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Du danger et de la fragilité des états non unilingues

Note : certains faits et dates historiques seront sous-entendus à la culture du lecteur, notamment
dans l’Histoire de France.

De base, il n’y a aucune compatibilité entre la notion d’État et de plurilinguisme pour peu qu’il soit
confédéré. La Suisse en montre un rare exemple.

Dans les cas contraires il y a fracture. Fracture aux États fédéraux comme le Canada où les
francophones se considèrent moins bien traités socialement et économiquement à tel point que
régulièrement, non pas la confédération serait l’ordre du jour, mais une indépendance. En Belgique
le cas est plus grave : les flamingants « nationalistes » réclament l’indépendance et le bilinguisme (à
défaut du trilinguisme officiel, rarement respecté surtout en matière de recherche d’emploi) tend à
se fragiliser. La langue y joue un caractère discriminant, ignorant d’autre part que plus on papillonne
avec d’autres langues, moins on connait la sienne. Il est à mentionner pour ce pays que son existence
n’est plus nécessaire, plus rien n’y tient, du moins du point de vue des langues, et Napoléon est mort.

Ces quelques exemples montrent que la richesse culturelle du début de la formation d’un état
devient la raison du sécessionnisme.

Au contraire, la France depuis toujours a adopté une politique inverse d’unilinguisme, et c’est cet
atout qui lui assure la stabilité, du moins en ce qui concerne notre propos. Unilinguisme médiéval en
chassant les dialectes pour ne garder que le Francien (un seul dialecte donc) afin de se faire
comprendre par tous en une seule langue (reprise au 19 ème et au 20ème à l’interdiction de parler les
dialectes à l’école), en intégrant avec François 1 er l’Édit de Villers-Cotterêts chassant le latin comme
langue d’administration. Double mesure qui a rendu la France plus forte parce que d’une part la
langue l’unifie, et d’autre part car tous se comprennent sans avoir l’obligation au lieu du désir de
connaitre une autre langue. Chasse non seulement au bilinguisme ou plurilinguisme, mais même à la
diglossie pratiquée en Belgique et souvent confondue avec un bilinguisme 1, ce même bilinguisme
dont les belges n’hésitent pas à classifier selon le parti de première et de deuxième langue nationale,
oubliant l’absence d’hiérarchie constitutionnelle et la troisième langue si l’on veut y jouer de ce tour ;
avec les travers d’instrumentaliser les enfants à les mettre en école néerlandophone, malgré
l’expression de ceux-ci de leur rejet d’une langue qu’ils n’aiment pas. Cette France ne s’en est pas
mal sortie puisque tous régimes confondus (monarchie ou république) ou tous partis (gauche, centre,
droite) tenant la même idée : celle de centralisation de la langue comme celle de l’état et garant de
l’unité de l’état, contrairement aux belges qui ont comme désir de séparer l’état notamment comme
nous l’avons cité en raison du flamand mis sur un piédestal. Cette idée centralisatrice nait déjà dans
les Serments de Strasbourg (842) avec la répartition de l’Empire carolingien en répartition
langue/territoire. L’aide de l’innovation de « L’Académie » en 1635 (bien que surannée de nos jours)
à ficelé le tout.

Conclusion : ceci n’est qu’un bref aperçu, non exhaustif, de la mixité État/langue, mais il dessine déjà
le paysage des dangers du bilinguisme, pourtant si prôné de nos temps, et en certains territoires.

1
Même les ressources humaines s’y trompent en confondant la connaissance des langues étrangères et la
connaissance « linguistique », le bilinguisme de la diglossie, bref, ils ignorent ces compétences linguistiques
qu’ils requièrent.

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