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UNIVERSITE HASSAN II AIN CHOCK

Faculté des sciences juridiques, économiques & sociales


Filière de droit privé (section française) Semestre V

Droit des Sociétés

Ammagui Selwa 1
Boukouraych Raby
UNIVERSITE HASSAN II AIN CHOCK
Faculté des sciences juridiques, économiques & sociales
Filière de droit privé (section française) Semestre V

Introduction
Dans un contexte économique fortement concurrentiel exacerbé par une mondialisation galopante, les
entreprises tentent de se prémunir contre les multinationales en procédant à des techniques de
concentration externe. L’intérêt des opérations de croissance externe par acquisition et de gouvernement
d’entreprise ne cesse de croître et la multitude de montages de sociétés dominant la vie des affaires au
Maroc révèle que la croissance externe est devenue un instrument incontournable de concentration des
entreprises. Ces opérations trouvent leur fondement théorique dans l’analyse économique des contrats & la
recherche des synergies : celles-ci entrent dans le cadre des transformations que peut connaître une
société et sont réalisées soit sous forme de fusion entre sociétés (fusion pure, fusion absorption) ou
encore sous forme de scissions.
Ainsi, la fusion est l’opération par laquelle deux ou plusieurs sociétés se réunissent pour n’en former plus
qu’une seule. Elle peut résulter, soit de la création d’une société nouvelle, soit de l’absorption d’une société
par une autre. Alors que la scission est l’opération par laquelle le patrimoine d’une société est partagé entre
plusieurs sociétés existantes ou nouvelles. La scission-fusion suppose qu’une société apporte son patrimoine
à plusieurs sociétés existantes ou participe avec celles-ci à la constitution de sociétés nouvelles.

Le recours à ces procédés ne date pas d’aujourd’hui, en effet les entreprises marocaines ont depuis
toujours eu recours à ce procédé qui a connu une évolution en deux étapes :

- jusqu’au 1973 les stratégies de concentrations avaient pour source le souci d’accroître l’offre de
produit devenu inférieure a la demande grandissante du marché.
- Dès 1974 : dans un contexte économique morose les stratégies retenues par les entreprises,
pour répondre à cette crise consistant en la raréfaction de la demande, ont eu pour motivation
principale la consolidation de la position concurrentiel de leur produit en opérant un effort de
compétitivité afin de réduire le coup de revient qui leur permettait de fixer le prix à un montant
admissible par un marché restreint et peu enclins à la consommation.
Ces opérations visent à améliorer les performances des entreprises à travers une logique productive qui a
pour but d’à accroître la compétitivité des firmes et une logique financière fondée sur la recherche d’une
rentabilité accrue principalement à court terme.
Bien que les fusions et les scissions aient une portée économique non négligeable présentant des avantages
certains, elles révèlent en outre une dimension juridique profonde, en ces termes qu’elles préservent les
droits des créanciers des sociétés subissant une transformation quelle qu’elle soit.

Dans un souci de clarté et afin de faciliter la compréhension, le recours a l’image signifiante du mariage
avec le marquage des phases n’est pas superflu :

- l’approche : avant le projet de fusion, pourparlers ou séduction, protocole de fusion ou


affirmation d’intentions avec éventuellement coopération ou mariage à l’essai.

- Les fiançailles : signature du projet de fusion et déclaration de fiançailles.

- Le mariage : après la fusion les conséquences de celle-ci .

De ce fait, l’étude du sujet nous amène à nous pencher sur les enjeux juridiques des fusions et scissions
ainsi que les apports de celles-ci à l’entreprise. Pour contrôler un groupe, nous verrons dans une
première partie comment en prendre le contrôle. Pour cela, nous étudierons comment se déroule l
´acquisition des actifs de la société cible ainsi que l´acquisition des titres de la société cible. Nous
étudierons ainsi les différentes fusions, le principe de la scission. Nous analyserons ensuite dans une 2 ème
partie, les problématiques liées aux fusions & scissions en nous focalisant sur l’étude des limites du
principe de continuité d’entreprise ainsi que sur la protection des créanciers sociaux

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Boukouraych Raby
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1ère partie : Fondement juridique des fusions scissions :


prise de contrôle

A- Généralités sur les fusions & les scissions

Les opérations de fusion et de scission sont des opérations de restructuration créées par la pratique.

En finance, les fusions se conçoivent comme une prise de contrôle d’une société par une autre. La
caractéristique fondamentale réside dans son mode de paiement : il s’effectue en titres et non en liquidités.
Il existe plusieurs types de fusions dont les conséquences au plan juridique et fiscal sont différentes. De
manière générale, ces montages juridiques peuvent revêtir la forme d’une fusion absorption, d’un apport de
titres ou d’un apport partiel d’actif. En faisant abstraction des synergies, il n’existe aucune différence
entre les différentes opérations : le groupe est économiquement identique, quelle que soit la forme adoptée.

C’est pourquoi, à la suite de la fusion, la valeur de l’actif économique et le résultat d’exploitation consolidé
restent inchangés. Aussi, les opérations de fusion n’induisent aucune création de valeur et, rappelons-le, ne
permettent de dégager aucun flux de trésorerie.

Les fusions et les scissions sont régies par les articles 222 à 242 subdivisés comme suit :

- dispositions générales : art 222 à 229


- dispositions propres aux SA : art 230 à 242

1/ Les fusions

Le législateur marocain définit la fusion à l’article 222 al.1 comme étant l’opération par laquelle deux ou
plusieurs sociétés se réunissent pour ne plus former qu’une seule. Elle peut résulter de la création d’une
société nouvelle, soit de l’absorption d’une société par une autre.

En d’autres termes, la fusion est un mécanisme par lequel une ou plusieurs sociétés, dissoutes mais non
liquidées, transmettent à une société existante ou nouvelle, leur patrimoine entier, actif & passif compris.
Ainsi, l’opération de fusion consiste donc dans la transmission de l’ensemble des éléments d’actif & de passif
composant le patrimoine de la société absorbée au profit de la société absorbante. Cette transmission de
patrimoine entraîne obligatoirement dissolution de la société absorbée sans qu’il y ait lieu de procéder à la
liquidation de celle-ci.

D’autre part, pour qu’il y ait fusion, il faut encore que les associés de la société absorbée deviennent
associés de la société absorbante ou nouvelle & se voient attribuer des actions de cette société.
Autrement dit, il ne peut y avoir fusion que si l’apport net est rémunéré par des droits sociaux. L’échange
des actions de la société qui disparaît contre les actions de la société absorbante ou nouvelle est évalué en
fonction des actifs respectifs des sociétés participantes. La valeur globale de l’actif de chaque société,
résultant des différents critères d’estimation adoptés, est divisée par le nombre d’actions composant le
capital, de telle sorte que soit déterminée une valeur unitaire de chaque titre.

A titre d’exemple, la société B peut être absorbée par la société A, ou alors une société nouvelle peut être
constituée par les deux sociétés A & B qui font, chacune, apport de la totalité de son patrimoine. Lorsque la
fusion est réalisée entre des sociétés existantes (A & B), la société A est dite «société absorbante »
puisqu’elle bénéficie des apports de la société B dite « société absorbée »: la société B disparaît. La
société C est dite « société nouvelle » ou bénéficiaire des apports, & c’est par commodité qu’elle est

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qualifiée, à tort, « société absorbante », car ce qualificatif implique qu’elle soit d’abord constituée ( & l’on
vient à se poser la question : avec quel apport ?), et enfin qu’elle absorbe A & B.

- Au terme d’une conception analytique, la fusion se traduit par deux opérations distinctes :

Une dissolution anticipée des sociétés en cause : La dissolution s’impose en raison de l’objet du
transfert opéré. La fusion et la scission ont pour finalité le transfert de l’universalité des biens, droits et
obligations de la société fusionnée ou scindée. Or, à l’instar des personnes physiques, le patrimoine
constitue l’attribut essentiel de la personnalité juridique des personnes morales dont elles ne peuvent
disposer de leur vivant. Admettre le contraire revient à reconnaître l’éventualité d’un transfert entre vifs.]

La fusion et la scission s’analysent en un apport en nature : L’exigence jurisprudentielle d’une


rémunération de l’apport du patrimoine sous la forme d’émission de titres sociaux a conditionné, pendant
longtemps, l’assimilation de ces opérations à un apport en nature de la société dissoute à la société
absorbante.

2/ Les scissions

Aux termes de l’article 222 al.2, une société peut faire apport d’une partie de son patrimoine à des sociétés
nouvelles ou à des sociétés existantes par voie de scission.

Le même article dans son alinéa 3 traite de la scission-fusion qui suppose qu’une société apporte son
patrimoine à plusieurs sociétés existantes ou participe avec celles-ci à la constitution de sociétés nouvelles.

On remarque que les textes distinguent la « scission » dans laquelle une partie du patrimoine de la société
scindée est apportée à une société existante ou nouvelle, ce qui constitue un apport partiel d’après la loi
française, et la « scission-fusion », dans laquelle le patrimoine est totalement apporté à des sociétés
nouvelles, ce qui rappelle la scission telle qu’elle est comprise en droit français. Il sera donc traité
indifféremment de ces deux formes de scission.

Ainsi, la scission nécessite la conservation d’une partie du patrimoine par « la société scindée ». Cette
société ne disparaît pas. Aussi, la scission peut être assimilée dans ses effets à un apport partiel d’actif ou
d’une branche (autonome ou non) d’activité & il n’y a pas de société absorbante ni de société absorbée.

Comme la fusion, la scission entraîne la dissolution de la société sans liquidation de celle-ci & la transmission
universelle de son patrimoine aux sociétés bénéficiaires, avec échange des actions de la société contre les
actions des sociétés bénéficiaires.

B- Mécanisme des fusions

Les diverses situations qui peuvent affecter la structure d’une société sont soumises à la décision de
l’assemblée générale extraordinaire. Ce sont les pouvoirs les plus importants reconnus à cette assemblée :
ceux de mettre fin à la vie sociale et de détruire le mécanisme juridique qui a été crée. Ils s’expriment
juridiquement dans la fusion & la scission qui impliquent le changement de la structure juridique de l’être
social qui concernent plusieurs sociétés.

Nous verrons dans cette partie le rôle des différents intervenants dans les projets de fusion & de scission.

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1/Aspects techniques des fusions

Pour chacune des sociétés appelées à participer à l’opération de fusion, les intervenants aux différentes
phases de celle-ci sont nombreux. (cf. calendrier fusion)

En 1er lieu, une fusion suppose généralement une longue préparation au cours de laquelle sont étudiées les
conditions de l’opération. Le président du conseil d’administration ou du directoire, ou le gérant se charge
de la négociation ainsi que de la signature du protocole de fusion, puis du projet de fusion. Les conditions de
la fusion sont consignées dans un « projet de fusion », qui est arrêté par le conseil d’administration ou de
directoire de chacune des sociétés participant à l’opération.

Le contenu du projet de fusion est fixé par l’article 227, alinéa 2, comme suit :

- la forme, la dénonciation ou la raison sociale & le siège social de toutes les sociétés
participantes ;
- les motifs, buts & conditions de la fusion ;
- la désignation & l’évaluation de l’actif & du passif dont la transmission aux sociétés absorbantes
ou nouvelles est prévue ;
- les modalités de remise des parts ou actions & la date à partir de laquelle ces parts ou actions
donnent droit aux bénéfices, ainsi que toute modalité particulière relative à ce droit, & à la date
à partir de laquelle les opérations de la société absorbée ou scindée seront, du point de vue
comptable, considérées comme accomplies par la ou les sociétés bénéficiaires des apports ;
- les dates auxquelles ont été arrêtés les comptes des sociétés intéressées utiles pour établir les
conditions de l’opération ;
- le rapport d’échange des droits sociaux et, le cas échéant, le montant de la soulte ;
- le montant prévu de la prime de fusion ;
- les droits accordés aux associés ayant des droits spéciaux & aux porteurs de titres autres que
des actions ainsi, que le cas échéant, tous avantages particuliers.

Le projet de fusion doit être déposé au greffe du siège de toutes les sociétés intéressées ; il fait l’objet
d’un avis inséré dans un journal d’annonces légales par chacune des sociétés concernées, & en outre au
bulletin officiel si l’une d’elles au moins fait publiquement appel à l’épargne. Ces formalités de publicité
doivent être accomplies 30 jours au moins avant la date de la 1 ère assemblée générale appelée à statuer sur
l’opération.

En 2nd lieu, les membres du conseil d’administration ou du directoire & de gérance autorisent le président du
conseil d’administration ou du directoire & gérant à signer le projet de fusion. Mais, ils doivent au préalable
avoir étudié le rapport destiné à l’assemblée des actionnaires concernant l’opération projetée & l’avoir
communiqué aux commissaires aux comptes.

En 3ème lieu, les commissaires aux comptes, souvent assistés par des experts évaluateurs, établissent les
rapports adressés à l’assemblée générale des actionnaires sur les modalités de l’opération, & sur l’évaluation
des apports en nature & des avantages particuliers.

Enfin, les actionnaires réunis en assemblée générale extraordinaire approuvent le projet de fusion, & en
assemblées spéciales (par exemple, actions à dividendes prioritaire sans droit de vote) pour s’assurer que
leurs droits ont été préservés dans ledit projet.

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2/ Aspects techniques des scissions

Pour chacune des sociétés appelées à participer à l’opération de scission, les intervenants aux différentes
phases de celle-ci sont nombreux. Il est à noter que le régime des scissions est similaire à celui des fusions
à quelques nuances près.

Lorsque la scission doit être réalisée par apports à des sociétés existantes, elle se traduit pour elles par
une augmentation du capital avec apports en nature. Dans ces conditions, l’assemblée générale de chacune
de ces sociétés statue sur l’approbation des apports, sur les vérifications faites par les commissaires aux
comptes.

Lorsque la scission doit être réalisée par apports à des sociétés nouvelles, les projets de statuts des
sociétés nouvelles sont approuvés par l’assemblée générale extraordinaire de la société scindée, au vu du
rapport établi par les commissaires aux comptes. En outre, l’opération entraîne simultanément l’acquisition
par les associés de la société scindée, de la qualité d’associés des sociétés bénéficiaires, dans les conditions
déterminées par le contrat de scission (art.224 al.2).

- On en conclut qu’il ne peut y avoir de dissolution sans liquidation, la fusion et la scission qui ne sont
pas suivies d’une liquidation ne sont pas des causes de dissolution anticipée de la société. En revanche l’idée
de transformation aussi bien l’entreprise de la société absorbée continue d’exister, de même que la société
dès lors que les associés demeurent unis pour continuer l’exploitation commune et réaliser l’objet social.
Dans ce cas, la société fusionnée ne disparaîtrait pas ; elle continuerait d’exister en tant que contrat par la
survivance de la société absorbante ou nouvelle à travers laquelle elle poursuit l’exploitation de son activité
sociale. Entendue ainsi, la fusion ne doit pas s’expliquer par sa conséquence, la dissolution, ni par son objet,
la transmission universelle mais par sa cause, la continuité de l’entreprise.

2ème partie : Problématiques liées aux fusions & scission


A/Les limites du principe de continuité d’entreprise

a. La limite tenant au but de la transmission

Tout d’abord il existe une insuffisance gênante dans la théorie qui nous est présentée. En effet, les
partisans de cette conception occultent la question des conséquences de la disparition du titulaire sur
l’avenir du patrimoine. Si l’on considère le patrimoine comme un ensemble de biens et de droits réunis entre
eux par l’affectation à la réalisation d’un même but économique, on doit admettre que ne peuvent succéder
aux droits et aux obligations de la société dissoute que les seules sociétés poursuivant le même objet
économique. Cette conséquence est commandée par la nature fonctionnelle du patrimoine d’affection. Or ni
la loi, ni la jurisprudence, ni la doctrine n’ont posé l’exigence de l’identité d’objet social comme condition de
validation de l’opération.

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b. La limite tenant à la consistance du patrimoine transmis

Au terme de la loi sur les sociétés commerciales, une opération de fusion emporte une TUP sans novation de
l’ensemble des biens, droits et obligations ayant appartenu à la société dissoute.
Or, le concept de continuité d’entreprise contredit ce principe car la notion d’entreprise est une notion plus
économique que juridique dont la continuité impose que la transmission de patrimoine soit en principe limitée
aux seuls éléments qui permettront techniquement la continuité de l’exploitation de l’activité transmise. Par
conséquent, si l’on adopte une conception objective et fonctionnelle du patrimoine des personnes morales, sa
transmission ne pourra porter que sur les éléments d’actif et de passif nécessaires à la réalisation de la
fonction assignée au patrimoine.

A titre d’exemple, on est en mesure de s’interroger sur la transmission des participations détenues par la
société apporteuse. Constituent-elles vraiment des éléments nécessaires à l’exploitation de l’activité ? Il
est fort probable que non…

c. La limite tenant au domaine de la continuité de l’entreprise

En effet, le domaine des sociétés n’est pas limité à une technique d’organisation de l’entreprise liée
à la production, à la distribution, à la commercialisation de biens et de services. Tel est le cas des sociétés
d’investissement dont l’objet est la gestion de participations financières. La fusion de ce type de sociétés
est tout à fait concevable.
En outre, la théorie de la continuité d’entreprise est également impuissante à expliquer la TU
résultant de la fusion ou de la scission de personnes morales ne poursuivant pas un objet économique
(exemple : association, syndicat…).

On peut conclure que certes cette théorie est un principe interprétatif non négligeable mais qui ne
peut expliquer les solutions adoptées par le droit positif. Quid de la fiction de la continuation de la
personne ?

B/ Protection des créanciers sociaux

1°/ Conséquences de la fusion

La fusion peut se révéler dangereuse pour les créanciers : Soit les créanciers de la société absorbée se
voient contraints de changer de débiteur, soit les créanciers de l’absorbante se retrouvent plus
nombreux en concours sur les biens de cette dernière.

Concernant les droits des créanciers et comme dispose l’article 239 la société absorbante devient
débitrice des créanciers de la société absorbée aux lieux et place de celle-ci. A la différence des
obligataires, les créanciers de la société absorbée ne sont pas appelés à se prononcer sur le projet de
fusion, le patrimoine de la société absorbée est recueilli dans son universalité par la société absorbante et
elle garantie dans les mêmes conditions les modalités de remboursement ainsi que les taux d’intérêts.

Le danger majeur qui guette les créanciers d’une société absorbée est que le passif de la société
absorbante soit supérieur à son actif, si c’est le cas la loi permet aux créanciers qui ont contractés avec la
société avant la publicité du projet de fusion de faire opposition en justice dans un délai de 30 jours à
compter de la dernière formalité de publicité du dit projet.

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Si le juge considère que la disparition de la société est de nature à porter préjudice aux intérêts des
créanciers il peut ordonner le remboursement des créances, dans le cas contraire il peut ordonner la
constitution de garanties. Si aucune de ces solutions n’est envisageable, la fusion n’est en aucun cas
opposable aux tiers et les créanciers de la société absorbée garde un droit exclusif sur le patrimoine de
cette dernière évitant ainsi le concours des créanciers de la société absorbante.

- Créanciers non obligataires :


Si le créancier justifie d’une créance de somme d’argent certaine, liquide et exigible avant que le projet de
fusion ne soit publié, celui-ci peut obtenir, sur décision du juge, le remboursement de sa créance (mesure
d’exécution) ou bien la constitution de garanties suffisantes (mesure conservatoire). En cas d’inexécution, la
fusion reste inopposable au créancier opposant, qui a un droit de poursuite propre sur le patrimoine apporté
par l’absorbée.
Le délai est de trente jours à compter de la dernière publicité préalable à la fusion. Si un créancier se
trouve hors délai, il pourrait a priori agir sur la base de l’article en vertu duquel « le débiteur ne peut plus
réclamer le bénéfice du terme lorsque par son fait il a diminué les sûretés qu’il avait données par le contrat
à son créancier ».

- Créanciers obligataires :
Le mécanisme varie selon la nature de l’obligation et le rôle de la société émettrice.
Retenons :
Obligataire de l’absorbante : Opposition possible, même régime que celui décrit auparavant
Obligataires de l’absorbée :
- Soit ils sont consultés sur le projet de fusion. Si assemblée spéciale refuse, la société peut passer outre
mais il existe un droit d’opposition au transfert de l’emprunt avec mandat donné au représentant de la
masse. Cette question a été tranchée en justice : rejet de l’opposition, remboursement, garantie
- Soit la société émettrice leur offre le remboursement de leurs obligations.
- Solution envisageable

Les créanciers disposent du droit d’obtenir la résiliation judiciaire de leur engagement s’il est démontré qu’il
est devenu caduc par la disparition de son objet ou de sa cause.

2°/ Conséquences de la scission


La solidarité entre les sociétés est certainement avantageuse pour les créanciers de la société scindée,
mais elle peut constituer une charge excessive pour certaines sociétés résultant de la scission qui risquent
de se voir imposer un passif sans rapport avec l’actif reçu. Aussi cette solidarité peur être écartée par
l’acte de scission. Mais les créanciers sont alors exposés à trouver devant eux un débiteur dont la
solvabilité est moindre par rapport a celle du créancier primitif. La loi autorise tous les créanciers de
toutes les sociétés participantes (sociétés scindées, sociétés bénéficiaires à faire opposition, dans les
mêmes conditions et avec les mêmes effets que dans le cas de fusion (art 240 al.3)
Concernant le sort des obligataires de la société scindée, la réglementation est la même que celle applicable
pour les créanciers sociaux avec la différence que la société scindée peut ou non les consulter sur les
conditions de l’opération envisagée
Comme en cas de fusion, toutefois l’assemblée d’obligataire des sociétés bénéficiaire peut donner mandat
aux représentants de la masse de former opposition à la scission.

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Conclusion
Il faut savoir, à titre d’information que l’interpénétration & la transnationalisation croissante des
marchés ainsi que leur déréglementation dans la mouvance actuelle de la globalisation font des opérations de
fusions acquisitions un enjeu de plus en plus déterminant de la finance d’entreprise dans tout secteur
d’activité & pour les entreprises de toute taille.

Les fusions scissions présentent moult intérêts présentant des avantages stratégiques certain à savoir
la consolidation de la capacité concurrentielle des entreprises, réorganisation ou simplification de la
structure d’un groupe, reprise des sociétés à un prix attractif, réalisation des économies d’impôt & enfin
l’achèvement d’une opération de prise de contrôle.

Cependant malgré les avantages présentés par ces deux opérations, il ne faut pas oublier de relever les
effets pervers que celles-ci peuvent avoir et dont la principale est la suppression d’emplois que connaît
toute opération de ce genre.

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CALENDRIER DE LA FUSION

Date Durée minimale Evénement Texte de


(au plus tard) (jours) référence
(article N°)
J-52 Variable *Pourparlers, puis signature du protocole de * Non applicable
fusion par le président sur autorisation du
conseil d’administration ou du directoire
J-50 Variable *Arrêté des termes et rédaction du projet de *226 al.1
fusion par le conseil d’administration ou le *227 al.1
directoire
J-48 Variable *Signature du projet de fusion par le * Non applicable
président du conseil après autorisation du
conseil d’administration ou du directoire
J-46 45 *Communication du projet de fusion aux * 223 al.1
commissaires aux comptes par le conseil
d’administration
J-32 Variable *Etablissement d’un rapport écrit afférent au * 223 al.1
projet de fusion : * 233 al.3à5
 par le conseil d’administration
 par les commissaires aux comptes
J-31 30 * Dépôt du projet de fusion au greffe du * 226 al.2
tribunal du lieu du siège social
30 * Insertion d’un avis relatif au projet de * 226 al.2
fusion dans un journal d’annonces légales, & du
même avis au bulletin officiel si l’une au moins
des sociétés participantes fait appel public à
l’épargne
30 * Ouverture d’un délai d’opposition des * 239 al.2
créanciers au projet de fusion (30jours à * 238 al.2
compter de la dernière insertion de l’avis ci- * 240 al.3
dessus)
* Commission du projet de fusion, par le * 231 al.1
conseil d’administration, pour ratification par
les assemblées spéciales des actions
préalablement convoquées à cet effet (actions
à d i v id e nd es pr ior it air e ou av ant ag e s
particuliers)
30 * Mise à la disposition des actionnaires, par le * 234 al.1
conseil d’administration, au siège social, des
documents d’information suivants :
- projet de fusion ;
- rapport du conseil d’administration ou du
directoire ;
- rapport des commissaires aux comptes ;
- états de synthèse approuvés & rapport de
gestion des trois derniers exercices ;
- le cas échéant, état comptable arrêté à une
date antérieure de moins de trois mois à la date
du projet de fusion ;

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J-16 15 * Insertion dans un journal d’annonces légales * 122, 123
de l’avis de convocation de l’AGE à l’effet de
se prononcer sur le projet de fusion (et
insertion du même avis au bulletin officiel si
l’une au moins des sociétés participantes fait
appel public à l’épargne )
J 0 * Réunion de l’AGE & approbation du projet * 231 al.1
de fusion (et, dans la société bénéficiaire des * 235
apports en nature & des avantages particuliers
par l’AGE)
J+31 30 * Dépôt du PV de l’AGE, contenant la décision *14 ; 37
d’approbation du projet de fusion, au greffe
du tribunal du lieu du siège social
30 * Insertion dans un journal d’annonces légales *37
(& au bulletin officiel si l’une des sociétés
participantes fait appel public à l’épargne) :
- d’un avis de dissolution (par la société qui
disparaît) ;
-d’un avis d’augmentation du capital (par la
société bénéficiaire des apports) ;
J+31 30 * Demande d’une inscription modificative au *37
registre du commerce :
- radiation (par la société qui disparaît) ;
- modification des statuts (par la société
bénéficiaire des apports)

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