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Lectures complémentaires / La révolte d’Antigone


Présentation de la problématique Comment la révolte d’Antigone s’exprime-t-elle dans les
pièces de Sophocle et de Jean Anouilh ? La figure d’Antigone incarne la révolte. Il est donc
intéressant d’aborder ce mythe dans le cadre de la problématique sur l’indignation et la
révolte. Antigone est celle qui s’élève seule contre l’autorité. Jean Anouilh s’est inspiré de la
pièce de Sophocle pour son adaptation du mythe. L’histoire est donc sensiblement la même.
En revanche l’expression de la révolte et les motivations d’Antigone sont assez différentes

Sophocle, Antigone
> Présentation de l’oeuvre et de l’extrait Sophocle reprend dans cette pièce le mythe
d’Antigone. L’histoire commence après la mort de Polynice et Etéocle. La pièce est centrée
sur le personnage d’Antigone qui veut enterrer Polynice contre l’interdiction de Créon. Elle
estime que la volonté des dieux est plus importante que l’édit d’un roi. Malgré les
avertissements, Antigone ira jusqu’au bout et elle finira par se suicider entrainant la mort
d’Hémon et d’Eurydice. L’extrait étudié se situe au début de la pièce. Antigone dit à sa soeur
Ismène qu’elle a décidé d’enterrer leur frère Polynice. Ismène refuse de la suivre. 2

Jean Anouilh, Antigone


> Présentation de l’oeuvre et de l’extrait Jean Anouilh reprend assez fidèlement la pièce de
Sophocle. Ce qui varie, c’est la personnalité d’Antigone et ses motivations. Son Antigone est
plus révoltée, plus adolescente. Elle refuse de dire « oui », de se plier à la loi et fait valoir sa
liberté. L’extrait étudié est un face à face entre Créon et Antigone. Créon cherche à la
dissuader de retourner enterrer son frère. Antigone lui répond qu’elle est libre et insoumise.

> Réponses aux questions

Observer

1. Quels arguments les deux sœurs avancent-elles pour justifier leurs décisions dans
l’extrait de l’Antigone de Sophocle ?
Arguments d’Ismène :
• Créon a interdit d’ensevelir Polynice, on ne peut violer l’édit.
• La famille est maudite. Les soeurs risquent la même fin que leurs frères et leurs parents si
elles vont contre la loi. Arguments d’Antigone :
• Polynice est leur frère. Ne pas l’enterrer, ce serait le renier. Antigone met en avant son
affection pour Polynice par l’expression « mon frère bien-aimé » (ligne 29).
• Ne pas enterrer Polynice serait aller contre ce que veulent les dieux : « Libre à toi de
mépriser ce qui a du prix au regard des dieux » (lignes 24-25).

2. En quoi la question de la liberté est-elle au cœur de l’extrait de la pièce d’Anouilh ?


La question de la liberté est centrale pour Antigone. Elle oppose Créon qui a dit « oui » et ne
peut plus reculer à Antigone qui peut dire « non ». Créon a pris des responsabilités, il est le
roi et doit se plier à des contraintes : « être obligé de » (ligne 21), « vous allez me faire tuer
sans le vouloir » (lignes 27-28). Antigone met en avant sa liberté. En enterrant son frère, elle
montre qu’elle peut faire ce qu’elle veut : « je ne suis pas obligé de faire ce que je ne
voudrais pas » (ligne 23). Dire « oui », c’est accepter des contraintes et ne plus être
totalement libre. Dire « oui », pour Antigone, c’est se trahir. Enterrer Polynice devient donc
un acte qui lui permet de revendiquer sa liberté.

3. Laquelle des deux photographies de mise en scène vous semble le mieux illustrer
l’indignation d’Antigone ? Justifiez votre réponse
Chacune des deux photographies de mise en scène représente une facette d’Antigone dans
ces deux passages :
• La mise en scène d’Adel Hakim au Théâtre d’Ivry-Antoine- Vitez insiste sur la
confrontation. Antigone a une posture hostile, rebelle, face à Ismène qui semble plus
sereine.

2
• La mise en scène de Marc Paquien au théâtre du Vieux- Colombier insiste sur la
supériorité morale d’Antigone, son intégrité, son assurance. Elle est debout sur une chaise,
droite, la tête haute. Elle semble défier Créon. Confronter

4. Comment Antigone se comporte-t-elle face à Ismène et face à Créon ?


Antigone est très déterminée. Elle est sûre d’elle et ne cède pas aux arguments d’Ismène et
Créon. Ses propos sont fermes et assurés : « Créon n’a pas de droits sur mon bien »
(Sophocle, ligne 7) ; « Il fallait dire non, alors ! » (Anouilh, ligne 3). Antigone est libre et
insoumise. Dans l’extrait d’Anouilh, Antigone insiste sur cette liberté qu’elle a préservée,
contrairement à Créon qui est soumis à ses fonctions. Dans l’extrait de Sophocle, Antigone
dit à Ismène que la loi importe peu face à la volonté des dieux et les liens fraternels. Enfin,
Antigone est dominatrice et assez méprisante. Elle considère les arguments d’Ismène et
Créon comme des actes de faiblesse. À plusieurs reprises, Antigone leur signifie qu’ils sont
médiocres et faibles. Antigone dit a Ismène : « Libre à toi de mépriser ce qui a du prix au
regard des dieux ». Dans l’extrait 2, elle lance à Créon : « Et maintenant, vous allez me faire
tuer sans le vouloir. Et c’est cela être roi ! » (lignes 27-28). Dans les deux extraits, Antigone
se met en avant par l’utilisation du pronom personnel tonique « moi ».

5. Les motivations des Antigone de Sophocle et d’Anouilh sont-elles les mêmes ?


Justifiez votre réponse
Les motivations des deux Antigone sont assez différentes. Dans l’Antigone de Sophocle, elle
veut enterrer son frère pour l’amour qu’elle lui porte et le lien familial qui les unit (« on ne me
verra pas le renier, moi », ligne 5 ; « j’irai recouvrir le corps de mon frère bien-aimé », lignes
28-29). Elle dit aussi que c’est la volonté des dieux (« ce qui a du prix au regard des dieux »,
ligne 25). Dans l’Antigone d’Anouilh, elle met surtout en avant sa liberté (« Moi, je peux dire
« non » à tout ce que je n’aime pas et je suis seul juge », lignes 7-8). Son geste est
important pour son frère mais il l’est surtout pour elle, pour affirmer sa liberté, son
insoumission, sa noblesse (« avec mes ongles cassés et pleins de terre [...] moi je suis reine
» lignes 30-31).

Entraînement BAC Or

> Entretien : en vous appuyant sur lé définition de l’homme révolté développée par
Albert Camus (p.197), montrez qu’Antigone incarne cette révolte
Dans l’extrait de L’Homme révolté, Albert Camus affirme que l’acte de révolte est un « non »,
un refus, mais aussi un « oui » à travers l’affirmation d’une limite à ne pas franchir, d’un
espace à préserver. Il montre que « tout mouvement de révolte invoque tacitement une
valeur ». Antigone illustre bien cette définition de l’homme révolté. En effet, elle est celle qui
dit « non » puisqu’elle décide d’aller contre l’édit publié par Créon en enterrant son frère.
Comme le dit Albert Camus, Antigone, en refusant d’obéir à la décision du roi, délimite une
frontière qu’elle ne veut pas franchir. Elle préserve une valeur qu’elle juge fondamentale.
Chez Sophocle, cette valeur est celle de la mémoire et du respect dû aux morts. Chez
Anouilh, la valeur préservée est la liberté.

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