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Depuis plus d’un siècle, la consommation en France de lait de vache ne cesse d’augmenter.
Il est couramment incorporé aux recettes de la cuisine française. De plus, le développement
de nombreux procédés industriels a permis à cet aliment d’être modifié et transformé,
donnant ainsi naissance à de nombreux produits dérivés tels que les yaourts, les fromages,
le lait en poudre, etc.
La composition du lait est complexe, elle regroupe des protéines, des sucres, principalement
le lactose, des lipides, mais également des minéraux et des vitamines. Cependant, ce sont
les protéines du lait de vache qui jouent un rôle plus ou moins important dans certaines
pathologies.
L'allergie au lait de vache est un diagnostic courant chez les nourrissons et les enfants. Elle
se caractérise par une réaction allergique aux protéines contenues dans le lait de vache.
L'allergie aux protéines de lait de vache (APLV) se manifeste par une variété de symptômes
et de signes qui se développent généralement chez les nourrissons et peuvent régresser
vers l'âge de 6 ans.
Comme toute maladie allergique, l’APLV correspond à une réaction d'hypersensibilité, c'est-
à-dire à une réaction exagérée et inadaptée du système immunitaire face à des protéines
que l’organisme considère, à tort, comme dangereuses. L’APLV a un impact significatif sur la
qualité de vie des enfants et de leur famille, notamment sur le plan émotionnel et
psychologique : il est nécessaire d'étudier plus avant les causes, les conséquences, la
prévention et le traitement des allergies alimentaires spécifiques telles que l’APLV.
Il paraît alors intéressant de se questionner sur qu’elles sont les mesures de prévention, de
prise en charge et de désensibilisation, qui est possible de mettre en place dans le cadre
d’une allergie aux protéines de lait de vache ?
Pour cela, nous allons dans un premier temps nous intéresser à la physiopathologie de
l’allergie et plus particulièrement à celle de l’allergie aux protéines de lait de vache. Par la
suite, nous nous pencherons sur les mesures de prévention et de prise en charge de ce type
d’allergie. Pour finir, nous nous intéresserons au nouvel espoir des personnes allergénique :
la désensibilisation par l’immunothérapie orale.
1
PARTIE 1 : L’allergie aux protéines de lait de vache (APLV)
Les allergènes ont accès au système immunitaire humain par deux voies d'entrée
différentes, c'est-à-dire par la peau ou par les surfaces muqueuses [1]. On distingue ainsi 3
types d’allergènes :
- Allergènes inhalés : pénétration par les voies respiratoires (pollens, phanères …),
- Allergènes cutanés : par contact avec l’épiderme (toxines, produits ménagers …),
- Allergènes alimentaires : pénétration par les voies digestives (lait, œufs, arachide …).
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2.1. Réactions allergiques immédiates : médiées IgE
Les réactions médiées par les IgE reposent sur des mécanismes immunologiques simples et
mieux identifiés que les réactions non médiées par les IgE. L'apparition des symptômes
évoluant rapidement (de quelques minutes à plusieurs heures après le contact avec
l'allergène), ce type de mécanisme est appelé "hypersensibilité immédiate".
L’APLV médiée par les IgE se caractérise par deux étapes : la première, de "sensibilisation",
se développe lorsque le système immunitaire rencontre l’allergène pour la première fois, de
sorte que des anticorps IgE contre les protéines du lait de vache sont sécrétés. Ces
anticorps se fixent à la surface des mastocytes et des basophiles, et l'exposition suivante
aux protéines du lait déclenche la phase d'"activation" : les IgE associées aux mastocytes se
fixent aux épitopes allergènes situés sur les protéines du lait et déclenchent une libération
rapide de médiateurs inflammatoires, responsables de la réaction allergique.
Il est toutefois important d'expliquer que les deux réactions décrites ne s'excluent pas
mutuellement et qu'elles peuvent toutes deux agir sur la même maladie par des voies
différentes [6].
En général, la présence d'une allergie au lait de vache apparaît au cours des premiers mois
de la vie et généralement avant six mois.
Les symptômes et les signes liés à l'APLV peuvent concerner différents systèmes
organiques, principalement la peau et les voies gastro-intestinales et respiratoires [7] : elle
va induire une gamme variée de symptômes d'intensité variable chez les nourrissons
(Annexe 1).
3
Dans la plupart des cas de suspicion d'APLV, le diagnostic doit être confirmé ou exclu une
procédure d'élimination et de provocation de l’allergène [7].
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PARTIE 2 : Comment prévenir le développement d’une APLV ?
1. L’allaitement
L'allaitement maternel est l'un des principaux piliers de la prévention et du traitement des
allergies alimentaires [11] [12].
Le lait maternel constitue la source de nutrition la plus appropriée pour le jeune enfant, car il
contient un mélange de nutriments spécifiques, des facteurs de croissance et des anticorps
maternels protecteurs.
Sont désignés sous cette appellation les laits dont les protéines ont subi une hydrolyse
enzymatique partielle (et parfois un traitement thermique) dans le but de diminuer leur
charge antigénique et donc de réduire leur caractère allergisant [17].
Il est important de bien les différencier des hydrolysats de protéines de lait de vache. En
effet, contrairement aux hydrolysats de protéines de lait de vache, l’hydrolyse des laits
hypoallergéniques n’est que partielle, et ne permet pas de garantir une totale innocuité en
cas d’allergie avérée aux protéines du lait de vache, contrairement aux hydrolysats poussés.
5
La seule indication de ces laits hypoallergéniques est lors de l’existence d’un terrain atopique
familial, c’est-à-dire de manifestations allergiques chez au moins l’un des deux parents ou
l’un des membres de la fratrie.
En effet, l’utilisation de lait HA de 0 à 4 mois chez les nourrissons à risque allergique réduit
d’environ 40 % le risque de survenue de manifestations allergiques au cours des trois
premières années de la vie. Cependant, seule l’utilisation de laits HA au cours des quatre
premiers mois de la vie a démontré son efficacité dans la prévention des manifestations
allergiques ultérieures. Pour cette raison, si la prescription de laits HA 1er âge est justifiée en
cas de terrain à risque, celle des laits HA 2e âge reste à prouver. De plus, la diversification
alimentaire conduit à l’introduction de nombreux allergènes alimentaires et rend donc très
hypothétique l’intérêt d’utiliser des protéines du lait de vache hydrolysées [18].
3. La diversification alimentaire
L’âge de la diversification est maintenant le même pour tous les nourrissons, qu’ils aient ou
pas un terrain atopique familial. Une introduction des aliments avant 4 mois révolus et après
l’âge de 6 mois révolus pourrait augmenter le risque ultérieur de manifestations allergiques
chez les nourrissons à risque atopique.
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PARTIE 3 : Comment prendre en charge les enfants allergiques aux protéines de lait
de vache ?
L’allaitement maternel permet de nourrir idéalement un enfant allergique aux protéines du lait
de vache et il est conseillé de le prolonger au maximum en fonction des possibilités
maternelles. Lorsque la mère ne peut ou ne souhaite pas allaiter (APLV transmise par le lait
maternel, problèmes de santé, convictions personnelles…) il est indispensable de prescrire
des préparations de substitution.
Grâce aux progrès technologiques et à l’évolution des connaissances sur la nutrition infantile
en cas d’APLV, l’industrie alimentaire à mis au point des formules lactées adaptées aux
besoins physiologiques et pathologiques de l’enfant présentant une allergie aux protéines de
lait de vache.
Les hydrolysats poussés de caséine et de protéines du lactosérum sont tolérés par 90% des
enfants, ce qui sous-entend que 10% des enfants restent allergiques à ces hydrolysats [22].
Ces préparations sont caractérisées par l'absence totale de peptides et la suppression
absolue de tout pouvoir allergénique [18]. Ces formules spécifiques ne contiennent donc que
des acides aminés libres qui assurent l’apport protéique, tout en réduisant la probabilité de
déclencher une réaction allergique puisque l’enfant n’est plus en contact avec la source
directe de l’allergie.
Les hydrolysats de protéines de riz représentent une bonne alternative aux hydrolysats de
protéines de lait de vache. En effet, ces préparations infantiles, exclusivement d’origine
végétale, sont conçues à partir de protéines de riz partiellement hydrolysées.
7
Contrairement aux préparations à base de protéines de soja, il n'existe pas d'allergie croisée
avec le lait de vache [23]. Malgré le fait qu'il ne s'agisse que d'un hydrolysat partiel, la
tolérance chez les enfants allergiques est relativement bonne, et ces préparations
permettent d'assurer une croissance tout à fait correcte du nourrisson.
L’éducation thérapeutique des parents, mais également de l’enfant, lorsqu’il est en âge de
comprendre, est indispensable pour éviter des réactions allergiques graves lors d’une
exposition accidentelle aux protéines du lait de vache.
Des dispositions ont été prises par les autorités publiques pour améliorer la vie des enfants
allergiques dans les établissements scolaires. Cette circulaire traite de « l’accueil en
collectivité des enfants et des adolescents atteints de troubles de santé évoluant sur une
longue période », dont fait partie l’allergie alimentaire [24].
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PARTIE 4 : La désensibilisation par l’immunothérapie
En effet, chez l’enfant présentant une allergie alimentaire persistante, les expositions
alimentaires accidentelles sont loin d’être exceptionnelles. Elles sont à l’origine de réactions,
parfois anaphylactiques.
Il existe notamment plusieurs méthodes publiées, qui diffèrent par la durée de l'ITO, le
dosage et le chauffage des aliments. Les protocoles varient considérablement, mais
comprennent généralement 3 étapes [29] :
- La phase d'accumulation,
- Et la phase d'entretien.
Lors de cette première phase, une épreuve de provocation alimentaire ouverte est
nécessaire. En suivant un schéma d’escalade rapide de dose, elle a pour but de déterminer
9
la dose maximale d’allergène toléré par l’individu. Le sujet revient le lendemain pour une
administration unique de la dose la plus élevée tolérée afin de confirmer que cette dose peut
être ingérée en toute sécurité tous les jours à la maison.
La dose quotidienne est augmentée par paliers, toutes les unes à deux semaines, jusqu'à ce
que la dose cible ou la plus forte dose tolérée soit atteinte. À la fin de la phase
d'accumulation, le patient a atteint la désensibilisation, dans laquelle l'hypersensibilité est
maintenue avec l'ingestion régulière de l'aliment.
10
CONCLUSION
L'allergie aux protéines de lait de vache reste l'allergie la plus fréquente dans la petite
enfance et altère considérablement la qualité de vie des enfants qui en sont atteints.
L’optimisation de sa prise en charge et de sa prévention au regard des nouvelles
recommandations constitue donc un enjeu majeur.
À l'heure actuelle, la prévention primaire de l’allergie aux protéines de vache peut être
envisagée chez les familles avec un terrain atopique. Pendant la grossesse, il n’existe
aucune recommandation concernant l’alimentation de la mère dans le but de prévenir
l’apparition d’une ALPV. La future maman devra cependant veiller à avoir une alimentation
équilibrée tout au long de la grossesse. Par ailleurs, les règles en termes d’allaitement et de
diversification alimentaire sont dorénavant les mêmes pour les enfants présentant et ne
présentant pas d’allergie, à l’exception de l’éviction de l’aliment responsable de la réaction
allergique. Enfin, les laits hypoallergéniques peuvent également être conseillés pour
prévention des manifestations atopiques.
Concernant la prise en charge, elle s’appuie principalement sur la mise en place de mesures
diététiques et d’un régime d’éviction, pouvant être facilité par la prescription de laits de
substitution sous la forme d’hydrolysat extensif de protéines et d’acides aminés. De plus en
plus, un accompagnement est proposé aux familles afin de les aider dans la gestion
quotidienne de l’allergie et de les informer sur les perspectives d'évolution en termes de prise
en charge et de prévention de la pathologie, par l’utilisation des méthodes de
désensibilisation comme l'immunothérapie.
Il pourrait donc être intéressant de s’intéressé au rôle du microbiote dans l’allergie aux
protéines de vache, et aux potentiels effets des probiotiques en termes de prévention et de
prise en charge de cette dernière.
11
RÉSUMÉ
Food allergies are a real public health problem with a significant impact on the quality of life
and a high morbidity.
For more than a century, the consumption of cow's milk in France has not stopped
increasing. It is commonly incorporated in French cooking recipes. Moreover, the
development of numerous industrial processes has allowed this food to be modified and
transformed, thus giving rise to numerous derived products.
The composition of milk is complex, it includes proteins, sugars, mainly lactose, lipids, but
also minerals and vitamins. However, it is the cow's milk proteins that play a more or less
important role in certain pathologies.
Allergy to cow's milk proteins remains the most frequent allergy in early childhood and
considerably alters the quality of life of children who suffer from it. Optimizing its
management and prevention in light of the new recommendations is therefore a major
challenge.
12
ANNEXE 1 : Symptômes et signes en lien avec une allergie aux protéines de lait de
vache selon l’ESPGHAN [7]
13
ANNEXE 2 : Liste des aliments autorisés et interdits en cas d’allergie aux protéines de
lait de vache (1/2)
14
ANNEXE 2 : Liste des aliments autorisés et interdits en cas d’allergie aux protéines de
lait de vache (2/2)
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