Vous êtes sur la page 1sur 2

Les droits naturels et imprescriptibles de la Déclaration de 1789 sont antérieurs aux pouvoirs établis, ils sont

considérés comme applicables en tout temps et en tout lieu.

De nombreux articles sont consacrés à la liberté, énoncée en premier dans l'article 2 : l’article 1er (« Les hommes
naissent et demeurent libres et égaux en droits », les articles 4 et 5 (qui cherchent à définir et à circonscrire la
liberté, limitée seulement par la loi et définie par « tout ce qui ne nuit pas à autrui »), les articles 7, 8 et 9 (qui
précisent les caractères de la liberté individuelle face au droit pénal : présomption d’innocence, obligation d'une
motivation légale). Les articles 10 et 11 sur la liberté d'opinion, de presse et de conscience font de la liberté
d'expression la première des libertés.

La propriété, « droit naturel et imprescriptible de l'homme » selon l’article 2 est, en outre, « inviolable et sacré[e] »
(article 17). Selon cet article 17, « La propriété étant un droit inviolable et sacré, nul ne peut en être privé, si ce
n'est lorsque la nécessité publique, légalement constatée, l'exige évidemment, et sous la condition d'une juste et
N9
préalable indemnité » .

Article 3

L'article 3 dispose que le principe de toute Souveraineté, donc l'autorité suprême (absolue et inconditionnée),
réside essentiellement dans la Nation, c'est la souveraineté nationale. Elle ne peut être exercée par un despote, ni
51
par une partie du peuple, ni par la somme de tous les individus .

Article 5

L'article 5 prescrit que la limitation de la liberté individuelle n’est admissible qu’à condition d’être inscrite dans
52
une base légale, ce qui constitue l'une des pierres angulaires de l'État de droit . Les articles qui définissent le
citoyen dans l’organisation du système politique sont beaucoup plus vagues, et orientés par la défiance vis-à-vis de
l’Ancien Régime.

Article 6

L’article 6 est relatif à la loi et précise le principe d'égalité. Il précise que « la loi est l’expression de la volonté
générale. [...] Tous les Citoyens étant égaux à ses yeux sont également admissibles à toutes dignités, places et
emplois publics, selon leur capacité, et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents ».

Article 15 à 17
52
Les articles 15 à 17 posent les principes fondamentaux de l'État de droit et de son fonctionnement .

L’article 15 dispose que les agents publics sont responsables de leur administration puisque la société a le droit de
leur en demander compte.

L'article 16 pose le principe de la séparation des pouvoirs.

Contexte de l'adoption de la Déclaration


Les Constituants manient des idées générales, des concepts théoriques, bien plus qu’ils ne cherchent à connaître
les conditions concrètes de gouvernement d’un peuple. Ils ont posé des principes transcendants. La Déclaration
des droits de l'homme et du citoyen a une valeur générale. Selon le mot de Jules Michelet, elle constitue le « credo
du Nouvel Âge », mais rien n’est précisé quant à son application concrète ; ce sera le travail des législateurs. Ce
texte sera révéré par tous les régimes se rattachant à la tradition républicaine.

Critiques
Dès les premières années, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen a été critiquée. Ainsi, revenant dans
ses Mémoires sur la période de son élaboration, le premier président de la constituante, Jean Sylvain Bailly
précisait :
« la Déclaration des droits avait un grand nombre de partisans et quelques adversaires ; tous avaient
raison et elle était à la fois nécessaire et dangereuse ; nécessaire pour marcher suivant l'ordre des
idées politiques ; dangereuse pour le peuple qui se méprend facilement et qui ne sait pas qu'il n'y a
point de droits sans devoirs ; que pour jouir des uns, il faut se soumettre aux autres. Il en devait
53
naître une infinité de prétentions . »

Elle a été critiquée également en ce qu'elle nierait le particulier au profit d'un homme abstrait, universel et
inexistant, et en second lieu au motif inverse qu'elle n'atteindrait pas réellement à l'universalité, mais
54, 55
correspondrait aux intérêts d'une classe ou d'une autre fraction de la société [réf. nécessaire] . On l’a aussi
quelquefois décriée en la réduisant à « une péripétie réformiste, détournée de son sens initial par des démagogues
56
obtus » .

Critique de Proudhon

Dans Qu'est-ce que la propriété ?, publié en 1840, le précurseur anarchiste Pierre-Joseph Proudhon critique « la
rhétorique des nouveaux législateurs » qui ont rédigé la Déclaration.

« Tous les hommes sont égaux par la nature et devant la loi ; déclaration ambiguë et redondante.
Les hommes sont égaux par la nature : est-ce à dire qu'ils ont tous même taille, même beauté, même
génie, même vertu ? Non : c'est donc l'égalité politique et civile qu'on a voulu désigner. Alors il
suffisait de dire : Tous les hommes sont égaux devant la loi. Mais qu'est-ce que l'égalité devant la
loi ? [La Déclaration] suppose une inégalité de fortunes et de rangs à côté de laquelle il est
57
impossible de trouver l'ombre d'une égalité de droits . »

Proudhon en conclut donc que la Déclaration des droits laisse prospérer des inégalités, en opposition aux droits
naturels qu'elle affirme dans son article premier.

« Cet édifiant article de la Déclaration des droits, […] suppose plusieurs sortes d'inégalités civiles, ce
qui revient à dire d'inégalités devant la loi : inégalité de rangs, puisque les fonctions publiques ne
sont recherchées que pour la considération et les émoluments qu'elles confèrent ; inégalité de
fortunes, puisque si l'on avait voulu que les fortunes fussent égales, les emplois publics eussent été
des devoirs, non des récompenses, inégalité de faveur, la loi ne définissant pas ce qu'elle entend par
57
talents et vertus . »

Par la suite, il remet en cause la propriété de manière générale et premièrement considérée comme un droit
naturel, aux côtés de la liberté, la sûreté et l'égalité, dans la Déclaration. Il prend l'exemple des impôts, qu'il
reconnait comme essentiels pour subvenir aux charges du gouvernement, et se demande pourquoi le riche devrait
payer plus que les pauvres. Selon son raisonnement, si la propriété est un droit naturel, la société tout entière doit
la protéger ; or si l'État institue un impôt proportionnel, il se doit de rendre plus ou autant (sous la forme du
service public ou autres) qu'il n'a pris sans quoi il n'y a pas d'égalité des droits et dans ce cas « la société n'est plus
instituée pour défendre la propriété, mais pour en organiser la destruction ». Il finit par la conclusion que la
58
propriété n'est pas un droit naturel .

Critiques de Burke et de Bentham


Le philosophe et homme politique conservateur irlandais Edmund Burke a émis une critique retentissante de la
Déclaration dans son texte de 1790 Reflections on the Revolution in France (Réflexions sur la Révolution en
France). Burke est un partisan du droit naturel, bien qu'il juge qu'aucun droit de l'homme ne peut en être
directement déduit. Dans son pamphlet, il dénonce la « fiction monstrueuse » que représente pour lui l'égalité, qui
ne pourrait susciter que des « idées fausses et des attentes vaines ».

Le philosophe anglais Jeremy Bentham, du courant utilitariste, émet également une critique cinglante de la
Déclaration, dans son ouvrage Anarchical Fallacies, écrit entre 1791 et 1795 (publié en français en 1816). Dans un
passage mémorable, auquel on se réfère habituellement sous le titre « Nonsense upon Stilts » (comprendre « un
non-sens sur des échasses »), il commente la Déclaration article par article sur un ton ironique et acerbe.
Bentham, peut-être par simple gain d'arguments, refuse de lire la Déclaration comme un texte normatif, mais
s'ingénie au contraire à la comprendre comme la constatation d'un état de fait. Ainsi, son propos demeure
essentiellement rhétorique. Il y développe sa critique la plus connue sur le droit naturel : ce droit n'aurait aucune
base ontologique, aucune existence réelle. « Ce qui n'a point d'existence ne peut être détruit – ce qui ne peut être
détruit n'a besoin d'aucune chose pour le préserver de la destruction. Les droits naturels sont un simple non-sens :
59

Vous aimerez peut-être aussi