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Revue internationale de droit

comparé

La prise de contrôle d'une société par actions (à l'exclusion du


contrôle des concentrations d'entreprises)
Roger Houin

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Houin Roger. La prise de contrôle d'une société par actions (à l'exclusion du contrôle des concentrations d'entreprises). In:
Revue internationale de droit comparé. Vol. 38 N°2, Avril-juin 1986. Études de droit contemporain. Contributions françaises au
12e Congrès international de droit comparé (Sydney-Melbourne, 18-26 août 1986) pp. 567-573;

doi : https://doi.org/10.3406/ridc.1986.2432

https://www.persee.fr/doc/ridc_0035-3337_1986_num_38_2_2432

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R.I.D.C. 2-1986

LA PRISE DE CONTRÔLE D'UNE SOCIÉTÉ


PAR ACTIONS
(A l'exclusion du contrôle des concentrations
d'entreprises)

par

Roger HOUIN
Doyen honoraire de la Faculté de droit
et des sciences économiques de Rennes
Professeur émérite à l'Université de droit, d'économie
et des sciences sociales de Paris

1. — La prise de contrôle d'une société et particulièrement d'une


société par actions, est l'opération par laquelle une personne physique ou
morale se rend acquéreur en vue de les détenir durablement d'un certain
nombre d'actions d'une société, d'exercer les droits de vote qui leur sont
attachés et d'exercer ainsi une influence prépondérante dans la direction
et la gestion de la société.
L'opération de prise de contrôle peut se réaliser, en droit français,
par divers procédés. Il peut s'agir d'une simple cession d'actions entre le
titulaire de celles-ci et un acheteur ; cette cession peut intervenir
directement lorsque notamment il s'agit d'actions non cotées en bourse ; elle peut
aussi se réaliser en bourse s'il s'agit d'actions cotées et que la cession
« directe » n'est pas autorisée. Mais la prise de participations de contrôle
peut aussi intervenir par des techniques du droit des sociétés telles que la
souscription à une augmentation de capital avec renonciation des actions
à leur droit de préférence au prot d'une ou plusieurs personnes détermi-
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nées ou telle que la fusion, la scission de sociétés ou l'apport partiel d'une


entreprise à une société. Dans ces derniers cas, la loi française de 24 juillet
1966 prend des précautions pour protéger les actionnaires en leur assurant
une information complète et en assurant l'application du principe d'égalité
entre tous les actionnaires.
2. — Dans les limites du présent rapport, nous ne traiterons pas
des techniques d'augmentation de capital et de fusions de sociétés qui
suffiraient à faire l'objet d'autres rapports. Nous ne traiterons pas non plus
de la question du contrôle économique des concentrations d'entreprises
qui est expressément exclue du sujet. Le problème général des « groupes
de sociétés » ne sera pas non plus directement évoqué. Et il va de soi que
les difficultés soulevées par l'exercice du pouvoir de contrôle sur la société,
notamment l'abus de majorité et la responsabilité, ne seront pas évoquées.
Nous nous en tiendrons donc aux règles applicables à la prise de contrôle
par cessions d'actions, hors bourse ou en bourse.

I. CESSIONS D'ACTIONS DE CONTRÔLE EN GÉNÉRAL

3. — La nature juridique de la cession d'actions de contrôle hors


bourse est discutée en droit français. Certains auteurs soutiennent qu'il
s'agit d'une vente pure et simple d'actions entre le titulaire de ces actions
et un acquéreur et non d'une opération du droit des sociétés intéressant la
structure de celles-ci (1). Dans cette conception, il suffirait donc
d'appliquer les règles du droit commun de la vente d'objets mobiliers incorporels,
sans tenir compte des règles particulières du droit des sociétés, notamment
de celles régissant les fusions ou apports partiels d'actif. D'autres auteurs
défendent une conception différente : la cession d'actions de contrôle
entraîne le plus souvent un bouleversement dans la structure économique
de la société : changement des équipes dirigeantes, restructuration des
services et des organismes, etc. ; tout se passe comme si le changement
des pouvoirs constituait une cession de l'entreprise ou du fonds de
commerce (2).
4. — La jurisprudence paraît avoir pris parti en faveur de la première
thèse dans un arrêt de la Chambre commerciale de la Cour de cassation
du 21 janvier 1970, rendu dans l'affaire Saupiquet-Cassegrain (3). Dans
cette affaire, la majorité des actionnaires avait vendu la majorité des
actions de la Société Cassegrain à la Société Saupiquet à des conditions
dont les minoritaires, s'ils l'avaient désiré, auraient aussi pu profiter ; ceux-
ci soutenaient qu'il s'agissait d'une opération touchant à la structure de la
Société Cassegrain et que des mesures de protection analogues à celles

(1) V. B. OPPETIT, « Les cessions de droits sociaux emportant le transfert du contrôle


d'une société : essai de synthèse », Rev. Sociétés, 1978, p. 631 et s.
(2) J. PAILLUSSEAU, « La cession de contrôle », J.C.P. Sem. jurid. 1986, 1, n° 3224
et les références citées.
(3) Cass. com, 21 janv. 1970, J.C.P. 1970, II, 16541, note OPPETIT ; Rev. trim. dr.
com. 1970, p. 738, obs. HOUIN ; sur renvoi Rouen, 18 avril 1978, Rev. trim. dr. com. 1979,
p. 261, obs. HOUIN ; Cass. com. 21 juin 1982, Rev. soc. 1982, p. 852.
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exigées en matière de fusion, auraient dû être prises en faveur de tous les


actionnaires, telles que celles concernant le calcul de la parité de valeur
des actions échangées. Ces prétentions ont été re jetées car il s'agissait de
simples cessions d'actions et que le Conseil d'administration n'avait commis
aucun abus de droit en autorisant les cessions d'actions.
Cette solution donnée par la Cour de cassation a été reprise en matière
fiscale par trois arrêts de la Chambre commerciale des 7 mars, 26 avril et 16
octobre 1984 (4). Revenant, dans une certaine mesure, sur la jurisprudence
antérieure, ils ont affirmé qu'une cession d'actions conférant le contrôle
d'une société ne peut pas être assimilée à une cession de l'entreprise sociale
et n'a donc pas à supporter les droits d'enregistrement correspondants.
5. — II faut bien reconnaître cependant que, dans la pratique, la
cession de contrôle n'est pas assimilée à une simple cession d'actions.
C'est ainsi qu'il est traditionnellement admis qu'une cession d'actions
est, en principe, un acte civil. Mais lorsqu'il s'agit d'une cession d'actions
conférant le contrôle d'une société, la jurisprudence décide qu'il s'agit
d'une opération concernant les rapports entre associés et justifiant la
compétence du tribunal de commerce en vertu de l'article 631-2° du Code de
commerce (5) aussi bien que la validité de la clause d'arbitrage en vertu
du même texte (6).
6. — En droit du travail, la jurisprudence a décidé que lorsque les
dirigeants d'une société ont connaissance d'une cession d'actions de
contrôle dans leur société, ils sont dans l'obligation de consulter le comité
d'entreprise constitué par les représentants des salariés (7) ; la solution est
justifiée par l'idée que la cession de contrôle équivaut, en fait, à une
cession de l'entreprise elle-même (8). Ces solutions ont été confirmées
expressément par une loi du 28 octobre 1982 qui a modifié l'article L. 432-
1, alinéa 4, du Code du travail et oblige le chef d'entreprise à consulter le
comité d'entreprise sur les modifications économiques et juridiques de
l'entreprise et à l'informer de toute prise de participation dans le capital
social.
7. — L'importance de la prise de contrôle, par cession d'actions
notamment, a conduit récemment le législateur français à intervenir à plusieurs
reprises pour assurer l'information des actionnaires de la société dont les
actions sont cédées et de la société acheteuse.
Tout d'abord, la loi du 24 juillet 1966 sur les sociétés commerciales,
modifiée par la loi du 12 juillet 1985 a donné quelques définitions : ainsi
la société dont plus de la moitié du capital est possédée par une autre
société, est considérée comme la filiale de l'autre ; si la part du capital est
entre 10 % et 50 % on dit que la seconde a une participation dans le

(4) Rev. soc. 1984, p. 804, note JEANTIN ; 1985, p. 406, note J.-P. SORTAIS ;
PAILLUSSEAU, « La fiscalité de la cession de contrôle », Dalloz, 1984, chron. p. 207 et s.
(5) Cass. corn. 3 janv. 1985, Dalloz 1985, Inf. rap., p. 226.
(6) Cass. com. 29 mai 1978, J.C.P. 1978, éd. G, IV, 239.
(7) Cass. crim. 2 mars 1978, Droit social 1978, 376, note SAVATIER; Rev. trim. dr.
com. 1979, p. 261, obs. HOUIN.
(8) V. aussi pour l'équivalence à la cession d'un journal : Cass. soc. 21 janv. 1984, Rev.
soc. 1985, p. 127, note JEANTIN.
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capital de la première (art. 354 et 355, loi 24 juillet 1966). Une société
est considérée comme en « contrôlant une autre » soit lorsqu'elle détient
directement ou indirectement (notamment par l'intermédiaire d'une filiale
ou d'une autre société qu'elle contrôle) une partie du capital lui conférant
la majorité des droits de vote dans les assemblées générales de cette société,
soit lorsqu'elle dispose seule de la majorité des droits de vote dans cette
société en vertu d'un accord conclu avec d'autres associés, soit lorsqu'elle
détermine en fait, par les droits de vote dont elle dispose, les décisions
dans les assemblées générales de cette société (art. 355-1, loi 26 juillet
1966, modifiée par loi 12 juillet 1985). Ces définitions n'ont d'ailleurs
qu'une portée limitée à certains articles de la loi modifiée du 26 juillet
1966 ; et, pour les textes concernant les comptes consolidés de groupes de
sociétés, il existe d'ailleurs une autre définition de la société contrôlée
(art. 357-1, loi 24 juillet 1966, modifiée par loi 3 janvier 1985).
8. — Les sociétés qui prennent des participations dans d'autres sociétés
sont assujetties à diverses obligations :
a) Lorsqu'une société a pris, au cours d'un exercice, une participation
dans une société ayant son siège sur le territoire français, représentant plus
du dixième, du tiers ou de la moitié du capital de cette société ou s'est
assuré le contrôle d'une telle société, il en est fait mention dans le rapport
annuel des dirigeants présenté aux associés sur les opérations de l'exercice,
ainsi que dans le rapport des commissaires aux comptes ; en outre, dans
son rapport annuel, le conseil d'administration ou le directoire rend compte
de l'activité et des résultats des filiales et des sociétés contrôlées par branche
d'activité. Si la société tient des comptes consolidés de groupe, le rapport
des dirigeants peut être inclus dans le rapport de la gestion du groupe (art.
356, loi 6 juillet 1966, modifiée par loi 12 juillet 1985).
Ainsi, les actionnaires d'une société peuvent connaître les
participations supérieures à 10 % que cette société peut prendre dans le capital
d'une autre société ; et ils sont informés toutes les fois que ce pourcentage
passe à un tiers ou à la moitié du capital de l'autre société.
b) Mais, en outre, toute personne physique ou morale qui vient à
posséder un nombre d'actions représentant plus du dixième, du tiers ou de
la moitié du capital d'une société ayant son siège sur le territoire français
doit informer cette société, sous peine de sanctions pénales, dans le délai
d'un mois à compter du franchissement d'un tel seuil, du nombre total
d'actions de cette société qu'elle possède. Si les actions sont cotées en
bourse, l'acquéreur doit aussi informer la Chambre syndicale des Agents
de change qui à son tour informera le public (art. 356-1, loi 24 juillet 1966,
modifié par loi 12 juillet 1985) ; déjà une décision de la Commission des
Opérations de Bourse du 17 mars 1981 avait imposé aux acquéreurs de
participations significatives de plus de 10 % dans le capital des sociétés
dont les actions sont cotées en bourse, d'assurer la publicité de cette prise
de participation en la signifiant à la Chambre syndicale des Agents de
change ; cette disposition a été pratiquement reprise dans l'article 356-1
modifié de la loi de 1966.
Ces mesures d'information permettent à la société dont les actions ont
été acquises et qui en reçoit notification, de respecter la prohibition des
participations réciproques. En effet, lorsqu'une société par actions vient à
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détenir plus de 10 % du capital d'une autre société, celle-ci ne doit détenir


aucune fraction du capital de la première et si elle vient à en détenir, elle
doit les vendre (art. 358 à 359-1, loi 24 juillet 1966, modifiée par loi du 12
juillet 1985). En attendant cette vente, elle ne peut pas exercer les droits
de vote.
c) La société qui est informée qu'une ou plusieurs autres personnes
physiques ou morales ont pris une participation significative de 10 % , du
tiers ou de moitié dans son capital, doit mentionner dans le rapport annuel
de gestion l'identité de ces personnes et la part de capital qu'elles
détiennent ; ces mentions figurent aussi dans le rapport des commissaires aux
comptes (art. 356-3). Ainsi les actionnaires de la société dont les actions
ont fait l'objet de prises de participations importantes sont informés de la
nouvelle répartition du capital.
d) Lorsqu'une société est contrôlée directement ou indirectement par
une société par actions, elle doit notifier à cette dernière et à chacune des
sociétés participant éventuellement au contrôle le montant des
participations que la société contrôlée détient elle-même directement ou
indirectement dans leur capital respectif.
Ces dernières mesures tendent à permettre de contrôler l'existence de
participations réciproques interdites ou de participation circulaires entre
trois ou un plus grand nombre de sociétés, assurant l'autocontrôlé ; la
loi du 12 juillet 1985 n'a pas interdit ces détentions d'actions assurant
l'autocontrôlé mais en a limité les effets car la société mère qui dirige les
filiales et sous-filiales détenant directement ou indirectement ses propres
actions ne peut pas disposer dans ses assemblées générales d'une
proportion des voix supérieure à 10 % (15 % à titre provisoire jusqu'en 1987) de
la totalité des voix des actionnaires présents ou représentés.
Ces quelques indications sommaires sur la jurisprudence et les lois
récentes suffisent à montrer que l'acquisition de blocs d'actions de contrôle
est de moins en moins considérée comme une simple cession d'actions et
qu'elle est soumise à des règles diverses, notamment d'information et de
contrôle qui en font une opération originale du droit des sociétés. L'étude
du droit fiscal ou du droit du travail conduirait aux mêmes constatations.
Mais les solutions seront encore plus nettes si l'on se penche
maintenant sur les cessions d'actions de contrôle qui interviennent dans une
bourse de valeur.

II. CESSIONS DE CONTRÔLE EN BOURSE

9. — La prise de contrôle par acquisition d'actions en bourse est


soumise à des conditions plus rigoureuses que la simple cession d'actions
non cotées en bourse. Sans doute, rien ne s'oppose à ce qu'on appelle le
« ramassage en bourse » qui consiste dans l'acquisition de titres de sociétés,
peu à peu, et par petits paquets d'actions d'une même société ; mais dans
un marché qui, comme celui de Paris n'est pas très approvisionné, ces
achats successifs ne tardent pas d'agir sur le cours des titres. Au surplus,
comme on l'a vu plus haut, lorsque l'acheteur a acquis un nombre de titres
correspondant à 10 % du capital, il doit en informer la société dont les
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actions ont été acquises et porter l'information à la connaissance du public


par l'intermédiaire de la Chambre syndicale des Agents de change.
Remarquons en outre que toute cession d'actions cotées en bourse doivent
obligatoirement être faites par l'intermédiaire d'un agent de change si elle est
conclue entre deux personnes morales (sociétés) ou entre une personne
morale et une personne physique ; les cessions « directes » ne peuvent
échapper à cette intervention d'un agent de change que si elles
interviennent entre deux personnes physiques ou entre une société et une filiale
dont elle possède plus de 20 % du capital social (art. 16, loi 23 décembre
1964, modifié par loi 21 décembre 1970).
L'acquisition d'actions conférant le pouvoir de contrôle, lorsqu'elles
sont cotées en bourse, ne peut ainsi se réaliser pratiquement qu'au moyen
de deux procédés étroitement réglementés : d'une part les offres publiques
d'achat ou d'échange (O.P.A. et O.P.E.) et, d'autre part, la cession de
« bloc de contrôle ».
10. — Les O.P.A. et O.P.E. sont des opérations boursières qui, au
moins dans le régime normal, tendent à faire acquérir par une société le
contrôle d'une autre société dont les actions sont cotées en bourse et qui
seront acquises à prix d'argent (O.P.A.) ou échangées contre des actions
de la société acquéreuse ou d'une autre société de son groupe (O.P.E.).
Une réglementation détaillée est intervenue pour protéger les actionnaires
de la société visée.
Dans une décision du 25 juillet 1978 la C.O.B. a élaboré les principes
de bonne foi et de bonne conduite qui doivent être observés par les deux
sociétés qui souvent s'opposent : la société initiatrice et la société visée. Il
faut notamment faire des offres de bonne foi, respecter la liberté de choix
des actionnaires visés, respecter leur égalité, s'abstenir pour les dirigeants
de faire des opérations qui pourraient fausser le jeu de l'opération, etc. Le
dossier de l'offre doit être très complet et fixer notamment les objectifs
de l'initiateur, le prix d'acquisition des actions, le nombre minimum des
actions à acquérir. Il est préparé avec l'aide et sous la garantie d'une
banque qui le présente à la Chambre syndicale des Agents de change. Le
ministre de l'Économie dispose d'un pouvoir discrétionnaire pour
s'opposer, dans un délai de trois jours à l'O.P.A. ou l'O.P.E. La Chambre
syndicale des Agents de change, après avoir étudié le dossier et notamment
le mode de calcul du prix proposé, prononce la recevabilité de l'offre ;
jusque-là toute publicité est interdite et toute personne connaissant le
projet est tenue au secret.
L'avis de la Chambre syndicale est rendu public ; tous les actionnaires
doivent avoir une information égale, complète, objective et claire. Chacune
des sociétés concernées établit une « note d'information » soumise à
vérification de la C.O.B. et faisant l'objet d'un visa de celle-ci. Le délai de
réponse est d'au moins un mois à dater de l'avis initial de la Chambre
syndicale ; mais la réponse n'est irrévocable que pendant les dix derniers
jours du délai. L'initiateur de l'offre peut, s'il l'estime utile, faire une offre
meilleure par voie de surenchère et des offres concurrentes faites par un
autre initiateur est possible avec un supplément de prix de 5 % au moins.
Une telle offre concurrente rend caduques les réponses faites à l'offre
antérieure. Une fois l'O.P.A. ou O.P.E. achevée, aucune nouvelle offre
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ne peut intervenir avant une année. Pendant la durée de la procédure des


mesures sont prises pour interdire à l'initiateur d'acheter ou de céder des
titres à un prix supérieur à l'offre ; les dirigeants de la société initiatrice ne
peuvent faire des actes de gestion dépassant la gestion courante qu'en
informant la C.O.B., les dirigeants des sociétés concernés doivent faire
chaque jour une déclaration des opérations faites sur les actions des sociétés
concernées.
Les résultats de l'O.P.E. ou de l'O.P.A., qu'ils comportent ou non
une suite positive, sont publiés à la Cote officielle.
11. — La cession de blocs de contrôle est une procédure beaucoup
plus simple. Un bloc de contrôle est un ensemble d'actions dont la
possession permet à son ou à leurs détenteurs d'exercer directement ou
indirectement une influence prépondérante dans les organes sociaux. Lorsqu'une
cession porte sur un tel bloc de contrôle, il y a lieu d'appliquer les articles
201 à 206 du règlement général de la Compagnie des Agents de change
approuvé par les arrêtés ministériels du 8 août 1973 et du 21 avril 1983.
Ces textes ont voulu assurer l'égalité des actionnaires en obligeant
l'acquéreur d'un bloc de contrôle à verser le prix fixé dans l'acte de cession à tout
autre actionnaire qui se présentera dans un certain délai.
Dans cette procédure il n'y a ni possibilité d'opposition du ministre,
ni intervention obligatoire d'une banque, ni note d'information visée par
la C.O.B. C'est la Chambre syndicale des Agents de change qui décide si
le bloc d'actions cédé constitue bien un bloc de contrôle et elle le fait cas
par cas. Une fois l'opération autorisée, une publicité est faite à la Cote
officielle et une publicité doit être faite par l'acquéreur du bloc ; celui-ci
s'engage à acheter en bourse, pendant quinze séances, toutes les actions
qui seront présentées à la vente et au prix fixé dans la cession du bloc de
contrôle ; des garanties peuvent être demandées par la Chambre syndicale
à l'acquéreur ; celui-ci n'est pas tenu de faire connaître à l'expiration du
délai combien il a acheté d'actions supplémentaires.
Lorsqu'exceptionnellement la cession d'un bloc de contrôle d'actions
cotées en bourse, intervient hors bourse, par exemple en cas de cession
directe lorsqu'elle est permise ou en cas d'apport, d'échange ou
d'intervention d'un holding, des mesures analogues sont prévues pour assurer le
traitement égalitaire des autres actionnaires.
En conclusion, on peut relever que la réglementation des cessions de
contrôle est en pleine évolution. On ne peut plus guère soutenir qu'il s'agit
d'une simple cession d'actions entre un acheteur et un vendeur. L'opération
apparaît comme de plus en plus liée à la société elle-même et à tous ses
actionnaires. La chose est manifeste pour le régime des cessions d'actions
cotées en bourse ; mais la même évolution se manifeste aussi pour les
cessions d'actions non cotées en bourse et intéressant les sociétés fermées.

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