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Allergologie
a prévalence de l’asthme et
Tissue = GALT). Ce réseau immunitaire (2). Ainsi, la fréquence de l’allergie ali- Leur fréquence
extrêmement développé protège mentaire chez l’enfant atteint 5 % à
contre les agents pathogènes ingérés 8 % de cette population, alors que la Les allergènes alimentaires, protéines
et prévient les réactions immunes fréquence des allergies alimentaires naturelles d’origine animale ou végé-
envers les antigènes alimentaires. dans la population générale est de tale, sont appelés les trophallergènes.
L’état de non-réponse immunologique 3,2 % (4). On estime que 90 % des allergies ali-
aux antigènes alimentaires ayant tra- L’évolution naturelle de l’allergie est mentaires correspondent à 7 catégo-
versé la muqueuse intestinale est la désormais bien connue grâce au suivi ries de trophallergènes : lait de vache,
tolérance orale. longitudinal de cohortes d’enfants nés œuf, arachide, fruits à coque, blé, pois-
Chez le jeune enfant, les manifesta- de parents atopiques. 50 % des nour- sons, crustacés (et soja aux USA). Bien
tions cliniques digestives d’allergie ali- rissons de moins de 1 an souffrant du sûr, la fréquence des allergènes retro-
mentaire apparaissent comme une syndrome d’allergies alimentaires uvés va dépendre des habitudes ali-
insuffisance de tolérance digestive aux multiples sont déjà sensibilisés à un mentaires des patients et donc de leur
antigènes alimentaires potentiellement pneumallergène. 88 % des allergies situation géographique. Par exemple,
allergéniques (trophallergènes).Le alimentaires de l’enfant évolueraient en Italie, la farine de blé, de maïs, la
GALT est considéré comme immature vers la guérison entre 5 et 15 ans, tomate et la pêche sont les principaux
et l’allergie alimentaire correspond mais plus de la moitié d’entre elles se trophallergènes ; en Scandinavie, le
alors à différents mécanismes de la transformeront ensuite en allergie premier allergène est le poisson…
classification de Gell et Coombs, respiratoire (3). alors qu’aux États-Unis et en Angle-
surtout I et IV. terre, le premier allergène en cause est
[ HISTOIRE NATURELLE l’arachide et les fruits à coque. Chez le
[ PRÉVALENCE DE L’ALLERGIE ALIMENTAIRE nourrisson, l’œuf, le lait et l’arachide
sont les premiers allergènes.
Une banque de données d’origine L’importance d’un terrain atopique Les allergies aux fruits et aux légumes
française (Cercle d’investigations cli- familial dans la genèse des allergies apparaissent chez l’enfant et leur fré-
niques et biologiques en allergologie alimentaires de l’enfant est indéniable. quence augmente avec l’âge en même
alimentaire = CICBAA) indique que l’al- Dans la parenté au 1er degré, l’atopie temps qu’apparaît une sensibilisation
lergie alimentaire est 4 fois plus fré- est retrouvée dans 67 % des cas aux pollens en raison des allergies
quente chez l’enfant que chez l’adulte (données du CICBAA). La sensibilisa- croisées pollens/fruits et légumes.
Signalons enfin l’évolution croissante FIGURE 3 : NOMENCLATURE ACTUELLE DES ACTES DE BIOLOGIE
pour deux aliments que sont le (d’après l’arrêté du 19/10/94 et avenant du 01/08/2000).
sésame et le lupin qui sont à haut
risque d’anaphylaxie (4). Mélange d’aéroallergènes Mélange de trophallergènes
prescription maximale 1 prescription maximale 3
[ LES RÉACTIONS CROISÉES
Les allergies croisées entre • Du syndrome porc/chat : réaction tères du diagnostic est la guérison des
allergènes d’origine végétale entre viande de porc et les épithélia de symptômes après éviction du lait de
chat. vache. De façon plus exceptionnelle,
Ce sont les plus fréquentes. Les on a décrit une œsophagite à éosino-
pollens de bétulacées (bouleau, noise- [ LES SIGNES CLINIQUES phile qui se traduit par un pseudo-
tier, aulne, charme) peuvent entraîner DE L’ALLERGIE ALIMENTAIRE RGO réfractaire à tout traitement.
des allergies croisées aux fruits. Ainsi, • Les douleurs abdominales et diar-
50 à 70 % des allergiques aux pollens Les atteintes cutanées rhées ou une constipation opiniâtre
de bouleau sont sensibilisés aux fruits et les atteintes de la muqueuse sont encore des formes cliniques de
de la famille des prunoïdées (pomme, buccale l’allergie alimentaire, notamment avec
pêche, poire, cerise, amande, noisette, les protéines de lait de vache.
etc.). 50 % des allergiques aux com- • Le syndrome oral (dit de Lessof) : • Des atteintes sévères de la
posées (armoise et ambroisie) ont une c’est le principal signe d’appel des muqueuse intestinale sont encore
sensibilisation aux aliments de la allergies croisées entre pollens et ali- possibles, qu’il s’agisse des entéroco-
famille des ombellifères, comme le ments végétaux, mais aussi après lites qui se manifestent par une diar-
céleri et la carotte. absorption d’aliments d’origine rhée sanglante provoquant une
On rapproche de ces allergies croisées animale (œuf, volailles) (5). Il se traduit anémie, ou encore de formes plus insi-
pollens/fruits les allergies croisées au niveau bucco-pharyngé par un dieuses comme une entéropathie avec
latex/fruits. Ainsi, on notera l’allergie prurit avec ou sans œdème. Il est plus atrophie villositaire responsable d’une
croisée entre le latex et certains fruits fréquent chez l’adulte que chez l’en- diarrhée chronique provoquant un
et légumes (banane, châtaigne, fant. Les nausées, vomissements et arrêt de croissance (comme c’est
avocat, kiwi, poivron, sarrasin, etc.). gastralgies font parfois suite au syn- souvent le cas avec les protéines de
On retrouve encore l’allergie croisée drome oral (5). Mais d’autres manifes- lait de vache).
entre le Ficus benjamina (plante d’ap- tations à type de rhinite, conjonctivite,
partement), le latex et la figue. asthme, œdème de Quincke, urticaire Les formes respiratoires
On notera également les allergies croi- peuvent survenir si la consommation
sées entre fruits et légumes, comme de l’aliment se poursuit. • Une rhinoconjonctivite peut être une
l’arachide et les autres légumineuses, • L’urticaire aiguë ou récidivante manifestation d’allergie alimentaire
principalement le lupin, les lentilles, le accompagnée ou non d’angio-œdème notamment à l’arachide (4).
pois et le soja, mais aussi d’autres peut être en rapport avec une allergie • Une otite séro-muqueuse a été
fruits à coque comme la pistache, la alimentaire. décrite dans l’APLV.
noisette, noix, amande, noix de cajou, • La dermatite atopique (DA) : les sen- • Un asthme chronique avec une aller-
noix de macadamia, noix de pécan, sibilisations aux allergènes alimentai- gie à la fois aux pneumallergènes et
noix du Brésil. res sont fréquentes au cours de la DA aux trophallergènes est possible. Ce
puisqu’elles sont retrouvées dans 35 à type d’asthme est volontiers sévère
Les allergies croisées 63 % des cas (5). La DA est particuliè- avec risque d’asthme aigu grave
entre les allergènes d’animaux rement sévère lors du syndrome des notamment chez le grand enfant. Ces
allergies alimentaires multiples et crises aiguës graves seraient la pre-
• Des acariens avec les escargots, débute précocement dès les premiers mière cause de décès par allergie ali-
crustacés et mollusques. mois de vie. mentaire (4).
• Des réactivités croisées entre les laits
des différents mammifères : lait de Les formes digestives L’anaphylaxie
vache, de brebis, de chèvre.
• Du syndrome œuf/oiseau : exposi- • Une symptomatologie de reflux • Le choc anaphylactique est une
tion aux allergènes aviaires et sensibi- gastro-œsophagien (RGO) peut être manifestation heureusement rare de
lisation alimentaire à l’œuf. en rapport avec une APLV. Un des cri- l’allergie alimentaire chez l’enfant. Sa
TABLEAU I : INTERPRÉTATION DU TAUX D’IgE SPÉCIFIQUES (CAP SYSTEM PARMACIA EXPRIMÉS EN KU/L)
POUR LE DIAGNOSTIC D’ALLERGIE ALIMENTAIRE (D’APRÈS SAMPSON, 2001).
Œuf Lait Arachide Poisson Soja Blé
Allergie si valeurs supérieures
ou égales (pas de TPO nécessaire) 7 15 14 20 65 80
Allergie probable* 30 26 Probabilité de réaction
Pas d’allergie
si valeurs inférieures 0,35 0,35 0,35 0,35 0,35 0,35
(réintroduction à la maison)*
* Chez les patients ayant une histoire très suggestive d’allergie, la réintroduction est réalisée sous surveillance médicale quelle que
soit la valeur des IgE spécifiques. Si la valeur des IgE spécifique dirigés contre un aliment est < 0,35 KU/L et que la réponse au prick
test est négative, la réintroduction alimentaire peut être réalisée à la maison à l’exception d’une histoire clinique très suggestive.
Tests de provocation provocation oral s’il est négatif ou de ses notamment de la luette, mais aussi
grade < 3 (5). l’auscultation pulmonaire, la prise de la
Le test de provocation aux aliments tension artérielle, du débit de pointe,
constitue l’examen clé du diagnostic Le test de provocation orale (TPO) l’existence de douleurs abdominales à
d’allergie alimentaire. Le TPO en simple aveugle, et surtout la recherche de réactions syndro-
en double aveugle (TPODA), reste miques comme :
Le test de provocation labial (TPL) l’examen de référence (13, 14). Le TPO - un rash aux plis de flexion et/ou une
Le test de provocation labiale consiste est réalisé lorsque l’histoire clinique ne urticaire ;
à mettre en contact l’aliment avec donne pas de certitude (notamment en - une réactivation d’un eczéma ;
muqueuse jugale. Quatre grades en l’absence d’accident d’anaphylaxie). - une crise asthme ;
fonction de l’intensité de la réaction Après l’éviction de l’aliment suspecté - un œdème de Quincke, voire un choc
sont définis (5) : qui devrait entraîner une diminution anaphylactique.
- grade 1 : déplissement de la lèvre des symptômes, la réintroduction est La positivité du TPO permet, outre de
inférieure ; réalisée en milieu hospitalier (du fait du confirmer l’allergie alimentaire, de
- grade 2 : plaque d’érythème sur la risque toujours possible d’anaphy- déterminer le seuil de déclenchement
lèvre ; laxie). L’aliment natif est dissimulé de l’accident, ce qui est essentiel pour
- grade 3 : urticaire de la joue et du dans un “véhicule” anallergique et des définir le régime d’éviction, notam-
menton ; doses croissantes sont ingérées ment pour certains allergènes ubiqui-
- grade 4 : œdème gagnant la joue, toutes les demi-heures. Plus l’enfant taires comme l’arachide.
rhinite, larmoiement ; est jeune, plus l’épreuve doit être pru-
- grade 5 : réaction systémique, prurit dente, car le risque de réaction pour Le régime d’exclusion
sur zone d’eczéma, toux. des doses faibles est plus fréquent. Utilisé à titre d’épreuve thérapeutique,
La faible sensibilité du TPL (77,2 %) Les critères de surveillance sont l’ob- il peut être très utile lorsque les signes
impose de poursuivre par un test de servation de la peau et des muqueu- cliniques s’amendent lors de l’éviction
de l’aliment qui doit durer au moins 4
semaines. Les limites de cette procé-
TABLEAU II : TRAITEMENTS D’URGENCE DE L’ALLERGIE. dure sont les cas d’allergies alimentai-
• Conjonctivite, rhinite, syndrome d’allergie orale, urticaire généralisée simple, res multiples.
œdème des lèvres et/ou du visage sans symptômes d’asphyxie (gêne respi-
ratoire) : antihistaminique H1 par voie orale et corticoïde par voie orale (durée Le test de perméabilité intestinale
du traitement : 2 à 5 jours). (TPI)
• Si asthme (bronchospasme aigu) : toux, sifflements, chute du débit expira- Le test de perméabilité intestinale peut
toire de pointe (15 % ou plus des valeurs attendues ou connues) : bêta-2 être réalisé à tout âge. On administre
mimétique d’action rapide utilisant un système d’inhalation adapté à l’âge deux molécules : l’une connue pour
de l’enfant (2 bouffées de spray ou 1 dose de poudre renouvelables 3 fois, à traverser facilement la muqueuse
10 minutes d’intervalle, puis poursuivies 4 à 6 fois par jour pendant 2 jours). (mannitol), l’autre ne la traversant
• Si œdème laryngé (avec signes d’asphyxie), anaphylaxie (symptômes d’at- qu’en très faible quantité (lactulose).
teinte de plusieurs organes, incluant des symptômes respiratoires) et choc Leur dosage dans les urines reflète les
anaphylactique (malaise, agitation, perte de connaissance, collapsus) : adré- quantités absorbées. Le rapport de
naline (Anapen®) en IM dans la face antéro-latérale de la cuisse, à la dose de l’excrétion urinaire de ces deux molé-
0,01 mg/kg (Anapen® 0,15 mg avant 20 kg et 0,30 mg au-delà de 20 kg), à cules est établi avant et après l’inges-
renouveler au besoin au bout de 15 à 30 min., et surtout avis médical d’ur-
gence (faire le 15 depuis un poste fixe ou le 112 depuis un portable). tion de l’aliment. Le rapport urinaire
mannitol/lactulose diminue en cas
d’allergie alimentaire du fait d’une aug- sionnel permettra d’éviter des évic- outcome in non-IgE mediated reactions
mentation de la perméabilité intesti- tions alimentaires par excès. to food in children with atopic dermatitis”.
nale aux macromolécules. Mais, toute J Allergy Clin Immunol, 2001 ; 108 :
altération de la muqueuse intestinale Références 1053-8.
peut entraîner des faux positifs, ce qui 1. Rancé F., Bidat E. Allergie alimentaire 10. Ardelean-Jaby D., Traube C., Ahmad
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scrupule l’arbre diagnostique et déci- “Predictors of positive food challenge