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Chapitre 2 : Séries numériques


On fixe dans ce chapitre le corps K = R ou C.

I Généralités

A) Suites et séries

Définition :
On appelle série à termes dans K tout couple ((un )nPN , (Sn )nPN ) de suites de K tel que @n P N, Sn =
řn
k=0 uk .
On appelle un le n-ième terme général de la série et Sn la n-ième somme partielle.

Remarque :
La donnée du terme général un suffit à déterminer la suite, qu’on notera alors un .
ř
ně0

Remarque :
Si (un )něn0 est une suite définie à partir d’un rang n0 , on notera něn0 un la série de terme général
ř
$
& 0 si n ă n
0
vn =
%un si n ě n0
řn
La n-ième somme partielle vaut alors Sn = k=n0 uk pour n ě n0 .

Proposition :
L’ensemble des séries à termes dans K est muni d’une structure d’espace vectoriel par les lois :
( )2
λun + µvn où (λ, µ) P K2 et (u, v) P KN
ÿ ÿ ÿ
λ un + µ vn = (2.1)
ně0 ně0 ně0

On notera cet ensemble S(K)

Démonstration :
( )2
S(K) est un sous-espace vectoriel de KN , noyau de l’application linéaire (KN )2 ÝÑ K
(
N
)
n
ÿ
(u, S) ÞÝÑ Sn ´ uk
k=0 nPN

B) Séries convergentes

Définition :
řn
On dit que la série ně0 un , à termes dans K, est convergente lorsque la suite ( uk )nPN converge.
ř
k=0
ř+8 řn
On notera alors S = n=0 un = limkÑ+8 k=0 uk .

ř+8
Attention : La notation n=0 un n’a de sens que pour une série convergente.

MP Mathématiques 1 Ismaël Bouya


Suites et fonctions
I. GÉNÉRALITÉS CHAPITRE 2. SÉRIES NUMÉRIQUES

Remarque :
ř+8
On notera n=n0 un la somme d’une série convergente něn0 un .
ř

Théorème :
Soient (un )nPN P KN et n0 P N.
Alors les séries ně0 un et něn0 un ont la même nature, et si elles convergent, on a :
ř ř

+8
ÿ +8
ÿ nÿ
0 ´1

un = un + uk (2.2)
n=0 n=n0 k=0

Démonstration :
Soient Sn et Sn1 les n-ièmes sommes partielles de un et un .
ř ř
ně0 něn0
Pour n ě n0 , on a :
n
ÿ nÿ
0 ´1 n
ÿ nÿ
0 ´1

Sn = uk = uk + uk = uk + Sn1 (2.3)
k=0 k=0 k=n0 k=0

Donc les deux suites (Sn )nPN et (Sn1 )nPN on la même nature, et si elles convergent, on a alors
řn0 ´1
limnÑ+8 Sn = k=0 uk + limnÑ+8 Sn1 .
Définition :
Si ně0 un est une série convergente, on appelle n-ième reste de Cauchy de la série le scalaire Rn =
ř
ř+8
k=n+1 uk .

Proposition :
Le reste de Cauchy, lorsqu’il existe, tend vers 0

En effet : Si un est une série convergente, soit Sn sa n-ième somme partielle, et S sa somme. On
ř
ně0
alors, pour tout n P N, S = Sn + Rn .
Comme Sn ÝÝÝÝÝ
Ñ S, on a bien Rn ÝÝÝÝÝÑ 0.
nÑ+8 nÑ+8

Exemple :
1
Soit ně1 un la série de terme général un = n(n+1) .
ř

On a : @n P N˚ , un = n1 ´ n+1
1
.
( )
n n
Donc @n P N , k=1 uk = k=1 k1 ´
˚ 1 1
.
ř ř
= 1 ´ n+1
k+1
ř+8
La série est donc convergente, de somme n=1 un = 1
1
Le n-ième terme de Cauchy vaut alors n+1 .

Proposition :
Si (un )nPN P KN , alors u converge si et seulement si la série un ´ un+1 converge, et on a alors
ř
ně0
ř+8
n=0 un ´ un+1 = u0 ´ limnÑ+8 un

Démonstration :
řn
k=0 uk ´ uk+1 = u0 ´ un+1 .
ř+8 ř+8 ř+8
Attention : On ne peut pas écrire k=0 uk ´ uk+1 = k=0 uk ´ k=0 uk+1
(voir exemple précédent par exemple)

MP Mathématiques 2
Suites et fonctions
CHAPITRE 2. SÉRIES NUMÉRIQUES I. GÉNÉRALITÉS

Théorème :
L’ensemble SC (K) des séries convergentes à termes dans K est un sous-espace vectoriel de S(K). L’ap-
plication SC (K) ÝÑ K est une forme linéaire.
ÿ +8
ÿ
un ÞÝÑ un
ně0 n=0

Démonstration :
Résulte du théorème équivalent sur les suites :
řn řn řn
Pour n P N, k=0 (λuk + µvk ) = λ k=0 uk + µ k=0 vk , d’où, par passage à limite si les séries
ř+8 ř+8 ř+8
ně0 un et ně0 vn convergent, k=0 vk .
ř ř
k=0 (λuk + µvk ) = λ k=0 uk + µ

C) Grossière divergence

Théorème :
Si la série ně0 un converge, alors son terme général un tend vers 0.
ř

Démonstration :
řn řn´1
Pour tout n P N˚ , un = k=0 uk ´ k=0 uk .
ř+8 ř+8
Donc limnÑ+8 un = k=0 uk ´ k=0 uk = 0.
Conséquence :
Si (un )nPN est une suite ne tendant pas vers 0, alors la série un diverge. On dit dans ce cas que la
ř
ně0
série ně0 un est grossièrement divergente.
ř

Exemples
‚ Série grossièrement divergente :
ÿ
(´1)n (2.4)
ně0

‚ Série non grossièrement divergente mais divergente :


ÿ 1
(2.5)
ně1
n

Idée : n ( ) ( )
ÿ 1 1 1 1 1 1 1 1
=1+ + + + + + + +¨¨¨ (2.6)
k=1
k 2 on loooomoooon
loomo 3 4 5 6 7 8
looooooooooomooooooooooon
ě 21 ě2ˆ 14 ě4ˆ 18

Plus formellement :
ÿ ( 1 )
n
2ÿ ´1 n´1
1 1 1
= + + ¨ ¨ ¨ + (2.7)
k=1
2m 2m+1 2m+1 ´ 1
k m=0 looooooooooooooooooooomooooooooooooooooooooon
2m termes
(1)
La suite n nPN˚ est décroissante, donc :
n
2ÿ ´1 n´1
1 ÿ 1 2m n
ě 2m ˆ m+1 ě n ˆ m+1 ě (2.8)
k=1
k m=0 2 2 2

Donc S2m´1 ÝÝÝÝÝÑ +8. De plus, un ě 0. Donc (Sn )nPN˚ est croissante, donc Sn ÝÝÝÝÝÑ +8,
nÑ+8 nÑ+8
donc ně1 n1 diverge.
ř

MP Mathématiques 3
Suites et fonctions
II. SÉRIES À TERMES RÉELS POSITIF CHAPITRE 2. SÉRIES NUMÉRIQUES

D) Critère de Cauchy – convergence absolue

Théorème (critère de Cauchy) :


Si ně0 un est une série de K, alors une condition nécessaire et suffisante pour que cette série converge
ř

est :
n+p
ÿ
@ε ą 0, Dn0 P N, @(n, p) P N2 , n ě n0 ùñ | uk | ď ε (2.9)
k=n+1

Démonstration :
Cette condition équivaut à : @ε ą 0, Dn0 P N, @(n, p) P N2 , n ě n0 ùñ |Sn+p ´ Sn | ď ε (où Sn =
řn
k=0 uk )

C’est-à-dire à « (Sn )nPN est de Cauchy », ce qui équivaut dans K à dire que (Sn )nPN converge.

Remarque :
řn+p
On note souvent Rn,p = k=n+1 uk le « reste partiel » de la série.

Théorème :
Si ně0 un est une série de K, alors une condition suffisante pour que ně0 un converge est que
ř ř

ně0 |un | converge.


ř

Démonstration : ,
n ě n0 .
Si ně0 |un | converge, alors par critère de Cauchy, pour tout ε ą 0, il existe n0 P N tel que
ř
ùñ
pPN-
ˇř ˇ
ˇ n+p
ˇ k=n+1 uk ˇ ď ε. Donc ně0 un converge.
ˇ ř

Définition :
Si la série ně0 |un | converge, on dit que la série ně0 un est absolument convergente.
ř ř

Si ně0 un est convergente, mais pas absolument, on dit alors qu’elle est semi-convergente.
ř

II Séries à termes réels positif

A) Théorème fondamental

Théorème :
Soit ně0 un une série à termes réels positifs. Alors la série converge si et seulement si il existe M ě 0
ř
řn
tel que @n P N, k=0 uk ď M .

Démonstration :
řn
La suite ( k=0 uk )nPN est croissante, donc converge si et seulement si elle est majorée.

Corollaire :
řn
Si ně0 un est une série à termes réels positifs divergente, alors k=0 uk ÝÝÝÝÝÑ +8.
ř
nÑ+8

MP Mathématiques 4
Suites et fonctions
CHAPITRE 2. SÉRIES NUMÉRIQUES II. SÉRIES À TERMES RÉELS POSITIF

B) Critères de comparaison

Théorème (comparaison) :
Si ně0 un et ně0 vn sont à termes réels positifs, si @n P N, un ď vn et si ně0 vn converge, alors
ř ř ř
ř+8 ř+8
ně0 un converge, et n=0 vn .
ř
n=0 un ď

Démonstration :
Supposons que @n P N, un ď vn et que ně0 vn converge.
ř
řn
Il existe alors M tel que @n P N, k=0 vk ď M .
řn řn
Ainsi, @n P N, k=0 uk ď k=0 vk ď M . Or, ně0 un est croissante.
ř
ř+8 ř+8
Donc elle converge, et par passage à la limite, n=0 un ď n=0 vn .
Conséquence :
Avec les notations précédentes, et pour n0 P N,
ř+8 ř+8
Si @n ě n0 , un ď vn et si ně0 vn converge, alors ně0 un converge, et n=n0 un ď n=0 vn .
ř ř

En effet : Les séries ně0 vn et něn0 vn ont même nature.


ř ř

Conséquence :
Avec les notations du théorème, et pour n0 P N, si @n ě n0 , un ď vn et si un diverge, alors
ř ř
ně0 ně0 vn
diverge.
C’est la contraposée de la première conséquence.

Théorème (Domination) :
Soit ně0 un une série à termes dans K, et ně0 αn une série à termes réels positifs.
ř ř

Si un = O(αn ), et si ně0 αn converge, alors ně0 un est absolument convergente.


ř ř
nÑ+8

Démonstration :
Si un = O(αn ), alors il existe n0 P N et A P R˚+ tels que @n ě n0 , |un | ď Aαn .
nÑ+8
Si de plus ně0 αn converge, alors ně0 Aαn converge, et donc ně0 |un | converge.
ř ř ř

Corollaire :
Avec les notations du théorème,
Si un = O(αn ), et si ně0 un diverge, alors ně0 αn diverge.
ř ř
nÑ+8
Le théorème reste valable en remplaçant O par o.

Théorème (Équivalence) :
Soit ně0 un une suite à termes dans R, et ně0 vn à termes réels positifs.
ř ř

Si un „ vn , alors les séries ně0 vn et ně0 un ont même nature.


ř ř
nÑ+8

Démonstration :
Posons, pour n P N, wn = un ´ vn .
Ainsi, un „ vn ðñ wn = o(un )
nÑ+8 nÑ+8
Il existe donc n0 P N tel que @n ě n0 , @n ě n0 , |wn | ď 21 un .
Donc, pour n ě n0 , 0 ď 12 un ď vn ď 23 un .
Donc ně0 un et ně0 vn ont même nature.
ř ř

MP Mathématiques 5
Suites et fonctions
II. SÉRIES À TERMES RÉELS POSITIF CHAPITRE 2. SÉRIES NUMÉRIQUES

Théorème (Comparaison logarithmique) :


Soient ně0 un et ně0 vn deux séries à termes réels strictement positifs, et n0 P N.
ř ř

Si @n ě n0 , uun+1 ď vn+1
vn et ně0 vn converge, alors ně0 un converge.
ř ř
n

Démonstration :
Si @n ě n0 , uun+1
n
ď vn+1
vn , alors par récurrence immédiate @n ě n0 , uunn ď vn
vn0 .
0

Ainsi, un = O(vn ), d’où le résultat.


nÑ+8

Corollaire :
Avec les notations du théorème,
Si @n ě n0 , uunn ď vvnn et si ně0 un diverge, alors ně0 vn diverge.
ř ř
0 0

C) Suites géométriques, règle de d’Alembert


Rappel :
Calcul des sommes partielles.
řq up ´uq+1
Soit (un )nPN une suite géométrique de raison k ‰ 1. Alors n=p un = 1´k .

Théorème :
Soit k P R˚+ . La série k n converge si et seulement si k ă 1.
ř
ně0

Théorème :
ř+8
Soit z P C. La série z n converge si et seulement si |z| ă 1, et on a alors zn = 1
1´z .
ř
ně0 n=0

Démonstration (du deuxième théorème) :


řn
‚ Si z = 1, alors k=0 z k = n + 1, donc la série diverge.
řn n+1
‚ Sinon, k=0 z k = 1´z 1´z .
ˇřn ˇ
Ainsi, si |z| ą 1, la série ne converge pas car ˇ k=0 z k ˇ Ñ +8.
1
Si |z| ă 1, la série converge, de somme 1´z

Si |z| = 1, z = eiθ où θ P Rz2πZ, et la suite (einθ )nPN ne converge pas (car θ ı 0 mod 2π)

Autre méthode Si |z| = 1, alors @n P N, |z n | = 1, donc z n est grossièrement divergente.


ř
ně0

Théorème :
Soit ně0 un une série à termes réels strictement positifs.
ř

1. S’il existe k P]0, 1[ tel que @n P N, uun+1 ď k, alors ně0 un converge


ř
n

2. S’il existe k P [1, +8[ tel que @n P N, uun+1 ě k, alors ně0 un diverge.
ř
n

Démonstration :
1. C’est le théorème de comparaison logarithmique avec un et kn .
ř ř
ně0 ně0

2. Son corollaire avec ně0 k n et ně0 un .


ř ř

MP Mathématiques 6
Suites et fonctions
CHAPITRE 2. SÉRIES NUMÉRIQUES II. SÉRIES À TERMES RÉELS POSITIF

Théorème (règle de d’Alembert) :


un+1
Soit ně0 un à termes réels strictement positifs, supposons que Ñ l où l P [0, +8].
ř
un

1. Si l P [0, 1[, alors ně0 un converge.


ř

2. Si l P]1, +8], alors ně0 un diverge.


ř

3. Si l = 1, le théorème ne permet pas de conclure.

Démonstration :
1. Si l ă 1, soit alors k P]l, 1[.
Il existe alors n0 P N tel que @n ě n0 , uun+1 ď k, donc un converge d’après le théorème
ř
n ně0
précédent.

2. Si l ą 1, il existe n0 P N tel que @n ě n0 , uun+1 ě 1, donc un diverge.


ř
n ně0

3. Exemple des séries de Riemann :


( )α
un+1
Si un = n1α pour n ě 1 et α P R, on a toujours un = n
n+1 Ñ 1, mais suivant le choix de α,
ně1 un converge ou diverge.
ř

Exemple :
zn
La série ně0 pour z P C est absolument convergente.
ř
n!

‚ Si z = 0 ok…
ˇ nˇ
‚ Si z ‰ 0, alors soit un = ˇ zn! ˇ ą 0
ˇ n+1 ˇ
Pour n P N, uun+1 |z|
ˇ z n! ˇ
n
= ˇ (n+1)! ˆ z n ˇ = n+1 ÝÝÝÝÝÑ 0. Donc la série converge bien absolument.
nÑ+8
ř+8 zn
Pour z P C, on note alors exp z = n=0 n! .

D) Séries de Riemann

Soit α P R ; on étudie la série 1


ř
ně1 nα

‚ Si α ď 0, alors @n P N, n1α ě 1, donc la série diverge grossièrement.

‚ Si α ą 0 :
1
On va utiliser la décroissance de f : t ÞÑ .

Pour n P N, et t P [n, n + 1], on a f (n + 1) ď t1α ď f (n).
şn+1 şn+1 şn+1
Donc n f (n + 1) dt ď n t1α dt ď n f (n) dt.
1
şn+1 1 1
C’est-à-dire (n+1) α ď n tα dt ď nα .
řn 1
şn+1 1 řn 1
şn 1 1
D’où k=1 (k+1) α ď 1 tα dt ď k=1 kα ď 1 tα dt + 1α
şn 1
On est ainsi ramené à l’étude de In = 1 tα dt
řn
Si α = 1, pour n P N, In = ln n donc In Ñ +8, soit k=1 k1α Ñ +8
řn řn
Si α ă 1, @n P N, k=1 k1α ě k=1 k1 Ñ +8
şn [ ]n ( 1 )
Si α ą 1, In = 1 t1α dt = 1´α 1 1
tα´1 = 1´α1 1
nα´1 ´ 1 ď 1´α .
1
řn
Donc @n P N, k=1 k1α ď 1 + 1´α 1
, et ně1 n1α converge.
ř

Ainsi :
1
La série de Riemann est :
ř
ně1 nα
Convergente si α ą 1, divergente si 0 ă α ď 1, grossièrement divergente si α ď 0.

MP Mathématiques 7
Suites et fonctions
II. SÉRIES À TERMES RÉELS POSITIF CHAPITRE 2. SÉRIES NUMÉRIQUES

Théorème :
Soit ně0 un une série à termes réels positifs.
ř
( )
1. S’il existe α ą 1 tel que un = O n1α , alors ně0 un converge.
ř

2. S’il existe α ď 1 tel que n1α = O(un ), alors ně0 un diverge.


ř

Théorème (règle de Riemann ou « nα un »)) :


Soit ně0 un une suite à termes réels positifs.
ř

1. S’il existe α ą 1 et l P [0, +8[ tels que nα un Ñ l, alors un converge.


ř
ně0

2. S’il existe α ď 1 et l P]0, +8[ tels que nα un Ñ l, alors un diverge.


ř
ně0

Démonstration :
( 1
)
Si nα un Ñ l pour α ą 1 et l P [0, +8[, alors un = O nα (car nα un est bornée et (un )nPN est positive)
1
Même chose si α ď 1, on a nα = O(un ) (même raison)

Exemple (Séries de Bertrand) :


Soient α, β P R et ně2 un la série de terme général un = 1
.
ř
nα lnβ n

‚ Cas 1 : α ă 1
Soit α1 P]α, 1[.
1
1
nα ´α
Alors nα un = +8, donc un diverge.
ř
ÝÝÝÝÝÑ
lnβ n nÑ+8 ně2

‚ Cas 2 : α ą 1.
Soit α1 P]1, α[.
1
1
Alors nα un = 0, donc un converge.
ř
ÝÝÝÝÝÑ
nα´α1 lnβ n nÑ+8 ně2

‚ Cas 3 : α = 1.
$
& +8 si β ă 0

˛ Si β ď 0, alors nun = ln´β n ÝÝÝÝÝÑ , et un diverge.
ř
nÑ+8 ně2
%1 si β = 0

˛ Si β ą 0 :
1
On étudie
ř
ně2 n lnβ n

Soit f : [2, +8[ ÝÑ R . Alors f est de classe C 8 .


β
t ÞÝÑ t ln t
´ ln β´β lnβ´1 t
Pour t P [2, +8[, f 1 (t) = t2 ln2β t
ď 0. Donc f est décroissante sur [2, +8[.
Pour n ě 2 et t P [n, n + 1], on a : f (n + 1) ď f (t) ď f (n),
şn+1
Donc f (n + 1) ď n f (t) dt ď f (n).
f (n+1) β
n ln n
Or, = (n+1)
f (n) ÝÝÝÝÝÑ 1.
lnβ (n+1) nÑ+8
1
ş n+1 şn+1
Donc f (n) n
f (t) dt ÝÝÝÝÝÑ 1, soit n f (t) dt „ f (n).
nÑ+8 nÑ+8
1
şn+1 1
Donc les séries ně2 n lnβ n et ně2 n t lnβ t dt ont la même nature.
ř ř
şn+1
On étudie alors Sn = 2 t ln1β t dt.
şn+1 şln(n+1) 1
On a : Sn = 2 t ln1β t dt = ln 2 uβ
du
Ainsi, si β ď 1, Sn Ñ +8, et si β ą 1, Sn est bornée.

MP Mathématiques 8
Suites et fonctions
CHAPITRE 2. SÉRIES NUMÉRIQUES III. SOMMATION DES RELATIONS DE COMPARAISON

Conclusion :
$ $
αą1 &α ă 1

& ’
1
La série ně2 nα ln converge si et diverge si
ř
β n
% ou α = 1 et β ą 1
’ % ou α = 1 et β ď 1

III Sommation des relations de comparaison

A) Domination, prépondérance

Théorème :
Soit ně0 αn une série à termes réels positifs, et ně0 un une série de K. On suppose que un
ř ř
=
nÑ+8
O(αn ).
ř+8 (ř )
+8
1. Si la série ně0 αn converge, alors ně0 un converge, et αk , c’est-
ř ř
k=n+1 uk =
nÑ+8
O k=n+1
à-dire Rn (u) = O(Rn (α))
nÑ+8
řn řn
2. Si la série ně0 αn diverge, alors k=0 uk αk ), ou Sn (u)
ř
= O( k=0 = O(Sn (α)).
nÑ+8 nÑ+8

Démonstration :
1. On sait déjà qu’alors un converge absolument.
ř
ně0

Par ailleurs, il existe A ą 0 et n0 P N tels que @n ě n0 , |un | ď Aαn .


ˇř ˇ ř
ˇ +8 +8 ř+8
Donc, pour n ě n0 , ˇ k=n+1 uk ˇ ď k=n+1 |uk | ď k=n+1 Aαk ,
ˇ

c’est-à-dire @n ě n0 , |Rn (u)| ď ARn (α), donc Rn (u) = O(Rn (α)).


nÑ+8

2. Il existe toujours A ą 0 et n0 P N tels que @n ě n0 , |un | ď Aαn .


Donc, pour n ą n0 :

ˇ ˇ
ˇÿn ˇ n0
ÿ n
ÿ n0
ÿ n
ÿ
uk ˇ ď |uk | + |uk | ď |uk | + A αk (2.10)
ˇ ˇ
ˇ
ˇ ˇ
k=0 k=0 k=n0 +1 k=0 k=n0 +1
řn0 řn1
Comme αn diverge, il existe n1 ą n0 tel que
ř
něn0 +1 k=0 |uk | ď A k=n0 +1 αk
Ainsi, pour n ě n1 , |Sn (u)| ď 2ASn (α).
Donc Sn (u) = O(Sn (α))
nÑ+8

Théorème :
Soit ně0 αn une série à termes réels positifs, ně0 un une série de K telle que un = o(αn ).
ř ř
nÑ+8

1. Si ně0 αn converge, alors ně0 un converge absolument, et Rn (u) = o(Rn (α))


ř ř
nÑ+8

2. Si ně0 αn diverge, alors Sn (u) = o(Sn (α))


ř
nÑ+8

Démonstration :
Même que précédemment en remplaçant « DA ą 0 » par « @ε ą 0 ».

B) Équivalence

MP Mathématiques 9
Suites et fonctions
III. SOMMATION DES RELATIONS DE COMPARAISON CHAPITRE 2. SÉRIES NUMÉRIQUES

Théorème :
Soient ně0 un et ně0 vn deux séries de K dont l’une au moins est à termes réels positifs et telles
ř ř

que un „ vn .
nÑ+8
Alors ces séries sont de même nature, et :

1. Si elles convergent, Rn (u) „ Rn (v)


nÑ+8

2. Si elles divergent, Sn (u) „ Sn (v).


nÑ+8

Démonstration :
Supposons que ně0 un est à termes positifs. Alors vn ´ un
ř
= o(un ).
nÑ+8
Donc :
1. Si ně0 un converge, alors ně0 un ´ vn converge, donc ně0 vn aussi.
ř ř ř

De plus, loooomoooon
Rn (v ´ u) = o(Rn (u))
nÑ+8
Rn (v)´Rn (u)
Donc Rn (v) „ Rn (u)
nÑ+8
2. Si ně0 un diverge, alors Sn (v ´ u) = o(Sn (u)).
ř
nÑ+8
Donc Sn (v) „ Sn (u), et ně0 vn diverge.
ř
nÑ+8
Application : lemme de Césaro :

Théorème :
řn
Si (un )nPN est une suite de K qui converge vers l, alors la suite vn = 1
n+1 k=0 uk converge vers l.

Démonstration :
On compare ně0 un ´ l et ně0 1 :
ř ř
$



’ @n P N, 1 ě 0
&
un ´ l = o(1) (2.11)



ně0 1 diverge


řn řn
Ainsi, (uk ´ l) = o ( k=0 1)
k=0
( řn
nÑ+8)
1
Soit n+1 k=0 u k ´ l = o(1).
nÑ+8

Théorème :
1
řn
Si (un )nPN est une suite réelle tendant vers +8, alors vn = n+1 k=0 uk tend vers +8.

Démonstration :
Il existe n0 P N tel que @n ě n0 , un ě 0. Alors :
$
’ @n ě n0 , un ě 0



&
1 = o(un ) (2.12)



ně0 un diverge

Ainsi, on a : ( )
n
ÿ n
ÿ
1 = o uk (2.13)
nÑ+8
k=n0 k=n0

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Suites et fonctions
CHAPITRE 2. SÉRIES NUMÉRIQUES
IV. COMPARAISON D’UNE SÉRIE ET D’UNE INTÉGRALE

řn řn
Donc k=0 1 = o( k=0 uk ), d’où 1 = o(vn )
nÑ+8 nÑ+8

C) Comportement asymptotique des séries de Riemann

Soit α ą 0. Alors f : [1, +8[ ÝÑ R est décroissante.


1
t ÞÝÑ α
t
şn 1
Donc @n ě 2, n1α ď 1
n´1 tα
1
dt ď (n´1) 1
α . Comme nα „ , on a, d’après le théorème des
nÑ+8 (n ´ 1)α
żn
1
gendarmes, n1α „ dt
nÑ+8 n´1 tα
şn
Ces deux suites un = n1α et vn = n´1 t1α dt sont à termes réels positifs. D’où :
řn
żn
1 şn 1 [ ]n n1´α
‚ Si α ă 1, on a : k=1 k1α „ α
dt et 1 t α dt = 1 1´α
1´α t „ .
nÑ+8 1 t 1 nÑ+8 1 ´ α
řn n1´α
Donc k=1 k1α „
nÑ+8 1 ´ α
řn
‚ Si α = 1, on a : k=1 k1 „ ln n
nÑ+8
ż +8
ř+8 1
‚ Si α ą 1, les séries convergent, et k=n+1 k1α „ dt
nÑ+8 n+1 tα
ř+8 1
Donc k=n+1 k1α „ .
nÑ+8 (α ´ 1)nα´1

IV Comparaison d’une série et d’une intégrale

A) Cas d’une fonction positive décroissante

Soit f : [0, +8[Ñ R une fonction continue par morceaux, positive et décroissante.
ş+8
On veut comparer la nature de la série ně1 f (n) et de l’intégrale 0 f (t) dt.
ř
şn
On pose, pour tout n P N˚ , wn = n´1 f (t) dt ´ f (n).
şn
Pour n P N˚ , on a f (n) ď n´1 f (t) dt ď f (n ´ 1)
Donc 0 ď wn ď f (n ´ 1) ´ f (n).
řn řn
La série ně1 wn est donc à termes positifs, et Sn (w) = k=1 wk ď k=1 (f (k ´ 1) ´ f (k))
ř

Soit Sn (w) ď f (0) ´ f (n) ď f (0)


řn şn řn
Donc ně1 wn converge, et de plus k=1 wk = 0 f (t) dt ´ k=1 f (n).
ř

D’où le théorème :

Théorème :
Soit f : [0, +8[Ñ R une fonction continue par morceaux, positive et décroissante.
Alors :
şn
1. La série de terme général wn = n´1 f (t) dt ´ f (n) (définie pour n ě 1) converge.

2. La série ně0 f (n) converge si et seulement si f est intégrable sur [0, +8[ (c’est-à-dire que la
ř
(şn )
suite 0 |f (t)| dt nPN converge), et dans ce cas :

+8
ÿ ż +8 +8
ÿ
wn = f (t) dt ´ f (n) (2.14)
n=1 0 n=1

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Suites et fonctions
V. EXEMPLES DE SÉRIES SEMI-CONVERGENTES CHAPITRE 2. SÉRIES NUMÉRIQUES

B) Cas d’une fonction de classe C 1

Soit f : [0, +8[Ñ R une fonction de classe C 1 telle que f 1 soit intégrable sur [0, +8[.
şn
Posons, pour n P N˚ , wn = n´1 f (t) dt ´ f (n).
On a alors :
żn żn
n
wn = [(t ´ n + 1)f (t)]n´1 ´ (t ´ n + 1)f 1 (t) dt ´ f (n) = ´ (t ´ n + 1)f 1 (t) dt (2.15)
n´1 n´1
şn
Donc |wn | ď n´1 |f 1 (t)| dt
řn şn ş+8
Et k=1 |wk | ď 0 |f 1 (t)| dt ď 0 |f 1 (t)| dt.
Donc la série ně1 wn est absolument convergente.
ř

D’où le théorème :

Théorème :
Soit f : [0, +8[Ñ R une fonction de classe C 1 telle que f 1 soit intégrable sur [0, +8[. Alors :
şn
1. La série de terme général wn = n´1 f (t) dt ´ f (n) (définie pour n P N˚ ) converge absolument.
ř+8
2. Si de plus f est intégrable sur [0, +8[, alors la série ně0 f (n) converge, et dans ce cas n=1 wn =
ř
ş+8 ř+8
0
f (t) dt ´ n=1 f (n)

C) Exemple : la constante d’Euler

Soit f : [0, +8[ ÝÑ R , positive, continue et décroissante.


1
t ÞÝÑ
1+t şn 1 1
Alors la série de terme général wn = n´1 1+t dt ´ 1+n converge.
řn n 1 řn 1 n+1
= ln(n + 1) ´ k=1 k1 + 1.
ş
Et k=1 wk = 0 1+t dt ´ k=1 1+k
ř
ř+8
On pose alors γ = 1 ´ k=1 wk
ř+8
On a 0 ď k=1 wk ď f (0) = 1
Donc γ P [0; 1], et :

n
ÿ 1
= ln n + γ + o(1) (2.16)
k=1
k
Valeur approchée : γ = 0, 577.

V Exemples de séries semi-convergentes

A) Cas des séries alternées – critère de Leibniz

Définition :
On appelle série alternée toute série un à termes dans K telle que (´1)n un soit de signe constant.
ř
ně0
Si ce signe est positif, on a @n P N, un = (´1)n |un |, et si ce signe est négatif, on a @n P N, un =
(´1)n+1 |un |.

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CHAPITRE 2. SÉRIES NUMÉRIQUES V. EXEMPLES DE SÉRIES SEMI-CONVERGENTES

Théorème (critère spécial des séries alternées) :


Soit ně0 un une série alternée.
ř

Si la suite (|un |)nPN est décroissante de limite nulle, alors la série converge.

Démonstration :
On suppose par exemple que @n P N, (´1)n un ě 0.
řn
On étudie la suite Sn = k=0 uk , ou plutôt (S2n )nPN et (S2n+1 )nPN :
‚ S2n ´ S2n+2 = ´u2n+1 ´ u2n+2 = |u2n+1 | ´ |u2n+2 | ě 0.
Donc (S2n )nPN est décroissante.
‚ S2n+1 ´ S2n+3 = ´u2n+2 ´ u2n+3 = |u2n+3 | ´ |u2n+2 | ď 0.
Donc (S2n+1 )nPN est croissante.
‚ S2n ´ S2n+1 = ´u2n+1 = |u2n+1 |
Donc @n P N, S2n ě S2n+1 , et S2n ´ S2n+1 ÝÝÝÝÝÑ 0.
nÑ+8
Les deux suites sont donc adjacentes, et convergent vers une même limite S.
Donc (Sn )nPN converge vers S.
Exemple :
(´1)n´1
La série ně1 converge.
ř
n
Information sur la convergence de un (toujours avec (´1)n un ě 0) :
ř
ně0

‚ @n P N, S2n+1 ď S ď S2n , donc @n P N, S P [(Sn , Sn+1 )]


([(x, y)] signifie [min(x, y), max(x, y)])
‚ @n P N, |Rn | = |S ´ Sn | ď |Sn ´ Sn+1 | ď |un+1 |
‚ S ě S1 = |u0 | ´ |u1 | ě 0. Donc S est du signe de u0 .
(Dans le cas d’une série tronquée, S est du signe du premier terme)
Remarque :
La réciproque du théorème est fausse :
$
1
si n ” 0 mod 2

&
n2
un = (2.17)
1
%´ si n ” 1 mod 2

n3

un est absolument convergente, mais ne vérifie pas le critère de Leibniz.


ř
ně1

B) Exemples d’utilisation de groupements de termes


(´1)n
Exemple 1 Soit un avec un = où z P CzZ´ .
ř
ně0 n+z

řn
Méthode 1 On note Un = k=0 uk . Pour n P N, on pose vn = u2n + u2n+1 .
1 1 1
Alors vn = ´
2n+z = (2n+z)(2n+1+z)
2n+1+z
1
Ainsi, |vn | „ , donc ně0 vn est absolument convergente.
ř
nÑ+8 4n2
řn ř+8
Soit Vn = k=0 vk et V = n=0 vn
Alors Vn = U2n+1 , donc U2n+1 ÝÝÝÝÝÑ V
nÑ+8
De plus, U2n = U2n+1 ´ u2n+1 ÝÝÝÝÝ
ÑV.
nÑ+8
Donc (Un )nPN converge.

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V. EXEMPLES DE SÉRIES SEMI-CONVERGENTES CHAPITRE 2. SÉRIES NUMÉRIQUES

Méthode 2 On note pour n P N, wn = un + un+1 .


1 1
Alors |wn | = | (n+z)(n+1+z) | „ .
nÑ+8 n2
Donc ně0 wn converge, disons vers W .
ř
řn řn
Pour n P N, on a wn = k=0 (uk + uk+1 ) = 2 k=0 uk ´ u0 + un+1
Donc Un = 21 (wn + u0 ´ un+1 ), et Un ÝÝÝÝÝÑ 21 (W + u0 ).
nÑ+8

( 2π ) 1
Exemple 2 Soit où un = cos 3 n ˆ n.
ř
u
$n
ně1

( 2π ) & 1 si n ” 0 mod 3

On a : cos 3 n =
% ´1

sinon
2
On pose alors vn = u3n + u3n+1 + u3n+2 pour n ě 1
Ainsi,
( )
1 1/2 1/2 1 1/2 1/2
vn = ´ ´ = 1´ 1 ´
3n 3n + 1 3n + 2 3n 1 + 3n 1+ 2
( ( ( )) ( ( ))) 3n ( ) (2.18)
1 1 1 1 1 1
= 1´ 1+O ´ 1+O =O
3n 2 n 2 n n2

Donc vn converge, et on vérifie qu’alors un converge…


ř ř
ně0 ně0

C) Exploitation de développements limités


(´1)n
Exemple 1 un où un = n+z , z P CzZ´ .
ř
ně0

Rappel :
Pour une variable complexe u,
2
1 1 u
1+u = 1 ´ u + o (|u|) (en effet, 1+u = 1 ´ u + 1+u )
n
(
uÑ0
) n n (1)
Donc un = (´1)n
1
1+ nz = (´1)
n (1 + nÑ+8 O ( nz )) = (´1)
n + O 2 .
nÑ+8 n
n
(´1)n
Or, la série ně0 (´1) converge (critère de Leibniz), ainsi que la série ně0 un ´ (Domination)
ř ř
n n

Donc ně0 un converge.


ř

(´1)n (´1)n
Exemple 2 . On pose un = .
ř
? ?
ně1 n+(´1)n´1 n+(´1)n´1
?
Déjà, pour n ě 1, n ą (´1)n , donc (un )nPN est bien définie.
Pour n ě 1, on a :
 
( ( ))
(´1)n  1  (´1)n (´1)n 1
un = ? (´1)n+1
= ? 1 + ? +O
n 1 + ?n n n n
(2.19)
( )
(´1)n 1 1
= ? + +O
n n n3/2

1
Donc un diverge (car sinon convergerait aussi)
ř ř
ně1 ně1 n

(´1)n
Attention : On a pourtant un ? , terme général d’une série convergente.

nÑ+8 n
En général, si on a deux suites u et v telles que |un | „ |vn | et |vn | est décroissante, on n’a pas pour
autant |un | décroissante, même à partir d’un certain rang.

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CHAPITRE 2. SÉRIES NUMÉRIQUES VI. APPLICATION

D) Transformation d’Abel (hors–programme)

Idée : Intégration par parties discrète On cherche à calculer a k bk .


ř
řn
On pose Bn = k=0 bk .
Pour n P N et p ě n + 1, on a :
p
ÿ p
ÿ p
ÿ p
ÿ p´1
ÿ
a k bk = ak Bk ´ ak Bk´1 = ak Bk ´ ak+1 Bk
k=n+1 k=n+1 k=n+1 k=n+1 k=n
ÿp
= (ak ´ ak+1 )Bk ´ an+1 Bn + ap+1 Bp (2.20)
k=n+1
p
ÿ
= [ap+1 Bp ´ an+1 Bn ] ´ (ak+1 ´ ak )Bk
k=n+1

Application (Théorème d’Abel) :


řn
Soit (ak )kě0 une suite réelle décroissante de limite nulle, et (bk )kě0 une suite de K telle que ( k=0 bk )ně0
soit bornée. Alors la série kě0 ak bk converge.
ř

Démonstration :
On va vérifier le critère de Cauchy.
řn
Posons Bn = k=0 bk , et M ě 0 tel que @n P N, |Bn | ď M .
Alors, pour n P N et p P N :
ˇ ˇ
ˇn+p ˇ n+p
ˇÿ ÿ
ak bk ˇ ď |an+p+1 Bn+p | + |an+1 Bn | + |ak+1 ´ ak ||Bk |
ˇ
ˇ
ˇ ˇ
k=n k=n+1
n+p
ÿ (2.21)
(an+p+1 + an+1 )M + M ak ´ ak+1
k=n+1
looooooooomooooooooon
=an+1 ´an+p+1

C’est-à-dire |Rn,p | ď 2M an+1


Or, limnÑ+8 an = 0, donc pour tout ε ą 0, il existe n0 P N tel que @n ě n0 , 2M an+1 ď ε.
Donc, si n ě n0 et pour p P N, |Rn,p | ď ε.
Donc kě0 ak bk converge.
ř

On pouvait aussi simplement remarquer que, pour tout p P N :


p
ÿ p
ÿ
ak bk = ap+1 Bp ´ a1 B0 + (ak ´ ak+1 )Bk (2.22)
k=1 k=1
loooooooooomoooooooooon
=O(ak ´ak+1 ) terme général
d’une série convergente

VI Application

A) Développement décimal d’un réel

Définition :
Soit x P R+ .
On appelle développement décimal de x toute suite (dn )nPN telle que :

(1) d0 P N et @n ě 1, dn P J0, 9K
ř+8 dn
(2) k=0 10 n = x.

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Suites et fonctions
VI. APPLICATION CHAPITRE 2. SÉRIES NUMÉRIQUES

Remarque :
dn 9
Si (dn )nPN vérifie (1), alors @n ě 1, 10 n ď 10n , donc la série converge bien.
$
& d0 = u0

Existence On pose, pour n P N, un = E(10n x), et .
% @n P N˚ , dn = un ´ 10un´1

Alors :
1. @n P N, dn P N…
Pour n P N˚ , un ď 10n x ă un + 1,
Soit 10un ď 10n+1 x ă 10un + 10
Donc 10un ď un+1 ď 10un + 9.
D’où 0 ď dn+1 ď 9.
řn
2. Montrons par récurrence que un = k=0 dk 10n´k .
‚ u0 = d0 .
řn
‚ Si un = k=0 dk 10n´k pour n P N, alors :
n
ÿ n
ÿ n+1
ÿ
un+1 = dn+1 + 10 dk 10n´k = dn+1 + dk 10n+1´k = dk 10n+1´k (2.23)
k=0 k=0 k=0

Ce qui achève la récurrence.


un un 1 1
řn dk
Or, on a un ď 10n x ă un + 1, donc 10 n ď x ă 10n + 10n , soit x ´ 10n ă k=0 10k ď x.
ř+8 dk
D’où x = k=0 10 k d’après le théorème des gendarmes.

Définition :
On dit que x P R est décimal s’il existe (a, n) P Z ˆ N tel que x = a
10n .

Étude de l’unicité Soit x P R+ admettant deux développements décimaux (dn )nPN et (en )nPN .
Soit p = min tn P N, dn ‰ en u. On va supposer par exemple que dp ă ep .
ř+8 dn ř+8 en
On a x = n=0 10 n = n=0 10n
ř+8 dn ř+8 en ř+8 ř+8
Donc n=p 10n = n=p 10n , soit n=p 10dn´p n
= n=p 10en´p
n

Donc
+8 +8
ÿ dn ÿ en
dp + n´p
= e p + (2.24)
n=p+1
10 n=p+1
10n´p
ř+8 dn ř+8 9 9/10 ř+8 en
Or, n=p+1 10n´p ď n=p+1 10n´p = 1´1/10 = 1, et n=p+1 10n´p ě 0, et dp ď ep ´ 1.
D’après l’égalité (2.24), ces trois inégalités
$ sont des égalités.
& dn = 9

Donc ep = dp + 1, et @n ě p + 1, .
% en = 0

ř+8 en
En particulier, x = n=0 10 n est décimal, et on écrit :

$
& x = d0 , d1 . . . dp 99 . . .

(2.25)
% x = d0 , d1 . . . ep 00 . . .

Réciproquement, tout nombre décimal admet exactement deux développements décimaux.


Définition :
On appelle développement décimal propre de x P R+ son unique développement décimal qui n’est pas
stationnaire à 9.

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Suites et fonctions
CHAPITRE 2. SÉRIES NUMÉRIQUES VI. APPLICATION

Remarque :
Si x admet un développement décimal stationnaire à 9, alors x est décimal.

řn
Formule de Stirling On cherche un développement asymptotique de ln(n!) = k=2 ln k.
On considère la fonction f : [1, +8[ ÝÑ R .
t ÞÝÑ ln t
C’est une fonction de classe C 1 (même C 8 ), mais f 1 n’est pas intégrable sur [1, +8[. On pose wn =
şn
n´1
f (t) dt ´ f (n) pour n ě 2.
řn şn řn
On a : k=2 wk = 1 ln t dt ´ k=2 ln k = n ln n ´ n + 1 ´ ln n!.
Par ailleurs, en faisant une intégration par parties :
żn
n
wn = [(t ´ n + 1)f (t)]n´1 ´ (n ´ t + 1)f 1 (t) dt ´ f (n)
n´1
żn
=´ (n ´ t + 1)f 1 (t) dt
n´1
[ ]n żn (2.26)
(t ´ n + 1)2 1 (t ´ n + 1)2 2
=´ f (t) + f (t) dt
2 n´1 n´1 2
1 n ´(t ´ n + 1)2
ż
1
=´ + dt
2n 2 n´1 t2
şn (t´n+1)2
On pose xn = n´1 t2 dt.
şn 1 1
Alors 0 ď xn ď dt ď (n´1) 2, donc xn converge.
ř
n´1 t2 ně2
Ainsi,
( ) ( )
n n n n n
ÿ ´1 ÿ 1 ÿ ´1 ÿ 1 ÿ
wk = + xk = ´1+ xk
k=2
2 k=2
k k=2 2 k=1
k k=2
( ) (2.27)
+8
´1 ÿ
= ln n + γ ´ 1 + o(1) + xk + o(1)
2 k=2
( ř+8 )
´1
Donc n ln n ´ n + 1 ´ ln n! = 2 ln n + γ ´ 1 + k=2 xk + o(1)
γ 1 1
ř+8
On pose K = 1 + 2 ´ 2 + 2 k=2 xk .
Donc ln n! = n ln n ´ n + 21 ln n + K + o(1)
nn ? K
Soit : n! „ ne .
nÑ+8 en

ş π2
Calcul de eK On pose, pour n P N, In = 0
sinn x dx.
Alors, pour n ě 2,
[ ]π
ż π2 ż π
2
In = sinn x dx = ´ cos x sinn´1 x 02 + (n ´ 1) cos2 x sinn´2 x dx
0 0
ż π ż π (2.28)
2 2
n´2 n
= 0 + (n ´ 1) sin x dx ´ (n ´ 1) sin x dx = (n ´ 1)In´2 ´ (n ´ 1)In
0 0

n´1
Donc In = n In´2 .
(2n)! π 22n (n!)2
On montre par récurrence que @n P N, I2n = 22n (n!)2 2 et I2n+1 = (2n+1)!
Ainsi,
(2n)2n ?
e2n 2neK π π
I2n „ ( ? )2 „ ? (2.29)
nÑ+8 22n n n
neK 2 nÑ+8 eK 2n
en
Et ( nn ? )2
22n en neK eK+1 eK
I2n+1 „ (2n+1)2n+1 ? („ )
1 2n+1
? „ ? (2.30)
nÑ+8
e2n+1 2n + 1eK nÑ+8 1 + 2n 2 2n nÑ+8 2 2n

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Suites et fonctions
VI. APPLICATION CHAPITRE 2. SÉRIES NUMÉRIQUES

π eK
Or, la suite (In )nPN est décroissante. Donc I2n ě I2n+1 ě I2n+2 , donc eK
? „ ? , c’est-à-dire
2n nÑ+8 2 2n
?
e2K = 2π, ou eK = 2π.
? ( n )n
Ainsi, n! „ 2πn
nÑ+8 e

B) Espaces l1 (K) et l2 (K)

Théorème, définition :
On note l1 (K) l’ensemble des suites (un )nPN P KN telles que la série |un | converge. Alors l1 (K)
ř
ně0
est un K-ev.
Si de plus on note N1 : l1 (K) ÝÑ R , alors N1 est une norme sur le K-ev l1 (K).
+8
ÿ
u ÞÝÑ |un |
n=0

Démonstration :
Déjà, l1 (K) Ă KN et 0 P l1 (K), donc l1 (K) ‰ H.
Soient maintenant λ P K, u, v P l1 (K).
Alors, pour tout n P N,
n
ÿ n
ÿ n
ÿ
|λuk + vk | ď |λ| |uk | + |vk | ď |λ|N1 (u) + N2 (u) (2.31)
k=0 k=0 k=0

Donc |λun + vn | converge, donc λu + v P l1 (K).


ř
ně0
ř+8 ř+8
De plus, N1 (λu) = k=0 |λuk | = |λ|N1 (u), et N1 (u + v) = k=0 |uk + vk | ď N1 (u) + N1 (v).
Donc l1 (K) est un sous-espace vectoriel de KN , et de plus on a clairement @u P l1 (K), N1 (u) ě 0.
Soit maintenant u P l1 (K), supposons que N1 (u) = 0.
Alors @n P N, un = 0, donc N1 est une norme sur l1 (K).

Théorème, définition :
On note l2 (K) l’ensemble des suites u de KN telles que |un |2 soit convergente.
ř
ně0
Alors l2 (K) est un K-ev.
On note x¨|¨y : l2 (K) ÝÑ K
+8
ÿ
(u, v) ÞÝÑ ūn vn
n=0
Alors x¨|¨y est un produit scalaire, et on note N2 sa norme euclidienne associée.
(On verra plus tard ce qu’est un produit scalaire sur un C-ev)

Démonstration (avec K = R pour le produit scalaire) :


‚ Déjà, l2 (K) est une partie non vide de KN .
‚ Soient λ P K, u P l2 (K). Alors clairement ně0 |λun |2 converge.
ř

‚ Soient u, v P l2 (K).
Alors @n P N, |un + vn |2 ď |un |2 + 2|un ||vn | + |vn |2 ď 2|un |2 + 2|vn |2
Donc ně0 |un + vn |2 converge.
ř

‚ Ainsi, l2 (K) est un sous-espace vectoriel de KN

MP Mathématiques 18
Suites et fonctions
CHAPITRE 2. SÉRIES NUMÉRIQUES VII. FAMILLES SOMMABLES

‚ De plus, l’application x¨|¨y est bien définie et est un produit scalaire :


Soient u, v P l2 (R).
Alors ně0 ūn vn converge :
ř
řn řn řn
k=0 |vk | (car pour (α, β) P R , αβ ď 2 (α + β ))
1 2 1 2 2 1 2 2
k=0 |ūk vk | ď 2 k=0 |uk | + 2
řn +8 +8
Soit k=0 |ūk vk | ď 21 k=0 |uk |2 + 12 k=0 |vk |2
ř ř

D’où la convergence. De plus, xu|vy ď 21 xu|uy + 12 xv|vy ď 21 (N2 (u)2 + N2 (v)2 )


ř+8 ř+8
˛ Elle est symétrique : k=0 un vn = k=0 vn un
ř+8 ř+8 ř+8
˛ Linéaire par rapport à la première variable : k=0 (λun + vn )wn = λ k=0 un wn + k=0 vn wn
ř+8
˛ Positive : k=0 u2n ě 0.
ř+8
˛ Définie positive : k=0 u2n = 0 ùñ @n P N, un = 0.
Vocabulaire :
‚ N1 s’appelle la norme de la convergence en moyenne

‚ N2 s’appelle la norme de la convergence en moyenne quadratique.

‚ L’espace l1 (K) est appelé l’espace des suites sommables

‚ L’espace l2 (K) est appelé l’espace des suites de carré sommable

VII Familles sommables


Problème Soit I un ensemble, (αi )iPI une famille d’éléments de K.
Comment définir iPI αi avec de bonnes propriétés ?
ř

A) Famille de réels positifs

Définition (sommabilité) :
Soit I un ensemble, et (αi )iPI une famille de réels positifs. On note Pf (I) l’ensemble des parties finies
de I, et, pour J P Pf (I), sJ (α) = iPJ αi .
ř

On dit que la famille (αi )iPI est sommable lorsque tsJ (α), J P Pf (I)u est majoré, et on pose alors
ř ř
sI (α) = iPI αi = JPPf (I) sJ (α)
Si (αi )iPI n’est pas sommable, on pose alors iPI αi = +8.
ř

Définition :
On appelle support de (αi )iPI l’ensemble supp(α) = ti P I, αi ‰ 0u.

Théorème :
Si (αi )iPI est une famille de réels positifs, alors :
(αi )iPI est sommable si et seulement si (αi )iPsupp(α) est sommable, et dans ce cas,
ř
iPI αi =
αi .
ř
iPsupp(α)

Démonstration :
Si (αi )iPI est sommable, de somme S, alors pour tout J P Pf (supp(α)), J est aussi une partie finie de I,
donc sJ (α) = iPJ αi ď S.
ř

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VII. FAMILLES SOMMABLES CHAPITRE 2. SÉRIES NUMÉRIQUES

D’où la sommabilité de (αi )iPsupp(α) , et


ř
iPsupp(α) αi ď S.
Supposons maintenant que (αi )iPsupp(α) est sommable, de somme S.
Pour J Ă I fini, J X supp(α) est finie, et :
ÿ ÿ ÿ ÿ
αi = αi + αi = αi (2.32)
iPJ iPJXsupp(α) iPJz supp(α) iPJXsupp(α)

Donc @J P Pf (I),
ř ř
iPJ αi ď iPsupp(α) αi = S
Donc (αi )iPI est sommable, et αi = supJPPf (I)
ř ř
iPI iPJ αi ď S.

Théorème :
Si (αi )iPI est sommable, alors supp(α) est un ensemble au plus dénombrable.

Démonstration :
Pour n P N, on pose Jn = i P I, αi ą S
␣ (
2n où S est la somme de (αi )iPI .
Alors pour tout n P N, Jn est une partie finie de I, et #Jn ă 2n .
En effet, dans le cas contraire, Jn contiendrait une partie K de cardinal 2n , et on aurait
ř
iPK αi ą
2n 2Sn = S, ce qui est impossible car S = supJPPf (I) iPJ αi .
ř

De plus, pour i P I, si αi ą 0, alors il existe n P N tel que αi ą 2Sn .


Donc supp(α) = nPN Jn , donc supp(α) est au plus dénombrable.
Ť

Remarque :
En pratique, on aura alors I = N ou Z ou N2 .

B) Familles dénombrables de réels positifs

Théorème :
Soient I un ensemble dénombrable, (αi )iPI une famille de réels positifs, (Jn )nPN une suite croissante de
parties finies de I telles que I = nPN Jn (on notera Jn Ò I)
Ť

Alors (αi )iPI est sommable si et seulement si (sJn (α))nPN admet une limite, auquel cas iPI αi =
ř

limnÑ+8 iPJn αi .
ř

Démonstration :
Si iPI αi = S ă +8, alors, pour n P N, sJn (α) ď S.
ř

De plus, comme Jn Ă Jn+1 , on a sJn (α) ď sJn+1 (α). Donc la suite (sJn (α))nPN est croissante et
majorée, donc converge et limnÑ+8 iPJn αi ď S
ř

Supposons maintenant que (sJn (α))nPN admet une limite L.


Montrons déjà un lemme :
Lemme :
Soit K P Pf (I), alors il existe n P N tel que K Ă Jn .
En effet : Pour tout i P K, comme I = nPN Jn , il existe ni P N tel que i P Jni .
Ť

Posons alors n = maxiPK ni . Pour tout i P K, on a alors ni ď n, donc i P Jni Ă Jn .


Donc K Ă Jn .

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CHAPITRE 2. SÉRIES NUMÉRIQUES VII. FAMILLES SOMMABLES

Maintenant :
Soit K P Pf (I). Il existe alors n P N tel que K Ă Jn , et on a alors sK (α) ď sJn (α).
Comme (sJn (α))nPN converge, on a sK (α) ď L, et supKPPf (I) sK (α) ď L ă +8.
Donc (αi )iPI est sommable, et iPI αi ď L.
ř

Théorème :
Soit (αi )iPI une famille dénombrable de réels positifs, et φ : N Ñ I une bijection.
Alors (αi )iPI est sommable si et seulement si la série ně0 αφ(n) converge, auquel cas iPI αi =
ř ř
ř+8
n=0 αφ(n) .

Démonstration :
On applique le théorème précédent avec Jn = tφ(k), k P J0, nKu.
On a alors les équivalences :
( )
ÿ
(αi )iPI est sommable ðñ αi est majorée
iPJn
( )
nPN
n
(2.33)
ÿ
ðñ αφ(k) est majorée
k=0 nPN
ÿ
ðñ αφ(n) converge
ně0
řn ř+8
Auquel cas αi = limnÑ+8 αφ(n) .
ř
iPI k=0 αφ(k) = n=0

Corollaire :
Soit ně0 αn une série à termes positifs, et φ : N Ñ N une permutation de N.
ř

Alors ně0 αn converge si et seulement si ně0 αφ(n) converge, et dans ce cas :


ř ř

+8
ÿ +8
ÿ ÿ
αn = αφ(n) = αi (2.34)
n=0 n=0 nPN

Théorème :
Si (αi )iPI est une famille sommable, et si J est une partie de I, alors (αi )iPJ est sommable, et
ř
iPJ αi ď
iPI αi .
ř

Démonstration :
Pour tout K P Pf (J), on a K P Pf (I), donc αi , puis en passant à la borne supérieure,
ř ř
iPK αi ď iPI

iPI αi .
ř ř
iPJ αi ď

C) Familles sommables de R ou C

On note ici K = R ou C.
Définition :
Soit (ui )iPI une famille d’éléments de K. On dit que cette famille est sommable lorsque
ř
iPI |ui | ă +8.

Remarque :
La famille (ui )iPI est alors à support au plus dénombrable, on supposera donc I dénombrable.

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VII. FAMILLES SOMMABLES CHAPITRE 2. SÉRIES NUMÉRIQUES

Théorème, définition :
Soit (ui )iPI une famille sommable de K. Soit (Jn )nPN une suite de parties finies de I telle que Jn Ò I.
Alors :

(1) La suite (sJn (u))nPN est convergente.

(2) Sa limite ne dépend pas du choix de la suite (Jn )nPN , on la note ui .


ř
iPI

(3) On a de plus | iPI ui | ď iPI |ui |.


ř ř

Démonstration :
(1) Comme I est sommable, (|ui |)iPI est sommable dans R+ .
Donc la suite (sJn (|u|))nPN converge, et est alors de Cauchy :
Soit ε ą 0. Il existe n0 P N tel que @n ě n0 , @p P N, sJn+p (|u|) ´ sJn (|u|) ď ε.
Soient donc n ě n0 et p P N :
ˇ ˇ ˇ ˇ
ˇ ˇ ˇ ˇ
ˇ ˇ ˇ ÿ ÿ ˇ ˇ ÿ ˇ
i ˇ car Jn Ă Jn+p
ˇsJ (u) ´ sJ (u)ˇ = ˇ u i ´ u iˇ
ˇ = ˇ u ˇ
n+p n ˇ ˇ
ˇiPJn+p iPJn ˇ ˇiPJn+p zJn ˇ
(2.35)
ÿ
ď |ui | = sJn+p (|u|) ´ sJn (|u|) ď ε
iPJn+p zJn

Donc la suite (sJn (u))nPN est de Cauchy, donc converge.

(2) Soit (Kn )nPN une autre suite de parties finies telle que Kn Ò I.
On note S = limnÑ+8 sJn (u) ; montrons que sKn (u) ÝÝÝÝÝÑ S.
nÑ+8
Soit ε ą 0, et n0 P N tel que @n ě n0 , @p P N, sJn+p (|u|) ´ sJn (|u|) ď ε
2

En particulier (calcul précédent), @n ě n0 , |S ´ sJn (u)| ď 2ε .


D’après le lemme vu dans la sous-section précédente, il existe n1 P N tel que @n ě n1 , Jn0 Ă Kn .
De plus, pour n ě n1 , il existe p P N tel que Kn Ă Jn0 +p
ˇ ˇ ˇ ˇ ř ε
D’où |sKn (u) ´ S| ď ˇsKn (u) ´ sJn0 (u)ˇ + ˇsJn0 (u) ´ S ˇ ď iPKn zJn |ui | +
ř
2 ď iPJn0 +p zJn0 |ui | +
0
ε
2 ďε
Ainsi, on a trouvé n1 P N tel que @n ě n1 |sKn (u) ´ S| ď ε

(3) conséquence du calcul précédent :


|sJn (u)| ď sJn (|u|) et, par passage à la limite, | iPI ui | ď iPI |ui |
ř ř

Théorème :
Soit (ui )iPI une famille dénombrable de K, et φ : N Ñ N une bijection.
Alors (ui )iPI est sommable si et seulement si ně0 uφ(n) est absolument convergente, et si c’est le
ř
ř+8
cas, iPI ui = n=0 uφ(n) .
ř

Démonstration :
Il suffit de prendre Jn = φ(J0, nK) dans le théorème précédent.

Corollaire :
Si (un )nPN est une suite de K, et si φ est une permutation de N, alors ně0 un est convergente si et
ř
ř+8 ř+8
seulement si ně0 uφ(n) l’est, et dans ce cas, n=0 uφ(n) = n=0 un = nPN un .
ř ř

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CHAPITRE 2. SÉRIES NUMÉRIQUES VII. FAMILLES SOMMABLES

Théorème :
Toute sous-famille d’une famille sommable est sommable.

Démonstration :
Soit J Ă I et (ui )iPI sommable.
Alors (dernier théorème du B)) :
iPI |ui |, donc (ui )iPJ est sommable (car iPJ |ui | est majoré donc converge)
ř ř ř
iPJ |ui | ď

Théorème (sommation par paquet – hors programme) :


Soit (ui )iPI une famille d’éléments de K, et I = kPK Jk une partition de I indexée par un ensemble
Ť

K.
Alors (ui )iPI est sommable si et seulement si :

‚ Pour tout k P K, (ui )iPJk est sommable.

‚ Et ( iPJk |ui |)kPK est sommable,


ř

Auquel cas iPI ui = kPK iPJk ui .


ř ř ř

D) Familles sommables indexées par Z ou N ˆ N

Théorème :
Soit (un )nPZ une famille de K.
Alors (un )nPZ est sommable si et seulement si les séries ně0 un et ně0 u´n sont absolument
ř ř
ř+8 ř+8 řn
convergentes, auquel cas nPZ un = n=0 un + n=1 u´n = limnÑ+8 k=´n uk .
ř

Démonstration :
On applique le théorème de sommation par paquets à K = t0, 1u, J0 = N J1 = ZzN
D’où on tire l’équivalence.
řn
Attention : Par exemple, (un )nPZ où un = sin n n’est pas sommable, mais @n P N, k=´n uk = 0.

Théorème (Fubini) :
Soit (un,p )(n,p)PNˆN une famille de K. Les propositions suivantes sont équivalentes :

1. (un,p )(n,p)PNˆN est sommable


ř+8
2. Pour tout n P N, la série pě0 un,p est absolument convergente, et, en posant sn = p=0 |un,p |,
ř

la série ně0 sn est convergente.


ř

ř+8
3. Pour tout p P N, la série ně0 un,p est absolument convergente, et, en posant σn = n=0 |un,p |,
ř

la série pě0 σp est convergente.


ř

ř+8 (ř+8 )
De plus, si ces propositions sont vérifiées,
ř
(n,p)PNˆN un,p = n=0 p=0 un,p =
ř+8 (ř+8 )
p=0 n=0 un,p .

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VII. FAMILLES SOMMABLES CHAPITRE 2. SÉRIES NUMÉRIQUES

Démonstration :
C’est un cas particulier du théorème de sommation par paquets.

1
ř+8 1
Exemple d’application Pour α ą 1, la série converge, et on pose ξ(α) = n=1 (fonction
ř
ně1 nα nα
Zêta de Riemann). Pour p ě 2, on pose up = ξ(p) ´ 1. La série pě2 up converge-t-elle ?
ř

Étude :
( 1
)
Si la série converge, alors la famille np ně2 est sommable.
pě2
On peut donc appliquer le théorème de Fubini :
( ) ( )
+8 +8
ÿ +8 ÿ 1 +8
ÿ +8 ÿ 1 +8
ÿ 1/n2 +8
ÿ 1
ÿ 1
up = p
= p
= = ´ =1 (2.36)
p=2 p=2 n=2
n n=2 p=2
n n=2
1 ´ 1/n n=2 n ´ 1 n

Maintenant :
ř+8
Pour tout n ě 2, la série de terme général n1p converge, et p=2 n1p = n(n´1)
1
.
1
De plus, ně2 n(n´1) converge vers 1.
ř
( )
Donc d’après le théorème de Fubini, n1p ně2 est sommable, et les calculs vus dans l’étude on bien
pě2
un sens ; donc la série pě2 ξ(p) ´ 1 est convergente.
ř

E) Produit de Cauchy

Définition :
Soient u, v P KN . On appelle produit de Cauchy de u et v la suite w définie par :

n
ÿ ÿ
@n P N, wn = uk vn´k = up v q (2.37)
k=0 p+q=n
(p,q)PN2

On note alors w = u ˚ v.

Théorème :
Soient ně0 un et ně0 vn deux séries absolument convergentes. Alors la série ně0 (u ˚ v)n est abso-
ř ř ř

lument convergente, et :
( )( ) ( )( )
+8
ÿ +8
ÿ +8
ÿ +8
ÿ ÿ +8
ÿ +8
ÿ
(u ˚ v)n = un vn ou : up v q = un vn (2.38)
n=0 n=0 n=0 n=0 p+q=n n=0 n=0
(p,q)PN2

Démonstration :
On étudie la sommabilité de (up vq )ně2 :
pě2
ř+8 ř+8
‚ Pour p P N, qě0 up vq est absolument convergente, et k=0 |up vq | = |up | q=0 |vq |.
ř
( ř+8 ) ř+8 ř+8
De plus, la série pě0 |up | q=0 |vq | est convergente, de somme p=0 |up | ˆ q=0 |vq |
ř

Ainsi, d’après le théorème de Fubini, on a :


( ) ( ) ( )( )
ÿ +8
ÿ +8 ÿ +8
ÿ +8
ÿ +8
ÿ +8
ÿ
up v q = up v q = up vq = vq up (2.39)
(p,q)PN2 p=0 q=0 p=0 q=0 q=0 p=0

‚ Calculons maintenant cette somme au moyen de la suite (Jn )nPN de parties finies de N2 définie par
Jn = (p, q) P N2 , p + q ď n . On a alors Jn Ò N2 .
␣ (

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CHAPITRE 2. SÉRIES NUMÉRIQUES VII. FAMILLES SOMMABLES

(ř ) ř
n +8
Donc up vq = limnÑ+8 (p,q)PJn up vq = limnÑ+8
ř ř ř
(p,q)PN2 k=0 p+q=k u p v q = n=0 (u ˚ v)n
Donc déjà (u ˚ v)n converge.
ř
ně0
ÿ řn řn
‚ Par le même raisonnement, on a |up vq | = limnÑ+8
ř
k=0 p+q=k |up vq | ě k=0 |(u ˚ v)k |
(p,q)PN2
loooooomoooooon
fini
Donc (u ˚ v)n est absolument convergente.
ř
ně0

Exemple :
exp : (C, +) Ñ (C˚ , ˆ) est un morphisme de groupes :
ř+8 n
‚ exp(0) = n=0 0n! = 1

‚ Soient a, b P C.
n n
Les séries ně0 un et ně0 vn où un = an! et vn = bn! sont absolument convergentes.
ř ř
ř+8 (ř ) (ř )
+8 +8
Donc ně0 wn où w = u ˚ v est absolument convergente, et n=0 wn = .
ř
n=0 u n n=0 v n
řn ak bn´k řn 1 k k n´k
Or, pour n P N, wn = k=0 k! (n´k)! = k=0 n! Cn a b 1
= n! (a + b)n .
Donc par passage à la limite, exp(a + b) = exp(a) ˆ exp(b).

‚ De plus, pour a P C, on a :
exp(a) ˆ exp(´a) = exp(0) = 1, donc exp(a) ‰ 0.

Ainsi, exp(C) Ă C˚ , et exp est bien un morphisme.

MP Mathématiques 25
Suites et fonctions

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