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Le terme géophysique est la contraction du mot grec gê qui signifie terre et du mot physique ;
tout est dans l’étymologie ! Cette science s’attache à appliquer des méthodes quantitatives
physiques pour étudier la Terre dans son ensemble (enveloppes solides, liquides et gazeuses). Cet
article présente plus particulièrement la géophysique appliquée dont le but est d’explorer la struc-
ture du sous-sol pour la prospection. La géophysique appliquée se traduit par la mise en œuvre de
méthodes physiques ; l’usage veut qu’on parle alors de méthodes géophysiques.
dossier
Fig. 1-1. - Gamme de variations de certaines propriétés physiques (masse volumique, résistivité,
susceptibilité magnétique, vitesse de compression et perméabilité) de différentes roches
(d’après Best et Katsube, 1995 ; Reynolds, 2011 et références citées) mesurées en laboratoire
physique(s) dans le sous-sol (fig. 1-2). Toutes les logique et courante s’appuie sur l’identification
méthodes décrites ci-après offrent l’avantage du champ physique sur lequel repose la méthode
d’être non-invasives et non-destructives (même et, par extension, la propriété physique étudiée
les méthodes applicables en forage, leur seule (fig. 1-2).
mise en œuvre sous-entendant que le forage
existe déjà…) et permettent d’atteindre des
profondeurs d’investigations variables (fig. 1-3).
© A. Portal – BRGM
Fig. 1-2. - Principales méthodes d’imagerie utilisées en géophysique appliquée. Certaines caractéristiques
(champ physique mesuré, propriétés étudiées et produits finaux de la méthode) sont présentées ainsi que les
principales applications (d’après Reynolds, 2011).
dossier
Fig. 1-3. - Exemple de profondeur
d’investigation des méthodes géophysiques
dossier
ou artificielle, en champ proche ou lointain selon milieu urbain.
la distance entre la source du champ primaire et
Les méthodes VLF (Very Low Frequency) et la
les capteurs du champ induit.
radio-magnétotellurique (RMT) sont également
Les méthodes à sources lointaines naturelles des techniques à sources lointaines mais artifi-
sont la magnétotellurique (MT) et l’audio- cielles et non-contrôlées ; elles reposent sur les
magnétotellurique (AMT) qui reposent sur la ondes myriamétriques1 de communication et les
réponse du sous-sol à la circulation des courants ondes radio, respectivement.
© A. Portal – BRGM
Fig. 1-4. - Classification des méthodes électromagnétiques par domaine de fréquence et type de source du champ primaire.
La géophysique aéroportée
La géophysique aéroportée n’est pas excep- elle se différencie en revanche par sa capacité
tionnelle par les méthodes géophysiques à produire, à haut rendement, une informa-
qu’elle met en œuvre, qui sont en fait un sous- tion spatialement continue, indépendamment
ensemble des méthodes disponibles au sol ; de l’occupation du sol et de la topographie.
Schéma
de la chaîne
de traitements
des données
géophysiques
dossier
caractériser de grands objets géologiques à des 4 de nos DROM (Martinique, Guadeloupe,
résolutions de l’ordre de la centaine de mètres Mayotte, La Réunion) s’étend progressivement
(dans le cadre de cartographies géologiques, à d’autres territoires comme la Nouvelle-
par exemple), jusqu’à des objets enterrés de Calédonie, la Polynésie et, graduellement, en
quelques dizaines de centimètres, par exemple métropole. Plus de cent études valorisent ces
pour la recherche d’UXO (UneXploded Ordo- données depuis 10 ans – et d’autres conti-
nance : munitions non-explosées). nuent à se monter – aussi bien en recherche
Un autre intérêt de la géophysique aéro- qu’en appui aux politiques publiques ou pour
portée est de pouvoir mettre en œuvre simulta- le compte d’industriels. Les domaines d’appli-
nément plusieurs méthodes géophysiques ; de cations sont très variés, notamment en hydro-
façon très classique, le magnétisme, la spectro- géologie (implantation de forages, intrusion
métrie gamma et, plus récemment, l’électroma- saline, modèle hydrogéologique conceptuel...),
gnétisme. La quatrième méthode couramment les risques géologiques (aléas mouvements
aéroportée est la gravimétrie. Avec cette palette de terrain, sismiques, retrait-gonflement des
d’outils et la capacité à moduler la taille et la argiles...), la recherche de matériaux, l’aména-
résolution des levés - en resserrant plus ou gement (tracé de tunnels, implantation de stoc-
moins les lignes de vol, en volant plus ou moins kages de surface...), ou la géothermie.
haut, ou en passant de porteurs classiques à des
porteurs plus légers, voire ultralégers (drones) QQ Angélie Portal et Guillaume Martelet
- ce domaine de la géophysique offre donc une BRGM
variété de configurations permettant d’aborder
des données brutes permet de contrôler rapidement à partir des données observées. Pour illustrer ces
la qualité des données et ainsi de garantir l’obtention deux principes, prenons l’exemple d’un phénomène
de données qui seront exploitables une fois de retour simple, l’évolution de la température T en fonction
au bureau. de la profondeur p. Le problème est le suivant : quelle
L’étape suivante consiste à traiter la donnée brute. est la valeur de la température à une profondeur
Plusieurs niveaux de traitement sont possibles en donnée p=400 m ? Considérons que la température
fonction de la qualité et de l’utilisation postérieure augmente linéairement avec la profondeur telle
des données. Ainsi, certaines données ne nécessitent que T=a*p+b, a et b représentent les paramètres du
qu’un traitement préliminaire (ex. : la suppression modèle. Lorsque ces paramètres sont connus, par
de quelques données incorrectes au sein de jeu de exemple a=0,1 et b=25, le modèle s’écrit T=0,1*p+25.
données de très bonne qualité) quand d’autres, en La modélisation revient alors à résoudre l’équation
revanche, demandent des traitements plus avancées 0,1*400+25=65°C. L’inversion consisterait, quant à
(ex. : filtrage de données bruitées). Le traitement des elle, à évaluer les paramètres a et b à partir d’un jeu
données brutes est plus ou moins lourd selon le type de données observées, par exemple des valeurs de
de données traitées (en gravimétrie, le taitement température issues de mesures en forages, puis d’uti-
comprend de nombreuses étapes de calcul à réaliser) liser ce modèle d’inversion pour estimer la valeur de
et les outils nécessaires à sa réalisation (le temps de la température à p=400 m.
traitement diffère s’il est réalisé via un logiciel dédié La chaîne de traitement géophysique s’applique
et optimisé, ou s’il nécessite l’utilisation de codes dans son intégralité ou en partie. Par exemple, les
numériques en cours de développement). données géoradar traitées peuvent être directement
L’étape qui suit est une étape clé de la chaîne de interprétables alors que les données issues d’une
traitement, car elle consiste à convertir la donnée acquisition par tomographie de résistivité électrique
géophysique traitée en modèle de paramètre(s) doivent être inversées pour être analysées. Le niveau
physique(s) interprétable(s). Deux grandes méthodes de traitement appliqué aux données brutes dépend
permettent cette conversion : la modélisation et ainsi du type de données, de leur qualité et du modèle
l’inversion (fig.). La modélisation consiste à prédire de paramètres que l’on souhaite analyser.
des données à partir d’un modèle de paramètre(s)
QQ Angélie Portal
physique(s) connu(s). L’inversion, quant à elle, vise
à estimer un modèle de paramètre(s) physique(s) BRGM