Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
II. L’art répond à une aspiration plus élevée que les besoins
physiologiques
Dans cette deuxième partie, nous verrons que bien que l’homme n’ait pas besoin de l’art au premier
abord, il est indispensable pour le développement de l’homme. Dans la hiérarchie de la pyramide de
Maslow, le besoin ultime est celui de l’accomplissement de soi, ce qui touche directement le niveau
de l’esprit qui existe dans l’homme. D’ailleurs, lorsqu’on regarde attentivement l’étymologie et la
racine même du mot esprit, on se rend compte que l’art est la manifestation de l’esprit comme
l’indique si bien Jean Jacques Rousseau : « La conscience est un instinct divin, un guide
assuré dans le chemin de l’action et des valeurs. » En effet, la conscience qui est l’activité de
l’esprit dans l’homme cherche constamment à se manifester à travers l’art, l’art est après tout un
moyen d’expression que l’esprit utilise en tant qu’instinct divin ou spiritus, d’où l’on tire le célèbre
mot « inspiration ». L’esprit humain doté de conscience est donc conscient du monde qui l’entoure
mais surtout des palettes de possibilités dont il raffole parce que l’homme est par essence un artiste
par son appréciation des couleurs, sa régularisation des formes existantes ou encore son inspiration
ineffable. La grotte de Lascaux, il y a plus de 17000 ans en atteste, que l’homme cherchait déjà à
exprimer ce que sa conscience gardait pour elle, étant donné que l’esprit humain est doté d’un
incroyable potentiel de créativité que souligne Kandinsky « L’art, puissance spirituelle, est le
langage de l’âme. » L’homme a donc besoin de l’art, l’art le permet d’exprimer et de faire ressortir
ses passions et désirs intérieurs. L’art assimilé à l’expression du moi, devient alors élévation de
l’esprit, en répondant à un besoin bien plus noble, en donnant satisfaction à un besoin bien plus
grand : celui de s’élever. De plus, un monde sans art serait monotone, meurtri et ennuyant, l’art est
donc cette puissance qui nous permet de rendre notre monde plus vivant, et plus intéressant. L’âme
ressent le besoin d’art dès sa naissance comme le dit Friedrich Nietzsche dans son gai savoir, «
Sans la musique, la vie serait une erreur. » Nonobstant, bien que l’art ne réponde pas aux
besoins primaires, l’art transcende l’état d’immédiateté de l’homme et en ce sens, il est indissociable
de l’homme. L’homme a donc besoin d’art parce qu’il a besoin des valeurs que celui-ci incarne :
l’attirance vers le beau, l’expression de ses émotions et désirs internes, mais surtout sa spiritualité.
L’art est la manifestation de l’esprit, contrairement à la matière qui elle se désagrège dans
l’immédiateté, l’art dure éternellement, car l’art est esprit. Pour conclure, l’homme a donc besoin de
l’art à tous les niveaux de sa vie, c’est ce qui le distingue primordialement de l’animal qui ne peut ni
créer ni être créatif.
L’art est donc activité de l’esprit et c’est l’esprit en l’homme, cette partie immarcescible, qui
l’entraine et l’incite à rechercher cette nature divine en lui qui le dissocie de l’animal. Donc en ce
sens, l’homme aura toujours besoin d’art, il est par nature un artiste.
En guise de conclusion, l’homme sera toujours une controverse lorsqu’il s’agit de parler de son
rapport à l’art. Ambiguïté ou ambivalence ? Une chose est sûre, l’homme a des besoins primaires qui
le rapproche du simple animal, et dans ce sens, il ne cherche donc pas premièrement à satisfaire les
désirs les plus enfouis et reculés de son âme mais plutôt de son corps. Perçu comme futilité chez
certains, tandis que comme un divertissement chez d’autres, une chose est sûre, l’homme préférera
d’abord s’attacher au travail qui lui permettra d’assouvir ses besoins primaires avant de chercher à
s’élever. D’ailleurs, comment s’élever si les racines ne sont pas bien posées ? Tel est la destinée de
l’homme de devoir travailler pour vivre et non vivre pour travailler. Nonobstant, l’homme n’est pas
que matière, et corps, il est beaucoup plus que cela, son patrimoine et son identité l’inscrivent dans
un dessein bien plus grand, dans une cause bien plus noble. Comme le dit Arendt, « miroir de la
pensée, l’œuvre d’art est unique et immortelle. ». Mais si l’art est un langage universel, son
besoin ne nous rend-il pourtant pas unique ?