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Droit Pénal Général OFF - 001
Droit Pénal Général OFF - 001
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I. Le crime ....................................................................................................................................................... 8
1. La notion de crime .................................................................................................................................... 8
2. Les causes du phénomène criminel........................................................................................................... 8
II- Les principales branches du droit pénal ............................................................................................................ 9
III- Le droit Pénal et les autres sciences .............................................................................................................. 10
IV - Evolution du droit pénal et la doctrine ......................................................................................................... 11
1. Le droit pénal français ............................................................................................................................ 11
2. L'influence du droit pénal français par la doctrine ................................................................................... 13
a. L'école néoclassique ........................................................................................................................... 13
b. L'école positiviste italienne ................................................................................................................. 13
c. L’école de la défense sociale nouvelle ................................................................................................. 14
3. Le droit pénal burkinabé ......................................................................................................................... 15
a. Le droit pénal burkinabé pendant la période précoloniale : la coutume .............................................. 15
b. Le droit pénal burkinabé à partir de la colonisation ............................................................................. 15
c. Le droit pénal burkinabé après la colonisation .................................................................................... 16
d. L'infraction et le délinquant ................................................................................................................ 17
PARTIE I : Les Infractions .................................................................................................................................... 18
TITRE I - Les principes du droit pénal .................................................................................................................. 18
CHAPITRE I - LA LEGALITE DES INFRACTIONS ET DES SANCTIONS ................................................................... 18
Section I- Les sources du droit pénal ........................................................................................................... 18
P1- Les lois formelles .............................................................................................................................. 18
P2- Des actes du pouvoir exécutif ........................................................................................................... 19
P3- Les traites et accords internationaux ................................................................................................ 19
Section II- Le principe de la légalité ............................................................................................................. 20
P1- La notion d’infraction ....................................................................................................................... 20
P2 – La légalité........................................................................................................................................ 21
Section 3- Le champ d’application de la loi pénale ...................................................................................... 21
P1- L’application dans le temps............................................................................................................... 22
1. Les lois pénales de fond .............................................................................................................. 22
a. Le non rétroactivité des lois pénales de fond ........................................................................... 22
I. Le crime
1. La notion de crime
Le crime est un acte commis par un individu qui trouble l’ordre social et contre
lequel la société réagit par une sanction pénale. A cet effet, Emile Durkheim
considère le crime comme un acte « heurtant les étapes forts de la conscience
sociale ». En somme le phénomène criminel peut être juridiquement défini
comme celui se rapportant à un fait qui trouble l’ordre social et qui est légalement
sanctionné. L’acte criminel même lorsqu’il touche les intérêts d’un individu atteint
ceux de la société qui se traduit par l’émotion, le choc moral. L’acte criminel qui
viole les droits d’un individu viole par la même occasion les règles établies par la
société. Ces règles sont créées par la société dans le but de faire respecter et de
garantir les droits de ses membres. Le phénomène criminel au sens légal permet
de concevoir une protection de l’individu contre l’arbitraire des pouvoirs publics
et de garantir la défense de la société. En effet, tout acte anti – social ne peut être
puni que s’il est prévu par la loi. Le législateur édicte donc les conditions du crime
et fixe la sanction appropriée. La sanction est la même pour tous ceux qui ont
commis le même acte : c’est l’égalité de la répression quel que soit le mobile et le
danger encouru par la société.
Mais du point de vue réaliste, le crime est perçu comme un comportent anti –
social qui porte atteinte à l’ordre social. L’individu s’écarte des règles du groupe
social auquel il appartient. Il transgresse les normes du groupe d’où la recherche
des causes d’un tel comportement de l’individu.
Quant au droit pénal général, il consacre l’étude des principes généraux des
diverses infractions, des responsabilités et des sanctions pénales. En somme, il
présente de façon synthétique les questions relatives aux infractions.
Le droit pénal spécial traite de l’application des principes généraux et des règles
du droit pénal général. Le droit pénal spécial analyse les infractions, les conditions
de leur constitution et les sanctions afférentes. Il précise au besoin les
particularités de la répression. Le droit pénal général est étroitement lié au droit
pénal spécial qui reste une application de celui–ci.
La procédure pénale quant à elle définie l’ensemble des formalités à suivre pour
résoudre un contentieux à caractère pénal.
En revanche les sciences sociales sont orientées vers l’étude des causes exogènes
de la criminologie. A ce titre, on peut citer la sociologie criminelle,
démembrement des sciences sociales qui s’attache à l’environnement de
l’individu. Ervicho Ferri est l’un des fondateurs de la sociologie criminelle.
Néanmoins, les sociétés ont progressivement évolué si bien que les règles de la
vengeance vont être remplacées par d’autres règles plus modérées.
L’aveu moyen de preuve obtenue sous diverses formes de tortures a aussi marqué
cette période. C’était également la période de la procédure inquisitoire. Cette
étape va s’éteindre peu à peu pour faire place à une autre dominée par le
légalisme.
Ces étapes ont permis de passer à l’époque des codes Napoléoniens dont le code
d’instruction criminelle de 1808 et le code pénal de 1810, le dernier ayant
entrainé le retour à la rigueur de la répression. Les codes Napoléoniens ont
marqué une certaine continuité des codes de 1791 du 3 brumaire au IV. Le
législateur s’est appuyé particulièrement sur ces codes pour améliorer les codes
de 1808 et de 1810. Le code d’instruction criminelle était caractérisé par la prise
en compte de la procédure mixte et l’intervention du simple citoyen comme juge
en matière criminelle. Il s’agit du système de juridiction concernant le code pénal
de 1810. On remarque le maintien de la légalité et de l’égalité de la répression.
Néanmoins, les changements ont été opérés sur certains points notamment les
peines. Ainsi, le juge doit décider de la peine à prononcer en respectant un
minimum et un maximum donné. Les circonstances aggravantes sont devenues
plus nombreuses tandis que les circonstances atténuantes ont été strictement
limitées.
L’évolution du droit pénal à partir des codes napoléoniens ne s’est pas faite sans
l’influence de la doctrine.
a. L'école néoclassique
Cette école dont la doctrine a été particulièrement ressentie dans diverses règles
législatives entre 1830 et 1870 est principalement représentée par Guisot,
Ortolan, Rossi. La doctrine consistait à prôner la justice et utile punition. La
répression doit être équilibrée, modérée. Cette doctrine préconisait également la
prise en compte du degré de responsabilité morale du délinquant. Selon cette
doctrine les juges doivent être plus indulgents à l'égard du délinquant politique
car son mobile est noble. Le reclassement du délinquant, l'emprisonnement
cellulaire, les travaux forcés, la déportation dans les colonies constituent d'autre
élément préoccupant la doctrine néoclassique.
Les idées de cette école ont été prises en compte par le législateur français. Cette
prise en compte s'est traduite notamment par l'alourdissement des peines, par
l'élargissement du champ d'application des circonstances atténuantes, l'abolition
de la peine de mort en matière politique, l'exécution de certaines peines en outre-
mer.
Les recherches de Ferri l'amènent à conclure que l'homme est influencé par son
milieu et les facteurs déterminants de ce milieu. Cette doctrine marque sa
différence en accordant une place importante à la prévention et aux mesures de
suretés plutôt qu’aux peines. Selon cet auteur, dès qu'on s'aperçoit
scientifiquement de l'état dangereux d'un individu, il doit lui être appliqué une
mesure correspondant au degré de sa dangerosité, si possible avant même qu'il
ne commette l’infraction. Le degré de dangerosité de l'individu est déterminé par
le biais de la science moderne. L'école positiviste a eu un écho retentissant par
rapport à plusieurs systèmes pénaux. Le législateur français sans écarté
totalement la répression traditionnelle tient compte de la doctrine positiviste
pour instituer une certaine catégorie de sanction. En outre, le système français n'a
pas pu résister à d'autres doctrines telles que celle de la défense sociale nouvelle.
o L’unicité
Le Burkina Faso à l’instar des autres pays africains concernés par la colonisation
française va être soumis pleinement au droit pénal français à partir de 1946. Du
reste le droit pénal burkinabé après l’indépendance n’a pas subi un grand
changement.
d. L'infraction et le délinquant
L’infraction renvoie juridiquement à l'idée contraire à la loi pénale et le délinquant
renvoie à celle de l'auteur par rapport à cet acte. Des principes généraux
permettent de mieux cerner ces notions.
Dans le cas du Burkina Faso peuvent être citées en exemple les lois formelles
contenues dans le Code pénal de 1996 composées de dispositions générales et de
dispositions concernant les délits et les crimes. Au terme de l’article 101 de la
constitution burkinabé, la loi fixe les règles relatives à la détermination des
crimes, des délits, des peines applicables, de la procédure pénale et de l’amnistie.
Les lois formelles ne peuvent pas être en principe remises en cause devant le juge
pénal. Leur conformité par rapport à la constitution est contrôlée par le Conseil
Constitutionnel (article 152 de la constitution du BF).
Une autre source du droit pénal est constituée par les actes du pouvoir exécutif.
Les actes réglementaires sont inférieurs aux lois. Ces actes, à l’instar des lois sont
légalement inferieures aux traités et accords internationaux dans certaines
conditions.
P3- Les traites et accords internationaux
Ils ont une autorité supérieure aux normes légales internes. Ils sont assimilés dans
leur application à une loi.
Toutefois, dans les droits internes, leur application est soumise à des règles
internes. L’article 151 de la constitution par exemple édicte la supériorité de
ceux-ci dès leur publication à condition que l'autre partie applique l'accord ou le
traité.
Certes, la mise en œuvre d’une loi peut prendre en compte une jurisprudence,
mais cette situation intervient rarement. Dans certains cas, l’imprécision de la loi
pénale peut amener le juge pénal à apprécier ou à préciser certains points.
L’absence de la jurisprudence parmi les sources du droit pénal peut s’expliquer
par le fait que les infractions et les peines sont soumises aux principes de la
légalité.
D’un point de vue juridique, une infraction est un acte en contradiction avec la
loi. Elle porte atteinte à l’ordre social.
C’est un comportement ou un fait prévu et puni par la loi. C’est ainsi que
l’infraction pénale se distingue du délit civil pouvant être défini comme un fait
fautif ayant causé un dommage à autrui. Le délit civil n’est pas formellement
prédéterminé, ni limité par la loi. L’existence de délit est subordonné à l’existence
d’un dommage or une infraction pénale peut être constituée et son auteur
poursuivi sans qu’elle est causé un dommage.
P2 – La légalité
Elle nécessite de textes qui incriminent et sanctionnent un acte. L’infraction doit
en conséquence être juridiquement définie et la peine juridiquement déterminée.
Au terme de l’article 2 alinéa 4 du code pénal Burkinabé (CPB) : « la loi qui rend un
fait punissable ou qui aggrave une peine n’a point d’effet rétroactif ».
Ce principe s’accorde avec celui de la légalité des infractions et des peines dans la
mesure où l’on ne peut poursuivre ni punir l’auteur d’un acte qui n’était pas prévu
par la loi lors de sa commission. Ainsi, les auteurs de mutilations sexuelles
féminines ne pouvaient voir leur responsabilité pénale engagée avant la
promulgation de la loi 43/96 ADP du 13 Novembre 1996. Il convient de noter que
les lois étendant le domaine d’application d’une incrimination par une
redéfinition, celles modifiant les règles de récidive, celles conservant le cumul des
peines, celles allongeant la liste des peines complémentaires, celles supprimant
les causes d’atténuation des peines, celles aggravant une peine déjà existante
sont considérées comme des lois pénales de fond. De façon générale, il est de
principe que les lois pénales plus sévères nouvelles ne s’appliquent pas aux faits
antérieurs à l’entrée en vigueur de celle-ci. Cependant, il y a des exceptions à la
non rétroactivité.
b. L’exception de rétroactivité des lois pénales de fond.
Certaines lois pénales de fond sont plus douces et sont favorables à la personne
mise en cause. Dans ce cas la loi pénale rétroagit. La loi nouvelle moins sévère
s’applique à l’infraction commise avant son entrée en vigueur. Dans ce cas,
l’infraction commise ne doit pas avoir fait l’objet d’une condamnation passée à
Mais l’application de la loi pénale nationale n’est possible qu’a deux (2)
conditions :
o Les faits doivent être punis par le pays dans lequel l’infraction a été
commise.
o Les poursuites sont subordonnées à une plainte préalable de la victime
ou à une dénonciation officielle du pays où l’infraction a été commise.
En somme les critères d’application de la loi pénale dans l’espace varient d’une
législation ou une autre à l’instar de ceux concernant l’application de la loi pénale
dans le temps.
C’est pourquoi certains se réfèrent à un critère dit objectif pour définir l’infraction
politique et d’autres s’appuient sur un critère dit subjectif pour le faire.
Les infractions politiques d’après le critère objectif sont celles qui visent un objet
politique. Les infractions politiques suivant le critère subjectif sont définies
comme celles de droit commun mais dont le mobile est d’ordre politique.
Dans certains cas, la loi peut déterminer expressément les infractions politiques.
Les infractions militaires sont plus faciles à déterminer que celles de droit
commun et politiques.
2. Les infractions militaires et celles de droit commun
Les infractions militaires sont celles inhérentes à la vie militaire, liées à la
discipline, aux obligations militaires. Certaines infractions militaires ne peuvent
être commises que dans le cadre militaire. Elles prennent le caractère d’infraction
L’infraction d’omission est celle qui consiste à l’abstention d’action alors que la loi
commande son accomplissement. C’est l’accomplissement d’un acte négatif.
Exemple : non dénonciation d’un crime, non-assistance à personne en danger.
2. L’infraction instantanée et infraction continue
Une infraction est dite instantanée lorsqu’elle s’exécute en un instant plus au
moins long. C’est le cas du vol, de l’escroquerie. Dans cette hypothèse, la durée
est négligeable dans le sens où elle n’a pas de répercussion sur la réalisation de
l’infraction.
Elle est dite continue ou successive lorsque son exécution se prolonge dans le
temps par une réitération de la volonté coupable. Exemple : la séquestration
arbitraire, le port illégal de décoration, le vol d’électricité, le recel, le
proxénétisme.
La loi définie ce qui est matériellement interdit tout en précisant de façon plus
ou moins implicite si l’intervention de la volonté est nécessaire pour aboutir à une
constitution effective de l’infraction. On en déduit que d’une manière générale la
constitution d’une infraction nécessite la réunion d’un élément matériel et d’un
élément moral ou psychologique.
- de la résolution criminelle
- de la préparation de l’infraction
- le commencement de son exécution.
2. L’infraction impossible
Tuer un cadavre, procéder à l’avortement d’une femme qui n’est pas en
grossesse constituent des infractions impossible. Cette situation conduit à la
question de savoir si ces actes sont punissables ou l’impossible peut-il être
tenté ?
Exemple : X remet un couteau à Y pour tuer Z qui est plutôt tué avec un fusil.
P2- La responsabilité pénale du fait d’autrui
En principe l’on est punissable que de son fait personnel. Mais
exceptionnellement, on peut sanctionner une personne du fait d’autrui. C’est en
général le cas de la responsabilité du chef d’entreprise. Dans cette hypothèse,
l’infraction est commise dans sa matérialité par une autre personne. Le
responsable n’accompli pas lui-même l’acte. C’est l’exemple des règles d’hygiène
à observer dans le secteur de l’industrie alimentaire. Si le chef d’entreprise ne
prend pas des mesures nécessaires vis à vis de ces règles, il peut se rendre
coupable d’une infraction même dans le cas où celle-ci a été matériellement
Exemple : Tous les assassins ont la même volonté celle de tuer, tandis que les
mobiles sont nombreux et divers pour une même infraction ( incrimination).
Le dol spécial ou dana « consiste dans la volonté utilisée dans le but de nuire à
une valeur sociale déterminée ». Le comportement de l’agent est une réaction
d’hostilité et non de simple indifférence. La volonté de nuire est dirigée vers
un but précis (meurtre= intention de donner la mort ; coup et blessures
volontaires =intention de donner des coups à quelqu'un ; diffamation = intention
de porter atteinte à la considération, à l’honneur de quelqu’un).
2. Le dol simple et le dol aggravé
Selon le degré ou l’intention du dol la qualification de l’infraction et la peine varie.
Le dol simple est sujet à une peine ordinaire alors que le dol aggravé appelle une
peine répondant à cette gravité (exemple : le meurtre et l’assassinat), du vol
simple et du vol avec effraction (vol aggravé). Le dol aggravé (préméditation par
certains auteurs) dans le cas d’un assassinat consiste à former un dessein avant
de passer à l’action criminelle. La préméditation constitue par exemple une
circonstance aggravante en matière d’homicide volontaire (exemple :
assassinat).
3. Le dol déterminé et le dol indéterminé
La distinction dans ce cas est axée sur le résultat visé par l’intention. La
détermination du dol dépend de l’étendue de l’intention. Ainsi le dol est
déterminé lorsque le résultat est visé de façon précise. L’agent veut précisément
commettre telle infraction à l’encontre d’une personne déterminée ou non.
Exemple : l’agent à l’intention de frapper sa voisine X.
Par contre quand le résultat à atteindre n’a pas été visé précisément, il s’agit
d’un dol indéterminé. L’agent n’a pas voulu commettre l’acte d’une façon
précise quant à la gravité du résultat ou à l’identité de la victime. C’est
l’exemple du pyromane qui veut incendier sans penser aux conséquences
(incapacité permanente, dommages, décès). C’est aussi celui du cleptomane qui
COURS DE DPG-ENP Par Abdoulaye KONDE, MAGISTRAT
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désir voler un bien peu importe l’identité du propriétaire ou du dommage que
causera ce vol pourvu qu’il puisse commettre son acte.
4. L’infraction praeter intentionnelle et le dol éventuel
L’infraction praeter intentionnelle suppose que le résultat atteint a été visé
mais de façon partielle. Le résultat dépasse les prévisions de l’agent. Il a atteint
un seuil non voulu par l’agent et est souvent de caractère plus grave. C’est
l’exemple des coups et blessures volontaires ayant entrainé la mort sans
intention de la donner (coup mortel). Dans cette situation, la loi tient compte du
caractère partiel du résultat.
Il n’en demeure pas moins que ces états n’entrainent pas une irresponsabilité
totale. La démence peut être définie comme une altération des facultés mentales.
Elle abolie la faculté de discernement et la conscience. Elle supprime le libre
arbitre et anéantit la capacité pour l’individu atteint de contrôler ses actes. Il est
dans l’incapacité de choisir, de décider. Le trouble mental n’est pas présumé c'est-
à-dire qu’il doit être prouvé. La démence est une cause subjective
d’irresponsabilité. Mais cette irresponsabilité bénéficie à la personne mise en
cause à deux conditions :
La contrainte physique externe : elle peut être provoquée par une force
naturelle (cas d’une personne qui viole les règles de la circulation à cause
d’une inondation). Il s’agit ici d’une contrainte physique externe. Elle peut
être le fait d’un tiers ou d’une circonstance externe (exemple : un soldat
déserteur malgré lui car il est séquestré par des bandits).
La contrainte physique interne : elle peut résulter d’une circonstance
physique interne (cas d’une personne qui provoque un accident de la
circulation parce qu’elle a perdu le contrôle de son véhicule suite à
l’intervention d’une crise d’épilepsie). Elle peut être l’œuvre d’une
circonstance morale externe (fait d’un tiers) ou interne (l’émotion, la
passion).
La contrainte morale externe : elle se caractérise par le fait que l’individu
commet une infraction soit parce qu’il a été menacé, soit parce qu’il y a une
provocation émanant d’un tiers (cas d’un terroriste qui par une menace
sous conditions, force une personne prise en otage dans un avion à
séquestrer le pilote dans les toilettes). En revanche la provocation policière
pour les nécessités d’investigation en matière de trafic de drogue ou de
stupéfiant dans certaines législations comme en droit canadien, français
voire Burkinabè n’est pas toujours considérée comme une contrainte.
Concernant les menaces, elles doivent être illégitimes. La simple crainte
révérencielle reste insuffisante. Ainsi, les craintes de l’enfant vis-à-vis de ses
parents, celle de l’employé à l’égard de l’employeur, celle de l’épouse à
l’égard de son mari et vice versa ne constituent pas une contrainte morale
externe en cas de commission d’infraction.
Quant à la provocation, elle doit être déterminante par rapport aux agissements
de l’individu.
En somme la contrainte morale externe n’est prise en compte que lorsqu’elle a
entrainé une pression sur la volonté de l’individu si bien qu’il se trouve dans
l’impossibilité d’agir librement.
Mais concernant les cas d’erreur invincible, la jurisprudence peut en tenir compte
pour écarter ou atténuer la responsabilité pénale de l’agent. D’ailleurs la
législation française a fini par admettre l’erreur de droit invincible comme une
excuse (cf. article 122-3 du code pénal français). On remarque que l’agent doit ici
prouver l’erreur invincible c’est-à-dire prouver ce qui l’a conduit à croire qu’il
pouvait agir comme il l’a fait. Cf. article 122-3 « n’est pas pénalement
responsable la personne qui justifie avoir cru par une erreur sur le droit qu’elle
n’était pas en mesure d’éviter… »
Il n’en demeure pas moins que la loi peut prévoir des faits dits justificatifs influant
sur la responsabilité de l’agent.
L’officier de police judiciaire (OPJ) muni d’un mandat de perquisition qui procède
à une perquisition n’est pas non plus coupable de violation de domicile.
D’autres actes sont également permis par la loi et justifient l’impunité de leur
auteur.
P2- La légitime défense
1. La notion de légitime défense
Elle consiste à se défendre ou à défendre autrui contre une agression injuste. Elle
apparait comme « un droit de commettre une infraction » pour écarter une
autre.
Quelques actes sont implicitement présumés par la loi burkinabè comme étant
couvert par la légitime défense.
d. Une défense proportionnée
Les moyens de défense employés doivent être proportionnels à la gravité de
l’agression. Exemple : Madame Panga fait tomber Monsieur Kabaco et se met à le
battre, Mr Kabaco dégaine son poignard et tue Mme Panga. Ici, la riposte n’est
pas proportionnelle à l’attaque. Il y a un meurtre. Il l’aurait pu tenter de repousser
madame Panga en employant la force physique.
Ainsi l’intrusion nocturne dans une habitation ou ses dépendances, les vols, ou
pillages exécutés avec violence sont présumés fonder une réaction défensive de la
part de la victime.
Exemple 2 : voler du pain pour éviter de mourir de faim. C’est aussi l’exemple d’un
conducteur qui percute un mur pour éviter d’écraser un piéton.
Ainsi l’article 72 du CPB traite de l’état de nécessité en ces termes : « N’est pas
pénalement responsable la personne qui se trouve dans la nécessite de
commettre une infraction en vue d’éviter un péril plus grave ou imminent pour
elle-même ou pour autrui sauf s’il y a disproportion entre les moyens employés
et la gravité de la menace ».
L’auteur d’un acte commis sous l’emprise de la nécessité, loin de subvertir l’ordre,
agit en supplétif de l’intérêt général.
D’autres pensent qu’il s’agit d’un fait justificatif fondé sur l’intérêt social. La
société n’a par exemple aucun intérêt à punir une personne qui sacrifie un bien
pour sauver une vie.
Il peut aussi avoir un conflit de valeur des intérêts en cause dans le cas où les deux
(2) intérêts sont de valeur égale :
En effet, l’article 64 à l’alinéa 2 du CPB est ainsi libellé : « est aussi auteur ou
coauteur toute personne morale à objet civil, commercial, industriel ou financier
Le récidiviste peut être considéré comme celui qui, après avoir été condamné à
une peine suite à une décision d’une juridiction pénale, commet à nouveau une
infraction. La décision doit être devenue définitive c’est à dire qu’elle doit avoir
acquis l’autorité de chose jugée. En conséquence, elle ne peut plus faire l’objet de
recours. En droit pénal burkinabé, cet état est ainsi défini en matière criminelle et
délictuelle comme suit : « est récidiviste celui qui après avoir été définitivement
condamné pour une première infraction par une juridiction nationale ou
étrangère, sous réserve que l’infraction ayant motivé la condamnation à
l’étranger soit également une infraction au regard de la loi nationale commet un
second crime ou un second délit indépendant de la première infraction » (cf.
art.83).
Le délinquant primaire quant à lui est celui qui est condamné à une peine pour la
1ère fois. Ce dernier peut bénéficier d’une atténuation de sa responsabilité. En
effet, sa situation est prise en compte quant à la peine et à son exécution. En
revanche le délinquant récidiviste est plutôt soumis à la règle de circonstances
aggravantes.
2. L’âge : le délinquant mineur
Certains délinquants mineurs sont présumés pénalement irresponsables. Il y’a
une présomption absolue d’irresponsabilité pour une tranche d’âge et une simple
présomption pour une catégorie donnée de mineurs.
La sanction peut être considérée comme une arme protectrice des interdits
sociaux. C’est une réaction par rapport à ceux qui ont violé la loi. C’est une force
de frappe de l’Etat contre ceux qui agissent contre la loi. C’est aussi un des
moyens de réinsertion sociale.
Les sanctions en droit pénal révèlent plusieurs formes et peuvent être classées en
plusieurs groupes (titre1) pour l’application d’une sanction, sa détermination
s’avère nécessaire (titre2).
Section 1 – La peine
La peine peut être considérée comme une réaction punitive contre celui qui
enfreint à la loi pénale. A ce titre, elle révèle plusieurs fonctions (P1) et est
caractérisée par certains éléments (P2).
Ainsi, la plupart des systèmes pénaux entreprennent une politique criminelle dans
ce sens. Les peines sont individualisées. Il est tenu compte de la bonne conduite
du condamné. Certaines peines trop rigides et inhumaines ont été supprimées
notamment la peine de mort dans certaines législations. Des activités de
réinsertion sont parfois crées au profit de ceux qui exécutent une peine
d’emprisonnement. En tout état de cause, la peine à des caractères
fondamentaux.
Néanmoins, la confiscation peut être spéciale et dans ce cas elle porte soit sur le
corps du délit, soit sur d’autres biens.
- Les mesures éducatives prises à l’égard des mineurs (voire art 57 du CPB).
Elles sont prévues pour les auteurs d’infraction ayant le statut de mineur.
Ces mesures peuvent être des mesures de protection, de surveillance,
d’assistance ou d’éducation.
- Les mesures relatives aux alcooliques dangereux et aux personnes faisant
usage de stupéfiant : ces mesures permettent de surveiller ou de soumettre
ces personnes à des traitements ou à des soins médicaux notamment la
cure de désintoxication.
- Les mesures concernant les vagabonds : elles permettent d’organiser la
prise en charge partielle ou totale de l’individu grâce à des aides, des
services sociaux ou d’autres structures.
4. La minorité pénale
L’âge du mineur peut être une cause d’exemption de peine. Ainsi, en droit
burkinabé les mineurs de moins de treize ans (13 ans) et ceux de 13 à 18 ans qui
agissent sans discernement sont dispensés de peine (art 74 du CPB). Toutefois,
leur responsabilité civile peut être engagée (art 75 du CPB). Un certain nombre de
causes permettent l’atténuation de la sanction.
P2- Les causes d’atténuation de la sanction
Les excuses atténuantes et circonstances atténuantes constituent les causes
essentielles d’atténuation de la peine.
1. Les excuses atténuantes.
Ce sont des faits prévus par la loi qui obligent le juge à abaisser la peine (art
79 al.2 CPB).On peut citer à ce titre l’excuse de minorité qui s’applique surtout à
une tranche d’âge déterminée par la loi et l’excuse de provocation. L’excuse de
provocation est par exemple admise en cas de crime de castration répondant à un
attentat à la pudeur avec violence ou à un viol. Il en est de même en cas de
meurtre ou de coups et blessures volontaires intervenus suite à des coups ou
violences envers une personne. Le meurtre ou les coups portés à l’autre conjoint
en raison du fait qu’il a été surpris en flagrant délit d’adultère au domicile
conjugal font également l’objet d’excuse atténuante.
2. Les circonstances atténuantes
Il s’agit des causes d’atténuation des sanctions. L’appréciation est laissée au juge.
Ainsi, le juge peut retenir la faiblesse de caractère, l’enfance malheureuse, le
-Celui qui a déjà été condamné pour délit intentionnel et commet un crime dans
un délai de cinq(5) ans à compter de l’expiration ou de la prescription de la peine ;
-La personne a déjà été condamnée pour un délit et commet un délit identique ou
assimilé dans les mêmes conditions de délai que dans le cas précédent ;
-La personne qui a déjà fait l’objet d’un 1er jugement devenu définitif pour
contravention et qui commet une 2nde contravention dans un délai d’un (1) an à
compter de ce jugement.
P2- Le concours réel d’infractions.
On distingue deux (2) types de concours d’infractions dont l’un répond à des
règles de sanction qui n’admettent pas le principe de cumul.
1. Concours réel et concours idéal d’infractions
Il y a concours réel ou cumul réel d’infractions lorsqu’une personne commet une
infraction et en commet une seconde (2nde) sans qu’il ait eu une condamnation
devenue définitive sur la 1ère infraction. C’est le cas de celui qui après un jugement
suite à une 1ère infraction en commet une 2nde alors que les voies de recours lui
sont encore ouvertes. C’est aussi l’hypothèse de la personne qui commet
plusieurs infractions dans un laps de temps. Exemple de celui qui ne respecte pas
la signalisation et tue un piéton. Il a commis une infraction aux règles de la
circulation et a commis également un homicide involontaire.
Le sursis qui peut être total ou partiel ne s’applique pas aux mesures de sûreté.
C’est le juge qui prononce la sanction et qui décide de l’opportunité d’accorder
cette faveur au délinquant.
La grâce amnistiante découle d’un décret présidentiel. C’est donc à la forme que
ce type d’amnistie constitue une grâce. En droit burkinabé, elle peut être
Enfin si elle est accordée après la condamnation, celle-ci est considérée comme
non avenue.
L’amnistie n’a pas en principe d’effet à l’égard des mesures de rééducation et des
mesures de sûreté notamment la confiscation. Elle entraine le retrait du casier
judiciaire, la fiche contenant la condamnation.
L’amnistie ne préjudicie pas le droit des tiers. Ceux-ci conservent leur droit de
poursuite civile ou d’indemnisation. La loi d’amnistie est d’interprétation stricte.
P2- La réhabilitation
La réhabilitation est une mesure qui permet de rétablir une situation légale
perdue par un individu suite à une condamnation. Elle n’éteint pas la peine
principale mais permet de faire cesser les interdictions, les déchéances, les
incapacités. En d’autres termes, elle a principalement pour objet l’extinction des
peines accessoires qui continuent à produire ses effets alors que l’individu à
purger la peine principale. Cette faveur est en générale accordée aux coupables
qui ont fait une preuve certaine d’amendement. Il existe deux types de
réhabilitations :
- La réhabilitation légale
- La réhabilitation judiciaire
La réhabilitation est judiciaire lorsqu’elle intervient par voie judiciaire sur requête
(chambre d’accusation). Mais dans les deux cas, la réhabilitation ne peut être
demandée ou acquise que si la peine a été exécutée ou réputée telle (c’est dire
qu’elle prend en compte la grâce). L’exécution doit avoir été effectuée depuis un
certain temps. La réhabilitation efface la condamnation et les faits cessent pour
l’avenir (cf. art.755 du CPPB). Elle entraine le retrait de la condamnation du
bulletin N°1 et N°2 du casier judiciaire.
FIN DU COURS