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Laminage réversible à froid

Jacques COURAULT

Résumé : Dans cet article, nous proposons de développer le principe de fonctionnement des
laminoirs réversibles à froid. Ces appareils comprennent plusieurs fonctions génériques du
laminage, bobineuses et cage qui sont liées par le produit à laminer. Les difficultés purement
électrotechniques sont limitées, elles sont classiques pour les entraînements, c’est donc au
niveau des automatismes de conduite que sont les particularités.

1. Introduction

Le laminage sur laminoirs réversibles à froid, peuvent être de la grosseur d’un crayon) jusqu’aux
recouvre des applications aussi différentes que le gros laminoirs quarto. Malgré une grande différence
laminage de bandes de quelques microns dans les composants mécaniques et électriques mis
d’épaisseur en petite largeur ou celui de tôles de 3 à en œuvre, des éléments communs demeurent pour
4 mm d’épaisseur en deux mètres de large. toutes les installations : les régulations de vitesse,
Les installations mécaniques qui permettent de de traction de la bande, d’épaisseur de la bande et
réaliser des opérations de laminage vont du petit les automatismes de l’ensemble.
laminoir multicylindre (où les cylindres de travail
Ethernet

Séquences Séquences
Régulation Régulation
auxiliaires hydrauliques

Supervision Conduite Modèle

. math.

Réseau de terrain rapide

Jauge Jauge
d’épaisseur g d’épaisseur d

Planeuse
GI Dg GI Dd Cisaille

GI Bg GI Bd Enrouleur
Cage Quarto à papier
Enrouleur Enrouleur
à papier à papier Dévidoir
Bobineuse
Bobineuse
droite
gauche

Figure 1 : Principe de fonctionnement d’un laminoir à froid réversible.

Les appareils élémentaires qui composent un au niveau des références, et aux automatismes et les
laminoir réversible à froid sont la cage qui lamine la calculateurs de niveau supérieur.
tôle et les bobineuses : en fait les bobineuses D’une manière simpliste on peut dire que la cage
bobinent sur une passe et débobinent sur la passe assure l’entraînement de la bande et le contrôle de
suivante. Sur certains laminoirs on compte jusqu’à l’épaisseur, donc elle comprend une régulation de
vingt passes. Bobineuses et cage ont des contrôles vitesse et une régulation de serrage.
rapprochés (couple, vitesse) différents adaptés à la La fonction principale des bobineuses est d’assurer
fonction, mais ils sont liés entre eux, en particulier la traction de la bande, elle peut assurer un petit
contrôle d’épaisseur qui est assez réduit et limité à Pour les bobineuses, il importe de tenir compte de
l’élasticité de la bande…
la correction d’erreurs d’épaisseur inférieures au
dF
centième de millimètre. k
dx
est le coefficient
d’allongement
pour la machine. cage
Les puissances de ce type d’équipement vont de F dx
quelques dizaines de kW à environ 4 MW. V
R Vitesse de la bande
cage
2. Fonctionnement d’une bobineuse. Bobineuse
Cage de la
bobineuse
Les exemples de bobineuse sont extrêmement
nombreux en métallurgie des métaux ferreux ou Note sur la détermination de k:
dF
non ferreux (voire également l’industrie du papier) : E dS Contrainte normale
Module d' YOUNG
dx Allongemen t relatif
Trains continus à bandes. x
Lignes de traitement (décapage…). F dx dF
d' où k
dF E .S
x E . dS dx d
Laminoirs réversibles à froid.
x dS
S est la section de la bande, d
Lignes de traitements spécifiques la distance entre bobineuse et
(galvanisation…). cage.
Pour l’acier E ~ 21000 daN/mm² -
Lignes de parachèvement (refendage,
Pour l’aluminium E ~ 7000 daN/mm²
découpe…)
Figure 2 : Module de YOUNG.
Les bobineuses sont soit des enrouleuses soit des
dérouleuses, dans les deux cas le fonctionnement dx
La force ou traction est de la forme dT k . dx . ,
est le même. La figure (1) est une enrouleuse : en dt
amont de la bobineuse est représentée une cage qui est un coefficient de frottement proportionnel à la
lamine la bande et qui contrôle la vitesse V de la vitesse d’allongement, = 175000 Ns/m, cette
bande. Comme la force de traction est constante, ce valeur est basée sur l’expérience, et plus
procédé est à puissance constante P=F.V =C. . La précisément sur un amortissement observé de 0,2.
force de traction F est contrôlée par la bobineuse.
soit T k . ( R . V ). dt .( R . V ) sous une
Une bobineuse n’est pas contrôlée en vitesse,
puisque celle-ci évolue avec le rayon de la bobine, k. R k .
autre forme T . .R . V
. V
.
il existe donc une relation entre V et vitesse de p p
rotation de la bobine, de la forme R - V = 0. La En introduisant la relation fondamentale de la
traction de la bande fait intervenir son élasticité, la dynamique des masses en rotation, nous obtenons
figure (2) montre comment intervient le Module de les équations qui régissent le système qui décrit le
Young, qui est le rapport entre les efforts et fonctionnement d’une bobineuse.
l’allongement relatif. L’élasticité de la bande est un k .R k
T . β.R . .V β.V
paramètre important, d’autant qu’entre la bobineuse p p (1)
et la cage on rencontre des distances qui peuvent Cm R .T
J .p J .p
être de l’ordre de trois à quatre mètres voire plus. V

+ 1 - k + - T
Cm R
Calcul des constantes. -
J .p
+
p
+ +
R.T

dF E .S
k est une donnée fondamentale. Nous
dx d R
prenons E = 21000 dN/mm² valeur classique pour
l’acier, soit, E=210.109 N/m2 avec L (largeur de Figure 3 : Représentation graphique du système
bande) = 0,5 m, e (épaisseur de bande) = 2 mm d’où d’équations (1 ).
s=10-3 m2, d (distance cage bobineuse)= 3 m. On
arrive à k 70.106 N/m. Il apparaît donc clairement que deux paramètres
clés doivent être définis, R et J qui est, d’ailleurs,
une fonction de R. La mesure directe de R n’est pas
aisée, on préfère une mesure indirecte en fonction
de la vitesse de la bande et de la vitesse de rotation
de la bobine. Ce calcul du rayon est numérique A vitesse de bande, V constante et Traction
depuis une trentaine d’années, il est réalisé en constante, nous avons R Max CMax Max
partant de générateurs d’impulsions (GI). GI sur R min Cmin min
rouleau déflecteur pour la mesure de V et GI sur le
mandrin de la bobineuse.
Tractiomètre
Variateur de vitesse
Bobineuse
Réf. Traction - Régulateur + Régulateur Cm T
de traction de couple k .R
β.R .
k
β.V
+ + T
p
.
p
.V

+ Cm R .T
R V J .p J .p
Calcul de la traction +
Compensation d’inertie k R J
J .p
R
Vitesse
Calcul de k, R, J, n…
bande

Et la régulation de vitesse d’une bobineuse ? Elle existe, pour les manœuvres du mandrin ou en
cas de rupture de bande, mais en fonctionnement normal la bobineuse est contrôlée en couple. La e Épaisseur de la bande.
régulation de traction agit donc sur les limitations du régulateur de vitesse. L Largeur de la bande.
Dmini. Diamètre minimal de la bobine
d Distance entre bobineuse et cage

Figure 4 : Vision fonctionnelle de la bobineuse


.
Si la précision sur la traction n’est pas très élevée T = f ( t, Cm, V ) :
β β
+/- 1% de la traction maximale en régime 1 .p p. 1 .p
1 k . R² k J k . R² k
T . . . Cm . . .V
stationnaire et +/- 5% dans les régimes transitoires, R J

β . R²
.p
k . R² R² J

β . R²
.p
k . R² (2)
il n’est pas nécessaire d’utiliser un tractiomètre. J J J J
k β.R k
Pour les précisions plus importantes un tractiomètre En posant ωn R . , z et ωaf on obtient :
J 2. k .J β
est nécessaire, du fait des pertes toujours difficiles à 1
p
p. 1
p
ω af ω af
prévoir avec précision. A l’origine cette fonction T
1 2
. ωn . . Cm
J
. ω2
n. .V (3)
R p² 2 . z . ω n . p ω 2
n
R² p² 2 . z . ωn . p ω 2
n
était réalisée avec un rouleau déflecteur, coûteux et
surtout assez lent, ce qui pénalisait la rapidité de la Estimation des paramètres n, z. Précédemment
boucle de traction. Maintenant il existe sur le
nous avons défini, β 175000 Ns / m et k 70 .10 6 N / m
marché des solutions qui permettent d’atteindre des
, af = 400 r/s.
précisions de l’ordre de 0,2 % et qui ont des bandes
Mode global Introduction de e
passantes compatibles avec les exigences de +
V A rad/s 1 +
R
laminage modernes. -
p
2. X
1
p
R
X +
V R. 0
e R mini.
L’inertie J, sur l’axe de la bobine, est facilement e compris entre 1 et 1,5

calculable, dès que R est connu. + π .L .δ +


R X X J
Jt = Jm (moteur ramenée sur l’axe de la bobine) + -
2
+

Jmec (mécanique sur l’axe de la bobine) + Jb


4 J min i.
Rmin i.

(inertie de la bobine). J tb J m J m e c J b il
Figure 5 : Calculs élémentaires de R et J pour une
s’agit de l’inertie totale ramenée à l’axe de la simulation.
bobineuse. Si il existe un réducteur (ce qui est Evolution de J Evolution de n Evolution de l’amortissement z
1000 180 0.23
généralement le cas, entre moteur et bobine) on 900
m²kg
170
r/s 0.22
0.21
800
pose n = Vitesse bobine/vitesse moteur. D’où Jtm = 700
160
150
0.2
0.19
600
Jtb.n², Jtm est l’inertie totale ramenée au moteur. 500
140
130
0.18
0.17
400 0.16
π .δ .L 120
. D4 4 300
Jb Dmin , est la masse volumique Jo 200
Øm
110
Øm
0.15
Øm

32 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1 1.1 1.2 1.3


Ø min Ø max
0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1 1.1 1.2 1.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1 1.1 1.2 1.3

du produit laminé et L la largeur de bande. L’inertie


Figure 6 : Evolution de J, n et z pour une bobine
maximale, pour le diamètre DMax est donnée par
d’acier avec une variation des diamètres
π .δ .L 4 4 .
J b Max . DMax Dmin dans un rapport 3.
32

Le système d’équations [1] permet d’écrire


La relation (3) peut se mettre sous la forme Coefficient de compensation d’inertie J / R
1700
J/R
1600
suivante, p + 1500
1 Réf. Cm Régulateur 1400
1 2 ωaf J .p + de couple 1300
T . ωn . . Cm .V 1200
R p² 2 . z . ωn . p ω2
n
R
dV J
1100
1000
dt R 900
800 Øm
700
Sous cette forme, le rôle de la compensation 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1 1.1 1.2 1.3

d’inertie est évident, quand la vitesse de bande Figure 7 : Compensation d’inertie.


varie, suite à une évolution de la vitesse de cage, il
importe de maintenir la traction. D’où une La fonction de transfert en boucle ouverte est donc :
évolution, a priori, du couple moteur en fonction de G
A0
.
1 1
. . F(p) .
1 on suppose un
bo p R p
p
la dérivée de la vitesse de bande, et plus 1
300
1
100

précisément de J déjà évoquée figure (4). La tractiomètre avec de très bonnes performances
R dynamiques. Pour avoir des performances
dérivée de la vitesse de bande peut être mesurée dynamiques constantes, le gain Ao doit tenir
mais elle peut aussi avoir pour origine le contrôle compte de R d’où Ao = o.R. Ainsi, la fonction de
de la cage. transfert devient :
La simulation globale de la figure (8) ne fait aucune 0 1 1
Gbo . . F ( p).
hypothèse sur la régulation de couple, seules les p 1 p p
1
300 100
performances sont précisées : en boucle fermée
0
Gbo pour 50 rd / s compte tenu des différents filtres et de ...
nous supposons que les performances sont p
n

équivalentes à un système du premier ordre dont la Il en découle la pulsation de coupure en boucle


pulsation résiduelle est de 300 rd/s. La grandeur ouverte cbo = on retient cbo=30 rd/s.
régulée est la traction.
p
1
T 1 2 ω af 1
.ωn . . F(p )
Cm R p² 2 . z . ω n . p ω 2
n
R

Modélisation de la bobineuse dans Simulink


Cm R .T
J .p J .p k .R k
T . β.R . .V β.V
p p
1 1
Couple bobineuse s 1
k 1
s
Traction

[J] Vbobineuse

From1

-K- 2
Vitesse de rotation de la
Vb Gain2 bobineuse
2
Vitesse bande

[R]

From
P kW
-K- Puissance

Product Gain1
Calcul de l'inertie J m²kg

-K- J

R² R².R² Coef

(Dmin/2)^4 Jmin J
VitMot
Ro2 Ro1 Goto2

t/mn r/s t/s


-K- -K- 1
R
s
Moteur t/mn k3 k2
e1 Integrator3 Goto1
2
k4

Dmin/2

1 Ro Dm
bobineuse Calcul du diamètre D
2 -K-
e en mm
m

Figure 8 : Modélisation de la bobineuse avec SIMULINK


12000 Traction
10000
4 m/s
8000 Vitesse de la bande (imposée par la cage ( X 2000)
6000
4000
2000 Compensation d’Inertie
0
-2000
-4000
-6000 s
0 50 100 150
20
t/mn Vitesse bobineuse
15
10
5
0
-5
0 50 100 150
7
kmN Couple bobineuse
6
5
4
3
2
1
s
0
0 50 100 150
T 10000
10000 (Vb X 2000) T
Vb (X 2000) 8000
6000
5000 4000
2000
CI C
0 0 I
-2000
s -4000
-5000 s
0 2 4 6 8 10 12 -6000 120 125 130 135 140

Figure 9 : Résultat des simulations réalisées avec le schéma de la figure (10).

Out1 7800
Regulateur de traction -K- Couple kmN Traction
Gain2 d
Initialisation avec BOBTRAC.m R Sreg Cm T
Out2 6.867e+007
From1
1 1 k
1 Couple bobineuse Traction
10000 Ref.T T Rampée 30 s 1/300s+1
1/100s+ Product3 Integrator Out3 0.5
Ref T N 1 Gain Rég. Couple
Rampe T Compensation Vitesse bande Vitesse de la bobineuse L m
Bobineuse Out4 0.4
1 Ref C
t 1/100s+1 Dmin m
Clock
Tractiometre
Out5 1.2
1
V bobineuse
1/KT Calcul de la traction Dmax m
Product2
R e en mm e 200
Out6
From4 Calculs épaisseur
Jmin m²kg

Out7 984.1
1 s
4 Réf. Vb Sortie rampée Jmax m²kg
1/2s+1 1/2000s+1
V Bande 1 CInertie 117.2
Residuel cage Transfer Fcn2 Product1 Out9
m/s Rampe V Divide2 kci
wn min rd/s
J R
0 From3 From5 TrCIVb Out10 158.5
CI
Signal 1/KC2 VBande Compensation d'inertie wn max rd/s
Generator1
VBande Out11 2
-K- Traction1
e en mm
kci1 Subsystem

Figure 10 : Contrôle en traction d’une bobineuse.

La vitesse de la bande dépend des performances de


réf. Calculée en
la cage, en particulier au démarrage. Dans la partant de la vitesse de
la bande. Limitations
simulation de la figure (9), nous avons choisi de réf. En cas de
rupture de bande + + réf Cm Régulateur de
PI
mettre la bande en traction avant le démarrage de la -
Couple

bande. De même, quand la bande s’arrête, (diamètre m prise


sur le
moteur.
maximal est atteint), la traction est maintenue. Régulateur de
traction et CI

Ramenée au couple de la bobineuse, on peut


constater l’extrême importance de la compensation Figure 11 : Régulation de vitesse en cas de rupture de
d’inertie. Elle est plus importante à l’arrêt de bande, bande ou de manœuvres de la bobine.
quand l’inertie de la bobine est la plus forte.
En fonctionnement normal, la vitesse calculée en 12000
N
Traction et rupture de bande

partant de la vitesse de la bande et la vitesse de la 10000


8000
machine (avec le coefficient tenant compte du 6000 Rupture de bande
réducteur) sont identiques. Donc c’est la référence 4000
2000
fixe supplémentaire, de faible valeur, qui est en 0
s
référence du régulateur de vitesse. Comme la -2000
0 50 100 150
Vitesse de rotation en t/mn de la bobine.
vitesse est imposée par la traction (la cage) le 180 t/mn
160 Fonctionnement en régulation de vitesse.
régulateur de vitesse est saturé, donc sa sortie est 140
120 Palier à 100 t/mn (ce palier peut
éventuellement être supprimé.)
limitée par le bloc des saturations. Les limites du 100
80 Fonctionnement
bloc des saturations sont alors pilotées par le 60
40
normal

20 Rupture
contrôle de la traction. Le bloc des limitations est 0
Vitesse nulle
s
-20
environné par un dispositif anti-saturation qui 0 40 s 50 100 150
Couple sur la bobineuse
maintient la sortie de l’intégrateur, du PI vitesse, à 8
kmN
6
la valeur de limitation. 4

En cas de rupture de bande, La vitesse de bande est 2


0
bien entendu nulle, ainsi que la vitesse de rotation -2

de la bobine calculée en fonction de la vitesse de -4


s
-6
bande, il n’y a plus de traction, ce qui a pour 0 50 100 150

conséquence une demande de traction très Figure 12 : Comportement en rupture de bande.


importante de la part du régulateur de traction.
Le régulateur vitesse n’a plus qu’une référence couple, le flux et courant d’induit, on a donc réduit
vitesse faible, mais suffisante, pour que les butées la désexcitation en fonctionnant pour les vitesses
du bloc des limitations deviennent très grandes et élevées à flux variable et courant constant et pour
laissent passer la référence couple, issues de la faibles vitesses à flux constant et courant variable…
sortie du régulateur de vitesse. De cette manière le rapport de défluxage est réduit,
Une bobineuse doit pouvoir fonctionner en ce qui permet une meilleure optimisation de la
régulation de vitesse, bien sûr en cas de rupture de machine.
bande, mais aussi pour l’engagement de la bande et Eventuellement, des moteurs à courant continu
diverses manœuvres d’entretien. Dans ces derniers peuvent être mis sur un bus à courant continu s’ils
cas un contrôle manuel du couple, indépendant de sont alimentés par un simple hacheur réversible en
la traction, est aussi une nécessité. courant, pour des fonctionnements uniquement
Le détail du calcul du régulateur de couple n’est pas enrouleuse ou dérouleuse il n’y a aucune difficulté.
donné, il est classique (pour chaque type de Mais là où il existe une lourdeur, c’est pour le
machine), à noter la prise en compte automatique de changement de sens de rotation. Aujourd’hui, on
l’inertie de la bobine, au moment de la rupture de la utilise soit des machines asynchrones soit des
bande. machines synchrones.

Historiquement c’est avec des machines à courant Il doit être noté que la précision sur le couple n’est
continu que les bobineuses étaient réalisées. pas fondamentale dans cette application, le couple
La relation P = Const. = E.I = K. .I suggère de est une donnée interne, la précision est assurée par
maintenir I constant et de faire varier le flux en la régulation de traction et surtout par le
sens inverse de la vitesse . D’où une variation du tractiomètre. Ce qui permet d’envisager des
flux proportionnelle à la variation de vitesse, machines asynchrones dont le contrôle du couple
globalement dans le rapport des diamètres de la est relativement approximatif du fait de
bobine. L’évolution des diamètres est lente et donc l’échauffement de la cage d’écureuil (il existe bien
compatible avec un contrôle du flux. D’un point de des algorithmes qui améliorent la précision du
vue électrique ce contrôle à flux variable peut couple, mais ils demandent une connaissance
sembler optimal, en fait, ce n’est pas le cas si l’on parfaite de la machine). Mais la souplesse des
prend en compte la commutation de la machine à machines asynchrones est réduite du fait que le
faible flux et grande vitesse. D’où des machines couple maximal est proportionnel au carré du flux,
avec des conceptions particulières et coûteuses. donc le fonctionnement en désexcité est
Cela dit, il existe deux moyens de contrôler le relativement limité, d’où la nécessité d’utiliser une
solution mixte, flux et courant, comme dans le cas termes tg est égal à la réactance synchrone
des machines à courant continu. Donc, on peut faire exprimée en pu, et C p . P 3 . p . Vs . Is (avec p,
fonctionner une bobineuse, avec un rapport des 2
diamètres de 3 avec une machine asynchrone : à nombre de paires de pôles) expression identique à
flux variable c’est limite, cela conduit à une celle obtenue avec un machine à courant continu.
machine un peu particulière, avec un courant de La puissance peut être mise sous une forme
démarrage ID relativement élevé. favorable à l’appréciation de l’importance de
λ
σ
. Ls
l’angle interne :
1 σ
Is I’r
3 3 Vs2 . ω . Ls . Is 3 V2 3 Vs2 tg δ
P . Vs . Is . . tg δ . s . .
Im 2 2 Vs . ω . Ls 2 ω . Ls 2 Ls ω
R r Ls
2
Rr avec Vs = constante, le maintien de la puissance
Vs .
Ls g M g constante impose que tg = k.

M2 tg δ n tg δ Max
σ 1 Coefficien t de dispersion
Ls . Ls Donc avec cos = 1 nous avons,
Lr
ωn ω Max
τr Cons tan te de temps rotorique q
Rr
j.X.Is
Vs Vs
I mag et ID
j . Ls . ωs j . σ Ls . ωs
I mag I mag I
ce qui permet d' écrire σ . sn
ID I sn ID E

Vq
Figure 13 : Modèle de la machine asynchrone pris en Vs
X s . Is . cos
compte. Schéma équivalent, ramené au stator avec les tg
Vs X s . Is . sin
Is Iq
fuites localisées au rotor. fd

Lq.Iq
En partant de la figure (13), avec Imag = 30% de fo
d
Isn (courant nominal statorique) nous obtenons : Vd Id Ld.Id

ID Imag Figure 14 : Modélisation de la machine synchrone.


2 .S 2 . 3 0,3 5,7
Isn Isn Définition de l’angle interne .
sL ID 1
S étant la souplesse définie par : S .
Isn 2
sn Pour définir une machine qui doit pouvoir
Si la stratégie à flux constant est utilisée aux fonctionner à puissance constante dans un rapport
vitesses élevées on réduit la plage de 4 = Max/ n, on prend à la vitesse maximale Max
fonctionnement à flux variable et ID peut tendre = 60°. D’où tg n = 0,433 et n = 23,5°, figure (14).
vers une valeur plus classique de l’ordre de 4, (mais Pour obtenir une bonne dynamique au niveau des
la puissance de dimensionnement de la machine contrôles il est bien évident que la machine sera du
sera plus élevée)… type bagues et balais.

Pour des rapports des diamètres supérieurs à 3 ou 3. Fonctionnement de la cage.


éventuellement pour obtenir une bonne précision
sur le couple (de l’ordre du pour cent), dans le but La cage d’un laminoir à froid est un double
de ne pas utiliser de tractiomètre, la machine actionneur. D’une part entraînement des cylindres
synchrone est incontournable. Pour un bon contrôle qui ne présente pas de difficultés particulières, si ce
du couple les machines utilisées seront à pôles n’est de bonnes performances dynamiques, c’est les
lisses pour limiter les effets des couples de saillance cylindres qui imposent la vitesse de la bande,
en 2. . Sur une machine synchrone le couple est de d’autre part, le serrage des cylindres…
la forme C k . I cela signifie que trois actions
Les moyens classiques de réglage de l’épaisseur de
de réglage sont possibles, le flux, le courant et la tôle sortant du laminoir sont par ordre croissant
l’angle, ces trois moyens de réglage sont liés. Le d’efficacité :
contrôle de la machine est réalisé en maintenant le La modification de la vitesse.
La modification de la traction.
cos égal à 1 (en alimentation de tension c’est
La modification du serrage.
possible, en alimentation de courant cela ne l’est
X . Is ,
pas), dans ces conditions, tg δ s en d’autres
Vs
La modification a une faible influence sur progression de la bande dans le
l’épaisseur, elle n’est en général pas retenue comme laminoir.
moyen de réglage. Les actions de correction doivent être
La modification de la traction a une influence non anticipées du temps de réponse des
négligeable sur l’épaisseur, mais l’amplitude actions pour que la correction arrive
possible d’une telle action est réduite à cause des quand la portion de tôle concernée arrive
problèmes liés à la stabilité de la bande dans la cage sous l’emprise des cylindres de la cage.
ainsi qu’à sa planéité. La plage de variation de la L’amplitude des actions de correction
traction admissible permet de corriger des erreurs doit être optimale. C’est surtout cette
d’épaisseur inférieures à 1/100 mm. dernière condition qui est délicate à
Pour les erreurs supérieures on est dans l’obligation réaliser avec une régulation par action
de modifier l’entrefer des cylindres par une action amont. Les calculs et les mesures faits
du système de serrage. sur les laminoirs montrent que les gains
(rapport entre l’entrefer et l’épaisseur de
Type de serrage Vitesse Précision Temps mort sortie) peuvent varier dans un rapport
Hydraulique Rapide Moyenne 0,03 s de 1 à 3 suivant les conditions de
Electrique Moyenne Très bonne 0,1 s
laminage (métal recuit ou écroui après
une dizaine de passes).
3.1. Régulation d’épaisseur.
La première idée qui vient à l’esprit quand on veut 4. Alimentation électrique.
réaliser une régulation d’épaisseur est d’essayer de
connaître l’erreur au moment où elle se produit : Dans le domaine de la variation de vitesse, les
c'est-à-dire dans la cage de laminage. Or, il est entraînements pour les laminoirs présentent la
généralement impossible d’installer un instrument particularité d’être multiples et liés par le procédé.
de mesure à cet endroit. Le développement des alimentations en tension
Les variations de force dans la cage pourraient être pour moteurs synchrones et asynchrones a assez
utilisées, mais tous les laminoirs ne sont pas rapidement suggéré aux concepteurs d’alimenter les
équipés de jauges de mesure de force. moteurs avec un même appareil en partant d’une
En régime permanent (vitesse stable et absence de même source continue: les avantages sont
mouvement de serrage), les erreurs d’épaisseurs nombreux :
résiduelles en sortie sont dues presque
Id
exclusivement aux erreurs présentes à l’entrée (les
variations crées par les faux ronds des cylindres ou
ALIMENTATION Ed
par les fluctuations de traction produites par les
faux ronds des bobines sont du deuxième ordre).
Comme un laminoir réversible comporte toujours
une jauge de mesure de l’épaisseur de chaque coté
de la cage de laminage, il est intéressant d’utiliser
M1
M1 M2
M2 M3
M3
les signaux située en amont du laminoir pour
corriger avec anticipation les erreurs d’épaisseur Figure 15 : Bus à courant continu.
déjà présentes avant le passage dans la cage. Avec
la correction a priori du réglage du laminoir pour Échanges d’énergie sur l’alimentation
compenser les erreurs d’épaisseur présentes en continue, sans pollution du réseau.
amont on dispose d’un moyen puissant permettant Réduction du dimensionnement de la
d’obtenir de bonnes précisions en aval de la cage. conversion, coté réseau, du fait du
Pour que le dispositif soit parfaitement efficace et foisonnement des puissances. Sur un
ne produise pas les effets contraires à ceux laminoir à froid, l’enrouleuse a un
recherchés, plusieurs conditions doivent être comportement moteur et la dérouleuse un
remplies. comportement générateur.
Une mémorisation des erreurs présentes Amélioration du facteur de puissance
en amont doit être faite dans des réseau. On peut imaginer une alimentation
mémoires dont le décalage est lié à la
par un simple pont de diodes ou par un par les découpages (MLI) doit être prise en compte,
redresseur actif (MLI à IGBT). ainsi que les courants dans les paliers (les paliers
Réduction des variations de puissance isolés ne sont généralement pas efficace pour les
réactive. hautes fréquences). Il existe des solutions :
Réduction de la sensibilité aux Filtres de dV/dt. Il s’agit d’un filtrage
perturbations sur les réseaux. léger bien amorti pour ramener les dV/dt
Possibilité de secourir l’alimentation de commutation des IGBT de 4000 V/µs à
continue, par un éventuel stockage environ 500 V/µs. De tels filtres n’ont
d’énergie, limité, par exemple, à aucune incidence sur le contrôle du couple.
l’alimentation de l’ensemble pour finir la Inductances homopolaires.
passe en cours, dans le cas d’un
déclenchement du réseau alternatif. 5. Conclusions.

Dans certains cas la stabilité d’un bus continu n’est Il y a une trentaine d’années, 90% des fonctions de
pas assurée. Le dimensionnement des différents régulation qui viennent d’être décrites, en
condensateurs présents sur ledit bus résulte des particulier au droit des bobineuses, étaient
harmoniques de courant et de l’ondulation sur la analogiques et implantées dans le contrôle des
variateurs de vitesse, seuls les paramètres avaient
tension E d (l’ordre du %). Surtout avec une
Ed pour origine les calculateurs. Aujourd’hui les
alimentation réalisée par un pont de diodes, cette variateurs sont standards, seule les régulations de
valeur « naturelle » peut s’avérer beaucoup trop couple et de vitesse (qui est exceptionnelle) sont
faible pour avoir un amortissement convenable implantées dans le contrôle du variateur de vitesse.
z>0,6 d’où une augmentation de la valeur globale La régulation de traction au sens large est faite dans
du condensateur de bus. Si l’alimentation est les calculateurs de procédé qui donnent à chaque
réalisée par un redresseur actif (thyristors ou IGBT) variateur de vitesse une référence couple.
avec une régulation de courant (boucle interne)
rapide (de l’ordre de 300 rad/s) il est possible que Le but de cet article était de présenter
l’augmentation du condensateur ne soit pas sommairement une réalité industrielle prenant en
nécessaire. compte des aspects électriques liés à un procédé,
Ces petites difficultés ont pour origine finalement assez générique, et une mécanique qui
l’alimentation d’une charge à puissance constante : représente l’outil, la finalité étant le produit.
Ed Ed En électronique de puissance la modélisation des
P Ed . I d Const .
Id Id procédés est fondamentale, aussi bien pour le
On pourrait démontrer que l’incidence du dimensionnement des actionneurs que pour le
dimensionnement du condensateur, dans le cas d’un contrôle. La qualité du fonctionnement global
redresseur commandé ayant une boucle courant repose souvent sur un dialogue entre mécaniciens et
avec un résiduel du premier ordre i, est donnée électriciens : pour connaître les constantes de temps
par la formule qui suit : et fréquences propres du système et parfois, face
4.P aux performances requises, à les faire évoluer pour
C mieux contrôler la mécanique entraînée.
ω i . E2
d Le terme électronique de puissance ne doit pas être
Cette condition doit être remplie, mais elle ne se limité à la conception des actionneurs, à la
substitue pas à celle qui fixe l’ondulation sur Ed. commutation des IGBT, ou autres interrupteurs, au
dimensionnement des divers composants de
La conception d’un bus à courant continu ne se puissance, il doit prendre en compte d’importantes
limite pas à un dimensionnement électrotechnique notions d’automatique qui implicitement
et à une bonne stabilité. Dans les industries de la contiennent des aspects de modélisation.
métallurgie et du papier, il existe des bus qui
dépassent la centaine de mètres, il importe donc
d’être très vigilent sur les aspects liés à la
compatibilité électromagnétique. D’autre part, la
protection des moteurs contre les dV/dt engendrés

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