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de Rennes
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Correspondances d'érudits au et siècles
| Marie-France de Palacio
L’impossible
carrière d’un
orientaliste à
travers la
correspondance
1 sur 18 05/04/2023, 16:43
Correspondances d'érudits au xviiie et xixe siècles - L’impossible carrièr... https://books.openedition.org/pur/55360
d’Aleksander
Chodźko
Inga Walc-Bezombes
p. 67-77
Texte intégral
1 Aleksander Chodźko (1804-1891) fut un poète, diplomate et
linguiste spécialisé en langues orientales et slaves, passionné
par les littératures orientales du pourtour de la Caspienne.
Personnage complexe à plus d’un titre, il a aussi été l’ami
intime d’Adam Mickiewicz dont il a assuré durant près d’un
quart de siècle la succession à la chaire des littératures et
langues slaves du Collège de France.
2 Une première recherche dans les archives françaises a
permis d’identifier quelques lettres de Chodźko conservées à
la Bibliothèque nationale, à l’Institut et au Collège de France,
adressées à Louis Havet, Joachim Menant, Gaston Paris,
Edgar Quinet, Ernest Renan, George Sand et Franz
Woepcke.
3 Souhaitant orienter notre analyse sur la question de sa
carrière, nous présenterons ici les échanges avec George
Sand et Edgar Quinet. La correspondance avec l’écrivaine
concerne une collaboration autour d’une publication et bien
que ce sujet ait été déjà traité par Françoise Genevray1,
spécialiste de George Sand, nous y apporterons un nouvel
éclairage. La lettre à Edgar Quinet est une demande d’aide et
d’intervention en faveur de Chodźko et nous permettra de
nous interroger sur sa situation à la suite du fiasco de la
publication envisagée avec George Sand.
4 Après ses études de lettres à Vilnius, puis de langues
orientales à Saint-Pétersbourg à partir de 1830, Chodźko fut
un large public…
11 Dans tous les cas, devant le manque d’enthousiasme des
lecteurs et abonnés, la revue suspend la publication au
milieu de la première moitié de l’épopée. En 1853, dans la
préface de l’édition de ses œuvres dans laquelle elle a inclus
Kourroglu, George Sand revient sur sa déception face au
manque de succès de cette entreprise9.
12 Il est assez difficile de savoir quelle était la position de
Chodźko par rapport à cette publication. Si la notion d’œuvre
originale, ainsi que l’idée du bien fondé de traduction de la
poésie en prose10, peuvent être, au cours du XIXe siècle, assez
différentes de celles d’aujourd’hui, ces questions se posent
cependant avec une acuité particulière dans le cas de
quelqu’un qui fut lui-même un poète et un linguiste assez
érudit pour discerner les subtilités de la poésie azéri, kurde,
talish, mazanderani et ghilani… La seule lettre d’Alexandre
Chodźko à G. Sand que nous ayons pu trouver jusqu’à
présent, conservée à la Bibliothèque historique de la Ville de
Paris, date du 17 décembre 1842 – donc du moment même
où Mickiewicz introduit Chodźko auprès de l’écrivaine11.
13 Bien que nous ne disposions pas pour l’instant d’autres
lettres écrites en français par Chodźko à la même période –
correspondant, on le rappelle, à son arrivée en France –, tant
le style, avec l’emploi du subjonctif passé que la graphie, avec
l’emploi du « Vous » en majuscule, paraissent assez
exceptionnels12 en comparaison avec le reste du corpus
épistolaire de Chodźko.
14 Ainsi, après un premier remerciement, Chodźko, déclare :
Je ne serais pas sincère si je Vous cachais, Madame, combien
mon orgueil se sent flatté de Votre généreuse proposition de
faire quelques extraits de mon livre […] être introduit à la
connaissance de Vos lecteurs, c’est-à-dire de l’Europe
littéraire, moyennant l’organe aussi puissant que celui de
Votre plume d’or et de soie est un avantage, une illustration,
Vous le savez Vous-même, que tout amour propre ne saurait
assez briguer ou mériter.
Notes
1. G F., auteur d’études consacrées à la version de Kouroglou
publiée par George Sand et notamment de l’article « Quoi, vous n’avez
pas lu Kourroglou ! Une traduction de George Sand, présentation et
choix d’extraits », in [http://www.larevuedesressources.org/quoi-vous-
n-avez-paslu-kourroglou,663.html] et « Alexandre Chodźko et George
Sand », in « Toute la France est polonaise ! » La présence polonaise en
France aux XIXe et XXe siècles. Actes du colloque organisé à Paris en
novembre 2004, Poznań-Paris, 2007.
2. Les lettres adressées de Londres par Chodźko à A. Mickiewicz entre
janvier et juillet 1842 mentionnent : G. Th. Staunton, A. Johnston et
surtout G. A. Fitz-Clarence, membres éminents de la Royal Asiatic
Society qui ont soutenu le projet de publication de Chodźko. Voir
O Ż-P Ż J., Listy Aleksandra Chodźki do Adama
Mickiewicza, Pamiętnik Literacki, r. 53, 1962, z. 3, p. 257-267.
3. Dans cette publication, Chodźko utilise des termes paraissant
aujourd’hui peu précis concernant la langue azéri, l’appelant le « persan-
turque » et la distinguant de l’ismanli. Il mentionne ensuite les dialectes
Auteur
Inga Walc-Bezombes
Responsable du service éducatif et
culturel de la Maison de Victor
Hugo et doctorante en histoire à
l’université de Varsovie où elle
achève une thèse sur Aleksander
Chodźko.
© Presses universitaires de Rennes, 2014