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Jacques COURAULT
Résumé : Dans cet article, nous proposons de développer le principe de fonctionnement des
laminoirs réversibles à froid. Ces appareils comprennent plusieurs fonctions génériques du
laminage, bobineuses et cage qui sont liées par le produit à laminer. Les difficultés purement
électrotechniques sont limitées, elles sont classiques pour les entraînements, c’est donc au
niveau des automatismes de conduite que sont les particularités.
1. Introduction
Le laminage sur laminoirs réversibles à froid, peuvent être de la grosseur d’un crayon) jusqu’aux
recouvre des applications aussi différentes que le gros laminoirs quarto. Malgré une grande différence
laminage de bandes de quelques microns dans les composants mécaniques et électriques mis
d’épaisseur en petite largeur ou celui de tôles de 3 à en œuvre, des éléments communs demeurent pour
4 mm d’épaisseur en deux mètres de large. toutes les installations : les régulations de vitesse,
Les installations mécaniques qui permettent de de traction de la bande, d’épaisseur de la bande et
réaliser des opérations de laminage vont du petit les automatismes de l’ensemble.
laminoir multicylindre (où les cylindres de travail
Ethernet
Séquences Séquences
Régulation Régulation
auxiliaires hydrauliques
. math.
Jauge Jauge
d’épaisseur g d’épaisseur d
Planeuse
GI Dg GI Dd Cisaille
GI Bg GI Bd Enrouleur
Cage Quarto à papier
Enrouleur Enrouleur
à papier à papier Dévidoir
Bobineuse
Bobineuse
droite
gauche
Les appareils élémentaires qui composent un au niveau des références, et aux automatismes et les
laminoir réversible à froid sont la cage qui lamine la calculateurs de niveau supérieur.
tôle et les bobineuses : en fait les bobineuses D’une manière simpliste on peut dire que la cage
bobinent sur une passe et débobinent sur la passe assure l’entraînement de la bande et le contrôle de
suivante. Sur certains laminoirs on compte jusqu’à l’épaisseur, donc elle comprend une régulation de
vingt passes. Bobineuses et cage ont des contrôles vitesse et une régulation de serrage.
rapprochés (couple, vitesse) différents adaptés à la La fonction principale des bobineuses est d’assurer
fonction, mais ils sont liés entre eux, en particulier la traction de la bande, elle peut assurer un petit
contrôle d’épaisseur qui est assez réduit et limité à Pour les bobineuses, il importe de tenir compte de
l’élasticité de la bande…
la correction d’erreurs d’épaisseur inférieures au
dF
centième de millimètre. k
dx
est le coefficient
d’allongement
pour la machine. cage
Les puissances de ce type d’équipement vont de F dx
quelques dizaines de kW à environ 4 MW. V
R Vitesse de la bande
cage
2. Fonctionnement d’une bobineuse. Bobineuse
Cage de la
bobineuse
Les exemples de bobineuse sont extrêmement
nombreux en métallurgie des métaux ferreux ou Note sur la détermination de k:
dF
non ferreux (voire également l’industrie du papier) : E dS Contrainte normale
Module d' YOUNG
dx Allongemen t relatif
Trains continus à bandes. x
Lignes de traitement (décapage…). F dx dF
d' où k
dF E .S
x E . dS dx d
Laminoirs réversibles à froid.
x dS
S est la section de la bande, d
Lignes de traitements spécifiques la distance entre bobineuse et
(galvanisation…). cage.
Pour l’acier E ~ 21000 daN/mm² -
Lignes de parachèvement (refendage,
Pour l’aluminium E ~ 7000 daN/mm²
découpe…)
Figure 2 : Module de YOUNG.
Les bobineuses sont soit des enrouleuses soit des
dérouleuses, dans les deux cas le fonctionnement dx
La force ou traction est de la forme dT k . dx . ,
est le même. La figure (1) est une enrouleuse : en dt
amont de la bobineuse est représentée une cage qui est un coefficient de frottement proportionnel à la
lamine la bande et qui contrôle la vitesse V de la vitesse d’allongement, = 175000 Ns/m, cette
bande. Comme la force de traction est constante, ce valeur est basée sur l’expérience, et plus
procédé est à puissance constante P=F.V =C. . La précisément sur un amortissement observé de 0,2.
force de traction F est contrôlée par la bobineuse.
soit T k . ( R . V ). dt .( R . V ) sous une
Une bobineuse n’est pas contrôlée en vitesse,
puisque celle-ci évolue avec le rayon de la bobine, k. R k .
autre forme T . .R . V
. V
.
il existe donc une relation entre V et vitesse de p p
rotation de la bobine, de la forme R - V = 0. La En introduisant la relation fondamentale de la
traction de la bande fait intervenir son élasticité, la dynamique des masses en rotation, nous obtenons
figure (2) montre comment intervient le Module de les équations qui régissent le système qui décrit le
Young, qui est le rapport entre les efforts et fonctionnement d’une bobineuse.
l’allongement relatif. L’élasticité de la bande est un k .R k
T . β.R . .V β.V
paramètre important, d’autant qu’entre la bobineuse p p (1)
et la cage on rencontre des distances qui peuvent Cm R .T
J .p J .p
être de l’ordre de trois à quatre mètres voire plus. V
+ 1 - k + - T
Cm R
Calcul des constantes. -
J .p
+
p
+ +
R.T
dF E .S
k est une donnée fondamentale. Nous
dx d R
prenons E = 21000 dN/mm² valeur classique pour
l’acier, soit, E=210.109 N/m2 avec L (largeur de Figure 3 : Représentation graphique du système
bande) = 0,5 m, e (épaisseur de bande) = 2 mm d’où d’équations (1 ).
s=10-3 m2, d (distance cage bobineuse)= 3 m. On
arrive à k 70.106 N/m. Il apparaît donc clairement que deux paramètres
clés doivent être définis, R et J qui est, d’ailleurs,
une fonction de R. La mesure directe de R n’est pas
aisée, on préfère une mesure indirecte en fonction
de la vitesse de la bande et de la vitesse de rotation
de la bobine. Ce calcul du rayon est numérique A vitesse de bande, V constante et Traction
depuis une trentaine d’années, il est réalisé en constante, nous avons R Max CMax Max
partant de générateurs d’impulsions (GI). GI sur R min Cmin min
rouleau déflecteur pour la mesure de V et GI sur le
mandrin de la bobineuse.
Tractiomètre
Variateur de vitesse
Bobineuse
Réf. Traction - Régulateur + Régulateur Cm T
de traction de couple k .R
β.R .
k
β.V
+ + T
p
.
p
.V
+ Cm R .T
R V J .p J .p
Calcul de la traction +
Compensation d’inertie k R J
J .p
R
Vitesse
Calcul de k, R, J, n…
bande
Et la régulation de vitesse d’une bobineuse ? Elle existe, pour les manœuvres du mandrin ou en
cas de rupture de bande, mais en fonctionnement normal la bobineuse est contrôlée en couple. La e Épaisseur de la bande.
régulation de traction agit donc sur les limitations du régulateur de vitesse. L Largeur de la bande.
Dmini. Diamètre minimal de la bobine
d Distance entre bobineuse et cage
(inertie de la bobine). J tb J m J m e c J b il
Figure 5 : Calculs élémentaires de R et J pour une
s’agit de l’inertie totale ramenée à l’axe de la simulation.
bobineuse. Si il existe un réducteur (ce qui est Evolution de J Evolution de n Evolution de l’amortissement z
1000 180 0.23
généralement le cas, entre moteur et bobine) on 900
m²kg
170
r/s 0.22
0.21
800
pose n = Vitesse bobine/vitesse moteur. D’où Jtm = 700
160
150
0.2
0.19
600
Jtb.n², Jtm est l’inertie totale ramenée au moteur. 500
140
130
0.18
0.17
400 0.16
π .δ .L 120
. D4 4 300
Jb Dmin , est la masse volumique Jo 200
Øm
110
Øm
0.15
Øm
précisément de J déjà évoquée figure (4). La tractiomètre avec de très bonnes performances
R dynamiques. Pour avoir des performances
dérivée de la vitesse de bande peut être mesurée dynamiques constantes, le gain Ao doit tenir
mais elle peut aussi avoir pour origine le contrôle compte de R d’où Ao = o.R. Ainsi, la fonction de
de la cage. transfert devient :
La simulation globale de la figure (8) ne fait aucune 0 1 1
Gbo . . F ( p).
hypothèse sur la régulation de couple, seules les p 1 p p
1
300 100
performances sont précisées : en boucle fermée
0
Gbo pour 50 rd / s compte tenu des différents filtres et de ...
nous supposons que les performances sont p
n
[J] Vbobineuse
From1
-K- 2
Vitesse de rotation de la
Vb Gain2 bobineuse
2
Vitesse bande
[R]
From
P kW
-K- Puissance
Product Gain1
Calcul de l'inertie J m²kg
-K- J
R² R².R² Coef
(Dmin/2)^4 Jmin J
VitMot
Ro2 Ro1 Goto2
Dmin/2
1 Ro Dm
bobineuse Calcul du diamètre D
2 -K-
e en mm
m
Out1 7800
Regulateur de traction -K- Couple kmN Traction
Gain2 d
Initialisation avec BOBTRAC.m R Sreg Cm T
Out2 6.867e+007
From1
1 1 k
1 Couple bobineuse Traction
10000 Ref.T T Rampée 30 s 1/300s+1
1/100s+ Product3 Integrator Out3 0.5
Ref T N 1 Gain Rég. Couple
Rampe T Compensation Vitesse bande Vitesse de la bobineuse L m
Bobineuse Out4 0.4
1 Ref C
t 1/100s+1 Dmin m
Clock
Tractiometre
Out5 1.2
1
V bobineuse
1/KT Calcul de la traction Dmax m
Product2
R e en mm e 200
Out6
From4 Calculs épaisseur
Jmin m²kg
Out7 984.1
1 s
4 Réf. Vb Sortie rampée Jmax m²kg
1/2s+1 1/2000s+1
V Bande 1 CInertie 117.2
Residuel cage Transfer Fcn2 Product1 Out9
m/s Rampe V Divide2 kci
wn min rd/s
J R
0 From3 From5 TrCIVb Out10 158.5
CI
Signal 1/KC2 VBande Compensation d'inertie wn max rd/s
Generator1
VBande Out11 2
-K- Traction1
e en mm
kci1 Subsystem
20 Rupture
contrôle de la traction. Le bloc des limitations est 0
Vitesse nulle
s
-20
environné par un dispositif anti-saturation qui 0 40 s 50 100 150
Couple sur la bobineuse
maintient la sortie de l’intégrateur, du PI vitesse, à 8
kmN
6
la valeur de limitation. 4
Historiquement c’est avec des machines à courant Il doit être noté que la précision sur le couple n’est
continu que les bobineuses étaient réalisées. pas fondamentale dans cette application, le couple
La relation P = Const. = E.I = K. .I suggère de est une donnée interne, la précision est assurée par
maintenir I constant et de faire varier le flux en la régulation de traction et surtout par le
sens inverse de la vitesse . D’où une variation du tractiomètre. Ce qui permet d’envisager des
flux proportionnelle à la variation de vitesse, machines asynchrones dont le contrôle du couple
globalement dans le rapport des diamètres de la est relativement approximatif du fait de
bobine. L’évolution des diamètres est lente et donc l’échauffement de la cage d’écureuil (il existe bien
compatible avec un contrôle du flux. D’un point de des algorithmes qui améliorent la précision du
vue électrique ce contrôle à flux variable peut couple, mais ils demandent une connaissance
sembler optimal, en fait, ce n’est pas le cas si l’on parfaite de la machine). Mais la souplesse des
prend en compte la commutation de la machine à machines asynchrones est réduite du fait que le
faible flux et grande vitesse. D’où des machines couple maximal est proportionnel au carré du flux,
avec des conceptions particulières et coûteuses. donc le fonctionnement en désexcité est
Cela dit, il existe deux moyens de contrôler le relativement limité, d’où la nécessité d’utiliser une
solution mixte, flux et courant, comme dans le cas termes tg est égal à la réactance synchrone
des machines à courant continu. Donc, on peut faire exprimée en pu, et C p . P 3 . p . Vs . Is (avec p,
fonctionner une bobineuse, avec un rapport des 2
diamètres de 3 avec une machine asynchrone : à nombre de paires de pôles) expression identique à
flux variable c’est limite, cela conduit à une celle obtenue avec un machine à courant continu.
machine un peu particulière, avec un courant de La puissance peut être mise sous une forme
démarrage ID relativement élevé. favorable à l’appréciation de l’importance de
λ
σ
. Ls
l’angle interne :
1 σ
Is I’r
3 3 Vs2 . ω . Ls . Is 3 V2 3 Vs2 tg δ
P . Vs . Is . . tg δ . s . .
Im 2 2 Vs . ω . Ls 2 ω . Ls 2 Ls ω
R r Ls
2
Rr avec Vs = constante, le maintien de la puissance
Vs .
Ls g M g constante impose que tg = k.
M2 tg δ n tg δ Max
σ 1 Coefficien t de dispersion
Ls . Ls Donc avec cos = 1 nous avons,
Lr
ωn ω Max
τr Cons tan te de temps rotorique q
Rr
j.X.Is
Vs Vs
I mag et ID
j . Ls . ωs j . σ Ls . ωs
I mag I mag I
ce qui permet d' écrire σ . sn
ID I sn ID E
Vq
Figure 13 : Modèle de la machine asynchrone pris en Vs
X s . Is . cos
compte. Schéma équivalent, ramené au stator avec les tg
Vs X s . Is . sin
Is Iq
fuites localisées au rotor. fd
Lq.Iq
En partant de la figure (13), avec Imag = 30% de fo
d
Isn (courant nominal statorique) nous obtenons : Vd Id Ld.Id
Dans certains cas la stabilité d’un bus continu n’est Il y a une trentaine d’années, 90% des fonctions de
pas assurée. Le dimensionnement des différents régulation qui viennent d’être décrites, en
condensateurs présents sur ledit bus résulte des particulier au droit des bobineuses, étaient
harmoniques de courant et de l’ondulation sur la analogiques et implantées dans le contrôle des
variateurs de vitesse, seuls les paramètres avaient
tension E d (l’ordre du %). Surtout avec une
Ed pour origine les calculateurs. Aujourd’hui les
alimentation réalisée par un pont de diodes, cette variateurs sont standards, seule les régulations de
valeur « naturelle » peut s’avérer beaucoup trop couple et de vitesse (qui est exceptionnelle) sont
faible pour avoir un amortissement convenable implantées dans le contrôle du variateur de vitesse.
z>0,6 d’où une augmentation de la valeur globale La régulation de traction au sens large est faite dans
du condensateur de bus. Si l’alimentation est les calculateurs de procédé qui donnent à chaque
réalisée par un redresseur actif (thyristors ou IGBT) variateur de vitesse une référence couple.
avec une régulation de courant (boucle interne)
rapide (de l’ordre de 300 rad/s) il est possible que Le but de cet article était de présenter
l’augmentation du condensateur ne soit pas sommairement une réalité industrielle prenant en
nécessaire. compte des aspects électriques liés à un procédé,
Ces petites difficultés ont pour origine finalement assez générique, et une mécanique qui
l’alimentation d’une charge à puissance constante : représente l’outil, la finalité étant le produit.
Ed Ed En électronique de puissance la modélisation des
P Ed . I d Const .
Id Id procédés est fondamentale, aussi bien pour le
On pourrait démontrer que l’incidence du dimensionnement des actionneurs que pour le
dimensionnement du condensateur, dans le cas d’un contrôle. La qualité du fonctionnement global
redresseur commandé ayant une boucle courant repose souvent sur un dialogue entre mécaniciens et
avec un résiduel du premier ordre i, est donnée électriciens : pour connaître les constantes de temps
par la formule qui suit : et fréquences propres du système et parfois, face
4.P aux performances requises, à les faire évoluer pour
C mieux contrôler la mécanique entraînée.
ω i . E2
d Le terme électronique de puissance ne doit pas être
Cette condition doit être remplie, mais elle ne se limité à la conception des actionneurs, à la
substitue pas à celle qui fixe l’ondulation sur Ed. commutation des IGBT, ou autres interrupteurs, au
dimensionnement des divers composants de
La conception d’un bus à courant continu ne se puissance, il doit prendre en compte d’importantes
limite pas à un dimensionnement électrotechnique notions d’automatique qui implicitement
et à une bonne stabilité. Dans les industries de la contiennent des aspects de modélisation.
métallurgie et du papier, il existe des bus qui
dépassent la centaine de mètres, il importe donc
d’être très vigilent sur les aspects liés à la
compatibilité électromagnétique. D’autre part, la
protection des moteurs contre les dV/dt engendrés