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Droit des affaires

Il est courant qu'une entreprise prenne en location divers biens dont elle a besoin (véhicules
routiers, engins de traction ou de manutention, wagons, containers, avions, ordinateurs,
fichiers nominatifs, etc.).
A quel régime juridique est soumis le contrat de location ? Qui, du loueur ou du locataire,
doit assurer le bien loué ? Qui est responsable en cas de détérioration du bien ? Quelles sont
les obligations du locataire ? Et celles du loueur ? Que risque le locataire s’il ne restitue pas
le bien en fin de bail ?
Ce livre blanc, extrait de notre Mémento Droit commercial 2019, qui vient de paraître,
répond à toutes ces questions et à bien d’autres.

QUALIFICATION
22503
La location de meubles est un contrat par lequel une personne, dite loueur, s'engage envers
une autre personne, appelée locataire ou preneur, à lui permettre la jouissance d'un meuble
donné, temporairement et moyennant un prix (C. civ. art. 1709 et 1713).

Il s'ensuit que n'est pas un contrat de location de meubles :


- le contrat ayant pour objet des biens destinés, par leur nature, à une consommation immédiate, tel le
froid industriel (CA Lyon 18-11-1909 : DP 1910.2.319) ;
- le contrat donnant à une partie le droit d'extraire et de disposer des matériaux d'une carrière, dès lors
que le preneur conserve la substance même de la chose, ce contrat s'analysant en une vente de meubles
par anticipation (Cass. civ. 3-10-1969 : D. 1970.49 ; Cass. 3e civ. 25-10-1983 : Bull. civ. III n° 197) ;
- le contrat qui dissimule, aux yeux des juges, une vente (Cass. civ. 22-12-1909 : S. 1910.1.191).
En revanche, constitue une location de meubles :
- la location de machines pour une durée de trois ou quatre ans au gré du preneur qui pouvait en devenir
propriétaire après la quatrième année moyennant paiement d'une soulte (Cass. req. 29-1-1902 : DP
1902.1.96) ;
- la convention qui n'octroie pas au preneur la faculté d'acquérir le bien dont la jouissance lui a été
concédée, de le sous-louer ou de le céder et qui oblige le preneur à le restituer purement et simplement à
l'issue de la période de location, et qui autorise le loueur à en contrôler étroitement l'utilisation (Cass.
com. 14-4-1972 : JCP G 1972.II.17269 note Alfandari).
Sur la distinction du louage avec le prêt à usage, n° 23500 ; le dépôt, n° 21000.
22503
Fiche complémentaire - 1. Existence d'une location - 2. Absence d'une location

RÉGIME

22506
Le louage de meubles est expressément admis par le Code civil (art. 1711, al. 2 et 1713) mais
ne fait l'objet d'aucune disposition particulière.
Le droit commun des contrats (n° 10600 s.) et les règles du bail d'immeubles comme droit
commun du louage de choses lui sont donc applicables, du moins « autant qu'elles sont
compatibles avec la nature des choses » (Cass. civ. 16-8-1882 : DP 1883.1.213 ; Cass. civ. 22-
7-1968 : D. 1968.622).

22506
Fiche complémentaire - Location de fichiers nominatifs

DESCRIPTION DU MEUBLE LOUÉ

22509
Le contrat de location doit indiquer les caractéristiques du meuble loué et de ses accessoires
(type, moyens de manutention, aménagements spéciaux éventuels, performances, etc.). Il
appartient au preneur de bien préciser ses besoins s'il veut être en droit de reprocher par la
suite au loueur les insuffisances du bien loué (CA Paris 8-2-1990 : D. 1990.IR.71).
Les parties ont intérêt à prévoir le programme d'entretien et de réparation du meuble loué,
lorsque sa nature l'exige, ainsi que les conséquences de l'immobilisation qui peut en résulter :
réduction du prix, remplacement dans un délai déterminé, indemnités réparatrices du
dommage éventuellement subi par le locataire.

MODALITÉS D'UTILISATION DU MEUBLE LOUÉ

22512
Les modalités d'utilisation du meuble loué sont librement fixées par les parties. Celles-ci sont,
notamment, libres de convenir si le meuble loué sera ou non à la disposition exclusive du
locataire.
Le locataire doit jouir de la chose louée raisonnablement et user de la chose conformément à
sa destination (C. civ. art. 1728, 1°).
Le loueur peut exiger le respect de cette obligation à tout moment au cours de la location
(Cass. civ. 17-10-1962 : GP 1963.1.154).

PRIX

22515
Le montant du loyer est librement débattu.

Lorsque le loyer horaire d'un ordinateur a été fixé par référence au « temps d'utilisation de l'équipement
», ce qui compte, c'est « le temps de mise à la disposition (du locataire) d'un ensemble d'appareils et
l'installation dans une salle appropriée » et non pas seulement le temps d'utilisation de l'ordinateur
(Cass. com. 1-12-1975 n° 74-12.456 : Bull. civ. IV p. 236).
ECRIT

22518
La location d'un meuble peut être verbale ou constatée par écrit (C. civ. art. 1714).

ASSURANCE

22521
Il est recommandé de prévoir qui doit assurer l'objet loué, le loueur manquant à son devoir de
conseil en n'avertissant pas le preneur de son intérêt à assurer la chose louée (n° 22533).

DÉLIVRANCE

22524
Le loueur doit remettre au preneur le bien loué (C. civ. art. 1719, 1°). Cette délivrance porte
non seulement sur la chose louée elle-même en bon état (C. civ. art. 1720, al. 1), mais aussi
sur les accessoires de celle-ci et sur ce qui en permet l'usage normal (CA Paris 10-12-1976 :
GP 1977.2.664). Mais il n'est pas tenu à la remise des accessoires lorsque le preneur,
professionnel expérimenté, ne les lui a pas demandés (Cass. com. 17-12-1991 : RJDA 4/92 n°
332 : location d'ordinateurs et de logiciel d'exploitation sans fourniture des logiciels
d'application ; aussi, Cass. com. 12-11-1992 : RJDA 2/93 n° 109).

Le contrat doit donc être résolu lorsqu'il manque un accessoire indispensable au matériel loué (CA Paris
10-12-1976, précité).

À l'occasion de cette mise à disposition, les parties ont intérêt à dresser un constat de l'état du
bien remis ; à défaut, le locataire est présumé l'avoir reçu en bon état de réparations locatives,
sauf la preuve contraire (C. civ. art. 1731). Ainsi, le locataire qui n'a pas dénoncé les vices
apparents est censé les avoir acceptés (CA Lyon 18-5-1978 : DMF 1980.73).
Le loueur peut se rendre coupable de tromperie sur la chose louée s'il a laissé croire au
preneur qu'il lui remettait un bien en bon état alors qu'il n'en est rien (CA Colmar 22-5-1987 :
GP 1988.570 note Bihl).

La fourniture du bien loué est distincte de la délivrance dudit bien, laquelle est la substance du contrat
de louage et a pour objet, non la remise matérielle du bien, mais la mise à disposition du preneur de la
chose louée, et le loueur peut donc ne pas se porter garant de la fourniture du matériel ou des retards
apportés à celle-ci (CA Paris 12-7-1991 : JCP G 1991.IV.421 : location d'ordinateur dont un logiciel
d'exploitation devait être fourni par un tiers).

22524
Fiche complémentaire - 1. Délivrance du bien loué - 2. Mise à disposition du bien loué par le
preneur

MISE À DISPOSITION DE PERSONNELS QUALIFIÉS

22527
En raison de la technicité de plus en plus poussée des meubles loués, il est souvent convenu
que le loueur doit fournir les services d'un personnel qualifié pour l'utilisation de ceux-ci, tels
un mécanicien, un opérateur ou un conducteur. Cette mise à disposition doit être conforme
aux règles du détachement de personnel (n° 13685 s.).
Les dommages causés au bien loué ou à un bien employé à la même tâche sont à la charge
du locataire lorsqu'ils résultent d'une utilisation de la chose faite sous le contrôle de celui-ci
(Cass. com. 29-4-2002 n° 98-17.754 : BTL 2002.358). Inversement, lorsqu'ils surviennent au
cours d'une utilisation de la chose par le loueur, ils sont à la charge de celui-ci.

Par exemple, le loueur est responsable :


- de l'accident qui n'a pu survenir qu'à cause de l'accord donné par un mécanicien, spécialiste formé par
le loueur (Cass. com. 13-5-1980 : Bull. civ. IV p. 156) ;
- de la chute d'une grue due aux erreurs commises par son personnel dès lors que le locataire devait
obligatoirement employer le personnel mis en place et formé par le loueur (Cass. com. 19-12-1983 : GP
1984.pan.131) ;
- de la chute d'une grue imputable à une incapacité technique du personnel loué avec cette dernière, en
dépit des termes mêmes du contrat qui précisaient que l'engin était placé sous la direction, le contrôle et
la responsabilité du locataire (CA Aix 12-5-1982 : Bull. Cour d'Aix 1982/2 p. 64 ; dans le même sens
Cass. com. 4-2-1997 : DMF 1997.478 obs. Tassel).

La nature de la chose louée implique parfois, même dans le silence du contrat, l'obligation de
fournir au locataire une assistance technique.

Ainsi, la mise en place d'un matériel informatique implique, de la part du fournisseur, la livraison d'un
matériel apte à exécuter les travaux prévus et une assistance technique pendant une période suffisante
d'adaptation, sous peine d'engager la responsabilité de celui-ci (CA Paris 12-7-1972 : GP 1972.2.804
note Megret).

22527
Fiche complémentaire - Préposé du loueur

ENTRETIEN

22530
Le loueur doit entretenir la chose louée en état de servir pour l'usage pour lequel elle est
louée (C. civ. art. 1719, 2°), notamment assurer l'entretien de sa structure (Cass. com. 13-6-
1995 : BTL 1996.79).

Ainsi le loueur peut-il avoir à mettre à la disposition de son locataire des pneumatiques de rechange et à
assurer le choix, le montage, l'entretien, le contrôle et le remplacement de ces derniers (Cass. com. 7-12-
1960 : Bull. civ. III p. 366) ou à répondre du mauvais fonctionnement d'un conteneur frigorifique (CA
Paris 13-9-1989 : BT 1990.151). Il reste tenu des grosses réparations même lorsque le locataire a pris à
sa charge les travaux d'entretien (CA Douai 27-10-1983 : BT 1984.294).
Toutefois, même s'il a promis d'assurer « la mise à jour du matériel (un fauteuil de soins dentaires)
pendant la durée du financement étant donné la nouveauté du matériel », il n'est pas tenu pour autant de
faire bénéficier le locataire de toutes les innovations concernant ce matériel (CA Paris 16-5-2003 n°
01/10494 : RJDA 11/03 n° 1059).

Le locataire doit aussi conserver le meuble loué et prendre les précautions d'usage pour éviter
les dommages auxquels celui-ci pourrait se trouver exposé. À ce titre, il est tenu d'user de la
chose raisonnablement et suivant la destination qui lui a été donnée par le bail (C. civ. art.
1728, 1°).

S'est conformé à cette obligation le locataire de wagons-citernes qui a averti le loueur de leur corrosion
et a pris soin des éléments fragiles des wagons, l'obligation d'entretien ne portant pas sur la structure des
citernes (CA Paris 7-11-1991 : BTL 1991.799).
22530
Fiche complémentaire - Obligation du loueur à l'entretien de la structure de l'objet loué

DEVOIR DE CONSEIL

22533
Le loueur est tenu d'un devoir de conseil envers son locataire quant à l'utilisation du matériel
loué (pour un devoir satisfait, CA Paris 9-6-2016 n° 14/12411 : BTL 2016.414).

Manque à son devoir de conseil envers son client :


- la société qui loue une photocopieuse qui ne peut suffire aux besoins du locataire alors que la notice
publicitaire était rédigée de telle sorte que l'utilisateur pouvait espérer des performances exceptionnelles
quant au nombre des copies (CA Versailles 21-10-1987 : D. 1987.IR.254) ;
- la société, professionnel de la location de matériel, qui ne lui permet pas de prendre les dispositions
nécessaires à la conservation du matériel, en ne portant pas à sa connaissance les conditions générales
du contrat et en particulier le fait que le matériel pris en location n'est pas assuré et qu'il appartient au
client de prendre les dispositions nécessaires à ce titre (CA Paris 3-4-2002 n° 01/17273 : RJDA 10/02
n° 978.som.).

22533
Fiche complémentaire - Absence de manquement du loueur à son devoir de conseil

PAIEMENT DU PRIX DE LOCATION

22536
À la condition que le bien loué lui ait été délivré (Cass. civ. 20-6-1995 : RJDA 12/95 n°
1361), le locataire est tenu de payer le prix de la location, tel que déterminé au contrat, aux
dates convenues (C. civ. art. 1728, 2°).

Le locataire doit notamment régler le prix de location dès l'instant où le loueur l'indemnise des
dommages qu'il a subis du fait du mauvais entretien de la chose louée (CA Paris 21-3-1979 : BT
1979.257, en matière de location de véhicules industriels mais transposable à toute location de
meubles).

Parfois, le locataire doit verser une somme au loueur, en général sous la forme d'une
consignation, à titre d'indemnité représentative de la valeur des objets loués pour prévenir une
éventuelle disparition ou détérioration (Cass. civ. 16-5-1956 : JCP G 1956.IV.94). L'exécution
normale des obligations du locataire permet à ce dernier de récupérer la somme consignée à
l'échéance du contrat (CA Bordeaux 30-4-1951 : RTD com. 1951.596 obs. Houin).

CONFORMITÉ DE LA CHOSE LOUÉE

22539
En principe, le loueur n'est pas tenu à une obligation de résultat, les services obtenus
dépendant à la fois des qualités propres du matériel et des conditions dans lesquelles ce
matériel a été mis en œuvre avec le concours des deux parties (CA Paris 12-7-1972 : GP
1972.2.804 note Megret).

Toutefois, une obligation de résultat a été mise à la charge du loueur d'une machine à cartes perforées
dès lors que le choix des appareils et de la « programmation » lui incombait (T. com. Lyon 1-3-1966 :
Journ. agréés 1966.197 obs. Seffert).
Le loueur peut fournir des matériels d'occasion dès lors que ceux-ci sont aptes à assumer les services
attendus du locataire (Cass. com. 12-11-1992 : RJDA 2/93 n° 109). Mais il se rend coupable d'un défaut
de conformité lorsqu'il affirme ne plus être en mesure de garantir la maintenance du matériel qu'il a livré
(CA Versailles 16-1-1998 : DA 1998.665, prononçant la résiliation du contrat, le matériel étant devenu
inutilisable du fait du défaut d'entretien).

Devant l'imprécision du contrat, une expertise peut être ordonnée pour déterminer si et dans
quelle mesure les résultats escomptés n'ont pas été atteints et, éventuellement, qui est
responsable de l'échec (CA Paris 21-6-1971 : JCP G 1972.II.17138 note Megret).
Sur la faculté du locataire de demander la résolution du contrat si le matériel de travail loué ne
répond pas aux normes de sécurité, article L 4311-5 du Code du travail.

GARANTIE DES VICES CACHÉS

22542
Le loueur est tenu, en vertu de l'article 1721 du Code civil, d'indemniser le locataire des pertes
résultant des vices ou défauts du bien loué (Cass. civ. 27-10-1981 : GP 1982.pan.111 :
mauvais fonctionnement d'un appareil de télévision qui, en dépit de plusieurs pannes, n'avait
pas été remplacé).

Sa responsabilité contractuelle est, cependant, fortement atténuée lorsqu'il a tout tenté, avec le concours
de son personnel, pour remédier aux vices cachés (T. com. Paris 19-4-1971 : GP 1971.2.401).

Encore faut-il que le locataire fasse la preuve du vice caché qu'il invoque (pour des
insuffisances de preuve : CA Paris 26-4-1960 : BT 1960.202 ; CA Poitiers 15-4-1970 : BT
1970.199).
Le contrat de location peut néanmoins mettre à la charge du locataire les vices cachés (Cass.
com. 3-7-1938 : BT 1938.93 ; CA Aix 1-6-1995 : Bull. d'Aix 1995-1 n° S-511 obs. Stoffel-
Munck).

Tel n'est pas le cas de la clause précisant que le matériel loué est réputé en bon état de marche et
d'entretien (CA Rouen 23-5-2002 : RJDA 12/02 n° 1265).

Mais la clause privant le locataire de tout recours pour défaut rendant l'appareil impropre à
son usage n'est pas valable (CA Rouen 15-9-1993 : RJDA 12/93 n° 1021 ; dans le même
sens, CA Aix 1-6-1995, précité : inopposabilité de la clause excluant tout remboursement de
loyers pour privation de jouissance consécutive aux défauts du bien loué ; CA Paris 10-3-
1992 : D. 1992.IR.173 : inopposabilité de la clause exonérant le loueur de toute réparation
alors que le locataire est un non-professionnel avec lequel le loueur n'a pas eu de rapports
contractuels de même nature).

Cette solution est une application de la neutralisation des clauses limitatives de responsabilité pour
atteinte à l'obligation essentielle (n° 12490).

22542
Fiche complémentaire - Renonciation du locataire à tout recours et non-contestation de la
validité de cette renonciation

FAIT DU MEUBLE LOUÉ

22545
Le loueur répond des dommages causés par le fait du meuble loué lorsqu'il a conservé sur lui
un pouvoir de direction et de contrôle (n° 8069 s. ; pour des applications aux locations de
véhicules, n° 25675, et à l'affrètement d'un aéronef, Cass. civ. 21-5-1979 n° 77-14.679 : Bull.
civ. II n° 149 ; Cass. com. 2-10-2012 n° 11-21.362 : Bull. civ. IV n° 179). La même
responsabilité incombe au locataire si c'est lui qui a reçu le pouvoir de direction et de contrôle
du meuble.

DÉTÉRIORATIONS DE LA CHOSE LOUÉE

22548
Le locataire est présumé responsable en cas de perte par incendie du meuble (cf. C. civ. art.
1733 ; Cass. civ. 6-5-1968 : D. 1968.694).

Mais sa responsabilité peut être partagée avec le loueur, l'insouciance de l'un pouvant s'ajouter à
l'inattention de l'autre (CA Paris 4-7-1972 : GP 1972.2.som.107).

Le locataire répond des autres dégradations et pertes survenues pendant la location sauf s'il
prouve que ces dommages sont survenus sans sa faute, ce qui s'établit généralement lors de la
restitution de la chose louée (n° 22560). Mais le locataire ne peut être condamné pour ne pas
avoir pris les dispositions nécessaires, sans rechercher en quoi, eu égard à la nature du
matériel et aux circonstances de sa garde, il était tenu à des précautions particulières (Cass.
com. 21-2-1995 : RJDA 7/95 n° 839).

Le locataire ne commet pas de faute en abandonnant l'engin loué lorsqu'il est atteint de défectuosités
excluant toute remise en état et le rendant totalement inutilisable (Cass. civ. 4-11-1987 : GP
1988.pan.6).

Il peut accepter de garantir le loueur contre toutes dégradations, même celles dues à un cas de
force majeure (CA Aix 6-10-1987 : Bull. Cour d'Aix 1987/2 p. 13), sous réserve du cas où
cette exonération du loueur aboutit à le libérer de l'exécution de son obligation essentielle (n°
22542). Réciproquement, le loueur peut renoncer à lui demander compte de toutes
dégradations (cf. Cass. civ. 11-4-1995 : BT 1995.356).

22548
Fiche complémentaire - 1. Incendie hors de cause - 2. Responsabilité du locataire pour
dégradations - 3. Action du loueur contre l'auteur du dommage à la chose louée

RESPONSABILITÉ PÉNALE DU LOUEUR

22551
L'inattention ou la négligence du loueur dans l'exécution de ses obligations contractuelles peut
engager sa responsabilité pénale, même si sa faute est tempérée par celle du locataire (CA
Paris 4-7-1972 : GP 1972.2.som.107 : à propos d'une contravention de cinquième classe
applicable au loueur pour la location d'une automobile en mauvais état).

RESPONSABILITÉ PÉNALE DU LOCATAIRE

22554
Le locataire encourt les sanctions prévues pour l'abus de confiance s'il ne restitue pas les
objets loués (C. pén. art. 314-1).

Le détournement par le locataire de la chose louée est réalisé, par exemple, lorsque le locataire d'une
automobile, au lieu de la restituer à la date convenue, l'abandonne sur la voie publique (Cass. crim. 19-
5-1969 : JCP G 1969.II.16104 obs. Lestang).
Mais ne suffit pas à établir le délit le simple retard dans la restitution de la chose louée ; il faut qu'il y ait
détournement ou dissipation de cette chose (Cass. crim. 23-3-1971 : JCP G 1971.II.16869 obs.
Lestang).

CESSATION DU CONTRAT

22557
Le contrat de location s'éteint pour les mêmes causes que le contrat de droit commun (n°
16000 s.).

Ainsi, le contrat prend fin par : l'arrivée du terme prévu (C. civ. art. 1737) ; la résiliation unilatérale
d'une location de durée indéterminée (cf. C. civ. art. 1709 ; CA Paris 23-2-1987 : D. 1987.IR.58) ; la
perte de la chose louée et le défaut respectif du loueur et du locataire de remplir leurs engagements (C.
civ. art. 1741), quelle que soit la cause de cette perte, cas fortuit ou faute de l'une des parties (Cass. com.
8-10-1991 : RJDA 12/91 n° 1019).
En revanche, la mort de l'une des parties n'entraîne pas systématiquement la fin du contrat sauf clause
expresse contraire du contrat (C. civ. art. 1742).

Après extinction du contrat, le locataire doit rendre la chose louée dans son état initial (n°
22560).
La partie qui résilie à tort le contrat de location peut être condamnée à payer le dédit prévu par
la convention ainsi qu'à des dommages et intérêts (CA Paris 26-6-1976 : BT 1976.379, en
matière de location de véhicules industriels mais transposable à toute location de meubles).

22557
Fiche complémentaire - Refus de renouvellement du matériel à défaut de définition des
conditions de ce renouvellement

RESTITUTION DE LA CHOSE LOUÉE

22560
A l'échéance du contrat, la chose louée doit être restituée au loueur (cf. C. civ. art. 1709 ne
prévoyant l'obligation de transférer la jouissance que « pendant un certain temps »). Cette
restitution se fait dans les conditions spécifiques prévues par l'article 1732 du Code civil,
complétées au besoin par les dispositions des articles 1352 s. nouveaux relatives à la
restitution d'une chose (n° 16120 s.). Les dégradations constatées lors de cette remise sont à la
charge du locataire, sauf preuve qu'elles ont eu lieu sans sa faute (C. civ. art. 1732), sans que
les juges du fond aient à se prononcer sur l'absence de faute (Cass. 1e civ. 27-6-1966 : Bull.
civ. I n° 383) ; mais cette règle n'est pas d'ordre public et peut être écartée par les parties (CA
Rouen 12-2-1992) et elle n'est plus applicable lorsque la location a cessé (Cass. civ. 20-2-
1996 : RJDA 6/96 n° 778, mettant à la charge du loueur les travaux effectués après l'échéance
du contrat).

En cas de sous-location, il appartient au sous-locataire de prouver qu'il n'a pas commis de faute (Cass.
com. 11-6-1976 : GP 1976.2.som.252).
Le locataire ne peut être condamné pour ne pas avoir pris les dispositions nécessaires, sans rechercher
en quoi, eu égard à la nature du matériel et aux circonstances de sa garde, il était tenu à des précautions
particulières (Cass. com. 21-2-1995 : RJDA 7/95 n° 839).

La preuve de l'origine des dommages résulte généralement des constats dressés à la remise et
à la restitution du bien dès lors qu'ils sont contradictoires (CA Paris 21-12-1983 : BT
1984.516) ; ils font alors foi jusqu'à preuve contraire (T. com. Paris 29-1-1981 : BT
1981.171).
À défaut de constat, il est présumé que le meuble a été remis au locataire en bon état (C. civ.
art. 1731).

Le locataire est tenu des réparations faites par le loueur lorsque, d'une part, c'est par son propre fait que
le constat n'a pu être dressé lors de la restitution (véhicules ramenés de nuit dans les entrepôts du
loueur) et, d'autre part, lorsqu'il n'a pas protesté à la réception des factures de réparation (Cass. com. 31-
10-1978 : BT 1979.44).
Si le contrat prévoit qu'un constat peut être fait lors de la restitution, avec convocation du locataire,
l'absence de cet état n'interdit pas au loueur d'établir par d'autres moyens la preuve des avaries
constatées par lui sur le matériel restitué (CA Rouen 23-5-1990).

Elle est aussi établie à l'encontre du locataire qui est dans l'impossibilité d'imputer les
dommages soit au manquement du loueur à son obligation de fournir une jouissance paisible,
soit à un vice de la chose (Cass. com. 14-2-1989).
La restitution doit se faire au temps et au lieu convenu par les parties. À défaut de précision
dans le contrat, le lieu de restitution se trouve à l'endroit de la mise à disposition (cf. Cass.
crim. 26-12-1961 : BT 1962.98).

22560
Fiche complémentaire - Preuve par le locataire de son absence de faute
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