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ISBN: 2-200-34535-6
Internet: http://www.armand-colin.com
Les stratégies
d'apprentissage
Comment accompagner les élèves
dans l'appropriation des savoirs
Du MÊME AUTEUR
INTRODUCTION 7
CHAPITRE 1. QU'EST-CE QU'APPRENDRE? 13
1. Définitions de l'apprentissage 14
II. Les composantes de l'apprentissage 23
III. Les activités mentales mobilisées lors de l'apprentissage 35
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LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
CONCLUSION 235
BIBLIOGRAPHIE 239
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LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
Lorsque le sujet lit «L'arbre est dans la forêt» alors que la phrase
écrite est «L'arbre est dans la la forêt», l'erreur commise ne relève pas
directement d'un défaut de reconnaissance, d'identification ou de com-
pétence en lecture. Il s'agit davantage d'une «cécité» relative à la répé-
tition de l'article. Regardons de plus près comment opère le lecteur.
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INTRODUCTION
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LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
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INTRODUCTION
Le mot apprentissage est l'un des plus difficiles à définir, dans un do-
maine - celui de l'éducation - où la complexité est une constante.
Remarquons, en premier lieu, qu'apprendre est volontiers confondu
avec comprendre. Nous commencerons par voir s'il est possible de dis-
tinguer les deux termes. En outre, l'apprentissage peut se définir
à partir du comportement de l'élève (visible), comme à partir des
structures de pensée (non visibles) qui sous-tendent ce comporte-
ment. Il peut, aussi, être défini à partir des performances observées
ou des compétences mises en œuvre pour atteindre ces performan-
ces.
Selon les points de vue théoriques choisis, les définitions peuvent
se révéler fortement antagonistes. En conséquence, l'idée de stratégie
d'apprentissage varie, également, en fonction de la définition choisie.
Nous nous limiterons à donner quelques approches essentielles, sans
visée exhaustive, de façon à situer les questions de l'apprentissage et
des stratégies dans un réseau de définitions qui s'alimente autant à
l'approche psychologique qu'à l'entrée plus directement éducative.
Ces deux entrées se complètent utilement pour aider le professeur à
comprendre l'élève lorsqu'il apprend.
Complémentairement, les activités mentales que l'élève mobilise
pour résoudre des tâches scolaires peuvent s'entendre dans une di-
mension universelle, ce qui est identique chez chaque élève qui ap-
prend, mais aussi dans une dimension individuelle, qui se traduit par
l'hétérogénéité des conduites d'apprentissage observées en classe.
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1. DÉFINITIONS DE L'APPRENTISSAGE
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[SUJET
interagissant avec OBJET
AUTRUI]
Ce modèle prend toute son importance en situation d'apprentis-
sage scolaire puisque l'élève n'est jamais seul, mais il est inséré dans
un ensemble de réseaux interactifs qui facilite ou complexifie ses pro-
cessus d'acquisition.
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Le pôle individuel
Il concerne l'élève en tant que sujet apprenant qui, se trouvant à une
certaine étape de son développement, est confronté à une tâche. Les
composantes de ce pôle, que l'élève sollicite pour parvenir à l'objectif,
sont principalement au nombre de trois.
La composante cognitive: les principales fonctions sont relatives au
développement de la pensée, dans ses aspects logiques (comparer, ran-
ger, classer... ) et infralogiques (se repérer dans le temps et l'espace) ; à
la capacité de l'élève à comprendre l'information donnée, à la traiter
dans le contexte, à la contrôler; etc. La maîtrise langagière est aussi
une condition de l'apprentissage même si elle ne dépend pas unique-
ment de la composante cognitive.
La composante conative, moins directement visible, est aussi présente
en situation d'apprentissage: il s'agit de la confiance en soi, plus ou
moins grande, que manifeste l'élève; de l'image qu'il a de lui-même
et qu'il pense que les autres ont de lui; de la motivation qui influence
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QU'EST-CE QU'APPRENDRE?
Le pôle social
Il concerne le sujet en ce qu'il appartient à divers groupes et struc-
Les com-
tures où l'influence d'autrui est présente et regroupe les structures posantes
importantes, telle milieu culturel auquel l' élève appartient, telles sociales de
la famille et la représentation de l'école dans famille de l'élève, l'apprentis-
etc. L'appartenance des parents de l'élève à une catégorie sociopro- sage
fessionnelle a aussi une influence sur sa réussite, mais il ne faut ce-
pendant pas prendre ce critère au sens d'un déterminisme absolu.
On note, à partir d'indications données par le ministère de
l'Éducation nationale, à la suite des évaluations annuelles réalisées
en classe de sixième, que les enfants de professeurs et de cadres su-
périeurs ont une réussite nettement supérieure à celle des enfants
d'ouvriers ou d'agriculteurs (statistiques présentées dans le livre
d'Annick Weil-Barais, 2004). Cependant, le constat ne confère pas
un caractère déterminant au phénomène car de nombreuses réus-
sites paradoxales et de multiples contre-exemples sont enregistrés.
Il semble, en effet, que d'autres facteurs, propres aux relations de
proximité entre pairs ou au caractère singulier d'une classe, puis-
sent contrebalancer les effets a priori négatifs d'une origine socio-
professionnelle.
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La version présentée ici (IREM de Rennes, 1997) (fig. 1.1) est simpli-
fiée, afin d'être proposée avec profit aux élèves de cycle moyen. La
consigne qui leur est donnée est la suivante:
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LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
Ce qui prime, dans une telle pratique, est que la situation dans laquelle
l'élève est placé lui permette d'agir de façon authentique. Il agit soit
seul soit en interaction sociale, avec le professeur ou avec les autres
élèves, dans le cadre d'un groupe. Dans la situation du puzzle, le statut
de chacun est à clarifier. Selon que le statut de l'enseignant est fondé
sur l'autorité ou sur l'interaction, l'action de l'élève sera différente.
Dans le premier cas, le statut de l'enseignant fondé sur l'autorité, il
Ce que est attendu que le professeur, détenteur du savoir, transmette celui-ci
l'élève
attend du aux élèves, à partir de supports ou de modalités diverses, eux-mêmes
professeur faisant l'effort nécessaire pour accéder à la connaissance transmise.
Ce que les uns (élèves) attendent de l'autre (le professeur) et récipro-
quement, le plus souvent non explicite, non verbalisé, est le contrat
didactique, «système d'obligations réciproques», selon l'expression de
Brousseau.
Dans le second cas, le statut de l'enseignant fondé sur l'interaction,
qui correspond davantage au modèle d'apprentissage par la mise
en construction active du savoir par l'élève, le contrat didactique est
d'une certaine façon rompu. Dans la situation du puzzle, il n'est plus
question, pour l'enseignant, de transmettre ni d'évaluer. L'évaluation,
au sens sommatif du terme, n'intervient pas en situation de décou-
verte ou de recherche. Le fait que la validation résulte de la tâche
elle-même, donc résulte d'objectivation, rend caduque l'intention di-
dactique telle que le professeur peut l'exprimer, y compris à travers ses
non-dits. Ces situations sont nommées «adidactiques ». Cela ne signifie
pas que l'on quitte le terrain de la didactique, au contraire, mais que
l'on a opéré une rupture entre les situations d'application, nécessitant
de se conformer au désir du professeur, et les situations problèmes
nécessitant de trouver une réponse conforme à l'exigence de la tâche
et du savoir en jeu.
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LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
recherches. De multiples variantes ont été étudiées, notamment par 1'1 REM de
Grenoble, avec un troupeau de moutons, des chiens de garde... et l'âge du
berger. Indépendamment des personnages mis en scène, les constats effectués
sur les représentations des élèves sont souvent les mêmes:
- l'objectif premier des élèves, en résolution de problème, est de répondre à la
question posée;
- ils trouvent une réponse, qui leur semble acceptable, en utilisant l'algorithme
qui leur paraît le plus pertinent;
- plus largement, en situation d'apprentissage, il appert que l'important, selon
eux, consiste à donner une réponse à l'exercice, au problème ou à la question
du professeur, à faire son « métier d'élève»;
- le savoir s'apprend du professeur, qui en est le détenteur premier;
- la réussite est plus importante que la compréhension;
- se tromper est une faute à éviter à tout prix, etc.
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QU'EST-CE QU'APPRENDRE?
LE DÉVELOPPEMENT DE LA PENSÉE:
LA COMPOSANTE COMMUNE À TOUS
Les étapes du développement de l'intelligence sont identifiées. La La théorie
théorie piagétienne les a précisées. Il convient, cependant, de les pren- de Piaget
dre comme étapes souples, à la succession non linéaire, susceptibles de
modulations, les indications d'âges n'étant pas normatives mais seule-
ment indicatives.
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LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
La pensée préopératoire
À la phase de construction du réel par les actions du sujet sur celui-ci,
succède une phase de construction par opérations, celles-ci étant des
ensembles d'actions intériorisées, réversibles, qui se coordonnent en
des systèmes. Cette période se prépare lors d'une étape dite préopéra-
toire (de 2 à 6 ans environ) au cours de laquelle se développe ce que
Piaget (2001) nomme «la fonction symbolique» : il s'agit de la capaci-
té d'évoquer des objets ou des situations, en se servant de signes ou de
symboles. Parmi les grandes conduites symboliques, il y a l'imitation, le
jeu, le dessin, le langage. La pensée devient alors «intuitive ».
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000000
o 0 000 o
Dans cette épreuve, que nous avons réalisée à de nombreuses reprises avec
des élèves de maternelle, l'expérimentateur propose à de jeunes enfants des
jetons, en nombre égal, disposés en deux rangées strictement identiques. Puis
il écarte les jetons de la seconde rangée, de façon à laisser plus d'espace entre
eux et à obtenir deux longueurs différentes pour les deux rangées (figure 1.
d). Il demande ensuite à l'élève de comparer les deux rangées de jetons en
demandant de désigner la rangée « où il y en a le plus». La majorité des enfants
interrogés, jusqu'à 6 ou 7 ans, indique la seconde rangée. Pour justifier leur
réponse ils disent « Parce que c'est le plus long. »
À partir de 6 à 7 ans, ils résolvent, avec moins de fréquence d'erreur, la situation,
développant progressivement trois classes d'arguments:
- argument d1identité : le nombre est identique puisqu'aucun jeton n'est enlevé,
aucun n'est ajouté;
- argument de compensation: si la seconde rangée est plus longue c'est que
l'espace entre les jetons est plus grand;
- argument de réversibilité: on écarte pour que la rangée soit plus longue mais
on peut revenir à l'écart initial pour retrouver la longueur initiale (rangée 1).
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LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
Tant que l'enfant ne maîtrise pas ces arguments, la conservation n'est pas
acquise. La conservation est alors liée à la mobilisation de la procédure logique
qui consiste à compter, elle-même fondée sur plusieurs propriétés du nombre
telles que la distinction entre ordinal et cardinal. L'interprétation qu'en donne
Houdé est toute différente. Pour la situation donnée en exemple, il y a compé-
tition entre deux stratégies. L'une est un algorithme (le dénombrement ou algo-
rithme de quantification), l'autre, qui est plus économe, est une heuristique liée
à la perception (longueur et quantité sont supposées co-varier). L'expérience
pratique indique qu'il y a co-variance entre longueur et nombre. C'est ainsi que
l'alignement de boîtes de conserve au supermarché montre que plus la série,
sur l'étagère, est longue et plus la quantité de boîtes est importante. Il y a donc
un véritable conflit entre la perception et la réalité
000000
o o o o o Figure 1.2 Épreuve des bonbons
Dans cette nouvelle situation et lorsqu'est demandé à l'enfant de
choisir celle qu'il veut manger, il opte, correctement, pour la seconde
rangée. La réussite est observée dès 2 ans! Il semble que lorsque la
tâche comprend un enjeu réel, lié à l'émotion (ici, la gourmandise) le
jeune enfant se révèle «mathématicien» précoce (Houdé, 2004). Ceci
étant, la réussite à une épreuve ne signifie pas la stabilité de la compré-
hension. La précocité, observée dans d'autres domaines, et que Piaget
n'avait pas envisagée, n'a pas de signification quant à la construction
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LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
les peluches et celles qui ont suivi, réalisées sur écran informatique,
sont plus des interprétations subjectives à partir de présupposés des
expérimentateurs que des données scientifiques incontestables.
Une autre recherche, parmi les plus signifiantes, est le travail mené
par Siegler (2000) à partir d'expériences sur la manière dont les jeu-
nes enfants de 5/6 ans effectuent des additions. Il s'est rendu compte
Siegler et la que, loin d'avoir une homogénéité de stratégies pour un calcul simple
variabilité (comme ajouter 3 et 2), les enfants utilisent des procédures variées.
cognitive Pour cette addition, il a identifié quatre stratégies différentes permet-
tant de parvenir à la réponse: comptage sur les doigts avec oralisation,
comptage sur les doigts sans oralisation, oralisation sans support digi-
tal, ni oralisation ni support digital apparent. Autre découverte, un
même enfant peut utiliser différentes stratégies pour un même type
de calcul. Il semble que le fait de disposer d'un panel de procédures
soit utilisable toute la vie. D'une certaine façon, selon ces constats, le
passage d'un stade à un autre ne se fait pas par substitution mais par
enrichissement. Pour un même niveau de développement, il semble
qu'il n'y ait pas une conduite unique déterminée par une structure
cognitive mais un ensemble de répertoires possibles que le sujet peut
solliciter.
La notion de variabilité cognitive, ainsi définie, vient nuancer la
conception stadiste et donne une importance supplémentaire à l'as-
pect différentiel et singulier du développement.
LE DÉVELOPPEMENT DE LA PENSÉE:
LA COMPOSANTE PROPRE À CHACUN
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QU'EST-CE QU' APPREN DRE ?
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LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
SCHÈMES ET PROCÉDURES
Comprendre la façon dont l'élève apprend, après identification des
conduites privilégiées, consiste à chercher les procédures qu'il utilise
pour réaliser une tâche donnée. La procédure est la partie visible,
l'expression observable, de cette unité fondamentale de la pensée
dans la théorie constructiviste qu'est le schème. Jean Piaget nomme
La procé-
dure, partie «schème» ce qui, dans une action (ou une opération), peut être géné-
visible du ralisé et transposé d'une situation à une autre. Les schèmes primaires
schème réflexes (crier, sucer, attraper... ) permettent la construction de schè-
mes secondaires plus élaborés (secouer, déplacer ... ) et ainsi de suite.
Les schèmes moteurs (en acte) préparant les schèmes opératoires (en
pensée).
L'un des modèles forts de l'apprentissage s'appuyant sur le concept
de schème est celui défini sous le nom de «champs conceptuels ».
Selon Gérard Vergnaud (1996), dans une perspective socioconstructi-
viste, un champ conceptuel est un ensemble de situations dont le trai-
tement nécessite la mise en œuvre, par l'élève, de conceptualisations
(schèmes et concepts) et de représentations (symboliques ou langagiè-
res). Les conceptualisations se construisent à partir de «connaissances
en acte », compétences que l'écolier se forge, lors de ses multiples acti-
vités d'apprentissage, scolaires et sociales. Comme ces savoirs d'action
sont le plus souvent non conscientisés, ils échappent au contrôle de
l'écolier.
L'exemple, souvent avancé, de la proportionnalité est une illustra-
tion de ce que peut être un champ conceptuel. La proportionnalité
est une modélisation de la réalité utilisant divers concepts (fonction,
grandeur, nombre ... ) et des outils mathématiques appartenant à dif-
férents registres sémiotiques pour représenter ces concepts (tableau,
graphique ... ). Pour s'approprier un tel champ, l'élève fait appel à des
connaissances relevant de ces différentes catégories.
L'action de l'écolier, en résolution de tâche, mobilise donc les schè-
mes. Pour Gérard Vergnaud (op. cit.) le schème se caractérise par qua-
tre éléments: le but, les règles d'action, les invariants, les inférences.
Dans l'exemple du schème du dénombrement, Annick Weil-Barais
(2004) identifie chacune des quatre caractéristiques:
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LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
la tension, vécue par des élèves en échec, entre envie de savoir et peur
d'apprendre. Ces écoliers craignent la déstabilisation que provoque
la nouveauté au point de la refouler dans l'inconscient. Le désir d'ap-
prendre est en lien avec l'inconscient cognitif et peut réactualiser des
craintes secrètes et enfouies.
On peut observer, et amener les élèves à constater, que notre langa-
ge est porteur d'archaïsmes scientifiques, probablement traces de re-
Le poids
des repré- foulements à caractère social. C'est ainsi que chacun sait que la Terre
sentations tourne autour du Soleil: pourtant les expressions comme «Le Soleil se
anciennes lève à l'Est» «Le Soleil se couche à l'Ouest» tendent encore à valider
une conception erronée, mais profondément ancrée, d'un système so-
laire dont la Terre occuperait le centre!
Dans le second cas, le professeur met volontairement en place une
situation qui confronte l'élève à un obstacle nouveau. Le problème
des «5 triangles» en est une illustration, qu'il est possible de proposer
aussi bien à des élèves de cycle 3 qu'à des adultes. Une présentation
complète de la situation est donnée par Bassis (1998).
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QU'EST-CE QU'APPRENDRE?
Ce qui est en jeu dans cette situation est en lien avec les différentes
composantes de l'activité:
- composante mathématique: savoir lié aux triangles;
- composantes logique et infralogique: liées à la représentation de
l'espace et aux rapports topologiques;
- composante cognitive: planification de l'activité (clarifier l'objectif,
activer ses connaissances, utiliser une stratégie pragmatique ou
canonique), contrôle (mise à distance, appréciation de la réponse,
conscience des différentes possibilités) ;
- composante conative: renforcement de la motivation (importance
d'une présentation ludique), variation de l'estime de soi par le
besoin de réussite ou la peur de l'échec, développement de l'aspect
social (travailler en groupe sur l'activité) et rôle des attributions
(interne ou externe) ;
- composante langagière: compréhension de la formulation de Stratégie
l'énoncé, de l'implicite de l'énoncé (les propriétés de la figure canonique
géométrique), du vocabulaire spécifique (segments), explications et stratégie
causales (justifier sa procédure, répondre, argumenter). par tâton-
nement
La stratégie peut être pragmatique (tâtonnement) ou canonique
(utilisation de propriétés des triangles) avec une dimension d'abstrac-
tion simple (rester dans une dimension perceptive des triangles) ou
d'abstraction réfléchissante (mettre en perspective les propriétés des
triangles et les actions possibles du sujet) .
Les constats effectués montrent que la majorité des adultes, à qui la
situation est proposée, mobilise moins de stratégies ou de procédures
que les enfants et que, de surcroît, elles sont plus rigides. Pourquoi en
est-il ainsi?
Développer une réflexion didactique (composante mathématique)
sur la situation invite à noter qu'il y a douze segments et que l'on
demande de former quatre triangles. Le triangle étant un polygone
à trois côtés, la réalisation est objectivement possible, à condition que
dans la reconstruction il n'y ait aucun côté commun. Il suffit alors
d'opposer les triangles par les sommets.
Ce savoir élémentaire, dont dispose en principe chaque élève et,
partant, chaque adulte, est cependant très rarement mobilisé en pre-
mière instance. La stratégie canonique, que chacun pourrait mettre
en œuvre, est occultée par des stratégies de contournement souvent
moins productives. L'observation des mises en situation effectuées
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LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
montre que les élèves disposent d'un panel plus important que les
adultes, c'est ainsi qu'ils utilisent volontiers, dans cette situation, des
crayons pour représenter les segments. Cette manipulation facilite le
déplacement des segments et permet d'aboutir assez facilement à des
solutions. Les adultes, à l'inverse, privilégient la recherche mentale ou
l'utilisation d'un support écrit. Ils parviennent à un résultat au bout
de nombreux efforts et d'une dépense cognitive souvent plus impor-
tante.
Ce type de situation, que le professeur peut proposer à partir du
cycle 3, permet d'observer la conduite des élèves et les stratégies mi-
ses en place. Elles peuvent être liées directement au savoir en jeu ou
procéder de tâtonnements. L'important est de comprendre le procédé
de l'élève, pour les activités disciplinaires ordinaires, afin d'être en
mesure de l'accompagner plus directement.
Nous pouvons rappeler que la mise en œuvre de stratégies effica-
ces nécessite que l'élève dispose de structures de pensée correctement
organisées: opérations logiques et infralogiques stables, instruments
cognitifs (conservation, réversibilité ... ) disponibles. Elles donnent
l'opportunité au sujet de mettre en œuvre des compétences de type
cognitif, soit directement relatives au savoir, soit davantage relatives à
la mise à distance du savoir: il s'agit d'une dimension métacognitive.
Stratégies
et compé- Il ne faut pas les confondre, même si elles en font partie, avec les com-
tences pétences «générales» présentées par les instructions ministérielles de
2002 (cf. Perraudeau, 2004b). Les compétences, dont il est ici question,
sont de trois ordres:
- principales compétences liées au domaine disciplinaire: capacité
à comprendre les enjeux de savoir et savoir-faire de ce domaine;
capacité à situer la tâche à effectuer dans le contexte disciplinaire,
à identifier les concepts mobilisés (théorie des champs conceptuels,
voir supra) ; capacité à prendre en compte les paramètres conatifs
(confiance, estime de soi, motivation ... ) intervenant dans les
activités de ce domaine disciplinaire;
- principales compétences liées à la spécificité de la tâche:
compréhension de l'objectif, mobilisation de la maîtrise langagière
relative à la situation; évaluation de ses propres capacités à résoudre
la tâche, seul ou en groupe; évaluation de ses limites possibles;
- principales compétences liées aux stratégies mobilisées pour la tâche:
capacité à identifier et sélectionner les informations importantes à
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QU'EST-CE QU'APPRENDRE?
Résumons-nous
Ce premier chapitre fixe le cadre de l'apprentissage. Le terme est entendu
ici au sens large comme ensemble des activités destinées à apprendre, acte
davantage lié aux automatismes, mais aussi comme comprendre, acte davan-
tage porté par le raisonnement et la réflexion.
Les divers modèles de l'apprentissage considèrent l'élève différemment
selon que les professeurs privilégient de travailler sur le comportement de
l'élève, ce qui est observable, ou sur les structures de la pensée, non visibles
directement, qui sous-tendent ce comportement.
Les pratiques d'enseignement varient selon les modèles utilisés et les prio-
rités considérées. Il semble, toutefois, que se retrouvent deux grandes com-
posantes qui demeurent incontournables pour tout enseignant qui veut
comprendre et aider l'élève.
- D'une part, chaque élève est doté de structures de la pensée, similaires,
qui lui permettent de mobiliser son intelligence. Le psychologue Jean Piaget,
dont les travaux font toujours référence, a montré que la mise en activité
directe de l'élève était la meilleure façon de l'engager dans les apprentissages
scolaires. Il est alors conseillé de confronter l'élève à des tâches complexes,
certes adaptées à son niveau, mais qui se fondent sur une exigence réelle,
afin de l'amener à mobiliser non seulement les connaissances qu'il possède
mais aussi d'en créer de nouvelles et donc d'augmenter son répertoire.
- D'autre part, chaque élève possède une part de singularité qui l'amène
à mobiliser des conduites cognitives qui peuvent différer de celles de ses
condisciples. Le professeur doit prendre en compte que, à intelligence égale,
un élève peut avoir un comportement impulsif alors qu'un autre aura une
conduite plus réflexive. Il lui faudra considérer que le premier élève a besoin
d'être confronté à des situations qui l'amènent à développer sa patience,
alors que le second aura, à l'inverse, besoin d'être fréquemment stimulé
pour dynamiser sa conduite.
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Parmi les pistes de mises en œuvre possibles nous avons, notamment,
insisté sur le fait que:
- le professeur a intérêt à prendre en compte les erreurs de l'élève, non pour
les sanctionner mais parce qu'elles constituent un bon indicateur de l'état
de ses connaissances;
- le professeur gagne à meUre en mots puis à faire vivre le contrat didac-
tique, c'est-à-dire le contrat de vie scolaire établi entre lui et ses élèves, qui
définit ce que chacun peut attendre de l'autre. Le manque de lisibilité dans
les attentes et les objectifs réciproques occasionne souvent des malentendus
et des conflits qui pourraient être facilement évités.
2
Les procédures et stratégies
mises en œuvre par l'élève
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LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
Aspect conatif
Il s'agit, tout d'abord, de distinguer ce qui relève du cognitif, détaillé
plus loin, de tout ce qui ne s'y rapporte pas. Le terme conatifregroupe
ce qui est du domaine de la motivation, de la confiance, de l'estime de
soi, du stress, des affects.
Dans le registre conatif, des termes que les professeurs considèrent
comme synonymes sont employés par erreur. C'est ainsi que stress et
anxiété sont parfois utilisés de façon indifférenciée:
- le stress est une réponse adaptative de l'organisme à une
sollicitation qui est exercée sur lui. Le stress est une situation
ordinaire de la vie quotidienne, qui touche chacun et se gère plus
ou moins facilement selon les sujets;
- la peur est un état émotionnel de tension. L'objet de la
peur peut être connu. Pour les jeunes enfants, nommer sa peur
est une façon de commencer à l'apprivoiser. Il est important de
pouvoir mettre des mots sur la peur (avoir peur du noir, du bruit,
Stress, peur
et angoisse des insectes, du loup ... ), en revanche avoir peur sans possibilité
d'identifier la cause peut être source d'anxiété;
- l'anxiété est un état émotionnel de tension dont la source
n'est pas toujours bien connue. Si les composantes de la situation
générant l'anxiété ne sont pas, ou sont mal, identifiées, celle-
ci s'installe parfois durablement chez le sujet. Dans un sens plus
large, à la période de l'adolescence, est fréquemment considéré
comme anxieux le collégien qui tout à la fois n'est pas considéré
comme facile à vivre, n'est pas à l'aise avec les autres et a du mal à
se concentrer;
- l'angoisse peut être définie comme une étape supérieure
de l'anxiété. Elle peut entraîner une sensation d'oppression
par crainte de malheur ou sentiment de souffrance. Devant ces
sensations, le sujet se sent iJ?puissant. S'il n'est pas aidé, l'état peut
perdurer, s'étendre à de nouvelles situations de la vie et prendre
une dimension pathologique.
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LES PROCÉDURES ET STRATÉGIES MISES EN ŒUVRE PAR L'ÉLÈVE
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LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
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LES PROCÉDURES ET STRATÉGIES MISES EN ŒUVRE PAR L'ÉLÈVE
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LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
La représentation
Elle est définie comme un élément cognitif en relation avec un élé-
ment extérieur à lui et qui peut s'y substituer comme objet de traite-
ment. Il est possible de distinguer deux sortes de représentations:
-la représentation physique (c'est-à-dire un dessin, un schéma, un
tableau ... ) qui entretient une relation de type analogique avec le
réel;
- la représentation mentale pouvant être implicite ou explicite. Le
sujet apprend rarement à partir de rien: il dispose toujours d'une
idée, d'une représentation mentale, même sur ce qui lui semble
radicalement nouveau. L'élève peut apprendre à partir de sa propre
expérience qui est influencée, pour une part significative, par sa
culture, sa famille, son vécu personnel.
L'élève apprend aussi à partir de ce qu'il croit savoir. Des expérien-
ces faites auprès d'enfants de 6 à 12 ans sur leur représentation de la
forme de la Terre montre que le modèle scientifique -la Terre est une
sphère - s'élabore avec l'âge. Avant cela, il y a des modèles premiers,
encore nommés «représentations naïves ». La plus couramment ren-
Les repré-
sentations contrée assimile la Terre à un disque. La raison est que cette forme
archaïques concilie deux idées: la rondeur (connaissance implicite dont l'enfant
est imprégné) et la platitude (heuristique résultant d'un constat pra-
tique que le paysage est plan et non sphérique). Cette représentation
induit l'idée que se trouver de «l'autre côté de la Terre» signifie que
l'on peut tomber dans le vide. D'ailleurs, lorsqu'un enfant produit une
représentation graphique de la Terre, les habitants de pays situés à
l'opposé de la France sont représentés la tête en bas. Il met de nom-
breuses années à sortir de cette représentation, doublement fondée
sur de l'implicite non élucidé et de la pratique dont la dimension lo-
cale de l'espace en question ne permet pas d'en construire une repré-
sentation globale et scientifiquement exacte. Dans un domaine voisin,
le vocabulaire utilisé porte toujours la marque de croyances anciennes
et non scientifiques: le soleil «se lève» encore à l'Est et «se couche» à
l'Ouest, comme s'il tournait autour de la Terre!
Apprendre consiste à partir de ce que l'on sait, ou de ce que l'on
sait faire, pour se dégager des représentations initiales et naïves par
déstabilisations successives.
60
lES PROCÉDURES ET STRATÉGIES MISES EN ŒUVRE PAR l'ÉLÈVE
Le raisonnement
Le mot « raisonnement» est un terme polysémique. Il désigne un pro-
cessus inférentiel- raisonner, c'est faire des inférences -, mais il dési-
gne aussi le résultat de l'inférence et l'expression du résultat. Envisagé
sous l'angle de la logique, ce qui importe est la validité des données et
du résultat. Il est alors régi par des règles strictes, celles de la logique
formelle. En revanche, la psychologie de l'éducation s'intéressera da-
vantage au déroulement du raisonnement, domaine qui est indépen-
dant de la validité.
La déduction est la figure majeure du raisonnement logique. Il s'agit
de produire du vrai à partir du vrai. L'exemple le plus concret de la Trois
façons de
déduction réside dans l'activité mathématique. Si deux droites sont
raisonner
parallèles alors toute droite perpendiculaire à la première est néces-
sairement perpendiculaire à la seconde. La confusion entre déductif
et inductif est souvent commise. La démarche de Sherlock Holmes,
et plus généralement celle des enquêteurs, est plus inductive qu'elle
n'est déductive.
L'induction est une autre figure importante. Il s'agit alors de pro-
duire du vrai à partir du possible. C'est le domaine de l'émission d'hy-
pothèses que l'on cherche à vérifier. L'exemple significatif d'un rai-
sonnement par induction est la démarche scientifique expérimentale.
Il existe des démarches cognitives destinées à favoriser, chez l'élève,
ce mode de raisonnement: voir à ce propos, le modèle des inférences
inductives, proposé par Britt-Mari Barth, présenté au chapitre 6.
L'analogie est un autre mode, différent des deux premiers puisqu'il
s'appuie sur la réorganisation du connu. Il essaie de s'appuyer sur une
situation antérieure identifiée comme étant du même type que celle
en cours de résolution. À partir d'une situation nouvelle, ou situation-
cible, on cherche une situation-source déjà résolue et qui permet alors
l'économie cognitive d'un travail inférentiel.
Il existe de nombreuses autres formes de logique: modale ou floue,
le raisonnement s'effectuant par récurrence ou par l'absurde, etc.
Une question qu'il est possible de soulever est de savoir comment
il se fait que l'homme, quoique parvenu au stade des opérations for-
melles de la pensée, est souvent dans l'incapacité d'exercer un raison-
nement logique (déductif, inductif ou analogique) et se laisse envahir
par des façons de procéder a utomatisées et non réfléchies, qui sont
souvent des connaissances ou des jugements en acte, forgées dans la
vie quotidienne. La littérature est abondante sur une telle question.
61
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
La mémoire
Dans une étude réalisée sur la mémoire, Alain Lieury montre que,
dans les manuels de sixième de collège, les élèves vont rencontrer en-
viron six mille mots nouveaux. En moyenne, ils en retiendront deux
mille cinq cents, soit environ mille pour les collégiens qui en retien-
nent moins et environ quatre mille pour ceux qui en retiennent plus.
Ces travaux et d'autres (Lieury, 1999) mettent en lumière le fait que
chacun n'utilise pas sa mémoire de la même façon. L'hétérogénéité est
un constat observé dans ce domaine aussi. Il faut distinguer plusieurs
formes de mémoire :
- la mémoire à long terme (MLT) est le mode et le lieu de stockage des
informations. Les modalités organisationnelles majorent le stockage
(organisation soit phonétique, soit sémantique, soit structurelle, soit
62
LES PROCÉDURES ET STRATÉGIES MISES EN ŒUVRE PAR L'ÉLÈVE
63
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
sont nombreuses. Pour faire réfléchir le lecteur, quelle notion est sup-
portée par le moyen mnémotechnique qui se traduit par la proposi-
tion suivante: Me Voici Tout Mouillé, Je Suis Un Nageur Pressé?
L/AlTENTION
64
LES PROCÉDURES ET STRATÉGIES MISES EN ŒUVRE PAR L'ÉLÈVE
65
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
L'amélioration de l'attention
- Représentations de l'attention chez les élèves: il semble que les élèves,
en situation d'apprentissage, développent des compétences, d'abord
dans le domaine de l'attention élémentaire (sélective) puis ensuite
plus complexe (partagée et divisée). Les compétences attentionnelles
sont en lien avec le travail de la mémoire à long terme: stockage, or-
ganisation, rappel. Reste à savoir comment les élèves se représentent
l'attention.
Une question a été posée à des collégiens de l'académie d'Amiens:
«En classe, que veut dire être attentif?» (Boujon, id.). Les résultats
obtenus figurent dans le tableau 2.2.
66
LES PROCÉDURES ET STRATÉGIES MISES EN ŒUVRE PAR L'ÉLÈVE
67
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
Réussir une tâche est une chose, cependant un élève peut réussir un
travail sans avoir totalement compris ce qui était en jeu, en termes de
La connais- savoir comme en termes de procédés utilisés. La compréhension né-
sance cessite une lucidité, une conscience de l'activité engagée. La prise de
sur la conscience, souvent facilitée par la mise en mots des procédures, per-
connais-
met à l'élève de se doter des outils de réflexion pour être en capacité
sance
de réutiliser ou d'adapter une procédure valide. La métacognition est la
compétence qui permet de mettre à distance, d'analyser et d'utiliser ce
qui a été fait précédemment. Les théoriciens de la prise de conscience
et de la métacognition sont essentiellement Piaget et Flavell, dont nous
présentons quelques points de repères importants.
68
LES PROCÉDURES ET STRATÉGIES MISES EN ŒUVRE PAR L'ÉLÈVE
69
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
FLAVELL ET LA MÉTACOGNITION
70
LES PROCÉDURES ET STRATÉGIES MISES EN ŒUVRE PAR L'ÉLÈVE
KLUWE ET LA RÉGULATION
71
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
Llintériorisation
Vygotski et Pour le psychologue biélorusse, une fonction psychique naît d'abord
l'accompa- dans la culture d'appartenance du sujet avant d'être intériorisée par
gnement
ce même sujet. L'exemple du langage l'illustre: il est un processus
72
LES PROCÉDURES ET STRATÉGIES MISES EN ŒUVRE PAR L'ÉLÈVE
73
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
MÉTACOGNITION ET ATTRIBUTION
74
LES PROCÉDURES ET STRATÉGIES MISES EN ŒUVRE PAR L'ÉLÈVE
75
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
76
LES PROCÉDURES ET STRATÉGIES MISES EN ŒUVRE PAR L'ÉLÈVE
même avec des tâches de nature non perceptible et pour des objectifs
liés à l'apprentissage. L'un des marqueurs de la conscience est la verba-
lisation que le sujet peut produire après l'exécution de la tâche.
De la maternelle au lycée, la verbalisation de l'activité, qu'elle soit
de nature perceptive ou de nature opératoire, est l'une des seules
façons pour le sujet de faciliter la conscience de la tâche qu'il a
menée.
L'objectif est de comprendre les procédures convoquées lors de la ré- Les pro-
daction d'un texte, travail d'une grande complexité car faisant appel cédés en
français
à la mobilisation de compétences de divers registres. L'illustration en
est donnée par la production contrastée de deux élèves d'une même
classe de CM2. Deux autres productions sont présentées, chapitre
suivant. La consigne donnée est: «Raconter un de vos souvenirs. »
Les deux textes sont contrastés dans la présentation, l'un est bref,
composé d'une seule longue phrase. L'autre se présente sous une
forme plus élaborée avec plusieurs paragraphes. L'hétérogénéité des
deux écrits, qui ne touche pas uniquement la présentation, corres-
pond à la réalité de la majorité des classes élémentaires.
77
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
Production de Henri
Production de Jean
78
LES PROCÉDURES ET STRATÉGIES MISES EN ŒUVRE PAR L'ÉLÈVE
Le récit présente une histoire dont La logique du récit est respectée. La com-
l'enfant est le protagoniste. préhension s'appuie sur une présentation
Il y a une construction logique du progressive de l'action avec un effet de
récit entre une cause (j'ai pris 3 mise en scène certain (ce qui devait
B brèmes) et une conséquence U'étais arriver, arriva).
Le contexte très content). L'enchaînement logique des actions est
logique Cependant, le texte ne comporte marqué par des connecteurs (alors, mais,
aucun connecteur. Hest construit sur puis...).
une juxtaposition d'actes ou d'im- Ces indicateurs sont à rapporter au
pressions. développement de la pensée logique du
sujet.
79
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
Henri Jean
Il existe une chronologie dans le La chronologie est construite sur les trois
récit entre éléments de la narration : temps forts: présentation, action, consé-
e effectuation du stage puis prise de quence.
La chrono- poissons. La concordance des temps est maÎ-
logie Cependant le lien entre les deux est tri sée (passé composé/imparfait/passé
assuré par une conjonction de coor- simple).
dination (et) et non un lien causal.
Le sujet est présent autant dans son Implication du sujet dans la narration du
D action (3 fois je ou F) que dans son souvenir. Autre protagoniste: le père.
l'énoncia- impression U' et je). L'articulation, dans la narration, entre
tion Il n'y a pas d'autres personnages que l'importance donnée à chacun des deux
lui. protagonistes est équilibrée.
Une grande phrase présente toute Trois paragraphes structurent l'action
l'histoire. narrée dans le récit. L'auteur guide le lec-
E La notion de paragraphe ou de teur par la main.
la présenta- séparation entre parties (narration et La relecture est manifeste (phrases bar-
tion point de vue) est absente. rées).
La ponctuation est peu présente. La ponctuation est maîtrisée.
80
LES PROCÉDURES ET STRATÉGIES MISES EN ŒUVRE PAR L'ÉLÈVE
Henri Jean
La phrase est déclarative et affirma- Présence d'une phrase à la forme négative. Le
G tive. récit pouvait permettre l'écriture de phrases
Le type de divers types (exclamatif ou interrogatif, par
et la forme exemple) mais ce n'est pas le cas.
Le texte est trop court pour que l'on La pronominalisation est exprimée. Le
H y note la présence de substituts. père est désigné par il.
Les substituts L'araignée est désignée par /'.
Le doigt également.
Les mots assez fréquents (pêchel Une incorrection syntaxique: mon père
poissonl content grosl aussi) ou peu mIen badigeonna sur le doigt.
courant (brème) sont correctement Une confusion entre «fût» (imparfait du
1 orthographiés; d'autres ne le sont subjonctif) et «fut» (passé simple de l'in-
L'ortho- pas (il s'agit des verbes dans leurs dicatifj.
graphe formes conjuguées). Mis à part ces détails, le registre ortho-
Il y a une mauvaise segmentation graphique est manifestement riche et
de certaines unités: rai vais (pour maîtrisé.
ravais), je navais (pour je nlavais).
Il y a quelques fautes d'accord Très peu de fautes orthographiques (badi-
(stages, brème, poisson). geoana).
L'hypothèse est qu'il s'agit d'un Maîtrise des accords en genre et en
J problème d'attention et non de nombre.
Les accords méconnaissance des accords. Le Maîtrise de l'accord du participe passé
texte ne semble pas avoir été relu, avec avoir.
ce qui aurait probablement permis
quelques corrections.
Pour une même tâche, deux élèves d'une même classe montrent
une forte hétérogénéité dans la conduite de production de texte com-
me dans la maîtrise des outils de la langue.
Le cas de Jean
Jean maîtrise les éléments fondamentaux du code écrit. Le pronostic
d'évolution, au collège, est optimiste. La stratégie développée illustre
une maîtrise certaine de l'écrit. Les indicateurs de cette maîtrise sont
nombreux. Retenons en deux parmi les plus significatifs:
- un début de rédaction, relu et critiqué, barré, puis une reprise
sur un thème qui paraît à l'élève plus en conformité avec la
consigne, preuve d'une capacité de contrôle sur l'activité menée;
- une organisation du texte pertinente et chronologique qui
montre que l'élève dispose d'une pensée dont les opérations
logiques et infralogiques sont correctement construites.
81
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
Le cas d'Henri
Le travail illustre quelques difficultés autant pour la construction du
récit que pour l'utilisation des outils.
La stratégie mobilisée consiste en une rédaction immédiate, une
écriture instantanée, sans détail dans la narration, sans distance une
fois la production faite. Le texte semble davantage réalisé par un éco-
lier de cycle 2 que par un élève de cycle 3, tant l'unicité de la phrase
appauvrit le récit, tant les détails sont inexistants et les connecteurs,
entre actions, absents. Pourtant, le texte en lui-même est original, l'élè-
ve ayant choisi un souvenir très personnalisé. Il semble que le potentiel
existe, cet élève a beaucoup à dire, mais le traitement qu'il en fait est
en retrait par rapport à ce potentiel.
Compé- On note des difficultés orthographiques, qui semblent ancrées et
tences paraissent traduire un rapport difficile de cet élève vis-à-vis de l'écrit.
et limites
Certains mots courants (pêche, poisson) ou non (brème) sont bien or-
thographiés. En revanche, les verbes présentent un obstacle pour
l'écriture de leurs formes conjuguées. Il y a trace d'une mauvaise seg-
mentation de certaines unités. Cela concerne aussi les verbes: j'ai vais
(j'avais), je navais (je n'avais).
Sachant que l'acquisition des formes des conjugaisons verbales pro-
cède d'un travail de mémorisation, il est possible qu'il faille explorer
cet aspect: comment cet élève stocke-t-il des données en mémoire et
quelle est sa capacité de rappel? Il serait aussi intéressant de connaî-
tre son niveau de maîtrise de la lecture et sa représentation de l'écrit
en production. Toutes ces informations nécessiteraient de s'entrete-
nir avec l'écolier dont la production indique à la fois un potentiel de
narration et des difficultés dans la mise en œuvre, celles-ci demeurant
cependant relatives, au regard des autres productions présentées dans
le chapitre suivant.
82
LES PROCÉDURES ET STRATÉGIES MISES EN ŒUVRE PAR L'ÉLÈVE
Production de Léa
Production de Juliette
....
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83
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
84
LES PROCÉDURES ET STRATÉGIES MISES EN ŒUVRE PAR L'ÉLÈVE
Le cas de Léa
La réponse est exacte, le résultat est justifié par une phrase d'expli-
cation. L'ensemble est correctement formalisé, la syntaxe mathéma-
tique est maîtrisée. Le traitement est cohérent qui indique que Léa
s'est occupée, en premier, des données relatives aux gâteaux, puis de Stratégie
celles relatives aux bouteilles avant d'effectuer une addition. La séria- canonique
tion n'est pas explicite mais elle est présente et maîtrisée. Les seules
incorrections, au regard du savoir scientifique, sont la présence des
symboles des unités à l'intérieur de calculs, ainsi que l'oubli d'une
virgule au premier terme de l'addition.
Cette élève possède les compétences nécessaires pour résoudre ce
type de problème. Il est à noter qu'elle n'utilise pas de support graphi-
que, le seul registre sémiotique est la convention écrite. La stratégie de
résolution est très proche du mode canonique.
Le cas de Juliette
Il est à noter que l'identification de la relation multiplicative existe,
mais que la procédure algorithmique n'est pas maîtrisée. Juliette choi-
sit de répondre en utilisant une addition. Cependant, la technique
opératoire non stabilisée, pour l'addition des nombres décimaux, lui
Stratégie
fait commettre une erreur dans le résultat. En outre, elle ne se cen- pragma-
tre que sur une partie de la tâche (les bouteilles) et laisse de côté les tique
gâteaux: la centration cognitive sur un aspect l'empêche de partager
son attention. Il s'agit d'un comportement fréquemment rencontré
dans le cas de difficulté passagère, l'énergie cognitive est totalement
mobilisée par (et sur) ce qui pose problème à l'élève. Juliette utilise
un support graphique comme aide au traitement. Il est cependant dif-
ficile de savoir quelle aide ce mode lui a apportée.
Cette élève est confrontée à des difficultés «ordinaires» au regard
de la tâche. Elle n'utilise pas les bonnes procédures mais dispose po-
tentiellement des outils pour résoudre la situation (relations et espa-
ces de mesure sont identifiés). De plus, la gestion de la tâche, bien
qu'incomplète, est correctement menée: tentative de résolution de
type multiplicatif puis, devant l'impasse, utilisation d'une stratégie de
substitution, l'itération additive. Une sollicitation amenant à la mise
en mots de son activité peut constituer un accompagnement, parmi
85
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
86
LES PROCÉDURES ET STRATÉGIES MISES EN ŒUVRE PAR L'ÉLÈVE
Résumons-nous
Ce chapitre a permis d'entrer plus concrètement dans l'univers de l'ap-
prentissage tel que l'élève le vi t.
Nous avons montré l'importance des aspects cognitifs (directement liés
au savoir) comme, par exemple, le rôle des grandes fonctions que sont la
mémorisation, l'attention ou les diverses formes de raisonnement. Nous
avons aussi indiqué que les aspects conatifs et affectifs (les affects, la moti-
vation, la confiance en soi, l'estime de soL.) constituent le moteur, l'énergie
des apprentissages.
L'un des objets de ce chapitre fut d'étudier des productions d'élèves afin d'il-
lustrer la façon dont ils mobilisent les composantes cognitives et conatives.
Nous avons présenté quelques travaux, en langue et en mathématiques, en
dépassant la simple observation et en se dotant de grilles d'analyse. Elles
permettent de comprendre les procédures mises en œuvre et d'identifier les
compétences présentes, donc, aussi, celles qui sont absentes.
Lors d'un travail mené en moyenne section, les élèves sont confrontés
à la situation consistant à compter une quantité de neuf billes, certai-
89
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
•O •0°.
•• ° Figure 3.1. Dénombrement de billes en cycle 1
Si l'on catégorise les diverses conduites, une partie des élèves par-
vient à dénombrer sans se tromper, tandis que certains donnent un
résultat erroné. Deux types de conduites, parmi les écoliers donnant
un résultat faux, interviennent le plus fréquemment:
- les élèves qui comptent mais se trompent dans le résultat
verbalisé, soit parce qu'ils ont compté deux fois (ou plus) un même
objet (ou plusieurs), soit parce qu'ils ne les ont pas tous pris en
compte. Le résultat est soit supérieur soit inférieur au cardinal
attendu de la collection;
- les élèves qui comptent les objets un à un mais s'avèrent
incapables, une fois la verbalisation produite, de donner le cardinal
résultant du dénombrement.
- Dans le premier cas, il est intéressant de regarder l'élève travailler
afin d'observer la stratégie mise en place pour compter les billes de la
Compter situation ci-dessus. En règle générale, les élèves «oublient» de compter
en mater-
nelle
la bille de droite, spatialement en décalage par rapport aux autres. La
disposition spatiale influence leur capacité de compter, la bille éloignée
du nuage constitué par l'amas des autres n'étant pas considérée comme
appartenant au groupe. Le critère «billes», dans la consigne de compter
toutes les billes, n'est en effet pas retenu pour cet élément isolé. Il est
alors intéressant de demander à l'élève si celle située le plus à droite est
bien «une bille ». Si elle l'est «aussi », ce qui est généralement admis par
l'enfant, on l'amène à constater qu'il est possible de la déplacer pour
faciliter le comptage, le déplacement n'ayant rien ajouté ni enlevé à la
collection initiale. Cette première conduite d'élèves montre la prédomi-
nance de la perception sur la réflexion, l'espace étant un domaine où
l'erreur due à la centration perceptive s'enracine aisément.
90
LES STRATÉGIES DE L'ÉLÈVE EN DIFFICULTÉ
Nous avons aussi rencontré des élèves ne comptant que les noires
(tandis que d'autres enfants ne s'intéressent qu'aux blanches). Lors-
qu'on leur demande ce qu'est pour eux une bille, le critère de forme
est massivement reconnu. Cette fois-ci c'est la prégnance de la cou-
leur qui vient parasiter la réflexion. Afin de les aider, nous leur avons
demandé de fermer les yeux et de compter, par le seul toucher, le
nombre d'objets manipulés et la réponse donnée permet de mettre en
évidence que la couleur n'a aucune influence sur le nombre total.
Autre cas rencontré, celui d'élèves qui comptent deux ou trois fois
le même objet. Dans ce cas, le schème du dénombrement n'est pas fixé
car l'un des invariants est bien la nécessité de ne pas compter plusieurs
fois le même objet. Il est possible, lors de la manipulation, de déplacer
chaque bille et de la placer derrière une ligne, préalablement tracée,
de façon à s'assurer que l'enfant ne compte qu'une fois chaque objet.
La verbalisation vient appuyer le dénombrement. Il est souhaitable
La difficulté
que la mise en mots amène l'élève à constater que chaque objet est de compter
compté une seule fois. La diversité des contextes de comptage, par
exemple compter le nombre d'élèves regroupés dans l'atelier, est aussi
une façon d'amener à comprendre que chaque objet, comme chaque
personne, ne doit être nommé qu'une seule fois.
- Dans le second cas évoqué, les élèves comptent les objets un à un,
le plus souvent sans erreur, mais s'avèrent incapables, la verbalisation
finie, d'oraliser le cardinal résultant du dénombrement. La sollicitation
«Combien as-tu compté de billes?» n'est pas plus productive. Bien qu'il
ait compté chaque bille, une à une, l'élève ne sait pas répondre. L'hypo-
thèse de mémoire défaillante, pour une petite quantité, n'est pas celle
qui est la plus significative même si le bon fonctionnement de la mé-
moire de travail demande vérification. L'hypothèse la plus heuristique
est celle d'un lien qui n'est pas établi entre ordinalité et cardinalité.
L'oralisation la plus fréquemment observée, pour la collection don-
née, prend la forme suivante : un ; deux; trois; quatre; cinq; six; sept;
huit; neuf... neuf! Le premier «neuf» correspond à l'ordre de comp-
tage, il représente la valeur ordinale, tandis que le second correspond
à la sommation de la collection: il représente la valeur cardinale. C'est
ainsi que se construit le nombre. L'élève qui ne donne pas la seconde
valeur au «neuf» éprouve de la difficulté à construire la différenciation
entre ordinal et cardinal. À cet âge, cette absence de discrimination est
ordinaire, simplement est-il nécessaire d'aider l'enfant à franchir cette
étape, pour l'aider à se doter d'une stratégie efficiente.
91
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
Les opérations
Les erreurs fréquemment relevées pour les additions sont sur ces mo-
dèles:
12 212
92
LES STRATÉGIES DE L'ÉLÈVE EN DIFFICULTÉ
Dans le premier cas, l'élève a centré son activité cognitive sur l'addi-
tion des unités: le chiffre 7 et le 5 sont pris en compte, les dizaines
ne sont pas traitées. Le déficit d'attention est une explication perti-
nente. Il est possible, lorsqu'on travaille sur des petites quantités, de
passer par une phase de manipulation qui conduise l'élève à se rendre
compte de son erreur.
Dans le second cas, c'est la compréhension du statut de chaque chif- Faire des
fre qui est mise en cause. Il n'est pas certain que l'élève ait clairement opérations
compris le rôle de la position de chaque chiffre. Le professeur peut re-
venir au tableau de position classique permettant d'identifier chaque
chiffre par rapport aux autres (tableau 3.1).
Tableau 3.1.
Centaines Dizaines Unités
2 7
1 5+
- -
3 2
288 286
144 144
432 1726
93
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
94
LES STRATÉGIES DE L'ÉLÈVE EN DIFFICULTÉ
95
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
Il s'agit de comprendre les procédés mis en place par un élève pour ré-
soudre le problème de proportionnalité «gâteaux-bouteilles» déjà pré-
senté dans le chapitre 2. Les trois élèves Léa, Juliette (dont les produc-
tions sont présentées et étudiées au chapitre 2) et Victor (production
ci-dessous) appartiennent à la même classe de CM2. La comparaison
entre les trois productions contrastées est intéressante.
Production de Victor
Premiers constats
La réponse, donnée par cet élève à la question posée, est exacte sans,
Les problè- cependant, être justifiée. Si l'évaluation s'effectuait sur la seule ré-
mes sont ponse écrite à la question, alors ce travail serait évalué favorablement!
compliqués
Pourtant l'opération présente est sans relation apparente avec l'en-
semble des données. Une addition est posée puis traitée comme une
soustraction fausse. Victor ne semble établir aucune relation entre des
espaces de mesure. Les termes «pièce» et «unité» sont-ils connus? De
plus, la présentation traduit une certaine rigidité dans la modalité de
résolution: séparation entre opération et phrase réponse, sans sup-
port schématique, contrairement àJuliette.
Le cas de Victor
L'analyse conduite à l'aide de la grille présentée dans le chapitre 2 et
qui s'appuie sur les cinq composantes en jeu (didactique, logique et
96
LES STRATÉGIES DE L'ÉLÈVE EN DIFFICULTÉ
97
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
98
LES STRATÉGIES DE L'ÉLÈVE EN DIFFICULTÉ
99
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
100
LES STRATÉGIES DE L'ÉLÈVE EN DIFFICULTÉ
L'exemple montre que la compréhension, qui est une activité mentale de haut
niveau, suppose une capacité de mise à distance et de contrôle des inférences
réalisées. Ce sont autant d'éventualités de difficulté, celle-ci ne constituant en
rien un pronostic de fonctionnement mental déficient. Simplement, l'élève qui
ne choisit pas l'image 2 n'a pas pu ou pas su mobiliser tous les éléments straté-
giques cohérents.
LE LANGAGE ARTICULÉ
Le langage articulé est abordé dans les paragraphes qui suivent à tra-
vers deux entrées: d'une part la naissance et le développement préhis-
toriques, il s'agit de la phylogenèse; d'autre part la dimension individuel-
le, la progression du langage chez chaque sujet, composante encore
nommée l'ontogenèse.
101
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
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LES STRATÉGIES DE L'ÉLÈVE EN DIFFICULTÉ
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LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
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LES STRATÉGIES DE L'ÉLÈVE EN DIFFICULTÉ
lOS
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
Texte de Ser
Ser
A Respect de la consigne. Le scripteur raconte un épisode familial, situé
Consigne pour l'espace de l'action (chez mamie) mais non pour le temps.
Le récit progresse, mais l'enchaînement des actions n'est pas toujours
clairement posé. La présentation des (trois?) chiens est confuse. La
B fin demeure incertaine: pour quelle raison l'élève ne pourra-t-il pas
Contexte logique recommencer alors qu'il ne se met pas en scène?
Il n'y a ni conjonction ni connecteurs logiques: l'action est une suc-
cession de faits qui semblent peu liés.
Le souci de regrouper et d'organiser les actions en fonction de leur
C
déroulement n'existe pas. Les verbes employés sont à l'imparfait, sauf
Chronologie
le dernier.
Présence des termes moi et je en début et en fin de texte. Le reste du
D récit présente le frère. Récit dont l'élève est spectateur plus qu'acteur.
Dénonciation
Je est impliqué de façon indirecte, distanciée, presque absente.
Le texte se présente au lecteur comme un bloc monolithique. La lec-
E
ture n'est pas facilitée. Le texte semble non relu: la première phrase/
Présentation
non phrase le montre. La ponctuation est assez souvent absente.
106
LES STRATÉGIES DE L'ÉLÈVE EN DIFFICULTÉ
Le cas de Ser
Il présente, au contraire de Jean et Henri, des difficultés aussi bien
pour la construction du récit que pour l'utilisation des outils de la
langue. La stratégie mise en place ne se fonde ni sur le contrôle de
l'activité ni sur la construction maîtrisée de la narration. Les indica- Le
teurs sont nombreux qui traduisent les difficultés. Parmi celles-ci, on «concept»
en relève deux significatives. de mot
Quelques mots sont non ou mal segmentés (quon, sanficher). Ils sont
traces d'anciennes difficultés, non entièrement résorbées, probable-
ment liées à un apprentissage de la lecture difficile et montrent que,
chez l'élève, la conscience métalinguistique du concept de «mot» n'est
pas totalement construite (cf. Karmiloff et Karmiloff-Smith, 2003).
L'écriture du mot «chez» n'est pas correcte. Il faudrait vérifier s'il
s'agit là d'un défaut d'attention dans l'instant de l'activité ou d'une
impossibilité à rappeler ce mot de la mémoire à long terme (MLT).
Si cette dernière hypothèse se vérifiait, il serait intéressant de com-
prendre l'organisation de sa MLT et de voir de quelle façon cet élève
mémorise les données lexicales. Il faut encore noter qu'à partir des
constats réalisés lors des évaluations nationales, 75 % des élèves de CE2
maîtrisent l'écriture du mot «chez ».
107
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
Cet élève n'a que peu de contrôle sur sa production écrite. Pour
repérer le sens et l'écriture des mots, il ne semble pas disposer de stra-
tégies particulières, contrairement au scripteur précédent. Ser répond
à la commande, fait son métier d'élève, mais semble difficilement
pouvoir mobiliser les compétences nécessaires, qui lui sont probable-
ment assez étrangères. L'hypothèse est que cet élève ne dispose pas
d'opérations logiques et infralogiques construites avec stabilité (faits
peu coordonnés, connecteurs logiques absents ... ). Ces préalables fai-
sant défaut, l'élève n'arrive pas à développer une stratégie d'écriture
experte, alors même que le récit présenté montre toute la richesse
dont cet enfant est porteur.
La production de Ser n'illustre cependant pas les difficultés sévères
d'autres élèves, pourtant scolarisés dans les classes ordinaires. Nous
proposons, en illustration, le texte rédigé par Moussa, élève de CM2
d'une ZEP.
-
i
t
108
LES STRATÉGIES DE L'ÉLÈVE EN DIFFICULTÉ
Le cas de Moussa
L'écrit est consécutif à un travail de lecture. Il semble que cet élève ait
une grande difficulté à comprendre l'histoire qu'il a lue et à restituer
ce qu'il en a compris. Si l'on considère que l'écriture est une activité
langagière de haut niveau, qui fait suite à d'autres activités langagières
complexes comme la lecture, alors on mesure que les difficultés per-
ceptibles résultent d'autres difficultés, installées depuis longtemps. La
Trouble
chaîne langagière - écouter, parler, lire, écrire - indique l'interaction sévère
qui existe entre les compétences de chacune de ces activités. de l'écrit
Cet élève, lorsqu'il dit au professeur ce qu'il a écrit, ajoute du conte-
nu. Pense-t-il avoir écrit ce qu'il énonce à la maîtresse ou bien pense-
t-il que ce qu'il a écrit traduit tout ce qu'il énonce? Les indications
manquent pour répondre, mais l'observation est symptomatique de
certaines réalités scolaires, plus fréquentes qu'on ne le pense. Le pré-
sent constat montre le trouble sévère dans lequel se trouve cet élève
et la grande difficulté conséquente pour la maîtresse à gérer un élève
dans une telle détresse. L'objectif du professeur est de développer vi-
gilance et intervention afin que l'élève ne se décourage pas, avec les
risques de désinvestissement que cela induit, et aussi qu'il ne perde
pas son temps lors des activités de langage avec les autres élèves de la
classe, avec lesquels il est en grand décalage.
109
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
DIFFICULTÉS STRUCTURALES,
LIÉES AUX COMPOSANTES LOGIQUES DE LA PENSÉE
110
LES STRATÉGIES DE L'ÉLÈVE EN DIFFICULTÉ
111
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
112
LES STRATÉGIES DE L'ÉLÈVE EN DIFFICULTÉ
113
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
La prévention primaire
Elle concerne l'ensemble des élèves d'une classe et correspond à ce
que Vitaro et Gagnon (2000) identifient comme les conditions péda-
gogiques de l'apprentissage qui permettent à tous les élèves de réussir.
Il existe, au niveau institutionnel, plusieurs modalités qui correspon-
dent à cet objet. L'une d'elles consiste en la mise en œuvre d'une pé-
114
LES STRATÉGIES DE L'ÉLÈVE EN DIFFICULTÉ
La prévention tertiaire
Lorsque les difficultés sont apparues, la prévention revêt une autre
nature. Elle vise à en éviter le développement autant qu'à les réduire,
en conjuguant prévention et remédiation. Cependant, il s'agit moins
d'intervenir rapidement que de chercher à observer et comprendre
les manifestations avérées de la difficulté. La prévention comme la
remédiation prennent place dans un second temps, elles ne sont effi-
cientes qu'en réunissant plusieurs conditions: le constat et l'analyse,
préalables à l'intervention, nécessitent que le professeur dispose de
connaissances sur le développement de l'enfant et de l'adolescent;
qu'il soit en mesure d'identifier la nature des difficultés (par exemple,
115
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
Résumons-nous
Ce chapitre se centre sur l'élève en difficulté, réalité qui s'est imposée au
fil des années, à tous les niveaux du système éducatif.
Nous avons abordé cette question de façon concrète, à travers des travaux
d'élèves en mathématiques et en français. L'objet fut de comprendre ce qui
bloque l'acquisition de la numération ou l'effectuation d'opérations simples,
ce qui entrave la résolution d'un problème, ce qui gêne la compréhension
d'un texte lu, ce qui parasite la production d'un écrit. Il s'agit moins d'ap-
porter des réponses définitives à ces questions, tant leur variabilité les rend
complexes, que de proposer des explications possibles, des pistes de réflexion
qui nourriront les pratiques.
L'élève en grande difficulté est-il seulement celui qui n'utilise pas les
bonnes stratégies? Dispose-t-il de stratégies qui seraient inadaptées ou
ne dispose-t-il d'aucune stratégie précise? Selon le modèle d'appren-
tissage de référence, les réponses diffèrent. Tout comme change, selon
les entrées théoriques, la définition des troubles graves et des grandes
difficultés qui influencent les procédures.
Ce chapitre relève les indicateurs les plus pertinents pour définir les
dysfonctionnements lourds dans l'apprentissage, puis distingue ce qui
se rapporte à la difficulté, au trouble sévère et au handicap.
L'identification des stratégies en cause dans l'échec scolaire est bien
différente selon le type d'entrée: psychanalytique (apprentissage et ré-
seau d'affects), neuropsychologique (apprentissage et fonctionnement
du cerveau) ou socioconstructiviste (apprentissage et activité cogni-
tive). Ces deux dernières entrées, qui sont les plus répandues dans les
pratiques d'identification comme dans celles de remédiation, utilisent
des critères d'analyse divergents. Elles font l'objet d'une présentation
détaillée.
117
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
118
COMPRENDRE LA GRANDE DIFFICULTÉ
119
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
LES HANDICAPS
Sont habituellement désignés sous le terme «handicapés» les élèves
présentant des déficiences intellectuelles, sensorielles (visuelles ou
auditives) ou motrices. Le terme désigne, désormais, aussi, des élèves
présentant des dysfonctionnements sévères de la conduite, ainsi que
ceux qui sont atteints de troubles invalidants de la santé. Élargissant
l'arrêté du 9 janvier 1989, qui articulait le handicap aux notions stric-
tes de déficience, incapacité et désavantage, la loi de 2005 donne une
définition plus vaste. L'article 2 précise que «constitue un handicap
toute limitation d'activité ou restriction de participation à la vie en so-
Laide ciété subie dans son environnement par une personne en raison d'une
2005 et altération substantielle, durable ou définitive, d'une ou plusieurs fonc-
handicap tions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d'un
polyhandicap ou d'un trouble de santé invalidant. » La conception du
handicap quitte donc le champ de la seule déficience individuelle pour
l'inscrire dans une dimension sociale. De même, certains troubles sé-
vères sont désormais considérés comme handicapant. Ces nouvelles
entrées n'abolissent pas le concept de déficience.
Pour l'OMS, la déficience intellectuelle est identifiée par un QI in-
férieur à 70. À l'école, l'intelligence est généralement évaluée, par le
psychologue scolaire, à l'aide de tests qui reposent souvent sur une
conception factorielle de l'intelligence. C'est le cas du WISC ou du
K-ABC:
- le WISC III est la troisième révision du test Wechsler Intelligence
Scale for Children. Il est constitué de deux parties. L'échelle verbale
est composée d'épreuves relatives à l'information, aux similitudes,
à l'arithmétique, au vocabulaire, à la compréhension, à la mémoire
des chiffres. L'échelle de performance est relative au complément
d'images, à l'arrangement d'images, aux cubes pour reproduire
des modèles géométriques, aux assemblages d'objets, au code et
aux symboles;
- le K-ABC (Kaufman-Assessment Battery for Children) est utilisé
pour les enfants entre deux et douze ans. Ce test se distingue
du précédent sur plusieurs points. Il différencie les processus
simultanés des processus successifs, eux-mêmes différents de
120
COMPRENDRE LA GRANDE DIFFICULTÉ
121
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
LES TROUBLES
Une deuxième catégorie de dysfonctionnements concerne les troubles
qui se présentent sous diverses formes (tableau 3.6).
Les troubles de la personnalité ou psychiques relèvent d'une aide ou
de soins psychothérapiques. Ceux-ci sont administrés par un service
médico-psychologique (CMP ou CMPP) ou par des pédopsychiatres,
en institution ou en secteur libéral. Le CMP reçoit des enfants atteints
de troubles psychiques. Il fonctionne en externat, assurant diagnostic
et soins en liaison avec un centre hospitalier. Le CMPP (centre médico-
psycho-pédagogique) fonctionne aussi en externat. Il reçoit des jeunes
enfants manifestant des troubles qui peuvent être de nature langa-
gière, de nature psycho-affective, de nature psychomotrice. Il assure la
prise en charge thérapeutique et la rééducation.
Les troubles de la santé concernent les enfants atteints de dysfonctionne-
Les caté-
ments qui évoluent sur des grandes durées, qui ne touchent pas les fonc-
gories de tions cognitives et qui n'empêchent pas la scolarité. Les troubles neuro-
troubles logiques peuvent aussi rendre difficile une scolarité ordinaire, c'est le cas
de certaines épilepsies. La scolarisation peut s'effectuer en hôpital ou au
domicile, l'enseignement étant dispensé par un enseignant spécialisé.
L'élève peut encore être scolarisé en classe ordinaire, avec accompagne-
ment et assistance médicale permanente ou partielle, après mise en place
d'un projet de suivi scolaire individualisé, dans une classe.
Dans le prolongement de l'alinéa précédent, une approche plus
psychiatrique de la question met en lumière la répercussion que peu-
vent avoir certains troubles sur le travail scolaire des élèves (Gueniche,
2002).
Les troubles du sommeil, qui altèrent les temps de repos nocturnes
du corps, se traduisent par des insomnies, des cauchemars, des dérè-
glements quantitatifs et qualitatifs. Les angoisses de séparation (peurs
de diverses origines), l'hyperactivité, les oppositions sont sources de
perturbations du rythme de sommeil avec des incidences, parfois pro-
fondes, sur le cursus scolaire.
Les troubles psychomoteurs se traduisent de différentes manières. Gue-
niche (2002) en identifie plusieurs catégories: l'inhibition psychomo-
trice, la dyspraxie sans atteinte neurologique, les tics, l'hyperkinésie,
tous peuvent avoir un caractère invalidant pour les apprentissages.
Les troubles liés à la dépression de l'enfant ou de l'adolescent peuvent
se manifester et perturber la scolarité. Le syndrome dépressif peut se
122
COMPRENDRE LA GRANDE DIFFICULTÉ
123
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
124
COMPRENDRE LA GRANDE DIFFICULTÉ
DIFFICULTÉ ET TROUBLES
SELON LE POINT DE VUE DE LA PSYCHANALYSE
125
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
126
COMPRENDRE LA GRANDE DIFFICULTÉ
127
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
Appren-
«La neuropsychologie est l'étude de la relation entre les diverses
tissage et structures du cerveau et le comportement» (Lussier et Flessas, 2001).
cerveau L'étude de personnes cérébrolésées et le retentissement de la lésion
sur l'activité neuronale fondent cette approche qui a essentiellement
pris naissance dans le milieu médical, avant de se diffuser plus large-
ment. Dans cette perspective, les difficultés d'ordre cognitif comme
celles du développement sont considérées à partir de l'organisation
cérébrale du sujet.
La typologie, telle que celle proposée, par exemple, par Van Hout
(dans Van Hout et Meljac, 2001), s'articule autour de la distinction
entre trouble secondaire et trouble sans cause évidente. Pour l'auteur,
les troubles secondaires dérivent d'une cause repérable soit de nature
extrinsèque (milieu peu stimulant, enseignement irrégulier... ), soit
de nature intrinsèque (déficience, troubles neurologiques... ). Les trou-
128
COMPRENDRE LA GRANDE DIFFICULTÉ
hles sans cause évidente sont différenciés, par l'auteur, entre «difficultés
d'apprentissage transitoires» et «troubles durables» :
- dans le premier cas, celui des difficultés transitoires, le retard
scolaire est faible (moins de deux ans) et les erreurs rappellent les
productions d'élèves plus jeunes;
- dans le second cas, celui des troubles durables, on note une
grande hétérogénéité des productions et un retard fréquent de
deux ans par rapport à une scolarité ordinaire.
Le critère discriminant, entre difficulté et trouble, est ici celui de
la maturation. Soit il y a retard maturationnel, ce qui entraîne des
difficultés dans l'apprentissage, soit il y a retard spécifique avec suspi- Dévelop-
per certains
cion d'origine neurologique et les troubles conséquents sont identifiés
centres du
sous les noms de dysphasies pour le langage oral, de dyslexies pour le cerveau
langage écrit, de dyscalculies pour la numération et les opérations.
Les remédiations engagées, à partir des identifications neurologiques,
visent à développer des centres du cerveau, dont l'activité serait alors
susceptible de compenser ceux qui sont atteints. La remédiation est
menée dans le but de développer des stratégies de renforcement ou
de compensation, grâce à des procédés privilégiant la répétition, l'ac-
quisition d'automatismes, la ritualisation.
129
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
LES DYSCALCULIES
130
COMPRENDRE LA GRANDE DIFFICULTÉ
131
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
LA DYSPRAXIE
Les neuropsychologues utilisent ce terme pour désigner les troubles
liés aux conduites motrices, qu'elles soient générales ou fines, aux ha-
biletés de l'enfant à manipuler les objets de la vie quotidienne, aux
gestes intentionnels et à la coordination volontaire de ses gestes. Dans
la vie courante, ils sont nommés maladresse ou gaucherie. Ces termes
usuels ne recouvrent cependant pas toute la complexité des troubles.
Il est possible de dégager quelques conduites générales caractéristi-
ques des enfants dyspraxiques.
Troubles - le dysfonctionnement moteur peut entraîner une partie du
moteurs
corps à effectuer un mouvement inutile à l'exécution du geste
intentionnel;
- il peut aussi se traduire par une rigidité du poignet obligeant le
bras à effectuer un mouvement inutile;
-l'enfant dyspraxique se cogne ou tombe plus fréquemment que
d'autres, il lui est plus difficile d'effectuer des gestes fins de la vie
quotidienne: verser de l'eau dans un verre, tenir une fourchette ou
un crayon, se peigner ou lacer ses chaussures, etc.
Les procédures défaillantes concernent essentiellement la motricité
fine et générale du sujet.
Avant de conclure cette présentation de l'entrée neuropsychologi-
que, le tableau 3.7 synthétise l'essentiel des informations présentées.
Tableau 3.7.
Difficultés et troubles
du point de vue de la neuropsychologie
132
COMPRENDRE LA GRANDE DIFFICULTÉ
133
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
134
COMPRENDRE LA GRANDE DIFFICULTÉ
L'APPROCHE DE RAMOZZI
Le travail de la psychologue Ramozzi (1989) auprès des enfants bré-
siliens se situe à mi-chemin entre la démarche clinique et l'approche cogni-
tive. Pour cet auteur, les enfants qui sont «incapables d'apprendre,
135
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
136
COMPRENDRE LA GRANDE DIFFICULTÉ
fants et les aider à dégager un projet. Leurs actions sont plus orientées
vers la réussite immédiate que vers une compréhension plus ancrée.
Cette absence rend difficile l'inscription de leurs actions dans le
temps et l'espace. Ces élèves sont capables d'agir et de représenter
correctement la réalité mais il leur manque l'énergétique sous forme
de motivation, de sollicitation. Les stratégies manquent de distance
vis-à-vis de la tâche réalisée, ce qui est fortement lié au fait que l'élève
a peu, ou mal, construit ses repères temporo-spatiaux.
La figurativité
Le sujet considère le réel «sous forme d'états qui se succèdent, sans
aucune transformation qui les lie entre eux». Le sujet agit mais de
façon limitée puisque l'objet est considéré sous le seul angle de ses
propriétés, mais n'est pas envisagé sous l'angle des transformations
137
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
La sédimentation de la pensée
La différence avec les deux catégories précédentes est que le sujet se
situe à un niveau de pensée qui lui permet de se détacher de la per-
ception. Dans la théorie piagétienne, la conservation d'une notion est
établie lorsque le sujet est capable de justifier en avançant trois argu-
ments. Dans l'épreuve de la conservation des liquides, la baisse ou
la montée du nouveau niveau ne trompe pas le sujet conservant qui
indique que la quantité est la même par identité, compensation ou
réversibilité (voir le chapitre 2). Selon Bak, seul l'argument d'identité
est disponible chez certains sujets, qu'il réunit dans cette catégorie.
La conservation est en cours de constitution, il y a donc construction
du réel, contrairement à la première catégorie de sujets, mais elle est
momentanément réduite et bloquée à un seul système d'explications.
Les stratégies qui font appel à d'autres classes d'arguments ne peuvent
être engagées par l'élève ni apprises par lui avec profit.
138
COMPRENDRE lA GRANDE DIFFICULTÉ
139
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
Résumons-nous
Ce chapitre constitue une suite logique au précédent. Il permet de définir ce
qu'est la grande difficulté, la distinguant de celle ordinairement rencontrée
(présentée dans le chapitre trois) et de préciser ce que sont troubles et han-
dicaps. Il prend aussi un sens particulier compte tenu de la loi de février 2005
sur le handicap. Désormais, les élèves handicapés poursuivent leur scolarité,
de façon préférentielle, dans les classes ordinaires des écoles et des collèges.
Tous les professeurs, débutants comme expérimentés, sont concernés par
cette situation.
141
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
8ua'tpE Xtv8 mç
XUEtÀÀtp ôEa XEptaEa
142
PEUT-ON ENSEIGNER LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE?
143
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
Mise en œuvre
Longtemps considéré comme pratique adulte, du fait même qu'il im-
plique une certaine maîtrise de la langue, l'atelier pénètre désormais
les établissements scolaires. Le meneur est le professeur, seul ou ac-
compagné d'un écrivain.
De plus en plus d'auteurs acceptent de se prêter à ces séances et
de travailler avec les élèves, c'est le cas du poète Daniel Biga (1993).
Il ne s'agit pas de faire venir, en classe, un spécialiste qui parle sur la
langue, transformant l'élève en auditeur passif, mais bien de rencon-
trer un praticien du langage qui vient partager un moment actif de
confrontation avec les mots. Le rôle de chacun des interactants s'en
trouve modifié.
144
PEUT-ON ENSEIGNER LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE?
145
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
Le cadavre exquis
Objectif spécifique: débrider l'imaginaire par une association de mots, souvent
surprenante.
Le point de départ consiste à dire que l'on va jouer au «cadavre exquis ». Le
professeur explique (ou fait expliquer par un élève qui le connaîtrait) l'origine
et le principe du jeu. La spontanéité, la rapidité et le hasard sont des moteurs
essentiels. Dans un premier temps, il est conseillé de choisir une structure de
phrase simple sur le modèle: sujet, verbe, complément. Les élèves sont répartis
en groupes de trois. Le premier note le sujet, sans être vu des autres, il plie la
146
PEUT-ON ENSEIGNER LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE?
feuille pour cacher le mot, puis transmet au deuxième, etc. Il n'est pas rare que
les premiers essais restent assez conventionnels et décevants.
Après plusieurs essais, un grand nombre de variantes peut développer la situa-
tion:
- enrichir le pattern initial (S + V + COD + CCir...);
- un premier élève note une question commençant par «Pourquoi... », il plie et
transmet la feuille au second qui note une réponse commençant par «Parce
que... »;
- un premier élève note une question débutant par «Est-ce que... » ou «Je ris
parce que... » ou toute autre expression inductrice, possible, etc.
147
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
L'acrostiche
Objectif: mise en confiance de l'élève qui, le plus souvent, n'éprouve aucune
difficulté à rédiger un acrostiche. Cette figure de style est un poème dont la
suite des premières lettres de chaque vers forme un mot, généralement le nom
ou le prénom de l'auteur ou du destinataire.
Le point de départ peut consister à donner à lire des acrostiches littéraires
(François Villon, Ballade à s'amie ou Guillaume Apollinaire, Poèmes à Lou) et
demander aux élèves d'en parler. Ils n'identifient pas toujours la contrainte, du
moins chez Villon. Après que le professeur les a aidés à constater le mode par-
ticulier d'écriture, les élèves s'essaient volontiers.
Lors d'une autre séance, il est possible de demander que les premières lettres
de chaque vers forment le prénom d'un(e) ami(e) et même, pour contraindre
davantage l'écriture, de rédiger en composant des rimes en fin de vers.
148
PEUT-ON ENSEIGNER LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE?
Principe
L'origine des ARL se situe dans les années 1970 lorsqu'il a fallu déve-
lopper des actions de formation continue à destination des ouvriers
du secteur sidérurgique de l'est de la France, touchés par la crise. Hi-
gelé, Hommage et Perry (1992), les auteurs des premiers travaux qui
donnèrent naissance aux ARL, avaient pour visée principale la «réha-
bilitation des fonctions cognitives déficientes ». Pour la première fois,
une formation proposée ne concernait ni les contenus scolaires ni les
contenus professionnels, mais tentait d'intervenir dans la reconstruc-
tion ou la consolidation des structures opératoires de la pensée, cet
équipement cognitif étant considéré comme la base des apprentissages
futurs et des pratiques professionnelles à venir.
Les ARL se fondent sur le principe piagétien que l'intelligence n'est
pas innée mais qu'elle se construit par une interaction constante entre
149
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
Mise en œuvre
Lorsqu'un groupe entame une formation, la première action des for-
mateurs consiste à évaluer, pour chacune des opérations logiques, le
niveau du sujet. Les domaines à travailler sont ainsi mis en évidence et
permettent de constituer des sous-groupes dont les besoins sont assez
proches.
150
PEUT-ON ENSEIGNER LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE?
151
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
Donne toutes les possibilités de bouteilles de jus d'orange et de jus de raisin que
tu peux acheter dans ce magasin.
Ce type d'exercice permet de confronter le sujet avec des situations
qui font directement appel à une opération ou à une structure logique.
Le fait de travailler, de rechercher, de se confronter et d'échanger avec
des pairs, d'être amené à justifier une démarche ou une procédure est
de nature à faciliter une reconstruction de l'opération défaillante. Ce-
pendant, les auteurs le disent: les ARL ne constituent pas un remède
miracle.
Principe
Les auteurs des ARL ont souhaité développer un nouvel outil, dans
le même esprit que le premier, mais présentant deux caractéristiques
propres: présenter des exercices d'un niveau plus accessible et offrir
des situations permettant, aussi, la (re) construction des opérations in-
fralogiques liées à l'espace.
Les principes des ASLOS sont les mêmes que ceux des ARL (théorie
opératoire, rôle de l'assimilation-accommodation, apport des échan-
ges à caractère sociocognitif, etc.) la dimension spatiale en plus. Les
exercices se regroupent donc en deux catégories:
- la structuration logique est, essentiellement, de niveau
préopératoire et vise à travailler les opérations de combinatoire, de
sériation (structure de relation), de catégorisation et d'inclusion
(structure de classe) ;
- les constructions spatiales se composent de quatre séries
d'exercices au niveau préopératoire (composition de figures,
horizontalité et verticalité, localisations spatiales, reconstruction
de figures) et de trois séries au niveau opératoire concret
(transformations spatiales, rotations et symétries, changements de
point de vue).
Travailler au niveau préopératoire suppose que les sujets aient la
possibilité de manipuler un matériel adapté. Cette conduite motrice
est une étape préparant à des représentations mentales et intériori-
sées. Selon les exercices, des étiquettes, des jetons peuvent servir pour
les manipulations.
152
PEUT-ON ENSEIGNER LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE?
Pour la même raison - favoriser l'accès aux exercices, par les sta-
giaires, de façon autonome -les consignes des exercices sont réduites
à l'essentiel, une partie des sujets pouvant, par exemple, être non-lec-
teurs. Certains exercices peuvent même se comprendre sans lecture ou
par la seule lecture effectuée par le formateur.
La structure des exercices proposés par les ASLOS est également
simple, les opérations logiques travaillées sont d'un niveau inférieur
à celui des ARL.
Mise en œuvre
Exercices liés à la catégorisation (structure de classe) : il s'agit d'organiser
les objets à partir de leurs points communs. Ils peuvent être adaptés à
différents niveaux (de la maternelle au collège).
153
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
Exercices
Exercice correspondant à l'opération de sériation
1. Bernard a lancé la balle plus loin que Jean. Jean a lancé la balle plus loin que
Marc. Qui a lancé la balle le plus loin? Range les enfants de celui qui lance le
plus loin à celui qui lance le moins loin.
2. Le 9 janvier on remarque qu'il fait moins froid à Paris qu'à Nevers et qu'il
fait moins froid à Lyon qu'à Paris. Dans laquelle de ces villes faisait-il le moins
froid? Dans laquelle de ces villes faisait-il le plus froid?
3. Il Y a plus d'habitants en Chine qu'en Mongolie. Il y a moins d'habitants au
Japon qu'en Chine. À partir de ces informations, quel est le pays le plus peuplé?
Quel est le pays le moins peuplé?
154
PEUT-ON ENSEIGNER LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE?
Ce qui est travaillé par les ASLOS relève pour le principal de l'es-
pace topologique. Celui-ci concerne les rapports de voisinage, de sépa-
ration, d'enveloppement, de continuité entre objets. Il porte sur l'ob-
jet considéré en lui-même et en ses propriétés établies de proche en
proche (gauche, droite; intérieur, extérieur; au-dessus, au-dessous ... ).
La conservation de la séparation, comme celle des rapports d'envelop-
pement, apparaît vers 7 ans.
Les composantes de l'espace topologique à travailler avec les élèves
sont les rapports binaires: droite/gauche; dessus/dessous; des com-
binaisons entre rapports: droite et gauche avec dessus et dessous; les
rapports ternaires : intérieur/extérieur/sur.
Outre l'espace topologique, la psychologie génétique distingue l'es-
pace projectif (coordination des objets relativement à des points de
vue déterminés, ex : solides et polygones... ), l'espace euclidien (coor-
dination des objets envisagés en eux-mêmes dans leurs déplacements
objectifs, ex : pavages, symétrie, perpendicularité ... ), l'espace carté-
sien (conservation des longueurs et constitution d'une métrique, par
exemple, mesures et calculs des mesures).
On trouve dans les ASLOS des situations en rapport avec des symé-
tries ou des déplacements. À propos des constructions spatiales, les
exercices sont aussi facilement compréhensibles par des élèves pou-
vant présenter des difficultés (comme ceux scolarisés en SEGPA). Pour
les localisations, une scène familière est présentée: par exemple, un
personnage de dos se tient dans une cuisine, le stagiaire va identifier
et nommer des objets qui se situent à la droite du personnage, à sa
gauche, sous la table, etc.
Une des situations, aisément reproductible, consiste à donner à
l'élève une planche à clous (modèle du genre Géoplan) et un élasti-
que. Les clous distribués en colonnes et en rangées régulières permet-
tent au positionnement modifiable de l'élastique de définir des figures
géométriques de type polygone. L'enseignant peut réaliser un modèle
que l'élève reproduit de mémoire ou par imitation. De nombreuses
possibilités existent qui permettent d'utiliser, par la manipulation, les
rapports spatiaux, de les nommer, de travailler à deux, etc.
Comme pour les ARL, la recherche individuelle est souhaitable dans
un premier temps, les échanges intervenant dans un second temps.
Le transfert visé, aspect qui fait l'objet des critiques évoquées plus
haut, est double:
155
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
156
PEUT-ON ENSEIGNER LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE?
Définition
L'ACIM fut mis au point par Henri Planchon. Le postulat initial est
que l'échec de l'élève en mathématiques ne procède d'aucune fata-
lité. À l'inverse, la notion d'échec, selon l'auteur, rejoint celle du cou-
rant socioconstructiviste. L'erreur - il parle «d'errance» constitutive
de tout cheminement vers le savoir - est un moment plus ou moins
passager de l'apprentissage, un dysfonctionnement de l'élève qui ne
peut apporter une réponse scientifiquement correcte à une situation
donnée. L'erreur est admise comme conduite habituelle, qu'il est ce-
157
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
Principe
Dans son premier ouvrage de référence (1989), Planchon distingue
quatre domaines comme champs possibles du réapprentissage mathé-
La rééduca-
matique: le raisonnement, l'abstraction, l'organisation et la mentali-
tion mathé- sation:
matique
- le raisonnement se fonde sur des démarches logiques dont la
rigueur de la construction constitue une culture commune;
- l'abstraction se développe par l'utilisation d'une symbolique,
dont la constitution nécessite des interactions qui facilitent la
décentration du sujet;
-l'organisation signifie qu'aucun objet mathématique n'a de sens
isolément, mais qu'il est en lien avec d'autres dans une architecture
organisationnelle qui les structure;
- la mentalisation renvoie à la compétence du sujet à intérioriser
les objets, les actions sur les objets, l'anticipation et les conséquences
de l'action.
L'activité de mathématique est attachée au réel qu'elle reconstruit
et dépasse. La forme géométrique donne une indication sur la figure
sans pour autant que cette perception constitue la réalité conceptuelle
de l'objet. Derrière la perception demeure le concept. Il se définit
à partir d'invariants que le réel perceptible peut masquer. Travailler
cette dimension permet à l'élève de dépasser la perception qui cor-
respond souvent à une forme prototypique occupant tout l'espace de
représentation de l'objet.
Le triangle, que les manuels présentent le plus souvent sous la forme
«montagne », entraîne une réduction de la représentation conceptuel-
le. Certains élèves du premier degré n'identifient pas les autres figures
158
PEUT-ON ENSEIGNER LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE?
Mise en œuvre
Pour aider les élèves, de la maternelle au collège, ceux des classes or- Les
dinaires comme ceux des classes spécialisées (CLIS, SEGPA... ), Plan- « modules»
chon propose des outils, telles les représentations graphiques. Celles-
ci, aussi nommées «modules », sont de trois types: les planches, les
algorithmes, les organigrammes.
La planche est un tableau de coordonnées qui se veut une machine à
fabriquer des nombres. En abscisse, se trouvent des lettres qui symboli-
sent les chiffres possibles d'un nombre en numération de position: le A
(symbole des unités) est encadré par B et B', à sa gauche, il est précédé
de B (symbole des dizaines), puis à gauche de B se trouve le C (symbole
des centaines), etc., et à droite de A, se trouve B' (symbole des dixiè-
mes), etc. En ordonnée, se succèdent, de bas en haut, des chiffres de 1
à 9. Pour représenter un nombre, il suffit de tracer le graphique à partir
des coordonnées. Ainsi, tracer un graphique qui relie les couples (B', 6),
(A, 5), (B, 2), C, 1) revient à désigner le nombre 125,6.
Ce module est à la fois un outil personnel de l'élève qui peut à tout
moment l'utiliser pour s'assurer de la lecture ou de l'écriture d'un
nombre, mais aussi un outil commun, objet maîtrisé par la classe, à par-
tir duquel les élèves peuvent communiquer et s'interroger: l'un trace
un graphique, l'autre lit le nombre ainsi représenté. L'outil prend une
valeur collective quand il est utilisé par tous les élèves en même temps
et quand le module est affiché en classe et permet à l'enseignant de
mobiliser sa classe vers le même objet.
159
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
Le dispositif, plus complexe que ce qui est présenté ici et dont les
exercices proposés partent de la maternelle pour aller jusqu'au collège
et au-delà, n'a pas vocation à enseigner à l'élève tout le programme
de mathématiques d'une classe. L'objectif est non seulement de re-
construire des concepts mathématiques mais aussi de développer les
capacités de représentation, de mener vers l'abstraction, de faciliter les
interactions entre élèves.
Principe
L'idée principale du PEI est que, grâce à la médiation d'un formateur,
le sujet, qu'il soit élève ou adulte, peut développer son potentiel co-
gnitif. Pour cela, le médiateur doit effectuer un certain nombre d'ac-
tions:
- il intervient sur les fonctions cognitives déficientes chez le
sujet, soit lors des opérations de tri des informations (input), soit
lors du traitement proprement dit, soit lors de la transmission du
traitement effectué (output) ;
- il corrige les prérequis mal construits comme le vocabulaire ou
les procédures;
- il développe et entretient la motivation du sujet, tout comme il
inscrit l'action en cours dans un ensemble possédant un objectif et
nécessitant une durée d'exécution. Il s'emploie à faire sortir le sujet
160
PEUT-ON ENSEIGNER LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE?
Mise en œuvre
Une des épreuves les plus connues est celle de l'organisation des
points. On distribue au sujet une fiche comportant un ensemble de
cases. La première constitue le modèle, une figure géométrique y est
tracée. Dans les autres cases, il y a des nuages de points. Le sujet va en
relier certains afin de réaliser tel ou tel objet géométrique demandé
dans la première case. L'objectif est de développer la capacité d'anti-
cipation, d'entraîner l'attention, de solliciter le contrôle, de se décen-
trer des orientations spatiales habituelles, telle triangle en position
pyramidale ou le carré reposant de façon horizontale, etc.
L'ensemble des exercices est réparti sur quinze cahiers. L'alternan-
ce de phases individuelles et de mises en commun permet des échan-
ges, entraînant soit des conflits d'ordre cognitif, soit des coopérations
structurantes. Les situations, comme celles des ARL et des ASLOS, sont
décontextualisées des contenus disciplinaires afin d'éviter de repro-
duire des contextes identifiés comme engendrant l'échec. Les séances
ont une durée de trente minutes à une heure, selon les possibilités
attentionnelles des élèves. Il est possible de les répartir sur une période
d'une ou deux années.
161
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
de mise en activité du sujet, est que les élèves s'emparent d'un langage
informatique pour programmer la machine.
Principe
L'élève, utilisant Logo pour concevoir son programme, est avant tout
confronté à un problème qu'il devra, seul ou en groupe, résoudre dans
toutes les phases de la tâche. En utilisant Logo, l'élève mobilise des schè-
mes liés au traitement des informations et au raisonnement, il en crée
aussi de nouveaux par confrontation à des situations déstabilisantes.
L'enfant informaticien s'aperçoit que la programmation ne suit pas un
Un langage
développement linéaire mais qu'à chaque nouvelle étape la pensée tâ-
simplifié tonne, avance, recule pour mieux redémarrer, se réorganise en perma-
nence. Ce processus sollicite chez le sujet la capacité de penser l'objet
dont il programme la construction ou le déplacement, non de façon
isolée mais en constant rapport avec les autres objets et les autres pro-
cessus mobilisés. À la différence d'autres langages de programmation
également modulaires, comme Pascal, Logo utilise un vocabulaire et une
syntaxe à la portée des collégiens et même des écoliers.
Un curseur de forme triangulaire apparaît au centre de l'écran de
l'ordinateur et se déplace en fonction des ordres donnés par l'élève
programmeur. Toute action programmée s'inscrit visuellement sur
l'écran. Un déplacement est matérialisé sous la forme d'une ligne.
Un changement d'orientation apparaît par le mouvement de rotation
du curseur. Il est alors possible de réaliser des figures à partir d'or-
dres simples, appelés «primitives ». Comme nous l'indiquions, Logo se
caractérise par un langage simplifié: les primitives se formulent en
français et peuvent même être réduites aux premières lettres du mot.
Ainsi la primitive AV 10, rentrée au clavier de l'ordinateur, signifie
«avance de 10 pas». Sur l'écran, le curseur se déplace de dix espaces.
Un ensemble de primitives se nomme une «procédure». Primitives et
procédures, rentrées au clavier, permettent au curseur de se déplacer
et de tracer ainsi une figure sur l'écran. L'élève peut alors program-
mer non seulement des constructions graphiques (exploitation la plus
accessible et la plus spectaculaire pour l'élève), mais aussi du texte ou
de la musique.
Mise en œuvre
La condition première est de posséder le langage Logo sur le maté-
riel informatique de l'établissement. L'élève qui souhaite tracer une
162
PEUT-ON ENSEIGNER LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE?
Autre situation possible: faire réfléchir les élèves sur une situation
inverse. On donne un programme dont il s'agit de prévoir ce qu'il
produira sur l'écran quand on le rentrera au clavier.
163
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
POUR FIGURE
AV 60 TD 90 AV 30 TD 90
FIN
REPETE 12 [FIGURE TG 30 AV 5]
164
PEUT-ON ENSEIGNER LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE?
LA PI : PÉDAGOGIE INTERACTIVE
Définition
Selon Racle (1983), la pédagogie se situe dans une approche transdis-
ciplinaire qui se nourrit autant aux sources traditionnelles qu'à celles
de la neurologie, de la musicothérapie ou de la chronobiologie. Très Remédia-
liée au développement des recherches sur le cerveau, la PI se veut lieu tian et
de rencontre entre facteurs internes à l'élève et facteurs externes, in- interaction
troduisant dans le triangle traditionnel (élève, savoir, enseignant) des
composantes relationnelle, artistique, scientifique, émotionnelle.
165
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
Une
Définition
démarche Un ingénieur, Yves Pimor, et un psychologue, Henrijean Cottin, ont
analytique conçu une méthode destinée à répondre aux problèmes rencontrés
par des opérateurs informaticiens. Pour cela ils se sont fondés sur deux
apports théoriques importants:
-le socioconstructivisme d'origine piagétienne, dans la version
sociale qu'en donne Perret-Clermont (2001). C'est par l'interaction
sociale que se construisent et se consolident les registres opératoires
des sujets;
-les travaux de Sperry sur le cerveau qui ont permis de distinguer
plusieurs niveaux: l'hypothalamus, de nature reptilienne, siège des
instincts; le cerveau limbique, siège des affects; le cortex, siège du
raisonnement.
À partir de ces deux entrées, Cottin et Pimor (1991) ont postulé que
l'individu doit être envisagé sous l'angle d'une dialectique, cognitive et
affective, réflexive et sensible, la communication prenant un caractère
transversal.
166
PEUT-ON ENSEIGNER LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE?
167
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
168
PEUT-ON ENSEIGNER LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE?
Résumons-nous
Ce chapitre pose une question d'apparence simple: si l'enseignant veut
aider l'élève, pourquoi ne pas lui apprendre les stratégies les plus efficaces?
Comme nous le montrons, la réponse est en réalité complexe. En effet,
comme les chapitres précédents l'ont indiqué, les difficultés ne sont pas
toutes du même ordre, et, d'autre part, les conduites des élèves peuvent se
manifester très différemment.
171
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
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LES STRATÉGIES D'ENSEIGNEMENT MISES EN ŒUVRE
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LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
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LES STRATÉGIES D'ENSEIGNEMENT MISES EN ŒUVRE
175
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
Llin terdisciplinarité
Il s'agit d'un décloisonnement des disciplines scolaires pour aborder
les contenus (savoirs autant que savoir-faire) de façon plus transver-
sale. Elle est relativement difficile à mettre en place car elle suppose,
en premier, une maîtrise des contenus de chacune des disciplines
convoquées. Elle nécessite, ensuite, une phase de préparation minu-
tieuse, articulant les éléments des diverses matières. Enfin, la réalisa-
tion concrète peut déstabiliser les élèves, puisqu'ils sont amenés hors
des cadres traditionnels. Autre problème en suspens: les conceptions
des chercheurs sur les trans, inter, co ou pluridisciplinarités sont nom-
breuses et sans consensus satisfaisant.
176
LES STRATÉGIES D'ENSEIGNEMENT MISES EN ŒUVRE
Ce qu1est la différenciation
Une différenciation pédagogique réfléchie suppose la reconnaissance
de besoins hétérogènes selon les élèves, dans le cadre d'objectifs communs
de savoirs, impliquant la diversification des supports et/ou des modes
d'apprentissage (Perraudeau, 1994).
La différenciation est un mode de régulation des hétérogénéités: cel-
les-ci peuvent être d'ordre culturel, social et surtout cognitif. Il est pos-
sible de distinguer ce qui relève de l'inter-hétérogénéité, qui différen-
cie les élèves entre eux dans leurs différents rythmes d'appropriation,
de l'intra-hétérogénéité qui définit les variations dans la résolution de
tâche pour un même élève, en fonction des opérations cognitives sol-
licitées selon les contenus.
Pour Meirieu (1990), deux pratiques principales de différenciation
Les
sont possibles: soit de façon successive, soit de façon simultanée. pratiques
La première, qui concerne la classe dans son ensemble et alterne de diffé-
supports et conduites est plus facile à mettre en œuvre. renciation
La seconde demande plus de connaissance de la classe car elle se
fonde sur la gestion en parallèle de plusieurs groupes. Chaque groupe,
selon ses besoins identifiés au préalable, effectue une tâche particu-
lière.
Il est possible d'illustrer les deux modes pour une même activité de
résolution de problème (tableaux 6.1 et 6.2).
177
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
DIFFÉRENCIER ET ÉVALUER
À l'instar des autres types de tâches d'apprentissage, menées en classe,
il faut réfléchir aux modalités évaluatives pendant et après les périodes
de différenciation. Les modalités sont nombreuses (voir par exemple,
Allal et al., 1991). Les deux principales sont l'évaluation sommative et
la formative.
L'évaluation sommativeest la plus connue, la mieux identifiée, la plus
pratiquée. Mettre une note constitue la manière la plus simple d'éva-
luer le travail de l'élève. La note permet la comparaison entre élèves
Différentes
modalités
et constitue un mode de communication accessible à tous, notamment
évaluatives aux parents. En revanche, elle présente plusieurs limites dont celle de
ne donner qu'une image restreinte des compétences de l'élève en les
figeant.
L'évaluation formative est celle qui intervient en cours d'apprentissa-
ge. Elle permet à l'enseignant, en fonction des réponses des élèves, de
réajuster son enseignement, de le réorienter si nécessaire. Elle a un ca-
ractère plus dynamique et temporaire. À la différence de la précédente
et de sa composante quantitative, l'évaluation formative possède une
composante qualitative. Il s'agit moins d'attribuer une note à l'élève
que d'identifier les compétences en cours de construction et la nature
éventuelle des dysfonctionnements intervenant dans l'apprentissage.
178
LES STRATÉGIES D'ENSEIGNEMENT MISES EN ŒUVRE
Fiche d'observation
Informations générales
Classe :......... Prénom:. ........ Âge: Date: .
Domaine disciplinaire observé et contenu de la séquence (notion, compé-
tence) :
179
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
Pendant la tâche
Temps mis à réaliser la tâche (en fonction du temps imparti, en fonction des
autres élèves) :
Après la tâche
Type de difficulté constatée (passagère, continue, plus ancrée...) et indica-
teurs:
180
LES STRATÉGIES D'ENSEIGNEMENT MISES EN ŒUVRE
181
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
Mettre les élèves par deux (et plus) n'est pas la garantie de produire
un conflit sociocognitif. De même, le conflit sociocognitif n'est pas la
seule source de confrontation ou de collaboration structurante. Dans
l'hypothèse d'un travail par deux, plus encore qu'avec un groupe à ef-
fectif plus important, il convient de respecter une proximité cognitive
entre les interactants, la zone de proche développement de Vygotski,
afin de ne pas transformer l'échange en dépendance.
Exemple de pratique respectant le rythme de l'élève
Un exemple de pédagogie respectant la différenciation - qui permet
à chaque élève de progresser à son rythme, sans stigmatisation vis-à-vis
de ceux qui ont plus de difficultés - est donné par le travail sur les in-
férences inductives, présenté par Britt-Mari Barth (1987, 1993).
Pour Barth, une «méthode pour apprendre» est un «modèle
pour comprendre». Ce qui est visé en situation d'apprentissage, c'est
la «compréhension conceptuelle d'un savoir ou d'un savoir-faire»
(1993). Pour l'auteur, qui qualifie son modèle de «modèle cognitif de
la médiation» fondé sur les travaux de Bruner et de Vygotski, toute si-
tuation pédagogique, indépendamment de son contenu peut se struc-
turer autour de cinq phases:
182
LES STRATÉGIES D'ENSEIGNEMENT MISES EN ŒUVRE
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LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
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LES STRATÉGIES D'ENSEIGNEMENT MISES EN ŒUVRE
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LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
L'ENTRÉE PHILOSOPHIQUE
Gardner qualifie ce mode d'entrée de «fondateur», qui «favorise la
réflexion». Lipman (1988), aux États-Unis, essaie de développer chez
de très jeunes élèves, de 4 à 5 ans, des débats, des échanges autour de
thèmes qui sont rarement abordés en classe: la justice ou la mort par
exemple. Ce sont des thèmes tout à fait prégnants pour l'enfant. Gard-
ner dit que, dans un certain nombre de domaines, on peut aborder des
notions et des savoirs nouveaux en provoquant une réflexion, en ame-
nant les élèves à discuter. Cela nécessite une certaine maîtrise dans la
gestion de la classe, une bonne connaissance des élèves. Les nouveaux
programmes de 2002, concernant l'école primaire, sont implicitement
Favoriser la influencés par ce type de recherches, puisqu'il y est suggéré d'instaurer
réflexion
une demi-heure par semaine de «débat réglé» où un certain nombre
de problèmes sont évoqués, qui ne sont pas directement liés au travail
de classe mais davantage à la vie sociale. Ces nouvelles directives favo-
risent une pratique innovante, la discussion de type philosophique - il
s'agit d'apprendre à réfléchir et échanger et non d'étudier Descartes
ou Kant - qui peut être poursuivie au collège avant d'être formalisée
au lycée et plus précisément en terminale.
L'ENTRÉE INDUCTIVE
L'induction est ici comprise comme raisonnement inverse de la déduc-
tion. C'est la formulation d'hypothèses, selon la méthode scientifique:
on émet une hypothèse pour la vérifier par l'expérience. Si l'expé-
rience ne vérifie pas l'hypothèse, c'est que celle-ci est fausse et qu'il
faut la modifier ou en formuler une nouvelle. Il s'agit donc d'amener
les élèves à cette forme de travail.
Piaget (2001) a expliqué le phénomène de l'accommodation/assi-
milation. L'assimilation est ce que le sujet va s'approprier facilement
Accommo-
dation/
parce que l'apprentissage n'entre pas en opposition avec ce qu'il sait
assimilation déjà. L'accommodation, c'est quand le savoir nouveau entre en contra-
diction avec les représentations ou les schèmes de l'élève. Ce méca-
nisme est plus long et peut amener le sujet à passer par des phases
de rejet ou de refoulement, mais on constate que l'accommodation
permet des constructions plus stables. En outre, il y a des situations
pédagogiques qui vont favoriser l'accommodation et d'autres non.
Mettre les élèves en situation de recherche, et pas uniquement dans
les disciplines scientifiques, les conduire à émettre des hypothèses, à
186
LES D'ENSEIGNEMENT MISES EN ŒUVRE
les vérifier, à les expliquer aux autres élèves: ces actes professionnels
procèdent d'une démarche inductive.
C'est ainsi que les travaux de Britt-Mari Barth (1987, 1993) propo-
sent des activités où ce n'est pas le professeur qui donne la règle, mais
les élèves qui la découvrent. Nous en avons donné l'illustration, un
peu plus haut. Dans un tel dispositif, l'enseignant annonce aux élèves
qu'il ne va pas leur dire ce qu'ils vont apprendre, mais que c'est à eux
de le découvrir. Une telle façon de procéder peut déstabiliser. Le pro-
fesseur propose des éléments (dans notre exemple supra, en cours de
grammaire, des phrases) qui contiennent la notion à découvrir puis
d'autres éléments ne contenant pas le savoir nouveau. Il s'agit d'indi-
ces de différentes natures qui ont chacun leur importance. L'élève va
travailler sur l'analogie et l'opposition pour émettre des hypothèses.
Petit à petit, par validation ou réfutation des hypothèses énoncées, la
notion va se dégager. C'est l'élève qui va lui-même découvrir, construi-
re, s'approprier le savoir ou la notion nouvelle. Le professeur a un rôle
déterminant: il prépare et met en place la situation, il accompagne
l'élève dans sa réflexion, sans se substituer à son activité. L'entrée in-
ductive permet de construire des notions en impliquant l'élève, acteur
authentique de son apprentissage.
187
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
L'ENTRÉE NARRATIVE
Ce mode d'entrée était rarement pratiqué. Il tend à se développer. Il
est des domaines où partir d'une histoire que l'on raconte peut aider
les élèves à s'engager dans une tâche. Les professeurs savent combien
il est compliqué d'enseigner l'histoire et la géographie à des élèves
de dix ou douze ans, parce que ces matières renvoient au temps et à
l'espace, repères dont la stabilité se construit lentement. Le fait de ra-
conter comment on vivait à une certaine époque, ce qui s'y passait, le
fait de mettre l'élève en contact avec des textes d'auteurs ou des écrits
de la période étudiée permet de jouer dans un registre plus motivant.
Appren-
tissage et Quand on demande à des enfants ce qu'est le Moyen Âge, leur
narration vient à l'esprit sa représentation classique: les rois, les châteaux forts,
les chevaliers. Cette représentation est réductrice car le Moyen Âge a
commencé avec les mottes féodales et s'est terminé avec les châteaux
de la Renaissance. De même, pour nombre de collégiens, le cheva-
lier représente la force, la puissance, l'argent. L'image est forte mais
souvent fausse. Pourtant, c'est bien souvent la réduction erronée que
l'élève mémorise. Dans un autre domaine disciplinaire, l'expérience
bien connue qui consiste à demander à des écoliers ou des collégiens
de tracer un triangle donne un résultat constant. C'est la forme consi-
dérée comme la plus typique, celle de la pyramide, qui émerge. En
classe de quatrième, un élève nous dit que, «dans le triangle, il y a
un seul sommet», proposition influencée par le sommet de la monta-
gne, autre représentation prototypique, longtemps utilisée en classe
comme représentation symbolique pratique. La typicalité, effet mas-
quant d'un objet qui occupe l'espace de toute la classe à laquelle il
appartient (comme l'aigle ou le pigeon représentent plus la classe des
oiseaux que la poule ou l'autruche), peut aider à construire un savoir,
en exemplifiant l'objet de la classe, mais peut aussi réduire la pensée.
188
LES STRATÉGIES D'ENSEIGNEMENT MISES EN ŒUVRE
L'ENTRÉE ESTHÉTIQUE
Une dimension que connaissent bien les professeurs d'art plastique Appren-
ou de musique est celle que Gardner qualifie d'entrée esthétique. Il tissage
est certain qu'amener les élèves au musée est souvent compliqué: ils y et art
vont rarement de manière spontanée. Cependant, pour aborder cer-
tains aspects de l'histoire de France, notamment ce que fut la Renais-
sance, un tableau comme La Bataille de San Romano de Paolo Uccello,
dont l'un des trois éléments du triptyque se trouve au Louvre, permet
une entrée d'une grande pertinence. Nous avons pu mener ce type de
travail et nous apercevoir que, par l'observation guidée du tableau, les
élèves vont construire des connaissances. Ils découvrent, par exemple,
l'importance du cheval, dont on a oublié aujourd'hui le rôle détermi-
nant qu'il a tenu pendant des siècles. Comment le cheval est-il pictu-
ralement traité par Uccello? On s'aperçoit que sa représentation n'est
pas une reproduction du réel: il y a, par exemple, un cheval à cinq pat-
tes dans ce tableau! Pourquoi donner une telle importance au cheval?
Certaines évidences d'adultes -le cheval animal de guerre mais aussi
de travail- échappent aux élèves. En outre, à partir de cette œuvre,
189
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
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LES STRATÉGIES D'ENSEIGNEMENT MISES EN ŒUVRE
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LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
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LES STRATÉGIES D'ENSEIGNEMENT MISES EN ŒUVRE
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LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
Les principes
Il est nécessaire d'amener les élèves à se rendre compte que «dire» va
permettre de produire de la clarté, d'établir un peu de lucidité dans
la pensée et dans le fonctionnement. Combien de fois, lorsqu'un élève
se trompe, dans une situation tout à fait banale, et que le professeur
lui demande de relire son écrit, il va le lire et, en lisant, il va dire: «Ah
oui, je me suis trompé! ». Parfois, le simple fait de mettre en mots,
c'est-à-dire de mettre à distance, déclenche une première lucidité.
Cependant, parler, au-delà de paroles convenues, suppose tout
d'abord que l'on soit en situation de confiance. L'élève ne pourra par-
Être en
situation de ler, il n'aura envie de s'engager verbalement, que s'il est en confiance.
confiance La classe constitue un environnement, offre un climat de confiance,
c'est-à-dire que l'élève sait qu'il peut dire ce qu'il a à dire sans qu'il y
ait les moqueries des pairs ni le jugement du professeur. Le temps de
la verbalisation n'est pas celui de l'évaluation. Il y a des temps d'évalua-
tion, qui suivent tout apprentissage, mais ils sont clairement identifiés.
La verbalisation appartient à la phase de recherche, de construction,
pas à celle du jugement.
L'enseignant provoque d'autant mieux les mots de l'élève qu'il est
à son écoute. Le type de dialogue employé, semi-directif, suppose que
l'intervieweur a une hypothèse qui sert d'architecture aux échanges,
même si ceux-ci ne sont pas prévus ni prévisibles à l'avance. Cette hy-
pothèse passe à travers un questionnement qui est adaptateur, c'est-
à-dire que le professeur est en capacité de s'adapter à ce que va dire
l'élève. Ici réside une difficulté: suivre en même temps le fil de son
194
LES STRATÉGIES D'ENSEIGNEMENT MISES EN ŒUVRE
195
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
Celui-ci est novice pour une tâche à laquelle il a peut-être échoué, mais
il a, en revanche, l'expérience des procédés qu'il a utilisés. Le ques-
tionnement s'appuie sur l'idée que l'élève détient une part du savoir
exprimable mais non exprimée. Le rôle du médiateur consiste à en
favoriser l'émergence, à condition que l'écolier se sente suffisamment
en confiance pour verbaliser: le médiateur fait alors preuve d'empa-
thie en manifestant à l'élève qu'il comprend ses difficultés et reconnaît
sa part d'expertise.
La nature du contrat, didactique ou expérimental, est importante
à dégager, pour une clarification de la place de chacun des interac-
tants. Le contrat qui va s'établir gagne à être mis en mots au début du
Le contrat
expéri- dialogue (et même bien avant, dans toute relation pédagogique). Il
mentai ne s'agit pas d'une conduite naïve reposant sur l'idée que «tout» dire
permettrait «d'enseigner mieux», mais il s'agit d'une conception de
la pratique appelant à clarifier les enjeux, y compris, et surtout, dans
leurs aspects contradictoires. Guy Brousseau (1992) rappelle que le
contrat didactique est «l'ensemble des comportements (spécifiques) du
maître qui sont attendus de l'élève et l'ensemble des comportements
de l'élève qui sont attendus du maître », en situation habituelle d'en-
seignement-apprentissage. Maria-Luisa Schubauer-Leoni (1986) parle
de contrat expérimental pour définir les relations qui ne relèvent pas
du contrat didactique, principalement lorsque l'adulte intervenant,
tout en appartenant à l'institution, n'est pas l'enseignant titulaire de
la classe. Dans le cas du contrat expérimental, il n'est pas question
«d'organiser sciemment un apprentissage» au sens de la relation ha-
bituelle professeur-élève, mais plutôt d'observer ou d'aider, en dehors
des contraintes inhérentes à la classe (programmation, évaluation ... ).
Ce type de contrat, pour se différencier du didactique, peut concerner
les maîtres spécialisés des RASED tout autant qu'un enseignant avec
un groupe d'élèves d'une classe autre que la sienne, dans le cadre d'un
décloisonnement, par exemple.
196
LES D'ENSEIGNEMENT MISES EN ŒUVRE
Il s'agit d'une élève de CM2, qui n'a pas utilisé la multiplication pour calculer un
produit simple mais a préféré additionner. Est-ce à dire qu'elle n'a pas compris
la structure multiplicative et n'établit pas les relations entre les deux espaces de
mesure (objets et prix) ?
9. [...] On va revenir sur un problème pour lequel je voudrais que tu me dises
comment tu as fait. [...]
10. Donc moi j'ai fait 59 plus 59 égale 118.
11. Pourquoi 59 plus 59 ?
12. Parce que comme il a acheté 2 lots, eh ben ça fait 59 + 59.
13. Est-ce que tu aurais pu faire une autre opération pour trouver?
14. 2 fois 59.
15. Est-ce que ça fera la même chose comme résultat?
16. Oui.
17. Pourquoi n'as-tu pas écrit 2 fois 59?
18. Bah, les additions c'est plus facile que les multiplications.
19. Ah oui, c'est plus facile. Et si au lieu d'acheter 2 lots, il avait acheté 25 lots?
20. Là j'aurais fait 25 fois 59, c'est plus simple.
21. Qu'est-ce qui est plus simple?
22. Parce que l'addition c'est plus compliqué.
23. Oui mais ce n'est pas plus facile d'additionner?
24. Ah non pas quand il y en a trop.
25. Qu'est-ce que ça veut dire «quand il y en a trop}) ?
26. Beh, je sais pas moi... plus que 10.
27. Tu veux dire que quand les quantités sont plus grandes que 10, tu multi-
plies?
28. Oui. [...]
197
lES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
L'ECA, dont l'extrait ici est représentatif, consiste à poser des ques-
tions à l'élève pour le faire progresser dans sa réflexion, mais sans in-
duire ce que le professeur a envie d'entendre:
- il n'y a pas de jugement sur ce que dit l'élève, il ne s'agit pas de
lui indiquer qu'elle a tort ou raison;
-la relance par reprise des termes utilisés par l'élève assure la
continuité des échanges, sans détour de sens ni rupture (tours de
parole 21 ou 25) ;
- la suggestion alternative, consistant à élargir ou à énoncer
un point de vue différent de celui de l'élève, permet de vérifier la
stabilité de l'opinion de celui-ci (tour 19) ;
-la verbalisation ne se contente pas de provoquer une description
par l'élève de son action, mais elle vise à élucider les raisons de
cette action: le questionnement est explicatif (<< Pourquoi ... » :
tours Il et 17). C'est une façon d'atteindre les causes de l'intention
de l'élève;
- enfin, il ne faut pas hésiter à reformuler ce qu'énonce l'élève
afin de s'assurer que c'est bien ce qu'elle voulait dire (tour 27).
198
LES STRATÉGIES D'ENSEIGNEMENT MISES EN ŒUVRE
199
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
Le médiateur L'élève
Il accroît ses connaissances: Il accroît ses connaissances:
- sur l'identification et la compréhension des - sur ses propres difficultés;
procédés de l'élève; - sur le savoir expert et sur le panel des pro-
- sur la manière d'aider l'élève à mettre en cédures dont il dispose (ou ne dispose pas
mots ses procédures, afin de l'accompagner encore) pour y accéder.
à les modifier ou en changer.
200
LES STRATÉGIES D'ENSEIGNEMENT MISES EN ŒUVRE
Résumons-nous
Aider un élève lorsqu'il rencontre un obstacle est un acte de remédia-
tion, mais n'est-il pas plus utile de prévenir, d'anticiper l'obstacle pour agir en
amont ? C'est sur le terrain de l'activité du professeur, de ses stratégies dans
le quotidien de sa classe, que le chapitre propose de réfléchir.
Un point important qui est abordé concerne la façon de faire cours. La leçon
« classique» - exposé du professeur, écoute des élèves puis exercices d'ap-
plication - a montré ses limites. Le chapitre propose des modes d'entrée
alternatifs. Ils sont illustrés d'exemples vécus sur le terrain.
Autre point développé, celui de la mise en mots par l'élève de son activité.
Ce type d'entretien (l'ECA, entretien cognitif à visée d'apprentissage), qui suit
la réalisation d'une tâche par l'écolier ou le collégien, a un double objectif: la
verbalisation permet au professeur de mieux comprendre les procédés que
l'élève a mobilisés; elle aide l'élève à mieux comprendre ce qu'il a fait et,
donc, facilite les modifications.
Ce mode d'entretien cognitif est plus facile à mettre en œuvre qu'il y paraît
a priori. Il est pourtant nécessaire, pour qu'il soit structurant, de respecter
quelques conditions: le professeur aménage, dans son emploi du temps,
un moment de disponibilité pour certains élèves ; l'élève est parfaitement
au courant des enjeux de l'entretien (pas de jugement mais une recherche
de compréhension mutuelle); les questions de l'enseignant amène l'élève à
décrire son activité mais aussi et surtout à l'expliquer; si l'objet est d'amener
l'élève à parler, le professeur gagne à privilégier l'écoute... ce qui est loin
d'être une pratique enseignante habituelle!
7
Peut-on enrichir les stratégies
d'enseignement?
203
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
L'EFFET-MAÎTRE
Les études montrent que pour des populations identiques, dans des
conditions similaires, plusieurs maîtres dont on analyse les effets de
l'enseignement ne parviennent pas tous à faciliter l'apprentissage
Les compé- de leurs élèves avec la même efficience. Cette variabilité des condui-
tences du
tes pédagogiques est particulièrement sensible auprès d'élèves fragi-
professeur
les ou en difficulté. C'est ainsi que Chauveau (2000) est parvenu à
dégager les caractéristiques professionnelles de ceux qu'il nomme
«maîtres réussissants» en zone d'éducation prioritaire, pour les
classes de CP.
Selon lui, les caractéristiques que réunissent ces maîtres experts,
particulièrement aptes à engager les élèves dans des apprentissages
structurants, sont au nombre de quatre.
- ils manifestent une compétence éthique: travailler dans une classe
de CP, en ZEP, est une décision choisie et non subie. Ce choix
correspond au fait que ces enseignants postulent une éducabilité
de leurs élèves, majorée par la posture de médiateur ou de tuteur
qu'ils déploient;
- ils développent une compétence didactique: leur méthodologie du
écouter-parler-lire-écrire est rigoureusement pensée. Ils maîtrisent
les savoirs langagiers en jeu, dans leur épistémologie comme dans
leur transposition, et disposent de stratégies de mise en place,
modulables et différenciées, adaptées aux besoins identifiés chez
leurs écoliers;
204
PEUT-ON ENRICHIR LES STRATÉGIES D'ENSEIGNEMENT?
205
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
206
PEUT-ON ENRICHIR lES STRATÉGIES D'ENSEIGNEMENT?
Le modèle de Vygotski
Vygotski postule que l'apprentissage s'effectue de l'espace social vers
l'espace mental du sujet. La première étape est celle de la régulation
interpersonnelle (interaction à l'environnement, facilitée par l'inter-
médiaire social), la seconde étant celle de la régulation intra-indivi-
duelle. Espace social puis espace mental.
Si le psychologue biélorusse n'insiste pas sur les outils de l'interac-
tion ni sur les modalités de ses apports, il présente le langage dialogi-
que comme élément fondamental dans l'étape de guidage pour per-
mettre la progression du novice à l'intérieur de sa propre zone de
développement cognitif.
Dans cette optique, l'engagement concret de l'adulte (communi-
cation, démonstration, modélisation) vis-à-vis du novice, dans le ca-
dre d'une activité visant son développement cognitif, pourrait être
considéré comme caractérisant une posture de guidance. La finalité
de cette conduite reste l'autonomie du sujet socialisé dans ses actes
d' apprentissage, car «un processus interpersonnel se transforme en
un processus intrapersonnel : chaque fonction apparaît deux fois
dans le développement culturel de l'enfant d'abord entre individus
(interpsychologique) et ensuite dans l'enfant (intrapsychologique) »
(Vygotski, 1985).
207
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
208
PEUT-ON ENRICHIR LES STRATÉGIES D'ENSEIGNEMENT?
209
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
au plus «expert» des enfants d'assister ceux qui le sont moins. C'est
une conduite qui est rarement spontanée chez le jeune enfant. Le rôle
essentiel de l'adulte est alors d'inciter les enfants àjustifier leur point
de vue ou à se corriger mutuellement. Ses interventions de guidage
sont classées en quatre catégories:
- reformulation et explications;
- invitation à l'expression et à l'explication;
- suggestion de déplacement (pour changer de point de vue et
prendre en compte celui du partenaire) ;
- rappel de l'attention et encouragements.
Le langage tient ici, aussi, un rôle fondamental aussi bien dans
l'étayage entre enfants que dans la régulation adulte-enfants. La possi-
bilité et la qualité de la mise en mots interviennent fortement dans ces
interactions emboîtées.
210
PEUT-ON ENRICHIR LES STRATÉGIES D'ENSEIGNEMENT?
211
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
structurants pour les deux interactants et ils ne sont pas fondés sur la
performance: on s'attache aux processus et non aux produits.
La contre-suggestion ou suggestion alternative joue un rôle de dés-
tabilisation du point de vue du sujet. Elle passe non par l'adulte mais
par la présentation par l'adulte du point de vue différent d'un tiers
absent (celui d'un autre élève).
Pour Dionnet, il y a nécessité, dans le cadre de la formation des
enseignants, de réfléchir à ces nouveaux rapports d'interaction liant
les maîtres à l'élève: introduction de nouveaux apports conceptuels
indispensables à la compréhension de l'élève résolvant sa tâche; in-
troduction de modèles d'interaction sous forme de dispositifs verbaux
tels les entretiens de type critique.
La posture de tutelle
Bruner et la
La figure du tuteur a été, clairement, décrite par Bruner (1983) à par-
tutelle tir de la fonction d'étayage : «entreprise de collaboration à travers la-
quelle on aide l'enfant à se développer». Les six fonctions de la tutelle,
définies par le psychologue américain (op. cit.) , sont:
- l'enrôlement du sujet dans la tâche, où il s'agit pour le tuteur de
susciter l'intérêt et la motivation chez le tutoré;
- la réduction de la difficulté vise à supprimer les obstacles qui
ne sont pas nécessaires à l'apprentissage et risquent de le rendre
artificiellement difficile;
- le maintien de l'orientation ou le rappel par la mise en évidence
du but de la tâche et des sous-buts qui y mènent;
- la signalisation des caractéristiques cherche à donner les
informations complémentaires utiles à la réalisation de la tâche;
- le contrôle de la frustration vise à maintenir l'intérêt et la
motivation qui risquent de s'émousser en fonction de la difficulté
rencontrée par l'élève;
- la démonstration est la reprise par l'enseignant de ce que dit
l'élève pour produire une exécution.
Il ressort de cette description que la tutelle au sens brunérien, que
chacun s'accorde à admettre comme définition efficiente, est un étaya-
ge marqué par la présence active de l'adulte au côté du tutoré, lors de
la réalisation de sa tâche.
212
PEUT-ON ENRICHIR lES STRATÉGIES D'ENSEIGNEMENT?
La posture de médiation
À la lumière de ces différents travaux, on se rend compte que la dis-
tinction médiation-tutelle n'est pas immédiate. Pour de nombreux
auteurs, elle n'est pas envisageable, puisque l'une est soit variante soit
sous-partie de l'autre. En revanche, pour Weil-Barais et Dumas Carré
(dans Dumas Carré et Weil-Barais, 1998), le médiateur est intermé-
diaire entre l'univers des connaissances et des pratiques scientifiques,
d'une part, et les élèves, d'autre part. Dans le cadre des activités scien-
tifiques, et notamment des débats, le professeur est médiateur quand il
permet que «s'instaure un accord sur des propositions, des procédés,
des conceptualisations, des modes de schématisation et d'écriture, des
modes de validation, etc.» (Dumas Carré et Weil-Barais, op. cit.).
En se situant dans ce cadre, à la différence du tuteur, le professeur mé-
diateurinstalle une «stratégie de prévention ». Il n'intervient pas avec Le
l'élève dans l'activité engagée: il reste à distance. Il est garant du pas- professeur
sage du savoir en acte ou du savoir-faire vers la conceptualisation, sus- médiateur
citant l'émergence du savoir-dire comme dynamique de passage vers la
conceptualisation. Nous retenons cette distinction pour caractériser la
médiation et la différencier de la tutelle sous un double aspect: dans
sa forme (distance du médiateur vis-à-vis du sujet) et dans son objet
(intervention sur les conditions du rapport au savoir et non sur l'exé-
cution de la tâche). La lucidité sur l'adoption, par le professeur, d'une
de ces deux postures contrastées - tutelle marquée par la présence ou
médiation marquée par la distance - apparaît comme appartenant aux
conditions pour un accompagnement structurant et expert (voir notre
recherche à paraître) .
Tutelle et médiation sont deux figures de l'interaction. Elles ne
s'opposent pas mais il convient que le professeur les distingue et en
informe les élèves. Dans une situation classique de mise en travail des
élèves par groupes, les conditions de cette modalité sont à préciser. Le
professeur passe-t-il de groupe en groupe (position de tutelle) ou lais-
se-t-illes élèves rechercher seuls pendant un temps dont il précise la
durée (position de médiation) ? Est-il possible que les élèves lui posent
des questions durant cette phase de travail et qu'il y réponde (position
de tutelle) ou bien est-il seulement observateur qui n'intervient pas
ni ne répond aux questions à propos de la tâche (position de média-
tion) ? Les deux postures se justifient d'un point de vue pédagogique,
elles interviennent selon l'objectif du professeur. Il privilégie la tutelle
s'il souhaite accompagner pas à pas les élèves dans une découverte
213
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
214
PEUT-ON ENRICHIR LES STRATÉGIES D'ENSEIGNEMENT?
L'analyse des pratiques enseignantes est une démarche qui vise à ques-
tionner l'action du professeur, qui cherche à identifier les composan-
tes de cette action pour leur donner du sens afin qu'il soit en capacité
de les modifier, en fonction des contextes d'exercice, sans cesse renou-
velés. Comprendre la pratique professionnelle de l'enseignant s'op-
pose aux anciens schémas de formation, portés par la reproduction
ou l'application à l'identique de leçons modèles. Avant de présenter
le dispositif de la médiation critique, dressons un petit panorama des
modèles existants.
215
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
216
PEUT-ON ENRICHIR LES STRATÉGIES D'ENSEIGNEMENT?
Le Soutien au Soutien
Plus adapté aux professeurs ayant terminé leur formation initiale, sans
pour autant y être réduit, ce modèle a été développé par Jacques Lé-
vine (Lévine et Moll, 2001). Tout autant que l'enseignant en difficulté,
le dispositif a pour objet l'élève en souffrance. Le Soutien au Soutien
(S au S), regroupe exclusivement des participants volontaires. Il se
déroule, le plus souvent, en quatre temps: la narration, «transfert au
groupe de l'échec infligé à la logique de l'adulte par l'échec de l'en-
fant»; les interventions des autres participants afin de rentrer dans la
logique mise en mots; la recherche du modifiable en fonction des écarts
constatés; l'interrogation de l'adulte« au travers du miroir du groupe sur
ses modes de fonctionnement professionnel».
La référence psychanalytique (notamment à Winnicott) se traduit,
entre autres, par le fait de travailler les associations libres à partir de la
narration, ainsi que par la disponibilité et l'écoute de l'animateur qui
peut être un psychanalyste.
217
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
six temps distincts. Le démarrage est l'occasion d'un rappel des règles
et du choix de la situation qui sera travaillée. La narration est faite par
un des participants volontaires. Les questions des autres participants
permettent de préciser l'exposé. Les hypothèses sont ensuite émises,
visant à comprendre la situation exposée. La conclusion est formulée
par le narrateur, au terme des étapes précédentes. Une mise à distance
termine la séance, précisant ce qui s'y est dit, les difficultés qui ont été
soulevées et/ou levées.
Selon Robo, les GAPP «ne sont pas des groupes de résolution de
problème, ni d'échange de pratiques, ni de conseils (donnés), encore
moins de thérapie».
218
PEUT-ON ENRICHIR LES STRATÉGIES D'ENSEIGNEMENT?
Prémisses théoriques
La construction des connaissances procède de l'interaction du sujet
avec le milieu. Le milieu est l'environnement humain autant que le
monde des objets et des savoirs (voir notamment Piaget, 1993; Vygotski,
1985; Perret-Clermont, 2001). La connaissance se fonde sur la com- Analyse et
préhension, par le sujet, de l'interaction engagée grâce aux schèmes médiation
mobilisés (Vergnaud, 1990). La verbalisation des procédures, exactes
ou erronées, est un élément déterminant de cette compréhension. Le
procédé inadapté, ou erreur, est un indicateur qui peut s'avérer une
source structurante de l'apprentissage.
L'enseignant crée des situations pour engendrer des déstabilisations
cognitives, pour inciter l'élève à interroger la réalité et à la conceptua-
liser, pour qu'il interagisse avec ses pairs. Il est aussi en capacité d'iden-
tifier l'activité cognitive de l'élève, d'analyser les procédures mises en
œuvre, de reconnaître les besoins et les difficultés qui émergent.
Il lui est nécessaire de développer une maîtrise des savoirs et sa-
voir-faire enjeu, de développer aussi une conduite d'empathie (dispo-
nibilité, écoute, dédramatisation des situations d'apprentissage) qui
facilite la mise en mots, de développer encore une réflexion critique
sur sa pratique, ses effets et ses limites.
219
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
Le mode
La deuxième concerne le mode communicationnel privilégié par le
communi- professeur, dans son interaction avec les élèves. L'interaction est com-
cationnel prise dans sa dimension sociale (position de place, empathie) comme
dans sa dimension langagière (questionnement, suggestion alterna-
tive). Les échanges peuvent concerner les points suivants:
- le mode de communication (inducteur, adaptateur, autre)
privilégié par le professeur (Altet, 1994) ;
- les stratégies pour amener l'élève à mettre en mots son
expérience et son expertise (Perraudeau, 2002) ;
- l'empathie comme réduction de la dissymétrie inévitable du
rapport de places (Kerbrat, 1998).
La troisième dimension relève de l'identification et de la prise en
L'erreur
compte de l'erreur de l'élève. La question porte sur les besoins de
l'élève (et la mise en place possible de pratiques différenciées), ainsi
que sur la manière dont les erreurs sont mises à profit pour permettre
à l'élève de progresser. Plusieurs possibilités se présentent au profes-
seur:
- il ignore l'erreur de l'élève;
- HIa prend en compte et la corrige;
- il la prend en compte et conduit l'élève à sa régulation (soit en
le questionnant, soit en lui proposant de reprendre la situation avec
un pair, soit en lui proposant une nouvelle situation, etc.).
Les professeurs stagiaires rencontrent ces questions lors de leur pra-
tique en responsabilité (PE) ou en alternance (PLC). Elles peuvent
être débattues en groupe, soit en formation initiale, soit, par la suite,
en formation continue. Elles peuvent aussi faire l'objet de verbalisa-
220
PEUT-ON ENRICHIR LES STRATÉGIES D'ENSEIGNEMENT?
Enseignement et dissymétrie
Le système d'enseignement-apprentissage peut être considéré, pour
une part significative, comme un système communicationnel dont une
caractéristique forte est la dissymétrie (Kerbrat, 1998). Le professeur
est généralement en «position haute », en raison de la différence de
statut et d'expertise avec l'élève. Le cours dialogué s'est, cependant,
largement substitué au cours magistral. Pourtant, le dialogue peut
prendre des formes qui vont de la production par l'élève d'une parole
alibi, justifiant l'apport magistral, jusqu'à la production d'échanges
beaucoup plus équilibrés entre interactants (Altet, 1994).
La dissymétrie peut entraîner des rapports de subordination dont
les effets sont plus ou moins tolérés par l'élève. La contrainte ressentie Dissymétrie
peut varier selon les contenus disciplinaires abordés. Le caractère plus professeur/
normatif des matières scientifiques (leur vocabulaire, leurs concepts élève
spécifiques) implique que la dissymétrie est renforcée, ce qui peut ex-
pliquer un rejet parfois important de ces disciplines. «Les élèves peu-
vent ainsi renvoyer à leur professeur des affects négatifs qui sont asso-
ciés à des éprouvés psychiques pénibles, voire douloureux. La négation
des affects des élèves (ne pas en parler, par exemple) contribue bien
entendu à entretenir une telle confusion souvent vécue de manière
difficile par les professeurs concernés» (Weil-Barais, 2004). L'enjeu,
pour le professeur, est de briser les non-dits relatifs à ces effets de dis-
symétrie (cognitive et affective) pour accompagner les élèves dans la
mise en mots des affects.
L'accompagnement de l'élève: tutelle ou médiation? Ces deux postures
étant définies plus haut, nous rappelons simplement que Bruner a
défini l'action du maître près de l'élève, qu'il nomme «étayage de tu-
telle» (1983). De sa définition, il ressort que dans une situation de tu-
telle, le professeur est présent, par la parole, par l'action, pour précé-
der (le guidage) ou suivre (le soutien) l'élève. La figure du médiateur
est différente. Elle est mise à distance mais non mise en indifférence
du professeur. Notre hypothèse de travail est que la posture de média-
tion est plus adaptée à l'analyse de pratique. Ceci étant, l'interaction,
qu'elle soit de tutelle ou de médiation, nécessite une double maîtrise
221
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
222
PEUT-ON ENRICHIR LES STRATÉGIES D'ENSEIGNEMENT?
LIentretien critique
Le qualificatif «critique» n'est pas à considérer dans son acception tri-
viale. Il réfère à la modalité d'entretien, initiée par Piaget (voir le cha-
pitre 6). Le dialogue, mis en œuvre par l'épistémologue dès les années
1920, avait pour objet de comprendre le raisonnement de l'enfant, en
rompant avec les méthodes d'investigation de l'époque, essentielle-
ment basées sur l'utilisation de tests.
Piaget (1947) met ensuite au point un entretien qui recueille la pa-
role du sujet en conversant librement, pour éviter les questions stan-
dardisées, et en proposant à l'enfant des contre-suggestions afin de le
conduire à préciser sa parole. Il provoque un discours non seulement
descriptif mais aussi, surtout, explicatif. L'objectif est double: com-
prendre la pensée de l'enfant et l'amener, selon le mot de Piaget, «au
maximum de prise de conscience ».
La médiation critique
Après avoir mis en mots ce qu'il souhaite dire, le professeur échange L'accompa-
avec les autres interactants. Les questions posées visent à faire émerger gnement
des informations supplémentaires, à l'amener à préciser. Elles peuvent critique
permettre au locuteur de lever d'éventuelles contradictions, le condui-
re à expliquer, à argumenter, à mettre en lumière des éléments que
son discours a esquissés ou occultés. La volonté de mise en lumière
correspond au fait qu'une part de l'action reste opaque: on ne sait pas
toujours qu'on sait! Les échanges peuvent rendre ces actions visibles,
puis lisibles, puis réfléchies.
L'accompagnement aide à la construction de la pratique en per-
mettant de mettre à jour des faits ou des procédés qui ont pu passer
inaperçus ou sembler anodins pour le professeur locuteur qui, comme
acteur, peut manquer de distance par rapport à son action vécue.
L'objet du dispositif critique est de favoriser le réfléchissement (au
sens de Piaget, 1974), élément de passage de la prise de connaissance
à la prise de conscience, par la verbalisation. Le réfléchissement est la
projection de l'acte énoncé à distance, permettant au locuteur de le
lire de façon plus critique. Ce mécanisme vise à conduire à la réflexion,
notamment à partir des échanges critiques, qui est la deuxième étape
de la prise de conscience. Elle permet de modifier l'agir professionnel, fa-
ciliter la réorganisation de l'action, enrichir le registre des actions, en
223
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
224
PEUT-ON ENRICHIR LES STRATÉGIES D'ENSEIGNEMENT?
Le respect et la confiance
La première forme de respect est d'accueillir la parole du locuteur
sans chercher, pour le formateur, à la faire entrer dans son propre ca-
dre d'intelligibilité. Respect de l'ipséité de chacun. Il s'agit de ne pas
interrompre ou reprendre le locuteur en lui signalant une éventuelle
erreur. Cela tendrait à dévaloriser, à disqualifier la parole.
Lors du temps d'analyse, personne n'exprime de jugement, person-
ne n'évalue. Les appréciations morales manichéennes sont également
exclues: «c'est bien, c'est mal, c'est juste, c'est faux, tu as raison, tu
as tort, c'est normaL .. ». Ce cadre construit une confiance récipro-
que qui permet progressivement à la parole de circuler, sans trop de
contrainte, au sein du groupe. En outre, ce qui se dit dans le groupe
reste dans le groupe, une nécessité de confidentialité s'impose. Il est
Conditions
nécessaire de définir une unité, à la fois de temps et de lieu, hors de dela
laquelle l'analyse est exclue. médiation
critique
La parole du professeur
Le locuteur s'exprime sur le point qu'il désire exposer. Il demeure
libre de ce choix, à condition que la situation présentée soit une situa-
tion professionnelle qu'il a vécue et qui l'a poussé à s'interroger, qui
lui a laissé un ressenti qui continue à l'habiter. Yves de La Monneraye
(1999) rappelle le même impératif lorsqu'il écrit: «Chacun parle donc
de sa pratique professionnelle, c'est-à-dire ni de lui personnellement,
ni des élèves pour eux-mêmes, mais de la relation entre les deux».
Le professeur qui prend la parole a la possibilité d'exposer unique-
ment verbalement ce dont il décide de parler ou de s'appuyer sur un
support. Si cela lui permet de structurer son propos, de le sécuriser
dans son intervention, il peut prendre appui sur des supports non spé-
cifiquement verbaux, pouvant être en lien avec la pratique dite: un
support écrit, un enregistrement, une production d'élève. Ce choix
peut offrir la possibilité d'objectiver le propos: en élargissant la parole
aux éléments contextuels, elle tend à devenir moins celle de l'action
déclarée que celle de l'action effective.
225
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
Le rôle du médiateur
Dans ce dispositif critique, le formateur est surtout un médiateur, au
sens indiqué plus haut. Il est garant du respect des règles de fonction-
nement du groupe, il s'assure que s'instaure un contexte communica-
tionnel favorable, écartant toute malveillance dans les propos ou toute
forme de jugement moral. Il est aussi garant du temps dont dispose le
groupe et chacun de ses membres. Il ouvre la séance par un tour de
table permettant une expression de chacun (exposé bref d'une situa-
tion à présenter éventuellement). La séance suivante, il invite celui (ou
ceux) qui a exposé lors de la séance précédente à revenir sur le travail
«interne» qui s'est produit depuis la rencontre et sur les éventuelles
modifications de sa pratique. Le médiateur clôt la séance.
Il est expert dans la gestion du groupe de parole. S'il est garant
du fonctionnement, il peut prendre sa part aux échanges, après avoir
laissé le groupe travailler, sans rechercher la prescription (au sens mé-
dical) ou la remédiation (au sens d'une méthode d'action qui serait
considérée comme remède) qui pourraient impliquer des normes
(de type conseil pédagogique), donc désigner des conduites pouvant,
conséquemment, être considérées et évaluées comme «anormales».
En revanche, les échanges avec le groupe peuvent conduire à des
modifications situées, à des pistes d'action inscrites dans le contexte
d'exercice: le dispositif devient professionnalisant car «le professeur
226
PEUT-ON ENRICHIR LES STRATÉGIES D'ENSEIGNEMENT?
227
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
DÉFINITION DE LA SIMULATION
228
PEUT-ON ENRICHIR LES STRATÉGIES D'ENSEIGNEMENT?
229
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
Le jeu de rôle
C'est une application, au domaine des relations humaines, du psycho-
drame. Elle a été créée par Moreno en 1965. Il s'agit d'improviser
une scène à partir d'une situation précise (par exemple: un entretien
d'embauche). Le participant est amené à mimer une situation qu'il
aura à assumer réellement dans sa pratique professionnelle. À travers
ce jeu, il s'agit de comprendre les éléments importants du problème
posé et de chercher des solutions possibles.
La simulation fonctionnelle peut, à plusieurs égards, être confondue
avec ces dispositifs dont elle est proche. Cependant des différences
existent. La méthode des cas s'appuie essentiellement sur un support
distancié (texte ou vidéo), sans appropriation directe de la situation
par les participants. Dans le jeu de rôle, «chacun peut toujours dire qu'il
ajoué la situation comme un acteur mais qu'il n'aurait pas agi ainsi»
(Chalvin, 1996). D'après Chamberland, Lavoie et Marquis (1995),
«l'objectif premier de la simulation est de permettre une compréhen-
sion objective de la réalité, ce qui la distingue nettement du jeu de rôle
où c'est la subjectivité qui domine ». D'une part, les acteurs interprè-
tent un jeu (dans le jeu de rôle), d'autre part, les interlocuteurs vivent
une situation pour la discuter avec les observateurs (dans la simulation
fonctionnelle) .
230
PEUT-ON ENRICHIR LES STRATÉGIES D'ENSEIGNEMENT?
231
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
232
PEUT-ON ENRICHIR LES STRATÉGIES D'ENSEIGNEMENT?
Résumons-nous
Comment les professeurs peuvent-ils enrichir le panel de leurs stratégies
d1enseignement? Le chapitre propose, très concrètement, une réflexion sur
cette question. Est interrogée la posture de renseignant: lui faut-il être «avec»
ses élèves afin de les aider pas à pas, convient-il au contraire de les laisser agir
en autonomie? Il n'y a pas de bonne réponse mais il convient que le profes-
seur soit lucide sur sa façon d'enseigner et en informe la classe. Comment,
de façon plus générale, comprendre sa pratique d1enseignement, comment
la modifier, surtout lorsqu'elle est sujette à des turbulences, quand elle est
l'objet de conflits? Peut-on en parler? À qui et de quelle façon?
La réflexion que propose ce chapitre sur la posture interactive du professeur,
sur son action de médiation, sur la possibilité de réfléchir à partir de dispo-
sitifs d'analyse de pratique, sur la lucidité que facilitent les jeux de rôle et les
simulations fonctionnelles, ces différents aspects interrogent la formation.
235
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
236
CONCLUSION
OUVRAGES ESSENTIELS
OUVRAGES COMPLÉMENTAIRES
239
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
240
BIBLIOGRAPHIE
241
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
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BIBLIOGRAPHIE
243
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
247
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
Une expérience liée aux stratégies mobilisées pour comprendre un écrit, 100-
101
Développement du langage lors des premières années, 103
Texte de Ser, 106
Compétences en production, mobilisées pour l'écriture, 106
Compétences dans la maîtrise des outils de la langue, 107
Texte de Moussa, 108
Caractéristiques des difficultés individuelles: les composantes structurale et
procédurale, 113
Définitions et caractéristiques essentielles des handicaps et des troubles, 125
Difficultés et troubles du point de vue de la neuropsychologie, 132-133
Trois modèles d'explication de la grande difficulté, selon le point de vue théo-
rique du constructivisme, 139
La classe a reçu un texte étrange, 142
Découverte d'autres textes étranges, 143
Les gammes de mots, 146
Le cadavre exquis, 146-147
J'aime,je n'aime pas, 147
Les connexions logiques, 147-148
L'acrostiche, 148
Exercice ARL (destiné aux adultes) et son adaptation à des élèves, 151-152
Exercices d'ASLOS correspondant à l'opération de catégorisation, 153
Exercices correspondant à l'opération de sériation, 154
Exercices correspondant aux opérations de combinaison et permutation,
154
Procédure du tracé d'un carré en langage Logo, 163
Procédures nécessaires au tracé d'une maison en langage Logo, 163
Le carré de Racle, 165
Utiliser, en classe, la méthode Tanagra, 166-167
Éléments pour une pratique de différenciation successive, 177
Éléments pour une pratique de différenciation simultanée, 178
Nature et objets des modes évaluatifs, 179
Fiche d'observation, 179-180
Modalités collaboratives, observées quand deux élèves travaillent ensemble,
182
Les exemples dans le modèle des inférences inductives de Britt-Mari Barth,
183
Les contre-exemples dans le modèle des inférences inductives, 184
Les invariants pédagogiques pour la préparation d'une séance visant la décou-
verte d'une notion, 184-185
248
INDEX DES TABLEAUX, ENCADRÉS ET ILLUSTRATIONS
251
LES STRATÉGIES D'APPRENTISSAGE
R z
raisonnement 16, 20, 39, 41, 53, 58, zone de proche développement 24,
59,61-62,70,74,87,97,99,131, 73, 182
IMPRESSION, BROCHAGE
42540 ST-JUST-LA-PENDUE
SEPTEMBRE 2006
DÉPÔT LÉGAL 2006 N° 2157
IMPRIMÉ EN FRANCE