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Notes - Trouble dans le genre

Judith Butler

Écriture inclusive : utilisation du point médian et de l’accord de proximité.


BUTLER Judith (trad. Cynthia Kraus), Trouble dans le genre, le féminisme et la subversion de
l’identité, Paris, édition La Découverte | Poche, 2006.
→ Première parution en vo : 1990

I. Sujet de sexe/genre/désir

Avant de représenter de façon adéquate, il faut appréhender pleinement ce qu’est le sujet. Or, un
sujet, dès lors qu’il est assujettis à la définition d’une structure politique censée le protéger, est
définis et formés selon des exigences conformes à cette structure.
“La question du « sujet » est d’une importance décisive en politique, et pour la politique féministe
en particulier, parce que les sujets de droit sont continûment produits par le biais de certaines
pratiques d’exclusion qui ne se « voient » pas [...] la construction politique du sujet se fait à des fins
précises de légitimation et d’exclusion.” p.50

Le terme « femme » dans sa dimension politique et en tant que sujet principale du féminisme,
peine à exprimer l’exhaustivité de la réalité des vécus des femmes.
Irl : femme ≠ catégorie cohérente et homogène
“le genre n’est pas toujours constitué de façon cohérente ni conséquente selon les différents
contextes historiques, et [...] le genre est partie prenante de dynamiques raciales, de classe,
ethniques, sexuelles et régionales où se constituent discursivement les identités. Par conséquent, il
devient impossible de dissocier le « genre » des interstices politiques et culturels où il est
constamment produit et reproduit.” p.51
Tout comme il n’y a pas d’universalité dans les oppressions, il n’y en a pas dans les structures de
dominations et donc dans le patriarcat. Le patriarcat et la domination masculine ne sont ni
naturelles ni universelles. De même, les oppressions étant diverses en fonction des zones
géographiques, les oppressions de certains pays aux populations non blanches ont été catégorisées
de barbarie primitive, à l’opposé du système occidental. La prise en compte du contexte dans ces
théories n’était alors présente que pour soutenir une rhétorique raciste.
“Quand les théories du patriarcat ont tenu compte de ces contextes, c’était pour y chercher des «
exemples » ou des « illustrations » d’un principe universel postuler au départ. Ce genre de
théorisation féministe fut sévèrement jugé comme une tentative de colonisation et d’appropriation
de cultures non occidentales, non seulement parce qu’on y défendait des idées éminemment
occidentales d’oppression, mais qu’on tendait aussi à y construire un « Tiers Monde » ou encore
un « Orient » où l’oppression de genre était, en guise d’explication, habilement convertie en un
symptôme de barbarie primitive, non occidentale.” p.52

Trouble dans le genre est positionné dans une période appelée “post-féminisme” (cf p.54) et veut
réfléchir à "construire un sujet du féminisme”. Le sujet “femme” est basée sur l’exclusion car il lui est
impossible d’être universel dans sa définition politique actuelle et est donc une base qui n’est pas
stable pour le mouvement féministe. Butler veut alors créer un modèle qui n’est pas pour fondation
une base unique, elle prône l’inclusivité sans utiliser ce terme.
“il est peut-être temps de concevoir une ctirique radicale qui cherche à libérer la théorie féministe
de la nécessité d’avoir à construire une base unique ou permanente, une base vouée à être sans cesse
constestée à partir des positions identitaire ou anti-identitaires qui en sont inévitablement exclues.
Les pratiques d’exclusion qui fondent la théorie féministe sur une notion de « femmes » en tant
que sujet ne sabotent-elles pas paradoxalement l’ambition du féminisme d’élargir sa prétention à la
« représentation » ?” p.54.

Le fait même de vouloir faire de la catégorie « femme » une catégorie stable et constante relève de la
réification (transposition de l’abstrait au concret / volonté de rendre statique ce qui est mobile
https://www.cnrtl.fr/definition/r%C3%A9ification). Exprimé ainsi, on comprend que cette idée va
à l’encontre même des desseins féministes qui refusent l’essentialisme.
“Si une politique du genre n’est plus de fait la prémisse fondatrice de la politique féministe, il est
peut-être souhaitable que cette politique renouvelle sa forme pour contester les réifications mêmes
du genre et de l’identité, une forme qui ferait de la variabilité dans la construction de l’identité une
exigence tant méthodologique que normative, pour ne pas dire un but politique.” p.54

a. L’ordre obligatoire du sexe/genre/désir

Définition du genre et sa position vis-à-vis du sexe biologique (à compléter avec le Manifeste


du Muséum) :
"Bien que l’on invoque souvent l’unité des « femmes » comme une évidence pour
construire une solidarité d’identité, la distinction entre le sexe et le genre introduit un clivage au
cœur du sujet féministe. Cette distinction qui visait d’abord à réfuter l’idée de la « biologique
comme destin » permet de soutenir que le genre est culturellement construit indépendamment de
l’irréductibilité biologique qui semble attachée au sexe : c’est pourquoi le genre n’est ni la
conséquence directe du sexe ni aussi fixe que ce dernier ne le paraît. Une telle distinction, qui admet
que le genre est une interprétation plurielle du sexe contient déjà en elle-même la possibilité de
contester l’unité du sujet.
Si le genre renvoie aux significations culturelles que prend le sexe du corps, on ne peut alors
plus dire qu’un genre découle d’un sexe d’une manière et d’une seule.” p.55
Étant donné que rien ne lie, factuellement, genre et sexe, la binarité admise des sexes (réalité
nuancée par la biologique moderne qui considère cette vision comme très simpliste cf Manifeste du
Museum), rien n’indique que les genres sont également au nombre de deux.1
“Lorsqu’on théorise le genre comme une construction qui n’a rien à voir avec le sexe, le genre
devient lui-même un artéfact affranchi du biologique” p.56

1
Réflexion perso : Si quelqu’un dit que le genre n’existe pas, lui dire que le genre c’est comme le temps. Il n’est pas
visible, il n’est pas tangible mais c’est une réalité. Il est construit culturellement et socialement et même si on essaie de
l’ignorer, il continuera d’exister dans sa propre réalité et aura, quoi qu’il arrive, un impact sur nos personnes et nos
sociétés. Il est relatif, mouvant et fluide dans son ressenti mais, quoi qu’il arrive, il est toujours là.
“En conséquence, le genre n’est pas à la culture ce que le sexe est à la nature ; le genre, c’est aussi
l’ensemble des moyens discursifs2/culturels par quoi la « nature sexuée » ou un « sexe naturel » est
produit et établi dans un domaine « prédiscursif », qui précède la culture après coup.” p.56-57

b. Le genre, les « ruines circulaires » du débat actuel

Appuie sur les théories de Simone de Beauvoir. Pour SdB, le genre est construit via une obligation
culturelle, mais rien n’indique que le sexe influence en quoi que ce soit le genre d’arrivé.
“Pour Beauvoir, le genre est « construit », mais sous-jacent à sa formulation, il y a un agent, un
cogito, qui prend ou s’approprie ce genre et qui pourrait, en principe, endosser un tout autre genre.
[...] Beauvoir affirme clairement que l’on « devient » une femme, mais toujours sous la contrainte,
l’obligation culturelle d’en devenir une. Il est tout aussi clair que cette contrainte ne vient pas du
« sexe ». Dans son analyse, rien ne garantit que « celle » qui devient une femme soit
nécessairement de sexe féminin.” p.58

L’expérience du genre façonné par le discours a pour limites celles du langage qui le détermine. “Ces
limites sont toujours posées dans les termes d’un discours culturel hégémonique fondé sur les
structures binaires qui se font passer pour le langage de la rationalité universelle.” p.59

La théorie de Beauvoir indique que le seul genre marqué est le genre féminin, le genre masculin
étant considéré comme neutre. Les hommes en sont, de fait, glorifiés comme la « personne
universelle ». Je ne sais pas quoi penser de ça étant donné qu’il serait faux de dire que les hommes
ne subissent pas d’oppressions patriarcales et d’injonction de genre (moindre mais existantes). Pour
Lucie Irigaray, la femme est « l’Autre », l’irreprésentable et sa présence dans l’espace n’est jamais
adéquate parce que impossible à montrer pour un système patriarcale (cette partie est plutôt
complexe et j’ai pas tout saisie. p.60).

2
discursif : qui a trait au discours, à la logique.
prédiscursif : qui vient avant le discours (j’imagine)
“Irigaray dirait plutôt que le « sexe » féminin est un point d’absence linguistique, l’impossibilité
grammaticale de dénoter une substance, et donc le point de vue qui expose cette substance comme
une illusion durable et fondatrice du discours masculiniste.” p.61
→ En gros sont point de vue s’oppose à celui de Beauvoir et Wittig puisqu’elle ne réfléchit pas la
« femme » comme opposée à l’homme et comme seul sexe marqué contre un sexe universel que
serait l’homme, mais plus comme un sexe indissible et invisible qui ne peut être face au seul sexe
marqué qu’est l’homme. Si j’ai compris ça correctement, les deux théories se valent et s’entendent.
“Les positions esquissées ci-dessus [Beauvoir vs Irigaray] sont certes différentes, mais non sans
rapport ; on peut dire que chacune d’elles problématise à sa façon la place du « sujet » et du « genre
», et leur signification respective dans le cadre socialement institué de l’asymétrie de genre. [...] Il
s’agit de désaccords majeurs sur la signification du genre, à commencer par la question de savoir si
c’est bien du genre qu’il faut parler, ou si c’est la construction discursive du sexe qui est encor eplus
fondamentale [...] D’où la nécessité de repenser totalement les catégories de l’identité dans le
cadre de rapports de genre qui sont fondamentalement asymétriques." p.62 (en gras ce qui
est la volonté principale de Butler à ce moment selon moi).

Beauvoir : femme = corps ; homme = esprit universel


“L’analyse de Beauvoir pose indirectement la question suivante : par quel acte de négation et de
dénégation le masculin se donne-t-il des airs d’universalité désincarnée, tandis que le féminin est
construit comme une corporéité désavouée ?” p.63
Butler remet en cause le dualisme corps/esprit maintenue par Beauvoir, dans la hiérarchie qu’on y
lit. L’esprit veut assujettir, voir échapper totalement au corps. “Aussi, chaque fois que la distinction
entre l’esprit et le corps est reproduite sans esprit critique, n’oublions jamais la hiérarchie de genre
que cette distinction a traditionnellement servi à produire, à maintenir et à rationaliser.” p.63

“Pour Irigaray, ce mode phallocentrique de signifier le sexe féminin reproduit à l’infini les fantasmes
de son désir d’expansion. Loin d’être un geste linguistique d’autolimitation qui confère l’altérité ou
la différence aux femmes, le phallocentrisme est le nom que porte le projet de faire disparaître le
féminin et de prendre sa place.” p.64
c. Théoriser le binaire, l’unitaire et au-delà

“à force d’insister sur la cohérence et l’unité de la catégorie « femme », on a fini par exclure les
multiples intersections culturelles, sociales et politiques où toutes sortes de « femmes » en chair et
en os sont construites.” p.66

L’unité est une utopie impossible à atteindre dans un mouvement politique, car dès lors qu’on
unifie, on limite et créer des exclusions. Selon Butler, celà ne doit donc plus être le but ultime des
organisations et des systèmes.
“L’« unité » établit-elle une norme qui construit la solidarité sur l’exclusion identitaire, excluant la
possibilité que toutes sortes d’actions viennent déstabiliser les frontières mêmes des concepts de
l’identité où qu’on fasse ce travail de déstabilisation en le revendiquant comme un but politique ?”
p.67

Fondationnalisme : idée selon laquelle nos croyances (comme la connaissance) sont justifiées si elles
reposent sur des croyances de base qui sont par elles-mêmes justifiées ou évidentes.
→ Un anti-fondationnaliste est celui qui ne croit pas qu'il y ait une quelconque croyance
fondamentale ou un principe de base qui puissent servir de fondation à l'enquête et à la
connaissance

“Le genre est un phénomène complexe qui, en tant que totalité, est constamment différé, un idéal
impossible à réaliser, quel que soit le moment considéré. Ainsi une coalition ouverte mettra en
avant des identités qui seront tour à tour prises ou mises de côté selon les objectifs du moment ; ce
sera un assemblage ouvert permettant de multiples convergences et divergences sans qu’il soit
nécessaire d’obéir à une finalité normative qui clôt les définitions.” p.68
d. Identité, sexe et métaphysique de la substance

L’idée d’un « vrai » sexe (selon l’expression ironique de Foucault) est produite par la volonté
d’appliquer au genre une logique hétéronormative qui correspondrait aux fonctions biologiques
sexuelles. Ainsi, comme il faut faire coller cela aux catégories « mâle » et « femelle », alors on a créé
« masculin » et « féminin », rejetant tout ce qui existe au-delà. “C’est bien parce que certaines
« identités de genre » n’arrivent pas à se conformer à ces normes d’intelligibilité culturelles qu’elles
ne peuvent, dans ce cadre normatif, d'apparaître comme des anomalies du développement ou des
impossibilités logiques.” p.70

Wittig a une analyse sur la langue française et aussi anglaise et sur le langage comme porteur de
binarité. Toute cette partie est, aussi, très compliquée.

“L’institution d’une hétérosexualité obligatoire et naturalisée a pour condition nécessaire le genre et


le régule comme un rapport binaire dans lequel le terme masculin se différencie d’un terme
féminin, et dans lequel cette différenciation est réalisée à travers le désir hétérosexuel.” p.77

“le genre se révèle performatif - c’est à dire qu’il constitue l’identité qu’il est censé être. Ainsi, le
genre est toujours un faire, mais non le fait d’un sujet qui précéderait ce faire.” p.79 “Il n’y a pas
d’identité de genre cachée derrière les expressions de genre ; cette identité est constituée sur un
mode performatif par ces expressions, celles-là mêmes qui sont censées résulter de cette identité.”
p.80

e. Langage, pouvoir et stratégies de déstabilisation

Opposition de Wittig est Irigaray sur le langage. Wittig le voit comme “neutre” de par son
humanisme, Irigaray lui reproche ce point de vue et pense que seule un remodelage total pourrait
permettre de s’extirper des doctrines masculinistes.
“Pour Wittig, le langage est un instrument ou un outil dont les structures ne sont en elles-mêmes
pas misogynes, mais qui peuvent le devenir si l’on en fait des usages misogynes. Pour Irigaray, seul
un autre langage ou une autre économie de la signification offrirait la possibilité d’échapper à la
« marque » du genre, une marque qui [...] n’implique rien de moins que l’effacement
phallocentrique du sexe féminin.” p.81
“”Il est clair que Wittig est particulièrement sensible au pouvoir qu’a le langage de subordonner et
d’exclure les femmes. Cependant son « matérialisme » l’amène à considérer le langage comme un
« autre ordre de matérialité ». [...] Le langage peut être rangé parmi les pratique et les institutions
concrètes et contingente maintenues par le choix des individus, et qui sont donc affaiblies par les
actions collectives menées par les individus faisant ces choix.” p.82

Pour Irigaray, le féminin se définit comme l’absence comparé au masculin. C’est aussi dans la loi
patriarcale, hétéronormée, de la famille que se dessine les rôles genrés. C’est parce qu’on colle
l’hétérosexualité comme une norme que les rôles genrées se dessinent. Les deux sont liés.
“Les positions masculines et féminine sont donc toutes deux instituées par des lois de prohibition
qui produisent des genres culturellement intelligibles, mais seulement en produisant une sexualité
inconsciente qui réémerge dans l’imaginaire.” p.84

“La critique psychanalytique réussit à donner une explication de la construction du « sujet » — et


peut-être aussi de l’illusion de la substance — au sein de la matrice des rapports normatifs de genre.
Dans son approche existentielle-matérialiste, Wittig considère que le sujet, la personne, a une
intégrité qui précède le social et la marque du genre. Par ailleurs, « la Loi du père » chez Lacan,
tout comme l’autorité monologique du phallocentrisme chez Irigaray portent la marque de la
singularité monothéiste qui est peut-être moins unitaire et culturellement universelle que ne le
laissent penser les postulats structuralistes dans ce type de discours.” p.85

“Il serait avisé de se rappeler ici ce que nous disait Foucault à propos de la sexualité et du pouvoir, à
savoir qu’ils sont coextensifs, raison pour laquelle il refusait implicitement de postuler une sexualité
subversive ou émancipatrice qui pourrait être affranchie de la loi.” p.85
Sur les sexualités et la pseudo norme naturelle de l’hétérosexualité, Butler explique en quoi cette
norme est totalement construite mais également en quoi il est impossible de totalement sans défaire
sans la faire apparaître pour ce qu’elle est et la comprendre dans son économie.
“S’il n’y a pas moyen de répudier complètement une sexualité culturellement construite, reste la
question de savoir comment reconnaître la construction et comment faire pour « réaliser » la
construction dans laquelle on se trouve invariablement pris·e. [...] Lorsqu’elles pensent la sexualité,
les féministes considèrent qu’elle met en présence une dynamique du pouvoir, ce qui ne revient pas
à dire simplement qu’elle consolide ou amplifie le régime du pouvoir hétérosexiste ou
phallocentrique. On ne peut expliquer la « présence » de prétendues conventions hétérosexuelles
(ex pris des mots butch et fem) [...] comme s’il s’agissait de représentations chimériques d’identités
d’origines hétérosexuelles. Pas plus qu’on ne les comprendra en partant de l’idée que les dynamiques
hétérosexistes persistent pernicieusement dans les sexualités et les identités gaies et lesbiennes. La
répétition de la matrice hérétosexuelle dans les cultures sexuelles à la foies gaies, lesbiennes et
hétérosexuelles pourrait bien constituer le lien de dénaturalisation et de mobilisation des catégories
de genre. Que des cultures non hétérosexuelles reproduisent la matrice hétérosexuelle fait ressortir
le statut fondamentalement construit de ce prétendu original hétérosexuel. Le gai ou la lesbienne
est donc à l’hétérosexuel·le non pas ce que la copie est à l’original, mais plutôt ce que la copie est à la
copie. La répétition parodique de l’« original » [...] révèle que l’original n’est rien d’autre qu’une
parodie de l’idée de nature et d’original.”p.88

PHRASE DE OUF !! Qui résume exactement ce qu’il faut faire dans la sphère militante <3
“L’hétérosexisme et le phallocentrisme sont des régimes de pouvoir qui cherchent à étendre
leur domination par la répétition et la naturalisation de leur logique, de leur
métaphysique et de leurs ontologies. Cela ne veut pas dire qu’il faudrait mettre un terme à la
répétition en tant que telle — comme si c’était possible. Si la répétition est vouée à se répéter
comme mécanisme de reproduction culturelle des identités, la question décisive est de
savoir quel genre de répétition subversive pourrait remettre en question la pratique
régulatrice de l’identité.” p.89
En somme, puisque le modèle hétéronormé et patriarcal est de toute façon implanté et très présent,
il ne sert à rien culturellement de supprimer toutes ses itérations. Mieux vaut se concentrer sur les
représentations alternatives que nous pouvons produire pour concurrencer ce modèle est remettre
en cause son unique naturalité. Présenter des modèles queer comme normaux et tout aussi naturel
permettra de rebattre les cartes pour mettre à mal ce modèle discriminatoire.

Matos pour définir le genre : “Dire que le genre est construit ne revient pas à dire qu’il est une
illusion ou un pur artifice ; ce serait placer ces termes à l’intérieur d’un couple de contraires ou
« réel » serait le contraire d’« authentique »”. p.90

“Si Beauvoir avait raison de dire qu’on ne naît pas femme, mais qu’on le devient, on réalise alors que
a le terme femme renvoie lui-même à un processus, un devenir, une expression en construction
dont on ne peut pas, à proprement parler, dire qu’il commence ou finit. En tant que pratique
discursive ininterrompu, ce terme est susceptible de faire l’objet d’interventions et de
resignifications.” p.90-91

“Le genre, c’est la stylisation répétée des corps, une série d’actes répétés à l’intérieur d’un cadre
régulateur des plus rigide, des actes qui se figent avec le temps de tel sorte qu’ils finissent par
produire l’apparence de la substance, un genre naturel de l’être.” p91

En introduction de la prochaine partie et de la dernière.


“L’univocité du sexe, la cohérence interne du genre et le cadre de référence binaire tant pour le sexe
que pour le genre seront envisagés de par et d’autre comme des fictions régulatrices qui consolident
et naturalisent les régimes convergents de pouvoir liées à la domination masculine et
l’hétérosexisme. [...] Le « sexe » n’étant désormais plus crédible comme « vérité » intérieure
résultant de prédispositions et de l’identité, on verra qu’il est une signification produite sur un
mode performatif (et donc qu’il n’est pas), laquelle [...] peut devenir l’occasion d’une prolifération
parodique et d’un jeu subversif sur les significations genrées.” p.91-92

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