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* Mélanie Brzakowski, Centre d’AMP, service de gynécologie obstétrique et médecine de la reproduction, CHU d’Amiens,
124 rue Camille-Desmoulins, 80054 Amiens cedex 1.
melaniebrz@yahoo.fr
en FIV est de 34,7 ans (33,4 ans en ICSI) et celui des (40 %) et des indications idiopathiques à ovulation nor-
hommes de 36,6 ans (36,3 ans en ICSI). male (20 %). La diminution des indications tubaires
En FIV et en ICSI, les taux de grossesses cliniques dimi- peut s’expliquer par les campagnes de prévention
nuent avec l’âge, surtout après 37 ans et s’effondrent contre les maladies sexuellement transmissibles (VIH
après 42 ans. En 2001, en FIV, le taux de grossesse par en particulier) et la sensibilisation des équipes soignan-
ponction à 24 ans et moins est de 24,9 % versus 8,5 % tes au traitement en urgence des infections génitales
à partir de 42 ans sachant que la moitié des grossesses féminines.
à cet âge se solderont par un avortement spontané du
premier trimestre [5]. De même, les taux d’accouche-
ments par ponction dans les mêmes populations sont de Indications masculines
16,6 % versus 6,5 %.
Depuis les cinquante dernières années, de nombreuses
•Les indications masculines isolées en FIV ne repré-
études ont mis en évidence des altérations de la qualité
sentent qu’un cinquième des indications mais ce chif-
du sperme dans la population des hommes fertiles.
fre sous estime la réalité puisqu’un facteur masculin
Celles-ci concernent la numération (113 millions par
est retrouvé dans 39 % des cas. À l’inverse en ICSI, les
ml en 1940 versus 66 millions en 1990) et le volume
indications masculines représentent 69,3 % des indica-
séminal (3,40 ml versus 2,75 ml). Parallèlement, une
tions, mais ce taux tend à diminuer (79,3 % en 1998)
augmentation des anomalies génito-urinaires, tels que
au profit des indications non masculines représentant
les cancers testiculaires, les cryptorchidies et les hypo-
en 2002 près de 30 % (versus 20,7 % en 1998) ce qui
spadias, est observée, probablement en partie respon-
reflèterait l’élévation de l’âge des patientes
sable de cette baisse de la fertilité masculine depuis
puisqu’on sait que le taux d’indications idiopathiques
cinquante ans [8].
augmente avec l’âge.
L’infertilité masculine, isolée ou non, est présente
•Par ailleurs, la répartition des tentatives selon les
dans plus de 50 % des infertilités de couple. Les causes
différentes techniques d’AMP est stable depuis quatre
sont multiples et parfois plurielles chez un même indi-
ans avec 54 179 inséminations artificielles et 65 413
vidu, se traduisant dans 61 % des cas par des anomalies
cycles de FIV (FIV, ICSI et TEC) avec une légère aug-
quantitatives et/ou qualitatives du sperme [9]. Les
mentation de la prise en charge en ICSI (53,4 % des
infertilités d’origine masculine représentent une part
ponctions en 2002). Une amélioration des taux de
importante des étiologies d’infertilité, principalement
grossesse et d’accouchement se confirme avec
en ICSI. Les cinq grands mécanismes d’altération de la
20 042 enfants nés en 2006 représentant 2,4 % des
fertilité masculine sont : les troubles érectiles, éjacu-
naissances en France [6].
latoires et sexuels, les causes endocriniennes, les cau-
ses testiculaires, les causes obstructives séminales et
Indications tubaires les altérations fonctionnelles des spermatozoïdes. Les
principaux facteurs de risques d’infertilité masculine
Les infections génitales hautes et les maladies sexuel- sont les antécédents de varicocèle (risque d’infertilité
lement transmissibles en général, ont longtemps été multiplié par 28), d’infections génitales (risque multi-
accusées d’être les premières responsables de l’infer- plié par 3), de traumatismes testiculaires (risque mul-
tilité en France. Le principal facteur de risque d’infer- tiplié par 4) [7], sans oublier les anomalies génétiques,
tilité primaire pour une patiente est l’antécédent de l’âge et les facteurs environnementaux (tabac, alcool,
salpingite aiguë ; il multiplie ce risque par 45. De médicaments, stress, surpoids, perturbateurs endocri-
même, les autres facteurs de risques principaux sont : niens, etc.). En effet, la dégradation croissante des
un antécédent de grossesse extra-utérine (risque mul- paramètres spermatiques est attribuée aux facteurs
tiplié par cinq), d’infection génitale haute par une environnementaux appelés perturbateurs endocri-
maladie sexuellement transmissible (risque multiplié niens. L’alcool, par exemple, entraîne à la fois des
par quatre) ou des salpingites à répétition (risque mul- troubles de l’érection et de la spermatogénèse. Le
tiplié par sept) [7]. Parmi les causes d’infertilité, les tabagisme est responsable principalement de troubles
indications tubaires (10 %) se placent aujourd’hui der- de la libido et d’impuissance. Enfin, les toxiques envi-
rière les indications masculines (40 %), les troubles de ronnementaux et professionnels à type de chaleur,
l’ovulation (20 %) et les infertilités idiopathiques radiations ionisantes, métaux lourds, herbicides, pes-
(20 %). En effet, en FIV, les indications tubaires ne ces- ticides et apparentés, phyto-œstrogènes sont sources
sent de diminuer (moins de 40 % en 2002 versus 49,3 % d’altération de la spermatogénèse, ce qui explique que
en 1998, elles représentaient alors l’indication pre- certaines professions soient plus à risque (boulangers,
mière en FIV) à l’inverse des indications masculines agriculteurs, etc.).
Épidémiologie du couple infertile F5
Enfin, les régimes hypocaloriques chez les femmes syndromes de Klinefelter pourraient être dus au
sportives ou dans le domaine de l’esthétisme entraî- vieillissement paternel [5].
nent des troubles ovulatoires.
Conclusion
Insuffisance ovarienne prématurée
Les facteurs de risque d’infertilité qui sont accessibles
La prévalence de l’insuffisance ovarienne prématurée à une amélioration sont : les règles hygiéno-diététi-
(souvent appelée, par excès, ménopause précoce) est ques telles que le tabagisme, l’alcoolisme et l’obésité
de l’ordre de 1 à 3 % des femmes [22]. Plus précisé- [24], la prise en charge des infections génitales hautes
ment, elle est de 10 % avant 45 ans, 1 % avant 40 ans et la réduction des expositions aux toxiques environ-
et 0,1 % avant 30 ans. Les étiologies peuvent être nementaux. Ce d’autant plus que la proportion de
auto-immunes, génétiques, post chimiothérapie ou fumeuses ne cesse d’augmenter, surtout chez les ado-
radiothérapie, post chirurgie pelvienne ou idiopathi- lescentes et les jeunes femmes, les nouvelles habitu-
ques dans 75 % des cas. Le risque de grossesse sponta- des alimentaires engendrent des populations de jeunes
née chez ces patientes est extrêmement faible : 1 à 5 % obèses. En réalité, la cause d’infertilité qui ne cesse
selon les études. Les traitements d’induction de l’ovu- de croître est l’âge des couples désirant avoir un
lation ne sont pas plus efficaces que le traitement hor- enfant. Il convient d’inciter les couples à envisager les
monal substitutif, traitement de référence chez ces grossesses moins tardivement. Mais nos sociétés créent
patientes afin d’éviter les complications cardiovascu- des jeunes femmes aux responsabilités professionnel-
laires et osseuses. Aujourd’hui, seul le don d’ovocyte les importantes, avec des études longues et dont le
permet d’obtenir des taux de grossesse de 20 à 40 % désir de grossesse est repoussé dans le temps. Les cou-
[23]. ples divorcent, et on voit arriver dans les centres d’AMP
des unions reformées secondairement après l’âge de 30
Âge voire 35 ans et plus.
Sensibiliser les couples à l’importance de ces facteurs
La fécondabilité naturelle d’un couple est de 25 % par permettrait d’espérer de réelles chances de grossesse
cycle à l’âge de 25 ans pour la femme, 12 % à 35 ans spontanée et d’améliorer les résultats en AMP.
et seulement 6 % à 42 ans. À 25 ans, après six mois
d’exposition optimale, les chances de grossesse sont
de 60 %, après un an de 80 % et de 90 % après deux ans. Références
Ces taux sont diminués de 50 % chez les femmes de [1] Gnoth C, Godehardt E, Frank-Herrmann P, Friol K, Tigges J,
35 ans et de 75 % à l’âge de 42 ans (25 % de grossesse Freundl G. Definition and prevalence of subfertility and infer-
après deux ans d’essai, avec 50 % d’avortements spon- tility. Hum Reprod 2005;20:1144-7.
tanées à cet âge). Or, les femmes ont tendance à retar- [2] Le Goff S, Ledee N, Bader G. Obésité et reproduction : revue
der leur maternité ce qui explique l’augmentation du de la littérature. Gynecol Obstet Fertil 2008;36:543-50.
[3] Leridon H, Slama R. The impact of a decline in fecundity and
nombre de femmes de 40 ans et plus venant consulter
of pregnancy postponement on final number of children and
pour infertilité. La baisse de la fertilité avec l’âge demand for assisted reproductive technology. Hum Reprod
s’explique par la diminution avec les années de la 2008;23:1312-9.
réserve ovarienne (d’où l’augmentation des doses de [4] FIVNAT: http://perso.wanadoo.fr/fivnat.fr/Bilanpro2000base
traitements inducteurs de l’ovulation sans augmenter .htm et bilan FIVNAT 2003.
[5] Merviel P, Lourdel E, Cabry R, Temstet R, Claeys C, Olieric MF.
la quantité ovocytaire), de la qualité ovocytaire et de
Le désir tardif d’enfant : quelle prise en charge ? J Gynecol
la réceptivité utérine. De plus, la survenue d’une gros- Obstet Biol Reprod 2008 (in press).
sesse après 40 ans expose la patiente à une surmorta- [6] Agence de la biomedicine : www.agence-biomedecine.fr.
lité importante (6,9 pour 100 000 naissances à 25 ans [7] Thonneau P, Quesnot S, Ducot B, Marchand S, Fignon A, Lan-
versus 33 pour 100 000 à 45 ans) et des complications sac J. Risk factors for female and male infertility : results of
gravidiques, sans compter le risque chromosomique a case-control study. Hum Reprod 1992;7:55-8.
[8] Carlsen E, Giwercman A, Keiding N, Skakkebaek NE. Evidence
chez l’enfant (risque de trisomie 21 de 0,30 % à 30 ans,
for decreasing quality of semen during past 50 years. BMJ
1,35 % à 40 ans et 2,5 % à 42 ans). L’âge paternel est 1992;305:609-13.
responsable de malformations (achondroplasie, mala- [9] Schlosser J, Nakib I, Carre-Pigeon F, Staerman F. Infertilité
die d’Apert, syndrome de Marfan et de Lesch-Nyhan, masculine : définition et physiopathologie. Ann Urol 2007;
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malies congénitales (neurofibromatose de Recklin-
[11] ObEpi-Roche 2006 : 4e enquête épidémiologique nationale sur
ghausen), et d’anomalies chromosomiques (myopa- l’obésité et le surpoids en France, 2006.
thie de Duchenne, l’hémophilie A). Il semble [12] Ramsay JE, Greer I, Sattar N. Obesity and reproduction. BMJ
également que 5 à 10 % des trisomies 21 et 50 % des 2006;333:1159-62.
Épidémiologie du couple infertile F7
[13] Fedorcsak P, Dale PO, Storeng R, Ertzeid G, Bjercke S, Olde- [19] De Mouzon J, Belaisch-Allart J. Conséquences sur la fertilité
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