Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
DU CANGE, Vitae Patrum, XIIIème siècle « Pour déduire, pour desporter et pour son
corps réconforter porter faisait faucons »
Les premières activités sont la chasse aux faucons, des jeux également qui vont se
différencier en fonction des cultures régionales, aussi des divertissements mais
également des exercices physiques
Ces pratiques vont être des entrainements à la guerre, mais aussi des pratiques
cathartiques en période pacifique (défouloir pour ensuite contrôler les pulsions
agressives du peuple).
Dans une région plus restreinte (ex : Flandres) on a le même type de structuration
géographique, ce qui va participer à la diversité des pratiques physiques. Dans
chaque comté, on peut retrouver des traces historiques de ces pratiques (ex : dans les
archives judiciaires (de la justice), dans les archives ecclésiastiques (du clergé), dans les
hagiographies).
Le MA est une période qui marque une rupture par rapport à l’Antiquité, dans le sens où
au cours du MA on ne construit plus d’équipements ni de structures sportifs, festifs et
ludiques pour la pratique des exercices.
L’activité ludique est extrêmement diversifiée et elle ne constitue plus une activité
physique unificatrice pour l’ensemble des territoires (contrairement aux JO qui
avait pour but l’union et l’identification)
Repères bibliographiques :
• N. Ellias, la civilisation des mœurs (1973) : il montre comment la société va
influencer progressivement les pratiques physiques et devient de moins en moins
violente. Il montre que cette période est marquée par un processus de
moralisation, de civilisation de la société
• G. Duby, le chevalier, la femme et le prêtre (1981) : il montre les 3 groupes
ordres dominants au MA (église/clergé, chevalier et femme).
• B. Merdrignac, le sport au MA (2002) : sport = mise en spectacle d’une
compétition et d’enjeux économique(marketing).
a) Ascétisme et orators
Les orators, ce sont des gens de prières, laissent des traces écrites importantes. Ils
refusent la pratique corporelle des activités ludiques et festives car pour les orators
ces pratiques sont un lieu de perversion. La représentation du corps dans la religion
c’est Adam et Eve, le corps doit être éduquer pour se protéger de toute tentation (ex
Adam et Eve)
Pour eux, le corps doit être éduqué pour le protéger de toutes les formes de tentation. Ce
corps doit donc être soumis à une éducation intellectuelle et morale. Le corps doit être
gouverné par la raison, par l’intelligence.
Les orators préconisent l’ascétisme : discipline de vie où les exercices physiques et
moraux doivent être pratiqués en vue d’un perfectionnement spirituel. La mratique
physique est un moyen de soumettre le corps à la volonté. Cette volonté doit être dirigé
par des principes moraux.
C’est pourquoi ils vont interdire pour le peuple la pratique des jeux, car ils sont
considérés comme des moments de perversion (avarice, colère, tentation). Les jeux
seraient inventés par le diable.
Ils vont autoriser les jeux à l’occasion de festivités dans une logique cathartique :
les jeux vont être un exutoire permettant à la population de laisser libre-cours à son
caractère bestial et animal pendant un court laps de temps.
Cette culture va avoir un effet sur l’organisation des pratiques.
On peut observer dans certaines abbayes des pratiques physiques pour les orators : le
jeu de paume. Ces pratiques dateraient du 12ème et 13ème siècle.
b) Défoulement et laborators
Laborators = gens du peuple, travailleurs. Ce sont des paysans des agriculteurs, des
artisans.
Ils sont toujours représentés près du sol (car ils ne s’élèvent pas) à près du diable.
Ils mettent en évidence qu’il y a autant de pratiques physiques que de corporations de
travailleurs. En fonction de son travail, de son statut social on aura des formes de
pratiques différentes.
Il n’y a aucun objectif éducatif ni hygiénique et les pratiques se caractérisent par une
dimension violente et anarchique.
Ces jeux se pratiquent de manière informelle et selon des règles simples. Ces règles se
diffusent par une tradition orale et se différencient selon les espaces géographiques.
Dans ces jeux, c’est la force physique qui est valorisée.
Pour les laborators les jeux seront un défoulement, un divertissement. Ils sont
organisés uniquement lors de festivités locales. Ex : pour les jeux il n’y a pas
d’espace délimité, on peut jouer partout, il n’y a pas de règles universelles, on organise le
jeu selon l’espace que l’on a.
Le jeu est uniquement collectif et anonyme, l’identité individuelle n’existe pas. Le but est
de renforcer la solidarité du groupe.
Dans ces jeux ce qui est privilégié c’est l’identité de groupe au détriment de l’identité
individuelle. La force physique est privilégiée, le niveau de violence tolérée est élevé.
Dans ces jeux il n’y a pas de différenciation de rôle : pas de distinction entre les joueurs
et les spectateurs.
OWEN à propos d’un match de KNAPPAN : « Il ne peut y avoir aucun spectateur à ce jeu,
tous doivent être acteurs car la coutume et la convention de ce jeu veulent que si quelqu’un
vient dans le seul but de regarder, se retrouvant au milieu de la troupe, on en fait un joueur
en lui donnant une bastonnade ou deux s’il est à pied et en lui donnant une demi-douzaine
de gifles, voilà ce qu’un étranger peut attendre comme salutation, bien qu’ils ne s’attendent
rien de leur part ».
Ces trois exemples de jeux de balle sont des jeux de combats et d’affrontement pour une
balle, ce sont des jeux de gagne-terrain mais qui vont se différencier dans leurs
règles, dans les espaces de jeux et dans la nature de la balle.
On retrouve des traces de jeux de balle, qui vont se différencier en fonction des régions :
• Traces dans le Nord, la Picardie et Sud-Ouest au 12ème-13ème : la SOULE aussi
appelé Eteuf balle qu’il faut amener à un endroit déterminé où tous les coups
sont permis
• Bretagne : la CHOULE
• Pays de Galles : le KNAPPAN, aucun spectateur, que des acteurs même si ce
n’est pas volontaire
• Dans les campagnes londoniennes : HURLING OVER COUNTRY
Ce sont des jeux d’affrontement, de combats pour posséder une balle, que l’on doit
amener dans un lieu déterminé identique aux 2 équipes (ex : un arbre, une rivière, une
maison).
Les règles sont simples : tous les coups sont permis. On a donc des morts et des
estropiés. Dans les lettres de rémission, on a des procès à cause des blessures lors de ces
jeux.
« Sur ce Rodger LUDFORD couru vers la balle dans l’intention de la frapper du pied, sur
quoi Nicolas MARTIN avec son avant-bras droit et Richard TURBET avec son avant-bras
gauche frappèrent Rodger LUDFORD sur le devant du corps, sous le sein, lui donnant un
coup mortel et une commotion dont il mourut en 15 minutes »
On retrouve d’autres formes de jeux moins violents et avec des techniques corporelles
différentes. Ces jeux sont plus euphémisés.
• On retrouve des formes parallèles de la soule, car dans certaines régions on
retrouve la soule poussée au MAILLET où là la soule n’est plus portée mais
projetée à l’aide d’un bâton/canne.
• On retrouve d’autres formes de jeux : les LANCERS de PIERRE, où le but est
la performance physique brute.
Jeux de la Cournet : jeux dangereux car il consiste à lancer des pierres sur l’adversaire.
Lettre de 1387 : A Langres il y a des jeux de Cournet d’organisé dans lequel un homme
va mourir Laurence le qualent, l’homme qui) Ce jeu se déroule à l’occasion de festivité et
peut entraîner des morts.
Les archives judiciaires et religieuses sont des sources qu’utilisent l’historien du
MA.
Ce jeu a 2 objectifs : enjeux de divertissement, identitaire, cathartique, il est un
moyen de préparation de défense de sa cité
N. ELLIAS : « qu’il se promène à cheval, qu’il aille à la chasse, qu’il aime ou qu’il danse, tout
ce que fait le seigneur est par définition « noble » et « courtois », tout ce que font les valets,
les paysans est « bas » et « grossier ».
Ce jeu vise à se préparer à la guerre. Certains historiens considèrent que la guerre est la
seule forme d’AP du MA. Cette guerre se prépare selon différentes formes :
Au 12ème siècle vont être organisés sous la forme de tournois médiévaux : les
TOURNOIS MELES.
Le combat oppose 2 camps de chevaliers sans espace clairement défini.
Le but est d’avancer frontalement face à l’adversaire, de le faire reculer et de faire
un maximum de prisonniers qui vont devoir ensuite payer une amende. Ce
sont des combats sanglants et mortels. Ils vont alors se transformer
progressivement car ils font perdre de la vitalité au Royaume.
Exemple : en 1239 en Allemagne, plus de 82 morts sur le terrain
Ces tournois médiévaux valorisent l’identité de groupe, on ne retient pas l’identité d’un
chevalier.
Ces tournois aux alentours du 14ème siècle : 2ème évolution à les TOURNOIS DE MISE
EN SCENE.
Il y a un HERAUT : un officier chargé d’annoncer les tournois et de veiller au
respect des règles des tournois. Et contrairement au tournoi précédent, ils se
déroulent dans des champs entourés de LICES (espace défini) qui sont des
champs entourés de palissades (réservés aux chevaliers).
On a des tribunes (idée de spectacle), une pour les nobles et une pour les femmes.
Chaque camp représente un seigneur, un territoire et ses chevaliers peuvent
choisir des dames pour lesquelles ils vont combattre.
Le vainqueur a le droit aux faveurs féminines, le vaincu lui doit payer une
rançon : cheval, équipement, argent.
Ces tournois de mise en scène montrent une structuration spatiale.
Le règlement de ces tournois de mise en scène ont été proposé par Geoffroy de
Preuilly : la violence est encadré. Les coups d’ESTOC sont interdits ce sont des
coups portés par la pointe et le tanchant de l’arme et les coups sous la ceinture
sont aussi interdits aussi.
Ces tournois vont commencer à favoriser l’identité individuelle du
chevalier.
Exemple : Guillaume le Maréchal, il est décrit comme le meilleur chevalier du
monde au 12ème siècle. « Le meilleur chevalier du monde » est retrouvé dans une
biographie de ce chevalier commandé par son fils.
Ces combats sont moins violents mais le restent tout de même donc on les
remplace.
Les tournois de mise en scène vont être progressivement remplacés par des JOUTES,
milieu/fin du 14ème siècle.
• Ces joutes sont mises en place sous la pression religieuse car les combats
précédents sont trop meurtriers. Et donc ces joutes deviennent des duels
(affrontements décalés et non frontaux, individuels et non collectifs) entre
chevaliers, chaque chevalier représentant une bannière, un territoire, un
seigneur. On veut diminuer le degré de violences.
Les joutes sont structurées et en plus elles sont déplacées dans la ville. Dans cette
joute, 2 chevaliers s’affrontent au meilleur des 3 manches, le but étant de
désarçonner le chevalier adverse. Les 2 couloirs sont bien délimités et séparés
par une barrière en bois : les impacts se feront de côté (moins dangereux). Ils se
déroulent à l’intérieur de la ville, sur une place. Ce sont des manifestations
urbaines qui vont générer une économie (tavernes, magasins).
Les joutes vont générer tout un ensemble d’enjeux financiers et économiques
importants. On est passé d’une identité collective à une identité individuelle
car 1vs1.
Les vainqueurs deviennent des champions quand ils gagnent toute la journée
(nouveau terme à l’époque).
On va avoir d’autres formes de jeux pour les chevaliers, un peu plus ruraux :
• Les PAS D’ARMES (Evelyne Van Den Neste, tournois, joutes, pas d’armes dans les
villes de Flandres à la fin du MA, 1996) : ce sont des exercices de joutes où là le
chevalier doit défendre un passage (une entrée, un pont, une porte) contre
quiconque vient le défier. Combat courtois.
Le premier pas d’armes aurait été en 1428 en Espagne
En 1492, on retrouve en Picardie un pas d’Ayre, au cours duquel le chevalier
Bayard aurait participé.
Ce sont des lieux d’échanges diplomatiques
• Les EMPRISES D’ARMES : le chevalier se déplace en terre étrangère pour
affronter avec des lances ou des armes sous forme de joutes (défis), tout
chevalier qu’il rencontre. Ce sont des spectacles théâtralisés qui vont se diffuser
dans toute l’Europe occidentale. On a des règles écrites et sont appliquées par des
juges (qui accompagnent les chevaliers). Elle permettent d’assoir son prestige et
de créer des relations avec les autres seigneuries. L’objectif est de rompre la
lance de l’adversaire ou d’échanger un nombre de coups d’épées et de
haches. L’objectif est la recherche de la dépense physique.
d) Femmes et jeux
Les traces ici sont mineures. On a quelques infos à travers des mythologies
Jeanne d’Arc 1412-1431 représentée sous une forme masculine avec des cheveux courts
et une armure qui fait disparaître ses formes féminines, on ne doit pas montrer sa
féminité).
Christine de PIZAN : C’est l’une des premières femmes a avoir accès à la littérature. Elle
en fait son métier, elle va faire son autobiographie
Exemple : Livre du corps de policie 1399-1406
La femme idéale doit être :
• Elancée
• Taille mince
• Jambes longues
• Poitrine haute et petite
à Les gros seins sont bannis et doivent être bandés.
Anne de Beaujeu : femme qui a participé au jeu de paume.
Le MA met en évidence un temps social séparé de la vie courante.
« Le jeu segmente le temps social en instaurant sa propre durée séparée de celle de la
vie courante » J.M MEIHL 1990
Conclusion :
Evolution et comparaison des pratiques selon les périodes : comparaison jeux MA et jeux
modernes du 20ème siècle par DUNNING et SHEARD: « Barbarians, gentlemans
and players » (1979).
• REGLES :
- MA : simples, non écrites et orales
- SM : écrites, rationnalisées
• STRUCTURES et ROLES :
- MA : pas de limite de terrain, participant, durée… Faible différentiation
des rôles, forte influence des différences sociales
- SM : tout est bien structuré, temps de jeu défini… Rôles bien spécifiques
(athlètes/spectateurs), sport = mixité sociale
• VIOLENCE et EMOTION :
- MA : violence très élevée, libre cours à l’émotion, la spontanéité
- SM : violence rejetée, émotion contrôlée, émotion spontanée interdite
(exemple : enlevé son maillot à l’arrivée)
• IDENTITAIRE:
- MA : identité collective
- SM : identité individuelle