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SOCIÉTÉ
Si la modernité, du latin “modernus” qui signifie moderne, récent, actuel, est représentée par
une logique de désenchantement du monde, basé sur des idéaux, des valeurs issues des
Lumières telles que le rationalisme et la pensée critique qui ont favorisé le développement
de la science moderne. Elle est également caractérisée, du point de vue de BAUMAN par la
création de nouvelles institutions, telles que l’entreprise, la bureaucratie et les classes
sociales, et peut être définie comme la "première modernité". Elle est également
représentée par le terme de seconde modernité, aujourd’hui la modernité c’est quelque
chose de dépassé et on parle plus de modernité liquide qui serait décrite donc comme une
“seconde modernité”. En effet, la modernité liquide revêt un tout autre sens. Cette dernière
désigne une métaphore pour décrire la société contemporaine, représentée par un groupe
organisé formé par des individus liés à un réseau relationnel, traditionnel ou institutionnel.
Celle-ci dans la modernité liquide est caractérisée par la fluidité, le changement constant et
l'absence de structures sociales solides.
La modernité liquide qui représente une nouvelle phase où les structures sociales de la
première modernité sont renversées apparaît dès le début des années 2000 notamment au
travers des ouvrages de son principal théoricien BAUMAN. Les individus vivent dans un
monde où les engagements sont temporaires, les relations sont précaires, et la stabilité est
difficile à atteindre, tel que mis en exergue par La vie liquide (2006).
Les prémices de la modernité liquide apparaissent dans le tumulte du 20e siècle, marqué
par des bouleversements sociaux, politiques et technologiques, au travers des deux guerres
mondiales qui l’ont traversé, des mouvements de décolonisation et des révolutions
technologiques majeurs dont il a été témoin. En effet, cette période a entraîné une
fragmentation des identités car les deux guerres mondiales ont généré des déplacements
massifs de population.
Mais aussi les avancées technologiques, en particulier après la Seconde Guerre mondiale,
ont radicalement transformé la manière dont les individus communiquent et interagissent
notamment avec l'avènement des technologies. Cette individualisation de la société dans
son analyse des sociétés liquides, BAUMAN l’attribue très largement au néolibéralisme. Il
considère en effet ce modèle comme un facteur aggravant des dérèglements du monde
liquide de part les inégalités sociales et les violences généralisées qu’il crée.
Pourtant, la modernité liquide ne se limite pas à une plus grande flexibilité de la société.
Dans la modernité telle que caractérisée par BAUMAN dans Les Temps liquides (2000), la
modernité liquide représente également un monde où les liens sociaux sont devenus
superficiels et transitoires, qui peut entraîner par le fait un sentiment de solitude chez les
individus. Dès lors, la liquidité est caractérisée par un individualisme très prononcé car tout
le monde recherche son bien-être à tout prix.
En effet, selon GIDDENS la modernité liquide entraîne une plus grande autonomie
individuelle puisque les individus sont confrontés à des choix et des responsabilités accrus
dans tous les domaines de leur vie. En ce sens, le domaine économique l’est aussi puisque
la modernité liquide imprègne aussi le monde du travail, remettant en question la stabilité et
la garantie d'emploi. Comme le révèle une étude publiée récemment dans le journal Le
Monde, la part d'emplois précaires des moins de 25 ans a triplé entre 1983 et 2019. Cette
précarité professionnelle induit anxiété et stress parmi les travailleurs, contribuant ainsi au
sentiment général d'instabilité au sein de la société contribuant à l’individualisme. C’est
pourquoi, d’après TIROLE (PN14) il existe une nécessité d’adapter le marché du travail
français aux mutations de l’emploi afin de lutter contre cette précarisation et l’individualisme
typique de la société liquide.
Cette société liquide de part des liens sociaux fragiles, que décrit BAUMAN dans son
ouvrage L’amour liquide, se reflètent par ailleurs dans la thèse de SCARDIGLI, pour qui
l’utilisation des technologies d’information et de communication accentuent les créations de
“communautés” notamment en ligne mais renforcent paradoxalement la solitude de
l’individu.
Cependant, la société décrite par BAUMAN ne semble pas si mauvaise puisqu'elle inclut par
une innovation constante, une flexibilité et une capacité d’adaptation rapide aux
changements.