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THÈME 1 / CHAPITRE 1 : LA MÉTROPOLISATION : UN PROCESSUS

MONDIAL DIFFERENCIÉ
La ville est désormais le lieu de vie de plus de la moitié de la population mondiale. La croissance urbaine a
favorisé l’émergence de grandes villes. Parmi elles, dominent les métropoles, lieux de commandement,
d’innovation et d’impulsion sur une région.
Le processus de métropolisation s’appuie sur une mise en réseau des principales agglomérations dans
laquelle les phénomènes de « connectivité » tendent à l’emporter sur les relations de proximité. Les métropoles
sont ainsi des pôles majeurs de la mondialisation. Ce processus induit une concurrence entre les villes avec
une hiérarchisation selon leur puissance. Pour les villes, cela conduit à des recompositions des espaces de
vie, qui peuvent se traduire par des mutations d’activités économiques, des évolutions dans les caractéristiques
de la population, la transformation de l’espace rural proche…A plus grande échelle, cela accentue les contrastes
entre quartiers, conduisant à des disparités socio-spatiales de plus en plus marquées.

Problématique : Comment la métropolisation renforce-t-elle la hiérarchie urbaine mondiale et


recompose-t-elle les espaces métropolitains ?

I) Les villes à l’échelle mondiale : le poids croissant mais inégal des


métropoles
Dans un contexte global d’urbanisation, comment la métropolisation favorise-t-elle certaines
villes ?
A) Le phénomène urbain progresse
1) Une population toujours plus urbaine
a. Les villes ont accéléré leur croissance dans la seconde moitié du XXe siècle
- Au cours de la seconde moitié du XXe siècle, on a assisté à une explosion de la population mondiale. Le
peuplement de la planète a été multiplié par trois, passant de 2,5 milliards en 1950 à 7,8 milliards aujourd’hui.
Les projections actuelles tournent autour de 10 milliards en 2050.
- Dans le même temps, la population urbaine a progressé à un rythme encore plus rapide passant de 750
millions d’urbains en 1950 (avec un taux d’urbanisation de 30 %) à 4,3 milliards aujourd’hui (56 %). Le
nombre d’urbains a donc été multiplié par 6 sur la même période. L’Ined a même parlé pour qualifier cette
augmentation d’un « vertige urbain ». Les prévisions s’accordent sur 6,7 milliards en 2050 (68 %).
- La croissance est plus importante encore dans les plus grandes villes du monde ; les mégapoles : le
monde devrait compter en 2050, selon l'ONU, 43 mégapoles de plus de 10 millions d'habitants, contre 33
aujourd'hui (et seulement 3 en 1975).
- Les villes s’étalent pour devenir de véritables agglomérations urbaines. Dans certains espaces très peuplés
et urbanisés (souvent des littoraux), l’étalement conduit même à former des mégalopoles (dossier p. 36-37).

 Exercice : Compléter le vocabulaire


b. L'évolution de l'urbanisation n'est pas identique partout
- Carte p. 32-33 : L’urbanisation est historiquement plus importante et plus précoce dans les pays du Nord,
et les plus grandes villes sont d’abord apparues dans les pays les plus développées (Europe avec Londres,
Amérique du Nord avec New York et Japon avec Tokyo).
- La hiérarchie a été bousculée par la croissance très forte des mégapoles du Sud. Aujourd'hui, la plus
grande partie des mégapoles est dans les pays du Sud, principalement en Asie (premier foyer de
peuplement au monde, avec 60 % de la population mondiale et 75 % des mégapoles du monde). Leur
croissance continue d’être très forte. La plus grande ville aujourd’hui, Tokyo au Japon (37 millions en 2019)
devrait être dépassée en 2030 par Delhi en Inde, deuxième actuellement.
Document : Répartition de la population des mégapoles par continent

c. Cela s’explique par des situations différentes


- Dans de nombreux pays du Sud, la croissance urbaine est forte car :
- Le taux d’urbanisation était jusque récemment assez faible et l’activité économique dominante plutôt
l’agriculture.
- La croissance de la population urbaine s’inscrit dans un double mouvement :
• Excédent naturel fort : taux de natalité assez forts, renforcés par la jeunesse des populations urbaines
• Excédent migratoire fort lié à l’exode rural
- Dans les pays du Nord, la croissance urbaine est ralentie, car :
- Le taux d’urbanisation est déjà assez fort (en général supérieur à 75 %), l’exode rural est faible, la
croissance naturelle de la population est faible (taux de natalité faibles)
- La croissance provient surtout de l’excédent migratoire, souvent à l’échelle nationale, mais pour les plus
grandes à l’échelle internationale.
- Dans tous les cas, les villes croissent également en absorbant des villes ou villages périphériques dans
leur zone d’influence.

2) Le processus de métropolisation
a. Qu’est-ce qu’une métropole ?
- Parallèlement à l’urbanisation, la mondialisation a entraîné l’apparition
d’un nouveau processus : la métropolisation.
- Les métropoles concentrent les activités économiques, les fonctions de
commandement et les populations (voir schéma)
- La métropolisation est un processus sélectif : elle privilégie les villes qui
sont déjà les mieux dotées et disposent depuis longtemps d’un
rayonnement international, comme Londres, Paris ou New York. A l’échelon
supérieur, une compétition se joue entre une vingtaine de villes
mondiales. Les plus abouties sont parfois appelées villes globales.
- L’urbanisation n’implique pas forcément la métropolisation : certaines
mégapoles ne sont pas des métropoles au rayonnement important et à
l’inverse certaines métropoles importantes ne sont pas de très grandes
villes (Dhaka / Genève – voir tableau page suivante).
- La métropolisation est par ailleurs un processus évolutif. Avec le
développement des pays et leur intégration à la mondialisation, les réseaux
se développent et permettent à de nouvelles métropoles d’émerger (Mumbai
en Inde, Rio au Brésil, Shanghai en Chine, premier port mondial...).
- Comment mesurer la métropolisation ?
Le groupe de travail sur les villes mondiales du département de
géographie de l'université de Loughborough au Royaume-Uni, le
GaWC, publie régulièrement un classement des villes les plus
puissantes (dernier classement de 2020). Il se fonde pour l’établir
notamment sur l'insertion de la ville dans le réseau des firmes de
services supérieurs aux entreprises, qui montre son rayonnement.
Il comprend cinq catégories : Alpha, Beta, Gamma, High sufficiency,
Sufficiency.
- D’autres classements sont proposés pour établir la puissance des
métropoles (documents p. 20) :
- la production de richesse avec le produit urbain brut (PUB)
- le pouvoir d’attractivité des villes avec le classement de Global
Power City Index (de l’Institut Mori, japonais) qui donne un indice des
villes mondiales en se basant sur 70 indicateurs (économie,
Recherche & Développement, culture, qualité de vie,
environnement…).

 Exercice : Edition 2020 du classement des villes Alpha selon le GaWC


L’Europe est en bleu, l’Amérique en rouge et l’Asie et l’Océanie en jaune. Quelle évolution constatez-vous
depuis 2000 ?

2000 2010 2018

Source: Globalization and World Cities (GaWC Research Network), Loughborough University, 2020.
- Les plus grandes métropoles ( carte p. 20) sont principalement situées sur les littoraux, dans les pays
riches et développés du Nord et les pays émergents du Sud.
b. Les métropoles s’intègrent dans des réseaux
- Elles ont d’importantes infrastructures de communication (hubs que représentent les aéroports
internationaux et les grands ports, lignes ferroviaires à grande vitesse…).
- Les métropoles sont au cœur des mobilités : travailleurs qualifiés ou non qualifiés, étudiants, touristes …
- Cela donne naissance à un système de villes à l’échelle mondiale : l’archipel mégalopolitain mondial (AMM),
où ces villes semblent entretenir plus de relations entre elles qu’avec leur territoire proche.

Mexico
São
Paulo
Buenos Aires

Rio de
Janeiro

Bangkok
Flux secondaires
Mumbai
Sydney Mégalopole
Dubai
Mégalopole en formation

Lagos
Johannesburg

c. Les métropoles au centre des jeux d’acteurs


- Les métropoles rivalisent pour affirmer leur puissance, accueillant des événements internationaux (Jeux
Olympiques, Expositions universelles, Coupe du monde de football…), travaillant leur image par un marketing
territorial, valorisant leur patrimoine.
- Pour se différencier, elles s’engagent dans des projets montrant leur engagement environnemental :
mobilités douces (vélo) ; habitat à haute qualité environnementale (végétalisation, énergies renouvelables…) ;
nature en ville (parcs, aménagement des voies d’eau…)
- Elles sont aussi des acteurs importants dans la lutte contre les inégalités : construction de logements
sociaux pour lutter contre le « mal logement », développement des transports en commun, investissement dans
l’éducation et la santé…

B) De puissantes métropoles à différentes échelles


1) Des métropoles au rayonnement planétaire
 Exercice : Complétez le schéma fléché sur les types de fonctionnement de commandement Londres à
l’aide des documents p. 22-24 et de vos recherches personnelle

Fonctions économiques Fonctions financières

Fonctions politiques Fonctions scientifiques

Londres, ville
globale

Transports performants Fonctions culturelles et touristiques


- Certaines métropoles ont une influence mondiale : ces villes mondiales se situent pour la plupart dans les
trois pôles majeurs de la mondialisation (Amérique du nord, Europe occidentale et Asie orientale) : New York
(doc. 2 p. 35), Londres, Paris, Tokyo (dossier p. 38). On les appelle parfois villes globales pour les différencier
des autres.
- Leur rayonnement est lié aux pouvoirs qu’elles concentrent, qui s’appuient sur des quartiers d’affaires (ou
CBD) puissants (Manhattan à New York, La City à Londres), des instituts de recherche innovants, liés souvent à
des universités prestigieuses ; elles ont des équipements culturels majeurs (Le Louvre à Paris), sont au cœur de
nœuds de transports imposants et multimodaux.
- Elles polarisent de vastes régions métropolitaines polycentriques : les mégalopoles américaine (« Boswash »),
européenne et asiatique sont des chapelets de métropoles exceptionnels. D’autres mégalopoles se forment
autour de métropoles : « Sansan » de San Francisco à San Diego (Etats-Unis), « Cône Sud » en Amérique du
Sud (de São Paulo au Brésil à Buenos Aires en Argentine)…

 Exercice : A partir des documents p. 36-37 sur la mégalopole étatsunienne


Complétez la carte mentale (itinéraire 2 p. 37) puis rédigez une synthèse à partir des éléments collectés.

2) Des métropoles mondiales incomplètes ou secondaires


- Certaines métropoles ont une influence moindre mais jouent un rôle régional ou continental. On parle
de « métropoles mondiales incomplètes » ou de « second rang ». Dans les pays du Sud surtout, ces
métropoles sont souvent très peuplées, captent des flux puissants mais à moins longue distance ; elles peuvent
rayonner sur plusieurs pays, et sont souvent motrices au niveau national (ex. : Bombay en Inde, Kuala Lumpur
en Malaisie, Le Caire en Egypte – voir dossier p. 39). Certaines, proches des villes mondiales, moins
peuplées, fonctionnant avec elles en réseau, se développent dans leur zone d’influence sans pouvoir rivaliser
avec les plus grandes (ex. : Osaka au Japon, Boston aux Etats-Unis, Ottawa au Canada, capitale politique mais
ne pouvant rivaliser avec le pouvoir économique de Toronto…). Elles sont plus souvent spécialisées (ex. :
Francfort dans la finance).

- Les métropoles dites secondaires rayonnent à une échelle nationale ou régionale.


- Des métropoles nationales : Certaines capitales politiques commandent de ce fait le territoire national
mais leur rayonnement ne dépasse que rarement les frontières de leur Etat. (Ex. : Athènes)
- Des métropoles régionales : de plus petite taille, leurs équipements métropolitains sont à l’échelle
d’une région (ex. : en France, des villes comme Bordeaux ou Lille…).
3) Des métropoles peuvent aussi connaître des difficultés
Certaines villes n'arrivent pas à trouver leur place dans cette forte concurrence liée à la mondialisation et peinent
à se connecter aux réseaux mondiaux.
Ces métropoles peuvent ainsi devenir répulsives (dossier p. 45). Elles sont parfois appelées « shrinking
cities » p.34, traduit par « villes rétrécissantes » ou « villes en déclin », et connaissent un phénomène de
décroissance sur trois plans : démographique, par la perte de population ; économique, par la perte d'activités,
de fonctions, de revenus et d'emplois ; et social, par le développement de la pauvreté urbaine, du chômage et de
l'insécurité.
Les « shrinking cities » ont d'abord été associées aux villes industrielles étatsuniennes (Detroit, Pittsburgh,
Cincinnati…) et allemandes (Leipzig, Wittenberg…) dans les années 1970-1980, touchées par la crise des
industries traditionnelles. Le phénomène touche désormais un certain nombre de grandes villes du monde,
d'abord européennes et, depuis les années 1990, des pays émergents.

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