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I.

Sigle-Code : Intitulé du cours : Déontologie administrative et éthique


professionnelle
(L’Ethique publique)

Filière : Toute filière Enseignant : Volume horaire : 36 H


Section : Toute Section Contact : Crédits : 03
Cycle : A CM : 36 H TD : 00 H
Semestre : 1

II. Pré requis

 Droit de la fonction publique

III, Descriptif du cours :

Le fonctionnaire joue un rôle très important dans la société. Responsable de l’application des lois,
serviteur de la population, gardien des décisions démocratiques, fiduciaire des ressources
publiques, ces hautes responsabilités lui commandent une conduite empreinte d’une éthique
élevée et du respect de certaines règles relatives à la déontologie administrative.

IV Objectifs d’apprentissage
 Objectif général
Intégrer les composantes déontologique et éthique dans la gestion des affaires
publiques.

 Objectifs spécifiques
De façon spécifique, à la fin du cours les élèves devront être capables de :
 définir la déontologie administrative et l’éthique professionnelle ;
 maitriser le contenu de la déontologie administrative ;
 Identifier les facteurs favorables et défavorables au maintien des comportements
éthiques dans la gestion publique ;
 connaître les principes pour favoriser la gestion de l’éthique dans le service ;
 Intégrer au quotidien les composantes déontologique et d’éthique publique dans
leurs futures fonctions.

1
V, Méthodes pédagogiques
 Production d’un support pédagogique ;
 Utilisation d’un vidéoprojecteur
 Exposés suivis d’échanges et de débats ;
 Cas pratiques.

VI, Contenu du cours

 Chapitre I : la déontologie administrative

 Section1. Définition et sources de la déontologie administrative


 Section 2. Contenu de la déontologie administrative
 Section3. Déontologie administrative et éthique professionnelle

Chapitre II. L’Ethique publique

 Section 1. Les exigences sociales de plus en plus croissantes


 Section 2. Les fondamentaux en matière d’éthique publique
 Section3. Facteurs favorables et défavorables aux comportements éthiques dans les
services publics
 Section 4. Les valeurs d’éthique dans les services publics
 Section 5. Les sanctions

VII. Modalités d’évaluation


 Travail de groupe
 Travail de recherche individuelle
 Examen final du cours

VIII Code de conduite

2
CHAPITRE 1 :
La déontologie administrative

3
Section 1 : Définition et sources de la déontologie administrative
 Les objectifs d’apprentissage

A la fin de cette section, les élèves devront être capables :


 de définir la déontologie administrative ;
 de connaitre les différentes sources de la déontologie administrative ;
 de faire la différence entre la déontologie et l’éthique ;
 de définir l’éthique professionnelle.

Propos introductifs
Les personnes qui travaillent à titre professionnel dans les services publics sont dans une
position particulière qui se caractérise par deux éléments fondamentaux :
 le premier c’est la carrière qui implique que ces personnes accèdent à la fonction
publique pour y demeurer, en principe, durant toute leur vie active ;
 le deuxième élément se matérialise par la situation légale et réglementaire qui se
traduit par le fait que leur situation juridique se détermine en dehors d'eux, de
manière impersonnelle.

Les droits et obligations des fonctionnaires sont largement déterminés par cette situation
particulière. Le fonctionnaire est avant tout un citoyen. A ce titre, il lui est reconnu des
droits identiques à ceux des autres citoyens. Etant au service de l’intérêt général, le
fonctionnaire est tenu de respecter un certain nombre d’obligations qui lui sont imposées
dans l’exercice de ses fonctions.

Paragraphe 1 : Définition de la déontologie administrative


 A : Définitions de la déontologie

On peut donner du mot « déontologie » plusieurs définitions qui, toutes, traduisent des
préoccupations propres à leurs auteurs. Ceux-ci, même s’ils s’accordent tous, pour
reconnaître que la déontologie est l’ensemble des règles qui régissent une profession et la
conduite de ceux qui l’exercent, introduisent dans leurs définitions respectives, des
éléments spécifiques qui sont parfois l’expression de véritables différences idéologiques.

4
Ainsi, pour certains, la déontologie qui, pour eux, est «basée sur des droits et obligations
définis notamment par la loi», peut se définir comme étant «l’ensemble des principes
d’action, pour les pratiques professionnelles d’un corps de personnes agissant dans un
cadre similaire, exerçant un métier identifié »1. Il s’agit donc d’une approche assez large
de la déontologie, puisqu’elle y intègre également les droits. En cela elle se distingue des
définitions restrictives, plus fréquentes, fondées sur l’étymologie même du terme, et parmi
lesquelles, on peut retenir les suivantes :

 la déontologie, de façon générale et au sens étymologique et abstrait du terme,


signifie «la science qui traite des devoirs à accomplir ». Ou encore «la science des
devoirs ou des obligations qui s’imposent aux membres d’une institution, c’est-à-
dire d’un groupe social organisé autour d’un projet collectif»(2).
 du point de vue matériel (c’est-à-dire dans une acception objective), ce serait
«l’ensemble des règles qui régissent la conduite des membres d’une profession,
ceux-ci étant tenus d’observer une certaine morale professionnelle à l’égard des
usagers du service, à l’égard du service et à l’égard de leur collègue de travail »(3).

A la lumière de ces deux définitions, il apparaît que la déontologie n’est pas propre à
l’administration publique. Toute institution est, en effet, hiérarchisée et soumise à une
autorité chargée d’édicter des principes d’action qu’elle doit faire respecter sous la
menace de sanctions. C’est donc dire que la déontologie existe dans toutes les
professions et c’est d’ailleurs à la lumière des expériences des professions libérales que
l’on parle aujourd’hui de « déontologie de la fonction publique » ou encore de «
déontologie administrative ».

1 C’est la définition retenue, par exemple, par le ministère français de l’équipement, des transports et du
logement dans son Guide de référence pour les chefs de service et l’encadrement, p. 18 (cité par MM. Serge
SALON et Jean Charles SAVIGNAC, « La Fonction publique », dans la revue Documents d’études, de la
Documentation française, p. 35.

2 Cf. Serge SALON et Jean Charles SAVIGNAC, Fonctions publiques et fonctionnaires, Éditions Armand
Colin, 1997, p. 167.

3 Cf. M. Hyacinthe SARASSORO, «Infractions à la déontologie dans la fonction publique en Afrique»


dans Cahiers africains d’Administration publique, n° 25, p. 65.

5
Dans le cadre spécifique de l’administration publique, la déontologie est définie par
certains comme «un ensemble de principes d’action tournés vers des pratiques
professionnelles qui rendent possible le service public par la confiance des usagers, le
respect des missions définies par la loi et l’acceptation des contraintes de l’action
collective»4. D’autres vont un peu plus loin pour y voir «l’ensemble des règles et des
devoirs, des pratiques professionnelles et des qualités qui s’imposent à l’agent public et
qui lui permet de servir au mieux l’intérêt général et de rendre des services de haute
qualité aux usagers dans une administration publique moderne» (5).

On peut donc dire, de façon assez simple, que la déontologie administrative est l’ensemble

des obligations qui s’imposent aux agents des administrations publiques ( 6), soit dans
l’exercice de leurs fonctions, soit du simple fait qu’ils aient la qualité d’agent d’une
administration publique. Ces obligations déontologiques procèdent de plusieurs sources
qui, pour les unes, sont écrites, et pour d’autres, sont non écrites.

 B : Les sources écrites de la déontologie administrative

S’agissant, tout d’abord des sources écrites, il y a lieu de faire observer qu’il n’existe pas
un « Code de déontologie administrative » au Burkina Faso. C’est dire qu’au titre des
sources écrites, il faut se référer à divers textes législatifs et réglementaires, pour
retrouver des dispositions comportant des obligations particulières imposées aux
différentes catégories d’agents des administrations publiques, (qu’elles soient de l’Etat,
parlementaire ou des collectivités locales).
Parmi ces textes, on peut retenir principalement :
 La loi 081 portant statut de la fonction publique d’Etat ;

 La loi n° 047/96/ADP du 21 novembre 1996 portant statut général des agents des
collectivités territoriales, ensemble ses modificatifs ;

4 Cf. M. Christian VIGOUROUX, Déontologie des fonctions publiques, Dalloz, 1995.

5 Cf. M. Hongla-Momba, La déontologie administrative en Afrique, Éditions L’Harmattan, 1993, p. 31.

6 Etant entendu que le terme « agents des administrations » renvoie ici non seulement aux
fonctionnaires et contractuels des administrations, mais aussi à toutes les personnes qui, à divers
titres, exercent des fonctions publiques (élus, ministres et autres responsables d’institutions).

6
 Le statut de la fonction publique parlementaire
 La fonction publique relative à la police ;
 La fonction publique hospitalière ;
 La loi n° 043/96/ADP portant Code pénal (notamment en ses articles 154 à 172),

 Le décret 96-059/PRES/PM/MEF du 7 mars 1996 portant réglementation générale des


marchés publics (articles 98 à 103);

 La Charte de la fonction publique en Afrique, adoptée par la troisième Conférence


biennale panafricaine des Ministres de la Fonction publique à Windhoek (Namibie).
adoptée le 5 février 2001.

C : Les sources non écrites


Quant aux sources non écrites de la déontologie administrative, il faut souligner qu’il n’est
pas, en fait, possible d’en dresser une liste exhaustive. Néanmoins, on peut observer que
dans la fonction publique (au sens large), les obligations qui s’imposent aux agents
débordent assez largement le cadre des textes qui leur sont applicables pour s’étendre à
toutes les qualités morales et intellectuelles que l’on peut attendre des personnels d’une
administration qui se veut efficace.

C’est dans ce sens qu’il convient de comprendre la définition de déontologie


administrative telle que retenue dans cet exposé : le simple fait d’être au service d’une
administration publique implique des devoirs qui, s’ils ne sont pas expressément écrits
dans des textes, n’en comportent pas moins des sanctions pour l’agent qui les
enfreindrait. C’est ce que, en d’autres termes, certains appellent « éthique professionnelle
». Pour des raisons pratiques, le sujet sera ici abordé dans la partie relative à l’éthique
professionnelle.

Section : 2 Le contenu de la déontologie administrative

Les objectifs d’apprentissage


Après avoir parcouru cette section, les élèves devront être capables d’énumérer et
d’analyser les principales obligations qui s’imposent à eux en tant que fonctionnaires ou
futurs fonctionnaires régis par loi 081, à savoir :

7
 l’obligation d’exercer les fonctions ;
 l’obligation d’obéissance hiérarchique.

Propos introductifs
L’appartenance à la fonction publique, en général, entraîne pour les agents publics un
certain nombre d’obligations.

 Ces obligations sont relativement nombreuses. Pour des besoins de commodités


pédagogiques, nous suggérons de les regrouper en deux catégories :

1 : Les obligations dites de service (L’obligation d’exercer les fonctions) ;

2 : L’obéissance hiérarchique.

 1. Les obligations d’exercer les fonctions

Encore appelées obligations administratives7 ou obligations «objectives» ou


«immédiates» par certains auteurs (8), ces obligations découlent principalement des
dispositions générales régissant les agents des trois fonctions publiques (étatique,
parlementaire, hospitalière et territoriale) et, accessoirement des textes particuliers. Ces
textes prescrivent aux agents concernés non seulement d’exercer les fonctions liées à leur
emploi (A), mais encore de le faire dans le respect des directives et instructions définies
par l’autorité hiérarchique (B).

A. L’obligation d’exercer les fonctions.

Cette obligation signifie que l’agent public est tenu d’assurer l’exécution des tâches qui lui
sont confiées. Elle est la toute première qui s’impose aux agents publics ; elle demeure la
condition indispensable au droit à rémunération dans la mesure où, en effet, dans tous les
textes régissant les trois fonctions publiques au Burkina Faso, le traitement ou salaire
n’est dû qu’après service fait (9).

7 Marcel PIQUEMAL, Le fonctionnaire : devoirs et obligations, Paris, éditions Berger-Levrault, 1976, p. 26

8 Cf. Jean Marie BRETON, Droit de la fonction publique des États d’Afrique francophone,
EDICEF/AUPELF, 1990, P. 176

9Cf. articles 27 de la loi relative à la fonction publique d’Etat, 95 du statut de la fonction publique
parlementaire et 42 du statut général de la fonction publique territoriale. On consultera également avec intérêt

8
Et ce service fait implique précisément pour les agents, non seulement l’obligation
d’occuper personnellement et de manière continue et exclusive les emplois auxquels ils
sont nommés et affectés, mais aussi que cet emploi soit exercé de façon exclusive.

1 : L’exercice personnel de l’emploi.

Les différents textes régissant les agents publics sont très clairs sur ce point : l’agent est
tenu d’être à son poste de travail pendant les heures légales de travail et d’accomplir, par
lui-même, les tâches qui lui sont confiées(10). Cette obligation s’impose à l’agent à compter
de la date de son installation dans l’emploi auquel il a été nommé. Elle a pour conséquence
de faire de la « sous-traitance » d’une tâche à un tiers, même s’il s’agit d’un collaborateur,
une faute susceptible de sanctions disciplinaires. L’agent n’a pas le droit de «faire faire le
travail à sa place ».

Elle a pour conséquence de faire de la « sous-traitance » d’une tâche à un tiers, même s’il
s’agit d’un collaborateur, une faute susceptible de sanctions disciplinaires. L’agent n’a pas
le droit de «faire faire le travail à sa place ». C’est ainsi qu’il faut comprendre les
dispositions de la loi 081 portant statut de la fonction publique d’Etat qui disposent, d’une
part, que « quel que soit son rang dans la hiérarchie, tout agent est responsable des
tâches à lui confiées » et, d’autre part, que « lorsqu’il est chargé du fonctionnement d’un
service, l’agent en est responsable devant ses supérieurs ».

Les statuts des fonctions publiques territoriale (article 30) et parlementaire (article 83)
contiennent des dispositions presque identiques. Cependant, cette obligation n’est pas
absolue ; mais les dérogations prévues par les différents textes applicables aux agents
des administrations publiques sont considérablement limitées. En effet, les
assouplissements qui peuvent être apportés à cette règle sont principalement ceux
résultant des mécanismes de la délégation de pouvoirs.

l’arrêt Traoré Biny de la Chambre administrative de la Cour suprême en date du 22 mai 1981 (RBD n° 7 1985, p.
73 note Salif YONABA).

10 Articles 16 de la loi du 28 avril 1998, 28 du statut général des agents des collectivités territoriales et 78 du
statut de la fonction publique parlementaire.

9
Mais, même dans ce cas, on sait que la délégation de pouvoirs obéit à des règles très
strictes qui interdisent à l’agent de déléguer l’intégralité de ses pouvoirs. De plus, la
responsabilité de l’agent reste entière lorsqu’il ne s’agit que d’une délégation de signature.

2 : L’exercice continu et exclusif de l’emploi.

Ce sont, en réalité, deux obligations qui se complètent. En effet, il va sans dire que pour
pouvoir exercer de façon continue son emploi, il est nécessaire qu’il s’y consacre
exclusivement.

1) : L’exercice continu de l’emploi.

De façon formelle seul le statut de la fonction publique parlementaire (article 78) prévoit
expressément l’obligation pour l’agent d’exercer ses fonctions « de façon continue ». Mais
la réalité de cette obligation dans les deux autres fonctions publiques n’est point
contestable, dans la mesure où les textes qui les régissent imposent la présence effective
de l’agent à son poste de travail et l’obligation pour lui « d’exécuter par lui-même les
tâches qui lui sont confiées ».

Il faut cependant préciser qu’exercer l’emploi de façon continue ne signifie pas que l’agent
doit travailler 24 heures sur 24. Cela signifie tout simplement qu’il ne dispose pas de son
emploi du temps et qu’il doit se conformer aux règles relatives aux horaires et à la durée
du travail, ainsi qu’au régime des congés, droit de grève et autres autorisations
d’absences prévues par les textes en vigueur. Une absence injustifiée constitue une faute
susceptible d’entraîner à l’encontre de l’agent une sanction disciplinaire.
2) : L’exercice exclusif de l’emploi.

Il s’agit là d’une obligation que l’on retrouve dans chacun des textes applicables aux
différentes fonctions publiques existant au Burkina Faso. Aux termes de ces textes (11), en
effet, les agents publics doivent consacrer l’intégralité de leur activité professionnelle à

11 Cf. article 16 de la loi portant régime juridique applicable aux emplois et aux agents de la fonction publique
d’Etat, article 28 du statut des agents des collectivités locales, article 77 du statut de la fonction publique
parlementaire.

10
l’exercice de leur emploi. Cela veut dire qu’ils doivent se consacrer entièrement aux
fonctions qui sont les leurs. L’une des principales conséquences de cette obligation est
qu’il est interdit à qu’il est interdit à l’agent de cumuler, en principe :

 plusieurs emplois publics rémunérés sur les budgets des Collectivités publiques ou
des entreprises publiques,
 ou un emploi public et un emploi privé.

Dans tous les cas, il est interdit aux agents publics d’exercer, directement ou par personne
interposée, une activité lucrative privée de quelque nature que ce soit. Cette interdiction
est prescrite en termes identiques dans les textes applicables aux trois fonctions
publiques (Cf. articles 16 al. 2 de la loi régissant les agents de l’Etat, 28 al. 2 de la loi
relative à la fonction publique territoriale et 78 al. 2 du statut de la fonction publique
parlementaire).

La raison d’être de cette obligation est que les inconvénients résultant de l’admission des
cumuls d’activités sont assez nombreux et ont généralement pour noms :
 absentéismes répétés,
 attachement très limité à la chose publique et au service de la Collectivité,
 risque de remise en cause de l’impartialité du service public.

Il est, par conséquent, apparu judicieux de prévoir les mesures nécessaires pour éviter
que l’agent ne tombe dans ces travers préjudiciables aux intérêts du service et donc de la
communauté.
Mais, comme pour bien d’autres obligations, l’obligation d’exercer exclusivement les
fonctions comporte quelques dérogations. En effet, l’environnement propre à chaque pays,
le contexte socio-économique, peut conduire à apporter des assouplissements ou des
aménagements à une application de la règle d’incompatibilité entre emplois de
collectivités locales et toutes autres activités de nature privée et lucrative en particulier.

C’est ainsi qu’aux termes de la loi 081 applicable aux agents de l’Etat, le fonctionnaire peut
« dans des conditions définies par décret, être autorisé à effectuer des expertises ou des
consultations se rapportant à sa compétence, à donner des enseignements se rattachant à

11
sa compétence, à faire de la production agropastorale ou d’œuvres scientifiques,
littéraires ou artistiques ».

Le statut de la fonction publique territoriale (article 28 al.3) et celui de la fonction publique


parlementaire (article 78 al. 2), très largement inspirés de l’ancien statut général de la
fonction publique d’Etat, ne semblent permettre que l’exercice d’activités agropastorales,
scientifiques, littéraires ou artistiques sur autorisation du premier responsable de la
collectivité locale ou de l’institution parlementaire ; les consultations et autres expertises
étant apparemment exclues.

Mais, il va sans dire que dans le cadre de la mise en œuvre des dispositions nationales
adoptées en 1998 et relatives à la «valorisation de l’expertise nationale », cette restriction
apparente sera, à terme, sans objet. Du reste, le constat est qu’elle n’est même pas
véritablement appliquée.

Dans la logique de ces assouplissements, les agents publics, quels qu’ils soient, peuvent :

 donner des consultations ou des expertises, à la condition que celles-ci ne soient


pas données contre la collectivité ;
 donner des enseignements dans les matières de leurs compétences,
 produire des œuvres scientifiques, artistiques et littéraires ;
 mener des activités de production agricole ou pastorale.

Les justifications de tels assouplissements sont de nature essentiellement économique et


sociale ; il s’agit notamment de :
 pallier les insuffisances des rémunérations du secteur public ;
 faire participer toutes les forces de la nation à l’effort d’investissement dans le
secteur productif ;
 ne pas laisser le secteur productif à des intérêts étrangers majoritaires ;
 favoriser la relance d’un développement de type agricole ;
 tenir compte des difficultés pratiques d’un respect strict des règles déontologiques
dans l’administration publique ;
 de permettre à l’agent, temporairement en position de non activité, de disposer de

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moyens de subsistance etc.

B : L’obligation d’obéissance hiérarchique.

Aux termes de l’article 17 de la loi applicable à la fonction publique d’Etat, les agents
« exécutent les ordres de leurs supérieurs hiérarchiques dans le cadre des textes en
vigueur pour l’exécution du service public ». Quant au statut de la fonction publique
parlementaire (article 82), il reprend sur ce point les dispositions de l’ancien statut général
de la fonction publique d’Etat (zatu du 26 octobre 1988).

Il prescrit que « le fonctionnaire parlementaire doit respect et obéissance à ses supérieurs


hiérarchiques dans le cadre des lois en vigueur pour l’exécution du service public ». Ici,
l’agent n’a pas seulement à obéir à son supérieur ; il lui doit le respect ; ce qui paraît plus
rigoureux que ce qui est exigé des agents de l’Etat. Quoi qu’il en soit, il apparaît que
l’obligation est, en fait, la résultante du pouvoir d’orientation et d’instruction dévolu aux
supérieurs hiérarchiques aux différents niveaux de la pyramide administrative. Ainsi,
l’agent d’une administration publique, quelle qu’elle soit (étatique, territoriale ou
parlementaire), doit obéissance à ses supérieurs hiérarchiques.

De même est-il responsable devant ses supérieurs hiérarchiques du fonctionnement du


service dont il a la charge, notamment de l’atteinte des objectifs assignés à celui-ci, ainsi
que de la gestion des ressources humaines, financières et matérielles allouées à cet effet
(Cf. la loi 081 relative à la fonction publique d’Etat).

1 : La raison d’être de cette obligation.

Dans le système de fonction publique en vigueur dans nos pays, la hiérarchie est un
principe fondamental d’organisation des services. Il trouve sa justification dans la
nécessité d’assurer l’efficacité de l’action administrative indispensable à
l’accomplissement des tâches d’intérêt général. Aussi, quand bien même le statut général
des agents des collectivités territoriales ne contient pas de dispositions spécifiques à
l’obéissance hiérarchique, on ne peut douter de l’existence de cette obligation dans cette
fonction publique.
Le devoir d’obéissance apparaît, en effet, comme un corollaire dans la responsabilité
statutaire qui incombe à tout agent public chargé d’assurer le fonctionnement d’un

13
service. Cette responsabilité existe, quel que soit le rang de l’intéressé dans la hiérarchie
administrative.

Il va donc de soi que pour pouvoir lui imputer une telle responsabilité, il faut lui donner les
moyens de se faire obéir, car, comme le soulignent certains auteurs 12, l’obéissance permet
de «maintenir la discipline dans le service public [...], d’y éviter l’anarchie et de mettre
l’administration publique à l’abri de la décrépitude».

Le texte régissant la fonction publique d’Etat (article 18 al. 2) va même plus loin pour
imposer aux agents placés à la tête d’un service, l’obligation de se faire obéir. Ainsi sont-
ils « tenus de sanctionner ou de provoquer la sanction des abus, négligences ou
manquements commis dans le cadre ou à l’occasion de l’exécution du service par les
agents placés sous leur autorité ».

2 : La portée de l’obligation d’obéissance.

L’obligation d’obéissance hiérarchique n’est pas absolue ; car le désir de protéger les
personnels administratifs contre l’arbitraire politique conduit parfois à accroître les droits
des agents publics au détriment du pouvoir hiérarchique. Le pouvoir hiérarchique est, en
effet, soumis à diverses consultations qui ont pour effet d’en modérer l’exercice. Ainsi, si
l’autorité hiérarchique entend accomplir un acte, même non obligatoire, elle doit le faire
dans le respect de la loi et des règlements et en assumer la responsabilité. En principe, le
devoir d’obéissance disparaît lorsque l’exécution de l’ordre serait de nature à constituer
une illégalité flagrante et grave qui risquerait de compromettre gravement un intérêt public.

C’est ainsi qu’il faut comprendre, par exemple, l’article 17 de la loi portant régime juridique
applicable aux emplois et aux agents de la fonction publique de l’Etat, lorsqu’il dispose
que « les agents exécutent les ordres de leurs supérieurs hiérarchiques dans le cadre des
textes en vigueur pour l’exécution du service public». En toute logique, cela veut dire que
tout ordre qui n’a pas pour but l’exécution du service public ou qui, bien qu’ayant ce but,
n’est pas conforme aux textes en vigueur, ne peut être qu’un ordre illégal.

12 Hongla-Momba, Op. Cit., p. 136

14
L’article 82 du statut de la fonction publique parlementaire ne dit pas autre chose lorsqu’il
dispose que le respect et l’obéissance dus aux supérieurs hiérarchiques doivent se situer
« dans le cadre des textes en vigueur pour l’exécution du service public » Le pouvoir
hiérarchique est, en effet, soumis à diverses consultations qui ont pour effet d’en modérer
l’exercice. Ainsi, si l’autorité hiérarchique entend accomplir un acte, même non obligatoire,
elle doit le faire dans le respect de la loi et des règlements et en assumer la responsabilité.
En principe, le devoir d’obéissance disparaît lorsque l’exécution de l’ordre serait de nature
à constituer une illégalité flagrante et grave qui risquerait de compromettre gravement un
intérêt public.
Tout le problème est, cependant, de savoir ce que c’est qu’un ordre illégal.

3 : Le problème de l’ordre illégal.

De façon schématique on peut dire qu’est illégal tout ordre qui ne serait pas conforme aux
conditions, modalités d’exécution et fins du service public. En somme, serait illégal tout
ordre qui ne se situerait pas « dans le cadre des textes en vigueur pour l’exécution du service public ».
Ainsi, par exemple, un agent qui refuserait d’exécuter des courses domestiques
(personnelles) ordonnées par son supérieur hiérarchique ne peut pas être poursuivi pour
non-respect de l’obligation d’obéissance hiérarchique.

Mais les choses sont loin d’être toujours aussi simples, car le problème de l’ordre illégal a
été pendant longtemps au centre des débats doctrinaux. Aussi, deux thèses majeures en
guise de solutions ont été formulées.

3 .1 : La thèse de l’obéissance à la loi

Elle soutient que l’agent ne doit en toutes hypothèses obéissance qu’à la loi car il n’existe
pas de devoir d’obéissance au supérieur hiérarchique distinct du devoir d’obéissance à la
loi. Selon les auteurs de cette thèse, le pouvoir hiérarchique ne peut s’exercer en effet que
conformément à la loi et aux règlements en vertu du principe fondamental de la légalité qui
régit l’action administrative ; la puissance hiérarchique n’apparaissant dans cette
perspective que comme un corollaire du pouvoir d’exécuter les lois. Le rôle du supérieur,
dans cette logique, consisterait uniquement à donner, à ses subordonnés, des directives
conformes à la loi ; les subordonnés devant obéir non pas parce que l’ordre émane du
supérieur mais parce qu’il est pris en conformité avec la loi.

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Mais si l’ordre est illégal, il n’a au contraire aucune valeur juridique et le subordonné doit
refuser d’obéir. Toute la question est cependant de savoir si les agents sont toujours en
mesure de juger de la légalité des ordres qui leur sont donnés par leurs supérieurs
hiérarchiques. Question d’autant plus pertinente que non seulement ils ne sont pas tous
rompus aux principes de droit, mais en plus, d’un point de vue culturel, de nombreux
agents obéît aux ordres non pas parce qu’ils sont légaux, mais bien parce qu’ils émanent «
du chef ».

3.2. La thèse du primat du supérieur hiérarchique.

Opposée à la première école, cette deuxième thèse fait valoir qu’il ne saurait y avoir d’État
sans hiérarchie et toute Administration, quelle qu’elle soit, serait paralysée s’il était permis
à chaque agent subalterne de refuser l’obéissance au motif que l’ordre donné est illégal.

Selon les auteurs de cette thèse les subalternes accomplissent leurs fonctions non pas
sous l’obligation directe et unique d’observer la loi, mais sous l’obligation d’obéir au
supérieur hiérarchique qui s’interpose entre eux et la loi. Pour les défenseurs de cette
thèse, l’instruction qu’elle soit légale ou illégale s’impose avant tout à « l’inférieur » parce
que celui-ci est subordonné à son supérieur.

3.3. La solution aujourd’hui retenue.

De fait, à l’analyse aucune de ces deux thèses ne constitue une solution efficace au
problème de l’ordre illégal. C’est donc, en définitive, dans un compromis nécessaire que
les éléments d’une solution juridique harmonieuse ont été recherchés en reconnaissant
l’existence d’un devoir de désobéissance. Ce devoir de désobéissance est limité aux
ordres illégaux des supérieurs hiérarchiques lorsque lesdits ordres sont de nature à
compromettre gravement le service public.

Bien au contraire, il s’exposerait à des sanctions disciplinaires en obéissant. En d’autres


termes, l’agent ne peut s’exonérer de sa responsabilité en arguant du fait qu’il n’a obéit
qu’aux ordres, dès l’instant où ces ordres sont manifestement illégaux. C’est le cas, par
exemple, lorsque l’obéissance à l’ordre donné peut se traduire par la commission d’une
infraction pénale ; dans cette hypothèse, l’agent ne peut s’exonérer de sa responsabilité
pénale en invoquant le fait qu’il n’a obéit qu’aux ordres (Cf. article 70 al. 2 du Code pénal).

16
Il n’est nullement besoin, en effet, d’être un professionnel du droit pour comprendre qu’un
ordre enjoignant de donner des coups à une personne ne peut que se traduire par une
infraction pénale.

Section 3 : La déontologie administrative et l’éthique professionnelle


L'éthique est un mot couramment employé pour désigner plusieurs concepts souvent
bien différents. Les conceptions personnelles de l'éthique reposent souvent sur des
approches traditionnelles que l'on trouve dans la littérature : éthique de la vertu, de la
responsabilité, altruiste, etc. Ces approches apportent des contributions très
intéressantes sur le plan philosophique. Reposant sur des conceptions particulières de
l'être humain, du bonheur, de la liberté, du bien et du mal, elles apportent des
explications et une compréhension du monde qui sont elles aussi singulières. Ces
différentes approches de l'éthique peuvent, à certains moments, aider le répondant en
éthique qui fait face à des situations précises.

Parce qu'elle s'inscrit dans le paradigme de la gestion publique, la conception de l'éthique


présentée dans ce cours se rapproche des théories de la régulation. L'éthique n'est ainsi
présentée ni comme une finalité, ni comme une solution pour comprendre le monde qui
nous entoure. Elle est plutôt considérée comme un outil de gestion. Afin de bien cerner la
nature de l'éthique comme mode de régulation, une clarification conceptuelle s'impose. Ce
type d'exercice favorise d'ailleurs une compréhension globale et commune de l'éthique
pour l'ensemble des responsables et des fonctionnaires, de manière à favoriser des
interventions cohérentes à l'échelle gouvernementale
Il n'existe pas de définition convenue du terme "Ethique". Certains l'ont même assimilée à
la morale. La différence entre "la morale" et "l’Ethique" réside dans le fait que la morale est
liée à la conduite personnelle de l'individu, ses devoirs moraux et son respect des règles
conventionnelles.

L'éthique se réfère aux principes de base de l'action juste et les règles de la conduite
(Chapman 1993). Le terme éthique peut faire référence aux caractéristiques morales,
qu'elles soient présentes ou absentes ; ainsi, un administrateur ou un système
administratif est dit moral ou manquant de probité. Parfois, nous recherchons des valeurs
particulières, telles l'honnêteté ou le professionnalisme, mais souvent nous recherchons
simplement une sorte de conscience morale.

17
Le terme éthique peut se référer, en même terme, à quelque chose de différent, dénotant
un ensemble de caractéristiques assumées être présentes et susceptibles de prendre
différentes formes. Dans ce sens, les organisations sont toujours morales ; elles ne
diffèrent que dans les éthiques qu'elles représentent.

Un fonctionnaire pourrait être considéré comme manquant de probité si il ou elle s'écarte


des normes morales de l'organisation, alors que l'organisation ou l'institution, dans sa
totalité, ne pourrait être considérée ainsi (Rohr, 1978).

L’éthique professionnelle étudie les dispositions contraignantes de la déontologie


professionnelle. Elle suggère ce qui est souhaitable et condamne ce qui ne doit pas se faire
tandis que la déontologie compte sur les outils administratifs afin de garantir que la
profession soit exercée en toute éthique.

L’éthique professionnelle, par exemple, condamne tout fonctionnaire recevant de l’argent


pour publier une information tendancieuse en faveur d’une certaine personne,
organisation ou société.
Dans le monde des affaires, par ailleurs, l’éthique établie qu’un vendeur ne peut pas
réaliser des transactions hors du contexte de la société pour laquelle il travaille en tant
qu’employé.

La morale définit des principes ou des lois générales, l'éthique est une disposition
individuelle à agir selon les vertus, afin de rechercher la bonne décision dans une situation
donnée. La morale n'intègre pas les contraintes de la situation. L'éthique au contraire n'a
de sens que dans une situation. (Dans l’exercice d’une profession ex : L’enseignement, la
santé, la police…)

L'approche de l'éthique professionnelle doit reposer à la fois sur la dimension morale (il ne
peut s'agir d'ignorer les principes) et sur la dimension éthique (quelle décision est la
meilleure dans le cas présent) ? Lorsque cette réflexion devient collective et fait l'objet
d'une formalisation, la démarche devient déontologique, dans un sens large. Si ces règles
ont une valeur pour l'ensemble d'une profession et font l'objet d'une reconnaissance
officielle, il s'agit d'une déontologie au sens restreint. Si ces règles ont une valeur pour

18
l'ensemble d'une profession et font l'objet d'une reconnaissance officielle, il s’agit d’une
déontologie au sens restreint
une déontologie au sens restreint.

Ces règles ne diffèrent que dans les éthiques qu'ils représentent. Ce qui est intéressant
c'est de savoir comment un administrateur et/ou un responsable peut être considéré
comme ayant une conduite morale au sein d'un système ou une organisation dont les
mécanismes opérationnels manquent de probité. Ceci est une source importante des
dilemmes d'éthique des responsables du secteur public aussi bien dans les pays
développés, que dans ceux en voie de développement.

Une autre question conceptuelle nécessitant de la considération quant à l'éthique est celle
de la droiture et la responsabilité. La droiture fait référence à l'honnêteté individuelle, et
dans le cas de la conduite administrative, à la norme quasi universelle voulant que la
fonction publique en soi, ne doive pas être utilisée pour des gains privés.

En se basant sur le concept de la droiture, il semble que c'est bien l'éthique en tant que
droiture qui définit les frontières de la littérature comparative traditionnelle de corruption
et fournit généralement le contexte pour les débats portant sur la portée, le contenu et
l'applicabilité générale des codes d'éthique (Heidenheimer, 1970, Klitgaard, 1988).
Cependant, la rectitude administrative n'est pas un problème qui se prête à l'analyse
systématique, et ce car tel que l'affirme Lippmann (1930, 61) "nous ne pouvons jamais
étudier la corruption en elle-même, mais simplement la mise à nu de celle-ci".

 Par quelle démarche aborder l'éthique professionnelle ?


1) L’approche de l’éthique par les vertus

L'éthique peut être abordée par les valeurs ou par les vertus. On définit habituellement
en philosophie occidentale la vertu comme un « habitus de la volonté, acquis par répétition
des actes, et qui habilite l'homme à agir bien. » L’excellence d’un homme se mesure par
ses vertus.

Selon Socrate, repris par Platon, la vertu est la capacité de vivre un certain nombre de
principes et de valeurs dans la vie quotidienne dont la pratique permet de mener une vie

19
morale, c'est-à-dire d'agir en conformité avec ce qu'on pense. L'approche par les vertus
permet de comprendre la dimension éthique des décisions de façon cohérente et
structurée. Ces vertus que l'on peut qualifier de cardinales sont les suivantes :

L'approche par les vertus présente des avantages en termes de méthode. Les vertus étant
des dispositions à agir, elles permettent une déclinaison de l'éthique en comportements de
référence, dans un métier donné (enseignement, justice, police, gendarmerie, gestion des
marchés publics).

20
Il est ainsi possible de construire un référentiel de la dimension éthique du métier.

2) L’approche de l’éthique par les valeurs


La valeur est une qualité qui confère aux choses, aux faits ou aux personnes une
estimation, soit positive soit négative. Le mot "Valeur" se réfère donc à l'idée que possède
l'être humain de ce qui est acceptable et de ce qui ne l'est pas, de ce qui est vertueux de ce
qui est sans vertus. Les "Valeurs" indiquent l'importance accordée par l'individu à des
activités, des expériences ou des phénomènes et fournissent à l'individu sa ligne de
conduite personnelle (Dwivedi, 1978).

L’axiologie est la branche de la philosophie chargée de l’étude de la nature et l’essence de


la valeur. L'être humain est le seul être vivant qui puisse distinguer entre le mal et le bien,
le bon et le mauvais.

Elles sont également tout un ensemble d’exemples que la société propose au sein des
rapports sociaux. C’est pour cette raison qu’il est dit qu’une personne « a des valeurs »
dans la mesure où elle entretient des rapports de respect avec autrui. On peut dire que les
valeurs sont des croyances de haut rang, partagées par une culture et qui surviennent du
consensus social.

La théorie des valeurs implique l’existence d’une échelle, allant du positif au négatif. La
beauté, l’utile, le bon et le juste sont des aspects précieux aux yeux de la société. Les
valeurs des fonctionnaires peuvent en partie être à l'origine de dilemmes moraux,
principalement en raison de la faillibilité de l'être humain, sa soif du pouvoir, du prestige,
de la richesse et d'une position sociale privilégiée, plutôt que sa disposition à rendre
service honnêtement et en adhérant à des normes professionnelles.

L'obligation à laquelle fait face le fonctionnaire le place devant un dilemme, consiste dans
le fait de ne pas substituer ses valeurs personnelles par celles de la société ou de la
communauté, mais plutôt de donner la priorité aux valeurs susceptibles d'être bénéfiques
à la société ou à la communauté.

Il est regrettable que des jugements de valeur contradictoires (souvent contradictoires


pour le fonctionnaire seulement) puissent amener à une morale basse se répercutant
négativement sur le rendement inefficace de ces fonctionnaires et dans des cas extrêmes
se manifestant par une obéissance malicieuse, soit, à exécuter des politiques sans

21
informer les décideurs de leurs aspects négatifs

Les fonctionnaires occupent des positions clé ou y aspirent au sein de leurs institutions
respectives et étant donné qu'ils ont choisi de leur propre chef de devenir des
fonctionnaires, dans ces conditions, les valeurs du système doivent être considérées par
eux comme "normatives" et par conséquent constituent aussi ".... le point de départ de
leurs réflexions éthiques" (Rohr, 1978 : 59-60).

Disposant de différents jugements personnels, les fonctionnaires peuvent interpréter


différemment la même valeur sociétale. Ceci ne devrait pas embarrasser ou être pris pour
un signe de conduite contraire à l'éthique mais devrait plutôt mettre l'accent sur la
nécessité pour les fonctionnaires d'essayer de comprendre les valeurs sociétales à travers
l'interprétation d'une réflexion sur les valeurs du système.

La responsabilité de maintenir les normes d'éthique et de minimiser les comportements


immoraux au sein de la fonction publique incombe à la fonction publique elle-même.

L'être humain est le seul être vivant


qui puisse distinguer entre le mal et
le bien, le bon et le mauvais
Les Valeurs

Le mot "Valeur" se réfère donc à l'idée que


possède l'être humain de ce qui est
acceptable et de ce qui ne l'est pas, de ce
qui est vertueux de ce qui est sans vertus.

les "Valeurs" indiquent l'importance accordée par


l'individu à des activités, des expériences ou des
phénomènes et fournissent à l'individu sa ligne de 91
conduite personnelle (Dwivedi, 1978).

22
La distinction entre éthique et déontologie

La déontologie s'applique au monde professionnel en établissant une série de règles et de


devoirs auxquels sont soumis les membres d'une même activité professionnelle ou d'un
corps de métier. À la différence de l'éthique professionnelle, qui définit ce qu'un individu
particulier estime comme moralement correct dans sa profession, la déontologie
professionnelle est un code de conduite qui s'applique à tous les professionnels. Le mot
déontologie désigne l’ensemble des devoirs et des obligations imposées aux membres
d’un ordre ou d’une association professionnelle.

Comme les règles de droit, les règles déontologiques s’appliquent de manière identique à
tous les membres du groupe, dans toutes les situations de la pratique (cas des
fonctionnaires). Une autorité est chargée de les faire respecter (supérieur hiérarchique
immédiat et ministre de la fonction publique) et d’imposer des sanctions en cas de
dérogation.

Exemple de règles déontologiques :


 le secret médical dans les professions de la santé et l'interdiction de dévoiler des
informations sur leurs patients ;
 le secret professionnel pour les fonctionnaires et l'interdiction de dévoiler des
informations sur les services et les collègues de service ;
 l'interdiction pour (un enseignant ou un responsable administratif) en service à
l’ENAM de profiter de sa fonction administrative ou d’enseignant pour obtenir des
avantages en sa faveur.

Le mot Éthique vient du Grec « Ethos », qui fait référence au comportement et au caractère
d'un individu, et sa manière d'être en général. C'est en quelque sorte la science de la
morale qui essaie de définir ce qui est bien et ce qui est mal.

La finalité de l'éthique est de définir les comportements des Hommes dans le but d'obtenir
une société idéale et le bonheur de tous. Il n’est pas nécessaire, pour se conformer à la
déontologie, de réfléchir aux valeurs qui la sous-tendent ni même de partager ces valeurs.

23
L’éthique, au contraire, invite le professionnel à réfléchir sur les valeurs qui motivent son
action et à choisir, sur cette base, la conduite la plus appropriée. La réflexion éthique fait
appel à l’autonomie, au jugement et au sens des responsabilités. Quand un fonctionnaire
décide, sur la seule base de ses valeurs, de refuser une signature de complaisance, rien ne
l’y oblige sauf lui-même.

La même décision, cependant, peut être dictée par la loi. Il est fréquent que l’on obéisse
aux règles parce qu’elles émanent d’une autorité, parce que l’on craint une sanction ou
simplement par habitude.

La déontologie est assez précise quant à ce que le professionnel doit faire ou éviter dans
les situations courantes de la pratique. Dès qu’une seule règle claire s’applique à une
situation, la conduite à suivre est fixée d’avance. Toutefois, lorsque deux règles ou plus
s’appliquent à la même situation, il peut être plus difficile de savoir quelle conduite
adopter.

L’éthique ne définit pas d’avance la conduite appropriée, mais elle propose une méthode
réflexive pour la trouver, notamment dans les conflits de valeurs ou quand une action
permise par les règles paraît malgré tout discutable du point de vue de l’idéal de pratique.

La responsabilité par rapport aux conséquences


Reprenons l’exemple de la signature de complaisance. Un fonctionnaire peut la refuser en
disant simplement qu’il est obligé d’obéir aux règles de son ordre professionnel. L’éthique
lui demande davantage : assumer personnellement ce refus, être capable de le justifier sur
le plan des valeurs, reconnaître l’impact négatif de son choix et proposer, dans la mesure
du possible, une façon d’y remédier. Ces différences, il est facile de le constater, font de
l’éthique et de la déontologie des ressources complémentaires.

24
Lien déontologie - éthique professionnelle

La déontologie et l’éthique

Des outils pour les personnes, des processus et des organismes intègres.
 Une citation……de qui ?
« Je supposerai d’abord la corruption à son dernier terme, afin de la prendre au point où la
difficulté est la plus grande. En effet, il n’y a ni lois ni Constitution qui puisse mettre un frein à la
corruption universelle ; car comme les bonnes mœurs, pour se maintenir, ont besoin des lois, les
lois à leur tour, pour être observées, ont besoins de bonnes mœurs.

En outre, les constitutions et les lois faites par une république à son origine, lorsque les hommes
étaient bons, ne peuvent plus convenir lorsqu’ils sont devenus méchants. Or il arrive que les lois
changent selon les évènements, mais jamais, sinon rarement, on voit ses institutions changer ; ce
qui fait que les lois nouvelles ne suffisent pas, parce qu’elles ne cadrent pas plus avec les
institutions qui elles, demeurent ».

L'éthique en tant que responsabilité fait référence à la question de savoir auprès de qui ou
de quoi, l'administrateur cherche-t-il la conduite morale, en établissant, à titre d'exemple,
des choix politiques complexes et dans l'exercice des directives administratives.

Vu la grande différence qui existe entre les systèmes et les cultures à cet égard, il semble
être bien plus difficile d'établir des critères d'éthique qui englobent la responsabilité que
de s'appuyer sur la droiture.

Une fois que l'on quitte le monde ordonné de la justice sociale et administrative,
l'ambiguïté règne. Dans la plupart des cas, le bien et le mal baignent dans la confusion en
raison des interprétations litigieuses souvent ancrées dans des clivages sociaux
politiques bien établis (Ajuogu, 1983: 387). (Analyse et débats)

L’éthique revêt un sens étendu ou macro à même d'être appliqué a toutes les cultures et à
tout moment. Mais il a également un sens restrictif ou micro en relation à une société
spécifique ou groupe sociétaire. La perception macro appartient au bien ou au mal, au bon

25
ou au mauvais, alors que la perception micro fait référence à la manière d'interpréter le
bien ou le mal, le bon ou le mauvais, par une société spécifique, groupe sociétaire ou
même un individu (Dwivedi, 1978).

26
CHAPITRE 2 :
L’ETHIQUE PUBLIQUE

27
Les objectifs d’apprentissage

A la fin de ce chapitre les élèvent devront être capables de :


 appréhender le contexte de l’intégration de l’éthique dans la gestion des affaires
publique
 définir l’éthique publique ;
 connaitre les exigences de plus en plus croissantes du citoyen en matière d’éthique
dans la gestion des affaires publiques
 connaître les fondamentaux en matière d’éthique publique ;
 identifier les facteurs favorables et défavorables au maintien des comportements
éthiques dans la gestion publique ;
.
Propos introductifs
Le service public doit incarner la confiance du public (Pourquoi). La fonction publique est
dépositaire de la confiance du public. Un service public équitable et fiable contribue au
bon fonctionnement des marchés, à la croissance économique et crée un environnement
favorable pour les entreprises.
Débats de 10 mn.

Les citoyens attendent des responsables publics qu’ils servent l’intérêt général en faisant
preuve d’impartialité et en gérant quotidiennement les ressources publiques de manière
appropriée, transparente, efficace et efficiente L’éthique dans le service public est
nécessaire à la confiance du public et la renforce. L’éthique publique constitue la clé de
voute d’une bonne gouvernance

 La question qui se pose est de savoir :


 que faut-il faire pour intégrer l’éthique dans le comportement des responsables
publics ?
 que faut-il faire pour réveiller et renforcer l’éthique dans le service public
aujourd’hui dans les services publics au Burkina Faso ? (échanges et débats)

La réflexion sur l’éthique publique a un double objectif :

28
 en interne elle permet l’adaptation des structures en fonction des valeurs
développées
par l’organisation (le service, le ministère, la fonction publique) ;
 en externe elle contribue au dialogue entre l’organisation et la société.

De là vient l’intérêt de développer des outils de gestion par les valeurs comme la culture
organisationnelle pour donner du sens aux actions des acteurs et d’assurer la cohésion
sociale.
Les changements ont brouillé les repères et les valeurs qui concouraient à l’unité et à
l’identité des collectivités publiques. Ce séisme sociétal a fait émerger une préoccupation
centrale : le besoin d’intégrer les valeurs des principes éthiques qui guideront les actions
des parties prenantes à l’interne et à l’externe de nos organisations publiques.

La formalisation du processus éthique et son imbrication dans la structure constituent la


meilleure réponse à la préoccupation d’intégrer la dimension éthique dans l’organisation
(par exemple dans la gestion de la fonction publique). La mise en application d’une
stratégie éthique dépend des spécificités organisationnelles. Il est indispensable pour
chaque organisation d’identifier les facteurs favorables et défavorables au maintien des
comportements éthiques

Dans ce chapitre nous aborderons successivement :


 le contexte de l’intervention et connaitre les exigences de plus croissantes du
citoyen en matière d’éthique dans la gestion des affaires publiques ;
 les fondamentaux en matière d’éthique publique ;
 les facteurs favorables et défavorables au maintien des comportements éthiques
dans la gestion publique ;
 les principes (les valeurs) pour favoriser la gestion de l’éthique dans le service
public.

Section 1 : Contexte de l’intervention et connaitre les exigences de plus en plus

29
croissantes du citoyen en matière d’éthique dans la gestion des affaires publiques

A. Le contexte de l’intervention
Un État démocratique doit, pour bien assumer sa mission d’intérêt public et les
responsabilités qui en découlent, compter sur le soutien d’une fonction publique moderne
et compétente, dont les membres partagent certaines valeurs fondamentales et respectent
les règles d’éthique propres au secteur public.

C’est ainsi que chaque employée et employé de l’État doit, tout en faisant constamment
preuve de respect envers les citoyennes et les citoyens du Burkina Faso, se comporter de
manière telle que l’intégrité et l’efficacité de l’administration publique soient assurées en
toute circonstance.

Ces exigences deviennent primordiales dans un contexte de changement, de réingénierie


de l’État, d’insécurité et tout récemment avec l’apparition de la pandémie du COVI-19, l’Etat
doit se recentrer sur ses missions essentielles à savoir assurer des services de qualité
avec transparence et efficacité et à développer de nouvelles façons de faire, dans le
respect d’un certain nombre de principes ci-après :

 Etat de droit et de démocratie ;


 Multipartisme et émergence et renforcement des capacités de la société civile ;
 Exigence des citoyens pour une prestation de qualité des services publics ;
 La promotion de la gouvernance : un virage obligé ;
 La transparence de l’action administrative ;
 La rareté des ressources ;
 La globalisation ;
 Le multiculturalisme ;
 La crise de la confiance des citoyens en l’Etat.
 Les exigences de plus croissantes des citoyens

B. Les exigences de plus en plus croissantes des citoyens pour une prestation éthique

30
et de qualité des services publics

Si les dernières années ont été riches de pressions médiatiques et de scandales éthiques,
c'est beaucoup parce que les citoyens et les différents partenaires de l'État (partenaires
sociaux, société civile, PTF et ONG) sont plus exigeants à l'égard du gouvernement et de
ses agents en matière de transparence et de responsabilité dans la gestion des affaires
publiques. L'exigence de performance éthique et de reddition de comptes s'intensifie et
exerce des pressions importantes.

Aussi, au cours des dernières années, différentes manifestations ont démontré qu'il y a
une crise de confiance des citoyens envers les institutions publiques13. Nous constatons
que ce malaise existe dans plusieurs sphères de l'espace public (justice, enseignement,
police, douanes, marchés publics …..). Ainsi, les organisations publiques doivent être plus
transparentes et éviter les manquements éthiques. Sinon, cette crise de confiance pourrait
se transformer en une crise de légitimité plus grande, au point où les institutions et, par le
fait même, les fondements mêmes de notre démocratie seraient remis en question13. Bref,
il faut toujours maintenir la confiance du public envers les institutions démocratiques.

Ces éléments, ajoutés à d'autres études plus larges sur la confiance 14, devraient expliquer
l'institutionnalisation de l’éthique dans la fonction publique, dont l'objectif est de bien
camper l'utilité pour les organisations publiques de renforcer ou de regagner la confiance
des citoyens envers l'administration publique.

Les questionnements et les exigences en matière d'éthique ne cessent d'exercer de la


pression sur les organisations pour que celles-ci améliorent leur performance et leur
leadership éthique. Dans ce contexte, les différents services publics devraient mettre en
place des mécanismes et des dispositifs afin d'assurer que leurs activités respectent les
principes d'éthique et de transparence. Ces mécanismes et dispositifs font partie de ce
que l'on nomme « système d’éthique ». Ainsi, qu'il s’agisse de la création de codes de
conduite, d'éthique et de déontologie, de déclarations de valeurs, ou de formation en
éthique, le sujet est clairement à l'ordre du jour et ne semble pas vouloir perdre de l'intérêt.

En sus de répondre aux attentes des citoyens, et de cette crise de confiance, l'État

31
burkinabè n'est pas à l'abri des changements rapides dans le monde du travail. Les
fonctionnaires font face à beaucoup de « zones grises » et évoluent dans un cadre
normatif de plus en plus complexe et spécialisé. L'éthique, par exemple, se retrouve alors
liée aux normatifs qui sont traditionnellement associés au domaine des relations de travail,
comme le droit, les règles administratives, la déontologie. D'autres facteurs expliquent
l'importance de l'éthique dans le travail des agents publics. La mobilité du personnel, le
renouvellement de la fonction publique, la multiplication des partenaires : voilà autant de
facteurs qui complexifient le rôle du fonctionnaire dans l'administration publique moderne
et qui ouvrent la porte à de nouveaux risques éthiques pour celle-ci15.

Ainsi, l'efficacité, la transparence, la saine gestion des fonds publics et l'éthique sont
devenues des paramètres indissociables et incontournables pour l'État démocratique
moderne. Dans ce contexte de mutation du monde du travail, l'éthique dans la fonction
publique burkinabè qui est complémentaire aux autres concepts inhérents à une bonne
gouvernance, doit servir de repère pour aider les fonctionnaires à s'adapter à ces
nouvelles réalités. C'est dans ce contexte complexe et exigeant, mais à la fois stimulant et
mobilisateur, que s'inscrit le rôle de l’éthique professionnelle dans notre administration.
______________________________
14 BELLAVANCE, Joël-Denis, Méfiance extrême des Québécois envers leurs élus, « La Presse. ca. ; [en ligne], le
10 avril 2012, http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/politique-
canadienne(201110/18/014458593mefiance-extreme-des-quebecois-envers-leurs-elus.php
15 BOISVERT, Yves (2002). « Crise de confiance et crise de légitimité ; de l'éthique gouvernementale à l'éthique publique
», Éthique publique ; no 4 (printemps), p. 19-31. 4 LUHMANN, N. (2006). La confiance ; Paris, Économica

16 Pour en savoir plus sur les raisons qui expliquent l'insertion de l'éthique dans certaines normativités liées au
monde du travail, voir l'ouvrage suivant : BÉGIN, Luc (2009). L'éthique au travail ; Liber, 143 p.
MICHAUD, Nelson et collab (2011). Secrets d’États ? Les principes qui guident l'administration publique et ses
enjeux contemporains ; 810 p.

32
Section II. Les fondamentaux en matière d’éthique publique

II.1. Quelques définitions de l’éthique

Etymologiquement le mot « éthique » est un synonyme d’origine grecque de « morale » tandis


que la morale est un ensemble de règles ayant un caractère universel, irréductible, voir éternel,
l’éthique s’attache aux valeurs et détermine de façon relative dans le temps et dans l’espace en
fonction de la communauté humaine à laquelle elle s’intéresse. (La fonction publique par
exemple).

L’éthique peut également être définie comme une réflexion sur les comportements à adopter pour
rendre le monde humainement habitable. En cela, l’éthique est une recherche d’idéal de société
et de conduite de l’existence. » Pour le philosophe André comte- sponville, l’ordre morale se
distingue de l’ordre éthique. Pour lui, la morale est ce qu’on fait par devoir (en mettant en œuvre
la volonté) et l’éthique est tout ce que l’on fait par amour (en mettant en œuvre les sentiments)

Par éthique dans le service public, on entend un ensemble de principes et de normes de


comportements adéquats dans l’administration publique. L’éthique dans le service public vise à
empêcher les délits de fonction (corruption, concussion, manque de probité, d’intégrité, trafic
d’influence, népotisme, favoritisme, immixtion de la politique dans la gestion de l’administration
publique …, devenus de plus en plus nombreux dans le cadre du service public dans notre pays.

L’éthique dans la gestion publique semble un système de normes et de valeurs de conduite visant
à orienter le comportement des agents publics afin de construire et améliorer le rapport à soi, aux
autres et à l’administration publique dans une perspective d’accroitre l’efficacité de leurs actions.

33
La définition opérationnalisée de l’éthique publique éthique

Définition opérationnalisée du concept éthique

Organisation actions
professionnelles

Confrontation
Bonnes pratiques

action/éthique
Valeurs et
publiques
éthiques
normes

Rapport à soi confronter son estime


de soi
individu Rapport aux autres donner confiance aux
autres
Rapport à l’organisation produire du sens

Cette figure met en l’accent sur la nécessité d’adapter des


comportements éthiques en vue d’atteindre un niveau d’efficacité
dans l’organisation, 108

34
II.2 L’origine des comportements éthiques et non éthiques des acteurs publics

Le contexte organisationnel a une meilleure influence sur le développement de


comportements éthique de l’individu (Pourquoi ?). Le comportement éthique au sein
de l’organisation ne dépend pas uniquement de la structure organisationnelle, il est
aussi fonction de la culture organisationnelle et de l’éthique individuelle.

Si l’éthique individuelle se construit tout au long du processus de socialisation de


l’acteur, elle peut, toutefois, être influencée par une action culturelle de l’organisation
(explications). L’organisation qui envisage la promotion de comportements éthiques a
intérêt à ne pas perdre de vue les connexions avec la culture organisationnelle.

L’origine des comportements éthiques et non éthiques des acteurs publics

II.3 les niveaux de développement de l’éthique

35
La conscience éthique se développe à trois niveaux :

 Au niveau de l’individu, on constate que plus le gestionnaire développe


son raisonnement éthique, plus il aura tendance à prendre conscience de ses
actions, à assumer la responsabilité, et à s’exposer à toutes les conséquences
engendrées par ces mêmes actions ;
 Au niveau de l’organisation et selon Maclagan (1998), le développement
éthique s’exprime en termes de développement de la vision, de la culture,
des stratégies, du type de leadership, de systèmes, des processus et des
objectifs. Au-delà d’une simple conformité aux normes et aux valeurs,
l’éthique peut être concrétisée en action au sein de l’organisation. (le
service, la direction générale, l’EPE et toute la fonction publique).

La culture organisationnelle

On définit la culture d'une organisation comme étant les valeurs et les normes
partagées par les personnes de l'organisation. Cette définition est assez vague et
difficile à visualiser, telles les choses que les gens disent, la manière dont ils
s'entendent, les activités qu'ils entreprennent et refusent, la manière dont les
clients/groupes cibles sont traités et pris au sérieux, la procédure réelle d'embauche
et de licenciement des personnes, la manière de récompenser le personnel, le temps
passé en discussions sur les salaires, les politiques, etc.

La culture, c'est en général la manière dont les choses sont faites (et vues) dans
l'organisation. On entend parfois dire « c'est la manière dont ça se passe ici ». La
culture reflète les normes et valeurs que les gens ont individuellement, en groupe ou
collectivement (l'organisation).

Cela indique qu'il n'y a peut-être pas juste une culture organisationnelle, mais plutôt
différentes sous-cultures qui peuvent être complémentaires ou en conflit et en lutte
pour la suprématie. Des problèmes dans les différents éléments de l'organisation se
manifesteront s'il y a trop de personnes ayant des vues différentes de l'organisation
et de leur fonctionnement dans la même organisation.

36
Il en est de même si la culture organisationnelle ne correspond pas à la culture de
l'environnement national, régional de l'organisation ou à l'environnement propre à
l'organisation. Certaines organisations semblent avoir une culture collective assez
forte : ou bien des sous-cultures sont incorporées dans la culture de la société ou
bien elles sont totalement absentes.

Shell et les firmes japonaises en sont de bons exemples. Un moyen important de


créer une culture forte est la sélection du personnel et des processus de socialisation
délibérés dans lesquels les personnes sont endoctrinées sur la façon de penser et
de se comporter au sein de l'organisation.

Le troisième niveau de développement de l’éthique peut être observé à travers


l’interaction des parties prenantes de l’organisation. Exemples : les usagers du
service, les syndicats, la société civile, les fournisseurs, les partenaires …etc.
L’organisation a des responsabilités envers chacune de ses parties prenantes.
L’éthique dépasse le cadre de la seule conscience individuelle et se propage dans
toute l’organisation et ses parties prenantes.

37
Section III. Les facteurs favorables et défavorables au maintien des
comportements éthiques dans les services publics

38
Le manque de rigueur dans la gestion administrative et financière engendre des
niveaux catastrophiques de corruption et de mauvaise gouvernance. Le
détournement des ressources de l’Etat compromet la dignité de la fonction publique,
trahit la confiance des administrés honnêtes en celle-ci et fausse les rouages de
l’administration publique.

L’inefficacité des partenaires externes peut causer un dommage au regard de l’intérêt


général traduit par une baisse de qualité, un surcoût et un dépassement des délais.
Les facteurs économiques défavorables au maintien des comportements éthiques
nous renseignent sur les tendances qui conduisent à la modification, voir le

39
remplacement des procédures normales par d’autres qui s’écartent des principes
d’intégrité, d’équité, d’éthique professionnelle, et surtout de légalité.

Le souci de maintenir des normes éthiques pousse les collectivités publiques locales
à s’attaquer au problème de l’intérieur en créant un climat éthique et en adoptant un
code éthique. Le but est de modifier certaines habitudes culturelles défavorables au
respect des règles et principes éthiques, d’une part, et de préciser les lignes de
conduite que chaque acteur public doit s’aligner, d’autre part. La GRH joue un rôle
important dans le développement des compétences, la motivation et la loyauté du
personnel en mettant en avant les valeurs morales d’honnêteté et d’efficience dans
la prestation du service public.

L’attachement à des valeurs religieuses et spirituelles constitue aussi un facteur


socioculturel favorable au maintien des comportements éthiques dans la mesure ou
les préceptes religieux définissent les règles et inspirent les choix des acteurs de
l’organisation. Néanmoins, le fonctionnement très réglementé et parfois très rigide
des organisations publiques, provoque des disfonctionnements bureaucratiques avec
des phénomènes d’engrenage, voire le blocage.

Cette culture administrative orientée vers la bureaucratisation peut être interprétée


comme une variante endogène qui va de pair avec le non-respect de certaines
normes. Ce facteur génère un autre à savoir : le rejet de l’initiative personnelle. A
cela s’ajoute d’autres lacunes au niveau du système de contrôle et de sanction dues
à une forte politisation du secteur public.

Une culture privilégiant des comportements non éthiques du fonctionnaire est aussi
une conséquence du mode de vie de la société dont il est issu et dans laquelle se
déroule son activité professionnelle.

En ce sens la prédominance, au sein de la société, du personnalisme, du loyalisme,


du régionalisme et du tribalisme allant vers la famille et les amis et non vers l’Etat ou
l’administration d’une part, et la présence des inadaptés sociaux et intouchables,
d’autre part, ont des effets importants sur le comportement des fonctionnaires

40
L’éthique est un ensemble de valeurs et de normes de conduite visant à orienter le
comportement des agents publics. Ces normes et valeurs proviennent à la fois de la
structure organisationnelle et de la culture organisationnelle. Sur le plan éthique, les
organisations sont différenciées selon le niveau de développement des pratiques
éthiques au niveau de l’individu, de l’organisation et des parties prenantes. Si
aujourd’hui les administrations publiques expriment leur besoin de développer et
maintenir les comportements éthiques, c’est par ce qu’elles se placent face à des
enjeux impliquant plus de contrôle à postériori, plus de flexibilité et plus d’autonomie
.
Section IV : Les principes propres à favoriser la gestion de l’éthique
dans les services publics.
1s normes éthiques applicables au service public devraient être claires
4.1. Les normes éthiques applicables au service public devraient être claires

Les détenteurs d’une charge publique ont besoin de connaître les principes et les
normes fondamentales qu’ils sont censés appliquer dans leur travail ainsi que les
limites de ce qui constitue un comportement acceptable.
3.1. Les normes éthiques applicables au service public devraient être claires
4.2. Les normes éthiques applicables au service public devraient être claires

Les détenteurs d’une charge publique ont besoin de connaître les principes et les
normes fondamentales qu’ils sont censés appliquer dans leur travail ainsi que les
limites de ce qui constitue un comportement acceptable.

4.3. Les détenteurs d’une charge publique devraient pouvoir bénéficier de


conseils dans le domaine de l’éthique.

L’intégration professionnelle devrait contribuer au développement de la faculté


d’appréciation et des compétences indispensables permettant aux détenteurs d’une
charge publique d’appliquer les principes éthiques à des cas concrets.

4. 4. Les détenteurs d’une charge publique devraient connaître leurs droits et


leurs obligations lorsqu’ils révèlent des actes répréhensibles

41
Les détenteurs d’une charge publique ont besoin de connaître leurs droits et leurs
obligations quant à la mise en évidence d’actes répréhensibles réels ou présumés
dans le cadre du service public. Il devrait exister notamment des règles et des
procédures claires que les agents doivent suivre et une chaîne de responsabilité bien
définie.
Les détenteurs d’une charge publique ont également besoin de savoir de quelles
protections ils bénéficieront lorsqu’ils révéleront des actes répréhensibles. (les
lanceurs d’alerte).

4.5. L’engagement des responsables politiques en faveur de l’éthique devrait


renforcer le comportement éthique des détenteurs d’une charge publique

Les responsables politiques ont le devoir de maintenir un niveau élevé de rectitude


dans l’exercice de leurs fonctions officielles. Leur engagement est démontré par
l’exemple et par des mesures qui ne peuvent être prises qu’à l’échelon politique, par
exemple en mettant en place des dispositifs législatifs et institutionnels qui renforcent
les comportements éthiques et sanctionnent les actes répréhensibles.

4.6. Le processus de prise de décision doit être transparent et faire l’objet de


contrôle

Le public a le droit de savoir comment les institutions publiques utilisent les pouvoirs
et les ressources qui leur sont confiés. La surveillance exercée par le public devrait
être facilitée par des procédures transparentes et démocratiques, par le contrôle
parlementaire et par l’accès aux informations officielles.

4.7. Il devrait exister des lignes directrices claires en matière de relations entre
le secteur public et le secteur privé

Des règles claires définissant les normes éthiques devraient guider le comportement
des détenteurs d’une charge publique dans leurs relations avec le secteur privé, par
exemple en ce qui concerne les marchés publics, la sous-traitance ou les conditions
d’emploi dans le secteur public.

42
4 .8. Les gestionnaires devraient promouvoir un comportement éthique

Un cadre organique qui encourage des normes de conduites élevées en fournissant


des incitations appropriées à un comportement conforme à l’éthique, comme des
conditions de travail et une évaluation efficace des performances, a une incidence
directe sur la pratique quotidienne des valeurs et des normes éthiques du service
public.

Les gestionnaires ont un rôle important à jouer à cet égard en assurant une direction
cohérente et en se comportant en modèles exemplaires sur le plan de l’éthique et de
leur conduite dans leurs relations professionnelles avec les dirigeants politiques, les
autres détenteurs d’une charge publique et les citoyens.

4.9. Les politiques, les procédures et les pratiques de gestion devraient


favoriser un comportement conforme à l’éthique

Les politiques et les pratiques de gestion devraient permettre de démontrer


l’attachement d’un organisme aux normes éthiques. Il ne suffit pas que les
administrations publiques se contentent de se doter de structures fondées sur le
respect de règles

Les seuls systèmes fondés sur le respect de règles peuvent involontairement


encourager certains détenteurs d’une charge publique à se contenter d’opérer à la
limite de comportements répréhensibles, en faisant valoir que s’ils n’enfreignent pas
la loi, ils agissent de manière conforme à l’éthique. Les pouvoirs publics ne devraient
pas seulement définir les normes minimales en deçà desquelles les actions d’un
agent public ne seront pas tolérées mais aussi énoncer clairement un ensemble de
valeurs du service public auxquelles les agents devraient aspirer.

4.10. Les conditions d’emploi propres à la fonction publique et la gestion des


ressources humaines devraient favoriser un comportement conforme à
l’éthique.

43
Les conditions d’emploi dans le service public, par exemple les perspectives de
carrière, le développement personnel, ou un niveau approprié de rémunération, ainsi
que les politiques de gestion des ressources devraient créer un environnement qui
conduise à un comportement conforme à l’éthique. Le respect de principes
fondamentaux, comme le mérite qui doit être garanti de façon cohérente dans le
recrutement et la promotion, permet de mettre en œuvre le principe d’intégrité dans
le service public.

4.11. Des mécanismes adaptés permettant de rendre compte devraient être mis
en place dans le service public

Les détenteurs d’une charge publique devraient rendre compte de leurs actions
devant leurs supérieurs, et, de manière plus large, vis-à-vis du public. L’obligation de
rendre compte devrait porter à la fois sur le respect des règles, des principes
éthiques, des résultats obtenus et surtout sur la gestion des ressources financières et
matérielles.

Les mécanismes permettant de rendre compte peuvent être internes à un organisme,


ou bien concerner l’ensemble de l’administration. Les mécanismes visant à renforcer
l’obligation de rendre compte peuvent être conçus de manière à permettre des
contrôles appropriés tout en ménageant une gestion suffisamment flexible.

4.12. Des procédures et des sanctions appropriées devraient exister en cas de


comportement fautif

Des mécanismes permettant de détecter des actes répréhensibles comme la


corruption et d’enquêter de manière indépendante à leur sujet sont un élément
indispensable d’une infrastructure de l’éthique. Il faut disposer de procédures fiables
et de ressources pour surveiller les manquements aux règles du service public, les
signaler et enquêter sur ces manquements.

Il faut disposer également des sanctions administratives ou disciplinaires adaptées


afin de décourager les comportements fautifs. Les gestionnaires devraient exercer un
jugement approprié lors de la mise en œuvre de mécanismes résultant de la
nécessité de mener des actions dans ce domaine.

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Les règles d’éthique généralement citées dans la gestion des services publics
Parmi les obligations liées à la gestion des services publics, en dehors des
obligations dites de service (l’obligation d’exercer la fonction et l’obligation
d’obéissance hiérarchique, on a les obligations d’état. Cette dernière catégorie
d’obligations est d’essence éthique).

Section V. Les règles (valeurs) d’éthique dans la gestion des


services publics

Les obligations d’Etat (Morale professionnelle

Elles sont moins directes que celle liées à l’exercice de l’emploi. Elles se rapportent
essentiellement à l’attitude générale qui doit être celle d’un agent public vis-à-vis de
son service, mais également des usagers du service. Elles sont susceptibles de
varier en fonction d’un changement dans l’ordre éthique. Certaines de ces
obligations se prolongent dans la vie privée de l’agent.
Huit grandes catégories sont à distinguer :
1. l’obligation de loyauté ;
2. le devoir de probité ;
3. l’intégrité
4 le népotisme
5 .la conformité
6. le respect du secret ;
7. l’obligation de réserve ;
8. l’obligation de dignité.

A. qu’est-ce que l’obligation de loyauté ?


C’est, schématiquement, l’obligation faite à tout agent public d’avoir le sens de l’Etat,
c’est-à-dire le sens de l’intérêt général Cette obligation signifie que : « les agents de
la fonction publique ont pour obligation fondamentale de servir avec loyauté, probité
et patriotisme, les intérêts de la collectivité nationale et de l’Etat. Ils doivent en toutes
circonstances respecter et faire respecter l’autorité de l’Etat.

45
Dans les faits :
Cette obligation consistera pour le fonctionnaire à éclairer ses supérieurs et à mettre
correctement en œuvre les instructions reçues. En cas de conflit entre ses
convictions personnelles et les lois de l’Etat, c’est à l’agent de savoir observer la
réserve nécessaire, car « l’agent public ne doit pas, au regard de son appartenance
politique ou de ses propres croyances idéologiques, religieuses influencer ou biaiser
les politiques, décisions ou actions que l’administration a décidé de définir, de
prendre ou de mettre en œuvre » (cf. art. 26 al. 3 de la charte africaine de la FP).
B. : qu’est-ce que le devoir de probité ?

Définition de probité

Etymologie : du latin probitas, bonne qualité morale, honnêteté, loyauté, droiture,


intégrité, honneur, dérivé de probus, bon, probe, honnête, vertueux, intègre, loyal. La
probité est la qualité de ce qui est probe, c'est-à-dire droit, honnête, incorruptible,
intègre, exigeant envers soi-même. La probité est une qualité morale de droiture, de
bonne foi et d'honnêteté qui se manifeste par l'observation rigoureuse des règles
morales et des principes de la justice.

Au sens du dictionnaire usuel de la langue française, la probité signifie « droiture,


intégrité, honnêteté scrupuleuse ». C’est donc dire que toute personne travaillant
pour le compte d’une administration publique doit faire preuve de toutes ces qualités
morales.

En d’autres termes, «la probité serait la vertu qui, d’une part, permet à l’agent
public de respecter et de gérer la chose publique et d’en répondre, et d’autre
part, l’astreint à une honnêteté totale en toute circonstance ». Tout agent public
qui enfreindrait cette obligation, se rendrait coupable de prévarication ; une infraction
définie comme étant le fait, pour un fonctionnaire de manquer gravement aux devoirs
de sa charge, soit par mauvaise foi, soit par intérêt.

Cependant, quand bien même elle fait obligation aux agents publics de s’acquitter de
leurs tâches avec probité, on remarque que la loi (les différents statuts portant statut
des fonctions publiques) ne définit pas cette obligation de façon positive.

46
C’est-à-dire qu’elle ne définit pas les comportements qui constituent la probité, mais
plutôt les éléments qui peuvent être considérés comme des manquements au devoir
de probité. Certains de ces manquements sont même des infractions pénales
prévues et punies par le Code pénal.

Sont ainsi considérés comme des manquements au devoir de probité :


 La loyauté ;
 la prise illégale d’intérêts ;
 la concussion ;
 Le népotisme
 la corruption ;
• le trafic d’influence ;

Exemples : la probité intellectuelle, un homme de grande probité


Synonymes : rectitude, droiture, honnêteté, incorruptibilité, intégrité, loyauté,
moralité.
Antonymes : malhonnêteté, fourberie, duplicité.
Le manquement à la probité pour un agent public constitue une faute disciplinaire,
qui peut être sanctionnée pénalement.

La probité en politique
La probité que les citoyens attendent d'un homme politique prend en compte les
spécificités liées à leurs fonctions lorsqu'ils sont dépositaires de l'autorité publique ou
chargés d'une mission de service public.

Exemples : exemplarité, transparence, résistance aux tentations qu'offre le pouvoir.

Exemples de manquements à la probité pour les hommes politiques :


 conflit d'intérêts,
 concussion ;
 conflit d'intérêts ;
 corruption ;
 détournement de fonds publics ;
 faux en écriture publique ;

47
 favoritisme ;
 fraude électorale ;
 manque de transparence dans la déclaration de patrimoine ;
 prise illégale d'intérêts ;
 prise de participation,

A. Qu'Est-ce que la prise illégale d’intérêts ?

Selon les dispositions statutaires en vigueur, il y a prise illégale d’intérêt, lorsque


l’agent « prend, par lui-même ou par une personne interposée, sous quelque
dénomination que ce soit, des intérêts dans une entreprise dont il a ou avait
l’administration, la gestion ou le contrôle »

C’est ce que l’on appelle aussi « obligation de désintéressement » qui peut se définir
comme étant l’interdiction faite à l’agent public, en activité, en détachement ou en
disponibilité, de prendre des intérêts dans les entreprises ou les opérations dont il a
ou dont il a eu l’administration ou la surveillance. Cette obligation s’impose à lui,
même après sa sortie définitive de fonction, et cela pendant une période de trois ans
(Cf. articles 165 à 169 du statut général des agents des collectivités locales et 181 à
185 du statut de la fonction publique parlementaire).

L’interdiction de prise illégale d’intérêt vise à protéger les intérêts de l’administration


contre les éventuelles tentations des agents qui, par ces prises d’intérêts pourraient
lui porter préjudice. Il s’agit d’éviter des conflits d’intérêts entre l’agent et la
collectivité publique qui l’emploie. En fait, cette obligation ne concerne pas que les
seuls agents publics ; elle s’applique à toute personne dépositaire de l’autorité
publique ou chargée d’une mission de service public.

En effet, l’article 161 du Code pénal qui considère comme délit le fait pour toutes ces
personnes de « prendre ou recevoir directement ou indirectement quelque intérêt
que ce soit, dans les actes, adjudications, entreprises ou régies dont il a ou avait au
temps de l’acte, l’administration, le contrôle ou la surveillance ».

Elle s’applique également à toute personne :

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• qui prend un intérêt illégitime dans une affaire dont elle est chargée de
l’ordonnancement, de la liquidation ou du paiement (article 161 al. 2) ;
• chargée de la liquidation judiciaire ou amiable d’une personne morale pu-
blique ou privée, qui directement ou indirectement prend un intérêt illégitime
dans cette liquidation (article 161 alinéa 3) ;

L’article 162 du Code pénal dispose que pendant un délai de cinq ans à compter de
sa cessation de fonctions, tout agent public ou toute personne chargée d’une mission
de service public, ne peut prendre ou recevoir une participation par travail, conseil ou
capitaux, dans les entreprises avec lesquelles lui-même ou son administration
entretient ou a entretenu certaines relations, à savoir :

• surveillance par le fonctionnaire,


• contrôle par son administration,
• passation de marchés avec cette entreprise,
• ou expression d’avis sur les marchés ou contrats passés avec cette
entreprise.

Cette interdiction s’étend aux entreprises ayant au moins 30 % de capital commun ou


ayant conclu un contrat d’exclusivité avec l’une des entreprises citées ci-dessus.
Dans cette logique, est considéré comme étant en situation de cessation de
fonctions, l’agent :

• mis en disponibilité,
• mis en position de détachement
• admis à la retraite.

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B : Corruption, éthique et intégrité

Intégrité et confiance : un tandem gagnant.

Depuis un certain temps, l'actualité fait état de nombreux scandales où la notion


d'intégrité est sérieusement malmenée. pensons aux scandales du charbon fin. De
telles situations conduisent inévitablement à douter de l'intégrité des acteurs
impliqués et ébranlent la confiance du public.

1 : Définition de l'intégrité

a. Qu'est-ce que l’intégrité ?


L'intégrité se définit comme une valeur morale qui sert de référence et guide nos
choix et nos actions. Elle suppose une notion d'honnêteté. Une personne intègre est
un individu sur qui on peut compter, dont les choix de valeurs sont fiables et stables.
L'intégrité désigne aussi la capacité d'une personne à respecter ses engagements et
ses principes, malgré des pressions contraires.

L'intégrité se définit comme une valeur morale qui sert de référence et guide nos
choix et nos actions. Elle suppose une notion d'honnêteté. Une personne intègre est
un individu sur qui on peut compter, dont les choix de valeurs sont fiables et stables.
L'intégrité désigne aussi la capacité d'une personne à respecter ses engagements et
ses principes, malgré des pressions contraires.

Si l’intégrité est le fait d’être cohérent avec soi-même, elle se réfère à un code
d’honneur, conscient ou non, lié à la culture et à l’éducation. On ne peut pas
dissocier l’intégrité du contexte social. Le fait de jouer à des jeux vidéo pendant ses
heures de travail peut être considéré comme acceptable voire anodin dans certains
milieux, ou inacceptable dans d’autres, même si chacun aura tendance à interpréter
les choses selon ce qui l’arrange. Au final, il existe un large continuum entre le fait
“d’emprunter” un outil de travail du service (un ordinateur portable) et la fraude
véritable, mais il faut considérer la culture et la perception de ce qui est acceptable
ou non.

50
La personne intègre accepte d'être tenue responsable de ses actes. Etymologie : du
latin integritas, état d'être intact, totalité, innocence, chasteté, probité, venant de
integer, non entamé, non endommagé, non diminué, intact, entier, complet.
L'intégrité est l'état d’une chose qui est demeurée intacte, qui a toutes ses parties, à
laquelle rien ne manque.

L'intégrité territoriale est un principe de droit international. Il concerne le droit et le


devoir inaliénables d'un Etat souverain de préserver ses frontières. Il donne aux
nations un prétexte suffisant pour entretenir une armée pour en assurer la défense :
sa violation constitue un casus belli. S'agissant du caractère d'une personne,
l'intégrité signifie qu'elle est d'une probité, d'une honnêteté irréprochable, qu'elle ne
se laisse pas corrompre.

b : Qu'en est-il dans les services publics ?

L'intégrité est sans conteste une composante essentielle de l’éthique professionnelle.


L'obligation d'intégrité comporte une série de normes destinées à favoriser
l'honnêteté et la probité des rapports qu'entretiennent les professionnels avec leurs
clients, les usagers du service public, le public et leurs collaborateurs.

L'obligation d'intégrité est considérée comme la pierre angulaire de tous les autres
devoirs éthiques et déontologiques, base fondamentale de la conscience
professionnelle et du lien de confiance entre le client, l’usager du service public et le
professionnel (le fonctionnaire). Ainsi, les fonctionnaires, ne doivent pas agir de
façon malhonnête, par exemple en s'appropriant les biens du service, en faisant des
représentations fausses ou trompeuses ou encore en dissimulant un incident ou un
accident.

Les principes de confiance, d'honnêteté et d'intégrité devraient constituer le


fondement même de la profession de tout fonctionnaire. Afin de maintenir ce haut
degré de confiance, les fonctionnaires doivent continuer à faire preuve d'intégrité
dans leur pratique, dans le respect de leurs devoirs et obligations éthiques et
déontologiques.

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L’intégrité fait partie des principales vertus recherchées par les Ressources
Humaines. Quel responsable de service (directeur, directeur général, gouverneur et
ministre) n’a pas connu de mauvaises surprises face à des cas de vols, de
mensonges, de corruption, de malversations, ou de détournement de biens public ?
Peut-on l’éviter ?

Si l’intégrité est le fait d’être cohérent avec soi-même, elle se réfère à un code
d’honneur, conscient ou non, lié à la culture et à l’éducation. On ne peut pas
dissocier l’intégrité du contexte social. Le fait de jouer à des jeux vidéos pendant ses
heures de travail peut être considéré comme acceptable voire anodin dans certains
milieux, ou inacceptable dans d’autres, même si chacun aura tendance à interpréter
les choses selon ce qui l’arrange. Au final, il existe un large continuum entre le fait
“d’emprunter” un stylo de l’entreprise et la fraude véritable, mais il faut considérer la
culture et la perception de ce qui est acceptable ou non.

C : Les outils spécialisés sur l’intégrité


Lors d’un recrutement, la solution idéale serait une mise en situation où le candidat
trouverait un petit billet de 10.000 Francs CFA par terre, afin d’observer sa réaction.
Comme au final seuls les actes comptent, des mises en situations similaires se font
parfois après l’embauche, par exemple pour tester l’intégrité des caissiers ou des
vendeurs, mais elles sont délicates à mettre en œuvre

a : Un faisceau d’indices

Si le modèle Hexaco est particulièrement intéressant, les principaux tests de


personnalité fourniront également des indices à exploiter dans le cadre d’une
évaluation d’ensemble de l’intégrité dans l’administration publique.

On ne peut pas relier directement les traits de personnalité à l’intégrité, mais on peut
parler de “terrain favorable”. Ainsi, en référence aux tests de personnalité Profil Pro-
R et CTPI-R, les facteurs comme potentiellement défavorables à l’intégrité sont :

 l’individualisme (opposé à l’altruisme),


 a persuasion (opposé au besoin d’objectivité),
 l’ambition (opposée à la modestie),
 le manque d’engagement,

52
 la tendance à négliger les process et la structure,
 la vigilance (opposée à confiance) et le non-respect des règles.

Les indicateurs de désirabilité sociale, inclus dans certains tests, donnent aussi une
idée de la tendance à tricher et sur le comportement “caméléon” des candidats.

Toutefois, l’évaluation de la personnalité ne pourrait être considérée comme


suffisante pour jauger l’intégrité, car ce n’est pas parce qu’une personne aime
persuader qu’elle est forcément malhonnête. Dans le cadre de l’entretien, la
cohérence du discours et la qualité des références sont aussi essentielles. Au final, il
n’existe pas de recette miracle mais on peut parler d’un faisceau d’indices pour
évaluer le potentiel et les compétences.

c : La conscience élastique

Ultimement, c’est la conscience de chacun qui aura le dernier mot n’est-ce pas ? La
grande majorité aura le courage de ses convictions. Mais une minorité souffrira peut-
être du syndrome si triste de la conscience « élastique ».

Ce n’est pas si grave que ça… Gare à la banalisation des gestes. Tricher juste
un peu sur un compte de dépenses ou sur les données rapportées en se croyant
malin peut paver le chemin à une très mauvaise habitude.

· Ils ne s’en apercevront pas… Vrai ou faux ? Il vaut mieux se dire que tout finit
pas se savoir et que le prix à payer peut-être très lourd de conséquences même si la
tricherie n’était pas si importante. Le bris de confiance entre un employé et son
employeur n’est jamais une bonne nouvelle.
·
Ils me doivent bien cela…je le mérite Être confiant en soi et certain de sa
valeur est tout à fait « correct » et souhaitable. Mais s’attribuer des récompenses ou
avantages à l’insu de son employeur n’est jamais acceptable.

· Tout le monde le fait, pourquoi pas moi ? S’il y a une phrase pour se
donner bonne conscience que l’on aura entendu durant l’enquête de la Commission
Charbonneau, c’est bien celle-là. Tout le monde peut le faire, le taire même…mais
cela ne légitime pas le geste ou le comportement. Le fait qu’une pratique frauduleuse
est généralisée est un indicateur d’un milieu de travail contaminé et toxique.

53
· Ça ne fait de mal à personne, le ministère regorge d’argent… En êtes-vous bien
certain? Peut-être qu’il est vrai qu’une petite malhonnêteté ne mettra pas en péril le
succès financier de l’EPE, de la société d’Etat. Mais la personne à qui cela fera le
plus de mal c’est à la personne qui commet ces infractions et qui en prend l’habitude
malsaine.
· Ils m’en doivent bien une…Se faire justice soi-même en s’accordant des petits ou
grands privilèges qui seraient interdits autrement n’est-ce pas s’engager sur une voie
des plus dangereuses.

d : Perspectives à contempler

Recadrer sa perspective sur une situation peut souvent aider à prendre position tout
en étant à l’écoute de sa conscience personnelle et du même coup, en observant les
règles d’éthique professionnelle propres à son milieu de travail.

· Et si c’était ma propre entreprise…Adopter, ne serait-ce que pour un moment, la


position de chef d’entreprise aide souvent à discriminer « le bon blé » de « l’ivraie ».
Est-ce que je tolérerais qu’un de mes employés fasse cela ? Si non, voilà la réponse
sur le caractère acceptable ou non d’un comportement.

· Et si c’était moi qui payais…Cette perspective m’a été enseignée par un de mes
anciens employés. Il me disait que lorsque la compagnie lui payait des repas à
l’extérieur, il se demandait souvent : « est-ce que je ferais ce choix de menu si
c’était moi qui payais de ma poche »? Cette référence l’aidait toujours à faire un
choix raisonnable qu’il pouvait facilement justifier à son employeur.

· Et si mon supérieur était au courant…Faire comme si l’on devait rendre compte


de ses agissements à son patron de façon ouverte et transparente est très utile.
Pourrait-on expliquer son choix à son patron en ne rougissant pas ? Ce
comportement s’inscrirait-il en faux par rapport aux directives du ministère qui est
mon employeur ?
·
Et si mes proches le savaient…Le regard des autres est souvent précieux quand
on a des hésitations sur des comportements qui pourraient être perçus comme étant
des impairs à la droiture. Que dirait les entourages familial, amical, au travail s’ils
avaient à donner conseil ?

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· Et si on me faisait cela ? Quelle réaction susciterait la petite entorse qu’on
songe à faire si on la subissait soi-même plutôt que de la faire subir à son service ?

En dernier lieu, c’est son propre regard que l’on doit soutenir quand on se contemple
dans le miroir. Hélas, les occasions de faire « faux bond » à la droiture, de glisser un
peu à côté, seront toujours sur notre chemin. Cela fait partie des défis de la nature
humaine.

Mais chacun doit vivre avec soi et être en mesure de soutenir son image dans le
miroir du quotidien. Cette image sera le rappel le plus constant à la droiture car elle
ne ment jamais.

e : la conscience élastique

Ultimement, c’est la conscience de chacun qui aura le dernier mot n’est-ce pas? La
grande majorité aura le courage de ses convictions. Mais une minorité souffrira peut-
être du syndrome si triste de la conscience « élastique ».

· Ce n’est pas si grave que ça… Gare à la banalisation des gestes. Tricher juste
un peu sur un compte de dépenses ou sur les données rapportées en se croyant
malin peut paver le chemin à une très mauvaise habitude.

· Ils ne s’en apercevront pas… Vrai ou faux ? Il vaut mieux se dire que tout finit pas se
savoir et que le prix à payer peut-être très lourd de conséquences même si la
tricherie n’était pas si importante. Le bris de confiance entre un employé et son
employeur n’est jamais une bonne nouvelle. · Ils me doivent bien cela…je le
mérite Être confiant en soi et certain de sa valeur est tout à fait « correct » et
souhaitable. Mais s’attribuer des récompenses ou avantages à l’insu de son
employeur n’est jamais acceptable.
· Tout le monde le fait, pourquoi pas moi ? S’il y a une phrase pour se donner
bonne conscience que l’on aura entendu durant l’enquête de la Commission
Charbonneau, c’est bien celle-là. Tout le monde peut le faire, le taire même…mais
cela ne légitime pas le geste ou le comportement. Le fait qu’une pratique frauduleuse
est généralisée est un indicateur d’un milieu de travail contaminé et toxique.

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· Ça ne fait de mal à personne, le ministère regorge de grands projets… En êtes-vous
bien certain ? Peut-être qu’il est vrai qu’une petite malhonnêteté ne mettra pas en
péril le succès financier d’une entreprise. Mais la personne à qui cela fera le plus de
mal c’est à la personne qui commet ces infractions et qui en prend l’habitude
malsaine.

· Ils m’en doivent bien une…Se faire justice soi-même en s’accordant des petits ou
grands privilèges qui seraient interdits autrement n’est-ce pas s’engager sur une voie
des plus dangereuses.

f : Perspectives à contempler

Recadrer sa perspective sur une situation peut souvent aider à prendre position tout
en étant à l’écoute de sa conscience personnelle et du même coup, en observant les
règles d’éthique professionnelle propres à son milieu de travail.

· Et si c’était ma propre entreprise…Adopter, ne serait-ce que pour un moment, la


position de chef d’entreprise aide souvent à discriminer « le bon blé » de « l’ivraie ».
Est-ce que je tolérerais qu’un de mes employés fasse cela ? Si non, voilà la réponse
sur le caractère acceptable ou non d’un comportement.

· Et si c’était moi qui payais…

Cette perspective m’a été enseignée par un gestionnaires d’un grand projet par un de
ses collaborateurs. Il me disait que lorsque le projet lui payait des repas à l’extérieur,
il se demandait souvent : « est-ce que je ferais ce choix de menu si c’était moi
qui payais de ma poche » ? Cette référence l’aidait toujours à faire un choix
raisonnable qu’il pouvait facilement justifier au chef de projet.

· Et si mon patron était au courant…Faire comme si l’on devait rendre compte de ses
agissements à son patron de façon ouverte et transparente est très utile. Pourrait-on
expliquer son choix à son patron en ne rougissant pas ? Ce comportement
s’inscrirait-il en faux par rapport aux directives de l’employeur ?
·
Et si mes proches le savaient…Le regard des autres est souvent précieux quand on a
des hésitations sur des comportements qui pourraient être perçus comme étant des
impairs à la droiture. Que dirait les entourages familial, amical, au travail s’ils avaient
à donner conseil ?

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· Et si on me faisait cela? Quelle réaction susciterait la petite entorse qu’on songe à
faire si on la subissait soi-même plutôt que de la faire subir à son employeur ?

En dernier lieu, c’est son propre regard que l’on doit soutenir quand on se contemple
dans le miroir. Hélas, les occasions de faire « faux bond » à la droiture, de glisser un
peu à côté, seront toujours sur notre chemin. Cela fait partie des défis de la nature
humaine.

Mais chacun doit vivre avec soi et être en mesure de soutenir son image dans le
miroir du quotidien. Cette image sera le rappel le plus constant à la droiture car elle
ne ment jamais.

D : L’infrastructure d’éthique

Qu'appelle-t-on une infrastructure de l'éthique ? Le terme peut sembler quelque peu


pompeux et ce qu'il désigne est devenu la pierre angulaire d'une vaste stratégie
destinée à lutter contre la corruption dans le secteur public des démocraties
modernes. La corruption est un phénomène qui va au-delà des délits individuels
relevant du droit pénal. C'est aussi le résultat d'un échec du système.

Lorsque l'on se place du point de vue de l'éthique dans le secteur public, la


corruption apparaît comme un problème de gestion. Elle aboutit à des situations où
même les lois les mieux conçues ne sont pas suivies d’effets et où des institutions
publiques médiocres ne réussissent pas à faire respecter les règles ou à assurer la
transparence, la surveillance et le contrôle voulus.

L'intégrité est une condition fondamentale de l'exercice d'un gouvernement


démocratique. Ainsi, la lutte contre la corruption et la volonté de promouvoir l'intégrité
dans le secteur public constituent des éléments essentiels pour étayer la poursuite
du développement économique et réussir la transition vers l'économie de marché. La
corruption n'est donc pas une cause mais un symptôme de dysfonctionnement. Pour
la comprendre, il faut analyser les facteurs qui influent sur les comportements,
conformes ou non à l'éthique, dans la fonction publique, ce qui nous ramène à la
notion d'une infrastructure de l'éthique.

57
L’infrastructure de l'éthique fait appel à tout un arsenal de moyens et de procédures
pour décourager les comportements indésirables et favoriser le respect de la
l’éthique dans les services publics. Ils publient des codes de conduite que les agents
sont censés respecter, ces codes définissent des règles en matière de protocole, de
comportement et de promotion. Les hauts responsables se voient imposés des
normes rigoureuses de conduite et sont invités à donner l'exemple notamment en
agissant de manière transparente.

Il n'existe pas de méthode unique ou de remède miracle pour éradiquer la corruption


dans le secteur public. La corruption est le fait, pour un agent public, de solliciter ou
d’agréer des offres ou promesses, des dons ou des présents, soit directement ou
indirectement, pour faire ou s’abstenir de faire un acte de ses fonctions ou de son
emploi, non sujet à salaire. Le code pénal distingue la corruption passive (art. 156 et
157) de la corruption active (art. 158)

Passive ou active, la corruption est punie des mêmes peines (deux à cinq ans de
prison et/ou 300 000 à 600 000 francs d’amande). Il faut plutôt s’efforcer de combiner
judicieusement les incitations et les sanctions pour encourager les agents à
s'acquitter de leurs fonctions dans le respect des règles professionnelles. C'est
l'ensemble de ces moyens qui constitue ce que l'on appelle une infrastructure de
l'éthique. Comme on pourrait s'y attendre s’agissant d'une infrastructure, les
différents éléments et fonctions qui la constituent devraient se renforcer
mutuellement.

Cette infrastructure est fondée sur trois principes fondamentaux : le contrôle,


l’orientation et la gestion. Ces principes fondamentaux doivent être à la base de la
gestion publique dans les pays. Toutefois, l'accent qui est mis sur l'un ou sur l'autre
varie selon les pays, probablement pour des raisons historiques, politiques et
culturelles.

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Le contrôle est essentiellement un aspect de la réglementation, puisqu'il est fondé
sur un cadre juridique qui assure le caractère indépendant des enquêtes ainsi que
des poursuites dans le secteur public et qui prévoit l'obligation de rendre des
comptes, la transparence et la vérification. Il s’agit là d’une approche qui privilégie les
dispositifs réglementaires qui doivent prévoir des procédures de contrôle permettant
d’en assurer l’application.

Les orientations par contre, font appel davantage à l'esprit d’initiative, à la


démonstration par l'exemple et au sens de la responsabilité personnelle. Alors que
dans l'optique du contrôle, les problèmes n'ont qu'une solution, dans celle qui
consiste à dispenser des orientations, il ne s'agit pas de résoudre des problèmes
mais de faire face à des dilemmes et les dilemmes peuvent avoir plusieurs solutions
possibles.

Il appartient au gestionnaire de trouver la meilleure. L'approche qui consiste à définir


des orientations est préférée dans le secteur public scandinave ainsi qu’au
Royaume-Uni. Les conventions, c'est-à-dire les usages (qui ne sont pas
nécessairement un facteur de conservatisme), jouent un rôle important dans
l'approche fondée sur les orientations qui s'appuie généralement sur des codes de
conduite ainsi que sur la formation professionnelle et le rappel des valeurs à
respecter dans le secteur public.

Le troisième élément constitutif de l'infrastructure de l'éthique est


la gestion. Les pays européens ont tendance à privilégier cette approche qui
consiste à définir des pratiques et des politiques à suivre et à veiller à ce que le
système de valeurs fonctionne correctement. Dans la plupart des cas, la gestion est
la prérogative des ministères, mais dans un petit nombre de pays, elle est assurée
par des organismes extérieurs spécialisés comme la Public Service Commission
(Commission de la fonction publique) en Irlande et le puissant US Office of
Government Ethics (OGE -- Office chargé de contrôler le respect de l’éthique dans
l'administration publique) qui est en quelque sorte chargé de veiller à assurer la
transparence.

59
Sa fonction consiste notamment à publier des informations sur la situation financière
des hauts responsables, y compris le Président. Ces idées sont, il faut l'admettre,
assez subtiles et la mise en place d’une infrastructure de l’éthique peut sembler une
tâche assez déroutante pour les administrations publiques comme pour les
gestionnaires du secteur public surtout dans les pays africains.

Prenons par exemple le cas des procédures d'alerte qui à première vue, peuvent
sembler assez simples : il s’agit de savoir si un agent, qui a connaissance d’actes
répréhensibles, doit les divulguer. Les agents sont-ils obligés de dénoncer ces actes
et leurs droits en tant qu'agents seront-ils protégés ? Que faire lorsqu'il y a abus des
dispositifs d'alerte et que cela interfère avec le bon fonctionnement de
l'administration ?

Ces questions sont actuellement au cœur de notre système administratif, la visibilité


et la transparence de l’action administrative peuvent permettre de réduire les coûts.
On peut certes faire valoir que l'élément le plus important pour un secteur public qui
fonctionne bien est la transparence. Elle permet en effet de démontrer comment
s’articulent les trois éléments fondamentaux que sont le contrôle, la gestion et les
orientations. Elle fait appel à l'exemple et à l’esprit d’initiative mais aussi au respect
des règles fondamentales qui garantissent le sens des responsabilités, l’obligation de
rendre des comptes et le contrôle.

La transparence doit être exercée de manière systématique. Après tout, l'opinion a,


de manière permanente, le droit de savoir comment les institutions exercent les
pouvoirs et font usage des ressources qui leur sont confiées. L'infrastructure
d’éthique fait maintenant valoir que le processus de prise de décision dans le secteur
public devrait être visible et faire l'objet de toute sorte de contrôles indépendants.

Même la publication des postes vacants constitue un aspect de la transparence dont


l'absence est probablement à déplorer dans plusieurs pays dont le nôtre. Les
systèmes de divulgation de l'information ainsi que des médias indépendants et en
bonne santé constituent aussi des vecteurs de transparence qui ne peuvent être
tenus pour acquis.

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Il est intéressant de signaler que la mise sur pied d'un secteur public transparent et
digne de confiance peut permettre de réaliser de véritables économies. Il est certes
nécessaire de recueillir davantage d'éléments d'information pour l'affirmer mais c’est
une hypothèse qui se défend : la transparence permet de réduire les coûts fixes en
atténuant la nécessité de créer des institutions parallèles.

Un secteur public dépourvu des éléments qui constituent l'infrastructure de l'éthique


risque d'être plus onéreux en raison des coûts des contrôles à exercer pour garantir
sa fiabilité. Dans certains pays en développement, on peut trouver au sein d’une
même administration publique plusieurs organismes chargés de lutter contre la
corruption et qui, à cette fin, enquêtent sur les activités des uns et des autres. C’est
un signe révélateur des conflits et du manque de confiance qui sévissent dans
certains gouvernements.

De toute évidence, une infrastructure de l'éthique efficace à d’autres finalités que de


permettre de faire des économies. Elle permet à l'administration publique de
progresser en vue de mieux remplir sa mission au 21ème siècle. Cela signifie qu'elle
doit être fondée sur des valeurs comme l'honnêteté, le respect des droits et des
principes démocratiques. Pour l'administration publique, cela peut être le seul moyen
d'avancer. Comme Edmund Burke l'a rappelé, un Etat qui n'a pas les moyens
d'évoluer n'a pas non plus les moyens d'assurer sa survie.* *Bibliographie:
Recommandation sur l'amélioration du comportement éthique dans le service public,
OCDE, avril 1997.© L’Observateur de l’OCDE, Nº220, Avril 2000

E: Qu‘est-ce que la concussion et la corruption ?

Ce sont deux infractions voisines, mais la différence réside dans l’auteur de


l’initiative. La concussion consiste à recevoir, exiger ou ordonner de percevoir à titre
de droits ou contributions, impôts ou taxes publics, une somme qui n’est pas due ou
qui excède celle qui est due (cf. art. 155 du code pénal)

Exemple : se rendrait ainsi coupable de concussion, l’agent public qui, pour


l’établissement de pièces d’état civil exigerait ou recevrait des droits autres que ceux
prévus par les textes en vigueur. La corruption est le fait, pour un agent public, de

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solliciter ou d’agréer des offres ou promesses, des dons ou des présents, soit
directement ou indirectement, pour faire ou s’abstenir de faire un acte de ses
fonctions ou de son emploi, non sujet à salaire

Le code pénal distingue la corruption passive (art. 156 et 157) de la corruption active
(art. 158) Passive ou active, la corruption est punie des mêmes peines (deux à cinq
ans de prison et/ou 300 000 à 600 000 francs d’amande).

C. Qu’est-ce que le trafic d’influence ?

Le trafic d’influence est une infraction proche de la corruption. Elle consiste pour
l’agent public à abuser de son influence réelle ou supposée que lui donne son
mandat ou sa qualité, en vue de faire obtenir des distinctions, des emplois, de
marchés ou toutes autres décisions favorables à une personne.

Exemple : un élu qui userait de son influence pour faire attribuer une décoration o un
marché public à une personne, se rendrait coupable de trafic d’influence.

D. Quid de la soustraction et du détournement de biens ?

C’est le fait, pour l’agent public, de :


 détourner ou de dissiper à des fins personnelles des biens appartenant à l’Etat
ou aux collectivités publiques, qu’il détient en raison de ses fonctions ;
 détourner ou de dissiper à des fins personnelles des biens ou effets
appartenant aux établissements publics ou aux organismes ou sociétés
bénéficiant de participations publiques et détenus par l’agent en raison de ses
fonctions

Est assimilée à cette infraction, « l’enrichissement illicite » (art.160 du code pénal).

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E : Le népotisme

La pratique du népotisme (la nomination de relations et/ou amis aux postes


publics ignorant ainsi le principe du mérite) peut mener à la détérioration de la
qualité de la fonction publique en Afrique, à la dislocation de l'esprit de corps
et de confiance et aboutir à une administration corrompue en raison des
relations personnelles avec les décideurs et en raison du fait que ces
personnes désignées ne peuvent pas être licenciées facilement et remplacées
par d'autres.

En d'autres termes, ceux qui sont désignés afin d'observer les normes et
points de vue de l'autorité qui nomn1e pourraient s'avérer problématiques. Le
traitement préférentiel d'une personne au détriment d'une autre, sans prendre
en considération le mérite relatif des personnes respectives n'est qu'une
oppression d'un individu ou d'individus. L'effet houle de neige de l'oppression
est susceptible d'ébrécher l'esprit de corps et la qualité de l'administration
publique (Chapman, 1993, Kamto, 1997).

E : Le secret administratif :

Une zone propice à la création de situations et actions susceptibles de devenir des


dilemmes majeurs d'éthique, est la conduite secrète des affaires publiques. Et ce
spécialement car le secret peut offrir une occasion de cacher une conduite immorale.

Le secret est une alliée de la corruption et la corruption est souvent pratiquée dans le
secret. Il est généralement accepté, qu'au sein d'une démocratie, les gens aient droit
à savoir ce que le gouvernement a l'intention de faire et il serait dans l'intérêt même
du public que l'administration des affaires publiques agisse dans la transparence
(Rowat, 1982).
Il faut distinguer : Le secret professionnel et la discrétion professionnelle. Ce sont
deux obligations qui sont voisines mais ne se confondent pas car chacune a un
contenu légal propre

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F : le secret professionnel
C’est l’interdiction faite à tout agent public de divulguer les renseignements
confidentiels qu’il reçoit dans l’exercice de ses fonctions au sujet de personnes ou
d’intérêts privés C’est une interdiction prévue et réprimée par l’article 374 du code
pénal.
Elle vise toujours à protéger les personnes; c’est-à-dire aussi bien les usagers des
services publics que les agents publics eux-mêmes qui sont ici considérés comme
des individus

L’interdiction s’applique :
Aux médecins
Aux chirurgiens ou agents de santé
Aux pharmaciens
Ou à toute personne dépositaire, par état ou profession, par fonctions permanentes
ou temporaires de secrets qui leurs sont confiés. Mais en tant que faute
professionnelle, la violation du secret professionnel est également passible de
sanctions disciplinaires. Le secret professionnel vise toujours à protéger des
personnes

Traditionnellement, une distinction est faite entre secrets confiés et secrets acquis :
Pour le secrets confiés (cas du secret médical), l’obligation est absolue, sauf s’il
s’agit de dénoncer un crime (cf. art. 382 du code pénal)

Pour les secrets acquis, l’obligation n’est pas absolue : la révélation des secrets est
parfois permise, parfois obligatoire. La révélation est permise :
 Pour prouver son innocence
 Pour donner à une affaire administrative la suite nécessaire
 Lorsque la personne concernée a donné son accord

Elle est obligatoire, notamment dans les cas suivants :

 La dénonciation des crimes ou délits dont l’agent public a connaissance dans


l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de ses fonctions ;

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 Les témoignages en justice en matière criminelle ou correctionnelle, à la
demande de l’autorité judiciaire ou administrative habilité ;
 La communication à l’agent public de son dossier individuel en cas de
poursuite disciplinaire :

G. l’obligation de discrétion professionnelle


Un agent public ne doit pas divulguer les informations relatives à l'activité, aux
missions et au fonctionnement de son administration. L'obligation de discrétion
concerne les faits, informations ou documents non communicables aux usagers dont
l'agent a connaissance dans l'exercice ou à l'occasion de l'exercice de ses fonctions.

L'obligation est particulièrement forte pour certaines catégories d'agents : les


militaires ou les magistrats par exemple. Cette obligation s'applique à l'égard des
administrés mais aussi entre agents publics, à l'égard de collègues qui n'ont pas, du
fait de leurs fonctions, à connaître les informations en cause.

Les responsables syndicaux restent soumis à cette obligation.

C’est l’interdiction faite à l’agent public de :

 divulguer les faits et informations dont il a connaissance dans l’exercice ou à


l’occasion de l’exercice de ses fonctions;
 communiquer des pièces et documents de service à tiers.

Quelques précisions :

L’indiscrétion peut prendre plusieurs formes :


 transmission d’une information orale ou écrite ;
 détournement d’un document du service ;
 les fuites d’information.

Quant à la portée de l’indiscrétion, le principe est que l’agent ne doit divulguer des
faits ou informations, ou user de documents que si cela est nécessaire pour
l’exécution du service. La transmission des documents et informations à une autre

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administration ne peut être justifiée que par les nécessités du service. Mais
l’obligation de discrétion ne peut être opposée au supérieur hiérarchique immédiat

L’obligation de discrétion connait des dérogations :

 Quand une décision expresse du supérieur hiérarchique l’autorise


 Quand les textes prévoient, notamment pour :
 la dénonciation, des infractions dont l’agent a pu avoir connaissance dans
l’exercice de ses fonctions;
 les témoignages que l’agent peut être amené à faire à la demande des
autorités administratives et judiciaires habilitées.

H : L’obligation de réserve ?
Les fonctionnaires sont soumis au devoir de réserve. Cette obligation concerne le
mode d'expression des opinions et non leur contenu. Tout agent public est
également soumis à une obligation de discrétion professionnelle concernant le
fonctionnement de son administration. Certains agents sont tenus au secret
professionnel pour les informations dont ils disposent dans le cadre de leurs
fonctions concernant les usagers.

Tout agent public doit faire preuve de réserve et de mesure dans l'expression écrite
et orale de ses opinions personnelles. Cette obligation ne concerne pas le contenu
des opinions (la liberté d'opinion est reconnue aux agents publics), mais leur mode
d'expression. L'obligation de réserve s'applique pendant et en dehors du temps de
service.

Le manquement au devoir de réserve est apprécié par l'autorité hiérarchique au cas


par cas. Ce devoir s'applique plus ou moins rigoureusement selon les critères
suivants :

 La place dans la hiérarchie, l'expression des hauts fonctionnaires étant jugée


plus sévèrement ;
 Les circonstances dans lesquelles un agent s'est exprimé, un responsable
syndical agissant dans le cadre de son mandat bénéficiant de plus de liberté ;

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 La publicité donnée aux propos, si l'agent s'exprime dans un journal local ou
dans un important média national ;
 Les formes de l'expression, si l'agent a utilisé ou non des termes injurieux ou
outranciers

Cette obligation impose aussi aux agents publics d'éviter en toutes circonstances les
comportements susceptibles de porter atteinte à la considération du service public
par les usagers. À savoir : cette obligation continue de s'appliquer aux agents en
disponibilité ou suspendus de leurs fonctions.

L’obligation de réserve est une limite à la liberté d’opinion. L’agent est, en principe,
totalement libre de ses opinions. Mais l’expression desdites opinions doit se faire
avec un minimum de retenue.
L’exigence de la réserve est plus ou moins stricte, selon que les opinions sont
exprimées dans ou en dehors de l’exercice des fonctions.
Dans l’exercice des fonctions, l’agent est tenu à une stricte neutralité. En dehors du
service, l’obligation de réserve est en principe moins stricte et s’apprécie en tenant
compte :
 de la nature des fonctions exercées ;
 du rang de l’agent dans la hiérarchie ;
 des circonstances dans lesquelles l’opinion est exprimée.

Dans certains cas, l’obligation de réserve peut aller jusqu’à imposer une certaine
tenue (elle rejoint alors l’obligation de dignité)

I : Les fuites d’informations


Les informations officielles sont souvent si sensibles (par exemple : l'augmentation
Imminente des impôts, rezonage des terrains ou réduction du personnel) que leur
divulgation peut donner lieu à l'anarchie, à des pratiques illégales ou à des bénéfices
pécuniaires illicites pour certaines personnes.

Favoriser la fuite des informations officielles à une date antérieure à celle où elles
doivent être rendues publiques constitue une violation des procédures et peut
constituer un dilemme d'éthique. En effet, il arrive que la conception personnelle d'un

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fonctionnaire de ce qu'est l'intérêt public peut être en contradiction avec ses
obligations officielles.

En effet, les conceptions personnelles de ce qui est pour le bien public peuvent être
en opposition directe avec les jugements portés sur l'intérêt public se basant sur une
vision démocratique. Il en résulte que les fonctionnaires peuvent en arriver à
considérer que leurs obligations officielles exigent d'eux d'agir à l'encontre de ce que
leur dicte la conscience (Rowat, 1982, Rohr 1978).

L’obligation de dignité

C’est l’exigence faite à l’agent public d’avoir un comportement sans reproche, tant
sur le plan professionnel que dans sa vie privée Sur le plan professionnel, peut être
considéré comme manquement à cette obligation le fait de :

 Se livrer à la délation et au dénigrement de ses collègues dans le but d’obtenir


des promotions ;
 D’avoir une tenue vestimentaire négligée.

Dans la vie privée

L’agent doit observer un comportement empreint de dignité pour éviter de jeter le


discrédit sur son service

Cette exigence est d’autant plus grande que l’agent occupe un poste de
responsabilité ou un emploi que l’opinion perçoit comme devant être un lieu de
manifestation de rigueur morale.

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Conformité :

En général, les employés tendent à se comporter d'une certaine manière - soit en


raison de la tradition, des structures organisationnelles, serments d'emploi, popularité
prestige, soit en raison de la crainte, ou simplement car l'individu est attiré vers la
conduite morale d'un groupe ou personne et aspire à harmoniser ses actions avec un
modèle spécifique Le résultat de la sensibilité de l'individu à une conduite acceptable
et inacceptable est que, en qualité d'employé, il tend souvent et délibérément à se
conformer aux normes de l'institution dans laquelle il est employé (Dwivedi, 1981,
Dwivedi 1987).

Les fonctionnaires sont probablement dans une situation encore plus difficile: les
décisions d'une ligne politique et les traditions anciennes de la fonction publique les
poussent à s'orienter d'une manière spécifique. Tout doit être écrit et la prise de
décision est attri-buée à une haute autorité (soit ils ne veulent pas ou ne sont pas
autorisés à agir hors des limites de leur autorité, soit ils se rétractent derrière les
politiciens - ils ne peuvent rien faire car le pouvoir de prise de décision finale
demeure entre les mains des politiciens).

Les actions des fonctionnaires sont supposées être guidées seulement par une
poursuite dé-sintéressée de l'intérêt public, car on s'attend qu'ils servent leurs
maîtres politiques (les Ministres) sans appréhension ou faveur au moment de donner
des conseils ou lors de l'exercice de leurs fonctions officielles. En pratique, ceci
pourrait constituer un dilemme moral. Les fonctionnaires ne sont pas immunisés
contre la pression exercée par les décideurs politiques, notamment car ils doivent
expliquer le travail des diverses institutions publiques aux politiciens. Ainsi ils
peuvent, d'une part, se replier en arrière pour donner un conseil ou prendre les
décisions administratives pour plaire à leurs supérieurs politiques, et s'ils tentent
simplement de plaire à leurs supérieurs, on pourrait se demander s'ils seront
capables d'accepter la responsabilité de leurs actions officielles. D'autre part, les
fonctionnaires pourraient devenir si puissants qu'ils peuvent "décrire" la politique aux
détenteurs de postes politiques (Armstrong, 1975, Hanekom 1986).

69
Cependant, on devrait souligner que les fonctionnaires sont supposés se conformer
aux principes de l'administration publique, en l'occurrence, prendre en considération
l'idéologie politique du gouvernement en place, les valeurs de la communauté et les
normes et prescriptions de la loi administrative.

Ces principes représentent les normes minimums de la conduite officielle auxquels le


fonctionnaire doit se conformer. Le dilemme moral du conformisme réside dans la
conformité peu judicieuse, la sur-indulgence dans la conformité, ou la conformité des
fonctionnaires simplement pour leurs intérêts propres - le tout étant susceptible de
mener à l'inflexibilité et la stagnation dans l'administration des affaires publiques.

La Responsabilité vis-à-vis du public :

Ce que Niccolo Machiavelli avait affirmé jadis à propos de la conduite d'un prince,
reste valable pour le fonctionnaire « Il serait très élogieux de faire montre de toutes
les qualités considérées comme de bonnes qualités, mais parce qu'elles ne peuvent
ni être entièrement acquises ni être observées car la nature humaine ne le permet
pas, il est nécessaire d'être suffisamment pru-dent (de) savoir comment éluder le
reproche de ces vices » (Machiavelli, 1954, 84). Puisque les fonctionnaires sont les
exécuteurs des politiques publiques, ils doivent rendre compte de leurs actions
officielles à leurs supérieurs, les tribunaux et le public. Cependant, il leur est possible
de se cacher derrière les procédures prescrites, la cape du professionnalisme, voire
même derrière les politiciens.

Les dilemmes concernant les politiques à suivre :


Les décideurs sont souvent confrontés à des responsabilités conflictuelles. Ils
doivent observer une loyauté spécifique envers leurs supérieurs mais aussi envers la
société. Ils jouissent de la liberté d'agir au nom et dans l'intérêt des autres mais ils
doivent aussi rendre compte de leurs actions à d'autres personnes, en l'occurrence
leurs supérieurs et la société. L’obligation des fonctionnaires à respecter le
processus politique peut s'opposer à leur conception concernant le traitement des
objectifs de la mise en place de la politique.

70
Les dilemmes concernant les politiques à suivre :
Les décideurs sont souvent confrontés à des responsabilités conflictuelles. Ils
doivent observer une loyauté spécifique envers leurs supérieurs mais aussi envers la
société. Ils jouissent de la liberté d'agir au nom et dans l'intérêt des autres mais ils
doivent aussi rendre compte de leurs actions à d'autres personnes, en l'occurrence
leurs supérieurs et la société. L’obligation des fonctionnaires à respecter le
processus politique peut s'opposer à leur conception concernant le traitement des
objectifs de la mise en place de la politique.

Autrement dit, le dilemme du fonctionnaire est justement la confrontation entre sa


conception de l'intérêt public et les exigences de la Loi. Les fonctionnaires sont les
premiers interprètes et exécuteurs des politiques publiques Les termes de la
législation présentent plusieurs cas de conflit d'intérêt et les fonctionnaires peuvent
jouer un rôle positif ou négatif dans l'exécution des politiques. Ils peuvent anéantir
l'efficacité d'une politique donnée en retardant, entravant ou perturbant son
exécution. S'ils élaborent des stratégies d'exécution, définissent les priorités,
établissent les structures d'organisation, fournissent un personnel qualifié,
choisissent des groupes cibles, exigent des résultats et maintiennent des garanties,
ils agissent positivement au niveau de l'exécution de la politique publique. On doit
aussi garder à l'esprit que les fonctionnaires peuvent influencer les résultats d'une
évaluation en choisissant des évaluateurs spécifiques et en interprétant et rapportant
les données d'une manière particulière. (Waldo, 1994, Cox III, 1994).

Relation entre les fonctionnaires et les détenteurs de postes politiques élus :


Il est important de prendre conscience du fait qu'aux yeux du public, tout
fonctionnaire nommé représente le gouvernement du moment; non seulement le
ministère ou le bureau au sein duquel il est employé, mais le gouvernement dans son
ensemble. Ceci constitue une contrainte pour les fonctionnaires nommés du fait que
lors de l'exercice impartial de leurs fonctions, leurs actions officielles sont
considérées avec subjectivité par une partie ou des membres de la communauté. La
relation entre les fonctionnaires nommés et les élus détenteurs de postes politiques,
si elle n'est pas régie d'une manière professionnelle, peut se révéler une source de
dilemmes d'éthique.

71
L’influence des groupes de pression :
Les revendications des groupes de pression (tel que les syndicats) placent souvent
l'intérêt personnel au dessus de l'intérêt national. Dans une conjoncture économique
difficile (récession, inflation anormale), il arrive que les groupes de pression - dans
leurs efforts de promouvoir le bien-être de leurs membres (salaires, promotion,
prévention des licenciements)- ne tiennent pas compte des conséquences à court ou
à long terme de leurs revendications, ou les deux conjugués. Revendiquer des
augmentations substantielles de salaire par une section ou partie du secteur public
peut amener les autres sections ou divisions du service public à présenter des
revendications similaires, suivies par les demandes d'autres institutions semi
gouvernementales et par celles d'une section après l'autre du secteur privé, jusqu'à
fermeture de la boucle - aboutissant ainsi à un chaos économique et une anarchie
(Hanekom, 1986).

Autres domaines problématiques :


En sus de domaines de conflit éventuel cités ci-haut, d'autres domaines
problématiques susceptibles de donner naissance à des dilemmes éthiques peuvent
être identifiés. Nous citerons entre autres:

L'activité politique des fonctionnaires donnant lieu à une loyauté partagée de la part
des fonctionnaires qui ressentent des affinités avec les idées d'un certain parti
politique ou qui font partie d'une société qui adopte l'idéologie politique d'un parti
politique spécifique et qui est tenue d'observer le code d'un parti politique spécifique
ou le code d'une société ;

Le détachement des fonctionnaires des normes élevées de l'éthique et leur prise de


décisions sur la base de considérations qui ne se rapportent pas vraiment à la
situation traitée. Une des raisons importantes de ce détachement peut être liée aux
salaires très bas du secteur public, provoquant ainsi l’acceptation de cadeaux ou des
occasions d'augmenter les revenus par des « extra » en marge de leur salaire ; et
D’autres problèmes plus subtils d'éthique tels l'abus des privilèges des congés de

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maladie, des pauses cafés prolongées et l'infraction aux règles de la fonction
publique en général.

Le dilemme du fonctionnaire :

Les domaines de conflit potentiels ne constituent pas forcément des dilemmes


d’éthique en soi. C'est le comportement du fonctionnaire public face à des activités
afférentes à ces phénomènes qui peut se révéler être un dilemme d’éthique : (i)
gardera-t-il le silence en cas de découverte d'un abus des pouvoirs discrétionnaires
administratifs, ou de pratiques de corruption ou de népotisme ?, (ii) ou criera-t-il au
scandale ?, (iii) s'engagera-t-il activement dans des activités de groupes de pression
en raison de sa sympathie pour leurs idées ?, (iv) militera-t-il activement au sein d'un
parti politique ?, (v) ou devrait-il seulement promouvoir l’intérêt public et observer les
critères de la fonction publique ? et (vi) que devrait-il faire ?, jusqu’où peut-il aller ?

La plupart des dilemmes d'éthique auxquels est confronté le fonctionnaire, émanent


de la manière dont il conçoit l’intérêt du public et pas nécessairement de sa
conception du bien et du mal, ou du bon et du mauvais.

Chapitre III : Stratégies pour promouvoir/assurer un comportement d’éthique


au sein de la fonction publique et les leçons à tirer et leurs implications pour
l’éthique et la fonction publique.

La responsabilité de maintenir les normes d'éthique et de minimiser les


comportements immoraux au sein de la fonction publique incombe à la fonction
publique elle-même. Si conçus correctement, les règlements qui régissent les conflits
d'intérêts dans la fonction publique tendent à maintenir et mettre sur pied un système
administratif et de gestion pour protéger le processus de prise de décision. Plutôt que
de détecter et punir le malfaiteur, un tel système minimise le risque d'un
comportement contraire à l'éthique pouvant survenir. Ainsi, dans un système
administratif bien géré, le risque d'un comportement contraire à l'éthique serait
minime, et en cas même de comportement immoral, une mesure disciplinaire

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prompte constituerait la norme. Le souci serait donc de canaliser les efforts sur la
réforme des systèmes et procédures de la fonction publique pour mieux répondre
aux intérêts publics.

Autrement dit, dans un environnement où règnent les comportements immoraux,


une réforme importante dans la fonction publique manquera d'efficacité si les
pratiques immorales sont ignorées. Une série de mesures et de stratégies ont été
adoptées dans les pays africains pour lutter contre les comportements contraires à
l'éthique. Celles-ci sont abordées dans les développements paragraphes
Ci-dessous :

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Bibliographie indicative :
Sources
Textes législatifs et règlementaires.
Loi 081 portant statut de la fonction publique d’Etat
Travaux :
Déontologie administrative

Aubin, Emmanuel La fonction publique 6ème éd. - Paris : Gualino, 2015. - 617 p.
Blachèr, Philippe (sous la direction de) ; préface de Jean Gicquel Déontologie et droit
public Paris : LGDJ, 2014. - 225
Chambon, François ; Gaspon, Olivier. La déontologie administrative : des valeurs du
service public à un management de la prévention des risques - 2e édition. - Paris :
LGDJ, 2015. - 254 p
Dord, Olivier Droit de la fonction publique 2ème éd. mise à jour. - Paris : PUF, 2012. -
373 p.

Vigouroux, Christian. Déontologie des fonctions publiques 2013-2014 : droits,


obligations, garanties, discipline 2ème éd. - Paris : Dalloz, 2012. - 731 p.
O. VALLET, Devoir de réserve et liberté d’expression, La Revue administrative, p.
533.
Ethique professionnelle
B. BERTOK, Ethique publique, vol. 4, n° 1, « Des défis à la prévention. Pour un
environnement en f CANTO-SPERBER (dir.), Dictionnaire d’éthique et de philosophie
morale, Quadrige PUF, 2004
E. MORIN, La méthode 6, Ethique, Seuil, Essais, 2004, p. 29
M. CANTO-SPERBER, op. cit., article « Ethique appliquée » rédigé par M-H.
PARIZEAU, p. 696.
M. CANTO-SPERBER, article Normes et Valeurs écrit par R. OGIEN p. 1359.
J.-M. EYMERI-DOUZANS, « Les réformes administratives en Europe : logiques
managérialistes globales Y. EMERY, N. MARTIN, in « Quelle identité d’agent public
aujourd’hui ? Représentations et valeurs
Rapports

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France. Commission de réflexion pour la prévention des conflits d'intérêts dans la vie
publique Pour une nouvelle déontologie de la vie publique : rapport de la
Commission de réflexion pour la prévention des conflits d'intérêts dans la vie
publique : rapport au Président de la République Paris : La Documentation française,
2011. - 150 p. ; 24 cm. - (Rapports officiels)

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