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CHAPITRE III

L'Etat

L'Etat est la réalité-effective de l'Idée éthique - l'esprit éthique comme volonté substantielle révélée
(1), claire à soi-même, qui se pense et se sait et accomplit ce qu'elle sait et en tant qu'elle le sait. Il a
son existence immédiate dans la coutume (2) et son existence médiatisée dans la conscience- de-soi
de l'individu, dans le savoir et l'activité de celui-ci, et l'individu, réciproquement, par sa disposition
d'esprit a sa liberté substantielle en l'Etat comme en son essence, son but et le produit de son
activité.

L'Etat, comme réalité-effective de la volonté substan- tielle, réalité qu'il a dans la conscience de soi
particulière élevée à son universalité, est le rationnel en et pour soi. Cette unité substantielle est fin
en soi (3) absolue et immobile, dans laquelle la liberté atteint son droit le plus élevé, de même que ce
but final (4) a le droit le plus élevé (5) en face des indi- vidus dont le devoir le plus élevé (6) est d'être
membres de l'Etat. (Droit, S 257-258.)

INTRODUCTION

I. NI RÉVOLUTION, NI RESTAURATION

a) L'erreur de Rousseau

La considération philosophique n'a affaire [...] qu'au concept pensé [de l'Etat]. A l'égard de la
recherche de ce concept, Rousseau a eu le mérite d'établir comme principe de l'Etat un principe qui,
non seulement selon sa forme (comme l'instinct social ou l'autorité divine) mais encore selon son
contenu est pensée, et même est le penser lui- même : c'est-à-dire la volonté. Seulement, dans la
mesure où il ne conçoit la volonté que dans la forme déterminée de la volonté individuelle (comme
plus tard également Fichte), et dans la mesure où il conçoit la volonté univer- selle non comme le
rationnel en et pour soi de la volonté, mais seulement comme l'élément commun qui résulte de cette
volonté singulière en tant qu'elle est consciente, l'asso- ciation des individus dans l'Etat devient un
contrat : il a alors pour base leur libre arbitre, leur opinion et une adhé- sion formelle à leur
convenance; et ce sont ensuite les conséquences purement intellectuelles : la destruction du divin
étant en et pour soi, de son autorité et de sa majesté absolues (1). Ayant acquis la force de dominer,
ces abstrac- tions ont bien, d'une part, produit le plus prodigieux spec- tacle (2) que nous ayons vu
depuis qu'il y a une race humaine : faire commencer entièrement a priori et à partir de la seule
pensée la constitution d'un grand Etat effectivement-réel, en renversant tout ce qui existe et tout ce
qui est donné, et vouloir ne lui donner pour base que ce que l'on suppose être le rationnel (3); mais
d'autre part, comme ce ne sont

75 (p. 54).
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HEGEL

tentative l'événement le plus terrible et le plus cruel. que des abstractions vides d'idées, elles ont fait
de cette Contre le principe de la volonté individuelle (1) il faut se rappeler ce principe fondamental: la
volonté objective est le rationnel en soi dans son concept, qu'il soit connu ou non le terme opposé, la
subjectivité de la liberté (le savoir et là de l'individu et qu'il soit voulu ou non de son plein gré;
vouloir) qui seule est maintenue fermement dans le principe examiné plus haut, ne contient qu'un
moment unilatéral de l'Idée de la volonté rationnelle, qui n'est vraiment cela qu'en tant qu'elle est
aussi bien en soi qu'elle est pour soi.

(Droit, § 258 R.)

b) Contre Haller

L'autre conception, opposée à la pensée qui conçoit l'Etat en le connaissant comme un rationnel
pour soi, consiste à prendre l'extériorité de la manifestation phéno- ménale (2) - la contingence de la
détresse (3), du besoin de protection, de la force, de la richesse, etc. - non pas pour des moments du
développement (4) historique mais pour la substance de l'Etat. C'est encore ici la singularité des
individus qui constitue le principe du connaître, non pas cependant la pensée de cette singularité
mais au contraire les éléments empiriques de la singularité selon leurs parti- cularités contingentes:
force et faiblesse, richesse et pau- vreté, etc. Une telle conception de l'Etat conception qui consiste à
ne pas voir dans l'Etat l'infini pour soi et le rationnel, et à bannir toute pensée de la conception de la
nature interne de l'Etat — n'est jamais apparue avec autant de M. von Haller (5) [...]. de netteté que
dans la Restauration de la science de l'Etat

La mauvaise humeur de l'auteur pourrait en soi avoir

duelle ou singulière.

ces conquêtes, tenues d'ordinaire pour si importantes, sont quelque chose d'insignifiant et qu'il ne
faut accorder qu'une concouru à chaque pièce du vêtement que les individus valeur purement
livresque aux lois qui, dans ces nations, ont portent, à chaque morceau de pain qu'ils mangent, et
qui, jour après jour, heure après heure, concourent à tout ce

qui concerne les individus. [...]

Le plus amer, pour M. von Haller, c'est « le droit de charger d'impôts la fortune privée des personnes,
leur indus- trie, leur produit ou leur consommation, pour subvenir aux besoins de l'Etat ; - parce
qu'ainsi le Roi lui-même, dans la mesure où la fortune de l'Etat n'a pas la qualité de propriété privée
du Prince, mais celle de fortune d'Etat (1), ni leur corps, ni leurs biens comme les citoyens prussiens,
n'ont plus rien en propre et sont des sujets placés se dérober au service de l'Etat. » dans une position
juridique de servage, car ils ne doivent pas

A côté de cette incroyable crudité (2) on pourrait trouver tout à fait risible l'émotion avec laquelle M.
von Haller décrit le contentement ineffable que lui ont procuré se découvertes [...]. Par religiosité, M
von Haller aurait bien dû plutôt pleurer, car c'est le plus dur des châtiments divins - la punition la plus
dure que l'homme puisse encourir que de se trouver détourné à ce point de la pensée et de la
rationalité, du respect des lois et de la connaissance de l'importance et du caractère divin d'une
détermination juri- dique des devoirs de l'Etat et des droits des citoyens, comme des droits de l'Etat
et des devoirs des citoyens qu'on en arrive à prendre l'absurde (3) pour la parole de Dieu. (Droit, §
258, R. et note de Hegel.)

2. L'ÉTAT MODERNE

ET LE PRINCIPE DE LA SUBJECTIVITÉ

L'Etat est la réalité-effective de la liberté concrète. [...] Le principe des Etats modernes a cette force
et cette

profondeur prodigieuses (1) de faire s'accomplir le prin- cipe de la subjectivité jusqu'à l'extrême de
l'autonomie de la particularité personnelle, et en même temps de ramener cet extrême à l'unité
substantielle, et ainsi de la maintenir en lui-même. (Droit, § 260.)

3. LA RELIGION ET L'ÉTAT

1. La religion n'est pas le fondement de l'Etat.

On a souvent répété, ces derniers temps, que la religion est la base de l'Etat et en affirmant cela on
prétend avoir épuisé la science de l'Etat : aucune affirmation ne peut produire autant de confusion -
jusqu'à ériger la confusion elle-même en constitution de l'Etat, jusqu'à lui donner la forme que
devrait avoir la connaissance.

2. Mise en garde préliminaire.

Il peut d'abord paraître suspect que la religion soit principalement recommandée et recherchée pour
les époques de détresse publique, pour les temps de bouleversement et d'oppression, et qu'elle soit
alors désignée comme conso- lation en face de l'injustice et comme espérance pour rempla- cer le
dommage [...]. De même que l'on considérerait comme une dérision de rejeter tout sentiment contre
la tyrannie parce que l'opprimé trouve sa consolation dans la religion; de même il ne faut pas oublier
que la religion peut emprunter une forme qui a pour conséquence la servitude (2) la plus dure dans
les chaînes de la superstition, et la dégradation de l'homme au-dessous de l'animal (comme chez les
Egyp- tiens et les Indiens qui honorent des animaux comme leurs plus hautes divinités). Ce
phénomène peut au moins rendre attentif à ceci, que l'on ne doit pas parler de la religion en général
et que, bien plus, il est nécessaire d'opposer à la

Tiefe: pour le terme ungeheur voir ici

quelque chose de noble, dans la mesure où son indignation enflammée est dirigée contre les fausses
théories citées plus tout contre leur tentative de réalisation. Mais, pour se sauver, M. von Haller s'est
jeté dans l'attitude contraire, qui consiste en une absence totale de pensée, si bien qu'il ne peut être
question de parler du contenu de son œuvre
l'auteur s'est jeté dans la haine la plus amère de toute loi, de toute législation, de tout droit défini
formellement et légalement. La haine de la loi, du droit défini légalement est le « Schiboleth » (1) par
lequel le fanatisme (2), la faiblesse d'esprit et l'hypocrisie des bonnes intentions se manifestent et se
font reconnaître infailliblement pour ce qu'ils sont, quels que soient les vêtements dont ils se
déguisent. [...] M. von Haller établit d'abord comme son principe fonda- mental que « de même que
dans le monde inanimé le grand opprime le petit, le puissant le faible, il en est de même chez les
animaux, et chez les hommes la même loi reparaît sous des formes plus nobles » (mais souvent aussi
sous des formes moins nobles ?) (3); et que « c'est donc l'ordonnance éter- nelle et immuable de
Dieu que le plus puissant doive dominer, domine et dominera toujours ».

[...] Dans le tome III l'auteur en vient aux «< soi-disant libertés nationales » [...]. Il dit de ces lois entre
autres choses « que leur contenu est en général très peu important même si l'on accorde dans les
livres une grande valeur à des libertés fondamentales de cette sorte ». Quand on voit ensuite que ce
dont parle l'auteur ce sont les libertés natio- nales des états de l'Empire allemand (4), de la nation
anglaise

la Grande Charte (5) [...], le « bill of rights », etc. -, de la nation hongroise, etc., on s'étonne
d'apprendre que ne veulent que le bien abstrait et laissent au libre arbitre le soin de déterminer ce
qui est bien.

[...] Pour la conduite de l'homme il en résulte ceci : il n'y a pas de loi qui définisse ce qui est juste;
soyez pieux; par ailleurs faites ce que vous voulez-

vous pouvez

Vous abandonner et à votre libre arbitre et à vos passions, et les autres, qui souffrent l'injustice par là
même, vous pouvez les renvoyer à la consolation et à l'espoir de la religion, ou pis encore, les rejeter
et les condamner comme impies. Mais dans la mesure où ce comportement négatif ne demeure pas
seulement une disposition d'esprit et une opinion intérieures, mais où il s'applique à la réalité-
effective et où il s'y fait valoir, le fanatisme religieux appa- raît qui, comme le fanatisme politique,
bannit toute orga- nisation politique et tout ordre légal (en tant que limites restrictives et inadaptées
à l'infini du sentiment) — et par cela même la propriété privée, le mariage, les relations et les travaux
de la société civile, etc., comme indignes de l'amour et de la liberté du sentiment. Mais, comme il
faut pourtant prendre des décisions pour agir et exister effecti- vement, il arrive ici ce qui arrive pour
la subjectivité de la volonté qui se sait comme l'Absolu : on se décide à partir de la représentation
subjective, c'est-à-dire d'après l'opinion et le bon vouloir du libre arbitre.

Mais le vrai qui s'oppose à ce vrai qui se couvre du voile de la subjectivité du sentiment et de la
représentation, est le franchissement (1) prodigieux que constitue le passage de l'intérieur à
l'extérieur, le passage de la raison de l'ordre de l'imagination à l'ordre du réel : l'histoire universelle
tout entière y a travaillé, et par ce travail l'humanité culti- vée a gagné la réalité-effective et la
conscience de l'exis- tence (2) rationnelle, de l'organisation de l'Etat et des lois.

5. L'état et les communautés religieuses.

L'Etat remplit un devoir en donnant aide et protection à la communauté religieuse pour la poursuite
de son but religieux, et même dans la mesure où la religion est le moment qui intègre l'Etat au plus
profond de la disposition d'esprit, en exigeant de tous ses sujets qu'ils se rattachemen une
communauté religieuse n'importe laquelle d'ailleurs, car l'Etat ne peut s'arrêter au contenu puisque
celui-ci se rapporte à l'intériorité de la représentation. L'Etat qui possède une organisation bien
développée et qui, par suite, est fort, peut se comporter ici de façon d'autant plus libé- rale et
négliger des particularités qui le touchent et même tolérer la présence de communautés (la question
du nombre intervient bien entendu ici) qui, pour des raisons religieuses, ne reconnaissent pas les
devoirs directs envers lui [...]. Dans la mesure où la communauté ecclésiastique possède des
propriétés privées, développe des actions pour exercer son culte et a pour cela des individus à son
service, elle sort du domaine de l'intériorité pour entrer dans celui du monde et par là même dans le
domaine de l'Etat, et se place ainsi immédiatement sous la juridiction de ses lois.

[...] Dans la mesure où l'union religieuse des individus produit une communauté, une
corporation, elle se trouve en tant que telle soumise à la haute surveillance de l'admi-
nistration de la police de l'Etat. Mais la doctrine elle- même a son domaine dans la
conscience-intime (1), elle se situe dans le droit de la liberté subjective de la conscience de
soi de la sphère de l'intériorité qui, en tant que telle, ne constitue pas le domaine de l'Etat.
[...]
6. Rapport historique de l'Eglise et de l'Etat.
Il y a eu dans l'histoire des époques et des états de barbarie où tout ce qui appartenait à la
plus haute spiri- tualité avait son siège dans l'Eglise et où l'Etat n'était qu'un gouvernement
de la violence, de l'arbitraire et de la passion et où cette opposition abstraite était le principe
suprême de la réalité-effective: mais cela appartient à l'histoire. C'est donc un procédé
aveugle et superficiel de
religion, en ce qui concerne certaines de ses formes, une force libératrice qui s'occupe des
droits de la raison et de la
conscience de soi.
3. C'est à la philosophie qu'il revient de définir le rapport
de la religion à l'Etat.
l'Etat ne peut être obtenue que si l'on se réfère à leur La détermination essentielle du
rapport de la religion à concept. La religion a la vérité absolue pour contenu, et par là même
le degré supérieur de la disposition d'esprit sance représentative qui s'occupe de Dieu
comme base et cause première infinies dont tout dépend, elle comprend l'exigence que tout
soit conçu à partir de cette relation et obtienne ainsi sa confirmation, sa justification et sa
certi- tude. L'Etat et les lois, comme les devoirs, obtiennent dans ce rapport la plus haute
garantie et la plus haute obligation pour la conscience; car l'Etat, les lois et les devoirs, eux-
mêmes, sont, au niveau de leur réalité-effective, quelque chose de défini, qui se dépasse en
une sphère plus haute qui en est la base (1) [...]. Mais si la religion ainsi la base qui contient
l'élément éthique comme tel, et en particulier la nature de l'Etat comme volonté divine, elle
n'en est pas moins seulement la base et c'est ici que l'un et l'autre se séparent. L'Etat est la
volonté divine en tant qu'Esprit présent qui se développe jusqu'à la consti- tution d'une
forme (2) effectivement-réelle et jusqu'à l'orga- nisation (3) d'un monde.
se trouve en elle. En tant qu'intuition, sentiment, connais
4. Contre le fanatisme religieux (4).
nstitue
Ceux qui veulent s'en tenir, en face de l'Etat, à la forme de la religion, se comportent comme
ceux qui croient être dans leur droit en en restant à l'essence et en ne passant pas de cette
abstraction à l'être-là, ou bien comme ceux qui
est le osition hent à
lleurs,
-ci se t qui suite, libé- mêm blement conforme à l'Idée. Le développement [historique]( de
cette Idée a bien plutôt montré comme vérité que Pes- véritable est la rationalité
effectivement-réelle et que celle-ci SOUSS n'est telle qu'en tant qu'elle existe comme Etat. Il
résulte également de cette Idée que la vérité éthique, en elle, est pour la conscience
pensante en tant que contenu élaboré dans la forme de l'universalité, en tant que loi : l'Etat
sait ses buts, il les reconnaît et les réalise avec une conscience définie et selon des principes.
[...] Comme le principe de sa forme (2), comme universel, est essentiellement la pensée, il est
également arrivé que ce soit de lui que soit venue la liberté de la pensée et de la science
(alors qu'une Eglise a pu brûler Giordano Brano, a pu contraindre Galilée à demander pardon
à genoux d'avoir exposé le système solaire copernicien, etc.).
donner cette situation comme la situation qui HEQU
7. Unité de l'Eglise et de l'Etat.
Mentionnons encore l'unité de l'Etat et de l'Eglise, déter- mination dont on a beaucoup parlé
à l'époque moderne et qu'on a proposée comme l'idéal le plus haut. Si leur unité essentielle
est celle de la vérité des principes et de la dispo- sition d'esprit, il est tout aussi essentiel
qu'avec cette unité la différence qui se trouve dans la forme de leur conscience, vienne à
l'existence particulière [...]. Il s'en faut d'autant plus, que la séparation de l'Eglise soit un
malheur pour l'Etat - ou qu'elle l'ait été — que ce n'est que par elle qu'il a pu devenir (ce qui
est sa destination même) la rationalité et l'éthicité conscientes de soi. Et c'est de même ce
qu'il a pu arriver le plus heureux à l'Eglise et à la pensée pour la liberté et la rationalité
propres à l'une et à l'autre sentation. [...] L'objet en est ce qu'il y a de plus passager,
particulier, contingent dans l'opinion et qui s'exprime dans l'infinie diversité du contenu et
des tournures; au-delà de l'incitation directe au vol, au meurtre, à la révolte, etc., se trouvent
l'art et la forme cultivée de l'expression qui apparaissent pour soi comme parfaitement
universels et indéterminés, mais qui, cependant, cachent, d'une part une signification tout à
fait déterminée, et qui, d'autre part, entraînent des conséquences qui ne sont pas vérita-
blement exprimées et dont on ne peut déterminer si elles en résultent vraiment ou s'il faut
les considérer comme contenues dans ce qui a été exprimé. Cette indétermination du sujet
et de la forme ne permet pas aux lois qui s'y appliquent d'atteindre la détermination (1) qui
est exigée de la loi : ainsi le délit, la faute et la violation de la loi se présentent sous la forme
(2) la plus particulière et la plus subjective, et le jugement que l'on porte apparaît de la
même façon comme une décision tout à fait subjective. [...]

Ainsi d'une même voix (3) on s'appuie sur le caractère simplement subjectif du contenu et de la
forme et sur le manque de signification et d'importance de ce qui relève de la simple opinion et de la
simple parole pour exiger que l'on ne prenne aucune sanction à leur encontre et l'on exige pour cette
même opinion, en tant qu'elle est ma pro- priété, et ma propriété spirituelle, et pour la parole, en
tant qu'elle est l'expression et l'usage de cette propriété qui est mienne, le plus haut respect et la
plus haute considération. (Droit, § 319 R.)

5. LES TROIS MOMENTS DE L'IDÉE DE L'ÉTAT


L'Idée de l'Etat :

a) a une réalité-effective

4. L'OPINION PUBLIQUE ET LA PRESSE


que méprisée (3). (Droit, § 318.)
1. L'opinion publique (1) mérite aussi bien d'être appréciée (2)
L'opinion publique contient en soi les principes subs- tantiels éternels de la justice, le
contenu vrai et le résultat de la Constitution tout entière, de la législation tout entière et de
l'état social universel comme tel, cela, sous la forme du bon sens des hommes (4), comme
base éthique présente en tous sous la forme (5) des préjugés ; elle contient égale- ment les
vrais besoins et les tendances exactes de la réalité- · Mais en même temps comme cet
élément inté- rieur vient à la conscience et parvient à la représentation sous la forme de
propositions générales, en partie pour soi- même, en partie en vue d'une ratiocination
concrète sur des faits, des dispositions et des circonstances politiques, et sur des besoins
ressentis, alors apparaît toute la contingence de l'opinion, son ignorance et ses contresens (),
ses erreurs de connaissance et ses erreurs de jugement. (Droit, § 317.)
effective.
Les sciences- quand elles sont vraiment des sciences, dans la mesure où elles ne se trouvent
absolument pas situées sur le terrain de l'opinion et des conceptions subjectives, et dans la
mesure aussi où leur présentation ne consiste pas dans l'art des tournures, des allusions, de
ce qui est à moitié dit et à moitié caché, mais dans l'expression sans ambi- guïté, définie et
claire de la signification et du sens - [les sciences donc] ne tombent pas dans la catégorie de
ce qui constitue l'opinion publique. (Droit, § 319 R.)
2. Difficultés de la liberté de la presse et de l'opinion. Définir la liberté de la presse comme la
liberté de dire et d'écrire ce qu'on veut est à mettre en parallèle avec la définition de la
liberté en tant que telle comme la liberté de faire ce qu'on veut. Une telle parole appartient
au niveau
die öffentliche Meinung.
geachtet.
verachtet.
das gesunde Menschenverstand.
(
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