenaires commerciaux étrangers induira

- un recul de nos exportations (nos entreprises perdront des parts de


marché dans les pays où elles s’efforcent de vendre)
- et une progression de nos importations (nos entreprises perdront des
parts de marché sur notre territoire national).

La très forte chute de ces deux agrégats en 2020 (respectivement -12.3 %


et -16.9 %) signale bien l’impact dépressif sur le commerce international
de la crise du covid.
En conséquence, on notera que si une relance budgétaire haussant la
demande suscite de l’inflation elle est à traiter comme problématique !
La politique budgétaire prônée par J.M. Keynes est axée sur l’efficacité
supposée d’une RELANCE DE L’ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE par les
dépenses publiques, catégoriquement niée par les libéraux.

La nécessité de soutenir temporairement l’activité n’a été contestée par


aucun des gouvernements s’étant succédés dans notre pays, quelle que
soit la couleur politique, mais pour les temps de crise marqués par une
insuffisance de la demande.

Un temps de crise, l’année 2020 :

Effet de la fermeture des entreprises, des commerces et des


administrations liée à la pandémie, en 2020, le PIB a régressé de 7.5 %.
La consommation (demande des ménages) avait chuté de 6.6 %,
l’investissement (demande des entreprises) de 5.4 %, les exportations
(demandes de l’étranger) de 16.9 %.
L’année 2020 fut caractérisée par une INSUFFISANCE DE
DEMANDE.
Comme il est logique, l’inflation marqua cette année-là un net recul
(0.5 % contre 1.1 % en 2019).

Un rattrapage d’activité s’est opéré en 2021, lié à la sortie de la pandémie


et à la relance budgétaire, avec une progression du PIB de 6.4 %.

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Néanmoins, la croissance en 2022 n’a pas excédé 2.5 % ; cette
progression s’explique majoritairement (à hauteur de 1.7 %) par la reprise
de la consommation des ménages, ce qu’enseigne la colonne de droite du
tableau, faisant état des contributions à la croissance du PIB. Depuis
l’accélération de l’inflation a été très forte.

L’État avait dépensé sans compter en 2020 (le fameux « quoi qu’il en
coûte ») pour soutenir le revenu des ménages et les comptes des
entreprises, face au chômage partiel ainsi qu’aux fermetures de firmes et
commerces que le confinement avait induits.

Quel pouvait être l’effet d’une telle politique économique ? On


raisonnera d’abord selon Keynes.

VIII.2 – Les mécanismes de la relance : le « multiplicateur »


keynésien VIII.2.1 – La consommation

Un agent partage son revenu entre sa consommation et son épargne.


Keynes traite simplement l’épargne comme la partie non consommée du
revenu d’un agent ou d’une collectivité :
Revenu = Consommation + Epargne <=> Epargne = Revenu –
Consommation

Il suggère encore que les comportements de consommation sont assez


stables66 : plus précisément, qu’on peut admettre une proportionnalité
constante entre une augmentation du revenu et l’augmentation
concomitante de la consommation.

Illustration :
Supposons que le revenu d’un agent augmente de 1000 €. Si la
consommation augmente alors de 800 €, le coefficient de proportionnalité
est de 0.8 : 800=0.8×1000.

Keynes envisage que cette proportion soit invariante, quel que soit le
revenu de l’agent. Cette vue est probablement outrée. Elle revient à dire
que l’épargne est inerte.
Illustration : suite

Si le revenu d’un agent augmente de 1000 € et si la consommation


augmente par proportionnalité (selon Keynes) de 800 €, alors l’épargne
augmentera de 1000 – 800 = 200 €.

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Néanmoins, chaque agent module ses comportements d’épargne en tenant
compte des rendements et des risques des placements - dépôts bancaires,
détention d’obligations et d’actions, acquisition de logement, constitution
d’une épargne-retraite ... - qui la constituent.

L’épargne permet aussi de faire face aux divers aléas – perte d’emploi,
dépenses imprévues … Le grand auteur (et critique de Keynes) abordant
ainsi les choix d’épargne fut M. Friedman. La réalité est plus conforme
aux analyses de M. Friedman qu’aux vues sommaires de Keynes.
On peut rapporter d’assez près les choix de consommation et d’épargne
d’un agent ayant bénéficié d’une augmentation de son revenu, à ceux
d’une collectivité à laquelle serait accordée une hausse des revenus. 66
L’idée d’une stabilité de la consommation est assez juste, si l’on entend par là qu’elle est la source
déterminante de l’activité. Néanmoins, la proportionnalité évoquée par Keynes est très discutable,
sans fondement.
Illustration : (suite, en macroéconomie)

Si le revenu d’une collectivité augmente de 10 Milliards € du fait d’une


hausse des dépenses publiques et si la consommation augmente par
proportionnalité (selon Keynes) de 8 Milliards €, alors l’épargne
nationale progressera de 10 – 8 = 2 Milliards € .

Toutes les réserves précédemment formulées sur cette liaison seraient à


maintenir.

VIII.2.2 – Les effets induits

Exposons le principe keynésien de l’EFFICACITÉ d’une relance par les


dépenses publiques. Envisageons une augmentation des dépenses
publiques, par exemple des recrutements de fonctionnaires :
- des ménages disposent ainsi de revenus supplémentaires qui leur
permettront de dépenser davantage,
- ils achèteront des biens, de services divers, de sorte que les chiffres
d’affaires des entreprises bénéficiant de ces acquisitions seront en hausse,

- à leur tour, dans le cadre des hausses de production qu’elles


programmeront dans ce nouveau contexte, elles dépenseront davantage
pour se fournir en équipements, en matières premières ... et pourront
recruter des personnels,

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- les entreprises concernées par ces achats feront de même ...
Ainsi des suites d’EFFETS INDUITS sont donc à prendre en compte.
Keynes établit67 que si le coefficient de proportionnalité est c alors
l’impact complet sur la demande, donc le PIB, d’une augmentation de la
dépense publique est donné par

1
1−c, le MULTIPLICATEUR KEYNÉSIEN.
Illustration : (suite, en macroéconomie)

Si le revenu d’une collectivité augmente de 10 Milliards € du fait d’une


relance par hausse des dépenses publiques et si la consommation
augmente automatiquement de 8 Milliards €, soit un coefficient de
proportionnalité sera c = 0.8, alors l’effet complet de cette relance
atteindra

augmentation du PIB1 ×augmentation de dépenses publiques=1−0.8


1 ×10= 1 ×10=5×10=50=augmentation du PIB
1−0.8 0.2
Le MULTIPLICATEUR des dépenses publiques est de 5 .
Toutes les réserves précédemment formulées sur une telle liaison seraient
à maintenir. 67 Son raisonnement repose sur des bases mathématiques extrêmement simples :
l’évolution d’une série géométrique.

Keynes n’a souhaité établir que


(1) l’efficacité d’une relance par les dépenses publiques,
(2) la possibilité d’anticiper les effets d’une telle politique.

Toutes les simplifications qui ont été relevées à l’encontre des hypothèses
keynésiennes ne sont à traiter qu’en commodités d’atteinte de ces
conclusions. Elles sont néanmoins bien fâcheuses !

VIII.2.3 – Les critiques de la thèse keynésienne

La justification keynésienne d’une intervention de l’État par les dépenses


publiques n’a cessé d’être contestée par les auteurs libéraux.
Leurs mises en cause ont été en phase avec les difficultés rencontrées par
la politique budgétaire au fil de ses expériences :

- La consommation et l’épargne ne sont pas liés, selon M. Friedman, au


revenu « courant », celui perçu sur la période, mais au revenu «

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PERMANENT », tel que projeté par un agent au long de son cycle de vie
: il dépend de ses diplômes et acquis professionnels, donc de ses
investissements en « capital humain68 », de ses compétences, des revenus
des titres ou de l’immobilier détenus ...

- la relance par les dépenses publiques peut être inflationniste ; elle aurait
des effets désastreux sur notre commerce extérieur ;

- elle mettra en déficit le budget de l’État, impliquant des hausses


d’impôts ultérieures pour le résorber ; par suite, on ponctionnera alors les
ménages ce qui leur reprendra les suppléments de revenus octroyés dans
le cadre de la relance ;
- les agents conscients de ces reprises fiscales ultérieures réduiront leurs
augmentations présentes de consommation (pour faire face aux futurs
prélèvements fiscaux)69 ;

- le coefficient de proportionnalité c ne paraît guère une donnée


structurelle, constante ; par suite le multiplicateur

1
1−cne serait pas un paramètre invariant, se trouvant plutôt soumis à la
conjoncture ; il ne restituerait pas (aveuglément) les effets de relance et la
prévision en matière de politique économique serait sujette à caution ;

- l’État pour relancer en dépensant pourrait être contraint à l’endettement


: il devrait acquitter des intérêts sur ces emprunts qui seraient intégrés à
ses dépenses et accroîtraient le déficit … ; les emprunts toujours réitérés
pourraient faire « boule de neige »70.

Il en venir à la politique monétaire.


68 L’expression « capital humain » prend sens dans les pays où les études sont onéreuses (droits
d’inscription très élevés, coûts de la vie dispendieux …). Un étudiant a choisi de s’endetter –
considérablement si l’université d’accueil est très cotée - pour les financer et il attend à la sortie
des études la garantie d’un emploi rapidement trouvé, convenablement rémunéré pour le
débarrasser de son endettement. Ces études correspondent pour lui à un investissement en
éducation, la constitution d’un capital procurant rémunération tout au long de la vie
professionnelle – d’où l’idée de revenu permanent.

69 Nous ne vivons pas autre chose de nos jours, en dépit des promesses de non-augmentation des
impôts. 70 Nous sommes exactement dans ce cas, un endettement public ravageur.

Chapitre IX – LA POLITIQUE MONÉTAIRE

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La politique monétaire - confiée à la cité, à l’État ou aux banques
centrales - est aussi ancienne que nos sociétés monétisées71.

Dans les cités grecques ou à Rome, le problème était d’émettre des pièces
d’or ou d’argent selon les besoins de monnaie des échanges. La contrainte
était de disposer des quantités de métaux précieux requises (leur pénurie
fut assez constante).

Cette frappe des monnaies, avec empreinte de l’effigie de la cité, était


censée attester leur teneur en métal, donner confiance à leurs détenteurs et
dans les négoces.
L’émission de monnaie était un privilège d’État.
Aujourd’hui seule la Banque Centrale Européenne (BCE) est habilitée à
imprimer et mettre en circulation des billets libellés en euros. Elle détient
le MONOPOLE DE LEUR ÉMISSION.
Seule la Réserve Fédérale des Etat-Unis (Fed) est habilitée à imprimer et
mettre en circulation des billets libellés en dollars. Elle détient le
MONOPOLE DE LEUR ÉMISSION.
Etc

Ce monopole est âprement revendiqué par les banques centrales, avec


l’exclusivité des pratiques de maintien de la stabilité monétaire, de la
régulation des relations monétaires et de la sécurisation des systèmes
bancaires.

Les crypto-monnaies contestent cette prééminence72. Quelles garanties


apportent-elles ? Les fluctuations très prononcées de leurs cours
nourrissent des doutes.

IX.1 – Les raisons d’être de la monnaie

On considérera d’abord les fonctions traditionnellement reconnues à la


monnaie, puis les mobiles de la détention d’encaisses monétaires.

IX.1.1 – Les fonctions de la monnaie

Depuis Aristote on prête, classiquement, trois fonctions à la monnaie :


(1) La monnaie sert d’unité de compte : tous les prix sont exprimés en
unités monétaires.

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En zone euro, les prix s’affichent en euros ; aux États-Unis, ils s’énoncent
en dollars des ÉtatsUnis, etc.
71 Le monnayage des métaux précieux est apparu dans les cités grecques d’Asie Mineure au 6ème
siècle avant notre ère.
72 Les crypto-monnaies sont sous inspiration d’un courant de pensée économique ultra-libéral,
l’ÉCOLE AUTRICHIENNE menée par F. Hayek. Cet auteur plaidait pour une « dénationalisation
de la monnaie » : une quasi-suppression des banques centrales, le remplacement des monnaies
actuelles par des monnaies émises par les diverses banques : concrètement, nous aurions dans nos
poches des « billets » émis par la BNP, la Société Générale, le Crédit Agricole … si l’une de ces
banques, désormais émettrices, était gérée de façon aventureuse, les détenteurs de sa monnaie la
refuserait, son cours s’effondrerait (en fait, la « loi des marchés » primerait), ce qui constituerait
pour elle un « rappel à l’ordre ».

(2) La monnaie sert d’intermédiaire des échanges, c’est-à-dire


d’instrument destiné aux transactions, de moyen de paiements : un
achat se règle en monnaie ; une dette s’acquitte par transfert de monnaie

Il vous est interdit dans notre pays d’utiliser une autre monnaie que l’euro
pour un paiement dans un magasin … Il en va de même aux États-Unis
avec le dollar …
Dans une boutique française on paye en euros et on rend la monnaie en
euros.

A certaines époques les deux fonctions de la monnaie ont pu se trouver


dissociées : ainsi, aux temps médiévaux, tandis que le métal était rare, on
se rapportait à deux formes monétaires, le sou et le denier ; un sou
correspondait légalement à quarante deniers, mais le sou était une pièce
en or, tandis que le denier n’existait pas physiquement, tenant le rôle de
simple référence.

(3) La monnaie sert de réserve de valeur : conserver de la monnaie (on


dit encore détenir des encaisses monétaires) s’identifie à constituer une
réserve de pouvoir d’achat pouvant être utilisée ultérieurement pour des
acquisitions.

IX.1.2 – Les mobiles de la détention d’encaisses monétaires

On détient de la monnaie
(1) à des fins de transaction : elle facilite grandement les échanges,

- dans le TROC, au sein d’une économie non monétarisée, un bien


s’échange contre un autre bien, mais il faut que chaque agent détienne un

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bien souhaité par l’autre et qu’ils trouvent un rapport d’échange
acceptable par chacun - des contraintes fortement limitatives des
transactions commerciales.

- dans une économie monétisée un bien s’échange contre de la monnaie et


le prix est fixé sur un marché où figurent de nombreux échangistes.
(2) à des fins de précaution : on peut faire face à des dépenses
imprévues ;

(3) en tant qu’actif sans risque , argument typiquement keynésien73 : on


avait vu que la détention de l’épargne en titres obligataires exposait à un
risque de perte en capital, se concrétisant inéluctablement dans un
contexte de hausse des taux ; en situation de montée anticipée des taux
mieux vaut privilégier la détention d’encaisses monétaires sur lesquelles,
certes, aucun intérêt n’est servi, mais exemptes de risques de pertes de
valeur.

Venons-en aux FORMES MONÉTAIRES, la réalité matérielle des


moyens de paiements en circulation.
73 Les monétaristes ne rejettent aucunement cette considération bien connue de longue date par
tous les gestionnaires de titres obligataires : quand les taux montent la valeur des obligations
chutent tandis que la monnaie n’en subit aucune conséquence, ne perd pas de valeur. Mais, ils
l’accompagnent de vues plus complètes sur les rendements et risques de tous les placements, donc
envisagent des arbitrages entre actifs plus complets :

monnaie/obligations/actions/titres indexés sur l’inflation/actifs immobiliers/investissements en


éducation ... Keynes s’en tient - simplification abusive à bien des égards - aux seuls arbitrages
monnaie/obligations. Naturellement, en temps d’inflation la monnaie perd de sa valeur ; rapportée
à un tel contexte, elle n’est nullement sans risque.

IX.2 – La monnaie en circulation

Il convient de distinguer deux sortes de monnaie en circulation de nos


jours dans une économie :
- celle utilisée par les ménages, les entreprises et l’État qu’on désignera
comme les agents nonfinanciers - en bref, celle dont nous-mêmes faisons
usage, que nous connaissons au mieux ;
- celle ne servant qu’aux paiements entre banques, ainsi réservée aux
institutions financières.

IX.2.1 – La monnaie en circulation dans le public

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Autrefois, la monnaie circulait sous forme de pièces d’or et d’argent.
Aujourd’hui la MASSE MONÉTAIRE (au sens de l’Agrégat M1 tel que
défini par les banques centrales) regroupe
- les billets et les pièces en circulation dans une économie,
- les dépôts détenus en comptes à vue auprès des banques pour servir
aux divers paiements par recours aux chèques et aux cartes bancaires.
Il s’agit simplement de l’ensemble des moyens de paiement directement74
utilisés dans les transactions entre agents.
Pour une banque centrale, la mesure de la masse monétaire est une
opération simple :
+ elle connaît évidemment la quantité de pièces et de billets ayant été
officiellement mis en circulation ;

+ par ailleurs, elle collecte les situations comptables hebdomadaires des


diverses banques, où figurent le montant des dépôts à vue de chacune
d’elles ; elle n’a plus qu’à cumuler ces montants pour mesurer le total des
dépôts à vue dans les banques.

Elle chiffrera la Masse Monétaire M1 en additionnant billets, pièces et


dépôts à vue.
L’ajout à l’Agrégat M1 des dépôts bancaires plus stables, tels que les
comptes sur livrets, les comptes et plans d’épargne logement … donne
l’Agrégat monétaire M2.
Tous les éléments propres à cet agrégat, appartenant donc à (M2 – M1),
+ d’une part, ne peuvent intervenir dans les transactions qu’après leur
conversion en dépôts à vue : ils sont dits moins liquides ;
+ d’autre part, ne sont donc pas destinés à servir directement les
transactions : ils constituent davantage une forme d’épargne.
74 Un compte sur livret est aussi une réserve de pouvoir d’achat ; mais, il faut d’abord transférer
une part de cette épargne sur un compte à vue pour l’utiliser ensuite par chèque ou carte bancaire
dans une transaction.
Depuis les années 1970, chaque banque centrale veille à limiter la
progression de l’ Agrégat monétaire M2, puisque l’on sait que le
gonflement de la masse monétaire est un facteur permissif d’inflation.
Des normes annuelles de progression maximale de M2 sont imposées ;
il appartient aux banques de les assumer.
Comment une banque centrale les fait-elle respecter, parvient-elle à
contrôler la progression des moyens de paiements ?

Concrètement, une banque centrale pour y parvenir relève ses taux


directeurs, incitant ainsi les banques à réduire leurs crédits, comme on

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va le voir bientôt : les CRÉDITS étant la grande source de la
CRÉATION DE MONNAIE.

Nous allons l’expliciter progressivement.

IX.2.2 – La monnaie en circulation entre les banques

Les banques sont appelées à opérer entre-elles divers règlements.

Elle le font dans une monnaie ne circulant qu’entre-elles ou entre-elles et


la banque centrale : la MONNAIE CENTRALE, appelée ainsi car elle
ne se matérialise qu’au travers de jeux d’écriture sur les ordinateurs (les
livres de comptes) de la banque centrale.

- Si un client A d’une banque B1 fait un chèque de 100 €, depuis son


dépôt à vue (DaV), au profit d’un client B de la même banque, sur les
ordinateurs de celle-ci on débite le compte du premier client pour créditer
celui du second ; un simple jeu d’écritures, sans conséquence pour la
banque.

Bilan de la banque B1
ACTIF PASSIF

Dépôts à vue (DaV)


. DaV du client A : -100 €
. DaV du client B : +100 €

Total des DaV : inchangé


Total du PASSIF : inchangé

- Mais si le chèque est au profit d’un client B d’une autre banque B2,
celle-ci présentera une créance d’un même montant à sa consœur B1. Elle
devra être réglée, le jour même, en monnaie centrale, le moyen de
paiements qu’utilisent les banques pour régler leurs dettes mutuelles.

Sur les ordinateurs de la banque centrale, un transfert (de monnaie


centrale) sera inscrit, en débitant le compte de réserves de la banque B1 et
en créditant celui de la banque B2.

- Si la banque B1 demande 1000 € en billets à la banque centrale elle


devra régler cet achat en monnaie centrale : son compte de réserves

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auprès de la banque centrale sera débité de 1000 et elle recevra des billets
pour un montant de 1000 €.

Une banque doit donc disposer de monnaie centrale en suffisance sur


son Compte de Réserves auprès de la Banque Centrale.
- Si la banque B1 accepte d’accorder un crédit de 1000 € à un client,
+ elle inscrit ce montant à la rubrique Crédits de l’ACTIF de son bilan
+ simultanément elle inscrit ce même montant à la rubrique Dépôts à Vue
au PASSIF de son bilan (le bénéficiaire du crédit pourra opérer des
paiements).

ELLE NE FAIT RIEN D’AUTRE QUE PASSER CES JEUX


D’ÉCRITURE : elle ne prête pas un argent qu’elle détiendrait déjà ; mais
l’augmentation de ses dépôts à vue s’identifie à un accroissement de
l’Agrégat M1 : de la monnaie a été CRÉÉE par ces écritures.

Désormais celle-ci circulera dans l’économie, au fil des chèques tirés par
le bénéficiaire du crédit, participant aux transactions qu’elle stimulera …

LES CRÉDITS FONT LES DÉPÔTS

La CRÉATION MONÉTAIRE, un pouvoir redoutable !


Bilan de la banque B1
ACTIF PASSIF Crédits

. Crédit au client A : + 1000 € ☐


Total des crédits : + 1000 €
Dépôts à vue (DaV) . DaV du client A : + 1000 € Total des DaV : + 1000

Total de l’ACTIF : + 1000 € Total du PASSIF : + 1000 €

Les dépôts à vue étant une composante de la masse monétaire :


l’Agrégat M1 augmente de 1000 € . Une banque peut-elle octroyer
sans limite des crédits ?
S’il n’existait qu’une seule banque, rien ne s’y opposerait.

La pluralité des banques crée (heureusement) problème : elle va expliquer


le plafonnement de l’offre de crédits, évitant donc une création monétaire
excessive et protégeant de l’inflation qui en serait induite.

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En effet, une banque accordant des crédits sait que leurs bénéficiaires
seront conduits à tirer des chèques dont une part considérable sera au
profit de clients d’autres banques, auxquelles elle devra donc de la
monnaie centrale.

Tout crédit accordé par une banque lui occasionnera un BESOIN DE


MONNAIE CENTRALE.
La banque devra impérativement se procurer cette monnaie centrale
: tout défaut de paiement en monnaie centrale d’une banque impliquerait
immédiatement la clôture de cet établissement. De quels moyens dispose
une banque pour se procurer cette monnaie centrale ? Plus une
banque dispose de monnaie centrale, plus elle pourra accorder de
crédits.

IX.3 - La couverture des besoins en monnaie centrale, le


refinancement

Il faut saisir le principe des relations entre une BANQUE CENTRALE


(banque de premier rang) et ses BANQUES COMMERCIALES
(banques de second rang), puis ses modalités concrètes, qui sont
déterminantes pour la conduite de la politique monétaire.

IX.3.1 – Le principe du refinancement des banques auprès de


la banque centrale

Schématiquement, une banque en besoin de monnaie centrale peut


recourir à trois sortes d’opérations de REFINANCEMENT pour s’en
procurer :
(1) Emprunter de la monnaie centrale aux banques qui en disposent.

Cette opération se déroule sur le MARCHÉ INTERBANCAIRE


(réservé aux banques) ; il s’agit de prêts à échéance convenue, avec un
taux d’intérêt dépendant de l’offre et de la demande de cette monnaie.

Le plus célèbre marché interbancaire est le Marché des Fonds Fédéraux


(Federal Funds) aux États-Unis, et son taux d’intérêt est une grande
référence financière internationale.

(2) Céder des titres en échange de monnaie centrale sur un OPEN


MARKET, c’est-à-dire un marché ouvert à toutes les institutions

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disposant de cette monnaie (banques, banque centrale, compagnies
d’assurances, …).

Lorsque la banque centrale veut y mener une politique monétaire


restrictive, en retirant de la monnaie centrale aux banques, elle leur vend
des titres sur l’Open Market ; les banques paient en monnaie centrale,
depuis leurs comptes de réserves auprès de la banque centrale. De la
monnaie centrale leur est ainsi ponctionnée.

Lorsqu’elle veut mener une politique monétaire expansive, à rebours, en


fournissant de la monnaie centrale aux banques, elle leur achète des titres
sur l’Open Market et paye en monnaie centrale. De la monnaie centrale
leur est ainsi octroyée.

(3) Les banques ayant encore des besoins de monnaie centrale


peuvent, in fine, en trouver à la banque centrale, par des emprunts au
RÉESCOMPTE (c’est-à-dire avec remise de titres en garantie de
l’emprunt, au taux d’intérêt du réescompte).

Il s’agit là d’un recours ultime, au taux le plus élevé des marchés de


refinancement.

La banque centrale contingente étroitement ce type d’opérations, en


choisissant les titres admis en garantie au réescompte75. Pour durcir sa
politique monétaire elle peut relever fortement son taux de réescompte.

75 Une banque réescompte des titres de crédit en les plaçant à la banque centrale, en garantie
d’emprunts en monnaie centrale (une mise en pension). Elle en récupère la disponibilité quand elle
rembourse ces emprunts.

IX.3.2 – Les modalités du refinancement des banques auprès


de la banque centrale

Les vues précédentes doivent être replacées dans les cadre nationaux
concrets d’organisation des systèmes bancaires : par exemple, le
réescompte n’est plus utilisé dans notre pays (puis en zone euro) depuis
les années 1980.

La politique monétaire de la BCE peut se présenter selon deux axes


majeurs : la manipulation des Taux Directeurs et les achats de titres
dans le cadre des Quantitative Easings (en voie de suspension).

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(1) La manipulation des TAUX DIRECTEURS Trois taux directeurs
(liés à trois FACILITÉS DE REFINANCEMENT) constituent les grands
instruments de la politique monétaire, manipulés par la BCE

- avant 2020 à l’encontre de la déflation,


- depuis cette date à l’encontre de l’inflation

Ils sont fixés par l’EUROSYSTEME, institution regroupant la BCE et les


banques centrales nationales des pays de la zone euro (la Banque de
France en fait partie).

(a) Le TAUX DES OPÉRATIONS PRINCIPALES DE


REFINANCEMENT : possibilité d’emprunt de monnaie centrale auprès
de la BCE, sur une semaine ; la procédure la plus usitée jusqu’en 2008. Il
oscille aujourd’hui entre les deux autres (qui constituent donc le «
corridor » des taux de refinancement).

(b) Le TAUX DE LA FACILITÉ DE PRÊT MARGINAL : les besoins


urgents de monnaie centrale peuvent être couverts par des emprunt de
cette monnaie sur 24 heures, à un taux plus élevé que le précédent.

(c) Le TAUX DE LA FACILITÉ DE DÉPÔT76 : les banques disposant


de monnaie centrale à placer peuvent les déposer auprès de la banque
centrale à ce taux77, le plus faible des trois (il fut négatif de juin 2014 à
juillet 2022).

En pilotant ces taux, la BCE agit sur le TAUX INTERBANCAIRE des


emprunts/prêts de monnaie centrale hors banques centrales (entre banques
commerciales).

Les grands médias ne manquent pas de signaler la moindre des évolutions


des taux directeurs. A la mi-septembre 2023 la BCE a porté ce taux
d’intérêt à 4 %.

Sur le graphique ci-joint, repris d’un grand quotidien économique, allant


de 2000 à 2023, chaque hausse des taux directeurs est à interpréter
comme un DURCISSEMENT de la politique monétaire.
76 Il s’agit du taux des intérêts perçus par une banque lorsqu’elle dépose des liquidités pour 24
heures auprès de la BCE.
77 Elles ont le choix : placer leurs liquidités en DÉPÔT À LA BANQUE CENTRALE ou les
prêter aux autres banques sur l’INTERBANCAIRE. Ce qui permet à la banque centrale de
contrôler le taux interbancaire.

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Le « corridor » des taux d’intérêt de la BCE

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Données diffusées par la BCE
Entre ces deux taux le « corridor »

On voit nettement s’organiser les modalités de la lutte contre l’inflation


engagée par la banque centrale par relèvement de ses taux directeurs.

De 2008 (début de la grande crise financière, dont les effets n’étaient pas
encore estompés dans notre pays au début de la crise du covid) à 2021 ces
taux n’ont cessé de baisser, le taux de dépôt devenant même négatif entre
2015 et 2022, signe d’une politique monétaire accommodante ; le
durcissement de celle-ci, en réaction à l’inflation galopante, est net par la
suite.

L’activité économique pourrait souffrir de ces relèvements de ces


taux.
Un grand quotidien titrait à ce propos en septembre 2023 :

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On renouvelle ici l’affirmation d’une nécessité de suivre la presse.

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En relevant les taux de ses refinancements en monnaie centrale une
banque centrale entend lutter contre l’inflation ; mais les banques
commerciales78 répercutent cette hausse sur
78 La banque centrale est dite BANQUE DE PREMIER RANG ; les banques commerciales sont
désignées comme BANQUES DE SECOND RANG. La première par sa politique d’octrois de
refinancements impacte les bilans bancaire,
- les taux de leurs crédit à la consommation et à l’immobilier (ce qui est
défavorable aux ménages)
- et les taux de leurs crédits aux investissements, ce qui décourage
l’expansion des capacités de production des entreprises.
La banque centrale sacrifie alors l’activité économique (prenant donc
le risque d’une extension du chômage) à la lutte contre l’inflation.
Sur l’évolution des taux des crédits immobiliers nous allons pouvoir
examiner les évolutions (durcissements ou accommodations) de la
politique monétaire de la BCE :
La montée des taux directeurs impacte les taux d’intérêt de tous les
titres de dettes.
Les taux obligataires suivent le mouvement général des taux d’intérêt
déterminé par la banque centrale, mais en étant aussi régis par d’autres
déterminants.

+ Les taux obligataires réagissent aux taux directeurs, mais sans


relation étroite . On peut envisager, d’une part, que la reprise d’activité
(aux États-Unis, à partir de 2015) avait rehaussé les besoins de capitaux,
portant à la hausse les taux obligataires ; d’autre part, les marchés
obligataires fonctionnent sur la base d’anticipations d’activité, d’inflation,
de mesures de politique économique.

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Dans le cas américain : Taux directeurs et taux obligataires américains

+ Les taux des crédits immobiliers distribués par le système bancaire


sont sur une pente haussière inquiétante pour la vigueur du marché
immobilier et l’activité du bâtiment (un secteur porteur)
contrôle de crédit et la création monétaire. Sur ses ordinateurs s’unifie ainsi le CIRCUIT
MONÉTAIRE. A côté des BANQUES COMMERCIALES existent aussi des BANQUES
D’AFFAIRES ; elles ont la charge de monter techniquement les rapprochements d’entreprises -
c’est-à-dire de structurer des fusions-acquisitions – et de gérer d’importants portefeuilles.
Notre LOI BANCAIRE DE 1984 (modulée par la suite) a permis l’existence de banques de
grande taille, exerçant à la fois des activités de banque commerciale, de banque d’affaires et
d’assurances, les BANQUES UNIVERSELLES. Des DIRECTIVES EUROPÉENNES ont
transposé ce principe à la zone euro. Les États-Unis lui demeurent très réticents.

Mouvement des crédits immobiliers


(Données Banque de France)

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Remontée des taux de la BCE
Recul des taux après la crise de 2008

On voit que de 2008 (crise financière mondiale) à la fin de l’année 2021


(crise de pandémie du covid) le taux des crédits bancaires pour
l’acquisition de biens immobiliers n’a cessé de s’amenuiser
(adoucissement de la politique monétaire, favorable aux acquisitions de
logements et aux travaux de leurs aménagements). L’inflation n’était plus
considérée comme un problème sensible.

En revanche la santé des marchés d’actions est d’autant plus


florissante que les taux d’intérêt diminuent, comme l’illustre le
graphique ci-dessous : la baisse des taux améliore la situation financière
des entreprises.

États-Unis : liens complexes entre les taux obligataires et les taux


directeurs

La montée des prix post-covid a mené la BCE (et les autres grandes
banques centrale) a durcir sa politique monétaire, avec des conséquences
très prononcées sur les crédits immobiliers (en forts rationnements
aujourd’hui).

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Cette politique soulève néanmoins des interrogations : le relèvement
des taux d’intérêt « casse » un éventuel excès de demande ; mais,
l’inflation contemporaine n’est pas due à une montée de la demande mais
à des pénuries d’offres de certaines consommations intermédiaires, des
ruptures des chaînes de valeurs (c’est-à-dire des chaînes de production).
Les relèvements de taux sont-ils alors efficaces ? La question fait débat.

Signalons que la Banque Centrale Européenne (BCE) se donne un


OBJECTIF D’INFLATION À LONG TERME de 2 % : elle ne souhaite
ni un taux d’inflation plus élevé (déstabilisant) ni un taux d’inflation plus
faible (signe d’une demande insuffisante pour les productions des
entreprises, décourageant l’activité de ces dernières).

Elle entend agir en conséquence par sa POLITIQUE MONÉTAIRE : en


simplifiant on pourra dire qu’un taux inflation supérieur à 2 % la
conduirait à « durcir sa politique monétaire » par un relèvement de ses
TAUX D’INTÉRÊT DIRECTEURS et un taux inflation inférieur à 2 % la
mènerait à « adoucir sa politique monétaire » par un abaissement de ses
taux d’intérêt directeurs.

Un débat s’instaure aujourd’hui au sein des banques centrales (BCE,


Réserve Fédérale des États-Unis, Banque Centrale du Japon …) sur la
pertinence de cet objectif d’inflation à long terme de 2 %.
En effet,
- les tensions sur les prix des matières premières vont perdurer,
- et la lutte contre le changement climatique va engendrer des pressions
inflationnistes sur des décennies,
ce qui pourraient mener les banques centrales à relever l’objectif
d’inflation de longue période. Une des grandes questions auxquelles ces
institutions sont aujourd’hui confrontées.

Les conséquences de ces politiques monétaires sur les financements


bancaires, d’autant plus indispensables à l’activité des entreprises que leur
situation financière est extrêmement fragile, suscitent d’immenses
craintes et constituent des dilemmes pour les banques centrales.

(2) Les achats de titres aux QUANTITATIVE EASINGS

En 2008 la Réserve Fédérale des États-Unis (leur banque centrale,


fédération d’une douzaine de banques centrales régionales79) a entrepris
de sauver le système bancaire américain dramatiquement mis à mal par la

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crise des subprimes (une vague monstrueuse de crédits immobiliers non
remboursés). Elle a baissé à l’extrême ses taux d’intérêt … vainement :
toutes les banques américaines étaient en très graves pénuries de monnaie
centrale.
Elle a décidé alors d’inonder directement le système bancaire de monnaie
centrale en rachetant aux banques leurs crédits immobiliers non-
remboursés, avec paiements en monnaie centrale. Du fait de ces
acquisitions apparaissant aux bilans des diverses banques centrales, les
tailles de ceux-ci ont explosé, comme on va le voir.

79 La Réserve Fédérale de New York, la Réserve Fédérale de San Francisco, la Réserve Fédérale
de Saint-Louis …
Cette politique monétaire aux modalités inusitées jusqu’alors, dite NON-
CONVENTIONNELLE et appelée QUANTITATIVE EASING Q.E.
(facilité quantitative) a sauvé le système bancaire américain. Les autres
banques centrales ont progressivement repris une telle initiative.

Aujourd’hui les banques centrales doivent réduire la taille de leur bilan,


se débarrasser des titres de dettes achetés aux banques pour les extraire de
la crise des subprimes puis de la dette grecque ; une démarche délicate.

IX.3.3 – Une mission pour toute banque centrale : préserver


la sécurité de son système bancaire

Préserver la SOLVABILITÉ et la STABILITÉ de son système


bancaire est une grande mission d’une banque centrale.
Une telle action a néanmoins ses inconvénients et ses risques.

Les banques centrales ont racheté aux banques leurs crédits immobiliers
douteux, puis les titres de la dette grecque, débarrassant de ces créances
les bilans de leurs banques de second rang, qui se sont trouvés assainis.

Les politiques de Quantitative easings ont considérablement accru les


montants des Réserves auprès de la Banque Centrale des banques.
Le PASSIF des grandes banques centrales a été multiplié (en
moyenne) par 2.5 en très peu de temps.
Mais, en alimentant de façon pléthorique les banques en monnaie centrale
elles avaient quelque peu perdu la possibilité de les contrôler.

Les taux d’intérêt étant extrêmement faibles, les banques ont considéré
que leurs prises de risques n’étaient pas correctement compensées

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(estimant insuffisante la composante PRIME DE RISQUE de leurs taux
d’intérêt) : octroyer des crédits constituaient donc pour elles une politique
dangereuse. Elles ont rationné leurs crédits, se montrant très exigeante
vis-à-vis de leur clientèle sur les conditions de prêt. Ceci contrecarrait la
politique de relance du crédit - pour stimuler l’activité économique -
des banques centrales.

Les schémas simplifiés du bilan d’une banque et du bilan d’une banque


centrale le font comprendre :
LE BILAN D’UNE BANQUE :

Bilan d’une banque


ACTIF PASSIF Prêts de monnaie centrale Emprunts de monnaie
centrale

Crédits à la clientèle
Titres détenus
Immobilisations
Total de l’ACTIF

Dépôts à vue (DaV)


Autres dépôts
Obligations émises
Fonds Propres

Total du PASSIF
Le solde net des prêts/emprunts de monnaie centrale détermine le solde
du Compte de Réserves auprès de la banque centrale.
LE BILAN D’UNE BANQUE CENTRALE :

Bilan d’une banque centrale ACTIF


Réserves en or et devises Titres détenus
Créances sur l’État
Refinancements des banques

Total de l’ACTIF

PASSIF
Billets en circulation
Réserves des banques auprès de la B.C.

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. Réserves obligatoires
. Autres Réserves
Total du PASSIF
BASE MONÉTAIRE
La ré-émergence de l’inflation a conduit les banques centrales a durcir
leur politique monétaire, (1) par relèvement des taux d’intérêt directeurs
et (2) par arrêt des politiques de Quantitative Easings.

IX.4 - La coordination des banques centrales

On décèle un parallélisme des mouvements des taux de la BCE et de la


FED américaine, les seconds devançant les premiers.
La puissance de l’économie américaine et celle du dollar donnent à
envisager un primat de la banque centrale américaine.

De surcroît, quand les taux montent aux États-Unis, les capitaux


internationaux y sont attirés (les investisseurs voulant détenir des titres de
dettes américaines - les emprunts obligataires) ; si les autres banques
centrales ne suivent pas la même orientation, leurs économies seront
privées d’entrées de capitaux internationaux.

Par voie de conséquence, leurs monnaies céderaient face au dollar sur le


marché des changes (elles n’auraient pas à être demandées pour des
acquisitions de titres de dettes).
Taux directeurs américains et européens

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Les politiques monétaires des banques centrales donnent lieu à des jeux
plus ou moins coordonnés.

Chapitre X – LES PROBLÈMES


D’ENDETTEMENT
Dans une économie coexistent un endettement du secteur PUBLIC
(État, collectivités) et un endettement du secteur PRIVÉ (entreprises et
ménages).
Il avait été signalé au chapitre I que

● notre dette publique atteignait 111.6 % de notre PIB à la fin 2022, sous
forme de lancements d’emprunts d’État en
- Bons du Trésor à Taux fixes (BTF) d’échéances inférieures à un an,
- Obligations Assimilables du Trésor (OAT80) d’échéances à moyen et
long terme,

(1) quand l’État est en déficit budgétaire,


(2) quand il doit rembourser les emprunts antérieurs venus à échéance et
ne peut le faire qu’en émettant à cette fin de nouveaux emprunts (le cas le
plus fréquent) ;

les taux de ces emprunts publics sont à présent en considérable


augmentation, par réaction à l’inflation, à la montée de nos risques induite
par la conjoncture … et à l’envol de notre endettement public ;

● notre dette privée, celle des entreprises, était de l’ordre de 162 % de


notre PIB (signe de leur fragilité financière, la moyenne européenne étant
de 105%), sous forme de crédits, d’emprunts obligataires, de délais de
paiements.

Les données d’endettement constituent un très lourd fardeau pour


notre pays : préoccupantes de longue date, en progression extrêmement
marquée lors de la crise financière de 2008 et explosive depuis la
pandémie de covid.

Par ailleurs, les titres de dettes peuvent être souscrits (c’est-à-dire acquis)
- par des nationaux disposant de capacités de financement (nos
ménages avec épargne, nos institutions financières)
- par des étrangers (dette extérieure auprès de fonds souverains81, de

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fonds de placements82, de hedge funds83, de banques internationales,
d’assurances ...).
80 Les OAT sont à taux d’intérêt fixe ; néanmoins, l’État français a lancé depuis 1998 des OATi
aux taux d’intérêt indexés sur l’indice des prix français et depuis 2001 des OAT€i aux taux
d’intérêt indexés sur l’indice des prix de la zone euro. La France a aussi lancé en 2017 des OAT
vertes.

81 Ils disposent de capitaux détenus par des États, issus par exemple de négoces pétroliers et
gaziers, qu’ils ont charge d’investir en actions et obligations sur les grandes places boursières, en
acquisitions d’entreprises ou de biens de prestige ...

82 Des banques d’affaires, des fonds de pensions, des institutions financières … , disposant de
capitaux confiés, constituent des portefeuilles de titres et les gèrent au mieux. Leurs états
financiers sont publiés, ils doivent respecter le droit financier international, ils sont surveillés par
des régulateurs (notamment, la U.S. Securities and Exchange Commission SEC aux États-Unis,
l’Autorité des Marchés Financiers AMF en France, la Banque des Règlements Internationaux).

83 Ils sont détenteurs de capitaux confiés par quelques grandes fortunes, qu’ils ont charge
d’investir à leur guise, par recherche des rendements les plus élevés, en toute discrétion, sans
publication de leurs comptes financiers, selon des stratégies jamais dévoilées pour demeurer
efficaces - un univers opaque, dont on n’a aucune connaissance des portefeuilles et des prises de
risques.

Une dette externe trop importante pourrait induire une perte de


souveraineté, une dépendance envers l’étranger84 !
L’impact conjoncturel des dettes avait été fortement souligné par I.
FISHER, comme il était signalé au chapitre I : la dette (1) s’auto-génère
et (2) déprime l’économie (récession infligée par la dette).
Des questions émergent en conséquences de telles préoccupations,
relatives à la SOUTENABILITÉ d’une dette publique et d’une dette
privée.

Le niveau d’endettement d’un emprunteur85 - qu’il s’agisse d’un État,


d’une entreprise, d’une collectivité
- et son aptitude à faire face aux charges d’emprunts sont évalués par des
agences de notation, ce qui avait déjà été évoqué.
Leur scoring déterminé selon des méthodologies très affinées, détermine
les primes de risque que doivent acquitter les émetteurs d’emprunts,
intégrées aux taux des prêts qu’elles font donc évoluer.

Peut-être notre pays est-il aujourd’hui en zone rouge ?

X.1 - La dette publique

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Il faut faire le point sur l’endettement public et s’interroger sur les
possibilités de son contrôle. On s’attachera au cas de notre pays et de
quelques autres grandes économies.

X.1.1 - Les chiffres de notre dette publique

La dette publique française atteignait 111.6 % du PIB à la fin 2022 ;


courant 2003 elle dépasse chiffre marquant - les 3 000 milliards d'euros
(pour un PIB de 2039.1 milliards d’euros).
Cette évolution est la résultante de celle de notre déficit public86 qui
s'établit à 124,9 milliards d'euros en 2022 (4,8 % du PIB), après 162
milliards d'euros en 2021 et 208,2 milliards d'euros en 2020.

Rapportée au PIB, elle est en légère baisse depuis 2020, mais toujours
nettement au-dessus du palier de 100% franchi en 2020 avec la pandémie
du covid : 112,5% au 31 mars 2023 (contre 116,6% au 31 décembre
2022).

Au début des années 2000, date de l’adoption de l’euro, la dette


représentait 60% du PIB, se trouvant ainsi dans la norme posée en
condition d’adhésion en zone euro.
84 Les États-Unis ont une dette externe dont une part (modérée) est détenue par la Chine ; ceci
pourrait influencer les relations diplomatiques de ces deux pays.
85 Il faudrait évoquer encore le sur-endettement des ménages, particulièrement préoccupant dans
notre pays, traité judiciairement dans le cadre - sans cesse évolutif - de la Loi relative à la
prévention et au règlement des difficultés liées au surendettement (n°89-1010 du 31 décembre
1989, dite Loi Neiertz) qui fut à l’origine de la création du Fichier national des Incidents de
remboursement de Crédits aux Particuliers FICP.
86 En cours de Finances Publiques on attirera votre attention sur la distinction entre déficit
budgétaire (celui du seul Budget de l’État) et déficit public qui prend aussi en compte les déficits
des collectivités locales et de la Sécurité Sociale.

L’année 2022 avait marqué une reprise de la croissance ; 2023 se présente


moins favorablement, comme on l’a vu87 et les années suivantes devraient
demeurer atones ; en conséquence la charge de la dette devrait
s'accélérer, aggravée par l'inflation.

En zone euro, seuls quatre pays présentent à la fin 2022 un rapport Dette
publique/PIB supérieur à celui de notre pays, il s’agit de la Grèce, l'Italie,
le Portugal et l'Espagne.
Le montant en milliards d’euros de notre dette est plus élevé que ceux de
l'Italie et de l'Allemagne.

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Le Fonds Monétaire International FMI (International Monetary
Fund IMF) a confronté les impacts sur les dettes des crises de 2008 et
2019, faisant apparaître la violence particulière de la pandémie pour
les pays dits « avancés » en 2020 ; néanmoins, ceux-ci semblent avoir
mieux contrôlé la variation de leur dette que le reste du monde, les
États-Unis mis à part.

Confrontation des montées de l’endettement dans quelques grandes


économies au cours des années 2008-2009 puis 2019-2020
(en % du PIB)

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D é diff é l F d M é i I i l (FMI)

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Données diffusées par le Fonds Monétaire International (FMI)
87 L’Institut de statistiques et de prévisions de l’U.E., Eurostat, anticipait une croissance de notre
pays de 0.4 % en 2023. Les prévisions pour cette année et pour 2024 ne cessent d’être révisées à la
baisse.

Les États-Unis sont tributaire d’un plafond d’endettement public dont


leur Congrès a dû autoriser une sur-élévation fin 202188, le portant à
31400 milliards de dollars, ainsi que très récemment : au-dessus de ce
seuil, il est interdit de lancer de nouveaux emprunts publics aux États-
Unis.

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L’endettement public US face au « plafond de la dette »

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Données du Trésor US

X.1.2 – La dérive des dettes publiques en temps de crise

On va s’attacher à un phénomène d’expansion auto-entretenue d’une


dette publique.
Les emprunts obligataires d’État sont lancés

(1) quand l’État est en déficit budgétaire : ses dépenses excédant ses
recettes il se trouve dans l’obligation d’emprunter ; il devra alors payer
chaque année les intérêts afférents à cette dette, qui figureront au titre de
ses dépenses89 : plus l’endettement augmente, plus les dépenses publiques
s’alourdissent, le déficit s’en trouvera approfondi !

(2) quand l’État doit rembourser les emprunts antérieurs venus à


échéance, le plus souvent il ne peut le faire qu’en émettant de nouveaux
emprunts90 : l’endettement s’auto-entretient !
88 Pour éviter que leurs fonctionnaires ne soient privés de rémunération.
89 On isole en comptabilité publique le « solde primaire » : le solde budgétaire avant paiements
des intérêts de la dette publique et perceptions des revenus des titres détenus par l’État.
90 On peut signaler une exception : les privatisations d’entreprises publiques (leur vente aux
épargnants, à des groupes financiers …) engagées à partir de 1986 ont permis de disposer de
capitaux ayant en partie servis à désendetter l’État (par des remboursements de sa dette).
Ces opérations sont menées sous surveillance de l’Agence des Participations de l’État qui est
sous tutelle du ministère chargé de l’économie et dans un cadre législatif. Ainsi, la cession de
Aéroports de Paris et de la Française des Jeux a été

La Caisse de la Dette Publique CDP, créée par l’article 32 de la Loi de


Finance Rectificative pour 1986, modifié ensuite par d’autres lois de
finance rectificatives91, dont le Conseil d’Administration est présidé par
le Directeur Général du Trésor92, a pour fonction de « soutenir sur
marchés financiers la qualité de la signature de l’État ».
Les services de l’Agence France Trésor AFT93, le gestionnaire de la
dette et de la trésorerie de l’État, sont mis à sa disposition. Celle-ci a
charge (1) d’anticiper les mouvements de la trésorerie publique, (2) de
tenir sa caisse, (3) de placer aux meilleures conditions d’éventuels
excédents, (4) d’emprunter aux meilleures conditions en cas d’éventuels
déficits, (5) de gérer la dette publique.

L’évolution de la dette publique française présentait le profil suivant


estimé par la Commission Européenne

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Explosion de la dette publique française depuis 2020

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Prévisions publiées par la Commission Européenne
engagée dans le cadre de la loi n°2019-486 du 22 mai 2019 relative à la croissance et la
transformation des entreprises (loi Pacte). Vous aurez à examiner ceci dans vos cours de Finances
Publiques.

91 On parle encore de Collectif Budgétaire : des aménagements d’une Loi de Finance initiale (le
Budget de l’État, tel que voté par le Parlement) requis avant le terme de l’exercice budgétaire pour
faire face à des évolutions inattendues des recettes ou des obligations de dépenses nouvelles, sur
lesquels le Parlement est à nouveau appelé à se prononcer.

92 Le Trésor est l’agent financier de l’État.


93 Institution créée en 2001, sous le nom d’Agence de la Dette.

L’évolution conjointe des déficits et de la dette explique cette progression


spectaculaire de la dette publique : on voit sur le graphique suivant que
les années 2009 et 2020 de déficits sévères, sont suivis d’une forte
progression de l’endettement public.

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France : Déficits publics et Endettement public

Considérons les charges d’intérêt de la dette publique française :


entre les années 2008 et 2020 les taux d’intérêt de nos emprunts d’État

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ont marqué une forte tendance baissière, liée aux faibles taux d’intérêt
souhaités par la BCE ; en dépit de cette évolution favorable, notre rapport
Dette publique / PIB est passé de 60 % à 100 %, effet de politiques
constantes de relance par les dépenses publiques ; à partir de 2021, la
remontée des taux d’intérêt - programmée par la BCE pour contrer
l’inflation – a significativement dégradé ce rapport.

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Dette publique ( % du PIB) et Taux des OAT (à 10 ans)

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Spectaculaire Progression Depuis 2008

Revenons au cas américain en considérant les charges d’intérêt des


dettes fédérales (celles du budget fédéral, pour l’ensemble des États) et
locales.
Lors de la crise de 2008, marquée par une récession spectaculaire de
l’activité, les paiements d’intérêt sur l’endettement public avaient
explosé.
On dispose de projections de la dette publique américaine : à l’horizon
2028, elle devrait dépasser les 44000 milliards de dollars – l’une d’elles
ci-dessous.
Projection à l’horizon 2028 de la dette publique US

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Face à une telle dérive, on se trouve confronté à la question du contrôle
de la progression de l’endettement.

X.1.3 – La soutenabilité d’une dette publique

Une dette publique est SOUTENABLE si l’État peut en acquitter les


intérêts et rembourser les emprunts échus (au besoin en réempruntant).

Encore faut-il que ses créanciers soient convaincus de cette aptitude,


sinon les nouveaux emprunts seront difficiles à placer !
Pour les rassurer, mais aussi en vertu d’une certaine logique, il faut
stabiliser le rapport Dette/PIB.

A cette fin, il importerait de stabiliser le déficit public, dont la montée


est source d’accroissement de la dette ; or il est depuis des années sur une
tendance croissante.
On va s’intéresser, en simplifiant à l’extrême, au seul rapport Dette/PIB,
(Dette Publiqueannée t) l’année tPIBannée t
On supposera que le taux d’intérêt sur cette dette est i .
On raisonnera « toutes choses égales par ailleurs » (c’est-à-dire sans
envisager d’évolution du déficit public liée à la fiscalité ou aux impacts
de l’inflation) sur ce rapport un an après, donc l’année t+1 :
➢ la dette aura été accrue des intérêts à verser qui atteignent i×Dette
Publiquet, devenant ainsi
Dette Publiquet+1=Dette Publiquet+(i×Dette Publiquet)=(1+i)×Dette
Publiquet
➢ le PIB aura évolué selon son taux de croissance nominale c , c’est-à-
dire en valeur et non en volume)
PIBt+1=(1+c)×PIBt
par suite le rapport Dette/PIB pour l’année t+1 sera devenu
(
Dette Publiqueannée t+1)=((1+i)×Dette Publiqueannée t)=1+i×(Dette
Publiqueannée t

PIBannée t+1 (1+c)×PIBannée t 1+c


PIBannée t )

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On distinguera trois cas de figure :
(1) si
i=c
:

(
Dette Publiqueannée t+1)= 1+i×(Dette Publiqueannée t)=(Dette Publiqueannée t
année t+1 + année t Dette/PIB ne bouge pas ;
PIB 1 c PIB PIB
année t

(
Dette Publiqueannée t+1)=1+i×(Dette Publiqueannée t(2) si i < c : PIBannée t+1 1+c
PIBannée t )<(Dette Publiqueannée t
PIB
année t
Dette/PIB diminue ;
(3) si
i>c
:

(
Dette Publiqueannée t+1)= 1+i×(Dette Publiqueannée t
PIB
année t
+
1

1
+
c
PIB
année t
)
>
(
Dette Publiqueannée t

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PIBannée t
Dette/PIB augmente.
), le rapport
), le rapport
), le rapport
On retiendra donc que (toutes choses égales par ailleurs) le rapport Dette
ne se dégradera pas tantPIB
que le taux d’intérêt i sur la dette reste inférieur ou égal au taux de
croissance c du PIB en valeur.
Qu’en est-il aujourd’hui pour notre pays ?

● Le taux de croissance du PIB aura été de 2.5 % en 2022, avec un


accroissement du PIB nominal de l’ordre de 5.5 %, du fait d’une inflation
à 2.9 % ;
selon la Commission Européenne, notre croissance n'excéderait pas 1 %
en 2023 avec un taux d’inflation de 5.6 % , donc une croissance nominale
de 6.6 %, et elle devrait être de 1.2 % en 2024 avec un taux d’inflation de
2.7 % , donc une croissance nominale de 3.9 % ;

● le taux d’intérêt des OAT à 10 ans en septembre 2022 avait atteint i =


2.53 % (contre 0.19 % en janvier 2022) ; au début de l’année 2023 cette
OAT a connu une forte volatilité, avec un taux oscillant entre 2.45 % et
3.24 %.

Ainsi en 2022 le critère de stabilité de la dette publique aurait été


satisfait ; les années suivantes pourraient se révéler plus
problématiques.

Naturellement ce raisonnement demeure très approximatif, au regard du


rythme des hausses et de la volatilité des taux d’intérêt qui sont
difficilement anticipables, ainsi que du raisonnement « toutes choses
égales par ailleurs » !

X.1.4 – Les fragilités financières induites par l’endettement


public

Tous les grands pays sont concernés par l’explosion de leurs dettes
publiques.
La progression des dettes publiques depuis 2018

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Données diffusées par le FMI

La montée de cet endettement - peut-être la conséquence malheureuse


d’un keynésianisme désuet portant au soutien persistant de la demande,
au fil d’une poursuite des déficits publics - fait courir de gros risques à
nos systèmes économiques. Le problème résidant dans les difficultés de
réduire les dépenses de l’État.

X.1.3 – La dette publique ventilée par détenteurs

Qui détient nos emprunts d’État ? Quelle est la hauteur de notre


dette publique extérieure ?
(a) Pour la dette publique de la France
Les investisseurs étrangers sont souscripteurs de nos OAT à hauteur de 64
% ; nos sociétés d’assurances et nos banques en détiennent 30 %.

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Les détenteurs des OAT

L’ensemble de la dette publique française (plus de 3000 milliards d’euros


aujourd’hui) est détenue à hauteur de 53 % par les investisseurs étrangers
(DETTE PUBLIQUE EXTÉRIEURE), de 30 % par les banques et les
assurances, de 13 % par les banques centrales, de 4 % par les grands
public (entreprises et particuliers).

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Les détenteurs de la dette publique française

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(b) Ampleur des dettes publiques de la zone euro
La dette publique des États de la zone euro est à hauteur de 24.1 % celle
de la France, de 23.1 % celle de l’Italie et de 20.8 % celle de
l’Allemagne.
Ces chiffres indiquent que la dette publique allemande est moins élevée
que la dette française.
La répartition par pays de la dette publique de la zone euro (2020)

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Données BCE

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X.2 – La dette publique extérieure

La DETTE EXTÉRIEURE d’un pays est celle de son secteur public et


de son secteur privé.

Nos entreprises de grande taille, pouvant avoir accès aux marchés


financiers internationaux, sont conduites depuis les années 1980 à
rechercher des financements hors de notre pays, là où l’épargne
disponible est abondante94. Leurs émissions obligataires souscrites par les
étrangers participent de la dette privée externe française.

Ici, on s’intéressera surtout à la dette externe publique.


(a) Les détenteurs extérieurs de la dette publique de la France
On a vu que la dette publique française est détenue à hauteur de 53 % par
les investisseurs étrangers
(b) Les détenteurs extérieurs de la dette publique des États-Unis
La dette américaine est détenue de façon prépondérante par les
américains.

En dépit de sa très forte progression, cette dette n’a guère de difficultés


pour trouver des investisseurs intéressés. Ceci s’explique par la confiance
accordée au gouvernement américain en tant qu’emprunteur et par le
statut du dollar, monnaie considérée comme valeur-refuge, la plus utilisée
dans les transactions internationales et dans les réserves de changes (or
et devises) en banques centrales.

La dette extérieure des États-Unis en 2022 est surtout détenue par le


Japon, la Chine et le Royaume-Uni (en montants modestes).
94 Les marchés financiers français d’actions et d’obligations étaient encore très étroits au début
des années 1980. Lorsque l’État lançait ses emprunts - il évinçait les autres emprunteurs potentiels,
son statut le rendant prioritaire - il ponctionnait les fonds disponibles au point que les entreprises
ne pouvaient plus trouver les financements leur étant nécessaires. Depuis les années 1980,
l’internationalisation (obligée par les jeux de concurrences) des activités productives et
commerciales des firmes (de nationalités souvent multiples, dont Airbus est une illustration) leur
créait des besoins de capitaux ne pouvant plus être couverts par les crédits bancaires ou la place
financière de Paris. Nos entreprises se firent coter simultanément sur plusieurs places financières,
bénéficiant ainsi de multiples sources de fonds, de l’épargne mondiale.

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Les détenteurs étrangers de la dette US

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Par ailleurs, les étrangers ont une forte propension à acquérir des actions
américaines (investissements de portefeuilles) et à prendre le contrôle
d’entreprises de ce pays (investissements directs). Mais, il s’agit de titres
de propriété, non de titres de dette.

X.3 - La dette privée

On s’intéressera ici à la dette des agents non financiers (entreprises et


ménages).
Une entreprise de petite taille n’a guère que le crédit bancaire pour se
financer.
Une entreprise ayant accès aux marchés financiers aura à décider de se
financer par émissions d’actions ou par émissions d’obligations
(endettement).

Une question déterminante, mais complexe et ne pouvant être traitée ici,


est soulevée : quelles incidences aurait un endettement élevé sur la
valeur d’une entreprise ?
L’importance de cette question s’explique par le souci, prééminent
aujourd’hui, de « création de valeur » : gérer l’entreprise afin de faire
progresser sa valeur boursière (le cours des actions qu’elle aura émises
pour se financer sur une place boursière).

(a) La dette privée française


Elle est plus importante que la dette publique. Mais, elle relève de
conditions de soutenabilité bien différentes.
France : dette publique et dette privée ( % du PIB)

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(b) La dette des entreprises de quelques grands pays
Le tableau ci-joint fait bien apparaître la montée des difficultés de
entreprises dues à la pandémie.
L’endettement privé ( % du PIB) dans quelques grandes économies

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Données diffusées par la Banque des Règlements Internationaux (BRI)

En guise de conclusion
Vous venez de disposer d’éléments de réflexion, en accompagnement du
cours, qui devraient vous être utiles au fil de vos études, puis
professionnellement, enfin dans votre vie citoyenne.
Ils ont été discernés pour leur utilité supposée et présentés sous des soucis
permanents de simplicité et de concision.
Vous tirerez parti de ces développements au fil de vos cours ultérieurs
spécialisés en Finances Publiques, Droit des Entreprises, Droit de la
Concurrence, Droit Financier ...
La lecture de la presse - plus généralement, la compréhension des propos
économiques des médias pourrait vous en devenir plus aisée. Elle vous
permettra de mieux tirer profit des chapitres de ce cours.

Table des matières

INTRODUCTION........................................................................................
.................................................4
Chapitre I – HISTOIRE ET ACTUALITÉ DE LA PENSÉE
ÉCONOMIQUE............................................5
I.1 – La pensée économique du 16ème au 19ème
siècles.........................................................................5
I.1.1 – La théorie économique
MERCANTILISTE.............................................................................6
I.1.2 – La théorie économique
CLASSIQUE.......................................................................................9
I.2 – La pensée économique NÉO-
CLASSIQUE...................................................................................11
I.3 - La pensée économique
KEYNÉSIENNE........................................................................................1
2
I.4 - Les préoccupations
contemporaines.............................................................................................
...12
Chapitre II – LA CRAINTE CONTEMPORAINE DE
STAGFLATION...................................................14
II.1 – L’analyse
conceptuelle..................................................................................................

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.................14
II.2 – La dynamique de
DÉFLATION................................................................................................
....16
II.3 - Les informations du Tableau Économique d’Ensemble établi par
l’INSEE..................................17
Chapitre III -
L’INFLATION..............................................................................................
.........................19
III.1 – La mesure du NIVEAU GÉNÉRAL DES
PRIX.........................................................................19
III.2 – L’évolution du POUVOIR
D’ACHAT.........................................................................................23
III.3 – L’inflation et le RYTHME DES
ACHATS..................................................................................23
III.4 – L’inflation et la RÉPARTITION DES
REVENUS......................................................................25
III.5 – L’inflation et les TAUX
D’INTÉRÊT..........................................................................................25
III.6 - L’inflation effective dans les grands espaces
économiques..........................................................28
III.7 – Les origines possibles de
l’inflation.............................................................................................29
III.7.1 – Le fonctionnement d’un
marché...........................................................................................29
III.7.2 – Les sources diverses de
l’inflation.......................................................................................31
III.7.3 - Que furent les taux d’inflation sur la période récente
?........................................................33
III.7.4 - Quelles PRÉVISIONS d’inflation sont présentées pour 2023 et
2024 ?..............................34
III.8 – Les difficultés des ANTICIPATIONS
D’INFLATION................................................................35
III.9 – La « boucle prix-salaire
».............................................................................................................36
Chapitre IV – LA
CROISSANCE..............................................................................................
..................38
IV.1 – Le taux de croissance depuis
2008...............................................................................................38

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IV.1.1 – Le taux de croissance et le
PIB.............................................................................................38
IV.1.2 – Les évolutions du taux de croissance du PIB en
France.......................................................40
IV.2 – Les prévisions de croissance de la Commission
Européenne......................................................43
IV.3 – Le lien entre croissance et
chômage.............................................................................................44
IV.4 – Les déterminants de la
croissance................................................................................................46
Chapitre V – LES INTERDÉPENDANCES ENTRE INFLATION ET
CHÔMAGE................................49
V.1 – L’approche théorique du lien entre inflation et chômage : la relation
de Phillips.........................49
V.1.1 – Un dilemme inflation-chômage
?...........................................................................................49
V.1.2 – La critique
monétariste....................................................................................................
.......50
V.2 – Le lien contemporain entre croissance, inflation et chômage en
France.......................................52
V.3 – Le lien ténu à moyen terme entre inflation et chômage aux États-
Unis........................................53
Chapitre VI – LE MARCHÉ DU TRAVAIL, L’ACTIVITÉ ET
L’EMPLOI..............................................55
VI.1 - Le SALAIRE
D’ÉQUILIBRE.............................................................................................
.........55
VI.2 – Une législation de SALAIRE
MINIMUM..................................................................................58
VI.2.1 – L’idée de salaire
minimum...................................................................................................58
VI.2.2 – Le salaire minimum dans le
monde......................................................................................59
VI.3 – Le niveau des rémunérations dans divers grands
pays................................................................60
VI.4 – L’évolution du
chômage........................................................................................................
.......62
VI.4 – La répartition des rémunérations dans notre

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pays........................................................................64
VI.5 – La définition du
chômage........................................................................................................
....65
VI.6 – Le chômage en temps de
CRISE.................................................................................................66
Chapitre VII - LE CAPITAL
PRODUCTIF................................................................................................
68
VII.1 - Les dynamiques de
l’investissement...........................................................................................
69
VII.2 - Les déterminants de
l’investissement..........................................................................................7
0
VII.3 - Les financements de
l’investissement.........................................................................................7
1
VII.4 – L’investissement en temps de
crise.............................................................................................72
Chapitre VIII - LA POLITIQUE
BUDGÉTAIRE.......................................................................................74
VIII.1 – La nécessité de relancer en temps de
récession.........................................................................74
VIII.2 – Les mécanismes de la relance : le « multiplicateur »
keynésien...............................................76
VIII.2.1 – La
consommation...............................................................................................
...............76
VIII.2.2 – Les effets
induits............................................................................................................
....77
VIII.2.3 – Les critiques de la thèse
keynésienne................................................................................78
Chapitre IX – LA POLITIQUE
MONÉTAIRE...........................................................................................79
IX.1 – Les raisons d’être de la
monnaie..................................................................................................79
IX.1.1 – Les fonctions de la
monnaie.................................................................................................79

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IX.1.2 – Les mobiles de la détention d’encaisses
monétaires............................................................80
IX.2 – La monnaie en
circulation.....................................................................................................
.......81
IX.2.1 – La monnaie en circulation dans le
public.............................................................................81
IX.2.2 – La monnaie en circulation entre les
banques.......................................................................82
IX.3 - La couverture des besoins en monnaie centrale, le
refinancement...............................................84
IX.3.1 – Le principe du refinancement des banques auprès de la banque
centrale............................84
IX.3.2 – Les modalités du refinancement des banques auprès de la banque
centrale........................85
IX.3.3 – Une mission pour toute banque centrale : préserver la sécurité de
son système bancaire...90
IX.4 - La coordination des banques
centrales.........................................................................................91
Chapitre X – LES PROBLÈMES
D’ENDETTEMENT..............................................................................93
X.1 - La dette
publique........................................................................................................
....................94
X.1.1 - Les chiffres de notre dette
publique.......................................................................................94
X.1.2 – La dérive des dettes publiques en temps de
crise..................................................................96
X.1.3 – La soutenabilité d’une dette
publique....................................................................................99
X.1.4 – Les fragilités financières induites par l’endettement
public................................................101
X.1.3 – La dette publique ventilée par
détenteurs............................................................................102
X.2 – La dette publique
extérieure......................................................................................................
..103
X.3 - La dette
privée............................................................................................................
..................104

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En guise de
conclusion.....................................................................................................
..........................106

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